Vincent LINDON Comédien, Scénariste, Réalisateur
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Grand oral Vincent LINDON Comédien, scénariste, réalisateur « Jury » présidé par Laurie BOSDECHER, journaliste à Sud Ouest Jeudi 5 novembre 2015 18h00 – 20h00 • Amphi Montesquieu • Sciences Po Bordeaux INTRODUCTION Nous essayons depuis plusieurs années d’inviter Vincent Lindon aux Rencontres Sciences Po/ Sud Ouest. Ce projet se réalise enfin aujourd’hui. Vincent Lindon a derrière lui une importante filmographie, soit plus d’une soixantaine de longs métrages depuis 1983 et sa participation au film de Paul Boujenah Le Faucon et son interprétation d’un jeune policier dans 37 °2 le matin de Jean-Jacques Beineix en 1985. Il ne se fait véritablement connaître du grand public qu’en 1992, dans La crise de Coline Serreau. Il a tourné à d’autres occasions avec elle et à plusieurs reprises sous la direction de Stéphane Brizé, Claire Denis, Benoît Jacquot, Pierre Jolivet, Philippe Lioret… La qualité de cet acteur régulièrement nominé aux Césars sans être pour autant consacré, a été enfin récompensée cette année lors du 68e Festival de Cannes par le prix d’interprétation masculine, pour son rôle dans La loi du marché de Stéphane Brizé. Les choix de Vincent Lindon se sont volontiers orientés vers des films sociaux pointant du doigt des problèmes cruciaux de nos sociétés comme Welcome (2009), Toutes nos envies (2011) de Philippe Lioret, ou le sublime Quelques heures de printemps (2012) et La Loi du marché (2015) de Stéphane Brizé. Ce parti pris pour des films sociaux n’a bien sûr pas été étranger à notre invitation au Grand Oral des Rencontres Sciences Po / Sud Ouest. Sans doute a-t-il en effet beaucoup à dire sur l’engagement citoyen et sur la politique, lui qui a même joué le rôle d’un premier ministre dans Pater d’Alain Cavalier (2011), ou soutenu la candidature de François Bayrou à la présidentielle de 2007. L’engagement n’est d’ailleurs pas chose nouvelle dans la famille Lindon dont le nom reste associé à l’histoire des intellectuels. Son oncle, Jérôme Lindon, fut directeur des Éditions de Minuit de 1947 à 2001, une maison d’édition née dans la Résistance et qui a ensuite porté le refus de la torture pendant la guerre d’Algérie. Les étudiants l’interrogeront sur cet héritage et sur le monde du cinéma autant que sur sa vie d’acteur, tout en essayant d’en savoir plus sur cet acteur majeur du cinéma français qui se définit volontiers « comme anormalement passionné et exagérément perfectionniste », en tous cas perpétuellement intranquille et souvent en colère par rapport au monde tel qu’il est. Marion Alary (5ème année), Laurelène Aveline (5ème année), Sébastien Bracco (1ère année), Agathe Brecheteau (1ère année), Kenatea Chavez-Hey (1ère année), Victor Courgeon (4ème année), Élise Chrétien (3ème année), Garance Delaunay (4ème année), Marion Djaou (3ème année), Manon François (3ème année), Morgane Gilliet (1ère année), Marie Georges (4ème année), Matthias Guibert (1ère année), Hélène Le Duff (5ème année), Aude Le Gentil (3ème année), Margaux Lejosne (4ème année), Anouk Leroy (1ère année), Camille Moullec (1ère année), Apolline Ouillon (1ère année), Sarah Palazot (1ère année), Alice Provost (4ème année), Morgane Quemener (5ème année), Pauline Sanchez (3ème année), Marie Scotto (1ère année), Marion Simon (5ème année), Mathilde Uteza (3ème année), Juliette Voyemant (1ère année) et Salomé Zajbert (1ère année) ) sont venus nombreux préparer cette Rencontre aidés par Laurie Bodescher journaliste à Sud Ouest. Un grand merci à cette équipe. Françoise Taliano-des Garets Professeure d’Histoire contemporaine Coordinatrice des Rencontres Sciences Po / Sud Ouest - 3 - Biographie Vincent Lindon Vincent Lindon est né en 1959 (57 ans) en France ; il est issu d’une famille bourgeoise et intellectuelle. Son arrière- grand-père paternel fonde l’entreprise automobile Citroën, son grand-père paternel est un grand procureur de la République, son oncle Jérôme Lindon a dirigé pendant plus de 50 ans les Éditions de Minuit, sa mère est journaliste de mode fréquentant les sphères du pouvoir, son cousin Mathieu Lindon est journaliste et romancier récompensé par le Prix Médicis en 2011. Après quelques expériences d’aide-costumier et de régisseur sur les tournées de Coluche notamment, il décide de s’orienter vers la comédie, fort de la formation qu’il a reçue au Cours Florent. Il apparaît surtout dans des seconds rôles comme dans Quelques jours avec moi de Claude Sautet ou l’Étudiante de Claude Pinoteau, jusqu’au succès que lui apporte son rôle dans La Crise de Coline Serreau en 1992. Il incarne dans ce film un homme perdant simultanément son emploi et sa femme, sans être aidé par ses proches. Depuis, il apparaît régulièrement dans des films distingués par des prix et a lui-même notamment reçu le prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes pour son rôle dans La loi du marché de Stéphane Brizé en 2015. Sans jamais se le voir attribuer, il a été nommé 5 fois à la cérémonie des Césars, notamment en 2010 pour son rôle dans Welcome de Philippe Lioret, et en 2013 pour Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé. S’il apparaît le plus fréquemment dans des satires sociales, il a également tourné dans des comédies à l’instar de Mercredi folle journée de Pascal Thomas ou La Confiance Règne d’Etienne Chatiliez, et, a entre autres écrit le scénario de Paparazzi et réalisé deux courts-métrages, Cyrano et Pas d’Histoire, respectivement en 2000 et 2001. Tournant régulièrement avec certains réalisateurs, tels Stéphane Brizé ou Claire Denis, Vincent Lindon affirme toutefois n’accepter un rôle que s’il est séduit par le scénario, indépendamment du nom du réalisateur : cela étant, il a à plusieurs reprises tourné dans des premiers films, et à l’inverse reste parfois plus d’un an sans accepter de rôle. Rigoureux et minutieux dans l’interprétation des personnages qu’il incarne, Vincent Lindon estime qu’un personnage, pour être crédible aux yeux du public et afin que ce dernier s’identifie à lui, doit être associé à un métier pour avoir une consistance, ou dans le cas contraire être ancré familialement. Considérant que tous les bons films sont politiques, il reste cependant discret sur le sujet : après s’être engagé dans la campagne présidentielle de 2007 pour François Bayrou, il a déclaré souhaiter rester à l’écart de la politique traditionnelle et défendre ses valeurs dans des associations : c’est ainsi qu’il conçoit son engagement en politique. Filmographie 1983 Le Faucon de Paul Boujenah 2000 Mercredi folle journée de Pascal Thomas 1985 Parole de flic de José Pinheiro 2001 Vendredi soir de Claire Denis 1985 37,2 le matin de Jean-Jacques Beineix 2002 Le Frère du guerrier de Pierre Jolivet 1986 Un homme amoureux de Diane Kurys 2004 La Moustache d’Emmanuel Carrère 1987 Dernier été à Tanger d’Alexandre Arcady 2007 Ceux qui restent d’Anne Le Ny 1988 Quelques jours avec moi de Claude Sautet 2009 Welcome de Philippe Lioret 1988 L’ É t u d i a n t e de Claude Pinoteau 2009 Mademoiselle Chambon de Stéphane Brizé 1990 La Baules-les-Pins de Diane Kurys 2011 La Permission de minuit de Delphine Gleize 1990 Garpard et Robinson de Tony Gatlif 2011 Pater d’Alain Cavalier 1992 La Crise de Coline Serreau 2012 Quelques heures de printemps de Stéphane 1994 L’irrésolu de Jean-Pierre Ronssin Brizé 1996 La Belle Verte de Coline Serreau 2012 Augustine d’Alice Winocour 1997 Fred de Pierre Jolivet 2013 Les Salauds de Claire Denis 1997 Le Septième Ciel de Benoit Jacquot 2014 Méa culpa de Fred Cavayé 1997 Paparazzi d’Alain Berbérian 2015 Les Chevaliers blancs de Joachim Lafosse 1999 Ma Petite Entreprise de Pierre Jolivet 2015 La Loi du marché de Stéphane Brizé - 7 - Partie 1 Le parcours VINCENT LINDON SUR SON PETIT « VERTIGE NUAGEUX » Il était 22 h 55, ce dimanche soir. A peine trois heures Des grands, genre Tim Roth. Et là, je me suis dit que auparavant, Vincent Lindon s’était vu remettre le Prix c’est Stéphane [Stéphane Brizé, le réalisateur de La loi d’interprétation masculine par les frères Coen. « Je suis du marché] qui allait avoir un prix, et d’ailleurs, ça m’allait fou, fou, fou de bonheur! » , répétait-il à chaque micro très bien. C’était très bien comme ça. qui se tendait vers lui. « Et puis la cérémonie a commencé. Un peu long... Interviews à la chaîne, moment de gloire planétaire. Lambert Wilson, qui dit que le cinéma, c’est aussi Tournis. Il y a quelques jours, juste avant la projection couronner un acteur. Il se tourne vers les frères Coen. Et officielle de La Loi du marché, il résumait d’un mot là, j’entends mon nom. sa philosophie du moment : « Plus tu donnes, plus tu « Immédiatement, j’ai une sorte de mouvement de recul. reçois. » Comment avait-il vécu cette journée particulière Je me tasse sur mon siège. Quelque chose comme précédant ce sacre cannois? l’explosion d’une ampoule! Trois litres de poppers que « Je me suis levé ce matin vers 9 heures. Absolument tu inhales. Un flash! Juste après, mécaniquement, je aucune angoisse, j’étais bien. P’tit déj avec mon fils. me suis levé. J’ai embrassé quelques proches. Et je me Deux-trois coups de fil avec des gens du film. Rien, suis retrouvé sur la scène avec l’envie, presque animale, pas de bruits, pas de rumeurs. Et puis, à 11 h 45, le d’aller embrasser un à un les membres du jury. Ça m’a distributeur m’appelle : «Vincent, prépare ton sac, permis de redescendre un peu et d’arriver ensuite à dire on repart à Cannes!» Je hurlais de joie.