Les Corps Troublants Du Cinéma Français, Mise En Scène De La Transgression Et De La Violence Ordinaire (1986-1999)
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Les corps troublants du cin´emafran¸cais,mise en sc`ene de la transgression et de la violence ordinaire : 1986-1999 Laurie Deson Leiner To cite this version: Laurie Deson Leiner. Les corps troublants du cin´ema fran¸cais, mise en sc`enede la trans- gression et de la violence ordinaire : 1986-1999. Musique, musicologie et arts de la sc`ene. Universit´eMichel de Montaigne - Bordeaux III, 2013. Fran¸cais. <NNT : 2013BOR30040>. <tel-01375168> HAL Id: tel-01375168 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01375168 Submitted on 3 Oct 2016 HAL is a multi-disciplinary open access L'archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destin´eeau d´ep^otet `ala diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publi´esou non, lished or not. The documents may come from ´emanant des ´etablissements d'enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche fran¸caisou ´etrangers,des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou priv´es. Université Michel de Montaigne Bordeaux 3 École Doctorale Montaigne Humanités (ED 480) THÈSE DE DOCTORAT EN « Arts» Les corps troublants du cinéma français, mise en scène de la transgression et de la violence ordinaire (1986-1999) Présentée et soutenue publiquement le 20 novembre 2013 par Laurie DESON LEINER Sous la direction de Pierre BEYLOT Membres du jury Pierre BEYLOT, Professeur, Université Bordeaux 3 Frédéric GIMELLO-MESPLOMB, Professeur, Université d’Avignon et des pays de Vaucluse Geneviève SELLIER, Professeur, Université Bordeaux 3 Ginette VINCENDEAU, Professeur, King’s College (Londres) 3 4 Sommaire SOMMAIRE 5 REMERCIEMENTS 7 INTRODUCTION 10 I. DES CORPS OBSCÈNES ? 21 I.1. Objets du scandale 25 I.1.1. Chronique d’un double scandale : le bruit et la fureur 28 I.1.2. Le cas Tenue de soirée 38 I.1.3. Un homme sans foi lève le poing 46 I.1.4. Les corps brutalisés de L’Humanité 55 I.2. Du ridicule assumé aux images troublantes 66 I.2.1. Un monde sans trace de la modernité 67 I.2.2. Du rire aux larmes, un cinéma sérieusement grotesque ? 79 I.2.3. Troubles de la vision, les spectres parmi les hommes 88 I.3. Les institutions qui façonnent et déforment les corps. 98 I.3.1. De la délinquance 101 I.3.2. Le système éducatif ou la stratégie de l’échec 112 I.3.3. La loi et le désordre, critique de la justice des hommes 124 II. LES CORPS DE LA MARGE : 139 II.1. Le « Corps social » brisé 144 II.1.1. Le monde ouvrier de la révolte au renoncement 147 II.1.2. Le goût de la violence 162 II.1.3. Le corps est-il l'outil du pauvre ? 176 II.2. Bannis de la ville : vivre en périphérie 188 II.2.1. La banlieue, espace du marginal 192 II.2.2. Vers le Nord, aux confins de la marge. 204 II.2.3. Les bas-fonds, espaces sacrés et espaces déviants 216 5 II.3. Le mystique, le nouveau marginal ? 228 II.3.1. Quitter le monde 231 II.3.2. Affronter les forces du mal 243 II.3.3. Sur le chemin de la sainteté 256 III. LE CORPS TROUBLÉ DE L’ACTEUR 267 III.1. Interroger les limites de la direction d'acteurs 272 III.1.1. L'acteur amateur : les corps vrais sont-ils trompeurs ? 274 III.1.2. Débutantes et icônes, l’art du mélange. 289 III.1.3. Improvisation et répétitions 304 III.1.4. Le corps éprouvé : la confusion de sentiments 322 III.1.5. Expérimenter sur le terrain de la transgression 332 III.1.6. L’acteur face à sa pudeur 342 III.2. Posséder le corps de l’acteur 354 III.2.1. Tourner en toute complicité 357 III.2.2. L’acteur objet du désir 367 CONCLUSION 384 CORPUS 389 FILMOGRAPHIE DES RÉALISATEURS DU CORPUS 398 TABLE DES ILLUSTRATIONS 401 INDEX DES FILMS CITÉS 405 BIBLIOGRAPHIE 409 TABLE DES MATIÈRES 431 6 Remerciements Je remercie Pierre Beylot pour avoir dirigé cette thèse de doctorat avec conviction et je le remercie également pour sa bienveillance ainsi que ses encouragements. Ma reconnaissance va à l’ensemble de l’équipe de l’Université de Bordeaux qui m’a soutenue et aidée à mener ce travail à son terme. Merci à Anita Léandro (Université fédérale de Rio de Janeiro) qui par ses précieux conseils à diverses étapes de ma recherche m’a accompagnée dans ce travail. Merci à Jean-Claude Brisseau de m'avoir accordé plusieurs entretiens qui ont considérablement enrichis ce travail. Je remercie également Lisa Hérédia pour ses récits de tournages et ses anecdotes. Merci à Marc-Olivier Molon pour ses précisions techniques concernant le travail de Bruno Dumont. Je souhaite remercier tous ceux et toutes celles qui par leurs suggestions, leurs remarques et leurs enseignements de recherches m’ont fournis de nouvelles pistes de réflexion pour ce travail. Enfin je tiens à remercier tout particulièrement mes proches tout d’abord Maël pour sa patience et sa foi en ce projet, mais aussi Marion, Sébastien, Tony, Laurent, Mireille ainsi que tous les autres qui m’ont soutenue dans ce projet de longue haleine. 7 8 « Cessant d’appartenir à un monde fantastique et tragique, à un monde de la destinée humaine, le travailleur libre s’est voué à son travail, il s’est mis à confondre son existence avec sa fonction, à prendre sa fonction pour son existence. »1 Georges Bataille « Passez en revue, analysez tout ce qui est nature, toutes les actions et les désirs du pur homme naturel vous ne trouverez rien que d'affreux. Le crime dont l'animal humain a puisé le goût dans le ventre de sa mère est originellement naturel. La vertu au contraire est artificielle, surnaturelle... Le mal se fait sans effort, naturellement, le bien est toujours le produit d'un art... » 2 Charles Baudelaire « Non pas que le corps pense, mais obstiné, têtu, il force à penser, et force à penser ce qui se dérobe à la pensée, la vie. […] Les catégories de la vie, ce sont précisément les attitudes du corps, ses postures. »3 Gilles Deleuze 1 G. BATAILLE, La Sociologie sacrée du contemporain (1938), Éditions Lignes Manifeste, Paris, 2004, p.35. 2 C. BAUDELAIRE, « Curiosités esthétiques, XI, Éloge du maquillage », in Œuvres, Paris, Bibliothèque de la Pléiade, 1956, p.911-912. 3 G. DELEUZE, « Cinéma, corps, cerveau et pensée » in L’image temps, Paris, Les Éditions de Minuit, 1985, p. 246. 9 Introduction Le 21 mai 1973 suite à la projection de La Grande Bouffe de Marco Ferreri, un nouveau scandale éclate au Festival de Cannes. Le suicide gargantuesque de quatre bourgeois désenchantés déclenche des cris et des huées dans la salle. Certains spectateurs partent avant la fin de la projection. Le film « physiologique »1 comme se plait à l’appeler Marco Ferreri dégoute le public et une partie de la critique ce qui ne l’empêchera pas d’attirer 2,8 millions de spectateurs2 dans les salles françaises. Le Festival de Cannes a eu depuis sa première édition en 1946 son lot de polémiques, de sifflets et de huées. Un film qui dérange et qui déclenche des réactions violentes dit forcément quelque chose de la société qui le rejette. Pour prendre la mesure du scandale, le Festival de Cannes est un bon repère car c’est la caisse résonante du cinéma. La Grande Bouffe dépeint un milieu bourgeois qui accumule sans fin et représente une identité masculine en crise. Ces corps bouffis et repus, personnifiés par Marcello Mastroianni, Michel Piccoli ou Philippe Noiret, grandes stars des années 1970, représentent les excès de la société de consommation. Les scandales cannois des années 1980- 1990 mettront en lumière des corps plus modestes issus de milieux populaires. La surexposition du cinéma bourgeois des années 1970 dissimule le cinéma militant qui en parallèle tente de réveiller les consciences en se battant pour les droits des femmes ou pour des meilleures conditions de travail pour les ouvriers. Après le corps militant des années 1970 qui luttait pour une vie meilleure, le corps des années 1980 ne se définit plus par le travail qui se fait de plus en plus rare. Le corps des milieux populaires est au mieux ignoré au pire stigmatisé. A l’aube des années 1980 la jeunesse populaire a beaucoup de mal à se construire. Pourtant la société française de la fin des années 1970 se tourne de plus en plus vers la jeunesse. Les lois intègrent les évolutions que la société tolérait tout en les dissimulant. La liberté des femmes à disposer de leur corps est facilitée par le droit à l’avortement, la possibilité du divorce par consentement mutuel et un accès plus facile à la contraception. Les années 1970, libératrices de la morale et de la parole laissent place à un monde nouveau basé 1 M. FERRERI, JT 20H, ORTF « Festival de Cannes "La grande bouffe" et "Far West" », 22 mai 1973 http://www.ina.fr/video/CAF97519493 consulté le 10 mai 1012. 2 Source JP’S Box office, http://www.jpbox-office.com/fichfilm.php?id=8528, consulté le 29 mars 2013. 10 sur la réussite individuelle. Les radios libres fleurissent, les femmes et les hommes peuvent affirmer leur sexualité, les bourreaux enlèvent leur cagoule, ils ne donneront plus la mort dans la cour des prisons. L’homosexualité n’est plus un délit. L’argent s’expose partout. Il devient l’objectif ultime, le symbole de la réussite sociale. L’argent rend les êtres visibles aux yeux du monde.