Voyage Au Cœur Des Collections
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| CAHIER SPÉCIAL D | LES SAMEDI 9 ET DIMANCHE 10 MARS 2019 MUSÉES Cultures du monde et arts décoratifs, sculptures, mobilier et objets du Voyage au cœur quotidien, design, arts graphiques, dessins, étampes, peintures d’hier et d’aujourd’hui… les collections permanentes des musées québécois regorgent de trésors, œuvres d’artistes québécois, canadiens et inter- des collections nationaux à découvrir et redécouvrir. Visite guidée. D 2 MUSÉES — LE DEVOIR, LES SAMEDI 9 ET DIMANCHE 10 MARS 2019 MUSÉE MCCORD Faire dialoguer les collections Le Musée McCord ouvre chaque je me rapproche du processus du année ses collections perma- perlage, dans la manière de placer, nentes à une artiste en résidence. de répéter et d’accumuler», souligne l’artiste d’ascendance Kanien’kehá: Hannah Claus explique ce que lui ka (mohawk) devant sa création. a inspiré la réserve de l’établisse- De l’autre côté de la pièce, cer- ment avec l’exposition C’est pas tains des objets, dont les détails ont pour rien qu’on s’est rencontrés. été photographiés pour son installa- tion, sont exposés dans une vitrine. Le Devoir est allé la voir alors Le programme Artiste en résidence qu’elle mettait la dernière touche de l’établissement muséal, lancé en à ses installations, dévoilées 2012, semblait tout indiqué pour elle. ce week-end. Parmi ses sources d’inspiration figu- rent les cosmogonies autochtones, particulièrement celle des Mohawks, ETIENNE PLAMONDON EMOND qui l’amène à remettre en question Collaboration spéciale notre perception linéaire du temps, de l’espace et de la mémoire. «Les objets du Musée McCord ne sont annah Claus venait de terminer pas figés dans le passé et restent H le montage d’un mobile qui contemporains dans une culture vi- évoque les châles portés dans cer- vante, observe-t-elle. C’est bien de taines danses lors des pow-wow. Sur les faire sortir pour qu’ils respirent chaque corde sont enfilés plusieurs un peu, de prendre des images de petits disques, sur lesquels sont im- choses qui sont sous verre et de les Hannah Claus, Souvenir apprentissage oubli, 2019, cire d’abeille primées les photographies de motifs arranger pour que ce soit animé.» MARILYN AITKEN perlés qui se trouvent sur des objets de la collection des cultures autoch- Des archives aux artefacts Devoir tones du Musée McCord. Les brode- «C’est toujours surprenant, ce qu’ils Ce cahier spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du , ries de perles constituent depuis des font dire aux objets», dit Guislaine grâce au soutien des annonceurs qui y figurent. Ces derniers n’ont cependant Devoir siècles un moyen d’expression im- Lemay, conservatrice Cultures pas de droit de regard sur les textes. La rédaction du n’a pas pris part à la portant dans la culture iroquoise. production de ces contenus. «Dans mes sculptures suspendues, VOIR PAGE D 4 : M CCORD Alain Vandal Romain Guilbault Romain Guilbault NOUVEAU SPECTACLE MULTIMÉDIA pacmusee.qc.ca 350, place Royale, Vieux-Montréal DÈS CE PRINTEMPS (Québec) H2Y 3Y5 MUSÉES — LE DEVOIR, LES SAMEDI 9 ET DIMANCHE 10 MARS 2019 D 3 MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE MONTRÉAL Dialogue sur l’identité culturelle Vue de l’exposition Connexions : notre diversité artistique dialogue avec nos collections au Musée des beaux-arts de Montréal DENIS FARLEY MBAM En attendant l’ouverture en novembre de la nouvelle aile des cultures du mexicaine Nuria Carton de Gram- tion traditionnelle avec des paillettes monde et du vivre-ensemble, le Musée des beaux-arts de Montréal mont, spécialiste de l’art contempo- et de la mousse de polystyrène. rain latino-américain. Elles ont de- Mais, plutôt que de peindre des oi- (MBAM) braque les projecteurs sur sept artistes émergents issus de la di- mandé à 21 migrants de leur présen- seaux, l’artiste représente des in- versité culturelle. Avec l’exposition Connexions: notre diversité artistique ter un objet ayant une valeur particu- sectes rampants qui imitent l’appa- dialogue avec nos collections, le musée présente sept œuvres contempo- lière dans leur processus de migra- rence d’autres insectes afin de se raines remettant en question la notion d’identité culturelle. tion et ont établi un dialogue entre fondre dans leur environnement les objets contemporains présentés pour tromper leurs prédateurs ou par les participants et les objets de la leurs proies.» HÉLÈNE ROULOT-GANZMANN du corps dans l’expression des iden- collection du Musée afin de mettre Remettre en question le Collaboration spéciale tités culturelles. l’accent sur l’histoire de leur périple. «Je m’intéresse à tout l’aspect du «Nous avons également deux ar- discours muséal dominant mouvement de la performance inhé- tistes d’origine chinoise, ajoute À l’issue de l’exposition, ces sept œu- ls sont sept. Sept artistes émer- rent à l’art classique africain, précise Laura Vigo, conservatrice de l’art vres entreront dans la collection du I gents, nés ici ou ailleurs, vivant ici Mme Hubert. Lorsqu’on présente des asiatique du MBAM. Hua Jin insiste Musée et seront présentées dès le ou installés ailleurs, mais ayant tous masques dans un musée, ce mouve- sur le sacrifice environnemental, cul- mois de novembre dans la nouvelle un lien avec le Canada. Ils ont des ori- ment est perdu. On se retrouve avec turel et spirituel que la Chine impose aile des cultures du monde et du vi- gines en Chine, au Sri Lanka, au une présentation de masques sans le au nom du développement écono- vre-ensemble, dans le pavillon Ste- Mexique, au Kenya ou encore en Li- costume, statiques, qui ne sont mique. L’artiste s’inspire des porce- phan Crétier et Stephany Maillery. bye. Et leurs œuvres sont empreintes qu’un fragment de la création artis- laines chinoises du Musée et de «Elles apporteront un nouveau re- de cette identité multiple qu’ils vivent tique originelle. » leurs décors bleu cobalt pour créer gard sur la culture d’ailleurs, indique et sur laquelle ils réfléchissent. Pour son œuvre intitulée Lost in douze assiettes qui jettent un pont Laura Vigo. Les œuvres que nous «Nous leur avons proposé un dia- Display, l’artiste a ainsi choisi des entre le passé et le présent. Chaque avons dans notre collection nous logue avec notre collection des cul- masques de la collection et en a fait assiette illustre un motif traditionnel, viennent pour la plupart des pre- tures du monde, raconte Erell Hubert, des modèles 3D. Il a par ailleurs créé imprimé au laser puis estompé et dé- miers collectionneurs canadiens, qui conservatrice de l’art précolombien des chorégraphies qu’il a filmées, et coloré. Tout en évoquant la tradition n’avaient jamais mis les pieds en au MBAM. Cela représente 10 000 en réalité virtuelle a fait porter les chinoise, cette décoloration met en Orient. Ils regardaient cela de ma- pièces environ. Chacun en a choisi masques aux danseuses. évidence les notions de disparition et nière fantasmagorique, ils créaient une ou un groupe, d’autres ont plutôt «Il redonne du mouvement aux de transformation.» cette idée de l’Orient charmant, mys- préféré travailler de manière plus masques pour recréer le concept térieux. Les œuvres qui sont arrivées conceptuelle. L’idée, c’est de s’inspirer d’origine, poursuit Erell Hubert, qui au Musée n’étaient même pas consi- de nos œuvres, pour la plupart issues précise qu’il ne s’agit cependant pas « L’idée, c’est de s’inspirer dérées comme des œuvres d’art dans d’un répertoire classique, afin de les de danses de l’époque. Il ne travaille de nos œuvres [...] afin leur pays d’origine.» regarder autrement et de faire ainsi pas comme le ferait un anthropo- de les regarder autrement Pour Erell Hubert, il s’agit de dialoguer les cultures.» logue. Il s’agit d’une création pure- et de faire ainsi dialoguer poursuivre le dialogue à long terme. ment artistique.» De faire entrer des voix plus contem- Un fragment de la création les cultures » poraines afin de démontrer que le artistique originelle Préoccupations discours muséal dominant jusqu’à Brendan Fernandes est né à Nairobi contemporaines Quant à Karen Tam, elle s’inspire aujourd’hui n’est pas le seul possible. en 1979. Il vit aujourd’hui à Chicago. Parmi les autres artistes, on retrouve elle aussi des porcelaines chinoises «Il y a différentes façons d’être en Dans sa pratique artistique, il utilise la Montréalaise d’origine libyenne du Musée, mais pour dénoncer de relation avec les objets, conclut-elle. souvent des objets africains issus des Arwa Abouan, qui avec son œuvre manière ironique les lieux com- Les objets anciens ont une résonance, musées. La perte des traces de leur Sans chez-soi explore la transmission muns et l’idée que l’Occident en gé- une pertinence dans le monde provenance soulève en lui des ques- des connaissances par les femmes, les néral et le Canada en particulier se contemporain, dans le questionne- tions quant à leur authenticité et met préjugés en général et le supposé obs- font de la « chinitude ». ment identitaire. Ils ne sont pas sim- en lumière leur passé colonial. curantisme musulman en particulier. «Au début du XVIIIe siècle, afin de plement relégués à l’historique, mais L’artiste établit ainsi une analogie L’œuvre Objets personnels est pour satisfaire à la demande occidentale, ils permettent de comprendre les rela- entre leur histoire et son propre par- sa part le fruit d’une collaboration la Chine fabriquait des pièces dans le tions dans le présent.» cours d’artiste canadien d’ascen- entre l’artiste d’origine argentine style japonais Imari, raconte dance kenyane et indienne. Mais Maria Ezcurra, qui explore souvent Mme Vigo.