À la fin des années 1970, Pierre René-Worms commence sa carrière de photographe en Entre 1977 et 1983, Pierre fait ce qu’aucun travaillant pour les magazines « Actuel » et « photographe rock » de l’époque ne fait en « Rock & Folk ». Il immortalise une période France. Il a le même âge que les Cure, Joy décisive dans l’histoire de la musique, le punk Division, U2, Marquis de Sade, Étienne Daho, rock donnant naissance à la scène New Wave. Rita Mitsouko. Il a la chance de tomber dans Ses photographies témoignent de l’arrivée de cet entre-deux qu’on appelle en France, un groupes inoubliables tels que U2, The Cure, peu à contre-sens, « new wave », et ailleurs The Clash ou encore Joy Division. Pierre plutôt « post-punk » : funk blanc spasmo- René-Worms transmet toute l’énergie, toute dique, électro-pop, jazz minimaliste, musique la vitalité qui se dégage de ces musiciens qu’il industrielle, disco-pop néo-romantique, suit aussi bien dans leurs concerts que lors énergies et délires explosent dans tous les de moments plus intimes, en backstage ou sens. L’image n’est pas encore verrouillée par à l’hôtel. le marketing et les « plans com’ ». On est libre, « En août 1977, un lycéen de dix-sept ans, on a le temps. Pierre se balade avec tous ces en vacances à Saint-Jean de Luz, s’ennuie. « jeunes gens modernes » à Paris, Londres Excitation : il y a un « festival punk » à Mont-de- ou Rennes. Ses photos se retrouvent dans Marsan. Alors il y va. Avec, en bandoulière, Actuel, Libération, Le Monde de la musique, l’Asahi-Pentax, modèle Electro Spotmatic, Rock & Folk, Best. « À l’époque, les groupes qu’il vient d’acheter d’occasion avec son se prêtaient à tout. J’aimais faire quelque argent de poche. Il rêve d’être reporter. chose de décalé. Ma démarche était d’être Mais écrire des articles, c’est compliqué. La « magazine », « vie quotidienne ». J’avais photo, ça semble plus facile. Aux arènes de une volonté de rencontre, de proximité, Mont-de-Marsan, il se balade où il veut, sans d’échange… » accréditation ni rien. Ni sécurité, ni backstage. Les photos de Pierre sont aussi éloquentes Musiciens, roadies et spectateurs se que lui est peu bavard. Les revoir aujourd’hui mélangent sur les gradins dans une ambiance ne nous rend pas nostalgiques, mais nous bon enfant, loin des ambiances violentes replonge dans le bain d’une époque dont associées aux punks. Pierre découvre Clash l’énergie, la fraîcheur et la simplicité nous et Police. Lui qui adore Bob Marley trouve manquent, parfois, cruellement. excitant ce mélange énergique rock et reggae. Michka Assayas Ça lui plaît. Sans le savoir, il a trouvé sa place et son point de vue. Dans ces années-là, tout a l’air facile. Ce qu’on appellera « les médias » n’existe pas encore. Journaux et magazines EXPOSITION se fabriquent dans une ambiance décon- Du 16 septembre au 19 décembre 2021 tractée, où la spontanéité est de mise. Par Le Confort Moderne, Poitiers, FR hasard, Pierre se retrouve à écrire des papiers Directeur : Yann Chevallier pour un journal qui s’appelle « Afro-Music ». Commissaire associée : Georgia René-Worms Puisqu’il a un appareil-photo, il les illustrera - lui-même. En 1978, Jean-François Bizot, le VERNISSAGE grand manitou du magazine de la « contre- Jeudi 16 septembre à 19h culture » Actuel, dont la publication est provi- - soirement interrompue, cherche des photos Relations presse : Emma Reverseau du musicien Fela pour publier un « almanach » [email protected] annuel. Pierre se souvient : « Je suis allé le voir dans son château. Il est tombé des nues de voir un gamin blanc » qu’on lui avait présenté comme “le photographe africain de Paris” ». Avec sa générosité légendaire, Bizot prend Pierre sous son aile. À partir de là, on le voit partout. Son Canon A1 en bandoulière, ses objectifs dans ses poches, ce sportif trapu, flegmatique, boule d’énergie calme, en polo Lacoste par tous les temps, joue des coudes pour se mettre aux premiers rangs. Il est dans le public. Pressé contre la scène, secoué par les pogoteurs, il est porté par l’énergie de l’époque. Il est dans le feu de l’action, « d’où un certain flou, parfois, dans les photos de scène ».

Pauline Lafont, Palace, 1979

Le Confort Moderne bénéficie du soutien de la Ville de Poitiers, du Ministère de la Culture DRAC Nouvelle Aquitaine, de la Région Nouvelle Aquitaine et du Département de la Vienne.

PATROUILLE DE NUIT, PIERRE RENÉ-WORMS Pierre René-Worms (FR, 1959)

1976 1984 Premiers reportages sur la musique Début d’un travail au long cours avec les africaine à Paris pour le magazine Afro nouveaux acteurs majeurs de la scène Music musicale africaine (Salif Keita, Youssou Ndour, Mory Kanté, Touré Kounda, Fela...) 1977

Festival de Mont de Marsan. Découverte 1985 des Clash, Police et la rencontre entre le Concert S.O.S racisme ”Fête des potes” à la rock et le reggae. Concorde et à la Bastille (Salif Keita, Mory Kanté, Manu Dibango, Carte de Séjour) Reportages avec Manu Dibango entre Paris et Abidjan. 1985-1992 Collaboration au mensuel panafricain sur 1978 l’Afrique Elite, Reportages sur la scène reggae Rédacteur en chef adjoint et photo-reporter, d’Angleterre et de Jamaïque. nombreux reportages culturels, sportifs et Début de collaboration avec Rock and Folk, politiques dans une trentaine de pays du Libération et Actuel. continent africain. 1979 1992-1997 Reportages autour de la scène rock Photo-reporter indépendant, spécialisé sur française entre Paris, Rennes, Lyon avec l’Afrique , Marquis de Sade, Carte de Collaborations avec la presse hebdoma- Séjour... daire et mensuelle française Reportage avec Joy Division lors de leur Réalisation de nombreuses pochettes passage à Paris le 18-12-79. d’artistes africains (Césaria Evora, Ismael 1980 Lô ,Youssou Ndour …) Reportages autour de la scène ska 1997-2005 et post-punk entre Paris et Londres. Création et reportages pour “RFI musique” Rencontres avec Bono et U2 à Londres. premier site consacré aux musiques Début d’une longue collaboration avec africaines et francophones Etienne Daho... qui dure toujours. 2005-2013 1981 Responsable des éditions et productions Reportages en tournée et dans les coulisses musicales au service co-édition de RFI des groupes de rock. 2007-2021 Travail avec tous les nouveaux artistes Début de collaboration avec agnès b. pour émergents de la scène rock française. des expositions Enregistrement de l’album « Mythomane »

d’Etienne Daho 2010 Conception du projet d’un Coffret de 20 cd Reportages à NYC sur les nouvelles de musique africaine (1960-2010) tendances new-yorkaises, shooting avec Klaus Nomi et Alan Vega dont un des Album lauréat du Grand Prix de l’Académie portraits sera utilisé pour la pochette du Charles Cros. célèbre Jukebox Babe 2017 1981-1985 Publication de « Avant la vague. Etienne Réalisation de nombreuses pochettes Daho : 78-81» (RVB BOOKS) de disques (Alpha Blondy, Manu 2013-2021 Dibango,Carte De Séjour, Taxi Girl, Elli & Photojournaliste et responsable du pôle Jacno, Sax Pustuls , Kas Product, La Souris photo France médias monde Déglinguée, Touré Kunda, Kassav, Ismael (France 24, RFI, MCD) Lô, Cesaria Evora, Alan Vega, Etienne Daho, Francis Bebey...) 1982 Reportages avec Rachid Taha et le groupe Carte de Séjour entre Lyon et ses banlieues. 1982-1985 Collaboration avec les quotidiens Français Libération, Le Monde, Le Matin de Paris Poursuite du travail entrepris entre Rennes et Lyon avec Etienne Daho et Carte de Séjour

Etienne Daho en « patrouille de nuit » dans les rues de Rennes, décembre 1980

CV PIERRE RENÉ-WORMS EXPOSITIONS :

Joy Division, Agnès b. Londres, Bruxelles, New-York, 2007 Joy Division, Agnès b. rue du Jour, 8.09.2017 – 6.10.2007 Paris Photo, Galerie du jour agnès b, éditions 2008, 2009, 2010 Des Jeunes Gens Mödernes, Galerie du jour Agnès b, 3.04.2008 – 17.05.2008 Alan Vega, Agnès b. rue du Jour, 28.3.2013- 6.4.2013 On aime l’art… ! agnès b. Du 06 juillet au 05 novembre 2017-07-12. Collection Lambert, Avignon New Wave, Agnès b. Tokyo, 19.01.2019 – 03.03.2019 New Wave, La Route du Rock, 2019 Tainted Love, Confort Moderne, 16.12.2017 – 04.03.2018 DAHO L’AIME POP ! du 5 décembre 2017 au 29 avril 2018, Philharmonie de Paris Grace Jones, Saint-Germain-des-Prés, Paris, Mai 1980 Tainted Love club edit, Villa Arson, 8.02.2019 -26.05.2019 La hardiesse dans la collection agnès b., La Fab., Paris, du 2.02 au 1.8.2021 Regards hors-champs et Paysages, La Fab., Paris, du 24 septembre au 26.06.2021

Joy Division, 18 décembre 1979, Rue St Denis, Paris 1979

CV PIERRE RENÉ-WORMS Georgia René-Worms (FR, 1988), autrice et curatrice a été formée à la Villa Arson et à l’école du Magasin

Son travail s’articule autour deux axes: un axe documentaire, en général autour de figures féministes et un axe narratif, où elle développe une écriture expéri- mentale, dans la veine des new narrative, des narrations non fictionnelles où l’autrice s’efforce de représenter honnêtement l’expérience subjective sans prétendre qu’un texte puisse être absolument objectif. Les questions centrales qui habitent sa méthodologie sont « Qu’est-ce que nous fait la recherche et qu’est-ce que nous avons le droit de lui faire ? Comment est-ce que l’on prend l’histoire en soi, comment raconter une histoire qui n’est pas la nôtre. Qu’est-ce que le travail fait de nous ? La matérialité qui nous traverse, l’intangibilité de ce que l’on manipule ». Elle considère ses recherches comme des expériences de vie où intimité et travail s’interpénètrent, floutant volontairement le statut autoritaire de l’autrice et la soumission à l’objet étudié.

Georgia René-Worms à été résidente du CIAP Vassivière, à Via Farini à Milan, au Centre d’Art du Parc Saint Léger, la Villa Champollion au Caire. Elle a participé en tant que curatrice au programme Generator initié par 40m2. Elle a également bénéficié pour ses recherches des soutiens de la DRAC Limousin, DRAC PACA, de la Fondation Nuovi Mecenati. En 2021 elle est lauréate de l’aide à l’écriture et à la publi- cation de l’INHA et l’institut français.

«Patrouille de nuit est pour moi avant tout la tentative de lecture d’une histoire d’une famille culturelle: celle de la musique, qui en arrière-plan montre un urbanisme en mutation, des mouvements politiques en train de naître, une maladie - le sida apparaître. À travers des images qui -, semblent légères, Patrouille de nuit raconte depuis l’oeil d’un photojournaliste le glissement d’une époqôue à l’autre celle de la fin des années 70 aux années 90. Ces photos de Pierre René-Worms montrées sans nostalgie nous parlent aussi de comment travailler et vivre ensemble.”

GEORGIA RENÉ-WORMS COMMISSAIRE ASSOCIÉE Etienne Daho et Nicole Calloc’h des Sax Pustuls aux transmusicales de Rennes 1980

Rachid Taha montrant sa carte de séjour avec les musiciens chiliens de Corazon Rebelde et le chanteur américain Théo Hakola Transmusicales de Rennes, Rennes1981

PATROUILLE DE NUIT, PIERRE RENÉ-WORMS Marianne Faithfull, Paris, Novembre 1979

The B-52’s, douches des loges de l’empire avenue de Wagram, Paris 1980

PATROUILLE DE NUIT, PIERRE RENÉ-WORMS Manu Dibango - 1978

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LU DANS LA PRESSE Mes disques à moi “Les quatre Joy Division résidaient dans un hôtel entre les Halles et les Bains Douches, où ils jouaient le soir-même” PIERRE

RENE-WORMSAu bon endroit au bon moment, ce photographe a saisi quelques instants cruciaux du punk, de la new wave et de la musique afro-caribéenne. RECUEILLI PAR ALEXANDRE BRETON “U2 JOUAIT DANS UN PUB MINUSCULE À LONDRES. Nous y étions avec Michka Assayas, entassés parmi une cinquantaine de buveurs de bière. On était en 1980, un mois avant la sortie La première mélodie accrocheuse. A cet de ‘Boy’, leur premier album. On ne pouvait pas bouger, âge-là, et avec un tel refrain, ça a facilité impossible de faire mes photos. C’est un grand regret.” Saisir mon accès à la musique anglo-saxonne et donné envie d’en connaître davantage. les commencements : c’est peut-être le trait qui caractérise l’œuvre photographique de Pierre René-Worms dans l’histoire J’ai toujours aimé les artistes, disons, visuelle du rock. Atypique au sein de la communauté des mélodistes, que ce soit, pour les Français, photographes de rock, Véronique Sanson, Christophe, Françoise l’œil de René-Worms n’iconise pas. Voir son livre “New Wave” (Fetjaine, 2009). Arrivé au rock Hardy, ou les Beatles, Brian Wilson. La un peu par le hasard des circonstances, il fit ses premières pop, c’est-à-dire la chanson populaire, armes comme photojournaliste au service des musiques afro- avec son art de la mélodie, m’a toujours caribéennes, avant d’être le témoin de premier plan d’une fasciné. Un exemple de pop mélodique période cruciale de l’histoire du rock, celle qui prit la relève parfaite, qui incarnait tout ce que j’avais du punk et dont il saisit les prémices à travers de jeunes artistes aimé dans les Beatles, et sera le son des de vingt ans, promis pour beaucoup à devenir les stars du jour années 80, c’est par exemple “Tainted d’après : U2, Cure, Specials, Joy Division, Alan Vega, Etienne Love” de Soft Cell. Daho et d’autres, que l’on étiquètera, de manière effectivement R&F : Donc plus Beatles que Rolling bien vague, new wave, avec la désignation néanmoins précise Stones ? de ce terme selon qu’il s’agit, entre 1979 et 1983, de la Pierre René-Worms : Oui, au début, scène française, britannique ou américaine. A l’heure d’une et puis j’ai fini, bien plus tard, par aimer rétrospective en juin, Patrouille De Nuit, au Confort Moderne les premiers Stones, pour le côté black à Poitiers, rencontre avec cet incontournable autodidacte à et blues, qui était, là aussi, très fort au la passion calme. niveau mélodique. Jusqu’au départ de Brian Jones. Il y a les Beach Boys aussi, qui m’ont beaucoup marqué, avec leur D’amateur à professionnel chef-d’œuvre “Pet Sounds”. R&F ROCK&FOLK : Premier disque acheté ? : Quel était votre environ- nement musical ? Pierre René-Worms : C’est un 45 tours. Je devais avoir sept ou huit ans. “Michelle” des Beatles, un truc tout bête. J’étais à Paris, je Pierre René-Worms : Il n’y en avait pas commençais à écouter de la musique, et ça a commencé par les Beatles. vraiment de musique chez moi. Mes(rires) parents ! Enfin, n’écoutaient on n’écoutait qu’un peupas Il était sorti en 1965, je crois, et j’ai dû l’acheter en 1966 ou 1967. de musique classique, et encore. Je me souviens, c’est vrai, d’avoir J’avais entendu cette chanson à la radio et ce qui m’avait étonné, c’était cassé un disque de Georges Brassens de mon père, mais je ne l’avais ce refrain en français. “Michelle”, pour moi, c’était un mix entre une jamais entendu l’écouter. Moi, j’écoutais la radio et, à cette époque-là, chanson de variété et un classique pop anglais, tellement mélodieux. il y avait des passeurs de culture qui faisaient découvrir la musique, comme Patrice Blanc-Francard sur France Inter ou Georges Lang et

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LU DANS LA PRESSE Photo Pierre René-Worms

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LU DANS LA PRESSE “Six mois d’une histoire du rock totalement folle entre novembre 1979 et mai 1980”

à Mont-de-Marsan, “festival de punk”, comme on disait déjà alors. Il y avait Police, Clash, Damned, Dr Feelgood, Eddie And The Hot Rods, etc. Ce festival a été un choc qui m’a totalement éveillé et permis de mieux appréhender ces musiques-là. Et c’était quelque chose de partir faire un reportage pour un magazine afro sur le mouvement punk, bien avant que l’on parle d’afro-punk ! Le groupe qui me tape dans l’œil à ce moment-là, qui avait un nom atypique et faisait justement le lien avec le jazz, les musiques afro et le punk ou la pop, c’est Police. Ils avaient inventé un reggae blanc, notamment avec “Roxanne”. C’était précurseur, bien avant “Sandinista!” des Clash qui sera la fusion parfaite, en six faces et trente-six titres album de référence pour moi. J’avais d’ailleurs fait une photo des Clash,! Un où l’on voit Topper Headon, Paul Simonon et Sting qui était pratiquement U2

Photo Pierre René-Worms le seul à avoir l’épingle à nourrice sur sa veste ses Nocturnes sur RTL, qui ont énormément participé à introduire un look et une musique qui n’avaient alors rien à !voir Police avec était le mouvement. arrivé avec la musique anglo-saxonne. C’est essentiellement par la radio que je R&F : Qu’est-ce qui vous intéressait chez ces groupes ou artistes découvrais et écoutais la musique, et beaucoup plus tard, au milieu que vous allez photographier jusqu’au milieu des années 80 ? des années 70, que j’ai commencé à acheter des disques. Pierre René-Worms : Ce qui m’intéressait, c’était de montrer ces R&F : Pourquoi ? artistes dans leur quotidien, montrer qu’il s’agissait de personnes comme Pierre René-Worms : nous. Ce qui impliquait un travail de longue haleine, sur la durée. A En fait, j’ai basculé assez rapidement de l’adolescent l’inverse de mes collègues qui venaient, qui ne connaissait pas grand-chose à la shootaient et repartaient, moi j’aimais pas- musique au journaliste censé écrire sur ser du temps avec ces groupes et faire des des musiques et des cultures dont je images différentes, dans des contextes n’avais, au départ, aucune idée. J’écumais différents, en m’inspirant de l’iconographie les magasins de disques pour découvrir anglo-saxonne, celle du Melody Maker les nouveautés, mais je suis passé d’ama- ou du NME à Londres, ou de Rolling teur à professionnel quasiment du jour Stone aux Etats-Unis. J’avais le même âge au lendemain. Je devais avoir seize ou dix-sept ans, j’étais en seconde, et on m’a proposé d’écrire des qu’eux, on était de la même génération on avait les mêmes aspirations, il y avaitet articles. Le magazine s’appelait Afro-Music, c’est lui qui m’a donné une compréhension assez naturelle entre nous. J’expliquais aux maisons ma première chance. Sur un segment, donc, très pointu. Ce magazine de disques ce que je voulais faire, on se mettait d’accord, et je rencontrais avait été créé en 1976 par Manu Dibango, qui avait gagné beaucoup les artistes. J’essayais de vivre avec eux en me faisant très discret, et en d’argent avec “Soul Makossa” et avait lancé ce magazine consacré aux échangeant le plus normalement possible. L’idée, c’était de les montrer musiques panafricaines. Mon premier article fut consacré à l’album dans leur contexte, sans aucune barrière. Il n’y avait pas de distance. de Stevie Wonder, sorti en 1976, “Songs In The Key Of Life”. Album R&F : C’est ce qui ressort, par exemple, de vos photographies exceptionnel, mythique. De fil en aiguille, j’écrivais sur des artistes de Joy Division que l’on voit dans ces Halles de Paris qui ven- majeurs de la musique afro-caribéenne mais aussi de pop et de rock. aient tout juste d’être transformées. Mais c’était difficile pour moi d’écrire, si bien qu’un jour je me suis dit Pierre René-Worms : J’habitais le quartier à l’époque, les quatre Joy que j’allais voir ce que je pouvais faire avec un appareil photo, parce Division résidaient dans un hôtel entre les Halles et les Bains Douches, que ça me semblait beaucoup plus classieux, plus simple aussi, que de où ils jouaient le soir-même. Le groupe m’avait séduit par ce que la pondre des articles. J’ai tout appris par moi-même. Et le premier artiste presse anglaise en avait dit alors. Et il m’avait séduit d’autant plus, que j’ai photographié, au Jardin des Plantes, c’était un grand artiste qu’un mois plus tôt j’avais fait un reportage à Dijon sur un groupe qui camerounais, Toto Guillaume. Après, il y eut les premières photos de en était un peu la version française, Marquis De Sade. Non seulement concert, dont celui de Manu Dibango, en juin 1977, à l’Olympia. En les rapprochements étaient justifiés entre ces deux groupes dont la 1978, l’aventure avec Afro-Music était terminée, mais j’ai continué le musique et la démarche me plaisaient beaucoup mais, en plus, ils photojournalisme, notamment pour Rock&Folk, où j’ai eu la chance étaient si totalement différent de groupes comme Clash ou Damned. Ian d’obtenir une chronique, intitulée Afriques, qui me permettait de parler Curtis était quelqu’un de très silencieux, à l’inverse de ses camarades. de Bob Marley, de Fela Kuti... Et il y a eu aussi la rencontre avec Jean- Il était ouvert, mais dans sa bulle, timide, effacé, alors que sur scène, François Bizot, qui m’a permis, en 1979, de collaborer pour Actuel. il existait de façon magistrale. Comme Philippe Pascal, de Marquis De R&F : Comment vous retrouvez-vous au festival punk de Mont- Sade, qui en concert, on l’a peut-être oublié jusqu’au retour du groupe de-Marsan, en 1977 ? en 2018, était littéralement habité, possédé. Pierre René-Worms : Ah ! C’était précisément en août 77. J’étais en R&F : Quels albums vous marquent particulièrement à ce vacances dans le pays basque. Je travaillais encore pour Afro-Music. J’ai moment-là ? pris ma mobylette pour aller faire un reportage sur le deuxième festival Pierre René-Worms : On parlait tout à l’heure de Police, mais il y avait aussi “London Calling” des Clash ou les Cure de “Boys Don’t Cry”. 022 R&F JUIN 2020

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LU DANS LA PRESSE MES DISQUES A MOI PIERRE RENE-WORMS

Cure, que j’ai d’ailleurs rencontré aussi à cette époque-là et qui était un groupe, du producteur français de Celluloïd, Jean jusqu’à “Seventeen Seconds”, tellement Karakos, que j’avais rencontré un peu rock, tellement puissant et novateur. Ce plus tôt, à l’époque des photos de Joy premier album, pour moi, c’est quelque Division, son label distribuait Factory. A chose de très fort. Il y avait une tension New York, je découvrais toute la scène dans leur musique, une électricité pop- new wave, comme je l’avais découverte rock. Dès le début, on sentait que les un an plus tôt à Londres. Karakos m’avait Cure deviendraient un classique du rock. mis en contact avec les groupes qu’il Je me souviens d’avoir fait des photos avec eux en 1979, lors de leur premier passage à Paris et d’avoir été produisait à l’époque, comme Bill Laswell, Material, et Alan Vega. Je convié ensuite par leur maison de disque pour leur premier disque l’appelle, il m’invite à venir le voir. Je traverse tout New York, de d’or. C’est marrant de les avoir vus au tout début, si jeunes, et de voir Central Park au Bowery où Vega habitait une petite chambre. On passe ce qu’ils sont devenus par la suite. C’est la preuve qu’on ne s’était pas deux ou trois heures ensemble, on fait des photos, de façon très simple, trompés, alors que ce n’était pas évident de pousser des groupes de cette sympathique, amicale. Tu sais, à l’époque, dès qu’on sortait du business, nature-là à l’époque, d’autant que leur 45 tours, “Killing An Arab”, sorti les choses pouvaient être simples. Il ne s’agissait pas pour moi de quelques mois plus tôt, avait été relativement confidentiel et passait rechercher la notoriété, mais faire mon boulot le mieux possible. Vega peu à la radio. D’ailleurs, dans cette nouvelle tendance qui émergeait, s’apprêtait à sortir la première version de “Jukebox Babe”, et là c’était tu remarqueras que ce sont des groupes qui sont presque sans look, totalement génial, un rockabilly punk, décalé par rapport à l’époque. ils se sont imposés d’abord par leur musique, ces groupes comme U2, Et ce titre fut un succès. Encore une fois, ce qui m’intéressait, c’était Television ou Cure. Le look flamboyant, très théâtralisé, est arrivé vers ce qui était novateur et aider à le faire découvrir. 1983-84. Mais, au début, ces groupes avaient l’air de venir de nulle R&F : Quelle place prenait l’histoire du rock que vous part. C’est leur musique qui comptait avant tout. Et c’était compliqué découvriez surtout, par votre métier, au présent ? de pousser de si bons groupes qui n’étaient pas mainstream. Là encore, Pierre René-Worms : En fait, c’est ma rencontre avec Etienne Daho, RTL et France Inter faisaient la loi. en 1980, qui m’a largement fait découvrir cette histoire du rock. Il me faisait remonter aux années 50, grâce à lui je découvrais Ricky Roy Orbison, ou, pour les années 60, le Velvet UndergroundNelson, que Six mois d’effervescence j’avais zappé ! Récemment, grâce à ses playlists, il m’a fait découvrir R&F : Il y avait les clubs, néanmoins ? Unloved ou MGMT, des groupes fascinants. Etienne a toujours un goût, Pierre René-Worms : Oui, le Palace et les Bains Douches, qui étaient une curiosité, un flair incroyable. Mais, pour revenir à la question, ma avant tout des lieux festifs. C’est là que l’on pouvait découvrir tous ces culture était moins forte que celle de mes camarades. Je m’intéressais à groupes. Toutes les nouvelles tendances musicales de l’époque passaient tous ces mouvements, ces artistes, mais je n’avais pas la même culture. dans ces deux clubs. C’était extraordinaire, parce que dans ces musiques J’ai appris sur le tas, sur le terrain. Parce que, une fois de plus, c’est si différentes, il y en avait de très sombres. J’ai donc vu Joy Division par le métier que je suis entré dans la musique, pas l’inverse, et ce qui en décembre 1979 aux Bains Douches, mais c’était aussi le début du m’intéressait, au-delà de la musique, c’était de rencontrer ces artistes, ska, on pouvait aussi entendre, au Palace, les Specials, aussi bien que être au début d’une histoire. Et c’était le rapport humain, avant tout. Klaus Nomi ou Kid Creole And The Coconuts. En fait, il y a eu six mois Quand ils devenaient célèbres, ils m’intéressaient moins. Ce sera le cas d’effervescence, six mois d’une histoire du rock totalement folle, selon avec Cure, ou même avec Etienne Daho au moment de “Pop Satori” en moi, entre novembre 79 et mai 80. Toute une nouvelle vague musicale 1986. Ils n’avaient plus besoin de moi. est arrivée, qu’on l’appelle new wave ou post-punk, c’était une profusion de nouveaux groupes, tous incroyables. En France, il y avait Marquis De Sade, Modern Guy, ou encore Taxi Girl qui faisait la transition entre le Le business côté pointu, sombre, branché, et le grand public. Comme, un peu plus reprenait la main tard, le duo Elli & Jacno. En six mois, un grand nombre de groupes a R&F : Au milieu des années 80, vous décrochez de la photo- débarqué et a tout bouleversé. Sans oublier la branche new-yorkaise, graphie rock. avec Blondie, Talking Heads, Television. Pierre René-Worms : J’arrête en 1984. Parce que tout le monde me R&F : Et du côté du graphisme, qui prenait alors beaucoup semblait rentrer dans le moule. Le business, avec ses services marketing, d’importance, qu’est-ce qui vous séduit ? reprenait la main et on ne pouvait plus travailler aussi facilement. C’était Pierre René-Worms : Pour moi, c’est avant tout le graphisme de justement l’époque du look, de l’apparence et là, j’ai décroché pour Peter Saville pour le label Factory qui produisait Joy Division ou Fad revenir aux musiques afro-caribéennes où j’avais l’entière liberté de faire Gadget, qui m’a vraiment impressionné. Ce qu’il a fait à cette époque- ce que j’avais pu faire auparavant avec les musiques anglo-saxonnes. là, ce minimalisme, était vraiment à part. D’un autre côté, quand je J’étais libre et pouvais faire ce que je voulais. Il n’y a qu’avec Etienne vois ce que faisait la photographe Annie Leibovitz, notamment pour le Daho, pour la tournée des vingt ans de “Pop Satori” que j’y suis revenu. magazine Rolling Stone, c’était la perfection. Mais, sinon, l’Afrique m’intéressait davantage. R&F : Vos photos illustrent de nombreuses pochettes d’album, R&F : Confiné sur une île déserte, vous écoutez quoi ? notamment d’Elli & Jacno, Carte De Séjour ou Kas Product. Pierre René-Worms : Je dirais un truc certainement improbable Mais il y en a une mythique d’Alan Vega pour la réédition de pour des lecteurs de Rock&Folk ses deux premiers albums solos, en 1996, “Jukebox Babe/ un artiste cap-verdien. Tropical: et“Cé pop. La ÇaVida”, pourrait de Boy être Gé du Mendès, Brian Collision Drive”. Comment s’est passée cette rencontre ? Wilson. D’ailleurs, si tu écoutes l’intro de “On The Island” sur “No Pierre René-Worms : Vega, c’était vraiment une belle, une grande Pier Pressure”, un album que Wilson a sorti en 2015, on croirait une rencontre. J’étais à New York, pour un magazine de rock gratuit, Gig, cover ! C’est raccord et, sur une île déserte c’est parfait ! et je devais faire un reportage sur Klaus Nomi. J’étais hébergé à côté H

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LU DANS LA PRESSE LU DANS LA PRESSE MEETING / PETER HOOK “Les musiciens de nos jours ont parfois du mal à dépasser la musique qui a été produite dans les années 1970, 80, 90 jusqu’à aujourd’hui. C’est comme si quelqu’un avait

AB: Comment avez-vous vécu rempli la jauge cette année ponctuée de confine PH: Très bonne. Je ressemble ments et d’isolement - beaucoup à mon fils donc je n’était pas dans l’auto promo. ? n’ai aucun problème à me voir Je pense que ce qui nous inté sibilité de le faire. C’était impor PH: Honnêtement, le temps est - leur trou comme on pouvait le plus jeune. Joy Division était ressait c’était le mystère, le- tant pour moi de célébrer l’in et qu’il ne restait passé assez vite parce j’ai eu - faire il y a trente ou quarante tellement pur et a connu une manque de communication et fluence de Martin Hannett parce énormément de choses à rattra ans. De Led Zeppelin à U2, c’est - fin tragique, très soudaine. le fait de laisser la musique que je pense qu’il a contribué à per après quarante ans de tour comme si tout avait été fait. - Mais je n’ai aucun mauvais parler d’elle-même. Je suppose rendre ces albums intemporels. nées constantes. Et quand je Pendant le confinement, j’ai re souvenir du groupe. que Peter Saville a eu de la J’étais heureux de montrer à n’étais pas en tournée, j’étais commencé à écouter la musique- plus de place épuisé. J’ai apprécié de me po chance de tomber sur un bon quel point c’est un génie. de mon adolescence – j’imagine - AB: Et votre rapport au style et à groupe avec cette attitude-là. ser un moment et de voir le que ça me réconforte. J’étais la mode ? Vous aviez un sacré AB: Avec internet et les plate temps passer. Jouer en live me - triste d’apprendre la mort de style dans cette série de photos, AB: formes de streaming, les ados pour les nouveaux manque beaucoup mais je sur Pensez-vous que l’ Marty Wilson parce que la Mo artwork a - avec vos chemises rouges et vos encore son importance au écoutent facilement des groupes vis. J’ai la chance d’avoir une town produisait l’un des pre - cravates... jourd’hui - des années 1960, 70, 80, décou belle maison et un jardin donc ? A quel point était-ce - miers styles de musique qui m’a- PH: Notre style est arrivé un peu important dans la découverte de vrant des artistes que leurs pa pour un vieux monsieur comme - intéressé, quand j’avais treize par hasard. Le manteau que je certains groupes et artistes rents et grands-parents écou groupes.” moi, tout va bien. - ou quatorze ans. Je vais en écou porte dans les photos m’avait pour vous taient à leur âge. Que pensez-vous ? ter aujourd’hui d’ailleurs. Il y a- été donné par mon grand-père. PH: de ce nouveau fan-club de Joy AB: Nous avons décidé de réali Bien sûr que c’est encore peu de groupes récents que je - Avec le groupe, on allait dans pertinent aujourd’hui puisqu’on Division et New Order ser cette interview à l’occasion ? C’est un réécoute, à part Super Furry des boutiques de scouts parce voit ces pochettes partout, dans phénomène qui vous échappe ? de l’éxposition de photos de Joy Animals, Frank Turner et The que les chemises n’étaient pas la rues, dans les films, à la PH: Je crois que c’est un phéno Division prises par le photo - Slow Readers Club. Mais comme graphe français Pierre Re - chères et ressemblaient aux vê télé... et on voit à quel point mène très sain. Je viens d’une - tements militaires. Ce n’était- famille vieux-jeu, mes parents je disais, il y a tellement de nou né-Worms en 1979. Quels souve l’artwork d’ - Unknown Pleasures veautés tous les jours que j’ai du nirs avez-vous de ce shooting ? - que de la frippe. Ces boutiques est important culturellement au n’avaient pas grand chose à voir - avec moi à part pour me nourrir mal à suivre. PH: C’était un moment très sti nous ont donné notre image ; jourd’hui. Il y a certains styles mulant et être photographié était- c’était les seules où l’on se ren qui m’intéressent mais je ne et s’assurer que je me levais le - AB: Votre style de basse a in dait parce qu’on n’avait pas pourrais pas dire lesquels. J’ai matin. Pour être honnête, je assez nouveau à cette époque. On fluencé beaucoup de musiciens- d’argent. Leurs vêtements mais le punk pour ce que c’était, - suis beaucoup plus heureux de était sûrement très excités, très après vous. C’est vraiment au avaient un côté vieillot et clas ce que ça provoquait, mais aussi savoir que je joue un plus grand heureux d’être à Paris. Et Pierre - centre de beaucoup de morceaux sique, des fringues de vieux les groupes allemands comme rôle dans la vie des mes enfants, nous a emmenés dans de beaux de vos anciens groupes. Vous monsieur. Donc notre look pro Can et Faust pour leur approche même si mes parents ne m’ont endroits comme le Centre Pom - souvenez-vous de la manière - venait plutôt d’une nécessité de mystérieuse. aussi. pas élevé si mal que ça. Mais pidou et d’autres lieux que l’on dont vous l’avez obtenu ? n’aurait pas forcément été ame s’habiller bon marché. Rien J’ai des goûts assez variés dans c’est agréable de pouvoir parta - PH: Ça a été graduel. J’avais un nés à visiter. C’était bien aussi- n’était réfléchi. le design. ger des choses avec ses enfants : aller à des festivals, des con problème avec le volume de gui que les roadies fassent partie du - tare de Bernard Sumner donc la - AB: Pouvez-vous me parler de AB: certs, etc. Je suis toujours très shooting. On était tous très Vous avez continué à inter seule façon de m’entendre était votre collaboration avec Peter préter beaucoup de morceaux de- heureux et honoré quand quel jeunes, ça ne faisait pas long - de monter le son et foncer. Ian a temps que l’on faisait de notre- Saville, qui a conçu vos my Joy Division et New Order à tra qu’un amène son enfant à mon - - adoré dès qu’il a entendu ça et musique une carrière. C’était thiques pochettes d’albums vers les années. Pourquoi concert et que je vois que toute ? ? Vous m’encourageait à continuer. Pensez-vous qu’il est parvenu à sentez- vous nostalgique ? la famille est fan. C’est fantas notre première venue à Paris ce - Donc je remercie l’ampli de Ber capter visuellement la musique PH: tique ! Dans ma famille, on est qui était dingue ! Mais c’était Oui, je dois avouer que je nard Sumner et Ian Curtis pour - de Joy Division et New Order ? suis nostalgique, pourquoi pas ? comme ça ! Quand je vais voir aussi assez dur de se déplacer mon style unique. PH: Peter Saville avait beau Même si je n’avais pas été dans un concert de Neil Young, j’em dans le van puisqu’il faisait très - - froid. Très vite, on a tous com coup de libertés parce que nous ces groupes, j’aurais été nostal mène mon fils et ça me fait plai - AB: Comment envisagez-vous le - n’étions pas intéressés par le gique, je suis comme ça. Mais je - sir. Mais je pense que les musi mencé à se détester puis Annik - futur de la musique live Honoré est arrivée et la dyna côté visuel du groupe, seule ne voulais pas faire semblant ciens de nos jours ont parfois du ? Etes- - vous inquiet ? mique a complètement changé.- ment par le côté physique, la d’être Joy Division. Joy Division mal à dépasser la musique qui a PH: Oui, très. Ça ne sent pas bon. Ian s’est transformé en gentle musique et le live, donc il avait en album est très différent du été produite dans les années man du jour au lendemain...- le loisir de faire ce qu’il vou groupe en live. Je me disais que 1970, 80, 90 jusqu’à aujourd’hui. - AB: Vous avez prévu des dates de lait. On ne voulait pas mettre beaucoup de gens que je croisais C’est comme si quelqu’un avait c’était étrange. concerts en Europe, quand au nos visages sur les pochettes autour du monde n’avaient rempli la jauge et qu’il ne restait - plus de place pour les nouveaux ront-ils lieu ? Les concerts vous AB: Quel était votre rapport à parce qu’on trouvait ça nul et écouté que la version enregis - groupes. Un groupe comme manquent ? l’image de Joy Division ? on ne comprenait pas qui vou trée. Ils ne pouvaient plus voir - PH: Dieu seul le sait mais du mo drait nous voir dessus. On ça en live puisque Joy Division Coldplay a réussi mais je ne vois ment qu’on est tous en sécurité,- n’existe plus mais j’avais la pos pas beaucoup d’autres exemples - d’artistes qui ont réussi à faire c’est ce qui compte. J’espère que les concerts reprendront vite.

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laires d’un nouveau mouve - PETER HOOK ment électronique, à l’image de “Blue Monday” ou “Bi Membre fondateur de Joy - Division et New Order, le zarre Love Triangle” qui bassiste Peter Hook n’est sont devenus des hymnes transgénérationnels. A l’oc plus à présenter tant il a - marqué le paysage du rock casion de l’exposition d’une anglais des années 1970 et série de photos de Pierre René- INTERVIEW 1980. Après la fin brutale et Worms lors de la venue ALICE BUTTERLIN tragique de son premier de Joy Division à Paris en 1979, à la galerie 22visconti, PHOTOGRAPHIE groupe devenu mythique, il PIERRE RENÉ-WORMS créé avec New Order, des Peter Hook revient sur son parcours, ses collaborations 100 CRASH morceaux entre post punk et avec Peter Saville et sa vi house, devenus pierres angu - - sion du futur de la musique.

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LU DANS LA PRESSE PORTFOLIO / JOY DIVISION

Peter Hook, Stephen Morris, Bernard Sumner & Ian Curtis à Paris, église Saint- Eustache, 1979 Photographe : Pierre René-Worms

Page de droite Ian Curtis, Peter Hook, Stephen Morris & Bernard Sumner à Paris, rue Saint-Denis, 1979 Photographe : Pierre René-Worms

Ian Curtis à Paris, 104 les Bains Douches, CRASH 1979 Photographe : Pierre René-Worms

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LU DANS LA PRESSE PORTFOLIO / JOY DIVISION

Paris, jardin des Halles, 1979 Photographe : Pierre René-Worms

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Joy Division à Paris, les Bains Douches, 1979 Photographe : Pierre René-Worms

Page de gauche Bernard Sumner, Ian Curtis, Peter Hook & Stephen Morris à Paris, Forum des Halles, 1979 Photographe : Pierre René-Worms

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LU DANS LA PRESSE Au tout début nous étions six. Il y avait un deuxième guita TEXTE - MIRWAIS AHMADZAÏ riste Pascal Geneix lors de PHOTOGRAPHIE nos premiers concerts au Gi PIERRE RENÉ-WORMS - bus en mars ou avril 1978. Le 27 Novembre 1978 lors de notre premier concert au Rose Bonbon, nous n’étions déjà plus que cinq. En octobre 1980, à la fin de l’enregistre - ment de Cherchez le Garçon notre deuxième EP, nous avons demandé à Stéphane Erard le bassiste, de quitter le groupe et nous nous sommes retrouvés à quatre. En Septembre 1981, pendant l’enregistrement de l’unique album qu’il nous a été permis de réaliser, Seppuku, nous étions réduits à trois membres car Pierre Wolfshon, notre batteur est mort d’une injec - tion d’héroïne et de cocaïne en Juillet 1981. C’est à ce mo - ment-là que j’ai malheureuse - ment découvert le terme an - glais : “Speed Ball”. Ensuite, durant l’année 1982, après la sortie de Seppuku, Laurent Sinclair est parti explorer d’autres champs musicaux.

Laurent Sinclair, , Mirwais Ahmadzaï (1982) Photographe : Pierre René-Worms 106 CRASH CRASH 107

Mirwais Ahmadzaï, Daniel Darc, Laurent Sinclair avant le concert au Casino de Paris (1982) Photographe : Pierre René-Worms

Page de droite Mirwais Ahmadzaï, Pierre Wolfshon, Stéphane Erard, Daniel Darc, Laurent Sinclair (1980) Photographe : Pierre René-Worms

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LU DANS LA PRESSE MUSIQUE / TAXI GIRL

Mirwais Ahmadzaï, Laurent Sinclair, Daniel Darc (1982) Photographe : Pierre René-Worms

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Mirwais Ahmadzaï, Laurent Sinclair, Daniel Darc (1982) Photographe : Pierre René-Worms

Page de gauche Daniel Darc & Mirwais Ahmadzaï (Avril 1982) Photographe : Pierre René-Worms

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LU DANS LA PRESSE MUSIQUE / TAXI GIRL

Mirwais Ahmadzaï & Daniel Darc Nous nous sommes retrouvés (1982) Photographe : Lorsque je revois ces magni Pierre René-Worms donc à deux, Daniel Darc et - fiques images de Pierre Doors et à Jim Morrison, Page de droite moi-même en 1983 pour conti maintenant en visionnant Laurent Sinclair, - René Worms qui nous figea une de nos nombreuses réfé Mirwais Ahmadzaï, nuer la destinée de Taxi-Girl - ces clichés, l’immense se Daniel Darc, (1982) pour toujours au moment de rences musicales, qui eux- - Photographe : jusqu’en 1986. Ces dernières cousse de cette époque à la Pierre René-Worms notre tournée anglaise de mêmes n’avaient pas fait - années furent elles un face à quelle nous avons participé novembre/décembre 1981 en peut-être plus de cinquante face ou une collaboration ? il activement. Et j’ajouterai première partie des Stran concerts de toute leur car ne m’appartient pas de ré - - sans fausse modestie, d’une - glers, ainsi que lors de notre rière. Mais beaucoup s’en pondre, car Daniel n’est plus manière flamboyante. unique tournée française de souviennent encore. Il m’est depuis le 28 Février 2013. Et MIRWAIS AHMADZAÏ 1982 qui s’est terminée au impossible de me remémo LE 12 SEPTEMBRE 2020 il faut être deux pour ré - - Casino de Paris, je ne peux rer précisément et commen pondre à une telle question. - m’empêcher de penser aux ter chaque photo, mais en revanche je ressens encore

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