Hydra & Thalassa Le Verseau Maritime
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Hydra & Thalassa : Le Verseau Maritime Essai de spiritualité comparée de l'eau et du sel Vincent Paul Toccoli Ϋδωρ κάί Θάλάσσά HYDRA & THALASSA1 ou Le Verseau Maritime essai de spiritualité comparée de l'eau et du sel 1 - Hydra (grec moderne : Ύδρα ) est une île grecque du golfe Saronique, au sud d’Athènes, dans la mer Égée, en face de la péninsule de l’Argolide. Cette île est sans voiture . Hydra n'est qu'une chaîne de montagnes d'une vingtaine de kilomètres de long sur 2 à 3,5 km de large. Son point le plus haut, le Mont Eros ou Vigla culmine à 593 m. Hormis trois anses, la côte de l'île est rocheuse et inhospitalière. L'intérieur, montagneux est rocailleux et peu fertile. Les collines grises se terminent souvent en falaises au bord de la mer. L'eau - malgré le nom de l'île (Hydra ou Hydréa, la « bien arrosée ») -, semble avoir toujours manqué. Nom ironique ? - Dans la mythologie grecque, Thalassa est la fille d'Héméra et d'Æther. Héméra – sa mère donc, - ou Héméra ( Ἡµέρα , « jour ») est une divinité primordiale, fille d'Érèbe (les Ténèbres) et de Nyx (la Nuit). Sœur d'Éther (la Lumière céleste), elle incarne la Lumière terrestre et personnifie donc le Jour. Elle s'unit avec son frère Éther, de qui elle a Thalassa : ainsi mythologiquement, la mer Thalassa est la fille incestueux des « lumières : céleste Ether & terrestre Héméra ». Et la petite fille des Ténèbres Erèbe et de la Nuit Nyx. Page 1 sur 82 Hydra & Thalassa : Le Verseau Maritime Essai de spiritualité comparée de l'eau et du sel La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent. Bernard Giraudeau, Les Hommes à terre J’étais comme un bateau coulant dans l’eau fermée, Comme un mort je n’avais qu’un unique élément. Paul Eluard (la mer) où, flottaison blême Et ravie, un noyé pensif parfois descend… Des noyés descendaient dormir à reculons ! Arthur Rimbaud Page 2 sur 82 Hydra & Thalassa : Le Verseau Maritime Essai de spiritualité comparée de l'eau et du sel Collection "Visions Spirituelles" 2011 Le J 4 ou… Quand l'insoumis met son Dieu à la question (Essai sur la rébellion nécessaire) 2012 Les Bâtisseurs de ruines (Essai sur le refus des fatalités) Urbi et Orbi (Essai sur La glocalisation) Bientôt Ορος / Oros ou L’Âme d’Altitude (Essai sur le vertige mystique) La Désertion de l’Intelligence (Essai sur « savoir et communication ») Ϋδωρ κάί Θάλάσσά / Hydra & Thalassa ou Le Verseau Maritime (Essai de spiritualité comparée de l'eau et du sel) Page 3 sur 82 Hydra & Thalassa : Le Verseau Maritime Essai de spiritualité comparée de l'eau et du sel La mer, la mer, toujours recommencée O récompense après une pensée Qu'un long regard sur le calme des dieux!... Stable trésor, temple simple à Minerve, Masse de calme, et visible réserve, Eau sourcilleuse, Oeil qui gardes en toi Tant de sommeil sous une voile de flamme, O mon silence! . Édifice dans l'âme, Mais comble d'or aux mille tuiles, Toit! O pour moi seul, à moi seul, en moi-même, Auprès d'un coeur, aux sources du poème, Entre le vide et l'événement pur, J'attends l'écho de ma grandeur interne, Amère, sombre, et sonore citerne, Sonnant dans l'âme un creux toujours futur! … Buvez, mon sein, la naissance du vent! Une fraîcheur, de la mer exhalée, Me rend mon âme . O puissance salée! Courons à l'onde en rejaillir vivant. Oui! Grande mer de délires douée, Peau de panthère et chlamyde trouée, De mille et mille idoles du soleil, Hydre absolue, ivre de ta chair bleue, Qui te remords l'étincelante queue Dans un tumulte au silence pareil Le vent se lève! . il faut tenter de vivre!... La vague en poudre ose jaillir des rocs!... Rompez, vagues! … Paul Valéry, Le cimetière marin (extraits…) Page 4 sur 82 Hydra & Thalassa : Le Verseau Maritime Essai de spiritualité comparée de l'eau et du sel SOMMAIRE Préface Préambule Chapitre 1 : Incipit Aquarius / Tout commence par l’eau… Chapitre 2 : Le sel de la mer Chapitre 3 : Eau & Pureté Chapitre 4 : Eau, Sexe et Beauté Chapitre 5 : Eau & métaphysique Chapitre 6 : Eau & mystère Chapitre 7 : Le bain de « souille » Chapitre 8 : Les mers de sables Thalassa : le poème de la mer Anthologie des citations Page 5 sur 82 Hydra & Thalassa : Le Verseau Maritime Essai de spiritualité comparée de l'eau et du sel Préface Thalassa ! Thalassa ! Jamais marin ne cria "Terre" avec plus d'ivresse que les Dix Milles de Xénophon découvrant le Pont Euxin du sommet de la montagne de Thechès, quand après une marche de seize mois dans les déserts et les monts de l'Asie, ils virent enfin les flots qui les conduiraient vers leur patrie. L'eau, c'est le miracle du Chaos cosmique. Sur une infime poussière de milliards d'étoiles étalées sur des centaines d'années lumière au sein d'innombrable galaxies, notre Terre bénéficie pour les dix milliards d'années qui lui sont promises (nous en sommes à la moitié) de conditions idéales pour devenir une planète aquatique. Les deux tiers de notre globe sont recouverts d'eau et nos corps sont composés d'eau quasiment dans les mêmes proportions. L'eau c'est la vie, c'est la base du bouillon de culture qui donna naissance aux premières cellules qui se diversifiant et se complexifiant aboutirent notamment à moi. Merci l'eau. Merci surtout au mystère inexpliqué qui fit qu'à un moment, avec un peu d'eau, comme un premier baptême, la matière inanimée donna naissance au vivant. "Et le Soleil n'est point nommé, mais sa puissance est parmi nous " rappelle St John Perse. J'en ai bien conscience, son énergie entretient le cycle de l'eau qui irrigue notre terre, mais sans eau, le Soleil n'est porteur que de mort. Ainsi, si les tombes de la Vallée des Rois nous livrent tant de merveilles, vieilles de plusieurs milliers d'années, c'est qu'à cet endroit du monde règne seul le Soleil. Ailleurs, l'eau et les micro-organismes de ses moisissures auraient tôt fait de dévorer peintures, bois et tissus. "Loué sois-tu, Seigneur, pour notre sœur l'Eau " priait François d'Assise. L'eau chimique des piscines et de nos robinets nous fait un peu oublier notre intimité avec l'eau, mais puisque j'ai la chance de pouvoir régulièrement me baigner dans un lac bien préservé, je puis attester du plaisir profond qu'il y a à s'immerger dans son eau fraîche, revigorante au contact de chaque pore de la peau, et qui porte une odeur d'humus évocatrice de la terre qui nous porte. Contrairement à ce que l'on pense communément, il n'est pas assuré que le marin aime la mer. La mer ce n'est pas seulement l'eau turquoise et limpide de la Polynésie, la mer prend des hommes à leur famille. A Jersey, le génial Hugo avait bien vu la chose : "Ô combien de marins, combien de capitaines Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines Dans ce morne horizon se sont évanouis ! Combien ont disparu, dure et triste fortune ! Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune, Dans l'aveugle océan à jamais enfouis ! " Pour le pêcheur au large c'est un rude métier et la nostalgie dont certains vieux terre-neuvas font preuve me fait penser à celle des mineurs de fond qui ont la nostalgie de leurs puits. C'est un peu comme des anciens combattants qui évoquent des épreuves dont la dureté les a valorisés, en a fait des hommes, au sens de Goethe " J'ai été un homme donc un lutteur" . De plus, n'oublions pas que sur les chalutiers, l'odeur de la mer, c'est un triste mélange de gasoil et de poisson. Page 6 sur 82 Hydra & Thalassa : Le Verseau Maritime Essai de spiritualité comparée de l'eau et du sel Les régatiers voient la mer comme un terrain de jeu, une surface sur laquelle ils prennent des risques de terriens, se bousculant autour de bouées, partant en mer alors que les conditions météorologiques sont mauvaises, tout cela à l'opposé des règles de la prudence marine qui imposent d'arrondir les caps, de rester loin des autres navires et de rester au bar du port si le vent menace. Je crois que les régatiers préfèrent le vent qui les pousse à l'eau qui les porte. Les marins de la Royale, les militaires, font leur devoir tout comme ceux qui naviguent "au commerce", ceux de la marine marchande, mais si désormais ce devoir les retire rarement pour toujours à l'affection de leurs familles, les longs mois de mer ne conviennent qu'à ceux qui ne craignent pas la vie de célibataire. Epouse de marin, c'est pas une vie ! Les marins doivent donc apprécier la solitude comme Bernard Moitessier qui en 1968, sur le point de remporter la première course autour du monde en solitaire et sans escale (Golden Globe) refuse de couper la ligne et repart pour l'océan indien sans avoir touché terre, fuyant le monde et les honneurs. Finalement, ce sont les plaisanciers qui sont sur l'eau par pur plaisir. Et combien cette mer est différente selon l'embarcation sur laquelle on navigue. Sur les plus gros bateaux, c'est déjà un peu comme une vue d'avion, c'est une surface d'autant plus plate qu'on est plus haut. Je n'ai jamais expérimenté la grande houle qui porte haut les plus grands navires comme des canots dans la baie de La Baule, mais j'en ai eu un aperçu avec les belles images d'un film comme le "Crabe Tambour" (1976, de Pierre Schoendorfer).