Quel Avenir Pour L'occident ? Les Etats-Unis Au Sortir De La Crise • Le
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N° 149- JUILLET-AOLPT 1976 - 5 F •Quel avenir pour l'Occident ? Les Etats-Unis au sortir de la crise • Le juge et la loi • Arnérique, mythe et modèle • Le temps retrouvé • Trois lectures de "Polyeucte" • Georges Bizet • Expositions - Cinéma Yves LAULAN - Dominique KERGALL - Julien HAAS - Pierre-Hand TEITGEN - Robert BADINTER - Etienne BORNE— A. ERENA-DEREYNE - Michel PRI- GENT - Philippe SENART - Jean CHELINI - Anne-Marle LAVAUDEN Sommaire FRANCE '49 ETUDES ET DOSSIERS FORUM LES ETATS-UNIS AU SORTIR DE LA CRISE COMITE DE DIRECTION: PAR YVES LAULAN ..........................2 Etienne Borne, Henri Bourbon QUEL AVENIR POUR L'OCCIDENT I PAR DOMINIQUE KERGALL ....................9 6, rue Paul-Louis-Courier - 75007 Paris 14.788-84. Tél.: 544-75-50 PAS D'INDEPENDANCE EUROPEENNE SANS SECU- C.C.P. Paris RITE ENERGETIQUE Abonnement: 8 n° par an ......40 F PAR JULIEN HAAS ..........................17 Abonnement de soutien ........50 F DEBAT LE JUGE ET LA LOI AVEC PIERRE-HENRI TEITOEN, ROBERT BADIN- TER, ALBERT PETIT ET PIEPRE LYON-CAEN .. 21 ARTS ET IDEES LA VIE LITTERAIRE PAR PHILIPPE SENART ...................... 31 TROIS LECTURES DE .. POLYEUCTE » PAR MICHEL PRIGENT ..................... 35 CENTENAIRE DE LA MORT DE GEORGES BIZET (1838- 1875) PAR ANTOINE ERENA-DEREYNE .............. 42 ELOGE ET FASCINATION DE LA FOLIE PAR ANNE-MARIE LAVAUDEN .................. 47 IMPOSSIBLE A NIER, LA PERSONNE PAR ETIENNE BORNE ........................ 50 DELAUNAY, CONSTABLE, LES SYMBOLISTES PAR HENRI BOURBON ......................... 57 PROPOS DU TEMPS AMERIQUE, MYTHE ET MODELE PAR ETIENNE BORNE .........................66 NOTES DE LECTURE LE TRAVAIL ET LES DIEUX DE MAURICE BLIN PAR HENRI BOURBON ........................ 60 DANS LE SILLAGE DU GAULLISME PAR JEAN CHELINI .......................... 61 LE ROYAUME DU FANTASTIQUE PAR JEAN CHELINI .......................... 61 LA PAROLE ET LE POUVOIR DE MAURICE DRUON PAR CHARLES %IELCIIIOR DE MOLENES .....' 62 VOYAGES EN FRANCE... JUILLET - AOUT 1976 PAR JEAN CHELINI ........................ 63 REVOIR L'ORIENT 5F PAR JEAN CHELINI .......................... Les Etats-Unis au sortir de la crise par Yves Laulan ES ETATS-UNIS viennent de traverser une des La justification de ces réflexions tenait à la conjonc- plus graves crises de leur histoire ainsi qu'en tion d'un certain nombre de facteurs, à la fois sur le atteste la débauche de superlatifs auxquels on plan externe et interne L a eu couramment recours pour la décrire la crise la plus sévère depuis 1929, le taux de - Sur le plan externe chômage le plus fort (9%) depuis la guerre, le recul du P.N.B. le plus marqué des trente dernières années - caractère mondial de la récession qui, pour la pre- (-6,6%), etc. mière fois, frappait en même temps l'économie américaine et les principales économies industria- En raison précisément de ce caractère, cette crise lisées, a provoqué un effort de réflexion critique, que ce soit - effondrement du système des paiements interna- aux Etats-Unis ou en dehors qui, en gros, a tourné tionaux, autour de deux axes de pensée - rupture des termes de l'échange des produits - Tout d'abord, la question s'est posée de savoir si énergétiques avec le quadruplement du prix du cette crise ne témoignait pas d'une crise en profondeur pétrole. du capitalisme dont l'économie américaine est évidem- ment le prototype. On s'est fondé pour cela sur un - Sur le plan interne, faut-il le rappeler, les Etats- certain nombre de phénomènes relativement frappants Unis avaient, pour la première fois de leur histoire, la baisse tendancielle des profits par exemple, la stag- connu une véritable explosion des prix avec un taux nation, voire le déclin du pouvoir d'achat des ménages d'inflation de 24 % pour les prix de gros en 1974 ou du moins de ceux à revenus modestes, qui sem- qu'après avoir été pendant 25 ans sans interruption en blaient autant de signes prémonitoires de l'évolution déséquilibre, la balance des paiements avait enregistré inéluctable de l'économie américaine vers le cata- des déficits d'un montant anormalement élevé, près de clysme final, 20 milliards de dollars en 1971-1972. - A côté de cela, sans aller aussi loin, certains L'orientation à la baisse de tous les indicateurs économistes ont estimé que cette crise conjoncturelle internes semblait indiquer l'amorce d'un processus rcvtait un caractère inédit, qui en faisait une crise cumulatif pouvant mener à une véritable dépression différente des autres. Cette crise hors du commun avait comme dans les années 30, donc, à côté des aspects conjoncturels ou cycliques bien connus, des traits structurels qui semblaient présager * au-delà de la reprise, de la poursuite de difficultés ou *4 de distorsions à caractère durable. Voici que l'on assiste depuis plus d'un an maintenant *** à un phénomène dont on commence aujourd'hui à 2 U.S.A. assumer une socialisation croissante et assurer le leu de la libre entreprise mesurer l'importance en Europe. C'est la poursuite, LES MECANISMES DE LA REPRISE trimestre après trimestre, d'une reprise à un rythme soutenu qui s'accompagne d'une étonnante stabilité Ils ont joué à un triple niveau relative des prix. - Au niveau de la consommation, les stabilisateurs- L'aspect le plus curieux de ces développements est automatiques ont joué par le biais du budget; qu'ils se heurtent à un scepticisme persistant de la - Au niveau de la firme, par l'allégement des coûts; part de beaucoup d'observateurs, comme si ces derniers - Au niveau des prix, par réduction à la fois de avaient du mal à admettre la réalité de cette reprise. A telle enseigne que certains esprits continuent, aujour- l'inflation de la demande et de l'inflation des d'hui comme hier, à prédire un proche retournement coûts. dc situation catastrophique. - Le maintien de la consommation * Ceux qui, voici un an ou deux, voyaient les Etats- ** Unis s'engager dans une spirale déflationniste compa- rable à celle qui avait prévalu dans la grande dépres- Il serait superflu, sans doute, de décrire en détail sion de 1929 avaient quelque peu perdu de vue cette reprise dont le déroulement a maintes fois été l'existence des stabilisateurs automatiques incorporés analysé. Il serait par contre plus utile d'essayer de dans le budget. mettre en lumière les mécanismes qui semblent l'avoir Cela signifie qu'aujourd'hui, contrairemént à ce qui provoqué. Cette réflexion s'orientera donc autour de se passait il y a un demi-siècle, la consommation, après deux axes une période de déclin, bute contre un plancher. - En effet, le caractère fondamental de la crise semble En effet, en 1929, chacun sait que la consommation bien être mis en défaut dans la mesure où les méca- nismes qui, en économie de marché, agissent vers privée a diminué de plus d'un quart sur quatre ans et les revenus personnels d'un tiers, chiffres consi- un retour à l'équilibre à court terme semblent avoir fonctionné de façon convenable. dérables pour l'époque et qui le seraient encore plus aujourd'hui, où la consommation, ne l'oublions pas, - Le caractère structurel de la crise ne semble pas représente plus des deux tiers du P.N.B. évident. Mais on est en droit d'estimer néanmoins qu'un certain nombre de facteurs entravent dura- Que constate-t-on cette fois-ci? En 1974, la consom- blement le libre jeu de l'économie de marché et mation privée recule de —0,8 % mais remonte de 0,9% pourraient, à terme, constituer une menace à la en 1975. Bien sûr, pour certains produits particuliers, poursuite de l'expansion dans l'équilibre. le mouvement à la- baisse est beaucoup plus accentué: 3 -53 % par exemple pour la production automobile 15 milliards au quatrième trimestre 1974 à 51 milliards en 1974, —9,2% pour les autres biens durables. Mais au troisième trimestre 1975. dans l'ensemble, la consommation s'est maintenue et Il en résulte que la part des bénéfices nets dans la c'est elle qui, en avril 1975, a marqué le signal de valeur ajoutée des entreprises qui était tombée de la reprise. Au demeurant, en rythme annuel, la consom- 9,9% en 1965 à 2,5 % en 1974, se redresse à 5,8% mation a atteint un sommet au premier trimestre 1975 à la fin de 1975 (I). avec un trilliard de dollars. Pourquoi en est-il ainsi ? Cette amélioration des liquidités s'est d'ores et déjà L'explication est simple et tient en peu de mots le traduite par un assainissement notable des bilans. revenu disponible des ménages est resté globalement Quelques chiffres le démontrent stable de 1973 à 1975. Il était en dollars courants de 903 milliards en 1973 et de 1.077 milliards en 1975, - L'endettement à court terme qui atteignait 50% du c'est-à-dire en dollars constants (1972) plus ou moins total de la dette non hypothécaire en fin 1974 tombe 856 milliards de dollars. à 45% à la fin de 1975. - Les encours de crédits bancaires à court terme se Comment expliquer ce maintien remarquable des réduisent de 16 milliards de dollars (alors qu'ils revenus privés dans une période aussi tourmentée ? avaient augmenté de 41 milliards de dollars en Essentiellement par le relèvement compensatoire des 1974) et les actifs liquides augmentent de 16 mil- revenus non salariaux. En effet, pendant cette période, liards de dollars. les transferts publics aux ménages augmentent de 47 %, les versements d'intérêts s'accroissent de 36%, les - Il en résulte que le ratio des liquidités (2) qui était avantages sociaux s'élèvent de 29%, si bien qu'au total, tombé à 0,52 au début 1975 remontait à 0,57 à la le revenu disponible des ménages augmente de I % fin de 1975. entre 1974 et 1975. Cette remontée des profits s'explique par une amé- On voit donc clairement que le budget a joué un lioration spectaculaire de la productivité de l'entreprise rôle essentiel dans cette stabilisation des revenus privés.