Jacques Chirac 50 Ans De Vie Politique
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charles XII l’édIto de FrançoIs mItterrand le style Jacques Chirac est au seuil de la majorité le seul homme de sa génération à posséder un style. Non par le verbe, qu’il a court (c’est une école, je le sais, que chIrac de parler comme on tape à la machine), mais dans l’action qu’il maîtrise avec une sûreté trop rare pour que je lui refuse des qualités de fond, seules capables de l’expliquer. Dans son genre, disons un peu particulier, Jacques Chirac m’a étonné. Cet homme a décidément de la ressource. Dommage pour lui qu’il lui manque ce quelque chose de plus qui fait les grands hommes d’État. Chirac est un de Gaulle sans 18 juin, numéro 12 mais disponible pour un 13 mai. Chirac est un extraordinaire battant, toujours sur la jacqueS chirac brèche, prêt à intervenir sur tout mais il ne me paraît pas avoir de vues à long terme si ce n’est son obsession de devenir président de la République. 50 anS Avec Chirac, la corde se tend toujours mais elle ne se casse jamais. Quand je suis en tête- à-tête avec Chirac, il est très poli, presque trop. Mais ensuite il ne tient aucun compte de ce que nous avons dit. Il est d’une extraordinaire voracité. Il veut tout, tout de suite. de Vie Par exemple : le sommet de Tokyo. Il est intervenu auprès des Japonais – qui me l’ont fait savoir – pour pouvoir participer au dîner des chefs de délégations. Je veux bien qu’il vienne à Tokyo à la place d’un de ses ministres, pas à la mienne. C’est pareil pour tout. politique Je ne peux avoir aucune confiance dans ce qu’il me dit. C’est un faux dur entouré de faux ENTRETIEN EXCLUSIF : professionnels, un chef de clan. Il s’occupe toujours de l’immédiat, il saute tout de suite sur ce qui brille… Il a un tonus formidable. Mais il est velléitaire. Il veut absolument faire FRANÇOIS HOLLANDE de la politique étrangère. Mais il a un comportement enfantin. Cela ne l’intéresse que par rapport à la politique intérieure. Il n’a pas d’idées suivies. Il dit tout et le contraire de tout. Il pense comme il monte les escaliers ; il parle comme il sert les mains ; il devrait prendre le temps de s’asseoir. Ce qui l’intéresse, c’est de se montrer avec Reagan, avec Gorbatchev, avec Thatcher, avec Kohl. Dès qu’il y a un chef d’État à Paris, il se répand en compliments. Il embrasse tous les présidents noirs. J’entends les conversations à table : SourceS : il dit aux épouses que leur mari est génial. Tout cela est incroyablement léger. IntervIew à L’Unité le 11 juIn 1976 ; Après un mauvais passage, il a repris du poil de la bête. Il est extraordinairement « L’heure de vérIté », France 2, actif et c’est une bête médiatique. Cela impressionne sûrement beaucoup de gens, 25 octobre 1993 ; L’AbeiLLe et L’Architecte, FlammarIon, 1976 ; mais est-ce suffisant pour devenir président de la République ? Un vrai candidat à PoLitiqUe, Fayard, 1977 ; cIté par la présidence de la République représente un ensemble de forces politiques, éco- jacques attalI dans VerbAtim, nomiques, sociales, culturelles. Il propose des idées, il énonce des choix, il montre chroniqUe des Années 1986-1988, Fayard, 1995 et c’étAit FrAnçois une direction et il s’adresse à tous les Français pour obtenir les suffrages de ceux mitterrAnd, Fayard, 2005 ; cIté par qui se reconnaissent en lui et s’il ne le fait pas c’est qu’il cherche à tromper tout le claude estIer dans J’en Ai tAnt VU, monde. Il faut vingt ans pour faire un candidat, vingt ans de souffrances, d’échecs, cherche mIdI, 2008 ; cIté par Franz- olIvIer GIesbert dans LA trAgédie de malheurs et d’obsessions. On a une chance de devenir président un jour, quand dU Président, FlammarIon, 2006 on y pense sans arrêt, y compris le matin en mettant ses chaussettes. — 4 Charles renseignements généraux politburo P. 6 pour qui Votez-VouS ? P. 16 serge PAR andré gattolin july je t’aime moi non pluS P. 10 apolline graine de Star P. 22 de malherbe robin « strauss-kahn, Manuel valls, reda Marine le pen robin des voix et Moi » l’interVieW d’un charleS P. 26 carlos es L r A da silva r ch « Nous n’avons pas suffisamment U o P pensé collectivement l’exercice du pouvoir » wenn brod L o n © 6 Charles renseIGnements GénérauX politburo pierre bernard-reymond PAR andré gattolin sénateur vert des Hauts-de-seine l’entrain du sénateur Le 16 janvier 2014, Pierre Bernard-Reymond annonce, le jour de son soixante-dixième anniversaire, qu’il ne sera pas candidat à sa succession. son collègue andré gattolin, sénateur écologiste des Hauts-de-seine, lui rend ici hommage. Pourtant, quoi de commun entre un démocrate chrétien, ancien ministre de giscard, défenseur des autoroutes, et un Vert francilien, nouveau venu en politique et proche de Daniel Cohn-Bendit ? illustrations anne-gaëlle amiot août 2014. Après avoir sagement Non, car le jeune septuagénaire qu’il est ne se représen- écouté les discours parfois étirés des tera pas, choisissant ainsi de mettre un terme à une vie 30édiles locaux qui l’ont précédé à la tribune, c’est enfin politique d’une incroyable longévité. Il est d’abord là au tour de Pierre Bernard-Reymond, unique sénateur pour témoigner de son profond attachement aux Hauts- des Hautes-Alpes, de prendre la parole à l’occasion de Alpins qui lui ont toujours accordé leur confiance. Dans la cérémonie d’ouverture de la Fête de la pomme. Nous son propos fluide et tranquille, PBR met naturellement en sommes à Ventavon, un beau village perché du Queyras. musique, sans note ni partition écrite, tout ce qui lui vaut La pomme ici, c’est bien plus qu’un encas dévoré au la considération de ses collègues : l’amour et la passion de bureau ou à la sortie de l’école. Ici la pomme, c’est la vie sa région, son acuité d’homme d’État et son indéfectible pour une bonne partie de la population d’un département engagement en faveur de l’Europe. Depuis la situation du qui se hisse fièrement au premier rang de la production monde rural local, en passant par une analyse géostraté- nationale de ce fruit très populaire. Natif de la région, gique des tensions entre l’Union européenne et la Russie, PBR – comme le surnomme la presse locale – évidem- il parvient, grâce à sa simplicité et son regard éclairé sur le ment le sait. S’il a accepté d’honorer la manifestation de monde, à emporter le public qui l’écoute pour le ramener, sa présence, ce n’est pas pour glaner quelques voix lors plus élevé, dans la réalité de leur quotidien. du renouvellement partiel du Sénat à la fin septembre. 8 Charles renseIGnements GénérauX pierre bernard-reymond PAR andré gattolin Les autHentiques euroPéistes sont rares Dans La Vie PoLitique française, tout Comme Les VéritaBLes féDéraListes... iL DeVient aLors très CLair que Ceux qui CuLtiVent Ces Deux tares sont amenés à se renContrer Par-DeLà Les CLiVages traDitionneLs. Cinq années dans le Paris-GaP Depuis son élection surprise à la députation en 1971 – il deux ans de claquer la porte d’une UMP qu’il juge trop est alors âgé de 26 ans – jusqu’à aujourd’hui, Pierre Ber- ambiguë à l’endroit du Front national. Sa hantise enfin, nard-Reymond totalise au compteur plus d’un demi-siècle c’est que l’Europe – son Europe – renonce au fédéralisme en politique. Partisan de la première heure du non-cumul pour renouer avec ses démons et éclater en mille antago- des mandats, il a successivement occupé tous les postes nismes. électifs de la république : député, conseiller général, conseiller régional, maire, député européen, sénateur euroPéens, fédéralistes et libres ! et même ministre. Benjamin de l’Assemblée nationale Quand m’a demandé faire le portrait d’un de mes au début des années 1970, il sera aussi à 33 ans un des collèguesCharles sénateurs, j’ai immédiatement pensé à Pierre. plus jeunes ministres de la vème République. Surdoué et De prime abord, cela peut surprendre, car quoi de commun bête politique ? Ce n’est en tout cas pas comme cela que entre un écologiste francilien, nouveau venu en politique, ce démocrate-chrétien toujours modeste et avenant se et un démocrate-chrétien expérimenté des Alpes, ancien représente et se raconte. Aucun égo surdimensionné chez ministre de Giscard et défenseur des autoroutes ? C’est lui, bien au contraire ! Lorsqu’il égrène tranquillement le sans doute une des grandes qualités du Sénat − par ailleurs récit de sa vie publique, il attribue toujours aux circons- tant décrié − que d’autoriser des personnes aux parcours tances – et surtout à sa part de hasards bienheureux – très différents à échanger ensemble pour mieux se com- la prédominance absolue sur ses qualités personnelles prendre, loin des postures théâtrales du reste de l’espace dans l’explication de sa réussite. D’ailleurs et en dépit de politique. Dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg, il y a succès indéniables, il refuse de s’accorder un quelconque une sorte de prime invisible à ceux qui témoignent de leur satisfecit. Bien sûr, quand nous déambulons ensemble indépendance à l’égard des jeux partisans trop convenus. dans les rues de Gap, je vois bien sa discrète fierté devant Attablés à la terrasse d’un restaurant gapençais balayée l’embellissement du centre-ville auquel il a beaucoup par un doux soleil de la fin août, Pierre et moi échangeons contribué ou devant l’hôpital qu’à force de persévérance et devisons sur tout – le monde et son devenir – et sur il est parvenu à faire édifier.