SAUVER LES RESSOURCES DU FLEUVE NIGER, UN DEFI INTERCOMMUNAL A

Le Fleuve Niger est la sève nourricière et l’artère vitale de la République du . Il fait l’objet de plusieurs formes d’utilisation. Il est pourvoyeur d’activités génératrices de revenus rentables pour les populations riveraines comme la riziculture, le maraîchage, la pêche, la navigation, l’exploitation du sable et du gravier, etc…Le Fleuve Niger est confronté aux effets négatifs de la démographie galopante et de l’industrialisation des agglomérations riveraines, par le fait qu’il constitue de nos jours un dépotoir de déchets domestiques et industriels. ‘’Djoliba’’ de son nom authentique, le Fleuve Niger risque de devenir un fleuve sans vie ‘’Bä l’en gôlô’’ si rien n’est fait dans les années à venir.

Photo : Joost Nelen

Exploitants de sable et de gravier à Souban commune urbaine de Koulikoro

Les pratiques inadaptées, conjuguées à la multitude d’utilisateurs sont la source de conflits récurrents entre usagers. Laissé à lui-même, le Fleuve Niger est usé par les érosions hydriques et éoliennes entraînant l’éboulement de ses berges et l’ensablement de son lit. Cette mort amorcée du Fleuve Niger, si elle se poursuivait, va compromettre la grande majorité des actions menées dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) par l’Etat et les collectivités territoriales riveraines.

Photo : Joost Nelen Berges érodées, village de Kamani commune rurale de Dinandougou

Conscientes de ce fait, les collectivités territoriales du cercle de Koulikoro partageant le Fleuve Niger (, Koulikoro, Méguétan, Dinandougou, et ) par le principe de subsidiarité, ont entrepris en 2003 en collaboration avec leur cercle et l’appui de certains services techniques l’élaboration d’un ’’Programme Intercommunal de Gestion des Berges et des Ressources en eau du Fleuve Niger’’. Ceci dans le but de prendre en compte des actions de gestion du fleuve et de ses ressources dans leurs actions de développement de tous les jours.

L’initiative est soutenue par trois structures partenaires : l’Organisation Néerlandaise de Développement (SNV-MALI), le Programme d’Appui aux Collectivités Territoriales (PACT) de la Coopération Allemande et l’Agence du Bassin du Fleuve Niger (ABFN), une agence de l’Etat qui veille à la préservation du Fleuve Niger en tant qu’entité vitale du Mali.

Cette dynamique d’intercollectivité a été animée à travers plusieurs cadres de concertation qui ont donné naissance à un plan d’action par commune puis un plan d’action intercommunal.

De ces plans, il ressort trois axes majeurs d’intervention : ™ l’aménagement physique des berges, ™ la formation et l’organisation des différents utilisateurs des ressources du fleuve, ™ la protection et la valorisation des ressources en eau et animales du fleuve.

Pour accompagner la mise en œuvre de ces plans, les collectivités territoriales ont mis en place un dispositif institutionnel comprenant un comité par commune, une commission intercommunale au sein de laquelle il est crée une commission d’exécution. Le tout est chapeauté par l’Association des Collectivités Riveraines du Fleuve Niger (ACRIFN).

Les maires des six communes riveraines du Fleuve Niger et la présidente du conseil de cercle se sont engagés à prévoir 3% de leur budget annuel (sous réserve de la délibération de leurs conseils respectifs) pour appuyer la mise en œuvre du plan intercommunal. Un tel engagement de la part des collectivités territoriales mérite toute l’attention de l’Etat et de ses partenaires en vue de rendre le « rêve » de la gestion concertée des berges et des ressources en eau du Fleuve Niger dans le cercle de Koulikoro une réalité.

La gestion d’une ressource si complexe comme le Fleuve Niger dépasse les capacités du niveau local, mais ne peut réussir sans l’implication de celui ci. Les initiatives locales doivent s’inscrire dans une politique nationale, laquelle peut s’inspirer des expériences faites à la base.

Modibo LY Conseiller GRN Equipe Technique Berge SNV, PACT, ABFN