«J'ai Toujours Été Sur L'exploitation.»
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«J’ai toujours été sur l’exploitation.» Je m’appelle Dominique Chanut, j’ai bientôt 50 ans. Je suis né ici ; on est là depuis des générations dans le secteur. Mon grand-père a cédé la ferme à mon père en 1979 et je suis resté aide familiale pendant longtemps. Je ne me suis installé qu’à 30 ans, en 1992. Il y a 15, 20 ans, mon exploitation qui était une grande exploitation est devenue aujourd’hui presque une petite... J’ai fait le choix de ne pas m’agrandir car qui dit agrandissement dit mécanisation, dit investissements. J’ai choisi de continuer à faire ce que nos ancêtres faisaient, c’est-à-dire le système traditionnel. Je traie les vaches Salers car j’aime ces bêtes. Depuis mon grand-père, ça a toujours été des vaches Salers mais, moi, j’ai choisi de mettre un taureau « Charolais » sur mes Salers pour valoriser un peu plus la viande car je fais des broutards. J’ai 50 vaches salers plus les génises, les veaux et deux taureaux. L’avantage, c’est que la Salers est très maternelle et, au niveau des vêlages qui sont groupés de février à mars, ça se passe très très bien. J’ai un taux de renouvellement du troupeau par des jeunes de 15 % environ chaque année. Je vends mes broutards principalement en Italie et quelques uns en vente caissette, en vente directe. Je ne suis pas en système intensif, ni extensif, ni en bio : je suis en système raisonné. J’ai une soixantaine d’hectares de terres regroupées autour des bâtiments et toute mon exploitation est en prairies naturelles à part 4 hectares en prairies artificielles. Car je fais 2 hectares de céréales et, pour pouvoir ressemer l’année d’après, il faut avoir 2 hectares de prairies artificielles. Personnes visitées : Dominique Chanut, Eleveur laitier Salers, Membre de la coopérative de Saint- Bonnet de Salers, Membre du Groupement de Vulgarisation Agricole Mauriac-Pleaux-Salers, Prési- dent du groupement d’employeurs pour l’aide au remplacement des agriculteurs du cantal Visiteurs : Benjamin Chambelland & Stéphane Duprat (paysagistes) Lieu : Commune d’ Ally Date de la visite : Samedi 10 mars 2012 Durée de la visite : 4 heures Matériel utilisé : Appareil photo et enregistreur sonore «Je fais partie de quelques associations.» Dans la coopérative de Saint-Bonnet de Salers Je suis membre du bureau de la coopérative de Saint- Bonnet de Salers. C’est une petite coopérative laitière qui traite 6 à 7 millions de litres de lait à l’année. On fait du fro- mage au lait cru principalement et on a un projet, avec la Communauté de Communes du Pays de Salers, de refaire un atelier de fabrication, d’affinage, d’expédition avec une salle de visite. La spécificité de la coopérative de Saint-Bonnet, c’est que nous avons mis en place, il y a 10 ans, une collecte à part du lait de Salers car on est encore quelques uns à faire du lait de Salers... Quelques fous ! On doit avoir à Saint-Bonnet 1,4 million de litres par an de Salers et sur la France, il doit y avoir environ 2,5 millions de litres par an. C’est rien... On fait donc une collecte de lait à part et un fromage à part de Salers. (Cantal au lait de vaches Salers). Parenthèse sur le fromage de Salers Dans le Cantal, il y a le jeune, l’entre-deux et le vieux. Il y a le Cantal au lait cru ou pasteurisé. C’est des fromages qui sont faits en coopérative. Et après, il y a le « Salers », c’est le Cantal fait à la ferme mais fait avec n’importe quelle race laitière. Et enfin, il y a le « Salers tradition » qui est fait à la ferme mais avec du lait de vaches Salers. et qui est référencé « slow food ». Dans le Groupement d’Employeurs pour l’Aide au Remplacement des Agriculteurs du Cantal Je suis responsable depuis 30 ans environ sur le secteur du groupement d’employeur pour l’aide au remplacement des agriculteurs du Cantal. C’est une structure qui emploie pas mal de personnes sur le département. On est 5 ou 6 responsables avec des personnes que l’on répartit en fonction des besoins (maladies, accidents, congés). Dans le Groupement de Vulgarisation Agricole (GVA) Je suis aussi trésorier du Groupement de Vulgarisation Agricole (GVA). C’est par ce biais-là que vous m’avez contacté et trouvé. C’est une association qui rayonne sur 3 cantons : Mauriac-Pleaux-Salers. On fait des actions de formation sur le terrain. On a 2, 3 animateurs et on essaie de trouver des idées nouvelles pour faire connaître le mé- tier. Par exemple, suite à la vache folle, on avait fait des journées portes ouvertes dans les exploitations pendant 2, 3 ans. (GVA) - Groupe Communication « Un paysage pour tous » Il y a 2 ans, on a créé un groupe « Communication » et on est parti sur l’organisation d’une journée « paysage » le 11 juillet 2010 pour parler de ce que l’agriculture apporte à l’environnement, ce que les gens ne connaissent pas. Ca consistait à faire un circuit guidé autour de mon ex- ploitation avec l’accompagnement du Centre Permanent d’Initiative pour l’Environnement (C.P.I.E.) et d’une conteu- se. Le parcours durait 1h30. Une fois arrivé, on expliquait l’histoire du bâti et un petit pot était offert avec un orches- tre. Il y a eu 150 personnes sur l’après-midi. Le parcours empruntait ce chemin. C’est un vieux chemin que l’on n’a pas enlevé au remem- brement. Il était complètement abandonné et maintenant il est entretenu par l’association « Traces » à Ally qui a mis en place des circuits de randonnées déjà tracés pour les touristes. La commune met à disposition un cantonnier : il passe la débroussailleuse, il taille. « Compagnie de théâtre les tracteurs » En parallèle à l’organisation de cette journée, on avait aussi créé un groupe « théâtre » : les tracteurs. C’est une forme de communication. On fait du théâtre-forum. On est 10, 11 et ça fait 4 ans maintenant. On met en scène des thèmes pour faire réfléchir les gens sur tous les points un peu « tendancieux » dans le monde agricole comme le patriarche, les désherbants, l’engagement. On a 7 ou 8 saynettes. On fait des représentations en fonction des demandes et, par an, on doit faire une douzaine de repré- sentations. On a un animateur professionnel et membre de la troupe qui nous accompagne et qui fait le lien entre la salle et la scène. « Les jeux à la ferme » L’an dernier, on a fait autre chose : des jeux à la ferme pour le jeune public, les écoles jusqu’au CM1/CM2 et les centres de loisirs de la commune. On a fait visiter l’exploi- tation avec 7 ou 8 ateliers ludiques pour leur expliquer ce qu’est le métier, la vache, l’herbe, le foin, etc. Les jeunes, c’est l’avenir et si on veut qu’il y ait des personnes pour reprendre, on est obligé de les sensibiliser. Des frênes pour se chauffer Mon père, ma soeur et moi, on se chauffe au bois. Donc chaque année, tout ce qui est bois et arbres morts, on les coupe et on émonde les frênes. On ne coupe pas les arbres ! Pour moi, c’est sacré, ça se renouvelle, c’est un bois de chauffage pas cher et j’y suis tellement monté dedans, étant jeune ! Un remembrement « réfléchi » Il y a un remembrement qui a été fait il y a 35 ans. On avait fait un remembrement, je pense, réfléchi car on en avait vus sur le secteur qui pour moi n’étaient pas réflé- chis. Par exemple, sur Chaussenac, quand on part sur Pleaux, à un moment donné on appelle ça « la butte ». vant, on ne voyait pas le village, c’était plein d’arbres et maintenant quand il neige ou il vente, ils se plaignent énormément. Ca, c’était parce que l’expert géomètre de l’époque n’avait travailler sur plan sans respect les haies existantes. Tandis que nous, tout le périmètre de mes parcelles, à 95 %, c’est des haies naturelles conservées. On a gardé des îlots d’arbres au milieu pour que les vaches soient à l’abri. Avant, on avait une trentaine de parcelles ; maintenant il y en n’a plus que 4 ou 5. Ca, c’est ma pièce principale, elle fait 45 hectares, c’est mécanisable et j’ai des points d’eau. Il y a 20 ans, je faisais presque 2 kilomètres de rigoles d’écoulement (rases) à la main tout l’hiver. Alors, j’ai voulu résoudre le problème. Jai capté l’eau pour avoir des points d’eau potables pour les vaches et par le même biais, j’ai drainé pour mécaniser et ne plus faire de rases à la main. Sur 1/3 de la surface totale de mes terres, tous les ans, je mets de la chaux. C’est pour changer le PH et que les micro-organismes fonctionnent mieux. Là, les gens, ils doivent se dire : « qu’est-ce qu’il pollue... » Vers des haies « naturelles » Les chênes depuis plusieurs années ont tendance à dispa- raître, à sécher. Moi, je les garde. Chaque année, je taille mes haies avec une épareuse à niveau. Je garde tous les arbres qui poussent. Je me complique la vie mais tant pis ! J’entretiens mes haies de manière à ne pas mettre de produits, de pesticides, des désherbants.