Insectes Du Millepertuis / Insectes N°
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Fiche pédagogique Par Remi Coutin . Fleur de millepertuis - Cliché Norman E. Rees, USDA Agricultural Research Service nombreux États, étouffant la végé- Faune entomologique tation naturelle et croissant très vi- goureusement, bien au-delà de ses dimensions européennes. des millepertuis Plusieurs Chrysolina (Col. Chryso- mélidés) furent alors introduits En France la famille botanique des Hypéricacées ou Guttifères (Jussieu) comme auxiliaires de lutte biolo- est représentée dans la flore sauvage indigène par le seul genre gique : C. hyperici (Forster), C. bruns- Hypericum L., riche d’une trentaine d’espèces, communément appelées vicensis (Gravenhorst) et C. varians Millepertuis ou, parfois, Herbe à mille trous, en raison de nombreuses (Schaller), dont l’acclimatation réus- glandes à résine situées dans le limbe des feuilles. L’espèce la plus fré- sit rapidement : les chrysomèles quente, le Millepertuis européen, H. perforatum L., croît dans les en- maîtrisèrent la plante de façon satis- droits incultes, au bord des chemins, dans les bois clairs. Elle fleurit de faisante, sans l’éliminer totalement, mai à septembre. ce qui d’ailleurs n’était pas le but de Hypericum est un terme formé de deux mots d’origine grecque : hypo (= sous, presque) et ereïkè l’opération. En Californie et le long (bruyère), du fait que les millepertuis croissent souvent sous ou avec les bruyères. En allemand : de la côte occidentale des États-Unis, Johanniskraut (herbe de la Saint-Jean) ou Hartheu (Heu = le foin et hart = dur). En anglais : Saint John’s Wort. trois espèces furent introduites avec un certain succès en 1939 et en a plante entre dans la compo- pèces d’Hypericum sont réperto- 1946 : C. hyperici, C. quadrigemina et L sition du “Baume tranquille” ; riées, essentiellement dans les ré- C. varians, puis, à nouveau, en 1969 on en récolte les sommités fleuries gions tempérées, dont 22 espèces et 1970 ; toutefois, C. varians ne que l’on sèche, suspendues dans en France (réf. Flore de Fournier). semble pas s’être maintenu en un local aéré, afin que la plante La faune entomologique des mille- Colombie britannique ; mais C. qua- conserve sa couleur naturelle. On pertuis est, en général, dans drigemina est actuellement bien pré- utilisait donc les propriétés vulné- chaque pays, peu nombreuse et sente dans les Rocheuses au sud de raires et antiseptiques (essences et peu diversifiée, un peu plus d’une la Colombie britannique jusqu’au résines) qu'elles renferment pour dizaine d’espèces généralement Colorado, Oregon, Washington, soigner ou apaiser les douleurs très discrètes. Le Millepertuis eu- Idaho, Montana et Californie. En dues à des brûlures, des coupures ropéen a été accidentellement in- outre cette espèce s’est parfaitement ou des plaies légères. troduit en Australie en 1860. Il y adaptée aux espèces d’Hypericum in- Dans le monde entier, 200 es- est devenu envahissant dans de digènes, prospérant sur H. perfora- Insectes 19 n°141 - 2006 (2) Les insectes du millepertuis en France Un peu plus d’une quinzaine d’es- clairière forestière. Les chenilles po- pèces de Lépidoptères et de lyphages sont aussi signalées sur Coléoptères se nourrissent des des Astéracées des genres Achillea Hypericum à l’état larvaire ou imagi- et Artemisia, ainsi que sur nal. Parmi les Lépidoptères, une Bupleuvrum, Rubus, Solidago, douzaine d'espèces ont été réperto- Thymus et Vaccinium. riées : les unes à larves mineuses, ■ L’E les autres défoliatrices ou floricoles. Chloroclystis V-ata Haworth, © l’Eupithécie couronnée. Elle est ■ Les chenilles d’Ectoedemia sep- principalement répandue en tembrella Stainton (Nepticulidé) Europe moyenne et méditerra- Fiche pédagogique sont mineuses de feuilles d’une di- néenne. Une seule génération an- zaine d’espèces de millepertuis. nuelle : les papillons apparus en On ne peut guère déterminer cette avril sont suivis, après la période Mine et imago d’Ectoedemia septembrella espèce avec exactitude qu’après de ponte, au mois de mai, par les Clichés Jeff B. Higgott à http://uklepidoptera.co.uk l’obtention des papillons, suite à chenilles arpenteuses sur les fleurs, l’élevage des chenilles. leur principale nourriture. La nymphose se produit au mois de ■ Agonopterix liturosa Haworth juin dans le sol, pour donner des (= hypericella auct.) est un papillons en juillet qui engendrent Œcophoridé dont les larves aussitôt une seconde génération La © consomment les pousses tendres qui hivernera et dont les papillons après les avoir entourées de fils de ne sortiront que l’année suivante. soie, ce qui constitue un abri. Plus tard, elles dévorent les jeunes ■ Aplocera plagiata L., la Triple feuilles et les boutons floraux. Raie, dont les chenilles ne se nour- rissent que du feuillage de trois es- ■ Scythris scopolella L. est une pèces de millepertuis : Hypericum teigne polyphage dont les che- maculatum, H. perforatum et H. nilles tissent des abris soyeux. hirsutum. Plusieurs espèces vivent aux dé- Agonopterix liturosa pens des mousses, en particulier ■ Hübner, la Cliché Rosemary Winnall A. praeformata Tortula muralis, et de plantes Phalène du millepertuis ; ses che- basses comme Sedum album. Elle nilles ne se nourrissent que du fut souvent observée dès le XVIIIe feuillage des millepertuis H. ma- siècle sur les millepertuis. Le culatum et H. perforatum. Cette es- genre Scythris, cosmopolite, com- pèce est surtout montagnarde et La prend près de 300 espèces dans le alpine, ainsi qu’une troisième es- monde entier. pèce : A. simpliciliata Treitschke. ■ Cochylis atricapitana Stephens (Tortricidé) est la seule tordeuse, as- sez polyphage, signalée sur les mil- lepertuis, ainsi que sur séneçon (Senecio) et épervière (Hieracium). Viennent ensuite plusieurs es- pèces de Géométridés : ■ Thalera fimbrialis Scopoli, la Phalène du buplèvre. L’adulte est La Phalène du buplèvre d’un beau vert poireau clair ; ses Cliché Jens Christian Schou ailes antérieures sont marquées de tum. D’autre part, C. quadrigemina deux lignes transversales sinueuses est mieux adaptée aux situations blanches. Les postérieures présen- sèches alors que C. hyperici préfère tent une ligne semblable. Cette es- Scythris scopolella La Cliché Chris Steeman, Société flamande d’ento- Cl les zones légèrement humides. pèce est commune en lisière ou en mologie à http://webhost.ua.ac.be/vve/ Insectes 20 n°141 - 2006 (2) L’Eupithécie couronnée © Entomart à http://home.tiscali.be/entomart.ins/ Fiche pédagogique La Triple Raie © Entomart à http://home.tiscali.be/entomart.ins/ La Noctuelle gracieuse - Cliché Adam Larysz La Noctuelle du millepertuis Cliché Patrick Reynaud à www.VerTdeTerre.com Insectes 21 n°141 - 2006 (2) Chrysolina hyperici - Cliché Norman E. Rees, Chrysolina geminata USDA Agricultural Research Service Cliché Frank Köhler à www.koleopterologie.de Fiche pédagogique ■ Chrysolina hyperici Förster, la Chrysomèle du millepertuis, se rencontre partout en France ; ainsi qu'en Espagne et en Grande- Bretagne. Sa coloration vert métal- Actinotia polyodon - Cliché Jens Christian Schou Chrysolina hyperici (larve) - Cliché Norman E. lique est marquée de reflets bron- Rees, USDA Agricultural Research Service zés. Les élytres portent une double rangée de gros points noirs. Larves Parmi les Noctuelles, trois espèces ■ Chamaesphecia nigrifrons (Le Cerf, et imagos se nourrissent d’avril à sont à signaler : 1911). Cette petite sésie (envergure : octobre du feuillage d’Hypericum ■ Elaphria venustula Hübner, la 12 à 16 mm) se comporte en mi- perforatum et d’H. maculatum. Noctuelle gracieuse, est une espèce neuse de tiges d'H. perforatum ; elle de 15 mm d’envergure, localisée, ab- creuse une galerie dans la tige et ■ Chrysolina didymata Scriba est sente de la région méditerranéenne. gagne les racines. En fin d'été elle surtout présente dans la moitié La chenille porte une légère gibbo- descend vers le collet et le bas de la septentrionale de la France sur H. sité à l’arrière de l’abdomen. Elle fré- tige, se confectionnant une loge perforatum. Ses élytres portent plu- quente les bordures de bois et les d'hivernation pour s'y nymphoser sieurs doubles rangées de points. clairières forestières sur diverses au début de printemps. Le papillon On la rencontre surtout en mai- plantes dont les millepertuis. Une apparaît au printemps, il butine les juin, elle est assez rare. seule génération annuelle. La ponte fleurs de diverses plantes herbacées a lieu en juin ; les chenilles consom- avant de se reproduire. ■ Chrysolina geminata Payküll est ment surtout les fleurs. Les cocons probablement l’espèce la plus large- sont tissés en terre, les papillons Les chrysomèles des millepertuis ment répandue, toujours sur H. per- n'apparaîtront que l’année suivante sont au nombre de quatre espèces foratum, de mars à septembre. Elle en mai-juin. en France. Elles appartiennent mesure 6,5 à 7,5 mm. De couleur toutes au genre Chrysolina. Leur bleu-noir, bleu-violet ou bleu-vert, ■ Actinotia (= Cloantha) hyperici taille est comprise entre 5 et 7,5 cm. ses élytres sont fortement ponctués. Denis et Schiffermüller, la La couleur des élytres est uniforme Noctuelle du millepertuis, est in- pour chacune d’entre elles ; les Il est plus rare de rencontrer deux féodée aux millepertuis, en parti- ponctuations des élytres sont dis- autres espèces européennes, tou- culier à H. perforatum, en bord de posées en rangées couplées par jours sur les millepertuis : H. perfo- chemins et dans les prés secs, ainsi deux (géminées). Les élytres de ratum et H. hirsutum. Ce sont : qu'à H. maculatum, espèce pré- deux espèces portent 15 à 20 points Chrysolina varians Schaller et sente dans les prairies humides et par rangée (C. hyperici et C. didy- C. brunsvicensis Gravenhorst, dans le jusqu’au bord des ruisseaux. C’est mata) ; chez les deux autres, ce Nord de la France. r une noctuelle migratrice. Sa che- sont plus de trente points très ser- nille orangée est active la nuit. rés (C. geminata et C. brunsvicensis). Larves et adultes consomment les ■ Clerck. Cette feuilles. À l'état imaginal, aucune de Actinotia polyodon Pour en savoir plus belle espèce ne consomme que les ces chrysomèles ne peut voler, les fleurs et les fruits des millepertuis, muscles alaires sont atrophiés ; elles • Léraut P., 1997.