Waldei Chez Les Peuls De Gabéro, Région De Gao, Mali
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Waldei chez les Peuls de Gabéro, région de Gao, Mali Contribution pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel Waldei Ahamadou Sambel @Juin, 2018 Page 1 sur 12 Table des matières Avant‐propos ........................................................................................................................................... 3 I. C’EST QUOI GABERO ? ................................................................................................................. 4 a. PLAN HISTORIQUE (rappel): ........................................................................................................ 4 II. WALDEI OU ALWADEI, ESPACE D’EDUCATION CIVIQUE, DE FOLKLORES, DE SOLIDARITE, DE DEMOCRATIE ET DE LIBERTE DE PAROLE, DE PENSEE etc......................................................... 5 III. ORIGINE ET STRUCTURATION DE WALDEI CHEZ LES PEULS GABERO. ............................. 6 IV. FONCTION DE WALDEI ............................................................................................................ 7 V. LES DIFFERENTES MANIFESTATIONS CULTURELLES AU NOM DE WALDEITAAREY ............ 8 o Les manifestations d’alwadei au début de sa création jusqu’à l’avènement de la colonisation selon Mahmoud Youbba de Dongomé. ............................................................................................... 9 o Les principales manifestations culturelles de waldei de nos jours : ......................................... 10 Conclusion ............................................................................................................................................. 11 Page 2 sur 12 Avant‐propos Cet article est le fruit d’un desk research. Il est basé principalement sur les connaissances personnelles de l’auteur sur le phénomène ainsi que les contributions de certaines personnelles. Il ne décrit pas de façon exhaustive waldei. Il s’inscrit dans le cadre d’une contribution à la connaissance et diffusion d’un phénomène social dans le Gabéro. Page 3 sur 12 I. C’EST QUOI GABERO ? a. PLAN HISTORIQUE (rappel): Gabéro est un territoire dans le cercle de Gao fondé au 18ème siècle par des lettrés Peuls musulmans venus du Macina (villages de Wuro Nguiya/Dogoh). A son apogée, le territoire de Gabéro s’étendait de Koïma Harizouro dans l’actuelle commune de Gounzoureye à Boundounggol/Bazi dans l’actuelle commune d’Ansongo. Des champs et des cimetières sont encore présents dans certains villages de Gounzoureye, Tanal et Bazi pour témoigner de cette présence. Gabéro se situait seulement dans le gourma. Avec l’arrivée des colons français, Gabero fut érigé en canton et connut un morcellement arbitraire (1900 et 1942) : les terres de Gorom–Gorom, des Sidibé, de Sarou, Thirissoro, une partie de Koima en face de Gao et celles allant de Marga à Gaïna forment le nouveau canton de Gabéro. La partie sud est rattachée au cercle d’Ansongo. En 1958 (dislocation des cantons par la nouvelle république du Mali), le territoire de Gabéro fut subdivisé à nouveau entre les arrondissements de Gao et de Haoussa Foulane. Une partie de Gabéro a formé avec quatre villages situés sur la rive droite Haoussa (Gouthine, Gargouna, Todjel Gargouna et Haoussa Foulane) qui ne faisaient pas partie de Gabéro ancien l’arrondissement de Haoussa Foulane. b. PLAN ADMINISTRATIF : En 1999, l’arrondissement de Haoussa Foulane a été érigé en commune rurale avec chef-lieu de commune Haoussa Foulane, aussi chef-lieu de l’arrondissement du même nom1. La commune de Gabéro est composée de diverses ethnies autres que Peule qui cohabitent de façon pacifique. Elle souffre des effets du changement climatique. L’ensablement menace les mares et le fleuve Niger impactant durablement les activités socioéconomiques des populations locales. Gabéro, une Polysémie ? Il peut désigner : 1-le Gabéro humain qui est constitué de la descendance de CHABIBI ardo-Macina de ouro-Nguiya (MACINA), ainsi que ses apparentés par les liens du mariage (locaux et migrants peuls). 2-le Gabéro territorial qui s’est constitué et déplacé au courant des migrations du Gabéro humain. Ces territoires, souvent discontinus, s’échelonnent du Wouro-Nguiya/Dogôh d’origine à Sennar au Soudan, avec une emphase spécifique sur le Gabéro du cercle de Gao, qui a couvert au cours de l’histoire de Koima (Gadindé) à Bazi (Bouddongol-hari-zouro)_Aloumour Ibrahim, généalogiste Le phénomène waldei décrit ici ne concerne que celui la communauté Peule du gourma de l’actuelle commune de Gabéro. Le phénomène s’observe chez Peuls de Bazi Gourma et Sidibe de Gounzoureye avec des variantes propres à chaque communauté (Gabéro, Sidibe et Bazi). Les communautés peules de Gabéro, Bazi et sidibe entretiennent des relations de mariage. 1 Géographie de la commune de Gabéro : https://balatasidibe.wordpress.com/2017/01/04/geographie‐de‐ Gabéro‐commune/ Page 4 sur 12 Les peuls de Gabéro sont monogames et endogames. Ils ont un immense respect pour la femme qui est traitée en reine. Frapper une femme de Gabéro peut déclencher un conflit inter village ou inter groupe. La femme est un être sacré pour le gaberois (ressortissant de Gabéro). II. WALDEI OU ALWADEI, ESPACE D’EDUCATION CIVIQUE, DE FOLKLORES, DE SOLIDARITE, DE DEMOCRATIE ET DE LIBERTE DE PAROLE, DE PENSEE etc. Alwaldei ou waldei est un mot d’origine peule qui signifie association de personnes filles et garçon d’une même génération formelle. Elle correspond à groupe d’âge. Elle dispose des règles d’adhésion, de fonctionnement et des normes à respecter qui se perpétuent. C’est une institution sociale qui résiste à certains dogmes de la religion musulmane et régit le fonctionnement de la société gaberoise qu’il singularise. C’est un espace de liberté d’expression, d’égalité, de démocratie et de solidarité. Toutes les décisions se prennent à l’unanimité ou à défaut la majorité des présents qui se sont acquittés du droit d’adhésion (avoir tué au moins un animal pour waldo/waldei). Les décisions du waldei peuvent être contestées et traduites devant les ainés, ou devant les sages de la localité. Les décisions et les normes de waldei sont inviolables sur tout membre (homme/femme) et transcendent les villages nés du découpage postcolonial. Les filles et garçons ont les mêmes droits. Les membres d’alwadei sont solidaires les uns des autres. Le respect de l’autre dans une large liberté d’expression (y compris les taquineries) est exigé et constitue une valeur cardinale. Alwadei, c’est aussi une institution d’éducation à la citoyenneté qui accueille, oriente et forme les membres sur le sens de la citoyenneté (droits et devoirs envers la communauté, les relations sociales,) pour perpétuer l’homme de Gabéro, pérenniser les attitudes et pratiques acceptées ou non dans la vie en groupe. Alwadei est selon Aboubacar Habiboulaye « une entité instituée à Gabéro pour régir la vie de l’homme, le préparer, l’encadrer, l’orienter sur les situations de la vie ». Les enfants apprennent auprès des ainés qui jugent la conformité de leurs actes et comportements aux valeurs de la société. C’est aussi un espace de concurrence, de saine émulation entre les membres d’une même génération et entre les générations dans le sens positif. Il contribue ainsi à perpétuer et à véhiculer le mode de vie, les traditions, la conscience d’appartenance et l’unicité de Gabéro à travers les manifestations culturelles (mariage, wiya -wiya, teli, zoulli) qui restent les mêmes dans tous les villages. Il contribue ainsi à cimenter et à revivre les liens de fraternité et de conscience d’appartenance à la même famille biologique et culturelle. Waldei est un des déterminants des peuls. Il est important de souligner aussi qu’un Waldei-zé ne denonce jamais un autre waldei-zé dans le cadre d’une action commise dans une manifestation de waldei ou au nom de waldei. La sanction d’un acte commis ar un membre s’applique à tout le waldei même d’autres villages. C’est cette solidarité qui fait du waldei à Gabéro cette institution unique à son genre. Lors des manifestations culturelles (port du turban, teli, mariage, djadjere), waldei bénéficie de libertés supplémentaires qui autorise si besoins et en respect des respects des codes et procédures des libertés et pouvoirs supplémentaires. En cas de non satisfaction d’alwadei lors d’une manifestation culturelle, il lui est permis selon des procédures précises des injures et des prises des biens privés et collectifs sans risque de condamnation ou rancunes. La vengeance (banandi) est très acceptée par alwadei bien que condamnant toute forme violence. Page 5 sur 12 Waldei, une institution de protection et de défense de la communauté. En effet, dès sa création, les initiateurs ont autorisé les patrouilles nocturnes des jeunes en vue d’identifier les éventuelles menaces d’attaques/agressions contre la communauté. Les patrouilles ou tounandi sont organisées par les jeunes hommes non mariés sur l’ensemble du territoire à l’intérieur des villages. Elles sont organisées de façon inopinées et sans générer de coût financier. Un homme ou groupe d’homme est libre d’aller dans n’importe quel village contribuant à la collecte d’information/renseignement, à la défense et à la protection des personnes et des biens de la communauté. Il serait difficile de rentrer dans un village donné sans être aperçu par les jeunes patrouilleurs « tounandi key ». Les patrouilleurs règlent certains problèmes de sécurité sans le dire le plus souvent. La discrétion est de taille dans un waldei et dans ces tounandi. Il est considéré comme sot et sera rejeté le membre qui raconte ce qu’il a vu la nuit et ce qu’il a fait avec ses