ROUILLES-TUMEURS

ROUILLE-TUMEUR DU GENÉVRIER ROUILLE-TUMEUR DE L’AUBÉPINE Nom scientifique : juniperi- Nom scientifique : (Farl.) virginianae (Schwein.) Nom anglais : Cedar-hawhorn , American hawthorn Noms anglais : Cedar-apple rust, rust rust Classification : Champignon, Classification : Champignon, Pucciniaceae

ROUILLE-TUMEUR DU COGNASSIER Nom scientifique : (Cooke et Peck) Synonyme : rouille-tumeur claviforme Noms anglais : Cedar- rust, Quince rust, Gall rust Classification : Champignon, Pucciniaceae

Introduction La rouille-tumeur n'entraîne pas la mort des genévriers, mais a un impact important sur l'esthétisme de la plante. Les sont également affectées par ces champignons et les dommages les plus importants sont observés sur les genres Malus et Crataegus. D'ailleurs, sur les rosacées, les feuilles peuvent être gravement affectées au point d'affaiblir l'arbre si les infections sont sévères et fréquentes. G. clavipes et G. juniperi-virginianae peuvent également causer des dommages importants aux fruits. Le contrôle de cette maladie est très difficile une fois qu’elle est implantée sur un site de production, car les spores voyagent sur de très longues distances et le pourtour des aires de production est souvent peuplé de rosacées.

Hôtes Les Gymnosporangium sp.nécessitent deux hôtes en alternance pour compléter leur cycle de vie : l’hôte télien étant un conifère du genre Juniperus sp. (genévriers), et l’hôte écidien étant un arbre de la famille des Rosaceae (plus précisément de la sous-famille des Maloidae).

Rosacées pouvant servir d'hôte écidien selon l'espèce de rouille-tumeur

G. juniperi-virginianae G. globosum G. clavipes Amelanchier spp. (amélanchiers) ● ● Aronia spp. (aronias) ● Chaenomeles spp. (cognassiers) ● Crataegus spp. (aubépines) ● ● Malus spp. (pommetiers) ● ● ● Pyrus spp. (poiriers) ● ● Sorbus spp. (sorbiers) ● ●

Biologie Les rouilles causées par Gymnosporangium sp. présentent un cycle épidémique complexe. Les galles ne produisent pas de spores avant le deuxième printemps suivant l’infection. Au total, quatre types de spores sont produits durant le même cycle d’infection. Les spores peuvent se déplacer sur quelques kilomètres avec les vents. Toutefois, plus les hôtes sont près les uns des autres, plus les risques d’infection sont grands.

Année 1 • Dès le printemps, les gales apparaissent sur les genévriers infectés à l’été ou à l’automne précédent. • Ces galles se développent tout au long de l’été en cours pour atteindre leur pleine grosseur à l’automne. • C’est dans ces structures, sur les branches de Juniperus sp., que les Gymnosporangium sp survivent à l’hiver.

Année 2 • Au deuxième printemps, lors des premières pluies printanières, il y a apparition de masses gélatineuses en forme de cornes sur les galles de Juniperus spp. • De la mi-mai au début juin, les masses gélatineuses produisent des téliospores qui libèrent d’autres spores (basidiospores) qui elles, sont dispersées par le vent sur plusieurs kilomètres. • Ces spores sexuées, qui atterrissent sur les rosacées hôtes, les infectent. Le champignon se développe ensuite à l’intérieur des feuilles, des fruits et des tiges. • À la fin du printemps, des lésions jaunes ou orange apparaissent, toujours sur les rosacées, puis des points noirs sur ces taches. • À partir du mois de juillet, des structures en forme de tube beige ou rosé, de 1 à 3 mm de long, se développent en dessous des feuilles, sur les fruits ou les tiges à partir des taches déjà présentes. Ces structures contiennent un autre type de spores, les écidiospores. • Du milieu de l’été jusqu’en automne, ces spores sont libérées le matin, par temps sec. Elles sont transportées par le vent et peuvent alors retourner infecter Juniperus spp. Le cycle épidémiologique est alors complété.

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Symptômes sur genévriers

G. juniperi-virginianae G. globosum G. clavipes • Petites galles immatures rondes • Petites galles immatures • Galles en forme de léger verdâtres sur les feuilles. rondes brun-rouge sur les renflement floconneux allongé • Galles matures brunes, feuilles. (1 à 5 mm) sur les tiges et globuleuses et réniformes • Galles matures gris-brun ramilles infectées; difficiles à présentant de petites similaires à celles de G. observer jusqu'à ce qu'elles dépressions circulaires leur juniperi-virginianae, mais plus produisent leurs structures donnant l'apparence de balles petites : 3 à 15 mm de gélatineuses. de golf; mesurent de 10 à diamètre. 30 mm de diamètre • Au printemps, des masses • Au printemps, des masses • Au printemps, des masses gélatineuses orange, brillantes gélatineuses brun-rouge, gélatineuses orange et rondes et en forme de cornicules pointues et en forme de sortent des galles; elles émergent des galles; elles cornicules émergent des mesurent de 5 à 10 fois la mesurent entre 10 et 20 mm. galles; elles mesurent entre 3 grosseur de la galle. et 12 mm de long. • Les masses gélatineuses sont • Les masses gélatineuses sont • La première gélatinisation produites seulement durant une produites seulement durant ceinture et tue plusieurs année. une année. jeunes tiges affectées; sur les tiges survivantes, le renflement grossit de quelques centimètres par année et perpétue l'infection (ces tiges meurent habituellement après 4 à 6 ans). • Après quelques années, des masses peuvent fusionner et ainsi former une ceinture irrégulière autour des tiges affectées.

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A B

Gymnosporangium juniperi-virginianae A) Masses gélatineuses sur genévrier. B) Galle dont les masses gélatineuses ont séché.

Gymnosporangium globosum Masses gélatineuses sur genévrier.

A B

Gymnosporangium clavipes A) Galle sur genévrier. B) Masses gélatineuses sur genévrier.

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Symptômes sur rosacées

G. juniperi-virginianae G. globosum G. clavipes • Infecte les feuilles et les fruits. • Infecte principalement les • Infecte plus fréquemment les • Vers la fin du printemps, des feuilles, plus rarement les fruits fruits et plus rarement les lésions gonflées vert jaunâtre, et jeunes tiges. feuilles, les tiges et les épines. passant plus tard au jaune • Petites taches jaunes qui • Les symptômes varient selon orangé, apparaissent sur les grossissent et deviennent l'hôte. feuilles et fruits; elles présentent orange; varie selon l'hôte : sur • Les fructifications sous les souvent un pourtour rouge. Pyrus spp., des taches noires feuilles sont formées de • Plus tard, sur le dessus des encerclées de rouge filaments roses plus longs et feuilles, de petits points noirs apparaissent sur la face plus abondants que sur G. apparaissent au centre des supérieure des feuilles. juinperi-virginianae. taches. • Plus tard, développement de • Fruits distordus présentant des • À partir de juillet, des structures taches noires au centre des lésions gonflées; sur les de fructification en tube de taches. aubépines, les fructifications couleur beige à rose sont • À la fin de l'été, les organes de peuvent couvrir le fruit de présentes en dessous des fructification présents sous les façon importante. feuilles, au niveau des taches. feuilles sont plus longs que sur • L'infection des épines se G. juniperi-virginianae et sont traduit par le développement formés de filaments roses. d'un chancre qui grossit année après année.

A B C D

© MAPAQ

Divers dommages sur des rosacées A) Taches typiques de rouille sur une feuille d'amélanchier. B) Points noirs au centre d'une tache sur le dessus d'une feuille d'amélanchier. C) Fructification en tube en dessous d’une feuille d’aubépine. D) Lésions sur un fruit d’aubépine.

Stratégies d’intervention

Prévention et bonnes pratiques • Ne pas acheter ou accepter des conifères porteurs de galles de la rouille; surveiller les arrivages. • Ne pas planter de genévriers et de plantes de la famille des rosacées à faible distance l’un de l’autre; essayer de maintenir la plus grande distance possible entre les deux types d’hôtes. • Planter des cultivars moins sensibles; de façon générale, les genévriers à port érigé sont plus sensibles que les genévriers à port rampant. • Surveiller les deux hôtes dans leurs périodes d’infection respectives afin de détecter les signes de la maladie.

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Cultivars de genévriers et espèces d’aubépines moins sensibles à la rouille-tumeur du genévrier et à la rouille-tumeur de l’aubépine

Espèces/cultivars moins Espèces G. J-V* G. G.** sensibles J. chinensis var. procumbens ● ● J. chinensis var. sargentii ● ● Juniperus chinensis 'Variegata' ● ● J. chinensis var. sargentii 'Watereri' ●

J. chinensis 'Maney'

J. communis ‘Depressa’ ● ● Juniperus communis J. communis ‘Suecica’ ● ● Juniperus horizontalis J. horizontalis 'Plumosa' ● ● J. ᵡ media 'Pfitzeriana Compacta' ● ● Genévriers Juniperus ᵡ media J. ᵡ media 'Pfitzeriana Glauca' ● ● Juniperus sabina J. sabina 'Broadmoor' ● ● J. virginiana 'Grey Owl' ● J. virginiana 'Hetzii' ● ●

J. virginiana ‘Tripartita’ ● ●

C. intricata ND ND Crataegus spp.

C. pruinosa ND ND Rosacées

*G. juniperi-virginianae; **G. globosum; ND = non déterminé

Lutte physique • En novembre ou avril, tailler et détruire les branches de genévrier sur lesquelles des galles sont présentes.

Lutte chimique • Pour être efficaces, les traitements doivent être faits à titre préventif afin de protéger les tissus durant les périodes d’infection. • Au printemps, à partir du moment où les masses gélatineuses apparaissent sur Juniperus, appliquer un fongicide curatif sur celles-ci ou appliquer un fongicide à action protectrice sur les rosacées; le nombre d’applications dépend de la fréquence des précipitations : plus le printemps est pluvieux et plus il faut traiter souvent. • À partir du début de l’été, lorsque les organes de fructification apparaissent sur les rosacées, appliquer un fongicide à action protectrice sur les genévriers; il faut surtout traiter lorsque les conditions sont humides et pluvieuses pour empêcher les spores de germer sur les aiguilles des conifères. • Plusieurs fongicides sont homologués sur le genévrier ou sur les rosacées pour lutter contre la rouille- tumeur. • Privilégier les produits à faible risque pour la santé et l’environnement.

Notes : • Il est plus facile de traiter les rosacées avec un fongicide à action protectrice, puisque les spores provenant des genévriers sont libérées sur une plus courte période de temps. • L’Affiche - Pesticides homologués en pépinière ornementale développée par l’IQDHO sur l’efficacité des pesticides et leurs impacts sur la faune auxiliaire peut guider votre choix vers des produits qui protègent les prédateurs naturels.

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Pour plus d’information • Comtois, M., Authier, N., Légaré, M., Simard, S. et Carignan, A. 2016. Guide de production : Les conifères d'ornement. IQDHO, St-Hyacinthe, Québec, 167 p. • Fiches d’IRIIS phytoprotection sur la Rouille (genévrier), Rouille du cognassier (aubépines) (banque d’images et d’informations sur les ennemis des cultures). • Le site Web de SAgE pesticides donne de l’information sur les pesticides homologués ainsi que sur la gestion rationnelle et sécuritaire de ceux-ci. • Bulletin d’information N° 2 du 29 avril 2020 : Les pesticides et biopesticides homologués en pépinières ornementales.

Cette fiche technique mise à jour par Louise Voynaud, M. Sc. biol., est adaptée des avertissements No 9 du 29 juin 2016 et No 3 du 23 mai 2013 publiés par le réseau Pépinières ornementales et rédigés à l’origine par Mario Comtois, agr. et Nicolas Authier, agr. Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseurs du réseau Pépinières ornementales ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.

8 juillet 2020