Vicky Cristina Barcelona
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Triangles amoureux Ciné-club universitaire Vicky Cristina Activités culturelles Barcelona culture.unige.ch Woody Allen Lundi 7 octobre 2019 à 20h | Cinémas du Grütli âge légal: 12 ans Générique: ES, USA, 2008, Coul., 35mm, 96', C'est à Barcelone, baroque et fiévreuse capi- vo (en, es) st fr tale catalane, que se déroule ce qu'il ne faut Interprétation: Rebecca Hall, Scarlett Johansson, pas craindre de nommer l'espagnolade. Là, Javier Bardem, Penélope Cruz un beau matin, débarquent à l'aéroport deux belles jeunes femmes américaines, invitées à Deux américaines se retrouvent le temps d’un passer l'été par les parents éloignés de l'une été à Barcelone. C’est alors que surgit un peintre d'entre elles résidant dans la ville. séduisant, Juan Antonio, qui leur propose Le film procède en partie de l'antagonisme qui de les emmener à Oviedo. Les deux femmes caractérise ce tandem. Vicky (Rebecca Hall), succombent à son charme et le suivent. la brune élégante, est une sage étudiante qui termine un mémoire sur l'identité catalane Considéré comme l’un des meilleurs films de et a laissé au pays son fiancé, jeune busi- 2008, cette œuvre de Woody Allen, qui valut à nessman aussi piquant qu'un pot de yaourt. Penelope Cruz l’Oscar du meilleur second rôle Cristina (Scarlett Johansson), la blonde féminin, dissèque avec une minutie et un cynisme explosive, est une épidermique velléitaire en propres au réalisateur l’amitié et l’amour. quête de vocation artistique, d'expériences nouvelles et de sensations fortes. Vicky Cristina Barcelona Le réalisateur va donc s'amuser à soumettre selon Jacques Mandelbaum, Le Monde ces deux modernes jouvencelles à un jeu Voici l'étape espagnole du Woody Allen trépidant qui brouille la donne de départ. European Tour. Exilé de sa bulle new-yorkaise Du moment où elles posent le pied sur le pour cause d'épuisement de son crédit auprès sol espagnol, les événements ne cesseront des studios hollywoodiens, Woody Allen a dé- de s'accélérer, les esprits de s'échauffer, les buté ce voyage européen depuis déjà quatre cœurs de s'affoler. L'obtention de ce précipité ans, pour son plus grand bénéfice artistique passe par l'ajout d'un puissant réactif local. Il et financier. Après trois incursions successives s'agit de Juan Antonio (Javier Bardem), artiste en Angleterre (Match Point, 2005, Scoop, peintre exalté et ténébreux, qui, de notoriété 2006, Le Rêve de Cassandre, 2007), et avant publique, n'est jamais vraiment sorti de la re- une probable halte en France, Vicky Cristina lation passionnelle et violente qu'il entretient Barcelona, comédie sentimentale tournée à avec son ex-femme, Maria Elena (Penélope cent à l'heure, invite le public à un exubérant Cruz), qui a pourtant failli le trucider d'un arrêt ibérique. coup de couteau. Plus que les charmes réels de l'individu, c'est débridée servie par d'excellents acteurs et des cette rumeur qui incite Cristina, avide de moments de comique jubilatoire, notamment romanesque, à en tomber raide amoureuse dans l'outrance échevelée que Bardem et Cruz lorsqu'elle le croise au vernissage d'une expo- confèrent à la perversion morbide de leur sition. Et c'est sa faim d'expérience passion- relation. [...] nelle qui l'incite à répondre favorablement Mais ce détour européen, qui est aussi un à l'artiste lorsqu'il propose sans détour aux retour en grande forme cinématographique, jeunes femmes de passer un week-end en permet surtout de lancer une ultime hypo- sa compagnie à Oviedo pour y admirer une thèse sur le cinéma de Woody Allen. La ma- sculpture rare du Christ et y faire accessoi- nière exceptionnelle dont le cinéaste retrouve rement l'amour à trois après un bon dîner. ses fondamentaux en filmant hors de son Rétive à cet épicurisme frelaté, Vicky, qui bat territoire, là où tant d'autres les perdent, fait froid Juan Antonio, se laisse pourtant entraî- penser qu'il n'aura jamais complètement été ner dans l'aventure par Cristina. ce réalisateur juif new-yorkais qu'on a voulu Et ce qui doit arriver n'arrive justement pas. qu'il soit. Du moins pas davantage qu'il n'est Victime d'une inflammation ibérique de son aujourd'hui anglais ou espagnol. En vérité, ulcère, Cristina s'alite, et c'est Vicky, dont Allen n'est rien d'autre qu'un alien, étranger la froideur cache des trésors romantiques à tout, à commencer par lui-même. Il est par insoupçonnés, qui se laisse finalement subju- conséquent partout chez lui, où chacune de guer par l'arsenal vieux style (dîner aux chan- ses apparitions (qu'il soit ou non à l'écran) delles, guitare au clair de lune...) que déploie à est une disparition de plus. Ce programme son intention le bellâtre tourmenté. instable, Woody Allen l'avait définitivement Mais le retour à Barcelone renverse de formulé dans un chef-d’œuvre intitulé Zelig nouveau la donne, avec l'arrivée du fiancé de (1983). À 70 ans passés, il en accomplit le des- Vicky, qui organise leur mariage en Espagne, tin, et c'est assez magnifique. et l'installation de Cristina, conquise à son tour en quatrième vitesse, avec Juan Antonio. https://www.lemonde.fr/cinema/ar- Chez qui ne tarde pas à débarquer Maria ticle/2008/10/07/vicky-cristina-barcelona-le- Elena, tout juste sortie d'une tentative de sui- joyeux-exil-de-woody-allen_1104035_3476. cide, et avec la folie furieuse de laquelle Juan html#ens_id=1088095 Antonio et Cristina finissent par composer un ménage à trois, façon corrida. Fiche proposée par Ruslan Kazimir, L'histoire, basée sur l'accumulation des comité du Ciné-club universitaire péripéties, l'accélération des ellipses et le retournement des situations, se poursuit bien au-delà de ce point et le spectateur l'appréciera pour ce qu'elle est: une fantaisie Le comité du Ciné-club établit la programmation, rédige les articles de la revue, les fiches filmiques et présente les films. Pour le rejoindre, écrire à [email protected] Prochain film: Bitter Moon (Roman Polanski, 1992) ▶14 octobre à 20h | Auditorium Arditi.