Alain BERTUZZO 3 Place de La Roche Quantin 16000 Angoulême Commissaire Enquêteur Département de La

Désigné pour conduire l’enquête publique nommée ci-après :

PROJET DE PARC EOLIEN SUR LES COMMUNES DE CHERVES-CHATELARS et LESIGNAC-DURAND

RAPPORT D’ENQUETE PUBLIQUE (Durée de l’enquête du lundi 16 septembre 2019 à 9H au jeudi 17 octobre à 12H)

Table des matières

1. Intitulé de l’enquête : ...... - 4 - 2. Rappel Chronologique de la procédure : ...... - 4 - 3. Le déroulé de l’enquête : ...... - 4 - 4. L’information au public :...... - 5 - 5. Les pièces du dossier : ...... - 6 - 6. Le cadre juridique : ...... - 6 - 7. Le porteur de projet : ...... - 7 - 8. Historique du projet : ...... - 7 - 9. Le contexte du projet : ...... - 8 - 10. La présentation du projet du parc éolien de la Besse : ...... - 9 - 11. L’étude d’impact et les mesures ERC (Evaluer, Réduire, Compenser) ...... - 10 - A. Les travaux de construction : ...... - 10 - B. Les aires d’études retenues : ...... - 10 - C. L’étude paysagère : ...... - 11 - 1) L’aire d’étude éloignée : ...... - 11 - 2) L’aire d’étude rapprochée : ...... - 12 - 3) L’aire d’étude immédiate :...... - 12 - 4) Les trois variantes étudiées : ...... - 13 - 5) Les mesures ERC : (Eviter, Réduire, compenser) et les mesures d’accompagnement ...... - 13 - D. L’état initial et les impacts sur La Faune et la flore : ...... - 14 - 1) La flore : ...... - 14 - 2) L’avifaune en nidification : ...... - 14 - 3) L’avifaune hivernante : ...... - 14 - 4) L’avifaune migratrice : ...... - 15 - 5) Les chiroptères : ...... - 15 - 6) Les mammifères terrestres : ...... - 16 - 7) Les reptiles : ...... - 16 - 8) Les amphibiens : ...... - 16 - 9) L’entomofaune : ...... - 16 - 10) Les Orthoptères : ...... - 17 - 11) Les Mesures ERC : ...... - 17 -

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12. Les zones Natura 2000 : ...... - 18 - 13. L’étude de dangers : ...... - 18 - 14. Le rapport acoustique...... - 19 - 15. L’avis de la Mission Régionale d’Autorité Environnementale : ...... - 19 - 16. L’avis des Personnes Publiques Associées : ...... - 20 - A. L’Agence Régionale de Santé Nouvelle Aquitaine : ...... - 20 - B. La Direction de La Sécurité Aéronautique d’Etat : ...... - 20 - C. La Direction nationale de l’Aviation Civile : (Pôle de Bordeaux) : ...... - 20 - D. La Direction des affaires culturelles (préfecture de la Région Nouvelle Aquitaine) : ...... - 21 - E. L’Institut National de l’origine et de la Qualité : (INAO- site de Cognac) : ...... - 21 - 17. La concertation du public, les observations recueillies : ...... - 21 - 18. L’analyse des résultats de la concertation : ...... - 22 - A. Les questions posées : ...... - 23 - B. Le dossier déposé et présenté par Monsieur Agostinelli pendant la permanence du 4 octobre 2019 à la mairie de Lésignac-Durand : ...... - 23 - 19. Le procès-verbal de synthèse et les réponses apportées par le porteur de projet : ...... - 24 - 20. Les délibérations des Conseils Municipaux : ...... - 27 - 21. Les points forts et opportunités du projet : ...... - 28 - 22. Les contraintes et faiblesses du projet : ...... - 29 - 23. Les conclusions du Commissaire Enquêteur : ...... - 31 - 24. L’avis motivé du Commissaire Enquêteur : ...... - 36 -

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1. Intitulé de l’enquête :

Il s’agit de l’enquête publique relative à la demande d’autorisation environnementale unique déposée par la Société Ferme Eolienne de La Besse SAS en vue de construire et d’exploiter un parc éolien composé de trois aérogénérateurs et d’un poste de livraison sur le territoire des communes de CHERVES-CHATELARS et LESIGNAC- DURAND en Charente.

2. Rappel Chronologique de la procédure :

Le 3 septembre 2018, la Société Ferme Eolienne de La Besse SAS (siège social : 1 rue des Arquebusiers 67000 STRASBOURG) a déposé une demande d’autorisation environnementale unique pour la construction et l’exploitation du parc éolien cité ci-dessus.

Le 21 mai 2019, Madame La Préfète de La CHARENTE a demandé la désignation d’un Commissaire Enquêteur en vue de procéder à l’enquête publique.

Le 31 mai 2019, Monsieur Le Président du tribunal administratif de Poitiers a désigné Monsieur Alain BERTUZZO en qualité de Commissaire Enquêteur pour l’enquête publique mentionnée ci-dessus. (Décision N° E19000092/86).

Le 1er août 2019, Madame La Préfète de La Charente, délivre un arrêté préfectoral, portant ouverture de l’enquête publique.

3. Le déroulé de l’enquête :

L’enquête publique a été ouverte pendant une période de 32 jours soit du lundi 16 septembre 2019 à 9H au jeudi 17 octobre 2019 à 12H inclus. Le siège de l’enquête fixé à la mairie de CHERVES-CHATELARS. Pendant cette période le public pouvait consulter le dossier complet aux jours et heures habituelles d’ouverture des mairies de CHERVES- CHATELARS et LESIGNAC-DURAND. Le public pouvait consigner ses observations et propositions sur le registre ouvert à cette effet dans les deux mairies. Il pouvait les adresser par courrier au Commissaire Enquêteur à la mairie de CHERVES-CHATELARS, ou bien les transmettre par la voie électronique à l’adresse :

[email protected].

Les six permanences du Commissaire Enquêteur ont été tenues de la manière suivante : -En mairie de CHERVES-CHATELARS : lundi 16 septembre 2019 de 9H à 12H.

-En mairie de CHERVES-CHATELARS : mercredi 25 septembre 2019 de 14H à 17H. -En mairie de LESIGNAC-DURAND : vendredi 4 octobre de 14H30 à 17H30.

-En mairie de LESIGNAC-DURAND : jeudi 10 octobre de 9H30 à 12H30.

-En mairie de CHERVES-CHATELARD : samedi 12 octobre 2019 de 9H30 à 12H30.

-En mairie de CHERVES-CHATELARD : jeudi 17 octobre 2019 de 9H à 12H. - 4 -

Le dossier était consultable sur le site internet de la Préfecture de La Charente : www.charente.gouv.fr et un poste informatique était mis à disposition dans le hall de La Préfecture à Angoulême pendant les jours et heures d’ouverture au public. . Le 5 septembre 2019, Le Commissaire Enquêteur a rencontré le pétitionnaire qui lui a fait une présentation du projet suivi d’une visite sur le lieu d’implantation prévu et l’environnement immédiat.

. Le 10 septembre 2019, le Commissaire Enquêteur a visité le parc éolien d’Antezant La Chapelle (17) récemment installé. . Le 10 octobre 2019, il a eu un entretien avec Monsieur Le Maire de Lésignac-Durand et le 17 octobre 2019 avec Monsieur La Maire de Cherves-Chatelars. . Le 17 octobre 2019 à 12H30 le Commissaire Enquêteur a clos les registres d’enquête.

. Le mardi 22 octobre il a rencontré le porteur de projet pour lui communiquer les observations écrites et orales consignées dans un procès-verbal de synthèse, et les questions qui en découlaient. (Une copie du procès-verbal de synthèse est jointe en annexe I du dossier)

. Le porteur de projet a répondu au Procès-verbal de synthèse par un mémoire-réponse détaillé de 99 pages en date du 6 novembre 2019.

4. L’information au public :

Les avis ont été inséré dans les deux journaux quotidiens régionaux, La Charente Libre et Sud-Ouest :

-mardi 27 août 2019 et mardi 17 septembre 2019 dans La Charente Libre. -mardi 27 août 2019 et mercredi 25 septembre 2019 dans Sud-Ouest.

L’avis d’ouverture d’enquête publique a été publié par voie d’affiches quinze jours au moins avant le début de l’enquête et pendant toute la durée de celle-ci dans les lieux d’affichage habituels, en mairies de Cherves-Chatelars et Lésignac-Durand (communes d’implantation du projet) ainsi que sur les communes de Exideuil, Terres de Hautes Charente, , Massignac, Montemboeuf, Mouzon, , Saint Quentin sur Charente, , Vitrac Saint Vincent dont une partie du territoire est située à une distance inférieure au rayon d’affichage de 6 kilomètres fixé par la nomenclature des installations classées. Le porteur de projet a également posé des affiches répondant aux caractéristiques et dimensions définies par arrêté du 24 avril 2012 sur les lieux du projet visible depuis les voies publiques.

Les certificats d’affichages établies par les différentes mairies et par le porteur de projet sont annexés au dossier d’enquête.

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5. Les pièces du dossier :

Le dossier d’enquête consultable par le public et sur le site internet de la préfecture contenait les documents suivants :

. Une étude d’impact ainsi qu’un résumé non technique constitués par Volkswind SAS, Centre régional de Limoges, Aéroport Bellegarde 87100 Limoges.

. Une étude volet paysager réalisée par l’Agence Coüasnon 1 Rue Joseph Sauveur 35000 Rennes. . Une étude volet Faune et flore réalisée par le bureau d’études : Encis Environnement 21 rue Columbia 87000 Limoges. . Un rapport d’étude d’impact acoustique réalisé par Gamba 163 Rue du Colombier 31670 Labege.

. Une étude d’incidence Natura 2000 réalisée par Encis Environnement.

. Une étude de dangers et son résumé non technique établis par Volkswind France Sas.

. Un dossier d’architecte réalisé par Angélique Thomas Chalot, Architecte, 3 Allée Louis Antoine de Bougainville 03000 Avermes.

. Une demande d’autorisation environnementale et un dossier complémentaire à cette demande établis par Volskwind France SAS.

. L’avis de la Mission Régionale d’autorité environnementale.

. La note en réponse à l’avis de la Mission Régionale d’autorité environnementale rédigée par Volskwind France SAS ainsi qu’un complément au dossier de demande d’autorisation environnementale en réponse aux observations de la préfecture de la Charente.

. Un recueil du contenu réglementaire et un dossier administratif établis par Volkswind France SAS. . Un sommaire inverse et lexique.

. Les avis des personnes publiques consultées.

6. Le cadre juridique :

. L’activité projetée relève de la rubrique n°2980-1 de la législation des installations classées pour la protection de l’environnement au titre « d’installation terrestre de production d’électricité… ».

. Le dossier est soumis au décrets n°2017-80, 2017-81, 2017-82 du 26 janvier 2017 et n°2014-450 du 2 mai 2014, relatifs à l’autorisation environnementale.

. Il est soumis à l’ordonnance n°2016-1060 du 3 août 2016 relatif à l’information et la participation du public à l’élaboration de certaines décisions susceptibles d’avoir une incidence sur l’environnement.

. Il doit être conforme aux documents d’urbanisme en vigueur. . Il est soumis pour le déroulement de l’enquête publique notamment aux articles L.511-1, R.512-3 à R.512-9, L.122- 1 à 3, R.123-11 et R.123-22 du code de l’environnement.

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7. Le porteur de projet :

La demande d’autorisation environnementale unique est présentée par la Société Ferme Eolienne de La Besse dont le siège social est situé 1 Rue des Arquebusiers 67000 Strasbourg. C’est une société filiale du groupe Volskwind Gmbh qui en est l’unique actionnaire (100%). Volskwind Gmbh est elle-même détenue depuis 2015 à 100% par le groupe énergéticien Suisse Axpo.

Axpo produit et distribue de l’électricité pour plus de 3 millions de personnes dans plus de 20 pays en Europe. Le groupe Volkswind Gmbh est une entreprise crée en 1993, elle développe, investit, construit et exploite des parcs éoliens, jusqu’à leur démantèlement, depuis 1993 en Allemagne et depuis 2001 en France, avec sa filiale Volkswind France.

Le groupe Volkswind Gmbh a un chiffre d’affaire de 90 millions d’euros pour l’année 2016 avec un résultat opérationnel de 58,137 millions d’euros (59,6% du CA).

La Société Volkswind Gmbh a signé une lettre d’intention attestant des capacités techniques et financières et de ses engagements vis-à-vis de la Société Ferme Eolienne de la Besse et notamment s’engage à assurer toute dépense de sa filiale pour répondre aux obligations des installations classées.

8. Historique du projet :

. Le projet a été initié en 2011 par des premiers contacts avec les Mairies et des études de préfaisabilité, ensuite une réunion en 2012 a été organisé avec le Communauté de commune de Haute Charente et un suivi de l’avancement d’une ZDE (zone de développement éolien) effectué. Les propriétaires et les exploitants ont été rencontrés.

. De mars à septembre 2016, les conseils municipaux des communes de Cherves-Chatelars, Genouillac, Lesignac- Durand et Mouzon ont délibéré en faveur du projet et ont créé un comité de pilotage avec des représentants des 4 communes. . En janvier 2017, l’étude environnementale a été lancée auprès du bureau d’études Encis Environnement.

. En août 2017, l’étude paysagère a été commandée au paysagiste Agence Coüasnon et la campagne de mesure acoustique à la société Gamba Acoustique.

. En mai 2018, le comité de pilotage a eu la présentation des études initiales et des différentes variantes d’implantation.

. En juin 2018, il a été organisé deux expositions dans les mairies, le mercredi 20 juin 2018 de 14H à 17H à Cherves- Chatelars et le samedi 23 juin 2018 de 9H à 12H à Lésignac-Durand.

. Les habitants des 4 communes (Cherves-Chatelars, Lésignac-Durand, Genouillac, Mouzon) ont été informé par la distribution d’un prospectus dans toutes les boites aux lettres et par voie d’affichages en mairies.

. En juillet 2018 les études environnementales, paysagères et acoustiques ont été terminées.

. Le 3 septembre 2018 la demande d’autorisation environnementale a été déposée auprès de la Préfecture de La Charente.

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. Le 15 mai 2019, le rapport de l’inspection des installations classées a été établi.

. La Mission Régionale d’Autorité environnementale a rendu son rapport le 10 mai 2019.

. Le pétitionnaire a apporté ses réponses à l’avis de la MRAE en juillet 2019.

. Le 3 juin 2019, le Président du tribunal administratif de Poitiers a désigné le Commissaire Enquêteur (Décision E19000092/86)

. Le 1er août 2019, Madame La Préfète de La Charente a décidé l’ouverture de l’enquête publique par arrêté préfectoral.

. Les dates de l’enquête ont été fixées du lundi 16 septembre 2019 à 9H au jeudi 17 octobre 2019 à 12h.

9. Le contexte du projet :

L’accord de Paris de la COP 21 avance un objectif de neutralité des émissions de gaz à effet de serre dans la seconde moitié du 21ème siècle, cet objectif est décliné au niveau Européen et Français.

La directive Européenne n°2009/28 du 23 avril 2009 vise à porter la part des énergies renouvelables à 20% au niveau de L’UE et à 23% pour la France.

La loi n°2015-992 du 17 août 2015 a défini plusieurs critères :

. Part des énergies renouvelables à 23% en 2020 et à plus de 32% de la consommation finale brute en 2030. . Réduction de 40% des émissions des gaz à effet de serre d’ici 2030 et leur division par quatre d’ici 2050, avec une réduction de la consommation énergétique finale de 50% en 2050.

Le décret n°2016-1442 du 27 octobre 2016 a validé la première programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et a défini les priorités d’action des pouvoirs publics pour la gestion des formes d’énergies sur le territoire métropolitain continental pour la période 2016 /2023.

En France, la puissance éolienne raccordée totale est de 15757 MW au 30 juin 2019. En 2018, la production éolienne a été de 26100 GWh soit 5,8% de la consommation électrique nationale. Nous possédons le 4ème parc éolien européen. Les objectifs sont de 24600 MW en éolien terrestre et 2400 MW en éolien posé en mer, raccordé en 2023. Actuellement la filière éolienne représente plus de 18000 emplois en France.

Les objectifs nationaux sont déclinés au niveau régional par le schéma régional du climat, de l’air et de l’énergie (SRCAE). Le SRCAE de l’ex. Poitou- a été adopté le 17 juin 2013.

Le projet de construction et d’exploitation du parc éolien de La Besse s’inscrit dans ce contexte de politique nationale de lutte contre le changement climatique et de réduction des gaz à effet de serre et contribue aux objectifs de la loi de transition énergétique pour la croissance verte.

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10. La présentation du projet du parc éolien de la Besse :

Le projet se situe en Charente sur les communes de Cherves-Chatelars et Lésignac-Durand, elles font parties de la communauté de communes de Charente Limousine. Ceux sont deux communes rurales, la population de la première est de 411 habitants et de 184 habitants pour Lésignac-Durand (chiffres 2016). La densité de population est respectivement de 13,3 et 9,3 habitants par km2, nettement inférieur à la moyenne départementale de 59,4 habitants par km2. Le lieu d’implantation est situé entre les hameaux de Chevalerie (Cherves) et de La Séchère (Lésignac) aux lieux-dits : Les Grands Clos, Les petits Clos et La Besse. La surface totale cadastrale des parcelles est de 397913 m2 avec une superficie du projet de 10184 m2.

Le choix du site : le dispositif des ZDE (zone de développement de l’éolien) a été supprimé, mais le choix du site du projet répond à différents critères additionnés :

. La ressource potentielle en vent estimée de 6 à 6,5 m/s à 100 m.

. Un éloignement réglementaire de 500m minimum des habitations.

. L’absence de milieux naturels sensibles sur la zone, les espaces protégés les plus proches sont à plus de 1,1km.

. Les monuments historiques les plus proches sont à plus de 3,3km.

. Un éloignement des liaisons hertziennes et des servitudes aéronautiques. . La possibilité du raccordement du parc au poste source de Roumazières-Loubert.

. Le pétitionnaire estime que ce projet présente une bon potentiel d’intégration dans ce paysage bocager dont les variations du relief, limiteront la prégnance du futur parc.

Le projet prévoit l’implantation de trois éoliennes en une ligne courbe selon un alignement nord/sud.

Deux modèles au gabarit similaire sont envisagés. L’éolienne Vestas V150-4,2MW et l’éolienne Nordex N149-4,5 MW, la puissance nominale du parc éolien sera donc comprise entre 12,6 et 13,5 MW.

Le parc pourra fournir une production annuelle d’environ 35235 MWh (facteur de charge estimé à 31,92% soit un fonctionnement à pleine charge de 2797 heures). Cela correspond à une couverture des besoins en électricité d’environ 11000 personnes (hors chauffage électrique) par an.

Le projet sera raccordé au réseau public de transport de l’électricité, il comprendra :

. Des voies d’accès, des aires d’évolution des engins de montage et de maintenance.

. Trois éoliennes (fondation, mât, nacelle). . Un réseau d’évacuation de l’électricité (réseau interne entre les éoliennes et réseau externe vers le poste source de Roumazières. . Un poste de livraison d’une dimension de 2,5m X 11m X H : 3,32m

Chaque aérogénérateur sera composé :

. Des fondations d’environ 26 m de diamètre et près de 3m de profondeur sous réserve des études de sol qui seront réalisées.

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. Un mât tubulaire de 4 à 4,06m de diamètre à la base., et de 125m de hauteur.

. Une nacelle contenant le cœur électrique.

. Un rotor de 150m de diamètre maximal, composé de trois pales en matériaux composites de 75m de long.

La hauteur totale de chaque machine sera de 200 mètres en bout de pales. Le balisage aéronautique est conforme à la règlementation, il est assuré de jour par des feux à éclats blancs et la nuit par des feux à éclats rouges.

L’espace minimale entre deux éoliennes sera d’environ 300 mètres, l’emprise du parc s’étendra sur 1km. La distance de la plus proche habitation sera de 658m (Hameau de Chevalerie).

La production électrique produite sera soumise aux règles de rachat organisées depuis 2017, fixant les conditions des appels d’offres et du complément de rémunération.

Le business plan prévoit un volume d’investissement de 18 172 350 euros financés à hauteur de 20,09% par des capitaux propres et à 79,91% par emprunt bancaire.

La production estimée est de 35 235 000 KWh rémunérée dans une fourchette de 7 à 7,80 euros les 20 premières années.

Le résultat net après impôt est positif (+ 224 544 euros dès l’année 1) et un flux de trésorerie disponible est dégagé (+ 492 593 euros l’année 1), avec une progression constante au cours de l’exploitation du parc.

11. L’étude d’impact et les mesures ERC (Evaluer, Réduire, Compenser)

A. Les travaux de construction : La durée du chantier est évaluée à 6 mois. Il comportera un lot génie civil pour assurer le transport des éoliennes, les voies d’accès privilégient les voies existantes avec des travaux de renforcement et de terrassement pour utiliser les chemins communaux ou privés. La création d’aires d’évolution des engins de montage et de maintenance est nécessaire, leur emprise totale sera de 7137m2.

En parallèle les fondations vont être creusées, de forme circulaire, de 26m de diamètre sur une profondeur d’environ 3,2m. En moyenne elles nécessitent 800 m3 de béton et 40 à 50 tonnes de ferraillage par unité.

Le lot électrique consiste à mettre en place l’intégralité des connections et surtout d’évacuer la production d’énergie, les éoliennes seront reliées au poste de livraison. Le câblage électrique comprend : le réseau interne de raccordement entre les éoliennes et le poste de livraison, et le réseau externe entre le poste de livraison et le poste source de Roumazières-Loubert situé à 7,5km. Les câbles déroulés sous gaines blindées pour limiter tout rayonnement magnétique sont enterrés entre 80cm et 1m de profondeur.

Un poste de livraison sera construit près de l’éolienne E3, en bordure du chemin d’accès.

B. Les aires d’études retenues : Pour l’étude environnementale, l’aire d’étude immédiate (AEI) concerne une zone tampon de 200m autour de la zone d’implantation potentielle (ZIP), ensuite l’aire d’étude rapprochée(AER) de 2km correspond à la zone principale d’étude écologique et enfin l’aire d’étude éloignée(AEE) concerne une zone tampon de 20km autour de la ZIP.

Pour l’étude paysagère, l’aire d’étude immédiate présente un rayon variable d’environ 2km autour de la ZIP, l’aire d’étude rapprochée comprend un rayon d’environ 8 à 9 km autour de la ZIP, l’aire d’étude éloignée s’étend sur un rayon de 11 à 20km autour de la ZIP. - 10 -

C. L’étude paysagère :

Le site d’implantation se situe dans la zone dite favorable au développement éolien, il se partage entre des secteurs du type A (espace ne présentant pas d’enjeux spécifiques dans leur globalité, compte tenu des données disponibles et de l’échelle considérée), du type E2 (massifs forestiers) et de type E5 (bocages).

1) L’aire d’étude éloignée : Elle est partagée en plusieurs unités paysagères :

. Une dominance de bocages sur la partie centrale qui recouvre notamment le site d’implantation potentiel. . De nombreuses vallées et leurs affluents (vallée de la Vienne au nord-est, le Val d’Angoumois qui s’étend vers le nord, l’ouest et le sud-ouest.

. Des plaines vallonnées et/ou boisées sur un quart nord-ouest vers le Ruffécois.

. Une unité paysagère de « campagne-parc » vers Rochechouart et Limoges. . Un secteur plus montagneux au Sud-Est et de paysage boisé au sud-ouest.

L’aire d’étude éloignée offre une topographie relativement variée, avec des plaines ondulées, des monts, l’ensemble irrigué par de nombreuses vallées principales, ces paysages de vallées font l’objet d’une sensibilité jugée forte vis-à-vis du projet et elles sont présentes dans les aires plus proches de la ZIP.

. Effet de cumul et de saturation : Les parcs éoliens de l’aire d’étude sont pris en compte pour analyser les possibles effets de saturations, de cumul et d’inter-visibilités des parcs dans le paysage. L’aire d’étude compte partiellement 2 parcs en exploitation, 2 parcs accordés et 7 parcs en instruction. (Dans un rayon de 15km : 19 éoliennes, 35 dans un rayon de 20km).

Aucun parc n’est présent dans l’aire rapprochée, les deux les plus près sont à plus de 8km.

L’effet sur le patrimoine : . L’aire d’étude éloignée compte 29 monuments historiques, 1 édifice patrimonial non protégé, 1SPR ( 18km) et 3 sites inscrits. Les sensibilités relevées vis-à-vis du projet concernent : Le mémorial de la résistance de Chasseneuil (12km), l’église de Saint Claud, Les vestiges de Cassinomagus (thermes de ), le château de Rochechouart et son domaine, le site météoritique de Rochechouart.

Synthèse des impacts sur l’aire étude éloignée :

Après la réalisation et l’analyse des nombreux photomontages, l’étude paysagère ne relève pas de cumul avec d’autres parc éolien, elle considère que la végétation et le relief masqueront fréquemment le site du projet depuis les axes de communication, l’impact sur le patrimoine est jugé faible hormis la prégnance modérée sur le site du mémorial de la résistance de Chasseneuil. Elle souligne que les trames végétales et les reliefs des paysages limiteront les perceptions lointaines. Elle considère que la visibilité du projet sera quasi-imperceptible depuis l’habitat de l’aire d’étude éloignée.

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2) L’aire d’étude rapprochée :

Elle est traversée par de nombreuses vallées sensibles aux effets d’écrasements produits par les parcs éoliens, ainsi que de plusieurs plans d’eau dont l’ambiance paysagère est également sensible à l’introduction de ce type de projet. (Le barrage de Mas-Chaban, la retenue de Lavaud et plus loin le plan d’eau de Peyras). Les perceptions depuis les axes de communication sont généralement courtes du fait du relief, de l’environnement bocagers et la trame végétale. Mais des secteurs de sensibilité modérée à forte ont été identifiés sur des axes proches de la zone d’implantation potentielle.

Concernant l’habitat, des sensibilités paysagères ont été identifiées pour plusieurs bourgs en raison des ouvertures visuelles en direction de la ZIP, il s’agit de sensibilités fortes pour Cherves-Chatelars, Lésignac-Durand, modérées pour Roumazières-loubert, La Péruse, Montemboeuf. L’aire d’étude rapprochée est traversée par le GR 48, des vues sur la ZIP sont régulièrement fermées par le relief et la végétation.

L’aire d’étude rapprochée compte 12 monuments historiques et aucun site protégé, les sensibilités relevées visent : l’église de Cherves –Chatelars, le prieuré de Chatelars, les vestiges gallo-Romains de Suaux, l’église de La Péruse.

Synthèse des impacts sur l’aire d’étude rapprochée :

L’étude conclu à l’absence d’effet de cumul, à l’effet masquant du relief et de la végétation pour entrecouper les visibilités depuis les voies de communication. L’impact sur le patrimoine historique est jugé faible. Elle considère ce projet à l’échelle du paysage, sans effet d’écrasement. Concernant l’effet sur l’habitat elle relève seulement la visibilité du projet depuis les franges sud du bourg de Genouillac.

3) L’aire d’étude immédiate :

Il s’agit d’un secteur bocager avec un relief vallonné, il est marqué à l’est par une ligne de crête qui s’étire sur un axe sud-ouest/ nord-est, elle est longée en partie par un axe routier. Cette ligne de crête permet des vues lointaines, ponctuellement orientées vers la ZIP. De part et d’autres le réseau hydrographique crée une succession de vallons, la topographie « animées » apportent d’importantes variations dans la perception du paysage avec des visions à quelques mètres ou s’étendant à plusieurs kms. Le secteur comporte des axes de communication (routes communales et départementales), depuis ces axes, la perception varie énormément en raison du paysage bocager et vallonné.

L’habitat de l’aire immédiate compte des villages mais aussi nombre important d’habitations isolées, formant souvent des hameaux de tailles modestes. Bien que la végétation soit très présente, de nombreuses maisons ont une vue ouverte sur la ZIP. L’aire d’étude immédiate ne comprends aucun site ou édifice protégé.

Synthèse des impacts sur l’aire d’étude immédiate : Le cabinet d’étude a mis en évidence des sensibilités paysagères fortes avec un risque de modification du rapport d’échelle et de la lecture du paysage, sur l’aire d’étude immédiate. Un risque de modification importante du paysage quotidien depuis les hameaux. Il a recommandé un modèle de machines à l’échelle du paysage, la prise en compte des enjeux important vis-à-vis de l’habitat, une concertation avec les habitants. Par ailleurs aucun impact sur le patrimoine en l’absence de site ou édifice protégé.

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4) Les trois variantes étudiées :

Plusieurs variantes d’implantation ont été étudiées pour définir le projet la plus adapté, les éléments qui ont motivé le choix (sans ordre de priorité) sont :

. Le nombre d’éolienne et leur hauteur. . Le recul vis-à-vis des habitations et la lisibilité du projet dans le lieu de vie.

. Le recul vis-à-vis des vallons et une cohérence entre les lignes de projet et ligne de force. . La régularité des inter-distances entre les éoliennes et des altimétries d’implantation.

Variante n°1 : 7 éoliennes, 150m en bout de pale, pas de géométrie simple d’implantation, 535m minimale d’une habitation.

Variante n°2 : 5 éoliennes, 200m en bout de pale, implantées en ligne courbe avec deux inflexions, 548m minimum d’une habitation.

Varianten°3 : 3 éoliennes, 200m en bout de pale, implantées en ligne courbe régulière, 658m minimum d’une habitation.

La variante n°3 a été retenue car l’implantation est plus compacte, l’alignement présente un front unique qui limite les situations de chevauchement, qui limite l’aire de visibilité et l’emprise sur l’horizon. Enfin le recul par rapport aux habitations est plus important. (Des photos montages comparatifs des trois variantes ont été effectués)

5) Les mesures ERC : (Eviter, Réduire, compenser) et les mesures d’accompagnement

Le cabinet d’étude considère les mesures suivantes prises :

M1 : le choix du site d’implantation

M2 : le choix d’implantation (Variante n°3 choisie) M3 : plantations de haies. Si des riverains souhaitent la plantation d’une haie bocagère, en limite de propriété destinées à réduire la visibilité vers les éoliennes, ils pourront en faire la demande.

La conclusion de l’étude paysagère :

L’état initial a mis en exergue les enjeux, puis l’analyse des impacts, en appui sur la campagne de photomontage, a permis d’évaluer et de qualifier réellement l’effet du projet. Elle fait état d’un parc à l’aire de visibilité réduite grâce à de nombreux filtres, un projet d’une bonne lisibilité. Une absence de phénomène de saturation. Les impacts significatifs sont identifiés et localisés depuis les hameaux riverains et ont fait l’objet de mesures adaptées et proportionnés aux enjeux afin d’accompagner l’acceptation locale.

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D. L’état initial et les impacts sur La Faune et la flore :

Le projet éolien est situé dans un secteur dont le milieu dominant est constitué de bocage, la complexité paysagère de ces milieux est à l’origine de leur richesse naturelle et diversité spécifique. Ainsi les principaux enjeux du secteur concernent ce bocage encore bien préservé ponctué de boisements et zones humides d’importance. Le SRCE définit le bocage comme « un paysage identitaire de Poitou-Charentes qui subit de fortes pressions et se dégrade chaque année un peu plus ». La mosaïque de milieux qui le compose accueille un patrimoine naturel très riche. Les réservoirs de biodiversité sont très imbriqués dans le secteur. Les boisements sont des habitats favorables aux chiroptères, des zones de refuge pour les mammifères, le réseau bocager abrite un cortège d’oiseaux et sert de corridor de déplacements aux chiroptères, enfin les zones humides constituent des habitats privilégiés pour les amphibiens et odonates.

1) La flore : L’inventaire de la flore présente a mis en évidence une diversité assez élevée. Il existe sur le site des espèces remarquables, en liste rouge régionale et déterminantes ZNIEFF :

La Lêche à bec, La Montie des Fontaines, La Renoncule à feuilles de lierre, pour lesquelles l’enjeu est fort, mais concerne les zones humides du secteur, d’où la conclusion d’enjeu modéré.

2) L’avifaune en nidification : 66 espèces nicheuses sont recensées dont 6 rapaces, 22 espèces patrimoniales ont été contactées. Parmi les oiseaux de proies, la Buse Variable, le Milan Noir, le faucon hobereau et le faucon Crécerelle, la Bondrée Apivore el l’Epervier d’Europe, La Chevêche d’Athéna. Les cortèges d’oiseaux patrimoniaux sont répartis sur l’ensemble de l’aire d’étude immédiate.

Les enjeux forts : Le Pouillot Siffleur, espèce en danger en Poitou-Charentes est un nicheur probable dans l’aire d’étude immédiate. L’Alouette Lulu, inscrite à l’annexe I de la directive des oiseaux est nicheur probable, elle est classée vulnérable au niveau régional et déterminante ZNIEFF.

Les enjeux sont considérés modéré pour le Milan Noir, la Pie-Grièche écorcheur et le Pic Noir, espèces inscrites à l’annexe I de la directive des oiseaux, ainsi que quatre autres espèces patrimoniales.

Pour sept autres espèces patrimoniales l’enjeu est considéré faible.

3) L’avifaune hivernante : 49 espèces ont été contactées sur l’aire rapprochée. Parmi elles trois figurent à l’annexe 1 de la Directive des oiseaux et sont patrimoniales : l’Alouette Lulu, la Grande Aigrette, le Pic Noir. Trois espèces présentent un statut de conservation mondial défavorable : la Grive Mauvis, le Pipit Farlouse et le Vanneau Huppé.

Les enjeux : I ’enjeu est considéré modéré pour le Pic Epeichette, au même titre que l’Alouette Lulu et le Pic Noir. Il est jugé faible pour les autres espèces citées ci-dessus.

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4) L’avifaune migratrice : La Charente est survolée de manière plus soutenue par les espèces pratiquant le vol battu.

L’aire d’étude immédiate se situe dans le couloir migratoire principal de la Grue Cendrée et du Pigeon Ramier. Les pics migratoires ont lieu lors des mois de Mars et entre la fin de septembre et le début de Novembre. Le parc est prévu perpendiculaire au couloir migratoire sur une longueur d’environ 1km. 60 espèces ont été contactées en halte et/ ou en migration active, dont 11 sont inscrites à l’annexe I de la directive des oiseaux, parmi elles, le Milan Noir, le Milan Royal. Le Balbuzard Pêcheur, la Guifette Noire et La grande Aigrette ont été observés sur le lac de Mas Chaban.

Les flux les plus importants de migration active sont dus au Pigeon ramier, aux Limicoles (Vanneau Huppé, et Pluvier Doré), aux passereaux, ainsi que neuf espèces de rapaces et la Grue Cendrée.

L’ensemble du site d’étude est traversé par les migrateurs mais il existe une zone de densification des flux traversant l’aire d’étude immédiate en son centre selon une orientation nord-est/ sud-ouest. Il s’agit d’une zone qui pourrait servir de corridor écologique. L’aire d’étude immédiate présente un intérêt pour les migrateurs en halte.

Les enjeux sont jugés fort :

Pour le Milan Royal en migration active dont les effectifs sont assez importants (espèce sensible à l’éolien) et il est présent en halte migratoire.

Il y a des enjeux forts du fait de la concentration des flux migratoires sur un couloir au centre de l’aire immédiate.

Les enjeux sont jugés modérés : en halte migratoire pour quatre espèces inscrites à l’annexe I : Le balbuzard pêcheur, le Busard des Roseaux, Le Milan Noir, la Grande Aigrette. En migration active : La Bondrée Apivore, Le Busard Saint Martin, le Milan Noir et le Pluvier Doré.

La Grue Cendrée également, elle est observée régulièrement en migration active à l’intérieur du couloir principal, ainsi que le vanneau Huppé, espèce classée quasi menacée au niveau mondial.

Les enjeux jugés plus faible concernent L’alouette Lulu et la Guifette Noire, observées en migration active et en halte en faible effectif. Egalement pour la Grive Mauvis et le Pipit Farlouse (halte migratoire et active).

5) Les chiroptères : 14 espèces sont répertoriées, ce qui fait une diversité spécifique modérée, l’activité est élevée, elle est plus importante en été qu’au printemps et qu’en automne. Les trois espèces les plus communément contactées sont la Pipistrelle commune, la Pipistrelle de Kuhl et le Murin de Daubenton.

Plusieurs espèces de Haut vol sont avérées : Noctule de Leisler, Sérotine Commune, Pipistrelle de Kuhl, Pipistrelle commune. Deux zones boisées sont très attractives, ainsi que des linéaires favorables. L’activité est plus importante au niveau des zones humides, des boisements, des lisières et des haies.

Plusieurs gites ont pu être identifiés (Grand Rhinolophe, Barbastelle d’Europe). On trouve une colonie de Barbastelle à 600m de la ZIP au lieu-dit : Chevalerie.

Les enjeux forts : ils concernent : la Barbastelle d’Europe, Le Murin de Bechstein, La Pipistrelle Commune, dont le statut de conservation est défavorable, et dont le statut de protection est supérieur autre espèces.

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Quatre espèces sont jugées à enjeux modérés : le grand Murin, le grand Rhinolophe, Le Murin à oreilles échancrées, la Pipistrelle de Kuhl. Les trois derniers sont inscrits à l’annexe 2 de la directive habitat-faune-flore. La répartition spatiale des enjeux : la majorité de l’aire d’étude immédiate est constituée de cultures ou prairies d’intérêt faible, Certains secteurs présentent des enjeux importants avec des boisements, haies, zones humides.

6) Les mammifères terrestres : Les espèces identifiées sont communes, l’enjeu est considéré faible. 7) Les reptiles : Les espèces sont communes et l’enjeux considéré faible.

8) Les amphibiens : L’aire d’étude immédiate est favorable aux amphibiens car les mares sont diversifiées, il y a la proximité des boisements voire de corridor humides, les amphibiens utilisent en effet un habitat terrestre et un habitat aquatique. Neuf espèces ont été recensées.

Dont le Sonneur à ventre jaune, très localisé dans la zone, il est classé aux annexes II et IV de la directive Habitats, ainsi « sa destruction, le dérangement et la détérioration de l’habitat de cette espèce sont interdits. Il est évalué comme vulnérable sur la liste rouge des amphibiens de France métropolitaine, par ailleurs l’espèce est classée en danger en Poitou-Charentes et déterminante pour la création de ZNIEFF.

Quatre autres espèces, le triton marbré, le Crapaud calamite, la Grenouille Rousse et la Rainette verte, ont été observées, toutes considérées quasi-menacée en Poitou-Charentes et déterminantes ZNIEFF.

Les enjeux concernant les amphibiens sont jugés fort compte tenu du nombre d’espèces patrimoniales et de l’attractivité du site.

9) L’entomofaune : Les lépidoptères :

Dans l’aire d’étude rapprochée les milieux les plus riches en terme d’habitats pour les papillons de jour sont les prairies sèches et humides.

Un total de 42 espèces a été recensé, l’une d’elle présente un statut de protection : Le Damier de la Succise, il est classé en annexe II de la directive habitats, ce qui impute la non détérioration stricte de son habitat.il est nationalement protégé et considéré en danger sur la liste rouge en France. Il déterminant ZNIEFF en Poitou- Charentes.

Il se reproduit au nord-ouest de l’aire d’étude immédiate et potentiellement présent au sud-est de l’aire d’étude.

Quatre autres espèces sont déterminantes ZNIEFF en Poitou-Charentes. L’enjeu global pour les Lépidoptères est modéré mais majoré à fort pour les secteurs abritant le Damier de La Succise. Les odonates :

14 espèces répertoriées, appelées communément libellules, dont deux espèces d’intérêt régional. L’enjeu global est jugé faible à modéré pour ces deux espèces.

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10) Les Orthoptères : L’inventaire révèle la présence de 15 espèces, dont trois inscrites en liste rouge nationale.

L’enjeux pour les Orthoptères est considéré faible avec toutefois un niveau d’enjeu modéré pour les zones humides abritant les trois espèces remarquables.

En conclusion, les enjeux concernant la faune terrestre sont principalement concentrés sur le Sonneur à Ventre jaune et le Damier de La Succise. 11) Les Mesures ERC : Des mesures ont été prises dès la conception du projet, elles concernent, l’optimisation des chemins d’accès, le choix d’implantation avec l’évitement de zones sensibles, le choix du matériel, le calendrier, des inventaires des espèces avant travaux.

Pour la phase de construction, un management environnemental du chantier est prévu, et un suivi écologique assuré par un cabinet indépendant.

Les travaux seront programmés hors période de reproduction (1er mars au 15 juillet), d’autres mesures concernent la méthode d’abattage des arbres creux (Chiroptères), la mise en défense des zones de terrassement et de fouilles au niveau des fondations (amphibiens), la conservation de troncs d’arbres morts, des actions destinées à éviter l’installation de plantes invasives.

Enfin une mesure de compensation assurera la plantation de 210 m de haies bocagères. Pour la phase d’exploitation, les mesures prennent en compte l’éclairage adapté des éoliennes, des mesures d’arrêt du parc pendant les périodes d’activité des chiroptères (mi-mars à mi-octobre aux heures de tombée de la nuit et lever du soleil).

Pour diminuer les risques de mortalité des rapaces, un entretien spécifique sera fait sur les plateformes pour empêcher le développement de friches, un protocole d’arrêt sera mis en place pour les jours de travaux de fauche ou de moisson ;

Enfin des mesures de suivi du comportement de l’avifaune et des chiroptères (règles ICPE) sont programmées, elles sont établies en fonction du niveau de vulnérabilité identifié dans l’étude d’impact, pour l’avifaune aucun suivi en phase de nidification, de migration et d’hivernage n’est apparu nécessaire compte tenu des impacts résiduels estimés non significatifs en fin d’étude d’impact. Par contre un suivi sera bien effectué pour les chiroptères sur l’intégralité de leur période d’activité. En phase démantèlement les mesures appliquées pendant la construction seront reprises, management environnemental, suivi écologique, choix de la période optimale, mise en défends des zones de terrassement.

Synthèse des impacts sur la faune et la Flore.

Dans son rapport le cabinet d’étude Encis Environnement, compte tenu des caractéristiques du parc éolien, de son implantation, de l’identification des enjeux, de la détermination des impacts, sur l’ensemble des phases de construction, d’exploitation, de démantèlement, des mesures ERC mises en place, considère les impacts résiduels comme non significatifs sur la flore, l’avifaune, les chiroptères, les mammifères terrestres, les amphibiens, les reptiles et les insectes. Le suivi post-exploitation devrait permettre de mettre en place des actions correctrices si des écarts sont constatés négativement par rapport à l’étude d’impact.

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12. Les zones Natura 2000 :

Dans le cadre règlementaire ICPE et sur la base des recommandations, une aire d’étude éloignée a été mise en place, la distance de 20km permet de prendre en compte les déplacements éventuels des espèces patrimoniales citées dans les sites Natura 2000 autour du projet. Deux sites Natura 2000 sont présent sur l’aire d’étude éloignée :

ZSC : Vallée de la Tardoire, distante de 8,9 km ZSC : Grotte de Rancogne, distante de 19,6 km

Ces sites sont liés soit à la préservation d’habitats humides et aquatiques, soit à des habitats cavernicoles favorables aux chiroptères. La zone de travaux n’est pas connectée directement au réseau par des écoulements, les risques de pollution sont faibles. La distance entre le cours d’eau le plus proche des travaux et les ZSC rend la probabilité d’impact de type amont/aval très réduite.

Parmi les espèces présente sur la ZSC, seul les chiroptères ont une capacité de déplacement importante, mais l’étude montre que les possibilités de déplacement jusqu’au parc éolien sont limitées (cas du Grand Murin jugé risque faible).

En conséquence l’étude conclu que le parc éolien n’aura pas d’effet notables sur les deux zones Natura 2000, et ne remettra pas en cause l’état de conservation des deux sites.

13. L’étude de dangers :

Elle a pour rôle d’identifier les enjeux, les potentiels et les risques afin de déterminer et de mettre en œuvre les moyens pour en réduire les impacts et la probabilité.

L’étude indique que l’ensemble de la réglementation en vigueur est respecté. Les éoliennes sont conformes aux prescriptions en matière de sécurité. Elles sont dotées de nombreux éléments de sécurité. Les liaisons électriques sont enfouies à une profondeur minimum de 80. Les résultats de l’étude de danger et des paramètres associés reprennent les différents scénarios, leurs zones d’effets, la cinétique, l’intensité, la probabilité et la gravité. Ces scénarios sont : effondrement de l’éolienne, chute de glace, chute d’éléments de l’éolienne, projection de pale ou de fragment de pale, projection de glace. La probabilité de réalisation va de rare à courant (chute de glace) et la gravité de modérée à sérieux.

Enfin l’étude détermine l’acceptabilité des accidents potentiels pour chacun des phénomènes dangereux, il en ressort qu’il n’existe aucun risque important non acceptable. Il est rappelé que pour certains accidents, des fonctions de sécurité équipent les éoliennes. Il est conclu que les accidents redoutés comportent un niveau de risque acceptable.

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14. Le rapport acoustique

La société Gamba acoustique a réalisé l’étude, les éoliennes émettent trois types d’émissions sonores : le bruit aérodynamique lié au frottement de l’air, le bruit mécanique lié aux mécanismes, le bruit des vibrations amplifiées des pales. Les éoliennes doivent respecter l’arrêté du 26 août 2011 relatif aux nuisances sonores. Celui-ci stipule que l’émergence sonore induite par les éoliennes ne doit pas dépasser 5 DB(A) le jour et 3 DB (A) la nuit au niveau des habitations les plus proches. Le seuil de déclenchement d’émergence est fixé à 35 DB.

Une campagne de mesure a été effectuée sur 43 jours, en 7 points de mesure. Par la suite des simulations d’émergence liées aux éoliennes ont été faites. Enfin des mesures correctrices proposées pour respecter la législation. Après sa mise en fonctionnement, des mesures de bruit seront faites pour assurer la conformité du site en matière de respect des normes en vigueur. Les simulations réalisées ont montré certains dépassements des seuils réglementaires en période diurne et nocturne pour les deux secteurs de vent (nord-est et sud-ouest).

Pour satisfaire aux exigences réglementaires, un plan d’optimisation a été élaboré, il comprend des bridages d’une ou plusieurs éoliennes selon la vitesse de vent, et permet d’envisager l’implantation satisfaisante en terme d’émergence sonore globale.

Ce plan de bridage prévoit trois périodes : diurne, fin de journée et nuit. Il est conclu que le parc après application de plan de bridage respectera les prescriptions :

En période diurne : pas de dépassement de plus de 5 DB.

En période nocturne (22H-7H) : pas de dépassement de plus de 3 DB.

Synthèse des conclusions de l’Etude d’impact :

Elle conclut à une bonne acceptabilité du projet dans le paysage, elle a détecté des enjeux forts sur la flore et la faune. L’étude de dangers affirme le respect des normes règlementaires et l’absence de risque non acceptable. Les mesures acoustiques font apparaitre des dépassements des normes mais réglés par un plan de bridage. L’étude considère les impacts réels du projet, de non significatifs à faibles, compte tenu des caractéristiques du projet et des mesures (ERC) d’accompagnement et de suivi qui sont mises en place.

15. L’avis de la Mission Régionale d’Autorité Environnementale :

Pour la MRAE, l’étude d’impact et son résumé non technique sont clairs, complets et illustrés, des synthèses des différentes études sont reprises, un carnet de photomontage illustre les impacts paysagers et patrimoniaux.

Sur l’impact sonore, elle considère qu’une campagne de mesure in-situ sera à réaliser à partir de la mise en service du parc afin de vérifier le respect des seuils, et qu’une adaptation du plan de bridage devra être réalisée, si nécessaire.

Sur l’impact paysager, concernant la mesure de replantation de haies proposée aux riverains du site, la MRAE considère que l’engagement du porteur de projet ne devrait pas être conditionné à des interventions volontaires des riverains, mais constituer un engagement assorti d’un objectif de réalisation, dans un calendrier défini.

Milieux naturels et biodiversité : la MRAE relève que la localisation des plantations de haies pour compenser les arrachages, n’est pas encore précisée.

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Avifaune : la mesure pour éviter la mortalité potentielle des Milans noirs qui consiste à réduire l’attractivité des plateformes et à arrêter les éoliennes pendant les travaux agricoles mériterait d’être détaillée. Plus globalement, le contenu du programme de suivi écologique du chantier par un écologue devrait être précisé. Dans sa conclusion la MRAE, souligne que ce projet s’inscrit dans le cadre de la politique nationale de développement des énergies renouvelables, elle considère l’étude d’impact de bonne qualité mais incomplète puisque les impacts du raccordement du parc éolien au réseau électrique, indispensable à son fonctionnement, ne sont pas évalués. Elle rajoute que les mesures d’accompagnement du projet et de réduction des impacts, méritent d’être affinées et précisées.

16. L’avis des Personnes Publiques Associées :

A. L’Agence Régionale de Santé Nouvelle Aquitaine :

L’ARS dans son courrier du 15 octobre 2018, liste les éléments suivants : périmètres de protection de captages, le chantier, les risques de développement de l’Ambroisie, les champs électromagnétiques, les ombres portées, les effets cumulés avec d’autres parc. C’est sur le bruit que l’ARS fait des recommandations importantes : Elle souligne que les calculs d’émergences font apparaitre de nombreux dépassements, surtout en soirée et pendant la nuit, pouvant aller jusqu’à 18 DB(A) aux lieux-dits les plus proches. Elle note que des bridages sont prévus pour ramener les émergences dans les normes (5DB en période diurne et 3DB en période nocturne) mais elle souligne que pour les situations avec un bruit ambiant inférieur à 35DB (A), elles ne sont pas prises en compte alors que l’émergence peut être supérieure à 10DB (A).

Elle rappelle cependant que le respect des émergences n’est pas demandé par la réglementation, là où le niveau de bruit ambiant est inférieur à 35DB (A).

Pour l’ARS, les fortes émergences peuvent constituer une nuisance pour les habitants et devenir conflictuelles. De plus la jurisprudence montre qu’elles peuvent être reconnues comme une gêne par les tribunaux civils. Aussi, l’ARS recommande d’étendre les mesures de bridage compensatoires aux cas non pris en compte par la règlementation.

B. La Direction de La Sécurité Aéronautique d’Etat :

Dans son courrier du 3 octobre 2018, elle écrit (extraits) : « Après consultation des différents organismes concernés il ressort que ce projet n’est pas de nature à remettre à remettre en cause leurs missions. Par conséquent, j’ai l’honneur de vous informer qu’au titre de l’article R.244-1 du code de l’aviation civile, je donne mon autorisation à sa réalisation sous réserve que chaque éolienne soit équipée de balisage diurne et nocturne en application de l’arrêté de référence …

Par ailleurs, je donne mon autorisation pour son exploitation conformément aux dispositions de l’arrêté de référence… »

C. La Direction nationale de l’Aviation Civile : (Pôle de Bordeaux) : Elle donne son accord pour la réalisation de ce parc ainsi que pour son exploitation.

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D. La Direction des affaires culturelles (préfecture de la Région Nouvelle Aquitaine) : Monsieur L’architecte des bâtiments de France considère que l’expansion éolienne et l’effet cumulé qu’elle produit atteint un seuil préoccupant, qui met en péril les enjeux définis par la Charte Paysagère du Pays Charente Limousine repris dans le PADD du PLUi en cours d’élaboration engagé par la CDC Charente Limousine.

Il souligne l’atout que représente le paysage varié et pittoresque, sur le plan culturel, touristique et économique. Le rapport d’échelle de 1 à 10 entre les marqueurs identitaires du lieu et le projet ne lui parait pas recevable au seul principe de l’éloignement entre sujet/objet ou de l’argument plus funeste d’un territoire « partiellement anthropisé » (exploitation de carrière).

Il conclut que ce projet porte atteinte au caractère et à l’intérêt des lieux emblématiques de La Charente Limousine et ce point de vue donne un avis défavorable.

E. L’Institut National de l’origine et de la Qualité : (INAO- site de Cognac) : Après l’étude du dossier, L’INAO n’a pas d’objection à formuler à l’encontre du projet, dans la mesure où celui-ci n’a pas d’incidence directe sur les AOC et les IGP concernées.

17. La concertation du public, les observations recueillies :

Le déroulé de l’enquête a été détaillé au paragraphe 3 de ce rapport. Les permanences ont permis de recevoir 48 personnes, elles ont généré des observations orales et écrites. Les registres comportent 13 observations (5 sur celui de Lésignac- Durand et 8 sur celui de Cherves-Chatelard, 13 courriers ont été remis.

Les contributions sur le site internet sont très significatives, elles sont au nombre de 232.

212 sont défavorables au projet et 20 favorables.

Il faut ajouter à cela une pétition et un « contre dossier » déposés par Monsieur Agostinelli Armand, avocat honoraire, résident à Lésignac-Durand, accompagné d’un groupe d’habitants (22 personnes cosignataires du dossier. La pétition comporte 204 signatures d’opposition, les signataires sont à 90% issus de la zone d’affichage, il faut aussi noter que des signataires apparaissent en doublon dans le recensement des avis émis sur le site préfectoral.

. Le tableau de suivi des observations favorables recueillies est joint en Annexe I de ce dossier. . Le tableau de suivi des observations défavorables recueillies est joint en annexe II de ce dossier.

-la pétition est intégré au dossier de Monsieur Agostinelli publié sur le site internet de la préfecture. La bonne fréquentation des permanences, les habitants venus consulter le dossier, les contributions nombreuses que ce soit par courrier, sur le site internet de la Préfecture ou les observations sur les registres, témoignent du besoin de la population de s’exprimer et de la pleine utilité de cette enquête publique, de son rôle dans la démocratie locale. Ce projet d’installation de parc éolien mobilise fortement car il est impactant dans son environnement. Je tiens aussi à ajouter que les opposants se sont fortement mobilisés mais que les échanges ont toujours été courtois et sereins. - 21 -

-Avis favorables : 20 dont 2 avis de particuliers résidents au hameau de « Chevalerie » les plus proches de la zone d’implantation, 7 courriers sont l’expression de professionnels, un courrier provient de Monsieur le Maire d’Antezant La Chapelle dont la commune héberge un parc éolien.

-Avis défavorables : 212 dont 125 émanent de résidents de la zone d’affichage (6 km autour du site du projet), donc une population directement concernée. Parmi les 87 hors secteur du projet seulement 21 sont issus d’habitants hors département de La Charente. J’ai recensé 100 courriers que je qualifie de « rédigés et personnels » et 112 avis d’opposition pré-imprimés issus de la mobilisation d’opposants mais avec lesquels, les signataires ont exprimé leur opposition au projet.

En synthèse, 55% des observations proviennent de résidents de la zone d’affichage de l’enquête, donc vivant à proximité du site prévu. 30% sont hors zone d’affichage mais habitent très majoritairement en Charente Limousine, enfin 15% sont extérieurs à la Charente. Par ailleurs la pétition est signée à 90% par des habitants du bassin de vie proche, parmi eux de nombreux habitants de Lésignac-Durand. Sur cette commune la mobilisation contre le projet est importante, l’une des raisons évoquées oralement est le fait que cette commune a déjà été fortement transformée dans le passé avec la création de la retenue du Lac de Mas Chaban, les habitants ne veulent pas voir leur cadre de vie à nouveau transformé, au moment où des investissements vont être réalisé pour mieux valoriser le site.

La participation d’associations : Plusieurs associations (Charente limousine Environnement, association Brisevent, association SELT, La SPPEF, association CLE, association Sonnette d’Alarme, association Chassons l’Eolienne, association ALPE, association Rapasse, association Coupe-vent) ont été très actives et ont diffusé des contributions , elles ont été publiées et consultables sur le site internet préfectoral, je ne peux les détailler ici, mais il s’agit de dossiers ou revues de presse multiples, traitant de l’éolien, également du rapport de la cour des comptes. Dans ces dossiers nous retrouvons les argumentaires et les thèmes qui seront listés dans la rubrique des questions posées du paragraphe 18-A.

Par ailleurs des particuliers, au-delà de leur courriers d’opposition, ont fait parvenir des dossiers et articles développant les mêmes thèmes.

18. L’analyse des résultats de la concertation :

La grande majorité des observations proviennent d’habitants de la communauté de commune de Charente Limousine se disant impactés par le projet et y étant fermement opposés. Je ne peux ici déterminer avec exactitude le pourcentage d’expression par rapport à la population car il serait en partie subjectif, je peux cependant dire que 232 avis recensés et la pétition rassemblant 204 signatures sont des chiffres significatifs car nous sommes dans un milieu rural peu peuplé. Enfin je pense qu’il est difficile d’interpréter l’opinion des citoyens qui ne se sont pas exprimés : manque d’information ? Favorables ou défavorables au projet ? Sentiments de « subir les évènements » et que leur avis ne servira à rien ? A mon sens il convient d’interpréter toutes ces données en valeur brute et surtout en extraire les arguments développés et les questions posées.

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A ce stade de mon rapport je me permets ce commentaire : certains arguments émis sont récurrents, mais les différents dossiers apportés, les thèmes et questionnements évoqués sont souvent pertinents et posent questions.

A. Les questions posées :

Les observations ne peuvent être différentiées part argumentaire car dans leurs grandes majorités, chacune avance une liste d’arguments récurrents, très rarement unique. (Voir le tableau de suivi des observations en annexe de ce dossier). Mais à partir des multiples observations en grande majorité opposées au projet, je peux dégager plusieurs thèmes :

. Impact sur la santé. . Impact sur la biodiversité.

. Inefficacité de la production électrique.

. Impact paysager, effet de cumul sur le territoire par la multiplicité des projets, saturation. Ce reproche est un des éléments générant beaucoup d’inquiétude parmi les opposants.

. Impact sur la valeur des biens immobiliers.

. Impact sur le tourisme. . Problématique du démantèlement en fin de vie, non maîtrisée et sous-évaluée.

Un autre élément important ressort systématiquement, c’est le manque d’information ressenti par la population, elle reproche très souvent un manque de concertation et d’information pendant la genèse du projet.

Les observations favorables au projet argumentent la nécessité de la filière éolienne dans le développement des énergies renouvelables et la création d’activités.

B. Le dossier déposé et présenté par Monsieur Agostinelli pendant la permanence du 4 octobre 2019 à la mairie de Lésignac-Durand.

Ce dossier de 48 pages est très détaillé et argumenté, il reprend les thèmes de l’étude d’impact pour en réfuter les conclusions. Voici les principaux griefs développés :

. Le manque d’information. . Concernant la santé, l’absence d’études épidémiologiques, des effets néfastes sur les populations, soulignés par l’académie de médecine.

. L’effet de saturation avec la multiplicité des projets.

. Les mesures de bruit erronées. . Les déficiences de l’étude de danger.

. Le manque de vent. . La non productivité du parc.

. L’impact sur la faune minimisé dans les conclusions de l’étude.

. L’impact sur la zone Naturelle sensible du lac de Mas Chaban très peu approfondi.

. Les problèmes du démantèlement du site. - 23 -

. La garantie financière insuffisante.

En fin du dossier Monsieur Agostinelli demande des réponses au pétitionnaire et demande qu’un avis défavorable soit émis. L’ensemble du dossier a été publié sur le site internet de la Préfecture.

19. Le procès-verbal de synthèse et les réponses apportées par le porteur de projet :

(Ainsi que les réponses à la MRAE, la DDT et l’ARS)

Conformément à l’article R.123-18, j’ai communiqué au porteur de projet, en entretien le 22 octobre 2019, le procès-verbal de synthèse (joint en annexe III du dossier). Dans ce procès-verbal sont repris les questions découlant de la concertation et de l’étude du dossier.

Le 6 Novembre 2019, le pétitionnaire a transmis son mémoire en réponse dans lequel en reprenant les grandes thématiques, il répond aux questions posées par le Commissaire Enquêteur et également à des points du dossier de Monsieur Agostinelli. Ce mémoire en réponse très complet de 99 pages, est consultable dans le dossier d’enquête et je n’en ferais pas un résumé complet mais voici des réponses principales :

. Thématique santé : (extrait)

« A l’heure actuelle, les études scientifiques n’indiquent pas d’effets directs des éoliennes sur la santé. Bien qu’étant subjectif, il existe tout de même un syndrome, lié à l’effet placébo. La santé des riverains est donc un critère important à prendre en compte dans le développement de projets éoliens. Dans le cas du projet de La Besse, celui- ci présente des caractéristiques, au regard du critère humain, avantageuses, qui permettent de préserver le confort des riverains en se plaçant au-delà des distances réglementaires » . Le niveau acoustique :

Le pétitionnaire indique que les éoliennes choisies, optimisent les paramètres production électrique et niveau acoustique. Il rappelle le plan de bridage et les mesures à réaliser dans les 12 mois pour transmission au service ICPE avec les obligations en cas de dépassement. Il confirme la méthodologie employée dans l’étude acoustique. . Les dangers :

Le porteur de projet apporte des corrections au calcul de Monsieur Agostinelli, et conclu : « les éléments exposés dans l’étude de dangers montrent objectivement que les risques résiduels associés au projet sont acceptables, confirmant ainsi la sureté du projet de parc éolien de La Besse. . Le raccordement externe vers le poste source de Roumazières :

Il rappelle que les éléments sont présentés dans l’étude, avec l’évaluation des impacts, mais sur un tracé restant théorique, car dépendant du gestionnaire du réseau, qui ne se positionne qu’avec la fourniture de l’autorisation environnementale. . Etude de sols :

Elle sera faite juste avant la construction. . L’avifaune :

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Il rappelle : les études sur les différentes causes de mortalité en fonction des infrastructures, avec l’éolien bien moins impactant par exemple que des autoroutes, les différentes mesures d’accompagnement pendant la construction et l’exploitation du parc, le suivi avec les obligations qui en découlent.

. Le cas du Lac de Mas Chaban : Il explique que la situation de Lac de Mas Chaban a été traitée et analysée.

Les Chiroptères :

Il confirme que les préconisations Eurobats n’ont pu être suivie mais que ceux sont seulement des recommandations. Il rappelle les mesures d’évitements prises, la programmation préventive des éoliennes, et conclu que le risque résiduel à la suite des mesures d’évitement et de réduction est jugé non significatif.

. Les amphibiens : Il explicite l’étude initiale sur la présence du « sonneur à ventre jaune », les emplacements de son habitat et les mesures d’évitements (mise en place de filet autour des trous de fondation.

. La production électrique :

Il rappelle la part de 5,1% de l’éolien dans l’énergie produite en France. Les explications sont données sur la notion de facteur de charge. . Le manque de vent :

Les estimations sont faites sur la hauteur de 125m, soit 6,4 m/s.

. La perte liée au plans de bridages :

Il confirme la perte estimée à 1%. . L’impact paysager :

Le porteur de projet réfute les arguments de la DDT, de L’Architecte des Bâtiments de France et des opposants invoquant un effet de cumul, qui d’après lui serait lié à des chiffres erronés communiqués par des anti-éoliens. Il rappelle les conclusions du paysagiste qui indique qu’aucun phénomène de saturation n’est observé dans le paysage. Il considère que l’inquiétude des opposants n’est pas fondée.

. La valeur de l’immobilier : A l’appui d’études réalisées qu’il cite, il écrit : plusieurs études se sont attachées à étudier cette problématique et aucune ne conclut à l’impact des éoliennes sur l’immobilier. . Le tourisme :

Il cite de nombreux exemples pour affirmer qu’il n’y a aucune corrélation entre le développement de l’éolien et le tourisme en France.

. Les lacs de Haute Charente : Les photomontages ont montré que le projet n’est pas visible.

. Le démantèlement :

L’ensemble des opposants affirme que le coût est sous-évalué et les possibilités de recyclage surévaluées.

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Le porteur de projet répond que le montant de la garantie financières à constituer a été définie et mis en application par le ministère, au vu des retour d’expérience de la filière sur le coût réel. Le porteur de projet fourni des exemples de coûts dans plusieurs sites en Europe, avec des devis inférieurs à 50 KE par éolienne.

Concernant le recyclage, il explique que le mât et les parties métalliques sont recyclables à 100%. Les pales en fibre de verre ou à base de fibres de carbone peuvent être traitées par la filière de traitement des matériaux composites provenant aussi du nautisme, l’aéronautique, les transports.

Les déchets résiduels sont enfouis.

Concernant les fondations le porteur de projet parle de destruction.

Transition énergétique et aspect économique : Dans son mémoire en réponse le pétitionnaire rappelle les objectifs en matière d’énergies renouvelables.

En ce qui concerne l’aspect économique il évalue l’impact emploi du parc l’année de construction à 126 emplois à temps plein dont 37 dans le département, 3 emplois pendant l’exploitation et rappelle que l’éolien en France c’est 18000 emplois.

Financement participatif : Le pétitionnaire indique que ce mode de financement n’a pas été évoqué par les élus mais qu’il pourrait être envisagé si cette demande émerge et proposer à la population locale.

Les réponses aux Personnes publiques Associées : Le porteur de projet a répondu à l’avis de la MRAE, dans son mémoire il reprend l’ensemble des observations, certaines réponses sont communes au mémoire en réponse du PV de synthèse et elles ont été résumées ci-dessus. Il précise les mesures de suivi notamment acoustiques prévues après la mise en service. Sur l’implantations de haies chez des riverains il précise qu’une proposition écrite sera faite au riverains concernés dans un délai d’une année et le budget de 20000 euros dédié à cette mesure.

Il revient sur la mesure destinée à réduire les risques de collision avec des Milans Noirs, en détaillant la procédure, et sur les autres mesures concernant les Chiroptères.

. L’avis de l’Agence Régionale de Santé :

Rappel : L’ARS préconise une extension des mesures de bridage au cas non pris par la règlementation (bruit ambiant < 35 dBA) car elle estime certains niveaux d’émergences (> 10db(A), source de nuisances et de conflits. Le pétitionnaire confirme s’en tenir à la règlementation en soulignant que le projet éolien est en conformité.

La société Volkswind a répondu également aux observations des services Préfectoraux, ceux- ci notifient les enjeux qu’ils estiment sous-estimés concernant les espèces patrimoniales sensibles aux éoliennes et sur l’enjeu fort sur les Chiroptères et les Amphibiens (particulièrement le Sonneur à Ventre jaune).

Concernant l’atteinte aux caractères et l’intérêt de lieux emblématique de la Charente Limousine analysée par L’Architecte des Bâtiments de France, le porteur de projet réfute cette vision.

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. Les commentaires du Commissaire Enquêteur : La société Volkswind a pris soin de traiter les observations, remarques et préconisations remontées par la concertation du public, les différents organismes sollicités et le Commissaire Enquêteur. Elle l’a fait de façon exhaustive. Je considère les réponses en plusieurs catégories : celles qui reprennent et détaillent les mesures prises et étayent l’argumentaire, celles qui renvoient simplement aux paragraphes de l’étude d’impact et enfin de nombreuses autres qui réfutent les observations sur les enjeux et les impacts réels, en s’en tenant aux conclusions de l’étude d’impact qui jugent les effets du parc peu significatifs ou rappelant simplement la conformité par rapport à la législation.

20. Les délibérations des Conseils Municipaux :

Conformément à l’article 12 de l’arrêté préfectoral les communes concernées étaient appelées à donner leur avis sur la demande d’autorisation environnementale.

Voici la liste avec les dates des délibérations et les avis émis :

-Cherves-Chatelars, 11/10/19, avis favorable.

-Lésignac-Durand,18/10/19, avis favorable.

-Massignac,17/09/19, avis favorable.

-Mouzon,01/10/19, avis favorable. -Vitrac Saint Vincent, 24/09/19 ; avis favorable.

-Exideuil sur Vienne,30/10/19, avis défavorable.

-Le Lindois,27/09/19, avis défavorable, argumenté (impact négatif sur le tourisme et baisse du foncier).

-Montemboeuf, 26/09/19, avis défavorable.

-Suaux,22/10/19, avis défavorable, argumenté (impact environnemental, possibilité d’éventuelles extensions futures, défiguration des paysages, production électrique insuffisante).

-Nieuil,15/10/19, avis défavorable. -Terres de haute-Charente, 16/09/2019, avis défavorable. (Terre de Haute-Charente est une commune née de la fusion de Genouillac, Mazières, La Péruse, Roumazières-Loubert et Suris, actée par arrêté préfectoral du 28 septembre 2018).

-Saint Quentin sur Charente,27/09/2019, décision de ne pas émettre d’avis. En synthèse : 5 communes ont émis un avis favorable, 6 communes ont donner un avis défavorable, 1 commune a décidé de ne pas émettre d’avis. A noter que Terre de Haute-Charente intègre 5 anciennes communes dont Genouillac, cette dernière avait pris à l’origine une décision favorable à l’étude du projet.

Conclusion : Il n’y a donc pas une forte mobilisation des conseils municipaux en faveur du projet, les avis défavorables sont majoritaires mais les deux communes sur lesquelles seraient implantées les éoliennes ont émis un avis favorable. - 27 -

21. Les points forts et opportunités du projet :

-Le projet de construction et d’exploitation du parc éolien de La Besse s’inscrit dans le contexte de politique nationale de lutte contre le changement climatique et de réduction des gaz à effet de serre et contribue aux objectifs de la loi de transition énergétique pour la croissance verte. La loi n°2015-992 du 17 août 2015 a défini plusieurs critères : La part des énergies renouvelables devra être à 23% en 2020 et à plus de 32% de la consommation finale brute en 2030. Nous devrons avoir réduit de 40% les émissions des gaz à effet de serre d’ici 2030 et les diviser par quatre d’ici 2050.

- Le développement de l’éolien répond aux objectifs du « mix-énergétique ». -La production électrique va correspondre à la consommation de 11000 habitants (hors chauffage) par an. La puissance des modèles prévus permet de limiter le nombre d’éoliennes à trois. -Ce projet est source de développement d’activité que ce soit au niveau national ou au niveau local.

-Il a été conçu depuis l’origine en concertation avec les élus, un comité de pilotage a été créé. -Le choix du site du projet répond à différents critères additionnés permettant de bien respecter la réglementation, notamment en terme d’éloignement de l’habitat, d’être sur un secteur favorable à l’éolien permettant des garanties en matière de production.

-Les possibles effets de saturation, de cumul et d’inter-visibilités avec d’autres parcs dans le paysage ont été étudiés. Aucun parc n’est présent dans l’aire rapprochée, les deux les plus près sont à plus de 8km.

-L’aire d’étude éloignée a une topographie variée, le paysage bocager présente des variations du relief, les barrières végétales, les filtres, permettent de couper les ouvertures visuelles vers le parc éolien. La prégnance du futur parc sur le paysage peut être limitée, le parc est souvent occulté depuis les voies de communication (voir paragraphe 11-C-1)

-Sur l’aire d’étude immédiate, des haies seront plantées à la demande de riverains les plus exposés pour limiter les vues sur le parc.

-Le choix de la variante n°3 permet d’optimiser l’implantation et les impacts, avec un nombre d’éolienne limitée à trois. (Paragraphe 11-C-4).

-Les inter-visibilités avec des éléments du patrimoine sont limitées (Paragraphe 11-C-1)

- L’étude d’impact est complète, elle a approfondi les différents domaines, à partir des enjeux déterminés, elle décrit les impacts et les mesures pour les éliminer ou les réduire. Elle est conforme aux méthodologies préconisées par le guide des études d’impact environnementaux des parcs éoliens.

- La phase chantier de construction prévoit l’optimisation des voies d’accès au site.

- Pour réduire les émergences acoustiques et respecter les normes, un plan de bridage est programmé. (Paragraphe 14) - Les enjeux sur la faune et la flore ont été étudiés et des mesures jugées proportionnées aux enjeux ont été prévues : le calendrier des travaux est prévu en dehors des périodes sensibles (mars à juillet). Un plan de prévention et un suivi écologique du chantier de construction seront conduits pour protéger les Amphibiens.

-En phase exploitation : arrêt des éoliennes pendant la période de forte activité des Chiroptères, arrêt pendant les travaux agricoles pour limiter l’attractivité chasse pour les rapaces.

-Dès le démarrage du site, des mesures de suivi sont programmées et si nécessaire des actions correctrices seront mises en place. - 28 -

-La Communauté de commune et les communes sites d’implantation bénéficieront de retombées financières annuelles. -Les Conseils Municipaux de Cherves-Chatelars et Lésignac-Durand ont émis un avis favorable ainsi que trois autres communes, Massignac, Mouzon et Vitrac Saint Vincent. -L’enquête publique a respecté les textes et réglementations prévu et a permis l’expression du public.

-L’entreprise porteur de projet présente des références dans le domaine et la garantie financière d’un groupe international.

-Le plan de financement du projet apparait solide. -Les effets du parc pourraient être positifs en terme de réduction de l’usage des énergies fossiles, de réduction des émissions des gaz à effet de serre, et participeraient donc à long terme à la préservation de la biodiversité.

22. Les contraintes et faiblesses du projet :

-La concertation en amont a été peu ambitieuse, voir réduite, le comité de pilotage était composé uniquement d’élus, les habitants n’étaient pas associés. - Il n’a pas été proposé de financement participatif à la population locale ce qui aurait permis une meilleure adhésion.

Une exposition seulement a été organisée par le porteur de projet programmée sur deux demi-journée, en juin 2018. Aucune réunion publique avec des intervenants divers n’a été organisée au cours des années 2017 et 2018 pendant lesquelles le projet prenait corps, pour mieux informer la population.

-La concertation a généré très majoritairement une opposition au projet dans les avis et observations exprimés. Les habitants ont exprimé un manque d’information, un sentiment de « subir les choses ».

-Les Conseils Municipaux des communes appelés à donner leur avis (6 km autour de la ZIP) n’ont pas fait preuve d’une grande mobilisation en faveur du projet puisque les avis défavorables sont majoritaires.

-La multiplicité des projets éoliens en Charente Limousine peut entrainer un mitage du Territoire, soulignée par des élus départementaux, l’Architecte des Bâtiments de France et la population.

-Le site d’implantation prévu est un secteur riche en biodiversité, avec des enjeux importants sur la faune et la flore. De nombreuses espèces d’oiseaux, en nidification, en phase hivernante et en migration ont été recensées. Parmi elles nombreuses sont patrimoniales, classées à l’annexe I de la directive des oiseaux, parfois répertoriées quasi- menacée, sensibles à l’éolien (ex : Milan Royal, Milan Noir). Le chantier et l’exploitation du parc aura un impact négatif cette avifaune.

-L’aire d’étude immédiate se situe dans le couloir migratoire principal de la Grue Cendrée et du Pigeon Ramier ainsi que 9 espèces de rapaces, avec une densification des flux dans le centre de la ZIP pouvant correspondre à un corridor écologique. Le parc est prévu perpendiculaire au couloir migratoire sur une longueur d’environ 1km, c’est une implantation moins favorable à une implantation parallèle au couloir. L’étude conclut à un enjeu modéré pour les Grues Cendrées malgré des éléments contradictoires qui peuvent être soulignés et posent question :

Page 109 de l’étude faune-flore : sur le tableau des hauteurs de vol observées lors des deux saisons de migration, sur 63 individus de Grues Cendrées observées, 46 se situaient entre 50 et 200 m, soit la hauteur des éoliennes. Sur la même page apparait le commentaire suivant : les espèces planeuses(Gruiformes) ont été contacté à des hauteurs

- 29 - supérieures à 200 m ? Page 211 et 212 : dans le paragraphe : « migration active et collision », il est décrit de façon très détaillée, les risques avérés de collision, la vulnérabilité des grands voiliers (Grues Cendrées), liées aux paramètres suivants : La hauteur des pales à 200 m, la hauteur de vol influencée par les vents, les conditions météorologiques (nuages, brouillard), les migrations nocturnes avec une visibilité réduite. Les termes : « situations à risque, conditions dangereuses » sont employés. Ce paragraphe cite également le Milan Royal concerné par les mêmes situations. Pour expliciter l’évaluation d’impact non significatif du parc, il est dit : « l’implantation choisie réduira vraisemblablement les risques de collision », cette conclusion pose question.

-Concernant les Chiroptères, plusieurs espèces de haut vol sont avérées, la recommandation Eurobats (distance des haies d’au moins 200 m) n’est pas tenue, les mesures de bridage en période d’activité, à la tombée de nuit et au lever du jour seront peux être insuffisantes d’autant plus que l’étude (page 217) mentionne l’attractivité des éoliennes comme facteur de mortalité et que l’état des connaissances indique un effet avéré potentiellement important de l’exploitation des parcs éoliens sur les populations des Chiroptères. -Un amphibien « le sonneur à ventre jaune » est identifié dans une zone humide située à 75 mètres d’une éolienne, il est particulièrement protégé, il est classé aux annexes II et IV de la directive habitats, ainsi : (je cite) : « sa destruction, le dérangement et la détérioration de l’habitat de cette espèce sont interdits ». La phase chantier va à l’encontre de cette directive car elle induit les risques ci-dessus. La mesure ERC consiste à installer des filets autour des trous de fondation pour empêcher les chutes, il est donc acté que les individus sont susceptibles de se déplacer sur la ZIP depuis la zone humide proche. Les activités du chantier, la circulation des engins et des camions, vont impacter ce périmètre de déplacement. Des ornières seront creusées par le passage de roues, des trous d’eau pourront se former. La présence d’un écologue en équivalent 4 jours sur la durée du chantier parait faible pour être efficace et s’assurer de la non destruction de spécimens. La MRAE a souligné le manque de précision concernant cette prestation.

- La question se pose si ce projet n’entre pas dans le champ d’application de la procédure de demande de dérogation pour destruction d’espèces protégées. (La DDT avait demandé un rapprochement avec la DREAL sur cette nécessité) -La ZIP est située à 2,5 km du lac de Mas Chaban, devenu une importante zone humide avec une attractivité notamment pour l’avifaune qui ne cesse de croître. Ce site vient d’être labellisé « Espace Naturel Sensible ». Si le lac figure bien dans l’aire d’étude rapprochée dans l’étude paysagère, il ne figure pas dans l’aire d’étude rapprochée dans l’étude environnementale ce qui a pu limiter le niveau d’expertise le concernant et conclure peux être hâtivement, page 116 de l’étude paysagère (je cite) : « ne possède pas un caractère attractif d’importance majeure (pas de concentration d’oiseaux importante constatée » , cette conclusion est contradictoire aux conclusions de l’étude commandée par le Conseil Départemental de La Charente qui qualifie le site de « Hot spot pour l’avifaune ».

-Le paysage bocager est un paysage identitaire de la région, il est localement peu anthropisé et l’installation du parc va le transformer.

-Sur l’aire d’étude immédiate, le cabinet d’étude a mis en évidence des sensibilités paysagères fortes avec un risque de modification du rapport d’échelle et de la lecture du paysage, il a recommandé l’installation d’éolienne à l’échelle du paysage. Les éoliennes prévues avec 200 mètres de hauteur en bout de pale sont les plus hautes éoliennes terrestres installées en France et peuvent provoquer une grande différence d’échelle et un phénomène d’écrasement. La mesure de plantation de haies pour occulter les vues, chez certains riverains, ne saurait être efficace car il faudrait atteindre des hauteurs conséquentes ou implanter très près des maisons pour un véritable résultat. Il faut aussi noter que les photomontages dans l’étude paysagère montrent systématiquement des photos prises en été lorsque la végétation est dense, l’hiver certaines vues vers le parc s’ouvriront à nouveau.

-Enfin concernant les émergences acoustiques, la réglementation sera respectée grâce au plan de bridage programmé mais l’Agence Régionale de Santé relève des émergences fortes en situation de bruit ambiant inférieur à 35Db(A), donc non prises en compte par la réglementation mais source de nuisances sur les habitations les plus proches et de conflits futurs.

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23. Les conclusions du Commissaire Enquêteur :

Préambule :

Mes conclusions s’appuieront sur les expressions de la population pendant l’enquête, sur les positions des élus, sur les différentes études et actions que j’ai eu le souci de conduire pour appréhender les problématiques de ce projet, sensibles et souvent complexes.

J’ai pris le temps d’écouter les personnes que j’ai rencontré, les particuliers, les représentants du pétitionnaire, les Maires et Elus des deux communes hébergeant la zone d’implantation potentielle.

J’ai fait une lecture exhaustive du dossier et parcouru, parfois plusieurs fois, les différentes études, notamment paysagères et environnementales, j’ai consulté d’autres publications ainsi que les documents du PLUI et du PADD de la Communauté de Communes de Charente Limousine disponibles sur son site. J’ai également pris connaissance du diagnostic écologique Espace Naturel Sensible du lac de Mas Chaban effectué par Charente Environnement missionné par le Conseil Départemental.

Je me suis rendu deux fois sur la zone d’implantation pour m’imprégner du site et rencontrer des riverains.

Enfin j’ai pris l’initiative de visiter deux parcs éoliens, le premier à Antezant La Chapelle (17) et le deuxième sur les communes de Saint Bonnet de Bellac et Saint Martial sur Isope en Haute Vienne. Sur ce dernier, sont implantés six éoliennes d’une hauteur similaire (200 m en bout de pale) à celles prévues sur le projet de La Besse, le parc se situe dans un environnement comparable, paysage bocager parsemé de hameaux pour certains situés à 700 m des éoliennes, j’ai échangé avec des habitants des maisons les plus proches. Ces visites m’ont donné une vision « physique » de ce type de réalisation, très complémentaire à l’étude sur dossier.

Je tiens également à rappeler que mes conclusions ne sont pas celles d’un expert du domaine, aussi mon avis sur ce projet est centré sur son niveau d’acceptabilité dans son environnement humain et environnemental, l’analyse de la consultation du public, sur son caractère d’intérêt « collectif » en rapport avec ses contraintes et ses impacts. Conclusion :

Le projet de construction et d’exploitation du parc éolien de La Besse s’inscrit dans les objectifs nationaux et européens de développement des énergies renouvelables, j’ai détaillé (paragraphe 21) ses points forts, je n’y reviendrai pas en détails mais je relèverai ici les éléments suivants :

Le site potentiel est un secteur déterminé favorable à l’éolien, il répond à différents critères additionnés permettant de respecter les règlementations notamment en terme de distance des habitations.

La procédure de demande d’autorisation environnementale a été respectée. L’étude d’impact est conforme aux préconisations, elle a traité de façon exhaustive les différents domaines d’enjeux et de risques. Chaque phase, construction, exploitation, démantèlement est détaillée, des mesures d’évitement, de réduction et de compensation sont élaborées, des mesures de suivi sont programmées après la mise en service pour mettre en œuvre des actions correctrices si nécessaire. Indéniablement au niveau paysager (aire éloignée), les variations du relief, les barrières végétales liées au bocage, permettent de couper les ouvertures visuelles vers le parc éolien. Sa prégnance sur le paysage éloigné peut ainsi être limitée. Cette possibilité d’intégration est confortée par le choix d’implantation de trois éoliennes seulement.

Sur le volet acoustique, à partir des conclusions de l’étude menée, des programmations de bridage seront mise en place, elles permettront de satisfaire à la règlementation en vigueur en matière d’émergences acoustiques.

L’étude d’impact, malgré des enjeux forts identifiés sur la faune et la flore, après l’élaboration des mesures E.R.C, jugées proportionnées, conclut à un impact du parc éolien sur son environnement jugé non significatif.

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Il doit être mis aussi au crédit du projet : les délibérations favorables de cinq Conseils Municipaux, l’implication des élus des quatre communes : Cherves-Chatelars, Lésignac-Durand, Genouillac et Mouzon qui ont participé au comité de pilotage du projet. L’enquête publique a respecté les textes et la réglementation dans sa forme et son déroulé, elle a permis l’expression du public. -Enfin ce projet serait source de retombées financières locales.

En synthèse la société Volkswind présente un projet longuement étudié, construit avec méthodologie, il présente un ensemble de critères pouvant être jugés favorables, mais je vais maintenant développer les points de fragilités qui me paraissent très importants (réf : paragraphe 22) : Les résultats de l’enquête publique :

Elle doit ici jouer son rôle et les avis exprimés doivent être pris en compte. Les observations en nombre significatif, exprimées pendant l’enquête que ce soit par écrit ou oralement, sont très majoritairement opposées au projet (voir paragraphe 17), au-delà des arguments contre le parc éolien, un fort ressenti négatif est exprimé sur le manque d’information et de concertation tout au long de l’avancée du projet. J’ai relevé chez les habitants de la zone d’implantation un sentiment de subir les évènements, que leur avis ne sera pas pris en compte. D’autres affirment avoir découvert le projet seulement depuis le début de l’année 2019.

-L’information et la communication sur le projet :

Ce sujet est fondamental, je crois que les projets doivent être conduits en concertation et en co-construction. A l’étude de l’historique du dossier, je ne peux que constater les manques en terme, d’information, d’association des habitants au projet. Entre les délibérations des Conseils municipaux de 2016 et l’enquête publique, aucune réunion publique n’a été organisée ; à l’initiative des élus, elles auraient pu proposer éventuellement des intervenants extérieurs, en complément des représentants du pétitionnaire, elles auraient permis de faire la pédagogie du projet, d’informer, de permettre des expressions contradictoires, de faire de la concertation en amont. L’action conduite est une opération de communication concrétisée par une distribution de prospectus et une exposition en mairie de deux demi-journée en juin 2018. Le comité de pilotage ne comprenait que des élus, des habitants auraient pu être au moins sollicités. Un financement participatif aurait également pu être envisagé, il est prouvé que ce type d’opération améliore le niveau d’acceptabilité des projets. Ces actions destinées à associer la population a un projet d’envergure, impactant le cadre de vie, ont été à mon avis très déficitaires. Elles n’auraient peut-être pas permis de modifier foncièrement la tendance défavorable mais elles auraient fait preuve de la volonté de démocratie, d’information et limiter ainsi le sentiment ressenti par beaucoup du manque de transparence du projet. Je pense que l’organisation d’une réunion publique pendant l’enquête aurait été trop tardive pour pallier à ces déficits. -les délibérations des Conseils Municipaux :

Elles n’ont pas donné lieu, même si c’est assez partagé, à une majorité d’avis favorables, sur 12 communes concernées, 6 ont émis un avis défavorable, 1 commune n’a pas émis d’avis dans sa délibération, 5 ont émis un avis favorable. Il n’y a donc pas une forte mobilisation des élus en faveur du projet. L’impact Paysager :

-On peut acter la capacité du paysage de l’aire d’étude éloignée à limiter la prégnance du parc grâce à ses reliefs et les barrières végétales. Par contre sur l’aire immédiate, il n’en est pas de même, la hauteur des éoliennes crée une modification de rapport d’échelle et un effet d’écrasement, je m’appui ici sur les conclusions du cabinet d’étude mais aussi sur mon expérience de ma visite du parc éolien de Saint Bonnet de Bellac, où j’ai pu me rendre compte des effets depuis les habitations les plus proches. La mesure ERC de plantation de haies sera inefficace, vu la hauteur des éoliennes.

- L’étude met en avant l’absence de cumul et de co-visibilité avec d’autres parcs éoliens, cela peut être validé, mais le nombre de projets se multiplie à l’échelle de la Charente Limousine, et entraîne un phénomène de mitage du - 32 - territoire. L’Architecte des Bâtiments de France parle de « seuil préoccupant », et d’atteinte au caractère et à l’intérêt des lieux emblématiques de La Charente Limousine. En effet les projets se sont multipliés, j’ajoute que le projet du parc éolien de La Besse est proche du département de la Haute Vienne, non pris en compte dans l’étude, ainsi sur la commune de Videix (87), située en bordure du lac de Lavaud, un projet de parc est en cours d’étude. Si les deux projets aboutissaient un parc serait situé à l’ouest des lacs de Haute Charente, l’autre au sud. Le développement de l’éolien devrait faire l’objet d’une coordination à l’échelle d’un PLUi ou d’un SCOT, j’ai parcouru le projet de PLUi de la Communauté de Communes de Charente Limousine, et les documents disponibles du PADD, le sujet n’est pas approfondi, il est simplement affirmer la volonté de développer les énergies renouvelables. Par contre pour le solaire des zones sont répertoriées. Ce développement cloisonné des différents projets accroit la pression sur la population et le ressenti de mitage du territoire. Ce ressenti est exprimé également par des élus. Le bruit :

La réglementation sera respectée avec la mise en place de plan de bridage mais l’Agence Régionale de Santé relève des émergences fortes en situation de bruit ambiant inférieur à 35 DB(A), donc non prise en compte par la réglementation, (paragraphe 16). Elle souligne les sources de nuisance sur les habitations les plus proches et les risques de conflit. Le porteur de projet dans son mémoire en réponse a confirmé se tenir à la réglementation. Dans cette logique les mesures de suivi après la mise en service ne prendront pas plus en considération ces situations. Des riverains subiront des nuisances liées au bruit généré par les éoliennes.

L’aspect Faune et Flore : Le site d’implantation prévu est un secteur riche en biodiversité, l’étude environnementale montre les nombreux enjeux importants (voir paragraphe 11-D). De nombreuses espèces ont été contactées sur le site, nombre sont patrimoniales, bénéficient de statut de protection, sont classées vulnérables ou quasi-menacées.

L’aire d’étude immédiate se situe dans le couloir migratoire principal des Grues Cendrées et du Pigeon Ramier et de 9 rapaces. De plus, les flux sont densifiés dans le centre de la ZIP, qui peut être un corridor écologique.

Concernant la faune et la flore je retiendrai les exemples suivants : (voir paragraphe 22) -Les chiroptères sont potentiellement très exposés avec des haies très proches, contrairement à la recommandation Eurobats qui préconise 200 m de distance minimum, mais il convient de noter la mise en place d’un plan de bridage et de mesures de suivi après la mise en service du parc.

-Le cas de l’amphibien « Sonneur à ventre jaune » identifié dans une zone humide à 75m du point d’implantation d’une éolienne, pose problème. La directive le concernant est claire : sa destruction, le dérangement et la détérioration de son habitat sont interdits. La mise en chantier va à l’encontre de cette dernière et la mesure ERC prévue ne garantit pas la protection de la zone de déplacement des individus mais seulement les trous de fondation.

- Le cas des Grues Cendrées, du Milan Noir et du Milan Royal : ces espèces sont classées parmi les plus sensibles à l’éolien. L’étude comporte des éléments contradictoires, comme je l’ai déjà souligné, elle décrit de façon détaillée, les risques avérés de collision, leur vulnérabilité liée aux paramètres suivants : la hauteur des pales à 200 m, la hauteur de vol influencée par les vents, les conditions météorologiques (nuages, brouillard), les migrations nocturnes avec visibilité réduite. Les termes : « situations à risque, conditions dangereuses » sont employées. Au final pour conclure à un impact jugé non significatif du parc, il est dit : « l’implantation choisie réduira vraisemblablement les risques de collision ». A partir de cette conclusion incertaine il n’est donc pas prévu de mesures de suivi de mortalité après la mise en service du parc.

Je pense que cette situation présente trop de risques. Des mesures auraient dû être prévues comme c’est le cas pour d’autres parc éoliens, à savoir un plan de bridage au moment des migrations de printemps et d’automne, elles sont prises à partir des consultations des sites internet signalant des départs de vols importants cumulés avec des conditions météorologiques défavorables. Enfin des mesures de suivi de mortalité après la mise en service seraient incontournables. En l’état le dossier me parait déficitaire sur la protection de ces espèces.

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Enfin je rappelle que les services de la préfecture avaient demandé, au vu des enjeux, de se rapprocher impérativement du service du patrimoine naturel de la DREAL concernant la nécessité ou non de faire une demande de dérogation pour destruction d’espèces protégées. Le pétitionnaire s’est appuyé sur les conclusions de l’étude (je cite) : « le projet est vraisemblablement placé en dehors du champ d’application de la procédure de demande de dérogation » et il n’a pas donner suite à cette demande.

- Le site « espace Naturel Sensible » du lac de Mas Chaban : Depuis la fin de l’étude d’impact du parc éolien de La Besse, le site du lac de Mas Chaban a été labellisé Espace Naturel Sensible. En 2017, le département de la Charente a confié à l’association Charente Nature la réalisation d’un diagnostic écologique du site. Dans ce rapport on peut lire (je cite) : « le complexe Lac de Lavaud et de Mas Chaban est un site unique en Charente pour la migration des oiseaux », « l’importance de ce complexe aquatique est également évidente pour l’avifaune hivernante », « le Lac de Mas Chaban est un hot spot pour l’avifaune dans le département ». Cette étude indique que 191 espèces d’oiseaux dont 66 patrimoniales ont été recensées, 10 espèces de Chauve- souris toutes considérées patrimoniales. Concernant les flux de migration, un exemple : plus de 1000 Grues Cendrées ont été comptabilisés sur le lac en mars 2019.

La ZIP du projet est située à 2,5 km des rives du lac, c’est une distance faible pour les migrateurs de plus en plus nombreux sur le lac.

Cette étude de Charente Nature, basée sur des méthodologies reconnues, est en grand décalage par rapport aux conclusions de l’étude d’impact du projet du parc éolien qui considère que le lac de Mas Chaban (je cite) : « ne possède pas un caractère attractif d’importance majeure (pas de concentration d’oiseaux importante constatée) ».

A l’origine, la création de ce lac était destinée à créer une réserve d’eau pour les périodes d’étiage de La Charente. La régression des zones humides, au fil des années, a développé l’attractivité de ce lac pour des espèces fortement menacées. Actuellement le Conseil Départemental a décidé d’investir plus d’un million d’euros pour accroître l’attractivité du site pour la faune et la flore, mieux le protéger, le valoriser et développer le tourisme vert. Ce programme d’action et d’investissements va augmenter encore le potentiel et l’attractivité naturelle du site. Les projections futures d’orientent vers l’hypothèse d’un classement en ZNIEFF, voir à plus long terme vers l’intégration à la zone Natura 2000 de la vallée de La Charente.

L’étude d’impact a indéniablement sous- évalué l’attractivité du site et l’importance de la population avifaune, ce qui induit un risque de sous-évaluation des impacts. La labellisation du site du Lac de Mas Chaban en Espace Naturel Sensible, le plan d’investissement et les objectifs du Département, sont des éléments nouveaux à prendre en compte dans l’évaluation des impacts du projet du parc éolien.

En synthèse : Après avoir étudié et pesé, dans mes conclusions ci-dessus, l’ensemble des éléments en faveur ou en défaveur du projet et mesurer son niveau d’acceptabilité par rapport à son environnement, je considère :

-L’enquête publique a généré des observations nombreuses très majoritairement opposées au projet. Les personnes qui se sont exprimés habitent pour la plupart dans le bassin de vie. -La communication et l’information au public pendant l’élaboration du projet a été déficiente.

-Les Conseils Municipaux concernés sont peu mobilisés en faveur du projet avec une majorité défavorable. - La multiplicité des projets sur le Territoire de Charente Limousine conduit à un mitage du territoire, souligné par l’Architecte des Bâtiments de France, de plus en plus mal vécu par la population.

-L’Agence Régionale de Santé relève des nuisances de bruit sur les habitations les plus proches, qui pourraient être source de conflits.

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-Ces éoliennes de très grandes hauteur, créent une modification forte du paysage situé autour et un effet d’écrasement. -l’environnement bocager du projet, peu anthropisé, est très riche en biodiversité, avec la présence de nombreuses espèces protégées. La mise en chantier, l’exploitation du parc, auront un impact négatif sur cette faune et flore malgré la mise en place de mesures ERC (éviter, réduire, compenser) destinées à réduire les effets mais insuffisantes ou absentes concernant certaines espèces (cela a été souligné par les services Préfectoraux). - La zone d’implantation potentielle est située dans le couloir de migration principale des Grues Cendrées et de neuf espèces de rapaces, aucune mesures ERC n’est prévue pour réduire les risques de mortalité, ni aucun suivi. - La zone d’implantation potentielle est situé à proximité du lac de Mas Chaban, site de plus en plus attractif pour l’avifaune, les impacts du parc éolien ont été insuffisamment approfondi, ce projet se confronte au projet de développement de cet Espace Naturel Sensible, conduit par le Conseil Départemental. Aussi je considère : même si l’énergie éolienne a sa place dans le développement des énergies renouvelables ; l’intérêt collectif de ce projet du parc éolien de la Besse est insuffisant au regard de ses contraintes. A l’issue de l’enquête publique relative à la demande d’autorisation environnementale unique déposée par la Société La ferme Eolienne de La Besse pour l’installation et l’exploitation de trois aérogénérateurs et un poste de livraison, sur les communes de Cherves-Chatelars et Lésignac-Durand, j’émets un avis défavorable.

Fait à Angoulême le 27 novembre 2019

Le commissaire Enquêteur Alain Bertuzzo

Procès- verbal de fin d’enquête publique :

Le Commissaire Enquêteur valide l’enquête sur le fond et la forme, elle a respecté la règlementation et a permis l’information et l’expression du public.

Le dossier de fin d’enquête comprend : -Le rapport du Commissaire Enquêteur et son avis motivé

- Annexe I : le tableau de suivi des observations favorables au projet. Annexe II : le tableau de suivi des observations défavorables au projet. Annexe III : Le procès-verbal de synthèse. Annexe IV : Le mémoire en réponse.

Sont joint au dossier les documents suivants : l’arrêté préfectoral d’ouverture d’enquête publique, la désignation du Commissaire Enquêteur, les certificats d’affichage, les délibérations des Conseils Municipaux, les deux registres paraphés et clos, les parutions presse locale, les avis des personnes publiques associées et de la MRAE, les mémoires en réponse du pétitionnaire, l’étude d’impact.

Fait à Angoulême le 27 Novembre 2019, Le Commissaire Enquêteur, Alain Bertuzzo :

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24. L’avis motivé du Commissaire Enquêteur :

Le 1er août 2019, Madame La Préfète de La Charente a prescrit, conformément à la réglementation en vigueur, l’ouverture d’une enquête publique relative à la demande d’autorisation unique déposée par la Société Ferme de La Besse SAS en vue de construire et d’exploiter un parc éolien composé de trois aérogénérateurs et d’un poste de livraison sur le territoire des communes de Cherves-Chatelars et Lésignac-Durand (16).Cette enquête s’est déroulé du lundi 16 septembre 2019 à 9H au jeudi 17 octobre 2019 à 12H.

A l’issue de cette enquête, je développe les éléments suivants :

L’énergie éolienne a sa place dans le développement des énergies renouvelables, pour contribuer à lutter contre le réchauffement climatique. Le projet du parc éolien de La Besse s’inscrit dans les objectifs nationaux déclinés au niveau régional. Il estime sa production à l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 11000 habitants (hors chauffage). C’est un projet longuement étudié, déterminé sur un secteur favorable à l’éolien, il respecte les différentes réglementations, les études réalisées sont exhaustives et très complètes, elles ont identifié des enjeux forts et mesuré les impacts sur son environnement. Ce projet a été conduit en concertation avec les élus locaux.

Mon avis s’appuie tout d’abord sur les résultats de l’enquête que j’ai conduite et sur un premier élément fondamental, celui de l’information et de la concertation avec la population. L’enquête a joué son rôle, pour informer et recueillir l’avis du public mais elle n’a pas compensé les déficits des années où le projet prenait corps. Beaucoup de personnes rencontrées expriment un manque d’information, un sentiment de subir les évènements ou un fatalisme « désabusé ». Je pense qu’un projet impactant le cadre de vie doit être mené en concertation, voir en co-construction. La communication a été faite au moyen d’une exposition de deux demi-journées annoncée par une diffusion de prospectus dans les boites aux lettres. Des réunions a l’initiative des élus auraient pu être organisées, elles auraient permis d’informer, de faire de la pédagogie, de permettre des expressions contradictoires avec éventuellement des intervenants extérieurs, des habitants auraient dû être sollicités pour participer au comité de pilotage. Un financement participatif pouvait être proposé pour améliorer le niveau d’acceptabilité du projet. Ces actions destinées à associer la population n’auraient peut-être pas permis de modifier la tendance défavorable mais elles auraient fait preuve de volonté de démocratie et de transparence et limiter ainsi le ressenti négatif décrit plus haut. (une réunion publique pendant l’enquête aurait été trop tardive pour compenser ces déficits). Les observations, en nombre significatif, exprimées, sont très majoritairement opposées au projet, elles émanent pour la plupart d’habitants du bassin de vie. La mobilisation contre le projet a été plus forte sur la commune de Lésignac-Durand, dont le centre bourg est géographiquement plus près mais aussi du fait que les habitants ont connu une précédente transformation de leur cadre de vie avec la création de la retenue du Lac de Mas Chaban. Donc l’enquête publique fait ressortir pour ce projet une grande difficulté d’acceptabilité sociale, et mon rôle est d’en tenir compte dans mon avis. Du coté des Conseils Municipaux concernés, les avis sont partagés, les délibérations défavorables sont majoritaires (6 contre 5 favorables et 1 délibération sans avis exprimé).

Après cette analyse des résultats de l’enquête, j’en viens aux caractéristiques du projet et ses impacts :

-Sur l’aspect paysager, la capacité du paysage de bocage avec ses reliefs variés à limiter la prégnance du parc est possible, mais par contre la grande hauteur des éoliennes (modèles terrestres les plus hauts installés en France) va créer sur le secteur proche une modification d’échelle et un effet d’écrasement depuis les hameaux les plus proches.

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-Malgré l’absence de cumul ou de co-visibilité avec d’autres parcs éoliens, il faut prendre en compte la multiplicité des projets réalisés ou en cours sur le territoire de Charente Limousine. Cela entraîne un effet ressenti de mitage du territoire. L’Architecte des Bâtiments de France parle de « seuil préoccupant » et d’atteinte au caractère et à l’intérêt des lieux emblématiques de La Charente Limousine. Ce ressenti est également exprimé par des élus. J’ajoute que la zone d’implantation potentielle est proche du département de la Haute Vienne et qu’un projet est à l’étude juste au sud des lacs de Haute Charente sur la commune de Videix située en bordure du lac de Lavaud. Cette notion de mitage, au-delà de l’altération du territoire, accroît les mécontentements. Le développement de l’éolien devrait faire l’objet d’une coordination à l’échelle d’un territoire.

-Concernant le bruit, ce projet respecte les normes en matière d’émergence acoustique, mais l’Agence Régionale de Santé, relève dans l’étude, des émergences fortes dans des situations non prises en compte par la réglementation. Elle souligne les sources de nuisance sur les plus proches habitations et les risques de conflits futurs. -Le site d’implantation prévu est un secteur bocager, riche en biodiversité, de nombreuses espèces ont été observées, nombre sont patrimoniales, sous statut de protection, sont classées vulnérables ou quasi-menacées. Les mesures prévues pour limiter les impacts existent mais elles paraissent insuffisantes pour certaines espèces, (cela a été souligné par les services Préfectoraux). Le cabinet réalisateur de l’étude, lui-même, utilise le conditionnel, émets des hypothèses, pour à partir d’enjeux forts conclure à des impacts non significatifs.

-La zone d’implantation potentielle se situe dans le couloir de migration principale des Grues Cendrées et de neuf espèces de rapaces dont le Milan Royal classé comme les Grues, très sensible à l’éolien. Aucune mesure n’est prévue notamment quand les conditions météorologiques sont défavorables (manque de visibilité, brouillard, vol de nuit) et aucun suivi de mortalité n’est programmé après la mise en service du parc.

- Le lac de Mas Chaban, situé à 2,5 km de la zone d’implantation potentielle du parc éolien, est labellisé Espace Naturel Sensible, il est de plus en plus attractif pour l’avifaune. Dans le rapport de l’étude réalisée par l’association Charente Nature, missionnée par le Conseil Départemental, ce site est qualifié « d’unique en Charente pour la migration des oiseaux », « important pour l’avifaune hivernante » et de « hot-spot pour l’avifaune dans le département ». Actuellement il bénéficie d’un investissement important de la part du Conseil Départemental pour accroitre encore son attractivité pour la faune et la flore. La population avifaune et de chiroptères augmentera et le risque d’impact du parc sera d’autant plus fort. Le projet de construction du parc éolien de la Besse se confronte à ce projet de valoriser cet espace naturel sensible et développer le tourisme vert.

Pour conclure, suite à l’étude du projet, au résultats de l’enquête, aux différents aspects que j’ai développé dans mon rapport et au vu des éléments retenus plus haut dans cet avis, je considère :

L’énergie éolienne a sa place dans le développement des énergies renouvelables mais l’intérêt de ce projet du parc éolien de La Besse est insuffisant au regard de ses contraintes et sa faible acceptabilité dans son environnement. A l’issue de l’enquête publique relative à la demande d’autorisation environnementale unique déposée par la Société Ferme Eolienne de la Besse pour l’installation et l’exploitation de trois aérogénérateurs et un poste de livraison, sur les communes de Cherves-Chatelars et Lésignac-Durand, J ’émets un avis défavorable

Fait à Angoulême le 27 novembre 2019

Le Commissaire Enquêteur

Alain Bertuzzo

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