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I' UNIVERSITE NATIONALE DE COTE D'IVOIRE ------FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES ------1. 1 CENTRE D'ENSEIGNEMENT ET DE RECHERCHE AUDIOVISUEL

MrMOIRE DE MAITRISE (SCIENCES DE LA COMMUNICATION)

CONTRIBUTION A L'ETUDE DE L'AGENCE IVOIRIENNE DE PRESSE

Sous la direction de Présenté par : Madame Regina TRAORE ALHASSANE BASSOLE Maître-Assjstant

DECEMBRE 1987 A S O M M A I R f - -- _: - ·~ - - - .. ...: -- :- ·- - ======-

Pages

Avant-propos ...... 1 Introduction ...... 2

HŒIEP.E PARTIE : LE FONCTTOf'-J1CMEMT DE L'A.I.P ...... •.....•.... 12

1. 1. Le s tac he s d ' u ne a g e n ce n a t i on a 1 e ...... • . • . . . • • • . . . 12 1.2. La création de l'A.I.P ...... ••...... •••..•.•••.. 13 1.3. Les activités de l 'A. I.P...... •• . . . . ••.• 14 1.4. Les motivations po l i t t que s ...... •..•..... 14 1.S. Les raisons économiques et promotionnelles ...... ••...... 15 1.6. La place de l'A.I.P. dans la politique ::l'information de la C.I. ....• 16

DEUXIEME PARTIE : LES OGSTACLES A L'ACCOMPLISSEM[NT DE LA MISSION DE L'AIP .... 20

2.1. Les textes fondateurs ...... 20 2.2. L'A.I.P. : une serie de paradoxes ...... ••..... 20 2.3. Les problèmes matériels de l 'A.I.P. (personnel technique, transmission, etc.) .....•.••..• 2€ 2.4. Le travail del 'agencier ...... •...... •. 29

TROISIEME PARTIE : QUELLES SOLUTIONS POUR L'A.I.P . 34

f 3. 1 . Des o b je c t i s cl ai r s ...... •...... •.•..... 34 3.2. Les moyens des objectifs ...... ••..•...... ••••.•.•.. 37 3.3. Les dispositions a court terme ...... •...••... 37 3.4. Les d i spo s t t i on s [J long terrne .....•...... •.. 39 3.5. L'exe,nplc de l 'Agcnce Séné9alaise de Presse ...... •..•.... 40 3.6. Les perspectives d'avenir de 1 'A.P.S ••...... •...... •...•••..... 43 3.7. L'impact de l'A.P.S ...... •...... ••...••... 46 3.8. Les agences internationales et africaines ...... •...... 49

CONCLUSION GEMEP.ALE . 59 ANNEXES . 63

R I B L IOCR /\PH JE •••••...••.•••.••••••••••••.••••••••.•••••••••••••••••• 71 - 1 -

A V A N T P R O P O S

l'Agence Ivoirienne de Presse (A.T.P.) est victime d'une négli• gence sévère du Pouvoir Politique de notre pays. Ce fa;sant, elle n'a pas encore eu droit à la place qu'elle môrite réellement dans les structures du Ministère de l'Information, de la Culture, de la Jeunesse et des Sports. Or l 'Agence Ivoirien• ne de Presse peut et doit jouer un rôle important dans la vie économique,politique, sociale et culturelle de la Côte d'Ivoire.

Ce travail n'est pas en soi une finalité. E1le tente d'explorer sans prètentionun domaine complexe et peu étudié jusqu'à nos jours. A savoir les raisons profondes de la léthargie de l 'Agence Ivoirienne de Presse et proposer des solutions.

Cette étude n'aurait pas vu le jour sans le concours précieux de certains confrères et utilisateurs des services del 'Agence Ivoirienne de presse à qui nous adressons ici notre gratitude.

Nos remerciements s'adresse en premier l i eu à Mme REGINA TRAORE, Maître Assistant au Centre d'Enseignement et de Recherche Audiovisuels (CERAV) qui a bien voulu assumer la direction de ce travail. En f'a i t , c'est elle qui nous ij donnê le courdge d'aller jusqu'au bout de nos efforts. Nous exprimons également nos vifs remerciements à Mr ANTOINE KACOU, Maître Assistant au CERAV et à tous les Enseignants du Département.

Nous remerc ions aussi l'ancien Directeur de l'Agence Ivoirienne de Presse , Mr JEAN MEDERIC KRAGBE (1981-1985) et les Journalistes de l'Agence Ivoirienne d~ Presse, pour les renseignements intéressants qu'ils nous ont fournis.

Enfin, nous adressons nos remerciements à toutes les personnes qui à ou à l'intérieur du pays ont bien voulu répondre à nos questions. - 2 -

I N T r O O U C T I C N ------~-----

Bien que des efforts économiques i1nportants aient été accomplis dans notre pays, il n'en demeure pas moins qu~ les mass-média dans leur grande majorité ne connaissent pas encore un développement à la mesure del 1essor réalisé par notre pays.

Ainsi en est-il de l 'Aqence Ivoirienne de Presse qui de sa création à ce jour se trouve toujours dans un état léthargiquev Faute de moyens humains et financiers, l 'Agence Ivoirienne de Presse est loin d'Ëtre ce qu'on appelle un organe d'information opérationnel, c'est-à-dire, capable d'ê"tre une source de pre• mière main pour les autres organes d'information et de faire connaftre profondément notre pays sur le plan politique, traditionnel et culturel, pour ne ci ter que ces exemples.

l'Agence Ivoirienne d'information pourrait jouer un rôle important

dans le Nouvel Ordre National de l I Information en donnant en priori té davantage de nouvelles sur les aspirations du monde rural, les équilibres et les succès de la Nation. Cela suppose quel 'Agence Ivoirienne de Presse de vra i t jouer son rô l e de collecte, de traitement et de diffusion de l'information nationale et interna• tionale. Malheureusement, l'Agence Ivoirienne de Presse se trouve à l'heure actuel• le dans une situation incertaine. Bien qu'elle fasse partie-intégrante des structu• res du Ministère de l'Information, elle en paraît exclue. Faire en sorte qu'elle occupe une position de force au niveau des médias nationaux nous paraît une nécessité.

Face à un monde en pleine mutation, à 1 'avènement de la société bio• informatique, du c5ble et des satellites, la COTE-0' IVOIRE doit entreprendre dès aujourd'hui d'équiper correctement 1 'Agence Ivoirienne de Presse qui peut être une force dans notre pays.

Dans cet esprit, il convient de se demander pourquoi 1 'Agence Ivoirien• ne de Presse se trouve encore dans une situation marginalisée, objet plus qu'acteur sur l'échiquier de l'information nationale. - 3 -

L'Agence Ivoirienne de Presse est marginalisée parce qu'elle est réduite au rôle de simple service administratif public sans arands moyens humains ni financiers, placée sous l'autorité du Ministère de l'Information, de la Culture, de la Jeunesse et des Sports - nous le verrons plus loin -

Mais faut-il accepter un tel état de fait et se complaire dans la résignation permanente ? Assurément non. C'est pourquoi réfléchir sur l 'Agence Ivoirienne de Presse nous paraft une démarche nécessaire"

Un quart de siècle d'existence appelle un bilan, l 'Agence Ivoirienne de Presse doit s'y résoudre en adressant un constat sans complùisance pour mieux se situer dans les structures du Minitère del 'Information Jfin de déterminer les bases de renouveau et de la relance.

Dans le cas de notre pays, nous pensons qu'une information pour être crédible doit ôtre libre et traitée par des journalistes qui soient 8 la fois des Journalistes libres et responsables.

Libre signifie qu'il faut savoir que le métier ici s'exerce dans des conditions spécifiques et une condition économique différente et qu'il faut en tenir compte.

En tout cas, la main-mise du Gouvernement sur tous les moyens d'infor• mation et en particulier la léthargie dans laquelle se trouve l 'Agence Ivoirienne de Presse empêthe l'information d'être réellement au service du développement dans la mesure où tous les courants de pensées du pays profond ne sont pas représentés.

Il est possible en effet de créer une Agence Ivoirienne d'Information efficace qui ne copiera pas forcément le modèle occidental" Nous pouvons en effet déterminer notre modèle en vertu de notre génie propre, de notre histoire, de nos langues, de nos ethnies. Bien entendu, on ne peut pas faire table rase du passé d'un trait de plume. Les phénoucne s de minétisme, de poids culturel, d'influence extérience continuent et continueront longtemps encore de jouer, et il faut en tenir compte.

En un mot, cette étude sur l 'Agence Ivoirienne de Presse doit nous permettre de saisir ce qu'une Agence de Presse·performante peut apporter au dévelop• pement économique et social de notre pays. - 4 -

1 - LES MOTIVATIONS DE L'ETUDE

Le développement de tous les secteurs de Presse participe notablement au développement global d'un pays. Nous convenons avec Jean-Louis SERVAN SCHP.EICER que pendant qu'un petit tiers de nos contemporains luttent sans volonté contre l'obésité, un grand tiers d'entre eux souffre de la malnutrition" Al 'érhelle du monde cependant la carence des nourritures cérébrales dépasse celle des protéînes. Pour des milliards dhomne s , le principal obstacle à la liberté de la presse, c'est moins le manque des libertôs que le manque de presse (1).

Ajoutons qu'en 1987, ce triste constat n'a pas changé, Le manque ou ~& faiblesse des moyens d'informations et de la communication dépasse l'entendement, surtout en Afrique. Cette extrême géométrie d'échange entre le Nord et le Sud carac• térise bien encore l'état du monde de la communication.

En .optant pour ce thème, notre choix a été guidé par le souci d'ana• lyser les obstacles qui empêchent l'Agence Ivoirienne de Presse (A.I.P.) d'accomplir sa mission d'infomatiôn. Or, l 'inforrnation nationale est un élément essentiel d'accès du citoyen aux réalités de son pays.et un moyen indispensable de lutte contre les disparités régionales. Dans la pratique, il se trouve que l'A.I.P" n'a pas les moyens de sa politique.

Deux faits peuvent être relevés à cet égard. D'une part, nous assis• tons à la domination des Agences de Presse Extérieures dont l 'A.I.P. n'est finale• ment que le relais. Il est évident que l'information produite dans un milieu donné

reflète I t op tl que , les mentalités, les valeurs et même les intérêts de ce milieu. Cela n'est pas pour surprendre, car l'information represente un enjeu politique, économique, social et culturel. D'autre part, les considérations politiques au niveau national privilégiant le culte de la personnalité détournent l'A.I.P. de ses nobles tâches d'information.

D'ores et déjà nous voyons que ce travail a pour ainsi dire, la tâche difficile de répondre aux questions que nous nous somnes posées et que d'autres n'ont pas manqué de se poser. Il s'ag'it de décrire l'A.I.P. et précisement de jeter une lumiere crue sur ses faiblesses. Un fossé, sinon un abîme sépare les déclarations d'intention, les textes officiels de la situation réelle. Vouloir traiter d'un tel sujet, c'est accepter d'emblée de braquer un regard sur le passé, le présent et le futur.

(1) - J,L. S. SCHr.EI!2EP. le Pouvoir d'informer, , Editions "J'ai lu 1972". - 5 -

2 - LES_OBJECTIFS_DE_L'ETUDE

En 1987, 1 'A.I.P. est une grande direction du Ministère de l'Informa• tion • Elle est intégrée au Groupe de tête des Institutions d'informations typiques de notre pays. Vingt trois ans après sa création, l'analyse ne peut se faire que sous 1 'angle d'une interrogation centrale : les objectifs du départ ont-ils ... té atteints ? Au sein de cette problématique d'ensemble se distinguent plusieurs centres d'intér!t. Qu'est-ce que l'A.I.P. ? Qu~lles sont ses faiblesses ? Quelle est 1 'importance d'une Agence de Presse ? Quelle est la place de 1 'A.I.P. d an s la politique d'information nationale?

Dans cette étude, nous serons également amenés à faire des comparaisons entre l'A.I.P. et l'Agence Nationale de Presse du Sénégal. Cette étude dans tous les cas n'est pas une fin en soi. C'est une tentative d'analyse d'un domaine très complexe et peu exploré dans notre pays. Les résultats auxquels elle aboutira ren• seigneront sur la situation réelle del 'A. I.P. : ses handicaps et ses aspirations de développement. Elle servira aussi d'indicateur, peut-être aussi de cri d'alarme et de suggestions aux décideurs pour un meilleur rendement et un plus grand impact de l'activité de l'A.I.P. sur la popu l a ti on ivoirienne.

Les sources ne manquent pas. L'A.I.P. conserve les dossiers de sa création. Aux documents officiels s'ajoutent des textes révélateurs de la vi~ quoti• dienne del 'Agence. En dehors des sources de premi~re m~in, nous avons eu des entre• tiens avec des journalistes en fonction del 'A.I.P. et des clients abonnés au service del 'A.I.P.

L'organisation de ce travail s'articule en trois parties. Après avoir n.on tré le fonctionnement de l'Agence Ivoirienne de Presse (A.I.P.), nous brosserons les obstacles à 1 'accomplissement de la mission de 1 'A. I.P. La dessus, nous nous interrogeons et émettons des hypothèses et non des certitudes. Et enfin dans la troisième partie, nous tracerons les perspectives d'avenir. Pt us t e ur s suggestions

seront faites à 1 'endroit des Pouvoirs Publics, et une br ê ve conclusion mettra en exergue les éléments essentiels de ce travail. - 6 -

3 - ESQUISSE_~~IHODOLOGIQUE

Nous avons cherché un instrument de travail qui nous permettrait de constater ce qui est afin de déduire des conclusions qui s'imposent grâce 8 des observations effectuées préalablement.

Nous nous sommes alors intérrogés sur le problème de la méthode. Au terme de cette démarche, nous avons opté pour la technique documentaire ~t l'enquê• te par questionnaire.

La documentation écrite : Nous avons utilisé des documents sous des formes variées. Entre autres, des journaux divers, des articles spécialisés, des ouvrages, des revues, etc ... Au niveau des ouvrages, nous avons utilisé des ouvra• ges généraux sur l 'Agence de Presse, d'autres ouvrages sur l'information et des Sciences de la Co~nunication nous ont été également d'un grand secours et nous ont fourni une foule d'utiles informations (2).

En ce qui concerne l'enquête par questionnaire, elle a beaucoup d'avan• tage. Elle réduit le coat, les déplacements, le nombre de sujets a interroger, la durée des recherches, pallie au fait qu'il est imµossible d'étudier tout ce qui in• téresse l'activité de l 'Agence Ivoirienne de Presse et sauvegarder l'objectivité. Nous avons alors redigé notre questionnaire (3).

Les documents écrits et l'enquête par questionnaire constituaient la base matérielle de notre tr ava i I , Il nous fallait avant tout le réussir. Pour cela, nous avons mis toutes les chances de notre côté, en ne perdant pas de vue qu'un échec à ce niveau devait être fatal. Nous avons donc décidé de tout mettre en oeuvre s'agissant du questionnaire pour limiter entre autres et dans la mesure du possible, le pourcentage d'abstention.

En vue d'atteindre cet objectif, le guide d'entretien avait la carac- téristique suivante il était rédigé en Français - la langue de communication officielle.La syntaxe y était très simple, pas d'astuce stylistiques qui auraient fait une entorse à la compréhansion, pas de mots recherché et ceci dans le but d'éviter de réfléchir longuement sur le sens d'un mot. Les questions étaient faci• les'et relativement courtes. Avec ces qualités, le guide d'entretien avait plus de possibilité d'~tre mieux compris par beaucoup de personnes.

(2) - cf. Bibliographie P. 71 (3) - cf. Annexe 63-65. - 7 -

Les objectifs de 1 'enquête

Pour toute enquête, il faut amener certaines précisions notamment celles relatives aux éléments touchés par 1 'enquête au lieu et au temps. Celles-ci sont indispensables pour juger de la valeur scientifique du travail. Nous justifie• rons plus loin toutes les restrictions intentionnellement faites lors de nos enquê• tes.

Sur quoi a porté 1 'Enquête

Notre étude a donc porté sur les éléments divers, mais qui avaient l'Agence Ivoirienne de Presse pour dénominateur commun. Ce sont des journalistes, des clients de 1 'Agence Ivoirienne de Presse et des lecteurs du bulletin quotidien. Tenant compte de 1 'objet d'étude et des renseignements qu'on souhaitait en retirer, nous avons prévu un questionnaire adéquat. Nous reproduisons en annexe le type de questionnaire qui a éte distribué.

Ou a-t-elle été menée?

Toute enquête doit déterminer l'air géographique dans laquelle elle sera conduite dans le cas qui nous concerne, elle a été menée uniquement dans deux centres urbains :

- ABIDJAN et YAMOUSSOUKRO

Nous expliquons plus loin les raisons qui nous ont poussé à axer notre recherche sur les deux villes (4).

Les Restrictions Géographiques

Il aurait été intéressant d'envisager ce travail ~ ]'echelle de tout le pays et de tout ce gui intéresse l'activité de l 'Agence Ivoirienne de Presse dans sa collecte de l'information nationale, à savoir: les préfectures, les commu• nes et aussi les lecteurs du bu l l e t in. quotidien. Mais malheureusement, ni le temps, ni les finances, ne l'ont permis. Nous avons donc été obligé de faire plusieurs restrictions.

(4) - Du fait du caractère représentatif au plan politique notamment des deux villes. - 8 -

En conséquence, les conclusions seront tirées en tenant compte des limites qui auront été imposées à ce travail. Nous nous garderons donc d'étendre notre expérience sur tout le pays. Toutefois, et avec réserve, nous osons avancer que les conclusions auxquelles nous aboutirons, nous donnerons une idée assez globale de ce que pourrait être l 'Agence Ivoirienne de Presse. L'information étant dans notre pays un fait essentiellement politique, les villes d'Abidjan et de Yamoussoukro sont assez représentatives du travail que nous allons vous présenter dans les pages qui vont suivre.

Abidjan est une grande ville moderne où siège tous les Ministères, les ~nbassades, la majorité des industries existantes, etc •.. Quant à Yamoussoukro, elle est actuellement la capitale politique et administrative du pays, universitaire aussi dans une certaine mesure. Nous pensons notamment aux complexes de l'INSET, l 'ENSTP et celles qui suivront bientôt.

Abidjan-Yamoussoukro - Ce choix ne s'est pas fait au hasard. Les deux centres présentent le plus d'intérêt du point de vue del 'activité del 'Agence Ivoirienne de Presse en tant qu'Agence Nationale d'lnform~tion. Les conditions de l'exercice Professionnel et politique y sont excellentes que partout ailleurs dans le pays. Ce sont ces deux centres qui abritent en permanence les "décideurs" du pays et qui sont finalement les acteurs de l'information nationale.

Population intérrogée

- La Direction Centrale del 'Agence Ivoirienne d~ Presse est installée à Abidjan. En dehors d'elle, il n'existe pas d'autre agence dans la capitale commer• ciale. Elle a été touchée par notre travail. Nous avons d'une façon globale touché les utilisateurs des services del 'Agence Ivoirienne de Presse à Abidjan et les lecteurs du bulletin.

- Yamoussoukro

Elle possède une direction régionale de loin la plus importante d'entre toutes bien que ce soit celle de Bouaké sur "le papier". Notre travail s'est donc intéressé à cette agence régionale et aux utilisateurs. Les deux villes qui nous in• téressent ont chacun~ une Direction Centrale et une Direction Régionale" Notre travail s'intéressera à toutes les deux. - 9 -

'Les éléments humains

Notre travail po r tc r a uniquement sur les journalistes en fonction à l 'Agence Ivoirienne de Presse. Il touchera bi en entendu le groupe humain qui vit dans des conditions objectives pour parler del 'A9ence Nationale en l'occurrence les journalistes et techniciens qui y sont affectés au titre de la Fonction Publique (voir statut du Personnel). En conclusion, nous n'avons retenu que ceux qui réunis• saient les meilleures conditions pour aborder le sujet.

Pour déterminer scientifiquement la taille de notre échantillon, il aurait fallu connaître le nombre exact des personnes utilisatrices des services de l 'Agence Ivoirienne de Presse résidant dans les deux villes. Comme ces renseigne• ments ne sont encore disponibles nulle part, nous aurions été obligés de faire à nous seul, selon nos propres moyens notre petit recensement. Nous étions dans l'incapacité totale de le faire. Nous avons donc distribué au hasard le question• naire individuel dans les services où nous espérions trouver des personnes répondant à tous nos criteres. De façon arbitraire, nous avons décidé de retenir tous les questionnaires bien rendus. En conséquence, la taille de l'échantillon humain a été de cent personnes pour Abidjan et soixante personnes pour Yamoussoukro.

Au cours de nos recherches, nous avons eu des entretiens avec certains fonctionna·ires. Deux ont retenu notre attention, parce que donnés par des hommes qui en savent un peu plus que les autres dans le domaine qui nous intéresse. Il s'agit de Monsieur OURAGA Mathurin, Chef de Service Social de la Mairie de Marcory et de KALIFA Camara en attente d'affectation de poste pour le compte de l 'Agence Ivoirienne de Presse. Tous ont été unanimes : 1 'AQence lvoirienne de Presse ne joue pas le jeu del 'information endogène.

Les li mi tes de l 'enquête

L'enqu~te s'est effectuée dans des conditions difficiles. Ne pouvant contacter les gens à domicile, dans la rue ou dans les maquis, nous devions néces• sairement les trouver à leur service avec toutes les conséquences que cela entrâine. C'était pourtant la seule alternative.

Il fallait donc parcourir à longueur de journée de longues distances à Abidjan et à Yamoussoukro pour distribuer le questionnaire. Au cours de notre étude,nous nous sommes rendu compte que beaucoup de personnes ignoraient ce qu'est une enquête. Nous 1 'avons bien constater chez certaines personnes qui malgré des explications croyaient qu'il s'agissait d'un concours. Il fallait en plus de cela - 10 -

essuyer courageusement lerefusde certaines personnes de répondre" Certaines personnes 1 avaient l 1impression qu1on les espionnait même ou qu on voulait sonderleurs connais- sances" Beaucoup d'entre elles ont refusé de répondre aux questionnaires en disant qu1elles ne voient aucune utilité de le faire ou qu'elles ne s'occupent jamais de 1 l'Agence Ivoirienne de Presse. Nous avons eu beau insister, montrer qu il y avait des questions pour ceux qui ne lisent jamais le bulletin de l'Agence Ivoirienne de Presse, mais nos efforts furent vains.

D1autres ont très vite parcouru le questionnaire et nous 1 'ont rendu tout de suite prétextant qu'elles n'ont pas le temps, qu'il est long, ou que par principe elles ne répondent jamais à des questionnaires.

Nous n'avons pu retrouver tous les questionnaires distribués. Certains juraient qu'ils n'en avaient jamais reçus, d'autres qu'ils s1étaient perdus dans la paperasse éparpillée sur les bureaux. Au début, nous avions trois cents question• naires individuels. Nous prévoyons alors d'en distribuer deux cent à Abidjan et cent à Yamoussoukro. Pour cetle dernière ville le degré d1abstention fut bas" Le premier dépouillement a relevé que nous avions soixante questionnaires individuels qui avaient été répondus. C'est à Abidjan que nous avons rencontré le plus de dif• ficultés. Après avoir distribué presque tous les questionnaires on a recueilli très peu de réponses. Nous avons été obligé d'en faire tirer quatre vingt autres afin d1arriver après dépouillement à cent questionnaires bien rendus.

Nous avons donc en tout distribué trois cent cinquante questionnaires individuels. Nous en avons recueillis cent soixante rendus, ce ~ui fait 42 %. Il y a eu alors 58 % d'abstention, chiffre assez normal dans le cas d1une enquête par questionnaire.

Le manque de statistique a été aussi un grand handicap~ Les adminis• trations n1avaient pas de statistiques précises et détaillées. Nous étions obligé de passer plusieurs heures à chercher les renseignements utiles. En conséquence, on n1a pas pu faire un échantillon par catégorie socio-professionnelle.

Toutefois, nous n1avons pas rencontré que des difficultés. Certaines personnes ont été aimables avec nous et exhortaient leurs collègues à répondre à notre questionnaire. Dans pareil cas, on n'a rencontré aucun problème et le degré d'abstention s'est avéré bas. - 11 -

Voilà succinctement présenté le cadre dans lequel cette investigation a été menée. Cela dit, avant d'entrer dans les détails concernant les différents problèmes de l'Agence Ivoirienne de Presse, il nous paraît nécessaire d'expliquer le fonctionnement de cette agence nationale. - 12 -

I - LE FONCTIONNEMENT DEL 'A.I.P.

i.: - L--E-S --T-A-C-H-E-S --D-'U--NE- --A-G-EN--CE- --NA--f-lO--N-/\-LE-

Commençons d'abord par définir ce qu'est une a9ence de presse. Par définition, "une agence de presse est une entreprise dont l'activité consiste à récueillir l'information, à la transmettre, a l'élaborer et à la diffuser le tout dans les meilleurs délais. Pour cela, elle dispose des moyens et des services appro• priés dont la pièce maîtresse est certainement son réseau de correspondants très étendu pour recevoir partout et à tout moment les nouvelles". (5)

A côté du rôle premier de tous les organes d'information qui est celui d'informer, d'éduquer et de distraire (6), 1 'A~ence Nationale de Presse en raison même de sa nature est aussi une vendeuse d'information. Mais son rôle est loin de s'arrê"ter là sinon ce serait pur emen t et s i mp l emen t une "Maison" ~1 vocation ccmmer-c i.a. le. E~ le vise des o bjec ti fs qui ne peuvent être que ceux du dévelopµement. Des flots d'informations qui tombent en permanence sur les téléscripteurs seuls sont livrés au public ceux qui sont conformes à la ligne du PDCI-RDA, parti unique. De ce point de vue, la rétention de l'information est monnaie courante" Les nouvelles nationales ge-nantes pour le Pouvoir sont occultées.

Le Journaliste, par définition, faisant toujours "le bon choix". Ce sont les nouvelles internationales qui sont les plus délicates à manipuler pour 1 'A.I.P.Des centaines de dép~ches traitant del 'actualité internationale sont quoti di ennement reçues à 1 'Agence.

Celle-ci ne doit retenir que les nouvelles conformes à notre politique étrangère. Déjà face à un évènement international, les fonctionnaires des Affaires Etrangères ne peuvent pas toujours connaître exactement la position du Gouvernement Ivoirien. En vérité, 1a Politique étrangère relève essentiellement de la compétence du Chef de l'Etat. Cette situation on le devine, entraîne des problèmes rncheux. Des informations susceptibles de ge-ner le Pouvoir ·sont "gardées à vue". Le Public ne le saura qu'à travers les médias étrangers.

(5) - Définition donnée par l'UNESCO à propos des Organes télégraphiques d'information depuis 1953. (6) - MARC PAILLET, LE JOURNALISME, EDITIONS DENOEL, 1974. - 13 -

Les relations entre le Pouvoir et la Presse se trouvent ainsi faussées. Dans 1 "exposé qu1il a fait lors du séminaire sur la Presse à YAMOUSSOUKRO en 1977 et ayant pour thème : Liberté de Presse et réalités nationales, le Ministre de 11 Information de l "èpcque , Monsieur MATHiru EKRA a clairement dit aux journalis- tes que la liberté de presse en Côte d'Ivoire ne peut s'exercer que dans le respect des institutions et de 1 'opinion publique : 11Le journz l i s t e a-t-il dit, doit être un militant avant tout".

1.2 - LA CREATION DE L'A.I.P.

Jusqu'à l'indépendance de la Côte d'Ivoire en 1960, deux organes d'in• formation assuraient à eux seuls la collecte de l'information, son traitement et sa diffusion à travers tout le territoire national.

C'était la radio et le journal "Ab i d jan-Ha t i n ". Ceux-ci restaient dépendants pour les nouvelles étrangères des grandes agences de Presse. Les infor• mations diffusées par ces "gros marchands" de nouvelles étaient et sont encore, inadaptées à nos réalités socio-culturelles.

Pour toutes ces raisons, 1 'Etat créa le 2 Juin 1961 par la loi numéro 61-200 l'Agence Ivoirienne de Presse (A.I.P.) bénéficiant au plan national du mono• pole de la collecte et de la distribution des éléments de l1actualité. L'A.I.P. est donc comme toutes les Agences de Presse une "Us i ne a Nouvelles".

Elle a pour rôle essentiel de recevoir les informations de toute nature et les nouvelles. Puis de les traiter et les distrihuer à la télé, à Frater- nité-Matin, ainsi qu'à des abonnés comme la Présidence de la République, 1 'Assemblée Nationale, les Affaires Etrangères, les Forces Armées etc •••

Ceci est surtout vrai des Agences mondiales (A.F.P., Reuter, UPI, AP et Tass) car les agences nationales comme la nôtre n'ont pas les moyens d'entrete• nir un vaste réseau de correspondants à l'étranger et servent surtout de relais à des Agences mondiales. Ce faisant, les multinationales de 1 'information trouvent en nous, non seulement des clients généreux - puisque nous payons leurs services au prix fort - mais des alliés complaisants puisque nous contribuons à propager leurs idéologies parfois au détriment de nos propres valeurs. C'est vrai de 1 'A.I.P. comme des autres (7).

(7) - C'est nous qui soulignons cet état de choses •••••••.••• - 14 -

Outre la recherche et la diffusion des nouvelles nationales l 1A.I.P. est chargée del~ distribution des informations mondiales en Côte d'Ivoire.

La loin° 61-200 du 2 Juin 1961 qui définit l1objet de l1A.LP. ne précise pas si la recherche et la distribution des informations locales et mon• di a le s en Côte d'Ivoire sont le monopole de luAgence.

Les journaux s'abonnent annuellement aux ~services'' d'une agence de presse. Le rôle de celle-ci se passe donc de commentaires. En Côte d'Ivoire en principe, toutes les publications écrites (8) sont abonnées aux services de 1 uAgence Ivoirienne de Presse, nous l1expliquerons plus loin.

La loi dit simplement que 1 'A.LP. doit "mettre contre paiement l "ens embl e de ces informations à la disposition des us a qe r s ", Les usagers de l 'épo- que étant "Radio-Abidjan" en pleine gestation et le "Bul l o tl n quotidien d'informa• tion" édité à partir du 1er Janvier 1961 par l'A.LP. e l l e-mëme , La télévision Ivoirienne et "Fraternité-Matin" n'existaient pas encoreEt "Abidjan-Matin" qui disparaîtra en 1964 avec la naissance du quotidien national avait des préoccupations autres que celles de l 'A. I.P.

On dirait que 1 'A.I.P. n'a donc pas le monopole qu'elle exerce en fait (du moins qu'elle exerçait). Mais il faut reconnaître que ce monopole est justifié à plus d'un titre : pour des raisons politique$,économiques et promotion• nelles.

1.4 - LES_MOTIVATIONS_POLITIQUES

L'exposé des motifs du projet de loi portant statut de l'A.I.P., en mGme temps qu'il présentait l'Agence comme un attribut de souveraineté Nationale lui conférait un rôle centralisateur. "La création duune Agence chargée de centrali• ser et de redistribuer à l'échelon national, les nouvelles locales et mondiales 0 s imposent dans toute nation s ouve r a i ne ;" y lit-on en effet" (9).

(8) - Il s'agit de "FRAT-MAT", "IVOIR-SOIR", "ID", "FRATERNITE-HEBDO", "LE MANAGER", 11 LA PROVIDENCE". ( 9) - cf. Annexe P. 68-69 - 15 -

On peut y voir également un souci d'exercer un certain contrôle dans le choix des nouvelles servies par les agenc~s mondiales dont on sait que les préoccupations tiennent rarement compte de nos préoccupations nationales.

D'autres considérations - et non des moindres - que certains clients mal informés ont tendance a oublier, justifient encore le monopole et souli• gnent le rôle déterminant de 1°A.I.P. dans le développement de la Presse Ivoirienne. Ces considérations pourraient s'intituler :

1D5 - LES_RAISONS_ECONOMIQUES_ET_PROMOTIONNELLES_

Jusqu1en 1973/74, l'A.I.P. était abonné pour les nouvelles interna• tionales à cinq agences étrangères : trois agences mondiales (AFP, REUTER, et UPI) et deux agences nationales ayant des services internationaux : l 'Agence Allemande (O.P.A.) et l'A gence Italienne (ANSA). Pour des raisons techniques, les Agences UPI, DPA et ANSA n'émettent p I us en direction de l'Afrique.

Il y a encore d'autres anomalies à reléver - tous les ans, l 'A.I.r. réserve aux P.T.T. une appréciable enveloppe budgétaire sur laquelle elle paie, entre autres, la maintenance d'une baie de reception située au Centre PTT de Marcory, et qui ne lui sert plus à rien puisque depuis près de cinq ans les émissions A.F.P. et REUTER sont reçues par satellite à Intelci.

L'A.I.P. n1arrive pas à suivre ses comptes avec les P.T.T. parce qu'elle n'est pas en mesure d'évaluer sa.consommation.L'explication est la suivan• te :

- elle est branchée au r~seau télex yénéral comme les autres clients ordinaires. Ainsi les télé-imprimeurs installés à Abidjan et dans leur réseau régionaux par exemple peuvent servir à tout et à tous si le hasard ne les aide pas à déceler les malversation~ comme celles d'un certain correspondant dont la télé-imprimeur servait, aux frais del 'A.I.P. à des communications bancaires entre Daloa et Abidjan.

A Yamou~soukro, depuis plus d'un an, les rapports sont au beau fixe entre l 'A.T.P. et le 8ureau Central des Télécommunications de la localité. Mais c'est entre Yamoussoukro et Abidjan qu'il y a des problèmes sur la ligne P.T.T. Depuis plus d'un an donc, le correspondant de Yamoussoukro ne peut émettre de SAn bureau. - 16 -

Il est donc impossible aux responsables de luA.I.P. de localiser les pannes qu'elles soient du côté de leurs installations à lJ réception ou à l'émis• sion ou bien du côté des lignes souterraines ou aériennes. D'ailleurs, comment l 'A.I.P. aurait-elle pu faire, son personnel technique n'ayant jamais compté dans ses rangs un seul technicien capable d'assurer la maintenance de leurs appareils et à fortiori de comprendre le m~canisme complexe de la réception et de la diffusion des nouvelleso

Nous ne saurions nous étendre sur cet aspect des anomalies, sans parler de la place del 'Agence Ivoirienne de Presse dans la politique d'information de la Côte d'Ivoire.

1.6 - LA_PLACE_DE_L'A.I.P._DANS_LA_POLITIQUE D'INFORMATION DE LA COTE D'IVOIRE

L1Agence Ivoirienne de Presse est en perte de vitesse. C'est d'ailleurs une tautologie que de reléver cet état de choses. Bien entendu, l 'A0I0P. n'a pas disparu en tant que structure du Ministère del 'Information, mais elle est aujourd'hui réduite à jouer le rôle d'un simple service administratif public placé sous l'autorité directe du Ministre del' Information, de la Culture, de la Jeunesse et des Sports.

L'Agence Ivoirienne de Presse est dirigée par un directeur nommé en Conseil des Ministres ; celui-ci est secondé par un Adjoint dont la nomination relève d'un a rr-ë té du Ministre r...: l'Information, de la Culture, de la Jeunesse et des Sports. Concrètement, celui-ci n'est pas que Directeur Adjoint, il assume éga• lement les fonctions de rédacteur en chef" Quant au Directeur bien que journaliste professionnel (10) il assume plutôt une fonction de supervision administrative et politique. Un Secrétaire de rédaction est également nommé par arr!té ministériel. Le secrétaire de rédaction est l'homme orchestre, la cheville ouvrière qui sert de trait -d'union entre la rédaction et les services techniques.

L1A.I.P. vivote. Elle est devenue 1 'organe de presse qui recueil• le les laissés pour compte de la profession, qui n'ont pu percer à la télévision, à la radio ou dans un quotidien.

11 11 (10) - Il est également collaborateur extérieur à FRAT-MAT • Il s'appelle SAMBA KONE. - 17 -

- S'il est admis que l'Agence Nationale doit être "le Journal des Journaux", la source principale des informations nationales, il est ôvident qu'on doit y trouver les meilleurs journalistes pour une meilleure élaboration des nouvelles nationales.

Elle doit a vo i r un réseau de correspondants é tendan t à l'ensemble de sa sphère d'activités, des journalistes ayant un esprit d'agenciers (rapidité d'exécution, attachement à l 'exactHude des sources, acceptation de l "anonyma t , sens aigu de l'information, niveau intellectuel ap pi éc i ab l e , connaissance approfondie du milieu etc. .• )

Si l 'Agence Ivoirienne de Presse est confrontée à des obstacles d'ordre humain, financier et technique l'empêchant d'être une Agence opérationnelle, c'est qu'elle est ~ictime du désintérêt des Pouvoirs Publics. Lesquels ne sont pas encore persuadés de la nécessité d'une Agence Nationale d'information digne de ce nom.

Dans cet ordre d'idées, il convient de révéler que le personnel del 'Agence Ivoirienne de Presse - une cinquantaine de personnes relève du statut général de la Fonction Publique. Il est donc rémunéré non pas selon la production fournie, mais plutôt selon des considérations administratives liées au diplôme et à l'ancienneté dans le corps de journaliste, soit les catégories A2 et A3. Cet état de choses à la vérité, n'est pas adapté à une Agence de Presse, dans la mesure oü il ne favorise pas l'émulation et la compétition professionnelles, gages d'une information crédible et opérationnelle.

D'autre part, dans la mesure où l 'Agence Ivoirienne de Presse relève de la Fonction Publique, il faut dire que le recrutement se poursuit toujours par l "af fec ta t i on de jeunes diplômés, frais émoulus des Ecoles de Journalisme. Il n'est pas rare en effet quel 'Agence Ivoirienne de Presse reçoive tous les ans deux à trois nouveaux journalistes diplômés. Il arrive aussi que les nouveaux affec- tés ne restent pas longtemps à l1Agence Ivoirienne de Presse (11): le salaire peu motivant et l'atmosphère peu professionnel les incitent à aller monnayer leurs talents ailleurs, en l'occurence à "rRATERNITE-tvl/\TIN", "IVOIR-SOIR", "ID", "FRATER• NITE-HEBDO", dans des ministères ou sociétés privées nationales.

(11) - Les nouveaux affectés jusqu'à l'année dernière restaient en moyenne moins de quatre ans à l'A.I.P.

,. - 18 -

Le Bulletin del 'Agence Ivoirienne de Presse - la seule publica• tion actuelle de 1 'Agence retiendra également notre attention. Nous donnerons des ·j,ndications sur une autre publication del 'Agence l vo i r i enn e de Presse, qui ne paraît plus aujourd'hui. Il s'agit du Magasine "E13URNEA". D'un format de 31 cm x 21,5 cm, le bulletin del 'Agence Ivoirienne de Presse est tiré en mille exemplaires et comporte en moyenne vingt pages réparties comme suit :

- six pages nationales, - cinq pages consacrées au Continent Africain, - quatre pages Internationales, - et cinq autres pages réparties entre les rubriques "Monde en 13ref et la traduction des informations

Françaises en An q l a i s c «

Ces traductions en Anglais sont assurées par une traductrice Américaine en poste à l 'Agence Ivoirienne de Presse depuis près de quinze ans.

Quelques cnquôtes socio-culturelles et économiques figurent au menu du bu l l e ti n , Le Contenu du bu l l c ti n n'est pa s exhaustif. Les sujets peu divers et peu fouillés ne permettent pas une couverture d'horizon intéressant. Pour des raisons diplomatiques et admtni st r-a t i vas , le bulletin est surtout "lu" par des Ambassades, des Ministères, les Grandes Directions, l'Armée etc •.•

Le 13ulletin quotidien del 'Agence Ivoirienne de Presse paraît donc tous les jours à 15 heures, sauf le samedi, sous forme dactylographiée par le service de pool ad-hoc del 'Agence, puis il est agraffé.

Tant quel 'Agence Ivoirienne de Presse se trouvera dans la struc• ture de la Fonction Publique, il lui sera difficile de jouer un rôle efficace d'Agence de Presse, c'est-à-dire de réception, rle couverture et de transmission rapide des nouvelles nationales et internationales.

En effet, le métier de journaliste s'accomode mal avec le cadre rigide de l'administration où l'on constate de façon flagrante l'absentéisme, la routine,la lenteur et la bureaucratie. A la vérité, les obstacles actuels de l 'Agence Ivoirienne de Presse proviennent des textes de sa création. - 19 -

Le bulletin de 1 'Agence Ivoirienne de Presse est un journal du soir non concurrent de "Fraternité-Matin" et "d'Ivoir-Soir". D'ilbord parce que les caractères typographiques sont différents. Ensuite parce que, les contenus rédac• tionnels ë qa l ement sont différents. Enfin parce que les cibles visées elles aussi sont différentes. De plus, grâce à leur autonomie de gestion et la souplesse de 1 eur fonctionnement, 1 es quotidiens "Fraternité-Matin et Ivoi r-Soi r" peuvent dépê• cher journalistes et photographes en n'importe quelle partie du territoire national et même au-déla .. L'Agence Ivoirienne de Presse dans le contexte actuel aura du mal a entreprendre une telle démarche du fait qu'elle n'a pas les moyens humains et financiers nécessaires et qu'elle dépend aussi d'une structure bureaucratique lourde.

Dans les pages qui vont suivre, nous allons essayer d'analyser les raisons qui sont a 1 'origine des obstacles qui constituent un frein a 1 'accom• plissement de la mission de 1 'Agence Ivoirienne de Presse. - 20 -

II - LES OBSTACLES A L'ACCOMPLISSEMENT DE LA MISSION DE L'A.1.P;

2.1 - L-E-S- --T-E-X-T-[-S --F-ON-D--A-T-EU-R--S --D-E --L-A --L-O-I-N-°- --6-1-2--0-0 DU 2 JUIN 19Gl

Au plan de la constatation simple des faits, l'esprit des textes fondateurs del 'Aul.P. s'articule autour de la raison suivante

Il s'agissait pour les autorités politiques de faire de cette agence "LA VOIX DE SON MAITRE". Ce besoin s'inscrivait dans le cadre d'une certaine nécessité objective: la domestification de l'opinfon nationale.

L'information donnée par l'A.I.P. n'est plus librement appréciée par un citoyen maître de son jugement. Celui-ci, croyant apprécier personnellement une i nforrnati on ne fera qu'émettre à son sujet un jugement qui lui aura été subrep• ticement imposé par l'appareil de l'Etat qui est l'A.I.P. La f açon d'apercevoir l'information n'appartient plus au grand nombre de citoyens: elle est dictée par l'institution. C'est ce que nous allons préciser tout à l'heure dans une serie de paradoxes.

2. 2 - A.I.P. UNE SERIE DE PARADOXES

Quelles peuvent être les conséquences de ces lois qui caracté• sent l 'A.I.P. ? Première conséquence :

Au plan national, l 'Agence Ivoirienne de Presse dispose aujour• d'hui d'un réseau de trente huit correspondants disseminés à travers tout le pays. Mais seul douze correspondants permanents régionaux sont réliés par télex et télé• phone à la direction centrale d'Abidjan. Ces correspondants, journalistes profes• sionnels basés à Abengourou, Bouaflé, Bouaké, Daloa, Dimbokro, Divo, Gagnoa, Korhogo, Man, Odienné, San-Pédro et Yamoussoukro. (voir en annexe la carte de la couverture nationale).

Il faut dire quel 'Agence Ivoirienne de Presse n'entretient pas de correspondants en dehors de la Côte d'Ivoire. A l'fotérieur du pays (voir tableau en Annexe (12)),rJn en utilise en réalité une vingtaine à plein t enps qui

( 12 ) - c f Annexe P . 6 6 . - 21 -

fournissent au siège central lorsque le téléscripteur et le téléphone ne sont pas en panne des informations de tous ordres touchant à la vie de la localité où ils sont installés. Autrement dit, leur zone de couverture. Aux côtés rie ceux-ci, ils existent également bon nombre cle collaborateurs dans les communes qui sont rémunérés à la production. C'est-à-dire selon les articles écrits et acceptés par la rédaction en chef de l 'Agence Ivoirienne de Presse. Ces collaborateurs peuvent être des insti• tuteurs, des employés de bureaux ou des bénévoles se sentant à 1 'aise dans ce type d'activité de collaboration. Ils transmettent au Siège Centrel de s vin forma tt ons (petits articles d'actualité décoration, inauguration, décès.ou enterrement de notables). Le système d'envoyé spécial n'est pas toujours pratiqué à l'Agence Ivoirienne de Presse.

Bien que 1 'Agence ait un correspondant permanent à Yamoussoukro, Capitale Politique et Administrative, il lui arrive lorsque 1 'évènement qui s'y déroule est vraiment important du point de ~ue du PDCI-RDA, c'est-à-dire réunion du Parti, accueil d'autres Chefs d'Etats étrangers, d'y envoyer un journaliste du siège pour renforcer le correspondant permanent, d'ailleurs journaliste profession- nel.

L'Agence Ivoirienne de Presse ne pratique pas le système d'envoyés spéciaux faute de moyens (ar~ent et carburants disponibles pour ce type de missions souvent i mpr omp tu. ) .

Au ni veau de 1 a Di roc ti on Centrale, 1 a structure fait -ressortir, outre un Directeur Central, un Rédacteur en Chef, faisant office d'Adjoint, un service de reportage de huit journalistes et un desk comptant six journalistes se relayant de 5 heures à 22 heures.

A la disposition de cette équipe, cinq téléscripteurs branchés sur les agences étrangères, et cinq autres sur les principales villes de 1 'intérieur de notre pays. A ce dispositif, il convient d'ajouter deux récepteurs de radio, le troisième est incessament attendu, un groupe électrogène, un centre d'écoute équipée de trois récepteurs n1odernes de radio et trois enregistreurs magnétiques permettant aux journalistes de suivre les infor~ations internationales.

En 1967, l 'Agence Ivoirienne de Presse avait pris l'initiative de la création d'un mensuel d'informations générales dénommé "EBURNEA"o Ce mensuel - 22 -

qui relevait de l'autorité du Directeur del 'AgPnre Ivoirienne de Presse était totalement confectionné par les rédacteurs de l'Agence. Le tirage mensuel se situait aux alentours de six mille exemplaires. Quant au contenu, il touchait à la politique en général, aux problèmes économiques, sociaux, cu l tur e l s et sportifs de Côte d'Ivoire, de l'Afrique, de l'Europe, de l'Amérique et cte l'Asie. Malgré ses qualités rédactionnelles et technique)_elle était imprimée en offset_"EBURNEA" n'a pas su tenir face aüx autres publications.

"Le public estimait que le ton des articles n'était pas suffisamment critique"(13). A la n~me époque, c'est-à-dire en 1981, l'Etat qui subventionnait le mensuel devrait réduire de façon drastique sa participation. Du coup, la revue ne pouvait plus continuer à paraître.

Il faut noter l'existence d'une documen ta ti on modeste contenant des archives datant del 'indépendance de notre pays et des ouvrages se rapportant aux questions relatives à l'information en général. Mais ce n'est pas tout. Le domaine d'activité de l'Agence Ivoirienne de Presse ne se limite pas uniquement aux activités classiques d'une Agence de Presse.

Il s'étend également à l'animation avec notamment les halls d'informütion et les cinés-bus.

Les halls d'information peuvent être comparés à des "Maisons de jeunes" avec cette différence qu'ils ne sont pas réservés aux jeunes uniquement, mais à tous ceux qui n'ont pas de téléviseur ou de radio. Ainsi donc, la radio et la télévision constituent l'équipement de base d'un hall d'information qui, en outre doit comporter une bibliothèque, un électrophone, des chaises et des tables.

On compte à l'heure actuelle une quarantaine de halls (il n'y en avait que vingt sept en 1970 et seulement deux en 1960) dispersés un peu partout dans le pays. Les halls d'information apparaissent donc comme un )ieu de rendez-vous de la populatipn qui se rencontre en ces lieux pour s'informer des nouvelles na• tionales et internationales, d'échanger entres elles d~s informations, nouer des amitiés et aussi se distraire .

(13) - Entretien avec Mr JEAN MEDERIC KRAGBE, alors Directeur del 'Agence Ivoirienne de Presse, Juillet 1984. - 23 -

Après avoir constitué l'élément moteur dans l'effort entrepris dès l'indépendance par le Gouvernement pour mettre l'information à la portée de tous et en premier lieu des paysans, des halls d'information connaissent depuis quelques années d'énormes difficultés dues en particulier au manque d'équipement et d'animation.

Conscient de ces difficultés mais surtout convaincu de l 'irnportan• ce du rôle que peuvent jouer les halls auprès des populations de l'intérieur, dont certaines jusqu'à présent n'arrivent pas à suivre les informations à la radio, ni à lire les journaux nationaux édités en fr an ça i s , le Ministre de l'Information a pro• mis de mettre sur pied une vigoureuse politique de relance des halls (14).

Les ciné-bus ou cars, ont pour mission d'effectuer des tournées de projection cinématographiques à travers le pays et particulièrement dans les villages, pour informer et dt s tr at re les populations rurales par l'image. Dans le fond, les cinés-bus jouent un rôle comparable à celui des halls d'information. Ils sont basés dans les villes suivantes :

Odienné, Dalua, Bouaké, Korhogo, Man, Abidjan, Bondoukou et Guiglo. Les programmes de ciné-bus sont trimestriels faute de films en grand nombre. Budget insuffisant et chaque car-cinéma couvre quatre départements - conséquence : dans une société marquée par le Parti Unique, l'information officielle, l "f ndi v l du est inévitablement manipulé par le système en place.

Au plan de l'information, le citoyen se voit présenter des nouve l Ies dont il n'éprouve pas le besoin de vérifier : il a été au préalable conditionné à accepter ces nouvelles telles qu'elles lui sont présentées.

Au plan de la liberté de réflexion, ses jugements sont tout aussi conditionnés que ·snouvelles. Le citoyen est man i pu l é par une institution qui le fait évoluer dans une direction tracée par elle"

Parmi les nombreuses illustrations de ce fait, on peut citer le cas de cette nouvelle apprenant aux citoyens la réconciliation intervenue dans tel village alors qu'elle ignorait totalement l'histoire qui avai t été à l'origine

(14) - Le Ministre de l'Information, Mr LAURENT DONA FDLOGO a fait cette promesse au cours d'une rencontre avec les respons~bles des mêdias nationaux, en Février 1987. - ~ -

de la dissension, l'explication des faits facilitant la compréhension des données du problème est volontairement occultée.

Seconde conséquence 1 'A.I.P. en tant qu'institution se trouve dans une situation particulière. Ce qui lui assure de t.ronquer-] '"information dans les meilleures conditions, d1éfficacité, tout lui revient dans la fabrication de l "i n fc rma t i on nationale. En gros, les textes fondateurs révèlent que la situation actuelle de l'A.I.P. se caractérise par un double fait: elle n'a pas les moyens financiers et humains nécessaire et, qui plus est, elle est politiquement prison~·. nière du Parti Unique.

L'A.I.P. n'a pas les moyens de sa politique par rapport à l'ambi• tion qu'elle voulait atteindre. A ne considérer que le facteur (nouvelle nationales), le résultat est particulièrement décevant puisque 1 'A.I.P. rapporte bea~~oup moins qu'elle devrait donner aux citoyens. On peut parler à son sujet de silence légal, dans la mesure où son attitude est officiellement admis~. C'est ainsi que les ci-

toyens ne sont pas informés à temps des nouvelles nationales importantes au plan du développement politique, économique et social.

Ainsi en est-il du phénomène de la sécheresse qui a secoué en 1982 notre pays. Les citoyens l "on d'abord appris par des médias étrangers avant que les canaux d'information nationale ne donnent par ailleurs que des explications partielles et parcellaires .. On aperçoit, de là que la politique actuelle de l'A.I.P. a abouti à un échec. Plus grave encore cette constatation qui nous permet de dire que l'A.I.P. a été entre temps vidée de son contenu dans la mesure où le quotidien national "Fraternité-Matin" par le biais de sa politique de correspondants instal• lés à l "i n tér i eur du pays lui permet d'accéder aux nouvelles intérieures de son choix sans en référer à l 1A.I.P. Or, à sa création en 1961 le texte de loi disait bien selon la logique des autorités politiques que "l'Agence Ivoirienne de Presse bénéficie au plan national du monopole de la collecte et de la distribution des éléments del 'actual"ité .• 11 Le non respect de cette loi a conduit à des anomalies qui se traduisent par une sorte de mise à 1 'écart de 1 'A.I.P. del 'enjeu des nouvelles

nationales 8•

Autre paradoxe de 1 'A.I.P.au plan national : bien qu'ayant des correspondants dans toutes les régions de Côte d'Ivoire, ceux-ci manquent cruelle• ment de véhicules, quelquefois de téléphone, voire même de télex pour s'occuper valablement des préfectures dépendant de leur zône de couverture. - 25 -

Manque de moyens financiers, humains, ccntr ad ic t tons dans la collecte de l'information nationale, l'A.I.P. est condamnée inéluctablement clans sa forme actuelle à 1 'échec.

La cause profonde de cette situation réside dans le fait que 1 'AIP ne préoccupe pas sérieusement le Ministre de 1 'Information, autorité de tutelle. Tout se passe comme si son efficacité ne doit être écrite que sur le papier. En maintenant l'A.l.P. dans cette situation ridicule et humiliante, les pouvoirs publics ne peuvent que maintenir le monopole qu'ils possèdent de décider de la diffusion de la nouvelle qui est bonne à ~tre publiée.

Le rôle actuel joué par l'A.I.P. est négatif. Son apport à la connaissance des faits nationaux est quasiment nul. De plus, les textes fondateurs n'ont pas été élargis depuis 1961.

POURQUOI ? On peut tenter une esquisse d'explication : parce que au niveau des autorités politiques, on n'est pas encore convaincu de la nécessité d'avoir dans notre pays une agence de presse crédible. Seul l'Etat a 1 e droit de doter l'A.I.P. des infrastruct~res nécessaires. Une autre explication découle du fait que les pouvoirs publics estiment que le quotidien national "FRATERNITE-MATIN" et la télévision couvrent abondamment les informations locales, l'A.I.P. n'apparaît plus comme essentielle. Pourtant, chaque média à sa spécificité propre. Comment penser, d'ailleurs, que 1 'A.I.P. puisse être opérationnelle lorsque, fondamentalement elle est assise sur des textes figées ?

En effet, l 'A.I.P. dans son statut actuel est isolée par rapport à la réalité. Malgré leur bonne volonté les fonctionnaires qui animent 1 'A.T.P. ne peuvent que gérer le quotidien.

Alors que le rôle d'une agence nationale digne de c enom devrait consister à aider les citoyens à retrouver la vérité du fond du terrain, à les com• prendre, à briser la barrière qui sépare des nouvelles, l'A.I.P. au contraire renfor- ce cette barrière. Cela dit, nous devons reconnaître le caractère contradictoire, conflictuel de toute réalité.

Une institution ne se présente jamais comme homogène, harmonieuse. Chaque réalité renferme des éléments qui, d'une façon ou d'une autre, entrent en contradiction plus ou moins violente, plus ou moins nette les uns contre les autres. Et chaque réalité présente, en un instant donné, la forme que lui donne l'élément - 26 -

qui, en cet instant, prend le pas sur ceux là qui, dans le cas d'un renversement du rapport qui les lie à leurs contraires, vont donner à la réalité concernée son nouveau visage. Ce nouveau visage devra être construit à partir du dépassement des contradictions présentes.

L'A.I.P. est porteuse de contradictions qui portent le germe de sa propre rénovation. La solution à l'élargissement des textes fondateurs conduira sans doute à un changement radical des structures actuelles.

Pl us un pays informe rarement s es populations sur 1 es problèmes de fond qui lui sont propres, pl us ce qui vient de l'extérieur concernant ce même pays prend del 'importance.

N'ayant pas accès à la source de l'information, l'A.I.P. s'en remet aux agences de presse occidentales, véritables multinationales occidentales, comme du reste la plupart des autres pays del 'Afrique et du Tiers Mondeo L'A.I.Po comme les autres dépendent donc pour dire "la vérité" sur un évènement·international interafricain et quelquefois national de ce pouvoir fantastique de créer la "vérité" sur la terre qu'est le pouvoir des agences de presse transnationales.

Notre pays en particulier l'Afrique se trouve ainsi flouée puisque les nouvelles qu'ils reçoiven' t proviennent à 90 % des agences internationales qui possèdent des bureaux dans plus de cent pays et diffusent quotidiennement jusqu'à 17 Millions de mots. Or 30 % de ces informations seulement sont consacrées aux 3/4 de l'humanité qui peuplent le Tiers Monde.

Avec la description des problèmes matériels de 1 'A.I.Po, nous pourrons mieux comprendre l'état technique de cette Agence Nationale d'Information,

2,3 - LES_PROBLEMES_MATERIELS_DE_L'A. I.P.

Un centre de réception et d'émission d'agence de presse digne de ce nom nécessite, outre ses journalistes et auxiliairLs de la rédaction, un personnel technique hautement qualifié, et compétent au moins un in96ni~r. trois ou quatre électro-techniciens spécialisés dans les téléimprimeurs et liaisons.têlexo - 27 -

Actuellement, l'A,I.P. n'a pas un seul technicien capable d'assu• rer correctement ne serait ce que la maintenance de leurs appareils. Et quand on sait qu'un téléimprimeurs de type F - 1000 Siemens ne coOte pas moins de deux mil• lions de F.CFA, on mesure le daQger que représente pour une agence l'absence d'un personnel ayant le niveau intellectuel et technique requise

Cette situation technique de l'A.I.P. dure depuis plus de vingt ans et elle est en grande partie responsable de la perte de prestige progressive et de l'efficacité de l 'A. I.P.

A plusieurs reprises, les différents directeurs qui se sont succé• dé à la tête de 1 'Agence ont eu à s'entretenir du sujet avec les différents Minis• tres del 'Information en insistant notamment sur la nécessité d'une rencontre au plus haut niveau avec les responsables des télécommunications.

La nécessité de cette autonomie se trouve d'ailleurs renforcée par l'obligation pour l'A.I.P. de "normaliser" ses liaisons télex avec ses propres abonnés : Radiodiffusion, Télévision, Fraternité-Matin, M·inistères (Information, Défense, Affaires Etrangères) Présidence de la République, Chambre de Commerce et Voix de l 'Amé ri que.

L'A.I.P. reçoit, par deux fils différents, le service A.F.P. et le service Reuter moyennant un paiement global annuel de 32 Millions de F.CFA préle• vés sur le chapitre "FOURNITURES TECHNIQUES" de son budget de fonctionnement.

L'A.I.P. trie, sélectionne, retouche parfois ses informations en provenance de l'extérieur. L'A.I.P. en fait un service unique. Le fil A.T.P. compre• nant à la fois des dépêches,.AFP, des dépêches Reuter, et les propres nouvelles de la rédaction centrale et de leurs correspondants de l'intérieur du pays.

L'A.I.P. transmet chaque jour à ses abonnés un ensemble composé en moyenne d'une centaine de dépêches d'informations internationales et nationales contre un, deux à huit millions de F.CFA par an.

La dépêche d'agence est une information dont le caractère doit reléver essentiellement de ce qu'on appelle l'évènement. Elle doit être aussi et surtout "neutre". C'est-à-dire qu'elle ne doit pas comporter de commentaire person• nelle. Une dépêche d'agence cligne de ce nom doit être précise, exacte et consise. - 28 -

Elle doit parvenir très rapidement dans les salles de rédactions. Nous verrons plus loin ce qu'il en est des dépêches de l'Agence Ivoirienne de Presse. (Le caractère urgent est une des données fondamentales du monde de 1 'information. Un évènement qui se déroule en un point donné du Monde est d'abord annoncé sur les téléscripteurs par un "flash" de deux à cinq mots. Il est suivi de "bulletins:' nouvelles brèves de trente à trente cinq mots ou d'un "urgent" (une centaine de mots).

Les dépêches plus complètes se succèderont ensuite (environ deux cents mots,soit mille deux cents lignes) et 1 'agence procèdera en cours de journée à des "round up" regroupement exhaustif avec le maximum de détails del 'ensemble des informations antérieurement diffusées, dispersées et étalées dans le temps, sur un sujet précis ; il requiert un maximum de six cents mots, et des "synthèses" (résumé qui reprend l'essentiel) il est plus bref que le précédent dans la mesure où il s'agit d'un maximum de quatre cents mots. Grosso modo, c'est le jargon qui illustre la méthode de travail des journalistes d'agence (agenciers), sur le terrain ou au siège coller au plus près d'un évènement

- le cas del 'Agence Ivoirienne de Presse retiendra notre attention. Une bonne Agence de Presse doit éqa l ement diffuser le ma x imum d'informations de référence : discours officiels, déclarations d'hommes politiques, décisions gouvernementales etc ...

Puisque 1 'A.I.P. a le monopole d'achat et de distribution des in• formations internationales en Côte d'Ivoire, pourvu quel 'A.I.P. demande aux P.T.T. de brancher tel client sur l 'AFP ou Reuter, et ce client peut recevoir, en plus du service complet AFP ou Reuter direct, quand ce n'est pas les deux à la fois pour le même prix.

Du fait du manque de moyens de travail, (insuffisances humaines et techniques) les informations publiées par 1 'Agence Ivoirienne de Presse sont monocordes, peu attrayantes et quelquefois même dépassés, parce que n'étant publiées selon les critères de rapidité.

[lles n'intéressent pas toujours "FRAT-MAT" et •1v0IR-SOIR11 parce que certains évènements , en eux-mêmes peu importants, sont autorisés, dont on loue au passage les qualités. Mais les vrais problèmes, qui concernent les Ivoiriens dans leur vie quotidienne tel que le retour des jeunes à la terre, sont souvent occultés. Les articles de fond, les enqu~tes sociaux-économiques et les interviews sont pratiquement inexistantes. Il faut dire que l 'Agence Ivoirienne de Presse et - 29 -

les autres médias Ivoiriens ne constituent pas les seules sources d'informationso Il existe fort heureusement un phénomène social qu'on rencontre d'ailleurs un peu partout en Afrique qui est l'information parallèle. Ici, il s'appelle "Radio-Treich• ville", "Radio Baobab" à ou "Radio Trottoir" en Afrique Centrale: en peu de temps, par la bouche à oreille, l "i nf'orma t i on circule à Abi d jan , puis dans tous le, pays. L'autre contrepoids de l'information officielle est constituée d'une part par la liberté dont jouissent en Côte d'Ivoire les deux Agences de Presse Etrangère : "Agence France Presse" et Agence R[UTER", qui ne voient pas leurs dépë• ches C(nsurées ou contrôlées, et d'autre part par la diffusion de la presse étran• gère, surtout francophones, toutes tendances politiques confondueso

Ces journaux étrangers représentent, du moins pour l'élite, une somme d'information importante.

Cela dit, essayons de prec1ser ce que recouvre la notion d'agencier expression souvent utilisée précédemment.

2.4 - LE TRAVAIL DE L'AGENCIER

Le journaliste d'agence est avant tout "un t nforma teur" : c'est de lui que part "la copie brute". Il n'a pas à établir une hiérarchie dans l'informa• tion qu'il envoie: ce n'est pas à lui de juger ni la pertinepce de l'information, ni son impact profond. Il ne se prÂoccupe pas du lecteur. S'adressant à des abonnés dont la spêc i a li s a ti on est très diversifiée, il ne commente, ni ne critique l "ac tùa- lité : on lui demande des faits, parfois des synthè ses •

Son information doit être claire, brève, objective, rapide, Tra• vail ingrat, le journaliste ne sait quelle utilisation sera faite de son "papier" (15) anonyme: sa signature n'apparaîtra pas, difficile c'est lui l'homme de terrain, exposé directement aux attaques verbales et physiques que Sil qualité de journaliste peut susciter ; passionnant : certains de ces agenciers risquent régulièrement leur vi e sans jamais envisagé "décrocher".

Tous ont-ils cette conscience professionnelle? Les témoignages sont plutôt accablants.

, (15) Désigne un art te te dans le jargon journ;:ilisl:iqÙe. - 30 -

Mr JEAN MEDERJC KRAGBE est très critique par rnpport au travail des agenciers dans le Tiers Monde et particulièrement en Afrique : "Pour avoir vu, sur place, fonctionner des agences d'antennes occidentales pour avoir vu travailler des confrères, de grands journaux, se contentent souvent dans les capitales de la tournée des Ministres ou des missions de représentation pour faire de l'information sur le pays où ils se trouvent, je sais combien en tant que directeur del (Agence Ivoirienne de Presse ce qu'on reçoit ici, en Côte d'Ivoire, sur le Tiers Monde sont très souvent sujets à caution" (16).

Les résultats Hervé BOURGES les denonce: "de ma'! 1967 à Janvier 1970, s'est déroulée au Nigéria ce qu'on ·a appelé la "guerre du BIAFRA". Après les informations du début, le silence, dans les pays occicentaux a couvert ce sanglant et cruel conflit interne où ces mêmes pays avaient pourtant leur part et et leurs intérêts( ... ). Il a fallu plusieurs armées pour que ceux qui voulaient y voir clair, apprennent quel 'image du conflit donnée sur le mouvement due aux agences de presse et reproduite de bonne foi par les j~~rnaux, était complètement fausse" (17).

Le problème, c'est que dans l'état actuel des choses, l 'Agence Ivoirienne de Presse n'a aucun moyen de pression pour obliger un client à lui verser sa redevance. L'Agence Ivoirienne de Presse n'a pas davantage la possibilité de détecter les abonnés pirates à l 'Agence France Presse et Reuter. De toute façon, les liaisons télex, telles qu'elles fonctionnent actuellement (satellites, central télex -abonnés) placent l'Agence sur le même plan·que tous les abonnés. Y compris ceux des P.T.T.

Bref, les rapports sont à- t,el point faussés que certains de leurs clients ignorant peut être à quelles conditions financières et techniques les nouvel• les leur parviennent, se refusent de leur verser quoi que ce soit. Et, comble de paradoxe ; ils les traitent en dangeureux concurrents. Tandis que l I Agence Ivoi ri en• ne de Presse continue de les subventionner sur son maigre ·budget de fonctionnement.

A ce jour, l I Agence Ivoi ri enn e de Presse rr s te encore celle qui réceptionne et distribue les nouvelles venant del 'extérieur. En fait, l 'Agence Ivoirienne de Presse a signé un accord de coopération avec l 'Agence France Presse et

(l6) _ Entretien avec Monsieur Jean Mcder-Ic JŒ/\CBE, 1983.

(17) _ Herve BOURGES, in "Décoloniser l I info:rmat;j_on", Paris, 1981, CANA. - 31 -

l 'Agence Reuter. Cet accord précise quel 'Agence France Presse et Reuter "cèdent et vendent à l'Agence Ivoirienne de Presse le droit exclusif de capter, utiliser et rendre sur le territoire de la République de Côte d'Ivoire y compris aux consulats et ambassades leurs services d'informations mondial"·.(18L

Cet accord, disons le, n' es t pas pris en considération par tous les utilisateurs des informations internationales. Ainsi au lieu de passer sous le couvert del 'Agence Ivoirienne de Presse pour recevoir des informations interna• tional es, des organes de presse "FRAT-MAT':, "IVOIR-SOIR", des ambassades et d'autres hommes d'affaires sont branchés directement à l 'Agence France Presse et l 'Agence Reuter. A première vue, il y a violation d'accord, mais il semble que le texte de l'accord plusieurs fois remanié ait laissé une subtile possibilité à ceux qui ont la possibilité de s'offrir le service direct d'informations des deux agences citées.

Les obstacles qui .bloquent l'épanouissement del 'Agence Ivoirienne de Presse ne sont pas seulement d'ordre politique, économique et technique. Au plan del 'organisation redactionnelle proprement dite, il convient de noter quel 'Agence Ivoirienne de Presse manque cruellement d'un service de documentation adéquat. Or donc il n'est de secret pour personne que le document écrit constitue toujours une source importante pour le journaliste. C'est en effet le document écrit qui donnera à une information toutes les précisions de chiffres et d'orientation.

Les fiches biographiques de leaders politiques Africains, Ivoi• riens, Européens etc ... n'existent pas. Les évènements majeurs du pays ne sont pas regroupés sous forme de chronologie et par thèmes, parce que inexistants. Les "notes" et "rapports techniques" émanant des Ministères et autres directions centra• les ne font pas également l'objet d'un regroupement aux fins de consultations rédactionnelles.

Une Agence de Presse Nationale telle quel 'Agence Ivoirienne de Presse aurait pu rentabiliser ses services s'il existait en Côte d'Ivoire de 1 nombreux utilisateurs. Nous pensons aux commerçants spécialisés dans 1 'import-export, aux sociétés privées commerciales ou non susceptibles d'utiliser les informcttions politiques, économiques ou financières de l'Agence contre le paiement de redevances. L'explication qu'on pourrait avancer vis-à-vis de cet état de choses est que le monde des commerçants, des sociétés privées commerciales ne voient aucun i nt èr-ê t

(18) - in "Presse et Information en Côte d'Ivoire", 1983" - 32 -

aux bulletins de l'Agence Ivoirienne de Presse. Ils ne les touche ni de près ou de loin. Autrement dit, ces informations n'entrent pas dans le champs de leurs préoccupations dans la mesure oQ les informations diffusées par l 'Agence Nationale ne les aident aucunément à prévoir les évolutions de leur secteur d'activité ; ils considèrent que 1 'informations dont ils ont besoin pour la bonne marche de leurs affaires ne passent pas par le canal du bulletin de 1 'Agence Ivoirienne de Presse, cette catégorie de personnes est en réalité plus intéressée par les autres publi• cations paraissant régulièrement dans le pays. Il s'agit de "Fraternité-Matin':,

"Ivo i r c So l r-? , ''Fraternité-Hebdo", "Ivoire-Dimanche", pour ne citer que ces titres. - 33 -

CONCLUSION PARTIELli

Il ressort donc de ce qui précède que le systôme d'information de la Côte d'Ivoire, en l'occurrence celui pratiqué à l'/\gence Ivoirienne de Presse n'a ni les m~mes buts ni la même fonction que ses consoeurs en occident ou celle du Sénégal par exemple. En Côte d'Ivoire dans l'esprit des autorités qui ont la main• mise sur l'information, les médias ont pour objectif non seulement d'informer mais aussi de former alors qu'en France par exemple : les moyens d'information et surtout l 'Agence France Presse ont une vocation pédagogique très accessoire. Ici, les médias doivent participer au développement du pays. Le journaliste est considéré avant tout comme un "agent du développement" ctU même titre que l'instituteur, l'animateur rural, l'ingénieur ou le chercheur •••

Recevant la Vlème assemblée générale de 1 'Union des Agences d'in• formation Africaines (19) le Président Félix Houphou!t Boigny déclarait : ''le métier de journaliste dans nos pays apparaît et se conforme chaque jour comme un métier d'enseignant, car il consiste avant tout à décrire et à exposer( ••• ) Le journaliste africain ne peut avoir le profil del 'agent (non participant mais jugeant) qui est l'archétype du journaliste occidental, il doit être un agent de développement, un citoyen engagé aux côtés de tous ses frères dans la lutte pour la dignité et le bien-~tre''. On comprend fort bien cette approche de 1 'homme politique d'un pays en voie de développement où la notion de Nation n'est pas totalement une réalité. Mais il faut préciser que le métier de journaliste ne consiste pas seulement à décrire et à exposer.

Selon Feu Pierre VIANSSON PONTE "le journaliste est un témoin il rapporte, explique, commente, tranche. Il est la voix publique, l'interprète de la foule, le choeur antique" (20).

Comment rémédier aux difficultés qui sont celles de l'Agence Ivoirienne de Presse ?

C'est à ce niveau que nous entendons consacrer la troisième partie de notre étude.

(19) - C'était en Décembre 1975 à Abidjan. (20) - P.V. Ponté, "Lettre ouverte aux hommes politiques "Edition ALBIN Michel 1977. .• 34 -

III - QUELLES SOLUTIONS POUR L'A.I.P. ?

L'A.I.P. à notre sens doit se consacrer davantage à la recherche et à la diffusion des nouvelles nationales. L'A.I.P. a besoin d'un minimum d'équi• pement d'agence de presse, d'une gestion rationnelle de ses ressources ; et d'une équipe de journalistes ayant un esprit d'agenciers.

3.1. - DES OBJECTIFS CLAIRS

En déchargeant l'A.LP. de certaines activités d'animation (inhabi• tuelles d'ailleurs pour une agence) telles que la gestion des halls d'information et des cinés-bus, d'une part, en rédéfinissant la mission et en réaménageant les structures, d'autre part, on peut dire que d'une certaine manière, l'actuel Minis• tre de 1 'In formation a tracé 1 a voie à suivre.

Théoriquement, on peut dire quel 'A.I.P. sait où elle va. A la question à quoi sert l'A.I.P., le D"irecteur sans détours rassure: "l'A.I.P., étant une agence nationale, sa vocation c'est d'!tre le journal des journaux en matière de nouvelles nationales, c'est-à-dire la source principale des informations nati• nationales en Côte d'Ivoire" (21).

Il poursuit en ces termes : "sachant nos objectHs, il nous fallait réfléchir aux moyens de les atteindre, c'est ainsi que nous sommes arrivés à la conclusion qu'il faut absolument développer nos capacités de réception, de transmission, de traitement et de diffusion des nouvelles en particulier" (22).

Pour jouer un rôle de catalyseur, l 'Agence Ivoirienne de Presse doit traduire l'opinion publique nationale dans ses différentes nuances. L'absence de cette attitude journalistique est un signe de malaise. Instrument d'Etat, l 'Agence Ivoirienne de Presse n'est pas indépendante de la politique générale d'information du pays. Elle reflète les aspirations. Ainsi donc son silence paraly• sant arrange bien l'establishment politique.

(21) - Entretien avec J.M. KRAGBE, Directeur de l 'A.T.P., premier trimestre 1984. (22) - Idem. - 35 -

"La presse d'une société donnée écrit Roland CAYROL, sert évidem• ment 1 'idéologie dominante en favorisant la cohésion sociale sociale et en légitime l'autorité politique" (23).

L'Agence Ivoirienne de Presse n'est ras en mesure de satisfaire les aspirations du public.

Il faut dire que ce public est lui-même enfermé dans les structu• res rigides n'ayant que l'apparence de la démocratie qui ne permettent pas d'aller à 1 'encontre des désirs des dirigeants d'une fraction ou d'une personne haut placée dans la hf èr-ar-c hi e .

L'Agence Ivoirienne de Presse est à la merci de la censure et de 1 'auto-censure. Or la censure de la presse est défavorable à l'exercice de la démo• cratie. Pour intéresser le public, l'Agenc Ivoirienne de Presse peut se faire 1 'écho des préoccupations quotidiennes de la population. Elle doit traduire ses joies, ses peines, ses aspirations, ses réalisations et ses échecs. Elle est capable de se rendre intéressante pourvu qu'on 1 'admire et qu'on lui fasse confiance. Elle doit être au service de la population, !tre ce qu'elle souhaite qu'elle soit.

L'Agence Ivoirienne de Presse gagnerait donc à adapter ses textes à la mentalité du moment. La bonne information selon Pierre Denoyer doit être inté-• ressante, importante. neuve et vraie (24). Pour notre part, nous ajouterons que c'est celle qui est complète, c'est-à-dire présenter tous les aspects du problème, sa genèse, et son évolution jusqu'à ce jour. Elle est précise et dit la vérité au risque de heurter certaines susceptibilités individuelles.

Un bulletin de pres_se produit par l 'Agence Ivoirienne de Presse obtiendra la faveur des lecteurs. Les multinationales de l'information nous ont habitués à une Presse de la crise, c'est une catastrophe, un évènement sensationnel, une guerre .•• qui viennent à la "UNE" des journaux. On y fait peu de cas des réalisations positi• ves. Il y a en conséquence comme un montage psychologique qui a créé en définitive une attitude négative chez les consommateurs.

(23) - Roland CAYROL "La presse écrite et audiovisuelle". (24} - Pi erre DENOYER "La Presse Moderne", Paris PUF, 1958. - 36 -

Ils sont peu intéressés par les réussites et les informations heureuses. Il faut déraciner cette mentalité qui fait qu'une information positive, optimiste n'attire pas. Le problème étant mondial, il faut une thérapeutique au ni• veau de la presse internationale.

Le bulletin del 'Agence Ivoirienne de Presse (A0I.P) est très peu ou mal diffusé lorsqu'il est édité. L'Agence Ivoirienne de Presse doit tirer en nombre suffisant son bulletin quotidien. En multipliant le tirage on accroit les chances de faire lire beaucoup d'exemplaires au public.

Autres choses à reléver : l'Agence Ivoirienne de Presse manque du soutien constant des médias de notre pays. Et pourtant ça ne lui coûterait rien de faire passer quotidiennement un petit communiqué qui plaiderait en faveur de sa couverture. Assurément, une "opération portes ouvertes" est à envisager. Les résul• tats seraient positifs.

Les responsables de l'Agence Ivoirienne de Presse savent bien cependant quel 'information écrite est une marchandise, et que par conséquent elle a aussi droit à un support publicitaire régulier. En fait del 'information marchan• dise, il convient de préciser que c'est une industrie de pensée spécifique. Autre• ment dit, on ne peut la comparer à une industrie de biscuterie ou de métallurgie (25). Il faudrait nous croyons une une plus étroite collaboration entre l'Agence Ivoirienne de Presse et les autres média. Les autres soutenant la première, contri• buerait énormément à rehausser son image de marque.

Enfin, outre le désintér~t des pouvoirs publics, nous pouvons souligner également le manque de solidarité entre les médias. C'est comme si elles ne saisissaient pas qu'elles constituent toutes des éléments rarticipant à la même action d'information. Elles devraient se concentrer se soutenir mutuellement dans leurs intér~ts.

Ayant mis en perspective les objectifs de 1 'Agence Ivoirienne de Presse et sugg~ré le rôle que cette Agence Nationale pourrait jouer, venons en maintenant aux moyens que doit déployer l 'Agence Ivoirienne de Presse pour atteindre ses objectifs, afin d'assurer dans un premier temps le quotidien.

(25) - Roger PRIOURET "La France et le Management", Edition DENOEL, 1968. - 37 -

3, 2 - LES MOYENS DES 08JECTTFS

Dans l'immédiat: il s'agit pour l '~. . I.P. de mettre un terme aux interruptions prolongées dans la réception et la transmission qui comme nous l'avons souligné par ailleurs dépendent entièrement des P.T.T.

Dans cette optique, la Direction de l'A.I.P. demandera aux P.T.T. : que les lignes 207 et 230 correspondant respectivement à 1 'Jl. • F.P. et REUTER soient doublées.

Les lignes doublées ne devant pas appartenir aux mêmes câbles que les précédentes, de sorte qu'une panne à un niveau donné n'ait aucune conséquence sur le trafic.

- que la ligne diffusion n° 237 principale conductrice des signaux télégraphiques ou multiplicateur du centre Télex pour la radio, la télé, Fraternité -Matin et la Présidence, soit doublée dans un câble différent de l'actuel.

- que les lignes 029 de la télé, 067 de la radio, 267 de Fraterni- té-Matin, soient elles aussi doublées à partir du répétiteur du plateau.

Cette nécessité a été mise en évidence par 1 'interruption de près de trois mois (de mars à juin 1982) intervenue à la diffusion de nouvelles vers la télé. Il faut dire aussi que depuis cette année, Fraternité-Matin reçoit en dents de scie les informations de l'A.LP.

3.3 - L-E-S- --D-I-S-P-O-S-IT--IO--N-S --A- -C-O-U-R-T- -T-E-R-M-E -

Si les premières dispositions destinées uniquement à assurer la régularité de la diffusion des nouvelles, sont à prendre au riveau des P.T.T., les suivantes, elles doivent se situer à l 'AoI.P. même. En effet, l'agence doit avoir un équipement de diffusion avec l'alimentation télégraphique et télé-imprimeurs pour la transmission des nouvelles, une alimentation sans coupure del 'équipement de diffusion. C'est une décision à prendre : L'A.I.P. doit décider d'assurer elle-m~me la distribution des services AFP, REUTER et A.T.P. à partir de ses bureaux. Jusqu'à présent, ce trafic était effectué direc• tement par les P.T.T. - 38 -

En conséquence, l I A. I. P. doit demander aux P.T.T. de tirer les lignes nécessaires entre le central télex et ses bureaux techniques. Ce qui revient à demander aux P.T.T. de mettre à leur disposition entre le central et l'A.I.P.,,un câble sur lequel il y aurait 100, 150, 200 paires au plus, suivant leurs besoins (une paire par télé-imprimeur) 11/\.I.P. aurait alors ses propres panneaux de diffu• sion correspondant à une tête de répartiteur (aux P.T.T.) oQ arriveraient toutes les lignes A.I.P.

En opérant ainsi, l 'A.I.P. ne ferait que se conformer partielle• ment à la structure technique de toutes les agences de presse (m~me africaine) en ayant comme elles, son propre réseau de réception et de diffusion, ce n'est qu'une simple question do volonté politique.

Outre les avantages financiers quel 'A.I.P. en tireraient, elle deviendrait moins tributaire des P.T.T., en même temps qu'elle développerait consi• dérablement sa production et son efficacité.

Il convient également dans cette étude de reconnaître le caractère anachronique de la situation dP. dépendance dans laquelle se trouve actuellement l'A.I.P. à l'égard des P.T.T. Cette s i tua ti on inéluctable dans les années 1960 ne se justifie plus en 1987. Les P.T.T. ont tant de demandes et de clients à satisfaire aujourd'hui qu'on ne peut plus continuer à attendre d'elles qu'elles puissent accorder la priorité du fonctionnement normal d'un service comme l'A.I.P. qui' de surcroit relève d'un Ministère outre que le leur. Et l'A.I.P. elle-même, qui n'avait que deux abonnés en 1961, en compte aujourd'hui plus d'une centaine. ~ne centaine seulement devrait-on dire, car c'est une centaine d'abonnés, si ce n'est davantage, quel 'A.I.P. aurait dQ avoir à entretenir si elle avait été placée depuis en situa• tion normale d'Agence de Presse Nationale comme le sont toutes ses consoeurs. L'A.P.S. (l'Agence de Presse du Sénégal) par exemple compte quelque 250 abonnés.

En matière d'agence de presse, l'éventail des possibilités techni• ques et technologiques étant très larges, il serait bon, avant toute décision d'avoir une idée claire de ce que l'A.I.P. doit être dans un an, dans deux ans, ou à pl u s l on g terme .

L'A.I.P. a obtenu l'assurance formelle d'une coopération techni• que de la part de plusieurs organismes reconnus pour leur longue expérience dans le - 39 -

domaine et les secteurs précis qui 1 'intéresse. L'Agence Centrale de Presse (A.C.P.) à Paris malgré ses moyens modestes (par rapport à l 'A.F.P.) est en France, la source principale pour les nouvelles françaises. Elle a aussi un service interna• tional, mais c'est en tant que agence nationale que son concours pourrait être utile à l'A.I.P. Tout comme le concours d'une agence nationale comme celle de l'Italie (ANSA).

Les Agences France Presse et REUTER elles-m~mes ont disposées à apporter à l 'A.I.P. une assistance technique dans les secteurs de la formation du personnel,de la collecte et de la diffusion des nouvelles. En tout état de cause, les bonnes intentions ne manquent pas. Reste à savoir si elles seront approfondies avec la bienveillance du Ministère de tutelle.

3.4 - L-E-S- --D-IS--P-O-S-IT--IO--N-S --A --L-O-N-G --T-E-R-M-E

Nous sommes convaincus que le développement des capacités de pro• duction est à court terme, le moyen le plus sOr de permettre à l 'A.I.P. de répondre à sa vocation d'Agence de Pres~e Nationale.

Cependant, il ne faut pas rejeter pour autant le rêve à long terme pour répondre au défi économique et culturel constitué par l'expansion des nouvelles techniques des moyens de communication : c'est un équipement informatique qu'il faudra, dans quelques années à l 'A.I.P. pour avaler en mémoire le flot des informations de toute la Côte d'Ivoire, qu'elle ressortira au fur et a mesure de leur arrivée, sous forme de dép~ches nationale. L'exemple du Bureau Régional de l 'Agence Reuter d'Abidjan pourrait alors les inspirer utilement.

Reste maintenant les conditions propres à développer les capaci• tés de collecte, de traitement et de diffusion des nouvelles. Ce qui nécessitera à la fois un renforcement des moyens techniques et une formation adéquate des agents.

De ce point de vue, l'examen del 'exemple del 'Ag~nce de Presse Sénégalaise pourrait être d'un grand intér!t pour l 'Agence Ivoirienne de Presse. - 40 -

3.5 - L--'E--X-EM--P-LE- --DE- --L-'A--G-E-N-C-E --D-E --P-R-E-S-S-E --SE--N-EG--A-L-A-IS-E-

C'est un an avant l'accession du Sénégal à la souveraineté inter• nationale, c'est-à-dire en 1959 qu'à été mise sur pied l 'A~ence de Presse Sénéga• laise. Les autorités de l'époque voulaient ainsi demontrer la place de choix d'une presse dynamique dans la vulgarisation des actions de promotion économique et sociale. Les promoteurs de cet outil essentiel de développement avaient estimé que l 'A.P.S. ne peut en aucune circonstance tenir compte d'influencer ou de considéra• tions de nature à compromettre l'exactitude et l'objectivité de l'information.

Elle ne doit en aucune circonstance passer sous le contrôle de droit ou de fait d'un groupement politique, idéologique ou économique. Elle dévelop• pe son action et parfait son organisation en vue de fournir de façon régulière et sans interruptions une information exacte" (26).

Succédant à l 'Agence France Presse, 1 'A.P.S. a dès lors le monopo• le exclusif des nouvelles internationales introduites au Sénégal par les agences i n terna ti ona l es . Concrètement seule l 'A.P.S. peut vendre sur l'ensemble du Sénégal ses nouvelles à des personnes physiques et morales désirant s'adonner aux nouvelles télescriptées.

Travaillant dans des conditions ex t.rêmernen t difficiles au début. des indépendances, l 'A.P.S. a progressivement rationalisé ses méthodes de travail. Aujourd'hui, l'Agence Sénégalaise dispose d'un réseau de plus de 50 abonnés consti• tués des administrations, organes d'information et de presse audiovisuels et écrits, sociétés privées, missions dip1ématiques, etc ...

Du point de vue de son statut, l 'A.P.S. est un établissement public à caractère industriel et commercial, bénéficiant de l'autonomie financière. En plus de ses ressources propres, elle reçoit chaque années budgétaire une subven• tion del 'Etat (27). Les organes de l'A.P.S.sont le Directeur, le Conseil d'Adminis• tration et le, Comité Directeur.

(26) - Entretien avec Mr AMADOU DIENG, Directeur del 'Agence Presse Sénégalaise, dernier trimestre, 1986. (27) - Cette subvention ne connaît pas un taux fixe. Selon les possibilité du budget del 'Etat, elle oscile annuellement entre cinquante et soixante dix millions. - 41 -

L'activité principale de l'A.P.S. consiste à recue i l l t r l'infor• mation, il l'élaborer et à la diffuser dans les meilleurs dé l a i s , L1/1gence dispose de structures opérationnelles qui lui permettent de remplir sa mission. Il s'agit de la rédaction centrale (ou desk central) ou du desk régional. Placé sous la responsabilité du rédacteur en Chef, le desk central anime, coordonne le travail del 'équipe, de la rédaction chargée de "couvrir" l'actualité dans la région de Dakar, la capitale politique et administrative du SénégJl.

L'agence couvre également les déplacements d'autorités sénégalaises à l 'Etranger ainsi que des rencontres internationales auxquelles prend part le Sénégal .

Quant au Chef de bureau régional, il supervise l'action des différents bureaux régionaux de l 'A.P.S. qui couvrent l'ensemble des régions sauf celle de FATICK et KOLDA qui dépendent encore des bureaux de KAOLACK et ZIGUINCHOR. L'information régionale a connu un véritable développement depuis la réforme de 1972 qui en a fait un domaine d'intervention privilégié del 'A.P.S.

En matière de moyens de diffusions, les bureaux régionaux dispo~· sent d'une carte de crédit pour l'accès au service télex de la SONATEL (Société Nationale Sénégalaise des Télécommunications). Les correspondants peuvent également user du téléphone ou profiter des prestations des chemins de Fer.

Dans un très proche avenir six bureaux régionaux disposeront chacun d'une armoire de diffusion permettant de recevoir l'ensemble du service de l'agence et en même temps d'assurer leurs envois au desk central par le fil. Le service technique qui est c har që de la maintenance de l'exploitation et des dépanna• ges à la responsabilité des armoires de diffusion et de réception qui lui permettent de disposer des nouvelles des agences internationales auxquelles l'A.P.S. est abonnée. Il s'agit des Agences France Presse, Reuter, Chine Nouvelle, Inter-Press Service et Pana. L'acquisition récente d'une antenne de réception permettra sous peu grctce au.captage de diverses émissions à travers le monde de lancer un service international qui améliorera notablement les prestations de l'A.P.S.

Par ailleurs, de grands efforts ont été déployés dans le domaine de la formation professionnelle. Outre 1 'école des Postes et Télécommunications .de L Rufisque, d' autres centres de formation situés au Maroc, en France, en République - 4 2 -

Fédérale Allemande et en Suisse ont accueilli des techniciens de 1 'A.P.S. Dernier né des structures de 1 'agence, le service commercial crée en Novembre 1985 a pour but de promouvoir les activités de 1 'A.P.S. Son objectif primordial est de générer de nouvelles ressources pour faire face aux exigences qu'impose le désengagement de l'Etat.

N'ayant pas de correspondants permanents à l'étranger, ni un service destiné à 1 'extérieur, l 'A.P.S. a conclu des contrats avec l 'A.F.P., Reuter et Inter-Press Service pour la distribution de leurs nouvelles au Sénégal. La Pana entretien avec l'A.P.S. comme avec les autres agences nationales - sauf la nôtre• (28) du continent une certaine fo nne de collaboration et d'échange de nouvelles. C'est du reste l 'A .P.S. qui constitue au Sénégal l'unique source d'informations nationales pour la Pana. Par ailleurs, l 'A.P.S. a signé des accords de coopération prévoyant des échanges d'informations, de journalistes et de techniciens avec les agences suivantes

- Algérie Presse Service, Maghreb Arabe Presse (Maroc), Afrique Presse, Agence Zafre Presse, Agence Congolaise de Presse, Agence Mauritanienne d'informations, Agence Ivoirienne de Presse, Agerpress (Roumanie), (Yougoslavie), Ansa (Italie), Youlap (Corée du Sud), Agence Télégraphique Centrale (RPD de Corée), Chine Nouvelle, Iraqi News Agancy, Sandi Press Agency (Arabie Saoudite).

A présent, tentons d'illustrer dans les pages qui suivent les perspectives de l'Agence Sénégalaise de Presse.

(28) - La COTE D'IVOIRE n'est pas encore membre de la Pana. PCllrtant, elle a participé depuis 1963 aux travaux préparatoires. - 4 3 -

3.6 - L-E-S- --PE--RS-P-E-C--T-I-V-E-S --D-'A--V-EN--TR- --D-E --L-'A--.P--"-S-.

L'Agence Sénégalaise de Presse la doyenne des agences de Presse de l'Afrique au Sud du Sahara a fêté en AoOt 1986, son 27ème anniversaire. Cette fête a coïncidé pour elle avec l'acquisition J'un important lot de matériel. Cet équipement d'une valeur globale de centvingt millions de F.CFA ouvre d'intéressantes perspectives pour l 'Agence. Les armoires de diffusion au nombre de six - six régions vont en être équipées au départ - vont permettre aux bureaux régionaux de recevoir également le service national et éventuellement les nouvelles internationales. Ainsi dans certaines régions ou le pouvoir économique est détenu par des services techni• ques impliqués dans le développement, l'A.P.S. estime qu'elle doit étendre le nombre de ses abonnés en touchant cette catégorie là.

Les correspondants del 'A.P.S. dans le passé étaient confrontés à un problème de tat l l e :

- le pouvoir régional, en particulier les autorités administrati• tives, les chefs de service n'a·,aient pas: un retour des informations qu'ils étaient amenés à leur donner, dès l'instant où comme cela peut arriver, ils n'avaient pas d'échos, ni dans le quo t i di en national "le soleil", ni à la radio (29) une situation qui pouvait constituer une entrave, par la suite, pour les chefs de bureaux ré• régionaux, dans l'exercice de leurs fonctions.

Aujourd'hui, avec le nouveau matériel dont l 'A.P.S. dispose, six régions sur dix vont être équipées d'armoire de diffusion et cela permettra d'insuf• fler un ~ang frais aux informations régionales. L'A.P.S. compte faire de Thiès qui est le deuxième pôle industriel, après Dakar, une région test pour l'augmentation du nombre de ses a/bonnés, la mise en place d'un service performant, l'établissement de nouvelles relations de confiance avec les autorités administratives et les services du développement.

Pour en arriver à cette situation, t l a fallu que l'agence gère en quelque sorte un lourd héritage dans ses rapports avec le pouvoir régional. Il ressort de l'analyse du Directeur Général de l'AuP.S.,_Monsieur AMADOU DIE.NG, qu'il

(29) - Entretien avec Mr AMADOU DIENG Idem, 1986. - 44 -

y a eu "une loi au.terme de laquelle l'information régionale qui dépendait du Ministère de Tutelle a été virée à l'agence de Presse Sénégalaise. Ainsi, l'agence qui a été créée en 1959 a eu à intégrer un certain nombre de structures telles que les Centres Régionaux à l 'lnformation (C.R.I.) et les Centres Départementaux à l'In• formation (C.D.I.), en plus des structures mobiles comme les cinémas ambulants de l'époque" (30).

Il convient de rappeler que c'est en 1959 que le premier plan de développement global a été lancé pour une période de quarante ans (2.001). Un plan qui, dans l'esprit des pouvoirs publics, devait révolutionner l'agriculture sénéga• laise et les mentalités des acteurs de son développement. D'où la création de Centres Régionaux de 1 'Information, pour forger cette nouvelle mentalité appelée à sous• tendre le développement de 1 'agriculture.

Cependant aussi nobles que pouvaient être ces objectifs, on s'est rendu compte à 1 'expérience que les hommes qui devaient animer ces structures fai• saient cruellement défaut. Au départ le recrutement se faisait au niveau des petits fonctionnaires, des dactylos et autres agents de Centres d'Expansion Rurale (C.EoR.). Des personnes peu formées dans le damine spécifique du Journalisme d'un genre nouveau quel 'A.P.S. voulait pratiquer et qui spontanément soumettaient leurs textes à l'autorité régionale, "qui en biffait une partie avant d'envoyer ce qui restait sur le fil de l' A.P.S." (31).

C'est en 1972 quel 'A.P.S. s'est rendu compte que la charrure avait été mise avant les boeufs. Une très grande partie du personnel ne pouvant se départir de sa mentalité de fonctionnaire.

Et pour rectifier le tir, l'information régionale a été rattachée à l'A.P.S. L'Etat de ce fait a voulu "défonctionnariser" les mentalités en quelque sorte. D'où l'opération chirurgicale qui a consisté à envoyé L tiers des effectifs de départ en recyclage et à reverser les autres dans leurs corps d'origine. A la création del 'A.P.S. en 1959, il avait été clairement stipulé quel 'Agence ne devant tenir compte d'aucun facteur qui pouvait emp~cher la fourniture d'une information

(30) - Entretien avec Mr AMADOU DIENG, Ibidem (31) - Ibidem. - 4,5 -

objective (32). Et ne devait passer en aucune façon sous le contrôle d'un pouvoir politique ou économique. Son objectif restant la collecte, la diffusion de 1 'infor• mation. Ainsi que 1 'a expliqué, Monsieur AMADOU DIENG, le Directeur Général de l 'A.P.S. "nous voulons en retour créer un climat de confiance, avec l'installation des armoires de diffusion qui permettront aux chefs de bureaux régionaux de recevoir les informations qu'ils envoient sur le réseau, de recevoir les informations de Dakar (desk central) et même 1 es nouvel 1 es de l 'Etranger". (33).

En fait, il s'agit pour l'A.P .• S. de suppléer globalement à l'absen• ce d'information régionale, en guise de contribution au Nouvel Ordre National de 1 'Information, préalable à 1 'instauration du Nouvel Ordre International de 1 'Informa• tion. Autrement dit, faire en quelque sorte que les citoyensdes régions et des d~cideurs soient informés en m!me temps que ceux de la capitale. En fait ces deux ordre (national et international) del 'information doivent essayer de résoudre qua• tre grands problèmes :

- la décentralisation de l'information:, - le développement de 1 'information qui sous-entend un égal développement - les moyens de transmission, donc des télécom• munications et enfin la démocratisation du fait que le Sénégal est une société politique dominée essentiellement par la communication.

"Notre devoir a dit Monsieur AMADOU DIENG, est de contribuer au développement de cet état de choses. Et le niveau matériel que nous venons de rece• voir va nous aider à développer notre politique de diffusion" ('11).

Eu égard aux efforts fournis quant à insérer 1 'Agence Sénégalaise de Presse dans le circuit du développement national comme vecteur opérationnel, la question qui vient à l'esprit est celle de savoir quel est l'impact de cette ~gence Nationale de Presse ?

(321 - Entretien déjà cité (33) - Idem (34) - Entretien cité. - 'i b -

3.7 - L'IMPACT DE L'A.P.S.

L'A.P.S. qui fonctionnait en 1959 avec sept personnes et deux baies de réception héritées del 'A.F.P., aujourd'hui, par le travail soutenu de la rédaction a essayé dans la limite de ses moyens de répercuter l'information nationale. L'A.P.S. a essayé de réaliser des enquêtes soci-économiques, des monogra• phies, entre autres, qui ont permis de donner aux populations et aux autorités une certaine emprise sur la réalité qui les entourent. C'est d'ailleurs ce qui a permis à l'A.P.S. de mettre à nu dans les années 1968-1969 le "malaise paysan" et d'attirer l'attention des autorités, par exemple, sur les limites et les capacités d'endet• tement du monde paysan. Malgré l'anonymat del 'agence, il faut avouer qu'elle a, à son actif des acquis certains. Et malgré sa situation d'établissement public à caractère commercial, l'A.P.S. est un service public où la rentabilité ne peut pas ~tre calculée en termes mathématique. C'est une évidence : au Sénégal le Gouverne• ment n'est pas indifférent à son agence de presse.

1 Cel a d ·j t , 1 A .r. s. n I es t pas l e porte-parole du Gouvernement. Aux p~emières heures de l'indépendance, l 'A.P.S. a exercé ce rôle, car il fut un temps ou elle dépendait directement d~ la Présidence de lJ République. Elle se faisait alors l'écho des déclarations officielles, des mises au point et dr s interventions. Mais dès la création de "Dakar-Matin", service semi-public, il y a eu un déplacement de ce rôle qui est allé au quotidien national "Le Soleil".

L'A.P.S. n'est pas le porte-parole officiel du Gouvernement, comme Algérie Presse Service ou l'AZAP (Za îr-e ) par exemple. C'est qu'au Sénégal, les autorités et les citoyens tiennent à la pluralité des sources d'information. On peut toutefois remarquer qu'on peut privilégier un organe de presse par rapport à un autre, mais la pluralité reste un acquis fondamental de ce pays, quand bien m~me

le Président Directeur Général du quotidien "Le So l e i l !' , est un membre de droit au Bureau Politique.:

Dans le cas d'Algérie Presse Service, l'Agence est la voix autorisée, selon la terminologie des démocraties populaires, à partir de laquelle les médias viennent s'alimenter. Au Sénégal tous les clients sont traités sur le même pied d'égalité et reçoivent les informations de l 'A.r.s. simultanément. Cela - 4 7 -

d'ailleurs est une bonne chose. Car reprendre global enent les dépêches d1Agence Internationales de Presse, et ne donner aux populations qu'un tiers de leur valeur globalement est une atteinte aux droits des citoyens.

A la fois témoin et actrice du développenent, l 1A.P.S. aujour• d'hui, nul ne le conteste, est un outil essentiel dans la stratégie de communica• tion sociale au Sénégal. En tout cas, le nouveau matéri~ qu'elle a acquis récemment devra sensiblement contribuer à son affirmation avec laquelle on peut compter sur l "éc tn qut er de la communication en Afrique au Sud du Sahara. L'arri• vée de jeunes professionnels compétents et dynamiques a consacré au Sénégal le développement du journalisme d'agence r-es të jusqu'à maintenant très marginal chez nous.

Travaillant dans l •anonymat le plus complet, ces journalistes ont beaucoup cultivé le sens du devoir qui récuse le vedettariat et 1 •exhibitionnisme professionnel. Malgré ces acquis, l1A.P.S. doit chaque jour se remettre en ques• tion, non seulement par la ccmpê t enc e et le professionnalisme de son équ·ipe,mais aussi et surtout par la qualité de son service et la crédibilité de ses informa= tions.

Considérées par une grande partie de l I opinion interna ti ona 1 e comme des porte-voix de préoccupations et thèses des systèmes institutionnels en place, les médias africains se doivent de prouver quotidiennenent que tutelle ne signifie pas nécessairement allégeance. Cela on l1a compris au Sénégal où la réalité politique est plurielle avec ce que cela comporte comme ouverture, tolé• rance et esprit de dialogue.

Ainsi, par une pratique professionnelle digne au service d'une information honnête et formattice, les confrères sénégalais pourront contribuer à l'émergence du nouvel ordre national del 'information, préalable au nouvel ordre international de l'information et de la Communication. - 48 -

L1on ne saurait terminer cette étude sur l'Agence de Presse Sénégalaise, sans aborder la question des Agences Internationales d'Information, des Agences Africaines surtout del 'Agence Panafricaine d'Information, notamment leurs activités et leur implantation. - 49 -

3"8 - -L-ES- --A-G-EN--CE--S --I NTERNATIONALlS ET AFRICAINES

Dans cet ordre d'idées, il faut dire que luépineux problème du déséquilibre NOrd-Sud et l 1échange inégal ne seront pas résolus si tant est qu'on peut les résoudre sans la rédéfinition profonde de la philosophie d'action des Agences de Presse Nationaleso

Depuis de nombreuses années, tous les pays du Tiers Monde s'insur• gent contrele déséquilibre de 1°information qui su aggrave entre le Nord et le Sud. En effet, les pays en voie de développement revendiquent a juste titre, un nouvel ordre mondial del 'information, formulant contre le nord trois chefs d'accusation le silence sur les pays du Sud dans les médias des pays développés, la déformation des informations concernant le Tiers-Monde, et enfin la propagande culturelle du Nord en direction du Sud. Ces griefs, longuement développés dans le rapport Mac Bride (35) en constituent les thèmes essentiels.

Les médias requièrent des moyens financiers colossaux, et il est difficile pour des pays en voie de développement dont les priorités sont l'éduca• tion et le développement de consacrer une part importante de leurs ressources a l 1information, inexorablement, l 1écart technologique se creuse entre le Nord et le Sud et un pays en voie de développement confronté a des difficultés existen• tielles ne peut raisonnablement suivre le rythmeo

On sait que les Agences Nationales Africaines sont, pour la plupart, nées avec l'accession al 'indépendance des territoires coloniaux. Faute

de moyens ou en raison de la faiblesse, ou del 1inexistance de leur presse locale, certains nouveaux Etats n'ont cependant pas encore créé leur propre agence d'information : la seule relation des évènements locaux et internationaux est confiée aux rédacteurs des bulletins gouvernementaux. =-·-~=------( 35) - Voix Multiples, un seul ~1onde, Communication et Société aujourd'hui et demain, collectif connu sous le nom de Rapport Mac ORID~. Nouval1es Editions Africaines, UNESCO, 1980. · - 50 -

Les agences qui dans la profession journalistique sont considé• rées comme "internationales" sans que ce qualificatif implique une production et une implantation mondiales sont en général, des agences nationales assez importantes pour disposer de correspondants dans quelques points sensibles du monde. Leur champ de diffusion est parfois fort vasteo C'est ainsi, par exemple, que la O.P.A. (Allemangne Fédérale) "distribue" en Europe du Nord et dans le Proche-Orient, l 'AuD.N. (République Démocratique Allemande) en Europe del 'Est, dans le Proche-Ortent et certains pays d'Afrique 1 'ANSA (Italie et Tefe (Espagne) en Amérique Latine, Kyodo (Japon) non seulement en Asie mais aussi en déhors du continent asiatique, Mena (Egypte), CTK (Tchécoslovaquie),Tanjug (Yougoslavie), Hsin Hua (Chine Populaire), (Belgique), CNA (Taïwan) dans les pays les plus di vers (36).

En Afrique, ces agences comptent d0assez nombreux clients. Elles ne sauraient, toutefois, prétendre à un rôle autre que complémentaire par rapport aux agences mondiales.

Les services ~ont surtout utilisés pour les articles spécialisés, les enqu~tes sur des sujets déterminés ou des synthèses. Certaines d'entre elles, la O.P.A. notamment, sont représentées par des professionnels hautement qualifiés et dont les messages sont justement sppréciés. ~oins ambitieuses, de~ "agences spécialisées" fournissent à la presse un service de photographies d'actualité ou des articles d'information et de vulgarisation sur des sujets techniques ou peu connu quel 'actualité met en lumièreo

D'autres Etats ont avec les années, perfectionné les structures de leur Agence Nationale pour répondre principalement aux besoins d'une presse locale nombreuse et puissante. L'Afrique indépendante compte actuellement 51

(36)- - SI OBRADOVIC, ·11Les gra-nds-média d'information" Dossier 481 Agence de Presse Tanjug - Yougoslavie, 1977. - 51 -

Etats indépendants tous membres del 'Organisation de l'Union Africaine (OUA). Celle-ci vient de se doter d0une Agence Panafricaine d'information (PANA).

La création d'une Agence Interafricaine d1Information a été envisagée dès la naissance del 'Organisation de l 'Unité Africaine (OUA) en 1963. Mais il a fallu attendre le 9 Avril 1979 pour que la conférence des Ministres Africains de l'Information adopte, à Addis-Abeba (Ethiopie) une convention créant la PANA (Agence Panafricaine d'Information).

D1après cette convention, les buts de cette agence sont en parti• culier de "consolider l'indépendance, l'unité et la solidarité africaine", "mieux faire connaître et servir les luttes de libération, favoriser les échanges d'in• formation, corriger l'image déformée del 'Afrique, de ses pays et de ses peuples par suite d'information partiales, négatives, diffusées par les agences de presse étrangères" ( 37) .

N'est-ce pas Jean-Louis SERVAN SCHREIDER qui notait dans son étude "Le Pouvoir d' Informer" (38) dans le domaine des informations mondiales comme dans beaucoup d'autres, les grandes puissances exercent une domination de fait qui contraint des Egyptiens, des Argentins ou des Suédois à voir sans s'en

rendre compte, le monde à travers des yeux américains, anglais ou français. Il ajoutera "sans aucune pression diplomatique et sans aucune dépense supplémen• taire, les grands parviennent enfin à influencer le reste du monde au niveau des analyses et des opinions" (39).

(37) - Interview accordée à lvHebdomad~ire J.A. n° 1278/85 (CHEIK O. DIALLO) (38) - J.L.S. SCHREIBER, Op. CiL (39) - J.L.S. SCHREIBER, Ibidem. - 5 2 -

C'est dire que l'OUA a vu juste en montant une Agence de Presse Continentale. Il faut noter cependant que de 1985 à 1987, 35 Etats seulement ont ratifié sa convention d'établissement, dont les responsables directs sont les Ministres de l'Information des pays membres, qui reçoit ses nouvelles des agences de presse nationales, et dont le personnel et direction sont nommés par les Pouvoirs en place.

Au niveau de la PANA en ce qui concerne le cheminement des infor• mations, il convient de préciser que les dites informations doivent être envoyées à la PANA par les Agences de Presse Nationales ou par les autres organes officiels d'information des Etats membres.

A ce propos, le premier Directeur Général de la PANA, le Nigérien CHEIKH OUSMANE DIALLO précise : "une vingtaine de pays Africains seulement reçoi• vent notre service dans de bonnes conditions techniques. A cause de notre méthode de diffusion par ondes décamétriques de longue portée, les pays ~oisins du Sénégal ne peuvent pas encore recevoir notre bulletin quotidien. De plus, parmi la trentaine de pays qui ne reçoivent pas la PANA, certains ne disposent pas des équipements de réception adéquats ( ••• ) La phase de démarrage s'est achévée en 1986 et nous commencerons a mettre en place le réseau extra-africain de l'agence l'Inde reçoiy déjà notre service gr~ce à une liaison par satellite DAKAR-NEW-, l'Agence Italienne ANSA reçoit notre émission par radio à titre expérime~tal, nous arrivon~ par satellite à Paris où notre service est distribué au siège de l'UNESCO. Le réseau de la PANA s'élargira ensuite en fonction des besoins

11 ex primés •

Quelles sont les informations reçues par la PANA et que diffuse t'elle? - 53 -

Mr CHEIKH OUSMANE DIALLO répond : nous recevons des dépêches des agences membres qui sont nos correspondants. Dans chacune, il y a un desk

PANA et un journaliste chargé de la collecte del 'information destinée à la PANA. Nous traitons cette information, nous la diffusons. De 9 H à 18 H GMT, nous transmettons 60 à 70 dèpëc hss par jour, soit un volume de 20.000 mots ( ••• )

Nous y ajoutons 3 .000 à 5 .000 mots de production propre, et nous commandons par• fois des articles à l'extérieur pour complèter notre bulletin quotidien. Celui-ci a une dominante par jour : le lundi nous diffusons un bulletin économique, le mardi sur la science et la technologie, le mercredi sur la sécheresse et le samedi une revue de presse. Nous allons lancer d'autres bulletins sur la culture, le sport et la santé" (40).

Les statuts prévoient d'ailleurs que l'Agence Panafricaine s'enga• ge à "respecter l'équilibre dans la collecte et la diffusion des nouvelles en provenance des pays membres sur la base du principe del 'égalité des Etats membres, du respect mutuel et del 'intérH commun" (41).

L'article 8 de la convention d'Addis-Abeba précise aussi que l 'Agence Panafricaine doit retransmettre telle quelle 1 'information reçue d'une source nationale.

Juridiquement, la PANA d êp eid de la conférence des Ministres de l'Information et d'un Conseil Inter-Gouvernemantal de quatorze pays membres. Le Directeur Général élu pour quatre ans, ne doit "solliciter et accepter d'instruc-

I 11 tions d aucun Gouvernement ( 42).

(40) - in Revue J .A. Loc Ci t- (41) - in Revue J.A. Loc Ci t (42) - in Revue "J.A.11 Loc Cit - 54 -

Malgré les difficultés de toutes sortes, la PANA a demarré au début del 'année 1983. Elle est venue agrandir le c c r c l e des cinq grandes Agences Mondiales déjà citées. Son Siège Central est à DAKAR (Sénégal), cinq "pools régionaux" lui sont rattachés avec pour sièges : LAGOS (Ni qèr i a ) pour l'Afrique del 'Ouest, Lusaka (Zambie) pour le Sud, Kinshasa (Zaîre) pour le Centre, Khar• toum (Soudan) pour l'Etat, (Lydie) pour le Nord" Les nouvelles de la PANA sont diffusées en quatre langues : arabe, anglais,français et portugais.

Quel rôle la PANA veut-elle jouer dans l'information mondiale ?

Question difficile et réponse délicate. Ce qui frappe d'emblée en ce qui concerne les grandes agences de presse, c'est qu'elles n'ont pas joué le jeu de l'unité du continent. Même si elles ont permis à l'Afrique de se faire connaître à l'extérieur, elles mettent davan-tage l'accent sur les situations de conflits, sur ce qui divise les africains que sur ce qui les unit. Les agences internationales choisissent et traitent l'information selon leur propre système de valeurs, leurs priorités, leurs préoccupations. Il n'est pas évident que leurs intérêts coïncident avec celles del 'Afrique. Et il est important quel 'informa• tion soit à la recherche de ce qui peut unir. Malheureusement, les grandes agences n'ont pas aidé souvent les Etats à mfeux· se comprendre, lorsqu'il y avait des problèmes.

La position de la PANA est résumée ainsi par Mr CHEIKH OUSMANE DIALLO : "nous tâchons de traiter l'information de la manière la plus honnête possible. Il nous arrivé, dans des situations conflictuelles de présenter la position de chaque protagoniste, sans nous attirer les foudres des uns et des autres. Dans la plupart des cas, la PANA s'est acquitée de sa mission"(43).

(43) - Interview du Directeur Général de la PANA par l 'A.F.P. MONROVIA, 18 Décembre 1982, dépêche n° D.A. 13202, 3è Conférence sur les Tül écommcn t• cations Panafricaines (PANA FTEL). FrançoiseGIROUD (44) peut, à juste titre, marquer son é tonn emen t et son agacement devant une presse occidentale qui note-t-elle, en dix jours, a consacré plus d'espace et d'heures d'antenne au couronnement de 1 'ex-empereur Jean-Bedel BOKASSA qu'elle ne l'avait fait en trois ans pqur rendre compte des évènements africains,

C'est dire en un mot qu'il y a bel et bi en une sous-information scandaleuse des médias des pays riches en information sur l'Afrique, l'Asie, et l'Amérique Latine: la vie des populations, leurs aspirations, leur luttes, leurs craintes et leurs espoirs.%

L'Agence Panafricaine a donc comme principale vocation de favoriser une circulation plus large de nouvelles entre les Etats Africains. Mais elle veut aussi être le support del 'image africaine au plan mondial. C'est un nouve T s qui , libre qu'elle veut créer dans le domaine de l'information.

Quelle différence y a t-il entre la PAMA et les grandes agences de presse internationales ?

Selon son ancien Directeur Général, Mr CHEIKH OUSMANE DIALLO (45) "la PANA et les autres agences de presse International es doivent être complémen-• taires. Nous ferons ce qu'elles ne font pas. Nous développerons ce qu'elles ne développent pas assez. Il est sa.in qu'existe une information alternative et que nous assistions à une multiplicité de sources nouvelles;: c'est à l'utilisateur de décider qui détient la "vérité de l'information". Dans le mëme ordre d'idées, Mr DIALLO a souligné (46) "si nous faisons un travail de qualité, nos dépêches s'imposeront d'elles-mêmes. Sinon il faudra en tirer les conséquences. De toute

{44) - Voir l 'EXPRESS, 4ème semaine de 1979.

(45) - Conférence sur les politiques de.Communication·en Afrique à Yaoundé (Cameroun), 1984 . (46) - In conférence Cit, 1984. - 56 -

façon, nous venons nous ajouter à ce qui existe, sans condamner pour autant ce qui est. Nous prenons une place, un créneau qui manque, et nous pensons que notre présence est bénéfique même pour les grandes agences internationales''..

Opérationnelle depuis quatre ans, la PANA est confrontée à des difficultés financières procédant del 'irrégularité et del 'insuffisance du versement des cotisations dues par les Etats membres.

Depuis un an et demi des efforts sont faits pour améliorer la qualité rédactionnelle des productions de la PANA. Ce qui explique maintenant que les dépêches del 'Agence Panafraicaine soient reprises par divers journaux afri• cains. Le nouveau Directeur de la PANA (47) se propose de revoir le réseau de transmission del 'agence afin d'augmenter le volume de la transmission. Selon lui, "il s'agit d'automatiser le bureau de Lusaka et d'ouvrir des points de col• lecte la oü les télécommunic~tions permettent de concentrer les nouvelles et de les acheminer rapidement vers le siège {48).

Il s'agit dans le cas de Paris, d'ouvrir une ligne Dakar-Paris, qui permettra de recevoir et d'atteindre plus d'une dizaine d'Agences d'Algérie, de Tunisie, de Lybie, d'Egypte, de Yougoslavie, etc ••. La P/\NA manque véritable• ment de moyens financiers pour l'acquisition de matériels techniques sophistiqués lesquels lui permettraient de réaliser des performances.

"Malgré une conjoncture difficile pour les Etats membres, nous pensons serrer les dépenses au siège en vue de ces acquisitions". La situation est préoccupante pour la PANA. En 1986, l 1A9ence Panafraicaine n'a pu recouvrir que 40 % de ses prévisions, soit un million 440 mille dollars. En AoOt 1987, elle

(47) - Depuis Novembre 1985, le Congolais AUGUSTE MPASSI MUBA a succédé au Nigérinn CHEIKH OUSMANE DIALLO, premier Directeur de la PANA. (48) - Interview parue dans "Sud Magasine" n° 6, AoOt 1987. a déjà reçu un million 300 mille dollars. Maintenant, les mauvais payeurs empê• chent 1 'Agence Panafricaine de prendre son envol technique. Cependant, la PANA ne désarme pas" Elle compte bien rentrer dans ses comptes vis-à-vis des mauvais contr t bu ta i r es , Dans cette perspective, l.'actuel Directeur Général utilise trois formules : les contacts et les appels publiques lors des conférences et les visites personnelles dans les Etats membres. Des trois formules, le Directeur Général de la PANA assure que la dernière est la plus efficace. En effet, des pays qui n'avaient jamais cotisé, comme la Lybie, Madagascar, Mauritanie, Gambie, ont commencé à le faire.

Tous les Etats ne sont pas de mauvais contributaires, 16in s'en faut. Très souvent, ils programment le paiement de leurs contributions, mais les retards proviennent des lenteurs bureaucratiques desdits pays.

En ce qui concerne les recrutements de journalistes et de techni• ciens à la PANA, ils se poursuivent lentement" C'est-à-dire qu'aux critères de compétence professionnelle, il faut aussi que les pays des postulants soient à jour de leurs contributions.

Fruit de la coopération Inter-Africaine, la PANA n'est pas encore indépendante au point d'~tre à 1 'abri des sensibilités contradictoires et l'intolérance qui est le propre de nombreux dirigeants africains. Les suscep• tibilités se manifestent surtout lors des conflits internes ou Inter-ttats, quand la rédaction ou les correspondants de la PANA ne font pas attention à certaines terminologies. "Mais avec un service quotidien de pr è s de cent vingt dépêches, en comptabilisant le nombre de rédactions que j'ai enregistrées en un an et demi, je puis affirmer que c'est très marginal" (49).

(49) - Sud Magasine n° 6, AoOt 1987, idem" - 58 -

En vérité, l'examen critique de la situation actuelle de l 'Agence Panafricaine d'information fournit l'occasion de dire que celle-ci ne pourra reléver les défis qui ont conduit à sa création que si les Agences Nationales de Presse Africaines - ses principaux correspondants dans les Etats membres et elle-meme se battent pour traiter et diffuser leurs informations avec beaucoup de célérité.

En effet, la rapidité et la crédibilitê des sources consti• tuent les qualités primordiales susceptibles de permettre à la PAW\ de concur- rencer efficacement les Agences de Presse Occidentales. C.elles-ci, ont les moyens humains, financiers et technologiques considérables et sont beaucoup plus rapides dans la diffusion des nouvelles.

Cela dit, il convient de noter que les journalistes africains sont conscients de l'ampleur des problèmes économiques et sociaux du continent, mais l~ur imposer le silence en les réduisant à la complaisance ne feront qu'ag• graver le sous-développement del 'Afrique.

Nous pensons que la liberté de pensée, le doute, le questionne• ment, la critique et la remise en cause permanente de soi con s t i tu en t les bases essentielles du progrès. C'est pourquoi, quelques suggestions vont être faites dans la conclusion, permettant ainsi de voir dans quelle mesure on peut insérer 1 l 'Agence Ivoirienne de Presse dans le processus du développement national. - 5 9 -

CONCL--U-S-I-O-N- ---G-E-N-E-R-A-L-E

Au terme de cette étude, rappelons que les problèmes de l 'Agence Ivoirienne de Presse se résument au manque de moyens financiers, humains et de matériels techniques adéquats. A cela. il convient d'ajouter les facteurs de blocage politique. L'ensemble de ces facteurs sont à la base de l'impression aléatoire du bulletin quotidien de l'Agence Ivoirienne de Presse; du manque de variété et del 'inadaptation du cuntenu du bulletin.

Nous avons remarqué qu'en Côte d'Ivoire m~me, des citoyens qui sont dans de bonnes conditions ignorent l'existence del 'A.I.P.,

cela tient plus au manque de sensibilisation quant à l'importance del 'A.I .P. et à l'inadaptation de son activité d'information.

Chaque citoyen devrait être sensibilisé au rôle et à l'importance del 'A.I.P. Ce faisant l 'A.I .P. devrait jouer un rôle moteur dans le dispositif du Ministère de l'Information, de la Culture, de la Jeunesse et des Sports.

Donner des moyens à l 'A.l .P. est une démarche à susciter et à encourager. Son activité est bénéfique à la collectivité. Le Gouvernement a aussi intér~t à la promouvoir. D'une part, elle permettrait aux populations de communiquer directement avec le sommet. Elle permettrait aussi d'entretenir constamment la mobilissation de la population aux grands idéaux du pays, - 60 -

L'A.I.P. a beaucoup souffert des méthodes cavalières du Pouvoir Central. Les populations ne s'intéressent pas à elle non pas à cause d'une aversion mais parce qu'elles ignorent son importance et qu'elles ne la trouve pas à leurs goOts.

Les responsables directs de 1 'A. [.P. ne doivent en aucune manière endosser à eux seuls les r es pons ab i l i t âs et la conséquence de cet état de choses, les responsables gouvernementa~x, ceux qui sont chargés de la politi•

que d'information, y ont une part de r es pons abi l t t ë , pu i s qu+i l s ne font rien pour accorder à l'A.I.P. la place qui lui revient de droit.

Nous souhaitons un renversement de vapeur e~ faveur de l 'Agence Ivoirienne de Presse.

Il s'agit donc de faire en sorte qu'à la lumière d'objectifs~ précis, l'Agence Ivoirienne de Presse ne se contente plus de relayer les services des grandes agences de presse, mais s'efforce de mettre en priorité l'accent sur l'information nationale élément d'accès du citoyen aux réalités de son propre pays, et moyen indispensable de lutte contre les disparités régionales.

Pour faire face à cette tâche, il est évident qu'une Agence Nationale de Presse telle que 1 'Agence Ivoirienne de Presse doit être équipée en hommes et en matériel performant. Outre des journalistes en nombre suffisant au siège, elle doit posséder éga~ement des correspondants sur toute 1 'étendue du territoire national. L'Agence Nationale doit posséder un service technique et des techniciens appropriés pour l "exp l o i t a t i on et la maintenance, et une 1 gestion financière souple. En fait de matériels, l'agence nationale doit être - 61 -

équipéé d'un matériel de réception et de diffusion fiables. Elle. devrait pouvoir bénéficier également d'un système autonome de transmission et utiliser les facilités offertes par les Postes et Télécommunications, à condition que celles-ci accordent une certaine priorité à J 'agences nationale de presse qui ne saurait être considérées comme un client ordinaire:

Agir contrairement à cette démarche, c'est maintenir le statut qui ne favorise point l'épanouissement de l'Agence Ivoirienne de Presse. Il est donc nécessaire d'attirer l'attention des responsables politiques en leur demandant de repenser la politique globale del 'Agence Ivoirienne de Presse.

La pratique d'une bonne information est susceptible d'une modification positive chez les agents del 'A.I.P. ; les conditions indispensa• bles à la pratique d'une bonne information sont chez eux assez bien réalisées. Ils ont les capacités et les ~ossibi~ités professionnelles. Ils n'ont pas de répugnance à accomplir leur tâche. Nous sommes convaincus qye les confrères de l'A.I .P. feraient beaucoup et mieux s'ils étaient réellement motivés et unis dans de bonnes dispositions techniques.

Mais nous sommes aussi conscients que la Côte d'Ivoire doit surmonter beaucoup d'obstacles pour réaliser ce voeu. Il n'est pas de toute façon , irréalisable. Il faudra néanmoins beaucoup de temps, d'initiative et de patience pour arriver à une pareille démocratisation del 'activité journalisti• que en Côte d'Ivoire, dont relève l 'Agence Ivoirienne de Presse.

On le voit, une réelle rétention de l'information est pratiquée vis-à-vis de l'A.I.P. Ceci s'explique par le fait que pour ceux qui détiennent les informations, les "décideurs", l'Agence a une audience limitée, victime de - 62 -

1 'anonymat et du manque de moyens. En termes clairs, 1 'A~ence pratique trop le journalisme sédentaire au détriment du journalisme d'investigation. Tant il est vrai quelaréalité socio-politique ne se limite pas aux seules institutions officielles, ~me si ce sont celles-ci en définitive qui.1 donnent le ton du-fait 1 dtj contexte politique axé sur le Parti-Etat qu'est le P.b.C.I. - R.D.A.

Dans la mesure où 1 'information est un1enjeu, 1 'Agence Ivoirienne de Presse qui aurait dOe être la base du système en est absentente. - 63 - ANNEXE I

Monsieur, Madame, Mademoiselle, nous avons l'honneur de vous informer que nous sommes en train d'effectuer actuellement une enquête sur l'Agence Ivoirienne de Presse (AIP), dans le cadre de notre mémoire de maîtrise en Sciences de la Communication à l'Université d'Abidjan.

A cette occasion, nous vous prions de bien voGloir remplir le questionnaire suivant et de nous le retourner

1 - lisez-vous le bulletin de l'AIP?

- Régulièrement I I - Quelque fois I_I - Jamais /7

2 - Pourquoi le lisez-vous? - pour la facilité de récep::ion /7 - pour le contenu Il

3 - Quels sont les principales caractéristiques des articles de l'AIP?

- Articles trop Lorg s I I - Inadapté à votre goût L7 - sujet peu intéressant II - bul1etin reçu trop tard. Il

4 - Ul:ili.1:1<:z-vous le bulletin de l 'AIP en tant que documentation

- Beaucoup I I - un peu Il - Non Il

5 - Que pensez-vous en général du bulletin de l'AIP? - 64 -

6 - Quels types de sujets souhaitez-vous? surtout que l'AIP traite?

- politique et économie nationales / /

- grande actualité africaine / /

- grande actualité mondiale L __ I

- organisations inter-:Lncs / /

- Africaine francophone /7

- Maghreb / /

- Afrique Anglophone /7

- Reste du tiers-monde / /

- culture et société /7

- Sport africain / /

- Sport international /7

- Science et technique /7

7 - Que vous apporte votre lecture du bulletin?

- Renseignements ;-; - Distraction 17 - Education / / 1 Rien / /

1 8 - Pensez-vous que la lecture du bulletin vous influence-t-elle?

-, Positivement / / - Négativement / / - 65 -

9 - Que pensez-vous des autres bulletins d'agences africaines?

- Ils sont bien faits / / Ils osnt originaux /7 - Ils contiennent des arti• , cles de fond [J

10 - Quels souhaits formulez-vous?

Répondez par une croix

oui ou non Barrez les mentions inutiles. NINEXE II -· 66 -

l.A COUVERTURE DU TERRITOIRE PAR l'A/P ANNEXE III - 67 - NOS BURE ux GIONAU ETIT ECRA

donnons ci-dessous un aperçu de quelques Réunion des cadres de Sassandra ; réalisés par nos bureaux régionaux : Fête Nationale du Libèria à Cap Palmas; Tournée technique du Ministre de la Santé Publique et de la Population à San-Pédro; Assemblée générale de la Copagrun à Sassandra ; . Visite officielle du Ministre de la Coopération Française à Sassandra., Campagne électorale 1975; Elections de 1975; Différentes tournées préfectorales; " 21· anniversaire du Ghana (délégation d'Aben• gourou à Takoradi) ; 22° anniversaire du Ghana (délégation ivoirienne Réception offerte aux délégués du séminaire sur à Sunyani) ; · la transfusion sanguine en présence du Prési• dent Auguste Denise ; Fêtes du l " Mai (1975, 1976, 1977, 1978) ... L'An 17 et 18 à l'intérieur du pays; Le Club Houphouet-Boigny du Libéria reçu par le Chef de l'Etat ; Visite de !'Ambassadeur du Ghana en Côte d'Ivoire ; Visite technique du Ministre M'Bahia Blé ; Grande réunion sur les FRAR ; La pisciculture dans le département de Daloa ; Réunion sur la campagne agricole ; Les artisans et ivoiristcs de Dolon ; Visite de J:, première délégntion guinéenne en Visite du Ministre Yao Akoto à Issia et Daloa ; Côte d'Ivoire ; ' - L'unité de traitement de fèves fraîches de cacao ; Visite des énarques du Conseil de }'Entente Inauguration de la Brasserie de Bouaflé (visite en 1978; des installations techniques par les personna• Première promotion de terminale du Lycée lités). scientifique « Prcmotion Houpbouet-Boigny J> ; Entrée judiciaire 1977 et 1978 ... Inauguration de !'Unité mobile de Zatta ; Campagne d'explication sur les nouvelles struc- tures du Ministère de l'Agricultüre ~ Présentation de vœux au Préfet Augustin· Gouro ; Fêtes de Nouvel An ; Lycée de Jeunes Filles promotion « Lamine Phases finales de l'OISSU à Korhogo ; Fadika v : Instalation du Sous-préfet à Sirasso (Korhogo) Réunion d'information à Toumodi; Réunion avec les cadres des départements de Séminaire international sur le marketing; Boundiali et Tengréla à Tengréla ; Séminaire sur la formation hôtelière ; L'arrivée des jeunes de Luzarches à Korhogo ; Conseil d'administration de la SODESUCRE ; Reportage sur le G.V.C. des riziculteurs de Nigoni Pose de première pierre du Centre de Santé de à Tengréla; Blanfla (Bouaflé) ; Le Préfet de Korhogo reçoit le club Houphouet• Boigny du Libéria ... Finales de cross militaire ; Cross populaire sélectif...

Les réalisations de San-Pedro ; Document « Economie de la région du Sud• Ouest"; /\r!NEXE IV - 68 -

I" L' ..\ g-.,nce l vui rvn ne de Prvsse ne peul, en aucun.' LA LOI PORTANT c irconstn nce, t

A rlicle 3 L' .. \g-cncc Ivoi rierme (A.1.P.), un établissement publ.c doté de la personna li té civile Le Conseil d' Administration comprend et de l'autonomie financière et dont le Ionctionnerm-nt est assuré suivant les règles cnrnmc rciales. 1" Cinq représentants des Pouvoirs publics dont Trois désignés par le Président de la République ; Cet organisme a pour objet : Un par le Présidr-nt

L'activ.té de l' Agence Ivoirienne de Presse est soumise 5" Un repi ••sentant élu du personnel jou r na list.ique de aux obligations fondamentales suivantes I'Agence Ivoi r i e nnr- de Presse.

8 - 69 -

Article 5

ous la présidence provisoire du Doyen d'iq;-e, le Conseil , à la majorité des voix, un présidenl et un vice-président. ePrésident du Conseil

Article 7 A ALE Un Directeur-Gérant, nommé par décret sur proposit.on Ministre de la Fonction Puulique et de l'Inforrnation, sure le fonctionnement de l'ensemble des services de AU SE VICE DE gence Ivoirienne de Presse. Il exerce les pouvoirs qui lui tnt délégués par le Conseil

~:,•·-""'"'" " r ,. ~ .... ,r, -'· ,\NNEXE V - 79...: ...

ANGOLA: ANGOP (Angola Prensa). Fondée .MALA \-VJ: MANA. Qtt 1975. MALl; AMAP (Agence Malienne de Presse et ALGERIE: APS (Algérie Presse Service). Fon- de Publicité). Fondée en l 977. Remplace dée en 1961 '. . l'ANI (Agence Nationale

en 1961. • · 1974. 1 BURUNDI: _AB_P (Agence Burundaise de Pres- .·.NIGERIA: · NAN (). · . se). . · , · ·. · . _ .. ~- :· ·· Fondée en 1978 .. , 1 , ' Ç. • " CAMEROUN: Agences . incorporées depuis · MAURITANIE: AMP (Agence Mauritanien- 1977 à la SOPECAM (Société de Presse et ne de Presse). Fondée en 1975. Edition: du. Cameroun). Remplace l'ACP 1VIOZAMBTQUE: AIM (Agencia de Informa-

(Agencecarnerounaise de Presse), fondée en ·.L çâo de Moçambique). 19~0. · \ =· · · . . _ _1 R\VANDA: ARP (Agence Rwandaise de Pres- REPUBLIQUE.. . . CENTRAFRICAINE : CP . se). Fondée en 19 59 .. . . (Agence Centrafricaine de Presse) .. Fondée >SENEGAL: APS (Agence de Presse Sénégal) . enl960. ·. ·: · · · -. Fondée en 1959."· · · . - . CON~O: ACl ,(Agenc~ Congolaise d1nforma-,.; SOMALIE: SONNA (Sornalia National News tion), Fondée en 1960. . ' t Agcncy). Fondée en 1961. COTE-D'IVOIRE: AIP (Agei:ice Ivoiri~nne} AFRIQUE DU SUI): SAPA (South African . . de Presse et de Documentation). Fondee en ' _ Press Association). Fondée en 1938. · 1961_. ~ : . · SOUDAN: SUN/\ (Sudan News Agèncy). TCHAD: ATP (Agence Tchadienne de Presse). Fondée en 1956. .r · Fondée en 1967. . -,. TANZANIE: SHIHAT A (Tanzanian News

! . EGYPTE: Mr,NA ( News Agen-.· Agency). Fondée en 1975. ,j . cy). Fondee en 1955. , TOGO: ATOP (Agence Togolaise de Presse). ' ETHIOPIE: ENA (). Fondée en 1975. •. •! Fondée en 1961. . · · \ TUNJSiE: TAP (Tunisie Afrique Presse). Fon- GABON: AGP (Agence Gabonaise de Presse). · dée en 1961. Fondée en 1966. ·" . .., OUGANDA : UNA (Uganda News Agency). GHA~A: GNA (Ghana News Agency) .. Fon-. Fondée en 1972. deeen 1957. 1 , GUINEE: AGP {Agence Guinéenne de Pres- ZAlRE: AZAP (Agence Zaïre ~resse). Fondcc se). Fondée en 1964. e_n 1960. _Dl~ (Documcntauon e.t Info'.:11a: , tions Africaines). Agence catholique liée a KENYA: KNA (). Fondee la conférence épiscopale. DIP (Documenta- en 1962. . tion et 'Informations Africaines). Agcnc: LIBYE: ~ANA (Jamair Arab News Agency). . Protestantes appartenant à l'Eglise du Fondee en 1973. Remplace la LANA (L1- Christ du Zaïre. . byan News Agency). . · . . . MADAGASCAR: ANT A (Agence Nationale . ZAMBIE,: ZANA (Zarnbia News Agency) d'Infonnation Taratra), Fondée en mai · Fondee en 1968. . 1977 .Rernplace la, MDP ou Madpressc ZIMBABWE: INA (Jnterafricain News Age (Agence Madagascar Presse), fondée en ·t: . cy). Fondée en 1964. Subsidiaire de 1.- 1962. . .. SAPA Sud-Africaine. ANNEXE VI - 71 - -~= REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE

,.'

,... ••• ~-~·T'\

No du ) \} HEC. 138T. _ 7 2 _

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l I information et à la Culture du Cameroun.