DOSSIER DE PARTICIPATION

CONCOURS 11 NOVEMBRE 2012/2013

INFORMATIONS UTILES

COLLEGE

Etablissement scolaire : Collège du Château

Adresse postale : 25, rue Traversière, 54450 BLÂMONT

Adresse email : [email protected]

Nom de l’enseignant : Cédric ANDRIOT

Classe : 3e A et 3 e B

Nombre d’élèves : 38

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DOCUMENTS

Photo du monument seul :

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Photo des élèves devant le monument :

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DEMARCHE PEDAGOGIQUE :

MONUMENTS AUX MORTS DU BLÂMONTOIS

CLASSES DE TROISIEME – COLLEGE DU CHATEAU – BLAMONT (54)

CONTEXTE :

Le collège de Blâmont est situé dans un canton très étendu, qui se trouva au cœur des combats de la Première Guerre Mondiale. Pour les habitants du territoire, cette guerre demeure un tournant majeur qui a modelé leur espace de vie : • Plus de la moitié des villages ont été entièrement détruits puis reconstruits dans les années 1920 ; • Le paysage a été irrémédiablement bouleversé par endroits (entonnoirs de , témoins de la guerre de mine) ; • Une importante nécropole militaire franco-allemande à , conserve toujours, par ses tombes silencieuses, une mémoire à léguer aux vivants ; • Un grand nombre de vestiges disséminés sur l’ensemble du canton, d’importance diverses (tranchées, blockhaus... et hôpital militaire de ) • Et, comme dans la plupart des communes de , des monuments aux morts ont été presque partout érigés.

Pourtant, la transmission de cette mémoire aux générations futures pose question. Les actives associations patriotiques du territoire déplorent, comme les élus, le nombre trop restreint d’enfants qui participent aux cérémonies mémorielles.

Les enseignants d’histoire constatent également que, pour les jeunes générations, la Première Guerre Mondiale est bien éloignée. Les derniers témoins se sont tus à jamais, et la confusion règne dans l’esprit de nombreux collégiens qui confondent encore parfois les deux guerres mondiales pourtant toutes deux au programme de troisième !

Donner du sens au premier conflit mondial, ce n’est pas seulement aider des élèves à se préparer au brevet. C’est s’approprier son passé pour s’inscrire dans une dynamique générale qui mobilise associations et collectivités territoriales autour de la célébration prochaine du centenaire de 1914. Ce qui leur permet à leur tour d’écrire leur propre histoire, une histoire dans laquelle ils seront les passeurs, chargés de transmettre à leur tour le souvenir d’un évènement qui aura marqué irrémédiablement les hommes et la terre.

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Un canton dévasté par la guerre : après les combats

DEMARCHE PEDAGOGIQUE :

Les élèves des deux classes de troisième sont mobilisés, vu les faibles effectifs de chacune d’entre elles. Le travail est organisé durant les heures de cours, et pendant le temps personnel. Il est choisi de traiter l’ensemble des monuments des 33 communes du canton (auxquelles est ajoutée Mignéville, puisque faisant partie de la Communauté de communes), afin de valoriser les élèves par la réalisation d’un travail ayant pour ambition forte de devenir une référence à l’échelle cantonale.

Au cours de la première séance, le Correspondant-défense de la ville de Blâmont vient exposer aux élèves, en s’appuyant sur un diaporama, les grandes phases de la guerre dans le Blâmontois. Cette séance permet de mobiliser les élèves qui comprennent que la guerre s’est déroulée chez eux, dans leurs villages. Le temps forts de cette séance est la projection d’un document inédit : l’interview d’un témoin de la guerre ayant assisté en août 1914 à l’incendie du village de Nonhigny et à l’exécution de quatre civils… dont on retrouve les noms sur le monument du village. Ce qui permet de mettre une histoire derrière ces noms, et de comprendre l’intérêt qu’il peut y avoir à les retrouver. Parce qu’un monument aux morts, c’est avant tout des noms, qui correspondent à autant de tragédies dont il faut remonter la trace si on veut les comprendre.

Les élèves sont ensuite mis en activité avec pour objectif de travailler sur plusieurs compétences : le travail en autonomie, la recherche documentaire, l’utilisation d’internet… Il leur est demandé de mener l’enquête dans chaque commune : les élèves enquêteurs sont invités à rencontrer le maire de leur village, et à prendre en photo le monument aux morts selon des consignes précises : photo d’ensemble, gros plans sur les noms.

5 Les monuments non traités (communes non desservies par le collège de Blâmont) le sont en fin de travail par un professeur, le conseiller-défense et des élèves volontaires, hors temps scolaire.

Puis les noms des morts sont traités afin d’établir une fiche biographique par soldat ou civil décédé suite au conflit. Les élèves sont initiés aux bases de la recherche historique. La mise en ligne des noms relevés par les généalogistes (site genweb) et surtout la numérisation des archives militaires (site sga- mémoire des hommes) permet un travail de recherche autonome en salle informatique. Les élèves repèrent les noms de leur commune, puis cherchent à les identifier sur le site « SGA » afin d’identifier chaque mort inscrit sur les monuments : date de naissance, de mort, ainsi que l’ensemble des renseignements permettant de comprendre les circonstances du décès. Toutes les informations utiles des fiches « SGA » sont relevées, afin que le travail soit assez exigeant et sérieux pour que d’autres chercheurs puissent s’en servir comme base pour aller plus loin (par l’exploitation, par exemple, des Journaux de Marche et d’Opération). Les informations recueillies sont rassemblées et vérifiées pour ne pas laisser d’erreur préjudiciable à la crédibilité de l’ensemble. Chaque liste est contrôlée, corrigée, selon les relevés effectués sur les monuments mêmes. Un Livret est réalisé avec une page descriptive par monument.

Le livret étant achevé, les élèves sont conduits au monument de Blâmont le 15 février 2013. Ils y rencontrent Claude Charbonnot, responsable du Souvenir Français, qui leur explique pourquoi les commémorations de la Première Guerre Mondiale sont porteuses de sens pour les jeunes de 2013.

En continuité de cette action, les élèves de troisième participeront ensuite à un voyage à Berlin, qui leur permettra de visiter de nombreux sites mémoriels.

En outre, ils se sont engagés, tant vis-à-vis des professeurs que du Souvenir Français, à rapporter de Berlin notes, souvenirs, et photos ; ils se sont également engagés à participer aux commémorations du 8 mai (des impératifs de temps n’ayant pas permis d’organiser leur présence pour le 11 novembre).

Enfin, ils pourront participer à une chorale intergénérationnelle afin de participer plus activement aux cérémonies mémorielles.

PARTENARIATS :

Afin de fédérer les énergies autour de la mémoire de la première guerre mondiale, le projet s’est construit en sollicitant de nombreux partenaires, à savoir :

- La ville de Blâmont, à travers la personne de son conseiller-défense, Thierry Meurant, porteur du projet avec les enseignants du collège : son travail de relecture et de recoupement a été indispensable pour finaliser le document ;

- Les 34 communes de la Communauté de Communes de la Vezouze, mobilisées tant pour l’accueil des élèves enquêteurs dans chaque village, que pour rassembler toutes informations utiles quant à la construction des monuments et au choix des noms inscrits ;

6 - La communauté de communes de la Vezouze, à travers le groupe de recensements des vestiges 1914-1918, constitué en vue des commémorations à venir;

- Le département de Meurthe-et-Moselle, par l’intermédiaire du conseiller général cantonal, sollicité pour la diffusion future du document réalisé (CD ou impression sous forme d’un livret) ;

- Les associations patriotiques locales : l’AMC pour ses conseils pratiques, et Le Souvenir Français pour participer financièrement au voyage mémoriel à Berlin ;

- Le Syndicat Intercommunal Scolaire et la Coopérative Scolaire pour le financement du voyage mémoriel à Berlin.

Des hommes fauchés par la guerre : soldats de cités au tableau d’honneur de l’Illustration

RESULTATS DU PROJET

Le projet se conclut par la réalisation d’un livret de 86 pages destiné à l’impression (Annexe A). Ce travail d’inventaire et de mémoire devrait être publié à 100 exemplaires, pour diffusion auprès des élèves ainsi que des communes concernées. Les élèves sont valorisés par ce résultat qui leur démontre qu’ils sont capables de mener à son terme un projet ambitieux.

C’est une première étape vers une implication plus active des jeunes dans les célébrations patriotiques. Il s’agit véritablement de lancer une dynamique, qui sera approfondie et accompagnée par le voyage mémoriel à Berlin et le projet chorale : la répétition des temps forts sur l’année et le nombre de partenaires mobilisés laisse espérer que les jeunes auront envie de s’impliquer davantage dans des célébrations dans lesquelles ils sont désormais impliqués comme parties prenantes à part entière.

Chaque fiche descriptive du document final joint en annexe est le résultat du croisement de la base « SGA » et des informations données par chaque monument présenté avec les photos prises par les élèves ; à ces éléments s’ajoutent :

7 - une recherche d'informations complémentaires selon un ensemble très divers de sources : Journal officiel (croix de guerre...), journaux de marche et d’opérations, presse, monographies diverses, registres communaux, état civil, etc..., afin à la fois de donner un contexte local plus précis à chaque implantation de monument, et de conserver les informations éparses relatives à certaines fiches nominatives. - un choix de cartes postales anciennes et de photos, illustrant non la structure des villages avant guerre, ni même les troupes d'occupation, mais les destructions qui ont accompagné le conflit ; l'objet n'étant pas de retracer un historique exhaustif de la vie des communes durant la guerre, mais de mettre en évidence les motivations qui ont conduit à ériger les monuments comme souvenir d'un traumatisme profond, humain et matériel.

Dans l’immédiat, la finalisation du document amène à de nombreuses découvertes, à propos d’une thématique historique qui n’avais jamais été réellement étudiée :

- On découvre que certaines communes n’ont pas de monument (), ou se contentaient d’une simple plaque (, Reillon) ; - La plupart des monuments sont très simples, le plus souvent sous la forme classique d’un obélisque. Beaucoup reprennent les poncifs communs aux monuments commandés sur catalogue (palmes omniprésentes et croix de guerre moulées en série à Domjevin, Leintrey, Ogéviller, lorsque ce n’est pas le monument en entier qui est en béton moulé à ), faute de moyens : la reconstruction des villages détruits a visiblement été prioritaire pour bien des municipalités ; - Toutefois, quelques monuments, d’autant plus remarquables qu’ils sont isolés, sortent du lot des réalisations bon marché : les monuments Art Déco de Frémonville, Domèvre-sur-Vezouze ou de Montreux en sont de bons exemples, ou encore le spectaculaire monument Art Nouveau dessiné par Eugène Vallin à , à côté d’une église reconstruite ornée de vitraux de Grüber : on a là un ensemble unique, qui mériterait d’être redécouvert comme un des derniers témoignages de l’Ecole de Nancy ; - On discerne bien la tension entre les tenants de la laïcité (lorsque le monument est au centre de l’une place publique nouvellement aménagée, comme pour Leintrey reconstruite selon le nouveau plan d’urbanisme de l’architecte Joseph Hornecker) , et ceux de la religion (lorsque le monument représente un Christ souffrant placé devant le cimetière, à Fréménil, quand ce n’est pas à l’intérieur, à Vého). A Blâmont, on a choisi de satisfaire les deux sensibilités par l’érection de deux monuments, un sur la place principale (déplacé ultérieurement sur un site moins central), l’autre dans l’église. - Cette tension se repère également dans les symboles de la statuaire, généralement réalisée en bronze, que ces symboles soient laïcs (le coq surmonte le monument de Frémonville, une victoire ailée celui de Blâmont), ou religieux (le soldat au drapeau du monument d’Ancerviller se tient devant une croix) ;

Une fois triés les noms et repérés les doublons présents sur plusieurs monuments pour des raisons parfois obscures, on obtient 482 morts pour un canton qui comptait alors près de 10.000 habitants. Le nombre particulièrement élevé de victimes civiles (82 noms) reflète la place exceptionnelle de ce canton frontalier de l’Alsace-Moselle, qui fut le premier à subir l’invasion dès l’été 1914.

Désormais, ces noms sont autre chose que de simples lettres gravées dans le marbre, ce sont des hommes, parfois même des ancêtres, dont les élèves ont pu retrouver quelques traces concrètes et émouvantes d’une vie brisée par la guerre. Ce travail de rassemblement de ces noms épars était donc d’autant plus indispensable qu’il n’avait jamais été fait ; il permet pour

8 les générations futures de saisir le poids du sacrifice consenti par un territoire au nom de la liberté.

Le monument d’Ancerviller, rare témoignage de l’Art Nouveau.

ANNEXES :

-A. Livret réalisé par les élèves : « Monuments aux morts du Blâmontois, 34 communes lorraines dans la guerre, 1914-1918 », prochainement édité par le collège avec le soutien du Conseil Général et de la Communauté de Communes ;

-B. Témoignage d’une habitante de Nonhigny projeté aux élèves au début du projet.

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