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TTémoinsémoins Revue trimestrielle des journalistes CGT Nouvelle série – No 39 – Décembre 2009 – 2,30 € 20102010 IL FAUT SAUVER L’INFORMATION
Syndicat national des journalistes CGT 263, rue de Paris – Case 570 – 93514 Montreuil Cedex Téléphone 01 48 18 81 78.Télécopie 01 48 51 58 08. E-mail : [email protected] – Site Internet : www.snj.cgt.fr Temoins39.qxd 30/12/2009 17:45 Page 2
! HUMEUR Témoins Nouvelle série Les experts N°39 - Décembre 2009 Tous nous avaient promis de réfléchir à l’avenir de l’AFP et de donner du temps au temps. Des auditions ont eu lieu à l’Assemblée nationale les 2 et 9 décembre. SOMMAIRE Une table ronde, revendication historique de la CGT, est prévue au Sénat le 12 janvier. HUMEUR Puis, tout à trac, le ministre de la Culture et de la Communication Frédéric Mitterrand, ...... 2 neveu du créateur du statut de 1957, annonce la formation d’une commission d’experts chargée d’étudier l’évolution de l’AFP. Pourquoi pas ? Mais les experts choisis sont-ils ÉDITORIAL ...... 3 légitimes pour réfléchir sur l’avenir de l’Agence ? On peut en douter… – Henri Pigeat, par exemple. Il préside ce groupe d’experts. PDG de l’AFP CODE DÉONTOLOGIQUE Les journalistes en manque de liberté de 1979 à 1986, il a plongé l’Agence, en 1986, dans l’un des plus longs conflits qu’elle ait ...... 4 connus. Il a quitté l’AFP, chassé par le personnel à la suite d’un plan de cent cinquante DOSSIER suppressions de postes. Il voulait aussi fermer le service photo, aujourd’hui largement Information sociale bénéficiaire et donné en exemple par l’actuelle direction...... 6 – Jean-Marie Colombani. il a dû quitter le Monde après avoir plongé le quotidien Interview de Pierre Musso: « Pour être dans une grave crise due à une politique d’acquisitions et de diversification à tout va, médiatique, le social doit être spectaculaire» conseillé par le multicarte et médiatique Alain Minc. Quelle crédibilité lui donner ...... 6
à réfléchir sur l’avenir de l’AFP? Les journalistes vus des chantiers navals – Fabrice Boé. La CGT de Prisma Presse avait dénoncé le parachute doré ...... 8 dont il aurait bénéficié à son départ de l’entreprise. Mauvais choix également. À la télé, l’actualité sociale maltraitée Dans ce comité ne figurent pas les représentants du personnel de l’Agence ...... 9 ou des syndicats nationaux. Visiblement, leur expertise n’est pas souhaitée. 49e CONGRÈS CGT Un congrès revendicatif ...... 10 NEWS En direct des rédactions ...... 12 Témoins AGENCES Revue trimestrielle Offensive idéologique contre l’AFP du Syndicat national ...... 15 des journalistes CGT Responsable de la publication : Qualité de l’information : Dominique Candille. pour une globalisation des luttes Ont collaboré à ce numéro : ...... 17 Robert R. Bryan, Éric Cabanis, Dominique Candille, Jean-Luc INTERNATIONAL Decamp, Michel Diard, Sabine Ferry, Mumia : soutien vital ! Emmanuel Le Coz, Morvan Léon, ...... 19 Jean-François Téaldi, Alain Vernon, Emmanuel Vire. Le SNJ-CGT dans les instances Dessins : internationales Babouse...... 20 Photos : Claude Candille, Jean-François CARNET Cullafroz, Marc Dubois. Au revoir, Gérard Révision : ...... 21 Francis Ambrois. Secrétaire de rédaction : NOTES DE LECTURE Jean-Gérard Cailleaux. EN CAS DE CHANGEMENT D’ADRESSE La VO a 100 ans, un siècle d’histoire Rédaction graphique : de la CGT pour comprendre le présent Bernard Rougeot. Merci de bien vouloir transmettre le plus rapidement ...... 22 Assistante : possible au syndicat – [email protected] ou 01 48 18 81 78 – France Bardou. L’islam dans les médias occidentaux tout changement d’adresse afin de tenir à jour nos fichiers Impression : ...... 24 Alliages : 01 41 98 37 97 et de vous envoyer au bon endroit Témoins ou tout autre Commission paritaire : document. Photos de couverture : Claude Candille, Marc Dubois. 0911 S 06290. N° ISSN : 1281-1343
TÉMOINS 2 N° 39 / DÉCEMBRE 2009 Temoins39.qxd 30/12/2009 17:45 Page 3 Mieux que des vœux écembre 2009. XVIIe chambre du tribunal de Paris. La plainte du groupe Bolloré contre une enquête de France Inter intitulée « Cameroun : l’empire noir de Vincent Bolloré » est examinée. Le reportage (en date du 29 mars) qui dénon- çait sa collusion avec les plus hautes autorités camerounaises n’a pas plu au Dpropriétaire du groupe international de transports, logistique, de médias (Direct 8, presse gratuite, partenariat avec le Monde) et de télécommunications (hub telecom). Aujourd’hui, des journalistes (du service public) peuvent encore enquêter sur les amis du Président. Qu’en sera-t-il lorsque ces mêmes amis auront fait main basse sur tous les organes d’information français ? Décembre 2009.Inquiétudes au Parisien sur le devenir des éditions départementales avec des dizaines de suppressions d’emploi annoncées.Inquiétudes chez Fleurus Presse,groupe de presse jeunesse cédé en juin par le groupe Le Monde à la Financière de Loisirs, où un plan de licenciements économiques est programmé, alors que l’entreprise prévoit un résultat positif de 1,2 million d’euros pour 2010. Inquiétudes chez Sophia Publications, où l’accord 35 heures a été dénoncé par la direction.Travaillez plus pour gagner moins, la chanson n’est pas la même que celle qu’a voulu nous chanter le président Sarkozy. L’an neuf est mort. On ne le regrettera pas. Il s’est terminé comme il avait commencé, avec des salaires bloqués,une précarité galopante,des conditions de travail dégradées,une pression grandissante sur les journalistes.Aucune rédaction n’est épargnée, et la liste est longue des conséquences de cette politique d’austérité sur les contenus rédactionnels, sur la qualité de l’information délivrée aux citoyens. C’est la crise, disent nos employeurs, agitant la baisse du lectorat, la diminution des ren- trées publicitaires, l’épouvantail de la gratuité et d’Internet. C’est la crise, reprennent certains confrères. Pour Lagardère ? Bolloré ? Bouygues ? Le Crédit Mutuel ? 2010 se dessine sans que l’horizon ne s’éclaircisse. Et si nous, journalistes, dans l’unité la plus large, nous prenions nos affaires en main pour exiger des droits nouveaux garantis- sant l’indépendance rédactionnelle,pour exiger des conditions de travail compatibles avec une information de qualité ? Cela serait une chouette résolution ! D’utilité publique.
La rédaction de Témoins
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! CODE DÉONTOLOGIQUE Les journalistes en manque de liberté !Un comité des sages, issu des états généraux, a élaboré un projet de code déontologique qu’il entend soumettre à la discussion avec les partenaires sociaux. Ce texte, véritable catalogue des devoirs des journalistes, omet délibérément les droits dont la profession a besoin pour informer en toute indépendance.
par Michel Diard
a question de la crédibilité de la lisme avait dû l’oublier aussitôt remis au (GHM), etc. Les actionnaires financiers de presse écrite a été largement débat- président de la République. La proposition ces groupes ont de fortes exigences en tue aux états généraux de la presse de code de déontologie fustige les seuls matière de rentabilité: les taux de rende- L écrite initiés par Nicolas Sarkozy. journalistes et encadre encore un peu plus ment de leurs capitaux doivent être à deux Dans l’introduction du « Livre vert » qui l’information (on y reviendra). chiffres, et plus proches de 20% que de 10! en est sorti, Bernard Spitz évoque les Le document contient dix-huit articles, et La financiarisation facilite le phénomène « améliorations à apporter en matière de for- dix-sept phrases débutent par «le journa- de concentration: les groupes ont besoin mation initiale et continue, comme des droits liste…». Il ne cite jamais les hiérarchies des d’étendre leur « espace vital » (ils parlent et des devoirs » des journalistes, mais aussi rédactions, encore moins le rôle des édi- de croissance externe) et d’éliminer les de «l’exigence éthique vis-à-vis des lecteurs». teurs, leurs responsabilités, et, surtout, la concurrents. La financiarisation s’accom- L’intention est louable. nécessaire indépendance rédactionnelle pagne de stratégies de rationalisation, Dans le compte rendu du pôle1, «Métiers vis-à-vis des actionnaires. Curieux oubli ! d’adaptation des activités (on n’hésite pas du journalisme », son animateur constate Les patrons de presse peuvent se réjouir et à fermer un titre jugé insuffisamment ren- que «les journalistes n’ont pas bonne presse ». reconnaître, comme vient de le faire l’un table, ou à se retirer d’une zone de diffu- Et il propose des pistes : «La déontologie du des dirigeants du SPMI, que «rien ne s’op- sion), notamment pour marquer leur ter- journaliste est l’un des niveaux de réflexion. » pose à l’indexation à la convention collective ». ritoire sur les supports émergents comme Mais il ouvre le débat plus largement en Internet, et aussi d’intervention dans les écrivant qu’«il y en a d’autres », et de citer choix éditoriaux, dont le contrôle prend la déontologie de l’équipe de rédaction, de Indépendance rédaction- des formes diverses, comme la réduction la hiérarchie de la rédaction, du journal, nelle ou contrôle renforcé des centres de décision et la concentration de l’éditeur et du groupe. Aussi, pour lui, des contenus ? des directions de rédaction entre quelques «la nécessité d’une réflexion sur la déontologie On assiste depuis une vingtaine d’années à mains « sûres » et dociles, comme l’exter- ne doit pas négliger l’existence de ces divers la financiarisation des groupes de presse et nalisation de la recherche et du traitement degrés, de ces divers étages. Focaliser sur “le à leur industrialisation. Cette financiarisa- de l’information (avec l’accroissement du journaliste” est partiel et, souvent, injuste ». tion est illustrée par la constitution d’oli- nombre de journalistes précaires, les Bel éclair de lucidité ! gopoles, comme les groupes Lagardère, pigistes, CDD et autres auto-entrepre- Bruno Frappat, ex-patron du groupe Bertelsmann, Mondadori, mais aussi par la neurs). Pour les managers des entreprises Bayard, a réuni des « sages» (sic) pour éla- concentration des groupes de presse régio- de presse, il s’agit à la fois de contrôler les borer ce fameux code de déontologie. naux comme les groupes EBRA (sous le contenus et d’abaisser les coûts de fabri- Ceux-ci n’avaient pas dû lire le Livre vert contrôle d’une banque, le Crédit Mutuel), cation des journaux pour dégager les et l’animateur du pôle Métiers du journa- Centre-France, Groupe Hersant Média marges exigées par les financiers.
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Dans un contexte qui s’amplifie, les syndi- cats de journalistes ont exigé la reconnais- sance de l’équipe rédactionnelle et, surtout, son indépendance vis-à-vis des action- naires. Le code de déontologie reste tota- lement muet sur la question et n’aborde nullement les nécessaires droits des jour- nalistes dans un tel contexte de financiari- sation. Pourquoi le texte ne reprend-il pas les « divers degrés » de responsabilité comme Bruno Frappat le souhaitait il y a moins d’un an? Nous connaissons, hélas! la réponse.
En contradiction avec la charte de Munich Le texte issu des réflexions du comité des «sages» est dangereux pour la profession de journaliste et il n’ajoutera qu’à l’enca- drement de l’information. Peut-on s’en étonner quand on regarde de près la com- position de ce comité Théodule? Le projet de code, dès son premier article, fait du journaliste un sujet et non un citoyen libre et responsable devant sa sonnes et respecter la présomption d’inno- protection sociale, aux retraites, etc. Pour conscience et les lecteurs, auditeurs et cence? Si «le journaliste est attentif aux cri- masquer sa politique antisociale, il s’en téléspectateurs. Il affirme que le journa- tiques et suggestions du public », l’AFP prend aux médias pour les mettre à sa liste est placé «sous l’autorité de la direction devra-t-elle publier les communiqués de botte : il nomme le président de France de la rédaction et la responsabilité du directeur l’UMP comme le demande Frédéric Télévisions, réorganise l’audiovisuel exté- de la publication ». D’emblée, l’indépen- Lefebvre? rieur, s’en prend au statut de l’AFP, fait de dance rédactionnelle est niée. Selon le projet de code, « le journaliste doit nouveaux cadeaux à la presse écrite pour Pis, le journaliste doit se plier à «une poli- toujours avoir conscience des conséquences, amplifier les concentrations, et, finalement, tique éditoriale définie». Compte tenu de ce positives ou négatives, des informations qu’il il encourage la création d’un code de déon- qui précède, on suppose que cette politique diffuse ». Si la diffusion des informations tologie pour mieux encadrer l’information. éditoriale est définie par l’éditeur. Dans des concernant les états d’âme des députés, Le SNJ-CGT rejette en bloc le projet de médias qui se prétendent d’information et sénateurs et autres militants de droite doi- code de déontologie pour ce qu’il s’insère non engagés, la liberté du journaliste s’ac- vent entraîner la chute de popularité de dans la politique d’atteintes aux libertés commode mal d’un tel carcan: les journa- Nicolas Sarkozy, le journaliste pourra- fondamentales et pour ce qu’il répond aux listes des Échos, par exemple, avaient mis en t-il informer les citoyens ? Ou devra-t-il, vœux de groupes de médias de plus en évidence les incompatibilités de leurs res- comme au Figaro, se contenter de diffu- plus financiarisés et industrialisés. Plus que ponsabilités d’informer complètement en ser les résultats des sondages commandés jamais, les journalistes doivent militer matière économique et les énormes inté- par l’Élysée ? Et si le journaliste passe pour conquérir une véritable indépen- rêts de leur patron, impliqué dans une outre, aura-t-il commis une faute grave dance rédactionnelle pour une informa- myriade d’entreprises. Et ceux du groupe (en ne respectant pas le code de déonto- tion de qualité. Plus que jamais, les jour- Ebra pourront-ils demain traiter des pro- logie) passible d’un licenciement sans nalistes doivent rallier les syndicats de blèmes au sein du Crédit Mutuel? indemnité ? On peut multiplier les journalistes qui, comme le SNJ-CGT, Avec un tel code, le journaliste sera-t-il exemples de dangers de cet prétendu militent pour la reconnaissance de véri- «contraint d’exprimer une opinion qui serait « code » en prenant tous les articles. tables principes professionnels, relevant contraire à sa conviction ou à sa conscience», en exclusivement de la conscience du jour- contradiction avec le texte de la charte de Ce code est dangereux naliste. L’information n’a pas besoin d’un Munich? De même, le journaliste pourra- Aujourd’hui, les patrons dictent leurs lois code, mais de plus de liberté. t-il encore informer les citoyens sur les et bouleversent les équilibres sociétaux. Et affaires Chirac, Pasqua et autres s’il doit Sarkozy s’en prend aussi bien aux juges qu’à Pour lire le projet de code de déontologie des respecter les injonctions de l’article 3 du la protection judiciaire de la jeunesse, ou journalistes: www.journalisme.com/content/view/924/88 code sur la protection du droit des per- aux chômeurs, aux immigrés, au système de
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DOSSIER INFORMATIONINFORMATION SOCIASOCIA édain ou méconnaissance ? Les mouve- dex.Mais ici,ce ne sont pas les dirigeants politiques ments sociaux, les revendications des ou économiques qui les critiquent ou les rappellent salariés sont les parents pauvres de l’in- à l’ordre, mais les lecteurs, auditeurs et téléspecta- formation, qu’elle soit écrite ou audiovi- teurs qui leur demandent des comptes. Dsuelle. Sauf situation exceptionnelle, ils font rare- Les journalistes des rubriques sociales sont souvent ment la une des JT ou des quotidiens. étonnés de ces réactions négatives, voire acrimo- Une nouvelle fois, les journalistes sont mis à l’in- nieuses.Intéressés par les sujets qu’ils traitent,ils ont « Pour être médiatique, le social doit être sp
Pierre Musso, professeur de sciences de l’information et de la communication à l’université de RennesII et chercheur au département de sciences politiques de Paris-Sorbonne (Credap), nous livre quelques réflexions sur l’information sociale. Interview Sabine Ferry
Témoins: Quels rapports les Français ont-ils (13h et 20h) semble le rendez-vous incon- place au commentaire, à l’analyse, à l’investi- avec l’information? Quels sont les médias qui tournable, avec son mélange d’infos brèves et gation. Aujourd’hui, il faut capter l’attention ont leur préférence? de divertissements. L’autre grand rendez- par une avalanche d’informations. Cela peut Pierre Musso: La télévision reste le média vous de l’information est la presse de proxi- entraîner une perte de sens et de repères. numéro un, le média populaire dont la mité, la presse locale. Et puis, désormais, il consommation ne cesse de croître. En faut compter avec Internet. Deux tiers des Que pensez-vous de la façon dont sont moyenne, un individu la regarde 3heures 30 ménages ont un ordinateur à domicile. La traités les conflits sociaux ? par jour. Nous vivons à notre époque à peu moitié a une consommation haut débit. Un Ils sont très peu et mal traités. À la télévision, près 700000 heures, et en passons 100000, autre mode de consultation apparaît, plus ils sont souvent passés sous silence. Pourtant, soit douze ans, devant la télé ! En ce qui ciblé, fragmenté, qui entraîne une informa- les questions sociales représentent une des concerne l’information, le journal télévisé tion de plus en plus brève et qui laisse peu de préoccupations premières des Français. Le
TÉMOINS 6 N° 39 / DÉCEMBRE 2009 Temoins39.qxd 30/12/2009 17:45 Page 7 NN SOCIALESOCIALE le sentiment de bien faire leur métier,et, surtout, ne journaux, réfléchir au traitement des questions se sentent pas responsables du peu de place qu’on revendicatives amène aussi à s’interroger sur l’in- leur laisse pour parler de ces problèmes. formation qui est due aux citoyens.Les journalistes Ils ont en grande partie raison. Cependant, ils n’ont pas à avoir peur du débat, ils ont eux aussi auraient tort de ne pas prêter attention aux des revendications à avancer, des droits à acquérir reproches de ceux qui les lisent ou les écoutent. pour que l’information soit de qualité, honnête et Réfléchir à la place consacrée au social dans les pluraliste. al doit être spectaculaire »
social est difficile à dramatiser, à mettre en scène, théâtralisé, il sera médiatique, comme scène. Dans chaque rédaction, et particuliè- les voitures qui brûlent. Pour les conflits rement à la télé, les journalistes vont sociaux, c’est pareil. Ceux qui peuvent être “Dans chaque rédaction, construire un récit dont le but est de séduire, mis en scène comme des affrontements, des de capter l’attention comme je le disais plus actes désespérés, seront traités, sous l’angle et particulièrement à la haut. C’est l’événement qui fera l’informa- de la compassion, de l’émotion, voire de la tion. On a pu le voir avec « les Conti». Le victimisation, moins sur le mode de l’analyse télé, les journalistes vont syndicat CGT de Continental est très faible, économique, sociale, culturelle, etc. mais son leader a été mis en exergue, non pas construire un récit dont pour l’évocation de la lutte dans son entre- Les sujets sociaux sont mal traités. Pourtant, prise mais parce qu’il a polémiqué avec Ber- les journalistes, les médias ont une grande nard Thibault. Le conflit n’est pas valorisé, responsabilité sociale… le but est de séduire, c’est un phénomène parallèle, un épiphéno- Oui, et c’est pour cela, à mon sens, qu’ils mène qui va faire l’info : la critique interne devraient être plus « régulés », notamment de capter l’attention. de la CGT. Et on peut reproduire l’exemple. par le développement et le renforcement Pierre Bourdieu le disait : on ne parle des du service public. D’autant plus que les C’est l’événement banlieues que lorsqu’il y a des voitures qui médias remplissent indiscutablement une brûlent, rarement pour y évoquer la vie quo- mission de service public. C’est la qui fera l’information.” tidienne. Les médias fonctionnent à la dra- meilleure façon de garantir le pluralisme matisation. Si l’événement peut être mis en d’opinion des rédactions.
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DOSSIER INFORMATION SOCIALE Les journalistes vus des chantiers navals es chantiers de la honte», «L’escla- les grands. Les journalistes découvrirent ce taculaire», résume-t-il, «et l’important, c’est de vage moderne »… Ces formules jour-là plusieurs centaines de salariés intéri- populariser nos revendications et de dénoncer des « chocs prononcées à partir de 2000 maires et sous-traitants des chantiers en train faits qui ne sortent jamais de l’entreprise ». L par les responsables CGT de de pique-niquer devant les bureaux directo- À Saint-Nazaire, les chantiers navals sont le l’USM de Saint-Nazaire pour dénoncer les riaux pour exiger de pouvoir bénéficier de la poumon de la ville, mais aussi son image de conditions de travail indignes dans les entre- cantine comme tous les autres salariés. marque. Ils font la fierté des habitants. Alors, prises de sous-traitance ont fait couler beau- «L’action était inhabituelle, festive. Les journa- tout ce qui s’y passe et tout ce qu’on en dit coup d’encre, et pas seulement celle de la listes ont été surpris que notre revendication ne se ne laisse personne indifférent. Les journa- presse locale. Un jour de 2000, les médias traduise pas par une grève, avec prise de parole listes de France3, d’Ouest-France, de Presse furent invités à se rendre sur les chantiers. Ce devant les ateliers », se souvient André Fadda, Océan, de l’Écho de la presqu’île, de Radio n’était pas pour une conférence de presse responsable de l’USM. Ce militant a vite France couvrent régulièrement les mouve- classique, ni pour couvrir un énième compris que pour avoir une place dans la ments sociaux des chantiers. Ils se déplacent débrayage dans les ateliers. L’USM-CGT presse, il fallait occuper le terrain et sur- donc, interrogent, enquêtent, filment. Ils avait mis en quelque sorte les petits plats dans prendre. «Les journalistes aiment bien le spec- sont connus, voire reconnus par les salariés et les syndicalistes. Des sympathies, des rela- tions de confiance se tissent. Souvent, les articles, les reportages illustrent bien les réa- lités contradictoires et complexes, et ils sont appréciés. Mais, parfois, des incompréhensions ou des colères surgissent, quand par exemple les propos rapportés sont déformés, quand la place consacrée aux luttes est réduite à la por- tion congrue, quand les actions ou revendi- cations de la CGT sont attribuées quelques jours plus tard à d’autres syndicats pourtant moins visibles et qui sont cependant crédités d’une place plus flatteuse. «Dans ces cas-là, des camarades ne veulent plus rencontrer la presse, n’ont plus envie de parler. Mais plutôt que de râler ou d’insulter le journaliste, il vaut mieux lui demander des explications », estime André Fadda. «Même si les explications fournies sont toujours les mêmes – pas assez de place, pas assez de temps. C’est peut-être cette tradition ouvrière et ses nouvelles formes de combativité qui déran- gent, en conclut le syndicaliste. Certains voudraient les effacer ou les nier. ». D. C.
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Aujourd’hui, l’actualité sociale traitée par la télévision ne peut pas être considérée comme une information correcte donnée au téléspectateur.
par Alain Vernon, délégué SNJ-CGT à France 2 ÀLA TÉLÉ L’actualité sociale maltraitée l y a en France, quotidiennement, des tuée de conflits avec le gouvernement ou de contestent ou qui font grève ont toujours conflits sociaux, des luttes, des négo- puissants groupes économiques, les rédac- tort, ils défendent des « privilèges », ne ciations, des grèves. Professeurs, sala- tions concernées sont soumises à la pression comprennent rien à l’évolution mondiale de Iriés de l’industrie automobile, postiers, des directions, qui sont elles-mêmes le l’économie, et prennent la France en otage. employés de la grande distribution, tra- réceptacle des courroux gouvernementaux Le sempiternel reportage donnant la parole vailleurs sans papiers… les sujets d’enquête ou des annonceurs publicitaires. aux automobilistes coincés dans les bou- et de reportage ne manquent pas. Pourtant, Non seulement le social n’est pas « gla- chons lors des journées de grève des trans- rares sont les JT qui ouvrent sur ce genre mour » – il peut même être assez désespé- ports publics est l’un des plus fameux de problèmes. Point d’analyses objectives rant – mais il demande, en plus, une prise exemples de « journalisme dépendant ». des conflits, pas d’enquêtes sur les raisons de risques. Alors, on ne traite ces sujets que Qu’apprend-il aux citoyens, à part que ce profondes qui motivent la colère des sala- lorsqu’ils « débordent » sur le reste de l’ac- n’est pas drôle d’être bloqué sur le périphé- riés. La parole est rarement donnée aux tualité et qu’on ne peut les éviter. Ou quand rique ? Connaît-on les raisons du mouve- syndicats concernés. Quant aux images, ils se transforment en faits divers spectacu- ment social en question quand seules les elles sont savamment choisies pour « effa- laires. « Saccages » de préfectures, menaces directions viennent expliquer leurs choix cer » la CGT, par exemple, ou mettre en de faire exploser les usines ou de déverser économiques ? avant d’autres centrales. des produits chimiques dans les cours d’eau À chaque grève de cheminots, on a l’im- Le service social des rédactions est souvent peuvent alors avoir les honneurs du JT. pression de voir les mêmes images, d’en- le moins bien considéré, et ses effectifs sont Mais, au final, ce sont toujours les mêmes tendre les mêmes propos, inlassablement faibles. Il n’y a pas une volonté réelle de spécialistes qui viennent expliquer les rai- recyclés. Et certains journalistes s’étonnent traiter le social de façon juste et équilibrée. sons de la colère, et on entend toujours les encore de ne pas être bien perçus par ceux L’actualité sociale étant en général consti- mêmes ignominies ou niaiseries: ceux qui qui les écoutent ou les regardent !
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! 49e CONGRÈS CGT Un congrès revendicatif !Cela faisait bien longtemps que les congrès confédéraux ne suscitaient plus vraiment de débats, avalisant les décisions des directions successives à de très fortes majorités. L’absence de véritables perspectives face à un gouvernement et un patronat qui cassent tout ce qu’ils peuvent ont changé la donne. Le rendez-vous de Nantes aura-t-il été plus mouvementé et moins formaté que d’habitude?
par Emmanuel Vire, Prisma-Presse
lu secrétaire général en 1999 à frayer avec le gouvernement, à calmer Une grosse machine après s’être révélé en menant les bases. Ils servent juste à ça… » Des Un congrès de la CGT, c’est d’abord la grève victorieuse à la SNCF mots durs, inhabituels dans notre syn- une grosse machine qu’il faut faire fonc- É en 1995, Bernard Thibault a dicat. Qui voyait même un camarade tionner. Mille cinq cents personnes avec vécu une décennie plutôt tranquille. métallurgiste du Nord, Jean-Pierre les invités, deux cent cinquante militants Surfant sur une image de leader déter- Delannoy, se déclarer candidat au bénévoles pour assurer la sécurité, la miné face à une CFDT accusée de poste de secrétaire général ! Et créer buvette, l’accueil ; un journal, le Peuple, multiplier les renoncements, il met en dans la foulée, le 12 novembre, un en quotidien, dont l’impression est réa- avant un bilan électoral plutôt satisfai- « comité national CGT de lutte de lisée par des ouvriers du Livre CGT ; sant, avec une victoire aux prud’homales classes». On peut d’ailleurs se reporter un restaurant pour les déjeuners… tout de décembre 2008 à 34 %, en hausse de au site officiel (www.congres49.cgt.fr) cela coûte cher, très cher. Qui justifie 1,3 point. Et surtout une inversion de la ou à celui des proches de Delannoy (ou non ?) la présence au patio des tendance historique au déclin, entamée (http://ouvalacgt.over-blog.com) pour stands de sponsors finançant le congrès dans les années soixante-dix. Même si la revivre l’ensemble des débats, avant et et pas forcément exemplaires en très faible mobilisation des salariés pendant le congrès. matière sociale : France Télécom, Veo- (25 % de votants) est un bémol impor- Toute cette agitation n’était pas faite lia, Saint-Gobain, RATP. Et de 8h 30 tant. Alors, la donne aurait-elle changé pour nous éclairer. Mandatés lors de à 19 h, on enchaîne les séances, ponc- en une petite année ? la conférence nationale du SNJ-CGT tuées de votes à main levée ou par man- Crise économique, échec pour beau- du 9 novembre avec Sabine, de l’au- dats. Comme les trois quarts des délé- coup de la stratégie unitaire symboli- diovisuel public, nous étions de plus gués1, qui assistaient comme nous à leur sée par les manifestations du premier en plus perplexes à l’approche de premier congrès, on sentait qu’un petit semestre, évolution réformiste du syn- l’événement. Pas facile de participer à temps d’adaptation serait nécessaire dicat… Pour la première fois, l’intou- son premier congrès confédéral. Por- pour arriver à se repérer. chable camarade Thibault voyait en ter la position critique du syndicat sur 2009 sa cote de popularité s’effriter et les documents présentés, faire passer sa stratégie contestée. Le représentant nos amendements, montrer que le Des débats « organisés » des « Conti », Xavier Mathieu, affir- syndicat de journalistes CGT a toute Il faut bien avouer qu’il n’est pas facile mait même sur France Info le 17 août : sa place au sein de la confédération… pour un délégué d’un « petit» syndicat « Les Thibault et compagnie c’est juste bon la tâche s’annonçait ardue. national de pouvoir s’exprimer. Au congrès, les interventions sont de deux ordres: soit vous avez fait une demande écrite, et le président de séance vous fait donner la parole pendant quatre minutes; soit vous réussissez à vous saisir d’un micro (toujours à l’appel du président) au moment des temps de débat, et vous avez
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Emmanuel Vire et Sabine Mellet
droit à deux minutes. Chaque jour, nous avons déposé une demande d’interven- tion pour le lendemain. Sans aucun résul- tat. À chaque fois, appel d’un délégué des grosses fédés (santé, cheminots, métal- lurgie, FAPT…) et des UD. On a vite compris qu’il fallait s’imposer et crier le plus fort possible pour avoir le micro. Ce que j’ai pu faire à deux reprises (merci Sabine !) et bénéficier donc de quatre minutes pour faire passer le message du SNJ-CGT. C’est peu, très peu. Quand on connaît la pauvreté du document Photo Claude Candille : d’orientation en matière d’information, il y avait de quoi s’inquiéter! « Pour une ligne de classe et de masse, des sition « à une large majorité ». On n’en Alors que de larges pans de la partie 1 du objectifs clairs plutôt que des repères évasifs : saura pas plus sur les conditions du document avaient été remaniés, la pro- 300 € pour tous, arrêt des licenciements, choix. Mais, bizarrement, le Monde du position de notre conférence nationale retour aux trente-sept années de cotisation. 2 décembre présentait déjà cette liste. sur le service public de l’information Et, surtout, en finir avec la spirale de l’échec Plus fort encore, le quotidien nous n’avait pas été reprise. Il était seulement du syndicalisme rassemblé. » apprenait que l’instance qui dirige au fait allusion à un «contrôle des médias par Peu de congressistes y adhèrent totale- quotidien la CGT, le bureau confédé- les pouvoirs économiques et politiques ». ment. Pourtant, une ambiance de lutte ral, ne comprendrait plus que huit Première prise du micro: «Il faut que la plane. Beaucoup de camarades souli- membres au lieu de douze au lendemain CGT affirme son soutien au pôle public de gnent la faiblesse du document d’ori- du congrès de Nantes. C’est exactement l’information, qui est en train d’être complè- gine, que le développement humain ce qui s’est passé… tement démoli par Sarkozy. Quand on durable ne veut rien dire (le terme res- Suite au départ des deux poids lourds de apprend que le président de France Télévi- tera malgré tout dans le texte final!). La son équipe, Maryse Dumas à l’aile sions sera désormais nommé par l’Élysée, c’est direction est obligée d’en tenir compte gauche et Jean-Christophe Le Duigou un véritable retour à l’époque de l’ORTF. en réécrivant, entre autres, le texte à l’aile droite, Bernard Thibault a main- On est loin du programme du Conseil natio- concernant l’unité syndicale et les résul- tenant les coudées franches. Mais pour nal de la Résistance, qui réclamait l’indépen- tats des mobilisations du début d’année. faire quoi ? Continuer à réformer les dance de la presse, que ce soit vis-à-vis des À la fin de chaque débat, un vote. Le rap- structures de la CGT est en tout cas une grands groupes financiers ou vis-à-vis de port d’activité et le document d’orienta- priorité pour notre secrétaire général. l’État ! » Applaudissements nourris, et tion sont adoptés avec des scores de 77- Les fédérations et syndicats doivent se surtout reprise de notre proposition par 78%, soit une diminution de six points prononcer avant le 31 décembre 2011 la commission d’orientation! Le service par rapport à 2006. En comptant les abs- sur d’éventuels rapprochements. Dans public l’a échappé belle! tentions (eh oui! c’est une particularité cette optique, nous avons rappelé fer- des congrès de notre organisation, qui ne mement, lors de notre seconde inter- les prend pas en compte), cela donne, en vention au micro, notre souhait de Une direction confédérale gros, un rapport de 70/30 en faveur de la demeurer un syndicat national. Même si contestée, mais confortée direction, qui reflète mieux la tonalité du nous n’étions pas opposés, pour être plus Même si les débats restent «cadrés», on congrès. Avec une opposition plus forte efficaces, à discuter de rapprochements entend beaucoup, dans les couloirs, le qu’auparavant, mais qui demeure trop éventuels, comme avec la fédération du ras-le-bol de l’inefficacité des journées hétérogène, entre les pro-Delannoy et spectacle, par exemple. Afin aussi que la de mobilisation et un doute profond sur les «inorganisés». confédération prenne mieux en compte la stratégie à mener. Il y a aussi pas mal les réalités d’une profession, les journa- d’interventions critiques au micro, dont listes, et d’un secteur, l’information, celle, très émouvante et très applaudie, Un secrétaire général en garants de notre démocratie. du camarade Alexis, de Molex, racon- position de force tant le combat difficile pour l’emploi, la Bernard Thibault entame son qua- 1. Sur les 982 délégués: 35% de femmes ; moitié lutte contre un patron voyou, la solida- trième et sûrement dernier mandat. Il a privé, moitié public; 30% d’ouvriers, 50% d’em- rité avec les Conti. Et, bien sûr, celle de souhaité renouveler et resserrer forte- ployés et 20% de cadres; à 85% en CDI; 7% de moins de 30 ans. l’opposant numéro un, Jean-Pierre ment la direction. La commission exé- 2. Sur 54 membres de la CE: 26 du public, 28 du 2 Delannoy, qui réaffirme sa candidature cutive de cinquante-quatre membres , à privé; 18 employés, 12 cadres, 10 ouvriers, 8 tech- au poste de secrétaire général « afin parité hommes/femmes, est renouvelée niciens, 3 agents de maîtrise, 2 ingénieurs et que la CGT retrouve ses vraies valeurs». à 50 %. Le CCN a proposé sa compo- 1 enseignante.
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! NEWS En direct des rédactions
Le SNJ-CGT avait axé sa cam- contraintes « pouvant pousser les comité d’entreprise, où deux élus Succès du pagne sur la démocratie sociale, salariés à la faute professionnelle ». vont siéger. Même succès pour rappelant que les candidates Le SNJ-CGT de LCI demandait les délégués du personnel. Dans SNJ-CGT à LCI… s’engageaient à « faire remonter « l’arrêt de ces dérives managé- les autres collèges, la CGT est les revendications au comité d’en- riales ». Par leur vote, les salariés aussi largement majoritaire. treprise, un CE devant devenir une auront désormais un syndicat LCI, où le SNJ-CGT pré- réelle instance de surveillance et non combatif et à leur écoute. Dom- Àsentait pour la première fois pas un sas de revendications person- mage pour Bouygues, d’autant une liste de candidats, celle-ci a nelles ». Face à l’aggravation des plus qu’à la maison mère, TF1, la … et de la CGT obtenu un vrai succès. Les sala- conditions de travail depuis la CGT a également enregistré de riés ont accordé 18 % de leurs mise en œuvre d’un plan d’éco- spectaculaires progrès. à TF1 suffrages à la liste SNJ-CGT, nomie, les candidates rappe- élisant nos deux candidates, Julie laient que « la direction a obliga- Regard et Béatrice Blondeau, ce tion d’assurer l’intégrité morale et TF1, le travail et l’engage- qui ne s’était jamais vu depuis la physique de ses salariés ». Les ... à La Montagne Àment des militants ont payé. création de cette entreprise. conditions de travail des salariés Les résultats électoraux sont très Pour sa première participation à de LCI s’illustrent en effet par encourageants pour l’avenir et la délégation unique du person- une « surcharge de travail par e SNJ-CGT confirme sa posi- mettent un point final à une trop nel, le SNJ-CGT pointe en troi- manque de personnel, une polyva- Ltion de premier syndicat de longue errance de la CGT sième position avec 20 voix, der- lence de plus en plus demandée par journalistes dans cette rédaction depuis la privatisation de TF1. rière la CFTC (46 voix) et la l’employeur, des horaires de travail avec plus de 50 % des voix pour Lors des élections de 2005, le CFDT (30 voix), mais devant extensibles, et un planning prévi- les titulaires (81 voix, devançant syndicat ne représentait plus que FO (9 voix). sionnel inexistant ». Autant de le SNJ de quelque 40 points) au 11% des suffrages. Aujourd’hui, la CGT obtient 19 % des suf- frages et deux délégués du per- sonnel supplémentaires. Et la proportion de cadres votant pour la CGT au CE a même doublé, passant de 8 % à 16 % en quatre ans. Après ces résultats, la représenta- tivité CGT à TF1 SA, troisième syndicat de l’entreprise, s’établit désormais à 19,92%. La CFTC est toujours majoritaire (30,71%), suivie de la CFDT (21,49 %), de la CGT (19,92 %), de FO (19 %) et de la CGC (12,19 % dans le collège cadres). Au cours des prochains mois, les salariés pourront compter sur la CGT. L’objectif prioritaire reste la mobilisation pour l’aug- mentation collective des salaires. Sans oublier, au printemps, les élections des représentants des salariés au conseil d’administra- tion de TF1 SA.
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