Saint-Martin-Valmeroux. Orné De 29 Gravures
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Un joli village d Auvergne Saint - Martin - V almeroux A la mémoire Je ma chère femme, à mes chers enfants et petits-enfants. L. J. Louis J ALENQUES PROFESSEUR à la Faculté de Droit de Clermont-Fd Un j oli village a Auvergne Saint - Martin -Valmeroux ORNÉ DE 29 GRAVURES ÉDITIONS U.iS.H.A. AURILLAC 19 5z CHAPITRE PREMIER Saint - Martin-V almeroux Sa description - Ses origines Ses seigneuries - Son château de Crèvecœur Son bailliage royal DESCRIPTION ET ORIGINES Nombreuses sont, en France, les communes qui portent le nom de Saint-Martin. Plus nombreuses encore sont les églises qui ont adopté ce saint pour patron. A cet égard, saint Martin détient certainement, en France, le record de la popularité. Dans sa Géographie humaine de la France, notre éminent compatriote, M. Jean Brunhes, nous apprend que ces églises sont au nombre de 3.672, tandis que 485 localités sont connues sous le nom de ce grand apôtre de la Gaule. La raison de cette particulière dévotion est que, comme l'a très bien dit son historiographe récent, Paul Monceaux: « Saint Martin a été pendant bien des siècles, le grand Saint de la France, le Saint national, le Saint vénéré de tous, des rois comme des artisans ou des paysans, et plus aimé encore que vénéré. Son souvenir est resté partout, dans les monuments, comme dans les proverbes et les' usages, dans les noms des hommes, comme dans ceux des rues, des fontaines, des pierres, des villages et des bourgs (1). t) C'est l'histoire d'un de ces modestes bourgs et de la commune dont il est le centre, que j'entreprends ici, non sans demander d'avance l'indulgence du lecteur pour un aussi mince sujet... Saint-Martin-Valmeroux est une commune du départe- ment du Cantal, située dans le canton de Salers, arrondis- sement de Mauriac. Mais tandis que la moyenâgeuse cité de Salers est perchée comme un nid d'aigle, à près de mille mètres de hauteur, sur un rocher basaltique dominant la vallée de la Maronne, le bourg de Saint-Martin se mire tout au fond de la vallée, sur les bords riants de cette rivière, à 650 mètres d'altitude. La commune de Saint-Martin-Valmeroux possède une population d'environ mille habitants. C'est donc à ce point de vue une commune moyenne. Elle occupe une superficie de 1.750 hectares, chiffre inférieur à celui de la plupart des communes du département, dont la moyenne est de 2.500 hectares. Elle se divise en deux parties bien distinctes : la vallée (1) Je ne veux pas, dans cette étude, retracer, même en abrégé, l'histoire de saint Martin de Tours. Elle est suffisamment connue. Je tiens seulement à dire : tout d'abord qu'il y a, parmi les historiens, beaucoup d'incertitude et de divergences relativement à l'année de sa naissance. M. Paul Monceaux déclare qu'il a dû naître à Sabaria (Pannonnie) entre 315 et 335 ; mais cet auteur ajoute qu'on est cer- tain que ce fut en 371, qu'il fut acclamé Evêque de Tours, et qu'il mourût en 397. En second lieu, je désire signaler ici une opinion peu connue, mais fort curieuse, donnée au Collège de France, par M. Camille Jullian. dans une de ses leçons de 1928, relativement à l'histoire du fameux manteau que notre saint coupa un jour, à Amiens, pour en donner !.t moitié à un pauvre grelottant de froid. Des ergoteurs ont prétendu que le fait devait être controuvé, parce que, ont-ils dit, les deux moi- tiés d'un manteau, qui, réunies, protégent un homme contre le froid, ne peuvent, séparément, empêcher deux hommes de grelotter. A ceîn M. Jullian a répondu : « On sait que les manteaux des officiers romains étaient dans le bas frangés d'or pur. En coupant son man- teau dans le sens de la largeur, Saint Martin aurait abandonné au pauvre, avec la plus précieuse moitié du vêtement, le moyen de se défendre contre la faim autant que contre le froid. Il et le plateau. Dans la vallée, à proximité ou sur les bords mêmes de la Maronne, s'étagent du nord au sud les villages du Theil, Lacoste, Salles, le bourg de Saint-Martin, les L'arrivée sur la place de Saint-Martin villages de Nozières et d'Ambials. Sur le plateau se trouvent les villages de Laborie, Giroux, Tronchy et Bournazel. Voulez-^vous d'abord que je vous présente le bourg ? Arrivant à Saint-Martin-Valmeroux par la route qui vient d'Aurillac, nous sommes, dès notre approche, salués par le gai sourire du groupe des maisons de la « Cité Chanut » qui nous montrent leurs façades variées, enso- leillées dans un cadre de verdure et de fleurs. Franchissons la jolie rivière, la Maronne, sur un pont bien établi, et aussitôt, sur la droite, notre curiosité est sollicitée par la vue d'une fabrique aux bâtiments cossus ; c'est la ganterie de M. Chanut. A sa suite, nous voyons une maison ancienne, de noble allure, solidement assise au fond d'un parc planté de grands arbres : c'est l'hospice de Saint-Martin — legs de Mme Salvage à la commune — dont je parlerai dans un chapitre spécial, comme je le ferai aussi de l'industrie voisine. En face et à gauche de la route, deux bâtiments d'aspect récent, couverts en ardoise bleue, abritent la Mairie et les écoles publiques de garçons et de filles. Plus loin et tou- jours à gauche, se dresse une belle tour hexagonale, admi- rablement appareillée et desservie par une porte gothique fort agréablement moulurée. En avançant dans la rue et à notre droite, nous aperce- vons, placée en sentinelle à l'entrée de la place de Saint- Martin, une solide tourelle paraissant faire le guet des arrivants. Son cul-de-lampe en escargot surplombe la route d'une façon curieuse. Nous voici sur la place. Plus d'un artiste s'y est arrêté pour en contempler les divers aspects, pour peindre ou des- siner sa vieille halle à la toiture rouge et moussue, ses maisons anciennes, l'élégante nef gothique de son église classée, son impressionnant monument aux Morts, bien posé dans l'encadrement de deux tilleuls séculaires. A cer- tains de ces beaux morceaux de sculpture ou d'architec- ture, je consacrerai plus loin de plus copieuses lignes, qui me dispensent pour l'instant d'en dire davantage. Poursuivant notre visite, nous arrivons devant l'église, dont nous admirons le clocher robuste, évocation du sou- venir des églises fortifiées du moyen âge. J'en parlerai plus loin aussi avec d'abondants détails. Au-devant de l'église, une longue rue, sans embarras, sans fumier — chose rare dans les villages d'Auvergne — déploie à droite et à gauche une série de maisons bourgeoises ou de commerce sans caractère, mais bien construites et bien tenues. Il en est ainsi d'ailleurs, de toutes les autres rues qui Porte de l'ancienne maison de Montjoly-Lacoste s'embranchent sur elle et qui vont dans la direction de Pleaux, de Mauriac ou de Fontanges. Au point de vue économique, le bourg de Saint-Martin offre à ses habitants toutes les ressources que l'on peut trouver dans une localité importante : deux boucheries (1), (1) Une délibération du Conseil municipal, du 6 brumaire an XII, nous révèle qu'à cette époque Saint-Martin n'avait pas de boucherie. A l'heure actuelle, malgré les deux boucheries locales, des bouchers de Salers et de Fontanges viennent, chaque semaine, offrir leur mar- chandise aux Saint-Martinois. un plus grand nombre d'épiceries, plusieurs hôtels et cafés, un excellent atelier de réparations d'autos — industrie précieuse à l'époque actuelle, — des ouvriers de tous les corps de métiers, des services d'autobus, matin et soir, sur Aurillac, Mauriac et sur la gare de Loupiac pour assurer la correspondance avec les trains de Paris. Il ne manque rien vraiment à Saint-Martin, au point de vue des facilités de la vie. Le bourg est éclairé à l'élec- tricité depuis plus de vingt-cinq ans, grâce à un enfant du pays, M. Magne, aujourd'hui maire de Salers, qui, il y a un quart de siècle, eut l'idée de capter la force d'une chute d'eau de 30 mètres située à quelques kilomètres en amont, pour éclairer Saint-Martin, Salers et Fontanges. Saint- Martin possède enfin une perception et une brigade de gendarmerie. Permettez-moi maintenant de vous présenter la vallée. Je crois pouvoir dire qu'elle est une des plus belles de la Haute-Auvergne. Il en est certes de plus larges, de plus grandioses ou de plus pyrénéennes, telles que celles de la Cère, du Lioran, de Saint-Cernin, de Brezons ou du Fal- goux, je ne crois pas qu'il y en ait de plus riante. Voulez-vous en juger ? Venez à Saint-Martin et prenez la peine de monter avec moi sur la côte, en suivant la vieille route, actuellement déclassée, qui sort du bourg pour aller à Mauriac. Après avoir fait trois cents mètres environ sur cette voie jadis fréquentée par la diligence à six chevaux, tellement caillouteuse aujourd'hui que les autos refusent de l'aborder, arrêtons-nous une minute aux abords du premier grand tournant, pour souffler un peu. Nous voyons déjà un tableau charmant. Laissons le vil- lage et tout le haut de la vallée, que je décrirai plus loin, et contentons-nous pour l'instant de regarder ce que nous avons sous nos yeux. Dominée par d'épais bois de hêtres qui étoffent somptueusement son flanc nord, la vallée élargie est tapissée de grasses prairies que la Maronne irrigue de ses eaux vives.