L'eau À Dieppe
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Septembre 2011 - numéro 48 Publication du réseau patrimonial de la Ville de Dieppe L’eau à Dieppe 1 édito 2 Sébastien Jumel Chaleureusement, Nous voussouhaitonsunebonneetenrichissantelecture. etvaloriser. que nousdevonssauvegarder ville notre de et l’authenticité identité notre consolider avecl’eau.C’estuneréalitéquiparticipeà tion étroite unerela etmaritime,entretient Dieppe, villeportuaire révèleque Cette nouvelleéditiondeQuiquengrogne àpartentière. qu’ils’agitd’undroit rant considé temps, dignes denotre d’accès àl’eaupotable ment particulieràoffrirauxDieppoisdesconditions attache cet perpétuer de continue municipalité Notre dans laville. enfonctionnementicietlà siècle etquisontencore installéesilyaplusd’un lesfontainesBayard encore ou Salé Puits le – puits les Toustain, l’aqueduc comme territoire disponiblessurnotre d’approvisionnement del’ensembledessources etdespropriétés contraintes des approfondie connaissance d’une fruits d’ingéniosité citédestrésors coinsdenotre auxquatre On retrouve besoins del’activitéindustrielleetlapopulation. étéaucœurdespréoccupationspourles tous temps, a,de naturelle sonnées decetteimportanteressource qu’àDieppe,lagestionetl’exploitationrai démontre deQuiquengrogne cieusement. Cenouveaunuméro pré préserver de convient qu’il un élémentvital C’est qui continuedeseraréfier. lemondeunedenréerare onlesait,estàtravers L’eau, vice-président duDépartement deDieppe maire à préserver richesse Une chargé delaCulture chargé adjoint auMaire Frédéric Eloy - - - - - QUIQUENGROGNE / Médiathèque Jean-Renoir, Fond ancien et local — 1, quai Bérigny — 76 374 Dieppe cedex tél. : 02 35 82 45 56 courriel : [email protected] direction de la publication : Sebastien Jumel, maire de Dieppe, vice-président du Département comité de rédaction : Frédéric Éloy, Bernadette Lassalle, Anne-Marie Devillers, Olivier Nidelet, Pierre Ickowicz, Stéphanie Soléansky, Isabelle Abraham — ISSN : 1278-6330 Photographies/illustrations Château-Musée ou Fonds ancien et local (sauf mention) conception : Ludwig Malbranque, service Communication de la Ville de Dieppe Impression : Imprimerie Dieppoise septemnre 2011 .fr L’eau à Dieppe La distribution d’eau potable Des porteurs d’eau à la distribution d’eau potable à do- micile, du simple puits au robinet en passant par les gra- cieux jeux d’eau d’une fontaine, la conquête de l’eau par l’homme fut riche et complexe. Dès l’Antiquité thermes Parallèlement s’épanouit un usage plus esthétique de p Fontaine de la Barre en 1838, et aqueducs attestent d’une connaissance approfondie l’eau dans le cadre d’un véritable art des jardins. tableau de W. C. Stanfield (détail). de certaines techniques hydrauliques en matière de Cette fontaine dieppoise était en Aux 17e et 18e siècles, l’implantation de pompes sur les distribution d’eau, d’hygiène ou de loisirs. Au moyen- réalité le réservoir d’arrivée de rivières optimise l’alimentation en eau des villes ; à Paris l’aqueduc qui menait l’eau de la âge, les moines, en particulier les cisterciens, maîtrisent source du Gouffre (emplacement en 1608 les quatre pompes de la Samaritaine consti- parfaitement l’adduction d’eau par le biais de canaux de l’actuelle rue Toustain). tuent la première machine élévatrice d’eau de Seine, Collection Musée de Dieppe. et retenues, d’aqueducs, de puits et de fontaines, de avant celles du pont Notre-Dame (1671) et de Marly. viviers, aussi bien pour l’irrigation, la meunerie que pour À la même période “l’aqueduc Médicis” (1628) dessert le les besoins alimentaires quotidiens. Palais du Luxembourg et quatorze fontaines publiques. L’essor urbain entraîne un ravitaillement en eau plus Mais c’est véritablement à partir du 18e siècle que se difficile pour les villes, tant pour la consommation que développe la mise en place de réseaux urbains des eaux ; pour les besoins de certaines activités artisanales (tein- ils sont indissociables des notions d’hygiène publique et tureries, mégisseries, tanneries, boucheries…). d’urbanisme qui s’enracinent alors. Ainsi, dès la fin du moyen-âge, l’accroissement des po- L’apparition des machines à vapeur pour actionner les pulations citadines, les risques d’incendie et d’épidémies pompes élévatrices à partir de la fin du 18e siècle en An- incitent les pouvoirs publics à augmenter l’approvision- gleterre puis en France, et celle des conduites en fonte nement en eau des villes, et à tenter de résoudre les au milieu du 19e siècle, vont encore améliorer le fonc- problèmes d’insalubrité engendrés par le rejet des eaux tionnement des réseaux d’eau. Dans la seconde moitié usées, par simple ruissellement. du 19e siècle, une distribution plus rationnelle et plus La conception d’un réseau de distribution d’eau potable étendue de l’eau se généralise, desservant de plus en à l’échelle d’une ville émerge lentement comme à La- plus de particuliers. val (1485) mais surtout à Rouen ; l’adduction d’eau au Au 16e siècle, la prospère cité dieppoise s’accommode début du 16e siècle y est remarquable par son étendue mal des quelques points d’eau disponibles, d’autant que et la beauté de ses fontaines. Désormais de nouvelles l’eau y est souvent saumâtre. La crainte des épidémies sources sont recherchées et captées, des aqueducs sont de peste et les travaux d’adduction d’eau entrepris à bâtis, reliant et alimentant les points d’eau disponibles, Rouen (à l’initiative du Cardinal Georges d’Amboise), et fontaines ou puits, et des réservoirs sont créés. au Havre et Harfleur, incitent les bourgeois dieppois à réclamer une eau saine et abondante pour leur ville. Aussi est-il décidé de recourir aux services d’un fontai- nier rouennais, Pierre Toustain, pour capter et conduire l’eau d’une source située au lieu-dit Le Gouffre, à Saint- Aubin-sur-Scie, jusqu’à la fontaine du Puits Salé, par le biais d’un aqueduc souterrain. C’est le point de départ t Vue cavalière de Dieppe vers 1682, dit « plan d’Asseline », d’une longue et difficile entreprise destinée à faciliter avec localisation des fontaines. l’accès à l’eau potable. Collection Musée de Dieppe. 3 qualifiés, il obtient de la Ville matières et ouvriers qu’il L’aqueduc Toustain conviendra à faire ledict ouvraige. Difficultés et retards s’accumulent, et quand enfin, en p Vue cavalière de la ville de Pendant la guerre de cent ans, sous l’occupation an- mai 1553, l’eau douce arrive dans le fossé de la ville, le Dieppe, estampe extraite de glaise, un projet d’adduction d’eau douce, resté sans débit est jugé insuffisant, et le fontainier est traîné en la Cosmographie de François Belleforest, 1575. suite, est déjà envisagé à Dieppe (1434), à la demande justice puis emprisonné. Fonds ancien et local. des manants, bourgeois et habitants de la cité. Il s’agissait de détourner une partie de la Varenne, et de u Marché entre Pierre conduire l’eau jusqu’à la ville par le biais d’un canal à ciel Toustain et la Ville pour la ouvert, prenant naissance près le “Pont aux Vacques” à construction de l’aqueduc, 11 novembre 1535. Arques-la-Bataille. Fonds ancien et local. Fondamental pour l’épanouissement de la ville, ce pro- © Service de l’Inventaire et du Patrimoine jet est repris dès 1454 par le roi Charles VII, mais aban- donné, la région étant exsangue. Ce n’est qu’au début des années 1530, alors que la ville ne cesse de s’étendre et de prospérer, qu’un nouveau projet d’adduction d’eau voit le jour. Le 7 janvier 1532, l’amiral Chabot accorde aux dieppois le droit de capter une source située à Saint-Aubin-sur- Scie. Il importe que ces travaux ne retardent pas les ou- vrages et réparations en cours au château et dans la ville L’ouvrage est finalement achevé en 1558 par Toustain se- et que les propriétaires des terrains soient correctement condé par les Le Mestre père et fils, fontainiers du Roi, le dédommagés. En avril la commune achète la source et père Pierre ayant oeuvré au Havre mais aussi au château les terrains nécessaires pour 200 livres tournois ; deux d’Anet et à Fontainebleau. En 1553 ils avaient obtenu la ans plus tard, le 11 novembre 1535, elle engage le fon- libération de Pierre Toustain en confirmant la justesse des tainier Pierre Toustain pour réaliser l’aqueduc gravitaire calculs d’altimétrie entre le Gouffre et la Barre effectués chargé de transporter l’eau douce dans la ville. par leur confrère… malgré quelques erreurs. Bourgeois de Rouen, Pierre Toustain a travaillé dans L’aqueduc Toustain consiste en deux conduites de terre sa ville à la réalisation de la fontaine de l’archevêché. cuite enterrées, enrobées dans un coffre de ciment ro- À Dieppe, il s’attèle à une entreprise colossale : l’eau main, abritées par une galerie souterraine à partir du p Projet de Dupont pour doit être acheminée grâce à deux conduites enterrées Petit-Appeville. Il comporte des évents pour l’évacua- l’élévation du château d’eau du Puits salé. Fonds ancien et local. depuis Saint-Aubin-sur- Scie (situé à 7 kms), en passant tion de l’air, des puits d’extraction, des “regards” pour © Service de l’Inventaire sous la rivière de La Scie, puis sous la “Montaigne”, entre faciliter l’entretien, deux cuves “coupées” pour le dépôt et du Patrimoine Petit-Appeville et Dieppe. Secondé par deux hommes des boues, et plusieurs salles. 4 La salle dite “Salomon de Caus” (la référence à la salle t Puits d’extraction dite “de la Duchesse de Berry”, date de l’inauguration du permettant le déblaiement de la terre et des pierres lors du bassin Berigny en 1829 et de sa balade dans l’aqueduc) creusement de la galerie, et le est remarquable ; elle présente une table semi-circulaire renouvellement de l’air. quartiers : ce sera chose faite en 1882, à partir de la © Droits réservés autrefois pourvue de jets d’eau, un banc en pierre et une même source avec la mise en place d’un aqueduc ovoïde paroi très originale, ornée de coraux et de coquillages, en écoulement libre.