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o Année 2014. – N 29 S. (C.R.) ISSN 0755-544X Jeudi 27 février 2014 SÉNAT JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE SESSION ORDINAIRE DE 2013-2014 COMPTE RENDU INTÉGRAL Séance du mercredi 26 février 2014 (79e jour de séance de la session) 7 771051 402909 2372 SÉNAT – SÉANCE DU 26 FÉVRIER 2014 SOMMAIRE PRÉSIDENCE DE M. JEAN-PIERRE RAFFARIN PRÉSIDENCE DE M. CHARLES GUENÉ Secrétaires : 8. Nomination d'un membre d'un organisme M. Marc Daunis, Mme Michelle Demessine. extraparlementaire (p. 2411) Procès-verbal 1. (p. 2373) 9. Lutte contre la contrefaçon. – Adoption définitive en deuxième lecture d'une proposition de loi dans le texte de 2. Candidatures à une mission d’information (p. 2373) la commission (p. 2411) 3. Mise au point au sujet d'un vote (p. 2373) Discussion générale : Mme Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur ; M. Michel Delebarre, rapporteur MM. Joël Guerriau, le président. de la commission des lois. 4. Débat sur la situation des outre-mer (p. 2373) Mme Éliane Assassi, M. Stéphane Mazars, Mme Hélène M. Paul Vergès, au nom du groupe CRC. Lipietz, M. Jean-Jacques Hyest, Mme Nicole Bonnefoy, M. Richard Yung. MM. Pierre Frogier, Joël Guerriau, Mme Éliane Assassi, MM. Jean-Étienne Antoinette, Jean-Claude Requier, Clôture de la discussion générale. Mme Aline Archimbaud, M. Robert Laufoaulu, Mme Karine Claireaux, MM. Christian Cointat, Articles 1er à 5. – Adoption (p. 2420) Georges Patient, Serge Larcher. Article 6 (p. 2423) M. Victorin Lurel, ministre des outre-mer. Amendement no 1 rectifié de M. Joël Labbé. – Mme Hélène 5. Nomination des membres d’une mission d’information Lipietz. – Retrait. (p. 2397) Adoption de l’article. 6. Débat sur l’épargne populaire (p. 2397) Articles 7, 8 et 11 à 13. – Adoption. (p. 2424) Mme Françoise Férat, au nom du groupe UDI-UC. Article 19 (p. 2438) o PRÉSIDENCE DE M. JEAN-CLAUDE CARLE Amendement n 2 de Mme Hélène Lipietz. – Mme Hélène Lipietz. – Retrait. M. Joël Guerriau, Mme Éliane Assassi, MM. Yannick Adoption de l’article. Vaugrenard, François Fortassin, Jean Desessard, Dominique de Legge. Article 20. – Adoption. (p. 2439) Mme Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des petites et Adoption définitive de la proposition de loi dans le texte de moyennes entreprises, de l'innovation et de l'économie la commission. numérique. M. Jean-Pierre Sueur, président de la commission des lois ; 7. Candidature à un organisme extraparlementaire (p. 2410) Mme Nicole Bricq, ministre. Suspension et reprise de la séance (p. 2410) 10. Ordre du jour (p. 2440) SÉNAT – SÉANCE DU 26 FÉVRIER 2014 2373 COMPTE RENDU INTÉGRAL PRÉSIDENCE DE M. JEAN-PIERRE RAFFARIN M. le président. Acte vous est donné de votre mise au point, mon cher collègue. Elle sera publiée au Journal officiel et vice-président figurera dans l’analyse politique du scrutin. Secrétaires : M. Marc Daunis, 4 Mme Michelle Demessine. M. le président. La séance est ouverte. DÉBAT SUR LA SITUATION DES (La séance est ouverte à quatorze heures trente.) OUTRE-MER M. le président. L’ordre du jour appelle le débat sur la situation des outre-mer, organisé à la demande du groupe 1 CRC. La parole est à notre doyen, M. Paul Vergès, au nom du PROCÈS-VERBAL groupe CRC. M. Paul Vergès. Madame la présidente, monsieur le M. le président. Le compte rendu analytique de la précé- ministre, mes chers collègues, je voudrais tout d'abord dente séance a été distribué. adresser mes remerciements au président Bel et à la confé- Il n’y a pas d’observation ?… rence des présidents du Sénat, qui ont bien voulu accéder à la demande portée par le groupe CRC d'organiser un débat Le procès-verbal est adopté sous les réserves d’usage. consacré aux outre-mer. Cette initiative a été dictée par un double constat : d'une 2 part, la gravité de la situation régnant dans nos territoires ; d'autre part, le sentiment que cette situation est méconnue, sinon sous-estimée, tant dans sa gravité que dans ses caracté- CANDIDATURES À UNE MISSION ristiques propres. D’INFORMATION Il nous a semblé nécessaire que la représentation nationale M. le président. L’ordre du jour appelle la désignation des soit mieux informée et pleinement consciente des redoutables trente-trois membres de la mission d’information sur la défis auxquels sont confrontés les outre-mer à un moment où réalité de l’impact sur l’emploi des exonérations de cotisa- les interrogations sur l'avenir et la place de la France dans le tions sociales accordées aux entreprises, créée sur l’initiative nouveau monde du XXIe siècle conduisent à une réévaluation du groupe communiste républicain et citoyen en application des politiques publiques. de son droit de tirage. Le débat actuel sur le pacte de responsabilité et sur le cap En application de l’article 8 de notre règlement, la liste des ainsi fixé par le Président de la République traduit les inquié- candidats présentés par les groupes a été affichée. tudes légitimes des Français : prend-on le chemin du redres- sement et de la croissance ou va-t-on au contraire persister Cette liste sera ratifiée si la présidence ne reçoit pas d’oppo- dans une orientation stratégique erronée et s'enfoncer dans sition dans un délai d’une heure. une crise qui perdure depuis six ans ? Ces inquiétudes sont encore plus vives dans les outre-mer, 3 où les conséquences de la crise mondiale actuelle viennent aggraver une crise structurelle. Aucun territoire d'outre-mer, aucune région d'outre-mer n'échappent à ces conséquences MISE AU POINT AU SUJET D'UN VOTE combinées, mais la situation de chacun d'entre eux est spéci- fique et ne peut être transposable à l’autre. M. le président. La parole est à M. Joël Guerriau. C'est pourquoi je voudrais ici insister sur un point essen- M. Joël Guerriau. Monsieur le président, lors du scrutin no tiel : il n'est pas possible de débattre globalement des outre- 158 du mardi 25 février dernier relatif à l'autorisation de mer sans différencier leurs situations respectives. prolongation de l'intervention des forces armées en République centrafricaine, mon collègue Vincent Delahaye Nous devons rompre avec une conception découlant d'une a été noté comme n’ayant pas pris part au vote, alors qu’il vision schématique qui tend à globaliser les situations des souhaitait voter contre. outre-mer dans une même approche. La diversité de leurs situations sur les plans géographique, démographique, social, Je vous remercie de bien vouloir prendre en compte de économique et culturel exige une approche différenciée, au- cette demande de rectification, monsieur le président. delà des analogies qu'elles peuvent présenter. 2374 SÉNAT – SÉANCE DU 26 FÉVRIER 2014 Vous comprendrez donc que, dans le temps qui m'est D'une part, le Gouvernement, dès 1946, au nom du coût imparti, je m'attacherai à évoquer le cas particulier d'un de la vie à la Réunion, a décidé d'étendre à toute la fonction seul de ces territoires : celui de la Réunion. publique d'État le statut colonial existant alors : surrémuné- rations, congés payés en France tous les trois ans, trois ans de En premier lieu, je tiens à insister sur la gravité exception- service valant quatre annuités pour la retraite, réévaluation de nelle de la situation sociale : plus de 40 % de la population vit la pension de 35 % par rapport à la France… au-dessous du seuil national de pauvreté ; près de 30 % de la population active est au chômage. Il était prévisible, et logique, que les entreprises du secteur privé ou parapublic s'engagent dans cette voie officiellement Quelles initiatives prendrait le Gouvernement si plus de ouverte et que, au cours des années cinquante, les personnels vingt-cinq millions de Français vivaient sous le seuil de des assurances, des banques, de la sécurité sociale, d'EDF et pauvreté et si la France comptait dix millions de chômeurs ? de la radiotélévision publique obtiennent, eux aussi, par des Une telle situation ne serait pas soutenable et commanderait accords collectifs agréés, des surrémunérations de l'ordre de des mesures radicales. Or c'est la situation que nous connais- 30 %, 40 %, 50 % voire 73 % par rapport à la France sons à la Réunion et elle s'aggrave inexorablement, année continentale ! après année, notamment sous le poids de la progression démographique. Dans le même temps, et par les mêmes gouvernements, l’égalité sociale a été refusée au secteur privé pendant plus de Il ne s'agit pas de nier les progrès réalisés dans les domaines cinquante ans. des équipements publics, de la santé ou de l'éducation, ni dans l’agroalimentaire ou l'import-substitution. Cette formation officielle d’une inégalité institutionnalisée, d’une part, et la sous-estimation de la transition démogra- Mais, ce qui domine, ce sont les déséquilibres économiques phique naturelle qui, sur un siècle, va voir la population et sociaux. Sur ce plan, nous avons une économie désarti- réunionnaise passer de 150 000 habitants en 1946 à un culée, avec une hypertrophie du secteur tertiaire, qui repré- million à l’horizon 2050, d’autre part, sont à la base de la sente plus de 80 % du PIB contre à peine 15 % pour le crise structurelle qui frappe sur tous les plans la Réunion secteur industriel et moins de 5 % pour le secteur primaire. aujourd’hui. Nous constatons aussi, à la Réunion, des inégalités sociales Certes, des lois d’adaptation ont été régulièrement votées et criantes : en 2008, selon les chiffres publiés par les services de mises en œuvre. Sur le plan économique, ce sont notamment l'État, les 20 % les plus riches concentrent 47 % des les dispositifs successifs de défiscalisation ou d’allégement de ressources, tandis que les 20 % les plus pauvres se partagent charges sociales pour les entreprises : loi Pons, loi Perben, loi 7 % du total des ressources.