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Biographie

« Trop jeune pour St-Germain, trop vieux pour 68… »

Fils unique, Serge Chauvier naît à Bordeaux, le jeudi 11 février 1943. Son père, Georges Chauvier, est chanteur, sa mère, Georgette Ponceaut, sans profession. Né à Aubusson, Georges Chauvier, le père de Serge, s'installe à Bordeaux à l'âge de cinq ans. Son propre père ayant quitté la maison, sa mère devra travailler pour nourrir ses trois garçons. Passionné par la comédie, Georges s'inscrit, à l'âge de 15 ans, à La Girondine, une société de comédie bordelaise. Après le service militaire, il remporte le premier prix d'un concours radiophonique avec une chanson de variétés. À 27 ans, il entre au Conservatoire de Bordeaux, « avec une voix de baryton bien affirmée ». La première année, il est classé premier avec Véronique. Nous sommes en 1948. « C'était l'époque où l'on passait comme attraction durant les entractes dans les cinémas. C'était très pénible. Serge venait m'y voir. » Sur la scène du grand théâtre de Bordeaux, il interprète des opérettes : La Veuve joyeuse, Véronique, Rêve de valse... Mais sans imprésario, peu de radio et de tournées, Chauvier n'arrive pas à décoller. « Mon nom n'accrochait pas, alors, je me suis appelé Georges Gavarny... Georges Guétary, vous comprenez... Mais il était trop tard. Bien sûr, j'étais une grande vedette, mais en province. » « Mon père avait typiquement le physique du jeune premier de l'époque, dira Serge plus tard. Sur ses affiches à Bordeaux, on l'appelait "le prince charmant de la chanson". »

Le prince charmant de la chanson

Durant cinq ans, avec Bourvil et Guétary, Georges Chauvier chantera La route fleurie. « Je me suis enfermé dans cette opérette pour ma famille, c'est ce qui m'a perdu. C'était le côté fonctionnaire, salaire assuré. J'ai bien connu aussi Marcel Amont qui était "fan" de moi. Il venait à la maison. Je le conseillais, l'aidais, il me suivait partout. Ce que je n'ai pas fait pour Serge, parce qu'il a rencontré d'autres personnes pour débuter, je l'ai fait pour Marcel en lui donnant les premiers débouchés. Si on veut réussir dans ce métier, il est préférable d'être détaché, j'avais trop le souci de ma famille. » (2) « Mon père, racontera Serge Lama, était arrivé à son maximum en province. À Paris, Mariano, Guétary, Dassary et Marcel Merkès triomphaient. Comme d'autres, mon père s'est dit : pourquoi pas moi ? Il a décidé de monter à Paris. » (1) En 1950, donc, Georges et Georgette Chauvier « montent » à Paris. Ils s'installent au 19 de la rue Duvivier, dans un petit hôtel du 7ème arrondissement. Confié à sa grand-mère restée à Bordeaux, Serge, sept ans, passe une année chez les Frères, en demi-pension. L'année suivante, il rejoint ses parents dans la capitale. La famille Chauvier connaît des années difficiles, mais Georges finit par trouver un engagement au Théâtre des Capucines. « Pour ma mère, bien sûr, ce n'était pas très drôle, dira Serge. Elle a vécu pendant cinq ans dans cette chambre, tant que mon père était artiste. On tirait le diable par la queue. Ma mère devait faire la lessive, la cuisine, s'occuper de moi, de ma grand-mère, tout ça dans une seule pièce. » (1) En 1951, sur le label Mercury, dirigé par Eddie Barclay, Georges Chauvier enregistre trois 78 tours qui se vendront à 500 exemplaires. « Une performance en ce temps-là, paraît-il. » Au milieu des années 50, accompagné par l'orchestre du Théâtre des Capucines, il interprète le rôle du Messager dans Les chansons de Bilitis, une opérette de Jean Valmy, Marc-Cab et Mitty Goldin, d'après les poèmes de Pierre Louys, musique de Joseph Kosma (30 cm Pathé DTX 156). Parmi les autres artistes de cette opérette : Mathé Altéry, Nadine Tallier (la future Nadine de Rothschild), Christian Borel et Pierre Hiégel. C'est à cette époque que va naître la vocation du jeune Serge. En 1969, il raconte : « En face des Capucines, où jouait mon père, je voyais l'Olympia et je me disais que mon père serait plus à sa place sur cette affiche que dans la liste obscure d'une distribution d'opérette. Un soir, le nom d'Eddie Constantine m'apparut plus immense encore dans ces lettres de néon. Et c'est ce soir-là que je dis à mon père, qui sortait des Capucines : "Moi, je serai en face." J'avais douze ans. »

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Un jour, papa a vendu de la margarine…

En 1955, cédant à l'insistance de sa femme, Georges Chauvier abandonne le métier de chanteur pour devenir représentant d'une marque de bière. La famille s'installe alors dans un appartement de la banlieue parisienne, à Issy-les-Moulineaux. « Mon père, pour améliorer l'ordinaire, écrivait des chansons, raconte Serge à Télé 7 Jours (1). Il a été chanté par Aimable, Bourvil, Mariano. Il exerçait sur moi une véritable fascination et c'est pour cela que je l'ai imité. Ma première chanson, je crois que je l'ai écrite à onze ans, et je n'ai plus arrêté. Mon père a été heureux, lui aussi, jusqu'à ce soir de l'hiver 1956, qui fut si froid (...), où il a décidé de changer de métier. Las des sempiternelles discussions avec ma mère, il a accepté l'offre de son ancien directeur des Capucines, Paul Bordes, qui s'était reconverti dans la limonade, et il est devenu représentant. » « Je me souviendrai toujours, rappelle encore Serge, du dernier soir : il était la doublure de Guétary au Théâtre de l'ABC et il lui fallait attendre 22 heures pour être sûr qu'il ne serait pas malade. C'était lugubre. Le lendemain, il partait sur son vélomoteur pour aller faire du porte-à-porte et vendre ses petites bières. » « Ma mère, ajoute Serge, rêvait de sécurité, de s'établir bourgeoisement. Alors, ils passaient leur temps à se disputer. Moi, je m'en rendais bien compte puisque nous habitions dans une chambre de trois mètres sur quatre dans un hôtel meublé, juste à côte de l'endroit où j'habite aujourd'hui. C'était rue Duvivier. C'est d'ailleurs parce que c'était le quartier de mon enfance, que j'ai choisi d'habiter près des Invalides et non à cause de Napoléon comme on le croit. » (1) « Jusqu'en sixième, raconte Serge Lama à Ciné Revue (3), j'étais au-dessus de la moyenne. Après, au moment où mon père a décidé d'abandonner son métier sous les coups de boutoir de ma mère, mes résultats scolaires se sont dépréciés. Ma vie à basculé à ce moment-là. Mal travailler à l'école était une façon de me révoler contre le milieu familial. » « (...) J'ai vu mon père pleurer et des tas de choses qui m'ont fortement remué. Bien que j'étais encore tout petit, mon père se confiait à moi. Je le poussais à quitter ma mère pour continuer à exercer son métier. J'avais onze ans. Je me souviens d'une conversation avec lui dans la voiture. Je lui disais : "Écoute, pars, il le faut..."; il m'a répondu : "Non, je ne peux pas, il y a toi." » À l'âge de neuf ans, Serge écrit ses premiers poèmes, à douze ans, sa première chanson : La ballade du poète. À la même époque, il cherche à rencontrer Sacha Guitry. Il va frapper à la porte de son hôtel particulier, mais « le Maître » ne le reçoit pas. Trente-huit ans plus tard, en 1992, Lama jouera une de ses pièces peu connues : Tôa. À treize ans, en 1956, Serge entre au lycée Michelet de Vanves. Premier en français, il écrit un de ses premiers textes, qui sera connu plus tard : Le bouffon du roi. « Pour la communale, tout allait très bien, raconte son père à La Fronde (2). C'est au lycée qu'il y eut des changements. Il s'en moquait et puis il a rencontré d'autres gens. Il était déjà d'une grande maturité d'esprit. C'est un peu ce qui nous a "déphasé", sa mère et moi. Il lisait des livres qu'il ne nous montrait pas. Et dans ces cas-là, on ne savait pas si on devait les lui retirer ou pas. Il écrivait beaucoup, dessinait. J'ai d'ailleurs encore des peintures faites par lui. Il a des dons extraordinaires dans bien des domaines. C'est un caractère solitaire. Il restait parfois des heures dans sa chambre, allongé sur son lit. » A quinze-seize ans, Serge fait partie de la troupe de théâtre amateur créée par son professeur d'anglais. Il joue Le rendez-vous de Senlis (Anouilh), Electre (Giraudoux), La cuisine des anges (Albert Husson). Un peu plus tard, il suit, quelque temps, les cours de dessin publicitaire de l'école Corvisart.

« A quinze ans… »

En 1981, Serge Lama confiait ses souvenirs d'adolescent à Véronique Dokan (4), en prenant soin de préciser : « J'ai l'impression de parler de quelqu'un d'autre. » « À seize ans, je ne faisais rien, je me sentais en conflit permanent avec tout le monde. À la maison, quelque chose s'était brisé entre mes parents et moi. Nous ne nous comprenions plus. En classe, c'était à peu près la même chose; je me sentais complètement isolé, incompris, j'étais déjà assez lucide, presque un adulte et les gens de mon âge ne m'intéressaient pas. Une seule chose comptait pour moi : réussir là où mon père avait échoué. Depuis le jour où il m'avait annoncé sa décision d'abandonner la chanson, je m'étais juré, moi, d'y parvenir. Alors, je gribouillais sur des feuilles volantes, durant des heures, des poèmes dans lesquels je criais mon désespoir et

2 mon goût du romantisme. J'avais même écrit des chansons. Mais "officiellement", je disais bien haut que je voulais être prof car mes parents ne voulaient plus entendre parler de chanson ("Ce métier de saltimbanque où on ne gagne pas un sou"). À cette époque, nous habitions un petit appartement à Issy-les Moulineaux. Mon père avait enfin un salaire régulier (il était devenu représentant) et nous pouvions vivre normalement, sans grand luxe, mais à l'aise. Ma mère était ravie et moi je regrettais le temps des vaches maigres durant lequel on dormait à quatre dans une chambre d'hôtel. Au moins, à ce moment-là, la vie, même si elle était difficile, était exaltante. » En classe, seuls les cours de français l'intéressent. Le reste du temps, pour avoir une contenance, Serge cherche à amuser la galerie. « J'étais le bouffon de la classe, celui qui imite les profs et fait rire les filles. Mais mon succès s'arrêtait là; j'étais plutôt le copain gentil, le confident à qui on raconte ses histoires de coeur. Il faut dire que je n'avais pas précisément fière allure : maigre comme un clou, les cheveux coupés en brosse, j'étais dégingandé, mal fagoté (c'est ma mère qui me faisait mes vêtements par souci d'économie). Bref, l'anti-playboy ! Alors, je me réfugiais le plus souvent dans la lecture. Je dévorais en une nuit les romans de Sartre, Camus, Mauriac, mais mon auteur préféré était André Gide, car il avait des idées anti-familiales qui me correspondaient. Il m'arrivait souvent d'écouter de la musique, sur un tout petit électrophone que j'avais reçu pour Noël. C'était la pleine époque des Platters, Paul Anka, Presley... Aznavour débutait... J'adorais James Dean, Marlon Brando, j'étais amoureux d'Ava Gardner. » (4)

« Petits boulots »

En 1961, Serge a dix-huit ans. Il « claque la porte » de chez ses parents et entame sa période « petits boulots ». Il fait de la vente à domicile, proposant une revue sur l'enfance délinquante, travaille dans une banque, la BNCI... Souvenirs racontés à Isabelle Cauchois dans Télé 7 Jours en 1984 (5) : « Lorsque je travaillais dans une banque à Paris, j'avais un copain encore plus fauché que moi. Pour l'aider, je lui payais le loyer. Alors, les week-ends, et surtout les week- ends prolongés, je crevais de faim. Un dimanche, un autre copain m'a invité à déjeuner. Je n'avais même pas de quoi me payer un ticket de métro. Et de la rue des Acacias à la porte d'Italie, ça fait un bout ! Je ne me sentais pas la force de marcher... Mais en sortant, devant la porte, j'ai trouvé un ticket de métro...non poinçonné ! Il faut avoir l'espoir ancré en soi. Moi, c'est au moment où il n'y a plus d'issue que je trouve la lumière. » En septembre 1962, Serge part faire son service militaire. En France, d'abord, puis à Hammaguir, une base française dans le Sahara. Il en fait une chanson qu'il enregistrera beaucoup plus tard, L'Algérie. « J'y suis allé à la fin de la guerre, raconte-t-il à Juliette Cope de Télérama (6). Frappé par la lumière et la beauté de ce pays, j'ai écrit une chanson camusienne pro-algérienne pour l'indépendance. » Décembre 1963 : la quille ! Rendu à la vie civile, Serge fréquente quelque temps le Petit Conservatoire de la Chanson. Mireille ne lui prodigue aucun encouragement mais c'est là qu'il rencontre Jackie Bayard, une pianiste qui mettra en musique une vingtaine de ses textes, dont seuls À quinze ans et En ce temps-là figureront sur son tout premier disque Bel-Air. Mais, au fait, d'où lui est venu son nom de scène ? « Je ne voulais pas avoir le même nom que mon père, explique-t-il à Georges Renou en 1974 (7). Phonétiquement, Serge Chauvier, ça ne sonnait pas bien. Alors, à quatorze ans, j'ai choisi ce nom. Je rêvais d'un Lama écrit sur le fronton de l'Olympia. Je me disais que ça cadrait bien. À la fin de l'année 1963, Serge auditionne à l'École Buissonnière, le cabaret de René-Louis Lafforgue. « Vous n'avez pas de voix, pas de présence, et vos chansons sont à refaire », lui dit le créateur de Julie la Rousse. « Je n'ai pas cru un mot de ce qu'il me disait, avouera Lama à Georges Renou. Je savais que j'avais de la voix, de la présence aussi. Pour mes chansons, il avait peut-être raison. Ça m'a mis en colère. »

Les relais de la chanson française

Dès le lendemain, il se présente à l'Écluse. Là, il fait la connaissance de Liliane Benelli, la pianiste attitrée du cabaret. On doit à Liliane quelques musiques pour Jean Arnulf (Vivre ce temps, Paris l'hirondelle ) et Barbara (Ce matin-là ), en 1963, et pour Jacques Serizier sur son premier 45 tours, l'année suivante (Poubelle, L'accordéon, Concubine, La nature) .Serge a vingt

3 et un ans, Liliane dix de plus. C'est le coup de foudre, ils envisagent de se marier en septembre 1965... À l'Écluse, Serge est engagé le 11 février 1964, jour de sa majorité. Pour un cachet de 20 francs par jour, il chante dans le spectacle de Barbara. « Tous les soirs, raconte-t-il à Marc Chevalier (8), je restais pour la regarder chanter, elle m'a beaucoup appris. » En mars, il fait quelques galas. En mai 1964, Serge Lama participe aux Relais de la Chanson Française, concours organisé par L'Humanité Dimanche et Nous les garçons et les filles (le pendant communiste de Salut les copains ), sous le patronage de...Pepsi-Cola. Vainqueur des Relais, il se produit, le 3 juin, avec d'autres, sur la grande scène de l'Alhambra-Maurice Chevalier, accompagné par l'orchestre d'Henri Pelissier. Un 25 cm « live » réunissant les finalistes ( François Néry, Christian Bréaud, Jean Pierre Huser, Daniel Prévost ) est publié peu après. Lama y chante À quinze ans et Le bouffon du roi. En août 1964, Renée Lebas, qui l'a entendu à l'Écluse, l'encourage et le pousse à enregistrer son premier disque chez Bel-Air, le label dirigé par Nicole Barclay. Ayant elle-même arrêté de chanter, la grande interprète des années 40 et 50 a créé sa propre maison de production : « Les productions Renée Lebas ». Un super 45 tours voit le jour au mois d'octobre, quatre chansons de Serge Lama, mises en musique par Jackie Bayard (À quinze ans et En ce temps-là), Guennet ( Le bouffon du roi ) et Cl. Rolland ( C'était ma femme ). Sur ce disque préfacé par Renée Lebas, Lama est accompagné par et son orchestre. Renée Lebas demande à Serge Lama des chansons pour Régine, chanteuse qu'elle produit aussi. Serge se laisse « cornaquer ». Il fréquente l'établissement de la « reine de la nuit », et approche « le Tout-Paris ». « J'allais tous les soirs au Jimmy's, raconte-t-il à Cécile Barthélemy. Je me revois encore dans mon petit tricot, mal habillé. Je restais au bar, je buvais à l'oeil et je regardais. Comme un bon écolier. Je découvrais un autre monde et surtout, je fermais ma gueule ! » (9) Vainqueur des Relais de la Chanson 64, Serge est engagé à Bobino, à partir du 20 octobre, aux côtés de Barbara, en première partie du tour de chant de Georges Brassens. « Il n'y avait pas plus de trois lignes sur moi dans les journaux, mais elles étaient bonnes. »

Plusieurs personnages à lui seul

C'est en allant faire un tour dans les coulisses de Bobino, pendant les répétitions, qu'Eddy Marouani découvre cet « immense garçon à l'épi rebelle ». « Voix grave, puissante, des textes alliant pathétique et gouaille, un vrai fils de Piaf et Chevalier, que l'on va certainement comparer à Jacques Brel », conclut Eddy Marouani, qui décide sans tarder de s'occuper de Serge Lama... « Ses textes doux amers me frappent d'emblée (...). Désinvolte, il émeut, danse et fait des grimaces; il est plusieurs personnages à lui seul, atouts que j'ai toujours recherchés », écrit encore l'imprésario (10). Après Bobino, Serge passe dans plusieurs cabarets de la rive droite : La Villa d'Este, La Tête de l'Art... Le 21 novembre 1964, il chante pour la première fois à la télévision, dans l'émission Jeunesse oblige. 20 mai 1965 : sortie du premier 45 tours La Voix de son maître, toujours produit par Renée Lebas ( Ils viendront..., Clara, Fais ta valise, Le jugement dernier ). Cette même année, Serge Lama et Francis Lemarque collaborent, le temps d'une chanson qui paraît sur le nouvel album de ce dernier : Ça commence. Sur le premier super 45 tours d'une jeune chanteuse d'origine yougoslave, Téréza, produite également par Renée Lebas, trois chansons sont de Serge Lama : Et c'est pour toi, Il suffira (musique d'Emil Stern) et Non, ce n'est pas toi (musique de A. Vucera). Pour Régine, il écrit Aimez-vous les pommes ?, Dès que je danse et Ça n'sert à rien. Eté 1965. Serge Lama part en tournée avec Marcel Amont. Jeudi 12 août 1965 : terrible accident de voiture à la sortie d'Aix-en-Provence. La 404 blanche conduite par Jean- Claude Macias percute un arbre. Le frère d'Enrico et Liliane Benelli, la pianiste de l'Écluse, y trouvent la mort. Serge est transporté d'urgence à l'hôpital d'Aix-en-Provence, dans un état désespéré.

Le miraculé

« On m'a relevé avec la mâchoire fracturée, la jambe droite cassée, la rate éclatée, les côtes enfoncées, la jambe gauche paralysée, racontera Serge en 1969. Je n'étais plus qu'une chose sanglante... J'ai dû rester un an et demi couché, sans bouger. Sauf les bras et le crâne, tout

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était démoli... Mon docteur, qui avait vu la radiographie du total de mon squelette, ne cacha pas à mes proches que je ne pourrais jamais remarcher. Comme cette sentence m'avait été cachée, je me mis à la rééducation. Mais, réapprendre à marcher à l'âge de vingt-quatre ans, millimètre par millimètre, c'est vivre un martyre. D'autant que les progrès ne se voient pas. Ils sont internes. Les muscles se reforment, les os s'articulent de nouveau mais le malade l'ignore. Je suis resté trois mois à Valenton. J'en suis sorti avec des béquilles. Le docteur n'en revenait pas, car ma colonne vertébrale était atteinte. » Comme l'écrit joliment Cécile Barthélemy, « Serge Lama s'est reconstruit ». Au centre de Valenton, on l'appelle « le miraculé ». Marcel Gobineau, l'ami de la famille, l'ancien régisseur du théâtre des Capucines, devenu romancier à succès (cycles de Stéphanie et de Aymeline aux éditions Trévise), l'héberge à sa sortie d'hôpital dans sa maison. Comme pour Pierre Perret, quelques années auparavant, la profession s'émeut et décide de l'aider financièrement. Le 7 décembre 1965, le patron de l'Olympia, Bruno Coquatrix, et celui de l'Écluse, Léo Noël, organisent un gala de soutien à l'Olympia dont la recette (trois millions d'anciens francs) sera intégralement reversée à Serge Lama. Malade, Brassens sera le premier à donner son accord, entraînant ainsi d'autres chanteurs (Régine, Barbara, Jean-Jacques Debout, Pierre Perret, Marcel Amont, Enrico Macias...). C'est à l'hôpital, trois mois après son accident, que Serge rencontre Daisy Brun, l'attachée de presse de sa maison de disques, venue accompagner un journaliste. « Je ne sais pas qui vous êtes, lui déclare-t-il, mais ce que je sais, c'est que je vous épouserai... » (11) Le 18 janvier 1966, au studio Pathé Marconi, Serge Lama enregistre quelques chansons, assis sur une civière. Quatre d'entre elles paraissent, le mois suivant, sur son second 45 tours La Voix de son maître ( Avec leurs beaux sourires, On n'est pas né pour rien, Dis, Pedro, Les plages blanches ) En mai 1966, Serge Lama fait la connaissance d'Yves Gilbert. Deux ans auparavant, le compositeur et pianiste a constitué un duo avec sa femme Patricia (la future Guesh Patti), et enregistré chez Philips quelques 45 tours sous le nom de Yves et Patricia. C'est sur les conseils de Régine qu'il vient aujourd'hui proposer à Serge Lama de mettre ses textes en musique. « Nous avons parlé et c'est lui qui m'a remonté le moral, raconte-t-il à La Fronde (12). Je me suis mis au piano, il a aimé et m'a donné un texte à mettre en musique : . Je suis entré chez moi et j'ai fait la musique; d'un coup. Le lendemain, je suis allé la lui montrer, il a aimé et voilà. » 23 juin 1966 : sortie du troisième 45 tours, qui inaugure la collaboration des deux hommes : deux chansons ont été mises en musique par Yves Gilbert (Sans toi et Madame Poupon ), Emil Stern se réservant les deux autres titres (La guerre à vingt ans et Y'a pas à dire ). En 1966, Téréza continue d'enregistrer des textes de Serge Lama : Comme avant, Les enfants d'aujourd'hui, Avant que l'amour (musique d'Alfie Kabilio), Donne-moi l'amour (musiques de Jean Renard), Il arrivait d'Angleterre (musique d'Emil Stern). La même année, la chanteuse Maria Vincent enregistre trois chansons signées Lama-Gilbert : Je m'ennuie, Ah ! viens, Maria et Mes beaux messieurs.

Les ballons rouges

Début juin 1967, allongé sur un brancard, Serge enregistre la chanson qui va devenir son premier grand succès : Les ballons rouges. « Les ballons rouges s'appelaient d'abord J'ai rien demandé, précisera Serge à Pierre Achard dans Notes, la revue de la SACEM (13), mais comme à chaque fois les gens me demandaient Les ballons rouges !... » Avec trois autres (Comment t'as fait, L'orgue de Barbara, Recto-verso ), elle figure sur son quatrième super 45 tours publié le 15 juin. Le 23 octobre 1967, Lama figure, avec quatre chansons, en première partie de Nana Mouskouri à l'Olympia. « Freiné si longtemps, il ne les chante pas, il les crie, comme un orateur. Dis, Pedro, Clara, La guerre à vingt ans et même Les ballons rouges ne sont pas appréciés de son directeur artistique. Sa maison de disques ne suivant pas, je récupère son contrat contre une caisse de champagne ! », raconte Eddy Marouani (10). Le mois suivant, La Voix de son maître « compile » quatre chansons de ses précédents disques ( Sans toi, La guerre à vingt ans, Dis, Pedro, Avec leurs beaux sourires ) et publie un sixième et dernier super 45 tours ( Les roses de Saint Germain, Mon doux agneau, Ma tendre chatte, Dans les usines, Dédoublement de personnalité ). En fin de contrat avec la maison de disques Pathé Marconi, Serge Lama signe, en juin 1968, avec Philips. André Chapelle devient son directeur artistique. Sur le nouvel album de Juliette Gréco, paru en septembre 1968, une chanson est signée Serge Lama et Yves Gilbert : Quand tu reviendras. La même année, ils écrivent Qu'y a-t- il de changé ? pour Marie Laforêt et, pour Corinne Marchand, Le repas du guerrier et La caverne d'Ali Baba. Avec Francis Lemarque, Serge Lama écrit Chez Marcel, enregistrée par

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Lemarque sur son album « Les jours heureux ». Le 23 octobre 1968 paraît l'album « D'aventures en aventures », arrangé par Jean Morlier. Sur ce premier disque Philips de Serge Lama, beaucoup de futurs classiques, notamment Le temps de la rengaine, chronique enlevée de son enfance, Le 15 juillet à cinq heures, tableau impressionniste, véritable petit film muet où tout est dit, chanson envoûtante écrite en... un quart d'heure sur un pari devant un photographe, ou D'aventures en aventures, créée par Zizi Jeanmaire. Rares sont les chansons de circonstances chez Lama.Ici, Les belles de mai (co écrite avec Eddy Marouani) évoque le printemps 68. Ce même 23 octobre, Georges Chelon accueille Serge Lama, en vedette anglaise dans son spectacle à Bobino, les autres artistes étant le Maxim Saury sextet et le duo Line et Willy. Il chante sept chansons. Le 16 décembre 1968, Serge Lama épouse Daisy Brun. Un mois plus tard, Pathé publie l'album « Les ballons rouges », compilation des premières chansons de Lama. Au printemps 1969, l'Académie Charles-Cros récompense le 30 cm « D'aventures en aventures ». Au mois de mai paraît un super 45 tours de avec quatre chansons signées Lama- Gilbert (Les quat' saisons, Je t'ai, tu m'as, Le folklore du pauvre, Je me sens toute grise ). Cette même année, Serge Lama adapte deux chansons pour le nouvel album de Nana Mouskouri : Il n'est jamais trop tard pour vivre, d'après une chanson grecque de Manos Hadjidakis, et Le souvenir, sur l'air de Jeux interdits, créditée « sur une musique du folklore ». Cristina, artiste Barclay, enregistre Il m'appelle ma princesse, signée Lama Gilbert. En 1969 et 1970, enregistrera trois chansons de Serge Lama : Entre parenthèses, Olivier Olivia (en duo avec Jean Claude Drouot) et Des jardins mélancoliques.

La rose d’or d’Antibes

En juillet 1969, Lama remporte le premier prix de la Rose d'or d'Antibes avec Une île, mais la chanson ne passe pas à la radio. On lui préfère la face B : C'est toujours comme ça la première fois. 9 février 1970 : sortie de l'album « Et puis on s'aperçoit » (Philips). Douze chansons parmi lesquelles En 40. « J'ai écrit En 40 pendant la guerre d'Algérie, explique Lama. On nous a envoyés en Algérie, on n'a jamais compris pourquoi, et quand j'étais là-bas, la réaction que j'ai eue en moi, c'était d'écrire . En 40. Cela veut dire faites la guerre que vous voulez mais foutez- nous la paix. Comme elle est sortie après coup, elle est passée un peu à côté de la question. C'est une chanson que je ne dirai pas antimilitariste mais anti-guerre. » (14) En réaction à Piaf, le livre de Simone Berteaut, Serge écrit Édith, sur une musique de Maxime Le Forestier : « C'est triste mais ta demi soeur / N'a même pas la moitié d'un coeur / Dans la poitrine... ». « Si je suis l'héritier de quelqu'un, reconnaît Serge Lama, je le suis plutôt de Piaf que celui de Brel. Comme en plus j'écris mes textes, j'ai l'air d'être du côté de Brel, mais dans ma façon de chanter, je suis un homme de tripes et ma vie est plus en parallèle avec celle de Piaf qu'avec celle de Brel. » (14) Sur ce même disque, un autre titre écrit avec Le Forestier, Ma muse, mais aussi Le misogyne, Et puis on s'aperçoit..., des chansons typiques du Lama du début des années 70. Trois semaines durant, à partir du 24 février, Serge Lama passe en vedette à Bobino, avec les Haricots Rouges et Jacqueline Dulac. Mais les ventes de disques ne suivent pas. Eddy Marouani lui suggère de passer au Don Camilo, le restaurant cabaret de la rue des Saint-Pères. D'abord refusé, il y chantera plus d'un an, partageant son cachet avec Yves Gilbert. En février 1970, sur le second album de Catherine Le Forestier, trois chansons sont signées Serge Lama, musique de Catherine Le Forestier : Le hors-la-loi, Avant vous et La javagabonde. En avril 1970, sur son nouveau 30 cm, Catherine Sauvage reprend Une île. Cette même année, Philips fait paraître un 45 tours deux titres, dont un inédit en album : Les chemins de la liberté mènent à l'amour... un rock endiablé. Avril 1971. Candidat malheureux au grand concours Eurovision, où il représente la France avec (paroles d'Henri Djian et Jacques Demarny, musique d'), Serge Lama fait la connaissance d'Alice Dona. 28 avril 1971 : sortie de l'album « Superman » (Philips). Adaptation d'un succès des Kinks, Apeman, cette chanson va connaître un très grand succès et lance le personnage de séducteur. Lama adapte aussi Bird on a wire de Leonard Cohen (Vivre tout seul ) et s'inspire du nouveau film d'Elia Kazan pour écrire Comme Gwendoline dans "l'Arrangement". La même année, Serge Lama enregistre, sur un 45 tours, deux autres adaptations de succès anglo- saxons : Avec Judith et Tout ça pour rien, version française du tube de Neil Diamond, I am, I said. Toujours en 1971, J'aime quand tu m'aimes, une chanson signée Lama-Macias sur le nouvel album d'Enrico Macias, et Moi, j'aime les hommes (Lama-Catherine Le Forestier), par Brigitte Sauvane, C'est cette année-là que Serge divorce d'avec Daisy.

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Musicorama

En 1972, Serge Lama passe souvent au Don Camilo. La chanteuse Éva enregistre Il faut que tu viennes, une chanson signée Lama-Dona. Le 8 mai 1972, c'est la naissance officielle du « Club des Amis de Serge Lama ». 12 février 1973 : Serge Lama a trente ans et... un jour. Ce lundi soir-là, l'Olympia est plein à craquer et bien qu'on ait supprimé les invitations, on refuse des centaines de personnes. En première partie de ce Musicorama qui fera date : les Calchakis, Maxime Le Forestier et les chansonniers Patrick Green et Olivier Lejeune (ils se rendront célèbres, l'année suivante, avec le fameux Pot pour rire, monsieur le Président ). Présent, côté coulisses, Eddy Marouani raconte : « Ambiance surchauffée et pépins en chaîne; pépins merveilleux, mais pépins quand même : le public, enthousiaste, refuse de laisser partir ses vedettes. Green et Lejeune dépasseront de dix minutes le temps qui leur est imparti. (...) Maxime, qui prévoit six chansons, doit en aligner quinze, tour de chant de star ! Les Calchakis entrent en scène à 23 heures, et triomphent encore à 23 h 45. Je suis éperdu. Serge va-t-il commencer après minuit ? Les spectateurs resteront-ils après le dernier métro ? Je suis contraint de laisser tomber le rideau sur le succès de mes amis argentins ! Ils protestent, ce qui est normal; c'est la bagarre ! Serge, réfugié dans un réduit, reste placide : seul compte pour lui son combat imminent. Un clin d'¦il de réconfort dans ma direction et il plonge dans l'arc de lumière. Chaque chanson nouvelle porte, son ¦il ressemble à celui de Sugar Ray Robinson. Il nous coupe le souffle. À 1 heure du matin, l'enthousiasme du public l'oblige à recommencer l'intégralité de son tour de chant. Rares moments ! » (10) À l'issue du récital, Bruno Coquatrix engage Serge Lama à rechanter, la semaine suivante. Dix jours d'affilée, il rempile, en vedette, cette fois, avec, en première partie, Georges Zamfir et sa flûte de Pan. Cette fois, le succès est vraiment là. Eddy Marouani tente une explication : « Serge a tant clamé sous les projecteurs qu'il avait une sale gueule, il a tant chanté ses amours désespérées que les femmes, touchées, vont lui prouver le contraire... Il devient Don Juan ! il a tant crié sa misogynie que toutes rêvent de le consoler. » (10) Deux jours plus tard, l'album avec la fameuse « pochette rouge, » est en bonne place chez les disquaires. Au mois d'août, il est disque d'or. Bientôt, enregistrera sa propre version de Je suis malade, qui va « pousser » celle de Serge sur les ondes. Le tandem Lama-Dona écrira aussi une chanson pour Dalida : "Seigneur Dieu, pourquoi m'as-tu abandonnée. « Il y a toujours dans une carrière le disque qui a tout déclenché, constate Serge Lama, et pour moi, ça a été celui-là, mon "disque rouge", car toutes les conditions étaient réunies : la voix, les chansons, l'arrangeur, Jean-Claude Petit, les musiques d'Alice Dona qui complétaient celles d'Yves Gilbert, tout était là. Mais quand il est arrivé, neuf ans après mes débuts, j'avais déjà de quoi faire un patrimoine, un tour de chant de vingt chansons solides, structurées, et c'est ce qui manque parfois aux jeunes d'aujourd'hui, faute d'avoir eu le temps. » (13). Sur ce même 30 cm, Les glycines, une chanson inspirée d'un amour d'enfance. La « pauvre Martha » est une cousine bordelaise de sept ans et s'appelle en réalité Giselle. « Nous étions issus d'une famille désunie où tout n'était que cris et rancoeurs accumulées, confie Serge à Daphné Lorenzi, de Gala. Giselle et moi en souffrions énormément et avions fini par nous replier complètement sur nous-mêmes. Les deux enfants timides que nous étions s'étaient fixé un but : ne surtout jamais devenir comme eux. (...) Giselle est la première image que j'aie eue de la féminité. Nous vivions alors une véritable histoire d'amour sans en être conscients. Et puis, on ne se voyait pas beaucoup. Ce qui exacerbait nos sentiments. Quand j'ai écrit Les glycines, j'ai sublimé la situation en transposant notre histoire dans un contexte paysan. L'amour entre cousins représentant toujours un interdit pour la société. » (15) Le 1er mars 1973 paraît le premier numéro du bulletin des « Amis de Serge Lama ». Marie- Hélène Taphorel en est la principale responsable. Au n° 5, le bulletin, dont le siège est situé 11, rue Chateaubriand, Paris 8ème, prendra pour titre une chanson de Lama : La Fronde. Sur son nouvel album, paru en octobre 1973, Catherine Sauvage chante Le coq au Vincent, un titre signé Serge Lama-Yves Gilbert.

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Un véritable chanteur populaire

Le 5 février 1974, l'Olympia fête ses vingt ans. Serge Lama y débute une série de récitals, en même temps que sort son nouvel album, « Chez moi », et que Cécile Barthélemy lui consacre une monographie dans la collection Poésie et chansons de Seghers. Sur ce nouveau disque, sorti un an à peine après le précédent, beaucoup de succès : Chez moi, Star,La salle de bain ou Toute blanche, en souvenir de Liliane. La veine « paillarde » se poursuit avec La braconne ou Boire un petit coup. Yves Gilbert et Alice Dona (et accessoirement Jean-Claude Petit) se partagent les musiques. « Paradoxalement, expliquera Serge, Yves est à mes yeux la partie "féminine" de mes chansons, d'inspiration plus classique, très sensible, et Alice la partie "masculine" : c'est elle qui m'écrit mes "chansons de mec" (...) Ils se complètent donc parfaitement. » (13) Sur les pochettes de ses deux derniers albums, on remarque le nom de Jean Moulin.Homonyme du célèbre résistant, ce peintre né à Saint Étienne, a exposé à Paris dès 1966. En novembre 1970, plus de trois cents de ses oeuvres sont présentées aux Halles. Scandale : quarante d'entre elles sont saisies par la police pour « pornographie » et Jean Moulin est inculpé. La pochette du disque « rouge », de même que les portraits et tableaux des deux suivants, c'est lui. Serge et Jean Moulin se sont rencontrés au cours d'un vernissage. « On se ressemble beaucoup, finalement, raconte le peintre. On a eu le même style d'enfance. La première chanson que j'ai entendue de lui, c'était . Les ballons rouges. Ayant passé mes jeunes années dans un orphelinat, c'était pour moi un geste de tendresse que j'attendais des gens. (...) Pour la première affiche de Serge, je n'ai pas fait une¦uvre d'art; je ne me suis pas posé le problème d'un peintre mais d'un psychologue qui voulait montrer le visage d'un homme avec le moins de couleurs possible et le plus d'impact possible. Je l'ai fait laid volontairement parce que ça cadrait avec ses textes. Dans ses textes, Serge essaie toujours de dire qu'il n'est rien, tout en disant que chez lui c'est chaud, c'est brûlant. Il dit qu'il est de guingois en disant qu'il a une île. Un jour, je me suis amusé à brouiller ses textes : c'est fantastique la lecture qu'on peut en faire. Si j'ai fait une première d'affiche laide, la seconde je l'ai voulue un peu plus belle parce qu'il avait reçu une volée de tendresse qui lui était nécessaire. J'ai fait un portrait noir sur une gerbe de couleurs comme s'il avait une moisson de blé dans les mains. Le blé n'est pas pour moi un ruissellement dans le vent, c'est la vie, la naissance, le germe et puis aussi une fenêtre qui s'ouvre. Ses derniers textes l'ont prouvé. » (16) Le 29 avril 1974 : Serge Lama reçoit, à l'Olympia, le premier Oscar de la chanson française pour sa chanson Les p'tites femmes de Pigalle, qui sera aussi enregistrée par... le 43ème Régiment d'Infanterie de Lille (45 tours Déesse DDLX 85). Le 23 octobre 1974 : sortie du double album « Olympia », premier enregistrement public. On y trouve, en plus de ses principaux succès, deux nouvelles chansons : La French nana et Mon ami, mon maître, cette dernière spécialement créée sur scène en hommage à Marcel Gobineau. 1974, c'est véritablement l'année Lama. « Observez son public, écrit Lucien Rioux dans Télérama : il y a là des gens de tous âges, de toutes opinions politiques, la "minette" côtoie l'aïeule, l'homme d'ordre l'homme de progrès. Oubliée la querelle des générations : jeunes et vieux communient en Serge Lama. Oublié aussi le combat des deux France : derrière le beau Serge, l'union renaît. Parce qu'il est un véritable chanteur populaire ? » (17) Nicole Croisille enregistre Il faut du talent, une chanson signée Serge Lama- André Popp, et Nana Mouskouri chante une nouvelle adaptation de Lama, d'après une chanson américaine de Mélanie Safka : Que je sois un ange. Pour Charlotte Julian (qui a fait sa première partie en tournée d'été), Serge Lama et Alice Dona écrivent Quand on découvre qu'on est moche. Cette année-là, Serge Lama est le premier chanteur à inaugurer le Palais des Congrès. En vingt jours, du 15 janvier au 2 février, soixante-dix mille spectateurs viendront l'applaudir. Le triomphe de Lama lance le Palais des Congrès comme salle de music-hall d'une capacité de trois mille sept cent places. « Il faut tenter, c'est mon côté aventurier, et je suis content d'être le premier à faire le Palais des Congrès. Je ne vous cache pas que c'est très difficile car c'est immense et c'est vraiment un combat, c'est David contre Goliath, et ce sera plus difficile et épuisant que l'Olympia l'année dernière. Alors, pour toutes ces raisons, je fais le Palais des Congrès. » (14) 26 novembre 1975 : sortie de l'album « La vie lilas », toujours illustré par Jean Moulin à qui une des chansons est dédié (Le peintre est amoureux ). De nouveaux succès : La vie lilas, Je t'aime à la folie (musique d'Alice Dona), Les ports de l'Atlantique (Yves Gilbert), Où vont tous ces bateaux (Tony Stéfanidis). Cette même année, Serge Lama participe au collectif « Paris Populi », de Georges Coulonges et Francis Lemarque, avec un titre : Ils s'aiment.

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En 1976, Alice Dona publie son premier album. Serge Lama lui écrit plusieurs chansons et lui donne la réplique dans L'antistar. Marie-Paule Belle enregistre Mon nez (Lama-Belle).

Une dimension symphonique

Du 8 janvier au 27 février 1977, c'est à nouveau le Palais des Congrès. Bilan : 180 000 spectateurs. Le 11 février, Lama y fête son anniversaire, avec des milliers de fans. 26 janvier : sortie de l'album « L'enfant au piano », avec des chansons comme Le restaurant vide, Le triomphe, Mourir en France, Nicolas (dédiée à ) ou L'Algérie. Pour le film de Dolorès Grassian, Serge Lama a écrit la chanson du générique : Le dernier baiser, qui paraît en 45 tours. Le 24 octobre paraît l'enregistrement public du Palais des Congrès. Pas d'inédits sur ce double album, mais la reprise de deux anciennes chansons : À quinze ans et Sans toi. En 1977, Serge Lama enregistre, en duo avec Nana Mouskouri, La Habanera de Carmen (extrait d'une émission TV). La même année, il écrit, musiques d'Alain Goraguer, deux chansons pour « la chanteuse aux lunettes » : Dans une coupe de champagne et Il arrivera peut-être. 11 octobre 1978 : sortie du double album « Enfadolescence », vingt cinq nouvelles chansons d'un coup! Exceptées Entre parenthèses, créée par Isabelle Aubret en 1970, et Au Chili comme à Prague et Du ventre plat au ventre rond, déjà enregistrées par Alice Dona. Femme, femme, femme prolonge la tradition des airs « à reprendre ».On remarque aussi Mon enfance m'appelle, Mon frère, Seul tout seul, Moyennant quoi, Des vagues d'étrangers. Cette même année, Gilbert Bécaud et Serge Lama collaborent, le temps d'un titre : Le train d'amour, enregistrée par la chanteur aux cravates à pois. En 1979, une nouvelle fois le Palais des Congrès : soixante-dix représentations, trois cent mille spectateurs. Serge Lama figurera dans le Livre des records pour cette performance. 30 mai 1979 : sortie d'un troisième double album en public enregistré au Palais des Congrès. 19 septembre 1979 : sortie de l'album « Lama chante Brel », sous une pochette sobre, sans photo. Octobre 1979 : à Cleveland, Ohio, la troupe américaine qui, quelques années auparavant, avait créé Brel is alive and well and living in Paris monte un spectacle tiré des chansons de Serge Lama et le fait tourner dans plusieurs villes des États-Unis. Le metteur en scène Joseph J. Garry Jr, qui a découvert par hasard les disques de Serge Lama, a mis trois ans pour monter Images, une histoire d'amour proche de Jules et Jim au cours de laquelle s'enchaînent vingt-cinq chansons traduites et adaptées. C'est ainsi que Les petites femmes de Pigalle devient I go to see all the girls of Pigalle, Charivari est traduit par Love is such a revelation et Je suis malade adapté en I can't go on. Le 28 septembre, le soir de la Première, Serge Lama est applaudi. En 1980, Lorin Maazel, le célèbre chef du Philharmonique de Cleveland, enregistre l'album « Lama-Maazel. Le monde symphonique de Serge Lama » que CBS fait paraître. Les deux hommes se sont rencontrés sur la plateau du Grand Échiquier. Lorin Maazel, qui a joué du violon sur Je suis malade, a voulu donner une « dimension symphonique » à ses autres chansons. « Avec un orchestre symphonique, explique le "grand beethovénien", on peut créer une atmosphère féerique, toucher des zones de la conscience que n'atteint pas la musique de variétés. J'ai été très frappé par le caractère ironique, efficace des chansons de Lama. Il m'a semblé que textes et musiques (d'Alice Dona pour la plupart) étaient dignes d'une dimension plus vaste, plus riche. C'est la même musique, mais dans deux mondes différents. » (18) 6 octobre 1980 : sortie de l'album « Souvenirs... Attention... Danger », onze nouvelles chansons dont les musiques sont toujours signées Alice Dona (Le dimanche en famille, Je m'sens tout petit ) ,Tony Stéfanidis (Le lit d'Isabelle, Souvenirs... attention...danger) Yves Gilbert (Ballerine, Stéphanie au violon, La vieille et le brocanteur ), Jean-Claude Petit (Mon dada c'est la danseuse, Une vie basses calories ) et Claude Perraudin (Un tempo d'autorail). En 1981, « L'Homme du Palais » passe trois mois au Palais des Congrès. Nouveau record : 330 000 spectateurs. 20 octobre 1981 : sortie de « Au Palais des Congrès. Avec simplicité » (Philips), double album qui contient quatre inédits : Avec simplicité (co-écrite avec Richard Cocciante), Music-hall, Les piscines privées et Le tyran. 30 octobre 1981 : sortie de l'album « Lama père et fils », souhaité par Serge pour les 60 ans de son père. « Ce disque, ça faisait longtemps que nous y pensions, mais il fallait qu'il soit disponible. Nous avons dû attendre qu'il prenne sa pré-retraite. Je lui avais demandé d'écrire une nouvelle chanson à côté de celles qu'il avait choisies dans son ancien répertoire. Ça a été

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: Non, mon fils n'aura pas d'enfant. C'était vraiment sa préoccupation. » (1). Hormis cette composition originale interprétée en duo, Georges Chauvier interprète seul Comme elles étaient belles, une chanson déjà enregistrée par son fils, et une nouvelle, également signée Serge Lama-Emil Stern, elle aussi en duo : Comme papa... Les six autres titres sont des reprises : Je n'peux pas vivre sans amour date des années 20 et a été interprété par Maurice Chevalier, D'une prison est un poème de Verlaine mis en musique par Reynaldo Hahn, Le petit souper aux chandelles et Sur deux notes sont signées Paul Misraki, La chambre est une des premières chansons de Léo Ferré (cosignée avec René Baër).Ami de Marcel Amont, Georges Chauvier a également repris un de ses grands succès des années 50, dû au célèbre tandem Vidalin-Datin : Julie. Ensemble, ils feront une trentaine de galas et pour les 41ans de Serge, une soirée est organisée au Grand Rex. « C'était aussi, jour pour jour, le vingtième anniversaire de mes débuts à l'Écluse. J'ai fait chanter mon père sur une scène à Paris. C'était le plus cadeau qu'on pouvait lui faire. » (1)

Napoléon

Constamment sur les routes pendant une dizaine d'années (près de deux cent cinquante galas par an), Serge éprouve le besoin de marquer une pause au début des années 80. Il décide de s'atteler à une comédie musicale.Ce sera Napoléon. La mise en scène est de Jacques Rosny, également co-auteur du livret, les chansons sont écrites en deux mois, Yves Gilbert signant les musiques. Napoléon sera présenté pendant trois ans. Le choix se porte sur le théâtre Marigny, sur une idée de Thierry Le Luron, les autres théâtres n'étant pas disponibles. À Marigny, Serge Lama chantera tous les soirs et deux fois le dimanche. Les critiques sur Napoléon (2 h 35 de spectacle) ne manqueront pas. « Ils m'ont causé un tort considérable en écrivant que je me prenais pour Napoléon, reconnaît Lama. Lui, je ne l'admire pas particulièrement, j'avais surtout envie de monter une comédie musicale. Comme on me comparait à Bonaparte, à cause de ma coiffure, j'ai demandé à un ami historien de me conseiller le livre le plus simple et le plus clair sur le sujet. En lisant, des idées de chansons me sont venues. Dans mon entourage professionnel, personne n'y croyait et, pourtant, on a arrêté en plein succès. Le directeur du théâtre se demande encore pourquoi. » (6) L'enregistrement de Napoléon sera publié en deux temps. Le 28 septembre 1982 paraît le double album « De Bonaparte à Napoléon vol. 1 et 2 », suivi, deux ans plus tard, du volume 3, « Marie la Polonaise ». Le 14 décembre 1984, les parents de Serge sont victimes d'un accident de la route. Son père décède sur le coup, sa mère vivra, dans le coma, un sursis de trois mois. « Il l'apprend quelques instants avant d'entrer en scène et se jette sous les projecteurs à corps perdu, raconte Eddy Marouani. Écris-moi, Joséphine, que je t'aime tant, que je t'aime trop est chanté comme un oratorio à ses parents, comme s'il pouvait les retenir. » (10) « Je l'aurais appris plus tôt, je m'effondrais », avouera Lama. « Ma seule fierté, ajoutera-t-il, c'est que mon père a eu réellement un enterrement de saltimbanque. On n'a pas enterré le représentant en boissons qu'il a été pendant trente ans, mais l'artiste qu'il fut jusqu'à trente-trois ans. » (1) En février 1986 paraît « Portraits de femmes », le dernier album Philips de Serge Lama. Une des douze chansons fait allusion à la disparition de son père ( Je vous salue Marie ), une autre rend hommage à sa mère, à travers le souvenir de son enfance dans les années 50 : Maman Chauvier. Autre chanson « classique » de ce disque qui s'essaie parfois, mais sans vraiment convaincre (La musique et l'amour, Pas vraimambeau ), aux sons et aux mots « mode » : La vie simple et tranquille. Cette même année, sur un 45 tours Milan, Serge Lama enregistre Manon, une chanson inspirée de Manon des sources, le remake du film de Marcel Pagnol par Claude Berri. 10 septembre 1987 : sortie de l'album « Je t'aime » (Charles Talar). Dix chansons mises en musique par Yves Gilbert, Tony Stéfanidis (On devient un émigrant ), Jean-Claude Petit et Jean Schulteis, plus l'adaptation signée André Maurois du poème de Rudyard Kipling : Tu seras un homme, mon fils, mis en musique par Mat Camison. À partir du 13 octobre, Serge chante au Casino de Paris.C'est son retour à la chanson après 6 ans et demi. Un an plus tard sort l'album « Live. Casino de Paris » (Charles Talar), mélange de chansons classiques et nouvelles. Rareté sur ce double 30 cm, Le roi boiteux, une satire des courtisans de Gustave Nadaud, chansonnier du siècle dernier, sur une nouvelle musique d'Yves Gilbert.

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1er février 1989 : sortie du double album « À la vie à l'amour », compilation de 21 chansons, réalisée pour ses 25 ans de métier (Philips). De fin septembre à fin décembre 1990, Serge est la vedette de La facture, une pièce de Françoise Dorin mise en scène par Raymond Gérôme. Il a pour partenaire Agnès Soral. Avec cette pièce, il tourne en France, en Suisse et en Belgique. En janvier 1991, La facture est à l'affiche du théâtre des Bouffes Parisiens. Grand succès parisien jusqu'à l'été, la pièce est reprise jusqu'à la fin de l'année dans toute la France. 27 avril 1992 : sortie de l'album « Amald'âme » (Charles Talar). Sur ce nouveau CD, enregistré au Studio Guillaume Tell, à Paris, Serge Lama a repris, sur de nouveaux arrangements de Roger Loubet, neuf de ses anciennes chansons et propose trois nouveaux titres : Europe Babel, Jonathan des banlieues et Le grand amour. Malgré une chanson ambitieuse comme Europe Babel (« Mon fils la verra-t-il cette Europe qui chante / Quelle langue d'ailleurs lui faudra-t-il chanter / Si chacun y est roi, qui seront les servantes / À qui la tête haute, à qui le dos voûté ? »), l'album passe un peu inaperçu. Avec la reprise de Superman, Lama s'autoparodie, citant Qui c'est celui-là (de Vassiliu) et créant un nouveau couplet. Les nouvelles versions de Et puis on s'aperçoit ou À quinze ans sont puissantes. En juillet et août 1992, Serge répète Tôa, une pièce de Sacha Guitry, qu'il présentera au début de l'année suivante au théâtre Edouard VII-Sacha Guitry, avec Élisabeth Margoni comme partenaire. Au mois de septembre 1993 débute la série policière En garde à vue dans laquelle Serge Lama incarne le commissaire Paparel. Fin 1994 : décès, à l'âge de 83 ans, de Marcel Gobineau, l' « ami » et le « maître » de Serge Lama. « Il était véritablement un second père pour moi, un gourou, raconte Serge à Virginie Merlin (19). J'avais des rapports très tendus avec mes parents. Marcel m'a enseigné une morale. Michèle et moi nous sommes occupés de lui jusqu'au bout. Pour moi, Marcel était plus qu'un père. Avec sa disparition, je perds tout. Il était le seul homme devant qui je me permettais de douter, comme quand on va prier Dieu. Devant Dieu, on doute et on se met à genoux. On se permet d'être un peu fragile. Eh bien ! Marcel était la seule personne avec qui je me permettais cela. 25 novembre 1994 : sortie de l'album « Lama » (WEA). Parmi les onze chansons de cet album mixé aux États-Unis, on remarque Tel père, tel fils, dédiée au fils de Serge, Frédéric, ou Neige, chanson sur la drogue. Mais le grand titre de cet album, au son un peu trop « américain », reste sans doute Je te partage, un nouveau classique de Lama. Du 7 au 29 janvier 1995, Serge chante au Palais des Congrès. Récital de deux heures et quart sans entracte. Au mois de décembre, il est le parrain du neuvième Téléthon. Du 26 au 31 mars 1996, Serge Lama est à l'affiche de l'Olympia. 18 octobre 1996 : sortie du double album « Lama l'ami » (WEA), enregistrement intégral de son tour de chant à l'Olympia, 27 chansons orchestrées par Yvan Cassar, dont quatre inédites : La fiancée, Quand on a réussi, Titanic et Les hommes qui font rire les femmes. Une vidéo est également publiée. Sur France Inter, le samedi de midi à 13 heures, durant les deux mois de l'été 1997, Serge Lama présente une émission sur la chanson française intitulée En haut de l'affiche. Trois ans après son dernier album, et au moment où paraît une véritable intégrale de ses enregistrements (1964-1994) chez Mercury, Serge Lama envisage peut-être de sortir un nouveau disque, lui qui n'a jamais arrêté d'écrire. « Si on n'entretient pas sa plume, le jour où l'idée, la grande inspiration vient, votre plume qui est votre esclave n'est plus à votre service. (...) J'ai plein de textes en réserve dans mes tiroirs, des centaines, expliquait-il à Isabelle Cauchois (5). Il ne reste plus qu'à les mettre en musique. Je pourrai vivre dessus pendant longtemps. Comme je ne suis pas un chanteur novateur et que mes chansons ne sont pas marquées par la mode, je peux les sortir n'importe quand. »

Une voix nue sur du rythme

7 ans après son dernier opus studio, paraît “ Feuille à feuille ”, le nouvel album de Serge Lama. Dans cet intervalle, Serge Lama a privilégié la scène : l'Olympia en mars 1996, une tournée au Québec en janvier 1997 — où il expérimente la formule “ symphonique ” qu'il présentera sur la scène du nouvel Olympia au mois de novembre 1998, accompagné par l'Orchestre Philharmonique d'Ile-de-France sous la direction de Michel Guillaume.

Rentrée 2001. Égal à lui-même et pourtant transformé, Serge relève aujourd'hui un nouveau

11 défi. Le voici comme à ses débuts, accompagné d'une formation acoustique où l'accordéon a la part belle. Dans ce trio minimaliste (guitare, accordéon, percussions), avec lequel il tourne depuis deux ans, le piano est absent. “ Avec la formule symphonique, j'ai appris à rentrer dans un carcan et à trouver une liberté dans quelque chose qui ne bouge pas. Pour la première fois, je n'ai pas de piano et ça a fatalement changé ma façon de chanter. N’ayant longtemps chanté que les mots, en la dénudant, j’ai appris à caresser la musique. ”

Au départ, aime à dire Serge, une chanson, c'est trois mots qui tombent amoureux de trois notes. Ensuite, il y a le travail. “ Feuille à feuille ”, son nouvel album, contient quatorze de ces idylles, dont beaucoup sont promises à devenir de nouveaux classiques : Voici des fleurs, Les gens qui s'aiment, Les poètes, Les jardins ouvriers (les illusions), Quand est-ce qu’on fait l’amour... Serge Lama cuvée 2001 : “Une voix nue sur du rythme”.

En 2003 sort un album intitulé « Pluri-elles », album de duo dans lequel Serge Lama retrouve des artistes féminines dont notamment , Isabelle boulet, Lynda Lemay, Annie Girardot, les L5, Lorie, Angoun, ainsi qu’un duo virtuel avec Dalida.

En 2004 il partira sur les routes en formation intimiste (un seul instrument, l’accordéon). Mais cet accordéon est un véritable orchestre symphonique à lui tout seul et il est joué de mains de maître par Sergio Tomassi. Serge Lama dira de ce tour de chant « il s’agit d’un spectacle qui a la prétention de ne pas en avoir ». Il tournera plus de 3 ans à travers toute la France ainsi qu’au Québec.

En 2008 sort un nouvel album « L’âge d’horizons ». Ce nouvel album est très bien accueilli par le public est devient très vite disque d’or.

Serge Lama est actuellement (2010) en tournée dans toute la France avec son « Tour d’horizons ». Sergio Tomassi (accordéoniste) et Philippe Hervouët (guitariste) l’accompagnent.

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