26 Septembre 2016 Dossier Pédagogique
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16 Avril - 26 septembre 2016 Dossier pédagogique Dossier réalisé par le service éducatif et le service des publics du musée des Beaux-Arts de Rouen. Musée des Beaux-Arts de Rouen 1 1ère de couverture Gustave Caillebotte, Intérieur ou Femme lisant, 1880, huile sur toile Collection particulière 2 SOMMAIRE p. 3 I- INTRODUCTION ET PRESENTATION DE L’EXPOSITION p. 4 II- PARCOURS DE L’EXPOSITION p. 5 III- PISTES DE REFLEXIONS p. 14 A- La bourgeoisie mise en scène p. 14 B- Le réseau p. 17 C- Intérieur, extérieur p. 25 D- Regardant, regardé p. 27 IV- PISTES PEDAGOGIQUES p. 33 A- XIXème et la bourgeoisie mise en scène p. 33 B- Peinture et modernité p.33 C- Rapport texte-image p. 34 V- ORIENTATIONS BIBLIOGRAPHIQUES p. 36 VI- POUR ALLER PLUS LOIN p. 38 - Chefs-d’œuvre impressionnistes dans les collections permanentes - Parcours «portrait» dans les collections permanentes VII- VISITER L’EXPOSITION AVEC SA CLASSE p. 39 ANNEXES p. 40 Quelques biographies p. 40 Repères chronologiques p. 43 3 I - INTRODUCTION ET PRESENTATION DE L’EXPOSITION Dans le cadre de la troisième édition du Festival Normandie Impressionniste, consacré au thème du portrait, le musée des Beaux-Arts de Rouen entreprend d’étudier une facette plus secrète de ce mouvement pictural, en explorant l’histoire intime de ce qui apparaît à bien des égards comme une véritable famille d’artistes. Spontanément associés à la peinture de paysage, les impressionnistes ont toutefois consacré une part importante de leur travail à des sujets neufs, pris dans leur environnement urbain, social ou intellectuel, dont ils se sont attachés à peindre les transformations. Ces artistes, souvent décrits comme des adeptes du plein-air, s'emparent dès leurs premières œuvres de la représentation des intérieurs, appartements modernes, nouveaux lieux de sociabilité dans lesquels évoluent leurs contemporains, pour en faire un de leurs sujets de prédilection. Cette nouveauté ouvre la voie à Bonnard et Vuillard, pour qui le cercle feutré dans lequel évolue le citadin constitue une source inépuisable d’inspiration. Ces tableaux sont autant d’occasions de sortir des ateliers et d’offrir une vision neuve d’un univers familial et des relations entre les individus alors en plein bouleversement sous les effets de la croissance urbaine et industrielle et des transformations sociales et culturelles. À ce titre, cette exposition permet de comprendre l'évolution de l'histoire sociale de la France, et particulièrement celle de la famille, dont de nombreux travaux universitaires dans la lignée de ceux d'André Burguière ont renouvelé notre perception ces dernières années. Dans un siècle où évoluent les rôles de chacun dans la société, où la place de la femme, celle de l’enfant, celle de l’artiste, font l’objet de nouvelles définitions, les impressionnistes ont été eux aussi des fils, des pères, des amants, des maris. Certains thèmes déjà étudiés lors de précédentes expositions (Camille, Brême, 2006 ; Impressionist Interiors, Dublin, 2008 ; Degas et le nu, Musée d'Orsay, 2012) sont ici mis en perspective de façon inédite. À travers onze thèmes articulés chronologiquement, une centaine de peintures de première importance, mais aussi des photographies, des dessins, des sculptures et des correspondances, l’exposition offre une plongée au cœur d’univers personnels souvent occultés par une œuvre immense. Après avoir organisé deux expositions de référence sur le mouvement impressionniste, Une ville pour l’Impressionnisme (2010) et Éblouissants reflets (2013), le musée des Beaux-Arts de Rouen, où Claude Monet expose dès 1872 le portrait de sa femme Camille sous le titre de Méditation, poursuit sa démarche en proposant, avec Scènes de la vie impressionniste, d’explorer un nouvel aspect, méconnu, de l’aventure impressionniste. 4 II - PARCOURS DE L’EXPOSITION 1. Monet et la caricature Le plus célèbre des impressionnistes n’a débuté sa carrière ni avec des paysages, ni avec des nymphéas, mais avec des « portraits-charges ». Tout juste sorti du lycée où il remplit les marges de ses cahiers de dessins irrévérencieux, le jeune homme qui signe encore « Oscar », se procure son argent de poche en croquant la société havraise et les touristes de passage. Avec le développement de la presse et l’invention de la lithographie qui permet de reproduire le dessin aisément, un nouveau média apparaît au XIXe siècle : le journal satirique. Du ministre au bourgeois, en passant par l’artiste ou l’ouvrière, nul n’échappe au regard acéré des caricaturistes, qui deviennent de véritables célébrités, tel Nadar dont Monet s’inspire à Claude Monet ses débuts. Léon Manchon, vers 1854 Exposées dans la devanture d’un encadreur du Havre ces caricatures lui Graphiste rehaussé de blanc 56 x 42 cm offrent un premier succès et, sans la rencontre avec Boudin qui y montre Rouen, musée des Beaux-Arts ses marines, le jeune homme aurait peut-être poursuivi dans la voie du dessin de presse. En épousant la carrière de peintre, Monet abandonne symboliquement le prénom d’Oscar et signe désormais de son deuxième prénom, Claude, se plaçant ainsi sous le parrainage du plus célèbre des paysagistes français du XVIIe siècle, Claude Gelée dit Le Lorrain. Cette première transition préfigure l’évolution de son œuvre, du portrait au paysage, genre qui fera son succès. 2. Portraits de Famille Le portrait de famille est un exercice ancien permettant aux peintres de prouver leur virtuosité à saisir la diversité des expressions et des personnalités, et d’offrir une image avantageuse de leur situation personnelle. Les impressionnistes n’ont pas négligé cette tradition picturale : c’est souvent un portrait de famille qui leur ouvre les portes du Salon, ou qui lance leur carrière. Lors des Salons de 1877 et 1878 deux portraits de famille de conception diamétralement opposée retiennent l’attention. Le déjeuner dans la serre de Louise Abbema, avec son intérieur exubérant réputé être celui de Sarah Bernhardt, annonce à la fois par son titre et son sujet un tableau qu’Edouard Manet ne réalisera que deux ans plus tard1. La jeune peintre connaîtra une éclatante carrière de portraitiste mondaine avant de sombrer dans l’oubli. Fantin-Latour, connu pour ses sympathies impressionnistes, présente l’année suivante La famille Dubourg où se retrouvent son épouse Victoria, sa belle-sœur et ses beaux-parents. La toile, bien que parfois jugée d’une sévérité excessive, est très bien accueillie et incarne aux yeux de la critique « l’individualisme moderne ». Fantin-Latour, déjà célèbre mais réputé pour sa timidité, poursuivra une carrière solitaire et exigeante. Deux compréhensions de la modernité sont ici à l’œuvre : l’esprit tapageur d’une société élégante d’une part, le recentrement de la famille bourgeoise sur son intimité d’autre part. Si le peintre classique mettait sa famille en scène selon les normes de la respectabilité, l’impressionniste lui, déverrouille les codes de la représentation pour rendre explicite la véritable nature des comportements, comme les relations entre les individus. 3. Identités artistiques Il est de tradition pour un peintre d’échanger des portraits avec ses condisciples et d’interroger sa propre image. Au cours du XIXe siècle, cette tradition académique a été réinvestie par les peintres en rupture comme un moyen d’affirmation de soi, voire un geste de défi à l’égard de la société. 1 Berlin, Alte National Galerie 5 Au début de leur carrière, les impressionnistes pratiquent volontiers cet exercice. Ils mettent en scène leurs relations amicales, familiales, les liens d’estime et de respect mutuels, et cèdent parfois à l’introspection. Ainsi pour Auguste Renoir et Claude Monet, qui se rencontrent dans l’atelier de Charles Gleyre au début des années 1860, ou Édouard Manet et Berthe Morisot, unis par une profonde tendresse, au-delà de leurs liens familiaux. Chez Degas, le portrait est souvent l’occasion d’exprimer des liens d’amitié, qu’il s’agisse de son vieux camarade de lycée Alfred Niaudet ou de ses compagnons de guerre, Jeantaud, Linet et Lainé. Au-delà de la sphère intime, d’autres personnalités jouent un rôle crucial dans l’émergence du mouvement impressionniste : des marchands comme Ambroise Vollard, des critiques d’art tel Diego Martelli, ou encore des collectionneurs comme Victor Chocquet. Leurs Edouard Manet Berthe Morisot au bouquet de portraits sont autant de témoignages d’amitié, mais aussi de violettes, 1872 dépendance mutuelle, dans le nouveau système économique qui se Huile sur toile, 55 x 40,5 cm Paris, Musée d’Orsay met progressivement en place. Mais ces tableaux, conçus pour être exposés, ont également une dimension stratégique : en choisissant de révéler publiquement ces visages, les impressionnistes dévoilent un réseau de solidarité solidement implanté dans les cercles les plus influents. 4. Muses et modèles L’image de la femme occupe une place immense dans l’œuvre des impressionnistes. Si la plupart d’entre eux ne pratique qu’assez rarement le portrait de commande, leurs toiles nous restituent néanmoins les traits d’un grand nombre de personnages identifiés. Les effigies de ces compagnes, amies ou parentes, leur permettent de célébrer la séduction particulière de la femme moderne, la beauté de ses toilettes, son cadre de vie. Le statut de ces œuvres est souvent ambigu et la frontière entre portrait et scène de genre incertaine. On reconnaît les épouses des artistes dans La Lecture de Manet ou dans Méditation de Monet, mais comme chez Renoir, Pissarro ou Gauguin, ces toiles peuvent également être reçues comme des moments d’intimité domestique mettant en scène des personnages anonymes. Toutefois, il est manifeste que l’enjeu du tableau ne se limite pas à quelques séances de pose : la proximité entre le peintre et son modèle confère parfois à ces toiles une intensité particulière, qui se nourrit des liens psychologiques et sentimentaux unissant le couple.