Théâtre du Passage || 4,www.theatredupassage.ch passage Maximilien-de-Meuron · CP 3172 · 2000 Neuchâtel Benoît Frachebourg Les combatsd’unereine d’après destextesde · chargé de communication +41 (0) 32| [email protected] 82 05 | Saison 2011-2012 | Dossier de presse GrisélidisRéal mise enscène FrançoiseCourvoisier 13 novembre 2011 dimanche |17h

© François Grobet A:H8DB76IH 9ÉJC:G:>C: 9:HwA>9>HGw6A B>H::CH8ÝC: ;G6CvD>H:8DJGKD>H>:G 6K:8?J9>I=B6E>C:>AA:"K>AA: lll#aZedX]Z#X] ,>',B6GH'%&& LES COMBATS D’UNE REINE DE GRISÉLIDIS RÉAL avec JUDITH MAGRE MAGALI PINGLAUT FRANÇOISE COURVOISIER du 7 au 27 MARS 2011

conception & mise en scène Françoise Courvoisier assistant Frédéric Schreyer lumière Aurélien Gattegno bande son Nicolas Le Roy coiffure & maquillage Arnaud Buchs archives Igor Schimek

Production Le Poche Genève

Trois actes de la vie et de l’œuvre de Grisélidis Réal, écrivaine, peintre et prostituée légendaire.

Le spectacle est conçu pour trois comédiennes, trois générations pour refaire le voyage passionné et passionnant d’un personnage hors du commun. Grisélidis a trente-cinq ans (Suis-je encore vivante ?) lorsqu’elle se bat pour la liberté dans une prison à Munich ; elle en a cinquante (La Passe Imaginaire) lorsqu’elle défend la cause des prostituées à Genève; elle en a plus de septante (Les Sphinx) quand elle se bat contre le cancer, ou plutôt pour la vie. À travers les âges, la même voix, la même jeunesse ne l’ont jamais quittée.

Images disponibles, libres de droits

Judith Magre dans Les Combats d’une reine / Photographie Augustin Rebetez « Je crois à la liberté. Vous ne pouvez pas savoir la liberté qu’on a quand on est tout en bas de l’échelle. Rien à gagner, rien à perdre. Être nomade, pieds nus dans le sable, habillée de vent et de poussière. » Grisélidis Réal, La Passe Imaginaire

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GRISÉLIDIS AU THÉÂTRE, UN PARADOXE EN OR… Françoise Courvoisier

Qu’il s’agisse de son métier de prostituée ou, plus tard, de sa maladie, Grisélidis Réal se faisait un plaisir à ne rien cacher, à dévoiler la réalité jusque dans les moindres détails. Et pourtant, notamment dans ses lettres à Jean-Luc Hennig, elle ne cesse d’enjoliver sa vie, d’embellir le quotidien. Elle mange des fraises «énormes, rouge sang», ses boucles d’oreille sont des «méduses d’or» et quand elle tombe amoureuse, c’est à la folie : « Une folie féroce, muette, incrustée comme une pieuvre géante au profond de mon corps… ». Même la laideur trouve grâce à ses yeux et ses clients les plus affreux se voient pourvus, sous sa plume, de qualités exceptionnelles.

À la fin de sa vie, alors qu’elle est déjà si malade, elle montre une extraordinaire détermination à se parer : « Toujours se rire des écroulements, des pâleurs, des décrépitudes, de l’inéluctable affaissement […] apprêter astucieusement le peu qui me reste de cheveux, de seins, d’ongles […] Toujours flamber, être dressée, pavoiser, charmer, s’éblouir, rayonner. ». Et, paradoxalement, à la même période, elle écrit aussi : « Enterrez-moi nue, comme je suis venue, sans argent, sans vêtements, sans bijoux, sans fioritures… » (Les Sphinx). Ce sont précisément ces contradictions, ces changements d’humeur, passages abrupts du désespoir le plus absolu à l’extase la plus totale, qui rendent les écrits de Grisélidis si savoureux au théâtre. Peut-on imaginer personnage plus vivant, plus merveilleusement humain ?

Grisélidis fait partie des écrivains dont la vie et l’œuvre sont étroitement mêlées. D’où cette force d’authenticité qui capte le lecteur instantanément. Écrire des histoires qui ne seraient pas vraies n’aurait eu aucun sens pour elle. D’où son trouble, sa légère appréhension la première fois (Grisélidis, en 1993, au Théâtre du Grütli à Genève), à me voir transposer ses écrits, donc sa vie, à la scène.

Jouer Grisélidis, c’est pour commencer, vaincre nos propres préjugés sur la prostitution. Envisager l’acte sous un autre regard et admettre q’une personne qui fait l’amour pour de l’argent n’est pas forcément sale, désespérée ou immorale. Penser avec elle que « Ce n’est pas plus dégradant de rendre un service avec son sexe plutôt qu’avec ses bras ! ».

Trouver le juste ton pour parler des manies et exigences de certains clients, parler avec naturel du métier avec la précision et tous les détails concrets déclinés méticuleusement par l’auteur, nécessite de la part des interprètes un certain cran. « André : a épousé son infirmière. Lécher, sucer, enculer un petit peu… 200.- Fr » (Le Carnet noir) Pour une actrice, arriver en scène et prétendre « s’être fait neuf clients hier soir » exige une compréhension profonde et sincère de l’acte de prostitution. Il ne s’agit bien sûr pas de le vivre réellement, mais d’admettre qu’il puisse être vécu en toute dignité. « Il serait temps de nous repecter un peu plus, oui. Vous vous rendez compte du service qu’on rend à la société ? Pour le moment, on est juste assez bonnes pour payer des impôts ! » (La Passe Imaginaire)

Mettre en scène ou jouer ces textes, c’est s’engager humainement et politiquement, s’engager viscéralement, c’est bouillonner avec elle de colère contre le mépris du bourgeois. Jouer Grisélidis, c’est aussi souffrir dans son corps et dans son âme : éprouver de la compassion pour le « cochon de campagne au poil sauvage », la « baleine échouée à l’agonie », le « bouc puant la sueur de toute une journée de travail »…

En tant que metteur en scène, je sais dès le début que je ne peux pas porter à la scène cette œuvre-là comme une autre. Parce qu’il ne s’agit pas d’une fiction, mais bien d’une parole exposée comme une chair à vif. Mon souci principal et ma responsabilité, face à cette œuvre si extraordinaire, pourraient se résumer ainsi : parler de prostitution sans complaisance ni faux-semblants, montrer une prostituée qui ne suscite pas la pitié, mais au contraire le respect, montrer les choses telles qu’elles sont, parce que « C’est un MÉTIER, rien à voir avec les pleurnicheries qu’on nous montre au cinéma ! ».

Si Grisélidis, catin révolutionnaire et briseuse de tabous, avait une telle force de conviction, c’était sans doute aussi grâce à cette distance amusée qu’elle gardait toujours, même dans ses colères les plus faramineuses (elle disait aussi « épique, monumentale, gigantesque, cosmologique ») ! Savamment mêlé à son militantisme déchaîné, son humour lui donnait gain de cause face aux plus sceptiques. J’ai personnellement abusé des passages particulièrement caustiques des lettres à Jean-Luc Hennig, sachant qu’au théâtre, pour faire passer une idée nouvelle, rien de tel que le rire. Quand on entend des répliques comme « Que vaut-il mieux prostituer : son cul ou son âme ? Son cul, bien entendu. C’est plus pénible physiquement mais c’est plus propre ! » ou « Je chie sur Dieu ! C’est une honte d’avoir fabriqué une planète pareille… Et ce vieux con voudrait encore qu’on se mette à genoux pour lui dire merci ! », comment ne pas sourire ?

Les principales étapes du spectacle

La prison À 35 ans, son combat pour rester debout et garder la tête haute dans une prison en Allemagne, où elle est enfermée pendant près d'une année, privée de ses quatre enfants et abandonnée par son amant. (Suis-je encore vivante ?, paru en 2008)

Le trottoir À 50 ans, prostituée à Genève, elle raconte les douleurs de ce métier mais aussi la dignité et la joie, parfois, de celles qui l'exercent avec intelligence et tendresse. Et aussi son combat, incroyable, pour la défense des droits des travailleurs et travailleuses du sexe. (La Passe Imaginaire, paru en 1994)

La maladie À 75 ans, elle est toujours belle, plus enragée que jamais, drôle, tzigane, écrit des poèmes (À Feu et à Sang), peint (elle est passée autrefois par les Beaux-Arts à Zurich)… son combat est maintenant contre la mort. Ou plutôt pour la vie. Atteinte d'un cancer, elle cherche tous les moyens pour reculer l’inéluctable. (Les Sphinx, paru en 2005)

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UNE FEMME DIGNE, SUBLIME, INSOUMISE Micheline B. Servin, Les Temps Modernes, n°660

(…) Portrait dans le vif d’une femme hors du commun, peintre, écrivain à la plume de haute volée et prostituée, amante passionnée de la vie et de la liberté qui puisa dans les blessures et les humiliations une force de lutte, Grisélidis Réal.

Intitulé avec pertinence Les Combats d’une Reine. Un entrelacement d’extraits de Suis-je encore vivante ?, Le Carnet Noir et Les Sphinx, qui rassemblent les lettres à Jean-Luc Hennig de 2002 à 2005, où se ravivent des souvenirs. Trois épisodes dans les lieux suggérés par une valise, un comptoir de bar, une table bureau.

Magali Pinglaut pour le passage dans une prison allemande, la séparation inquiète d’avec les quatre enfants, le désir de peindre mais l’impossibilité. Françoise Courvoisier (qui signe la conception et la mise en scène) pour la prostitution et un inventaire des clients, la connaissance narquoise des travers et compatissante envers les démunis, les victimes de racisme.

Elles sont justes, mais l’étincellement du regard aigu et de l’écriture jaillit de l’art et de la finesse d’interprétation de Judith Magre, formidable médiatrice vers Grisélidis Réal, alors atteinte d’un cancer contre lequel elle lutte et apprend à vivre, l’arme de l’humour pas rengainée, toujours féroce envers la médiocrité ; en rebelle lucide sur l’humaine condition, elle n’esquive pas l’avancée de la mort, menant une ultime lutte par révérence à la vie. Une femme digne, sublime insoumise. L’actrice, le modèle, une rencontre superbe.

L’insoumission, un mot oublié.

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UN SPECTACLE FONDAMENTALEMENT THÉÂTRAL Julien Lambert, Scènes Magazine

[…] Une caisse en bois, un bureau d’écrivaine, un bar : trois tables en crescendo, propices aux dérupées abruptes entre nirvana et abîme. Trois femmes pour tenter de cerner, à différents moments de sa vie, l’insaisissable reine aux multiples couronnes, polémiste, prostituée, poète, peintre et pyromane de la pensée droite.

Trois situations d’isolement, de marginalité forcée où la pensée et la poésie fermentent en liberté : la prison que la jeune Grisélidis (Magali Pinglaut) purge pour quelques grammes de Marijuana ; le confessionnal du bar où la prostituée (Françoise Courvoisier) gueule contre la société et se confie sur les dessous de son art ; la maladie où la femme accomplie (Judith Magre) consomme quelques derniers poisons délicieux « au bord du néant ».

Trois paires de lèvres pour trois âges de la vie, comme dans les tableaux de la Renaissance, qui concentrent l’attention du regard : lèvres tremblantes de la tendre amoureuse, lèvres en sourire de la travailleuse épanouie, lèvres cracheuses et maugréantes de la polémiste irréductible.

La lumière passe le crachoir sans transition de l’une à l’autre, pour laisser se dégager un portrait en kaléidoscope. Rien d’atemporel pour autant ; les horizons d’attente de chacune projettent les discours entrelacés vers un devenir irrémédiable : l’une attend son procès dans l’espoir d’être libérée, l’autre attend les opérations et, sans ciller, la mort. Aucun antagonisme pour autant : dans les geôles allemandes, la jeune Grisélidis dit déjà se sentir « comme dans une tombe ». On comprend qu’au-delà des temporalités distinctes, c’est toujours de vie qu’il s’agit, mais d’une vie conçue comme une danse sensuelle avec la mort. […]

Mais la tendresse habite aussi transversalement les trois images de Grisélidis, qui tombe amoureuse comme une gamine à septante ans passés. Malgré sa gouaille bravache, la princesse des Pâquis garde une cabotinerie de petite fille. À son comptoir, elle rêve toujours d’avoir un jour une maison, et au soir de sa vie, d’associer un petit chien à sa solitude. On songe à Nana de Zola, aux châteaux en Espagne qui éclairent le quotidien sordide de la courtisane. La coquetterie de la jeune fille n’a pas non plus de limites d’âge, et trouve un écho dans les poses rhétoriques de la polémiste.

Quand Françoise Courvoisier prend le micro face au public soudain mis en lumière pour casser du petit Jésus, quand Judith Magre s’insurge contre Sarko, auquel elle ferait bien « bouffer sa queue enrobée de poivre de cayenne », les spectateurs rigolent un peu gênés : l’insurgée gueule ce qu’on pense tout bas. Au-delà du militantisme, un goût prononcé pour l’inversion des valeurs traditionnelles la gouverne : « Nous les putes, on ira directement au Paradis car l’enfer, on a déjà donné ».

À la sortie d’un spectacle aussi fondamentalement théâtral, parce qu’assumé dans l’immédiateté incarnée du dire, on se découvre encore étonnamment une soif énorme de lecture.

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GRISÉLIDIS « Grisélidis Réal est la prostituée la plus fière de la littérature RÉAL européenne. C’est aussi la plus douée. Depuis son roman autobiographique, Le noir est une couleur, publié en 1974 en France, jusqu’à ce journal de prison, retrouvé par ses enfants, elle n’a cessé d’accoler les contraires. La beauté et l’argent, le sexe et l’innocence, le désir d’autrui et la liberté, l’avilissement et la révolution… Suis-je encore vivante ? est un magnifique condensé de la pensée ouverte de Grisélidis Réal. L’expérience de l’enfermement l’oblige à un raccourci serré, un noyau dur mêlant l’idéologie à une sensibilité d’écorchée vive. Tapi derrière cette écriture mouvante, sourd le désir acharné, viscéral, de la liberté. Que fera Grisélidis Réal une fois sortie de prison ? Elle emmènera ses enfants en Suisse, elle oubliera la trahison de son amant, elle oubliera tout. Elle continuera à aimer les hommes et les prostituées. Elle continuera à s’aimer, elle, sans l’ombre d’un remords, d’un jugement négatif sur ses propres choix. Son journal de prison nous offre la clé de Grisélidis Réal : elle fut si proche d’elle-même, si fidèle à ses idéaux, qu’elle incarne, ironie du sort, l’honnêteté absolue. » Clara Dupont-Monod, Le Magazine Littéraire, novembre 2008

Lundi 9 mars 2009, quatre ans après sa mort, événement historique à Genève, le corps de Grisélidis Réal a été réenseveli au Cimetière des Rois, le Panthéon genevois des « grandes personnalités ». Dernier pied de nez au conformisme qu’elle aura combattu sa vie durant, exemple de courage inouï pour tous les marginaux du monde - et pas seulement les prostitué(e)s - la voilà qui repose désormais entre Borges et Simon, non loin de son plus grand ennemi : Calvin ! Ses livres sont aujourd’hui traduits dans plusieurs langues. Ses sœurs de cœur, Sonia de Bruxelles, Claudette de Genève et d’autres poursuivent son combat.

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FRANÇOISE Comédienne d’abord, elle joue sur les scènes romandes et en COURVOISIER tournées franco-belges sous la direction notamment de Benno Besson, André Steiger, Simon Eine, Alain Françon… Elle réalise sa première mise en scène en 1991 : Lucie, June, Claire, Maya…, adaptation d’une étude sur la schizophrénie réalisée par Ronald Laing. Ce premier choix indique une inclination pour les personnages marginaux. Au Poche, elle monte notamment Les Sphinx du macadam, une adaptation scénique de l’œuvre de la célèbre prostituée genevoise Grisélidis Réal. Petit Bois de Michel Viala, un montage de ses derniers écrits en EMS. Elle aborde aussi Racines d’Arnold Wesker, Conversations après un enterrement de Yasmina Reza, Sang de Lars Norén et La Mouette d’Anton Tchékhov, qu’elle met en scène au Théâtre Pitoëff en automne 2009, ou encore son propre texte (Le Répétiteur) créé au Poche en janvier 2008 et repris cette saison au Théâtre Le Public de Bruxelles, au Théâtre du Palace à Bienne et au Théâtre Vidy- Lausanne. Passionnée par l’écriture dramatique, elle traduit L’Éveil du printemps de Frank Wedekind, Vous vivrez comme des porcs de John Arden et réalise divers montages tels que Le Journal d’un fou d’après Gogol, Je l’aimais d’Anna Gavalda. Elle écrit notamment pour la scène 7 Péchés ou une vie de théâtre, Mal de mère, Poussières d’étoiles. Elle dirige Le Poche Genève dès juillet 2003 après avoir fondé et animé le Théâtre La Grenade pendant six ans.

Dernièrement, en août 2010, elle monte la dernière pièce de Jérôme Robart, Jean la Vengeance, au Théâtre de La Parfumerie, spectacle qui sera repris en février 2011 au Théâtre de Vidy.

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JUDITH Au cours des années 50, on la rencontre chez plusieurs MAGRE cinéastes prestigieux comme René Clair (Les Grandes manoeuvres, 1955), (L'Homme à l'imperméable, 1957), Jacques Becker (Montparnasse 19, 1958) ou encore (Les Amants, 1958). Pour Jacques Chazot, Judith Magre incarne à jamais "Marie- Chantal", le célèbre personnage de snob qu'il a inventé. C'est surtout sur les planches que s'affirme dans les années 60 sa carrière de comédienne, dans la compagnie Renaud- Barrault, avec laquelle elle joue des classiques comme La Cerisaie d'Anton Tchekhov (en 1960), Judith de Jean Giraudoux (en 1961) ou encore L'Orestie d'Eschyle (en 1962) au théâtre de l'Odéon à Paris. Elle tourne notamment pour la télévision, on peut par exemple la voir dans la célèbre émission Au théâtre ce soir. Puis, elle entre au Théâtre National Populaire, où elle joue Jean-Paul Sartre, Jean Vauthier (Les Prodiges), Paul Claudel, Bertolt Brecht, René Ehni (Eugénie Kopronime) ou encore Euripide. Parallèlement à sa carrière théâtrale, elle poursuit son parcours cinématographique. Elle rejoint notamment, dans les années 70, l'univers de (Le Voyou, Toute une vie, Le Chat et la souris) et apparaît également dans plusieurs comédies (Rien ne va plus de Jean-Michel Ribes). Plus récemment, on a pu la voir dans le sulfureux Nathalie... d'Anne Fontaine, puis dans un thriller signé , La Disparue de Deauville, où elle campe une aristocrate. Plus de dix ans après L'Homme est une femme comme les autres, elle retrouve le réalisateur Jean-Jacques Zilbermann pour La Folle histoire d'amour de Simon Eskenazy, où elle sera à nouveau aux côtés d'Antoine de Caunes et d'Elsa Zylberstein.

Elle est actuellement à l’affiche du dernier film de Claude Lelouch, Ces amours-là et jouera en février 2011, au Théâtre du Rond Point dans Et l’enfant sur le loup, un spectacle de Pierre Notte.

Récompenses 1990 : Molière de la comédienne dans un second rôle pour Greek 2000 : Molière de la comédienne pour Shirley 2006 : Molière de la comédienne pour Histoires d’hommes

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MAGALI Comédienne française établie en Belgique, elle suit une PINGLAUT formation au Conservatoire de Bruxelles où elle reçoit le premier prix d’art dramatique à sa sortie, en 1993. Depuis, elle arpente les scènes belges et réalise aussi des mises en scène. En 1999, elle reçoit le Prix du Théâtre du meilleur espoir féminin. Parmi ses derniers spectacles : Minetti de Thomas Bernahrd mis en scène par Lorent Wanson, au Théâtre Le ManègeMons ; Electre de Sophocle mis en scène par Isabelle Pousseur au Théâtre National de Bruxelles ; Forfanteries d’Olivier Coyette, mis en scène par Le Collectif au Théâtre Le Public de Bruxelles ; Les Pensées de Pascal, sous la direction d’Isabelle Pousseur au Théâtre de l’Océan Nord, Bruxelles, Animal une création collective avec notamment Laurence

Vielle et Pietro Pizzuti au Théâtre Le Public et Le Répétiteur créé au Poche en janvier 2009 et repris cette saison au Théâtre Le Public de Bruxelles, au Théâtre du Palace à Bienne et au Théâtre Vidy-Lausanne. Au cinéma, elle joue dans le film écrit et dirigé par Philippe Blasband, La Couleur des mots. Elle a aussi tourné dans Tous à table d’Ursula Meier (Prix de la Critique et du Public de Clermont-Ferrand) ; dans Thomas est amoureux de Pierre Paul Renders (Prix de la Critique du Festival de Venise et Grand Prix du Festival de Gerarmest) ; dans L’insoupçonnable univers de Josiane de Martine Doyen.

Dernièrement, au Théâtre Le Public de Bruxelles, elle met en scène L’Hiver de la Cigale de Pietro Pizzuti et joue dans Soudain l’été dernier de Tennessee Williams, une pièce mise en scène par Michel Kacenelenbogen.

10 LES COMBATS D'UNE REINE avec Judith Magre, Magali Pinglaut, Françoise Courvoisier

Créé l'été dernier au Festival d'Avignon, Les Combats d'une Reine a suscité l'enthousiasme du public et de la critique :

Des Reines, ces trois comédiennes le sont tour à tour dans l'implication qu'elles mettent à restituer avec profond respect la vie hors norme de cette éperdue de Liberté. Avignews.com, 23 juillet 2010

Les trois comédiennes sont saisissantes de vérité, […] nulle chronologie, une simple recherche d’authenticité. La Marseillaise, 30 juillet 2010

A la sortie d'un spectacle aussi fondamentalement théâtral, parce qu'assumé dans l'immédiateté incarné du dire, on se découvre étonnamment une soif énorme de lecture. Scènes Magazine, août 2010

Une pièce où résonnent sa révolte, l'anti-conventionnalisme, son humour, sa rage et son extrême appétit de vivre. La Terrasse, juillet 2010

Une femme digne, sublime insoumise. L'actrice, le modèle, une rencontre superbe. Les Temps Modernes, septembre-octobre 2010

Les comédiennes se passent les confessions à la fois lumineuses et querelleuses de la diva des rues. (…) Les Combats d'une reine raconte avec tact la singularité de cette "écrivaine, peintre et prostituée". Le Temps, 11 mars 2011

Glauque ? Non, poétique. Car si l'humour est la politesse du désespoir, l'écriture de la Réal y ajoute un art de transformer Le réel. Procédé familier à un autre écorché comme Jean Genet. Le Courrier, samedi 12 mars 2011

Judith Magre joue la p… Respectée sur la scène du Poche. La comédienne campe une Gisélidis Real inoubliable. Tribune de Genève, mercredi 16 mars 2011

© Augustin Rebetez

Trois tranches de vie : 35 ans, 50 ans et 70 ans d’une femme incroyable. Trois femmes et toujours la même obsession : ne pas être prisonnière, ni des préjugés, ni des barreaux, ni de la maladie. Une leçon. Elles ont du cran, ces trois femmes-là, d’incarner cette figure du féminisme, de la liberté et de la défense des prostituées. Du cran de porter une parole souvent crue, dure et frappante. De la jeune Magali Pinglaut qui campe sur un tout petit espace l’année de prison de Grisélidis Réal durant laquelle la prostituée a lu Tchekhov et Montaigne. De la bravache Françoise Courvoisier (à qui l’on doit aussi la mise en scène) qui incarne les années de prostitution militante. « je vais pas les faire payer plus de 100 francs ces pauvres bougres à qui aucune femme n’ouvre les bras ». A la fragile, mais déterminée, Judith Magre qui incarne littéralement ce grand cœur malade, rongé par la bête cancer qui a tant soif d’aimer, de vivre encore, de respirer, de se battre… Une Reine, assurément, Grisélidis Réal l’a été. Des reines, ces trois comédiennes le sont tour à tour dans l’implication qu’elles mettent à restituer avec un profond respect la vie hors norme de cette éperdue de liberté. On ressort de la pièce bouleversé par les combats de cette reine : des combats d’amour, des combats d’humains. Des combats de femme.

27/02/2011 Grisélidis Réal en trois actes Pour la seconde année, le 4 mars est décrété Journée mondiale de lutte contre l’exploitation sexuelle. Une cause qui a animé Grisélidis Réal, écrivaine, peintre et catin révolutionnaire, jusqu’à sa mort en août 2005. Hasard du calendrier, dès le 7 mars, Les Combats d’une reine rejoue au théâtre les trois actes de sa vie militante. A 35 ans, elle se battait pour la liberté dans une prison de Munich, séparée de ses 4 enfants, abandonnée par son amant. Elle raconte cette terrible année dans Suis-je encore vivante ?, publié posthume. A 50 ans, elle est prostituée à Genève et défend les droits des travailleuses et travailleurs du sexe. Son cri de révolte est relayé dans son livre La Passe imaginaire. A 75 ans, elle mène son ultime combat, celui contre le cancer, transcrit dans son dernier pamphlet, Les Sphinx. La pièce se base sur ses textes pour retracer ce destin, porté par trois comédiennes de trois générations, Magali Pinglaut, Françoise Courvoisier et Judith Magre. Françoise Courvoisier s’était déjà attaqué au personnage de son vivant ave Grisélidis, en 1993. Les Combats d’une reine a été créé à Avignon en 2010 et salué d’une pluie d’éloges. SCÈNES MAGAZINE Un spectacle fondamentalement théâtral Aguiché par le florilège des beaux visages de Grisélidis sur les flyers du Poche, les spectateurs avignonnais en rang d’oignon devant le Théâtre des Halles et son étrange chapelle ajournée ne savent pas bien encore s’ils vont au peep-show ou à la messe. Ni l’un ni l’autre, on s’en doute, mais la musique orientale qui nous accueille à l’entrée de la salle, et la trouble lumière qui laisse deviner les trois figures de l’écrivaine, achevant de griffonner ses répliques et son maquillage dans l’ombre, instaurent un climat de recueillement. C’est bel et bien le climat d’une alcôve à mi-chemin entre la confession et l’exhibition, réceptacle privilégié de l’ode et du blasphème. Après le noir, surprise : le fond de scène est dominé par un écran, où une caméra mobile projette en direct des gros-plans du visage de sphynx de Judith Magre. Mais cette image opaque de la Grisélidis mythique est vite ravalée au second plan, pour mieux montrer que la place est laissée au modèle de chair, ainsi qu’à sa parole. Une caisse en bois, un bureau d’écrivaine, un bar : trois tables en crescendo, propices aux dérupées abruptes entre nirvana et abîme. Trois femmes pour tenter de cerner, à différents moments de sa vie, l’insaisissable reine aux multiples couronnes, polémiste, prostituée, poète, peintre et pyromane de la pensée droite. Trois situations d’isolement, de marginalité forcée où la pensée et la poésie fermentent en liberté : la prison que la jeune Grisélidis (Magali Pinglaut) purge pour quelques grammes de Marijuana, le confessionnal du bar où la prostituée (Françoise Courvoisier) gueule sur la société et se confie sur les dessous de son art, la maladie où la femme accomplie (Judith Magre) consomme quelques derniers poisons délicieux « au bord du néant ». Trois paires de lèvres hyperactives pour trois âges de la vie, comme dans les tableaux de la Renaissance, qui concentrent l’attention du regard : lèvres tremblantes de la tendre amoureuse, lèvres en sourire de la travailleuse épanouie, lèvres cracheuses et maugréantes de la polémiste irréductible. Les dictions aussi vont crescendo : Magali Pinglaut sussure des poèmes, frémissant corps et âme, tandis que Judith Magre scande ses phrases dans une diction rythmée, pleine d’accents de gouaille. La lumière passe le crachoir sans transition de l’une à l’autre, pour laisser se dégager un portrait en kaléidoscope. Rien d’atemporel pour autant ; les horizons d’attente de chacune projettent les discours entrelacés vers un devenir irrémédiable : l’une attend son procès dans l’espoir d’être libérée, l’autre attend les opérations et, sans ciller, la mort. Aucun antagonisme pour autant : dans les geôles allemandes, la jeune Grisélidis dit déjà se sentir « comme dans une tombe ». On comprend qu’au-delà des temporalités distinctes, c’est toujours de vie qu’il s’agit, mais d’une vie conçue comme une danse sensuelle avec la mort. À jardin, image d’un Eden encore immaculé, Magali Pinglaut, un peu « ado en révolte », écrit des lettres d’amour passionnées à son amant, auquel elle reproche son silence. Elle brûle encore du lyrisme d’une jeunesse qui n’a pas encore été bousillée par la vie, mais peste contre l’injustice de sa situation, étouffe et désespère à l’idée du temps perdu. C’est une Grisélidis méconnue, en contre-pied de l’image sulfureuse qu’on attend. Dans sa façon de capter les rayons avares du soleil, de s’attendrir sur ses compagnes d’infortune plutôt que de cracher sur ses geôlières, elle rappelle l’image insoupçonnée de Rosa Luxembourg, révélée par Anouk Grimberg dans ses lectures des lettres de la révolutionnaire. Sa langue : une poésie incantatoire, boursoufflée de métaphores d’une noirceur rutilante. À ses côtés, les figures de son devenir sont plus triviales dans leurs évocations : Judith Magre décrit par le menu les symptômes du cancer et les affres de l’âge, Françoise Courvoisier lit dans le fameux carnet noir de la péripatéticienne consciencieuse les pratiques préférées de ses clients. C’est aussi là que se loge la poésie de Grisélidis : dans ces anecdotes et ces scènes de vie, sordides, cocasses ou charmantes, qui s’empilent dans sa mémoire de collectionneuse, à la manière des menus bibelots sur la table centrale. L’impossibilité de se projeter dans un avenir nouveau, aussi bien que les joies du sexe, focalisent la poétesse sur l’« ici et maintenant » le plus concret. Mais la figure exacerbée portée par Magali Pinglaut permet de révéler la sensibilité et les faiblesses du personnage, parfois cachées derrière les anecdotes et la dignité de ses voisines. Elle est pour ainsi dire la part d’ange, l’âme immaculée de la jeune Grisélidis, toujours vivante dans la conscience de l’aînée. En contrepartie, elle doute de trouver « des phrases claires et intelligentes » devant ses juges : les consœurs de son devenir lui donnent ainsi leurs voix. Les transitions de l’une à l’autre font fusionner les couches de vie, pour obtenir une image en relief du personnage. Elles produisent aussi des collisions de sens, parfois cruellement ironiques. Certaines remarques désillusionnées de la maturité révèlent ainsi les déceptions à venir, en réponse aux espoirs de jeunesse. Françoise Courvoisier énumère ses fidèles de la journée – et la lumière transite sur Judith Magre trinquant au porto en l’honneur d’un dernier client inespéré ! Le zigzag temporel est parfois ponctué par des instants d’osmose synchronisés : les trois femmes refont au rouge le tour de leurs lèvres solidaires, elles allument une bougie, s’abandonnent aux airs d’oud et de tambourins de la musique orientale. Autant de signes qui rappellent qu’au-delà des contrastes, le même caractère et les mêmes idéaux persistent chez Grisélidis. La révolte camusienne de la jeune femme éperdue de sens se prolonge dans les coups de gueule de la prostituée engagée. Mais la tendresse habite aussi transversalement les trois images de Grisélidis, qui tombe amoureuse comme une gamine à septante ans passés. Malgré sa gouaille bravache, la princesse des Pâquis garde même une cabotinerie de petite fille, et donne des surnoms tendres ou moqueurs à ses adeptes. À son comptoir, elle rêve toujours d’avoir un jour une maison, et au soir de sa vie, d’associer un petit chien à sa solitude. On songe à Nana de Zola, aux châteaux en Espagne qui éclairent le quotidien sordide de la courtisane. La coquetterie de la jeune fille n’a pas non plus de limites d’âge, et trouve un écho dans les poses rhétoriques de la polémiste. Quand Françoise Courvoisier prend le micro face au public soudain mis en lumière, pour casser du petit Jésus, quand Judith Magre s’insurge contre Sarko, auquel elle ferait bien « bouffer sa queue au poivre de cayenne », les spectateurs rigolent un peu gênés : l’insurgée gueule ce qu’on pense tout bas, mais elle ira toujours plus loin que ce qu’on ose concevoir. Au-delà du militantisme, un goût prononcé pour l’inversion des valeurs traditionnelles la gouverne : « Nous les putes, on ira directement au Paradis, l’enfer on a déjà donné », clame celle qui n’hésite pas à décrire comme des traînées « les femmes comme il faut », et à dénoncer en vrac les Européens qui ont « prostitué leur âme » : mieux vaut « prostituer son cul »... Petit rappel du magnifique roman Le Noir est une couleur, dans lequel l’auteure joue des paradoxes chromatiques, pour voir dans « la race noire » l’espoir d’une Humanité encore préservée de la corruption et du vice. À la sortie d’un spectacle aussi fondamentalement théâtral, parce qu’assumé dans l’immédiateté incarnée du dire, on se découvre encore étonnamment une soif énorme de lecture... Julien Lambert, journaliste à Scènes Magazine, août 2010

Le spectacle venait à pic et était remarquable, portrait dans le vif d’une femme hors du commun, peintre, écrivain à la plume de haute volée et prostituée, amante passionnée de la vie et de la liberté qui puisa dans les blessures et les humiliations une force de lutte, Grisélidis Réal. Intitulé avec pertinence Les Combats d’une Reine. Un entrelacement d’extraits de Suis-je encore vivante ?, Le Carnet Noir et Les Sphinx, qui rassemblent les lettres à Jean-Luc Henning de 2002 à 2005, où se ravivent des souvenirs. Trois épisodes dans les lieux suggérés par une valise, un comptoir de bar, une table bureau. Magali Pinglaut pour le passage dans une prison allemande, la séparation inquiète d’avec les quatre enfants, le désir de peindre mais l’impossibilité. Françoise Courvoisier (qui signe la conception et la mise en scène) pour la prostitution et un inventaire des clients, la connaissance narquoise des travers et compatissante envers les démunis, les victimes de racisme. Elles sont justes, mais l’étincellement du regard aigu et de l’écriture jaillit de l’art et de la finesse d’interprétation de Judith Magre, formidable médiatrice vers Grisélidis Réal, alors atteinte d’un cancer contre lequel elle lutte et apprend à vivre, l’arme de l’humour pas rengainée, toujours féroce envers la médiocrité ; en rebelle lucide sur l’humaine condition, elle n’esquive pas l’avancée de la mort, menant une ultime lutte par révérence à la vie. Une femme digne, sublime insoumise. L’actrice, le modèle, une rencontre superbe. L’insoumission, un mot oublié. Micheline B. Servin, extrait du texte « Les Maux faits aux mots », paru dans la revue "Les Temps modernes", sept.-oct. 2010

11 mars 2011 Pasionaria, trois fois Sa distinction tient dans son port de tête souverain. Et dans son regard félin. Sur la scène du Poche, à Genève, la Française Judith Magre incarne un personnage à l’opposé des rôles d’aristo que lui confiait Jacques Chazot. Elle est Grisélidis Real, pasionaria du trottoir genevois, au moment où, à 75 ans, un cancer lui ronge les entrailles. Aux côtés de la grande comédienne parisienne, Magali Pinglaut et Françoise Courvoisier évoquent deux autres âges de la célèbre catin. Ses 35 ans, passés dans une prison munichoise pour vente de marijuana et ses 50 ans triomphants. Trois comédiennes pour un spectacle, Les combats d’une reine, qui raconte avec tact la singularité de cette «écrivaine, peintre et prostituée». «Nous, les putes, on ira directement au Paradis, car l’enfer, on a déjà donné.» «Que vaut- il mieux prostituer: son cul ou son âme? Son cul, bien entendu. C’est plus pénible physiquement, mais c’est plus propre!» Elle l’a prouvé dans ses combats politiques pour la reconnaissance des prostituées: Grisélidis Real aimait provoquer. Quand elle ne choquait pas simplement avec le recensement de ses clients. «André : a épousé son infirmière. Lécher, sucer, enculer un petit peu… 200 fr.», lit-on dans Le Carnet noir. Au Poche, c’est Françoise Courvoisier en bas résille et bustier pigeonnant qui assume cette partie bravache. La directrice des lieux assure aussi la mise en scène et se réjouit de relayer une nouvelle fois cette parole «vivante et merveilleusement humaine» après Grisélidis en 1993 et Les sphinx du macadam en 2003. Sans conteste, la version à voir ces jours est plus digeste que l’édition de 2003 qui s’abîmait dans une vulgarité fabriquée. Dans Les combats d’une reine, on entend donc les coups de sang de la militante, mais aussi ses coups de cœur pour des amants sublimes ou ses coups de déprime lorsque la prison l’étouffe ou que, plus tard, son cancer devient trop virulent. Réparties le long d’une ligne oblique, chacune à sa table d’écriture, les comédiennes se passent les confessions à la fois lumineuses et querelleuses de la diva des rues. La systématique est un peu répétitive – l’éclairage cible celle qui parle – mais a le mérite de la simplicité. «Mettre en scène les textes de Grisélidis Réal, c’est s’engager humainement, politiquement, viscéralement», note Françoise Courvoisier. Malgré son engagement, la metteuse en scène a su rester mesurée, le texte n’en a que plus d’intensité. Marie-Pierre Genecand

16/03/2011 Judith Magre joue la p… respectée sur la scène du Poche à Genève. La comédienne campe une Grisélidis Réal inoubliable. On ne fait pas une interview de Judith Magre, on discute avec elle. Du passé, que ses rôles aux côtés de Gérard Philippe, Jean-Louis Barrault ou encore Fernandel ne sauraient résumer, et surtout du présent. Lequel s’incarne ici sous les traits de Grisélidis Réal, prostituée aux multiples combats, que la comédienne française interprète de lanière magistrale en compagnie de Magali Pinglaut et Françoise Courvoisier.

Grisélidis Réal, c’est moins la p… respectueuse de Sartre, dont vous avez joué de nombreuses pièces, que la p… respectée… Respectée, je ne sais pas. Mais qui cherche à l’être, sans doute. C’est un rôle qui réclame une forte adhésion… Dès le moment où l’on accepte un rôle, il faut bien qu’on adhère. Pas forcément avec tout, d’ailleurs. Grisélidis Réal, je n’avais jamais entendu parler d’elle. Je trouve que c’est un vrai personnage, avec une belle énergie. Même si je considère qu’il est plus facile de livrer son corps quand on est vraiment amoureuse. Dans le spectacle on voit bien qu’elle a justement ce désir-là. Elle est amoureuse, mais d’un mec qui la battait et qui n’est pas spécialement beau… Peut-être parce qu’elle est fascinée par les personnes qui ont des failles ? Sûrement, oui. Quand je sors de scène, je ne la comprends pas du tout. Mais une fois sur scène, ça me paraît tout à fait normal. Qu’est-ce qui vous a motivée à participer à cette aventure ? C’est Françoise Courvoisier qui est venue me voir plusieurs fois à Paris, elle m’a donné des livres de Grisélidis, et j’ai beaucoup aimé. Elle raconte des choses intéressantes qui rendent bien compte de sa vie et de sa situation. Toutefois, si ce n’est pas quelqu’un qui me plaît qui me le propose, ça ne me donne pas envie. Là, c’est Françoise, avec sa générosité et son enthousiasme…

Le Courrier, 10 Mars 2009