Puy-L'évêque Au Moyen Âge. Le Castrum Et La Chatellenie, Xiiie
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PUY-L'EVEQUE AU MOYEN AGE LE CASTRUM ET LA CHATELLENIE (XIIIe - XVe s.) Puy-l'Evêque vu du S.S.E. A g., le Lot. à dr., le clocher de S'-Sauveur ; entre les deux, le donjon. Sous celui-ci et à dr.. le petit côté de la maison de l'Icherie avec ses deux larges baies en arc brisé. (Photographie : Jean-Louis Nespoulous - Cahors) Jean LARTIGAUT PUY-L'EVEQUE AU MOYEN AGE LE CASTRUM ET LA CHATELLENIE (XIIIe - XVe s.) Editions du Roc de Bourzac 24150 Bayac 1991 Du même auteur : - Les campagnes du Ouercy après /a guerre de Cent Ans (Vers 1440 - vers 1500), Publications de l'Université de Toulouse - Le Mirail, Toulouse 1978. Epuisé. - Cahors (Lot) (plan et notice). Atlas historique des villes de France, C.N.R.S., 1983. - Figeac(Lot) (plan et notice), Atlas historique des villes de France, C.N.R.S., 1983. - Le Lot, (collab.), Editions Privât. Toulouse. En préparation : - Histoire du Ouercy (dir. et collab.), Editions Privât, Toulouse. @ Editions du Roc de Bourzac I.S.B.N. 2-87624-036-X AVANT-PROPOS L'indigence des sources relatives à Puy-l'Evéque semble avoir découragé les érudits dès le XIXe siècle. Seuls, les poètes imaginatifs et les journalistes locaux ont risqué des évocations sur le mode romantique. Poursuivant depuis quelques années une enquête sur les bourgs castraux quercinois, il m'était bien difficile de négliger l'important castrum a&/ pug en la rebiera D'ailleurs je ne le souhaitais pas en dépit des difficultés de l'entreprise. Les vestiges du Moyen Age, un peu moins nombreux chaque décennie, y témoignent encore d'une réelle prospérité dès le XIIIe siècle. Ils constituaient pour moi un stimulant non négligeable. De plus, le contenu des parchemins clairsemés pouvait s'éclairer grâce au site : le relief à peu près immuable à l'échelle historique, les fronts rocheux plus ou moins aménagés de main d'homme qui assignaient des limites provisoires au développement de la localité, le Lot si proche que ne sillonnent plus les gabares et qui, repoussé par les décombres de la vieille ville, s'est éloigné de quelques mètres, le ruisseau de Clédelles qui présente un exceptionnel accident géographique (2), les fontaines, le port, le tracé des rues, l'organi- sation des places, l'éloignement du foirail fréquenté par des étrangers douteux et celui de l'église dans sa solitude hautaine, comme étrangère à l'économie du castrum. La documentation si laborieusement rassemblée, comment la mettre en oeuvre ? Je pouvais hésiter entre deux voies. La première, de type universitaire, débouchait sur une contribution à la S/edlungs- geschichte, c'est-à-dire à l'histoire du peuplement, de l'occupation du sol et du paysage et j'ajoutais ainsi un maillon à la chaîne des peuplements castraux quercinois. La seconde, plus modeste et dépourvue d'à priori, revenait en somme à la monographie tradition- nelle chère aux érudits locaux, fourre-tout ne laissant rien passer d'utilisable dans le tamis du chercheur. A l'inverse, il y a déjà trente ans, dans sa thèse sur Les paysans de l'Ouest, le futur doyen Paul Bois faisait sienne la conception définie depuis longtemps par Lucien Febvre : "L'historien part avec en tête un dessein précis, un problème à résoudre, une hypothèse à vérifier". C'est "l'histoire problème". Pour ma part, compte-tenu du champ relativement restreint des mes investigations, je vais sans cesse de l'un à l'autre de ces pôles. Je me pose des questions, certes, mais je me laisse aussi guider par la documentation. Le parti adopté ici est un compromis entre les deux voies : présenter un bourg castrai sans perdre de vue l'ensemble de la famille à laquelle celui-ci se rattache mais en outre retenir les aspects économiques, sociaux, spirituels même, que les sources feront apparaître. Ce sera le côté mono- graphie que je n'entends pas toutefois conduire "des origines à nos jours". Le dénombrement des fiefs du Quercy en 1504 fournira un terme à notre enquête. Après avoir signalé les principales sources utilisées, je m'effor- cerai de mettre en place le réseau paroissial préexistant au castrum du Puy, ce qui revient à découper largement mais de façon un peu artificielle un carré de mosaïque pour procurer un premier environnement au château, puis à l'habitat concentré et une matrice pour la nouvelle paroisse : Saint-Sauveur. Ensuite, mon attention se fixera sur le castrum dont j'esquisserai une reconstitution, à l'aide de données passablement échelonnées dans le temps ; il conviendra d'en tenir compte. Cette forteresse exerçait son autorité sur un territoire qu'il faudra définir : la châtellenie. J'essaierai donc de trouver ses limites incertaines ou changeantes. Enfin, je m'intéres- serai à l'organisation des pouvoirs, puis à un ensemble de faits sociaux, économiques et religieux dépassant la structure pour atteindre le quotidien. J'ai bien conscience de multiplier ainsi les points faibles mais il importait d'utiliser la plus large part de la documentation. LES SOURCES J'ai pris comme point de départ un plan au 1/2.000e réalisé en 1964 par l'Agence des Bâtiments de France de Cahors. Le plan cadastral de 1837 accompagné de l'état des sections de 1838 permet un bond en arrière d'un siècle et demi. Pour l'Ancien Régime, il faut déplorer l'absence de documents figurés mais on dispose tout de même de deux cadastres, l'un, intact, de 1760 0) et l'autre, parvenu dans un état pitoyable mais à peu près utilisable, qui semble avoir été rédigé vers la fin du XVIe siècle (2). Le tout devrait permettre d'aborder dans d'assez bonnes conditions la période médiévale qui fait l'objet de cette étude. Pour celle-ci, la pièce maîtresse est incontestablement un registre de 129 feuillets dû à Arnaud de Salles ou Salas, notaire de Puy-l'Evêque, qui a retenu des instruments dont la date est comprise entre 1289 et 1297. Ce registre, malheureusement exilé à la Bibliothèque nationale (3) est défectueux si l'on en juge d'après les photocopies tirées du microfilm. Un autre fonds, également conservé à la B. N. concerne Puy-l'Evêque et alentours : il s'agit d'environ 350 pièces des XIVe et XVe siècles (4) que je n'ai pu voir, sauf exceptions. J'ai le plus souvent utilisé les analyses prises jadis par le chanoine Albe (5) et celles plus récentes de mon ami Louis d'Alauzier (6). Au premier rang des sources locales, il faut placer le fonds Guiscard de Bar des Archives du Lot (7). A vrai dire, j'ai surtout puisé des informations dans des sources éparses. On en trouvera les références au fil des pages. Fig. 1 : Le réseau paroissial autour de Puy-l'Evêque. 1 - Tronçon de voie romaine A - Terroir des Martres 2 - Cami roumieu B - Raynal 3 - Limite de commune C - Sagnette 4 - Limite de paroisse quand elle diffère D - Recobert de celle de la commune E - Le Causse 5 - Territoire paroissial de Puy-l'Evèque F - Le Montat 6 - Territoire paroissial de Prayssac. G - La Brugue. Les numéros de ce croquis correspondent à ceux du tableau (fig. 2) CHAPITRE PREMIER LE RESEAU PAROISSIAL Les registres paroissiaux de l'Ancien Régime peuvent venir en aide au médiéviste. On le sait déjà (1) : paroisses et communautés ne coïncident pas nécessairement en Quercy et il serait bien imprudent d'adopter les limites des communes pour l'étude des anciennes paroisses. En fait, on obtient seulement cette concordance dans le cas où la communauté, ancêtre de la commune moderne, résulte du démembrement tardif d'une vaste juridiction et encore, trop souvent, à condition que la paroisse, berceau de la communauté, n'ait pas fourni une limite de châtellenie, cette dernière risquant de couper en deux portions inégales ce territoire paroissial. Il faut donc assumer la tâche ingrate de dépouiller les registres paroissiaux en relevant tous les lieux habités pourvu que l'on ne pâtisse pas de la négligence d'un recteur peu zélé usant systématiquement de la formule "habitant de la présente paroisse". On constate parfois que les tenanciers d'un même mas relèvent de paroisses différentes, c'est que les maisons de ce hameau ont été implantées en vis-à-vis, de part et d'autre d'un chemin formant limite mais on rencontre aussi des divergences autrement importantes. Le caractère relativement conservateur des structures d'Eglise permet d'admettre comme règle générale que les contours des paroisses ont peu varié au cours des siècles depuis le bas Moyen Age. Néanmoins, il est bon de s'en assurer en relevant systématiquement dans les documents médiévaux la paroisse de rattachement, sinon des terroirs du moins des mas et des bories, dans la mesure où l'on peut suivre les mutations d'une microtoponymie aussi changeante que celle des lieux habités (2). Fig. 2 : Paroisses, vocables et communes modernes. PAROISSES ET COMMUNES Observons la mosaïque des paroisses (fig. 1). Ce croquis, approximativement exact, pourra certes être amélioré avec l'appa- rition de nouveaux documents. Dans l'immédiat, l'effort a surtout porté sur les paroisses qui ont, à un moment ou un autre, appartenu à la châtellenie de Puy-l'Evêque. Un simple coup d'oeil permet de saisir le contraste entre le territoire exigu de la paroisse castrale de Saint-Sauveur du Puy et l'ampleur de celle de Prayssac. On admet que les paroisses primitives, sauf en des zones trop déshéritées où c'est le lot commun, se reconnaissent d'abord à l'étendue de leur territoire et ensuite au caractère naturel de leurs limites.