PLUME & j IBERT L EN° 020 Journaliste en danger, 15 ans

Le chemin de la croix pour la presse congolaise

23 Novembre Journée mondiale contre l’impunité Hommages à Ghislaine Dupont et N°020 - Novembre 2013 Magazine d’information de Journaliste en danger (JED) dédié à la défense et promotion libert é d’expression. Distribué par abonnement. Prix soutien : 50 $ US PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED Page 1 Sommaire

PLUME & LIBERTE FOCUS : Magazine pour la promotion de la liberté d’expression publié à Kinshasa Journaliste en danger, 15 ans... tous les trois mois par Journaliste en danger (JED), organisation indépendante et non partisane de défense et de promotion de la liberté de presse. - Le chemin de la croix pour la Adresse : 374, avenue colonel Mondjiba, Gallerie St Pierre presse congolaise...... P. 4 Complexe ex-Utexafrica. Kinshasa / Ngaliema. B.P. 633 Kinshasa 1. R.D. Congo Tél.: +243 81 9898 076 - 08199 96 353 - 9999 96 353 Fax: +243 813 016 698 - Les années noires pour la Journaliste en danger est membre de : IFEX - International Freedom of Expression Exchange - Toronto presse congolaise...... P.20 Réseau International de Reporters Sans Frontières - Paris Réseau d’alertes de l’OMAC (Organisation des Médias d’Afrique Centrale) ARRET SUR IMAGES : N° 020 - Novembre 2013 Distribué par abonnement (4 numéros par an) Prix de soutien : 50 $ - JED, 15 ans de combat pour Directeur de Publication Donat M’ Baya Tshimanga la liberté de la presse...... P.15 Directeur de Rédaction Tshivis Tshivuadi

Rédaction Tshivis Tshivuadi ACTU DES MEDIAS Scott Mayemba B. Félix Kalala - Secrétariat de Rédaction Hommages à Ghislaine Scott Mayemba Dupont et Claude Verlon..P.22 Design & maquette Issa Sima Administration & Abonnement Lady Kamanga Ingo Viediena NOUVELLES La réalisation de ce Magazine a été financée par France Expertise Internationale (FEI) avec le fonds - 23 novembre : de la Coopération britannique (UKAID), la Coopération Française et la Coopération Suédoise.

Les opinions exprimées dans les differents articles ne reflètent pas les points de Journée mondiale contre vue des bailleurs de fonds. Elles sont de la seule responsabilité de JED. l’impunité...... P.24 REMAKE - Nord-Katanga : Dans l’antre d’un «Ituri» oublié...... P.26

Copyright JED - Novembre 2013 Page 2 PLUME & LIBERTE JOURNALISTE N°020 - Novembre EN DANGER 2013 (JED) - Spécial, Plume et Liberté 15 n° ans 020 Novembre de JED 2013 EDITORIAL Novembre 1998- Novembre 2013 … ou attaque contre la presse et contre les déontologie ou de traitement de l’informa- journalistes, ne passe inaperçus ; mais aussi tion. se mobiliser au quotidien pour faire cesser les atteintes et violations à la liberté de la Grâce à cette mobilisation et à cet engage- presse et au droit à l’information. ment militant, bien de journalistes en dan- ger ont pu être sauvés. Grâce à la stratégie A l’heure du bilan, si le premier objectif de de sensibilisation et de conscientisation de la sensibilisation et de la conscientisation de l’opinion et de persuasion, nous avons pu l’opinion par des alertes sur des cas d’at- parfois, et souvent obtenir la libération des teintes à la liberté de la presse peut être journalistes emprisonnés et la levée de l’in- considéré , sans fausse modestie, com- terdiction ou de la confiscation des médias me atteint à plus de 90 % ; il reste que le privés par les pouvoirs publics. deuxième objectif visant à faire cesser les Tshivis Tshivuadi attaques contre la presse et les médias est Au-delà de la fierté légitime de servir une loin d’avoir été atteint au regard des chif- juste cause, dans un pays où la liberté d’ex- Journaliste en Danger, 15 ans. Faut-il dire fres toujours alarmants sur le nombre de pression de manière générale, et la liberté : Déjà ? Ou au contraire s’étonner d’une journalistes et médias qui continuent à être de la presse, en particulier a toujours été telle longévité ? Sans doute les deux à la inquiétés à cause de leur travail. Ici aussi, ce une quête extrêmement difficile, la célébra- fois, c-à-d des sentiments mêlés d’étonne- n’est pas faute d’avoir investi dans cette tion d’un anniversaire pour une Organisa- ment et d’émerveillement, pour avoir vécu quête où nous n’avions pas l’obligation des tion comme la nôtre, donne l’occasion de et survécu bien malgré nous pendant 15 ans résultats , mais bien celle des moyens pour mesurer le chemin parcouru, de compter et travaillant dans un environnement quasi y parvenir. les acquis et de s’examiner les causes des hostile où nous n’avons pas que des amis. échecs. Au décompte, que des choses et des Sept années après sa création, en avril 2005, En effet, créer une Organisation pour la dé- actions réalisées au cours de ces 15 ans le travail de JED a été récompensé de la fense de la liberté de presse et d’expres- d’existence où JED se mobilise au quotidien prestigieuse « Médaille Hermann Kesten sion, au moment où les activités des partis pour : » décernée par la direction allemande du politiques et des syndicats étaient interdi- Centre PEN International en souvenir de tes, et que des espaces des libertés et d’ex- • Surveiller la liberté de la presse non seu- l’écrivain allemand Hermann Kesten, né à pression étaient systématiquement confis- lement dans les 11 provinces de la RDC , Nuremberg en 1900 et qui a consacré sa qués, sous prétexte de « la guerre longue et mais dans les 9 pays de la sous région de vie à la protection des écrivains d’expres- populaire… », exigeait une bonne dose de l’Afrique Centrale, par le monitoring et les sion allemande traqués dans l’Europe de témérité, à la limite du suicidaire ; enquêtes sur terrain; l’époque. • Mener des actions de plaidoyer, de pro- En recevant cette Médaille qui a été précé- Maintenir en vie pendant 15 ans et don- testation (par des lettres ou alertes) et de demment décernée à de prestigieuses per- ner une visibilité à une Organisation qui, au lobbying auprès des autorités publiques et sonnalités comme le défenseur des droits départ, était dépourvue de toute ressource, des responsables des atteintes à la liberté de l’Homme Helmut Frentz, le prix Nobel et sans aucun appui extérieur…, était une de la presse pour faire cesser ces violations Günter Grass, le dramaturge anglais Pinter véritable gageure ; dans chacun des pays et/ou obtenir répa- et les écrivains palestinien et Israélien Su- Mener des actions de plaidoyer, de protes- ration; maya Farhat Naser et Gilla Svirsky pour leur tation et de dénonciation des prédateurs de • Visiter régulièrement les journalistes em- contribution à la paix au Proche Orient, JED la liberté de la presse, pourtant détenteur s prisonnés sur leurs lieux de détention pour avait promis de rester toujours digne de la de la puissance publique, du pouvoir politi- leur apporter un soutien moral; mission conduite par Hermann Kesten en que et économique, dans un pays où on ne • Attribuer (directement ou indirectement) défendant à tout prix le droit pour les jour- tolère pas toujours la critique et la contra- une petite bourse d’assistance aux familles nalistes et les médias d’informer en toute li- diction, expose bien souvent à des sévères des journalistes tués ou emprisonnés en berté et celui pour le public d’accéder à une représailles ; raison de l’exercice de leur profession ; information toute aussi libre et diversifiée. • Apporter de l’assistance juridique aux Une année après, en 2006, JED a été égale- Se dépenser corps et âme, parfois au risque journalistes ou médias poursuivis devant les ment proclamé Lauréat du Prix de la liberté de sa vie, pour défendre des journalistes cours et tribunaux pour leur travail par la de la presse, décernée par Reporters Sans en danger, et recevoir en retour de ces mê- mise à disposition des avocats; Frontières et la Fondation de France. mes confrères, des quolibets, des critiques • Observer des procès contre les médias Mais pour ses 15 ans, JED a choisi de ne pas malveillantes et attaques injustes, est un ou les journalistes ; sabler le champagne. Faut-il fêter le nombre travail bien ingrat… • Participer à des études sur l’amélioration de journalistes tués, emprisonnés, battus, du cadre juridique, politique et économique menacés ; des médias fermés saccagés ou Pourtant, contre vents et marées, Journalis- de l’exercice de la liberté de la presse ; incendiés au cours de ces quinze années te en Danger (JED) a décidé de poursuivre • Publier des rapports annuels sur la liberté d’histoire ? son bon homme de chemin. Non pas par de la presse ou sur des thèmes spécifiques Pour toutes ces personnes qui sont tom- défi, ni pour des raisons personnelles de en rapport avec l’actualité, seuls ou avec des bées la plume à la main ou qui ont payé le survie. Mais par fidélité à son engagement partenaires ; prix fort de leur engagement pour la liberté initial. • Organiser des ateliers, conférences, sé- et le droit à l’information, JED écrit ses mé- A sa création, JED s’était donné une dou- minaires sur des questions d’éthique et de moires. ble ambition : faire en sorte qu’aucun crime

PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED Page 3 FOCUS Journaliste en danger, 15 ans... Le chemin de la croix pour la presse congolaise Créer une organisation pour défendre et promouvoir la liberté de la presse et d’expres- sion au lendemain de la chute de la dictature de Mobutu et de l’avènement procla- mé de la libération de l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération) n’était pas moins un pari risqué. Maintenir en vie pendant quinze ans, et donner de la visibilité à une organisation dont la mission principale consiste à dénoncer des abus et des violations dans un environnement hostile où la critique et la contradiction ne sont pas toujours les bienvenues, n’était pas la moindre des gageures. Pourtant, Journaliste en danger (JED) a tenu bon et n’a jamais autant mérité son nom. Quinze ans après, nombreux sont ceux qui estiment que si l’organisation n’avait pas été créée, il aurait fallu sans doute l’inventer, au regard du nombre toujours croissant et des statistiques inquiétantes sur l’état de la liberté de la presse en RD Congo.

Année après année, JED publie ses rapports qui répertorient tous les cas d’attaques dirigées contre les journalistes et contre les médias, à Kinshasa comme dans les provin- ces de l’intérieur du pays. Il s’agit d’un travail au quotidien de surveillance de diverses atteintes au droit du journaliste d’informer et au droit du public à être informé, grâce à un réseau de près de 200 correspondants bénévoles éparpillés à travers toutes les pro- vinces de la RDC. Au bas mot, en quinze années d’existence, JED a pu répertorier au moins 1600 cas d’atteintes diverses à la liberté de la presse et au droit à l’information. Beaucoup de ces cas ont fait l’objet des alertes distribuées par JED dans son réseau de diffusion qui compte au moins 1000 destinataires dont les médias, les organisations des droits de l’homme, les missions diplomatiques et les institutions publiques nationales. Beaucoup d’autres parmi ces cas d’atteintes à la liberté de la presse ont donné lieu à des lettres de protestation adressées au pouvoir en place ou aux personnes responsa- bles de ces atteintes. Au décompte de tous ces cas d’attaques et de violations, il n’y a l’ombre d’aucun doute : la liberté de la presse en RD Congo est un véritable chemin de la croix pour la presse et pour les journalistes congolais comme l’attestent les quelques cas relevés ci-dessous à titre illustratif : Des centaines de journaux 14 mois de prison pour brûlés. «intelligence avec la Le retrait de la circulation d’un lot important du journal congolais « Le Soft International », paraissant à Bruxelles. Ce journal avait été rébellion». plus d’une fois saisi à l’aéroport international de Kinshasa/ N’Djili La détention pendant 14 mois de Joseph Mbakulu, directeur et brûlé chaque fois qu’un titre annoncé à la Une ne plaisait pas au de la Radio Télévision Matadi (RTM), émettant à Matadi (Pro- régime de Laurent Désiré Kabila. Le 20 février 1998, une édition vince du Bas-Congo) à la prison centrale de Kinshasa pour « avec en manchette une photo de l’opposant Etienne Tshisekedi ac- propagation de faux bruits » en rapport avec la prise de la ville compagnée du titre « Tshisekedi, l’éternel persécuté » avait été de Matadi par la rébellion fin 1998. Mbakulu avait été arrêté le saisi et brûlé. 24 octobre 1998 et acquitté le 30 décembre 1999 (suite en page 5) Page 4 PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED FOCUS Le chemin de la croix pour la presse congolaise

(Suite de la page 4) Des journalistes interdits de quitter Kinshasa ordre. Les responsables du CSE, service de sécurité attaché à la présidence de la Ré- 14 mois de prison... publique, avaient motivé leur décision par une nécessité de permettre l’aboutissement par la Cour d’ordre militaire. Cette der- d’une enquête initiée dans une affaire impliquant les deux journalistes. Il a été reproché nière avait déclaré non établie, en fait et aux deux journalistes d’avoir reçu sur leurs chaînes, dimanche 9 avril 2000, M. Gabriel en droit, l’infraction mise à charge du Kyungu wa Kumwanza, ancien gouverneur du Katanga et ambassadeur de la RDC en prévenu Mbakulu. A l’issue de l’audience Arabie Saoudite qui critiquait sévèrement la manière dont la RDC était gouvernée. M. organisée à la Cour d’ordre militaire, les Kyungu avait notamment soutenu que la population congolaise n’accordait plus aucun témoins à décharge cités par Mbakulu crédit au gouvernement du président Laurent-Désiré Kabila. M. Kyungu avait été arrêté avaient déclaré que ce dernier avait été par la suite à Kinshasa, à cause de ces propos. Les deux journalistes avaient été enten- contraint, par un commandant rebelle, de dus par le conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité, M. Nono Lutula. faire passer le message de la rébellion sur Mputu Biduaya avait été enfermé dans un cachot pendant quelques heures jusqu’à ce les ondes la RTM. qu’il a fait remettre la cassette contenant l’enregistrement de l’émission incriminée. 69 jours dans un cachot de l’ANR. Journaliste ligoté La détention pendant 69 jours dans un cachot de l’ANR de Kazadi Mbayo, directeur du journal « Le Palme d’Or » paraissant à Kinshasa. Le journaliste avait été arrêté le 7 et fouetté. novembre 1999 vers 3 heures du matin à son domicile pour « outrage au chef de l’Etat Emmanuel Imbanda Lokenga, journaliste et incitation à la révolte ». Son journal avait publié en date du 4 novembre 1999 deux la Radio Télévision Nationale Congolaise articles intitulés respectivement « Les ressortissants du Kivu veulent porter plainte (RTNC), avait été ligoté et fouetté avec un contre Kabila » et « Kabila va avoir son 16 février. Il faut libérer le pasteur Kuthino bâton métallique dans une résidence pri- ». Avant sa libération intervenue le 15 janvier 2000, le journaliste avait signé, sous vée de Kinshasa/Ngaliema transformée en contrainte, un document intitulé « Engagement pris devant l’ANR/DE » dans lequel campement militaire, mardi 18 avril 2000, il avait demandé pardon en promettant de ne pas hésiter un seul instant à contacter de 17 à 20 heures, par des éléments des l’ANR pour éviter, à la longue, des articles pouvant lui créer des ennuis. Forces Armées Congolaises (FAC) qui lui reprochaient « d’être en contact avec des anciens dignitaires du régime déchu du ma- La prison pour une Coupable réchal Mobutu alors qu’il travaille pour un fausse information. d’avoir inter- média public ». L’incarcération pendant 91 jours successivement viewé les enfants soldats du dans le cachot de la police judiciaire du parquet, du tribunal de grande instance de Kinshasa/Gom- MLC. be et à la prison centrale de Kinshasa de Poly- La détention pendant huit jours de Franklin Moliba Sese, correspondant à carpe Honsek Hokway, journaliste à Solidarité. Il a Gbadolite (Province de l’Equateur) de Radio Okapi, par les responsables du été reproché au journaliste d’avoir annoncé dans Mouvement de Libération du Congo (MLC, mouvement rebelle soutenu par son journal que le ministre des Finances et budget, l’Ouganda). Le journaliste avait été arrêté le13 septembre 2002 pour avoir in- M. Mawampanga Mwana Nanga avait été arrêté. terviewé des enfants soldats enrôlés dans le MLC sans autorisation et divulgué Arrêté le 6 novembre 1999, le journaliste avait été des informations à caractère militaire. Moliba a été relaxé le 21 septembre 2002 condamné par le tribunal de paix de Kinshasa/ sur décision du procureur du parquet de Gbadolite. Gombe en date du 29 janvier 2000 à 3 mois de prison ferme. Honsek avait été tout de même 7 mois de prison à Makala. libéré le 4 février 2000. La détention pendant 7 mois et 14 jours de Ray- mond Kabala, directeur du journal « Alerte Plus » Des journalistes interdits de paraissant à Kinshasa, à la prison centrale de Ma- kala. Arrêté le 19 juillet 2002, le journaliste a été li- quitter Kinshasa. béré, jeudi 6 mars 2003, après avoir purgé sa peine. Le Conseil de Sécurité d’Etat (CSE) avait signifié, vendredi 14 avril 2000, à Kabala était condamné au premier degré, par le MM. Jean-Réné Mputu Biduaya, directeur des informations à Raga TV, Jean-Réné tribunal de paix de Kinshasa/N’Djili, à 12 mois de Lumbana Kapasa, directeurs des programmes à Radio Télévision Kin Malebo prison ferme pour « imputations dommageables » (RTKM), qui leur étaient interdit de quitter la ville de Kinshasa jusqu’à nouvel à l’endroit de M. Mwenze Kongolo, ministre de la Sécurité et de l’ordre public. (Suite en page 6)

PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED Page 5 FOCUS Journaliste en danger, 15 ans... Le chemin de la croix pour la presse congolaise Mise à sac de la RTMV. 7 mois de prison à Makala. La mise à sac, mardi 10 juin 2003, des installations de la Radio Télévision Message (Suite de la page 5) de Vie (RTMV), chaîne confessionnelle émettant à Kinshasa et propriété du pasteur Kuthino Fernando, par un groupe d’éléments de la police. Ses assaillants s’étaient Au second degré, cette sentence a été ra- attaqués au pasteur Kuthino qui tenait une assemblée générale d’un mouvement mené par le tribunal de grande instance de politico-religieux qu’il venait de lancer un mois auparavant dénommé « Sauvons Kinshasa/N’Djili à 7 mois de prison ferme. Le le Congo ». Des journalistes présents sur les lieux étaient molestés. Les équipe- journaliste avait publié un article en rapport ments de la chaine dont les émetteurs étaient emportés par les policiers. avec l’état de santé du ministre. 18 jours de prison pour avoir Passage à tabac. dénoncé une mauvaise gestion. Le passage à tabac, lundi 5 mai 2003, par des mili- La détention pendant 18 jours de Rackys Bokela, éditeur du journal « Le Col- tants de l’Union pour la Démocratie et le Progrès lecteur » paraissant à Kinshasa, à la prison centrale de Kinshasa. Le journaliste Social (UDPS, parti d’opposition) de Baudouin était poursuivi pour « diffamation » à l’endroit de M. Aimé Luvumbu, ancien Kamanda wa Kamanda Muzembe, correspondant président de la Fédération Congolaise de Boxe (FECOBOXE). Le journaliste à Kinshasa de Radio France Internationale. Les a été arrêté le 27 mai 2004 et remis en liberté le 13 juin 2004. Son journal supporters de l’UDPS reprochaient au journaliste avait publié un article dénonçant la mauvaise gestion à la FECOBOXE. d’avoir annoncé sur les ondes de RFI la désigna- tion de M. Arthur Z’Ahidi Ngoma au poste de vi- ce-président de la République pour le compte de Des menaces de mort pour la composante opposition non armée en lieu et place de M. Etienne Tshisekedi, leader de l’UDPS. une journaliste. Les menaces de mort anonymes proférées à Marie-Ange Musho- bekwa, journaliste-présentatrice de l’émission « A Cœur ouvert Enlèvement, séquestra- » diffusée sur la chaîne « Antenne A » émettant à Kinshasa. Ces menaces étaient consécutives à la rediffusion, jeudi 29 juillet tion, passage à tabac. 2004, dans le cadre de la commémoration des cinq ans d’exis- tence de son émission, de la toute première édition qu’elle avait L’enlèvement, la séquestration et le passage à tabac, le 5 juin produite, le 11 juillet 1999 au cours de laquelle elle avait reçu M. 2003, de Sage-Fidèle Gayala et Hugues Michel Mukebayi, journa- Jeannot Bemba Saolona, père de l’ancien vice-président de la Ré- listes à « Congo News » paraissant à Kinshasa, par des hommes publique, Jean-Pierre Bemba. Au cours de cette émission, Jeannot armés agissant sur ordre de M. Dénis Kalume, fils du général Bemba avait qualifié son fils alors chef du mouvement rebelle de Dénis Kalume. Les militaires commis à la sécurité du général « marionnette des ougandais » en ajoutant qu’il avait du « sang Dénis Kalume reprochaient aux journalistes d’avoir « manqué sur les mains ». du respect à l’endroit du fils du général ». Les deux journalistes étaient en conseil de rédaction quand le fils Kalume était venu les interrompre. Estimant être dérangés, les journalistes avaient Journaliste contraint à la témoigné leur indignation au comportement qu’avait affiché le fils du général. Se sentant lésé, le fils du général a alerté cinq élé- clandestinité. ments des Forces Armées Congolaises (FAC) commis à la garde L’entrée en clandestinité de Déo Namujimbo, correspondant de son père qui ont surgi dans les installations de « Congo News à Goma de l’Agence de presse internationale SYFIA basée à » en procédant à l’arrestation des journalistes. Montpellier en France. Le journaliste avait été contraint, di- manche 18 juillet 2004, à évacuer sa famille à Bukavu et à en- L’opposition censurée. trer en clandestinité pour se soustraire des hommes armés L’interdiction de diffusion des discours ou autres propos des leaders politiques du chef rebelle Laurent Nkunda. Namujimbo a de l’opposition dans les médias opérant à Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province publié, jeudi 15 juillet 2004, un article mettant à du Kasaï-Oriental, par Mme Meta Mutombo, vice-gouverneur de province. Cet- nu les violations massives des droits de l’homme te mesure avait été communiquée, vendredi 2 mai 2003, aux responsables des par les rebelles à Minova, une bourgade située radios et télévisions de Mbuji-Mayi au cours d’une réunion présidait par Mme à 50 km de Goma. Après la publication de cet Meta. Cette dernière justifiait cette mesure par « le souci de préserver la quié- article, les rebelles rodaient tout autour de la tude parmi ses administrés au moment où le chef lieu de sa province faisait face résidence du journaliste à la recherche de ce à plusieurs manifestations hostiles au pouvoir de la part de al population ». dernier. (Suite en page 7)

Page 6 PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED FOCUS Le chemin de la croix pour la presse congolaise (Suite de la page 6) Un journaliste menacé par un vice-président de la République. Les menaces de mort proférées par M. Yerodia Abdoulaye Ndombasi, vice-président de la République en charge de la Recons- truction et développement, à Serge Nseka, journaliste-animateur de l’émission « Salut week-end », diffusée sur la chaîne Raga TV émettant à Kinshasa. Le journaliste a été reproché d’avoir animé cette émission à téléphone ouvert au cours de laquelle les télés- pectateurs réagissaient sur un reportage portant sur la vente illicite des terrains à certains dignitaires du régime dont M. Yerodia. Coup de force signé Journalistes arrêtés, matériels «DEMIAP». saisis. Sept militaires de la DEMIAP (Détection Militaire Un groupe d’agents de l’ANR était entré par effraction, mercredi 4 août 2004 des Activités Anti-patrie, Renseignements militai- vers 16 heures, dans les installations de la Radio Hosana, station confessionnelle res) et trois agents de l’ANR (Agence Nationale émettant à Lubumbashi, chef-lieu de la province du Katanga, confisquant tout des Renseignements) ont fait irruption, jeudi 1er le matériel de la radio dont un émetteur. Les six journalistes trouvés sur le lieu avril 2004 vers 19 heures, dans les installations étaient interpellés. Le matériel de la radio était restitué jeudi 28 octobre 2004. de Radio Kilimandjaro, station privée émettant à Il a été reproché à ce média d’avoir rediffusé, samedi 31 juillet 2004, une prédi- Tshikapa, deuxième ville de la province du Kasaï cation du pasteur Albert Lukusa qui, selon l’ANR, « incitait les populations à la Occidentale. Ils ont arrêté les émissions avant de révolte contre les autorités nationales ». demander aux journalistes trouvés sur le lieu de faire un test de voix pendant deux minutes. Ces agents des services des renseignements étaient Journaliste détenu à la Cour de à la recherche du journaliste Sami Mbeto, absent de la rédaction. Lors d’une émission, Mbeto avait Sûreté. dénoncé les traitements dégradants que les servi- La détention pendant douze jours de Jean Marie Kanku, éditeur-directeur du ces des renseignements subissaient aux congolais journal L’Alerte paraissant à Kinshasa, capitale de la RDC, dans les cachots de refoulés de l’Angola. A l’issue de cet exercice et l’ANR et de la Cour de Sûreté de l’Etat, communément appété « ASSANEF », après près d’une heure de siège de la radio, ces alors une Cour d’exception. Arrêté vendredi 28 octobre 2005, le journaliste a agents des renseignements étaient repartis en été libéré mardi 8 novembre 2005. Il a été poursuivi pour propagation des « laissant derrière eux deux agents de l’ANR. faux bruits ». Son journal avait publié une série d’articles parus dans deux éditions dans les- Des journalistes pris quels un député du nom de Thierry Bongo s’en prenait à l’administrateur gé- néral de l’ANR, M. Lando Lurhakumbirwa, le présentant comme un « ennemi du Congo » et l’accusant de détournement des fonds publics alloué à ses ser- en Otage. vices. Un groupe de six journalistes congolais partis en reportage pour couvrir l’opération de désarme- 9 mois de prison dans «l’affaire ment des milices armés opérant dans le Nord-Ka- tanga était pris en otage, dimanche 24 avril 2005, de 30 millions de dollar». au port de Kilumbe dans le district du Haut Lo- mami, à plus de 400 Km de Lubumbashi, chef-lieu La détention pendant 9 mois de Patrice Booto, éditeur-directeur de « Le Journal de la province du Katanga, par des miliciens « Maï » et son supplément Pool Malebo, paraissant à Kinshasa, à la prison centrale de Maï ». Il s’agit de Adam Shemisi (Tropicana TV), de Kinshasa. Booto avait été arrêté, le 2 novembre 2005, pour avoir publié dans ses Jean-Marie Mususa (Agence Congolaise de Pres- deux journaux un même article faisant état « d’un don de 30 millions USD de se), de Pierrot Nsenga (RTNC/Katanga), de Léon la RDC remis au secteur éducatif de la République de Tanzanie » au moment où Kabasele (RTNC/ Kinshasa), de Freddy Mwanza un conflit de travail opposait en RDC le gouvernement aux syndicats du secteur (Raga TV) et de Scott Mayemba (Journal Uhuru). de l’enseignement. Tous ces journalistes avaient accompagné le pas- Le Tribunal de Paix de Kinshasa/Assossa avait condamné le journaliste, le 30 teur Daniel Ngoy Mulunda, président de l’ONG « mai 2006, à 6 mois de prison ferme et au paiement d’une amende de 500 $. PAREC » qui menait une opération d’échange « Le Ministère public avait interjeté appel. Statuant au second degré et infirmant Vélo contre arme à feu ». le jugement rendu au premier degré, le Tribunal de grande instance de Kalamu avait finalement reconnu le journaliste coupable de «diffusion et reproduction de fausse nouvelle » tandis qu’il l’avait acquitté quant aux infractions d’ « offense au chef de l’Etat » et d’« outrage au gouvernement ». (Suite en page 8)

PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED Page 7 FOCUS Journaliste en danger, 15 ans... Le chemin de la croix pour la presse congolaise (Suite de la page 7) 9 mois de prison dans «l’affaire Télévision saccagée. de 30 millions de dollar». (Suite de la page 9) L’attaque et le saccage, lundi 22 mai 2006 vers 21 heures, des installations de la RTMV (Radio Télévision Message de Vie) par une dizaine d’hommes en civil fortement armés qui avaient débarqué à En effet, au cours d’une audience, Patrice Booto a fait un bord de trois jeeps de marque Prado. Ils avaient saccagé l’émetteur revirement spectaculaire en affirmant que l’information qu’il télé, emporté la table de mixage vidéo/audio, un titreur, un ordina- avait donnée était fausse et qu’il le savait au moment où il teur, le moniteur et des téléphones portables. Quatre techniciens la publiait. Jeudi 27 juillet 2006, le Tribunal de Grande ins- trouvés sur place ont été passés à tabac. Deux d’entre eux, Serge tance de Kalamu statuant au second degré, l’avait condamné Ndonga Ndonga et Boris Nawej avaient été gardés au secret dans à 6 mois de prison ferme et au paiement d’une amende de un cachot de l’ANR pendant deux jours avant d’être relâchés. 200.000 FC (500 USD). Mais le journaliste avait passé 9 mois Le soir du même jour, la RTMV avait diffusé le culte controversé du en prison. Il en était sorti jeudi 03 août 2006. Pasteur Kuthino de dimanche 14 mai 2006 au Stade « Tata Raphaël » de Kinshasa/Kalamu. C’est à la fin de cette diffusion que des éléments des Services spéciaux de la Police avaient fait irruption L’expulsion de Ghislaine au studio télé de la RTMV à Kinshasa/Binza et y avaient saccagé le matériel. Dupont. La RTMV avait cessé d’émettre pour la première fois, dimanche L’expulsion du territoire congolais, lundi 3 juillet 2006, de 14 mai 2006 vers 18 h 00 à la suite de la coupure du signal par les Ghislaine Dupont, envoyée spéciale de RFI (Radio France In- éléments des services spéciaux de la police congolaise qui avait ternationale), émettant à Paris, capitale de la France, par M. pris d’assaut le siège de l’église du pasteur Kuthino et procédé à la Van Ibiba, major de la direction générale des renseignements coupure de l’électricité dans le quartier où se trouve la rédaction et services spéciaux de la police congolaise en présence de de la radio pour empêcher cette dernière de diffuser en direct M. Didier Lagueny, consul de France à Kinshasa. la scène de l’arrestation de M. Kuthino Fernando, responsable de Aucune notification officielle n’avait été donnée à Dupont. Le cette église. major Van lui avait remis un billet d’avion de la compagnie SN Quelques semaines auparavant, l’émission « Mwana Congo» (Tra- Brussels avant d’accompagner Dupont jusqu’à l’avion après duction : Fils du Congo), avait été suspendue, le 22 avril 2006 par l’avoir photographiée et pris ses empreintes digitales. Offi- la HAM (Haute autorité des médias), organe de régulation des mé- ciellement, il était reproché à la journaliste d’avoir fait quel- dias après qu’un journaliste ait reçu M. Gabriel Mokia, président du ques reportages alors que le ministère de l’Information ne lui parti politique MDCO (Mouvement Démocratique du Congo) qui avait pas encore délivré l’accréditation. Dans un communiqué avait été également interdit d’antennes pour un mois. de presse de la direction de RFI du vendredi 26 mai 2006, ce média international avait demandé aux autorités congolaises de régulariser la situation de son envoyée spéciale en RD Mise à sac de la HAM. Congo Ghislaine Dupond dont l’accréditation était bloquée La mise à sac, jeudi 27 juillet 2006, du Siège de la Haute Autorité des par le Ministère de la Presse et Information. Médias (HAM), organe de régulation des médias en RD Congo, par des personnes non identifiés que certains témoins avaient identi- Journalistes Rwandais fiés comme étant des partisans de M. Jean-Pierre Bemba, président du MLC (Mouvement pour la libération du Congo) et candidat à l’élection présidentielle. accusés d’Espionnage. Ces incidents s’étaient produits en marge du meeting de clôture de la campagne électorale du candidat Jean-Pierre Bemba pour le L’expulsion de la RDC de Hakizimana Themistocle et Asimwa premier tour des élections présidentielles tenu au stade Tata Assa Arthur, journalistes de nationalité rwandaise, travaillant pour Raphaël situé à moins de 100 m du siège de la HAM. l’agence américaine Reuters au . Les deux journalistes ont (Suite en page 9) été expulsés, le 28 juin 2006, de Goma, chef lieu de la province du Nord Kivu, par les militaires de la garde présidentielle qui les ac- cusés d’être « des espions au service des terroristes en mission au Congo pour tuer Kabila comme son père ». Cette expulsion avait eu lieu le jour de l’arrivée du président Joseph Kabila dans la province du Nord-Kivu pour battre sa campagne électorale.

Page 8 PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED FOCUS Le chemin de la croix pour la presse congolaise (Suite de la page 8)

35 jours de prison pour La radio Colombe saccagée. diffamation. La destruction sauvage, dimanche 2 septembre 2007, des locaux de la Radio Colombe, station communautaire émettant à Rutshuru, localité L’arrêstation de Rigobert Kwakala Kash, éditeur-directeur située à 75km à l’est de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, responsable du journal « Le Moniteur », paraissant à Kins- par des militaires insurgés fidèles à M. Laurent Nkunda, général déchu hasa. Le journaliste avait arrêté, le 11 janvier 2007, à son des FARDC, en guerre, contre les forces loyalistes. domicile par un groupe d’agents armés des services spé- Les militaires de la Brigade Bravo, dirigés par un le colonel Makenga, ciaux de la Police, munis d’un mandat de prise de corps avaient fait irruption, vers 19h, dans les installations de la radio, situées signé par le président du Tribunal de paix de Kinshasa/ à proximité du quartier général de la Brigade, et avaient emporté Kasa-Vubu. Il avait été libéré, vendredi 16 février 2007, l’émetteur ainsi que tout le matériel de la station. après paiement d’une caution de 30.000 FC. Kwakala était Dans leur fougue, les insurgés avaient amené avec eux trois anima- poursuivi pour « diffamation, injure publique, dénoncia- teurs de la radio et deux techniciens d’une compagnie locale d’élec- tion calomnieuse et propagation de faux bruits » à l’en- tricité trouvés sur les lieux. Les animateurs avaient, par la suite, réussi contre de M. Jacques Mbadu, gouverneur de la province à s’échapper. du Bas-Congo. 132 jours à Makala au motif : Global TV attaquée «Proche de JP Bemba». de nuit. L’occupation illégale, Vendredi 12 septembre 2008 La privation de liberté pendant 132 jours de Papy Ntembe Moroni, caméra- vers 1h00, des installations de Global TV, une chaîne man -reporter à la chaîne privée de télévision CCTV (Canal Congo Télévision, privée émettant à Kinshasa, par un groupe d’hom- propriété de l’opposant Jean-Pierre BEMBA). Ntembe avait été arrêté à son mes armés en tenue civile et d’autres en tenue de domicile, propriété du major Yawa, un officier de l’Armée Nationale, dans la la police. Le régisseur d’antenne, Daudet Lukombo, nuit du 1er au 2 décembre 2006, par des militaires de la Garde Républicaine avait été arrêté par ces assaillants qui avaient par qui avaient fait irruption dans sa chambre et lui avaient ordonné de les suivre. la suite emporté tous les matériels de diffusion de Identifié comme caméraman de CCTV et ressortissant de la même province cette chaîne de télévision. Le journaliste avait été que son patron (Province de l’Equateur). Il avait quitté, vendredi 13 avril 2007, acquitté moyennant paiement d’une somme de la prison centrale de Kinshasa à la suite d’une action entreprise par le ministre 200 dollars américains, mardi 28 octobre 2008, par de la Justice, M. Minsayi Booka, en vue de désengorger les prisons en libérant le tribunal de paix de Kinshasa/Gombe. Lukombo les détenus ayant purgé au moins le quart de leurs peines, ou ceux dont la était détenu pendant 41 jours à la prison centrale détention était irrégulière. de Kinshasa pour « incitation à la rébellion » et « outrage au chef de l’Etat ». Il avait été accusé d’avoir laissé diffuser sur Global TV une conféren- Journalistes tabassés dans le ce de presse tenue, jeudi 11 septembre 2008, par le député Né Muanda Nsémi, Chef spirituel de la bureau d’un ministre. secte politico-religieuse Bundu Dia Kongo (BDK). Le passage à tabac, le 22 octobre 2007, de Heustache Namunanika et Didier Dans ses déclarations, le chef spirituel du BDK qui Lofumbwa, journaliste et cameraman à la chaîne de télévision privée Horizon siège sur les bancs de l’opposition à l’Assemblée 33 par des agents de la police dans le bureau du Ministre d’Etat l’Enseignement Nationale, avait accusé des membres du pouvoir à Supérieur, M. Sylvain Ngabu. Kinshasa d’être à la base de la situation sécuritaire Les deux journalistes avaient interviewé le ministre d’Etat au sujet la sa me- de l’Est du pays. sure qu’il avait prise portant suspension du Professeur Dieudonné Kalindye, (Suite en page 10) Recteur a.i. de l’Université Ouverte CIDEP. Après avoir pris le point de vue du ministre Ngabu, les deux journalistes avaient donné la parole au Prof Kalindye qui avait dénoncé une mesure arbitraire.

Après la diffusion de ces deux interviews, le ministre d’Etat Ngabu avait fait venir les journalistes à son bureau en leur reprochant d’avoir donné la parole à un «Recteur suspendu». Il avait fait monter dans son bureau les policiers commis à sa garde et leur intimant l’ordre de «corriger » les deux journalistes. Ces derniers étaient copieusement tabassés en présence de M. Ngabu.

PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED Page 9 FOCUS Journaliste en danger, 15 ans... Le chemin de la croix pour la presse congolaise (Suite de la page 9) Des journalistes de la RTNC suspendus pour apparte- nance à une Organisation mystérieuse.

La suspension pour une durée indéterminée de Geneviève Inagosi, Brigitte Mopane, Fabrice Wazenge , Pontien Tshisungu, Angèle Mabila, Guy Matundu, Dada Shabani, Christine Lenzo, Nicole Dibambu , Ntumba Matulu et Ida Tangu, respectivement journalistes et monteur à la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC), par le comité de gestion de la RTNC. Les journalistes ont été accusés d’appartenir à « une organisation mystérieuse à visée subversive au sein de l’entreprise ». Cette décision était intervenue dix-sept jours après la suspension infligée au journaliste Ntumba Matulu par M. Kipolongo Mukambilwa, Administrateur Délégué Général de la RTNC. Il avait motivé sa décision par le fait que le journaliste avait diffusé, le mercredi 12 novembre 2008 au journal du soir, les images d’une marche des congolais de Bruxelles qui protestaient contre la guère à l’est de la RDC dans lesquelles on pouvait apercevoir une pancarte « appelant le chef de l’Etat congolais, M. joseph Kabila, à démissionner ». Il lui était également reproché d’avoir modifié le conducteur du journal télévisé sans en avoir informé la hiérarchie. Molière TV attaquée 10 mois de prison pour «Offense à l’arme. au chef de l’Etat». L’attaque armée, vendredi 27 septembre 2008, Nsimba Embete Ponte, directeur du journal L’Interprète, un feuillet bihebdo- des installations de Molière TV, chaîne de télévi- madaire privé paraissant à Kinshasa, a été remis en liberté, mercredi 07 janvier sion privée, émettant à Kinshasa. Ce média avait 2009 après avoir purgé l’entièreté de sa peine de 10 mois d’emprisonnement. été attaqué vers 2 heures du matin par une dou- Poursuivi initialement pour « colportage, faux bruits, atteinte à la sûreté de zaine des policiers en tenue et cagoulés. Peu après l’Etat et offense au chef de l’Etat », le journaliste a été reconnu coupable 2H00 du matin, une douzaine de Policiers en te- d’offense au chef de l’Etat, jeudi 27 novembre 2008, par le Tribunal de paix nue et cagoulés avaient débarqué de trois jeeps de de Kinshasa/N’Djili qui l’a condamné, par ce fait, à 10 mois de prison ferme la Police de couleur blanche avec gyrophares et à la suite d’une série d’articles reprenant une rumeur sur l’état de santé du une Pick-up double cabine, dans le quartier Binza Président Joseph Kabila. Pigeon à Kinshasa/Ngaliema où se trouvent logés les studios de ce média. Après avoir coupé l’élec- Une radio communautaire tricité dans le quartier et dispersé une famille qui veillait à un deuil dans les environs, les policiers avaient forcé l’entrée des studios de la chaîne de incendiée. télévision et emporté l’émetteur, les caméras et Radio Communautaire Taïna, émettant à Kasugho, localité située à 50 Kms micros, les tables de mixage audio et vidéo, un PC de Lubero, dans le territoire de Lubero, et à 100 Kms de la ville de Butembo, de montage. dans la province du Nord Kivu à l’Est de la RD Congo, avait été complètement pillée et incendiée, mercredi 11 février 2009 entre 22 heures Un média pillé par des et 4 heures du matin, lors des affrontements qui ont opposé les Forces Armées de la RDC aux rebelles rwandais des FDLR rebelles à l’Est. (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda).

La Radio Communautaire Ushirika (RACOU), seule radio présente à Kiwanja, localité située à 75 km de Goma, capitale provinciale du Signal coupé pour Télé 7. Nord Kivu, à l’Est de la RDC avait été pillée, mardi 04 novembre 2008, La coupure brusque, le 16 mars 2009, du signal d’émission de par les hommes du CNDP (Congrès National pour la Défense du Télé 7, chaîne privée émettant à Kinshasa. Ce média avait était Peuple, faction rebelle dirigée par le général déchu Laurent Nkunda) réduit au silence vers 23 heures, pendant 5 heures au moins, dans la foulée des affrontements qui les avaient opposés aux com- juste après la diffusion d’un entretien avec M. Vital Kamerhe, battants Maï Maï du Pareco (Parti des Résistants Congolais) dans la président de l’Assemblée Nationale dont le parti exigeait la localité de Rutshuru. Dans cette foulée, Alfred Munyamaliza Bitwa- démission immédiate. Au cours de cette émission, M. Kame- hiki Njonjo, journaliste présentateur du journal parlé à kinyarwanda rhe donnait son point de vue sur la crise qui prévalait à l’As- à la même radio avait vu sa maison attaquée et incendiée. semblée Nationale de la RDC. (Suite en page 11)

Page 10 PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED FOCUS Le chemin de la croix pour la presse congolaise (Suite de la page 10) RFI : signal coupé. Bandundu FM fermée.

La coupure des signaux de Radio France Inter- La fermeture pendant un mois de la Radio Bandundu FM, une station commu- nationale à Kinshasa et dans les provinces. RFI a nautaire émettant dans la ville de Bandundu sur un ordre verbal du gouverneur vu son relais FM suspendu respectivement, ven- de province M.Richard Ndambu Wolang. Cette fermeture a été suivie de l’ar- dredi 01 mai 2009, à Bunia, chef-lieu du district restation du journaliste Mwe Fidèle qui a été détenu sans jugement pendant un d’Ituri, dans la Province orientale, mercredi 10 mois à la prison du cinquantenaire. juin 2009 à Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu (Est) et dimanche 26 juillet 2009, à Kinshasa (capitale Cette fermeture a été consécutive à la diffusion, mercredi 29 septembre 2010 à de la RDC), Lubumbashi (province du Katanga, 21 heures, sur les ondes de la Radio Bandundu FM, d’une émission à téléphone sud-est du pays), à Kisangani ( province orien- ouvert intitulée « Découverte ». Au cours de cette émission qui débattait autour tale, nord-est du pays) et à Matadi (province du du thème : « les rôles et la mission d’un député provincial » l’un des trois invités Bas-Congo, ouest du pays) par le gouvernement avait soutenu les propos d’un auditeur qui critiquait un groupe de députés qui de la République pour «des raisons de sécurité ne voulaient pas signer la motion de défiance contre le gouverneur. nationale» avait déclaré le porte-parole du gou- vernement et ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende. « Nous repro- chons essentiellement à RFI des tentatives de Des Journalistes menacés de mort provoquer des mutineries au sein des forces armées (FARDC) dans les provinces du Nord se réfugient à Kinshasa. et du Sud-Kivu (est) et dans la Province orien- Deux journalistes de l’intérieur du pays, Michel Tshiyoyo de Kananga (Province tale. Aussi de créer des conflits interethniques du Kasaï Occidental) et Donat Musema de Bukavu (Province du Sud-Kivu), ont là où nous sommes laborieusement en train de été contraints de fuir leurs milieux de travail, abandonnant leurs familles sur pla- pacifier le pays», avait-t-il ajouté, au cours d’une ce, pour se refugier à Kinshasa après avoir reçu des menaces sérieuses de mort. conférence de presse organisée à Kinshasa, le 4 Tshiyoyo avait été menacé par des proches du gouverneur de la province tandis mai 2009, dans le cadre de la Journée Mondiale que Musema a été menacé, à plusieurs reprises, par un colonel des FARDC qui de la Liberté de la Presse. lui a promis de lui faire subir le sort de Serge Maheshe. 5 mois de prison La RLTV incendiée. pour «Trahison». Radio Lisanga Télévision (RLTV), chaîne de télévision proche de l’opposition L’arrestation et la détention pendant 5 mois à émettant à Kinshasa a été incendiée, mardi 6 septembre 2011, vers 2 heures du la prison centrale de Kinshasa de Jullson Eninga, matin, par un commando armé, muni des bidons d’essence qui a forcé l’accès directeur de publication du quotidien « Le Jour- dans l’enceinte et qui a mis le feu aux installations de cette chaîne. nal ». Eninga était poursuivi pour « trahison » pour avoir publié un communiqué de presse des La mise à feu des installations de RLTV a été préméditée de longue date par rebelles rwandais des FDLR (Forces démocrati- des personnes qui ne cachaient pas leur hostilité aux émissions diffusées par ques pour la libération du Rwanda). A l’issue du cette chaîne et soutenant ouvertement la candidature de M. Etienne Tshisekedi, procès, le journaliste avait été acquitté et libéré président de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social) et leader le 07 septembre 2010. de l’opposition, aux présidentielles de novembre 2011. CCTV, CKTV, RALIK, réduits au silence. La coupure des signaux de Canal Congo Télévision (CCTV), Canal Kin Télévision (CKTV) et Radio Liberté Kinshasa (RALIK) dans la nuit du 26 juillet 2010. Un commando de 5 personnes armées et en tenues civiles roulant à bord d’un véhicule aux vitres teintées s’étaient présentées vers 3 heures du matin dans les installations abritant la majorité des émetteurs de radios et télévisions de Kinshasa, dans le quartier Binza/Pigeon. Ils avaient ensuite ordonné, sous menaces, aux techniciens et aux militaires commis à la garde de ces installations, de couper les faisceaux des chaînes du groupe CCTV, CKTV et RALIK. Aucun matériel de ces chaînes n’avait été ni emporté ni endommagé. La reprise des émissions de ces chaines avait été ordonnée, mercredi 28 juillet 2010 à 20 heures, par le Ministre de la Communication et des Médias, M. Lambert Mende, après en avoir conféré avec sa hiérarchie. Aucune raison officielle n’avait été donnée pour justifier cet acte et aucune autorité ni de la présidence de la République ni du gouverne- ment n’était en mesure de donner les raisons de cette coupure et encore moins le donneur d’ordre de cet acte. (Suite en page 12)

PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED Page 11 FOCUS Journaliste en danger, 15 ans... Le chemin de la croix pour la presse congolaise Suite de la page 11) JUA TV saccagée. Journaliste copieusement Radio Télévision Lubumbashi JUA (JUA TV), une insultée par un député. chaine privée propriété de M. Jean-Claude Muyam- bo, ancien ministre et membre de la mouvance po- Eugénie Ntumba, journaliste à First Radio and Télévision by Satellitte (RTVS litique du président Joseph Kabila, a été saccagée 1), station privée émettant à Kinshasa, a reçu, mardi 16 août, sur son télé- et partiellement incendiée, mercredi 15 juin 2011 phone portable une série de menaces de mort proférées par une personne au matin, par un groupe de miliciens communément anonyme. Il a été reproché à Ntumba de distribuer sur Internet les éléments appelé « 100% », et qui se recrutaient parmi les plus sonores des menaces et des insultes inouïes proférées contre elle par M. grands fanatiques de l’équipe de football de TP Ma- Yves Kisombe, député national et membre de la mouvance présidentielle. zembe dont le gouverneur de province M. Moïse Ntumba a été copieusement injuriée dans des termes grossiers au télé- Katumbi est le président. Cette attaque était inter- phone, jeudi 4 août 2011, par M. Kisombe au moment où elle s’apprêtait venue en représailles à la diffusion, mardi 14 juin à l’interviewer au sujet d’une lettre ouverte de l’opposition, dénonçant la 2011 sur plusieurs chaines de télévisions lushoises mégestion du pays, adressée au président de la République, Joseph Kabila. d’une interview de M. Muyambo critiquant violem- ment la gestion de M. Katumbi, un autre membre de la mouvance présidentielle. RFI de nouveau coupée. Radio France Internationale (RFI) a vu, samedi 31 décembre 2011, son signal coupé sur ordre de M. Journaliste-cameraman tabassé Lambert Mende, ministre de la Communication et des Médias. Ce média international a été re- au stade des martyrs. proché de « créer une situation confuse pouvant Serge Kembila, caméraman à la Radio Télévision Groupe l’Avenir (RTG@), une entrainer des affrontements entre congolais ». En station privée de télévision émettant à Kinshasa, a été attaqué et violement réalité, le gouvernement de Kinshasa avait mal di- agressé, vendredi 19 août 2011, au stade des martyrs de la pentecôte par un géré la « juxtaposition » du message de vœux de groupe d’hommes en civil commis à la sécurité de M. Evariste Boshab, secré- M. Etienne Tshisekedi (président autoproclamé) taire général du PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocra- à celui du président Joseph Kabila, proclamé élu tie, parti au pouvoir). Il a été reproché à Kembila de filmer les gradins vides du à l’issue des présidentielles controversées du 28 stade des martyrs de la pentecôte où se tenait le 2ème congrès du PPRD. La novembre 2011. Le signal de RFI a été établi, lundi cassette d’enregistrement dudit congrès a été confisquée par ses agresseurs. 9 janvier, après plus d’une semaine d’iterruption. A la suite de cette énième censure de ce média, plu- Canal Futur : le long silence. sieurs voix, dont le gouvernement des Etats-Unis, Canal Futur Télévision, chaîne privée proche de l’opposition émettant à s’étaient élevées pour condamner cette fermeture et Kinshasa, capitale de la RDC, est interdite d’émission depuis le 28 novem- exiger le rétablissement « immédiat » du signal de cette bre 2011 à ce jour, par M. Lambert Mende, ministre des Médias, initiale- radio internationale. ment, « pour des raisons administratives », et ensuite au motif que « l’un de principaux partenaires de cette chaîne serait impliqué dans une entre- prise de déstabilisation de la République Démocratique du Congo… ». La radio communau- Mais jusqu’à présent, le Ministre n’a jamais signifié à cette chaîne le nom de ce responsable incriminé. La coupure du signal était intervenue pen- taire du Katanga dant que CFTV diffusait une émission intitulée « Spéciale soirée électo- rale » dénonçant les irrégularités constatées dans les différents bureaux fermée. de vote lors du double scrutin, présidentiel et législatif, et donnant les A Lubumbashi, chef-lieu de la province du Katanga, la résultats de vote affichés dans un bureau de vote de Kinshasa. Radio Communautaire du Katanga (RCK) a été inter- dite d’activités, jeudi 5 janvier 2012, pour quarante-cinq Les SMS coupés. jours, sur ordre de M. Munkanya Ilunga, chef de division Le service de messagerie téléphonique, SMS, a été suspendu, jusqu’à nou- de la communication du Katanga, pour avoir relayé les vel ordre, dans touts les réseaux de télécommunication de la RDC, sa- programmes de RFI. medi 3 décembre 2011, par M. Adolphe Lumanu, vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur et Sécurité. Cette mesure dite conservatoire a été prise pour « préserver l’ordre public et assurer un aboutissement heureux du processus électoral en RDC ». (Suite en page 13)

Page 12 PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED FOCUS Le chemin de la croix pour la presse congolaise (Suite de la page 12) La RLTV à nouveau fer- 10 mois de détention sans mée. jugement. Radio Lisanga Télévision (RLTV), chaîne proche de l’opposi- tion appartenant à M. Roger Lumbala, député de l’opposition et John Mpoyi, directeur technique de la Radio Lisanga Télévi- aujourd’hui dans la délégation des rebelles du M23 qui négocient sion (RLTV), chaîne privée appartenant à M. Roger Lumbala avec le gouvernement de la RDC à Kampala, capitale de l’Ouganda, et passé dans la rébellion aux côtés de M23, et émettant à a vu son signal d’émission couper brusquement, jeudi 6 septembre Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï Oriental, tota- 2012 jusqu’à ce jour. Cette coupure n’a été revendiquée ni par le lise plus de dix mois de détention, sans jugement, successi- ministre des Médias, ni par le CSAC. Il a fallu attendre dix jours vement au cachot de l’ANR/ Kinshasa et à la prison militaire pour voir le ministre des Médias signer un arrêté ministériel qui de Ndolo. Mpoyi a été accusé d’être en contact avec M. Ro- avait tout l’air d’avoir été antidaté accusant la RLTV de diffuser des ger Lumbala et le colonel dissident des FARDC, John Ci- émissions de «nature à démoraliser l’armée et la population ». bangu, pour « participation à l’organisation d’un mouvement insurrectionnel » dans la province du Ka- saï Oriental. Arrêté à Mbuji-Mayi en août «Le Journal» frappé d’interdiction. 2012, Mpoyi a été transféré, mardi 21 août Le Journal, un quotidien privé paraissant à Kinshasa, a été interdit de parution, ven- 2012, à l’ANR/ Kinshasa, et le 27 avril 2013 dredi 29 juin 2012 à ce jour, par M. Lambert Mende, ministre des Médias. Ce média a à la prison militaire de Ndolo. été accusé d’avoir publié un article incitant la population à la haine raciale et tribale. Malgré les démarches entreprises par les responsables de ce média auprès du minis- Instruit sous RMP 1490/MBJ/NTK/13, ce tre des Médias, ce dernier n’a toujours pas levé sa mesure. Dans une correspondance dossier sera, selon le colonel magistrat adressée, lundi 2 septembre 2013, au président du CSAC, le ministre Lambert Mende Ntambwe, envoyé en fixation dans les lui avait signifié que le dossier du quotidien « Le Journal » était transféré au parquet prochains jours devant la Cour Militaire général de la République. de la Gombe. L’auditorat militaire s’est Le journal a publié vendredi 29 juin 2012 un article intitulé « Insécurité à l’Est de la estimé être éclairé et prépare la note de RD Congo : Ces Congolais dans la toile d’araignée tutsi », dans lequel le journaliste a fin d’instruction pour que la Cour Militaire affirmé que le Rwanda accusé de soutenir les rebelles qui s’affrontent avec les Forces connaisse l’affaire Ministère Public c/ John, Armées de la RD Congo dans l’Est du pays « opère avec la complicité des sujets qui Mpoyi… se réclament être des congolais ». Journaliste Condamné à Journaliste de Radio Okapi 20 ans de prison. menacée. Patrick Palata, directeur de Canal Congo Télévision (CCTV), Gisèle Kaj Kaung, journaliste à Radio Okapi, station provinciale de chaîne privée émettant à Matadi, chef-lieu de la province du Goma, chef- lieu de la province du Nord- Kivu (Est de la RDC), a Bas-Congo, arrêté le 6 janvier 2011, puis condamné à 20 ans été menacée, mercredi 2 mai 2012, par M. Julien Paluku, gouverneur de prison, le 8 avril 2012, par le Tribunal militaire de garnison de la province du Nord- Kivu. M. Julien Paluku a invité à son domi- de Matadi. Palata est poursuivi pour « participation à un mou- cile, mercredi 2 mai 2012, M. Alexandre Essome, chef de l’informa- vement insurrectionnel », pour des contacts présumés avec tion publique et porte-parole de la Mission des Nations Unies pour le général Faustin Munene exilé au Congo Brazzaville depuis la Stabilisation du Congo (MONUSCO) à Goma à qui il a manifesté janvier 2011. Ce que le journaliste et ses avocats ont toujours son mécontentement sur la manière de cette radio onusienne de nié. Malgré la détérioration de son état de santé, le journa- traiter les informations concernant les affrontements entre les For- liste reste détenu à la prison militaire de Ndolo en dépit des ces Armées de la RDC (FARDC) et des soldats mutins ayant dé- plusieurs demandes de grâce présidentielle introduites en sa serté ses rangs dans les provinces du Nord et Sud – Kivu. Ensuite, il faveur par des organisations de défense des journalistes. a cité nommément la journaliste Gisèle Kaj, l’accusant de partialité dans son reportage diffusé lundi 30 avril 2012 et dans lequel elle Radio Okapi brouillée. aurait « jubilé » à la prise de certaines localités de la province du Nord- Kivu par les mutins. Radio Okapi, une station onusienne implantée en RDC et couvrant l’ensemble du territoire national a vu son signal d’émission être brouillé, le 1er décembre 2012, par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC). Ce média, administré depuis dix ans par les Nations unies a été suspendue pour quatre jours et pourrait subir de plus lourdes sanctions si « elle ne se pliait pas aux exigences du CSAC ». Le rétablis- sement normal de ce signal a eu lieu mardi 4 décembre 2012 à la suite d’une réunion entre le ministre des médias, le CSAC et la MONUSCO. Il était ressorti de cette rencontre que le (SOFA) l’accord cadre entre la MONUSCO et le gouvernement congolais servait lieu de cahier de charges et que la grille des programmes devrait être transmise par les voies diplomatiques habituelles. Ce média se voyait officiellement reprocher de ne pas avoir soumis sa grille de programmes à l’organe de régulation. (Suite en page 14)

PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED Page 13 FOCUS Journaliste en danger, 15 ans... Le chemin de la croix pour la presse congolaise (suite de la page 13) Plus de 12 mois de dé- Journaliste belge Thierry tention sans jugement. Michel chassé de la RDC. Fortunat Kasongo, journaliste à la Radio Télévision « L’affaire Chebeya, un crime d’Etat ? », un film documentaire retraçant Autonome du Sud Kasaï (RTAS), station communautaire les circonstances et le déroulement du procès sur l’assassinat de Flo- émettant à Miabi, un territoire situé à 30 kms de Mbu- ribert Chebeya, éminent défenseur des droits de l’Homme congolais, a ji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï Oriental, est été interdit de diffusion sur l’ensemble du territoire national, mardi 27 détenu depuis plus d’une année, sans jugement et sans mars 2012, par le gouvernement de la RDC. Le ministre de Justice re- aucune visite de ses proches. Le journaliste a été détenu prochait à ce film documentaire, son « titre tendancieux », et de laisser au cachot de l’ANR/ Kinshasa avant son transfert le 27 passer des séquences qui « portent atteinte à la personne du chef de avril 2013 à la prison militaire de Ndolo où il est encore l’Etat ». Le réalisateur de ce film, Thierry Michel a, quant à lui, été arrêté détenu. Selon l’auditorat militaire, le dossier du jour- et expulsé sans aucune forme de procès, dimanche 8 juillet 2012 vers naliste sera transmis dans les prochains jours devant la 23 heures, de la RDC où il venait d’arriver pour présenter son film à Cour militaire de la Gombe. l’invitation de plusieurs organisations internationales.

Kasongo a été arrêté, mardi 14 août 2012 dans le ter- ritoire de Miabi, par un groupe d’éléments des Forces RTV ya Lisano scellée. Armées de la RDC et de la Police, et transféré, une semaine plus tard, à l’ANR/ Kinshasa. Officiellement, le La Radio Télévision ya Lisano a été autorisée à reprendre ses émis- journaliste est poursuivi pour avoir « collaboré » avec sions mardi 20 août 2013 par le Procureur Général près la Cour d’ap- John Cibangu, colonel qui a fait défection des Forces Ar- pel de Lubumbashi en ordonnant la levée des scellés des installations mées de la RDC. de ce média. Cette décision était intervenue sept jours après la fin de la suspension d’un mois infligée à ce média par la section provinciale du Conseil Su- Journaliste accusé de périeur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC/ Katanga). Le Procureur près la Cour d’appel de Lubumbashi et le CSAC ont complicité avec «Bakata accusé la Radio Télévision ya Lisano d’avoir diffusé, après l’attaque de ce média par un groupe de miliciens sécessionnistes « Bakata Katanga Katanga». », d’une déclaration de ce dernier. Simplexe Musangu, journaliste et directeur général de Radio Té- lévision ya Lisano, station émettant à Kolwezi, ville située à 300 km de Lubumbashi, chef-lieu de la province du Katanga (Sud-est Film «Sankuru...» de la RDC), a été libéré, vendredi 25 octobre 2013, après avoir payé une caution de 600 dollars américains. censuré. « Sankuru : enfer ou paradis oublié ? », film-documentaire Le journaliste venait de passer plus de 100 jours de détention réalisé par Jean-Paul Kayembe, journaliste reporter indépen- sans jugement. Musangu était détenu successivement au cachot dant congolais a été interdit de projection, mardi 9 avril 2013, de l’ANR/ Lubumbashi et à la prison centrale de Lubumbashi par M. Lambert Mende, Ministre des Médias. Il a été repro- pour avoir diffusé, sous menaces et contraintes, un extrait de la ché à ce film documentaire d’attiser la haine tribale dans le déclaration des miliciens sécessionnistes « Bakata Katanga » qui chef de la population de Sankuru. La projection de ce film avaient attaqué son média. documentaire prévue pour le 20 avril 2013 dans un hôtel de la capitale n’avait pas eu lieu. Dans une correspondance Musangu a été arrêté, samedi 13 juillet 2013, par des éléments de adressée au gérant de l’hôtel Sultani à Kinshasa, le ministre la police nationale congolaise, sous la réquisition du parquet de lui a signifié l’interdiction de la projection de ce film évo- grande instance de Kolwezi, qui ont, par la suite, scellé les portes quant « des conséquences néfastes liées à l’exacerbation de ce média pour « incitation à la désobéissance civile ». des tensions ethniques surannées et déstabilisatrices ». Dans une lettre adressée au ministre, et après avoir visionné ce Le journaliste a été transféré, lundi 15 juillet 2012, à la prison film, JED a dénoncé l’abus du pouvoir du Ministre Mende, en centrale de Dilala de Kolwezi avant son transfert au cachot de le mettant au défi de démontrer le moindre extrait de ce l’ANR/Lubumbashi puis acheminé, mardi 24 septembre 2013, à la film qui inciterait à la haine. prison centrale de Kasapa de Lubumbashi.

Page 14 PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED ARRET SUR IMAGES JED, 15 ans de combat pour la liberté de la presse

De G à D : Morro Mwamba, Donat M’Baya et Tshivis Tshivuadi, les trois fondateurs de Les participants à la première activité de JED en 1999 JED, animant la première activité de l’organisation en 1999.

Les tous premiers correspondants de JED posant devant le siège de JED après leur Vue des intervenants et des participants au lancement de la campagne nationale formation en 2004. pour la transparence, le 02 mai 2005, au Grand Hôtel Kinshasa.

Donat M’Baya et Tshivis Tshivuadi, respectivement Président et Secrétaire général de Le comité directeur de JED exprimant sa gratitude aux organisateurs de la cérémo- JED, recevant le Prix «Hermann Kesten» de l’organisation P.E.N. nie.

Banderole de JED placée au site YMCA abritant les funérailles de Bapuwa Vue de la marche de colère initiée par JED contre l’assassinat de Franck Ngyke. Mwamba, en 2006.

PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED Page 15 ARRET SUR IMAGES JED, 15 ans de combat pour la liberté de la presse

Réception d’un don du matériel informatique offert par le Centre Culturel Américain, Donat M’Baya, président de JED, livrant à la presse la décision des organisations en 2010 professionnelles des médias décretant l’embargo de trois mois contre le député Yves Kisombe, en 2011

Marche contre le député Yves Kisombe : le portrait du député brandi par une journa- liste, 2011 Marche contre Yves Kisombe : l’un des messages de JED à l’attention du parlement

De G à D : Tshivis Tshivuadi (SG de JED) et Godefroid Lumisa (Directeur de l’Agence Vue du dos des participants à la marche de colère contre Yves Kisombe Congo Médias) en pleine marche de colère contre Yves Kisombe.

De G à D : Me Godefroid Kabongo et Tshivis Tshivuadi (SG JED) animant l’atelier d’ap- pui de la société civile pour le monitoring des procès contre les médias et journalistes. Présentation du rapport final de la table ronde Médias/Pouvoirs Publics par Alexis Pezi (au milieu)

Page 16 PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED ARRET SUR IMAGES JED, 15 ans de combat pour la liberté de la presse

Centre de monitoring mis en place par JED, du 28 octobre au 28 novembre 2011, pour l’observation de la couverture médiatique des élections de 2011 Vue des professionnels des médias couvrant la clôture de la table ronde Médias/ Pouvoirs Publics

Remise symbolique d’une chasuble à M. Stéphane Kitutu Oleontwa au nom de l’ANEAP (Association Nationale des Entreprises Audiovisuelles Privées) Présentation des chasubles de presse frappées des logos de JED et RSF au Com- missariat Général de la Police Nationale Congolaise représenté par Mwanam- putu (Commissaire Supérieur)

Tshivis Tshivuadi (SG de JED) remettant une bourse de subsistance à l’épouse du journaliste Vue des professionnels des médias (RFO/AITV, radio Okapi et Uhuru) portant les Patrick Palata, condamné à 20 ans de prison, dans le cadre du programme «Aide d’ur- chasubles de presse gence» de JED.

SG de JED expliquant à la presse le motif de cette visite à la famille de Patrick Palata aux côtés d’une grande délégation de CCTV-Ralik conduite par son Atelier d’évaluation de la couverture médiatique des élections de Novembre 2011 Directeur général Stéphane Kitutu Oleontwa. organisé par JED avec le financement de IFEX du 19 au 20 août 2012.

PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED Page 17 ARRET SUR IMAGES JED, 15 ans de combat pour la liberté de la presse

Vue de quelques participants et de la banerole lors de l’atelier MSI (Media Sustainability Index) 2012. Vue des participants à l’étude de l’indice viabilité des médias congolais conduite par JED en 2012 pour le compte de IREX.

Accueil de la délégation de JED (Tshivis Tshivuadi et Tuver Wundi) par le ministre Ri- Tilly Mayemba (Correspondant de JED à Matadi) et Emmanuel Kabongo (Consul- chard Muyej lors d’une audience de plaidoyer en faveur de la libération des journalistes tant médias) animant l’atelier d’évaluation de la synergie entre la société civile et les arrêtés et détenus par l’ANR (Agence Nationale des Renseignements) professionnels des médas, organisé par JED à Matadi, le 27 août 2012, avec RCN

Tshivis Tshivuadi (SG de JED) adressant son plaidoyer à l’attention du Ministre Ri- Tshivis Tshivuadi (au milieu) expliquant à la presse accréditée au ministère de l’intérieur chard Muyej en présence de quelques membres de son cabinet . le motif de la visite de JED, aux côtés de Me Michel (Consultant) et Tuver Wundi (JED/ Goma)

G à D : Tshivis Tshivuadi (JED) et Ambroise Pierre (RSF/Afrique) présentant le rapport conjoint intitulé «Kabila, vous aviez pourtant promis de lutter contre l’impunité» portant sur l’état de la liberté de la presse en Afrique Centrale Francophone, la veille Tshivis Tshivuadi face à la presse internationale et nationale sur le rapport «Kabila, du 14ème Sommet de Francophonie. vous avez pourtant promis de lutter contre l’mpunité». en octobre 2012.

Page 18 PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED ARRET SUR IMAGES JED, 15 ans de combat pour la liberté de la presse

Emmanuel Kabongo, modérateur de l’atelier de formation des membres du GAP (Groupe d’Action et de Plaidoyer) portant sur le plaidoyer et lobbying parlementaire. Tuver Wundi présentant le rapport 2012 de JED à la presse, 10 décembre 2012

Membres du GAP présentant, à la presse, les outils de la campagne médiatique pour la SG de JED prononçant son mot d’ouverture à la matinée Médias/Parlement sur la loi d’accès à l’information, janvier 2013 loi d’accès à l’information, aux côtés de Abbé Bahala (CSAC) et E. Kabongo (Modé- rateur)

Vue partielle des participants à la Matinée Médias/Parlement

Nouveaux correspondants de JED à bandundu posant avec leurs formateurs, 29 mars 2013

Didier Mumengi, ministre honoraire de l’information et écrivain, intervenant Photos de famille des participants et intervenants à l’atelier de renforcement des lors de l’atelier de renforcement des capacités du réseau national d’alerte capacités du réseau national d’alerte de JED de JED, 08-10 juillet 2013

PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED Page 19 FOCUS En quinze ans d’existence, Journaliste en danger (JED) a, à travers ses programmes de monitoring des atteintes à la liberté de la presse et de défense légale, fait le constat selon lequel les journalistes ont exercé leur profession dans un climat difficile vu le nombre d’attaques dont ils ont été victimes. Dans le lot, figurent deux journalistes por- tés disparus et dix assassinés dans le cadre de leur profession. Les différents procès or- ganisés contre les meurtres des journalistes ont eu le goût de l’inachevé. Le mobile des meurtres de ces différents cas d’assassinats des journalistes n’ont jamais été clairement élucidés par la justice. Les poursuites judiciaires contre les auteurs de ces crimes n’ont été organisées que dans le but d’entretenir le flou qui planait autour des assassinats des journalistes. Les années noires de la presse congolaise de Kinshasa, en compagnie de son épouse Hélène Mpaka par Belmonde Magloire, journa- des hommes en armes qui guettaient leur retour chez eux. A liste de nationalité béninoise, directeur du journal « Le Point l’issue du procès qui a duré plusieurs mois au 1er et au second Congo », et ancien photographe du Maréchal Mobutu, est porté degré, le tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Matete, a disparu depuis le 13 septembre 1998 à Kinshasa, capitale de la condamné à mort les deux principaux accusés, Joël Munganda RDC. Le journaliste collaborait avec les services de sécurité du et Papy Munongo, tandis que le 3è accusé, Didier Awatimbine, a président Laurent Désiré Kabila. Depuis sa disparition à ce jour, été condamné à la prison à perpétuité. Belmonde Magloire n’a donné aucun signe de vie. Mais quelques semaines après sa disparition, des militaires auraient été aperçus roulant à bord de sa jeep repeinte dans les rues de Kinshasa Kayilu Mutombo, technicien de maintenance de CCTV (Canal CongoTélévision), une chaîne privée de télévision appartenant à M. Jean-Pierre Bemba, a été Akite Kisembo, interprète de l’en- retrouvé poignardé, le 29 mars 2006, sur le site de Kisanga voyé spécial de l’Agence France Presse (AFP) à Bunia, ville de la (Lubumbashi), dans la province du Katanga, abritant l’émetteur Province Orientale (Est de la RDC), est porté disparu depuis le relais de CCTV qui a été aussi endommagé par les assaillants. 3 juillet 2003. Kisembo avait été enlevé par un groupe de mili- Aucune enquête n’a été ouverte pour élucider ce crime. ciens de l’UPC (Union des Patriotes Congolais) pendant l’opé- ration militaire française en Ituri, appelée « Artemis ». Jusqu’à ce jour, Kisembo n’a donné aucun signe de vie. Des témoignages en sens divers avaient indiqué, en 2003, qu’il avait été tué par Bapuwa Mwamba, journaliste les miliciens de l’UPC qui l’accusaient d’être un « traitre des Freelance, rédacteur de plusieurs articles politiques dans les blancs ». journaux de Kins- hasa, a été tué à son domicile de Kins- hasa/Matete dans Pascal Kabungulu, homme des la nuit du 8 juillet médias et activiste des droits de l’homme, a été abattu par bal- 2006 par trois les à son domicile dans la nuit du 31 juillet au 1er août 2005 hommes armés qui par deux hommes en tenue militaire et un autre en civil armés avaient tiré sur lui à des fusils mitrailleurs, à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu bout portant. A l’is- (Est de la RDC). Les soupçons s’étaient immédiatement portés su d’un procès au sur le lieutenant-colonel Thierry Ilunga, commandant de la 105è 1er et second de- Brigade des FARDC. Ce dernier a été arrêté, jugé et condamné gré, le tribunal mi- pour meurtre avant d’être relâché 24 heures après, sans aucune litaire de garnison explication. de Kinshasa/Matete avait condamné à la peine de mort, le 24 Franck Ngyke, journaliste au journal « août 2007, les qua- La Référence Plus » paraissant à Kinshasa, capitale de la RDC, tre principaux ac- a été assassiné dans la nuit du 3 novembre 2005 à son domicile cusés. (Suite en P.21)

Page 20 PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED FOCUS Les années noires de la presse congolaise (Suite de la page 20) désertion simple, violation des consignes et faux et usage de Serge Maheshe, journaliste et se- faux. Le tribunal militaire avait accordé à la veuve du journa- crétaire de rédaction à Radio Okapi, un projet conjoint de la liste des dommages et intérêts de 500.000 $US et 250.000 $US MONUSCO et de la Fondation Hirondelle, a été assassiné le pour la famille à payer par l’Etat Congolais solidairement avec 13 juin 2007 en pleine rue, et devant ses amis Serge Muhima et les condamnés. Alain Mulimbi, à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu (Est de la RDC).Dans un verdict rendu public, mercredi 21 mai 2008, la Cour supérieure militaire de Bukavu statuant au second degré, avait condamné à mort les deux présumés assassins du jour- Bruno Koko Chiram- naliste et acquitté ses deux amis poursuivis sur base des faux témoignages des présumés assassins. binza, journaliste et chroniqueur culturel à Radio Star, une station privée émettant de Bukavu et appartenant à M. Pier- re Pay-Pay, député national et ancien candidat à la présidence de Patrick Kikuku, reporter-photogra- la République, a été poignardé en pleine poitrine la nuit du 23 phe à l’ACP (Agence Congolaise de Presse) à Goma, chef-lieu Aout 2009, par un groupe de 8 personnes, alors qu’il revenait de la province du Nord-Kivu (Est de la RDC), a été tué d’une d’une fête en compagnie d’un de ses amis, dans une rue de à Bu- balle tiré à bout portant dans la tête, à quelques mètres de son kavu, dans la province du Sud-Kivu. Après le tollé suscité par ce domicile, le 9 août 2007, par des hommes armés non identifiés meurtre, les autorités politico-judiciaires de la RDC avaient an- à Goma. Son appareil photo ainsi que ses téléphones porta- noncé l’ouverture d’une enquête, mais aucun résultat de cette bles ont été emportés. Aucune enquête n’a été officiellement enquête n’a été rendu public à ce jour. ouverte pour retrouver les auteurs ou connaître le mobile de ce crime. Patient Chebeya, plus connu sous le nom de Montigomo, 35 ans, journaliste cameraman indépen- Didace Namujimbo, journa- dant respecté travaillant pour plusieurs télévisions à Béni, troi- liste à Radio Okapi, un projet conjoint de la MONUSCO et de la sième ville de la province du Nord-Kivu (Est de la RD Congo), Fondation Hirondelle, a été tué d’une balle tirée à bout portant a été tué par balles, lundi 5 avril 2010 vers 22H30 dans sa rési- au cou, dans la nuit du 21 novembre 2008 à quelques pas de dence de la commune de Mulekera par trois hommes armés et son domicile, à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu (Est en tenue militaire. Au terme d’un procès en flagrance, le tribunal de la RDC), alors qu’il revenait de son travail. Le tribunal mili- militaire de garnison de Béni a condamné les deux principaux taire de Bukavu a condamné à mort, mardi 4 mai 2010, les trois accusés à la peine capitale, tandis qu’un troisième prévenu a été condamné à 5 ans de prison ferme pour «violations des consi- gnes ». La femme de Chebeya citée comme témoin principale du meurtre de son mari, avait déclaré à la Cour que le physique des trois accusés présentés devant le tribunal ne correspondait pas aux personnes qu’elle avait vues la nuit du meurtre.

Kambale Musonia, journaliste à Radio Communautaire de Lubero Sud, une radio associative émettant à Kirumba (à 140 kms de Goma, chef-lieu de la pro- vince du Nord-Kivu), à l’est de la RDC, a été tué, mardi 21 juin 2011 vers 19h30, à quelques mètres de son domicile, par des hommes armés qui lui ont tiré trois balles à bout portant dans la poitrine. Aucune enquête n’a été menée pour élucider ce meurtre.

présumés assassins de Didace Namujimbo. Ils ont été reconnus coupables de meurtre en vue de faciliter le vol et association des malfaiteurs. Sept autres prévenus ont été condamnés à Ne les oublions pas des peines d’emprisonnement allant de 5 ans à 16 mois pour

PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED Page 21 ACTU DES MEDIAS Hommages à Ghislaine Dupont et Claude Verlon

Photo Reuters :

Claude Verlon et Ghislaine Du- pont, envoyés spéciaux de RFI, assassinés le 03 novembre 2013 à Kidal, en Républi- que du .

Laurent Fabius, ministre français des Affaires étran- gères, déclare à la fin de la réunion de crise de l’Elysée, le 3 novembre 2013 :

La France va accroître les mesures de sécurité autour de la ville malienne de Kidal après l’assassinat de nos deux confrères Ghislaine Dupont et Claude Verlon, a annoncé ce diman- che 3 novembre Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étran- gères. Il a ajouté, après une réunion à l’Elysée, que « des instructions ont été données pour que tout soit mis en œuvre afin de retrouver les assas- sins ».

(Source : www.rfi.fr)

Page 22 PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED ACTU DES MEDIAS Hommages à Ghislaine Dupont et Claude Verlon Djibril Bassolé, ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, dont le pays est l’un des mé- diateurs de la Cédéao pour le Mali, et ancien médiateur pour l’ONU sur le Darfour. la journaliste, je voyais l’amie avec régions. Vous savez, il y a quelques laquelle je parlais de tout et de rien. temps des enfants s’en sont pris à Et quand elle sentait que je tournais des monuments… en rond ou que je n’étais pas dé- Vous pensez donc à AQMI, au cidé à répondre, elle me le disait… Mujao et aux anciens d’Ansar Enfin, on avait ce genre de rapport Dine ? et elle pouvait se le permettre aussi, A ce stade, je ne voudrais pas in- parce que j’étais un ami pour elle, criminer un groupe en particulier et elle faisait la part des choses. en l’absence d’éléments de preuves Je pense que dans les reportages matérielles. qu’elle faisait, jamais elle n’a favorisé Pourquoi les accords de Ouaga- RFI : Quelle a été votre réaction à la ma position d’une manière particu- dougou ne sont pas appliqués mort de Ghislaine Dupont et Claude lière. Il n’y avait pas de connivence. ou trop lentement au niveau du Verlon ? Et quand il fallait dénoncer une ap- cantonnement des groupes ar- Djibril Bassolé : J’ai été particulièrement proche univoque de ma part, elle le més, au niveau du retour de l’ad- affligé par la disparition tragique de disait très franchement mais ça ne ministration, de l’armée à Kidal ? Ghislaine Dupont et de Claude Verlon. nous empêchait pas de nous parler Il reste la délicate question du can- Je profite de votre antenne pour présen- régulièrement, de nous appeler et tonnement des mouvements armés. ter mes condoléances les plus intimes à d’échanger nos points de vue. Il semble que les moyens logistiques leurs proches, à la grande famille RFI, qui Pour en revenir à leur enlèvement d’accompagnement n’ont pas en- sont j’imagine, sous le choc. et à leur exécution, qui a intérêt core été réunis. Et je voudrais juste- Vous parliez longuement au télépho- selon vous, Djibril Bassolé, à tuer ment en appeler à la communauté ne avec Ghislaine Dupont ? des Français au nord Mali ? internationale, pour que très rapi- Ghislaine était pour moi une grande Très certainement, des gens qui dement, avant même le début des amie. J’avoue que je me confiais à elle, sont contre le processus de norma- négociations futures, que les mou- je me rappelle de nos longues conver- lisation. Des gens qui défendent une vements armés qui sont signataires sations, depuis le Darfour quand j’y idéologie qui va à l’encontre des va- de l’accord puissent être convena- étais, jusqu’au Mali. Je l’appelais pour me leurs que nous, dirigeants africains, blement cantonnés. confier, pour me défouler un peu, après essayons de propager dans nos quelques séances pénibles de négocia- tions. Et j’avais toujours devant moi une Au nom de Jeune Afrique, François Soudan rend oreille attentive. Bien sûr, par moment, hommage à nos confrères de RFI tués au Mali. on se chamaillait, il fallait nous entendre. C’était toujours très amical et jamais elle Aux équipes de RFI. n’a trahi le moindre secret de ce que j’ai pu lui dire. Je n’étais pas un familier de Ghislaine Dupont et je ne connaissais pas C’était souvent des conversations « Claude Verlon. Il m’est arrivé, certes, de m’agacer en écoutant celle off the record », comme on dit ? qui était alors l’incontournable correspondante de RFI à Kinshasa, J’avais vraiment trouvé en elle une amie, tant mon appréciation, parfois, divergeait de la sienne. Mais jamais qui m’écoutait, qui me donnait des son honnêteté professionnelle, son intégrité morale et la qualité de conseils, qui même quelquefois, me re- son écriture radiophonique n’ont souffert de la moindre équivoque à montait le moral. mes yeux. Je me souviens l’avoir dit à Joseph Kabila lui même, lorsque Pourquoi vous sentiez-vous à ce point lui et son entourage étaient en proie à un «Dupont bashing» aussi en confiance ? Qu’est-ce qui fait que inutile qu’hystérique : «c’est en acceptant cette expression qui vous des hommes politiques africains ac- dérange que vous ferez progresser la démocratie». On connaît la sui- ceptaient de partager leurs infos et te... Au nom de la rédaction de Jeune Afrique, pour ces deux confrères leurs analyses des heures durant avec morts sur le front du devoir d’informer et de la liberté de dire, recevez Ghislaine Dupont ? toute notre sympathie. Elle inspirait en tout cas, confiance. C’est vrai qu’entre elle et moi, il y avait une es- François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique (dans un courrier time réciproque. Je ne voyais pas en elle adressé à la direction de RFI, le 3 novembre dernier).

PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED Page 23 FOCUS 23 Novembre JOURNEE MONDIALE CONTRE L’IMPUNITE Le choix de la date du 23 Novembre retenue par IFEX comme Journée Internationale contre l’impunité, n’a rien à voir avec une génération spontanée. Il s’agit plutôt d’un prétexte historique marqué par le massacre qui s’est opéré aux Philippines, précisé- ment dans la ville d’Ampatuam en 2009, et qui avait occasionné la mort de 58 person- nes dont 32 journalistes. Cette tragédie qui s’apparente à un crime contre l’humanité n’a, malheureusement, jamais été compensée par une justice équitable dans le sens d’en punir les auteurs. Un nombre incalculable de citoyens, d’artistes, de musiciens, de blogueurs et de journalistes ont été harcelés, menacés, torturés, intimidés, emprisonnés et même assassinés pour avoir exercé leur droit fondamental de s’exprimer.

Voici déjà deux ans depuis que plus de 80 organisations pour la défense de la liberté d’expression, réunies au sein du Réseau « International Freedom Expression Ex- change » (IFEX), ont résolu de mener, à travers le monde, une croisade sans mé- nagement contre le régime d’impunité qui s’est longtemps affiché comme réac- tion aux différents cas d’atteintes à cette liberté fondamentale. Celle-ci, pourtant, reconnue comme l’un des droits élémen- taires que tout homme normal doit exer- ment celle qui s’exerce dans les médias, des Nations. Bien au contraire, le pire cer dans sa communauté, ne semble pas constitue le baromètre par excellence sera toujours à craindre tant que la mau- être considérée à sa juste valeur en dépit pour évaluer la qualité de la démocratie vaise foi et la nonchalance étrangleront de son apport très significatif dans le pro- dans une société. »Lorsque cette liberté, les animateurs des instances judiciaires cessus de la démocratisation au niveau pourtant reconnue par les standards du et les législateurs à qui revient le rôle mondial et, particulièrement, dans les système judiciaire international, n’est pas d’instituer un cadre juridique favorable à pays africains caractérisés par l’instabilité respectée ou fait l’objet des atteintes un exercice aisé du droit d’informer et des institutions. dont les auteurs bénéficient d’une totale d’être informé.

Des statistiques macabres

Le choix de la date du 23 Novembre re- tenue par IFEX comme Journée Interna- tionale contre l’impunité, n’a rien à voir avec une génération spontanée. Il s’agit plutôt d’un prétexte historique marqué par le massacre qui s’est opéré aux Phi- lippines, précisément dans la ville d’Am- patuam en 2009, et qui avait occasionné la mort de 58 personnes dont 32 journalis- tes. Cette tragédie qui s’apparente à un crime contre l’humanité n’a, malheureu- sement, jamais été compensée par une justice équitable dans le sens d’en punir les auteurs.

Les faits sont graves et les indicateurs très inquiétants au regard des statistiques livrées par des sources qui illustrent par- faitement cette impunité ambiante. Un impunité, il y a fort à parier que la dé- nombre incalculable de citoyens, d’artis- On ne le dira jamais assez : « La liberté mocratie aura encore du mal à s’installer tes, de musiciens, de blogueurs et de d’expression en général, et particulière- de manière à favoriser le développement (Suite en page 25)

Page 24 PLUME & LIBERTE N°020 - Novembre 2013 - Spécial 15 ans de JED FOCUS JOURNEE MONDIALE DE LUTTE CONTRE L’IMPUNITE (Suite de la page 24) journalistes ont été harcelés, menacés, n’a été traduit en justice. (Center for Me- torturés, intimidés, emprisonnés et même dia Freedom and Responsibility, Commit- - 2012 a été l’année la plus meurtrière assassinés pour avoir exercé leur droit tee to Protect Journalists) pour la presse en Somalie avec 12 jour- fondamental de s’exprimer. nalistes assassinés. Aucun de ces cas n’a - Au Brésil, 9 défenseurs des droits de fait l’objet d’une enquête (Committee to -Plus de 500 journalistes ont été assassi- l’homme et 7 journalistes ont été assas- Protect Journalists) nés au cours de la dernière décennie sans sinés en 2012 pour avoir pris la parole. que des enquêtes sérieuses et indépen- Cette année, plus de 200 manifestants ont - De janvier à juin 2013, au moins 26 cas dantes ne soient diligentées pour établir été arrêtés au cours des manifestations d’agressions violentes contre les journa- objectivement les responsabilités et punir et des protestations de juin. (ARTICLE listes en Azerbaïdjan ont été rapportés. correctement les auteurs de manière à 19) À ce jour, il n’y a eu aucune enquête Aucun des commanditaires n’a été tra- les dissuader de leur entre- prise criminelle. •

-Plus de 670 journalistes ont été assassinés au cours des vingt dernières années. Dans 9 cas sur 10, ces meurtres ont été commis en toute impunité. (Committee to Protect Journalists)

- Sur les 143 enquêtes concernant les crimes contre la liberté d’expres- sion depuis 2006 au Mexi- que, une seule a abouti à une condamnation. (IFEX Latin American and Caribbean Alliance)

-Le recours excessif à la force létale par les forces de sécurité pour disperser les manifestants le 14 août 2013 en Égypte a conduit au plus grave homicide de masse dans l’his- sur les violences policières qui entourent duit en justice. (Institute for Reporters’ toire égyptienne moderne. (Human Rights ces événements. Freedom and Safety) Watch). Le ministère égyptien de la Santé -En termes de pourcentage, en 2013, la a déclaré que 638 personnes ont été -Depuis le début de l’année 2013, 54 République Démocratique du Congo a tuées (595 civils et 43 policiers), et qu’au cas d’agressions et de menaces contre atteint plus de 94% de cas lié à l’impunité. moins 3 994 personnes ont été blessées à les journalistes en Ukraine ont été rap- Sur 124 atteintes de journalistes, seuls les la suite de cette répression. Personne n’a portés. Seulement 4 de ces cas ont été agresseurs de 2 journalistes ont été inter- été tenu responsable de ces meurtres et portés devant les tribunaux. (Institute of pelés par la justice. de ces agressions. Mass Information)

- Entre 2010 et 2012, 38 défenseurs des - Sur les 45 meurtres de journalistes au droits de la personne ont été assassinés Pakistan depuis 2003, aucun d’entre eux au Guatemala, au Honduras et au Mexi- n’a été résolu. (Committee to Protect que. Dans 98% des cas, les auteurs de ces Journalists) meurtres n’ont pas été punis. (Centro Nacional de Comunicación Social) - Au moins 14 enfants ont été tués en toute impunité au Bahreïn en raison de - Aux Philippines, 58 personnes, dont 32 l’usage excessif de la force (armes à feu et journalistes et professionnels des médias gaz lacrymogènes) par les forces de sécu- ont été tués lors du massacre d’Ampa- rité lors de manifestations depuis que les tuan de 23 novembre 2009. Depuis lors, 3 manifestations prodémocratie ont com- Félix Kalala témoins et 3 parents de témoins ont été mencé en février 2011. (Bahrain Center assassinés. À ce jour, aucun des auteurs for Human Rights)

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