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LE DORAT
CAPITALE
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PAR L ABBÉ P.-È. ROUGEBIE
DEUXIÈME PARTIE
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Document
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CAPITALE
DaLA,
J arrive à la partie capitale de nia thèse; ii me faut lever les difficultés, guérir les scrupules historiques, et établir que Le Dorat fut, avant 4790, la capitale d la Basse-Marche. Toutefois, je persiste dans ma première réserve, et je n essayerai point de définir ce que devait être, aux différentes époques du moyen âge et des temps moder- nes, la capitale d une petite province telle que la Basse- Marche. Il, suffira à ma solution d établir invinciblement que Bellac, Rancon et Cliampagnac ne faisaient pas partie, avant 1572, du comté, mais seulement du pays de Basse-Marche ,-et de montrer que Le Dorat fut, toujours depuis cette époque, le point de concentration des di- vers pouvoirs religieux, civil, judiciaire et militaire du comté de )3asse-Marche. Avant tout., tiifiClICIls leiji juste valeur certaines preuves sur lesquelles on u insisté avec complaisance et examinons les pièces nouvelles qui nous sont offertes en faveur de Bellac. Elles prouvent trop ou trop peu.
Bellac, dit-on, semble avoir été la capil.ale, parce (Ilic Louis MII et llenri IV y sont passés. Si tous les coins (Ili territoire français qui ont eu l honneur de porter quelqu un de nos vieux rois; si dia- que ville ôù ils ont trouvé des sujets fidèles et prompts à fêter, des sujets honorés par eux de gracieux témoi- gnages, pouvaient être regardés comme des capitales, la Fiance entière serait la terre promise de ces. cités reines et maitresses de provinces. Nous les verrions se présenter en lignes serrées tout le long de nos grandes voies, puis se ramifier çà et là vers des milliers de manoirs seigneuriaux. Cet argument prouverait doiic beaucoup trop, s il prouvait en• faveur de Bellac, dans la question peu- dante.
Les noires infortunes du Dorat, les chatoyantes prospérités de Bellac, qu on étale à plaisir, n ont rien à faire non plus avec la question dé la capitale. Tout homme, prince ou sujet, a sa bonne et sa mauvaise fortune, et toute ville; capitale ou non, a ses heures de deuil ond alIégresse. Je n avoue point cependant que, jusqu à la révolu- (ion , où elle fut découronnée de ses vieilles gloires — o —
par son heureuse rivale, la ville du Dorat ait vécu sous un ciel plus jncléinent et plus sombre que celui do Bella; je dis seulement que les joies ou les Pleurs d autrefois importent peu à la question d aujourd hui.
Mais voici les preuves les plus nouvelles qui nous sont données, en faveur de Bellac, dans k Courrier du Centre des 27, 28 et 30 juin. De 4769 Li 4776, dans une foule d arrêtés, les con- seillers municipaux de Bellac, réinis sous la présidence de leur maire, et règlementant leur octroi , leurs hou- chers ou leurs fontaines qualifient presque invariable- nient le lieu de leurs séances de palais royal de la seule ville royale et capitale de la Basse-Marche. Dans le même temps, plusieurs jugements du tri- bunal de Bellac adjugent libéralement à cette ville le titre de seule ville royale et capitale de la Basse-Marche. Tous les actes notariés de l époque portent l mème mention, On en conclut que «-S il n y avait pas droit, les officiers ministériels eussent été obligés de changer leur foiniule, et lee sceau de l EIat n aurait Pas approuvé ces pièces; » Pour que cette conclusion, qui semble rigoureuse, eût une certaine valeur, il faudrait que le I)orat rie pût présenter aucun acte authentique le qualifiant (le capi- tale de la.Basse-Mat che, et également revêtu (lu sceau de l Etat.
C est le contraire pi i a lien t
t. - G - On ma offert pat centaines, et on trouverait peut- être par milliers, des actes ministériels du xvLlIc siècle, scellés et authentiqués par qui de droit, octroyant tous ail Dorat le litre de capitale. Cette preuve, si elle vaut quelque chose pour Bellac, établit seulement qu à cette époque, le titre de capitale était fottement disputé, et pie chacune des deux villes avait peut-être des titres colorés pour le prendre, avant que cette discussion n eût porté la lumière. Les qualifications écrites sur les registres du Conseil municipal de Bellac prouvent seulement la bonne opinion qu avaient MM. les conseillers municipaux de leur patrié. Elles sont moins sérieuses encore que les qualifications des actes notariés et des arrêts du tri- bunal. On veut, cependant, qu une telle unanimité et pareille insistance à faire ressortir ce titre prouve évidemment un droit, mais un droit disputé. Oui, en effet, ce titre était disputé; mais qui disputait contre Bellaç? Le roi Louis XV lui-même. Dans un décret signé Louis, il appelle le Dorat capitale de la plis ,tard l Assemblée natio- Basse-Marche; et un-peu. nale fait équivalemment lem ëme honneur au Dorat dans un décret de haute importance, (liii démandait la plus. g-ande précision. Certes, ces adversaires de Bellac ne sont pas à• dédaigner.
flais ynjci venir les iiiiienrs de seconde main 0 se . Maints dictionnaires de géographie classique attribuent, dit-on, à Bellac le titre de capitale. » C est une preuve à deux tranchants. Elle ne peut être portée au débat, quoique, à mon avis, le plus grand nombre de ces livres honore le Dorat du même titre. Il faudrait non pas compter ces dictionnaires et les cartes géographiques, mais les peser, et peser sur- tout leurs raisons, qu ils n ont ps toujours fait connaître. Le meilleur glaive polir trancher la difficulté est. dans les pièces authentiques sauvées du naufrage des temps et des révolutions.
Des juges sévèrs me reprocheront peut-Mre d m attarder sans utilité à relever ces inductions. Mais il n est point -indifférent de laisser courir l esprit à ces excursions très innocentes, en apparence, soit à la suite de nos rois, soit vers le bonheur et l infortune des deux villes, ou sur les pas d autorités contestables; car le lecteur, après avoir suivi son guide avec int- réÉ, après avoir goûté tes horizons qu il lui découvre, ose à peine s en séparer vers la conclusion quand, en face d une industrieuse cité, mi s écrie Voici Bellac, CAPITALE de la BassM:arche! Telle est la vaIeu des raisons adversés; rétablissons et fortifions les nôtres.,
Malgré le témoignage d un auteur contemporain, Âdhtmar de Chabanais, on ne recule pas .sur la ques- tion des Origines de Bellac; et, comme si rien n eiit été renversé, l on s écrie
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—8- « Dans mou premier exposé, j ai établi qu en 904, Bellac était le chef-lieu de toute la Marche,.. » Je maintiens donc, non à titre d imagination, que cette ville apparaît déjà au vin e siècle. > L origine plus ou moins ancienne d une cité prouve peu en sa faveur comme capitale Marseille, est plus anciennement connue que Paris, et les marais de la Néva, métamorphosés en capitale, ne permettront jamais de nier l ancienne prééminence de Moscou. Je maintiens cependant le point d histoire qu on vient de nier, sans raisons nouvelles, une seconde fois, et Je dis :.Bellacn apparaîtpas au vin e siècle, mais seulement au r. La première chronique où son nom est prononcé aie qualifie cette place de chdteau construit siècle;. tous les faits, toutes les dates qu on met en avant pour établir une plus grande ancienneté ne font apparaître Beliac,qu après l an 900. Aurons-nous donc besoin d un congres d historiens pour affirmer que tes dates postérieures à cette époque appartiennent aux° siècle de l ère chrétienne? Mais on insiste, et l on lit « 5& cette époque, Guéret et Le Dorat n étaient que des Pagi; en 4183, Le Dorat n (tail qu un Btzrgus! » N est-ce, pas une singulière distraction que de traduire pagus paiS village. Pagus Doratensis doit se traduire par pays du Dorai. Cette expression prouve qu à cette époque Le Dorat était le, centre", la capitale d une division territoriale, d un eau- lori ou d un arrondissemen t.t.. -9- On cité Leymariè en faveur de l ancienneté de Bellac,: « L origine de cette châtellenie, l une des plus an- tiennes du Limousin, remontait, dit-il: au conimcn- cernent du r siècle. Cette place...... successivement for- tifiée par chacun des comtes de la Marche, était défendue par dix-neuf tours bu bastions; etc. » Et l on conclut : « Donc, Bellac n était pas un simple hdtean, mais une ville fortifiée , ayant trois portes.....le grand por- tail, la porte Billon.... celle de la Prade.... et de plus un fossé..., dix-neuf tours, etc... » C est tout bouleverser à plaisir pour attribuer au viii siècle des constructions qu on affirme plusieurs fois lui être postérieures Puis on triomphe, et l on s écrie « Dès lors, que signifient ces paroles du savant Ro- bert et tout leur poids : « Anciennement, audit lieu de Bellac, il n y avait ni bourg, ni rien, etc.? » - Paroles haineuses I ... » - Elles signifient ce qu elles sonnent: qu au vill e siècle il n y avait à Bellac ni bourg, ni rien. Après l examen des raisons contraires, on peut affirmer ce fait sans tergiverser. Quant au Dorai, qu on se plat!, à qualifier de hurg us en 4183, voici comment Augustin Thidrry en- parle, précisément en la même année : - « 1-lenri-le-Jeime, fils de Henri il d Angleterre, se lia de nouveau avec les adversaires du son pète, cl- - IOE - partit pour Le Dorat, ville des marches du Pôiton,, oùi était le-quartier des insurgés.. »
En appelant au secours de la qui fait dé l3elIac une ville déjà considérable, l impôrtance du siège sou- tenu, et les forces immenses,, le roi de France en tête,. vaincues devant les murs de Bellac,. n oublie-t-on pas un peu ce qu étaient les premiers Capétiens vis-à-vis. de leurs puissants vassaux? Tout le monde sait que plusieurs générations de ces rois se sont usées à pren- dre de simples châteaux, sous les murs même de Paris;. et il n est étonnant pour personne que Robert-le-Pieux soit venu échôuer si loin de l ile-de-France, contre un château bien défendu.
Un fait éclatant comme la lumière, l existence simul- tanée des comtes de la Marche et des seigneurs châte- lains de Bellac, Rancon et Champagnac, est relégué bien vite loIn de l histoire; voici en quels termes « Ou on ne triomphe pas à l aide d une liste et de biographies (d après Robert), où les inexactitudes. poûrraient -bien faite, de l exception signalée, règle générale. » Nous ne pouvons admettre une semblable réfutatiôn; elle est insuffisante à détruire l oeuvre d un historien qui rions fait connaître les actes authentiques, les arrêts du Parlement où il a pris les noms et les titres des seigneurs châtelains de Bellac, Rancon et Cham- pagnac. Ces personnages ne prenaient point qualité de comtes de la Marche, soit haute, soit basse, Ïnai «étaient de Pembroke et des Uastings. En Angleterre, il exite certainement des actes OÙ les comtes de Pem- broke sont titrés seigneurs châtelains de Bellac, Rancon et Champagnae. Il aurait donc fallu .nous montrer qu aucun Pembroke n a été seigneur de l3ellad au xiii0 ni an XIVe siècle, ou que les comtes de la Marche, durant cette période, ont tous porté le Litre de chte- lains de Bellac. En attendant cette démonstration, nous maintenons Pœuvre de M. Robert, et nous regardons comme une vérité historique bien établie, que Bella c , « en pays de Basse-Marche, » fut démembré du comté dela Basse-Marche » au milieu du xuP siècle, et qu il fut réuni.de nouveau et incorporé à ce même omté dans le cours du 1y1C siècle. - Les preuves abondent à l appui de celte thèse « Lorsque la Basse-Marche fut érigée en cornt- pairie, en 131 5 , elle renfermait deux vicomtés Roche- maux et Mont-Bas, et sept baronnies Le Dorat, Char- roux, saint -Germain -sur -Vienne, Calais, Magnac, Mont-Rocher et le Ris_Chauveron. » Ne fallait-il pas que Bellac Mt bien profondément distinct dii comté de la Basse-Marche pour qi il n en ait pas été question dans ce monient solennel? C est qu en effet, Bellac avait alors pour seigneur Laurent de l-Iastings ,peudant que le comté de la Basse Marche appartenait au roi de France Charles IV, qui en fit un apanage. C est encore une question très -épineuse que celle de
9 - 12 - la réunion clos c h fitcflenj3ç dc Bellac, etc., air comté de laBasse-Ît[arche. Monsieur Robert dit « Pendant que les châtelleries de Bellac 1 , Bantou et Charnpagnac furent distraites et énervées de l ancien Àoniaine et comté de In Basse-Marche, elles faisaient une petite sénéchaussée particulière. » « Or, s est-on écrié, ou cette phrase n est qu un • galimatias, ou elle prouve contre vous, » car, polir pouvoir être « énervées et distraites de l ancien comté, h il fallait bien qu elles en fissent partie. Alors, que devient la précédente citation? « Elles n étaient pas originairement du comté, etc. » Puis, cinq lignes plus haut que la phrase « Pendant qu elles furent dis- traites, etc. » Je lis au texte : « Châtellenies de Bellac... en Basse-Marche » Au bas de la même page cIa même texte, je lis encore cette phrase prudemment passée sous silence « À la fin ont été englobéeset réunies au comté de la l3ass-MarcIie, comme elles en avaient été de grande ancienneté sous une seule sénéchaussée et sénéchal de robe courte, sous un même gol4vernc- ment d la Haute et Basse-Marche » Remarquons « de grande ancienneté » qui s accorde si bien avec « elles n étaient pas originairemen, du coin té I » Où en était le siège de cette seule s énéchaussée? jEtait- ce au iflorat? Qu avait Le Dorat, en fltit de justice, avant le xvic siècle
Remarquons « A la fin oui é(é englobées. » - Au moins quand fut-ce « à la /2v? » A quelle époque
D eut I jeu ce( engluberi lent ? Ïonsieiji Robert répond « Sous Jean-de-Bondon qui vivait de 1385 h 1393... » Près de deux sièclesck différence !... C est trop. En- tendez-vous clone un peu mieux entre vous, MN. les historiens du Dorat, tenants de la même cause. Oui , je Tavone, nous sommes tombés dans un ter- rible « galimatias. •» L esprit s y trouve tellement cir- convenu-et eilae qu il est impossible, ait premier abord, déehapper h celle embûche. Le fil conducteur n est cependant pas insaisissable, et l on peut passer, sans y être brisé, entre ces iuots dangereux: « N étaient pas originairement du comté » puis « en furent dis- traites et énervées de grande ancienneté, » et, « zi la fin, furent englobées et réunies sous une seule séné- chaussée. »
Il nous suffira pour porter l ordre dans ce chaos, qui n est ni l oeuvre de M. Robert, ni la mienne, d écrire l histoire des châtellenies, cri employant ces on mots comme les parle en France. « Originairement » le territoire de Bellac ne faisait pas partie de la Basse-Marche, il y fut violemment réuni au commencement du x siècle- par Boson_le: Vieux, comte de la Marche, qui. y bâtit le château de Bellac, pour se couvrir et conserver sa conquête. Guil- laume d Aquitaine, propriétaire et seigneur suzerain du territoire occupé, le revendiqua parles armes contre son vassal -ambitieux; mais il échoua devant la force des murailles et devant la vaillance des défenseurs de Bellac, malgré l appui de Bohert-lc-Pieux. Ainsi-, la -. 14 - Bellac châtellenie de se trouva-t-elle incorporée aux terres de Ja Marche dont elle n avait pas fait partie « originairement. » Elle en fut néanmoins distraite et énervée de « grande ancienneté » par rapport à nous, c est-à-dire, dès e milieu du xiii0 siècle, par Hugues XI, comte de la Marche, qui la donna à Guillaume de Valence., son quatrième fil. Ce seigneur, devenu comte Pembroke, en Angleterre, fut châtelain de Bellac, Rancon et Champagnac, pendant que son frère Hugues XII était comt e de la Marche. On peut voir son nom et ses titres aux arrêts du. Parlement de Paris de la Chandeleur (4254, 1258). Ces terres de Bellac, Rancon et Champagnac appar- tinrent donc à d autres seigneurs que les comtes de la Marché, à partir du milieu du xiii 0 siècle, jusqu à la fin du xiv0 . Mais « depuis l acquisition qui en fut faite par Jean-de-Bourbon, comte de la Marche, . en 1386, elles sont toujours, demeurées réunies au comté de la Basse-Marche, sans qu il apparaisse qu elles en aient du depuis jamaisais été distraites et désunies, mais toujours possédées conjointement par tous les comtes et comtesses de la Haute cl, Basse-Marche. » li est merveilleux que cette phrase ait permis de de mettre en contradiction avec eux-mêmes les deux défenseurs du Dorat. Elle signifie que, depuis Jean-de-Bourbon, les châ- tellenies de Bellac, Rancon et Cliampagnac ayant été réunies.,. mais non fusionnées , avec les terres des comtes ou comtesses de la Marche, tous ces grands I
- 45 - personnages tels que Jean Jet de I3ourbon, Jacques II de Bourbon, Bernard, sire d Armagnac, Jacques d Ar- magnac, Pierre de Bourbon, Anne 011 Sjizanne de Bourbon ne prirent pas seulement le titre de comtes de la Haute. et Basse-Marche; mais encore celui de sei- gneurs châtelains de Bellac, Rancon et Chanpagnac. li y avait donc union de ces terres sous l autorité du môme seigneur, et nullement fusion des châtellenies avec le comté de la. Basse-Marche, sous une même dénomination. , .. -
Une autre preuve très forte montre que les châtel- lenies n étaient qu uù rameau étranger surajouté aux possessions des comtes de la Basse-Marche. C est que ces puissants seigneurs étaient tenus, en leur qualité de propriétaires des châtellenies de Bdlac et Champagnac, à des devoir particuliers, très gênants pour leur amour- propre. . La suzeraineté de ces terres appartenait à une reli- gieuse, à la dame abbesse de la Règle de Limoges. Ne serait-de pas là un dernier souvenir de l usurpation de Boson-le-Vieux dont les descendants auraient con- serré la propriété, mais non la suzeraineté de Bellac? Cette supposition se change en certitude, quand on cdnsidère la différence des deux législations et les armoiries des deux villes. - Quoi qu il en soit, depuis Jean-de-Bourbon jusqu à la réunion à la couronne, sous François let , les comtes de la Marche, châtelains de Bellac et Champagnac, durent prêter hommage lige pour ces terres à l abbesse
r - 16 - ile kt Rgle. Leur empressement à s acquitter de e devoir ne fut pas toujours exemplaire, mais toujours il leur fallut pliér devant leurs inflexibles suzeraines. Aussitôt que Jean-de-Bourbon, comte de la Mar- clic, etc., se fut rendu seigneur des terres de Bellac, Rancon it Champgnac, il envoya Jean d Estouvillc, son chambellan, pour faire hommage et service de féauté.à la dame abbesse de la Règle de Limoges, pour les seigneuries de jilellac et Champagnac, au mois de novembre de l an 4386. Cet hommage; avec un besan (l or, fut reçu par deux religieuses, parce que l abbesse était nouvellement élue et n avait pas encore été con- firmée. En I 409, Louis de bourbon fit rendre hommage et prêter serment de féauté, au nom de son fils Louis pour Bellac et Champagnac, à l abbesse de Notre-Dame-de- la-Règle. Moques d Armagnac, duc de Neinours, comte de la Marche, etc., seigneur de ]Bellac, Rancon et Chanipa- guacen la Basse-Marche, vit saisir, à son détriment, les seigneuries de Bellac tt Champagnac sur la requête de la daine de Combost, abbesse de la Règle de Limoges, parce qu il avait négligé de lui rendre l ltom- filage pour ces terres. Dans le dessein, de faire lever la saisie, ilenvoya à l abbesse Pierre Barton, chevalier, seigneur de Montbas , avec procuration pour lui rendre en son nom l hommage. La suzeraine refusa, soutenant que le comte, n était pas recevable à le rendre par procureur; mais celui-ci - 17 - lui ayant fait savoir qu il était pressé d aller faire promp- tement un voyage pour le roi,, la priait de ne pas l obliger d aller par-devant elle. Mors l abbesse envoya le sieur de Pompadour, son neveu, et le sieur Disne- matin, lieutenant général de Limoges, qui reçurent, son hommage, rendu par la propre personne du comte essisté de Jean Barton,. son chancelier. Les formes et cérémonies furent que le seigneur d Armagnac rendit le baiser, les mains jointes, nu-téte et sans chapeau, et, par révérence,, il fut dispensé de. se mettre à genoûx et de quittef la ceinture. Cela se passait au mois d août de. l an 4452, suivant les Litres ut mémoriaux de l abbaye de la Règle. . « Jean de Saint-Aulaire, le onzième jour de juillet de Fan 4506, rendit l hommage des seigneuries de Bellac et Cliampagnac à Françoise de l3eaupofl, abbesse de la Règle de Limoges, pour et au nom de dame Anne de France., comtesse de la Marche, au devoir d un talent. d or ou besan. » Les châtellenies ayant été réunies et fqsionnées durant le xvi° siècle avec le comté de la Basse-Marche, réuni lui-même à la couronne de France, elles sont, Tdemeurées par ce moyen exemptes, de rendre lomrnage à l abbesse de la Règle, car 1e roi n est tenu à: foi et hommage pour les choses mouvantes d à autre ei- gneur qui retournent à la couronne.
Une preuve nouvelle, et noué la croyons péremptoire, que le Dorat était la capitale du comté de la Basse - Marche, est tirée du blason. . -18- Au moyen &taque famille conservait avec or- gnou Fécsson de ses armes; là .étaient inscrit ses titres lès plus précieux. Ct son t ces titres que flous allons invoquer, et ils parlent bien haut lorsqu ils hlasoi.inent ainsi les armes du Dorat : D aria à trois fleurs de lys D d or (qui est de France) et ne bande abaissée de gueules chargées de frais lions passants d argent (qui est dù Marche). ( ) Ainsi, le châtel du Dorat avait pour armoiries celles de Franco et de Marche. Un comte de la Marche ne désignait-il ave6évidence, comme sa capitale ou comme son castel principal, le • château à qui il donnait pour armes son propre blason? • II est vrai que le Dorat portait deux écussons celui du chapitre, son suzerain, seigneur ecclésiastique de toute la province, et celui du Châtel. Mais cet écu de Franco et deMar-dhe est le seul attri- hué an Dont par d i ozier dans son armorial, général de France. Ainsi-,tout concorde quand on est dans le vrai, et la science héraldique vient magnifiquement couronner toutes les preuves • que nous avons données en faveur, du Dorat, capitale de la Basse-Marche. Pas- un signe, au contraire, dans les armoiries de Bellac ne rappelle que cette ville ait fait partie des
à chacun des (4) ces armes du Dorat semblent - avoir emprunté quelque chose écussons qui ont brillé sur la Marche « Luzïgtian ancièn porte bandé d argent d azur - tes antres Luzignan bordé d argent et d azur de dix pièces , un lion de gueules , armé, lampassé et couronné d or, brochant; - enfin, Bourbon porte d azur à trois fleurs de lys d or.
12 - 19 - lerres des convies de la Basse-Marche. lïaprèsi auteur 1fl C flous venons de cHer, I3éllac portàit d azur, à un ehdtcau de sable -couvert d un toit en dûs d dne, flanqué de deux tours et donjonné d une autre -tour, pavillon- nées et girouettées de même, le tout sur une rivière d azur, et un chef d azur chargé dc trois fleurs de lys d or mal ordonnées.
J ignore de quelle époque datent ces armes, et si elles furent portées par une lignée féodale; mais quel- ques auteurs les ont regardées comme purement locales. Ainsi, d après l armorial, le Dorai fut -choisi par. les comtes de la Basse-Marche pour leur résidence et pour la capitale de la province, puisqu il a gardé leurs armes jusqu à -la fin du régime féodal.
Le droit à son tour renforce -la preuve tirée du blason; Bellac était nécessairement séparé du reste de la Marche parce qu il paraît avoir toujours été régi par des -lois différentes de celles du comté de la Basse-Marche. Malgré la charte de Hugues XII de Lusignan qui ordonnait, vers - la 17m du xnr siècle, aux habitantsde -la Marche., de- suivre les coutumes de Montferrand, Bellac n en continua pas moins d être régi par les Ibis romain-es qu il suivait dès le temps où il fut arraché au duc d Aquitaine, et qu il conserva alors, parce qu il n appartenait pas aux comtes de la Marche, mais bien aux Pembroke. • L état des ressorts judiciaires le confirme égale- ment. - - - - 20 -
L édit de ibis qui les constitue est trop important pour qu il nous soit pSsihle de le passer sous silence ou même de le citer par extraits. Le voici tout entier
Esdit de L établissement et création des siéges royawx du Dorat et de BeUae,. en la sdnéchdussôe de la Basse-Marche, en l an 1572.
CHARLES, par la grâce de Dieu roy de France, à tous présents et ii venir, salut. Aprez avoir ouy en nostre conseil privé le rapport faict par notre anié et féal conseiller en nostre grand conseil, Me Lazare .Amadon, du pioGez pendant en iceluy sur le différend de i esta- • blissement du siège de la sénéchaussée de la Basse-Marche, • estaM entre les abbé, chanoines et chapitre de réglise séculière etèoll4ialede Saint-Pierre dd Dont, opposants à certaines nos lettres en forme d esdit de l establissement du dit siège en la ville du Dorai, du mois de janvier mil cinq cent soixante et un, et appelants do l exécution d icelles; et les syndics des chastel- le nies d&Bellac.,Rancon et Champagnac; et les fabriqueurs, procureurs et syndics d6 la ville et paroisse d Availles j des paroisses de Saint-Germain-les-Confolens, Brillac, Azat, Md- zières, Oradour-Fanois et Balle dent, aussi opposants à la.publi- cation desdictes lettres, d une part; et nostre procureur général prenant la cause pour son substitut audiet pais, - deffendeur, d aultre; lequel, d autant qu il .efloit question de l édie( par nous fait sur ta remontrance et doléance contenue au cayer parti- culier des estais dudict-païs, sénéchaussée et comté de ta Basse- Marche , à la convocation de nosdicts estats tenus en nostre ville dûrleans; et aussi que ladicte opp osition faicte par ledici cha pitre à la publication de nostre dict édiet en nostre cour de parlement, â Paris, nous aurait esté renvoyée laquelle, • pour les grands empesehements de rostre conseil aurions renvoyée • à nos amés et, féaux conseillers les gens tenans nostre grand 4 - 2-1 conseil; cl, ayant entendu par ledict rapport la longueur et frais desiictes parties â la poursuite de cette affaire, qui pouvoit prendre long trait; avons, dé nostre dertainé science, plaine puissance et authorité royatle, évoqué à nostre personne le différend dudict establissement du siège,, pour y estre par nous ordonné et déterminé cc que verrions -estre à faire Pour le bien de l une et de l autre des parties, en interdisant toute cour et cognoissance pour le jugement d iceluy à nostre grand conseil; Sçavoir faisons qu aprez avoir mis ledict différend en -délibé- ration de nostre dict conseil privé, où assistoient les princes seignburs et aultres de rostre dict conseil, de l advis des dessus dicts, et pour mettre fin au dict différend., et faire vivre àl?ad. venir les habitants dudict comté .en paix et union les uns avec,• les aultres; etipour-plusieurs aultres bennes causes et considé- rations à ce ilousmouvans, avons de Rostreplus grande .gràce - et authorif é que dessus, par édit perpétuel et irrévocable; dit, - statué èt ordonné, disons, statuons et ordonnons, et nous plait quaudict comté de la Basse-Ma, clzc et ehastelten ies.de Bellac, Bancon et Champagnac, leurs appartenances et dépendances, y aura et -seront .etaNis deux sièges de ladicte sénéchaussée, ])ONT LE PRINCIPAL DEMEURERA ET SERA SÉANT ET ESTABLI DA?S- LA VILLE DU DORÂT, auquel siège ressortiront les aultres ressofls de TOUT ledict COMTÉ DE LA BAssE-.tRcIE,-et sera la justice adini nistrée par les officiers iqui y sont députés et seront àl advenii; et t anttre siège dud.iet sénéchal sera particulier de ladictesênéc/iaus- sée, lcqu4 nons avons mis et eslabli, mettons eteslabtissons enia ville. de Bellac, auquel ressortiront lesdictes chasieltenies dudict Bellac, Bancon et Gitampagnac, et ce qui dépend d iceiles, réunies et incorporées audict comté de la Basse-Marche, pour ressortir des- diels sièges en cas d appel, les causes de la Lognoissance de llédicL des juges présidiaux pardevant lesdicts présidiaux (de Poiriers, ajoute Mallebay), et les aulftes causes et matiL res hors de l édict desdicts juges présidiaux, en nostre- -cour de parlement de l aris; Cl, pour l exercice (te la justice audict àièye- - 22 - particulier de BeUac, nous avons créé, ordonné et eslabli , créons, ordonnons et esiabiissons tin lieutenant qui cognoistra de toutes matières civiles et criminelles, et néantmoins POURRA LE LIEUTENANT GÉNÉRAL DUDICT SIÈGE PRINCIPAL DU DORÂT, et, n- soh absence, le lieutenant particulier dudiet siège, aller audict Bellac tenir les plaids par trois jours, une ou deux fois l année, pour le plus, comme il sera besoin et nécessaire, et en telle saison qu ils adviseront bon estre; et, oultre, pour les mesmes causes et considérations que dessus, avons diet, statué et ordonné qu au- dici siège principal dd Dorat, nostre Avocat qui est à présent establi sera et demeurera aussi nostre adtocat et procureur audict siège de Bellac, sans que, pour ce, eux et chacun d eux soit tenu de prendre aultr& nouveau serment et Øovisions que Celui qu ils nous ont déjà fait et presté, et seront tenus les officiers de ladicte sénéchaussée, chacun en son siège, è-villes, - y faire résidence, aux peines portées et déclarées par nos édicts: et ordonnances.. Si donnons en mandement à nos amés et féaux ies gens tenant nostre cour de parlement de Paris, baillifs, sénéchaux, leurs lieutenaiis et aultres, nos justiciers et officiers qu il appartiendra,. de faire lire, publier et enregistrer, garder, observer- et entre- tenir nostre présent édict de point en point, selon sa forme et teneur, en contraignant et faisant contraindrô tous ceux qu il appartiendra, nonobstant oppositions, appellations quelconques, et sans préjudice d icelles pour lesquelles nous voulons estre- différé, la cognoissa.nce desquelles nous avons retenu et réservé à. nostre conseil privé, et interdicte et deffendue à-toultes cours,, et, pour ce que de- ces présentes l on pourra avoir affaire eu plusieurs et divers lieux, nous voulons qu au vidimus d icelles, dorment collationnées par l un de nos amés et féaux notaires. et secrétaires, fQy soit ajoutée comme au présent original ; et, afin que ce soit chose ferme et stable â-toujours, nous avons faict mettre nos tre scel-à ces dictes présentes car tel est nostre- plaisir. - Donné à. Blois, n mois de février, l an de grâce mil
0 - 23 -. cinq cent soixante et douze, et de nostre règne le douzième. ri Ainsi signé du grand sceau à doubles lacs tic soye verte et rouge, de cire verte; et sur l&rcplist est escrit d un costé: Lues, publiées et enregistrées au grand conseil du roy, ouï, de ce requérant, le procureur général dûdict seigneur des licii de Navières....., comte de la Marche, â liaugensi, le 24c joui, de mars 1572. Aiési signé : FAuR. Et, de l aultre costé, éSI escrit : Lues, publiées et enregistrées, ouï dessus ce le roôu-- reur général du roy, et, sur la protestation du chapitre dc Sint-Pierre du Dorat et oppositions du substitut dudict procu- reur général à Bellac, se pourvoicront les Parties devant le roy. - Fait à Paris, en parlement, le l er jour d avril l an 1572.— Ainsi signé Du TILLEr. - -
Après lecture de cet édit qui eut son entière exécu- tion jusqu à la révolution française, il est impossible de douter que, -durant toute cette période, le- Dorai n ait été le centre ou la capitale judiciaire de toute la Basse- Marche. D après l édit, le chapitre du Dorat et les syndics des châtellenies de Bellac, ilancon et Champagnac, etc., étaient d accord au lieu (le se disputer entre eux; et « le différend sur l établissement du siège dela sénéchaussée de la Bas se-Marehe, » existait cuire le Dorat, Bellac; Eiincon et Champagnac, Mailles, Saint-Germain-les- Cônfolens, Brilléc, Azat, Mézières, Oradour-Fariois et Belledent, d un côté; et « le procureurgénéral du roi prenant cause pour son substitut, » de l autre. Quel était le fond du différend? C est ce que dirait, si nous l avions, « la remontrance et doléance contenue ait par1icu11cr des Estais !tIctIct -pais, séné- - chaussée et comté de la Basse-Marche, à Ta convocation des estats tenus en ville d Ørléans.» Au défaut de ce document, il est permis de supposer, d après, plusieurs affirmations éparses dans nos historiens, que les Etats se plaignaient, en 1 561 de cc que le siège de la séné chaussée, pour 1e appels, étant déambulatoire, il était très difficile et très coûteux pour les parties iniéresséts de s adresser aux juges épars çà et lâ flans leurs rési- dences, en dehors de l époque de leurs assises. Les oppositions de 1572, au .contraire, venaient de la sup- pression ou de l amoindrissement de plusieurs ,petites • sénéchaussées anciennes en faveur des deux nouveaux sièges d appel établis au Dorai et à Bellac. il est impos- sible d en douter quad on û lu l opposition particulière du Dorat qui se pkignait, en outre, etivec raison, 4e ce qu on lui enlevait une partie de la chapelle Saint- Michel. L expression royale « pais, sénéchaussée et comté de la Basse-Marche » n est pas un pléonasme ridicule.. Bellac, Rancon et Champagnac étaient des ch àtellenies
en « paÏsde Basse-Marche; » le Dorat ÉTÂJrFL.ÂCIPITÀUE du « c omté •de la Bass&Marche, » et la sénéchaussée • s étendait tout à la fois sur le « païs et sur le comté de • Masse-Marche; » le si.ége principal Lut établi dans le Dorat, capitale du comté , et le siège secondaire dans Bellac, principale châtellenie du « païs de Basse: Marche. »
Cependant, ci, a essayé d atténuer en ces ternies la portée de l édit qui établit la prééminence du Dorat . - -
• « Malgréé que le roi Charles 11X1, dafls son édit, Si semblé permettre aux magistrats du Dont de venir tenir « leurs plaids » à Bellac, le 5 juillet, le conseiller du • roi, maître Amadon, étant sur les lieux, après une étude sérieuse, fit inhibition, et deffense at&t officiers de la sén& haussée du Dorat de prendre connitissance des è/Taires du iége de liéliac et dépendances, à peine de nullité des procédures, jugtnvents, dépenses, dommàges- in.tér8ts, etde neuf cents livres (l amende; » Ces de maître Amadon peuvent-elles justi- fier,, comme on le pense, l insubordination des officiers de Bellac à l égard du Dorat quand il allait tenir les plaids dans leur tribunal? Je ne le crois pas. En effet, le roi même dit « Pourra le lieutenant général dudit siège principal du Dorat, et, en son absence, le lieutenant particulièr dudit siège, aller au- dit Bellac tenir les plaids pàr trois jours, une on -deux fois l année pour le plus, comme il sera besoin et nécessaire, et en telle saionqu ils ddviseront bon être. » Le roi ne semble pas permettre il permet en bonné et due forme,, et àl entend bien que personne, pas même rnaîtve kmadnn, ne vienne rien changer à l édit qui porte sa royale signature cSi donnons et mandons è nos umês et féaux tes gens tenants notre cour de Parlement 4e Paris, bail-. lift, sénédhaux, leurs lieutenants et aultres nos justi- ciers et officiers qu il appai1iendra de faire lire, publier et enregistrer, garder, obsener et cntreIenir nôstr - - présent édici de pont en point, selon sa forme et teneur ... afin que cc soit chose ferme et stable à (me jours..... »
11 est donc ferme ci stable à toujours que le lieutenant général du Dorat ou son lieutenant particulier pourrait aller tenir les plaids h Bellac, c est-à-dire présider les juges de Bellac quand ils jugeraient les causes de leur,. ressort. Mais il était tout naturel, puisqu on établissait deux sièges de la sénéchaussée, de faire Mhibition et deffense aux juges du siége du Bond de s emparer des causes qui naîtraient sur le territoire des juges de Bellac;. ce qui ne délivrai nullement ce dernier siége de la prééminence du siége du Doràt. Aussi la résistance des officieh de Bellac, résistance illégale, quoi qu on en dise, fut-elle condamnée plusieurs fois par le cônseif du roi, notamment le 3 septembre 4698 et le 9 août 1700. Le Dorai conserva jusqu à la Révolution la pré- rogative de sou siége.
Les officiers de son siége principal étaient ait nombre de vingt-deux, un lieutenant général, un lieutenant criminel, un lieutenant particulie, un assesseur, trois conseillers, un procureur avocat du roi, un receveur des consignations., un commissaire aux saisies réelles!, • onze avocats procureurs, dont deux certifica Leurs des criées, un gitifier et un huissier aucliencier.. Avant l édit de 4572, il n avait h Bellac qu une châtellenie, devenue royale par la confiscation des terres du connétable dc Bourbon, et qui relevait non du -. 27 - sénéchal de la 3iarchè, niais du sénéchal de limoges. Ses appels ressortissaient au. parlement de Bordeaux, ainsi que ceux des châtellenies de Rancon et de Cham- pagnac, et des justices seigneuriales de I)arnac, Thou- ron, les DetTans et Bonnat. Dans la Haute et Basse-Marche, au contraire, ancien- nement, d après Chopin, il n y avait pour tout ce pays qu un seul juge. ou bailly qui exerçait sa charge à - Guéret et au Dorat, jusqu à ce que les ducs de Bourbon cessèrent d être comtes de la Marche. Après eux, l on créa deux sièges, l un au Dorat, pour la Basse-Marche, l autre à Guéret, pour la Haute-Marche. Tel était l état judiciaire de la province quand inter- vint l édit de 1561, suivi de celui de Blois, qui fusionna Bellac avec la liasse-Marche, et établit deux siées dans la sénéchaussée, le principal au Dorat et le - secondaire à Bellac.
On nous a prêté un manuscrit anonyme de la fin du xviii siècle, que l auteur dit avoir rédigé d après les. pièces authentiques qui avaient survécu aux guerres et aux incendies. Il renferme les noms des différents dignitaires du Dorat, et nous donne Dix sénéchaux de robe courte, depuis 4561 jusqu à 4743; . Vingt-un lieutenants généraux, de 1300 à 17311; Sept lieutenants particuliers, de 1501 à 1707; Cinq lieutenants criminels, de 1608 à 1724; Dix avocal.s procureurs du roi, de 1560 \ 1746; - 28 - Onze juges sénéchaux (lu chapitre, de 150G à 1737; • Dix avocats pocureurs d office de la justice du Dorat, de4530à1732. - Il y avait en outre Un juge châtelain; Un capitaine du château, dont le titre et les droits furent conservés même après la ruine de cet édifice; Un lieutenant généra] des maréchaux de France au • département du Dorat et Bellac (Basse-Marche); Un enquesteur et commissaire examinateur de la Basse-Marche, etc. Le chapitre nommait en outre un capitaine de la ville quand les circonstances l exigeaient. Ainsi, un arrêt du conseil, en 168, déclare le chapitre seigneur de la ville du Dont, approuve la • nomination qu il a laite du capitaine, et fait défense Li celui qui avait été nommé par le roi de troubler celui nommé par le chapitre.
Trente justices et châtellenies dépendaient du siége principal du Dorat et en relevaient par appel. Les justices ou châtellenies ressottissànt au Doràt, dont le rôle authentique fut dressé pour l assemblée des Etats. généraux du royaume tenus à Sens en . 1606; renfermaient trois abbayes, quinze prieurés, soixante- cinq, cures. . . Le ressort du siège (le Bellac n avait au contraire, qu un prieuré et dix-neuf Cures. La étir& mômè de, i3cllac éiait à la nominal ion du chapitre clii Dorai, dont la juridiction très étendue faisait de cette ville la capi- tale religieuse de la province. Le chapitre était même seigneur dune partie de la ville de Bellac.
Après toutes ces données historiques, qui s appuient l une l autre, qui se fortifient, qui s enlacent de ma- nière à former uir tout indestructible, aussi vrai et aussi évident que pas une vérité histdrique, que devient I itffirmation suivante? « D abord, je demande pardon à M. le professeur de philosophie, mais il passe d un genre à un autre il ne lui est pas permis de conclure de la distinction bu réunion du territoire judiciaire (seul en question dans l édit de Blois!) à la distinction ou rétinion du territoire provincial ou comtal. Petite entorse à la logique assez grave pour être signalée, parce que là est un peu la clef du système adverse! » - 11 n est pas permis, dites-vous à M. le profes- seur de philosophie, de conclure de la distinction ou réunion du territoire judiciaire (seul en question dans l édit de Blois!) à la distinction ou réunion du territoire provincial -ou comtal. Aussi bien M. le professeur de philosophie n a-t-il pas tait autre chose. Après l édit de Blois, il conclut modestement « Quelque interprétation qu on veuille. donner àcet édit, il est de la plus grande évidencè que, depuis 1572 jusqu en 1790, Le Dorat fut la capitale judiciaire de là Basse-Marche. » Quand donc ayons-nous passé d un genre à un attire Mais, après avoir établi que les, convocations du han _ W _— tde l arrière-ban parie lieutenânt général de la Basse- Marche, en 1631, 1639, 4674. , 1689, furent faites au Jorat, où résidaient les lieute ands généraux Que les Etats généraux dé la Basse-Marche s assem- blèrent au Dorat, en 1644; Que Louis XV appel]e formdllenieifl Le Dorat capitale de la Basse-Marche; - Que I asseihbléb générale des Etats de la province de Basse-Marche, pour l élection des députés à l As- emblée constituante, en 4789, eut lieu au Dorat, etc., M. le professeur généralise ainsi sa conclusion sur l édit de Blois et sur tous les faits qui précèdent: , « Il est certain que, depuis 1" jusqu en 4790, L Dorat fut, de droit, de fait et de nom, la capitale, non plus seulement du comté, mais du comté et pays, c et-à-dire de la province entière de Basse-Marche. » Telle était l opinion du savant abbé Texier, dont le nom fait autorité dans toutes les questiôns d histoire locale. Voici ce qu il écrivait dans toute la maturité de sa science et de son talent:
« Adossée aux plateaux onduleux qui forment laMarche et » les dominant, une colline plus élevée commande à distance les longues plaines du Poitou. Dès les premiers temps, la » piété et la reconnaissance y avaient élevé un lieu de prière » (oratorium); la faiblesse y avait trouvé un refuge et la science » un abri. Sa position sur un point culminant, à portée des » frontières, en faisait naturellement un poste militaire : les » vaillants comtes de la Marche y bâtirent leur demeure et en » firent ainsi la capitale de la province qui était leur apanage. i Une collégiale importante y grandit en donnant à I Eglise des » hommes doublement couronnés de l auréole de la science et » de ta sainteté. Sur leur tombeau, im imposant et magnifique D
édifice s éleva bientôt pour protéger louis cendres et recoin- • mander leur mémoire. Dépouillé par la révolution, Le Dorat • a perdu sa collégiale, son sénéchal, ses magistratures civiles et son titre de capitale. Mais il lui reste la douceur de ses » habitants et leur aménité traditionnelle. Les révolutions n ont pu lui enlever son doux ciel, son air pur et cette position » intermédiaire, entre deux provinces de formation différente, n qui rapproche sur son territoire la fertililé des plaines du » Poitou des aspects verdoyants et accidentés du Limousin.
Le Dorat a de plus sa belle agriculture, ses nom- breux établissements publics de toute sorte, et l espé- rance de la réalisation prochaine de sa ligne de fer qui en fera le point le plus central et le plus abordable de I arrondissement. r A la fin de mon travail, après avoir dépouillé un• grand nombre.d pièces manuscrites, qu on a eu la bonté de m offrir de toutes parts, j éprouve le besoin de remercier les personnes dont l obligeance m a été si utile. Û m est également impossible de ne pas affirmer pins que jamais mes premières conclusions en faveur du Dorat, capitale de la Basse-Marche. Je vais plus loin; mes convictions, mûries par l étude et par la dis- cussion, me contraignent d attester que les prétentibns élevées par Bellac, vers la fin du xviii 0 siècle, me pa- raissent de tous points -injustifiables.
L Abbé ROUGEBIE.
Limoges, t p. Cl,atra et C" m