Escaró-Aytuà Devait Pas Être, Cependant, L’ État Intact Du Nouvelle Église Est Lancée
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Pyrénées-Orientales Pyrénées-Orientales doit donc dater des années suivantes. C’ est statue centrale et des fragments épars ; Il faudrait vraiment poursuivre sans tarder une composition qui, quoique régulière d’ un autre à panneaux peints (sans doute la remise en état intérieure de cette église, avec ses trois travées et ses deux registres, hérité de l’ ancienne église) du xvie siècle, où l’ on remarquera d’ autres éléments inté- est pleinement baroque par l’ accumu- qui n’ a jamais été restitué par un restau- ressants : la cadireta (brancard proces- lation des ornements et le mouvement rateur à qui il avait été imprudemment sionnel de la Vierge de l’ Assomption), la ascendant produit par l’ inclinaison des confié ; d’ un tableau représentant saint table de communion à balustres, un béni- ailes et la surélévation de la travée centrale. Pierre, saint Paul et sainte Pétronille, tier sculpté en marbre, daté 1681, le banc La niche principale est occupée par la invraisemblablement repeint (années 2000 de la fabrique, daté 1719, etc. figure du Prince des Apôtres, avec sa croix ?) sous prétexte de restauration. Le retable renversée. Au second registre, les colonnes de saint Ildefonse, bien que déposé, est La campagne de travaux réalisée en 2015- séparant les niches sont remplacées par les conservé et (semble-t-il) disponible pour 2016 par la commune a surtout concerné statues des quatre Docteurs de l’ Église. une restauration. la remise en état des toitures et la conso- À la prédelle, la Vocation de saint Pierre lidation d’ urgence des restes de peintures et l’ Apparition du Christ ressuscité aux Des restes de peintures murales, dans la murales, avec les enduits d’ une chapelle. disciples sont traitées en bas-relief, de chapelle du côté est qui était le sanctuaire Sur un budget d’ ensemble de près de part et d’ autre d’ un panneau sculpté de l’ ancienne église, ou dans sa voisine 100 000 €, la Sauvegarde de l’ Art français ovale pouvant coulisser pour l’ exposi- au nord, ont été dégagées et protégées par a apporté 15 000 € en 2015. tion du Saint-Sacrement. La dorure et des facings provisoires de conservation. la polychromie sont très abondantes, Olivier Poisson mais seule celle du soubassement et du premier registre est du xviiie siècle. Celle Note 1. Cahiers de la Sauvegarde de l’ Art français, E. Cortade, « Retables baroques du Roussillon », de la partie supérieure a été complétée au Connaissance du Roussillon, I, 1973, p. 202. e 19, 2006, p. 54-56. xix siècle. Il faut dire, d’ après de nombreux 2. Ponsich 1980, p. 36 ; Sagnes 1985, p. 920-921. P. Ponsich, Rossellò, Vallespir, Conflent, Capcir, prix-faits conservés, que la dorure d’ un tel 3. Cahiers de la Sauvegarde de l’ Art français, Cerdanya, Fenolledès… Limites historiques meuble coûtait entre une fois et une fois et 20, 2007, p. 62-65. et répertoire toponymique des lieux habités 4. À l’ époque moderne, avant sa reconstruction, de ces anciens pays, Prades, 1980 demie le prix de sa construction et de sa elle est désignée sous le nom de Nostra Senyora (coll. Terra nostra, no 37). sculpture... Ce retable a été restauré en de la Pera, « Notre-Dame de la Poire » J. Sagnes (dir.), Le Pays catalan, Pau, 1985, 2 vol. 198910, mais malheureusement le soin de sans doute par allusion à une statue où la Vierge ou l’ Enfant tenait un tel fruit. (répertoire des communes : t. II, p. 873-1096). l’ intérieur de l’ édifice n’ a pas été pour- 5. Cazes 1990, p. 109. O. Poisson, « La résurrection d’ une église », suivi par la commune, jusqu’ aux travaux 6. C’ est le cas dans les Pyrénées-Orientales D’ Ille et d’ ailleurs, no 12, 1988, p. 54-55. des églises de Catllar et de Campoussy récents. Quand on se réfère à la docu- J. Tosti, « D’ une église à l’ autre », D’ Ille et d’ ailleurs, et de l’ église de Tordères, décrite dans les Cahiers no 12, 1988, p. 9-56. mentation disponible, on ne peut que de la Sauvegarde de l’ Art français, 26, 2017, constater les pertes importantes subies p. 154-156. A. Charrett-Dykes, « Quant la iglesia 4. Retable de Lluis Ribera, premier quart xviiie siècle 5. Statue centrale subsistante du retable de la Vierge du Rosaire 7. Tosti 1988, p. 50 ; Charrett-Dykes 2014, vol. II, p. 38. se va agrandir » : architecture paroissiale par le mobilier de cette église au cours e e 8. Cortade 1973, p. 202. dans le diocèse d’ Elne aux xviie et xviii siècles, du xx siècle, qu’ il s’ agisse d’ un retable de 9. Tosti 1988, p. 52. thèse de doctorat, Université de Perpignan, Toute la partie centrale a disparu, pour réparer, par crainte d’ une ruine rapide. d’ un retable en gypserie que l’ on peut la Vierge du rosaire, dont il ne reste que la 10. Poisson 1988. 2014, 2 vol., 323 et 218 p. laisser place à la première travée de la Ce n’ est qu’ en 1661 cependant, l’ évêque penser contemporain des travaux de réfec- nouvelle église, plus élevée et couverte usant de l’ interdit et de la menace de tion : il s’ agit d’ une scène de la Crucifixion, en charpente sur arcs diaphragmes. l’ excommunication pour y contraindre avec la Vierge et saint Jean, servant de fond L’ ancienne chapelle ainsi retournée ne les paroissiens, que l’ entreprise de bâtir la à un crucifix en bois, amovible, susceptible Escaró-Aytuà devait pas être, cependant, l’ état intact du nouvelle église est lancée. Le chantier, bien d’ être porté en procession. Moyen Âge : à l’ angle extérieur sud-ouest, que témoignant d’ une économie évidente, Canton Les Pyrénées catalanes, appareillé en blocs de marbre de remploi, prend encore vingt ans : la première pierre Nous connaissons le nom de l’ auteur de arrondissement Prades, 120 habitants on peut lire la date : 1598. Autre élément, est posée le 9 novembre 1664 et la béné- l’ imposant retable sculpté et doré, qui jusqu’ ici non remarqué : le parement exté- diction solennelle de l’ édifice achevé a lieu garnit toujours le sanctuaire principal : rieur du mur de la seconde chapelle, côté le 21 décembre 16837. La construction est il s’ agit de Lluís Ribera, un sculpteur de hapelle Sainte-Christine d’Aytuà . est, ne correspond pas à l’ alignement inté- faite dans une maçonnerie des plus ordi- Perpignan actif dans le premier quart du Wittiza est un roi wisigoth du rieur, mais se trouve placé en biais (épais- naires, en moellons de schiste prélevés sur xviiie siècle, qui fut l’ apprenti de Lluís début du viiie siècle, dont les chro- seur importante), et supporte à l’ angle N-E place. Aux angles, à l’ intérieur comme à Generès8, autre sculpteur célèbre, à qui Cniques ont laissé un portrait peu flatteur les vestiges d’ un cul-de-lampe en brique l’ extérieur, ainsi qu’ à la baie de la sacristie, l’ on doit entre autres l’ imposant retable de tyran cruel et débauché. Les historiens propre à porter une échauguette : y avait-il on remarque l’ usage de blocs de marbre de de Baixas. En 1704, lors d’ une délibération roussillonnais ont, quant à eux, iden- à cet emplacement l’ amorce ou le vestige remploi, qui doivent provenir de l’ édifice du collège des peintres, doreurs et sculp- tifié l’ origine du nom de lieu Aytuà (ou d’ un ouvrage fortifié moderne, auquel la antérieur. L’ église présente un chevet plat, teurs de Perpignan, Ribera signale, en Aituà), écrit au xie siècle Vitesanum ou nouvelle église vient aussi s’ adosser ? dont le mur plein n’ a jamais comporté de réponse à des critiques contre les artistes Vhitezanum1, en 1672 encore Huytezà, baie d’ axe : dès sa conception, elle est faite qui demandent des prix trop bas (ce qui dans un anthroponyme semblable. Un Il est à noter que l’ ancienne chapelle était pour un retable – et même plusieurs, un semble être son cas), qu’ il s’ est déjà engagé anthropotoponyme signale souvent un en mauvais état : en 1616, on souligne dans chaque chapelle. Dans la première, à faire le retable de Corbère et qu’ il n’ y domaine rural par le nom de son proprié- le besoin de l’ agrandir, mais aussi de la à gauche en entrant, subsistent les vestiges renoncera pas9. L’ œuvre toujours présente taire et l’ histoire n’ a pas laissé d’ autre 1. Façade nord 336 Cahier 27 La Sauvegarde de l’Art Français 337 Pyrénées-Orientales Pyrénées-Orientales éphéméride pour ce modeste lieu habité, Notes possession comtale au xie siècle, engagée à 1. Ponsich 1980, p. 103 ; Sagnes 1985, p. 934. l’ abbaye Saint-Martin du Canigou en 1084. 2. Éléments inédits recueillis aux archives des Pyrénées-Orientales par Bruno Morin, La seigneurie, finalement vendue, semble- architecte, à l’ occasion de son étude sur cet édifice. t-il, par le comte-roi en 1381, connaîtra 3. Le jornal est une mesure agraire correspondant de nombreux possesseurs, y compris non à la surface de terre labourable en un jour ; 2 en Conflent, il vaut environ 35,5 a. nobles, jusqu’ à la Révolution . Au spiri- 4. Cazes 1990, p. 146. tuel, le lieu relève de la paroisse d’ Escaró et ne possède pas de lieu de culte avant la fin du xvie siècle. En 1592, un pagès (laboureur) du lieu, Joan Parent, teste pour y remédier : soixante-quinze journaux3 de terre de sa succession, valant soixante-quinze livres, doivent être vendus afin d’ y construire une église, ce dont le chanoine Boscà, vicaire général du diocèse d’ Elne, sede vacante, s’ acquitte peu après4.