Le Diocèse De Belley Renouait Sous La Restauration Ses Liens Avec La Métropole Bisontine
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
INTRODUCTION Le territoire de l'actuel diocèse de Belley qui, depuis 1823, se confond avec celui du département de l'Ain forme un quadrilatère ayant pour limites : à Test et au sud, le cours du Rhône, des abords de Genève à ceux de Lyon ; à l'ouest, le cours de la Saône des environs de Tournus à ceux de Lyon : au nord, une ligne traversant la plaine bressane et coupant les plis du Jura. Ce sont les contin- gences de l'histoire qui les ont fixées plutôt que les exigences de la géographie, d'autant que, pendant longtemps, ces cours d'eau n'ont pas servi de frontières : le diocèse de Lyon puis celui de Mâcon ont débordé sur la rive gauche de la Saône, celui de Belley sur la rive gauche du Rhône. L'ancien diocèse de Belley existerait, selon Samuel Guichenon, l'historien de la Bresse et du Bugey, depuis le début du v® siècle, mais son existence est véritablement attestée au vf siècle : Vincentius, episcopus Ecclesiae Betticensis, appose sa signature aux documents élaborés aux Conciles de Paris (552) et de Lyon (567). Ce diocèse se situait de part et d'autre du Rhône, avec trois archiprêtrés en Bugey (Belley, Conzieu, Virieu-le-Grand), deux archiprêtrés en Dauphiné (Aoste et Le Pont-de-Beauvoisin), trois archiprêtrés en Savoie (Yenne, Saint-Genix-d'Aoste, Novalaise). Il comptait alors 49 paroisses bugistes appartenant aux doyennés actuels de Belley, Virieu- le-Grand, Hauteville, Saint-Rambert et Lhuis, 22 paroisses dauphi- noises actuellement dans les archiprêtrés de Morestel et du Pont-de-Beauvoisin, 41 paroisses relevant du décanat de Savoie, dans les actuels archiprêtrés de Yenne, Saint-Genix, Novalaise et Les Echelles. Diocèse exigu de 112 paroisses dont le centre géographique est Belley. Ce siège épiscopal, pour des raisons mal élucidées, fut rattaché de bonne heure à la Métropole de Besançon. Le diocèse de Lyon s'étendait alors sur la Dombes, sur la Bresse et même sur une partie du Bugey. Le Haut-Bugey, avec l'abbaye de 8 LE DIOCESE DE BELLEY Nantua, la rivière d'Ain avec l'abbaye d'Ambronay, la cluse de l'Albarine avec l'abbaye de Saint-Rambert, même le versant occiden- tal du massif du Molard de Don, avec la Chartreuse de Portes, dépendait de Lyon. Le diocèse de Genève englobait le Pays de Gex, la Michaille, le Valromey et la plus grande partie du plateau d'Hauteville-Brénod. Au sud, il dépassait même la cluse Virieu-le-Grand-Culoz puisqu'il administrait l'archiprêtré de Ceyzérieu. Enfin, le diocèse de Mâcon débordait sur la rive gauche de la Saône et comptait trois paroisses : Saint-Laurent, Vésines et Asnières. Ainsi, pendant une douzaine de siècles, les deux tiers de l'actuel diocèse de Belley relèvent du siège de la Primatie des Gaules, l'autre tiers appartenant dans sa plus grande surface au diocèse de Genève. Deux décisions administratives compliquèrent cette géographie mouvante. Au xvï® siècle, pour libérer ses terres dombistes et bres- sanes de la juridiction épiscopale de Lyon, ville française, le duc de Savoie obtint du pape Léon X, l'érection d'un évêché de Bourg. Ce diocèse qui disparut en 1534, comprit sept archiprêtrés : Ambronay, Bâgé, Chalamont, Coligny, Dombes, Sandrans, Treffort. Au XVIII* siècle, en 1742, est fondé tardivement le diocèse de Saint-Claude. Il prend alors à l'ancien diocèse de Lyon, quarante paroisses situées dans les cantons de Coligny, Treffort, Ceyzériat, Izernore, Nantua, Oyonnax, c'est-à-dire le Haut-Bugey et le Rever- mont. Soucieux de logique, les Constituants, après avoir dessiné empi- riquement les départements, décidèrent que chaque diocèse corres- pondrait désormais à un département et porterait son nom afin de rompre avec le passé. Le diocèse de l'Ain, dont le siège fut Bourg, dépendait de la Métropole de Lyon et réunissait les territoires dont la juridiction appartenait jusqu'alors aux évêques des diocèses de Lyon, de Genève, de Saint-Claude, de Belley. Les négociateurs du Concordat de 1801 tinrent compte des expé- riences de la Constituante et du désir de faire coïncider les divisions civiles et ecclésiastiques. Le diocèse de Lyon réunit trois départe- ments : le Rhône, la Loire et l'Ain. Mais seuls quatre arrondissements formaient le département de l'Ain : Bourg, Belley, Nantua et Trévoux. En effet, le traité de mai 1798 avait réuni à la République française la ville et territoire de Genève : le département du Léman annexa INTRODUCTION 9 le Pays de Gex et en 1801 il forma avec le département du Mont- Blanc, le diocèse de Chambéry. En 1815, quand la Savoie retrouva son indépendance, le pays de Gex revint au département de l'Ain mais resta dans le diocèse de Chambéry. Au lendemain de la crise révolutionnaire, Louis XVIII désirait restaurer, dans toute la mesure du possible, la France d'Ancien Régime. Il négocia dès 1817 un Concordat prévoyant le rétablissement de plusieurs évêchés, notamment celui de Belley. Une série de coïncidences malencontreuses repoussèrent le rétablissement du diocèse de Belley jusqu'en 1822. La Bulle pontificale précisa le nouveau territoire : les quatre arrondissements de Bourg, Belley, Nantua et Trévoux donnés au diocèse de Lyon par le Concordat de 1801 et l'arrondissement de Gex appartenant depuis cette date à l'archevêché de Chambéry. Après avoir renoué sous le Consulat ses liens avec la Métropole lyonnaise, le diocèse de Belley renouait sous la Restauration ses liens avec la Métropole bisontine. Au xx6 siècle, trois décisions s'efforcent de faciliter les tâches du clergé et d'harmoniser la vie des fidèles avec les conditions sociales, économiques, culturelles. En 1949, un décret de la Sacrée Congré- gation Consistoriale rattache, afin de « pourvoir à une administration pastorale plus facile » et sur la demande des Ordinaires intéressés, le diocèse de Belley jusqu'à ce jour dépendant de l'archevêque de Besançon à la Métropole de Lyon, tandis que le diocèse de Saint- Claude dépendant de l'archevêque de Lyon est désormais suffragant de la Métropole de Besançon. En 1961, le diocèse de Belley constitue la région apostolique du « Centre-Est » avec les diocèses d'Annecy, Autun, Clermont, Gre- noble, Lyon et Le Puy. Enfin, en 1971, une Constitution apostolique respecte les modifi- cations des limites départementales du Rhône donnant plus de cohé- sion à la Communauté Urbaine de Lyon et attribue au diocèse de Lyon les sept paroisses appartenant à la banlieue lyonnaise : Man- tanay, Sathonay-Village, Sathonay-Camp, Vancia, Rillieux, Crépieux et Genay, l'ancienne capitale du Franc-Lyonnais. L'actuel diocèse de Belley a pour centre de gravité Ambérieu, cité moderne, ou, si l'on préfère Pont-d'Ain, bourg d'ancienne origine, ou, avec une connotation religieuse de prestige, Ambronay. Les villes importantes sont périphériques, soit dans les limites du diocèse, soit 10 LE DIOCESE DE BELLEY à ses portes même : Genève, Lyon et Mâcon étendent leur banlieue sur des paroisses du diocèse de Belley ; Gex, Nantua, Belley, Trévoux et même Bourg sont au moins à une trentaine de kilomètres du centre de gravité du diocèse. Ce diocèse, dont la superficie est de 555441 ha a pour diagonales 115 km du confluent du Guiers au confluent de la Seille et 118 km de Rillieux à Divonne. Le diocèse de Belley apparaît comme une mosaïque de petites régions natu- relles : Bresse, Dombes, Bugey, Pays de Gex sont les plus étendues, mais la vallée de l'Ain, le Revermont, la Valbonne, la Michaille, le Valromey gardent leur originalité. Autour de Belley, le Bugey se distingue du Haut-Bugey orienté vers Nantua. La Bresse burgienne ne se confond pas avec la Bresse louhannaise. Dans l'ensemble, on peut discerner une partie occidentale basse et une partie orientale montagneuse qui représente l'extrémité du Jura. La Bresse. La Bresse présente un paysage légèrement vallonné, bocager en son centre. Au Nord-Est, la Haute-Bresse produit les meilleurs blés et les plus fines volailles. Au Sud-Est, « la mauvaise Bresse », selon l'expression d'Edgar Quinet, garde ses bois et ses étangs. En bordure de la Saône, l'élevage des chevaux est réputé. Au xx!0 siècle, cette région de petite propriété morcelée vit en autarcie d'élevage et de culture, ce qui a pu accentuer l'individualisme. Si la soupe de gaude n'entre plus dans le stéréotype du Bressan, les « panouilles » sèchent toujours sous les auvents, le fromage « Bleu de Bresse » accompagne la production de beurre, les poulardes font la renommée d'une gastro- nomie à base de crème. Faiblement peuplée, la Bresse ne compte qu'une ville importante : Bourg (44 967 habitants en 1975), le reste de la population se disperse dans les villages et dans des fermes isolées avec leur clayonnage de bois et leur toit largement débordant. La Dombes. Le Pagus dumbensis se distingue de la Bresse par son empreinte glaciaire. Les glaciers alpins ont déposé des moraines et modelé les INTRODUCTION 11 dépressions. Depuis le xnï3 siècle, l'homme a aménagé les fonds marécageux et organisé un réseau d'étangs tour à tour en « évolage » fournissant le poisson et en « assec » produisant des céréales. Ces étangs, qui ont couvert sous l'Ancien Régime 17000 ha, ont été accusés de provoquer la tuberculose et des maladies typhiques ; actuellement, ils occupent 12 000 ha. Cette région, considérée longtemps comme déshéritée, est prospère : on engraisse des bœufs de race charolaise, on élève des chevaux demi-sang, on chasse dans les bois et sur les nappes d'eau. La population éparse vit dans de grosses fermes sises au centre des domaines appartenant souvent à des notables lyonnais. Le plateau se termine au-dessus de la Saône et du Rhône par des cotières, avec jardins et vergers et de plus en plus urbanisées sous l'influence de Lyon.