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mensuel

Revue culturelle à tendance musicale... Actualité non exhaustive, enthousiasmes et fulgurances. Quelques fondus polyvalents se répandent sur le WebWeb et activent le bouche à oreille en vous mettant le doigt dans l’oeil.

à emporter ou à consommer sur place edito sommaire

La chanson est partout... vraiment... en 10 minutes, une pensée en 100 mètres... chroniques D’abord, dans un petit théâtre, la jeune québécoise cd/dvd/spectacles Ariane Moffatt en duo avec -M-... Je sors et marche la reprise du mois dans la rue, interpellée par des gens qui tapent dans le chanteur oublié une musicienne leurs mains... Je m’approche de la vitre de ce restau- la porte ouverte rant arabe et aperçois une vieille dame armée d’un micro karaoké s’égosiller sur «la bonne du curé» interrogations écrites dis-moi qui tu suis d’... Plus loin, un jeune homme que au doigt et à l’oeil d’aucuns qualifi eraient de racaille et qu’on n’aurait violon d’ingres pas tellement envie de chatouiller... Sa mine sévère rencontres s’illumine lorsque retentit soudain la sonnerie de interview scriptée son téléphone portable qui joue «et si tu n’existais le jeu de la barbichette pas» de Joe Dassin... decryptage Oui, la chanson est partout, où on l’entend et où on reportage ne l’attend pas, forcément. histoire de ...

le doigt dessus La fi lle de la chèvre sur les ondes le point de vue d’éric mie l’air du temps par ignatus

les doigts de la main la rédaction

dans ce numéro : Kent et les Tit’nassels, Tom Novembre, la conférence chantée du hall de la chanson : Vincent Delerm parle d’Alain Souchon, Marka, Polo, Fabien Martin, Buzy, le Caribou Masqué, l’histoire de «Toulouse» de Claude Nougaro, la chronique d’Ignatus, Raymond Devos, Ayo, Bïa, Georges Moustaki, la Fa- mille Bou, Kaamelott, Ben Harper, Karpatt,... page 2

une pensée

RAYMOND DEVOS

Il y a des gens qui devraient être vocabulaire, cet acrobate de la générations depuis plus de 50 ans. déclarés d’utilité publique… grammaire, ce danseur étoile du … Peut-être que des gens qui Imaginez ça: un type qui a la vo- verbe est l’exemple du rire propre, rient ensemble ne sont pas fon- cation de faire rire les humains en c’est peut être ainsi qu’il faudrait cièrement irrécupérables, même pratiquant un humour qui n’atta- comprendre « Le rire est le propre si on ne peut pas rire de tout avec que jamais l’autre quel qu’il soit, de l’homme » n’importe qui… Quoi que…. qui montre une fi nesse et une vir- «Moi, messieurs, c’est morale- «Dieu, ce que j’ouis est triste, mais tuosité de ballerine dans l’exercice ment que j’ai mes élégances» qu’ois-je ? …» du langage avec un physique felli- aurait pu dire Cyrano Raymond C’est le cas de le dire ce 15 Juin nien, et qui n’a jamais fait de con- Devos de Bergerac en épinglant la 2006… Ouïr ou ne pas ouïr, la cession à la démagogie facile du bêtise du bout de sa plume ou en question est posée, c’est comme rire un peu gras et bas de plafond. brodant des dentelles arachnéen- la chute ascensionnelle, c’est une Avec Devos la chute est toujours nes sur le fi l d’un nonsense qui question de point de vue… ascensionnelle, avec la grâce et la a toujours le sens du respect de Devos a eu une belle vue sur la légèreté d’une bulle de savon, ou l’autre, en pariant sur son intelli- vie, un regard d’esthète et l’oreille d’un ballon rouge, rouge comme gence pour retrouver le bon sens. fi ne pour refaire le tableau du quo- une cerise sur le nez du clown. En chantournant les phrases com- tidien avec son et lumière, bougie Raymond Devos, un esthète de la me un ébéniste de haute lignée. et nez rouge clignotant, et clin langue française qu’il a toujours L’un comme l’autre savaient faire d’œil amical. servie avec l’amour absolu et in- oublier, l’un son appendice na- Salut l’artiste, on t’aime bien tu transigeant d’un chevalier servant sal d’hippo-éléphanto-camélos, sais. qui honore sa belle en tous temps l’autre sa bedondaine de cumulo- en tous lieux. nimbus pour lancer des bulles de Norbert Gabriel Raymond Devos, ce voltigeur du savoir faire rire ou rêver toutes les page 3

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fois sa prestation terminée, je suis autres. Qu’elles soient ballades restée agrippée à mon fauteuil, (letter by letter, où on peut s’ima- AYO émue et heureuse d’avoir fait cette giner sous les arbres, reposant «Joyfull» découverte, mais déçue de ne pas dans un hamac, une brise légère avoir eu la chance de l’entendre au dessus de la tête et la voix chanter plus longtemps... Puis, le d’Ayo qui vient habiter ce havre de La charmante Ayo, je l’ai décou- spectacle a suivi son cours... Je paix…), reggae (Only you ou Help verte il y a 3 ans sur la scène du me suis empressée dès le lende- is coming), mélange de mélodie à Casino de Paris, en première par- main de retrouver la trace d’Ayo, la guitare et percussions rappelant tie d’un humoriste. Elle s’est avan- un single, un album, un concert certains rythmes africains (Life is cée toute fragile, et un peu intimi- quelque part, un site Internet, mais real), mélodie épurée et voix en- dée, mais avec classe, devant une rien, nada, nicht, pouic… Quelle voûtante (What is love), ou super- assemblée dont la moyenne d’âge déception !!! Comment peut-on be ballade interprétée au piano, se situait entre 15 et 20 ans, tous laisser un talent pareil dans la na- où la voix d’Ayo est bientôt rejoin- venus voir leur comique favori. Ce ture ?? Depuis ce soir là, je glane te par des chœurs d’esprit gospel n’était pas gagné pour elle, et je ci et là des informations, mais en (Neva been), toutes sont d’une me suis demandée quelle mouche vain (hormis un concert en scène belle élégance . Tout est réuni sur avait piqué les organisateurs pour, partagée dans un club parisien, cet album pour faire passer un vrai en première partie d’un spectacle information qui m’était parvenue moment de bonheur tranquille. humoristique, donner sa chance avec quelques semaines de re- Cette nana là mon vieux, whaouh à une jeune chanteuse ! Diffi - tard, vu que le concert avait eu elle est terrible ! Une artiste à sui- cile pour elle de se faire entendre lieu pendant mes vacances ! Rage vre, un disque à d’écouter de toute dans ce contexte ! Mais sans se !) . Je vous laisse imaginer ma joie urgence ! démonter, elle a raconté son his- le jour où j’ai appris qu’elle sortait toire (je précise qu’elle est anglo- son premier album !!!!! Je me suis Séverine Gendreau phone, et qu’ à cette époque et empressée de l’écouter bien sûr, contrairement à aujourd’hui, elle et d’écrire cet article évidemment. ayomusic.artistes.universal ne parlait pas un mot de français, Cette jeune femme a vraiment music.fr il fallait donc maîtriser un tant soit quelque chose de spécial, une sil- peu la langue pour entendre sa houette toute gracile, une jolie voix présentation). Elle chante donc fragile et sucrée à la fois, une sim- dans des clubs, compose, joue plicité, un vrai bonheur de chanter BÏA de la guitare, participe à des al- et de partager ses émotions. Elle «Coeur bums, et est vraiment ravie de se vous envole vers les chemins de vagabond» produire sur cette scène ce soir la plénitude, vous fait frissonner, là à Paris (merci d’ailleurs à ceux et vous berce... Troisième album de cette voya- qui ont eu le nez creux de l’inviter, Ecoutez la première et magnifi que geuse curieuse des musiques ravissant du même coup les pai- chanson de l’album (down on my métissées d’Amérique du Sud, res d’oreilles mélomanes qui pas- knees) qui est d’ailleurs le premier du Portugal, de France. Dès son saient par là !). Elle a littéralement single à passer sur les ondes, le premier album, elle est française scotché le public, suspendu à sa ton et la qualité de l’album vous qui chante le Brésil, brésilienne voix magique, si légère et si sua- seront ainsi dévoilés. Les mélo- qui chante la France avec des ve, sa jolie personnalité, son talent dies qui s’enchaînent sont toutes auteurs de haute tenue, des mu- d’interprète et de musicienne. Une plus sublimes les unes que les siciens haut de gamme. page 4

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C’est une hirondelle qui se pose Mais puisqu’il est question de fi - I don’t know you, aurait quant à régulièrement au Canada, en Ita- délité ; notons que depuis 1996, elle une belle place à se faire au lie, et en France au passage. Ha- on retrouve autour de Bïa un en- top 10 des bandes originales, tant sard ou coïncidence, ses parte- tourage qui n’a pas trop changé, sa mélodie (piano voix sublime) et naires en scène sont une fl ûtiste en particulier de Carmin à Cœur son atmosphère vous emmènent marseillaise, un percussionniste vagabond, c’est la même équipe avec elle, et laissent ensuite libre brésilien, un bassiste canadien, musicale pour l’essentiel, et la cours à votre imagination…Ecou- un guitariste argentin. même équipe réalisation, avec la tez c’est saisissant. (C’est en Le dernier album «Cœur vaga- fl ûtiste Dominique dont nous fe- écoutant ce genre de titre qu’on bond» refl ète bien son éclectisme rons le portrait en Juin… comprend toute l’utilité de la tou- musical, il s’agit de versions bilin- Norbert Gabriel che « repeat » de la platine !). Et gues de Foule sentimentale, L’eau hop ! La famille Bou s’offre même à la bouche, Bille de verre, Belle- .«La mémoire du vent» un titre éléctro-disco, Une année île en mer, en passant par Cae- Saravah 1996/97 sans femme (chanté en anglais). tono Veloso, Vinicius de Moraes, .«Carmin» Saravah 2003 Bon, d’accord j’avoue, j’ai dansé Henri Salvador. .«Cœur vagabond» dans mon salon, j’ai remué les Et avec la réussite de ces adap- Sony-BMG 2006 épaules en cadence et reprit en tations, on pourrait se demander chœur les paroles, ce qui fait un si ces chansons sont nées brési- www.biamusik.com bien fou et défoule !! En écoutant liennes ou françaises. Bïa, avec ce disque, on passe d’un univers sa parfaite maîtrise des langues à un autre avec une grande fa- latino-américaines et française cilité, pas de secousses, pas de garde l’esprit de la chanson quelle paliers de décompression à fran- que soit la langue. La plupart des LA FAMILLE chir, on ne connaît pas le chemin adaptateurs essaient de coller au BOU sur lequel ces artistes nous em- plus près, mais les résultats sont «Open doors» mènent mais on se laisse porter aléatoires, il faut à la fois connaître sans aucune crainte, exercice le fond et la forme, la musique et Ne connaissant pas le groupe de style des plus diffi ciles à ac- les mots pour que l’alchimie opère La Famille Bou, c’est avec des complir… Ce groupe suisse a su avec succès. oreilles vierges que j’entamais la tirer le meilleur des diverses ten- Avec un clin d’œil à Brassens, et première écoute de l’album Open dances musicales d’aujourd’hui un texte «Bilingue» qu’elle a signé, Doors. Déjà plutôt bonne surpri- (on devine un soupçon du son Bïa termine ce troisième album se. Une pop éléctro savamment de Morcheeba, un zeste de Tori en rappel discret au premier, «La dosée, une voix féminine qui lais- Amos pour le piano…) et ceci mémoire du vent», et au second se entrevoir une belle sensibilité, mélangé à leurs multiples talents, «Carmin» dans lequel elle est et des titres variés et plutôt pla- on obtient un drôle d’album, dé- auteure-compositrice-adaptatrice. nants (en français et en anglais). calé, atypique, qui vous tient en Et s’il fallait esquisser un avis sur Cet album se laisse écouter bien haleine jusqu’au bout dès la pre- le disque qui lui ressemble le plus, volontiers. Il est logique de ren- mière écoute. Comme un fi lm à j’hésite entre un choix affectif, «La dre hommage ici à l’originalité suspense ou un bon polar, on ne mémoire du vent», un choix inti- des compositions, avec une men- sait pas à quoi s’attendre jusqu’à miste «Carmin» et un choix oppor- tion s spéciale tout d’abord pour la toute fi n. Une jolie découverte. tuniste «Cœur vagabond» qui nous le titre en français Plus je te vois A vos platines ! ravive des standards de a chan- (adaptée du standard « the more son avec beaucoup de fi nesse. I see you »), joyeux mélange Séverine Gendreau C’est peut-être l’idée que son cœur d’instruments sur fond de salsa, vagabonde ailleurs qu’en France qui ambiance été-rétro, étrange et www.famillebou.com dérange un peu les vieux fi dèles … rafraîchissant ! page 5

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vous donnera à coup sûr envie de danser dans votre salon, et là quelques pas de salsa où de fl a- BEN HARPER KARPATT menco, pourquoi pas ! Le tout en «Both sides «Dans reprenant les paroles, qui vous of a gun» d’beaux feront sourire n’en doutons pas ! Elle était comme sa mère mais draps» en plus vache, comme sa mère C’est très certainement l’un des Pourquoi faut-il absolument écou- en plus peau de vache, elle était meilleurs albums de Ben Harper. ter « Dans d’beaux draps », 3ème comme sa mère en plus méchan- 18 titres répartis sur deux disques. opus du groupe Karpatt ? te, j’aimais la mère j’aimais la fi lle Pourquoi un double album alors Parce qu’ils le valent bien ! j’aimais la tante. Avec Mélisande que tout aurait pu être condensé Sur cet album très coloré et ins- et sa mélodie country on envisage dans un ? Tout simplement parce piré du jazz manouche, s’enchaî- même une chorégraphie endia- que Ben Harper a voulu montrer nent airs rythmés et savamment blée et ponctuée d’un Yiiiiiihaaaa et marquer les deux tons, les deux orchestrés (guitare, contrebasse (ça mange pas de pain et ça dé- styles musicaux qui l’inspirent et et chœurs) qui invitent à la danse foule, pas vrai ?). l’infl uencent. et mettent en joie, et douces mélo- La shampouineuse, est une jolie Le premier disque, donc, a des so- dies. Le tout agrémenté de textes valse musette qui rappelle le vieux norités soul, funk, blues et rock am- fi nement ciselés et interprétés par Paris, celui des cartes postales… biance années 70, comme le très de fortes et bien belles personna- Le bar du silence, pour fi nir, est hippie «Better ways» ou le très en- lités ma foi. une chanson qui fl eure bon l’été, gagé «Black rain» écrite peu après Karpatt nous emmène en voyage à les apéros improvisés, les piques le passage de l’ouragan Katrina travers le temps et les sentiments, niques, les rendez vous entre aux Etats Unis. ces gars là ont su allier simplicité, amis ou en famille, où à la nuit Le second regroupe des ballades tendresse et poésie, et ont réussi tombante on sort la guitare pour plutôt romantiques avec un excel- à dresser un portrait de nos con- reprendre en chœur les airs qui lent jeu de guitares, de piano et de temporains à leur manière, tantôt nous rassemblent. Tous ces petits cordes. On retiendra surtout «Mor- doux, tantôt amer. moments de bonheur banals en ning yeaning» et le magnifi que Leurs chansons vont droit au défi nitive, pourquoi aller chercher «Happy everafter in your eyes» cœur. Qu’elles soient teintées plus loin ? que Ben Harper qualifi e de chan- d’humour noir (les vieilles), de tris- L’album se termine par un joli ca- son ultime avant le mariage et qui tesse (les canards en plastique), deau : deux titres en live (la mou- est surement le plus beau morceau ou de mélancolie (le fi l) « telle une che et dans la rue du jardin des de l’album. funambule je traverse mon fi l et si hesperides). Plaisir d’offrir, joie de Rajoutons à tout cela que le gui- je tombe tombe tombe tombe tom- recevoir comme on dit ! tariste californien s’est produit lui be les gens que j’ai conquis seront Que du bonheur, celui fait du bien même et a joué pratiquement tous une centaine à tendre un drap de partout, à écouter d’urgence et les instruments, entouré, par mo- soie », elles font mouche à tous les sans modération. ment, de musiciens de jazz de Los coups. Fan de maman est, quant Séverine Gendreau Angeles et de son groupe The In- à elle, un véritable bijou, un miroir nocents Criminals. de la vie dans lequel chacun peut karpatt.free.fr Un album nerveux, sensible et en- se retrouver. voutant à la fois. Karpatt sait aussi faire remuer Isabelle Dupuy frénétiquement nos popotins. Avec notamment Histoire de fa- www.ben-harper.com mille, et sa mélodie entêtante qui page 6

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la Fender-Telecaster en poche pochette : un même petit môme qu’elle enregistre donc, pour notre maquillé à la rondelle de citron plus grande joie, ce premier album mobile - en lunettes, sur la bouche Mademoiselle où la gerbe et la mobilité, la grâce ou sur l’épaule - et planté dans K et le mouvement font des ravages. un tableau référentiel : la porte Ho bonheur d’entendre enfi n une de la chambre de Van Gogh au «Ca me vexe» fi lle dopée aux hormones de Ra- fond, les passages pour piétons diohead ou Janis Joplin qui chante d’Abbey Road et une guitare mol- Je ne sais pas si vous avez remar- « Crêve » sans faiblir. Mélangeant le toute daliesque sur une table qué mais depuis quelques mois, des sonorités bigarrées et des vieux style. disons approximativement depuis ambiances de petit matin glauque, Que dire alors pour redonner un le carton de Pauline Croze et la ses 12 titres sont autant de cons- sens à la boussole ? Que l’al- réussite de la grande cheminée tats d’échec qui ne fi niront pas par bum dont il est question s’intitule de Sophie, on nous sert à tous les pourrir dans un bac à disque sans Psychotique. Ceci n’est pas du repas de la nouvelle chanteuse avenir. On a bien déjà vu une rose remplissage, car Meek en a fait fl eur bleue au romantisme gui- sur un tas de fumier, espérons que d’autres, dont la caractéristique mauve. Heureusement pour mes Mademoiselle K soit rouge sang commune est de ne pas se res- nausées matinales ‘Mademoiselle et pousse rapidement dans nos sembler. Que l’ensemble est as- K’ me permet de boire et fumer cœurs. A découvrir sur scène dès sez accrocheur, autant en écoute sans avoir l’impression d’être un que possible et à capter en disque anodine que plus attentive : les perdant. En gros j’ai trouvé une le 21 Août. paroles semblent venir de molécu- sœur de bagarre que je me per- Pierre DERENSY les chimico-poétiques et les mélo- mets de vous décrire ci-dessous. dies enrobent le tout d’une fausse Déjà la pochette un rien racoleuse myspace.com/01mademoisellek mais bien agréable insouciance. me fait penser que les guitares ont Si l’on ajoute que dans les remer- parfois une vie agréable, posées ciements on trouve Jean-Pierre sur un postérieur qu’on devine Bacri et Agnès Jaoui, on se dit que princier et je ne parle pas du dos ça vaut la peine d’y prêter l’oreille, découvert gracieux qui enfl amme MEEK avec intérêt : ça rapporte ! ma libido foireuse. Non dans ce Mélanie Plumail disque, tout tient la route, l’image «Psychoti- que» et le son sont au diapason. Dès www.meekintheweb.com «Reste Là» dans un phrasé tout proche de Brigitte Fontaine avec Qui c’est ce Meek ? sa voix rauque on comprend que Pas trop facile à cerner, c’est sûr Mademoiselle K va faire le poids : une voix plutôt androgyne sur et buter ses concurrentes. Entre « des arrangements électro-synthé- MOBIL Ca me Vexe » qui pulse sur un mur tiques, on se laisserait facilement SESSION de guitares parfaites et ses paro- prendre en fermant à demi les TEAM les désabusées, elle décloisonne yeux dans son ascenseur perso, un répertoire poussiéreux et mixe à penser à Christophe (celui avec «Installés et biens sages» sans ambages des moments sen- les lunettes, pas celui de M6), Pol- Mettons vous êtes le matin, et suels sur «Jalouse» avec des fu- nareff, une touche de pop Beatles, vous trouvez qu’il manque un truc, rias torréadesques via «Le Cul et à Sheller ou Daho voire Voulzy vous ne savez pas bien quoi. Et entre Deux Chaises». Ayant loupé aussi. Ouf... tout ça pour un seul puis d’un coup ça vous revient, un Capes (ce minable incapable homme, je ne sais pas si vous me bon sang mais c’est bien sûr : il de discerner l’énergie tellurique suivez bien… n’y a pas de bruit. d’une rockeuse nerveuse), c’est Pas trop simple non plus la La brume du sommeil se levant page 7

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cd/dvd doucement, vous ânonnez un une ambiance de piano bar. ‘Fuck the establishment’ qui vous Après tout cela, la question ne se démangeait depuis hier et choisis- pose plus, posez vos valises à l’ sez donc de mettre un disque. MOBY Hotel tour de Moby, l’accueil et le La Mano Negra ? Bof, un peu mou. «Hotel Tour séjour y sont excellents ! Dyonisos ? Tentant. Noir Désir ? 2005» Isabelle Dupuy Moui, faut voir. No One is innocent ? Pas mal, mais ils vieillissent: un On aurait tendance à penser qu’un www.moby.com jour ils ont même fait une chanson concert de musique électronique acoustique. se résume à une personne seule Et puis ça y est vous l’avez : Les sur scène, bidouillant des sons et Mobil Session Team. Des vrais des musiques sur des platines et djeunz énervés qui n’ont pas peur autres machines improbables,le RICET de crier leur hargne (un peu dé- sespérée, parce que les fi lles, casque du DJ rivé sur l’oreille. BARRIER elles aiment bien les hargneux Dès les premières notes «Furieusement désespérés) à grands coups de de son «Hotel tour», Moby heureux» guitare saturée. De la résignation nous montre le contraire ! qui ne passera pas par eux (Instal- La musique électronique se «FURIEUSEMENT HEUREUX» lés et Bien Sages), l’évocation de mêle aux sons pop rocks. DE RETROUVER RICET… blessures et autres cicatrices en- Guitares électriques, pédales core douloureuses sur le chemin aux effets multiples,batterie, Pour les gens de ma génération de la quête de soi (Etirer le temps, percussions, synthés,piano sont (je suis né en 1972) la voix de Presque Rien, Memory…), l’indi- les vrais acteurs du spectacle. Ricet Barrier est une madeleine gnation face à la dégradation de Entre mélodies planantes et de Proust trempée dans un bol la planète (Ma Terre)… ils ont des pop rock électro énervée, Moby de Banania. Car Ricet c’était la trucs à dire. Fort. s’amuse et revisite tous ses tubes. chanson des Barbapapas et la Bon, ne vous méprenez pas, j’ai Au programme : «Find my baby», voix de Saturnin : le petit poussin l’air un peu ironique comme ça, «In my heart»,les très électriques jaune qui grillait sous les projos de mais il faut dire deux choses : «that’s when i reach for my revol- la télévision française à chaque . Il est bien possible que je souf- ver» et «We’re all made of stars», nouvel épisode... C’est seulement fre d’une légère aigreur à l’idée la rythmiquement parfaite «Go» vers 20 ans que je me suis rendu que j’ai passé 30 ans, que je ne (Moby fait lui même les percus- compte que Ricet Barrier c’était suis plus capable de m’indigner sions), «Porcelain» la BOF du aussi un chansonnier de talent qui au premier degré, de me révolter fi lm «La plage» avec Leonardo a débuté dans les années 50 au en y croyant pour de bon, ou de Di Caprio, la magnifi que ver- cabaret des trois baudets aux cô- pogoter plus de deux minutes en sion accoustique guitare -voix tés de Brel, Gainsbourg et Devos. reprenant les refrains en chœur. D’où la tentation de tomber dans de «Natural high» et le fameux Les chansons de Ricet c’est de une tonalité limite paternaliste qui anti-américain «Lift me up». l’optimisme tout le temps, la phi- ne trompe personne. Le tout dans une ambian- losophie du verre à moitié rempli. . Et honnêtement, le groupe tient ce survoltée. Le public dan- Une chanson de Ricet c’est sim- carrément la route et la distance se, saute et en redemande. ple, beau et effi cace. C’est un an- de l’album. Il est de toute évidence Rajoutez à cela deux reprises : tidépresseur sain et naturel. Dans fait avec soin et sincérité, et mérite l’impeccable « Walk on the wild ce disque il n’a pas changé car, qu’on y accorde l’intérêt ad hoc. side» de Monsieur Lou Reed comme tous les feignants, il ne Même passé 30 ans. que la salle reprend en choeurs fera jamais son âge. Il nous parle Mélanie Plumail et ...... «Fur Elise» ( La lettre des chiottes comme d’un havre de à Elise) de Beethoven réar- paix, des points de suspension qui www.mobilsessionteam.com rangée par Moby et donnant « laissent le doute en suspension page 8

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cd/dvd des pissenlits parce que c’est bon, Au programme donc, pas une qui s’excuse d’être là ? de la belle bouchère, d’un petit co- seule reprise du chanteur, mais Un trentenaire qui n’a pas envie chon et d’autres petites choses une relecture personnelle de son de grandir ? Un bobo Versaillais comme ça sans importance et qui répertoire. branché ? Un bidouilleur de proto- pourtant font TOUT. Treize morceaux traditionnels ou ols parisien ? Et ben non. Rien de Avec des clins d’oeil à tous ceux issus du domaine public au par- tout ça. C’est (personnellement) qu’il a croisés sur son chemin fum de folklore américain ou ir- un des grands chocs musicaux du d’artiste comme Brassens, Fallet, landais («Mrs Mc Mgrath») ou se moment. J’étais passé à côté des Bobby Lapointe, Brel, Fernand mêlent guitares, violons,banjo, deux premiers albums «l’incroya- Raynaud, Lydia et Isabelle… contrebasse,batterie, piano ,une ble vérité» et «politics» (honte à Car il y a beaucoup de nostalgie session de cuivres (très présen- moi). Et là, je ré-écoute tout! Alors aussi sur cet album comme dans te sur «Jacobs Ladder» ) sans dans l’ordre: 1) Tellier est un grand le livret décoré de vieilles cartes postales 1900 et d’affi ches, de oublier un magnifi que choeur compositeur made in France com- photos du temps où Ricet débu- gospel («Pay me my money me on n’en fait plus, à classer tait… down» ou «O Mary don’t you (essayons du moins...) avec les D’ailleurs ne serait-ce pas un éter- weep»). Le tout joué par un big maîtres: André Popp, François nel débutant ? Chacun de ses dis- bazar délirant mais brillant ren- DeRoubaix, Gainsbourg et com- ques est le premier. contré grâce à la violoniste du pagnie (confondez pas avec Bur- Voilà pourquoi il garde cette fraî- mythique E Street Band, Soozie galat). Ses chansons sont d’une cheur incroyable là où d’autres Tyrell. rare puissance mélodique, tou- s’essouffl ent à partir du deuxième. Les sessions sont ,de plus, en- jours pleines de surprises rythmi- Enfi n bref, le dernier album de Ri- registrées en prise directe, à la ques et harmoniques. cet Barrier est aussi bon qu’une maison, chez le Boss lui même, C’est bien simple, je pensais que part de galette des Rois et il faut dans sa ferme du New Jersey (à ça n’existait plus tout ça ! Un com- l’acheter si vous avez oublié que voir sur le DVD). Il dirige, fait le positeur pop qui connait les ac- la vie était belle… chef d’orchestre, lance les so- cords diminués...de nos jours??? Eric Mie los de chaque instrument, se fait 2) plaisir et s’amuse avant tout en Tellier est un grand chanteur : une www.ricetbarrier.com laissant place à l’improvisation. voix inimitable, à la fois sexy, C’est festif, folk, country, dansant puissante et fragile, sans faire sta- et chantant à la fois mais surtout rac’ varièt ni murmure à l’oreille, vivant et authentique. version deux de tension. Et de BRUCE Alors à vos santiags !!!!! toute façon, même s’il essayait SPRINGSTEEN ...... et bonne écoute. de faire ringard, le gars n’y arrive- «We shall Isabelle Dupuy rait pas. Pourquoi? 3) Tellier a du goût: la reprise de «la dolce vita» overcome...» www.brucespringsteen.net du grand Christophe est un coup Pour son 21ème album, Bruce de maître. Les autres titres sont Sprinsteen se la joue roots et rend des ré-arrangements piano-voix hommage, à sa manière, à l’artiste intimistes, de ces précédents tu- folk américain Pete Seeger, chan- bes. Parfois complètement revus teur totalement inconnu en France, SEBASTIEN harmoniquement! Un disque tout mais un artiste engagé, pacifi ste et TELLIER simplement magnifi que et comme gauchiste (un point commun avec «Sessions» les deux précédents, et ceux à ve- le Boss, on se souvient de son nir : INDISPENSABLE! engagement en faveur de John Qui est Sébastien Tellier ? A votre Fred Pallem Kerry lors des dernières élections avis ? Un de ces petits chanteurs presidentielles américaines ). de la «nouvelle scène française» www.sebastientellier.com page 9

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cd/dvd spectacle

Celui de découvrir ce que cela donne sur disque. PETER Tout y est subtilement agencé, une voix aérienne et douce, des LARA VON POEHL chœurs qui nous transportent, GUIRAO «Going where une pléthore d’instruments et une à la Taverne République the tea trees» orchestration d’orfèvres (guitares, Un pull en laine, non plutôt un pull violoncelle, clarinette, batterie, Après une première rencontre très en cashmere. De couleur clair. guitare, basse, trompette, tuba et chaleureuse avec cette comédien- Porté l’air de rien mais avec une j’en passe…magnifi que fl ûte et ne (voir N°2), soirée concert dans certaine classe qu’aucun autre hautbois ( ?) sur Virgin Mountains) une petite salle de la Taverne Ré- accessoire n’a besoin d’améliorer. dans cet univers fait de voyages, publique. On se serre conviviale- Oui, c’est cela le disque de Peter d’aventures et de paysages. Sen- ment dans un sous-sol façon cave Von Poelh : un doux lainage nous timent d’errance que parfois peut de St Germain de la belle époque, protégeant du froid de l’hiver et éprouver ce jeune chanteur sué- et ça commence presque à l’heu- des douces nuits de l’été. dois de 33 ans qui vit principale- re On l’attendait ce disque. On avait ment à Berlin, enregistre en Suè- (Pour mémoire, la phrase qui déjà décelé dans le dernier Lio ou de et travaille souvent en France. m’avait beaucoup intéressé Doriand le talent de ce musicien. Ecoutez «Travellers» et vous «Chanter avec sa vie plutôt L’année dernière sa chanson qui comprendrez. Ensuite, laissez qu’avec sa voix»). Immédiatement donne le titre de l’album «Going vous bercer par «Going to where on est avec une amie qui partage to where the tea trees are» et qui the yea trees are» ou encore sa ses moments de vie, en entrou- n’était alors qu’un 45 tours, avait belle déclaration d’amour «Virgin vrant un journal intime, mais sans même fait sauter le standard de Mountains» … «suddenly I belie- déballage outrancier… Sortes de Radio Nova. Mais cet homme qui ve I’m in love»… refrain que l’on discrètes indiscrétions livrées avec s’est longtemps caché derrière les pourrait reprendre à notre compte un détachement amusé, avec une autres attendait son tour. Le prin- à la fi n de ce disque. fragilité lucide, pas dupe… «j’aime temps l’a vu éclore. On n’en fi nissait pas de chercher bien ce que vous faites». Dans la suite des comparaisons un «son» nouveau, et il nous vient Une comédienne comme Lara hasardeuses, je pourrais dire que du label Tôt ou Tard. Cette agence Guirao qui va vers la chanson ap- cet album sent le bois, celui des à talents qui nous avait fait décou- porte toujours un plus, l’élégance ballades folks et des mélancoli- vrir Thomas Fersen, Vincent De- de vous prendre par la main, de ques mélodies que l’on pourrait lerm, le beau disque de JPNataf et porter l’émotion vers vous avec reprendre au coin d’un feu. Il n’est réuni sous la protection de Vincent retenue, ce n’est pas un hold up, pas surprenant d’apprendre alors Frèrebeau, Dick Annegarn et Ma- une impérieuse citation à compa- que celui-ci a été concocté dans thieu Boogaerts. Aujourd’hui cette raître, c’est une invitation à entrer un studio suédois fait de ce noble maison que l’on voit trop souvent dans l’antichambre… A vous de matériau. Ce qui donne à cet al- comme le label de la nouvelle faire la suite du chemin, d’entrer bum une douceur et ce son si en- scène française nous offre un dis- ou non… veloppant qui me faisait dire quel- que tout en anglais. Ce qui prouve Dans ce spectacle où elle a com- ques lignes plus haut sa parenté bien qu’il n’y a pas une chanson posé la plupart des textes, deux avec ce vêtement pour hommes. française et une scène anglaise. ou trois reprises, «Ces petits Alors pour ceux qui aiment le cas- Non il y a des belles musiques et riens» et «Dansez sur moi». «Le hmere et le bois et aussi pour tous de talentueux musiciens. temps des cerises» ajoutent une les autres qui n’en connaissent Clémentine Deroudille touche entre hommage et re-créa- pas encore leur attrait, je ne ferai tion, et un duo voix-contrebasse qu’une seule recommandation. www.petervonpoehl.com donne un relief particulier au texte page 10

chroniques spectacle de «Tout oublier» ( Musique Henri ses 2 micros et ses machines à Texier…). arrangements instantanés. Il est évident que la rencontre avec ARIANE Quelques jolis crescendos... «Ter- Marc Perrone ne pouvait que met- MOFFATT minus» s’achève en rock nerveux tre en résonance «cette fragilité : la magie de la programmation, des choses dans laquelle chacun à c’est de lancer des mélodies et de nous a une part et se recon- L’EURO- des choeurs en boucle et de pou- naît» et ces petites musiques qui PEEN voir courir à la batterie pour une ne font pas d’esbroufe, mais vont fi n «garage» ! à l’essentiel, avec un humour dis- Applaudissements délirants, «une cret qui met comme un voile de ovation debout, on pourrait dire parfum, de violette, de myosotis, que ça ressemble à faire l’amour sur les cahots , ou les chaos de la mais...scusez, c’est mon côté vie… qu’on peut exorciser , «chez Sur les conseils avisés de Didier chaud québécois!» explique-t-elle Thierry Ardisson» ou tout autre Varrod et du non moins célèbre sans ménagement. bobologue cathodique. caribou masqué, nous v’là rendus Encore une respiration, quelques La superbe chanson «Mémoire au spectacle de la québécoise qui chansons solo guitare acousti- vive» (duo voix-accordéon, dia- fait causer : Ariane Moffatt... que...Ariane laisse s’exprimer sa tonique, s’il vous plait, de Marc Quelques morceaux d’abord dé- voix reggae et raconte ses mal- Perrone) a tout le charme des bordants de séquences et autres heurs de fi lle larguée ou de maî- paysages urbains et humains de samples et choses très appré- tresse désenchantée...diffi cile à Willy Ronis, Doisneau et Boubat, ciées en ce moment (Anaïs...). croire, c’est pourtant une chouette où des hommes de bonne volonté Surenchère de sons, superposi- fi lle, Ariane ! n’ont pas oublié quelques mots tions de voix... Pour clore le spectacle en beauté, pas encore effacés, fraternité, Puis tout soudain, une respira- elle raconte l’histoire de son par- partager, imagination et que par- tion...Ariane se met au piano et rainage français et la générosité fois, la barricade ouvre la voie… introduit une reprise de son «par- de M qui a aidé à faire diffuser la pour une révolution permanente à rain semi professionnel avancé», reprise de «la bonne étoile». la Moustaki, avec des œillets aux surnommé chez eux «le secret le Et surprise, comme Arthur H ou fusils, par exemple. mieux gardé de la francophonie» : Albin de la Simone d’autres soirs, Pour cette Mémoire vive (avec Daniel Bélanger pour la chanson M débarque sur scène ! Ariane en Marc Perrone à l’accordéon) il «Imparfait» qu’elle s’est magnifi - ravie de la crèche au milieu de ses faudra attendre l’album, qui s’an- quement appropriée. Suivie d’une 2 guitar hero. M a la délicatesse nonce pour septembre. autre chanson plus personnelle de ne pas avoir oublié son passé Ainsi qu’une série de concerts en et assez gonfl ée «une poussière d’accompagnateur anonyme et première partie d’Art Mengo dont d’ange t’est tombée dedans/tu fe- lance à Joseph : «Chauffe, J !» ou nous ferons l’annonce dans le pro- rais une super maman/mais pas encore pousse Ariane à chanter chain numéro. maintenant». davantage dans leur duo... (les citations sont de Lara Guirao) Il y a beaucoup de québécois dans Ce qui fait dire après ces 3 se- Norbert Gabriel la salle au point qu’elle en oublie maines de résidence à l’Européen un instant de quel côté de l’atlan- qu’on n’a pas fi ni d’en entendre lara.guirao.free.fr tique elle se trouve. Elle donne et chanter ! vit sa musique en profondeur. Le Valérie Bour profi l en mouvement, la mèche fol- le, tout en soubresauts, à dompter www.arianemoffatt.com page 11

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spectacle la reprise du mois

que collective. Prix de la meilleure composi- Avec Jojo, multi instruments tion: Agnès fait sa BO et richesse de chœurs, Thierry THIERRY Stremler est capable de tout, de Les prix ci-dessus se constituent STREMLER délicieuses ballades en délires d’un chèque et/ou une program- au théâtre des blues rock en passant par le twist mation, ou aide promotionnelle (voir le site du Centre de la chan- Caves St-Jean (il a bien écrit des chansons pour Dave et Françoise Hardy, alors). son) Les déplacements sont parfois ha- Par ailleurs, les partenaires offrent photo Jackie Mascré sardeux, les intros surprenantes des programmations dans diffé- Son 3ème album ne doit pas sor- et la braguette ouverte mais tout rents lieux, ainsi : tir avant quelques mois mais en ceci bien qu’en «rodage», comme attendant de remonter sur scène il dit avec humour, reste très pro- - Le Festival «Chanson de paro- avec Romane Bohringer dans la fessionnel… les» invite Yvan Tirtiaux en 2007 pièce «Fantomas» à la rentrée, Il va jusqu’à engager le public à Thierry Stremler s’est offert une participer en rythme : «tapez sur - «Charleroi Chansons», et «Ral- semaine de chansons dans un 2 et 4, désolé d’être si autoritaire lye Chantons français» invitent petit théâtre parisien. !»… Coline Malice, Hervé Lapalud On apprendra au passage qu’il y a C’était une belle parenthèse dans et Yvan Tirtiaux à Charleroi et travaillé à l’époque où ce lieu était un monde de brutes, pleine de Bruxelles en 2007 encore un magasin de vins. subtilité, de douceur et d’une éner- Alors où en est-il ? gie pop bien fi celée… - «L’esprit Frappeur» invite Yvan Après 2 disques assez remarqués Un avant goût sans doute de l’al- Tirtiaux et Madjid Ziouane en et pas mal diffusés (notamment bum qu’il faudra encore attendre 2007. les chansons «Ma femme est patiemment. photographe» ou «Marguerite»), Valérie Bour S’il y avait un prix LDDLO, j’aurais on entrevoit encore çà et là quel- voté à ma majorité absolue un ques correspondances évidentes thierrystremler.free.fr ex-aequo entre Hervé Lapalud et avec la plume faussement naïve Yvan Tirtiaux.. de Souchon ou la couleur vocale de Chamfort. Il faudra y réfl échir... Selon ses dires, avec les années, au Prix LDDLO… il a pris du recul, cultive l’autodéri- Un abonnement à vie ? sion et ne s’apitoie plus autant sur «VIVE LA Un partenariat ?? son sort ! Il n’est plus ni victime ni REPRISE» un Festival LDDLO ??? la proie facile qu’il chantait alors. Le Palmarès Le garçon songeur limite paumé Norbert Gabriel que l’on croise parfois dans les transports en commun ou dans www.centredelachanson.com les concerts de ses collègues se Grand prix du Centre de la transforme dès qu’il monte sur Chanson : Coline Malice scène. On se laisse porter par sa voix Prix du public et Prix du meilleur pleine, enveloppante, rassuran- interprète : Hervé Lapalud te…rien de tel pour se remettre du speed de la semaine de travail et Prix de la meilleure chanson de s’extraire de l’hystérie footballisti- création : Yvan Tirtiaux page 12

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le chanteur oublié

ces jeunes artistes satiris- vues, de centaines de chansons tes ou révoltés (inspirés pour sociales (dont certaines eurent la plupart par la semaine sanglan- un retentissement énorme), de JULES JOUY te de la Commune de Paris 1871) chansons anarchistes, de chan- éliront bientôt domicile au pied de sons macabres dues en particulier La chronique la butte Montmartre qui deviendra, à son obsession de la guillotine. des oubliés en leur présence, le symbole buco- Hé oui, sa plus jolie chanson “La de la chanson lique de la bohème. Car en 1881, Veuve” était un réquisitoire contre ou les maudits le cabaret du Chat Noir est inau- la guillotine et le souvenir d’une qui ne voulaient guré au 84, boulevard de Roche- exécution capitale, alors publique pas l’être. chouart et il deviendra le berceau à l’époque, à laquelle il avait as- d’une école chansonnière unique sisté. “Jules Jouy avait fait dans la chan- en son genre et le lieu ou éclata Mélangez la hantise de cette mort son une révolution analogue à l’immense talent de Jules Jouy. avec une grosse dose d’absinthe celle que les naturalistes et les im- Puis il ouvre Le Chien Noir avec, et vous obtiendrez un fou atteint pressionnistes avaient faite dans entre autre, Paul Delmet (Del- du délire de persécution... la peinture.” met c’est notamment le créateur Il meurt à 42 ans en 1897 dans C’est pas moi qui dit ça mais des Petits Pavés repris, bien plus une folie noire. Maurice Donnay un ancien aca- tard, par Gainsbourg, Casse-Pipe démicien également complément et Les Oisillons tombés du nid...) Eric Mie oublié de nos jours. Jules Jouy était surnommé par ses confrères de la «Butte», «la chan- Jules Jouy est né en 1855. Il fera son faite homme», tant étaient dé- parti des fameux Hydropathes. Les concertantes la facilité et la rapidité Hydropathes étaient un groupe de avec lesquelles il écrivait. Mais ce joyeux lurons fondé en 1878 par qui ne pourrait n’être qu’un phéno- Émile Goudeau (ce qui est drôle mène devient un atout indispensa- n’est ce pas ?... Je vois bien que ble lorsque, comme lui, on décide vous ne trouvez rien de drôle à de publier quotidiennement dans ce que je viens d’écrire bande de la presse une chanson d’actualité. scabreux idiots... C’est parce que Il fût le créateur de la chanson au Hydropathe ça veut dire qui ne boit jour le jour. Et par ce moyen, il fi t jamais d’eau, qui déteste l’eau et une campagne antiboulangiste l’autre il s’appelle Goudeau...ha- virulente. Personne de nos jours, hahahaha... Goudeau !... Hahaha- parmi nos chansonniers à la mode, hah...Drôle non ?... Oh lala… ça n’oserait dire ce qu’il a dit sur le vaaa hein... Si on ne peut même général Boulanger. C’était pour plus rigoler.) qui réunissait chaque la plupart de véritables appels au semaine au quartier latin quelques meurtre. Boulanger était une sorte jeunes artistes étudiants comme de Le Pen militaire, de Bigeard Charles Cros, Maurice Rollinat, populiste, de Sarkozy mégre- Jean Richepin etc. D’autres grou- tiste, une tête pleine d’eau quoi... pes seront fondés comme les Mais revenons à Jouy qui n’a pas Incohérents, les Zutistes, les Vi- seulement abordé la chanson par lains Monsieurs etc. Menés par la son côté historico-politique. Il fut faconde de Rodolphe Salis, tous également auteur de plusieurs re- page 13

chroniques une musicienne harmonique qui assure une pul- l’ancienne, on apprend sur le tas, sion essentielle aux solistes. et on joue le plus souvent possi- Django avait exigé deux guitares ble, n’importe où, on joue… et on VICTORINE pour l’accompagnement par préro- apprend. Il a décidé de me faire MARTIN gative d’égalité avec Grappelli, et confi ance il y a deux ans… En puis n’oublions pas qu’à l’époque tout ça fait 5/6 ans maintenant… il n’y avait aucune amplifi cation, quitter le conservatoire, apprendre photo : mais un bon guitariste rythmique le style, et faire le métier depuis Dominique peut suffi re. C’est un apprentis- 2/3 ans…On avait un beau projet Bédier sage assez long auquel se sou- avec Raphaêl Fays et Alice Bas- mettent volontiers tous les musi- sié et Mathilde … (Alice Bassié Voici la première invitée d’une ciens, et certains comme Joseph est contrebassiste et Mathilde série de portraits de musiciennes Reinhartdt sont longtemps restés Febrer violoniste jazz, elles se- rencontrées au gré des concerts dans l’ombre malgré des qualités ront invitées ici même prochai- de chanson ou de jazz, ou de mu- de solistes indiscutables. Et après nement) mais pour des imprévus siques souvent métissées. quelques années de classes, on de production il n’a pas abouti.» Victorine Martin est une des rares évolue parfois vers un statut de «Passer du classique au jazz guitaristes dans le jazz dit manou- leader ; dans les différentes nuan- rythmique ne m’a pas posé de che où les rôles sont en général ces de la musique. Ainsi, Philippe problème, ni pour le médiator ni traditionnellement défi nis avec les «Doudou» Cuillerier, et de même pour la main gauche, et puis en garçons aux instruments et les Victorine Martin avec le groupe classique on a aussi la main en fi lles à la danse et au chant. Cela Doudou Swing. Mais comment ça l’air.. Pour les accords, après 10 dit, Victorine est une gadji, ce qui a commencé tout ça ? ans de classique, pas de diffi culté. n’a rien de grave, ça signifi e qu’el- Pour la main droite, je me suis fait le n’est pas manouche, ni gitane, Victorine Martin : ma technique, pas forcément tra- pas non plus romani, n’empêche, «J’ai commencé par une dizaine ditionnelle, mais ça marche… En elle accompagne régulièrement d’années de classique , le conser- revanche, pour les solos, j’ai en- quelques grandes pointures de la vatoire, et puis j’ai fait un virage à core à oublier les années classi- guitare jazz, Raphaêl Fays, Patrick angle droit… j’écoutais beaucoup ques, avec partition à respecter, Saussois, avec qui elle tourne aux cette musique manouche, ce style à interpréter fi dèlement, alors que USA, Kamlo, avec qui elle vient de m’intéressait et j’ai décidé d ‘y al- le chorus-improvisation c’est de la faire une série de concerts au Ma- ler à fond…Dans ce milieu c’est création instantanée, c’est de la roc, et elle est un des trois piliers très rare de voir des femmes qui composition spontanée, j’ai jamais de Doudou Swing, voir le dernier jouent, mais ça vient, j’ai entendu été habituée à jouer comme ça, et numéro. quelques très jeunes fi lles à Sa- je travaille, ça vient petit à petit, Pour les néophites en manouche- mois*, faire la pompe avec beau- c’est long.» rie musicale, situons le tableau. coup de conviction…» (*Samois, «C’est comme le fait de travailler Vous voyez Django Reinhardt, près de Fontainebleau, rendez- à l’oreille ; je dois me déshabituer vous l’entendez ? Oui, non ? Bon, vous annuel du Festival Django j’arrive à me séparer des grilles, c’est le seul courant de jazz né en Reinhardt, en Juin) mais au début c’est dur de se Europe, avec un quintette acousti- «Moi je n’ai pas perçu de réticence passer de la partition… contrai- que mythique : deux solistes, vio- mais c’est différent, je suis une ga- rement aux manouches qui ap- lon et guitare, et une section ryth- dji,, il me semble que c’est plutôt prennent dès la petite enfance en mique composée de deux guitares bien perçu… je fais mon boulot tradition orale, et qui savent tout et une contrebasse la plupart du de rythmique tranquillement der- d’oreille…» temps. Quintette à cordes nouveau rière, c’est déjà pas mal.. Patrick «Cette base classique m’a beau- dans le jazz. Les deux guitares as- Saussois a été un des premiers à coup aidée, et elle m’aidera enco- surent une assise dite «la pompe» me demander de l’accompagner. re… Le jazz, c’est un autre mon- caractéristique du jazz manou- C’était plutôt «bienvenue dans la de, très vivant… Au cours de mes che. C’est une base rythmique et famille».. Patrick, c’est l’école à études, j’ai fait une initiation à la page 14

chroniques une musicienne la porte ouverte musique ancienne, et l’am- Marie-Ange m’a demandé de biance était très différente plus faire un soutien rythmique et conviviale, détendue, très bon harmonique, j’ai intégré le grou- BERNARD vivant, le classique m’épanouis- pe en juillet 2005, et les con- PUISSESSEAU sait moins sur le plan humain…» certs ont été bien reçus, c’est «J’ai laissé le milieu classique un début très encourageant…» «Je d’enfants» depuis que je fais de la musi- «Je continue toujours de jouer Livre de photographies que manouche, mais j’y reviens avec des groupes différents. Il a aux éditions du Rouergue avec un projet de spectacle mu- eu des moments formidables avec sical autour de la musique, et Raphael Fays, dans les arènes Bernard Puissesseau considère la du swing ( le projet Mr Django et de Nice avec un orchestre sym- photo comme un carnet de route, Mlle Swing évoqué avec Doudou phonique, il m’a invitée pour deux l’appareil comme un bloc notes…il Cuillerier et sur lequel nous re- morceaux, c’était impression- cherche des moments de poésie viendrons dès sa mise ne place)» nant. Et depuis 2 ans avec Pa- au quotidien, il voyage, il vit, il se «Le public enfant est un public trick Saussois, et pour le dernier promène… très réactif, diffi cile, et exigeant, disque d’Alma Sinti (Série « Alma Longtemps, grand reporter d’ima- très réceptif au swing et quand Sinti » Nuits de Paris) et bien avec ges (notamment pour ), on réussit à les embarquer c’est Doudou Swing, et des remplace- il a toujours eu besoin de garder fabuleux.. Les Jeunesses Musi- ments dans d’autres groupes…» des souvenirs, des traces… cales de France font un travail Ca l’amusait de voir grandir les remarquable dans ce domaine.» Récemment, la revue Jazzman enfants, comme une représenta- «Actuellement je joue aussi avec a fait un numéro spécial sur les tion de la société. Marie Ange Martin, très grande femmes dans le jazz, c’est dans Devenu personnage familier, il guitariste qui a commencé à la l’air sans doute… L’idée de cette pouvait capter leur univers sans Chope des Puces*, elle a fait des série est née d’une rencontre en les déranger, sans craindre aucu- classes aux Etats Unis, elle a joué 1997 ou 98, avec une fl ûtiste Do- ne appréhension de leur part. avec tout le monde du jazz, et elle minique Bouzon, qui sera la pro- L’assemblage de son livre, «Je a un parcours très riche, très inté- chaine invitée de cette rubrique. d’enfants» s’est fait petit à petit… ressant, elle a joué avec les plus Norbert Gabriel Après avoir évolué dans des con- grands. On s’est rencontrées sur textes très différents (mariages, le fi lm « Swing » de Tony Gatlif … * La Chope des Puces, c’est vacances…), il montre ses photos la production cherchait des fem- le lieu historique du jazz ma- à Robert Doisneau qui l’encoura- mes pour jouer swing manouche, nouche, depuis les années 50, ge à poursuivre…. on était une petite dizaine… Avec c’est le rendez vous dominical «Tout s’est fait très naturellement, Marie-Ange, on a fait connaissan- de tous les fans et amateurs de tant le travail sur le livre avec Fran- ce dans le train, sympathisé, et guitare swing. Allez du côté des cine Deroudille (fi lle de Doisneau) gardé contact, et elle m’a rappelée Puces de Clignancourt, un bis- que le travail avec Philippe Delerm pour un quintette, (avec trompette, trot-restau tout simple garanti qui a signé la préface…10 ans de batterie, basse, et deux guitares) vintage et musique de même.. photos se sont mis en place com- en juin 2005, c’est un répertoire me une BD, comme un puzzle qui s’oriente vers Django et Arms- Pour la discographie, Dou- où chaque pièce s’imbriquait très trong… Il y a un disque enregistré dou Swing, chez Iris Produc- simplement ». récemment, introuvable, en cours tions, et Alma Sinti n°3, Nuits Bernard Puissesseau a construit le de production.. C’est ma première de Paris, chez Djaz Records projet comme un road movie, les expérience dans cette formule. Le images d’une part, instants attra- groupe existait en quartette , et www.doudouswing.com pés au vol, et d’autre part, des pe- page 15

chroniques la porte ouverte tites phrases, comme une bande fan de Kaamelott qui n’a pas fait matisme de l’école, sûrement). son des réfl exions enfantines re- cette manœuvre me jette la pre- Bref, un grand bravo à toute cette cueillies avec Francine et d’autres mière pierre ! ). formidable équipe de comédiens, son des réfl exions enfantines re- Alexandre Astier a décidément scénaristes, dialoguistes, costu- cueillies avec Francine et d’autres tous les talents, auteur et réalisa- miers… pensées plus personnelles. teur de la série, il joue également Précipitez vous donc sur ce coffret Ce livre nous parle, nous rappelle le rôle d’Arthur. DVD ! des sensations anciennes, com- Il a su s’entourer d’acteurs d’une (Un petit conseil, je recommande me autant de souvenirs d’enfance justesse implacable et d’une drô- quelques minutes avant la lecture où l’imagination et l’insouciance lerie à tomber de sa chaise ! en intégrale des épisodes, quel- reléguaient les angoisses à leur Kaamelott est une histoire de ques petits exercices de décon- juste place, au dernier étage des famille et d’amis, son père, sa traction du visage et des zygo- préoccupations. mère, sa belle-mère et son demi- matiques, car les crises de rires y frère font partie de la série, et les sont garanties !). Valérie Bour autres acteurs, du cercle proche de l’auteur. Séverine Gendreau Preuve du rayonnement in- croyable de la série, les guests www.kaamelott.com pleuvent (Elie Semoun, Bernard Lecoq, et Bruno Solo, Christian KAAMELOTT Bujeau …). «Livre II» Les comédiens s’amusent et ça www.ledoigtdansloeil.com se voit, ce malgré un agenda de tournage chargé, l’ambiance est On peut dire qu’il s’est fait attendre restée bon enfant. le Livre II de Kaamelott !! C’est certainement ce qui contri- Retrouvons enfi n les pérégrinations bue aussi au succès de la série, d’Arthur Roi de Bretagne, Léoda- les personnages sont fouillés, la gan, Perceval, Lancelot… direction d’acteur est impeccable, Il faut dire que le concept de cette et pourtant derrière tout le travail mini série est des plus astucieux. que l’on pressent, les scénettes Planter un décor médiéval et racon- restent jouées telles celles que ter la quête du Graal avec les mots l’on pourrait croiser au hasard des d’aujourd’hui, il fallait avoir l’idée cours d’écoles. Les comédiens prend aussi (C’est pas faux !). habitent leurs personnages, les des vacances La première fois, je suis tombée par reconstitutions sont plausibles, et vous donne hasard sur un épisode, et je suis bref on y croit ! rendez-vous restée interloquée… On apprend et on s’amuse en début septembre Qu’est ce que c’est ? même temps ! Les personnages sont tellement Alexandre Astier a donc pu con- Nous vous les attachants, et les dialogues percu- tribuer à expliquer à sa manière souhaitons tants, et je me suis retrouvée fan la légende d’Arthur et la Quête également en moins de temps qu’il n’en faut du Graal. BIEN pour le dire ! Je suis même sûre qu’il a réussi bonnes ! Allant même jusqu’à enregistrer les le pari de rallier à sa cause les rediffusions de la semaine (que le «allergiques» à l’Histoire (trau- page 16

interrogations écrites

dis-moi qui tu suis

Quelle est la 1ère chanson qui photo : vous a retourné la tête ? CHANSON SR : La pichouri le rendez vous de PLUS Laurent tous les basques réunis BIFLUOREE Massard MP : Il étai-t-un petit hoomme, pi- roue-tte cacahue-tte…. Quel est le dernier projet auquel XP : «Maman, les petits bateaux» vous avez réfl échi ? Sylvain Richardot : Faire une tour- Le 1er concert vu ? née en pantoufl es SR : Edgar Faure à l’Européen je Michel Puyau : Une grande balla- crois de dans la forêt avec pique-nique MP : Madeleine Farazier « chante et tout le tralala pour les tout petits » à mon école Xavier Cherrier : un CD culinaire Vous n’avez encore jamais osé maternelle. La révélation musicale le faire, de quoi s’agit-il ? de ma vie. Quel lieu où vous retournez SR : Boire des glaçons gelés pen- XP : « Pink Floyd» régulièrement vous inspire et dant tout un repas vous rassure ? MP : Dites-donc, voilà une ques- Comme Gérard Lenorman, vous SR : Le bistrot « chez Mario » près tion fort indiscrète… Je n’ose êtes élu Président de la Répu- des Bouffes Parisiens l’avouer… blique, qui voyez-vous comme MP : Mon lit. XP : un fi let de boeuf en croute Ministre de la Culture ? XP : MARSEILLE! SR : Jeanne Mas Où préférez-vous être placé MP : Gérard Lebreton. Reprenons Je quitte la terre pour quelques dans une salle de spectacles ? tous ensemble : « Lebreton, l’est mois, quels livres et disques me SR : Sur scène derrière le piano pas con ! » conseillez-vous d’emporter ? MP : Au 4ème rang, place n°47 XP : Cantona SR : Le K de Dino Buzatti et le der- XP : sur la scène! nier cd de Frank Michaels parce On vous donne carte blanche, que Frank est… tout simplement Citez-nous les paroles d’une qui rêvez-vous d’inviter sur inoui chanson qui vous ressemble ? scène ? MP : Livres : « L’espace pour les SR : Ipo taÏ taÏ yé y touki touki yé Et pour quel duo ? nuls », « savoir revivre(Jacques MP : Mama zamanhaguaya, SR : Les Beatles et je chante avec Massacrier) », « la fusée, com- Guaya baâdi chouiya Guayba eux : « ta caty t’as quitté » de Bob- ment ça marche (Michel Chevalet) maâha haguatt, Guayba maâha by Lapointe », pourquoi ? parce queuuu ! chanta Fiha wizza oubatta, Talaâb MP : Marie Dubas pour faire le « Disques : Il faudrait mettre une wa takoule Waq Waq Waq Waq, duo Dubas », ha ha ha, très drôle, remorque à la fusée. Y aurait des Guayba maâha chanta Fiha wizza non ? trucs de la Renaissance, des trucs ou otta, Talaâb wa takoule Miaou XP : Tino Rossi dans « un rêve classiques de Adam à Webern, du Miaou Miaou passe» rock de Amos à Zappa, du folk, du XP : « Aimer à perdre la raison... jazz de Abou-Khalil à Wayne Shor- Si vous deviez comparer votre ter, de la chanson, des machins Que vous évoquent le diman- univers à un fi lm, quel serait-il? trad de plein de pays… parce qu’il che ? SR : Un fi lm des Monty Pyton : « la faut profi ter de ces quelques mois SR : Le souvenir ému du samedi vie de Brian » par ex ou « Emma- loin de la terre pour s’émouvoir MP : Messe, Gigot-fl ageolets nuelle 5 » dans un autre style sur la diversité de l’expression hu- chez mémé, Eternel-Drucker-et- MP : Babe, un cochon dans la maine. coucher-tôt-parceque-demain-ya- ville XP : agatha Christie et la «pasto- école-putain-de-merde. XP : « Papa , Maman, la bonne et rale des santons de Provence» XP : les huitres et le vin blanc moi» page 17

interrogations écrites

dis-moi qui tu suis

Hibernatus se réveille d’un siè- Sophie B: c’est génial!! l’ambiance Quels sont vos derniers petits cle de cryogénisation et dé- est survoltée (que des fi lles en dé- bonheurs banals ? couvre le cinéma. A votre avis, lire dans la salle) devant 4 jeunes SR : Le chocolat que j’ai mangé à quels fi lms récents ou anciens mecs beaux comme des dieux. la question 20 sont à visionner en premier ? XP : Chanson plus bifl uorée MP : Manger une pomme, me grat- SR : Cinéma Paradiso , E.T, Vil- ter le dos, refaire le nœud du lacet lepin le kangourou(en cours de A quoi ressemble votre voyage de ma chaussure droite, sourire à tournage) idéal ? mon chat… MP : « Caroline sous la douche » SR : A celui-ci (Bora Bora) ,voire à XP : rentrer le soir dans mon lit et « les fantasmes de la secrétaire celui là (La Digue) », pour lui redonner goût à la vie. MP : Faire Le Creusot-Gueugnon Qu’est-ce qui vous fera toujours XP : « Fort Alamo « et « la grande en 4x4. Non, je plaisante : Visi- rire ? Bouffe» ter Bessines-Sur-Gartempe (87) SR : Ma femme en compagnie de ma charmante MP : Borlooooooooooo le clown de Ecrivez un SMS à Céline Dion ! épouse l’Emploi, de la Cohésion sociale et SR : Par les moustaches de l’ori- XP : tournée gastronomique dans du Logement. gnal gelé, fais moi de la poutine l’orient Express XP : il n’y a pas de règle MP : S’lut bo minou. Maudzi tabar- nak de cibouèr, un duo toé pis moé Quel est votre dernier rêve ra- Qu’est-ce qui vous agacera tou- ? ça clik. On va s’péter la fi ole. Bec contable ? jours ? a R, c du bon stuff, pantoute !!... SR : Je gagnais la coupe du mon- SR : Ma femme XP : je t’aime comme la poutine ( de de Foot féminin MP : Les religions, sans exception. genre de frites à la crème de fro- MP : Je faisais du surf avec Céline XP : Attendre!!! mage) Dion. Puis le soir, on chantait sur la plage pour des potes. Des fois, Quel est votre luxe dans la vie? Quelle chanson n’avez-vous ja- on courait nus dans un champ de SR : Ma fi lle mais osé chanter ? Pourquoi ? pavots en se tenant par la main. MP : Le temps libre et ma montre SR : ‘La Belle de Cadix’ parce On se tressait des couronnes de swatch. que elle est trop belle fl eurs. C’était l’été. Nous étions XP : La langouste de Cuba MP : « Martiniquaise » de Soldat jeunes, nous étions fous… A moins Louis parce qu’elle provoque des que ce soit avec Hélène Segarra. Vous souhaitez découvrir un aphtes. D’ailleurs, eux, y z’en ont Je ne sais plus bien, c’est si va- nouveau mode d’expression, plein la bouche. Ya pas idée de gue… lequel et par qui aimeriez-vous chanter des trucs com’ça !... XP : marquer un très beau but être initié ? XP : aucune SR : Ma femme Que faites-vous quand vous ne MP : La technique de la pâte à sel, Qui prend le volant en tournée? faites rien ? par Simone. SR : Le conducteur du TGV 5815 SR : Je mange du chocolat XP : La peinture par Bosch MP : Le chauffeur du train. MP : Plein de trucs qui des fois ne XP : les cheminots servent à rien. Je n’arrive pas à dormir, pouvez- XP : je dors... vous m’aider à y remédier ? Ma cousine Berthe débarque, SR : Essayez le bœuf bourgui- quels spectacles nous con- A l’instar de Lady Di, qui vou- gnon seillez-vous sans hésiter ? driez-vous voir chanter à vos MP : Un avis qui, je l’espère, vous SR : La Framboise Frivole funérailles ? aidera : Faites l’amour jusqu’à aux Bouffes Parisiens, Chan- SR : Mon chat « calin » épuisement total. Les amants fati- son Plus Bifl uorée aux Bouffes MP : L’ensemble Clément Jan- gués trouvent toujours un sommeil Parisiens,(aie c’est déjà fi ni !) nequin de Dominique Visse. Ils heureux. MP : « Les Folies Pigalle » rien chantent très joli ces gars-là XP : Oui, en vous lisant un conte que pour les fi lles. Témoignage de XP : Maria Callas Propos recueillis par Séverine Gendreau page 18

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au doigt et à l’oeil

Quelle place ont les mains dans Qui ou qu’est-ce qui est à «2 votre activité ? doigts de vous énerver» actuel- Dans ma république intime, mon lement ? POLO cerveau est président. Mes mains Les automobilistes qui se garent sont « premier ministre ». sur les pistes cyclables. Des fois, j’en viendrais presque aux mains. Qu’allez-vous faire de vos dix doigts demain? Que feriez-vous volontiers «à Du vélo, (tenir le guidon), de la l’œil» ? En premier lieu, choisissez un cuisine, et sûrement un peu de Tout ce qui m’enrichit. doigt ! Qu’est-ce qui motive ce musique. J’ai aussi deux rendez- choix ? vous où je vais essayer de ne pas Que signifi e pour vous «Le doigt Mon majeur droit ; c’est lui qui me tourner les pouces. dans l’œil» ? coûte le plus cher, vu qu’il porte Qu’il faut parfois se le mettre jus- ma chevalière en or ! Vous êtes à 2 doigts de faire qu’au coude pour comprendre. quoi ? Comment s’appelle chaque De partir traverser l’Aubrac, ven- Propos recueillis par doigt de votre main? dredi prochain… mais à pieds. Valérie Bour Ils n’ont pas de nom, je me de- mande d’ailleurs souvent com- Que faîtes-vous «les doigts polo.a.paris.free.fr ment je fais pour leur ordonner dans le nez» ? des choses… Je chante des chansons de Laurie. Ca sonne bien, les doigts dans le nez.

Sans elles, impossible de tra- Que feriez-vous volontiers «à vailler. Je devrais me faire assurer l’œil» ? sur mes mains d’ailleurs, certains N’importe quoi pourvu que ce soit FABIEN pianistes le font. bien payé. MARTIN Qu’allez-vous faire de vos dix Que signifi e pour vous «Le doigt doigts demain? dans l’œil» ? En premier lieu, choisissez un Vous voulez dire de mes dix doigts L’arrivée du printemps, donc l’al- doigt ! Qu’est-ce qui motive ce de mains plutôt, non ? lergie aux pollens, donc les yeux choix ? qui coulent, donc le doigt dans Un doigt de pied, parce que vous Vous êtes à 2 doigts de faire l’œil. ne vous y attendiez peut-être pas. quoi ? De partir en vacances. Propos recueillis par Comment s’appelle chaque Valérie Bour doigt de votre main? Que faîtes-vous «les doigts IC’est-à-dire que j’aime bien mes dans le nez» ? fabienmartin.artistes. doigts, mais de là à leur donner un JJe ne peux plus respirer. universalmusic.fr petit nom… En tout cas s’ils en ont un, ils ne m’en ont pas parlé. Qui ou qu’est-ce qui est à «2 doigts de vous énerver» actuel- Quelle place ont les mains dans lement ? votre activité ? Ne pas arriver à mettre une couet- Guitare, ordinateur,mise-en-place te dans sa housse et puis aussi de mes cheveux… l’injustice dans le monde. page 19

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violon d’ingres interview scriptée

MOUSTAKI ou BUZY l’art de brouiller les pistes Buzy apparaît sur la scène chan- je sois invitée dans les enfants du son en 1981, avec «Dyslexique» rock, d’Antoine De Caunes, qui Il cache toujours derrière sa puis 82 «Engrenages» puis 83 a fait un portrait d’Engrenages. guitare une raquette de tennis /84 «Adrian». Avant elle a été de table, et derrière la raquet- étudiante en médecine, puis en J’ai toujours été entre chan- te, une palette de peintre… Sa lettres, pris des cours de cla- son et rock. J’ai souffert de ce dernière exposition s’est instal- quettes. Enfance et adolescen- sectarisme, les rockers ne me lée dans un port… de Seine… ce à Clamecy, près de Nevers. trouvaient pas assez rock et la Entourage musical familial plu- variété me trouvait trop rock. de l’île Saint Louis à Port Marly, tôt classique. le chemin fl uvial est logique C’est pas tellement une question pour ce voyageur impénitent… «…Mais les copains fl ower- de musique mais une question Vous n’avez pas deviné ? Alors power ont refait mon éduca- de relations. C’est un clivage qui là, franchement, vous ne lisez tion… très 70 … à Clamecy. tient à ce que j’étais une fi lle, que pas assez attentivement ce je n’appartenais pas à des clans, mag-web. «La peinture est une J’étais dans un lycée très politisé, à des villes comme Rennes, Lyon. musique silencieuse» dit-il… Si les aînés écoutaient Ferré. Il y avait on doit faire un parallèle entre le clan Lou Reed, Led Zeppelin, et Je venais d’un tout petit bled Cla- Moustaki le peintre et Moustaki le clan Catherine Ribeiro, moi j’étais mecy, pas grand chose à dire sur dans les deux ; on en était barjots le musicien, on retrouve dans mon histoire de vie, la médecine, … Catherine Ribeiro plus Alpes. les claquettes, les lettres, c’était ses toiles et ses mélodies l’épu- C’était une grande sœur qui fai- pas assez GlamRock pour les re qui va à l’essentiel, du soleil, sait une musique extrêmement rockeurs ; ça été diffi cile psy- et des paysages féminins em- militante, c’était notre Nico à nous. chologiquement, d’être un vilain preints d’une sensuelle pudeur, Clamecy était une petite ville petit canard, pas assez rock, pas ensoleillée, lumineuse comme éveillée, très militante. Ca tient aus- assez variété, alors que j’ai une un printemps grec, enfi n ce si à une génération très curieuse. culture rock, je ne la revendique que j’imagine d’un printemps Et on allait à Nevers voir Cathe- pas comme une médaille… c’est grec, une promesse, un écho rine Ribeiro plus Alpes. On la comme ça.. c’était les années 80. de cette civilisation qui a donné regardait comme une déesse... un sens à la vieille Europe, et Je suis plutôt anti conventionnelle, … Ma grand-mère pianiste m’avait qui porte l’ambition d’enfanter ils ne voulaient pas de moi, bon. appris le piano. Et parce que je fai- Du moment que je vendais des un peu de beauté humaine. Les sais des claquettes, j’ai participé à disques et que j’avais le soutien peintures de Georges Mousta- une comédie musicale «The Roc- d‘une maison de disques, je me ki, c’est un voyage vers un des ky Horror Picture show» et on m’a suis dit, les étiquettes à la con, premiers matins du monde… demandé de chanter. Il y avait des rien à foutre, du moment que les quand tout est encore possible, musiciens qui jouaient en direct, on disques se vendent. Lavilliers a comme l’utopie, cette réalité de a sympathisé, et pour rire j’ai com- eu le même problème, à l’époque, demain. posé «Dyslexique» et pour rire on on a discuté quand il est venu à la Du bout des doigts, il nous of- l’a présenté, et elle a été signée, Boule Noire, faire un bout de scè- fre sa carte du tendre et nous pour rire, et ça a fait un tube… ne avec moi le 15 Décembre der- sommes heureux de partager nier. Il a toujours eu ce problème. C’était au début des ACI féminins, cet univers. je n’ai eu aucun souci avec ça, j’en Après Engrenages, il y a Adréna- ai eu d’autres, mais pas ceux là… line, et des problèmes juridiques Sophie Tournel J’étais rangée «chanson françai- importants avec les producteurs. & Norbert Gabriel se» ce qui n’a pas empêché que Et ensuite Adrian chez CBS. page 20

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Sur le plan artistique, j’ai toujours Ce qui change «Les réactions mi- eu une autonomie totale, ça de- tigées me touchent plus qu’il y a vait correspondre à une époque. 20 ans. j’ai une nature assez sim- ple. Et on voit aujourd’hui une ex- Ca s’est gâté vers les années 90, ploitation des fonds de catalogue, LES CONFERENCES les jeunes directeurs artistiques les revival, on voit revenir les an- CHANTEES DU se mêlaient de tout et de rien. nées 80 sur le plan mode, bientôt A cette époque, j’étais chez des ce sera les années 70.» HALL DE LA CHANSON indépendants, je faisais encore Anne Marie Paquotte et Vincent ce que je voulais sur le plan artis- Le métier «La scène devient im- Delerm sur Alain Souchon tique. possible si on n’a pas un soutien important des maisons de dis- Bref rappel du principe : à l’in- Ensuite, c’est un peu la descente ques. Ou alors il faut chanter seul. avec un album fait chez Tréma, Une tournée avec 3/4 musiciens vitation du Hall de la Chanson, Rêve éveillé, un blocage des mé- revient très cher.» un/une journaliste fait le parcours dias qui rejettent tout ce qui est biographique d’un chanteur, années 80, rejet en bloc. Indo- Un rêve à réaliser ? «Vivre en auteur compositeur interprète, et chine aussi, on était des ringards, Asie, je suis bien là-bas…Je con- 5/6 chansons sont proposées par c’était la vague électro qui arrivait nais beaucoup d’endroits. J’y vais un ACI de la jeune génération. en force, les années 90 ont été régulièrement…» Cette dernière conférence de la très diffi ciles. saison 2005/2006 s’est délocali- J’ai continué à faire des albums, sée à L’Archipel parallèlement je me suis intéres- Parmi quelques rencontres re- sée à la psychologie et l’astrolo- marquables, Etienne Roda-Gil Anne-Marie Paquotte est parfaite gie, une passion que j’ai depuis en 1980, ‘I l’âge de 17 ans. love you Lulu’ en 1985, Mon- dans son rôle de docteur-es-Sou- J’ai passé un diplôme de psycho- dino pour une photo ‘Insom- chon, humour en fi ligrane en har- thérapeute, avec les techniques nies’, Hilton Mac Connico pour monie avec le sujet, cette conteu- de développement personnel et le clip ‘Adrian’, Daniel Darc, Jay se érudite vous attrape l’oreille et de relation d’aide Alanski pour Borderlove. le temps est suspendu, on arrive J’ai combiné les passions. Il y a Et un fi lm de Didier Varrod pour à la fi n du parcours sans l’avoir vu deux ans, j’ai essayé de démar- la télévision française… passer, le temps. cher, je n’avais plus de produc- teur, ni maison de disque, et par Le mois prochain, Engrenages, Avec Vincent Delerm, l’adéqua- hasard, on m’a demandé d’écrire le livre réédité ces jours-ci. tion est parfaite. Ainsi que le lieu. ce livre. En me payant pour l’écri- Le hasard qui a conduit à quitter re... et ça m’a remis dans toutes Propos recueillis par ces années, j’ai du faire un effort Norbert Gabriel provisoirement La Maroquinerie, énorme de mémoire, pour revivre l’hôte habituel des conférences tout ça. Et au moment où j’écri- chantées, est particulièrement vais, j’ai trouvé un producteur, Discographie heureux, l’espace intime de la quelqu’un que je connaissais dans Insomnies, 1981 salle de l’Archipel est plus adapté les années 80. Je suis très clan… Adrian, 1983 très fi dèle. I Love You Lulu, 1985 A part cet exercice de style biogra- Rebel, 1989 phique, je ne suis pas quelqu’un Rêve éveillé, 1993 qui se penche trop sur le passé… Délits, 1998 c’est mortifère, je préfère avan- Borderlove, 2005 cer. Aujourd’hui, je trouve que c’est beaucoup plus diffi cile qu’à www.buzy.net l’époque de Délits. Par contre, ma musique… je n’ai pas changé de direction, ma voix est plus grave, mais la direction est la même.» page 21

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à Delerm que l’espace ouvert de La Maroquinerie, tout va donc pour le mieux. VINCENT Vincent Delerm a choisi les chan- sons qui lui semblaient les plus DELERM chante accessibles à l’exercice piano- ALAIN SOUCHON voix (voir l’entretien). Dès que cette conférence sera Rencontre avec Vincent Delerm en ligne sur le site du Hall de la à l’Archipel (bd de Strabourg Chanson, vous pourrez apprécier Paris) où a eu lieu la dernière conférence chantée Parisienne C’est plus diffi cile de faire des le talent de l’interprète Delerm re- de la saison, organisée par le chansons comme «Bidon», «J’ai créant l’univers de Souchon, c’est Hall de la Chanson. 10 ans», au piano. fi dèle à l’esprit et c’est neuf. Com- NG : Est-ce que vous arrivez à me avec Jeanne Cherhal-Higelin, Norbert Gabriel : Comment êtes- oublier facilement les versions je veux dire interprétant Higelin, vous arrivé sur ce projet ? originales pour les interpréter on redécouvre la richesse et la di- Vincent Delerm : Comment je suis au piano ? versité musicale que les versions arrivé… Je crois que j’en avais en- VD : Oh plutôt. En fait ce sont des originales occultent parfois en les tendu parlé par JP Nataf qui a fait chansons que j’ai souvent chan- fi geant dans la forme initiale. une conférence en rapport avec tées pour moi, pour mon plaisir. Le duo Souchon-Voulzy a une Boris Vian, avec Olivier Nuc (Oc- Après la diffi culté c’est… d’habi- identité musicale tellement mar- tobre 2005 –ndlr), il avait travaillé tude quand je les joue, c’est pour les chansons de Vian. Par hasard, que les gens chantent ensemble, quée qu’on a du mal à imaginer il m’avait dit ça, puis après j’ai été et du coup je les joue dans une leurs chansons dans une autre contacté. On m’a parlé de cette tonalité de départ beaucoup trop couleur. idée d’une conférence sur Sou- haute pour moi, (rires), donc là j’ai chon, et je crois que… à l’époque dû tout rebaisser. Donc la diffi culté Vincent Delerm, qui connaît son c’était pas forcément Anne-Ma- c’était pas tant d’oublier la façon Souchon sur le bout du clavier, rie Paquotte, il n’y avait pas de de chanter de Souchon, mais les est exactement le musicien qu’il journaliste, et il me semble avoir accords normaux des chansons. faut pour nous emmener vers proposé que ce soit Anne-Marie Pour ce qui est de chanter les des directions inattendues et qui Paquotte – je ne veux pas dire chansons de Souchon… en fait deviennent d’une évidence con- de bêtise – je crois que cela s’est quand j’avais 7 ans et que j’ai ap- fondante (Le rag-time léger pour passé comme ça. Parce que c’est pris le piano, c’était pas pour jouer quelqu’un que j’aime bien et puis des chansons de Souchon mais «Assis sur le trottoir d’à côté») qui a été très présente à mes tous c’était pour jouer des chansons… débuts. C’était logique. Jouer les chansons des autres. Et je rêve d’un spectacle où il fe- NG : Comment s’est fait le choix Donc c’est quelque chose que j’ai rait ce qu’a fait Higelin avec Tré- des chansons ? beaucoup fait. net, un spectacle qui ouvre des VD : J’ai demandé à Anne-Ma- portes nouvelles, qui réinvente rie si il y avait 2 ou 3 titres qui Propos recueillis par sans trahir, mais ceci est une étaient vraiment importants pour Norbert Gabriel autre histoire… elle par rapport à ce qu’elle di- Photos Didier Boyaud sait. Il y en avait effectivement 2 Le public est sorti ravi, même pas ou 3 qui allaient dans ce sens là. pressé de rentrer. Paraît qu’il y Et après, c’est aussi des chan- sons qui passent bien au piano- avait du foot… voix, parce que c’est beaucoup des chansons composées par Norbert Gabriel Voulzy à la guitare alors il fallait que cela passe bien au piano. www.lehall.com Ce qui fait que l’on a beaucoup de chansons sur un mode un peu mineur comme ça, assez doux. page 22

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les choses, on les fait ! J’ai par- concert, on a essayé de mettre fois l’impression qu’à Paris, on est cette même énergie… capables de beaucoup parler et V : Et pour les textes ? MARKA d’en faire moins… mais c’est une M : … je ne me considère pas vrai- impression… ment comme un chanteur à texte, V : Et le public ? je n’ai pas des messages particu- M : Il paraît que les groupes an- lièrement engagés à émettre, j’ai Le retour de Marka ! glais commencent leurs tournées plutôt envie de dire des choses Cela fait au moins 3 ans que par la Belgique parce que le public comme je les sens, en essayant Marka n’a plus sorti d’album en est assez connaisseur et que si d’y mettre de l’humour pour pas France mais on ne l’a pas oublié on réussit en Belgique, on est bon plomber l’atmosphère, parce que pour autant…on se souvient pour aller partout… mais peut-être d’ailleurs de l’excellent et fa- j’ai pas toujours le moral au beau meux succès « accouplés », du que c’est uniquement les belges fi xe donc autant prendre du recul jouissif « pour un fl irt avec moi qui disent ça d’eux-mêmes, j’en et essayer d’avoir un peu d’auto- » ou encore de sa reprise très sais rien ! Faudrait vérifi er auprès dérision ! personnelle de « Caroline » de des anglais… V : Sur le dernier album, ils MC Solaar et surtout de son in- V : Pourquoi faîtes-vous des peuvent être très anecdotiques croyable présence scénique… chansons ? comme très intimes… Lors d’un bref passage à Paris, M : euh… au début pour draguer M : ‘Aktion man’ par exemple, qui ce belge pur jus nous a gratifi és les fi lles et… euh, 20 ans après, est le titre de l’album… d’une espèce de conversation pour draguer les fi lles ! Ca facilite de plus en plus détendue au su- [Son portable sonne « vous le contact, il y a un côté très eni- permettez ? Tout ça va passer jet de son tout nouvel album « vrant quand on est sur scène, les Aktion man », en passe d’être sur Internet ?! »… « allo ? ah, distribué en France et déjà dis- fi lles vous regardent autrement… Mickael, je suis à Paris en inter- ponible sur www.marka.be… Mais bon, à mon âge, ce n’est view…can I call you back tomor- plus vraiment d’actualité bien que, row please ? ok, bye bye...”] V : Marka, y a-t-il une différence c’est toujours aussi plaisant… M : Qu’est-ce que je disais d’inté- entre chanter en France et en ben sinon, c’est une passion, en ressant ? Rien ? On va s’en aller ! Belgique ? écrire, les chanter, surtout en pu- (dit-il à Manu, son webmaster) M : Ah, il n’y a pas de différence, blic…le disque, c’est une carte de Donc, oui ! ‘Aktion man’ qui est le je trouve… la preuve c’est qu’on visite, c’est un passage encore titre de l’album, c’est une chanson comprend très bien ce que dit obligatoire aujourd’hui…peut-être que j’ai écrite vraiment en étant oc- Alain Souchon dans ses chansons qu’avec Internet, ça ne sera plus donc…! cupé avec les enfants, ils étaient vraiment nécessaire …mais là, il V : Quand on cherche bien, le tous les 2 en bas âge, ça gueu- catering [buffet pour nourrir y a toujours la diffi culté de faire lait, je devais m’occuper de l’un, artistes etc dans les salles de un disque, c’est que ce n’est pas l’autre se cassait une dent dans spectacles] peut-être ?! naturel, on est dans un studio, on la baignoire pendant ce temps- M : Le catering est très bon chez n’a personne en face de soi, il y là, pendant que je m’occupe de nous, je ne vois pas où vous vou- a un ingénieur du son, donc c’est lui, la petite a failli tomber de la lez en venir ! Vous avez toujours un exercice assez diffi cile et moi table et j’avais vraiment l’impres- cette espèce d’arrogance ?! la scène me convient beaucoup sion d’avoir besoin de plusieurs V : Il n’y avait aucun juge- mieux… bras et voilà, elle est très très très ment… V : Vous créez vos chansons en très simple et j’ai eu beaucoup de M : Les artistes sont peut-être pensant à la scène ? plus décalés en Belgique mais problèmes avec la fi rme de disque c’est aussi gros de dire ça car on M : Oui, et je les essaye sur scène belge qui ne voulait pas la mettre dit ça de tous les belges et tous aussi avant de les enregistrer… sur le disque et les gens adorent les belges ne le sont pas… ce cet album-ci, il a quand même cette chanson ! Donc c’est très dif- qui est clair, c’est qu’en Belgique, cette particularité d’être plus dur fi cile de faire des paroles qui plai- on se prend moins la tête, on se et plus live parce qu’en studio, ça sent à tout le monde et c’est aussi prend moins au sérieux…quand a été enregistré un peu comme en très diffi cile de ne pas se laisser page 23

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interview scriptée infl uencer quand tu en es à devoir avancé dans ta vie, j’avais une V : Y’a-t-il un intérêt à être re- sortir ton album et fi nalement tu femme, des enfants, une maison, connu ? dois faire que ce que tu as envie c’était un risque que de me relan- M : Quand on fait un métier com- parce que c’est toi qui vas devoir cer dans ce métier. Et c’est j’es- me ça, c’est qu’on a en général un les défendre après et si tu es en père un bon exemple pour mes petit souci avec son ego… Sinon, harmonie avec ce que tu as écrit, enfants, s’il y a des personnes c’est du suicide, parce que devant même si c’est 3 mots, les 3 mots auxquelles on pense, vaut tou- c’est dangereux, c’est vous qui suffi ront pour que le message jours mieux penser à celles qui prenez tout quand ça marche mais passe… vous veulent du bien…voilà, peut- c’est vous qui prenez tout quand V : C’est votre conception du être que plus tard, quand mon fi ls ça ne marche pas aussi. Enfi n, les métier… sera dans le doute, je pourrai lui chanteurs, ça leur fait du bien d’al- M : De plus en plus, même si on dire « moi aussi je suis passé par ler parader au devant de la scène est obligés de tenir compte de là et regarde, il y a moyen de se avec des lumières qui les éclairent certaines remarques…mais si on réorienter et de repartir et de faire et des gens qui les applaudissent discute avec des gens sur une ce qu’on aime ». mais c’est pas plus grave que chanson qui d’après eux n’est V : C’est ce que raconte le texte ça… Et ça a plein d’avantages ! pas bonne et qu’on me demande de « de retour » ? Quand on téléphone au restaurant de la retravailler, ce n’est pas une M : Oui ! « de retour », c’est une et qu’on donne son nom, il y a tou- concession…une concession se- chanson où je me moque un peu jours de la place ! (rires) Et sinon, rait si je suis intimement persua- de moi aussi parce que c’est vrai je suis toujours impressionné par dé qu’elle a tout dedans et de ne que j’ai essuyé pas mal de revers les sportifs de haut niveau…que pas la mettre sur l’album, mais j’ai (et je ne vais pas revenir là-des- ce soit Eddy Merckx dans le temps bien voulu me remettre en ques- sus) et que donc parfois j’ai l’im- à qui j’ai pu chanter la chanson « tion par rapport à d’autres titres et pression d’être le type qui rentre toujours coureur » à la télé…je sans doute que moi aussi je dou- toujours par la porte derrière et voyais qu’il était vraiment touché, tais, le doute se rajoute au doute quand elle est fermée, il rentre c’était un beau moment…c’est des autres mais si je ne doute pas par la fenêtre…c’est un trait de grâce à la notoriété aussi que j’ai comme c’est le cas pour ‘Aktion mon caractère, je suis jusqu’au eu la chance de faire ça… Et je man’, je la mets et puis c’est tout boutiste et plein d’abnégation…en travaille aussi pour une émission et je n’en fais qu’à ma tête ! tout cas, si je fais de la musique belge de foot, je suis chroniqueur, V : Et la reconnaissance ? j’espère que c’est parce que j’ai du et quelqu’un m’a dit très justement M : Sans vouloir généraliser, je talent mais c’est aussi parce que « tu règles un problème avec le crois qu’il est plus facile de me faire j’ai mordu vraiment sur ma chique, foot » parce que je suis très acer- entendre depuis que je suis chan- comme on dit à Bruxelles… be dans ce que je dis et très cri- teur que quand je ne l’étais pas. tique vis-à-vis du foot belge, ce Avec la dérive que maintenant on n’est pas très diffi cile parce qu’ils me demande mon avis pour tout sont nuls et en fait, je crois que, et que je n’ai pas toujours d’avis comme à l’origine j’aurais bien sur tout et surtout pas d’avis in- aimé faire une carrière dans le telligent, surtout ! Faut faire gaffe, foot mais que très très vite, je me après…c’est un piège ou ça peut suis rendu compte que je n’étais l’être. Mais quand j’ai recommen- pas capable, ben aujourd’hui, en cé à faire de la musique, je sor- en parlant et en étant un petit peu tais de 7 ans d’inactivité musicale dur quelques fois, je fais payer au et avant ça de 4 ans de suracti- foot ce que j’ai payé, quoi ! vité musicale avec un groupe qui V : Qu’est-ce qu’une chanson avait très bien marché et quand engagée ? je m’y suis remis, ce n’était pas M : Une chanson peut toujours évident quand même…à 32 ans, aider…déjà quand un couple est t’es quand même déjà pas mal triste, avec une rengaine très page 24

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interview scriptée simple de « je t’aime mon amour, V : Sébastien Ministru dit que tu m’as quitté, on se retrouvera les textes du nouvel album sont toujours »…il faut laisser une porte différents des précédents, es-tu pour ça même si je n’imagine pas d’accord ? la chanson comme ça…Mais l’en- M : Ben oui parce que j’ai fait ap- gagement, ça me fait peur. Parce pel à des paroliers comme lui ou que si une chanson marche et comme ma femme pour certaines qu’on est engagé, comment on fait chansons, c’est différent, c’est avec sa conscience après ? Alors vrai…et toi, qu’est-ce que tu en qu’on a tiré sur tout ce qui bougeait, penses ? comment est-ce qu’on fait après V : Sur les anciennes, tu inter- pour être justement raccord avec V : Sur le nouvel album, com- prétais un rôle alors que j’ai la réalité qui a changé pour nous ment as-tu choisi les textes que l’impression que les nouvelles puisqu’on est passé de l’autre côté. tu n’as pas écrits ? te ressemblent davantage… C’est de ça dont je voulais par- M : Souvent en infl uençant le M : oui c’est vrai…je n’étais pas ler dans ‘le chanteur engagé’…je contenu…par exemple, « dansez toujours en accord total avec les me dis, ça doit être diffi cile de mesdemoiselles », c’est une his- personnages, avec les textes…il gérer vraiment un succès et la toire qui m’est réellement arrivée m’est même arrivé de comprendre preuve, par exemple, le chanteur mais je ne m’imaginais pas com- un jeu de mot style 3 ans après ! de Nirvana, il n’était peut-être ment la mettre en paroles alors Comme France Gall qui a chanté pas très bien dans sa tête avant j’ai demandé à quelqu’un…j’étais les sucettes à l’anis sans savoir de mais ça n’a pas aidé quand ça dans une soirée gay avec ma fem- quoi ça parlait. a marché, il a fi ni par se suici- me et quelques jeunes fi lles sont V : Mais ce n’est pas un texte der parce qu’il n’en pouvait plus. venues vers moi, elles commen- que tu avais écrit… Et dieu sait si c’était un écorché çaient à me parler, l’alcool aidant, M : Non, non, non, je ne suis pas vif et qu’il chantait avec toute sa c’était plutôt sympathique… « oh malade à ce point-là de faire des haine et tout son ressentiment ben tiens, j’ai mon petit succès » jeux de mots que je ne comprends de la lourdeur de la vie…donc et je me suis rendu compte assez que 3 ans après ! c’est dangereux d’être un chan- vite qu’elles s’approchaient de moi V : Mais ça peut arriver ! teur engagé, vous pouvez vite pour mieux s’approcher de ma M : (s’approche du micro et mur- vous trouver en porte à faux… femme ! Il ne m’est rien arrivé de mure) elle n’est pas bien hein, elle V : Et les causes humanitaires ? plus ! n’est pas bien cette fi lle ! Non mais M : Je ne peux pas dire oui à tout, V : Et la chanson écrite par ton c’est vrai ce que tu dis…par exem- parce qu’il vaut mieux faire quel- épouse justement, ‘Pas peur’? ple, mon épouse est une comé- que chose qu’on puisse défendre, M : (sourire gêné) C’est…c’est du dienne plutôt comique et je suis un peu comme une chanson… réel, voilà, je ne peux pas en dire persuadée qu’elle fait des blagues alors là, je me suis allié à Amnesty plus… parfois sans s’en rendre comp- International qui, au sein de tous V : C’est par pudeur que tu lais- te…donc c’est vrai que parfois ça ses combats, en mène un contre ses les autres écrire les choses te dépasse et t’as de quoi être fi er les violences infl igées aux fem- intimes ? de toi mais moi ça ne m’arrive pas mes…j’ai fait une chanson avec M : …mais ça, je ne voulais même souvent ! (rires) mon copain Thierry Robberecht pas la chanter…je ne voulais V : Tu as joué au Liban, aux et plusieurs chanteuses féminines même pas la chanter parce que Etats-Unis, au Vietnam, en Chi- sont venues prêter leurs voix…ça je trouvais que c’était pour moi ne, quels sont tes souvenirs des m’a permis de rencontrer Annie et puis elle m’a dit « mais juste- concerts à l’étranger ? Cordy qui est venue chanter sur ment, puisque c’est un problème M : Ce que j’ai retenu, c’est qu’au scène avec moi et m’a invité dans peut-être qu’en la chantant tu vas Japon, ils ont bien réagi à ma une émission de … t’en débarrasser». J’aurais pu le chanson ‘accouplés’ et je travaille on est fréquemment en contact garder encore…Je peux dire que à en faire une version japonaise… encore, c’est devenue une amie ! celle-là est un exutoire… Je l’ai déjà chantée en chinois… page 25

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On oublie le côté sexuel de la mu- harles et Henri Tisot ou Fernand sique, mais ‘rock and roll’, c’est Reynaud. ‘baiser’ en anglais ! Il y avait ce disque de Bourvil avec Le ‘Rythm and blues’, c’est un une douzaine de chansons parmi chaloupement, on oublie ça trop lesquelles « les haricots » et les fréquemment dans la chanson haricots, c’est un coup de cœur française… d’adolescent,12 ans, cette chan- Non mais je vais aller plus loin, son qui faisait la part belle à cette une femme qui a reçu mon dernier espèce de machin ridicule pour fi - album a dit ‘on parle beaucoup de nir par « c’est la fi n des haricots », sexe là-dedans’ et c’est vrai qu’il y ça me faisait rire ou sourire, l’ab- a fi nalement une bonne moitié de surde sous jacent m’a séduit as- le problème, c’est qu’avec une l’album qui parle de ça mais est-ce sez vite, c’est la 1ère chanson que mauvaise accentuation, c’est tota- qu’il n’y a pas non plus la moitié de j’ai apprise par cœur. lement incompréhensible ! notre vie régie par ça ? Après je voyais les fi lms de Bour- Sinon, ce que j’ai retenu, c’est que V : Et une des choses qui res- vil le dimanche après-midi en noir tout est possible partout…C’était sort le plus souvent de tes con- et blanc à la télévision et entre le un bol d’air de se dire ‘ah, y a de la certs, c’est ta façon suggestive personnage que je voyais à l’écran vie à côté ! Et y a peut-être même de bouger sur scène… et celui que j’entendais sur les dis- un peu de place pour ce que je M : Ben je vais faire des concerts ques je trouvais qu’il y avait une fais’ où je ne fais plus que bouger, plus cohérence qui m’était sympathi- V : Et la dernière fois que tu as de paroles, que bouger !!! que et un état d’esprit avec lequel dit « ah, je me souviens, quand je me sentais des fi liations. j’ai chanté à Beyrouth… », quel- Propos recueillis par Valérie Bour J’avais l’impression qu’il défen- le était la suite de la phrase ? dait un discours qui pourrait être M : …il y avait des gens qui chan- le mien, celui de la sincérité, droi- taient avec moi ! Et ça, c’était www.marka.be ture, essayer d’être généreux… quand même étonnant ! Parce que Pour moi c’était l’apanage de la des radios passaient mes chan- gentillesse sans être de la mièvre- sons, il y avait des gens à Bey- rie, d’où le coup de cœur prolongé routh qui connaissaient ‘l’idioma- et comme je suis d’une nature fi - tic’, ‘l’hospice’ et pour moi, c’était dèle (rires) ! assez cocasse… V : As-tu repéré des différences TOM VB: Comment s’est fait le choix de codes ? NOVEMBRE des titres ? M : Oui sans doute mais en même TN : Ben entre «La ballade Irlan- temps, ça m’a plutôt donné envie daise», «C’était bien», «Le p’tit de retourner dans des pays com- Rencontre avec Tom Novembre, bal perdu», ou «Je fais ce que tu me ça et de m’ouvrir à autre chose quelques jours après la sortie veux», «Ma ptite chanson», tout qu’à la France et la Belgique…déjà de son nouvel album, «André» ça c’est des chansons, des balla- parce que je ne crois pas que pour (EMI), comprenez 13 reprises des un peu mélancoliques, où il y a le live les paroles soient vraiment très personnelles de Bourvil. tout le côté justement un peu blue- une barrière parce que dans ces sy de Bourvil qui était masqué par pays-là, ils ne comprenaient pas VB: Quel souvenir gardez-vous sa pudeur mais qui qui transparaît ce que je disais et malgré tout, de votre 1ère rencontre avec au travers de ce genre de titres, ça réagissait bien…donc j’ai revu Bourvil ? qu’on a contrebalancé avec titres mon point de vue…c’est très fran- TN : Elle passe par un disque qui comme «Abuglubu, Abugluba» ou çais de toujours mettre les paroles était dans la maigre discothèque «Le clair de lune à Maubeuge», ou en avant… qu’il y avait à la maison entre Ray «Pin up» ou même je sais pas, page 26

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«Les abeilles» ou «Les haricots» «select», je me disais tiens si je même de la chanson. Sur le « (les haricots que l’on retrouve bien peux mettre ça au service de son Clair de lune à Maubeuge », il suf- entendu, j’ai déjà dit que j’étais fi - répertoire, je peux peut être «ano- fi t d’écouter le texte et de se dire dèle ! et à Bourvil et à moi-même). blir» un peu le propos, lui redonner comment on le jouerait, il y a 36 fa- Ça, ce sont des chansons plus une modernité, et faire compren- çons de dire « non non non non » comiques, sans être forcément dre que derrière ce côté gratuit, , enfi n peu importe après on joue, troupières, puisque que André distrayant, modeste de ses chan- c’est du jeu c’est très ludique. Y’a Bourvil est passé par toutes ces sons, il y a quand même beau- pas plus de calcul que ça, y’a juste étapes, de chanteur de rue, caba- coup de sensibilité, beaucoup de des petites images intérieures, qui ret, chansonnier, avant de passer subtilité, d’humour, d’intelligence servent de support. « Les abeilles à l’opérette et des choses comme dans le choix des mots, les formu- » pour moi, je pense au professeur ça, donc ce qui m’a aidé à sélec- les de phrases sont élégantes, et de Goetlib quand il fait des cours tionner des chansons c’est, l’his- il y a toujours de la pudeur, on doit d’anatomie absurdes, il décide en toire, le texte, enfi n la façon dont avoir ça en commun qui est en fait deux pages de vous raconter la elles sont écrites, mélangé à la une façon de dire les choses, de vie du kangourou. Bien là c’est pa- fois avec des chansons référen- les suggérer plutôt, toute la diffé- reil, pour moi ça tient du même es- ces pour les gens comme «Salade rence entre l’érotisme et la porno- prit burlesque, on a une chanson de fruits», ou «Le ptit bal perdu», graphie. avec une morale un peu bancale, ou «La ballade irlandaise», et sur le triste sort du bourdon après des chansons pas du tout forcé- fécondation de la reine tout ça pris ment dans les mémoires, comme dans un cours de sciences natu- «La valise» ou «Je fais ce que tu relles sur la vie des abeilles au veux», ou même «Abuglubu Abu- printemps. Voilà c’est ce genre de gluba», et puis des intermédiai- rapport d’images, d’anecdotes in- res, connues par certains, pas par térieures, qui fait qu’on trouve petit d’autres, comme «La rumba du à petit la silhouette ou la gestuelle, pinceau» ou «Ma ptite chanson». l’esprit du chant ou la façon dont Donc il y avait une espè- on va chanter. Pour les ballades et ce d’équilibre comme ça. les chansons tendres, c’est beau- L’autre critère de sélection, ça a coup plus simple il suffi t de laisser été celles qui étaient facilement parler un peu ses sentiments, son ou disons possiblement, adap- cœur, « Ma ptite chanson » pour tables dans une sonorité jazzy. VB: Quel a été le travail de l’in- moi c’est une chanson déchirante Parce que tout ce qui était «A terprète ? quoi, c’est l’incompréhension de Joinville le Pont pont pont», etc TN: J’ai laissé le texte m’amuser, la rupture, « qu’est ce qu’elle a tout ce qui était un peu trop mu- je me suis amusé avec, et je di- mais qu’est ce qu’elle a donc ma sette, ça donnait un coté fran- rais que l’interprétation vient de ptite chanson, qu’est ce qu’elle a chouillard et je ne voulais pas fran- là. « Pin up » par exemple, tout ce ou qu’est ce qu’elle n’a plus ma chouillardiser Bourvil ou repartir qu’elle racontait, je me disais tiens ptite chanson qui ne te plait plus » dans ce créneau du personnage. je vais la jouer un peu Barry White, c’est tout bête mais avec ça, « Ma Je bavarde là mais, je ne suis et puis la jouer séducteur puisque ptite chanson », c’est un symbole pas Bourvil, je n’ai pas son tim- ça raconte l’histoire d’un mec qui la ptite chanson. « Voilà pourquoi bre de voix, je n’ai pas le per- est allé à la foire aux cochons, et et pourquoi plus ». sonnage et la silhouette de qui fi nalement a rencontré une fi lle Bourvil, je ne veux pas lui pi- là bas, et qui se dit « de toutes les VB : Vous êtes-vous autorisé quer quoi que se soit, il le faisait petites pin up je suis le roi » , en- des choses par le biais de Bour- bien il assumait ce personnage. fi n bon il y avait un côté deuxième vil ? Moi je dirais, j’ai une espèce de degré qui pouvait se prêter à un TN : Dans mes chansons peut coffre, et une image un peu plus clin d’œil à Barry White, le style être que je tempère la tristesse page 27

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par des espèces de clin d’œil, et in- de chatoyant, de populaire, voilà. démie des 9 comme j’ai fait les versement je tempère la gaudriole Essayer de trouver ça dans une émissions des Carpentier sans par une espèce de mélancolie, ou formule plus contemporaine ou considérer que j’étais devenu un de contre point un peu nostalgique acceptant éventuellement des ap- ringard au même titre que si on peut être parce que j’aime pas les ports plus récents. m’invite je peux aller faire des trucs trop manichéens. Que ça soit au niveau technique émissions de débat. Mais surtout quand on est dans la ou au niveau références. Je suis Bon, je refuse peu de choses glo- situation juste de l’interprète, on assez bavard donc je m’attends balement parce que je n’ai pas peut se concentrer justement sur aussi à faire aussi un peu le gui- non plus beaucoup de proposi- la forme, alors que quand je suis gnol entre les chansons soit pour tions et qu’en général, celles qui sur mes propres disques, je me les raconter ou pour digresser vers arrivent ne sont pas gratuites, el- concentre plus sur le fond de la des commentaires personnels. les sont réfl échies donc je n’ai pas chanson et du coup quelques fois Voilà, la vocation du spectacle est trop de mal à y souscrire. j’y perds un peu de son effi cacité de faire sourire, au minimum, voi- Mon intégrité, j’ai dû la défi nir au parce que je veux tellement faire re si ça déclenche quelques éclats début de mon histoire et mainte- entendre le texte, et le fait qu’il y de rire ça sera pas mal, déjà il y a nant, elle me poursuit. ait de la réfl exion et du choix dans de quoi faire avec le répertoire, on Le personnage qu’on m’attribue les mots, et du travail en amont va y rajouter d’autres titres, puis- ne m’aide pas toujours à vivre au que quelquefois ça peut éventuel- qu’il y en a 13 sur l’album donc ça quotidien parce qu’il est un peu lement faire perdre le côté léger et fait pas un show complet. Voilà, sur le bas côté et au niveau des simple, qui doit rester simple s’il trouver des espèces de référen- tarifs, on est obligés de serrer la veut être populaire, d’une chan- ces, je vais essayer de me servir ceinture mais bon tout se paye son, qu’avait Bourvil, déjà. des rideaux rouges, qui pour moi d’une façon ou d’une autre ! Donc moi jouant au Bourvil, enfi n font beaucoup dans le music hall, C’est la liberté qu’on me croit jouant à Bouvril ou avec les jouets je sais pas, on va voir avec les parce que les gens ont souvent de Bourvil, je dirais, je n’avais que guirlandes… le sentiment que je fais ce qui me le plaisir de m’occuper de faire Le but est de faire du chic et pas plaît, que j’ai cette espèce de pri- bien le boulot quoi. cher, puisque je suis pas dans un vilège d’être celui qui ne fait pas De bien raconter ces histoires là, créneau où je peux me permettre ce qu’il n’a pas envie, ce n’est pas sur lesquelles je n’avais aucune de jouer en force, avec un attirail vrai ! responsabilité personnelle à en- énorme technique, mais j’ai appris Encore une fois, il se trouve que gager. à faire simplement et effi cace avec les choses que je défends me peu de choses. plaisent, je ne m’engage pas sur VB : Comment voyez-vous le les choses où j’ai trop de doutes spectacle à venir ? VB: Faire ce que vous aimez mais en général, j’ai besoin de TN: C’est toujours diffi cile de par- vous demande-t-il beaucoup de faire vivre mes enfants et si c’est ler des choses qui ne sont pas concessions ? payé, ça m’intéresse aussi ! encore faites, déjà que c’est pas TN: Je ne sais pas quelle ima- facile de parler des choses après ge les gens ont de moi, grosso Propos recueillis par et d’avoir le recul nécessaire ou modo je sais qu’ils ont une cer- Valérie Bour indispensable aux médias pour taine sympathie noyée dans une Images Didier Boyaud pouvoir commenter ce qu’on fait. espèce de fl ou artistique par- Euh, disons que le spectacle il ce que polymorphe, polyvalent se veut dans la continuité du dis- ou surdoué, touche à tout, se- que c’est-à-dire, trouver des pe- lon les formules, peu importe… tits ponts entre, sans faire « à la Moi je ne fais pas d’effort, j’ai tou- manière de », mais de garder ce jours dit oui à tout le monde, par qu’il y avait dans les spectacles exemple en promo, je suis aussi de music hall, de festif, de direct, bien capable d’aller faire l’acadé- page 28

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s’envoie des idées de chansons nouvelles donc on va faire des concerts ensemble à la rentrée, KENT en septembre, et on aura carré- et TIT’NASSELS ment des chansons inédites pour « à 3 c’est mieux »… Si tu veux, moi j’aime bien la diver- sité dans ma discothèque et dans Ce qui se passe en interview ma vie musicale, donc les tit’nas- croisée entre Kent et les Tit’nas- sels c’est une facette de plus. sels, c’est un peu ce qui se pas- se sur scène…sans le vouloir, V : A 3, c’est être moins expo- sans en avoir conscience quand sé? on leur pose la question, Kent c’est un tout jeune groupe, heu- exprime le fruit de son expé- reusement que ce n’est pas le 1er A : y a le même trac avant de rience et de longues réfl exions. album le meilleur !!! monter sur scène mais c’est juste Les tit’nassels ajoutent leur la- Ah, il y a aussi l’album « Fonds qu’on se fait plaisir à 3 conique mais déjà légendaire « de tiroirs », j’aurais adoré faire ça pareil… » et lui apportent une ! Tout ce qui ne pouvait pas fi gu- K : on n’envisage pas de carriè- certaine légèreté, voire une li- rer sur les disques…on les entend re… berté qu’il ne s’octroie pas tou- répéter dans une chambre « gling jours en solo… gling » et l’ingénieur du son qui S : y a pas d’enjeu… commente ! V : Un souvenir de votre 1ère A : y a pas de plan… rencontre ? A : Ce n’est pas vraiment un al- bum… enfi n si, il est en vente chez K : y a pas d’image…à part quand Sophie : je me souviens des cou- ma mère ! il a fallu choisir la chemise tout à lisses d’une salle de spectacle… l’heure, c’est important ! Enfi n, moi on faisait sa 1ère partie dans un V : Votre spectacle commun je considère ça vraiment comme festival…il m’a gentiment cédé s’appelle « à 3, c’est mieux »… une récréation… sa loge parce que je n’en avais en quoi c’est mieux, à 3 ? pas…mais on ne s’était pas vrai- V : Axl et Sophie, vous jouez des ment rencontrés… K : (avec un sourire en coin) ben rôles sur scène [un peu Prof et quoi, t’as jamais essayé ?! Non… Simplet], quel est celui de Kent Axl : et puis plus tard on a partici- c’est tout simplement qu’on s’en- dans votre spectacle à 3 ? pé à un concours dont Kent était le tend bien, qu’on prend du plaisir à parrain…le gagnant avait le droit le faire… A : modérateur… de chanter avec qui il voulait, on a choisi Kent… S : on s’amuse vraiment K : je ne sais pas… Kent : c’était inconscient d’avoir A : ouais, c’est du plaisir A : il fait un peu la balance, un accepté ! Mais après les avoir coup il se met avec Sophie à me entendus ce soir-là chanter des S : on ne cherche pas à savoir ce chambrer ou avec moi… chansons de moi, comment refu- que ça nous apporte en fait, ça se ser ?! fait naturellement K : ça continue dans l’esprit des A l’écoute de leurs disques, je trou- Tit’nassels…alors oui, effective- vais le propos un peu…« glauque » K : tu sais au début, on a échangé ment, il y a une différence avec mais sur scène, pas du tout ! Ça m’a des chansons, on les a arrangées mes concerts où je suis Kent avec rappelé quelqu’un ! On a pas mal pour les faire à 3 et tout de suite, les musiciens…parce que même de points communs en fait, malgré on s’est dit « tiens, on va marquer s’il y a une connivence et des clins l’écart d’âge…moi, c’est le dernier le coup en écrivant une chanson à d’œil, c’est toujours moi…tu peux album que je préfère, il est plus 3 » [« Alone », enregistrée sur leur changer de musiciens et le public varié, plus nuancé… dernier album, Crac] et depuis on ne m’en tiendra pas trop rigueur. page 29

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la barbichette là, l’histoire n’est pas là… de guerre entre 2 couleurs de avait marre de la faire… ! C’est un mariage de chansons, de voix… voix… K : ce qui est rigolo, quand il y a eu S : et puis sans que ce soit son le choix c’est «ben nous, on aime- S :…d’état d’esprit… rôle, il a apporté une couleur rock rait bien faire ça» «ah bon ?» des à nos chansons et ce n’était pas chansons inattendues que je ne K : faut déconner, je crois… voulu…c’est vrai que ça a donné chante plus depuis des années… Axl acquiesce : oui c’est ça et là, la couleur à notre album aussi, par exemple on fait «ni plus ni non plus il n’y a pas trop de trucs cette rencontre… moins» parce que c’est une chan- prévus… son qu’ils jouaient sur scène…[sur A : on n’avait absolument pas en- l’album «tous les hommes» en 91, S : y a pas de mise en scène…on visagé un an auparavant de mettre duo avec Enzo Enzo] alors que ne sait pas ce qu’on va dire entre un jour de la guitare électrique sur moi, je l’ai pratiquement jamais les chansons par exemple notre musique…le fait d’avoir joué faite en concert… ensemble, qu’il ait débarqué juste A : les premières fois qu’on a fait avec sa guitare électrique, ça m’a S : tout de suite quand on a com- le spectacle, on avait prévu quel- donné envie d’en rejouer aussi… mencé à chanter dans les bars, on que chose pour bien faire croire faisait des reprises dont celle-là… que c’était une obligation… S : sur nos chansons, on s’est dit donc c’était marrant de la refaire «tiens, ça sonne, c’est chouette!» avec lui, le vrai ! K : la scène était coupée en deux par des pointillés au sol, chacun K : Axl en avait une dans sa cham- A : le Kentou ! de son côté…au fur et à mesure, bre… tout se mélangeait… V : qu’avez-vous appris au con- V : vous n’avez pas le même nom- tact les uns des autres ? S : on a joué le côté « on est com- bre de disques à votre actif, com- plètement opposés » ment avez-vous choisi les mor- K : ben moi j’avais besoin de jouer ceaux ? devant un public plus jeune donc A : nous, les débutants, Kent le ça tombe bien ! Sinon, qu’est-ce professionnel A : je crois qu’on s’est dits tout qu’on s’est appris ?... simplement « nous, on aime bien S : on n’a pas tenu longtemps… celle-là, est-ce que ça te dit ? » S : des blagues ?!

A : et puis au bout d’un moment, K : ils ont pris celles qu’ils préfé- K : c’est ça des « monsieur et ma- on en a eu marre de faire ce jeu, raient de moi et j’ai pris celles que dame… » !!! non mais c’est pas si on l’avait fait plusieurs fois…donc je préférais d’eux… on ne prévoit rien, à part les chan- Après il a fallu faire un choix par ce sons et c’est déjà pas mal ! qu’il y a quand même « seulement » 20 chansons…il y avait des trucs Kent (aux tit’nassels) : en fait, on embarrassants genre «ah non, essaye de faire de bonnes chan- celle-ci, j’en ai marre de la faire sons sur scène, hein ? L’idée c’est ou des choses comme ça»…des quand même vachement ça, de se chansons un peu diffi ciles comme faire plaisir à chanter à 3 des chan- «vacances à paname» à un mo- sons avec de bons arrangements ment donné…maintenant, il y a de de voix, des bons arrangements nouvelles chansons qui arrivent… d’instruments, on réagit comme un groupe…j’aime vachement l’idée A : donc on est obligés d’en en- de travailler vocalement…en plus lever…ce soir, on avait prévu de on a des voix qui vont bien ensem- faire «à cent à l’heure» pis comme ble…je suis la voix grave, moi, le programme qu’on avait prévu évidemment (rires d’Axl), y a pas était un peu trop long et qu’on en page 30

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la barbichette différent que ça…je ne suis pas connaissait pas pourtant c’est dans j’en n’ai rien à péter de ça, au très loin de leur monde actuel et un pub où il va très souvent… contraire, plus c’est improvisé et 10 ans en arrière j’étais complète- mieux c’est, quoi… ment dans cette histoire-là…, ce A : oui, on a fait découvrir Roanne Tous les 3, on s’encourage, avec n’est pas quelque chose qui chan- à Kent une espèce de dzidzit avec les ge tant que ça fi nalement…on se doigts ou je sais pas quoi… retrouve sur un même terrain… K : et eux, déjà, de toute façon ! après ça peut être technique, ce Ils me connaissaient, moi je ne les S : un petit truc avant de monter qui est rigolo, c’est effectivement, connaissais pas, c’est déjà beau- sur scène la façon d’écrire des chansons…je coup… ne sais pas si ça parle vraiment à A : ou le panier de chats…c’est un tout le monde mais le choix d’ac- V : Après les disques et les con- accolade de têtes avant d’aller sur cords pour faire un couplet ou un certs, vous vous êtes décou- scène refrain… «oh tiens, c’est marrant, verts en coulisses… je n’y aurais pas pensé à celui-là K : une accolade à 3…parce que !» et devoir apprendre ces chan- S : je ne le pensais pas aussi c’est mieux ! sons-là, je lui pique des plans et stressé, lui… je pense qu’il fait pareil…c’est ce V : une question plus générale… que les musiciens professionnels K : je suis hyper stressé… à quoi sert la chanson ? font de leur vie, c’est de jouer avec plein d’autres gens et de pouvoir S : avant un concert… K : à celui qui l’écoute, c’est toi s’enrichir comme ça et un artiste qui réponds ! à celui qui l’écrit…ça jamais, c’est toujours son réper- K : et même sur scène…c’est moi c’est mon point de vue, depuis toire, point, et après il est bloqué qui fais le plus de pains… quelques temps, je pense que là-dedans et euh… les artistes sont des malades, les S : non, ça non…mais c’est nou- auteurs compositeurs aussi et c’est A : et c’est con ! veau, je lui ai choisi sa chemise une manière de se soigner en se aujourd’hui ! faisant du bien…voilà, au lieu d’al- V : et vos points communs, ler chez un psy et de payer cher la alors ? K : j’aime bien parler chiffon avec séance, on monte sur scène et on Sophie, Axl il s’en fout…moi c’est fait profi ter de nos symptômes à K : c’est elle ! (désignant Sophie) mon côté coquet si tu veux… ! un public qui les partage aussi, qui (rires) est content d’entendre qu’il n’est On a pas mal de références en V : vous avez besoin de concen- pas le seul à avoir des problèmes commun oui mais ce qui est inté- tration ? et que l’artiste le dit bien, je crois ressant aussi, c’est les références que c’est vraiment ça, quoi… qu’on n’a pas ! Du coup, on pas- K : j’ai l’impression qu’ils s’en fou- se vachement de temps ensem- tent ! (rires) non, non, je dis des S : pareil… ble alors j’écoute des trucs que conneries ! je n’écouterais pas…c’est assez C’est hyper détendu, ça c’est A : je suis d’accord ! marrant… clair…ce que j’essaie d’être et que je ne suis pas… K : si tu veux, encore, c’est la S : et nous pareil… version sage de l’histoire…la ver- S : oh ben ça va quand même ? sion dure c’est que les gens qui K : les points communs, ça fi nit par montent sur scène ont un besoin être réducteur, les différences, ça K : je joue un peu la comédie, d’amour irrépressible qu’ils ne ouvre…faut aimer les gens pour c’est la méthode Couet…«allez, trouveront jamais d’ailleurs…c’est leurs différences, pas pour leurs je suis détendu, je suis détendu… pour ça, je trouve que même le points communs… Par exem- », j’ai passé les gris gris, je suis pire des chanteurs qui va chanter ple j’ai fait découvrir la couac, sorti de ça, je ne suis pas supersti- dos au public en les insultant, ce très bonne bière, à Axl qui ne tieux, je n’ai pas besoin d’un rituel, qu’il demande, c’est qu’on l’aime, page 31

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la barbichette reportage le jour où il aura compris ça…faut pas se le cacher…l’art, l’art…c’est « je veux qu’on m’aime », c’est tout. GRAND PRIX CLAUDE LEMESLE V : Est-ce que c’est utile ? K : d’être aimé ?!!! Première édition de ce prix chan- les Victoires des artistes ayant un V : la chanson… son destiné à donner un coup de parcours déjà étoffé, scène et/ou projecteur à des artistes disons disque, ou chanson en play-list, le A : Pour soi, oui, comme l’expli- «en développement» ou plus Prix Claude Lemesle est plus près quait Kent, c’est un exutoire… exactement en auto développe- de la source, de ce moment fra- ment. gile, sorte de printemps de l’artiste S : c’est utile pour les gens qui se reconnaissent… Hasard heureux, Mademoiselle qui commence à être dans le mé- Sane que LDDLO accueille dans tier, et qui est confronté à toutes A : c’est utile de passer un bon ses colonnes depuis le numéro 3 les diffi cultés pour passer à l’étape moment… fait partie des fi nalistes. Avec 11 suivante. autres postulants ayant atteint le Il faut trouver une structure pour K : je ne sais pas comment c’est stade de la fi nale. tourner, assurer une communica- pour vous maintenant par ce que Encore un prix de ceci ou cela ??? tion effi cace, s’autoproduire pour là aussi pour le coup il y a un dé- Ca prouve que la chanson franco- faire une maquette de disque, calage dans le nombre d’années phone est en bonne santé, et que autant de tâches qui entament son de pratique, je sais que cette part l’offre est abondante. Ce n’est pas temps et son énergie. Avec l’obli- de « je te raconte, ça fait du bien le refl et qu’en donnent les grands gation d’avoir un pied sur scène et quand j’écris », après quand je suis sur scène, je ne pense plus à médias, mais le fait est là, la scè- l’autre dans un métier alimentaire moi mais aux gens, faut qu’ils pas- ne chanson se porte bien, l’offre la plupart du temps. L’exercice sent un bon moment…mais c’est est riche et diversifi ée.. n’est pas toujours facile à réussir. pas forcément pouêt pouêt, dé- Claude Lemesle, un des auteurs Le prix Claude Lemesle met l’ac- mago, dire «vous êtes formidables les plus réputés s’est toujours im- cent sur des chansons inédites, et tout ça», c’est vraiment offrir de pliqué dans les actions de soutien et des chansons prises dans leur belles chansons sur scène, un bon à la création-chanson. Lorsque ensemble, voix-texte-musique, spectacle…il y a la part viscérale Xavier Rémi envisage de créer une c’est-à-dire ce qui touche l’oreille et après, il y a la part de vitrine… rampe de lancement qui serait une du public dans la première appro- Ce que t’as à prouver, c’est que antichambre des Prix Constantin che la plupart du temps. Ensuite, t’as écrit une chanson et qu’elle ou des Victoires de la Musique, on peut disserter sur les éléments plaît, c’est tout bête…c’est là où tout se rejoint, le keupon de base, il invite Christophe Andréani pour dissociés, la voix ; la musique, le le chanteur engagé, la petite nana la direction artistique du projet, et texte… ou le petit mec qui va dans la star le nom de Claude Lemesle s’im- Les 12 artistes retenus dans cet- academy, à un moment donné, on pose naturellement pour en être le te fi nale sont tous représentatifs se rejoint tous dans la même his- symbole, c’est donc un concours de cette veine qui a vu naître les toire, on a juste envie de dire « j’ai de chansons françaises inédites Bécaud, Fugain, Joe Dassin, Re- bien travaillé, j’ai du talent et ça se ouvert à tous les interprètes, qu’ils ggiani, pour citer quelques uns reconnaît » soient auteurs et/ou compositeurs des artistes ayant travaillé avec ou interprètes de chansons origi- Claude Lemesle. S : il parle bien, hein ? nales. La fi nale mettait en scène, par or- Propos recueillis par Si le prix Constantin reconnaît dre d’apparition Stéphane Corbin, Valérie Bour les talents venus de la scène, et Elsa Gelly, Darvel, Xavier Michel, page 32

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Clémentine, Julie Darnal, Bastien «Venise n’est pas en Italie» puis eu le Prix du Public du Concours Lucas, Mademoiselle Sane, Sa- elle a fait un duo avec Jérémie Claude Lemesle. jen, Cécile Nodie, Pascal Mary et Bossone sur «Faut faire avec» Elle n’a pas fait que ça, elle a Jérémie Bossone. … Michel Fugain, présent dans ouvert la seconde partie du spec- Claude Lemesle a donné son coup le jury vient sur scène pour parler tacle, en duo avec Sajen, et avec de cœur à Xavier Michel ACI qui a «son» Claude Lemesle, et dans Nicolas Trajan à la guitare, pour la chanté «Caravelle». le portrait qu’il esquisse de cet chanson Le public a donné son prix à Ma- homme cultivé et raffi né, on peut «Les adieux qui se passent trop demoiselle Sane pour «Folle-din- retrouver cet extrait qui le défi nit bien…» de Joe Dassin, et Claude gue», et le jury a récompensé parfaitement…» (il a) cette poé- Lemesle. Bastien Lucas ACI, «comme à la sie populaire qui fait entrer Marie Duo impeccable, comme s’ils guerre». Laurencin dans les hits parades» avaient fait ça toute leur vie, alors Comme dans tout concours de (les amateurs de peinture savent qu’ils ont découvert partenaire et niveau relevé, on aurait aimé at- de quoi il est question, pour les chanson dans l’après-midi. tribuer quelques accessits à des autres, réécoutez tout Joe Dassin, Mais avant d’aller plus avant, il artistes attachants, l’émouvante et dans une de ses chansons il en faut que je vous présente Nicolas Julie Darnal, ou Sajen, Elsa Gelly parle, de Marie Laurencin…Amie Trajan ; le guitariste partenaire de ou Jérémie Bossone, mais bon, des cubistes, et d’Apollinaire sty- Mademoiselle Sane, d’abord je lui c’est comme ça… quoi qu’il en lisation élégante, coloris délicats présente mes excuses, dans le nu- soit, nos lecteurs fi dèles partage- comme dit le grand Robert, un méro précédent, un amphigouri in- ront notre enthousiasme «Prix du érudit qui a des lettres, et de la formatique a perturbé bizarrement Public» avec Mademoislelle Sane peinture si j’ose dire. certains articles, et Nicolas Trajan présentée dans le numéro d’Avril, Les premiers qui trouveront la est devenu «Mathieu………» puis en Mai pour ses concerts au chanson en question gagneront Parce qu’entre la rue Simart où Point Virgule et qu’on retrouve une invitation, ou un CD ou une ils naissent et Ménilmontant où ils lauréate d’un public assez divers , tablette de chocolat, selon les dis- deviennent écran-web, soit 2400 très chaleureux, et très réactif. ponibilités du moment. Un indice mètres à vol de moineau, les écrits A remarquer l’excellente organisa- ? Le titre de la chanson rime avec font un détour du côté de la stra- tion de la soirée à créditer à Xa- Marie Laurencin… tosphère, ou plus loin, on sait pas vier Rémi et Christophe Andréani, Norbert Gabriel trop, et dans ces voyages infor- avec une seconde partie épatante matico-stratosphériques, il doit se où les artistes invités ont com- www.grand-prix-claude-lemesle.com passer des choses bizarroïdes… posé des trios, des duos ou des Certains articles sont arrivés in- quatuors pour recréer quelques tacts, d’autres ne sont pas arrivés chansons de Claude Lemesle , du tout, et en refaisant le dactylo- proposées par Xavier Rémi ce qui graphe frénétique pour livrer avec a permis aux artistes de découvrir MADEMOISELLE SANE des chansons avec une oreille et NICOLAS TRAJAN neuve, chansons qu’ils n’auraient Prix du Public pas pensé spontanément à mettre à leur répertoire. Je vous l’avais dit qu’on en re- Exercice qui confi rme les quali- parlerait. Le public du Théâtre de tés des interprètes, et montre une la Gaîté Montparnasse a mon- autre facette de leur talent, soit sur tré son enthousiasme pour cette le plan vocal, soit musical, ainsi «Folle dingue» de Mademoiselle Julie Darnal excellente pianiste, Sane, elle a eu le Prix du Public subtile, sensible, qui a accompa- du Concours Claude Lemesle. gné Gérard Berliner venu pour Elle n’a pas fait que ça, elle a page 33

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5 jours de retard au lieu de 7 ; Les amateurs, et les autres, peu- des lignes se sont transformées, vent vérifi er que la guitare quand j’avais rien bu d’anormal, rien elle est dans les bras de Nicolas LES OREILLES fumé non plus, et j’ai rien vu dans Trajan sait se faire enjôleuse, ra- A L’OUEST l’article où Nicolas Trajan est de- geuse, féline, percussion souple venu un «Mathieu …….» d’autant et discrète… 3ème épisode plus incongru que je n’ai pas de Dans la lignée des Henri Crolla C’est l’été… Mathieu guitariste dans mes con- ou Jean Félix Lalanne, solistes de La saison des grillades, de la naissances, à part Mathieu M bien haut vol et accompagnateurs ex- sangria et des festivals. sûr, mais je le connais comme tout ceptionnels. le monde, ni plus ni moins.. Voilà. Pour revenir au Prix du Public, je Le festival des festivals L’autre raison, la meilleure, c’est n’ai pas été le seul à remarquer le que j’avais très envie de vous pré- talent de Nicolas Trajan, et bien Du Festival du cochon de Sainte- senter ce musicien qui est un par- sûr, de Mademoiselle Sane. L’ap- Perpétue (et si on en croit Juliette tenaire, pas seulement un accom- plaudimètre laissait déjà préjuger «Tout est bon dans l’cochon») au pagnateur interchangeable. du résultat, et les votes ont con- Festival International de Jazz de Dans le duo «Mademoiselle Sane» fi rmé. Montréal (qui rassemble quelque qui est la plupart du temps un duo Le but du Prix Claude Lemesle 2 millions de personnes chaque voix-guitare, Nicolas Trajan ap- étant d’être une rampe de lance- année), le Québec est le paradis porte un paysage musical riche et ment vers d’autres développe- des festivals. On compte au moins diversifi é ments, 17 événements majeurs à Mon- A aucun moment on ne pense qu’il il faut maintenant que Mademoi- tréal, et ce, juste pendant l’été. faudrait un ou plusieurs autres ins- selle Sane puisse s’exprimer sur Les festivals d’ici sont de gigan- truments. des scènes assez nombreuses tesques fêtes qui proposent des Et pourtant, avec une fi lle de scène pour continuer , et vivre, si possi- activités payantes, en salle, et très exubérante comme Mademoi- ble de son métier. d’autres gratuites, en extérieur. selle Sane qui passe d’une fresque Car la situation est telle que la On peut se promener des heu- picaresque dans «Folle Dingue» à plupart des artistes de cette fi - res d’une scène à l’autre, pren- un univers intimiste et tout en fi - nale sont «artistes à mi-temps», dre le risque d’écouter d’illustres nesse «La petite boîte en fer», le pas encore intermittents, juste mi- inconnus. On en aime certains, rôle du musicien est déterminant, temps… Ce n’est pas toujours un pas d’autres, mais on en sort les il n’est pas tranquillement installé choix, et c’est parfois un handicap oreilles pleines de musique et le dans une convention formelle de sérieux, la vie d’artiste, quoi… sourire aux lèvres. musique fi gée collée à la partition. Parce que les fi ns de mois sept Cette longue introduction pour Il faut être attentif et réactif pour fois par semaine, c’est bien pour vous parler, vous m’avez vu venir suivre les fulgurances et les varia- le folklore et la légende, et ça peut de loin, des Francofolies de Mon- tions improvisées d’une fi lle très faire une belle chanson, d’ac- tréal. Et si j’ai critiqué dans une expressive, ne pas avoir le nez cord… chronique précédente le manque dans la partoche, il faut coller au Nous essayerons de suivre les de choix d’artistes québécois aux plus près, être en totale fusion… aventures des lauréats de ce prix Francos de La Rochelle, le petit Et c’est assez rare de réussir ce Claude Lemesle histoire de voir frère de Montréal est une mine so- pari ; à se demander comment les incidences éventuelles sur leur nore sur toute l’actualité musicale d’autres musiciens peuvent s’inté- carrière de ce tremplin. francophone d’ici et d’ailleurs. Pour grer avec succès dans ce duo.. Pour Mademoiselle Sane, vous les québécois et les expatriés qui On devrait pouvoir le vérifi er le aurez de ses nouvelles, c’est pro- ont du mal à se tenir au courant, 21 juin, puisqu’ils seront rue des mis. c’est l’occasion idéale de décou- Martyrs pour la Fête de la Musi- vrir ce qui se passe sur la scène que avec un ou deux partenaires Norbert Gabriel française… la meilleure comme la en plus. pire ;-). page 34

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Comme pour une bonne recette, Pour commencer par le positif, je il faut les bons ingrédients (lisez choisis de retenir l’émotion de voir les interprètes), le bon assaison- un public généreux qui n’a qu’un nement (lisez les arrangements), seul désir : faire savoir à l’artiste le coup de main du cuistot (lisez qu’il l’aime. Le mouvement spon- la direction artistique) et surtout tané de la foule qui s’est levée beaucoup, beaucoup d’amour. pour le saluer, avant et après le Malheureusement, la sauce ne spectacle, était d’une force à faire prend pas toujours. monter les larmes aux yeux. Mal- Je me faisais une joie de découvrir heureusement, entre les deux, il Claude Léveillé. Mais si, vous le a fallu subir le spectacle. Malgré Mais, je ne vous abreuverai pas de connaissez, il a été l’amant et l’ac- les performances personnelles et mes commentaires sur les français compagnateur de Piaf, pour qui il émouvantes d’Isabelle Boulay et qui nous ont rendu visite, vous les a composé «Boulevard du crime» de Marie-Denise Pelletier (ancien- connaissez mieux que moi. et c’est à lui que nous devons la nement membre de Beau Dom- En plus des spectacles «tradition- chanson «Frédéric» : mage), le reste a au mieux été nels» et de la succession d’ar- sans intérêt, au pire douloureux. tistes dans des versions plus ou Je me fous du monde entier J’en profi te pour passer un messa- moins longues de leurs spectacles Quand Frédéric me rappelle ge personnel à tous les interprètes originaux, les Francos imaginent Les amours de nos vingt ans : le mime aussi est un art, serrer des rencontres. Il y a les Grandes Nos chagrins, notre chez-soi les poings et simuler une action Fêtes d’ouverture et de clôture, Sans oublier avec ses bras ne fait pas néces- spectacles extérieurs gratuits qui Les copains des perrons sairement passer une émotion. Ça peuvent réunir par beau temps Aujourd’hui dispersés aux quatre peut même être parfaitement ridi- plus de 100 000 personnes, les vents... cule! Comme dirait un animateur cartes blanches, formule que les d’ici «c’était mon opinion et tout le habitués de La Rochelle connais- Ici, Claude Léveillé est bien plus monde a droit à mon opinion». sent bien, et les spectacles hom- qu’un auteur-compositeur-inter- Enfi n, tout ceci n’enlève rien au ta- mage. prète. C’est une institution. Un lent de Claude Léveillé. Pour plus morceau du patrimoine culturel. d’informations, visitez le : Les Francofolies de Montréal Lorsqu’il est tombé malade, le mi- www.qim.com/artistes/ méritent une visite. Pour plus lieu a préparé un disque homma- biographie.asp?artistid=120. d’infos (ou pour réserver vos ge, destiné à fi nancer ses soins L’émission Fréquence Libre, dont places pour 2007) : à domicile. Tout naturellement, j’ai déjà parlé, a fait une entrevue www.francofolies.com la version studio s’est prolongée avec l’auteure de sa bio, que vous dans un projet scène dans le ca- pouvez également écouter au : L’amour du public efface tout, dre des Francos. www.radio-canada.ca/radio/ même les mauvais spectacles! emissions/document.asp?docn umero=3822&numero=1354. En théorie, j’aime bien les specta- cles-hommage. C’est souvent l’oc- Heureusement, il y a des spec- casion de redécouvrir le répertoire tacles qui sont non seulement d’artistes vu et réinterprété par bons, mais qui vont vous ren- d’autres. Mais c’est aussi particu- dre visite ! lièrement utile pour remonter le temps et faire connaissance avec Une de mes meilleures soirées des artistes d’autres générations. pendant les Francos, c’était un Réussir un spectacle-hommage doublé avec la délirante et sym- est un exercice délicat. pathique française Camille (que page 35

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reportage histoire de je ne vous présente pas) et le Un disque qui mélange avec bon- québécois Yann Perreau. Et lui, heur «pop, rock, chanson, musi- je vais vous le présenter d’autant que électronique, guitare abra- «Toulouse» plus qu’il sera de passage à Cap- sives, violons gracieux, boucles de Claude breton, pour Déferlantes franco- rythmiques, poésie brute et moel- NOUGARO phones les 26 et 28 juillet, à Saint leuse» (la formulation est tirée de Malo, au Théâtre Chateaubriand la critique 4 étoiles du journaliste les 1er et 2 août, et à Beaumont Alexandre Vigneault, La Presse). Nous sommes en 1967, la carrière du Lac (Limousin), au Festival Attention, il suffi t de quelques de Claude Nougaro entre jazz et Beaumont du Québec le 7 août. Si écoutes pour que cet album crée java stagne. Oui, le public boude vous passez dans le coin, ne ratez une dépendance. l’auteur d’Une petite fi lle, de Cé- pas cette occasion ! Non seulement les disques sont cile, de Quatre boules de cuir. De Celles et ceux qui fréquentaient la bons, mais Yann Perreau a une nouvelles nuits blanches, et sur Salle Bleue de La Rochelle au mi- présence dévastatrice sur scène. son écran noir mental, il écrit, pui- lieu des années 90 se souviennent Il brûle littéralement les planches. se dans ses souvenirs, son ado- peut-être de Doc et les chirurgiens. Il vibre au rythme de la musique et lescence douloureuse. Ses pa- rents, un père baryton, une mère Yann Perreau, c’était le chanteur. nous entraîne avec lui. Deux heu- pianiste, souvent absents et ses Après un détour du côté du théâ- res d’intense plaisir… N’oubliez échecs scolaires. La ville rose, sa tre et des marionnettes, il retourne pas de prévoir des bonnes chaus- ville, ne lui inspire que violence et à la musique et lance en 2002 un sures pour danser jusqu’à la der- désespoir, et puis Nougaro repen- album sous le titre de Western nière note. se le texte, un cri d’amour. Nou- Romance et récolte plusieurs ré- Vous pouvez écouter des extraits veau coup d’arrêt, sa maison de compenses avec ce premier opus des albums de Yann Perreau et disque et les programmateurs des (entre autres le Prix Félix-Leclerc suivre son agenda de scène en vi- radios sont sceptiques, Hélène la de la chanson en 2003). Si les ra- sitant le www.yannperreau.com. dernière femme du poète raconte: dios ont retenu la chanson «Ma dope à moi», personnellement, Le Caribou masqué « Sa femme Odette à l’époque lui avait dit « mais quand on parle de je vous recommande plutôt «Fille sa ville natale on n’en parle pas d’automne» et l’extraordinaire re- Sur le web, en baladodiffusion (po- comme ça » et Claude avait ré prise de «On m’a oublié», de Ri- dcast comme on dit aux Etats-Unis écrit le texte, et c’est devenu un chard Desjardins (je ne devrais de France), par radio satellite… tous hymne à sa ville. Je sais que cette pas l’avouer, mais je préfère cette les supports sont possibles pour le chanson était quand même assez version à l’originale). www.bandeapart.fm, une station longue, même à l’époque, pour La musique de Yann Perreau c’est consacrée aux musiques émer- les radios, et qu’elle a été pres- un juste équilibre entre l’électri- geantes. Ils se décrivent comme que imposée par Gérard Klein qui que, l’acoustique, l’électronique et suit : «On aime tout ce qui sort des l’a vraiment diffusée. C’est grâce les sonorités du Monde. Une pro- boîtes, ce qui n’entre pas dans une à ça effectivement peut être que ductrice française de ma connais- catégorie, tout ce qui dérange les Claude a été à l’époque relancé protocoles de classement. On aime dans sa carrière. » sance qualifi erait probablement ses textes de «trop québécois», aussi les rencontres entre les uni- vers musicaux les plus incongrus, Toulouse permet à Claude Nou- comme si c’était un défaut. Per- mais ce qu’on aime le plus, c’est garo de revenir sur le devant de sonnellement, j’entends une écri- les provoquer : un quatuor métal la scène. ture enracinée et actuelle. C’est et 13 musiciens classiques, un duo Et en 1969 il connaît la consécra- une question de point de vue. techno dans un cloître, le roi du tion avec un premier passage en Après le succès de Western Ro- country avec les «bums» du rock vedette à l’Olympia. Pour lui, une mance et un grand nombre de alterno, des jeunes avec des vieux renaissance. concerts, Yann Perreau nous a bref, tout ce qui, en apparence, ne offert Nucléaire en 2005. semble pas vouloir se côtoyer.». Germain Treille page 36

le doigt dessus sur les ondes

Radios On verra en Septembre si ces et médias mauvaises pensées sont fondées. Mais la lecture des crédits sur les COMME NOUS DANS livrets est très souvent instruc- Un récent canular a mis l’accent tive, je vous laisse juger par vous- sur quelques étrangetés, réelles même. ou supposées, du mode de sé- lection de la Nouvelle Star, et des - Finalement, le seul point énig- pratiques occultes de la chaîne. matique concerne une éventuelle Une enquête s’imposant notre infl uence du jury pouvant «rattra- service investigations vous livre per» en cas de catastrophe… en exclusivité la synthèse de l’af- faire. Mais bon, on ne voit pas vraiment Il apparaît clairement que depuis comment Christophe aurait pu se le début Christophe est largement vautrer les derniers jours au point PROFITEZ en tête dans les votes des télés- d’être éliminé. pectateurs. DE VOS VACANCES POUR Et une des règles en matière sta- Reste l’interrogation sur les cou- tistique de sondages et autres étu- pures demandées dans la trans- des, dit qu’il ne faut pas prendre .ASSISTER A cription sous peine de procès, DES CONCERTS un chiffre isolé, mais la tendance mais l’entretien est en écoute et de l’ensemble. semble-t-il en intégral alors ? ? Donc, si Christophe domine lar- . PARTICIPER A Plus de bruit que de mal, et pas DES FESTIVALS gement depuis le début, y a pas de révélations vraiment scanda- de raison que ça change d’un seul leuses… . EN TANT coup. Depuis plusieurs semaines il était On peut donc en déduire sans QU’ORGANISATEURS évident que Dominique et Christo- OU BENEVOLES boule de cristal qu’à partir de Mai, phe dominaient la situation, le vrai les jeux étaient faits en ce qui le scandale eût été qu’ils ne soient FAITES-NOUS concerne. pas en fi nale. Et que l’album qu’il va enregistrer PARTAGER Quant à l’allusion aux retombées VOS EXPERIENCES en Août doit être quasiment écrit, fi nancières, on est dans un sys- d’où une question subséquente tème de télévision commerciale, sur la part d’autonomie de l’artiste ADRESSEZ pas dans le mécénat désintéres- VOS CHRONIQUES, lauréat le 10 juin et qui doit bou- sé, ce qui n’a rien de honteux tant cler un album de 12 chansons en ARTICLES, que les choses sont claires, on PHOTOS Août…. paye en votant pour les candidats, d’où la nécessité d’un peu de sus- - Il apparaît aussi que Dove Attia NOUS SERONS pense. HEUREUX est très lucide sur la qualité de Il reste que cette année, la qualité certains albums faits après ces D’EN PARLER du spectacle offert par les candi- DANS UN concours, avec probablement dats et les musiciens qui les ac- une main mise hégémonique de PROCHAIN compagnaient, emmenés par le NUMERO la structure mère qui entend bien très talentueux Frank Sitbon, était récupérer les dividendes au maxi- exceptionnelle, ils se sont tous fait mum, en imposant des choix com- plaisir , c’est quand même le prin- [email protected] merciaux ou des partenaires-mai- cipal. son… Norbert Gabriel page 37

l’air du temps

par ignatus Implication de niveau 2 : La digue attire en priorité les propriétaires de chiens et de jeunes enfants à roues ou à roulettes (landaus, poussettes, vélos, rollers, etc.). Elle attire également l’amateur de prestation so- FACE A ciale qui cherchera du regard les untel pour faire quel- ques amabilités et plus si affi nité. C’est une distraction LA MER très appréciée par les bourgeois des stations chics, la rencontre inopportune sur la digue étant toujours l’oc- Face à la mer, nous casion du fameux «brin de causette» qui fait passer le notons quatre niveaux temps et renforce le sentiment de classe. d’implication : la voiture, Implication de niveau 3 : Le sable a cette particulari- la digue, le sable, l’eau. té d’offrir un cadre idéal à deux tempérament opposés : l’actif et le passif. En effet, l’actif peut à loisir marcher, Implication de niveau 1 : Je me gare face à la mer et je la re- courir, pelleter, construire, piloter et s’impliquer dans garde de la voiture. Quelques audacieux parfois entrouvent la de nombreux jeux individuels ou collectifs. Pendant ce fenêtre mais il est bien entendu hors de question de descendre temps, le passif reste allongé. Parfois il lit, mais seule- de l’auto, car, à l’extérieur menace le monstre tentaculaire qui ment quand il est sur le ventre sinon ça fait de l’ombre affaiblit le corps et l’esprit : le vent ! Le vent qui apporte cette et ça perturbe le bronzage. chose terrible que l’on attrape malgré soi : le froid. Donc, la Implication de niveau 4 : L’eau attirera surtout l’actif. consigne est de ne pas sortir de l’auto pour ne pas attraper Au-dessus ou en-dedans, il pourra libérer cette for- froid car comme chacun sait, à la mer, midable énergie qui sommeille en lui. De temps en il est plus facile d’attraper froid que d’attraper des mérous. Et il temps, il croisera un passif qui vient se rafraîchir. est d’autant plus considéré comme dangereux de sortir de sa Les passifs sont faciles à reconnaître : ils mettent un voiture que cela impliquerait la marche, donc un effort physi- temps fou à entrer dans l’eau et ils hurlent quand ils que qui risquerait d’affaiblir l’organisme et de le rendre d’autant se font éclabousser. Mais bon, comme tout le monde, plus vulnérable aux attaques mesquines du vent. une fois dedans, ils la trouvent bien bonne. www.ignatub.com les doigts de la main

la rédaction

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Rédacteurs Valérie Bour . Le Caribou Masqué . Pierre Derensy . Clémentine Deroudille . Isabelle Dupuy . Norbert Gabriel . Sophie Tournel. Séverine Gendreau Eric Mie . Mélanie Plumail . Germain Treille

Rédacteurs exceptionnels Rendez-vous au prochain numéro le 31 août Fred Pallem (révélation française Victoire de la mu- «Faites passer, si vous brisez la chaîne sique Jazz 2006 avec le Sacre du Tympan) . Ignatus . il ne vous arrivera rien... Polo . Fabien Martin . Chanson Plus Bifl uorée et ce serait bien dommage»

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