LA FILLE DERRIÈRE LE RIDEAU DE DOUCHE ROBERT GRAYSMITH L’Auteur De Zodiac Les Coulisses Du Crime Emmanuelle Le Plus Célèbre De L’Histoire Du Cinéma
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LA FILLE DERRIÈRE LE RIDEAU DE DOUCHE ROBERT GRAYSMITH l’auteur de Zodiac Les coulisses du crime Emmanuelle le plus célèbre de l’histoire du cinéma. Urien En 1988, Marli Renfro, la femme qui avait servi de doublure à Janet Leigh pour la célèbre scène de la douche du fi lm Psychose d’Alfred Hitchcock, est brutalement assassinée. Simple coïncidence ? À l’époque, déjà, la police de Los Angeles avait ROBERT GRAYSMITH suspecté du meurtre de plusieurs femmes un certain Sonny Busch, jeune homme qui avait vu le fi lm et ressemblait étonnamment au personnage de Norman Bates. En 1960, Marli Renfro n’était certes pas une star, mais ce manne- Comment le meurtre quin naturiste aux formes voluptueuses n’apparut pas seulement dans une des scènes les plus iconiques du cinéma américain. Peu après, elle joua dans un petit fi lm érotique, Le Voyeur, réalisé par un nouveau venu, Francis Ford Coppola. Elle fi t aussi la couverture du magazine Playboy et devint l’une des premières « Bunnies » des clubs Playboy de Hugh Hefner. Pour une starlette en vogue comme Marli, Hollywood commençait à ressembler à l’endroit où tous les rêves deviennent réalité… puis elle disparut mystérieusement. Fasciné par la très sexy Marli Renfro depuis l’adolescence, le jour- le plus célèbre du cinéma naliste Robert Graysmith, auteur du remarquable Zodiac, décide de mener l’enquête – et de lever le voile sur la face cachée de Hollywood. Journaliste et auteur de huit livres, Robert Graysmith est spé- L’art difficile cialiste de l’histoire criminelle des États-Unis. Ses recherches obstinées, pendant plus de trente ans, sur le tueur du Zodiaque de (Zodiac, 2007) permirent d’identi er un des serial-killers les plus est devenu réalité célèbres des États-Unis. L’adaptation qu’en tira David Fincher Stanislas Zygart : Graphisme rester assise au cinéma a connu un succès international. LA FILLE DERRIÈRE LE RIDEAU DE DOUCHE sur TRADUIT DE L’ANGLAIS (ÉTATS-UNIS) PAR EMMANUEL SCAVÉE une balançoire www.denoel.fr B26441 02.14 ISBN 978-2-207-11657-9 23,50 € EXE APLAT RIDEAU DOUCHE (2).indd 1 23/01/14 11:02 La Fille derrière le rideau de douche DU MÊME AUTEUR Zodiac, éditions du Rocher, 2007. Les Crimes du Zodiaque, J’ai Lu, 2001. Robert Graysmith La Fille derrière le rideau de douche TRADUIT DE L’ANGLAIS (ÉTATS-UNIS) PAR EMMANUEL SCAVÉE Conseiller d’édition Frédéric Brument Titre original : The Girl in Alfred Hitchcock’s Shower This edition published by arrangement with The Berkeley Publishing Group A division of Penguin Group (USA) © Robert Graysmith, 2010 Et pour la traduction française : © Denoël, 2014 Couverture : Stanislas Zygart À James Ellroy AP Online, 7 novembre 2001, Los Angeles : un réparateur reconnu coupable d’avoir étranglé deux femmes, dont l’actrice qui doublait Janet Leigh dans Psychose, d’Alfred Hitchcock, a été condamné mardi à la prison à vie. CourtTV.com, 3 avril 2007 : Ce n’était pas une grande star de Hollywood, mais elle a pris une part importante dans Psychose ; elle avait servi de doublure-lumière à Janet Leigh dans la fameuse scène de la douche… Cold Case File : Une vieille affaire de meurtre rouverte par la police après les déclarations d’une femme mystérieuse qui accuse son amant d’être l’assassin. Le meurtre d’une femme, perpétré en 1996, révèle des indices concernant la mort, plusieurs années plus tôt, d’une doublure de Janet Leigh dans le film Psychose. Body Double : La première image qui vient à l’esprit à pro- pos de Psychose, c’est la scène de la douche. Les amateurs de cinéma se souviennent des stars, mais rares sont ceux qui se sont rendu compte que, dans la scène terrifiante du meurtre sous la douche de ce classique d’Alfred Hitch- cock, ils assistaient à des bribes d’interprétation… d’une des doublures de Janet Leigh. Mais cette fois, la scène qui 10 LA FILLE DERRIÈRE LE rideau DE DOUCHE s’était jouée avec une brutalité choquante était celle de son propre meurtre. Celebrity Sleuth : La scène de meurtre la plus saisissante qui ait jamais été tournée au cinéma trouve ici un incroyable épilogue. Pendant plus de quarante ans, j’ai collectionné ses photos, aussi obsédé que l’était le policier qui, dans Laura, tombe amoureux de l’image d’une femme morte. Mais au moment d’écrire l’histoire de la jolie rousse, un doute insistant me taraudait. Et si, comme « Laura », elle était encore en vie ? Et si quelqu’un d’autre était mort à sa place ? 1 Un meurtre stylisé Alfred Hitchcock avait coincé la belle rouquine nue sur le plateau du studio 18-A et ne la lâchait pas. Malgré son côté pudibond, il gardait envers les femmes en général et la nudité en particulier une attitude d’écolier lubrique. Ado- lescent dans la force de l’âge, Hitchcock restait obsédé par tout ce qui touchait à la sexualité et profitait autant qu’il le pouvait de cette rare occasion de côtoyer une telle beauté en tenue d’Ève. Le tournage de Psychose se déroulait dans une ambiance très réservée, stricte, policée et exceptionnellement comme il faut. Tous les techniciens étaient vêtus de pantalons sombres, chemises blanches et cravates. Même les gros bras chargés d’éconduire les intrus portaient des costumes Brooks Brothers. Comme à son habitude, Hitchcock était vêtu d’un complet noir Mariani, d’une chemise de lin blanc et d’une fine cravate italienne noire (il n’avait jamais de montre au poignet ni aucun anneau aux doigts). La costumière Rita Riggs portait ordinairement des jupes et tuniques de style Givenchy, avec des gants de cuir et des chaussures Capezios à talons plats. Hitchcock accordait un soin fétichiste au décorum vestimentaire. Dans ce cadre guindé, la « nudiste », comme disait M. Hitchcock quand il parlait de la superbe rousse, apparaissait extraordinai- rement dévêtue. 12 LA FILLE DERRIÈRE LE rideau DE DOUCHE Plus tard, Rita Riggs a raconté : « Je la revois assise toute nue, à part ce drôle de petit bout d’étoffe que nous utili- sions toujours pour couvrir les poils pubiens, en train de bavarder avec M. Hitchcock. Je regardais M. Hitchcock, la fille, et puis toute l’équipe qui était présente ce matin-là à boire le café et manger des donuts, et je me disais : “C’est surréaliste.” » Le tableau évoquait le fameux Déjeuner sur l’herbe de Manet, qui représente une baigneuse nue en compagnie de deux hommes tout habillés. Une centaine d’années auparavant, Le Déjeuner sur l’herbe avait servi à rallier les jeunes impressionnistes. La comparaison était pertinente. En l’espace d’une semaine, Hitchcock avait l’intention de composer un montage impressionniste de quarante-cinq secondes qui alternerait de brèves séquences, des plans rapprochés, des perspectives tourbillonnantes et des éclairs de peau nue, chacun durant tout au plus deux ou trois secondes. Hitchcock espérait qu’à l’écran, cette succession rapide de plans, comme autant de coups de poignard, aurait sur le public l’effet d’une décharge électrique. Il était près de 10 heures du matin ce vendredi 18 décembre 1959, pourtant on se serait cru à minuit sur le plateau plongé dans les ténèbres. Chacun parlait à voix basse ou chuchotait, mais c’était par respect pour M. Hitch- cock, qui était vénéré par son équipe comme par les stars, dont beaucoup auraient volontiers travaillé pour lui gratui- tement (si du moins tel était le désir du frugal M. Hitch- cock). Pour eux, c’était un honneur de faire partie de la distribution, même s’ils ne touchaient que le minimum syndical. Hitchcock, qui estimait le tournage à trente jours, payait son équipe comme si Psychose était un épisode d’une demi-heure d’Alfred Hitchcock présente. C’était une expé- rience : pourrait-il tourner un long-métrage dans les mêmes conditions qu’une émission de télévision ? Les silhouettes évoluant sur les portiques et les échafau- dages étaient à peine visibles, mais tous les hommes là-haut UN meurtre stYLISÉ 13 s’intéressaient vivement à ce qui se passait au-dessous d’eux. C’était un plateau de cinéma comme tous les autres, avec son atmosphère débarrassée de toute poussière, le bourdonnement tranquille de l’air conditionné, les groupes électrogènes, les câbles noirs serpentant de tous côtés et les énormes caméras, à l’exception de la splendide jeune femme dont la peau nue luisait d’un éclat chaud dans la pénombre. La doublure de Janet Leigh déambulait sur le plateau, com- plètement nue. C’était un spectacle inhabituel et même, en cette époque prude, choquant. Les femmes comme elle vous causent toujours un choc quand vous les rencontrez pour la première fois, tant leur élégance, leur naturel et leur beauté vous sautent aux yeux. L’un des photographes à qui la jolie rousse avait servi de modèle a écrit qu’elle avait « un corps impressionnant ; son visage arborait un sourire constant et merveilleux ». D’autres trouvaient qu’elle ne souriait pas assez, mais que cela ne faisait qu’ajouter à son mystère. La rouquine posait sur Hitchcock un regard franc et direct. « Vous avez les yeux très verts, remarqua Hitchcock. — Moi, je trouve que j’ai les yeux bleus, rétorqua-t-elle, mais ma mère pense qu’ils sont verts. Quand j’ai dû faire renouveler mon permis de conduire, comme j’ai les yeux tantôt verts tantôt bleus, je n’avais pas envie d’écrire “bleu- vert”. Alors j’ai mis “océaniques”. » Elle prononçait le mot océaniques lentement, en entrouvrant à peine ses lèvres rouges. C’était incroyablement sensuel. Sa nuque fine des- sinait une courbe gracieuse.