Observations Suivies D'une Communauté De Ptérophores De
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34 RÉGIONS oreina n° 16 – décembre 2011 OObservationsbservations ssuiviesuivies dd’une’une ccommunautéommunauté ddee pptérophorestérophores ddee mmoyenneoyenne CCamargue,amargue, ddeltaelta dduu RRhônehône ((Lep.Lep. PPterophoridae)terophoridae) LOUIS BIGOT & PIERRE AGUESSE ● Résumé : Quatre populations halophiles, abondantes A ces données de terrain s’ajoute l’important et constantes d’Agdistis se rencontrent dans les pe- matériel recueilli à la lumière, soit sur le parvis louses d’halophytes riches en Plombaginacées du de la Station biologique à proximité d’un es- genre Limonium, plantes-hôtes de ces ptérophores. pace jardiné dégagé, soit sur les vitrages des Des sites migratoires, sous conditions temporairement laboratoires de recherche. De plus, pendant les contraignantes, naturelles (mises en eau) ou anthro- années 1956, 1957 et 1958, fonctionna dans un piques (plantations d’importation), sont colonisés par des laboratoires une batterie de berlèses (pro- des populations invasives plus ou moins aptes à se cédé destiné à recueillir la faune du sol) éclairés développer. par 16 lampes à filament de carbone fournissant une puissante lumière à longue portée (outre Summary: Four permanent and abundant halophile une faune variée d’insectes, ces lumières at- populations of the genus Agdistis are to be found on tirèrent certaine nuit un ivrogne passant sur salt grasslands rich in Plumbaginaceae of the genus la draille voisine qui, après avoir traversé une Limonium, host plants of these plume moths. Migration roubine et une portion de marais, pénétra dans sites, subject to temporary natural constraints, such as la Station pensant y trouver un nouveau débit flooding, or human activity (eg: plantations), are colo- de boissons ; cet événement provoqua une cer- Canal d’irrigation. La Tour du Valat (Arles, 13), II-2011. nised by migratory populations, more or less capable taine effervescence ; une aventure à ajouter à © A. CAMA. of development. un florilège camarguais plutôt riche !). En com- plément fut aussi utilisé le piégeage lumineux Resumit en lengo dialetale. Aquéu escri semoundre mais il fut très vite limité dans le temps car il provoquait Liste des espèces de ptérophores tuti li parpaiouleti (ptérophores en francès) que soun la destruction d’un nombre considérable d’individus (co- 1. Agdistis satanas Millière, 1875 esta trouba dins li sansouiro de Camargo despiei léoptères staphylins, hétéroptères aquatiques divers). 2. A. neglecta Arenberger, 1976 l’annada 1953. Acheli pichoti insèiti soun dins li erbas Les déterminations du matériel réuni ont posé de nom- 3. A. bennetii (Curtis, 1833) proun riche en saladelo. Mounte se trouba un 4. A. meridionalis (Zeller, 1847) pau d’aigo de tèmps en tèmps ou mounte l’ome 5. A. paralia (Zeller, 1847) s’ei instala ame si besoun e si escobiho, se vei 6. A. tamaricis (Zeller, 1847) quàuqui parpaiouleti que vène de pu luen. 7. Amblyptilia acanthadactyla (Hübner, 1813) 8. Stenoptilodes taprobanes seeboldi (Hoffmann, 1898) Mots-clefs : Lepidoptera, Pterophoridae, 9. Stenoptilia succisae Gibeaux & Nel, 1991 moyenne Camargue, populations, écologie. 10. S. inopinata Bigot & Picard, 2002 11. S. grisescens Schawerda, 1933 12. S. zophodactyla (Duponchel, 1840) 13. Capperia maratonica Adamczewski, 1951 es observations sur les ptérophores 14. C. hellenica Adamczewski, 1951 ont été spécialement suivies en Ca- 15. Oxyptilus propedistans Bigot & Picard, 1988 margue sur le domaine de la Tour-du- 16. O. laetus (Zeller, 1847) Valat de 1953 à 1963 par P. Aguesse 17. Pterophorus pentadactylus (L., 1758) Let L. Bigot, détachés au titre de cher- 18. Merrifieldia leucodactyla (Hübner, 1805) cheurs du CNRS à la Station biologique implan- 19. M. splilodactyla (Curtis, 1827) tée sur ce domaine. Parcourant quasi journelle- 20. Oidaematophorus coniodactylus (Staudinger, 1859) ment les 1400 ha de sansouires et de marais, Pterophorus pentadactyla. Coutinvoir (37), 17-VIII-2008. 21. Emmelina monodactyla (Linnaeus, 1758) les deux chercheurs ont pu ainsi suivre de près © A. CAMA. les fluctuations de la flore et de la faune. Ces Classement des stations d’étude observations ont été menées parallèlement aux selon leur couverture de végétation travaux officiels de recherches écobiologiques de terrain breux problèmes. L’identification des plantes-hôtes des Vingt stations d’étude ont été retenues hors pâtures de sur la faune terrestre des sansouires et des pelouses ptérophores fut rapide grâce à l’amabilité et à la compé- taureaux et de chevaux sur 7 sites. Les toutes premières salées (Bigot) et sur la faune aquatique des mares et tence en ce domaine de G. Tallon, alors directeur de la années, il arrivait qu’un troupeau de brebis paisse sur le des étangs (Aguesse). Réserve zoologique et botanique de Camargue. Beau- plateau des Cerisières. Le lapin venait d’être exterminé Les relevés de terrain ont fourni les éléments les plus coup plus longue fut la détermination des ptérophores ; par la myxomatose. utiles concernant la qualité des biotopes et le développe- l’examen des genitalia de nombreux spécimens et Au final, ces 20 stations ont été regroupées en quatre ment des populations de ptérophores. Les observations l’intervention de J. Picard permirent, avec le temps, de ensembles à partir de leur cortège floristique. Chaque floristiques poussées ont permis de relever la présence nommer la totalité des récoltes. Au plan systématique, ensemble présente une communauté de ptérophores et l’état des espèces végétales plantes-hôtes des pté- fut décrit l’allotype ♀ de Stenoptilia inopinata recueilli correspondant, par la qualité et/ou par la densité de leur rophores. sur le vitrage de notre laboratoire. population, au groupement végétal exploité. oreina n° 16 – décembre 2011 RÉGIONS 35 1. COMMUNAUTÉ DES PELOUSES À SALADELLE seulement des 3 départements, Hérault, Bouches-du- PURES Rhône, Var. Deux générations doivent se succéder Ces pelouses s’installent sur les terres hautes, faible- dans l’année. Son biotope est soumis à des conditions ment salées. Pour MOLINIER & TALLON, 1970, elles se écologiques contraignantes. rangent dans le groupement des pelouses à petites papilionacées du Thero-brachypodion, particulièrement Espèces accessoires riches en trèfles. En automne, la densité des saladelles, • Agdistis meridionalis, 6 exemplaires (dont 5 ♂). De V Limonium vulgare Miller, en pleine floraison, en fait une à X, jamais abondant ; belle nappe d’un bleu violacé presque capable de faire • Stenoptilia zophodactyla, ♂ et ♀ en VIII ; oublier les innombrables piqûres de moustiques (géné- • Oxyptilus laetus, ♀ en VII. Plante-hôte, l’Astéracée rations d’automne, très agressives). Dans les années Andryala integrifolia L, citée des pelouses xériques ; une 1950-1960, ces pelouses occupaient des surfaces bien citation du Bois des Rièges (MOLINIER & MARTIN, 1981) ; délimitées géographiquement, témoins probables d’une • Oidaematophorus coniodactylus, 6 spécimens (dont 5 activité agricole ancienne. ♂) en V. Ce ptérophore vient bien aux lumières, surtout Ces pelouses, d’aspect monotone dans leur vaste en fin de saison. surface, présentent une flore dense et relativement di- versifiée dans le contexte halophile. Leurs populations 3. COMMUNAUTÉ DES ABEILLES (STATION d’Agdistis s’observent très régulièrement pendant toute UNIQUE) la belle saison. Le nom de ce site a pour origine la présence, ancien- Sites de relevés (5 stations) : Esquineau, Clos des nement, d’un modeste rucher qui fut très vite supprimé. Vaches, plateau des Cerisières. Proche du mas, ce milieu se révèle complexe par son relief et par sa végétation. Il est, de plus, situé à Espèces principales un passage vers les pelouses et les sansouires sud. • Agdistis bennetii, 20 exemplaires (dont 9 ♂), de V à Boisement de Tamaris en lisière de sansouire. Une proche roubine permet une arrivée d’eau – ou tout IX, maximum de la population en VI et VIII ; VI-2011. Le Mas Saint-Bertrand (Arles, 13). au moins d’humidité – hors saison. Des portions de • A. paralia, 18 exemplaires (dont 15 ♂), présents sur- © A. CAMA. terres hautes et de petites dépressions conditionnent tout en VIII et IX ; une végétation et une faune hétérogènes. Parmi les Les 2 espèces vivent aux dépens des Limonium vulgare espèces végétales, se rencontrent Limonium vulgare, et L. oleifolium Miller. Espèces principales Dorycnium gracile Jord., Althea officinalis L., Juncus • Agdistis bennetii, 87 exemplaires (dont 38 ♂) de V à maritimus Lam., Juncus acutus L. et quelques jeunes Espèces accessoires IX en population dense ; pieds de Populus alba L. Certaines années, et de façon • A. meridionalis, 2 exemplaires (dont 1 ♂) en VI. Cet • A. paralia, 144 spécimens (dont 97 ♂) de V à IX ; très aléatoire, se créent de petites mares où s’installe Agdistis a la particularité de venir communément aux A. meridionalis, 6 individus (dont 5 ♂), de V à X, jamais un modeste tapis de Teucrium scordioides avec son lumières de IV à VIII. Deux spécimens ont été aussi cap- abondant ; cortège obligé de Capperia maratonica. turés aux lumières en janvier. Chenille sur les Limonium • A. tamaricis, 12 exemplaires (dont 3 ♂), de V à IX ; cités précédemment ; captures peu nombreuses mais régulières ; Espèces principales • A. tamaricis, 2 individus ♀ en V au voisinage de tama- • Capperia maratonica, 5 exemplaires (dont 4 ♂) en • Agdistis bennetii, 20 exemplaires (dont 15 ♂), en V ris, Tamarix gallica L., sa plante nourricière ; octobre. Ce ptérophore a été signalé pour la première et VI ; • Stenoptilia zophodactyla, ♂ en VIII sur Blackstonia fois en France en 1986 par