Allegro Molto Moderato 9’45 02 II - SCHERZO - Allegro Vivo 5’34 03 III - Adagio 7’08 04 IV - Allegro Molto 7’59
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Le Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française a pour vocation de fa- voriser la redécouverte du patrimoine musical français du grand XIXe siècle (1780-1920), en lui assurant le rayonnement qu’il mérite et qui lui fait encore défaut. Situé à Venise, dans un palais de 1695 restauré spécifi quement pour l’abriter, le Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française est une réalisation de la Fondation Bru. Alliant ambition artistique et exigence scientifi que, le Centre refl ète l’esprit humaniste qui guide les actions de cette fondation. Recherche et édition, programmation et diffusion de concerts à l’international, et soutien à l’enregistrement discographique, sont les principales activités du Palazzetto Bru Zane qui a ouvert ses portes en 2009. 2 The vocation of the Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française is to favour the rediscovery of the French musical heritage of the years 1780 to 1920, and to obtain for that repertoire the international recognition it deserves. Housed in Venice, in a palazzo dating from 1695,specially restored for the purpose, the Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française is one of the achievements of the Fondation Bru. Combining artistic ambition with high scientifi c standards, the Centre refl ects the humanist spirit that guides the actions of that foundation. Research and publishing, the organisation and international distribution of concerts, and support for CD recordings are the main activities of the Palazzetto Bru Zane, which opened in 2009. •• Il Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française ha come vocazione di favorire la riscoperta del patrimonio musicale francese del grande Ottocento (1780-1920), offrendogli quell’irradiamento che merita e che ancora gli fa difetto. Ospitato a Venezia in un palazzo del 1695 appositamente restaurato a tal fi ne, il Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française è una realizzazione della Fondation Bru. Coniugando ambizione artistica ed esigenza scientifi ca, il Centre rispecchia lo spirito umanistico che guida le azioni di questa fondazione. Ricerca ed editoria, programmazione e diffusione di concerti in ambito internazionale, sos- tegno alla registrazione discografi ca, queste le principali attività del Palazzetto Bru Zane, il quale ha aperto le sue porte nel 2009. 3 GABRIEL FAURÉ - 2 Quatuor n°1 en ut mineur Op.15 01 I - Allegro molto moderato 9’45 02 II - SCHERZO - Allegro vivo 5’34 03 III - Adagio 7’08 04 IV - Allegro molto 7’59 Quatuor n°2 en sol mineur Op. 45 05 I - Allegro molto moderato 10’50 06 II - Allegro molto 3’12 07 III - Adagio non troppo 10’46 08 IV - Allegro molto 8’25 ERIC LE SAGE piano DAISHIN KASHIMOTO violon LISE BERTHAUD alto FRANCOIS SALQUE violoncelle 4 Enregistré en mars 2011 à l’auditorium MC2, Maison de la Culture de Grenoble Prise de son, montage, mastering & direction artistique : Jean-Marc Laisné Mise en page : Mpoint Photographies Digipack & livret : Vincent Sannier Traduction des textes en anglais : Mary Pardoe 5 6 « L’ART POÉTIQUE » (Paul Verlaine) De la musique avant toute chose, Et tout cet ail de basse cuisine ! Et pour cela préfère l’Impair Plus vague et plus soluble dans l’air, Prends l’éloquence et tords-lui son cou ! Sans rien en lui qui pèse ou qui pose. Tu feras bien, en train d’énergie, De rendre un peu la Rime assagie. Il faut aussi que tu n’ailles point Si l’on n’y veille, elle ira jusqu’où ? Choisir tes mots sans quelque méprise : Rien de plus cher que la chanson grise Ô qui dira les torts de la Rime ? Où l’Indécis au Précis se joint. Quel enfant sourd ou quel nègre fou Nous a forgé ce bijou d’un sou C’est des beaux yeux derrière des voiles, Qui sonne creux et faux sous la lime ? C’est le grand jour tremblant de midi, C’est, par un ciel d’automne attiédi, De la musique encore et toujours ! Le bleu fouillis des claires étoiles ! Que ton vers soit la chose envolée Qu’on sent qui fuit d’une âme en allée Car nous voulons la Nuance encor, Vers d’autres cieux à d’autres amours. Pas la Couleur, rien que la Nuance ! Oh ! la Nuance seule fi ance Que ton vers soit la bonne aventure Le rêve au rêve et la fl ûte au cor ! Éparse au vent crispé du matin Qui va fl eurant la menthe et le thym… Fuis du plus loin la Pointe assassine, Et tout le reste est littérature. L’Esprit cruel et le Rire impur, Qui font pleurer les yeux de l’Azur, 7 LA CHANSON GRISE DE GABRIEL FAURÉ Contemporain des deux Quatuors avec piano de Fauré, « L’Art poétique » de Ver- laine, véritable manifeste en acte du symbolisme, trouve une étonnante correspon- dance dans la musique du compositeur. Au point qu’il semble presque la décrire. Écrit en 1874, publié en 1882 dans une revue puis en 1884 dans le recueil Jadis et na- guère, « L’Art poétique » de Verlaine, en neuf quatrains, défend les principes d’une nou- velle esthétique poétique, les opposant à ceux de la poésie spirituelle des XVIIe et XVIIIe siècles (« Fuis du plus loin la Pointe assassine »), et plus encore à la poésie romantique et à l’idéal parnassien, effusifs et grandiloquents (« Prends l’éloquence et tords-lui son cou ! »). À la même époque, Fauré, avec l’« Adagio » de son Quatuor op. 15, donne sans doute la dernière manifestation dans son œuvre d’un sentiment clairement romantique. Ceci au profi t d’une expression singulièrement émouvante, dont on hésite souvent à dire si elle est mélancolie sereine, sagesse teintée de tristesse, ou sourire pâle de la nostalgie. Exact équivalent, nous semble-t-il, de cette « Chanson grise » exprimant l’indicible, prônée par Verlaine dans son poème : la « Nuance » claire-obscure plutôt que la « Couleur » nette, la suggestion plutôt que la description, le mot « Indécis » plutôt que le terme si juste qu’il tombe à plat. Chez Fauré, c’est la dissonance laissée en suspens, la résolution qui s’esquive ou l’accord imprévu. Autrement dit, l’ambivalence harmonique, fruit d’une virtuosité dans le maniement du système tonal, que dissimulent à l’auditeur la demi-teinte savamment mesu- rée et l’intériorité de l’expression. L’écriture du compositeur, à sa manière, fuis les « bijoux d’un sou », « fi ance le rêve au rêve ». 8 Verlaine préconise également l’« Impair » – précepte qu’il adopte dans « L’Art poétique », dont le vers compte neuf pieds. Ce souci de fl uidité trouve un écho évident dans la souplesse et le « vague » des lignes fauréennes, sans rien en elles « qui pèse ou qui pose », avec leur ondoiement au rythme souvent ternaire, magnifi é dans les Barcarolles pour piano, mais dont l’esprit irrigue l’entière production du musicien. Plaidoyer pour un art discret et fuyant la perfection trop visible, autant que le banal ou le lieu commun, « L’Art poétique » de Verlaine semble décrire l’esthétique de Fauré. Celui-ci n’avançait-il pas que « la musique surtout consiste à nous élever le plus loin possible au-dessus de ce qui est » ? Et n’écrivait- il pas à son épouse, au sujet de l’« Adagio » de son Quatuor opus 45 : « Désir de choses inexistantes, peut-être ; et c’est bien là le domaine de la musique » ? Cette musique, modèle de Verlaine, invoquée dans son « Art poétique » et réclamée « avant toute chose », « encore et toujours ! » C’est à l’automne 1887 que Fauré mettra pour la première fois en musique un texte de Verlaine, « Clair de lune ». En sept ans, il s’emparera de dix-huit poèmes de l’écrivain. « Verlaine est exquis à mettre en musique », dira-t-il en 1911. S’y ajouteront un projet de collaboration avorté en 1891 (les opéras Les Uns et les Autres et surtout L’Hôp it al Wat- teau) et la pièce pour harpe Une Châtelaine en sa tour (1917), dont le titre et l’imaginaire empruntent à La Bonne chanson de Verlaine. NICOLAS SOUTHON De 1875 jusqu’à sa disparation en 1924, Fauré a composé une dizaine de partitions de •• 9 musique de chambre. Corpus de très haute tenue, central dans le renouveau de cette sphère en France, que rien ne le laissait prévoir au seuil de la IIIe République, alors que dominaient l’opéra et la musique symphonique. Le facteur déterminant de cette effl oraison chambriste fut la fondation en 1871 de la Société Nationale de Musique (SNM) par Saint- Saëns et Romain Bussine. Sous la devise « Ars gallica », son objectif était de mettre à l’honneur les créations de jeunes musiciens français. C’est à la SNM que l’essentiel de la production de chambre de Fauré fut donc créée. « Pour être franc, dit-il plus tard, avant 1870 je n’aurais jamais imaginé, même en rêve, pouvoir composer une sonate ou un quatuor. À cette époque, un compositeur n’avait aucune chance d’être entendu avec de telles œuvres. C’est Saint-Saëns et la SNM qui m’ont donné l’impulsion. » C’est ainsi que la musique de chambre devint un territoire d’élection de Fauré, ce que son goût pour une expression intime favorisait naturellement. Le musicien mit à profi t en outre son expérience du clavier et son talent d’instrumentiste : ce n’est pas un hasard si neuf de ses partitions de chambre requièrent le piano, la plupart ayant été créées par Fauré lui-même – contrai- rement à ses œuvres pour piano seul. LE 1ER QUATUOR AVEC PIANO, EN UT MINEUR, OP. 15 Le quatuor avec piano était peu pratiqué en France lorsque Fauré entreprit le sien dans l’été 1876.