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Abécédaire étymologique des unités physiques éponymiques utilisées en oto-rhino-laryngologie H i s t o i r e  O. Laccourreye, P. Bonfi ls, A. Werner*

lors qu’il existe de nombreux éponymes pour dénommer général de l’Université et entre à l’Académie des sciences en 1814 les diverses unités physiques utilisées dans les travaux dans la section de géométrie tout en enseignant la philosophie A de recherche en oto-rhino-laryngologie, aucun travail à la faculté des lettres. Usé par le travail, il décède en 1836 au historique dans notre spécialité n’a été consacré à leurs auteurs. cours d’une inspection universitaire, à Marseille, et est inhumé Cet article souhaite combler cette lacune et présente, sous la dans l’indiff érence générale. En 1869, au décès de son fi ls qui forme d’un abécédaire, un résumé des faits marquants de la vie fut membre de l’Académie française, ses amis fi rent transfèrer de ces grands noms de la science. son cercueil au cimetière Montparnasse afi n qu’ils reposent côte à côte pour l’éternité. L’AMPÈRe L’ANgStRÖM Cette unité d’intensité du courant électrique, qui corres- pond à un par seconde, est dénommée telle en Cette unité de longueur égale à 10-10 mètres tire son nom l’honneur d’André-Marie Ampère, né à Lyon en 1775 du physicien suédois Anders Jonas Ångström (1814- d’un père négociant. Fervent disciple de Rousseau, celui- 1874) né à Lögdö et fi ls d’un aumônier. Diplômé de ci décide de ne pas envoyer son fi ls à l’école mais de lui l’université d’Uppsala, il y enseigne la physique jusqu’à sa faire apprendre le latin, le grec et le sanscrit et lire tous mort. Modeste et réservé, secrétaire de la Société suédoise A öm les articles de L’Encyclopédie. Cet enseignement porte ses ngstr royale des sciences en 1867, il étudie l’astrophysique, le fruits et le jeune Ampère écrit spontanément, à l’âge de treize magnétisme terrestre, les transferts thermiques ainsi que les ans, un traité de mathématiques sur les sections coniques. Son aurores boréales, mais il est surtout un pionnier dans l’étude père, cependant, est guillotiné pour l’exemple en 1793 après le des spectres. Il découvre ainsi en 1862 la présence d’hydrogène siège de la ville de Lyon, accusée de fédéralisme par les troupes dans l’atmosphère du soleil, puis crée une carte spectrale de cet de la Convention nationale alors dominée par le parti de la astre qui servira de référence pendant vingt ans. Ses recherches Montagne. Quelques mois avant ce drame, le père d’Ampère, lui valent en 1872, deux ans avant son décès, l’attribution de la attaché au parti girondin et élu juge de paix, avait fait arrêter médaille Rumford. Cette distinction, créée en 1796 à l’instigation et exécuter le sieur Challier alors représentant du parti de la de Benjamin Th omson, comte de Rumford, est décernée par la Montagne à Lyon ! Royal Society, tous les deux ans, uniquement à des scientifi ques Après avoir commencé à gagner sa vie en donnant des leçons travaillant en Europe dans les domaines de la thermique ou de de mathématiques, de physique et de chimie, Ampère obtient l’optique. un poste de professeur à l’École centrale de Bourg-en-Bresse. Il publie Considérations sur la théorie mathématique du jeu, livre dans lequel il écrit : “… la passion du jeu conduit ceux qui s’y Le , Le et Le livrent à une ruine inévitable ...” Ce travail est remarqué et on lui off re un poste de professeur au tout nouveau lycée de Lyon. Ces graduations thermométriques qui portent le nom de degré Au décès de sa femme, atteinte de tuberculose, il monte à Paris (terme qui se rattache lui-même à l’ancien français “gré” qui et devient répétiteur, puis professeur à l’École Polytechnique. avait alors le sens propre de marche d’escalier, lui-même tiré Soi-disant connu pour être un grand distrait, il fonde les bases du latin gradus) sont couramment utilisées de par le monde et de l’électromagnétisme, invente, avec Arago, l’électroaimant tirent leur nom de trois grands savants. et imagine le galvanomètre, le premier télégraphe électrique , issu d’une famille de scientifi ques célèbres, est ainsi que les termes de courant et de tension électrique. Il s’in- un astronome et physicien suédois né en 1701 à Uppsala. Il fi t téresse aussi à la chimie et est l’un des premiers à distinguer les partie en 1737 de l’expédition de Maupertuis en Laponie, chargée atomes des molécules tout en prédisant l’existence du fl uor qu’il de mesurer un degré du méridien dans les régions polaires et dénomme “phtore”. À trente-trois ans, il est nommé inspecteur proposa en 1742 le système de graduation thermométrique centésimale qui porte encore son nom. À l’origine, à l’inverse de * Université Descartes-Paris V, et service d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico- nos habitudes, le zéro correspondait à l’ébullition ! Atteint de la faciale, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris. tuberculose, A. Celsius mourut prématurément, en avril 1744.

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Le degré Fahrenheit, proposé en 1724, doit son nom Le , Le à Daniel Gabriel Fahrenheit, physicien allemand, né à Dantzig (1686-1736). Aîné de cinq enfants, il devint Unité d’induction magnétique correspondant à vite orphelin lorsque ses parents s’intoxiquèrent en 10-4 tesla, le gauss tire son nom d’un des plus célèbres

absorbant des champignons ! Adulte, il étudia plus enfants prodiges de son temps surnommé “le prince des H i s t o i r e particulièrement les conditions de solidifi cation de l’eau. Gauss mathématiques”. Considéré comme un mathématicien de la Fahrenheit décida de fi xer le zéro de sa graduation à la plus stature d’Aristote ou de , (1777- basse température qu’il ait mesurée dans sa ville natale lors du 1855) apprend à lire seul à l’âge de trois ans et, à l’âge de dix très rude hiver de 1708. Dans cette échelle, l’eau se solidifi e à ans, alors que pour le punir son professeur lui avait demandé 32 degrés celsius et le point d’ébullition est à 212 degrés. de calculer le résultat de la somme de l’addition des nombres Le degré Kelvin qui équivaut au degré Celsius, mais dont le de 1 à 100, il répond presque immédiatement 5 050 ; il avait zéro est la limite inférieure des températures atteignables, soit remarqué que ces nombres pouvaient être couplés comme suit – 273,15 °C, tire son nom du titre donné au physicien écossais (100 + 1), (99 + 2), (98 + 3), jusqu’à (51 + 50) et que le problème William Th omson (1824-1907). Né en Irlande, ce physicien, se réduisait donc à la simple multiplication de 101 par 50. ingénieur en télégraphie et inventeur fut anobli sous le titre de Né dans une famille sans ressources, Gauss peut se consacrer lord Kelvin et écrivit : “I often say that when you can measure aux mathématiques grâce à une bourse du duc de Brunswick. Il what you are speaking about, and express it in numbers, you prouve, avant ses 15 ans, le théorème fondamental de l’algèbre know something about it; but when you cannot measure it, when (soit que chaque polynôme a au moins une solution qui est un you cannot express it in numbers, your knowledge is of a meagre nombre complexe) puis le théorème fondamental de l’arithmé- and unsatisfactory kind”. Il mourut en Écosse, où la rivière tique (soit que chaque nombre entier naturel peut être représenté Kelvin traverse Glasgow, ville dans laquelle il fut très longtemps sous une forme unique du produit de nombres premiers). professeur d’université. En 1806, il publie un traité majeur sur la mécanique céleste Th eoria Motus et est nommé directeur de l’Observatoire de Göttingen en 1807, fonction qu’il exercera jusqu’à sa mort, à Le COULOMB l’âge de 78 ans. Son œuvre, dont une très faible partie a été publiée de son vivant, couvre la quasi-totalité des domaines Le coulomb est une unité d’électricité qui permet de produire des mathématiques pures (arithmétique, algèbre, géométrie, un ampère par seconde. Cette unité, qui correspond à la quan- analyse, probabilités, statistiques) et des mathématiques tité d’électricité nécessaire pour précipiter 0,001118 gramme appliquées à la physique de l’époque (géodésie, astro- d’argent, a reçu cette dénomination en l’honneur de Charles nomie, magnétisme). Son nom sera aussi attribué au Augustin de Coulomb (1736-1806). Né à Angoulême, fi ls d’un 1 001e astéroïde découvert. inspecteur des domaines royaux, très doué en mathématiques, , né en 1856 en Croatie et mort à New Coulomb refusa de devenir médecin, entrant ainsi en confl it York en 1943, a laissé son nom à l’unité de champ avec sa mère qui allait lui refuser toute aide fi nancière. Jeune magnétique qui correspond à un par mètre étudiant, il dut alors quitter Paris pour Montpellier. Il y devient carré. Ce citoyen américain d’origine serbe, spécia- ingénieur militaire et occupa sa fonction aux Antilles puis en liste des conversions énergétiques d’origine élec- France. Entre 1785 et 1791, inventeur de la balance de torsion, il trique, est un scientifi que qui est resté très controversé Tesla met en évidence les lois fondamentales d’attraction qui portent en raison, en particulier, de déclarations qui ont servi de son nom et écrivit sa célèbre série de sept mémoires. Il établira support aux pseudo-sciences concernant le rayon de la mort. ainsi les lois théoriques du magnétisme et de l’électrostatique En 1901, il affi rma aussi qu’il avait détecté un signal artifi ciel et intégrera l’Institut de France en 1795. en provenance de Vénus ou de Mars grâce à un équipement à haut voltage mis en place à Colorado Springs. Affi rmation que les reporters du journal local, non sans humour, commentèrent Le DÉCIBeL ainsi : “If there are people on Mars, they certainly showed most excellent taste in choosing Colorado Springs as the particular C’est l’ingénieur écossais Graham Bell, né à Édimbourg en point ... with which to open communication”. Écosse en 1847, qui a laissé son nom à cette unité physique qui correspond au dixième de l’atténuation du signal audio en un mile (1 640 mètres). Les recherches de Bell, menées à Le , Le , Le , Le RŒNtgeN Boston, aux États-Unis, pour atténuer la surdité dont était et Le atteinte son épouse Mabel Hubbart, l’ont amené à mettre au point le premier téléphone électrique présenté en 1876 à l’ex- Le gray, qui mesure l’énergie apportée aux tissus par un rayon- position de Philadelphie. Devenu citoyen américain, il décède nement ionisant et qui correspond à une énergie d’un par au Canada, en 1922, après avoir fondé la célèbre compagnie 0,1 kg de matière irradiée, a remplacé en 1986 l’ancien rad qui de téléphonie Bell. faisait lui-même suite au curie et au becquerel. L’origine de cette

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unité est controversée. Pour certains elle est ainsi dénommée à Utrecht dans une école dont il se fi t renvoyer sous prétexte en l’honneur de physicien anglais Stephen Gray (1670-1736), d’avoir dessiné la caricature d’un de ses professeurs. Professeur de membre de la Royal Society qui découvrit le moyen de commu- physique à l’université de Strasbourg en 1874, il occupe ensuite niquer de l’électricité aux corps qui n’en possèdent pas naturel- diverses chaires, dont celle de Berlin. Après s’être intéressé aux

H i s t o i r e lement. Pour d’autres, ce serait le radiologue anglais L.H. Gray propriétés du quartz et à la mécanique des fl uides, il dirige ses (1905-1965) qui aurait laissé son nom à cette unité. recherches sur le passage des courants électriques dans des Pierre (1859-1906) et Marie (1869-1934) Curie sont les scien- gaz à très basse pression. Le 8 novembre 1895, il découvre les tifi ques qui ont isolé le radium. (fi ls et petit-fi ls de propriétés d’un rayonnement de nature inconnue, qu’il appelle médecins) devina l’action thérapeutique du radium et pour le “x” car en mathématiques l’unité x désigne l’inconnue. La radio- démontrer déposa sur son bras pendant dix heures un fragment graphie de la main de son épouse, qu’il réalisa peu après, fi t le de sel de radium. La destruction des tissus fut telle qu’il fallut tour du monde ! Rœntgen mourut le 10 février 1923 d’un cancer plusieurs mois pour obtenir la cicatrisation ! Après le décès de à point de départ intestinal. son époux, écrasé par un camion, continua à étudier C’est en 1986, avec le passage du nuage de Tchernobyl au-dessus l’action du radium sur les tumeurs. Après avoir reçu en 1903, en de la France, que le grand public a découvert le sievert. Ce commun avec son époux et avec , le Prix Nobel terme, régulièrement utilisé à l’époque sur les ondes radio- de Physique pour la découverte de la radioactivité spontanée, elle phoniques et à la télévision, est l’unité de dose effi cace ainsi obtint aussi le prix Nobel de Chimie en 1911 pour la détermination dénommée en hommage à Rolf Maximilian Sievert (1896-1966), du poids atomique du radium. Elle participa en 1921 à la création né à Stockholm d’un père industriel. Après de brillantes études de la fondation Curie avant de décéder, dans un sanatorium, dans sa ville natale, il obtient un master of sciences à Uppsala des suites d’une anémie pernicieuse. en 1919 puis devient responsable du contrôle des niveaux de Henri Becquerel (1852-1908) est né à Paris dans la doses de radiation de tout le système hospitalier suédois. Sur maison familiale du Jardin des Plantes. Polytechnicien sa lancée, il prend l’initiative de la création des Commissions et ingénieur de l’École des mines, il est le troisième internationales sur les radioprotections et étudie les eff ets d’une grande famille de scientifi ques qui se succédè- biologiques des radiations ionisantes, en particulier sur le rent sur quatre générations comme professeurs de personnel hospitalier. C’est lui qui est à l’origine de l’étude physique au Musée d’histoire naturelle de Paris et des doses absorbées et des rayonnements secondaires. En qui, pendant plus de deux siècles, fi rent progresser son honneur, la résolution 5 de la XVIe Conférence inter- l la science dans les domaines de l’électrochimie, de la Becqueve nationale des poids et mesures (CGPM) de 1979 a défi ni le physique, de la biologie et de l’agriculture. sievert (Sv), à l’intérieur du système international, comme étant C’est cependant par hasard, alors qu’il travaillait, entre autres, l’unité des radiations ionisantes (1 Sv = 1 J/kg.) sur les substances phosphorescentes (en particulier l’uranium), qu’il mit en évidence la radioactivité. En janvier 1896, il apprend que Rœntgen a découvert que les rayons électromagnétiques X Le stimulent la fl uorescence de certaines substances. Il décide alors de voir si les substances fl uorescentes sur lesquelles il travaille Heinrich Rudolf Hertz, né à Hambourg en 1857 d’un père émettent un rayonnement identique ; et il les place sur des plaques éminent juriste, a laissé son nom à cette unité de fréquence qui photographiques qu’il enveloppe de papier noir et expose le tout correspond à un cycle par seconde. Hertz eff ectue de brillantes au soleil. Ce n’est qu’avec les sels d’uranium qu’il obtient une études à Munich et à Berlin, devient docteur en philosophie impression diff use de la plaque lorsqu’il la développe. Le temps magnum cum laude puis professeur de physique. S’inspirant se couvrant à Paris, Becquerel place sels d’uranium et plaques des travaux de , il met en évidence, en 1887, les ondes photographiques vierges dans un tiroir puis attend que le soleil électromagnétiques et démontre qu’elles sont de même nature réapparaisse pour poursuivre ses expériences. Quelques jours plus que la lumière. Il pensait que ses découvertes n’avaient aucune tard, par esprit de système, il développe la plaque et retrouve la application pratique et ce fut Marconi qui les exploita en même impression. Or, les sels d’uranium n’ayant pas été exposés inventant la télégraphie sans fi l ! La Royal Society lui attribua à la lumière pendant plusieurs jours, leur fl uorescence ne pouvait la Médaille Rumford en 1890. Il décède en 1894, à Bonn, des être activée. Il répète l’expérience dans le noir absolu, obtient le suites d’une maladie dégénérative. Son neveu Gustav, qui élucida même résultat et conclut que l’impression de la plaque photogra- le phénomène de la fl uorescence, se verra décerner le prix Nobel phique ne dépend pas de la fl uorescence et que l’uranium émet de physique en 1925. une nouvelle forme de rayonnement invisible. La radioactivité était née ! Moins de six semaines plus tard, en février 1896, il communique sa découverte à l’Académie des sciences puis travaille Le JOULe en collaboration étroite avec Pierre et Marie Curie. William Conrad Rœntgen est né le 27 mars 1845 à Lennep Le joule est la première unité de la thermodynamique et est égal en Basse Rhénanie. Fils unique d’un fabricant de vêtements, à l’énergie fournie par une force d’un newton sur une distance il grandit en Hollande où il entreprit des études techniques d’un mètre. Il tire son nom de , second

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d’une fratrie de cinq enfants, qui naquit la veille de Noël 1818 noces avec un pasteur qui ne veut pas entendre parler de l’enfant. en Angleterre. Son père, un riche brasseur de Salford, tout près Elle l’abandonne alors à sa famille et, selon certains auteurs, cela de Manchester, le fi t éduquer par des précepteurs jusqu’à l’âge de expliquerait pourquoi Newton ne s’est jamais marié. Son oncle quatorze ans. Après des études à Cambridge, où il eut pour maître ne tarde pas à comprendre que ce neveu n’est pas fait pour le

le père de la théorie atomique, le physicien et chimiste anglais travail des champs et l’envoie à l’école où il entretient avec les H i s t o i r e John (1766-1844), il retourne à la brasserie familiale où autres élèves des relations diffi ciles : ce sera une caractéristique il construit son propre laboratoire et entreprend les expériences de sa vie ! En 1661, il entre au Trinity College de Cambridge en qui le rendirent célèbre. Il inventa ainsi un moteur électrique à qualité de sizar, c’est-à-dire d’étudiant pauvre chargé des basses vingt ans, découvrit le phénomène de saturation magnétique à besognes comme celles de vider les pots de chambre et de porter vingt-deux ans et réalisa la première soudure électrique. le bois de chauff age en échange de la gratuité des études. Cette On raconte qu’il était motivé par des croyances théologiques et situation ne changera qu’en 1667 lorsqu’il deviendra fellow ; il qu’il voulait démontrer l’unité des forces dans la nature. Marié, sa sera alors logé et percevra un salaire. lune de miel fut consacrée en partie à étudier in vivo la diff érence Entre-temps, Newton avait dû se réfugier chez sa mère en 1665 de température de l’eau entre le sommet et la base d’une chute pendant 18 mois pour fuir la peste qui sévissait à Londres. d’eau des Alpes dans le but d’établir le rapport existant entre D’après ses dires, c’est pendant ce séjour qu’il a vu tomber la la quantité de travail fournie et l’élévation de la température célèbre pomme, événement qui lui permit d’établir une relation qui en résultait ! Complétant les travaux de James , ses entre la chute d’un corps à la surface de la Terre et le mouvement études sur l’électricité et la thermodynamique mirent en évidence de la Lune. En 1666, il ne s’agissait guère pour lui que d’une intui- d’une manière incontestable les principes de la conservation de tion et il prendra le temps de parfaire sa théorie (ce qui nécessita l’énergie. Ses premiers articles choquèrent énormément et furent la fondation d’une nouvelle branche des mathématiques : le dans un premier temps refusés par la Royal Society. Mais ses calcul diff érentiel et intégral), attendant 1687 pour la publier. En idées fi nirent par s’imposer, en particulier grâce au soutien de 1669, il devient le titulaire de la prestigieuse chaire de Lucas et Lord Kelvin. Reconnu, à partir de 1850, par les sociétés savantes, deux ans plus tard, il construit un instrument révolutionnaire, il n’en fi t jamais réellement partie ; son seul titre sera celui de le téléscope, qui lui ouvre les portes de la Royal Society. En fellow. Il n’occupera aucune fonction, ne sera pas rémunéré 1684, la visite de l’astronome Edmond Halley, qui a donné son pour ses découvertes et le fonctionnement de son atelier ne fut nom à une célèbre comète, bouleverse sa vie et le conduit à jamais pris en charge par une quelconque autorité ou structure ! rédiger De motu corporum in gyrum, opuscule qui se trouvera Il décède en 1889, à Sale dans le Cheshire. à la base des futurs Principes mathématiques de la philosophie naturelle, plus connus sous le titre abrégé de Principia. Dans ces ouvrages, Newton réalise la synthèse des lois de Kepler sur Le MACH la chute des corps et bâtit une physique sur la loi d’inertie, le principe fondamental de la mécanique et le principe d’action et Cette unité de vitesse qui précise le rapport entre la vitesse de réaction. À ces trois principes, il ajoute la loi de la gravitation d’un projectile et la vitesse du son porte le nom d’Ernst Mach, s’exprimant par une force agissant à distance dans le vide, donc physicien autrichien né en 1838 dans l’actuelle République sans support matériel. Cette théorie élucide des faits jusque-là tchèque. Mach fi t ses études à Vienne et ses premiers travaux mystérieux comme le mouvement des planètes, des satel- concernèrent l’optique et l’acoustique avant qu’il ne s’intéresse lites, des marées, etc., mais elle permet aussi de prévoir à la physiologie des perceptions sensorielles et notamment à de nombreux phénomènes nouveaux. l’équilibre. Nommé en 1867 à la chaire de physique expérimen- Newton devient alors une icône vivante en tale de Prague, il était membre du parti social-démocrate et, Angleterre. Il est anobli et occupe des fonctions dans ce cadre, fi t voter dans sa seule section une motion de prestigieuses comme directeur de la Monnaie et soutien à la Commune de Paris. En 1877, il décrivit les ondes président à vie de la Royal Society. En France, de choc survenant aux vitesses supersoniques. Victime d’une la force d’attraction universelle est cependant attaque cérébrale en 1897, il continua à enseigner à Vienne, violemment rejetée par les cartésiens, qui accusent prit sa retraite en 1901 et mourut, après avoir été membre de la Newton Newton de réintroduire par son biais les explications Chambre haute du parlement autrichien, en 1916. Ses travaux magiques en sciences. Newton admet en eff et que cette sont à l’origine de ceux d’Einstein. force est incompréhensible. Il admet également qu’il ne sait pas pourquoi les astres ne fi nissent pas par s’agglutiner sous l’eff et de cette attraction. Il avoue enfi n qu’il compte sur Dieu pour Le NeWtON maintenir les corps célestes à leur place. Une virulente contro- verse scientifi que s’ensuit alors entre newtoniens et cartésiens. Né le 4 janvier 1643 au manoir de Woolsthorpe près de Quand les résultats donneront raison à Newton en 1738, de Grantham, était si chétif qu’on aurait juré qu’il nombreux savants abandonneront le cartésianisme, et le retour ne vivrait pas, mais c’est son père, fermier, qui décéda quelques de la comète de Halley (qui avait été prévu par ses calculs) en mois plus tard ! Sa mère, presque illettrée, convole en deuxième 1759 assurera son triomphe.

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En 1704, Newton écrit son deuxième grand ouvrage, Opticks, où probabilités. La même année, il manque de tomber dans la Seine il soutient une vue corpusculaire de la lumière en opposition à lors d’un accident de carrosse sur un des ponts de Paris et se celle de Christiaan Huygens, défenseur de la théorie ondulatoire. convertit peu après au Jansénisme. Quatre ans avant de mourir Newton a également été à l’origine de disputes indignes d’un dans de terribles douleurs des suites d’un probable cancer de

H i s t o i r e grand savant, notamment avec l’astronome royal John Flamsteed l’estomac avec métastases, en 1662, à l’âge de trente ans, il écrit dont il s’appropriera les travaux et avec le génial mathématicien Les Pensées, ouvrage philosophique dans lequel il développe un Gottfried Wilhelm Leibniz (cofondateur du calcul diff érentiel et argumentaire pour la croyance en Dieu classiquement connu intégral) qu’il accusera injustement de plagiat. Il a aussi été établi sous la terminologie du “Pari de ”. que vers 1677, Newton avait réalisé secrètement d’innombrables expériences d’alchimie, qu’il avait goûté à ses concoctions et qu’il s’était sérieusement intoxiqué au mercure. Ces recherches prirent Le tORR fi n en 1693 avec l’explosion de son laboratoire, ce qui faillit lui coûter la vie. Newton décède en 1727. Son enterrement grandiose Cette unité est ainsi nommée en l’honneur du mathématicien impressionna très fortement Voltaire et son nom sera donné à et philosophe italien (1608-1647). Le torr l’unité de mesure de force du système international. mesure la pression exercée par une colonne d’un millimètre de mercure, à zéro degré centigrade. Ce savant est né à Faenza et a fait de brillantes études à Rome. Après avoir, dans sa jeunesse, L’ étudié dans la maison de Galilée à Arcetri près de Florence, il devient son secrétaire. Au décès de ce dernier, Torricelli lui Fils d’un maître serrurier, apprend de son père les succède sous la houlette de leur ami le Grand Duc de Florence. bases de la physique et des mathématiques. À seize ans, il suit Ses études sur les pressions hydrostatique et barométrique lui les cours de l’université d’Erlangen qu’il quitte au bout d’un an vaudront une réputation que ne démentent pas les siècles. Pascal pour enseigner dans une école suisse jusqu’en 1811. De retour à s’inspira probablement de certains de ses travaux mais ne le cita Erlangen, il obtient son doctorat et devient répétiteur en mathé- jamais ! La typhoïde l’emporte alors qu’il menait des expériences matiques. Après avoir enseigné à Bamberg, il part pour Cologne en qu’il qualifi ait de fondamentales. 1817 où il occupe le poste de professeur au Gymnasium. En 1825, il décide de se consacrer à la recherche et s’installe à Berlin l’année suivante. Il y publie son œuvre maîtresse Die galvanische Kette, en Le 1827. Ohm espère obtenir un poste de professeur titulaire sur son mérite, mais ses travaux ne sont pas reconnus par ses pairs, peu Le volt représente le potentiel électrique nécessaire pour enclins aux développements mathématiques en physique. Il quitte produire un courant d’un ampère sous une résistance alors Berlin en 1833 pour Nuremberg où il est nommé professeur d’un ohm. Cette unité a été ainsi nommée en l’honneur du conte de physique au peu prestigieux Institut Polytechnique. Malgré tout, Alessandro Giuseppe Volta, physicien italien né en 1745 à Côme en Angleterre, la communauté scientifi que commence à s’intéresser et mort en 1827. Étudiant puis professeur de physique à Rome, à ses travaux, et en 1841, il sera récompensé par la Royal Society. il invente un électromètre, met au point la première pile et isole Il obtient alors la chaire de physique à l’université de Munich en le méthane. Napoléon et l’empereur d’Autriche le couvrirent 1852, mais ne profi tera de sa gloire que deux ans avant de décéder d’honneurs et à Côme, un temple a été bâti en son honneur ! et de laisser son nom à l’unité de résistance électrique. Le WAtt Le PASCAL (1736-1819), né près de Birmingham, en Écosse, est Créé en l’honneur du philosophe et mathématicien fi ls de marchand et part à Glasgow pour apprendre le métier de français né en 1632 à Clermont, en Auvergne, le fabriquant d’instruments de mathématiques. Devenu ingénieur, pascal est une unité de pression qui équivaut à un il s’est spécialisé dans l’aménagement des voies navigables lors- newton par mètre carré. Orphelin de sa mère à l’âge qu’on lui demande de réparer une machine à vapeur. Il trouve le de trois ans, Pascal écrit à onze ans un traité sur les moyen d’en améliorer les performances et décide de fabriquer ces sons et, cinq ans plus tard, démontre un des plus engins. Destinées à assécher les mines, ces machines trouvent importants théorèmes de la géométrie. En 1651, rapidement d’autres applications. Watt a calculé qu’un cheval pour aider son père dans son travail de comptabilité exerce une traction de 180 livres et vend ainsi ses machines en fi scale, (ce membre de la petite noblesse était prési- les comparant à ce résultat, soulignant les économies réalisées en dent de la cour des aides), il construit la deuxième se passant d’attelage. L’ingénieur écossais meurt en 1819, riche machine calculatrice au monde dénommée “Pascaline” dont il et célèbre. En 1882, soixante-trois ans après sa mort, l’unité de vendra cinquante exemplaires. En 1654, dans une correspon- puissance électrique est désignée par son nom, qui fi gure depuis dance avec Pierre de Fermat, il établit les bases de la théorie des sur toutes les ampoules électriques du monde ! ■

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