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Culture / Culture

FESTIVAL DE CANNES

Oliver Stone et sèment le bonheur sur la Croisette

Les deux cinéastes américains, Oliver Stone et Woody Allen, qui ont présenté leur dernier film, respectivement, : l'argent ne dort jamais, suite du filmWall Street, sorti en 1988, et You will meet a tall dark stranger, les deux présentés en Hors Compétition, ont ravi la vedette aux cinéastes en lice pour la plus haute distinction du festival : la Palme d'or. Commençons par Oliver Stone. Fidèle à lui-même, et toujours à l'avant-garde, il a exploré et dénoncé la dictature impitoyable de l'argent, imposée par les spéculateurs et grands banquiers de Wall Street. “Aléa moral, subprimes, intérêt, taux, bulle…” sont autant de mots barbares qui reviennent sans cesse dans le film. Pour rendre accessible ce monde complexe, il a imaginé une trame narrative simple et captivante. Il a mis en scène un jeune trader qui tente d'alerter le monde au sujet des dangers irréversibles de la spéculation financière. Dans le même temps, il cherche à venger la mort de son mentor, ruiné et poussé au suicide. L'une des remarques importantes que l'on puisse souligner est l'omniprésence des écrans, télévision et ordinateurs compris, quasiment propulsés au rang de personnages. Une présence qui permet la dénonciation de la sainte alliance entre le monde de la communication et celui de la finance qui rend le monde réduit à des bulles éphémères, davantage fragile et instable. Certains ont reproché au film sa fin quelque peu heureuse à la manière d'un conte. Certes, l'argument tient la route, mais là où certains voient légèreté, d'autres lisent l'optimisme indispensable en temps de crise. De son côté, son compatriote Woody Allen s'est lancé dans l'analyse psychologique des personnages, notamment l'impact de la vieillesse sur les comportements. Sur un fond de musique agréable, les personnages suivent des trajectoires tortueuses et imbriquées. Alfie (), apeuré par sa vieillesse agissante, quitte son épouse Helena (Gemma Jones), pour épouser une jeunette de petite vertu (Lucy Punch). Alors qu’Helena noie sa peine chez une voyante qui lui prédit une rencontre avec un bel inconnu, sa fille Sally (Naomi Watts) traverse une crise conjugale... Trempé dans la culture anglaise, à l'instar de William Faulkner, le cinéaste new-yorkais met en scène plusieurs personnages évoluant comme dans un conte, imaginé pour illustrer une pensée du démiurge anglais, William Shakespeare : “La vie est un récit conté par un idiot, plein de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien.” Tous les personnages s'efforcent de donner un sens à leur vie. Mais ils ne peuvent empêcher le ridicule et l’insignifiance de leur choix. Cela donne des situations hilarantes et cocasses.