Les Tourbières Du Plateau De Montselgues (Malarce Sur La Thines, Montselgues, Ardèche)
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Les tourbières du plateau de Montselgues (Malarce sur la Thines, Montselgues, Ardèche) Relief, sols, eau et hommes 2004-2007 RAPPORT FINAL Etude réalisée dans le cadre d’une convention entre le CREN Rhône-Alpes et l’ENS-lsh Juillet 2008 PETRA LES TOURBIERES DU PLATEAU DE MONTSELGUES Relief, sols, eau et hommes Fabrice Grégoire Ens-Lsh Etude réalisée dans le cadre d’une convention entre le CREN Rhône-Alpes et l’Ens-Lsh Juillet 2008 Préambule Le présent rapport s’insère dans la logique du programme de recherches sur les tourbières d’Ardèche entrepris dans le cadre plus général du programme Petra. Ce programme, présenté par l’Université de Lyon 2 (LRGE) et l’Université de Saint-Etienne (CRENAM) a été accepté par la région rhône-alpes au mois de juillet 2003. Il a fait l’objet de plusieurs rapports intermédiaires et d’un rapport final à l’automne 2006. Ce programme faisait également intervenir d’autres partenaires, comme les collectivités territoriales et le CREN Rhône-Alpes. C’est à ce titre qu’une convention a été signée entre l’Ens-Lsh et le CREN 06-27 pour l’étude des tourbières de Sagne Redonde (Lanarce) et de Montselgues. Le présent rapport fait suite à deux rapports d’étape : - le premier correspondait à la mise en œuvre et au protocole de l’étude, ainsi qu’aux premiers résultats acquis au cours de l’année 2004, - le deuxième présentait les principaux acquis au niveau du fonctionnement des deux tourbières ainsi que le rapport de synthèse de l’atelier deux du programme Petra La restitution de l’avancée de l’étude s’est également effectuée au cours de deux moments privilégiés : - des réunions au siège du Cren à Villeneuve de Berg, en compagnie des chargés de mission et d’étude en charge des différents sites, Laurence Jullian, Virginie Pierron et Benoit Pascault, - la participation aux réunions de comité de suivi des deux sites, chacune de celles-ci - la participation aux animations réalisées dans le cadre du Life « Tourbières et cavités à chauves-souris du Plateau de Montselgues ». En accord avec le CREN, il a été décidé de fournir des rapports thématiques à partir du printemps 2007. Le rapport sur les aspects physiques des tourbières du plateau de Montselgues inaugure cette série de rapports. Il sera suivi par un rapport sur les aspects physiques de la tourbière de Sagne Redonde. A la fin de l’année 2008 sera rédigé le rapport final, qui apportera les compléments nécessaires à ces études et concluera également sur les aspects humains. Introduction méthodologie En arrivant sur le plateau arédchois, nous avons posé un regard neuf sur cette région, l’essentiel des prospections en matière de tourbière de l’Ens-Lsh s’étant déroulé dans le nord de la France (Laonnois). C’est donc muni seulement de la carte au 1 :25.000ème et des indications de Bruno Coïc, directeur du CREN Rhône-Alpes qui avait initié notre démarche, que nous avons découvert les sites et leur environnement. Nous avons découvert deux types de paysage : celui des plateaux tourbeux du Haut-Vivarais et celui de l’Ardèche cévenole. Dans l’un, aux confins volcaniques de la Margeride, la tourbe se manifeste un peu partout, dans les têtes de vallons, sur les dépressions du plateau, dans de larges vallées perchées par rapport à la vallée de la Loire. Ce sont des paysages très ouverts avec plusieurs plans. Sagne Redonde en est un bon exemple : un fond de vallée largement ouvert accentué par la rondeur des formes, que ce soit celle du cratère ou celle des versants au modelé typique des pays de granite, un plateau ondulé à perte de vue et, pour couronner le tout, le massif du Mezenc. Les tourbières représentent, dans ce paysage, de par leur superficie et les ruptures de pentes qu’elles introduisent dans l’allongement des versants, un élément remarquable. La place de l’humain est discrète. Sauf au cœur de l’été, on se sent très seul dés que l’on s’éloigne des quelques villages, la campagne semble largement à l’abandon, progressivement grignotée par les pins sylvestres. Les villages sont peu étendus, souvent cachés, et il n’y a pas beaucoup de monde dans les rues, sauf à Coucouron. Dans l’autre, le relief est beaucoup plus morcelé et la présence des tourbières est plus discrète. C’est grâce à la végétation qu’il est possible de les repérer, mais l’eau vive est ici beaucoup plus présente. Les perspectives sont plus changeantes, de vallée en épaulement, les routes n’en finissent pas de monter et de descendre. La vue porte tantôt jusqu’aux Alpes et au Mont Lozère, tantôt se trouve limitée au versant raide d’en face. Les tourbières du Plateau de Montselgues sont un bon exemple de cette discrétion : sur le plateau des Narcettes, c’est surtout la lande qui s’impose et seules les linaigrettes au printemps et la molinie sèche en hiver sont les repères colorés qui permettent d’identifier les secteurs de tourbières. Les autres tourbières sont perdues dans la forêt et leur quête un moment agréable. Les villages se voient de plus loin qu’en Margeride : Loubaresse sur son piton, les hameaux de Montselgues se détachent sur leur fond minéral et végétal. On se reportera, pour la démarche suivie, au projet de recherches. Dans cette étude du fonctionnement des tourbières du plateau de Montselgues, nous avons essayé de répondre à plusieurs objectifs définis en commun avec le CREN. Il importait, dans cette étude, de trouver un compromis entre les exigences du programme Petra et celles du gestionnaire. Nous nous trouvons ici devant répodre à la demande de trois types d’acteurs : - les chercheurs ont pour but de faire progresser leurs connaissances dans le fonctionnement de ces ecosystèmes, dans la logique des recherches de chaque équipe ou dans le cadre de programmes regroupant plusieurs équipes, comme le PNRZH (Programme National de Recherches sur les Zones Humides), et cherchent à la fois à prolonger leurs réflexions, à confirmer leurs hypothèses, et pour cela à les tester sur de nouveaux sites, - le Conseil Régional a comme motivation de favoriser la recherche au niveau régional, ce qui le met dans la position de financeur de la recherche fondamentale, et de valoriser l’image de la région, - le gestionnaire, le CREN en l’occurrence, a besoin de réponses pour sa gestion sinon au quotidien, ou au moins à l’échelle quinquennale du plan de gestion, et, dans le même temps, il essaie de promouvoir le dialogue avec les chercheurs. Il est ainsi possible à ces groupes d’acteurs de se retrouver sur des objectifs convergents. Celui de la recherche en est un, qu’il s’agisse de recherche fondamentale comme de recherche appliquée. Celui de la valorisation des territoires en est un autre. Dans ce cadre, le chercheur se définit comme un acteur à part entière du jeu d’acteurs local. Le mode d’approche défini dans le cadre de cette étude sur ces sites ardéchois repose sur deux termes : - simplicité - régularité Plus précisément, nous voulions employer des moyens modestes, en accord avec les possibilités financières du gestionnaire et à l’investissement humain potentiel. Il n’a pas été envisagé, d’entrée, de développer des moyens lourds pour une étude fondamentale, mais plutôt de recourir à des solutions techniques et des protocoles simples pouvant éventuellement, et c’est un point important, être repris par le gestionnaire dans le cadre de sa gestion quotidienne s’il le juge nécessaire. De même, nous avons posé comme postulat qu’il fallait un long temps de présence sur le terrain, de suivre les phénomènes sur le moyen terme, à différentes saisons et d’effectuer de nombreuses observations, à l’instar des différents naturalistes qui se succèdent sur le terrain. Sur le plateau de Monselgues, la question, vis-à-vis de l’étude présente, est fondamentalement celle des bonnes conditions en eau de la tourbière. Elle est soustendue par une autre question : celle de la fragilité du système, qui apparaît dans ce paysage déjà marqué par la proximité du domaine méditerranéen. Ces deux niveaux de question débouchent inévitablement sur les possibilités de gestion de l’eau. Ces rubriques fourniront autant de chapitres de ce rapport dont l’unité doit être donnée par ce qu’il pourra apporter comme éléments de choix au gestionnaire. A partir de ce que nous aurons appris, il sera possible de définir quels sont les facteurs favorables ou défavorables à la genèse et à la pérennité des tourbières et quelle est la latitude d’intervention du gestionnaire en fonction des objectifs qu’il s’est fixé. On pourrait également résumer notre propos par les interrogations suivantes : - Quels sont les facteurs qui sont responsables de l’état actuel des tourbières du plateau de Montselgues ? - Ces facteurs sont-ils à même de garantir la pérennité de ces milieux ? - Quelles améliorations le gestionnaire peut-il apporter ? Nous partirons du principe, largement développé dans le PNRZH « tourbière » qu’une tourbière est le résultat de conditions hydrogéomorphologiques et de la présence d’espèces végétales susceptibles de produire de la tourbe. Les conditions hydrogéomorphologiques rassemblent - des conditions géomorphologiques liées à un environnement geologique et pédologique et à des formes de relief favorables à la stagnation ou à la lente circulation de l’eau, induisant une baisse du taux d’oxygène favorable à l’accumulation, - des conditions hydrologiques se traduisant, au niveau du site étudié, par un bilan hydrologique positif, c’est-à-dire que les arrivées d’eau, par les précipitations ou par les eaux superficielles ou souterraines soient supérieures aux départs, que ce soit par l’évaporation ou par le drainage.