Le Dorat, Capitale De La Basse-Marche
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%tO - ct c f D LE DORAT CAPITALE fit PAR LABBÉ P.-È. ROUGEBIE DEUXIÈME PARTIE II -t, n auj nonar, CHEZ SIJR)]NAED. LIHHAJJIE 4865 Document IIlIlI!lIIIlHIIlDlMI 1 0000005778676 p LE DOBATI7 CAPITALE DaLA, Jarrive à la partie capitale de nia thèse; ii me faut lever les difficultés, guérir les scrupules historiques, et établir que Le Dorat fut, avant 4790, la capitale d la Basse-Marche. Toutefois, je persiste dans ma première réserve, et je nessayerai point de définir ce que devait être, aux différentes époques du moyen âge et des temps moder- nes, la capitale dune petite province telle que la Basse- Marche. Il, suffira à ma solution détablir invinciblement que Bellac, Rancon et Cliampagnac ne faisaient pas partie, avant 1572, du comté, mais seulement du pays de Basse-Marche ,-et de montrer que Le Dorat fut, toujours depuis cette époque, le point de concentration des di- vers pouvoirs religieux, civil, judiciaire et militaire du comté de )3asse-Marche. Avant tout., tiifiClICIls leiji juste valeur certaines preuves sur lesquelles on u insisté avec complaisance et examinons les pièces nouvelles qui nous sont offertes en faveur de Bellac. Elles prouvent trop ou trop peu. Bellac, dit-on, semble avoir été la capil.ale, parce (Ilic Louis MII et llenri IV y sont passés. Si tous les coins (Ili territoire français qui ont eu lhonneur de porter quelquun de nos vieux rois; si dia- que ville ôù ils ont trouvé des sujets fidèles et prompts à fêter, des sujets honorés par eux de gracieux témoi- gnages, pouvaient être regardés comme des capitales, la Fiance entière serait la terre promise de ces. cités reines et maitresses de provinces. Nous les verrions se présenter en lignes serrées tout le long de nos grandes voies, puis se ramifier çà et là vers des milliers de manoirs seigneuriaux. Cet argument prouverait doiic beaucoup trop, sil prouvait en• faveur de Bellac, dans la question peu- dante. Les noires infortunes du Dorat, les chatoyantes prospérités de Bellac, quon étale à plaisir, nont rien à faire non plus avec la question dé la capitale. Tout homme, prince ou sujet, a sa bonne et sa mauvaise fortune, et toute ville; capitale ou non, a ses heures de deuil ondalIégresse. Je navoue point cependant que, jusquà la révolu- (ion , où elle fut découronnée de ses vieilles gloires — o — par son heureuse rivale, la ville du Dorat ait vécu sous un ciel plus jncléinent et plus sombre que celui do Bella; je dis seulement que les joies ou les Pleurs dautrefois importent peu à la question daujourdhui. Mais voici les preuves les plus nouvelles qui nous sont données, en faveur de Bellac, dans k Courrier du Centre des 27, 28 et 30 juin. De 4769 Li 4776, dans une foule darrêtés, les con- seillers municipaux de Bellac, réinis sous la présidence de leur maire, et règlementant leur octroi , leurs hou- chers ou leurs fontaines qualifient presque invariable- nient le lieu de leurs séances de palais royal de la seule ville royale et capitale de la Basse-Marche. Dans le même temps, plusieurs jugements du tri- bunal de Bellac adjugent libéralement à cette ville le titre de seule ville royale et capitale de la Basse-Marche. Tous les actes notariés de lépoque portent l mème mention, On en conclut que «-Sil n ' y avait pas droit, les officiers ministériels eussent été obligés de changer leur foiniule, et lee sceau de lEIat naurait Pas approuvé ces pièces; » Pour que cette conclusion, qui semble rigoureuse, eût une certaine valeur, il faudrait que le I)orat rie pût présenter aucun acte authentique le qualifiant (le capi- tale de la.Basse-Matche, et également revêtu (lu sceau de lEtat. Cest le contraire pi i a lien t t. - G - On ma offert pat centaines, et on trouverait peut- être par milliers, des actes ministériels du xvLlIc siècle, scellés et authentiqués par qui de droit, octroyant tous ail Dorat le litre de capitale. Cette preuve, si elle vaut quelque chose pour Bellac, établit seulement quà cette époque, le titre de capitale était fottement disputé, et pie chacune des deux villes avait peut-être des titres colorés pour le prendre, avant que cette discussion neût porté la lumière. Les qualifications écrites sur les registres du Conseil municipal de Bellac prouvent seulement la bonne opinion quavaient MM. les conseillers municipaux de leur patrié. Elles sont moins sérieuses encore que les qualifications des actes notariés et des arrêts du tri- bunal. On veut, cependant, quune telle unanimité et pareille 'insistance à faire ressortir ce titre prouve évidemment un droit, mais un droit disputé. Oui, en effet, ce titre était disputé; mais qui disputait contre Bellaç? Le roi Louis XV lui-même. Dans un décret signé Louis, il appelle le Dorat capitale de la plis ,tard lAssemblée natio- Basse-Marche; et un-peu. nale fait équivalemment lem ëme honneur au Dorat dans un décret de haute importance, (liii démandait la plus. g-ande précision. Certes, ces adversaires de Bellac ne sont pas à• dédaigner. flais ynjci venir les iiiiienrs de seconde main 0 se . Maints dictionnaires de géographie classique attribuent, dit-on, à Bellac le titre de capitale. » Cest une preuve à deux tranchants. Elle ne peut être portée au débat, quoique, à mon avis, le plus grand nombre de ces livres honore le Dorat du même titre. Il faudrait non pas compter ces dictionnaires et les cartes géographiques, mais les peser, et peser sur- tout leurs raisons, quils n ont ps toujours fait connaître. Le meilleur glaive polir trancher la difficulté est. dans les pièces authentiques sauvées du naufrage des temps et des révolutions. Des juges sévèrs me reprocheront peut-Mre d mattarder sans utilité à relever ces inductions. Mais il nest point -indifférent de laisser courir lesprit à ces excursions très innocentes, en apparence, soit à la suite de nos rois, soit vers le bonheur et linfortune des deux villes, ou sur les pas dautorités contestables; car le lecteur, après avoir suivi son guide avec int- réÉ, après avoir goûté tes horizons quil lui découvre, ose à peine sen séparer vers la conclusion quand, en face dune industrieuse cité, mi sécrie Voici Bellac, CAPITALE de la BassM:arche! Telle est la vaIeu des raisons adversés; rétablissons et fortifions les nôtres., Malgré le témoignage dun auteur contemporain, Âdhtmar de Chabanais, on ne recule pas .sur la ques- tion des Origines de Bellac; et, comme si rien neiit été renversé, lon sécrie r n —8- « Dans mou premier exposé, jai 'établi quen 904, Bellac était le chef-lieu de toute la Marche,.. » Je maintiens donc, non à titre dimagination, que cette ville apparaît déjà au vin e siècle. > Lorigine plus ou moins ancienne dune cité prouve peu en sa faveur comme capitale Marseille, est plus anciennement connue que Paris, et les marais de la Néva, métamorphosés en capitale, ne permettront jamais de nier lancienne prééminence de Moscou. Je maintiens cependant le point dhistoire quon vient de nier, sans raisons ' nouvelles, une seconde fois, et Je dis :.Bellacnapparaîtpas au vin e siècle, mais seulement au r. La première chronique où son nom est prononcé aie qualifie cette place de chdteau construit siècle;. tous les faits, toutes les dates quon met en avant pour établir une plus grande ancienneté ne font apparaître Beliac,quaprès lan 900. Aurons-nous donc besoin dun congres dhistoriens pour affirmer que tes dates postérieures à cette époque appartiennent aux° siècle de lère chrétienne? Mais on insiste, et lon lit « 5& cette époque, Guéret et Le Dorat nétaient que des Pagi; en 4183, Le Dorat n(tail quun Btzrgus! » Nest-ce, pas une singulière distraction que de traduire pagus paiS village. Pagus Doratensis doit se traduire par pays du Dorai. Cette expression prouve quà cette époque Le Dorat était le, centre", la capitale dune division territoriale, dun eau- lori ou dun arrondissemen t.t.. -9- On cité Leymariè en faveur de lancienneté de Bellac,: « Lorigine de cette châtellenie, lune des plus an- tiennes du Limousin, remontait, dit-il: au conimcn- cernent du r siècle. Cette place...... successivement for- tifiée par chacun des comtes de la Marche, était défendue par dix-neuf tours bu bastions; etc. » Et lon conclut : « Donc, Bellac nétait pas un simple hdtean, mais une ville fortifiée, ayant trois portes.....le grand por- tail, la porte Billon.... celle de la Prade.... et de plus un fossé..., dix-neuf tours, etc... » Cest tout bouleverser à plaisir pour attribuer au viii siècle des constructions quon affirme plusieurs fois lui être postérieures Puis on triomphe, et lon sécrie « Dès lors, que signifient ces paroles du savant Ro- bert et tout leur poids : « Anciennement, audit lieu de Bellac, il ny avait ni bourg, ni rien, etc.? » - Paroles haineuses I ... » - Elles signifient ce quelles sonnent: quau vill e siècle il ny avait à Bellac ni bourg, ni rien. Après lexamen des raisons contraires, on peut affirmer ce fait sans tergiverser. Quant au Dorai, quon se plat!, à qualifier de hurgus en 4183, voici comment Augustin Thidrry en- parle, précisément en la même année : - « 1-lenri-le-Jeime, fils de Henri il dAngleterre, se lia de nouveau avec les adversaires du son pète, cl- - IOE - partit pour Le Dorat, ville des marches du Pôiton,, oùi était le-quartier des insurgés.. » En appelant au secours de la qui fait dé l3elIac une ville déjà considérable, limpôrtance du siège sou- tenu, et les forces immenses,, le roi de France en tête,. vaincues devant les murs de Bellac,. noublie-t-on pas un peu ce quétaient les premiers Capétiens vis-à-vis. de leurs puissants vassaux? Tout le monde sait que plusieurs générations de ces rois se sont usées à pren- dre de simples châteaux, sous les murs même de Paris;.