Texte et photographies : Pascal Roman Dessins : Jérome Phalippou

Une partie des Collines du Léman vue d’avion (photo B. Baussant et G-H Cazal).

P 2 et 3 : Présentation du territoire. P 4 et 5 : Géographie. Entre lac et montagnes. P 6 et 7 : Une géologie du quaternaire. P 8 et 9 : Forêts et marais. P 10 et 11 : L’histoire humaine ancienne. P 12 et 13 : Histoire, du Moyen Age à la Seconde Guerre Mondiale. P 14 à 17 : Les châteaux des . François de Sales. P 18 et 19 : Paysages d’hier et d’aujourd’hui. P 20 et 21 : L'habitat, la ferme du Bas-Chablais. P 22 et 23 : L'agriculture. La vigne. P 24 et 25 : L'artisanat : tuileries et moulins. P 26 à 31 : Les églises néo-classiques. P 32 et 33 : L'empreinte de la religion. P 34 et 35 : Traditions et folklore. P 36 à 39 : Allinges. P 40 à 43 : Armoy. P 44 à 47 : . P 48 à 51 : . P 52 à 55 : Le . P 56 à 59 : . P 60 à 63 : . P 64 : Photos anciennes. Bibliographie.

© Editions de l'Astronome 2007 F - 74550 Cervens - www.editions-astronome.com Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation strictement réservés pour tous pays. ISBN 978-2-916147-18-7 ISSN 1778-4581 Dépôt légal juillet 2007 Achevé d'imprimer en juillet 2007 par Graphique Productions - F 73290 La Motte Servolex Les Collines du Léman regroupent sept communes : Allinges, Armoy, Cervens, Draillant, Le Lyaud, Orcier et Perrignier, liées non seulement par leur situation mais aussi par leur histoire et la coopération intercommunale.

LE BOUM DE LA POPULATION Les sept communes représentent une population d'un peu plus de 10 000 habitants en 2006. Allinges étant la commune la plus peuplée avec 3 623 allingeois. Pour accueillir une population toujours croissante, de nombreux logements ont vu le jour, ce qui explique le foisonnement de zones résidentielles périurbaines contrastant avec le paysage Thonon-les-Bains à par agricole du territoire. Région en forte pratiquement en ligne droite. Plus expansion, aussi bien sur le plan au sud, au pied de la montagne d'Hermone, économique que démographique, les serpente la D 35, reliant Cervens, Draillant, Collines du Léman se trouvent au cœur de Orcier, Le Lyaud et Armoy ; elle musarde de l'enjeu économique que constitue le projet village en village au milieu des vergers et de désenclavement du Chablais et la voie des pâturages. Enfin, une petite route rapide de contournement de Thonon-les- beaucoup plus pittoresque accrochée à Bains. flanc de montagne, part du Lyaud et rejoint les hameaux des Chambrettes et de LES VOIES DE COMMUNICATION Jouvernaisinaz sur la commune d'Orcier. Le territoire des Collines du Léman est De là, la D 36 relie les hameaux les plus traversé par la Départementale 903, que les élevés d'Orcier (Fillient, Les Favrats) et natifs du pays nomment la "route du haut", gagne le col du Feu. A partir de Draillant, les reliant Thonon-les-Bains à Annemasse par routes du col des Moises (la D 246) et du Perrignier. Cette voie est bien plus agréable col de Cou (la D 12) offrent un magnifique mais peut-être moins rapide que la D 1005 point de vue sur les Collines du Léman et, (ex Nationale 5) permettant d'aller de plus généralement, sur le Bas-Chablais et

2 le lac Léman. Le territoire est également traversé par la voie ferrée du Chablais (une plate-forme ferroviaire est envisagée à terme à Perrignier). Enfin, une voie express, assurant la jonction Thonon-Annemasse, entre en phase opérationnelle, Un échangeur est prévu à Perrignier. LA COMMUNAUTÉ ENTRE AGRICULTURE ET ARTISANAT DE COMMUNES Cultures et pâturages couvrent la presque totalité de la plaine. Jusqu'au début du 20ème siècle, de nombreux pieds de vigne La Communauté de bordaient les champs les plus ensoleillés (voir p 23). Les cours communes des d'eau qui traversent les Collines du Léman actionnaient autrefois Collines du Léman des moulins, des scieries et des battoirs de forgeron. Aujourd'hui, fédère les sept si les forges n'existent plus, l'exploitation du bois, devenue communes des mécanisée, est toujours une source de revenus et de travail contreforts des Alpes important. Quant aux moulins, ils ont laissé la place à des en balcon du Léman. minoteries modernes (Perrignier). Grâce à une AOC, protégeant Créée en janvier 2004, la fabrication du reblochon et de l'abondance, et une IGP elle a pour mission de faire face aux grands (Indication Géographique Protégée) concernant la tomme de défis d'une région en Savoie, les vaches laitières sont encore très présentes (voir p 22). forte expansion. Mais l'élevage se pratique différemment, il s'est modernisé et les troupeaux, bien que moins nombreux, sont plus importants. Si les sept communes des Collines du Léman étaient essentiellement agricoles, elles ont évolué. De nos jours, un foisonnement de maisons individuelles (à l'Ermitage, sur la commune d'Armoy, par exemple) ainsi que des zones industrielles (à Orcier, Allinges et Perrignier), côtoient des hameaux pittoresques où les traces de l'artisanat de jadis sont vivaces (pour ne citer que deux exemples, des anciennes scieries entraînées par des roues à aubes sont encore visibles à Charmoisy et à Fillient sur la commune d'Orcier). Elle intervient ainsi dans les domaines du UN ECRIN DE VERDURE logement, du transport, De vastes prairies, accueillant champs de céréales, vergers et du cadre de vie, du pâturages, donnent aux Collines du Léman un aspect verdoyant développement accentué par la présence des vastes forêts qui montent vers les économique, de la préservation de crêtes de la montagne des Hermones et par les bois disséminés l'environnement, du sur le territoire. Enfin, les nombreux cours d'eau et l'argile présent tourisme et de l'action dans le sol (voir p 7) expliquent le grand nombre de zones sociale et culturelle. humides.

Une partie des Collines du Léman vue depuis le sommet de la colline des Allinges. Sur la crête, au milieu de la photo : le col du Feu (1 120 m). 3 Des crêtes de la montagne des Hermones, jusqu'aux plaines qui descendent doucement vers le Léman, les Collines du Léman offrent un paysage très diversifié où voisinent pâturages, vergers, marais et forêts.

ENTRE LAC ET MONTAGNES Dent d'Oche, les monts d'Hermone, le col D'un point de vue géomorphologique, le de , etc... A son sommet subsistent territoire des Collines du Léman fait partie les ruines de deux châteaux qui ont joué de l'avant-pays haut-savoyard, formé de un grand rôle dans l'histoire médiévale du replats et de collines peu élevées. Ses Chablais. Dans son prolongement, se vastes prairies abondamment irriguées trouve la colline de la Maladière (754 m) permettent une agriculture et une qui doit son nom à la présence d'une arboriculture importantes. La région est ancienne maladière (ou maladrerie) où délimitée au nord par les communes qui l'on soignait les lépreux (voir p 61). Enfin, bordent le lac Léman (, Anthy, la colline du Cez (qui s'écrit également et Thonon-les-Bains) et, au sud, Sai et qui signifie rocher en patois), par les montagnes des Hermones, des domine le chef-lieu du Lyaud. Moises et de l’Aiguille, échancrées par les cols du Feu (1 120 m), des Moises LA FORÊT (1 121 m) et de Cou (1 117 m) qui Bois et forêts recouvrent 42 % du permettent le passage vers le Haut- territoire (contre 25 % en moyenne en Chablais via la Vallée Verte et la vallée du ) et donnent à la région un aspect Brevon. Le territoire s'incline en pente verdoyant qu'accentuent encore les douce vers le Léman, dont l'énorme plaines fertiles et les pâturages. Les masse tempère la rigueur du climat qui forêts de Planbois, de Thonon et de est bien plus doux que dans le Haut- Lonnaz délimitent le territoire des Chablais. Collines du Léman vers le nord, alors que les contreforts de la montagne des LES COLLINES DU TERRITOIRE Hermones, abondamment boisés, Du haut de ses 714 m, la colline des constituent, au sud, une seconde barrière Allinges offre un magnifique point de vue de verdure. sur le Bas-Chablais, le Léman, le Jura, la

La colline des Allinges, couronnée par les vestiges des deux châteaux.

4 Le chef-lieu de Perrignier sous la neige. Les hivers sont quelquefois rigoureux, même si la masse d’eau du Léman tempère le climat.

LE CANAL DE L’ONCION Le point de départ du canal de l'Oncion (jadis appelé Ancion) se situait non loin du carrefour de Noyer, sur l'ancien chemin permettant de se EAU ET ZONES HUMIDES rendre d'Allinges aux L'eau est omniprésente : elle descend de la montagne sous Fleysets et à hauteur forme de ruisseaux (Le Pamphiot, le Redon, la Gurnaz, le de la passerelle qui ruisseau des Moises), et elle imprègne le sol sous forme de traversait le Pamphiot. zones humides. Les sources, notamment celle des Moises, Construit en 1371 par sont exploitées par le Syndicat Intercommunal des Eaux des deux maîtres Moises et approvisionnent en eau potable bien au-delà de la terrassiers de Rumilly population des Collines du Léman (voir p 50). Marais, vouas et tourbières sont disséminés sur le territoire comme en témoignent les appellations des lieux-dits (le Mal Marais à Allinges, le Grand Marais à Cervens, la Mouille à Orcier, etc…). Les tourbières sont des zones d’accumulation de tourbe : débris végétaux décomposés en milieu humide utilisés par le passé comme combustible de médiocre qualité. L’eau, indispensable à la vie, a également été une source de travail, puisqu'elle alimentait jadis un très grand nombre de bassins, lavoirs, moulins et scieries dont certains noms de hameaux et de lieux-dits rappellent le souvenir (par exemple, les Moulins d'Amphion au Lyaud, le Moulin Pendant et le Moulin Bouquin à Perrignier).

 Vestiges du départ  La commune de Cervens s’élève jusqu’au col de Cou du canal de l’Oncion. (1 117 m). L’auberge qui se trouve au passage du col existe depuis longtemps, comme le prouve cette carte postale du début du 20ème siècle. Aujourd’hui, elle est installée dans et en service jusque le bâtiment le plus à gauche. dans les années 1960, il amenait de l'eau à Thonon-les-Bains. Son débit puissant actionnait, entre autres, le moulin de la Visitation, celui de Ripaille, ainsi que des forges, l’usine de pâtes alimentaires de Thonon et le funiculaire. Ancion, Anfion en patois aurait donné Amphion et signifierait “au bord de l’eau”.

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