PROFIL D'UNE ŒUVRE Collection dirigée par Georges Décote

TOPAZE PAGNOL

par D. Albine VIGROUX

à Pierre-Louis Rey

HATIER © HATIER — PARIS 1979 Toute représentation, traduction, adaptation ou reproduction, même partielle, par tous procédés, en tous pays, faite sans autorisation préalable est illicite et exposerait le contre- venant à des poursuites judiciaires. Réf. Loi du 11 mars 1957. ISBN 2 - 218 - 04907 - 4

Les références au texte de Topaze sont toujours faites par actes et scènes. Le présent ouvrage ne fait jamais mention d'un renvoi à une page de l'œuvre ; il est donc possible d'utiliser n'importe quelle édition de Topaze. Les deux plus conseillées sont les suivantes : - édition du Livre de poche n° 294 - édition Presses Pocket n° 1 294. Introduction

Voilà une soixantaine d'années, dans un petit pensionnat lugubre, enseignait un modeste maître nommé Topaze. Au physique, il devait ressembler au professeur Tournesol. Mais il était probablement moins distrait que l'auguste savant et sa vie, morne et routinière, était à l'abri des aventures rocambo- lesques qui émaillent l'existence du célèbre ami de Tintin. Si Tournesol est un savant, fabriquant sans cesse d'étranges machines, pareillement Topaze aura, lui aussi, la réputation d'être un inventeur. Porteront son nom des balayeuses municipales ultra-modernes... Mais ces rutilants engins sont- ils réellement l'œuvre de Topaze, l'ex-professeur de collège devenu affairiste ? On peut en douter car un parfum de mystère plane sur toutes les entreprises qui vont se dérouler sous nos yeux... Quelle est donc cette histoire de chaîne de montagnes africaines que l'on vend aux gens qui l'habitent ? À quoi riment ces poêles des écoles, entièrement neufs, que l'on casse pour les remplacer par des radiateurs dont on n'a nul besoin ? Topaze avait également un air de famille avec Charlot. Comme le grand comique, désarmé et pathétique, il suscitait rires et moqueries. Pitoyable comme lui, il était seul et souvent désespéré. Or, me direz-vous, Charlot prend sa revanche sur l'existence, et, généralement, à la fin du film apparaît transfiguré de bonheur... Il est vrai qu'au dernier acte Topaze aura lui aussi une belle mine ; sanglé dans un costume de bon faiseur, il ne ressem- blera plus au petit pion qu'il était aux premiers actes... Mais Topaze a-t-il conservé la pureté et la naïveté de Chariot ? Son visage, au bout du compte, est-il aussi rayonnant que celui de l'émigrant de « la Ruée vers l'or » ? Pourquoi Topaze, désormais riche et aimé, à l'issue de sa traversée au pays des enseignants, des chevaliers d'industrie et des femmes, conserve-t-il dans son regard une lueur d'amertume ?

Analyse de la pièce : ses principaux événements1

ACTE I : UN MARTYR DE L'ENSEIGNEMENT2

Au cours des scènes du premier acte (qui se déroulent à la pension Muche), nous faisons de mieux en mieux connais- sance avec Topaze ; c'est un homme de trente ans, modes- tement vêtu, qui exerce des fonctions de professeur. Cons- ciencieux et dévoué, il apparaît également naïf et crédule : il fait les quatre volontés de mademoiselle Muche, la fille du directeur de la pension, qui est également sa collègue de travail. Aux scènes 4, 5 et 6, Topaze s'entretient, non sans amertume, des palmes académiques et des chahuts d'élèves avec les autres professeurs de la pension, Panicault et Tamise, après avoir été bafoué par son directeur. Enfin, notre homme reçoit la visite d'une belle et élégante jeune femme, Suzy Courtois, tante d'un élève auquel il a donné des leçons particulières. La scène se termine sans qu'aucun autre fait nouveau n'apparaisse... À la scène 12 nous mesurons combien la vie de Topaze est terne ; il a peu de satisfactions professionnelles : ses élèves, farceurs et indisciplinés, cherchent par tous les moyens à chahuter... À la scène 13 se déroule un drame. Topaze refuse, par conscience professionnelle, de changer les notes du cancre

1. Attention : cette analyse de la pièce n'est pas un résumé. Elle note simplement les principaux événements qui s'y déroulent et met en lumière les temps forts de l'intrigue. 2. Les titres donnés aux actes sont de l'auteur de cet ouvrage et non de Pagnol. Pitart-Vergniolles, et ce, malgré les insistances de sa mère et en dépit de ses alléchantes propositions. Présent à l'entretien, Muche met Topaze à la porte, sous prétexte qu'il a courtisé sa fille... Il se retrouve donc seul, sans famille, sans fortune et sans travail.

ACTE II : UN NAÏF À LA RECHERCHE D'UN EMPLOI

Dans son boudoir, Suzy Courtois, la belle jeune femme qui avait rendu visite à Topaze, quand il était encore enseignant, parle travail avec son amant et complice, Régis Castel-Bénac, conseiller municipal d'une grande ville, très habile à exploiter son mandat. La situation est compliquée : Roger de Berville, l'homme de paille de Castel-Bénac, refuse de signer un marché aussi fructueux que frauduleux avec la mairie, si on ne lui accorde pas une augmentation de commission. Très embarrassé mais orgueilleux, le conseiller municipal refuse d'accéder aux demandes de son « employé » et se retrouve dans une situation délicate. Surgit alors, à point nommé, Topaze qui cherche des leçons particulières. L'affaire de Castel-Bénac est urgente : le professeur fraîchement licencié remplacera donc Berville sur-le-champ, sans con- naître la valeur véritable de son nouvel emploi dont il découvrira peu à peu l'honnêteté relative...

ACTE III : UN APPRENTI SCRUPULEUX

Dans son imposant bureau américain, Topaze s'aperçoit trop tard qu'il est devenu un homme malhonnête, et plus préci- sément l'associé d'un personnage sans scrupules qui s'enrichit en volant sa municipalité. S'il a des remords de conscience, Suzy veille sur lui et sait habilement les faire taire. Alors, peu à peu, notre homme s'enhardit et parvient à travailler seul, sans être dirigé par Castel-Bénac : il règle l'épineux problème des vespasiennes municipales, fait la connaissance d'un maître chanteur et renvoie Muche qui était venu lui proposer sa fille en mariage. Avant de faire ses preuves à la scène 11, il reçoit les palmes académiques... Bibliographie

Elle est sommaire. Les articles concernant sont rares et les ouvrages qui lui sont consacrés ont une nette tendance à éclairer sa vie plus que son œuvre. On pourra consulter : Yvan Audouard raconte Marcel Pagnol, Livre de poche n° 4 744. Pagnol m'a raconté, de Raymond Castans, aux Éditions de la Table Ronde (édition de Provence) (1960) ou Folio. Ajoutons également la publication, en novembre 1978, aux éditions Julliard, d'un bel album retraçant la vie et la carrière de Pagnol grâce à de nombreuses illustrations commentées par Raymond Castans. On consultera avec intérêt l'édition de Topaze publiée par les Éditions du Panthéon dans la collection Pastels (Paris, 1955). Les dix belles aquarelles de Jean Gradassi permettent de bien saisir l'ambiance de la pièce.

Imprimé en France par MAURY-IMPRIMEUR S.A. - 45330 Malesherbes Dépôt légal : 4 trimestre 1979 N° d'édition 4288 - N° d'impression : K79/7758 Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

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