Biographie Serge Lama
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Biographie Serge Lama « Trop jeune pour St-Germain, trop vieux pour 68… » Fils unique, Serge Chauvier naît à Bordeaux, le jeudi 11 février 1943. Son père, Georges Chauvier, est chanteur, sa mère, Georgette Ponceaut, sans profession. Né à Aubusson, Georges Chauvier, le père de Serge, s'installe à Bordeaux à l'âge de cinq ans. Son propre père ayant quitté la maison, sa mère devra travailler pour nourrir ses trois garçons. Passionné par la comédie, Georges s'inscrit, à l'âge de 15 ans, à La Girondine, une société de comédie bordelaise. Après le service militaire, il remporte le premier prix d'un concours radiophonique avec une chanson de variétés. À 27 ans, il entre au Conservatoire de Bordeaux, « avec une voix de baryton bien affirmée ». La première année, il est classé premier avec Véronique. Nous sommes en 1948. « C'était l'époque où l'on passait comme attraction durant les entractes dans les cinémas. C'était très pénible. Serge venait m'y voir. » Sur la scène du grand théâtre de Bordeaux, il interprète des opérettes : La Veuve joyeuse, Véronique, Rêve de valse... Mais sans imprésario, peu de radio et de tournées, Chauvier n'arrive pas à décoller. « Mon nom n'accrochait pas, alors, je me suis appelé Georges Gavarny... Georges Guétary, vous comprenez... Mais il était trop tard. Bien sûr, j'étais une grande vedette, mais en province. » « Mon père avait typiquement le physique du jeune premier de l'époque, dira Serge plus tard. Sur ses affiches à Bordeaux, on l'appelait "le prince charmant de la chanson". » Le prince charmant de la chanson Durant cinq ans, avec Bourvil et Guétary, Georges Chauvier chantera La route fleurie. « Je me suis enfermé dans cette opérette pour ma famille, c'est ce qui m'a perdu. C'était le côté fonctionnaire, salaire assuré. J'ai bien connu aussi Marcel Amont qui était "fan" de moi. Il venait à la maison. Je le conseillais, l'aidais, il me suivait partout. Ce que je n'ai pas fait pour Serge, parce qu'il a rencontré d'autres personnes pour débuter, je l'ai fait pour Marcel en lui donnant les premiers débouchés. Si on veut réussir dans ce métier, il est préférable d'être détaché, j'avais trop le souci de ma famille. » (2) « Mon père, racontera Serge Lama, était arrivé à son maximum en province. À Paris, Mariano, Guétary, Dassary et Marcel Merkès triomphaient. Comme d'autres, mon père s'est dit : pourquoi pas moi ? Il a décidé de monter à Paris. » (1) En 1950, donc, Georges et Georgette Chauvier « montent » à Paris. Ils s'installent au 19 de la rue Duvivier, dans un petit hôtel du 7ème arrondissement. Confié à sa grand-mère restée à Bordeaux, Serge, sept ans, passe une année chez les Frères, en demi-pension. L'année suivante, il rejoint ses parents dans la capitale. La famille Chauvier connaît des années difficiles, mais Georges finit par trouver un engagement au Théâtre des Capucines. « Pour ma mère, bien sûr, ce n'était pas très drôle, dira Serge. Elle a vécu pendant cinq ans dans cette chambre, tant que mon père était artiste. On tirait le diable par la queue. Ma mère devait faire la lessive, la cuisine, s'occuper de moi, de ma grand-mère, tout ça dans une seule pièce. » (1) En 1951, sur le label Mercury, dirigé par Eddie Barclay, Georges Chauvier enregistre trois 78 tours qui se vendront à 500 exemplaires. « Une performance en ce temps-là, paraît-il. » Au milieu des années 50, accompagné par l'orchestre du Théâtre des Capucines, il interprète le rôle du Messager dans Les chansons de Bilitis, une opérette de Jean Valmy, Marc-Cab et Mitty Goldin, d'après les poèmes de Pierre Louys, musique de Joseph Kosma (30 cm Pathé DTX 156). Parmi les autres artistes de cette opérette : Mathé Altéry, Nadine Tallier (la future Nadine de Rothschild), Christian Borel et Pierre Hiégel. C'est à cette époque que va naître la vocation du jeune Serge. En 1969, il raconte : « En face des Capucines, où jouait mon père, je voyais l'Olympia et je me disais que mon père serait plus à sa place sur cette affiche que dans la liste obscure d'une distribution d'opérette. Un soir, le nom d'Eddie Constantine m'apparut plus immense encore dans ces lettres de néon. Et c'est ce soir-là que je dis à mon père, qui sortait des Capucines : "Moi, je serai en face." J'avais douze ans. » 1 Un jour, papa a vendu de la margarine… En 1955, cédant à l'insistance de sa femme, Georges Chauvier abandonne le métier de chanteur pour devenir représentant d'une marque de bière. La famille s'installe alors dans un appartement de la banlieue parisienne, à Issy-les-Moulineaux. « Mon père, pour améliorer l'ordinaire, écrivait des chansons, raconte Serge à Télé 7 Jours (1). Il a été chanté par Aimable, Bourvil, Mariano. Il exerçait sur moi une véritable fascination et c'est pour cela que je l'ai imité. Ma première chanson, je crois que je l'ai écrite à onze ans, et je n'ai plus arrêté. Mon père a été heureux, lui aussi, jusqu'à ce soir de l'hiver 1956, qui fut si froid (...), où il a décidé de changer de métier. Las des sempiternelles discussions avec ma mère, il a accepté l'offre de son ancien directeur des Capucines, Paul Bordes, qui s'était reconverti dans la limonade, et il est devenu représentant. » « Je me souviendrai toujours, rappelle encore Serge, du dernier soir : il était la doublure de Guétary au Théâtre de l'ABC et il lui fallait attendre 22 heures pour être sûr qu'il ne serait pas malade. C'était lugubre. Le lendemain, il partait sur son vélomoteur pour aller faire du porte-à-porte et vendre ses petites bières. » « Ma mère, ajoute Serge, rêvait de sécurité, de s'établir bourgeoisement. Alors, ils passaient leur temps à se disputer. Moi, je m'en rendais bien compte puisque nous habitions dans une chambre de trois mètres sur quatre dans un hôtel meublé, juste à côte de l'endroit où j'habite aujourd'hui. C'était rue Duvivier. C'est d'ailleurs parce que c'était le quartier de mon enfance, que j'ai choisi d'habiter près des Invalides et non à cause de Napoléon comme on le croit. » (1) « Jusqu'en sixième, raconte Serge Lama à Ciné Revue (3), j'étais au-dessus de la moyenne. Après, au moment où mon père a décidé d'abandonner son métier sous les coups de boutoir de ma mère, mes résultats scolaires se sont dépréciés. Ma vie à basculé à ce moment-là. Mal travailler à l'école était une façon de me révoler contre le milieu familial. » « (...) J'ai vu mon père pleurer et des tas de choses qui m'ont fortement remué. Bien que j'étais encore tout petit, mon père se confiait à moi. Je le poussais à quitter ma mère pour continuer à exercer son métier. J'avais onze ans. Je me souviens d'une conversation avec lui dans la voiture. Je lui disais : "Écoute, pars, il le faut..."; il m'a répondu : "Non, je ne peux pas, il y a toi." » À l'âge de neuf ans, Serge écrit ses premiers poèmes, à douze ans, sa première chanson : La ballade du poète. À la même époque, il cherche à rencontrer Sacha Guitry. Il va frapper à la porte de son hôtel particulier, mais « le Maître » ne le reçoit pas. Trente-huit ans plus tard, en 1992, Lama jouera une de ses pièces peu connues : Tôa. À treize ans, en 1956, Serge entre au lycée Michelet de Vanves. Premier en français, il écrit un de ses premiers textes, qui sera connu plus tard : Le bouffon du roi. « Pour la communale, tout allait très bien, raconte son père à La Fronde (2). C'est au lycée qu'il y eut des changements. Il s'en moquait et puis il a rencontré d'autres gens. Il était déjà d'une grande maturité d'esprit. C'est un peu ce qui nous a "déphasé", sa mère et moi. Il lisait des livres qu'il ne nous montrait pas. Et dans ces cas-là, on ne savait pas si on devait les lui retirer ou pas. Il écrivait beaucoup, dessinait. J'ai d'ailleurs encore des peintures faites par lui. Il a des dons extraordinaires dans bien des domaines. C'est un caractère solitaire. Il restait parfois des heures dans sa chambre, allongé sur son lit. » A quinze-seize ans, Serge fait partie de la troupe de théâtre amateur créée par son professeur d'anglais. Il joue Le rendez-vous de Senlis (Anouilh), Electre (Giraudoux), La cuisine des anges (Albert Husson). Un peu plus tard, il suit, quelque temps, les cours de dessin publicitaire de l'école Corvisart. « A quinze ans… » En 1981, Serge Lama confiait ses souvenirs d'adolescent à Véronique Dokan (4), en prenant soin de préciser : « J'ai l'impression de parler de quelqu'un d'autre. » « À seize ans, je ne faisais rien, je me sentais en conflit permanent avec tout le monde. À la maison, quelque chose s'était brisé entre mes parents et moi. Nous ne nous comprenions plus. En classe, c'était à peu près la même chose; je me sentais complètement isolé, incompris, j'étais déjà assez lucide, presque un adulte et les gens de mon âge ne m'intéressaient pas. Une seule chose comptait pour moi : réussir là où mon père avait échoué. Depuis le jour où il m'avait annoncé sa décision d'abandonner la chanson, je m'étais juré, moi, d'y parvenir.