Abécédaire Étymologique Des Unités Physiques Éponymiques Utilisées En Oto-Rhino-Laryngologie H I S T O I R E O
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H i s t o i r e Abécédaire étymologique des unités physiques éponymiques utilisées en oto-rhino-laryngologie H i s t o i r e O. Laccourreye, P. Bonfi ls, A. Werner* lors qu’il existe de nombreux éponymes pour dénommer général de l’Université et entre à l’Académie des sciences en 1814 les diverses unités physiques utilisées dans les travaux dans la section de géométrie tout en enseignant la philosophie A de recherche en oto-rhino-laryngologie, aucun travail à la faculté des lettres. Usé par le travail, il décède en 1836 au historique dans notre spécialité n’a été consacré à leurs auteurs. cours d’une inspection universitaire, à Marseille, et est inhumé Cet article souhaite combler cette lacune et présente, sous la dans l’indiff érence générale. En 1869, au décès de son fi ls qui forme d’un abécédaire, un résumé des faits marquants de la vie fut membre de l’Académie française, ses amis fi rent transfèrer de ces grands noms de la science. son cercueil au cimetière Montparnasse afi n qu’ils reposent côte à côte pour l’éternité. L’AMPÈRE L’ANGSTRÖM Cette unité d’intensité du courant électrique, qui corres- pond à un coulomb par seconde, est dénommée telle en Cette unité de longueur égale à 10-10 mètres tire son nom l’honneur d’André-Marie Ampère, né à Lyon en 1775 du physicien suédois Anders Jonas Ångström (1814- d’un père négociant. Fervent disciple de Rousseau, celui- 1874) né à Lögdö et fi ls d’un aumônier. Diplômé de ci décide de ne pas envoyer son fi ls à l’école mais de lui l’université d’Uppsala, il y enseigne la physique jusqu’à sa faire apprendre le latin, le grec et le sanscrit et lire tous mort. Modeste et réservé, secrétaire de la Société suédoise A öm les articles de L’Encyclopédie. Cet enseignement porte ses ngstr royale des sciences en 1867, il étudie l’astrophysique, le fruits et le jeune Ampère écrit spontanément, à l’âge de treize magnétisme terrestre, les transferts thermiques ainsi que les ans, un traité de mathématiques sur les sections coniques. Son aurores boréales, mais il est surtout un pionnier dans l’étude père, cependant, est guillotiné pour l’exemple en 1793 après le des spectres. Il découvre ainsi en 1862 la présence d’hydrogène siège de la ville de Lyon, accusée de fédéralisme par les troupes dans l’atmosphère du soleil, puis crée une carte spectrale de cet de la Convention nationale alors dominée par le parti de la astre qui servira de référence pendant vingt ans. Ses recherches Montagne. Quelques mois avant ce drame, le père d’Ampère, lui valent en 1872, deux ans avant son décès, l’attribution de la attaché au parti girondin et élu juge de paix, avait fait arrêter médaille Rumford. Cette distinction, créée en 1796 à l’instigation et exécuter le sieur Challier alors représentant du parti de la de Benjamin Th omson, comte de Rumford, est décernée par la Montagne à Lyon ! Royal Society, tous les deux ans, uniquement à des scientifi ques Après avoir commencé à gagner sa vie en donnant des leçons travaillant en Europe dans les domaines de la thermique ou de de mathématiques, de physique et de chimie, Ampère obtient l’optique. un poste de professeur à l’École centrale de Bourg-en-Bresse. Il publie Considérations sur la théorie mathématique du jeu, livre dans lequel il écrit : “… la passion du jeu conduit ceux qui s’y LE CELSIUS, LE KELVIN ET LE FAHRENHEIT livrent à une ruine inévitable ...” Ce travail est remarqué et on lui off re un poste de professeur au tout nouveau lycée de Lyon. Ces graduations thermométriques qui portent le nom de degré Au décès de sa femme, atteinte de tuberculose, il monte à Paris (terme qui se rattache lui-même à l’ancien français “gré” qui et devient répétiteur, puis professeur à l’École Polytechnique. avait alors le sens propre de marche d’escalier, lui-même tiré Soi-disant connu pour être un grand distrait, il fonde les bases du latin gradus) sont couramment utilisées de par le monde et de l’électromagnétisme, invente, avec Arago, l’électroaimant tirent leur nom de trois grands savants. et imagine le galvanomètre, le premier télégraphe électrique Anders Celsius, issu d’une famille de scientifi ques célèbres, est ainsi que les termes de courant et de tension électrique. Il s’in- un astronome et physicien suédois né en 1701 à Uppsala. Il fi t téresse aussi à la chimie et est l’un des premiers à distinguer les partie en 1737 de l’expédition de Maupertuis en Laponie, chargée atomes des molécules tout en prédisant l’existence du fl uor qu’il de mesurer un degré du méridien dans les régions polaires et dénomme “phtore”. À trente-trois ans, il est nommé inspecteur proposa en 1742 le système de graduation thermométrique centésimale qui porte encore son nom. À l’origine, à l’inverse de * Université Descartes-Paris V, et service d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico- nos habitudes, le zéro correspondait à l’ébullition ! Atteint de la faciale, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris. tuberculose, A. Celsius mourut prématurément, en avril 1744. 28 La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale - n° 312 - janvier-mars 2008 H i s t o i r e Le degré Fahrenheit, proposé en 1724, doit son nom LE GAUSS, LE TESLA à Daniel Gabriel Fahrenheit, physicien allemand, né à Dantzig (1686-1736). Aîné de cinq enfants, il devint Unité d’induction magnétique correspondant à vite orphelin lorsque ses parents s’intoxiquèrent en 10-4 tesla, le gauss tire son nom d’un des plus célèbres absorbant des champignons ! Adulte, il étudia plus enfants prodiges de son temps surnommé “le prince des H i s t o i r e particulièrement les conditions de solidifi cation de l’eau. Gauss mathématiques”. Considéré comme un mathématicien de la Fahrenheit décida de fi xer le zéro de sa graduation à la plus stature d’Aristote ou de Newton, Carl Friedrich Gauss (1777- basse température qu’il ait mesurée dans sa ville natale lors du 1855) apprend à lire seul à l’âge de trois ans et, à l’âge de dix très rude hiver de 1708. Dans cette échelle, l’eau se solidifi e à ans, alors que pour le punir son professeur lui avait demandé 32 degrés celsius et le point d’ébullition est à 212 degrés. de calculer le résultat de la somme de l’addition des nombres Le degré Kelvin qui équivaut au degré Celsius, mais dont le de 1 à 100, il répond presque immédiatement 5 050 ; il avait zéro est la limite inférieure des températures atteignables, soit remarqué que ces nombres pouvaient être couplés comme suit – 273,15 °C, tire son nom du titre donné au physicien écossais (100 + 1), (99 + 2), (98 + 3), jusqu’à (51 + 50) et que le problème William Th omson (1824-1907). Né en Irlande, ce physicien, se réduisait donc à la simple multiplication de 101 par 50. ingénieur en télégraphie et inventeur fut anobli sous le titre de Né dans une famille sans ressources, Gauss peut se consacrer lord Kelvin et écrivit : “I often say that when you can measure aux mathématiques grâce à une bourse du duc de Brunswick. Il what you are speaking about, and express it in numbers, you prouve, avant ses 15 ans, le théorème fondamental de l’algèbre know something about it; but when you cannot measure it, when (soit que chaque polynôme a au moins une solution qui est un you cannot express it in numbers, your knowledge is of a meagre nombre complexe) puis le théorème fondamental de l’arithmé- and unsatisfactory kind”. Il mourut en Écosse, où la rivière tique (soit que chaque nombre entier naturel peut être représenté Kelvin traverse Glasgow, ville dans laquelle il fut très longtemps sous une forme unique du produit de nombres premiers). professeur d’université. En 1806, il publie un traité majeur sur la mécanique céleste Th eoria Motus et est nommé directeur de l’Observatoire de Göttingen en 1807, fonction qu’il exercera jusqu’à sa mort, à LE COULOMB l’âge de 78 ans. Son œuvre, dont une très faible partie a été publiée de son vivant, couvre la quasi-totalité des domaines Le coulomb est une unité d’électricité qui permet de produire des mathématiques pures (arithmétique, algèbre, géométrie, un ampère par seconde. Cette unité, qui correspond à la quan- analyse, probabilités, statistiques) et des mathématiques tité d’électricité nécessaire pour précipiter 0,001118 gramme appliquées à la physique de l’époque (géodésie, astro- d’argent, a reçu cette dénomination en l’honneur de Charles nomie, magnétisme). Son nom sera aussi attribué au Augustin de Coulomb (1736-1806). Né à Angoulême, fi ls d’un 1 001e astéroïde découvert. inspecteur des domaines royaux, très doué en mathématiques, Nikola Tesla, né en 1856 en Croatie et mort à New Coulomb refusa de devenir médecin, entrant ainsi en confl it York en 1943, a laissé son nom à l’unité de champ avec sa mère qui allait lui refuser toute aide fi nancière. Jeune magnétique qui correspond à un weber par mètre étudiant, il dut alors quitter Paris pour Montpellier. Il y devient carré. Ce citoyen américain d’origine serbe, spécia- ingénieur militaire et occupa sa fonction aux Antilles puis en liste des conversions énergétiques d’origine élec- France. Entre 1785 et 1791, inventeur de la balance de torsion, il trique, est un scientifi que qui est resté très controversé Tesla met en évidence les lois fondamentales d’attraction qui portent en raison, en particulier, de déclarations qui ont servi de son nom et écrivit sa célèbre série de sept mémoires.