A.-J. Trouvé-Chauvel, Banquier Et Maire Du Mans, Minis
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A la mémoire des Fondateurs Aux membres du Bureau de la « PROVINCE DU MAINE » Hommage reconnaissant. F. L. (Extrait de la Province du Maine, 1948-1952). CONTRIBUTION A L'HISTOIREDU XIX SIÈCLEPOLITIQUE ET ÉCONOMIQUE A.-J. TROUVÉ-CHAUVEL BANQUIER ET MAIRE DU MANS MINISTRE DES FINANCES DE LA DEUXIÈME RÉPUBLIQUE (1805-1883) PAR Frédéric LEMEUNIER TRÉSORIER DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE LA PROVINCE DU MAINE ÉDITIONS DE LA PROVINCE DU MAINE LE MANS 26, Rue des Chanoines 1953 Ariste-Jacques TROUVÉ-CHAUVEL (1805-1883) PREMIÈRE PARTIE CHAPITRE I Les Ancêtres. § I Les Trouvé, « bordagers », et les Trouvé, « marchands ». — René II et fabricierFrançois I», Trouvé, François « pescheursI Trouvé, »« (1775).officier — municipal René Trouvé, » (1790). « procureur — René neurIII Trouvé, » à La «Suze. marchand — François » au Mans. II Trouvé, — René « IVmaire Trouvé, » de « Fillégarçon (1836- tan- 1845). Fille était à la fin du XVIII siècle une pauvre paroisse des « Quintes » du Mans, à 13 kilomètres sud de la ville. Le grand chemin royal du Mans à Angers la traversait. Arrosé par la Sarthe, son territoire se composait de terrains sablon- neux et peu fertiles sur la rive gauche, partie de la grande lande du Bourrai. Sur la rive droite au contraire, le sol plus productif permettait quelques prairies, des vignes « dont le vin rouge n'était pas mauvais », enfin la culture des céréales : seigle, avoine et « carabin » (1). La situation des 500 à 600 habitants était certainement médiocre, aussi les nombreux membres de la famille Trouvé sont-ils qualifiés indifféremment de « bordagers, vignerons ou journaliers ». Une branche de la famille fait cependant nette exception. Depuis le début du siècle, ses membres pren- nent le titre de « marchands ». Leur commerce pourtant devait être aussi médiocre que la production de la paroisse, car le bourg voisin de Guécélard est situé sur la route royale et les quelques industries de la région, « carrières de roussard, poteries et faïenceries, » sont sur son territoire. Aussi c'est sans trop d'étonnement que nous verrons, dans les dernières années du siècle, René II et François I Trouvé être qualifiés sur les registres paroissiaux indifféremment « marchands » ou « pescheurs ». Les fonds poissonneux de la Sarthe à Fillé étaient ainsi déjà appréciés des Manceaux de cette époque. Mais, loin d'avoir l'attrait de nos contemporains pour les plai- sirs de la pêche, il s'en remettaient à des professionnels du soin de les approvisionner en poissons. Trois générations de marchands campagnards avaient rompu la famille aux affaires et la fin de l'ancien régime les verra accéder aux tâches publiques. En 1790, François I Trouvé, le grarid-père du futur ministre, est « officier munici- pal », tandis que René Trouvé son bisaïeul ou son grand-oncle est « procureur fabricien ». Eloignés de toute opinion extrême, ils rentrent bientôt dans l'ombre et ce n'est qu'en 1836 que la famille figurera à nouveau à Fillé parmi les petits notables, lorsque François II Trouvé, oncle de notre personnage, sera élu maire de la commune de Fillé-Guécélard. Les années de la Révolution avaient amené un bouleverse- ment social et économique. Ce fut certainement la raison du départ de René III, qui quitte son magasin de Fillé pour s'éta- (1) Voir art. Fillé et Guécélard, dans les Dictionnaires de Le Paige et de Pesche. Les « Trouvé » de Fillé (XVIII siècle) blir vers 1807 au Mans, dans la « rue Impériale », qui vient d'être ouverte sur l'emplacement de l'église du couvent des Minimes. Son neveu René IV trouve lui aussi trop restreint le cadre ancestral : il quitte Fillé pour s'engager comme « gar- çon tanneur » dans une fabrique de la petite ville voisine de La Suze. Un siècle de labeur obscur se termine. La famille va évoluer maintenant à un rythme plus rapide vers une nouvelle destinée. § II Les « Trouvé » de La Suze (XIX siècle). La Suze au début du XIX siècle. — Vie artisanale. — Les tanneurs. — René IV Trouvé, « marchand tanneur ». Son mariage. — Ses affaires prospèrent.et fils. — Société — Conseiller Trouvé-Cutivel d'arrondissement. et C — Etablissement — Société Trouvé industriel. père — La nouvelle économie. La commune de La Suze (1), chef-lieu de canton à 7 kilomè- tres de Fillé-Guécélard qui lui était rattaché, comptait envi- ron 1.700 habitants en ce début du XIX siècle. Située à 18 kilomètres sud-ouest du Mans, la « ville » est sur la rive gauche de la Sarthe. Elle communique avec un petit faubourg au moyen d'un pont de neuf arches construit « sous le règne d'Henri IV ». Sur une « motte » dominant la Sarthe, il ne reste plus qu'une portion d'une ancienne forteresse entourée de fossés, « le vieux château ». Il sert alors de mairie et de caserne de gendarmerie. A ses pieds, et dans l'axe du pont tout proche, l'église, une place où se trouve une halle en bois. A l'est, une rue qui se dirige vers le pont. Derrière la place, la rue principale, la Grande-Rue. Des petites rues adjacentes, le collège, une promenade. Voilà la « ville, » qui fut « assez vivante » autrefois grâce au commerce « d'étamines » : une fabrique du Mans y entretenait un certain nombre de métiers. (1) Voir art. La Suze, Dictionnaires de Le Paige et de Pesche. Confection d'étamines à pavillon pour la marine et filature de laine emploient encore 150 ouvriers en 1804, 250 personnes vers 1810. Tannerie, chapelleries, teintureries, briqueterie et poterie se partagent l'activité plutôt artisanale de la petite ville, avec le commerce des matériaux, sels, fer, résine, ardoise, qui a là un point de déchargement grâce au port sur la Sarthe navigable. C'est à La Suze qu'en ces premières années du siècle, René IV Trouvé vient chercher une activité qui convienne à ses vingt ans. Il entre comme garçon tanneur dans une des fabri- ques de la ville. La tannerie est à cette époque une industrie tout à fait empirique (1). Elle dépend de la vie rurale envi- ronnante et est tributaire du milieu géographique. Il lui faut la présence de l'eau, le voisinage de la forêt et l'assurance de rapports continus avec l'animal. La forêt de Longaulnaye, la Sarthe, les prairies riveraines étaient donc le milieu convena- ble pour le développement de cette industrie à La Suze. Mais là, comme partout en France, elle se trouvait dans un état lamentable. En effet, les abus fiscaux de l'ancien régime, « la régie des cuirs », avaient amené, dans le dernier quart du XVIII siècle, un fléchissement de la fabrication et par consé- quence un accroissement du nombre des tanneries. Ce n'étaient plus que « des établissements minuscules, munis d'installa- tions médiocres et exploités par des artisans ne possédant qu'une technique élémentaire » ; chaque tannerie n'employait ordinairement que 3 ou 4 ouvriers. Il semble bien que telle était la situation à La Suze au début du Premier Empire. Sept habitants sont qualifiés en 1810 de « marchands tanneurs », ce qui fait au minimum quatre établissements si les Guérin (Guérin Jean, Guérin André jeune, Guérin-Montabon) travaillaient ensemble. Nous ver- rons par la suite cette situation évoluer très rapidement vers la concentration. Sous la Restauration, il ne restera plus que (1) Recherches sur l'industrie des cuirs en France au XVIII siècle et au début du XIX s., par H. Depors, Paris, Imp. nationale, 1932. « deux fortes tanneries et corroieries », et à la fin de la Monarchie de juillet, une seule qui aura pris un caractère industriel et emploiera plus de 300 ouvriers. Nous allons d'ailleurs assister à cette évolution en suivant la famille Trouvé pendant deux générations. René IV Trouvé était encore « garçon tanneur » lorsqu'il épousa, le 18 prairial an XI (7 juin 1803), Anne-Magdeleine- Louise Dorizon (1), issue comme lui de plusieurs générations de « marchands ». Les « Dorizon » étaient établis depuis presque un siècle comme « marchands sergers » à La Suze et Jacques Dorizon dit « La Ferrière », père d'Anne, était propriétaire de la maison qu'il habitait dans la Grande-Rue. Dès l'année suivante, lors de la naissance d'un premier enfant, René-François, au jeune foyer, René IV est qualifié de « mar- chand tanneur », 14 thermidor an XII (2 août 1804) ; il a 23 ans. En 1810 nous le trouvons propriétaire d'une « maison avec cour » contigüe à la maison de son beau-père dans la « Grande-Rue ». Est-ce là son établissement ? Habite-t-il déjà la « belle maison » (2) devant le château sur la place de l'Église dont son père est propriétaire? En tous cas, son éta- blissement est certainement encore « minuscule » (3). Cepen- dant d'autres naissances se suivent au foyer, un autre garçon Ariste-Jacques le 17 brumaire an XIV (8 novembre 1805), Anne-Clémentine le 29 novembre 1807, enfin Edouard le 25 février 1809. Vingt ans plus tard, sous Louis-Philippe, l'établissement primitif a prospéré. Il n'y a plus que deux tanneurs à La Suze et leurs fabriques ont profité de la réduction du nombre des (1) Anne-Magdeleine-Louise Dorizon, fille de Jacques Dorizon dit La Ferrière, marchand serger, et de Anne Lebreton, Jacques D., fils de Louis Dorizon, marchand serger (1709-1789), et de Marie Choplin. (2) Une des plus imposées de la ville. Elle comprenait 1 porte cochère et 21 portes et fenêtres (cadastre, arch. dép.). (3) A l'exception du moulin à blé et du moulin à tan sur la Sarthe, la liste d'impositions de la propriété bâtie ne signale que des maisons (cadastre 1810). établissements et peut-être aussi de la décadence des fabri- ques d'étamine, qui a mis à leur disposition de la main-d'œuvre. Aidé de ses deux fils René-François et Edouard, René IV a pu donner plus d'ampleur à son activité : la fabrique compte maintenant 174 ouvriers.