Témoignages Confinement COVID 19 Maison d’Accueil Spécialisé et SAMSAH Dommartin-les-Toul

AVRIL MAIL 2020 ______

Soignants, résidants, personnes accompagnées, cadres, directeur, rééducateurs, gouvernante, personnel éducatif etc. Tous nous livrent leurs ressentis durant la période de confinement dans la région Nord-est de la au printemps 2020.

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Introduction

La COVID-19 est la maladie infectieuse causée par le dernier coronavirus qui a été découvert. Ce nouveau virus et cette maladie étaient inconnus avant l’apparition de la flambée à Wuhan (Chine) en décembre 2019. Petit à petit de nouveaux cas de personnes infectées par le COVID19 se sont révélés dans plusieurs pays. En Europe, la France n’a pas été épargnée. Certaines régions ont été touchées de manière intense. C’est le cas de la région Grand-Est.

Ce virus a entraîné de nombreux bouleversements : de nombreux morts, la création de services dédiés aux personnes atteintes par le virus Covid, des hôpitaux manquant de lits, la mobilisation de nombreux soignants et étudiants. Les autorités ont demandé à la population de rester chez elle au maximum : un « confinement national » pour éviter la propagation du virus et l’augmentation trop rapide du nombre de personnes atteintes par le virus. La fermeture de tout commerce qui n’était pas considéré comme de la « grande nécessité » a aussi été ordonnée. Des autorisations de sortie du domicile ont été demandées quotidiennement avec vérification intense de celles-ci par les représentants de l’ordre publique.

Ce virus a eu des répercutions humaines, économiques, sociales et politiques. La France, tout comme les autres pays, n’en sortira pas indemne. Malgré cela, il semblerait que des choses plus positives aient émanées de cette période : des prises de conscience, de la solidarité, un « retour à l’essentiel » etc. Malgré les difficultés et la peur, les professionnels de santé ont continué à prendre soin de leurs patients. Car oui, les personnes fragiles vivant en lieu de vie continuaient à avoir besoin de soins quotidiens et d’accompagnement. Alors, comment cela a-t-il été vécu ? Parfois très difficilement, toujours courageusement mais aussi parfois de manière fluide. Certaines personnes se sont même surprises à vivre positivement le confinement malgré tout.

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L’OHS de Lorraine a le plaisir de vous partager ce recueil de témoignages de professionnels de santé travaillant à la MAS Epi (Maison d’Accueil Spécialisé) et au SAMSAH EpiDom 54 (Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés à domicile). Certains témoignages ont été réalisés sous forme d’interview, et d’autres, ont été réalisés à l’aide d’une trame commune sous forme de questions données directement aux auteurs puis ensuite introduites dans ce recueil. Tous, nous livrent leur vécu du confinement, cette période si délicate et étrange. Des moments difficiles, des moments de prises de conscience, de la solidarité, des doutes, des peurs etc.

Tout au long de ces pages, on peut ressentir l’émotion, la sincérité, parfois la gêne mais l’on retrouve toujours ce désir de transparence. Ces témoignages permettent d’avoir des visions diverses et variées de ressentis du confinement pour des acteurs du médico-social durant la période de pandémie COVID 19 au printemps 2020 dans la région Grand-Est.

Et puisqu’il n’y a pas que les professionnels sur qui le confinement a pu avoir un impact, nous avons également demandé à des résidants de la MAS Epi Grand-Est et des personnes accompagnées du SAMSAH EpiDom de nous livrer, eux aussi, leur ressentis.

Merci à eux tous pour leur courage face à cet épisode particulier, ceux qui ont travaillé mais également ceux qui sont restés chez eux. Merci aux auteurs d’avoir osé nous parler de manière intime de leur ressentis profonds en dépassant la peur du jugement.

Si l’on devait résumer ce livre en un mot ce serait : SOLIDARITE. On vous laisse le découvrir à travers cette lecture.

Bon voyage au cœur du confinement.

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Leticia, gouvernante à la MAS de Dommartin-les- Toul :

De premier abord je dirais que le confinement ne m’a provoqué aucun changement dans la vie à part peut-être la fermeture des magasins. Mon ajustement face au confinement a été très facile.

Mais bien-sûr, il a eu des changements au niveau professionnel : les résidants prennent leurs repas en chambre et y restent toute la journée, les activités sont désormais en un pour un, je ne fais plus de « repas améliorés » qui leur plaisaient beaucoup. Mais comme je suis une personne qui aime le changement, je ne pense pas avoir été perturbée par ceux-ci.

Je crois que je vis tellement bien le confinement que je n’ai pas réellement envie d’être « déconfinée ». Sachant que je continue à me rendre au travail et que je ne suis pas quelqu’un qui sort beaucoup.

Mon mari par contre, est une « personne à risque ». Il ne travaille donc pas et sera ensuite en arrêt maladie. Même après le confinement je continuerai à faire attention, pour lui. Ce que j’entends par « faire attention » c’est surtout ce qui concerne les gestes barrières. Même si j’en faisais bien sûr, ces gestes n’étaient pas aussi systématiques qu’aujourd’hui. Après cette période je continuerais à respecter la vie que j’ai en ce moment, je ne pense pas retourner dans des lieux publics trop tôt, je ne sortirais que pour le travail et les courses. D’ailleurs, ça fera des économies. J’ai l’avantage de vivre en forêt et d’aimer rester chez moi.

J’ai eu peur du COVID avant que les premiers cas de la ville proche de notre structure ne soient déclarés. C’était abstrait. Et puis, bizarrement, une fois que l’on a été informés des cas à l’hôpital le plus proche, j’ai cessé d’avoir peur.

Je me souviendrais de cette période. Une période finalement calme, personne ne vient chez moi, mon mari est à la maison. La maison n’a jamais été aussi propre ! Même si j’ai des

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tendances maniaques, je m’occupe moins de l’extérieur et mon mari a profité du confinement pour s’en charger. Je rentre le soir et peux mettre les pieds sous la table, quel bonheur ! Et aussi, m’allonger dans le transat avec ce soleil des beaux jours…

Par contre j’ai bien conscience que ce confinement ne soit pas aussi facile pour tout le monde. Mon fils de 19 ans a du mal à respecter les règles. Il ne vit pas à la maison mais, depuis le premier discours présidentiel, il a déjà fait 5 domiciles. Il est allé chez son frère, puis a voulu revenir à la maison, est parti chez un ami etc. Il fait « attention » mais cela me stress quand il vient à la maison, son père est une personne à risque. Ce n’est vraiment pas simple à gérer. Je pense pourtant qu’il a conscience mais nous n’avons pas tous le même rapport aux choses.

Léa, Infirmière diplômée d’état à la MAS de Dommartin-les-Toul

Le confinement permet de se retrouver, se recentrer, renouer avec ses proches et prendre de leurs nouvelles. Il nous permet de nous concentrer sur les choses essentielles de la vie.

Pour le travail, une impression de ne plus voir beaucoup les résidants sauf pour les soins primaires. A part peut-être les week-end. Car grâce à la réorganisation et la mise en place des postes en 12heures, nous sommes plus de professionnels infirmiers et on peut prendre plus le temps pour faire les toilettes, discuter etc. Finalement ce confinement nous aura permis de travailler davantage en équipe et d’être plus proches les uns des autres.

Je pense que c’est difficile pour les résidants d’être dans leur chambre, de ne pas voir leurs familles etc.

On essaye de les rassurer, de leur proposer des sorties autour de l’établissement mais certains refusent encore et n’aiment pas trop sortir.

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Clément, Infirmier diplômé d’état à la MAS de Dommartin-les-Toul :

Concernant le confinement, je dirais une première chose qui me vient à l’esprit : les bars me manquent… (rires). Non plus sérieusement, on a l’impression de n’être plus qu’infirmier. De ne vivre plus que pour son travail. Plus de sorties, plus rien à côté.

Au travail j’ai l’impression d’avoir le mauvais rôle, mes petits « à côté » du métier ne sont plus possible avec les isolements. Avec le virus, on devait essayer de rester le moins de temps possible avec les résidants. Du coup, les moments d’échanges étaient réduits au maximum.

Quand j’entends les gens applaudir le soir aux fenêtres, je trouve ça hypocrite. Cela fait 20 ans que le système de santé est aux abois. Après le confinement applaudiront-il encore ?

J’ai pu quand même profiter de ce confinement pour développer des choses que je ne prenais pas le temps de faire avant comme méditer ou lire.

Je sens que depuis ce confinement, chacun a pu se rendre compte de la valeur de certaines choses notamment l’importance des liens sociaux. Moi qui n’étais pas très « famille », je sens que je me suis rapproché et demande davantage de nouvelles à mes proches.

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Monsieur GENIN Olivier, Directeur de la MAS Epi- Grand-Est à Dommartin-Les-Toul

Quels ont été les changements dus au confinement ?

Le premier changement a été la rapidité à laquelle il a fallu s’adapter. En effet, tout a été très vite, trop vite… il a fallu déployer une énergie considérable pour avoir les équipements nécessaires à la protection des professionnels et des résidants (masques chirurgicaux, masques FFP2, blouses, lunettes…).

Malgré la mise en place, depuis plusieurs semaines, d’équipements de protections individuelles, mise en place des gestes barrières, interdiction des visites… cela n’a pas suffi… Nous avons eu deux cas positifs au Covid 19. Plus de 30 jours plus tard, les deux résidants vont bien.

A-t-il été facile de s’ajuster ?

En plus des mesures prises, nous avons été obligés d’ajuster les plannings des professionnels afin d’assurer une prise en charge de qualité. Tous les professionnels ont adhéré à ces changements. Je les remercie une nouvelle fois pour cet investissement.

Comment vivez-vous le confinement ?

Plutôt bien, j’ai la chance de pouvoir travailler et d’habiter à la campagne. C’est plus dur pour mes enfants.

Ces ressentis ont-ils évolués au cours de la période ?

Le plus dur a été les informations, contre informations données par nos instances de tutelles.

Pensez-vous que vous vous souviendrez de cette période ?

On ne peut pas vivre un événement aussi fort sans être marqué.

Un évènement marquant ou anecdote à raconter ?

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Le soutien des familles, des gestes envers nos professionnels et résidants fleurs pour le personnel (par un inconnu), tablettes offertes par les clubs services de Toul, douceurs diverses (chocolats, repas…) et plein d’autres choses…

Un conseil pour une future pandémie ?

J’espère ne pas revivre une telle période…

Marie, chargée d’accueil à la MAS de Dommartin-les-Toul :

Durant le confinement il n’y avait plus un seul résidant à l’accueil. Ça m’a fait un vide car d’habitude ils viennent me solliciter, j’ai l’habitude travailler dans le bruit. Ça m’a vraiment fait bizarre de ne plus les entendre, c’était presque pas agréable. On avait l’impression d’être dans un bâtiment fantôme. Même le téléphone ne sonnait plus (en tout cas plus beaucoup). Les visites étant interdites, je ne voyais plus les familles ni les prestataires. J’avais tout de même du travail, des choses à faire je ne me suis pas ennuyée mais c’était étrange. Je me sentais très seule à vrai dire. Je n’ai pas l’habitude d’être isolée au travail. Je n’ai pas eu le choix que de m’ajuster et je suis sûre que ça va me faire bizarre de revenir au bruit. Je suis contente que la vie reprenne progressivement. Je vois les sourires revenir, je peux de nouveau interagir avec les résidants , ça m’émeut beaucoup. Je suis quelqu’un de très humain et les résidants me touchent beaucoup.

En dehors du travail je suis plutôt quelqu’un d’indépendante et solitaire. Le confinement ne m’a pas vraiment gênée. C’est un peu paradoxal mais, à la maison j’aime bien la solitude. En fait, j’ai l’habitude de travailler dans le bruit, de tout donner au travail, et quand je sors, je suis vidée, j’ai envie de calme.

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J’ai très mal vécu mes congés. En fait, il me restait deux semaines à poser avant le mois de mai, et c’est tombé pendant le confinement. Très honnêtement j’aurais préféré travailler. Je pensais que ce n’était pas le moment. J’avais déjà une de mes collègue secrétaire qui était absente durant la période de confinement, je ne voulais pas laisser l’équipe. J’aurais aimé partir aider l’équipe sur le terrain, avoir l’impression de donner « la main à la patte » en cette période de crise.

En partant en congé j’avais l’impression d’être « mise de côté », de ne pas vivre ce moment avec le reste de l’équipe. J’aurais préféré qu’on me rappelle durant mes congés pour me demander de revenir travailler. Je ne considère pas ces deux semaines comme des vacances, j’ai pu faire quelques papiers en retard mais bien sûr pas de sortie. Je m’ennuyais. En plus, je regardais beaucoup les informations télévisées qui parlaient sans cesse du COVID. Je me demandais si l’établissement avait des cas, je demandais des nouvelles, j’étais inquiète. Au travail je n’ai pas mal vécu le confinement, je n’avais pas non plus peur de tomber malade. Je voyais surtout les professionnels stresser, on me demandait comment je faisais pour garder mon calme. Je crois que cela fait partie de ma personnalité, j’ai une faculté à relativiser (surement en lien avec mon histoire de vie). J’espérais seulement que mes proches ne l’attrapent pas. Je ne me suis pas sentie en danger. Je me souviendrais de cette période : les visites de familles ont repris mais il y a maintenant une vitre en plexiglass pour séparer les résidants de leur famille, pour être honnête cela fait penser à un parloir mais nous n’avons pas pu faire autrement.

Ce confinement a créé des liens plus fort entre les professionnels. Je me suis inquiété pour eux, ceux qui ont été malades, ceux qui avaient des suspicions etc. Je leur disais « courage », des petites attentions qui leur faisaient du bien. C’était ma manière à moi de les soutenir même si j’aurais aimé faire plus.

Je vois qu’entre eux des liens se sont renforcé, on est plus soudés. Et même le lien avec les résidants semble s’être renforcé. On s’est rendu compte, du moins on s’est rappelé qu’ils étaient des personnes fragiles. C’était difficile de les voir demander de l’affection, ils auraient aimé avoir des bisous, des câlins mais

S’il y avait une future pandémie à l’avenir je souhaiterais que les gens respectent davantage les autres. J’ai l’impression qu’avec le déconfinement, les gens ont fait n’importe quoi sans prendre conscience des conséquences. Les gens semblaient penser davantage à eux-mêmes qu’aux autres.

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Geremie, AES option structure à la MAS de Dommartin-les-Toul :

Je n’ose pas toujours parler de ma manière de vivre le confinement car il m’est arrivé d’entendre des réflexions qui ressemblent à « de toute façon, ça ne change rien pour toi puisque tu n’as pas de vie sociale ». Parfois ça me blesse, j’ai l’impression qu’on ne me comprend pas. Et puis ça passe bien-sûr. C’est vrai que le confinement n’a pas apporté trop de changement pour moi : je vais toujours au travail, puis rentre à la maison. J’ai toujours regroupé mes choses à faire en un seul trajet et fait mes courses une seule fois par mois. Je déteste les courses. Et il faut bien reconnaître que cette période permet des économies mine de rien. On dépense moins.

Cependant, l’école à la maison en plus du travail, c’est quand même quelque chose. J’aurais dû mettre les enfants dans les services restreints proposés par les écoles pour les enfants de soignants mais dans mon village ils auraient été tout seuls, je les voyais déjà me dire « nous on va à l’école et pas les autres ! ».

Mon grand, Thomas, a 14 ans donc je peux me permettre de le laisser à la maison avec son petit frère de 10 ans. Je m’occupe des repas bien sûr. La cuisine me prend pas mal de temps, je fais des plats cuisinés à l’avance sur trois jours. Et comme je suis désormais en poste de 12heures, ça fait deux repas à préparer à l’avance à chaque fois. En fait, ça me prend une journée de repos pour cuisiner et cuisiner seulement.

Concernant l’école à la maison, je n’ai pas voulu prendre le rôle de maîtresse, ça évite des conflits et les devoirs de français de 3e sont vraiment pas évidents, alors on envoie des mails aux professeurs. La dernière fois j’ai envoyé un mail un peu de secours car ça devenait compliqué, en 10 min on a reçu une réponse du professeur. Quand le plus jeune ne comprend pas quelque chose, nous appelons la maîtresse. Ça montre que l’école continue et je crois que ça fait plaisir à la maîtresse. Pour le collège, l’année de troisième est importante avec le brevet et avec le confinement ce n’est

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pas évident de se repérer. Thomas ne se rend pas trop compte de son niveau mais au moins il a rendu ses revoir régulièrement. Les corrections que les professeurs envoient, nous devons la reprendre avec les enfants, ça prend du temps.

C’est assez difficile de demander aux enfants de décrocher des écrans, ils me répondent qu’ils n’ont rien d’autre à faire comme ils ne peuvent pas aller dehors. Je les ai rassurés car ils ne voulaient même plus aller dans le jardin par peur d’être contaminé. Lorsqu’ils entendent « pas le droit d’aller dehors », ils prennent ça à la lettre et ce n’est pas clair pour eux.

Mes repos ne sont pas vraiment des repos : maison, paperasse, les devoirs des enfants, cuisine etc. Mon mari travaille aussi, il travaille dans l’alimentaire et, l’informatique ce n’est pas son truc.

Après en soi, le passage en 12heures je trouve ça plutôt économique, ça m’arrange pour plein de raisons. Le plus dur je dirais c’est plutôt de ne pas voir mes parents. D’ailleurs en toute honnêteté, je passe parfois les voir le soir quand je quitte, cela ne me fait pas de détour. Je sais que les gens sont chez eux à 21heures donc je n’ai pas l ‘impression de prendre de risques. Je passe 10 minutes et ça leur fait beaucoup de bien.

A la maison quand il ne s’agit pas de travail ou des enfants, on a déjà peu de temps alors depuis le confinement, c’est comme si ce temps s’était rétrécie encore.

J’ai décidé d’arrêter d’écouter les informations depuis maintenant deux semaines (sauf celles qui concernent la reprise de l’école), cela me fatiguait. J’ai cette impression que l ‘on tourne en boucle, que rien n’avance et puis, on parle souvent des cas grave. J’aimerais je crois que l’on parle aussi des gens qui s’en sortent. Parfois ça donne l’impression que l’on ne s’intéresse pas à la vie des gens. Il y a seulement peu de temps que l’on parle enfin de ces personnes qui nettoient les établissements/hôpitaux etc. En plus les enfants prennent peur, peur d’être intubés car ils ne voient que ça à la télévision.

S’il y a eu une nouvelle pandémie mon conseil serait bien sûr de respecter les gestes barrière mais surtout de respecter le matériel, ne pas porter inutilement des gants par exemple. C’est vrai que l’on a vu beaucoup de contradictions.

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Mme MENZIN Isabelle, Cadre de santé à la MAS et au SAMSAH de Dommartin-les-Toul :

Suite aux mesures de confinement, il a fallu revoir toute l’organisation de la structure par rapport aux professionnels et aux résidants. Nous avons mis en place des postes de 12h, nous avons inclus des personnels de rééducation et éducatifs dans des rôles moins éducatifs afin de renforcer les équipes. Nous avons arrêté les suivis physiques du SAMSAH (le Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés à domicile).

Quotidiennement nous sommes dans une réflexion par rapport aux résidants de la MAS et notamment la gestion de leurs émotions. Mais ces réflexions sont chronophages, et ce depuis le début jusqu’à encore aujourd’hui. Nous sommes obligés de faire fonctionner nos neurones en permanence. Cela engendre du stress continu et surtout de la fatigue.

D’un point de vue plus personnel, le confinement a présenté moins d’impact, même s’il a tout de même empêché mes enfants de venir me rendre visite. Sinon, il a eu peu de retentissements sur ma vie en dehors du travail. Je dirais même que cet « éloignement physique » m’a permis en quelque sorte de renouer des liens avec des personnes que j’avais parfois tendance à ne pas appeler par « manque de temps ». Nous faisons aussi davantage de « visio-famille », c’est très agréable.

A vrai dire, du fait même de continuer à travailler, nos habitudes changent peu : boulot-voiture- maison. Peut-être que le coiffeur me manque c’est vrai. ☺ Le plus difficile au début était de devoir rassurer les professionnels alors que nous portions nous- même des angoisses. Ce n’est pas évident. Maintenant je gère mieux le stress et les angoisses. Mais bizarrement, un nouveau type de stress est arrivé : l’angoisse liée au dé-confinement. Il représente l’inconnu.

Alors que l’on avait trouvé une nouvelle routine, une nouvelle zone de confort je dirais : on va replonger dans quelque chose que nous ne maîtrisons pas.

Je me souviendrai de cette période c’est sûr mais je ne suis pas persuadée que tout le monde s’en souviendra. L’humain oublie vite. Mais si j’avais un conseil à donner pour une future pandémie, même si je ne souhaite pas qu’une nouvelle pandémie arrive, ce serait de ne pas maintenir les élections comme l’ont été celles du premier tour. ☺

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Romain, infirmier diplômé d’état au SAMSAH de Dommartin-les-Toul

Je n’ai pas l ‘habitude de remplir des attestations à chaque déplacement tous les jours. Mon côté tête en l’air m’apporte quelques oublis... fréquents.

Concernant les interactions sociales, tout est à revoir, il faut se réadapter avec les professionnels, les résidants et dans la vie de tous les jours. Cela me pose des difficultés, je me rends compte que les mesures barrières ne sont pas si simples à appliquer.

Notre vie globale va changer, notre perception du monde et de l’être humain. On devra sûrement porter des masques pendant un certain temps dans les lieux publics, sur notre lieu e travail. Diminuer le contact avec les gens, cela peut entraîner peut-être moins d’interactions sociales ou une plus grande inquiétude lors d’un nez qui coule ou une simple toux : une stigmatisation.

Il y aura une conséquence mondiale, un certain racisme envers le système politique chinois.

Depuis le confinement, on a pu voir tout de même de belles choses : le dévouement des soignants, les dons, les plats cuisinés, la solidarité envers les fermetures des magasins (ce qui n‘est pas facile pour les commerçants).

On a aussi vu des choses marquantes : des agressions contre les infirmières libérales pour avoir du matériel, la stigmatisation des soignants (refuser l ‘entrée à une infirmière dans un immeuble), se ruer dans les supermarchés guidés par une peur de la pénurie. Le corona virus a clairement entraîné des changements profonds qui je pense vont durer.

Le confinement n’a pas bouleversé mon rythme de vie, déjà parce que je travaille. Même si mon travail a complétement changé puisque les visites à domicile ne sont plus possibles. Le manque de relation familiale ou la distance de la relation se font ressentir. Mais je sais qu’il est nécessaire de ne pas voir les êtres qui nous sont chers afin de les protéger. Je vis plutôt bien le confinement. Le plus embêtant pour moi restera de devoir faire la queue pour entrer dans un supermarché, je regrette le temps où je ne faisais la queue que pour les caisses !

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Christelle, aide-soignante à la MAS de Dommartin- les-Toul :

Pour moi la période du confinement m’a donné cette sensation de revivre une époque révolue. Un peu comme retourner au temps de mon enfance. Un vrai voyage dans le temps. On joue aux jeux de société, on passe du temps en famille.

Mon mari présent du matin au soir : on a pu se retrouver. Ma fille a préféré revenir « au village » que d’être en ville. Il faut dire que la perspective de se retrouver seule dans un appartement en ville ne l’enchantait pas trop. Pourtant avant le confinement, les jeunes préféraient plutôt les villes.

Les villages ont cet avantage d’offrir de l’extérieur. Quand on allait dehors, on bêchait à la main, vraiment comme quand j’étais petite. On cuisinait d’avantage, les bons gâteaux maisons et l’odeur qui sort du four … Parfois je me dis que j’ai de la chance, car cela m’a permis de me retrouver dans ma famille mais je suis sûre que cette période a provoqué des divorces (rires).

Ma fille de 20 ans faisait vraiment attention aux mesures barrières. Celle de 13 ans a mal vécu cette situation, elle a développé une sorte e phobie. Elle refusait de sortir à l’extérieur, elle ne comprenait pas trop ce qui se passait.

Pour ma part, je prenais ma douche au travail, je me changeais dans le garage en arrivant. J’ai même fait chambre à part. C’est vrai que ça peut paraitre drastique comme méthode mais je me dis que compte tenu de nos connaissances sur le sujet à ce moment, c’était nécessaire, et pour ma famille et pour les résidants de l’établissement où je travaille. Et puis lorsque l’on a été dépistés à l’aide d’une prise de sang, j’ai pu relâcher un peu tout en gardant les gestes barrières simples. La pression était redescendue. Ma famille a bien compris mes précautions mais j’avais quand même ce sentiment d’être en retrait.

Quand je terminais à 21heures je me sentais parfois seule au monde, avec comme seul contact la

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nature. J’avais l’impression de ne plus rencontrer d’humain. C’était étrange. Quand je devais sortir le chien, je culpabilisais mais ça me faisait du bien et je faisais attention aux distances. J’avais besoin de respirer car être sous un masque toute la journée, ça nous donne l’impression d’étouffer.

Mais ce qui m’a le plus donné de difficulté c’était les sorties autorisées à 1h à 1km du domicile : en fait je suis férue de sport et là, les contraintes m’empêchaient de vivre pleinement ma passion. Parois j’avais envie d’hurler « j’ai le visage sous un masque pendant 12 heures, laissez-moi faire des boucles de 2kms de course ! ». Mais la police comprenait, on ne m’a jamais rien dit.

Je fais habituellement partie d’une association de renforcement musculaire : c’était terminé, j’en perdais mes repères.

L’impression de redevenir mère à la maison en plus du travail. Ma fille la plus jeune dormait de plus en plus tard, je m’inquiétais. La reprise de l’école a été difficile. Au début, les écoles ont ouvert à des groupes de 6-7 élèves et ma fille n’était pas avec ses copines, c’était difficile pour elle. J’ai décidé d’appeler la CPE de son école. Je la sentais plus agressive, ça ne lui ressemblait pas, elle souffrait de la situation, il fallait que je trouve un moyen de l’apaiser. Ils ont été à l’écoute, et ma fille a pu intégrer l’école en temps complet, ils m’ont proposé de faire intervenir l’infirmière scolaire. Cela m’a fait vraiment du bien de me sentir soutenue par les équipes. Ma fille a repris du poil de la bête, ça faisait quelques semaines qu’elle souriait moins, qu’elle ne mangeait plus grand-chose… heureusement que ça n’a pas duré.

Dans les périodes difficiles l’échange social est vraiment primordial pour nous aider à tenir.

Je me suis sentie soutenue et écoutée et petit à petit on a pu tous s’en sortir. Rester positif est je crois un des éléments les plus importants dans ce genre de situation. On se protège mais on finit par « vivre avec », l’humain s’adapte de toute façon. Il faut continuer à être solidaire, c’est très important.

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Anne-Laure, monitrice éducatrice à la MAS de Dommartin-les-Toul

En tant que personnel éducatif, les changements se sont situés dans le port d’une tenue, l’apprentissage du « lavage de mains soignant », le respect de protocoles hygiène et sanitaire dont nous n’avons pas l’habitude dans notre métier. Nous avons davantage participé à l’élaboration des repas. Et nous avons, au fur et à mesure des annonces de l’ARS, délaissé nos activités éducatives en groupe au profit d’activités individuelles, quand cela était possible. Pour ma part, j’ai dû aussi abandonner mon atelier de Sophrologie de groupe. J’ai aussi participé à la mise en place de l’espace COVID dans notre structure sur le plan logistique. Il y a eu aussi beaucoup de changements au niveau du planning. Pas facile de tout retenir et de tout mettre en place. L’ajustement a pris quelque temps. Se faire au nouveau rythme de travail et aux nouvelles conditions m’a demandé un peu de temps. Tous ces changements (et cette liste n’est pas exhaustive) ont pu être difficiles mais je crois que le plus dur c’était l’angoisse d’une maladie que l’on ne connaît pas. J’avoue qu’au tout début, je me demandais « est-ce que c’est si grave que ce que l’on nous dit ? », j’ai même pensé « ils en font trop ! ». Plus je regardais la télévision, plus je trouvais ça « démesuré ». Je comparais à d’autres affections que je trouvais plus graves comme le virus Ebola ou encore la famine dans le monde. J’étais pourtant dans « le Grand Est », une des régions les plus touchées de France, près de « l ’ » devenue presque symbolique.

Puis ça en est devenu quand même flippant. Je décidais d’aller travailler en mettant ma peur de côté. Chez-moi, j’essayais de « rationnaliser » pour ne pas tomber dans la parano. En fait, tout ça, c’était ma manière à moi de faire face.

Concernant le confinement, d’un point de vue personnel, je le vis bien et même très bien. Ça n’a pas changé grand-chose pour moi en réalité. Je pratique déjà régulièrement l’isolement en temps normal avec un besoin de me ressourcer. Donc, peu de différence. Mon fils par contre, à 15 ans,

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avait du mal à gérer l’isolement et les règles. Sa seule envie : aller faire du basket. De base il se montre déjà très revendicateur. Là, il avançait tout un tas d’arguments pour pouvoir enfreindre les règles. Il comparait toujours à Ebola et refusait de porter un masque ou de faire une attestation. Cela a été un peu difficile : les conflits avec mon fils. Mais j’avoue que c’est agaçant de devoir porter un masque de manière systématique et de remplir des autorisations de sortie.

Et puis, toutes les conversations ne tournent plus qu’autour de « ça » : COVID par ci, COVID par là. J’ai décidé d’arrêter d’en parler.

Cette pandémie restera un événement marquant qui, je l’espère, va faire changer les choses et va faire ouvrir les yeux de nos frères humains sur notre société. J’ai vu des gens prendre conscience de leur lien avec la nature, de leur rapport avec le travail, le temps ou encore la planète. J’aimerais secrètement que cela reste ainsi. Il m’arrive même de me dire qu’un deuxième confinement permettrait peut-être aux gens de changer de mentalité. Si on regarde bien, le système capitaliste en a pris un coup pour laisser davantage de place à l’entraide et l’humanité. J’ai vu des gens en télétravail commencer à se mettre à la disposition des personnes les plus fragiles autour d’eux. C’est énorme ! Ça m’a fait pleurer de joie quand j’ai vu la reconnaissance des gens envers les soignants. J’entendais le soir les applaudissements. Et bien sûr, un moment très émouvant qui restera à jamais gravé dans mon cœur : lorsque, lors d’un des applaudissements habituels de 20heures, mon fils me regarde et me dit « écoute maman, ça c’est pour toi ! ». Ouaou ! J’étais fière que mon fils soit fier de moi. J’ai vu de nombreuses personnes se rapprocher de leur famille, ceux qui, du jour au lendemain se retrouvaient confinés ensemble, et ceux qui, confinés de manière isolée, commençaient à reprendre des contacts réguliers avec leurs proches.

J’ai eu une semaine de vacances pendant le confinement, et honnêtement, j’étais vraiment contente de « prendre une pause » par rapport aux collègues, aux résidents et toute la tension accumulée durant cette période. Le déconfinement m’a un peu dérangé, j’aimais trop ce style de vie : revenir à l’essentiel, on avait l’impression que, pour une fois, nous étions redevenus « tous humain de la même manière ». Et ça a ramené tout le monde à sa condition de « mortel ». Des gens se pensaient en bonne santé, ont pu découvrir que finalement des choses ne se passaient pas super bien en eux. Ça a pu ramener un peu d’humilité aussi. Et de nature ... Quand je traversais la forêt, je n’avais jamais autant vu d’animaux : des faons, des bérots, des chevreuils, biches etc. tous semblaient avoir retrouvé un peu de liberté.

Si un autre évènement de ce genre venait à se reproduire je conseillerais aux gens de pratiquer la méditation depuis le plus jeune âge, pour voyager intérieurement et prendre conscience que notre liberté est avant tout intérieure. C’est une belle manière de supporter « l’enfermement ».

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Leslie, psychologue à la MAS de Dommartin-lès- Toul :

Au début du confinement, le plus compliqué pour moi était la crainte de contaminer les résidants.

Nous, professionnels allions dehors et de ce fait, nous pouvions être susceptibles d’apporter le virus au sein de l’établissement.

Les retours de week-end et de vacances sont aussi stressants car je me demande s’il y a des nouveaux cas ou si c’est plus grave. J’ai toujours une crainte qu’il arrive quelque chose aux résidants pendant mon absence (sans pour autant me sentir indispensable). Disons que c’est plutôt comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête des résidants.

Mais l’adaptation s’est faite assez vite, nouvelles règles et nouvelles habitudes, cela ne m’a pas posé de problème particulier.

Je vis le confinement plutôt bien, j’ai la chance de vivre à la campagne et je pense que c’est plus simple lorsque l’on a un bout de jardin ou une terrasse pour profiter un peu des beaux jours. Je ne me sens pas enfermée. Autour de moi, nous avons pris l’habitude de communiquer par vidéo, de demander qui a besoin de courses pour limiter à chacun les déplacements et de profiter un maximum de cette heure de promenade autorisée. Prendre l’air fait du bien. Je pense régulièrement pendant ces promenades à la chance que j’ai de pouvoir profiter espace et de nature ce qui n’est pas le cas de tout le monde.

Je me sens moins stressée qu’au début, même si le rythme de travail est différent et cela reste fatiguant de penser à tous ces changements. Le plus compliqué est de pouvoir répondre aux résidants sur « quand tout cela va se finir » et quand pourront-ils sortir. Cette notion de temps floue est perturbante pour les résidants et pour certains, ceux atteints de pathologie psychiatrique, les limites floues sont très angoissantes.

Je pense que je finirai par oublier cet évènement, je risque d’y penser un moment mais je suis sûre que les habitudes reprendront et que je repartirai dans le quotidien sans forcément y penser.

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Cela reste une période très particulière, avec une adaptation face à quelque chose que l’on connait mal pour un temps indéfini.

Il me semble que pour des pandémies futures, maintenir les gestes barrières pendant les périodes de froid et pendant les épidémies annuelles (gastro, grippe…) et faire un maximum de prévention reste pour moi l’essentiel.

Charlotte, ergothérapeute à la MAS de Dommartin- lès-Toul :

En raison de la crise sanitaire actuelle, nous avons proposé de modifier nos horaires (soir ou matin) et de travailler également les week-ends afin d’aider l’équipe soignante et faire face aux difficultés rencontrées au mieux. Ces changements impactent donc notre travail quotidien et les prises en charge habituelles ne sont plus toujours possibles. J’adapte donc mes prises en charge en fonction des besoins essentiels et des demandes des résidants. Les prises en charge sont individuelles ou en très petit groupe (2 à 3 maximum) en respectant les distances préconisées. Les activités que je propose sont : des activités manuelles type origami en chambre ou dans les patios pour profiter du soleil, des séances de sport en individuel, des balades dans le jardin et devant la MAS, des séances de vélo couché, des jeux de société, des exercices cognitifs en chambre ou en loggia. La venue des kinésithérapeutes a également été suspendue, nous reprenons donc avec ma collègue psychomotricienne le relais en faisant des séances principalement axées sur la marche et le renforcement musculaire.

D’un point de vue personnel, malgré les difficultés rencontrées, je trouve que cela a permis à l’ensemble des professionnels de se voir autrement et de former une vraie équipe soudée mais également de récréer des liens. L’ensemble des compétences ont été mises en commun et chacun fait preuve de beaucoup de solidarité. Cela m’a également permis de trouver mieux ma place au

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sein de l’équipe en comprenant davantage les difficultés rencontrées lorsque l’on est dans les soins quotidiens. Cette situation a favorisé les échanges au sein de l’équipe mais a également mis en avant nos capacités d’adaptation et notre sens des priorités.

Le contact avec les résidants est également différent, les temps étant plus individuels, cela permet des échanges que nous n’avons pas forcément en temps normal mais également une amélioration de la relation de confiance. Les résidants ont des hauts et des bas et il n’est pas toujours facile pour eux de comprendre qu’il faut rester en chambre et éviter les contacts, cependant je trouve qu’ils acceptent globalement bien la situation et font preuve de patience et d’adaptation.

Constance, psychomotricienne à la MAS de Dommartin-lès-Toul :

En cette période de crise sanitaire, des changements de planning ont été réalisés afin de venir en renfort à l’équipe soignante. Je fais dorénavant des matins, soirées, et week-end. Cela me permet de réaliser d’autres tâches du quotidien comme le service des repas et ainsi voir les résidants dans un autre contexte.

Ces derniers comprennent et respectent plutôt bien le confinement, même si certains expriment trouver le temps long et vivre plus mal que les autres le fait de devoir rester en chambre. C’est pourquoi nous privilégions les temps en individuel comme les sorties devant la MAS afin de prendre l’air et profiter du soleil, des activités en chambre (exercices cognitifs, jeux de société…) ou encore en loggia en respectant la distanciation sociale. Nous prenons, avec ma collègue ergothérapeute, le relais des prises en charge kinésithérapiques une à deux fois par semaine et animons également des séances de sport pour les résidants volontaires.

Concernant l’ambiance au sein de la MAS, un élan de solidarité s’est mis en place et a renforcé l’équipe. En tant que rééducatrice, je n’ai pas forcément l’occasion de travailler avec les soignants au quotidien, cette nouvelle configuration me le permet.

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WEBER Roxane, cadre éducative à la MAS de Dommartin-les-Toul

Quels ont été les changements dus au confinement ?

L’ensemble du fonctionnement à la MAS a changé. Les activités, les repas, les plannings, l’organisation des soins …

Il a fallu se réajuster chaque jour avec les recommandations qui sont arrivées au compte goute ou des recommandations parfois tardives voire inexistantes. Réfléchir à des scénarios possibles, puis réagir lorsque les premiers cas se sont présentés.

Entre les questions au sujet des protections, le retour de résidants au domicile, le confinement en chambre, l’organisation de la zone COVID, l’ajustement des plannings des équipes. Nous avons dû faire face à des doutes. Aujourd’hui encore au regard de la question du « déconfinement ».

Le fait d’avoir réfléchi en équipe de direction nous a permis d’envisager les possibles et d’anticiper un maximum. Ce qui est positif c’est que les équipes se sont saisi des consignes générales pour les adapter à la réalité du terrain. Ils ont tâtonné. Le fait de faire le point chaque matin a permis de rassurer tout le monde, de poser les questions. D’y voir plus clair et d’affiner les nouveaux fonctionnements. A-t-il été facile de s’ajuster ?

Je ne dirais pas que cela a été sans pressions. Il y a eu beaucoup de réflexions. Nous l’avons fait, et je pense que nous l’avons fait correctement en répondant aux directives des tutelles, mais aussi en prenant en compte le plus possible les particularités du public que nous accueillons.

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Comment vivez-vous le confinement ? Ces ressentis ont-ils évolués au cours de la période ?

Au départ, sur le plan personnel cela n’a pas changé beaucoup de choses pour moi. Travail, repos, travail. Les weekends de confinés étaient bienvenus pour se reposer. Au fur et à mesure, le manque de vie sociale, familiale se fait sentir. Puis au fur et à mesure on se rend compte qu’il est plus difficile de couper du travail. A la MAS, le confinement fait émerger des questionnements intéressants notamment en termes d’organisation de façon générale : quelle part entre l’individuel et le collectif ?

Certaines idées auront le mérite d’être exploitées ou pérennisées après (repas, temps en chambre, activités). Le confinement fait émerger de nouvelles problématiques au regard de l’accompagnement des résidants, les rythmes et les repères ayant changé. D’un côté nous avons pris la bonne décision de confiner l’ensemble des résidants en chambre, mais cette décision n’est pas simple à assumer car nous savons que cela peut les affecter. Au niveau de l’équipe cadre, nous avons ressenti beaucoup de stress au départ. Aujourd’hui nous trouvons que l’ambiance est plus sereine, que l’équipe prend ses marques et s’autonomise ++. Nous trouvons l’ambiance sereine, même plus qu’avant cet épisode...

Pensez-vous que vous vous souviendrez de cette période ?

Sans aucun doute. C’est un fait marquant dans ma pratique professionnelle. J’ai beaucoup appris.

Un conseil pour une future pandémie ?

Rester soudés, avec une distance d’un mètre 50. ☺

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Stéphanie, infirmière au SAMSAH de Dommartin- les-Toul

Le confinement a entraîné l’arrêt provisoire du SAMSAH, je n’ai donc pas pu exercer mon travail pendant une période donnée. Cela dit, réquisitionnée sur la maison d’accueil spécialisée dans laquelle se trouve les locaux du SAMSAH : j’ai pu former les équipes aux gestes barrières et aux différentes précautions liées à l’épidémie. J’ai participé à la création d’un service dédié COVID 19.

Cela m’a permis de retrouver mon corps de métier d’infirmière de service. En fait, l’utilisation des gestes barrière, du matériel, des tenues « stériles », la formation des professionnels etc. a été mon quotidien durant 15 années. En effet, j’ai travaillé dans des secteurs gérant des maladies infectieuses qui nécessitaient des précautions particulières. Cela ne m’effrayait à aucun moment, ce qui m’a permis de soutenir et rassurer mes collègues de la MAS dans leur pratique. J’étais bien évidement, inquiète par une telle situation mais j’ai rencontré une belle solidarité et cohésion d’équipe durant cette période.

Par ailleurs, je savais que tout cela était temporaire et qu’ensuite, je retrouverais ma fonction d’infirmière du SAMSAH.

Pa rapport au confinement, je dirais que je l’ai bien vécu. Il m’a permis d’apprendre à connaître les différents professionnels de la MAS. J’ai ressenti que les équipes étaient plus soudées. C’est très agréable d’avoir pu travailler auprès des professionnels engagés. D’un point de vue personnel j’ai pu me recentrer sur ma famille étant donné que je n’avais plus de visites de gens de l’extérieur. Cela faisait du bien.

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Mon ressenti durant toute la période est resté positif. Etre entourée de professionnels investis est très agréable. Chacun était préoccupé par la situation, on ressentait beaucoup de peurs et de questionnements. J’ai apprécié échanger et discuter autour de ces peurs, j’ai fait des recherches à ce niveau afin de pouvoir les rassurer.

Il m’a été demandé d’effectuer les sérologies COVID pour les professionnels. Au cours de ces prélèvements individuels, certaines peurs m’ont été confiées, des peurs physiques Par rapport à la piqure mais aussi des inquiétudes plus personnelles. La confiance dont ils ont fait preuve m’a vraiment touché.

Au niveau personnel, deux amis ont perdu un parent proche et n’ont pas pu faire leur deuil correctement à cause du COVID. Je me suis sentie impuissante de ne pas pouvoir être auprès d’eux dans ce moment difficile.

Pour une future pandémie je dirais aux gens de bien respecter les gestes barrières, on ne le dira jamais assez. C’est la base. « Les français lavez-vous les mains en sortant des toilettes s’il vous plaît. » (rires). On a vu l’importance de respecter les consignes données par le gouvernement, par l’ARS (agence régionale de santé) ainsi que par les professionnels qui vous entourent. Ne pas hésiter à se renseigner, il n’y a jamais de question idiote, les peurs sont justifiées il ne faut pas hésiter à parler des choses qui nous tracassent. Je suis sûre que si déjà, nous respectons cela, on évitera des dégâts lors d’une future pandémie.

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Isabelle, AMP au SAMSAH de Dommartin-les-Toul

Le confinement a été le plus difficile pour moi d’un point de vue professionnel : même si j’apprécie énormément de retrouver les résidants de la MAS et de contribuer à faire en sorte qu’ils trouvent les journées moins longues, j’attends avec impatience de retrouver mes fonctions au sein du SAMSAH.

D’un point de vue personnel, le confinement ne me dérange pas : moins de bruit, moins de voitures, moins d’avions, moins de stress…. La nature qui reprend un peu ses droits pendant cet intermède. Une parenthèse qui me permet pour faire le point sur ce qui est le plus important dans ma vie, balayer ce qui ne l’est pas, espérer que la vie ne reprendra pas comme avant….

Le fait de venir travailler et de rencontrer du monde sur le lieu de travail me permet de mieux supporter l’isolement social et familial et habiter à la campagne dans une maison de ne pas me sentir « prisonnière ».

J’ai ressenti beaucoup de stress par rapport au virus et son impact sur la population mais depuis quelques jours, je relativise davantage. Je reste cependant très prudente et je pense que je garderai les habitudes que j’ai prises ces dernières semaines (courses alimentaires dans des petits magasins, achats de ce qui est nécessaire essentiellement, respect des gestes barrières et port du masque…).

Comme en temps normal, j’évite les endroits où il y a beaucoup de monde, les distances sociales ne me dérangent pas.

Je souhaite que toutes les personnes qui sont encore confinées à cause de leurs pathologies puissent bientôt retrouver une vie quasi-normale et surtout rencontrer leur famille.

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Michèle, éducatrice spécialisée à la MAS de Dommartin-les-Toul

Au début de cette pandémie, je ne m’imaginais pas que l’on puisse arriver à cette situation. En effet, de formation éducatrice spécialisée et chargée de projets en médiation par l’animal, mon regard sur le COVID 19 était serein, « petite grippe » comme le relataient les médias et le gouvernement. Au fur et à mesure du temps, nous avons confiné quelques résidants les plus fragile, puis confinement pour chacun dans leur chambre respective. La situation a vite évolué. Dans un premier temps, je faisais des séances individuelles avec une majorité de résidants dans leur chambre ou dans le parc de la MAS. Les résidants trouvaient du calme et une sérénité en compagnie de Phoenix et il l’exprimait, on pouvait aussi le constater sur leurs résiliences à rester en chambre et à suivre nos demandes après explications.

Dans un deuxième temps, j’ai fait des recherches concernant l’animal et le coronavirus, Phoenix ne pouvait pas tomber malade mais il pouvait transporter le virus sur son poil et ainsi le donner aux résidants. J’ai pris la décision de ne plus faire de séance de médiation avec mon chien pour protéger nos pensionnaires. Dans quelques temps, j’espère pouvoir remettre en place ce merveilleux outils pour la prise en charge individuelle ou en groupe. Les résidants sont en attentes de revoir « leur mascotte » comme ils le disent si bien avec beaucoup d’amour dans les yeux.

La vie à la MAS a considérablement changé mais la prise en charge des résidants restent notre priorité pour qu’ils puissent vivre au mieux cette délicate situation.

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Marine, Neuropsychologue à la MAS de Dommartin- lès-Toul :

Depuis le confinement, je suis passée d’un mi-temps dans la structure à un temps plein puisque mon autre activité comprenait principalement des visites à domicile qui ne sont plus possibles à l’heure du confinement. Le fait de savoir les résidants en chambre toute la journée fait mal au cœur pour eux puisqu’on sait trop bien à quel point ils aiment les sorties et combien la vie de groupe peut leur être bénéfique. Ne pas changer d’environnement peut s’avérer monotone et anxiogène pour certains et même pour nous d’ailleurs.

Je ne vais pas mentir : si dans ma pratique, les ateliers théâtre et « neuropsychomot » n’ont plus lieu et commencent à me manquer, j’ai profité de la situation pour réinventer mes prises en charges individuelles et « prendre le temps ». Je vis plutôt bien le confinement. Je crois que la belle leçon que ce virus nous aura appris est de ralentir. J’ai pu mettre en place les « projets en cours » qui traînaient au fil des semaines par « manque de temps ». Coudre les « coussins des émotions », inventer des chansons, faire écrire des lettres d’amour, créer des plannings ou faire de la relaxation régulièrement dans une plus grande proximité avec les résidants. Ceci est très certainement dû davantage à l’augmentation de mon temps de travail qu’au confinement. Mais il est vrai que, désormais, je sais où trouver les résidants et cela me rappelle un peu le travail de soutien psychologique que je faisais jadis en hôpital.

Parfois, à force de trop regarder les informations télévisées, les données s’entremêlent et nous devons prendre le temps de bien tout réexpliquer, même lorsque pour nous aussi tout est un peu flou. Si la non-visite des familles a été difficile à concevoir aux débuts de la pandémie, aujourd’hui cela semble toléré, malgré les manques et les souffrances dus à l’éloignement. C’est un peu comme si, le seuil de tolérance et de résilience des résidants avait changé. Les plateformes d’appels en visio et les courriers aident beaucoup.

D’un point de vue personnel, le fait de continuer à travailler avait un côté rassurant, le quotidien ne changeait pas trop, j’ai pu garder mes repères. J’admets avoir eu une petite période de

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jalousie quand je voyais tous mes amis confinés chez eux, avec le temps de lire, d’écrire, de faire de la musique etc. Et puis c’est passé, avec l’envie d’être « sur le terrain » et avoir l’impression d’être soudée avec l’équipe. Je me rappelle avoir eu beaucoup d’appréhension au tout début de la pandémie, surtout la peur de contaminer en étant porteur sain. Il n’y avait pas vraiment de possibilité de savoir si on était contaminé ou non. Mon petit ami a eu des symptômes, j’ai eu très peur, On a une direction très à l’écoute, j’ai d’abord été confinée dans le bureau puis j’ai demandé à ne plus venir avant d’avoir les résultats de son dépistage. Finalement la direction m’a dit de rester confinée chez moi pendant quelques jours.

Au niveau médical, je ne pouvais pas me faire dépister tant que je n’avais pas de symptôme ou un proche avec un résultat positif (même si l’on connaissait les pourcentages de faux négatifs…). C’est assez embarrassant comme situation quand on a envie de protéger les autres mais que l’on a également aucune loi vraiment prévue pour nous garantir un salaire si on ne se rend pas au travail. J’ai été un peu tiraillée, je l’avoue, entre le besoin de sécurité financière et mes valeurs. Cela me travaillait beaucoup. Je crois qu’on ne peut pas être sûrs de nos réactions durant une crise si on ne vit pas la crise en question. C’est facile de dire « je garderais mes valeurs » tant qu’on ne vit pas le moment difficile. Souvent après les évènements importants dans le monde on entend des « moi je n’aurais pas fait comme ça », mais on ne peut pas savoir.

Après accord de la direction, je suis retournée travailler. Et quelques jours plus tard, nous avions le droit au dépistage pour tout le personnel. Et quel soulagement quand j’ai vu les résultats mais je sais que cela aurait pu se passer différemment...

Après, le stress est redescendu, sûrement parce qu’on a commencé à avoir moins d’inconnu dans l’équation : des cas étaient déjà présents dans plusieurs hôpitaux alentours, et on apprenait de plus en plus les conduites à tenir, on avait accès à des dépistages plus facilement etc.

Je crois que, comme toute situation, on finit par s’y faire et s’adapter. Nous n’avons jusqu’à lors été que peu touché par le COVID 19 et si la mise en place de nouveaux fonctionnements a été bousculante pour tout le monde, je ressens une solidarité et une proximité entre professionnels qui augmente au fil des jours. Dans la difficulté, c’est comme si nous devenions plus tolérants envers autrui, une forme de rapprochement à cet « autre qui éprouve autant de difficulté que moi ».

Cette expérience atypique me laissera personnellement une trace empreinte d’émotions positives et de chaleur plus qu’elle n’a pu m’effrayer ou me déstabiliser.

J’espère que nous continuerons à « prendre le temps » et s’inscrire dans ce précieux moment présent même au-delà du confinement.

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Ressentis des résidants : Les résidants ont répondu à 3 questions : Comment vivez-vous le confinement ? Quels ont été les changements pour vous ? Qu’est-ce que vous faites pour vous occuper pendant le confinement ? Christelle :

« On n’a pas le choix, c’est mieux pour moi. » Elle exprime ne pas s’ennuyer grâce à la télé, la musique et les activités ponctuelles proposées par les différents professionnels et semble se plaire dans son environnement restreint et calme.

Vincent :

« Moi ça ne me change pas grand-chose, je reste dans ma chambre. J’ai ma famille au téléphone, ma mère et mon neveu et eux aussi sont confinés alors c’est comme ça. Mais ça me fait du bien de sortir, de faire des séances de kiné ça change de ma radio. Mais à la radio ils essaient de nous faire croire que tout le monde meurt et que tout le monde est malade mais c’est faux, toute ma famille va bien et moi je ne suis pas malade, enfin si je suis malade mais pas du virus. Je mange en chambre, je trouve ça plus pratique, c’est plus calme qu’en collectivité, ça ne me dérange pas de manger seul. J’écoute la radio ou, lorsqu’il faut beau je fais quelques sorties devant la MAS pour prendre l’air et profiter du soleil.

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Manuel :

Je vis mal le confinement. Je n’ai pas pu partir en vacances (prévues le 15 avril) et je n’ai plus de visites de ma famille. Je me balade dans les couloirs, je discute, j’aimerais faire plus de jeux de société en chambre.

Aurélia :

Très mal, j’aurais voulu réaliser mes rêves. J’aimerais que le confinement s’arrête, c’est embêtant pour la France et pour notre environnement.

Mes projets sont reportés à je ne sais pas quand. Moi je veux partir de la MAS pour aller à Novéant. Faites-en sorte que le confinement parte le plus vite possible.

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Sophie :

Je le vis comme un enfermement plus strict. Je m’ennuie car je ne vois plus aucune personne proche. Je ne vois plus les professionnels et les soignants que pour la cuisine ou le ménage. Alors que pour moi, ce sont des héros parce qu’ils risquent leur vie pour nous garder en bonne santé. Il fraudait mettre leurs métiers en avant. Ils ont énormément de courage, de cœur et de sang froid pour travailler dans le milieu du handicap. Ce sont les personnes les plus importantes DANS NOS VIES ENTIERES, et pourtant, on n’en parle même pas. Grace à leurs soins si précieux, leur travail, leur patience, leur sang-froid, leur courage : c’est là que ça devient magique !! Il faut les valoriser ce sont des personnes extraordinaires avec un cœur énorme. On crée des liens avec des personnes que l’on ne connaissait pas : c’est la beauté du monde !

Ce qui a changé pour moi : les visites familiales interdites et les sorties interdites. J’ai la certitude que tous les professionnels ont changé dans leurs fonctions. Pour moi, ce sont des gouvernants et ça ne devrait pas. Et puis manger dans la chambre seule sans plus voir personne… Vive la déprime.

Mes journées se ressemblent toutes, je mange, je tricote, je dessine et je dors. Je sais coudre aussi.

Eliane :

Tout le monde est séparé, on regarde la télé pour nous occuper. Nous sommes restés en chambre, on mange en chambre et plus de sorties. Nous raisons des jeux, nous faisons nos lits, nous prenons notre douche et nous dessinons.

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Alicia :

Le confinement je le vis plutôt bien. Toute façon je suis mieux dans ma chambre, au moins dans ma chambre je ne me fais pas disputer.

A cause de la maladie on doit rester dans la chambre. De toute façon je n’étais pas bien avant, ça ne me change rien. Je ne vois pas la différence avec le confinement, à part peut-être moins de bruit. Je ne m’ennuie pas, je m’invente des choses. Les journées passent vite je ne vois pas le temps passer.

Richard :

Le confinement je le vis bien mais c’est quand même difficile d’être bloqué ici sans pouvoir sortir.

Les changements c’est surtout de ne plus pouvoir sortir, de devoir rester enfermé. En fait, il n’y a pas grand-chose de changé à part ça.

Pour m’occuper j’écoute la radio, je regarde la télévision et je fais des exercices mais pas trop parce que les exercices ça m’enquiquine.

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Ségolène, personne accompagnée par le SAMSAH de Dommartin-les-Toul

• Quels ont été les changements dus au confinement ? Je suis rentrée chez mes parents, je n’ai pas pu passer mon examen de fin de formation.

• A-t-il été facile de s’ajuster ? Ça a été rapide, je n’ai pas pris conscience tout de suite de l’importance et des conséquences.

• Comment vivez-vous le confinement ? Ça a été dur au début de rester enfermée, de ne plus voir personne alors que je sortais d’une formation de 6 mois.

• Ces ressentis ont-ils évolués au cours de la période ? Je m’y suis habituée, j’ai trouvé de quoi m’occuper et ça a été mieux au fur et à mesure. Je trouve quand même le temps long parfois.

• Pensez-vous que vous vous souviendrez de cette période ? Peut-être de certains moments.

• Un évènement marquant ou anecdote à raconter ? Quand je suis arrivée le 16/03 en cours à la CCI et que j’ai appris que ça fermait, qu’il n’y aurait pas d’examen les 18 -19/03 et que je suis repartie.

• Un conseil pour une future pandémie ? Aller moins vite, ne pas tout fermer en quelques jours.

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Monsieur J. personne accompagnée par le SAMSAH de Dommartin les Toul

Quels ont été les changements dus au confinement ?

Les habitudes et le mode de vie ont dû être adaptés. Ainsi, j’ai retrouvé ma façon de vivre, celle que j’avais à , quand je travaillais. Je suis d’un tempérament casanier et il m’arrivait de rester des jours sans sortir. Mon séjour à l’hôpital (excepté, un mois et demi de réclusion) est, malgré tout, un record. J’ai même eu une idée de concours : celui qui supporte l’internement le plus longtemps a gagné.

A-t-il été facile de s’ajuster ? Oui.

Comment vivez-vous le confinement ?

Super bien. Le moral reste au beau fixe depuis le début. Cependant, le restaurant, le bien-manger, commencent à me manquer. Bien que le repas du dimanche ait connu quelques petites améliorations d’un point de vue qualitatif chez moi. L‘AFTC (Association des Familles de Traumatisés Crâniens) a organisé un barbecue, un jeudi, quand les beaux jours sont arrivés. Une expérience appréciée, mais qui n’a pas pu être renouvelée. On pourrait peut-être le refaire pour fêter la fin du confinement ? Ce serait une bonne idée. Je n’ai pas réussi à la suggérer franchement, mais nous verrons si les grands esprits se sont retrouvés.

Ces ressentis ont-ils évolués au cours de la période ?

Pas que je sache, en tous cas, car je ne me suis rendu compte d’aucun changement.

Route Nationale 4 54200 Dommartin-lès-Toul Tél. : 03 83 43 13 30 E-mail : [email protected]

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Pensez-vous que vous vous souviendrez de cette période ?

Qui peut oublier une telle expérience ? C’est la première pandémie qu’affronte l’Humanité. Une contagion à ce point féroce ne manquera pas de marquer nos mémoires.

Un évènement marquant ou anecdote à raconter ?

Je n’en vois pas. Il faut dire que je suis peu sorti. Ce que je pourrais noter de marquant pourrait être le changement de comportement à l’entrée des magasins et des pharmacies : la queue, l’attente devant l’entrée, l’aménagement de guichet pour assurer une certaine sécurité des employés. Le marquage au sol pour indiquer l’intervalle entre deux clients dans une file, les gens gardent leurs distances quand vous les croisez. Soi-même, on observe cette précaution instinctivement.

Un conseil pour une future pandémie ?

Respecter les gestes-barrière, garder sur soi ou à porter de la main, du gel hydro-alcoolique, Si on tousse ou éternue, prendre le réflexe de le faire dans le pli de son coude (un conseil, déjà prodigué par le gouvernement, lors de précédentes épidémies). Des distributeurs de gel hydro-alcoolique ont été installés dans les entreprises, depuis le SRAS et le MERS, ainsi que dans les hôpitaux, et sont accessibles pour les employés.

On pourrait envisager que des EPI (masques, gants et visières) soient disponibles de la même façon. Les fournisseurs pourraient les ajouter à leur catalogue d’accessoires de bureau, comme c’est déjà le cas pour les gants « latex » et « nitrile », sans oublier le gel hydro-alcoolique.

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Merci …

À tous ceux qui ont participé à ce recueil de témoignage. A tous ceux qui ont osé s’ouvrir et se confier. Merci à tous les acteurs du confinement, qu’ils soient restés chez eux ou soient partis travailler, nous sommes tous des super-héros. Cette histoire restera à jamais gravée dans nos mémoires et qui sait, avons-nous retiré de belles leçons qui nous serviront à appréhender le monde différemment et à rester soudés.

Nous espérons que ce livre vous a plus.

Toute l’équipe de la MAS épi-Grand-Est et du SAMSAH Epi-Dom

Ainsi que les personnes qu’ils accompagnent.

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