Cherves-Chatelars
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Cherves-Châtelars Porte du Limousin 1 Abbé F. Jacques Abbé F. Jacques Cherves-Chatelars Porte du Limousin Ruffec, Picat, 1913 Cherves-Châtelars Porte du Limousin 2 Abbé F. Jacques Ruffec, Picat, 1913 Cherves-Châtelars Porte du Limousin 3 Abbé F. Jacques Avant-Propos Cher Lecteur, Voici modeste et sans apprêt non pas une étude historique complète, sur Cherves-Châtelars, mais une petite gerbe de "Notes rétrospectives" sur cette paroisse. Mieux que personne je sais combien ce travail est incomplet et éloigné de la perfection; tout le premier je lui voudrais plus de richesse documentaire, une plus haute portée d'ensemble, plus de fini dans les détails. S'il meut été donné de consacrer à cette étude les loisirs que m'auraient laissés plusieurs autres années de ministère paroissial à Cherves-Châtelars j'aurais complété certains chapitres, j'aurais donné à l'ensemble plus de cohésion et plus d'unité, la forme eut été plus soignée. La divine Providence en a décidé autrement, et m'a confié une nouvelle paroisse, qui désormais absorbera toute mon activité et tout mon dévouement. Mais pour conserver à mes anciens paroissiens les modestes fruits d'un labeur, qui fut parfois très absorbant, je me décide à publier ces quelques notes. Une première expérience, dont j'ai gardé à mes lecteurs d'alors un souvenir plein de reconnaissance, m'y encourage et m'invite à être confiant. Peut-être ne l'a-t-on pas oublié: il y a quelques années, en avril 1906, paraissait à Ruffec, un petit volume assez semblable à celui-ci. Il avait pour titre: Taizé- Aizie et pour auteur le curé de cette paroisse. La joie d'avoir été compris de mes paroissiens me fut une bien douce récompense, mais je n'eus pas l'avantage d'en jouir longtemps parmi eux. En août 1907, une décision épiscopale m'appelait à la cure de Cherves-Châtelars. Je passais des confins du Poitou dans la Marche du Limousin, emportant le sentiment profond de ce qui nous enchaîne au passé, avec le ferme désir d'interroger encore les voix d'autrefois. Durant mes cinq années de ministère dans cette grande paroisse rurale, j'ai essayé de rassembler les matériaux d'une petite étude sur Cherves-Châtelars; ce travail n'était qu'ébauché quand, au mois d'août 1912, une nouvelle décision de notre Evêque vénéré m'appelait à la cure de Mansle; je dus une fois de plus interrompre mes études d'histoire locale. Toutefois, je ne me suis pas cru autorisé à garder, égoïstement pour moi seul, le petit trésor formé surtout des richesses d'autrui. Documents extraits soit des archives paroissiales ou communales, soit des minutes de notaires, vieux papiers de famille pieusement consultés, dépositions orales ou écrites d'amis nombreux et obligeants — à qui j'offre ici mes bien sincères remerciments — témoignage des lieux et des objets eux-mêmes, tout cela c'est le bien propre de mes paroissiens d'hier, j'avais le devoir de le leur restituer; aussi je me décide à publier ces "Notes" afin d'aider les jeunes générations à conserver fidèlement le souvenir de ceux dont elles ont les cendres à garder. Je sais trop ce qui manque à ce travail pour n'avoir aucun regret à vous l'offrir, mais s'il n'est pas aussi digne de vous que je l'eusse souhaité, vous serez indulgent, et tel qu'il est vous lui ferez bon accueil. Je m'estimerais suffisamment récompensé des heures consacrées à ce travail, si j'étais assuré que ces "Notes rétrospectives" contribueront à augmenter, dans l'âme de mes anciens paroissiens, le culte de leurs Trépassés et l'amour de leur vieille église. F. Jacques Curé doyen de Mansle. Mansle, 3 novembre 1913. Ruffec, Picat, 1913 Cherves-Châtelars Porte du Limousin 4 Abbé F. Jacques I Topographie et Aspect Général La commune de Cherves-Châtelars fait partie du département de la Charente, de l'arrondissement de Confolens, du canton de Montembœuf. Elle a été constituée par la fusion des deux anciennes communes de Cherves1 de Montembœuf et de Châtelars-la-Rivière, réunies ensemble, par un décret royal du 27 août 1845, sous le nom de Cherves- Châtelars. Cette commune compte actuellement 1,300 habitants2, répartis dans cinquante-sept villages ou hameaux, dont les noms suivent, placés par ordre de leur importance après le bourg: Cherves, Chez- Limousin, Chevalerie, Les Mazouillères, Chez-Veyret, Fougères, Le Breuil, Baruffaud, Etamenat, Montauvet, Chez-Chabernaud, Chez-Grosdenier, Le Châtelars, Saint-Pierre, La Coucoussie, Lépine, Les Jaulières, La Pouverrerie, Mauliet, La Tuilière, Le Fot, Le Petit-Moulin, Le Gazon, Le Barry, Chez-Gendarme, Les Métairies-du-Gazon, Le Logis-de-Châtelars, La Lambaudière, Chez-Liot, La Ribadie, Chadebost, Chez-Jauvigier, Les Chassaignes, La Faurie, Chez-Guinot, Villars, Chez- Nadaud, La Grange, La Papalière, Chez-Jeanot, Plaimbost, La Villette, Les Montées, Forgemoux, La Roudillerie, Massonie, Chez-Gaultier, La Croix-des-Mottes, Chez-Grelet, La Maison-Neuve, Le Gôt, Le Petit-Veyret, Le Clapier, Le Moulin-Veyret, Le Moulin-de-Chez-Bonnaud, Le Moulin-du-Gazon, La Serve. Deux autres habitations sont mentionnées dans les anciens registres de Cherves, mais sont aujourd'hui disparues: Le Désert et Le Fayan. On trouve les ruines du Désert (petite maison abandonnée récemment) près de l'ancien chemin de Chez-Veyret à Forgemoux. L'ancien Fayan, dont on ne trouve plus trace, ne se dressait-il pas sur le petit monticule, en partie boisé, qui se trouve à l'ouest du bourg de Cherves, entre la prairie de Saint-Pierre et l'ancien étang du Gazon? Ce qui donnerait quelque vraisemblance à cette hypothèse c'est que le bois d'en face, au-delà de l'étang du Gazon, a gardé le nom de "La Fayanne". Le Fayan appartenait au XVIIe siècle à Jean le Chevalier, époux de Catherine d'Arlot de Frugie, qui était "sieur du Fayan". Un siècle plus tard, Chateignier de la Rochepozai, demeurant à Saint-Pierre, prend parfois le titre de "sieur du Fayan". Au point de vue religieux, la paroisse de Cherves-Ghâtelars est formée des deux anciennes paroisses de Cherves-de-Montembœuf et de Châtelars-la-Rivière, réunies en une seule le 30 novembre 1807; elle fait partie du diocèse d'Angoulême, de l'archiprêtré de Confolens et du doyenné de Montembœuf. Avant la Révolution, les deux paroisses de Cherves et de Châtelars appartenaient au petit diocèse d'Angoulême; elles en marquaient la limite au nord-est, car Massignac et Mouzon étaient du diocèse de Limoges. Cherves et Châtelars faisaient alors partie de l'archiprêtré de Chasseneuil, qui fut supprimé au Concordat. Avant l'ordonnance du 24 janvier 1761, qui modifia le nombre et l'étendue des archiprêtrés dans le diocèse, Cherves et Châtelars appartenaient à l'archiprêtré d'Orgedeuil. Ces deux paroisses étaient desservies chacune par un curé titulaire, qui suffisait généralement au ministère paroissial. Cherves, belle paroisse et "d'un grand revenu", dit le rapport de Joseph Senelle, archiprêtre d'Orgedeuil, (8 juin 1631), fut, à plusieurs reprises, accordée à des secrétaires de l'évêque, qui la firent desservir par des vicaires. Sur cette paroisse le prieur de Châtelars était décimateur dans les quartiers de Chez-Veyret. On trouvera plus loin des détails sur l'exercice de ce droit. L'ancienne paroisse de Châtelars, d'une étendue assez restreinte, possédait, à son chef-lieu, un prieuré régulier de Bénédictins, fondé au XIIe siècle et qui fut prospère jusqu'au passage des protestants; mais après les déprédations des huguenots il n'eut plus qu'une lueur de vie et la Révolution consomma sa ruine. 1 On écrivait autrefois Chièvres au lieu de Cherves. 2 Elle en avait 1,600 vers 1865. Ruffec, Picat, 1913 Cherves-Châtelars Porte du Limousin 5 Abbé F. Jacques Le prieur de Châtelars était gros décimateur de la paroisse, par conséquent, chargé de l'entretien et de la réparation du chœur et des ornements de l'église; mais aux paroissiens incombait l'entretien de la nef. Au point de vue administratif, Cherves et Châtelars faisaient partie avant la Révolution de la province d'Angoumois, divisée elle-même en plusieurs châtellenies. A Cherves une partie des terres relevait de Montbron, tels le bourg, le Gazon, Chez-Veyret, Saint-Pierre; une autre partie: tels les Mazouillères, Baruffaud, la Faurie, relevaient de la châtellenie de Montembœuf qui relevait elle-même du Roy à cause de sa tour Maubergeon (Poitiers); enfin le Breuil-de-Lasfaux relevait de la châtellenie de Confolens. Le seigneur de Montbron était seigneur justicier de Cherves, à cause de la justice de Manteresse3. Il y avait sur cette paroisse plusieurs notaires seigneuriaux. Le fief de Châtelars, dont relevait en grande partie la petite paroisse de Châtelars, eut ses officiers de justice: juge ordinaire et procureur fiscal. Mais, à la veille de la Révolution, la juridiction de ces officiers de justice était presque tombée en désuétude; seuls les notaires tenaient encore une place importante dans la vie administrative de leur seigneurie. Au point de vue fiscal, les terres dépendant de la châtellenie de Montembœuf se réclamaient du Poitou, pays d'abonnement; les autres terres faisaient partie de la Généralité de Limoges et de l'Élection d'Angoulême, où se payait la taille. La commune de Cherves-Châtelars est bornée au nord par les communes de Mazières et de Lésignac, à l'est par les communes de Mouzon et de Montembœuf, au midi par la commune de Vitrac, à l'ouest par la commune de Chasseneuil et au nord-ouest par la commune de Suaux. Son territoire s'étend sur 3,607 hectares de terrain, répartis en prés, bois et terres labourables.