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LIBRES PROPOS Quelques X dans l’affaire Deyfus

Hubert LÉVY-LAMBERT (53)

L'année 2006 est celle du centenaire de l'arrêt de la Cour de cassation Metz avec le rang de sous-lieutenant. du 12 juillet 1906 qui a mis un point final à l'Affaire sur le plan Il fut nommé en 1861 lieutenant en juridique en cassant sans renvoi le jugement du tribunal de Rennes second au 9e régiment d’artillerie et du 9 septembre 1899 condamnant Dreyfus (X1878). capitaine en second en 1867. Nous publions à cette occasion six notices biographiques concernant Il fit la guerre de 1870 à l’École des polytechniciens impliqués à des degrés divers dans l'Affaire, de pyrotechnie et à la Commission d’expériences de Bourges puis au choisis en fonction de leur renom. Les lecteurs intéressés par une vue 7e régiment d’artillerie à Rennes puis d'ensemble de l'Affaire vue du côté des anciens X pourront se référer à Paris. Il prit part aux combats de à une étude de l’auteur publiée à l'occasion du centenaire du début Champigny et du Bourget et fut nommé de l'Affaire dans La Jaune et la Rouge de janvier 1995 (p. 49-61). chevalier de la Légion d’honneur en Parmi les quelque 150 camarades répertoriés dans cet article, nous 1871. en avons choisi six qui illustrent par leur comportement respectif Il épousa en 1876 Marguerite la cassure que l'Affaire créa dans tous les milieux. Chapuy, artiste dramatique et lyrique Par ordre alphabétique, on trouvera ci-après la biographie du général à succès, qui renonça au théâtre et au Louis André (1857), ministre de la Guerre de 1900 à 1904, dreyfusard; chant après son mariage. de Maurice Bernard (1882), ingénieur des Mines, dreyfusard; du Il fut nommé chef d’escadron en capitaine Julien Carvallo (1883), dreyfusard, dont un frère fut directeur 1877 au 34e régiment d’artillerie, lieu- des études et donna son nom à la boîte Carva; de Louis de Freycinet tenant-colonel en 1885 à Grenoble, (1846), ingénieur des Mines, ministre de la Guerre de 1888 à 1893 et de général de brigade en 1893, comman- dant de l’École polytechnique de 1894 novembre 1898 à mai 1899 (les Cabinets duraient peu à cette époque!), à 1896, officier de la Légion d’hon- antidreyfusard; du général Auguste Mercier (1852), ministre de neur en 1895, général de division la Guerre de décembre 1893 à janvier 1895, farouche antidreyfusard commandant la 10e division en 1899. jusqu'à sa mort en 1921; Marcel Prévost (1882), ingénieur des Tabacs, En mai 1900, alors qu’il était en académicien, dreyfusard. manœuvres à Nemours, Waldeck- Rousseau, président du Conseil, l’ap- pela à la suggestion de Maurice Ephrussi pour succéder comme ministre de la ANDRÉ Louis, Joseph, Nicolas il eut comme condisciple le futur pré- Guerre au général de Galliffet qui (1857) sident Sadi Carnot. Sa fiche signalé- n’avait duré que onze mois à ce poste tique établie par l’École indique qu’il très exposé où il resta plus de quatre ans, Louis André naquit le 29 mars était châtain clair, yeux bleus, visage un record pour l’époque. 1838 à Nuits-Saint-Georges (Côte- ovale, qu’il mesurait 1,79 m et qu’il avait André avait alors la réputation d’un d’Or) de Nicolas André, négociant et une cicatrice au front (comme Harry républicain intransigeant et d’un anti- Joséphine Charles, sans profession. Potter ?). clérical notoire. À peine nommé, il Il fit ses études au lycée de Dijon puis Entré 54e de sa promotion, il en procéda à une épuration de l’armée. au collège Sainte-Barbe avant d’inté- sortit 60e sur 102 en 1859 et fut envoyé C’est ainsi que les généraux Alfred grer l’École polytechnique en 1857, où à l’École d’application de l’artillerie à Delanne (X 1862), chef d’état-major

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général et Édouard Jamont (X1850), de délation et utilisé les fiches pour déci- des Mines de l’Imerina à Madagascar où général en chef en temps de guerre, der de la carrière des intéressés et on le retrouve en 1907 comme ingé- ainsi que de nombreux chefs de bureau allant jusqu’à le frapper. Malgré l’ap- nieur-conseil de la société Le graphite de l’état-major furent relevés de leurs pui de Jaurès, il dut démissionner en français 1. fonctions. André essaya à plusieurs novembre 1904, entraînant le gou- Bernard fut un des signataires des reprises en 1900, 1902, 1903, de faire vernement Combes dans sa chute. Il deux premières pétitions des « intel- voter des lois permettant de réinté- fut remplacé par Maurice Berteaux, lectuels» de janvier 1898 demandant grer Picquart, sans succès. Les esprits qui dura à peine plus de six mois. la révision du procès de 1894 (resp. étaient encore trop échauffés. André se retira alors dans la Côte- 13e et 12e listes) ainsi que de la pro- En décembre 1900, pendant les d’Or où il était conseiller général du testation en faveur de Picquart (7e liste). débats sur la loi d’amnistie, André canton de Gevrey-Chambertin depuis Bernard fut cité comme témoin de déféra le commandant Cuignet devant 1902. En juillet 1906, après l’arrêt de la défense au procès de Rennes en un conseil d’enquête et le punit de la Cour de cassation, il écrivit à Dreyfus : août 1899, pour réfuter les thèses soixante jours de forteresse pour une « Je n’ai pas à vous dire le grand plaisir abracadabrantes et pseudo-scienti- lettre relative à un article sur le «faux que m’ont causé coup sur coup l’arrêt fiques d’ tendant Cuignet ». de la Cour et les séances du Parlement.» à prouver que Dreyfus était le scrip- En juin 1902, le cabinet anticlé- Il demanda au ministre que la Légion teur du « bordereau ». rical du « petit père » Combes suc- d’honneur soit remise à Dreyfus dans Bernard écrivit le 2 septembre au céda à Waldeck-Rousseau. André resta la grande cour de l’École militaire, courrier des lecteurs du journal La à la Guerre. En avril 1903, à la suite mais l’intéressé préféra la petite cour Paix pour rectifier une affirmation d’un long discours de Jaurès deman- et André ne fut même pas invité. Il parue dans La Libre Parole qui le pré- dant à la Chambre la révision du pro- publia ses mémoires en 1907 (Cinq sentait comme Juif : « Par simple res- cès de Dreyfus, André accepta au nom ans de ministère). En juin 1908, à la pect de la vérité, j’ai écrit à M. Drumont du gouvernement de faire une enquête suite de l’attentat contre Dreyfus lors pour m’excuser de ne pas l’être (juif) et qui fut dite « préliminaire ». André du transfert des cendres de Zola au je concluais ainsi : Je n’appartiens donc était sans préjugés mais il n’était pas Panthéon, il lui écrivit : « Vous avez pas à la race ni à la religion qu’honore convaincu de l’innocence de Dreyfus. rempli votre devoir avec la résolution et un Mathieu Dreyfus.» Il confia l’enquête au commandant le courage qui ne vous ont jamais aban- Les calculs de Bernard furent uti- Antoine Louis Targe (X1885). Celle- donné…» Il fut candidat malheureux lisés par Henri Poincaré (X1873) dans ci confirma officiellement que le dos- au conseil municipal de Nuits en 1908 son avis sur le travail de Bertillon, lu sier de Rennes comprenait notam- et au Sénat en 1910. Il mourut en devant le Conseil de guerre par Paul ment des témoignages suspects et des 1913 à Dijon. ■ Painlevé, professeur de mécanique à pièces matériellement altérées. Ce fut l’X. L’avis de Poincaré se terminait le premier pas vers la 2e révision. ainsi : «… En résumé, les calculs de André fut alors convaincu de l’inno- BERNARD Claude Maurice M. Bernard sont exacts ; ceux de cence de Dreyfus. Il considéra que sa M. Bertillon ne le sont pas…» tâche était de prendre la défense des (1882) Bernard intervint à nouveau dans officiers républicains, dont la carrière le cadre de la révision du procès de avait souffert du fait de leur prise de Claude Maurice Bernard naquit le Rennes. Il publia dans Le Siècle en position dans l’Affaire, contre les 24 septembre 1864 à Paris de Jules avril 1904 une série d’articles qui attaques des éléments réactionnaires. Édouard Bernard, comptable et Léonide furent ensuite réunis en une brochure À cet effet, il confia à son chef de cabi- Geneviève Genet, sans profession. Il intitulée Le bordereau, explications et réfu- net le général Percin et son ordon- entra à l’École polytechnique à 18 ans tations du système de M. A. Bertillon et nance le capitaine Mollin, membre dans la promotion 1882. Sa fiche de ses commentateurs. Une réplique du Grand Orient, la constitution d’un signalétique établie par l’École indique fut publiée en juin par L’Action fran- système de fiches relatant les opinions qu’il était châtain, yeux gris, visage çaise puis diffusée sous forme d’une politiques et religieuses des officiers. large, qu’il mesurait 1,67 m et qu’il brochure verte intitulée La théorie de 25000 fiches furent ainsi constituées n’avait pas de signes particuliers. M. Bertillon, réponse à MM. Bernard, à l’aide d’informations transmises par Entré à l’X 8e sur 247, il en sortit Molinier et Painlevé, par un polytech- la hiérarchie militaire quelquefois 4e en 1884 et choisit le corps des nicien. Ce polytechnicien, encore aidée par les francs-maçons. Mines. Il fut d’abord affecté au ser- inconnu aujourd’hui, a tenu à garder La découverte de certaines fiches vice des Mines de Béziers puis «pan- l’anonymat, preuve que le vent com- par deux députés nationalistes, Guyot toufla » à la Société des mines et fonde- mençait enfin à tourner ! de Villeneuve et Gabriel Syveton, mit ries de la Canette (Aude) et devint Bernard mourut en mars 1923. ■ le feu aux poudres. En octobre 1904, ingénieur-conseil de la Société des ces derniers attaquèrent violemment mines et fonderies de Pontgibaud. Il fit 1. André Thépot, Les ingénieurs des Mines du André à la Chambre des députés, des missions d’exploration en 1896 XIXe siècle, histoire d’un corps technique d’État, l’accusant d’avoir instauré un système en Guyane puis en 1897 au service tome I, 1910-1914, Éditions ESKA, Paris, 1998.

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le caractère du général Picquart. Est-ce à l’Hôtel de Ville auprès de Lamartine CARVALLO Julien (1883) parce que je n’ai que 41 ans, mais on ne lors de la constitution du gouverne- peut m’en vouloir d’être entré à 17 ans ment de Dupont de l’Eure. Toujours Julien Carvallo naquit le 5 janvier à l’École polytechnique…» 5 à l’X, il fut ensuite chargé de missions 1866 à Paris de Jacob Jules Carvallo, Carvallo dut encore attendre par le gouvernement provisoire à (X 1840), ingénieur des Ponts et deux ans pour être nommé chef d’es- Melun et à Bordeaux 1. Chaussées et Élodie Sara Rodrigues, cadron (1908). Il passa lieutenant- Il sortit de l’X 6e en 1848 et choi- sans profession. Il entra à l’École poly- colonel en décembre 1914. En 1916, sit le corps des Mines qui l’affecta en technique à 17 ans dans la promotion il commandait l’artillerie de la 59e divi- service ordinaire à Mont-de-Marsan 1883, soit cinq ans après Dreyfus, à sion. Il fut nommé colonel en où il fit l’étude géologique du bassin la suite de ses deux frères Joseph juillet 1917 et cité à l’Ordre en de l’Adour puis à Chartres en 1854 (X 1873) et Moïse Emmanuel juin 1918. où il s’intéressa aux questions d’assai- (X 1877) 1. Sa fiche signalétique éta- Carvallo fut nommé commandant nissement urbain, enfin à Bordeaux blie par l’École indique qu’il avait les de l’artillerie de la 23e division en sep- en 1855, qu’il quitta l’année suivante cheveux noirs, yeux gris, visage allongé, tembre 1920 et général en dé- pour devenir chef de l’exploitation qu’il mesurait 1,74 m et qu’il n’avait cembre 1923. Il finit sa carrière mili- des Chemins de Fer du Midi. Il écrit pas de signes particuliers. taire comme général de brigade. Il à ce sujet dans ses souvenirs : « Je Entré à l’X 14e sur 227, il en sor- mourut le 28 mars 1929 à Neuilly- n’avais pas trente ans et j’apportais dans tit 4e en 1885 et choisit l’artillerie dont sur-Seine. ■ mes nouvelles fonctions toute l’ardeur il fit l’école d’application. qu’on éprouve d’ordinaire à cet âge. Bien Il fut nommé capitaine en 1. Moïse Emmanuel Carvallo fut directeur des que diverses raisons m’aient déterminé études de l’École polytechnique de 1909 à 1921. décembre 1894, d’abord adjoint à la C’est depuis lors que l’École s’appelle « Boîte plus tard à les abandonner, je n’ai jamais manufacture de Châtellerault, puis Carva» dans l’argot des polytechniciens. regretté les cinq années que je leur ai e 2 au 22 régiment d’artillerie de Versailles . 2. Dictionnaire de biographie française par consacrées. Il n’est pas pour l’esprit de C’est de là qu’il envoya une carte à M. Prévost et Roman d’Amat, librairie Letouzey meilleure école de discipline et de pré- Dreyfus après l’arrêt de la Cour de et Ané, Paris, 1956, tome VII. cision. L’obligation banale de faire par- cassation : «Très heureux de l’arrêt de 3. Correspondance de Louis Havet, BN Manuscrits, tir les trains à l’heure et la préoccupa- la Cour de cassation, sincères félicita- NAFR 24490. tion d’éviter les accidents déterminent, tions.» 4. Correspondance de Joseph Reinach, BN du haut en bas de l’échelle, des soins vigi- Manuscrits, NAFR 13571. Le capitaine Carvallo déposa au lants et une exactitude scrupuleuse.» 2 5. Correspondance de Louis Havet, op. cit. procès de Rennes en septembre 1899; En 1862, il revint au service des il s’y attacha à démontrer qu’en 1894 Mines qui lui confia des missions on ne prenait aucune précaution pour variées comme l’étude de l’assainis- tenir secret le matériel de 120 court. FREYCINET Louis Charles sement industriel en Belgique, en Sa carrière en souffrit pendant des (de Saulces de) (1846) Suisse, en et à Londres ou le années, comme celle de la plupart de travail des femmes et des enfants dans ceux qui avaient osé défendre la vérité Louis Charles de Saulces de les manufactures anglaises, étude cou- mais il n’avait aucun état d’âme à ce Freycinet naquit le 14 novembre 1828 ronnée par l’Académie des sciences sujet, comme il l’écrivit le 9 janvier à Foix (Ariège) dans une vieille famille morales. Il fut nommé ingénieur en chef 1900 à Louis Havet, professeur au protestante originaire de la Drôme, des Mines en 1865 et officier de la Collège de France et membre du de Casimir Frédéric de Saulces de Légion d’honneur en août 1870. Comité central de la ligue des Droits Freycinet, arboriculteur puis direc- En septembre 1870, après la chute de l’homme, témoin au même pro- teur des Contributions indirectes et de l’Empire, Gambetta nomma cès : «Ma cause est juste et je crois pos- Anne Malet, sans profession. Il entra Freycinet préfet du Tarn-et-Garonne séder la vérité…» 3 à l’École polytechnique à 17 ans 36e où il ne resta qu’un mois. Gambetta Le 15 juillet 1906, au lendemain sur 122, dans la promotion 1846. Sa le nomma alors délégué à la Guerre dans de la cassation sans renvoi, Carvallo fiche signalétique établie par l’École le gouvernement de la Défense natio- écrivit à Joseph Reinach pour le féli- indique qu’il avait les cheveux blonds, nale à Tours, chargé de la Défense citer, ajoutant : «… Sans me poser en yeux bleus, visage ovale, qu’il mesu- dans les provinces. Il y fit merveille ainsi victime, depuis deux ans je vois mettre rait 1,65 m et qu’il n’avait pas de signes qu’en atteste une lettre de au tableau des camarades plus jeunes et particuliers. novembre 1870 de Gambetta à ses passer commandants des officiers qui En février 1848, alors qu’il était collègues restés à Paris : «… J’ai eu la m’ont tourné le dos parce que témoin au encore élève à l’X, Freycinet intervint bonne fortune de trouver des collabora- procès de Rennes… » 4 Il écrivit de avec quelques camarades dans les teurs à la fois novateurs et prudents. Il même à Louis Havet le 30 décembre échauffourées du boulevard des serait trop long de vous en donner la 1906 : «… tout cela m’a profondément Capucines et aida à dégager les sol- brillante liste, mais je ne puis cependant découragé et ma désillusion est d’autant dats assiégés dans la caserne de la passer sous silence le plus brillant d’entre plus dure que j’ai plus d’admiration pour Pépinière. Il se trouva alors par hasard eux, mon collègue à la Guerre, M. C. de

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Freycinet dont le dévouement et la capa- pour redevenir ministre de la Guerre Freycinet a laissé de nombreuses cité se sont trouvés à la hauteur de toutes dans les cabinets Loubet puis Ribot publications dont : Étude géologique les difficultés pour les résoudre comme jusqu’en janvier 1893. Pendant ces sur le bassin de l’Adour (1854), Traité de tous les obstacles pour les vaincre.» 3 cinq années qui ont été, selon le maré- de mécanique rationnelle (1858, 2 vol.), En janvier 1876, Freycinet fut élu chal Foch, un bienfait national 4, il réor- De l’analyse infinitésimale, étude sur la sénateur «gambettiste» de la Seine, siège ganisa notamment le Conseil supé- métaphysique du haut calcul (1860), qu’il conserva jusqu’en 1920. Il fut rieur de la Guerre, l’état-major et les Des pentes économiques en chemin de nommé ministre des Travaux publics transports de défense ainsi que l’avan- fer (1861), Emploi des eaux d’égout en en décembre 1877 dans le cabinet cement des officiers. agriculture (1869), Principes de l’as- Dufaure, auquel succéda bientôt Dès son départ du Cabinet, sainissement des villes et Traité d’assai- Waddington. Il mit alors en œuvre Freycinet devint président de la nissement industriel (1870), La guerre des programmes de grands travaux Commission de l’armée du Sénat, en province pendant le siège de Paris pour développer le réseau ferroviaire poste qu’il conserva jusqu’en 1920, (1871), Essais sur la philosophie des français (plan Freycinet de juin 1878) soit vingt-sept ans! À ce titre, il aurait sciences, analyse, mécanique (1896), ainsi que les ports maritimes et les informé Scheurer-Kestner en Les planètes téléscopiques (1900), Sur voies navigables et réforma la légis- février 1895 que la condamnation de les principes de la mécanique rationnelle lation minière. Dreyfus avait été prononcée sur la (1902), De l’expérience en géométrie Grévy le nomma président du base de pièces secrètes et lui aurait (1903), La question d’Égypte (1905), Conseil et ministre des Affaires étran- déconseillé de s’occuper de l’affaire 5. Mes souvenirs jusqu’en 1893 (1911). Il gères en décembre 1879. Il fit voter En novembre 1898, à la retraite fut élu membre libre de l’Académie une amnistie pour les crimes poli- depuis bientôt six ans, Freycinet rede- des sciences en 1882 et membre de tiques récents mais son cabinet tomba vint ministre de la Guerre dans le l’Académie française en 1890. en décembre 1880 sur une question cabinet Dupuy qui succédait à Brisson L’École polytechnique commé- de loi contre les congrégations ensei- quelques jours après l’ouverture des mora solennellement en 1928 le cen- gnantes, notamment jésuites, pré- débats sur la révision du procès Dreyfus. tenaire de la naissance de Freycinet. parée par Jules Ferry. Après l’inter- Soucieux de ne pas faire de vagues, Sous la présidence du maréchal Foch mède du « grand ministère » de il refusa la demande d’ajournement (X 1871) furent successivement évo- Gambetta, pendant lequel le corps du procès Picquart jusqu’après l’ar- qués le polytechnicien, l’ingénieur, des Mines lui confia obligeamment rêt de la Cour de cassation et mit l’homme de science, l’académicien et une mission sur l’exploitation des che- divers obstacles au travail de la Chambre le patriote. Mais pas un mot ne fut mins de fer en France et à l’étranger, criminelle. dit du Dreyfusard, et pour cause ! ■ il redevint en janvier 1882 président Freycinet quitta son Ministère en du Conseil et ministre des Affaires mai 1899, après s’être fait interpeller 1. Dictionnaire de biographie française, Librairie étrangères. Il tomba en mars 1885 à par le député Gouzy (X 1852) pour Letouzey et Ané, Paris, 1979, tome XIV. la suite de sa décision malheureuse avoir suspendu le cours de Georges 2. Souvenirs, p. 78-79, cité dans André Thépot, Les ingénieurs des Mines du XIXe siècle, tome I, de laisser la flotte anglaise combattre Duruy, professeur d’histoire et de lit- Eska Paris 1998, p. 386. seule les Égyptiens révoltés, perdant térature à l’X, coupable d’avoir écrit 3. André Thépot, op. cit. p. 464. ainsi au profit des Anglais l’influence des articles dans Le Figaro intitulés 4. Discours du maréchal Foch aux cérémonies du que la France s’était créée au fil des Pour la justice et pour l’armée. Selon le centenaire de Freycinet, X-Informations, 25 nov. siècles au Proche-Orient. Ministre des général Mercier, il aurait dit le lende- 1928, p. 104. Affaires étrangères en mars 1885 dans main de sa démission au général Jamont 5. Joseph Reinach, Histoire de l’affaire Dreyfus, le cabinet Brisson, il redevint prési- que le gouvernement savait que l’ar- II, p. 169, cité par Dutrait-Crozon, p. 51. dent du Conseil en janvier 1886 pour gent de la campagne en faveur de 6. Minutes du procès de Rennes, I, p. 106, cité par Dutrait-Crozon, p. 102 et 300. tomber en décembre sur une ques- Dreyfus venait d’un syndicat financé tion de traitement des sous-préfets. par l’étranger dont l’Angleterre et Il fut candidat à la succession de l’Allemagne. Il confirma ces dires au MERCIER Auguste (1852) Grévy à la présidence de la République procès de Rennes au cours duquel il en 1887 mais un autre polytechni- se cantonna à une prudente neutra- Auguste Mercier naquit le cien, Sadi Carnot (X 1857, Ponts et lité. Ce n’est que lors de la deuxième 8 décembre 1833 à Arras de François Chaussées) lui fut préféré. Il devint révision, en mars 1904, qu’il désa- Augustin Mercier, chef d’escadron et ministre de la Guerre en avril 1888 voua en partie Mercier 6. Eugénie Vandré, sans profession. Il dans les cabinets Floquet puis Tirard, Surnommé familièrement «la sou- entra à l’École polytechnique à 19 ans pour redevenir président du Conseil ris blanche », il redevint ministre dans la promotion 1852. Sa fiche pour la quatrième fois en mars 1890. d’État pendant quatorze mois dans signalétique établie par l’École indique Il entreprit alors les premières négo- le cabinet de Guerre de Briand en qu’il avait les cheveux châtains, yeux ciations qui devaient conduire à l’al- 1915-1916. Il ne se représenta pas bruns, visage ovale, qu’il mesurait liance avec la Russie. Il tomba en en 1920 et mourut le 14 mai 1923 1,79 m et qu’il n’avait pas de signes février 1892 sur la question religieuse à Paris. particuliers.

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Entré à l’X 4e sur 106, il en sortit et le président du Conseil Charles Dans J’accuse, publié dans l’Aurore second en 1854 et choisit l’artillerie Dupuy en leur montrant le Bordereau du 13 janvier 1898, Émile Zola, qui dont il fit l’école d’application. et les modèles d’écriture de Dreyfus. n’avait pas compris l’importance de Il servit au Mexique pendant la Une expertise légale ayant été sug- son rôle, l’accusa seulement «de s’être guerre de 1863-1867. Il prit part gérée par le commandant du Paty de rendu complice, tout au moins par fai- ensuite aux batailles contre les Clam, Mercier fit appel à Gobert, blesse d’esprit, d’une des plus grandes Allemands sous Metz en 1870. expert à la Banque de France, sur la iniquités du siècle. » Cité au procès Il fut nommé général de brigade recommandation du ministre de la Zola en février, « hautain, flegma- en 1884, directeur des services admi- Justice Guérin. Mais le rapport de tique, précis, dédaigneusement retran- nistratifs à la Guerre en 1888, divi- Gobert ne fut pas concluant et Mercier ché dans la conscience de son infailli- sionnaire en 1889 et commandant du fit alors appel à Alphonse Bertillon bilité, il déclara que Dreyfus était un XVIIe corps en 1893 1. Il fut directeur qui conclut positivement. Il n’en fal- traître qui avait été justement et léga- de l’École pyrotechnique de Bourges lut pas plus à Mercier pour faire lement condamné » 6 et refusa de où il se spécialisa dans les projectiles convoquer Dreyfus au Ministère et répondre sur l’existence de pièces dont les obus à mitraille. le faire interroger par du Paty de Clam secrètes. Mercier fut chargé du portefeuille qui fit procéder aussitôt à son arres- Mercier et ses successeurs à la de la Guerre en décembre 1893 dans tation. Guerre, Zurlinden, Cavaignac, Billot, le cabinet Casimir-Perier après la Le 1er novembre 1894, à la suite Chanoine, furent auditionnés en démission de Freycinet (X1846). C’est d’indiscrétions parues dans la presse, novembre 1898 par la Chambre cri- en accord avec lui que le comman- Mercier informa de la situation le minelle de la Cour de cassation dans dant Sandherr rédigea alors les ins- Conseil des ministres qui décida des le cadre de la procédure de révision. tructions permettant, en cas de mobi- poursuites à l’unanimité. Alors que Tous cinq affirmèrent la culpabilité lisation, d’interner toutes les personnes l’instruction commençait à peine et de Dreyfus. Pour faire bonne mesure, suspectes 2. Il s’était construit la répu- que les experts en écriture étaient divi- Mercier déclara que la Chambre cri- tation d’un officier intelligent et réflé- sés, Mercier n’hésita pas à affirmer sa minelle était achetée par le Syndicat. chi, qui passait pour républicain – il certitude de la culpabilité de Dreyfus Il fit partie des 28 généraux en retraite était catholique et avait épousé une dans un article du Figaro 5 dont il qui participèrent à la souscription en Anglaise protestante, mais n’allait pas contesta la véracité en 1904 devant faveur de la veuve du commandant à la messe – et ouvert aux idées libé- la Cour de cassation. Mais il campa Henry en décembre 1898. rales, ce qui n’était pas fréquent. Il sur ses certitudes toute sa vie. En juin 1899, après l’arrêt de la était grand, très maigre, froid, sévère, Avec Dupuy, Mercier fut de la Cour de cassation, Mercier fut près son visage semblait taillé à la serpe, « nuit historique » du 12 décembre d’être mis en accusation à son tour il gardait toujours ses yeux mi-clos et 1894 à l’Élysée, pendant laquelle se joua, par la Chambre (228 voix contre 277) son sourire, un peu forcé, se contrac- prétendit-il, le sort de la guerre entre mais il ne désarma pas : « Je ne suis tait en rictus. Il était courtois, peu la France et l’Allemagne. Il fut à l’ori- pas un accusé, je reste un accusateur…»7 bavard, très énergique, doué d’une gine de la communication du dossier Installé à Rennes, il se présenta comme étonnante mémoire 3. secret au Conseil de guerre. Le chef de file des antidreyfusards, annon- Il conserva son poste en mai 1894 25 décembre 1894, dès Dreyfus çant dans la presse de droite des révé- dans le cabinet Dupuy, ce qui lui condamné par le Conseil de guerre, lations décisives à venir, comme l’exis- donna le sentiment d’être inamovible : il déposa à la Chambre un projet de tence d’un original du bordereau «Il tranchait de tout, sec, hautain, d’une loi rétablissant la peine de mort pour annoté par le Kaiser lui-même. En infatuation provocante, infaillible et sûr crime de trahison. fait, sa déposition devant le Conseil de de son étoile.» 4 En février 1895, après l’élection de guerre, qui dura quatre heures, n’ap- En août 1894, Mercier fit libérer Félix Faure en remplacement de porta pas d’élément nouveau et sa par anticipation une partie du contin- Casimir-Perier à la présidence de la conclusion fut sans appel : «Ma convic- gent ce qui lui valut des réactions République, où il était candidat et tion depuis 1894 n’a pas subi la plus virulentes de la presse de droite qui avait recueilli trois voix seulement, légère atteinte; elle s’est approfondie par l’accusa de couvrir les Juifs et les Mercier fut remplacé à la Guerre par une étude plus complète de la cause; elle espions. Émile Zurlinden (X1856), non sans s’est fortifiée enfin par l’inanité des résul- C’est alors qu’il fut avisé que la avoir eu le temps de « mettre de tats obtenus pour démontrer l’innocence section de statistique avait intercepté l’ordre » dans le dossier Dreyfus et du condamné, malgré le chiffre énorme ce qui allait devenir le «Bordereau». notamment de détruire le commen- des millions follement dépensés ! » 8 Il ordonna aussitôt des recherches taire écrit par du Paty et de prépa- Confronté le surlendemain 14 août rapides pour trouver le traître et redo- rer un projet de loi qui rétablissait avec l’ancien président de la République rer ainsi son blason auprès de la droite. les îles du Salut comme lieu de dépor- Casimir-Perier, il soutint la thèse de Dès le 7 octobre, convaincu de tenir tation. Il devint alors commandant l’implication personnelle du Kaiser et le coupable, il en informa le prési- du 4e corps d’armée pour passer dans de l’imminence d’une guerre avec dent de la République Casimir-Perier la réserve en 1898. l’Allemagne en janvier 1895.

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Lors des débats sur le projet de 1899, citée par Bredin, op. cit., p. 551. L’un des premiers dreyfusards, loi d’amnistie en novembre 1899, 9. Cité par Bredin, op. cit., p. 594. Prévost participa avec Émile Zola, Clemenceau et Jaurès demandèrent 10. Lettre du 6 juillet 1906 au premier prési- Louis Sarrut et Louis Leblois au dîner à nouveau la mise en accusation de dent de la Cour, l’Éclair du 7 juillet, Dutrait- organisé le 13 novembre 1897 par Crozon, p. 516. Mercier, «le premier des criminels». Scheurer-Kestner, au cours duquel 11. Dutrait-Crozon, p. 557. Mercier, qui venait d’être élu séna- ce dernier décida de faire part de sa teur nationaliste de Loire-Inférieure 12. Dutrait-Crozon, p. 563. conviction au public 2. en janvier 1900, siège qu’il conserva Prévost fut présent à Rennes dès le jusqu’en 1920, répéta alors qu’il avait premier jour. Il fut le 8 novembre agi en 1894 avec la conviction intime PRÉVOST Eugène Marcel 1899 du premier « Dîner des Trois et profonde qu’il rendait service à (1882) Marches» qui réunit tous les «combat- son pays 9. tants» du procès de Rennes et se tin- En mars 1904, devant la Chambre Eugène Marcel Prévost naquit le rent régulièrement jusqu’en 1912 à criminelle de la Cour de cassation, 1er mai 1862 à Paris dans une famille l’initiative d’Edmond Gast et de l’édi- Mercier défendit encore «l’irréfutable» bourgeoise de Eugène François Prévost, teur Pierre-Victor Stock 3. démonstration de Bertillon. Sommé sous-directeur des contributions Prévost fut élu en 1909 à l’Académie en juillet 1906 par La Libre Parole de directes et Eugénie Élisabeth Boudin, française au fauteuil de Victorien dévoiler enfin ses preuves à la veille sans profession. Après des études au Sardou, battant Édouard Drumont. du rendu de l’arrêt de la Cour, il se petit séminaire d’Orléans puis à Il poursuivit sa brillante et prolifique borna à réitérer sa conviction de la Châtellerault et à Bordeaux, il fit des carrière littéraire jusqu’à la guerre culpabilité de Dreyfus et à rendre hom- études humanistes chez les Jésuites avec un roman par an comme Féminités mage «… à tous ceux qui, soit comme à Paris, ponctuées de tous les pre- (1912), Les Don Juanes (1922), La Mort juges, soit comme témoins civils ou mili- miers prix, en lettres comme en des Ormeaux (1937), etc. taires, avaient apporté de leurs mains sciences 1, il entra à l’École polytech- Prévost reçut la Croix de guerre loyales et courageuses une pierre à l’édi- nique à 20 ans dans la promotion 1914-1918. Il fut nommé en 1922 fice, désormais indestructible, de la cul- 1882, soit quatre ans après Dreyfus. directeur de la Revue de France, poste pabilité d’un officier traître à sa patrie.» 10 Sa fiche signalétique établie par l’École qu’il conserva jusqu’en 1940. Il fut Le 13 juillet 1906, au Sénat, il vota indique qu’il avait les cheveux châtains, nommé en 1935 grand-croix de la contre la réintégration de Dreyfus et yeux bleu clair, visage ovale, front Légion d’honneur et en 1939 président de Picquart et accusa la Cour de cas- bombé, et qu’il mesurait 1,67 m. de la Société amicale de secours des sation d’avoir suivi une procédure irré- Entré à l’X 97e sur 247, il en sor- anciens élèves de l’École polytech- gulière, «sans publicité des dépositions, tit 20e en 1884 et choisit les manu- nique. Il présida également la Société sans publicité des débats, sans confrontation factures de l’État (Tabacs) puis tra- des gens de lettres et la section litté- des témoins.»11 L’Action française ouvrit vailla un moment au ministère des raire du Conseil supérieur de radio- alors une souscription pour lui offrir Finances. Il démissionna de son poste diffusion. À ce titre, il intervint le une médaille d’or en souvenir de cette en 1890 pour se consacrer à l’écri- 31 mars 1939 au Théâtre des séance dans laquelle il avait «tenu tête ture. Ambassadeurs à la présentation de la aux parlementaires affolés». Cette médaille Il publia dès 1887 Le Scorpion, qui télévision française nouvellement née, lui fut remise le 29 juin 1907 dans la fut remarqué par Hérédia et fut publié en pressentant l’immense dévelop- salle Wagram devant 6000 personnes 12. en feuilleton dans les journaux. pement à venir : «… cette suprême Mercier mourut à Paris le 3 mars Suivirent une trentaine de romans à découverte nous annexe l’univers. Le 1921. Jusqu’à son dernier souffle, droit succès, aujourd’hui oubliés depuis sens du mot voyage est changé : c’est le dans ses bottes, il ne cessa jamais de longtemps, toujours basés sur l’ana- monde extérieur qui se déplace, vient à clamer la culpabilité de Dreyfus. ■ lyse du cœur humain, surtout fémi- nous, s’arrête devant nous. Un écolier – nin : Chonchette (1888), Mlle Jaufre quand la télévision scolaire sera défini- 1. Larousse du XXe siècle, Larousse, tome IV. (1889), Cousine Lara (1890), La confes- tivement accomplie – aura fait plusieurs 2. L’Affaire, Jean-Denis Bredin, Fayard-Julliard, sion d’un amant (1891), l’Automne fois le tour du monde… à l’âge de 1993, p. 66. d’une femme (1893), etc. dix ans…» 4 3. Bredin, op. cit., p. 86-87. Les Demi-Vierges, paru en 1894, Il mourut le 8 avril 1941. ■ 4. Joseph Reinach, Histoire de l’affaire Dreyfus, suscitèrent un succès de curiosité et Revue blanche 1901, Fasquelle 1929, t. I, p. 1 sq, de scandale à la fois. Pour compen- 1. François Bédier, Marcel Prévost, de Polytechnique cité par Bredin, op. cit., p. 86. ser, il créa le personnage de Françoise, aux Demi-Vierges, La Jaune et la Rouge, mai 1995, 5. Interview dans Le Figaro du 28 novembre p. 16. 1894, citée par Bredin, op. cit., p. 116. femme sage et heureuse (Lettres à 2. , Carnets 1899-1907, Calmann- 6. Procès Zola, I, p. 167-172, cité par Bredin, op. Françoise, 4 vol.). La même année, sa Lévy, 1998, p. 402. cit., p. 357. réputation de spécialiste des choses 3. Jean-Denis Bredin, L’affaire, p. 541 note. 7. Le Temps, 7 juin 1899, cité par Dutrait-Crozon, du cœur fit qu’il fut nommé membre 4. Discours aux Ambassadeurs, Revue de France, p. 240. d’une commission de révision du 1er mai 1939. 8. Déposition du général Mercier le 12 août Code civil, chapitre mariage.

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