LeMonde Job: WMQ2805--0001-0 WAS LMQ2805-1 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 11:14 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0429 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE DES LIVRES

a Au sommaire : Coetzee, ACTIVE:LMQPAG Cormac McCarthy, busy les Solotareff...

55e ANNÉE – No 16900 – 7,50 F - 1,14 EURO MÉTROPOLITAINE VENDREDI 28 MAI 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Milosevic Corse : les documents secrets du préfet Bonnet inculpé pour b « Le Monde » publie les trois notes de Bernard Bonnet sur l’assassinat de Claude Erignac « crimes contre b Dans le texte adressé le 8 février à Lionel Jospin, l’ancien préfet de Corse mettait en cause l’humanité » les magistrats antiterroristes b Incident, au conseil des ministres, entre M. Chirac et M. Jospin LE PRÉSIDENT yougoslave, Slo- QUEL RÔLE exact l’ancien pré- parallèle. Il mettait en cause les bodan Milosevic, a été inculpé pour fet de Corse, Bernard Bonnet, juges antiterroristes chargés de crimes de guerre et crimes contre actuellement incarcéré à la prison l’affaire. l’humanité par le Tribunal pénal de la Santé, a-t-il joué dans et Lionel Jospin international pour l’ex-Yougoslavie l’enquête sur l’assassinat du préfet ont polémiqué, en plein conseil (TPIY), pour ses responsabilités Claude Erignac, le 6 février 1998 à des ministres, mercredi 26 mai, à dans les actes commis au Kosovo. ? Le Monde publie la propos de la situation en Corse.

Le président de Serbie, Milan Milu- AFP quasi-intégralité des trois notes Au président de la République, qui tinovic, ainsi que trois autres rédigées par Bernard Bonnet. évoquait « le dysfonctionnement de responsables sont également crise du Kosovo. L’ambassadeur Dans les deux premières, datées l’Etat » dans l’affaire des paillotes, inculpés. L’acte d’accusation, qui a russe à l’ONU, Sergueï Lavrov, a en du 16 novembre et du 11 décembre le premier ministre a répondu été signé dimanche par le pro- revanche critiqué la décision du 1998, à Jean-Pierre Dintilhac, pro- vivement que « ce dysfonctionne- cureur du TPIY, Mme Louise Arbour, TPIY, estimant qu’elle compromet cureur de la République de Paris, ment n’a pas été approuvé (...) mais et confirmé lundi par un juge, le processus diplomatique en Bernard Bonnet faisait état sanctionné », ajoutant « que c’est devait être rendu public, jeudi cours. L’émissaire russe, Viktor d’informations « verbalement por- un élément que l’on n’a pas 27 mai, lors d’une conférence de Tchernomyrdine, a décidé cepen- tées à [sa] connaissance » sur l’ori- constaté par le passé. » presse à La Haye. dant de maintenir la visite prévue gine et la nature du commando Par ailleurs, les policiers de la La décision du procureur a pris jeudi à Belgrade. responsable de l’attentat. Il citait DNAT orientent leur enquête vers de court les dirigeants occidentaux Leur inculpation par le TPIY dis- les noms de plusieurs des per- le nord de la Corse. Vincent qui, bien qu’encourageant les qualifie Slobodan Milosevic et sonnes interpellées par la police et Andreuzzi, professeur à , a enquêtes du Tribunal, ne s’atten- Milan Milutinovic comme parte- aujourd’hui mises en examen. Le été placé en garde à vue, mercredi daient pas à ce qu’elles aboutissent naires de négociation. Des diplo- nom d’Yvan Colonna ne figurait 26 mai. Jeudi en fin de matinée, les aussi rapidement à une inculpation mates occidentaux faisaient remar- pas, en revanche, dans ces deux enquêteurs recherchaient toujours du chef suprême de l’armée yougo- quer, jeudi, qu’on n’avait, de toute notes. La troisième note fut adres- dans la région de Cargèse, Yvan slave. Les premières réactions occi- façon, pas l’intention de négocier sée le 8 février 1999 à Lionel Jos- Colonna, soupçonné d’être dentales étaient positives, jeudi, avec lui. pin. l’homme qui a tiré sur le préfet nul ne se risquant encore publique- Dans ce document de cinq Erignac. ment à spéculer sur les consé- Lire pages 2 et 3, les débats page 16 pages, Bernard Bonnet se défen- quences de ces inculpations dans la et notre éditorial page 17 dait d’avoir mené une enquête Lire pages 8 à 10 La littérature sportive dopée à l’EPO Européennes : L’EPO ne dope pas seulement l’organisme où Willy Voet notait soigneusement le nombre nous ne rencontrons ce genre de phénomène des coureurs cyclistes. Cette molécule synthéti- d’injections qu’il faisait aux uns et aux autres qu’avec des auteurs comme Patricia Cornwell, coup d’envoi sée prouve également son efficacité dans un (Le Monde du 20 mai). Voet « balance » joyeu- par exemple. » En dix jours, Willy Voet s’est tout autre domaine : le commerce des livres. sement. hissé au niveau de John Irving et Tom Wolfe ÉCLIPSÉE par le Kosovo, mais Après Secret défonce, ma vérité sur le dopage, le L’ouvrage a suscité d’emblée un tel engoue- réunis ! Autre bénéficiaire de cet extra- a aussi par la faible mobilisation brûlot de l’ancien coureur Erwann Menthéour ment que l’éditeur a déjà procédé à une troi- ordinaire engouement du public, Erwann qui affecte traditionnellement ce paru en février aux éditions Lattès, un autre sième réimpression, atteignant le tirage excep- Menthéour. son livre Secret défonce s’est scrutin, la campagne pour les élec- témoignage sur le dopage dans le peloton, tionnel de 122 000 exemplaires. Après avoir mis déjà vendu, selon son éditeur, à plus de tions européennes du 13 juin Massacre à la chaîne (éditions Calmann-Lévy), 52 000 exemplaires en place, ce qui est déjà 90 000 exemplaires. L’ancien champion, ex- s’engage. Plus d’un Européen sur connaît à son tour un succès inattendu. Le livre considérable, Calmann-Lévy a été très vite dopé, y livre par le menu son histoire et celle deux ignore le Parlement de Stras- est signé Willy Voet, l’ancien soigneur de confronté à une demande « exceptionnelle », de ses anciens collègues, dans une sorte de bourg, selon Jérôme Jaffré, directeur l’équipe Festina interpellé par les douanes le au point de devoir réalimenter d’urgence ses voyage au bout de la dope. du Cecop. La date limite de dépôt des 8 juillet 1998, à bord d’un véhicule bourré de vingt et un centres de diffusion. Le phéno- Pourquoi un tel phénomène ? A cause de listes est fixée à vendredi 28 mai. produits illicites destinés aux coureurs dont il mène est exceptionnel sur le marché du livre l’omerta qui a trop longtemps pesé sur les pra- Jeudi soir, les principaux responsables avait la charge. en général. Il est unique dans la littérature tiques illicites que chacun devinait sans jamais socialistes européens devaient parti- Mis en librairie le mardi 18 mai, le témoi- sportive ordinairement destinée à une clien- en détenir la preuve ? Les livres de Willy Voet et ciper à une réunion publique à Paris, a Art et mémoire gnage de celui qui fut à l’origine du scandale tèle d’amateurs éclairés. Traduit en flamand et d’Erwann Menthéour ont bénéficié d’une avec Lionel Jospin et les premiers du Tour de France 1998 et de la série de révéla- en allemand, le livre est sorti également dans importante couverture télévisuelle et de presse ministres britannique, allemand, ita- Sourire sans nom tiré de l’oubli, cette tions qui ont suivi, vogue en tête du classe- les librairies d’outre-Rhin, de Belgique et des écrite. L’écho donné à ces témoignages bruts lien, autrichien et portugais. Quant à œuvre de Christian Boltanski offerte ment des meilleures ventes de la semaine. Pays-Bas. Une version anglaise est actuelle- n’a eu d’égal que le silence des institutions offi- l’euro, victime des inquiétudes sur la aux lecteurs du Monde est la réponse Récit détaillé, parfois croustillant, des us et ment en négociation. cielles – fédérations, organisations des croissance en Europe, il a atteint son de l’artiste à la question de la mémoire, coutumes jusque là inavouées du monde « Pour nous, c’est un coup de tonnerre dans épreuves, sponsors des équipes –, et leur plus bas niveau. thème d’une exposition organisée à cycliste, des trucs des coureurs pour contour- un paysage jusque-là ravagé », explique, ravi, absence totale de réactions face à des propos Rome. p. 32 et 33 ner les contrôles, des trafics, on y lit les noms Marc Grinsztajn, l’éditeur de Willy Voet. qui pourtant les mettent directement en cause. Lire pages 6, 7 et 18 de Richard Virenque et d’autres champions, et « Massacre à la chaîne figure dans les meilleures L’état des opinions européennes le contenu d’une partie des fameux « carnets » ventes, toutes catégories confondues. En général, Yves Bordenave pages 14 et 15 a Bretagne : le réveil Le renouveau de l’identité bretonne passe plus par la langue et la culture La minute que par l’action politique. p. 13 Le crépuscule a Roland-Garros de Manchester Rude journée, mercredi 26 mai, pour de l’extrême droite ? les Français. Martina Hingis s’est impo- C’ÉTAIT au printemps 1998. l’héritage – se présentent l’un sée nettement face à Amélie Mau- Tous les espoirs semblaient permis contre l’autre. L’obsession du pre- resmo. Seule Nathalie Dechy est parve- au Front national. Après une mier est de tordre le cou aux ambi- nue à se qualifier. p. 27 décennie d’efforts, sa marginalité tions mégrétistes et de démontrer initiale, puis son émergence qu’il continue à incarner, seul, brouillonne des années 80 avaient envers et contre tout, le Front a Quadruple meurtre laissé place à un mouvement national ; la hantise du second est L’enquête sur l’assassinat de quatre structuré, efficace, implanté. Aux de prouver que l’extrême droite Néerlandais à Monfort (Gers) privilégie élections nationales ou locales, peut poursuivre sa route en se pas- deux pistes : l’une « extérieure », son socle électoral était solide- sant de son chef historique. Dans l’autre « locale, plus crapuleuse ». ment établi à 15 % des suffrages les deux cas, c’est une lutte à mort. PETER SCHMEICHEL exprimés, talonnant la nébuleuse Comme dans les divorces, per- p. 10 centriste et menaçant le mouve- sonne n’ignore plus rien, ou LE BAYERN MUNICH a perdu, ment gaulliste. Mieux, au soir du presque, des causes de la rupture. mercredi 26 mai, à Barcelone, une scrutin régional, la digue anti-FN Tout a été jeté sur la place finale de Ligue des champions qui a Le bruit commençait à céder : dans cinq publique depuis six mois. semblait ne pas devoir lui échapper. A à moindres nuisances régions, les caciques locaux du Contre les « mutins », les trois minutes de la fin du match, les RPR et de l’UDF tombaient dans le « traîtres », les « félons », les « pu- Allemands menaient 1-0. Animés par Acousticiens, linguistes et psycho- piège et acceptaient de négocier putschistes », qui ont contesté son l’énergie du désespoir, les Anglais de logues cherchent à « remodeler » de les présidences de région avec autorité le 5 décembre 1998 et Manchester, conduits par leur capi- façon plus harmonieuse les bruits de la l’extrême droite. Le FN n’était plus entériné leur sécession lors du taine-gardien Peter Schmeichel, ont ville. p. 29 le pestiféré de la scène politique congrès de Marignane des 23 et renversé la situation, inscrivant deux française. 24 janvier, contre le « maire buts incroyables en une minute. Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, Cette concurrence directe, enfin, consort de Vitrolles » et son « inso- 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; aiguisait la crise de la droite : lence microscopique », M. Le Pen Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Lire page 28 Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, l’UDF explosait ; l’autorité des n’a pas eu de mots assez violents, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, états-majors parisiens était jusqu’à ce « je sors mon épée et je 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, International ...... 2 Carnet ...... 26 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; récusée ; le président de la Répu- tue Brutus avant qu’il ne me tue », Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; Européennes...... 6 Aujourd’hui...... 27 Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. blique se montrait impuissant à lancé à Metz devant ses fidèles. France/société ...... 8 Météorologie, jeux... 31 imposer son autorité à son camp. M. Mégret et ses amis le lui ont Régions ...... 13 Culture ...... 32 Un an plus tard, ce bel échafau- bien rendu. Horizons ...... 14 Guide culturel...... 35 dage est à terre. Aux élections Entreprises ...... 18 Kiosque...... 36 européennes du 13 juin, Jean- Gérard Courtois Communication ...... 20 Abonnements...... 36 Marie Le Pen – le père fondateur – Tableau de bord...... 22 Radio-Télévision...... 37 et Bruno Mégret – qui guignait Lire la suite page 17 LeMonde Job: WMQ2805--0002-0 WAS LMQ2805-2 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0430 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999

BALKANS Le président yougo- de guerre et crimes contre l’humanité jeudi 27 mai, en début d’après-midi. cours. Viktor Tchernomyrdine, l’émis- modifiée par cette inculpation. b EN slave, Slobodan Milosevic, le pré- par le procureur du Tribunal pénal in- b L’AMBASSADEUR RUSSE À L’ONU saire du président russe, a annoncé MACÉDOINE, le chef modéré des Ko- sident de Serbie, Milan Milutinovic, ternational pour l’ex-Yougoslavie a déploré ces inculpations, en souli- qu’il maintenait toutefois sa visite sovars, Ibrahim Rugova, s’est rendu, ainsi que trois autres dirigeants (TPIY), Mme Louise Arbour. L’acte d’ac- gnant qu’elles compromettaient gra- prévue jeudi à Belgrade. b L’OTAN mercredi, dans des camps de réfugiés serbes ont été inculpés pour crimes cusation devait être rendu public, vement le processus diplomatique en précise que sa stratégie ne sera pas (lire aussi notre éditorial page 17). L’inculpation de M. Milosevic bouleverse les données de la crise du Kosovo Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie met en accusation cinq dirigeants serbes pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Moscou a réagit négativement à cette décision en soulignant qu’elle « compromet gravement les efforts diplomatiques » LE PROCUREUR du Tribunal in- inculpations « compromettent très rieurs hiérarchiques » non seule- vienne, par ces inculpations inopi- l’accord de Dayton, aucune force on n’a pas besoin de Slobodan Mi- ternational pour l’ex-Yougoslavie gravement les efforts diplomatiques ment pour les crimes qu’ils pour- nées, bouleverser la donne dans la policière ou militaire n’est manda- losevic. Les Russes ne l’enten- (TPIY), Louise Arbour, devait an- en cours ». raient ordonner, mais pour ceux partie diplomatique que l’on était tée internationalement pour aller daient cependant pas ainsi et n’en- noncer jeudi 27 mai en début En réalité, l’action du TPIY qu’ils n’auraient pas tenté de pré- en train de jouer parallèlement l’arrêter et le transférer à La Haye. visageaient jusqu’ici de voter une d’aprés-midi à La Haye, l’inculpa- prend tout le monde de court. venir ou qu’ils n’auraient pas sanc- aux opérations militaires. L’in- Sur le plan strictement juri- telle résolution que s’ils obte- tion pour crimes de guerre et « Tout le monde tombe des nues, les tionnés. culpation de Slobodan Milosevic dique, rien n’interdit de parler au naient préalablement l’accord de crimes contre l’humanité du pré- Américains comme nous », disait Certains Etats – comme la survient le jour même où l’émis- président yougoslave. L’accord de Milosevic. sident yougoslave, Slobodan Milo- mercredi un diplomate français. Il France – ont financé des missions saire russe Viktor Tchernomyrdine Dayton a stipulé, pour la Bosnie Comment le président yougo- sevic, du président de Serbie, Mi- soulignait le fait que Mme Arbour, d’ONG (Organisation non gouver- s’apprêtait à lui rendre visite à Bel- spécifiquement, qu’aucune per- slave réagira-t-il ? Ces dernières lan Milutinovic, ainsi que de trois comme c’est son droit, n’a consul- nementales) pour aller recueillir grade, pour tenter d’arracher son sonne inculpée par le TPIY ne pou- semaines, des rumeurs avaient cir- autres responsables yougoslaves. té aucun responsable politique auprès des réfugiés les témoi- consentement sur tout ce qui au- vait plus prétendre à une charge culé, selon lesquelles il aurait été L’acte d’accusation, d’une soixan- avant de signer, le week-end der- gnages pouvant aider le TPIY dans rait fait l’objet d’un accord entre élective ou une fonction publique ; prêt à souscrire aux exigences oc- taine de pages, ne retient pas le nier, l’acte d’accusation, et qu’elle ses enquêtes. Le Département Russes et Occidentaux. mais les statuts du TPIY ne pres- cidentales sur le Kosovo en génocide comme chef d’inculpa- ne s’est pas posé la question de d’Etat, à deux reprises depuis le L’inculpation de Slobodan Milo- crivent aucune semblable interdic- échange d’une garantie d’immuni- tion. l’opportunité du moment. Même début de la guerre, a publié des sevic n’aura pas d’implication poli- tion pour toute l’ex-Yougoslavie. té. Les alliés avaient exclu de se Dans l’attente de la confirma- si elle ouvre un certain nombre de L’affaire n’est dans l’immédiat prêter à ce jeu. Que ces rumeurs tion publique de ces inculpations questions sans réponses immé- que politique. Elle se résume en aient été fondées ou non, on a du par Mme Arbour, peu de respon- diates sur la gestion de la crise du L’Allemagne salue la décision du TPIY deux questions : peut-on se passer mal à imaginer à présent que Slo- sables politiques se sont risqués à Kosovo, il est probable qu’aucun de Slobodan Milosevic pour régler bodan Milosevic, après son in- des commentaires. Interrogée dirigeant occidental ne critiquera Le secrétaire d’Etat allemand aux affaires étrangères, Wolfgang le problème du Kosovo et quelle culpation par un Tribunal des Na- mercredi soir sur ce qui n’était en- publiquement cette manifestation Ischinger, a salué, jeudi 27 mai, l’inculpation du président de la Ré- sera la réaction des Serbes ? tions unies, donne jamais son core qu’une rumeur, la secrétaire d’indépendance du procureur. publique fédérale de Yougoslavie (RFY, Serbie et Monténégro), Slo- Slobodan Milosevic ne peut dé- consentement à aucun plan qui lui d’Etat américaine Madeleine Al- bodan Milosevic, par le Tribunal pénal international (TPIY) de La finitivement plus être un parte- sera présenté par la communauté bright s’est bornée à souhaiter que NOUVELLE DONNE DIPLOMATIQUE Haye, dans un entretien à la radio InfoRadio Berlin. Il s’agit toute- naire de négociation pour les Oc- internationale. Une sortie de crise le TPIY « poursuive son travail » Tous en effet l’encouragent de- fois d’une démarche exclusivement juridique, a-t-il estimé. cidentaux. Mais il n’était en fait par la voie d’un règlement accepté jusqu’à « sa conclusion judiciaire », puis plusieurs mois déjà (bien Ce n’est qu’en offrant une perspective au peuple serbe que l’Eu- déjà plus considéré comme tel par par Belgrade paraît aujourd’hui en rappelant que les Etats-Unis avant le début des frappes de rope peut « le persuader qu’il ne doit pas lier son avenir à celui de Mi- la plupart d’entre eux : les alliés peu probable. L’inculpation du ont « grandement soutenu » le l’OTAN) à instruire le dossier du losevic », a souligné le secrétaire d’Etat en précisant : « il y a d’autres faisaient valoir qu’ils n’avaient président de Serbie, Milan Miluti- TPIY. La tonalité était la même à Kosovo y compris jusqu’au som- Serbes, d’autres dirigeants politiques qui n’ont peut-être eu aucune oc- rien à négocier avec lui et que tout novic, exclut de surcroît de faire de Paris, où, dans l’attente d’une met des responsabilités. Depuis casion de montrer leurs capacités. » ce qu’ils en attendaient c’était qu’il ce dernier un partenaire de substi- confirmation officielle, on s’en te- deux mois, les pays membres de obtempère aux dispositions du rè- tution. nait à des déclarations de principe l’OTAN transmettaient au TPIY les glement pour le Kosovo qui lui se- L’autre interrogation porte sur sur la légitimité de Mme Arbour à informations utiles recueillies par rapports accusateurs sur le cière dans l’immédiat du moins. rait présenté dès qu’on se serait les réactions de la population mener en toute indépendance sa leurs militaires et leurs services de comportement des forces serbes Elle s’accompagne d’un mandat mis d’accord avec les Russes. Cer- serbe. Sera-t-elle tentée de faire mission et au rappel de la coopé- renseignements. On avait approu- au Kosovo. Bref, à l’inverse de ce d’arrêt envoyé par le TPIY aux tains diplomates font remarquer bloc autour de Milosevic contre la ration active de la France avec le vé la lettre que Mme Arbour avait qui s’était passé pour la Bosnie, Etats qu’il juge concernés ainsi que son inculpation ne l’empêche communauté internationale ? Ou Tribunal de La Haye sur le dossier adressée le 26 mars à douze diri- chacun a contribué sans réticences qu’à Interpol. On peut toutefois pas en théorie de servir encore à bien le tribunal pénal aura-t-il por- du Kosovo. La seule réaction ou- geants politiques et militaires you- à instruire de futurs actes d’ac- penser que le président yougo- cela. On souligne aussi à Paris que té jeudi le coup de grâce à un pré- vertement négative est venue d’un goslaves, pour leur rappeler qu’en cusation sur le Kosovo. slave n’aura pas l’envie de sortir de la démarche diplomatique en sident dont la popularité était déjà officiel russe, Sergueï Lavrov, le re- vertu des statuts du tribunal, ils se- Mais personne, pour autant, chez lui, ce qu’il ne faisait guère cours vise à parvenir à une résolu- devenue très incertaine ? présentant de Moscou à l’ONU, le- raient tenus pour individuellement n’avait prévu que le TPIY fasse d’ailleurs. Contrairement à ce qui tion contraignante du Conseil de quel estimait mercredi soir que ces responsables en tant que « supé- aussi rapidement diligence et se passe en Bosnie en vertu de sécurité de l’ONU, pour laquelle Claire Tréan Un Tribunal aux larges compétences qui emploie quatorze juges LE TRIBUNAL pénal international pour b Le crime de génocide est un acte ritoire qu’elle occupe ; déportation ou gravité comparable sont également inclus jour, 61 personnes ont été jugées, sont en l’ex-Yougoslavie (TPIY) qui a annoncé, jeu- commis dans l’intention de détruire, en transfert de populations à l’intérieur de ce dans cette catégorie ; de même que la per- cours de jugement, ou ont été officielle- di 27 mai, l’inculpation du président you- tout ou en partie, un groupe national, eth- territoire ; attaques délibérées contre des sécution de tout groupe ou de toute col- ment inculpées. Parmi elles, 30 courent goslave Slobodan Milosevic pour crimes de nique, racial ou religieux comme tel. bâtiments consacrés à la religion, à l’en- lectivité, inspirée par des motifs politique, toujours, dont les anciens chefs politique guerre et crimes contre l’humanité, a été b Les crimes de guerre sont les infrac- seignement, à l’art, à la science ou à l’ac- racial, national, ethnique, culturel, reli- et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan créé le 23 février 1993 en vertu d’une réso- tions aux Conventions de Genève du tion caritative, contre des monuments his- gieux ou sexiste. Les disparititions forcées, Karadzic et Ratko Mladic, ainsi que Zeljo lution du Conseil de sécurité des Nations 12 août 1949 (homicide intentionnel, tor- toriques. le crime d’apartheid sont également des Raznatovic, dit « Arkan », chef de la milice unies. Sa création entre dans le cadre d’un ture, destruction et appropriation de b Les crimes contre l’humanité sont crimes contre l’humanité. serbe des « Tigres », soupçonné de sévir chapitre de la Charte des Nations unies biens, prise d’otages), ainsi que les autres les actes perpétrés dans le cadre d’une at- b Le TPIY est présidé par une juge au Kosovo. consacré au maintien et au rétablissement violations graves des lois et coutumes ap- taque généralisée ou systématique dirigée américaine, Gabrielle Kirk McDonald. Le b Le Tribunal dispose d’une liste se- de la paix et de la sécurité internationales. plicables aux conflits armés internatio- contre une population civile, qu’il s’agisse procureur général en est, depuis 1996, la crète sur laquelle figure un nombre indé- Il a pour mission de « juger les personnes naux (attaques généralisées contre la po- de meurtre, d’extermination, de réduction juriste canadienne Louise Arbour. Il em- terminé de suspects dont les noms n’ont présumées responsables de violations graves pulation civile en général ou contre des en esclavage, de déportation ou de trans- ploie quatorze juges, répartis en trois pas été rendus publics afin de faciliter leur du droit humanitaire international commises civils, des organisations humanitaires ; at- fert forcé de population, d’emprisonne- chambres de première instance de trois arrestation. Ne disposant pas de forces de sur le territoire de l’ex-Yougoslavie depuis taques ou bombardements d’aggloméra- ment ou d’autre forme de privation de li- juges chacune et d’une chambre d’appel police, le Tribunal compte sur la seule coo- 1991 ». Le tribunal a compétence pour les tions civiles non défendues et qui ne sont berté physique ; la torture, le viol, comprenant cinq juges. pération des Etats signataires des accords crimes de génocide – dont M. Milosevic pas des objectifs militaires ; transfert di- l’esclavage sexuel, la prostitution forcée, la b Depuis sa création, il a rendu huit de paix de Dayton et sur la force multi- n’est pas accusé – les crimes de guerre et rect ou indirect par la puissance occupante grossesse forcée, la stérilisation forcée et verdicts, dont un acquittement. Six des nationale de l’OTAN pour obtenir l’arreta- les crimes contre l’humanité. d’une partie de la population civile du ter- d’autres formes de violence sexuelle de sept restant font l’objet d’appels. A ce tion des criminels de guerre. Louise Arbour, un procureur déterminé Une décision « contre-productive » LA HAYE tant que les actes d’accusation s’ac- est pressentie pour ce poste à hautes nir toute personne susceptible de de notre correspondant cumulaient sans que la prison du responsabilités, Louise Arbour n’hé- collaborer avec celui qui aurait repris Depuis sa prise de fonction en Tribunal se remplisse, le nouveau site pas une seconde : « C’était trop ses activités sanglantes au Kosovo selon Moscou et Belgrade tant que procureur en chef du Tribu- procureur a donc opté pour la confi- beau pour être vrai, le plus grand défi qu’elle est susceptible un jour d’être L’INCULPATION du président siste « héroïquement à l’agression » nal pénal international pour l’ex- dentialité. Les actes d’accusation qui pouvait m’être proposé », a-t-elle aussi inculpée. A ceux qui s’étonnent yougoslave Slobodan Milosevic de l’OTAN. Selon M. Ivanovic, sont désormais secrets : la liste des commenté un jour. Les récents déve- alors du changement de stratégie, par le Tribunal pénal international cette décision du TPIY « en fait un PORTRAIT noms et photos des inculpés qui dé- loppements prouvent que le pro- elle rappelle ce qu’elle déclarait pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) « se- complice de l’agression de Cette juriste canadienne corent les murs des postes de cureur est à la hauteur du mandat en août 1997 : « Il ne s’agit pas d’un rait totalement contre-productive », l’OTAN ». contrôle de la SFOR en Bosnie ne qui lui a été confié par l’ONU. principe intangible. Il peut y avoir des a affirmé mercredi, Sergueï La- L’inculpation pour crimes de n’a qu’une obsession : s’allonge plus. cas où la publicité donne l’effet inverse vrov, le représentant de la Russie à guerre du président Slobodan Mi- obtenir Impulsive Louise Arbour ? En jan- COUP DE THÉÂTRE de celui recherché. » l’ONU. losevic va compliquer les efforts des arrestations vier dernier, il ne lui faut que quel- Alliée à la perception de plus en La publication de l’acte d’accusa- Si cela était confirmé, « cela se- en cours pour parvenir à un règle- ques heures pour décider de tenter plus forte de la communauté inter- tion contre Slobodan Milosevic et rait totalement contre-productif du ment du conflit au Kosovo mais ne de forcer la porte du Kosovo, après nationale que la vraie paix ne sera une brochette de collaborateurs ci- point de vue du processus de paix », devrait pas empêcher l’OTAN de Yougoslavie (TPIY), le 1er octo- la découverte d’un charnier à Raçak. atteinte qu’une fois justice faite, la vils et militaires s’inscrit dans ce a-t-il déclaré en ajoutant que « ce- tenter de le faire, ont pour leur bre 1997, Louise Arbour a plusieurs Irritante Louise Arbour ? Nombre de stratégie de Louise Arbour fonc- cadre, affirmait-on jeudi matin dans la affaiblirait très gravement les ef- part estimé, mercredi, des respon- préoccupations, mais une seule et politiciens français ne sont pas loin tionne, comme en témoignent les 25 l’entourage de Louise Arbour. Le forts politiques » en vue de trouver sables américains. unique obsession : obtenir des arres- de le penser, au souvenir des accusa- détenus de la prison. Les troupes procureur a officiellement fait de une issue diplomatique à la tations. Voilà pourquoi la juriste ca- tions lancées autrefois par le pro- britanniques, américaines, néerlan- Slobodan Milosevic, au minimum, guerre. Le représentant russe a af- LE PRÉCÉDENT DE 1995 nadienne a tout de suite rompu avec cureur contre les autorités fran- daises et françaises « cueillent » des un prisonnier dans son propre pays. firmé que cette inculpation devait Le porte-parole du département la stratégie de son prédécesseur, Ri- çaises. A l’époque, la France traîne accusés chez eux ou dans des lieux Mais ce type d’argument était déjà « certainement être sérieusement d’Etat, James Rubin, a rappelé le chard Goldstone. Ce dernier devait les pieds pour collaborer avec le publics. Le « coup » le plus éclatant appliqué à Radovan Karadzic et à examinée à Moscou ». précédent historique de la Bosnie- gagner la crédibilité pour l’institu- TPIY. Après avoir tenté de débloquer en la matière est l’arrestation, le Ratko Mladic, inculpés à deux re- Sergueï Lavrov a ajouté que, en Herzégovine, où l’émissaire amé- tion née le 25 mai 1993, en entou- la situation en coulisse, Mme Arbour 2 décembre du général serbe Radis- prises en 1995 de génocide, pour le l’inculpant, « on répéterait la ricain Richard Holbrooke avait rant chacun de ses actes du maxi- débarque à Paris et prend la presse à lav Krstic, bras droit du général Mla- siège de Sarajevo et les massacres de même erreur que dans le cas de rencontré en 1995 les dirigeants mum de publicité. Chaque témoin. Plusieurs mois plus tard, dic, responsable du massacre en Srebrenica. Or, le TPIY attend tou- l’Irak : (...)on demande à quelqu’un serbes bosniaques Radovan Ka- publication d’acte d’accusation, Hubert Védrine, de passage à La quelques jours de 10 000 musulmans jours leur arrestation, qui, il faut le d’appliquer les résolutions tout en radzic et Ratko Mladic, alors in- chaque nom d’un suspect de crime Haye, annonce que les militaires de Srebrenica. rappeler, n’est pas de son ressort, ne le considérant pas comme un culpés pour génocide, crimes de guerre permettait d’enraciner la français témoigneront, sous condi- Fin mars, coup de théâtre : Louise mais dépend de la volonté politique partenaire dans les négociations ». contre l’humanité et crimes de juridiction sur la scène internatio- tions, devant la juridiction. Arbour annonce l’inculpation du mi- et militaire de la communauté inter- Cette inculpation est « poli- guerre. nale. Lorsqu’elle succède à Richard licien serbe Arkan. Son acte d’ac- nationale. La stratégie est sans doute tique », a estimé mercredi le repré- La secrétaire d’Etat américaine, Mais une stratégie doit coller à Goldstone, Louise Arbour n’est pas cusation a été confirmé fin sep- périlleuse. En inculpant Slobodan sentant de la République fédérale Madeleine Albright, a toutefois in- son époque. « Au bout d’un certain précédée d’une grande réputation tembre 1997. Le procureur est Milosevic, Louise Arbour ne fait que de Yougoslavie (RFY) à l’ONU, au sisté, en termes vagues, sur le be- temps, l’indignation a atteint son internationale. Son prédecesseur a conscient que le chef de guerre a remplir à la lettre le mandat que lui a cours d’un entretien à la télévision soin d’avoir un interlocuteur cré- maximum sans que cela porte ses mené les commissions d’enquête sur peu de risques d’être arrêté tant qu’il confié l’ONU : poursuivre les indivi- britannique BBC. Le représentant dible à Belgrade : « Nous avons fruits. Doubler le nombre d’accusa- les crimes de l’apartheid dans son ne sort pas de cette Yougoslavie qui dus responsables de violations sé- de Belgrade aux Nations unies, besoin de poursuivre sur la voie di- tions publiques n’allait pas nécessaire- pays, l’Afrique du Sud. La lutte de refuse de collaborer avec le TPIY, en rieuses du droit humanitaire sur le Vladislav Ivanovic, a affirmé de plomatique et nous avons besoin de ment transformer la donne », estimait Mme Arbour pour la cause des contradiction avec ses engagements territoire de l’ex-Yougoslavie. New York que le Tribunal s’était parler aux gens qui ont un rôle à Louise Arbour dans Le Monde un an femmes et les libertés civiles n’est internationaux. Louise Arbour justi- « compromis en diabolisant le pré- jouer du côté serbe », a-t-elle indi- après sa prise de fonction. Consta- connue que du « sérail ». Lorsqu’elle fie son acte par la volonté de préve- Alain Franco sident d’un pays souverain » qui ré- qué. – (AFP, Reuters.) LeMonde Job: WMQ2805--0003-0 WAS LMQ2805-3 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0431 Lcp: 700 CMYK

L’OTAN CONTRE LA SERBIE LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 / 3

Belgrade parvient toujours à recevoir du pétrole

HONGRIE MOLDAVIE HONGRIE UKRAINE SLOVÉNIE L’OTAN maintient sa stratégie et se félicite ZAGREB VVOÏVODINEOÏVODINE CROATIECROATIE ROUMANIE Odessa Rijeka Novi Sad Réni PPancevoancevo BOSNIE du « succès croissant » de ses opérations BELGRADE D a n BUCAREST SARAJEVO RFY ub e Constantsa SERBIE Mer L’action de l’Alliance a atteint dans la nuit de mardi à mercredi, avec 741 sorties aériennes Adriatique MONTENEGRMONTÉNÉGROO Danube Varna Pristina SOFIA Bar KKOSOVOOSOVO sur la Serbie et le Kosovo, un niveau record depuis le début des frappes, le 24 mars BULGARIE TIRTIRANAANASKOPJE Mer Noire BRUXELLES nal. Au beau milieu des contro- ce record sera sans doute rapide- ITALIE MACÉDOINE de notre envoyé spécial verses sur le bien-fondé de sa ment battu », a déclaré le porte- L’armée de l’air américaine ALBANIE GRÈCE TURQUIE Dans les milieux diplomatiques stratégie aérienne tous azimuts, parole civil de l’OTAN, Jamie de l’OTAN, on estimait jeudi l’Alliance atlantique paraissait Shea, qui a insisté à plusieurs re- 100 km 27 mai, que l’inculpation de Slo- d’autre part fière de dire, mercre- prises, lors de son point de mobilise ses retraités bodan Milosevic par le Tribunal di, qu’elle avait atteint, au cours presse, sur « les succès croissants L’armée de l’air américaine a TERMINAL PÉTROLIER RAFFINERIE CHAMPS DE PÉTROLE pénal international pour l’ex-You- de la nuit précédente, « un nou- de l’opération aérienne, qui est ordonné un « gel » des départs goslavie (TPIY) ne devrait pas gê- veau record » dans l’opération l’une des plus précises de l’His- en retraite de ses pilotes et Pratiquement stoppé en mer Adriatique, l’approvisionnement en pétrole et ner à terme les négociations et lancée le 24 mars contre la You- toire », en signalant implicitement autres spécialistes qualifiés carburants de la Yougoslavie via le Danube semble se poursuivre malgré les médiations sur la situation au Ko- goslavie, date du début de la que les objectifs des raids étaient jusqu’à nouvel avis, pour la difficultés de navigation consécutives à la destruction des ponts. Selon les in- sovo. On souligne également que guerre : 741 sorties d’avions (sur uniquement militaires et que les première fois depuis la guerre formations recueillies par les services de renseignement alliés, des cargaisons le TPIY est une instance totale- un total de quelque 28 500), dont bavures enregistrées étaient – en du Golfe en 1991, a annoncé, ment indépendante et que la stra- 284 missions spécifiques et 74 proportion – minimes. mercredi 26 mai, le Pentagone. de pétrole, probablement d'origine russe, appareillent des ports ukrainiens sur la mer Noire et remontent le Danube pour approvisionner Belgrade. tégie de l’Alliance ne sera pas mo- bombardements de cibles liés au Ce succès « croissant » des L’ordre prendra effet le 15 juin. Les membres de l'OTAN sont parvenus, mercredi 26 mai, à un accord pour difiée pour autant. système de défense antiaérienne frappes a été affirmé, dans la Il concerne 120 000 personnes, lancer une opération de contrôle naval destinée à empêcher l'entrée en You- Selon certains diplomates, il yougoslave, tant en Serbie qu’au journée de mercredi, par le soit 40 % du personnel actif, des goslavie par la mer Adriatique d'armements et de pétrole. Ce contrôle s'ef- faudra peut-être désormais – en Kosovo. commandant suprême des forces réservistes de l’armée de l’air et fectuera sur une simple « base volontaire », sans caractère contraignant. Une raison de la décision du TPIY – alliées en Europe, le général amé- de la garde nationale aérienne. mission contraignante aurait nécessité au préalable une résolution de l'ONU. tenter de trouver un autre inter- CIEL BLEU ricain Wesley Clark, devant le Dans l’immédiat, quelque Mercredi, des responsables de l'OTAN estimaient que le dispositif visant à locuteur à Belgrade : une tâche « Les conditions météorologiques Conseil atlantique. 6 000 membres de l’US Air assécher les importations pétrolières via le port monténégrin de Bar, sur qui s’annonce difficile puisque le nous ont été favorables et les prévi- Les cibles, au cours de ces Force, dont environ 600 pilotes, l'Adriatique, était « relativement efficace ». président de Serbie, Milan Miluti- sions pour les jours à venir nous in- vingt-quatre heures « records », qui avaient l’intention de quit- En revanche, aucune mesure n'existe pour limiter l'approvisionnement via la novic, qui aurait pu tenir ce rôle, a diquent du ciel bleu au-dessus de ont été, selon le porte-parole mi- ter l’armée, vont devoir rester. mer Noire et le Danube. Selon un porte-parole de l'OTAN, l'Alliance ne dispo- lui aussi été inculpé par le Tribu- la Yougoslavie, ce qui signifie que litaire de l’OTAN, le général Jerz, En dehors des nécessités liées se d'aucun plan pour intercepter les navires dans ce secteur. tant en Serbie qu’au Kosovo, aux bombardements en Yougo- principalement des postes de slavie et en Irak, l’armée de commandement, des centres de l’air américaine souffre d’une transmission, des dépôts de mu- hémorragie de pilotes, embau- Ibrahim Rugova a été ovationné en Macédoine nitions, un tunnel ferroviaire chés par des compagnies aé- proche de Pristina qui servait de- riennes. Quelque 3 600 SKOPJE s’est rendu dans le camp de Braz- Macédoniens albanophones, ainsi l’Armée de libération du Kosovo, puis quelques semaines à l’ache- membres de la garde nationale de notre envoyé spécial da, au sud de Skopje, où il a été ac- que des membres de la Ligue dé- Hashim Thaci, pourrait aussi être minement des troupes, ainsi que aérienne et réservistes de l’ar- Osman Faslia se souviendra cueilli aux cris de « Rugova ! Rugo- mocratique du Kosovo (LDK), reçu jeudi à Paris par le chef de la des positions d’artillerie serbe, mée de l’air ont déjà été rappe- longtemps de ce mercredi 26 mai. va ! ». Il a ensuite pris la direction dont il a été un des fondateurs. diplomatie française. Dès lors, une notamment à la frontière avec lés pour, notamment, servir à Ce réfugié de quarante-cinq ans a d’un autre camp, celui de Blace, à « Nous avons eu un contact très possible rencontre entre M. Rugo- l’Albanie. bord des avions de ravitaille- pu réaliser son « rêve » : embras- la frontière avec le Kosovo. Une émouvant ; mes interlocuteurs va et M. Thaci ne peut pas être ment en vol. – (AFP.) ser Ibrahim Rugova, le dirigeant frontière qui, après l’afflux de ré- étaient très émus, parce que je suis écartée. « Ce serait retrouver l’es- MISSILES SAM modéré des Albanais du Kosovo. fugiés enregistré ces derniers vivant et que je suis sorti de la situa- prit de Rambouillet », expliquait A ses yeux, le potentiel militaire « Quand le président m’a pris dans jours, était totalement vide. «Je tion dans laquelle je me trouvais à l’ambassadeur de France. serbe a été affaibli puisque les d’amener le pouvoir de Belgrade, ses bras, c’est comme si j’avais em- suis venu ici pour voir mon peuple ; Pristina », a-t-il déclaré à sa sortie. Même si rendez-vous est pris, il avions de l’OTAN n’ont pas eu à par les moyens militaires, à ac- brassé mes enfants, que je n’ai pas l’action de l’OTAN est une œuvre de Les rencontres se sont ensuite en- faudra beaucoup plus qu’une ren- essuyer de tirs de la DCA adverse. cepter un accord politique et à as- vus depuis deux mois », expliquait paix et non de guerre. Les réfugiés chaînées : Christopher Hill, l’am- contre pour que les deux hommes Douze missiles SAM de fabrica- surer le retour dans leurs foyers cet habitant de Pristina, sans nou- veulent rentrer chez eux, moi aus- bassadeur américain, Kiro Gligo- puissent concilier leurs positions. tion russe ont été tirés contre des des réfugiés kosovars aujourd’hui velle de sa famille depuis le début si!», a lancé Ibrahim Rugova, qui rov, le président macédonien, En plus d’une querelle de leaders- appareils alliés, mais ceux-ci ont dispersés par centaines de milliers de son exil. « C’est notre président ; a pu serrer quelques mains, cares- Mike Jackson, le général britan- hip – chacun s’estime désormais regagné leurs bases sans pro- en Macédoine et en Albanie et de il lutte pour nous depuis dix ans et ser la tête de plusieurs enfants et nique commandant de l’OTAN en investi du rôle de dirigeant des Al- blèmes, contrairement aux alléga- faire preuve, parmi les Occiden- nous sommes si contents de savoir embrasser Osman Faslia. Il a aussi Macédoine. banais du Kosovo –, Ibrahim Ru- tions de la propagande de Bel- taux, de fermeté et d’unité. qu’il est en vie », ont affirmé les tenté de rassurer une vieille gova et Hashim Thaci divergent grade qui, dans ses derniers « Nous connaissons parfaitement centaines de réfugiés qui ont pu femme qui lui disait : « Ne permet- LUTTE DE POUVOIR radicalement sur les moyens de bilans, affirme que « 75 avions en- Milosevic », a affirmé Jamie Shea. voir, dans une superbe cohue, le tez pas que l’on nous emmène trop L’ambassadeur de France à Pris- parvenir à l’indépendance. Le nemis ont été abattus » depuis le « Depuis les guerres de Croatie et leader indépendantiste lors de sa loin d’ici ! » tina, Jacques Huntzinger, qui a jeune chef de guerre croit avant début des hostilités. de Bosnie, a-t-il poursuivi, c’est un première visite en Macédoine de- Après ces rapides bains de foule, rencontré rapidement Ibrahim Ru- tout à la lutte armée et ne veut en L’Alliance reconnaît cependant maître de la négociation, il peut puis le début du conflit. qui l’ont rassuré sur sa popularité, gova à deux reprises, a confirmé aucun cas négocier avec Belgrade, que « la DCA adverse demeure ac- discuter pendant seize heures de Annoncé depuis plus d’une se- le dirigeant kosovar est passé à la que ce dernier, « un des principaux alors que son aîné estime encore tive », ce qui semble lui poser des suite sans interruption, j’en ai été maine, puis reporté de jour en partie « diplomatique » de sa vi- acteurs du jeu politique au Koso- possible une voie plus pacifique et problèmes. témoin. Il est maître dans l’art d’ex- jour, ce voyage a été mené au pas site. Il a d’abord rencontré Abdu- vo », devait se rendre jeudi à Paris veut toujours garder les fils de la Jamie Shea a déclaré que, pour ploiter les faiblesses ou les débuts de charge. Dès son arrivée, en fin rahman Aliti, le président du Parti pour rencontrer Hubert Védrine. discussion avec les Serbes. l’organisation qu’il représente, d’hésitation de son adversaire. de matinée, Ibrahim Rugova, son démocratique albanais (PDA), for- Le diplomate français a aussi révé- La violente opposition du Parti une victoire militaire n’était pas C’est la raison pour laquelle nous éternelle écharpe autour du cou, mation modérée représentant les lé que le chef politique de l’UCK, pour la prospérité démocratique l’objectif majeur. « Si, demain, devons poursuivre notre action. Si albanaise (PPDA), la plus radicale Slobodan Milosevic appelle au télé- nous l’interrompons, le président des formations politiques repré- phone pour dire qu’il signe les cinq yougoslave interprétera cela sentant les Albanais de Macé- conditions posées par la commu- comme un signe de faiblesse et il doine, à la visite de M. Rugova à nauté internationale pour un règle- posera ensuite ses propres condi- Les réfugiés de la Drenica fidèles au « président des Kosovars » Skopje, a bien montré l’exacerba- ment politique du conflit, nous ar- tions à un règlement ». ROZAJE (Monténégro) lages différents approuvent énergi- sistance armée, il sait gré à Rugova tion de la lutte de pouvoir entre les rêtons immédiatement ». de notre envoyée spéciale quement. Est-ce la peur de paraître d’avoir « réussi à empêcher l’assimi- différentes composantes du mou- L’essentiel, à ses yeux, est Alain Debove La région de la Drenica, à l’ouest liés à ceux qui, au Monténégro, lation des Kosovars, qui aurait eu vement albanais. Ce parti a réper- de Pristina, où éclata, fin 1997, la sont recherchés comme « terro- lieu, sans lui, ces dix dernières an- cuté en effet les exigences d’Has- rébellion de l’Armée de libération ristes » par l’armée yougoslave dé- nées ». Même si, à son avis, le pas- him Thaci et de l’UCK qui ont M. Tchernomyrdine maintient sa visite à Belgrade du Kosovo, reste considérée, à l’ex- ployée dans les parages, dont les sage à la résistance armée était de- « prié » à plusieurs reprises M. Ru- térieur, comme un « bastion » de agents sont supposés avoir infiltré venu « inévitable ». gova de venir s’expliquer à Tirana Viktor Tchernomyrdine, l’émissaire russe pour le conflit des Balkans, l’UCK. Les armées serbes y ont les camps ? « C’est plutôt à cause de Les réfugiés interrogés insistent sur sa conduite jugée trop modé- devait se rendre, jeudi 27 mai, à Belgrade comme il l’avait prévu avant concentré, à la mi-mai, répression tout ce que les réfugiés ont subi ces aussi sur la nécessité pour les Ko- rée à l’égard de Belgrade. Tout au l’annonce de la prochaine inculpation de Slobodan Milosevic pour et destructions. Pourtant, plusieurs mois-ci», estime Xhemal, pourtant sovars de « rester unis » et se long de sa visite à Skopje, Ibrahim crimes de guerre, a annoncé son collaborateur Anatoli Gotilov. Viktor groupes de Kosovars issus de cette sympathisant de l’UCK. Il ne gardent d’exprimer toute critique Rugova n’a pas cessé de répéter Tchernomyrdine rendra compte au président yougoslave de ses entre- région et réfugiés à Rozaje, au conteste pas la popularité intacte envers l’UCK. Celle-ci maintient qu’il restait le président des Alba- tiens de mercredi avec l’émissaire européen Martti Ahtisaari et le secré- Monténégro, n’hésitent pas un ins- d’Ibrahim Rugova parmi les réfu- une présence clandestine dans les nais du Kosovo, qui l’ont élu en taire d’Etat adjoint américain, Strobe Talbott. Les trois hommes se ren- tant, en réponse à la question « Qui giés de Rozaje. Cet étudiant de camps de réfugiés du Monténégro. 1990 lors d’un scrutin organisé contraient pour la troisième fois afin de tenter d’avancer vers un soutenez-vous : Ibrahim Rugova ou Pristina, devenu interprète auprès Elle a notamment organisé le dans la clandestinité. Pour lui, Il règlement. Le secrétaire adjoint américain a pour sa part qualifié ses en- l’UCK ? », à proclamer leur fidélité des ONG locales, précise que « Ru- transfert de ses hommes qui ont n’est donc pas question de se plier tretiens de satisfaisants, et a souligné qu’ils se poursuivraient jeudi. au « président élu des Kosovars ». gova est pour la paix, et les réfugiés fui les avancées serbes au Kosovo à une quelconque exigence de M. Talbott avait rencontré, peu de temps auparavant, le ministre russe « Toute la Drenica est derrière sont pour tout ce qui peut symboliser vers les camps qu’elle contrôle en l’UCK, qu’il considère comme une des affaires étrangères, Igor Ivanov. Après ces entretiens, M. Ivanov, qui Rugova », assure Gani, un paysan un espoir de paix ». De même que Albanie. force politique parmi d’autres. a écarté l’hypothèse d’une partition de la province, s’est rendu à Stock- réfugié avec sa famille. Autour de son ami Ismaïl, lui aussi jeune in- holm pour des discussions avec le secrétaire général de l’ONU, Kofi lui, des hommes rescapés de vil- tellectuel tenté par les idées de ré- S. Sh. José-Alain Fralon Annan. – (AFP.)

Retransmissions coupées par Eutelsat UNE PARTIE de la Serbie est désormais privée slavie en Belgique à la veille de l’interruption des des émissions de la télévision d’Etat serbe (RTS) car émissions. l’organisation européenne de télécommunications Lors de ses dernières retransmissions, la télévi- par satellite Eutelsat a coupé ses retransmissions sion serbe avait comme d’habitude, donné lecture mercredi 26 mai. Depuis cette coupure, intervenue des réactions des responsables politiques et des mé- en début de soirée mercredi, après décision du dias dans le monde, visant à prouver que la cause comité directeur d’Eutelsat, les programmes de la serbe est soutenue. Dans un message, le Parti socia- RTS ne sont plus retransmis en Europe et dans une liste de Serbie – dirigé par Slobodan Milosevic – a grande partie du monde. rappelé que le pays résistait avec succès. « En dépit Selon l’agence officielle yougoslave Tanjug, des de deux mois de bombardement-génocide, l’ennemi techniciens de la RTS s’emploieraient à rétablir la n’a pas atteint ses objectifs, ni n’a brisé le patriotisme retransmission de ses programmes en Serbie et ses et la volonté du peuple de défendre la totalité du trois principaux journaux télévisés devraient être pays », a constaté un comité local de ce parti. Ces désormais retransmis par Radio Belgrade. Depuis la déclarations sont intervenues après l’apparition de destruction par l’aviation de l’OTAN, le 23 avril, des rumeurs persistantes parmi la population sur la te- studios de la RTS dans le centre de Belgrade, puis nue de manifestations contre la guerre et de mou- de celle de dizaines de relais, cette télévision avait vements de désertion dans le sud de la Serbie. De de grosses difficultés pour émettre. ces rumeurs, la télévision n’a évidemment pas parlé. Après l’installation de studios de fortune, elle La RTS s’est félicitée d’avoir « informé, à temps, émettait dernièrement assez correctement, sur des de façon la plus complète et véridique ». Outre l’ob- canaux qui ne sont pas les siens en temps normal. jectivité, son information se distingue, selon elle, La télévision serbe est « un des actionnaires de Eutel- par sa qualité : « La télévision serbe et Tanjug sat » et « l’adoption d’une telle mesure serait en op- [agence de presse officielle] sont les médias yougo- position directe avec les principes de l’actionnariat et slaves les plus repris par les médias électroniques eu- les droits fondamentaux de l’homme au nombre des- ropéens au cours de ces deux derniers mois ». quels figure la liberté de l’information », avait protes- té, sur la chaîne serbe, l’ambassadeur de Yougo- Hector Forest LeMonde Job: WMQ2805--0004-0 WAS LMQ2805-4 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0432 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 INTERNATIONAL Israël s’apprêterait à évacuer Le procès du leader kurde Abdullah Öcalan pourrait être reporté l’enclave de Jezzine, au Liban sud ANKARA. Le premier ministre turc, Bülent Ecevit, a évoqué mercredi 26 mai un possible report du procès du chef rebelle kurde, Abdullah Öcalan, qui doit s’ouvrir lundi 31 mai. « Nous envisageons de modifier la Constitution en vue de remplacer le juge militaire par un magistrat ci- Ce retrait pourrait être le prélude à un repli total de Tsahal vil » dans les Cours de sûreté de l’Etat (DGM) devant l’une desquelles Abdullah Öcalan doit comparaître, a précisé M. Ecevit au quotidien L’armée israélienne a donné en principe son de la ville de Jezzine, située dans le prolonge- militaires de l’Etat hébreu. A Jezzine même, Milliyet. D’autre part, un avocat d’Öcalan, Ercan Kanar, a déclaré que feu vert à sa milice auxiliaire libanaise, l’Ar- ment de la zone occupée par Israël au Liban aucun préparatif d’un tel retrait n’était tou- l’équipe de défenseurs renouvellerait sa demande d’un report du pro- mée du Liban sud (ALS) pour qu’elle se retire sud, ont indiqué, jeudi 27 mai, des sources tefois perceptible. cès jusqu’à ce qu’un amendement constitutionnel soit adopté sur les DGM. JÉRUSALEM routh, est prêt à combler tout vide d’interdire à la milice chiite du naires libanais ont subi le même La DGM est une institution controversée, en raison de la présence de notre correspondant et a gardé une caserne de l’armée à Hezbollah toute action hostile à sort. Même si les pertes israé- d’un juge militaire siégeant aux côtés de deux juges civils. La Cour eu- La nouvelle était évoquée de- Jezzine. » partir des territoires évacués. liennes demeurent à peu près ropéenne des droits de l’homme a estimé l’an dernier que la DGM ne puis plusieurs jours, mais sa mise Selon la presse et la radio liba- Ce sont ces préalables qui pour- constantes d’une année sur l’autre pouvait être considérée comme entièrement indépendante et impar- en application paraît devoir aller naises, les familles des soldats de raient être en train de voler en (de 25 à 30 morts) les « incidents » tiale en raison de la présence du juge militaire. – (AFP.) plus vite que prévu : Israël est en l’ALS auraient déjà quitté la ré- éclat, sous la pression d’une situa- qui opposent les forces israé- passe d’amorcer son retrait du Li- gion pour se réfugier plus au sud, tion militaire de moins en moins liennes aux milices du Hezbollah ban sud. Pour le moment, seule dans la zone toujours sous oc- maîtrisée et d’une opinion pu- sont en constante augmentation. L’ONU « préoccupée » par le sort l’enclave chrétienne de Jezzine, cupation israélienne. Quelques blique de plus en plus sceptique En 1998, ils ont atteint le nombre contrôlée par quelque centaines de soldats israéliens, ai- sur le bien-fondé de la présence de 1 200, soit le double de l’année 175 hommes de l’Armée du Liban dés de deux mille cinq cents mer- de Tsahal au Liban. Le 25 mai, le précédente. de 1,6 million de déplacés en Angola sud (ALS), force mercenaire aux cenaires, sous les ordres du géné- chef d’état-major de l’armée israé- Le retrait de Jezzine, où l’ALS ordres d’Israël, paraît concernée. ral libanais, Antoine Lahad, y sont lienne, le général Shaoul Mofaz, est constamment harcelée, NEW YORK (Nations unies). Le Conseil de sécurité de l’ONU a réité- Mais, compte tenu de la nouvelle stationnés. avait affirmé que le retrait des sol- souvent mortellement par le Hez- ré, mercredi 26 mai, « sa profonde préoccupation » devant « le nombre situation politique qui prévaut en dats israéliens relevait désormais bollah, sera perçu comme un test toujours croissant » de personnes déplacées par la guerre civile en An- Israël, le mouvement pourrait « L’INTÉRÊT NATIONAL » de « l’intérêt national d’Israël », avant d’autres mouvements iden- gola. Un porte-parole de l’ONU a indiqué que les 300 000 personnes bientôt s’étendre à d’autres par- Au cours de sa campagne élec- même s’il estimait qu’un tel mou- tiques. La réaction des milices déplacées depuis la reprise des combats en novembre 1998 portait le ties de la zone tampon de 850 km2 torale, Ehoud Barak s’est engagé à vement favoriserait le Hezbollah. hezbollahies, mais également de total des déplacés à 1,6 million. occupée depuis 1985 par l’Etat juif. quitter le Liban dans les douze Quelques jours auparavant, lors Damas dont elles dépendent par- Les quinze membres du Conseil se sont aussi dit préoccupés par «la Mercredi 26 mai, le quotidien mois qui suivraient son élection. d’une rencontre avec le général tiellement, sera particulièrement déterioration continue de la situation humanitaire » en raison des Haaretz avait fait état de contacts Avant lui, à plusieurs reprises, et Mofaz, des officiers supérieurs observée en Israël. Selon des combats entre le mouvement rebelle de l’Unita (Union nationale pour indirects noués entre Israël et le sous diverses conditions, le gou- servant au Liban, dont deux colo- sources citées jeudi 27 mai par la l’indépendance totale de l’Angola) et les forces gouvernementales. Le Liban à propos d’un retrait im- vernement de M. Nétanyahou en nels, avaient préconisé un « retrait presse israélienne, la Syrie, qui, président du Conseil, Denis Dangue Rewaka du Gabon, a fait part de minent de Jezzine. Beyrouth avait avait évoqué la possibilité. Soute- immédiat », estimant que l’armée depuis l’élection d’Ehoud Barak, « l’indignation » du Conseil devant les récentes attaques du mouve- démenti l’information. Mais le nus par Itzhak Mordehaï, le mi- n’avait aucune possibilité de l’em- appelle avec insistance à la reprise ment dirigé par Jonas Savimbi « contre la population civile, les travail- premier ministre libanais, Sélim nistre de la défense de l’époque, porter sur le terrain face à la gué- des négociations de paix, serait leurs humanitaires et des avions civils ». – (AFP.) Hoss, avait indiqué quelques jours les plus hauts chefs de l’armée is- rilla. peu intéressée par un retrait israé- plus tôt, qu’en cas de retrait israé- raélienne s’étaient quant à eux dé- Huit militaires israéliens, dont lien unilatéral du Liban qu’elle ne lien son gouvernement prendrait clarés opposés à un retrait qui ne un général, ont été tués depuis le pourrait négocier à son avantage. Le FMI critique le « modèle suédois » « en son temps les mesures adé- soit pas accompagné de garanties début de l’année au Liban sud. Un quates ». « L’Etat, disait-on à Bey- syriennes et libanaises permettant nombre indéterminé de merce- Georges Marion STOCKHOLM. Le « modèle suédois », déjà passablement écorné par les évolutions de l’économie mondiale, a été mis à mal une nouvelle fois mercredi 26 mai par le Fonds monétaire international (FMI) qui a recommandé au royaume une « intensification » de ses changements structurels. Ces changements sont « seuls à même de répondre avec Six mois de prison pour avoir « écouté » le roi d’Espagne souplesse à l’évolution en cours en Europe et dans l’économie globale », MADRID qui se sont contentés d’obéir sont condamnés particulier au scandale.L’énigmatique « Mon- a estimé le Fonds dans un rapport de mission réalisé dans le cadre des de notre correspondante à quatre mois de réclusion. sieur K » collectionnait-il ces fragments enre- enquêtes qu’il effectue annuellement auprès de ses membres. Les Espagnols ne lésinent pas avec les abus De quoi s’agissait-il au juste ? D’une opéra- gistrés de vie privée pour se protéger en cas de Dans ce rapport, le FMI regrette que les « rigidités » du marché du de leurs dirigeants. Après la condamnation, tion d’écoutes « sauvages », pratiquée pour revers de fortune ? Ce n’est pas exclu, car en travail viennent contrarier les « remarquables efforts de transforma- l’été 1998, à dix ans de prison, de l’ancien mi- ainsi dire à l’aveuglette sur des téléphones por- réalité, Juan Alberto Perote semble avoir eu tion » consentis au cours des dernières années. Les distorsions les plus nistre de l’intérieur socialiste, José Barrionue- tables, au nom de la sécurité de l’Etat, et dans peu de scrupules avec les archives secrètes. Dé- graves sont causées par la fiscalité et par le mécanisme de fixation des vo, et de son adjoint à la sécurité, Rafael Vera, le but de rechercher des indices pour lutter jà en 1991 il avait subtilisé, pour les recopier, salaires, selon le Fonds. Le fardeau fiscal sert à financer un système tenus pour responsables de la « sale guerre » contre le terrorisme et le trafic de drogue. Les quelque 1 200 fiches du Cesid. Un vol « par « dispendieux » d’assurance-chômage compensant « trop généreuse- menée par les Groupes antiterroristes de libé- enregistrements étant, ensuite, systématique- inadvertance », dira-t-il, lorsqu’une copie de ment » les pertes de salaires et n’incitant pas les chômeurs à chercher ration (GAL), contre les indépendantistes ment détruits. ces papiers fut retrouvée cinq ans plus tard rapidement du travail, estime-t-il. – (AFP.) basques, cette fois c’est au tour de l’ancien pa- dans la cellule de prison où il se trouvait depuis tron des services secrets militaires (Cesid), Emi- L’ÉNIGMATIQUE « MONSIEUR K » 1995, à titre préventif. Avec ces dossiers brû- lio Alonso Manglano, d’assumer les entorses L’ennui, c’est qu’à la demande de Juan Alber- lants, il tenta d’abord de régler quelques Les agriculteurs polonais au règlement commises par ses services. to Perote, alias « Monsieur K » comme il se fai- comptes personnels à l’intérieur des services Ainsi, pour une affaire d’écoutes illégales, sait appeler dans sa couverture d’espion, les secrets, avant de faire pression, sans succès, découverte en 1995 et qui fit un tel scandale enregistrements furent non seulement conser- auprès des socialistes, alors au pouvoir, pour se recommencent les barrages routiers que le vice-président du gouvernement et le vés, mais lui furent remis en mains propres. Or ménager une certaine impunité. Certains de ministre de l’intérieur de l’époque furent parmi les personnalités écoutées, figuraient des ces documents volés, bien que l’on puisse en- VARSOVIE. Les agriculteurs polonais du syndicat radical Samoobro- contraints de démissionner, M. Manglano journalistes comme Jaime Campmany, direc- core douter de leur véracité en raison de leur na (Auto-défense) barraient plusieurs grands axes routiers du pays vient-il de se voir condamner, mercredi 26 mai teur de la revue Epoca, Pedro J. Ramirez, direc- rocambolesque disparition et réapparition, ont jeudi 27 maiau matin après l’échec dans la nuit de négociations avec à Madrid, à six mois de prison et huit ans d’in- teur du quotidien El Mundo, des artistes, des été reproduits dans la presse et concernent jus- le gouvernement portant sur des mesures d’aides à l’agriculture. Ré- terdiction d’exercer sa profession. hommes politiques de premier plan et surtout tement la « sale guerre » des GAL. Cette der- pondant à l’appel de leur dirigeant populiste Andrzej Lepper, chef de Une peine que même le procureur n’avait le roi Don Juan Carlos lui-même. Et ce crime de nière indélicatesse professionnelle avait valu à ce syndicat, les manifestants barraient des routes en Basse Silésie pas requise. Le flamboyant ex-colonel Juan Al- lèse-majesté, étant donné le respect quasi filial M. Perote une condamnation à sept ans de pri- (sud-ouest), près de Poznan (ouest) et près de Szczecin (nord-ouest), berto Perote, celui qui fut le chef des opéra- montré par les Espagnols envers leur roi et le son. selon les stations de radio polonaises. tions du Cesid, est également condamné à six consensus non-dit de la presse pour ne pas l’at- M. Lepper a averti qu’en dépit d’un appel de l’épiscopat polonais à la mois de prison, tandis que cinq agents du Cesid taquer, devait donner un retentissement tout Marie-Claude Decamps paix sociale pendant la visite de Jean Paul II, les barrages routiers pourraient continuer pendant le séjour du pape du 6 au 17 juin. – (AFP.) L’armée conteste la politique de paix du gouvernement colombien PROCHE-ORIENT a IRAN/ONU : les Nations unies ont désigné Antonio Mazittelli BOGOTA mée de terre, alors que le général militaire » dans l’histoire moderne au président de la République et à comme chef du bureau iranien de l’ONU pour le contrôle internatio- de notre correspondante Tapias lui-même assurait que «le de la Colombie. sa politique de paix, en précisant nal des drogues, pour récompenser l’Iran de ses efforts dans la lutte La conduite de la politique de ministre a exprimé la pensée des Au terme d’une réunion de parfois que les inquiétudes du mi- contre la drogue. M. Mazitelli a présenté, mercredi 26 mai, ses lettres paix du président colombien, An- forces militaires ». quatre heures entre le président nistre de la défense devaient être de créances au ministre iranien des affaires étrangères, Kamal Khara- drés Pastrana, et les concessions à Andrés Pastrana et l’état-major mi- prises en compte. Le président de zi. – (AFP.) la guérilla ont provoqué une grave INQUIÉTUDES litaire, le commandant en chef des la République a ainsi désamorcé la a ARABIE SAOUDITE : le roi Fahd a été admis à l’hôpital à Riyad, crise au sein du gouvernement et L’annonce du départ de Rodrigo forces armées, Fernando Tapias, a crise et réaffirmé son autorité sur mercredi 26 mai, pour y subir une « intervention ophtalmologique des- des forces armées, avec la démis- LLaredo et l’avalanche de démis- affirmé la loyauté de l’armée aux l’armée. Mais la protestation des tinée à éliminer une congestion occulaire ». Le souverain saoudien, qui sion, mercredi 26 mai, du ministre sions de militaires de haut rang institutions. Le général Tapias a été militaires, n’est pas de nature à fa- approche des quatre-vingts ans, avait été victime en novembre 1995 de la défense, Rodrigo Lloreda. La « par solidarité avec le ministre de la nommé ministre de la défense par ciliter le cours du processus de d’une embolie cérébrale. – (AFP.) crise couvait et l’annonce, par le défense » a déclenché ce que les intérim. Les membres du gouver- paix. a JORDANIE/GAZA : le roi Abdallah II de Jordanie a effectué, mer- haut-commissaire pour la paix Vic- commentateurs ont immédiate- nement et de nombreuses person- credi 26 mai, son premier déplacement officiel à Gaza, où il a été ac- tor Ricardo, de la prorogation in- ment qualifié « de plus grave crise nalités ont manifesté leur soutien Marie Delcas cueilli en grande pompe et avec les honneurs militaires par Yasser définie de la zone démilitarisée, Arafat, les autres dirigeants de l’Autorité autonome et les notables laissée au contrôle exclusif de la palestiniens. Il a discuté avec M. Arafat des perspectives de relance du guérilla, a provoqué des réactions processus de paix après l’élection du travailliste Ehoud Barak, comme qui traduisent l’inquiétude de nom- L’Inde bombarde des séparatistes au Cachemire premier ministre israélien. – (Reuters.) breux Colombiens. Rodrigo Lloreda avait exprimé L’AVIATION indienne a lancé, marcation séparant les Cachemire groupe de 400 – dont des talibans EUROPE publiquement, lundi, son opposi- jeudi 27 mai, une troisième série indien et pakistanais, ont d’Afghanistan et des soldats pa- a GRANDE-BRETAGNE : les avocats d’Augusto Pinochet devaient tion à la politique du président de de bombardements contre des commencé à l’aube et se sont kistanais – infiltrés au Cachemire demander, jeudi 27 mai, à la Haute Cour de Londres l’autorisation de laisser « sans limite de temps » une maquisards séparatistes musul- achevées « avec succès », selon les indien par le Pakistan depuis dé- lancer un appel contre le feu vert annoncé le 15 avril par le ministre vaste zone au sud-ouest du pays au mans retranchés dans des mon- autorités indiennes. but mai. britannique de l’intérieur, Jack Straw, à l’examen par la justice de la contrôle de la guérilla la plus im- tagnes au nord du Cachemire. Ces L’aviation indienne était entrée Les forces armées des deux demande d’extradition présentée par la justice espagnole pour des portante, les Forces armées révolu- attaques, menées par trois héli- en action pour la première fois au pays se livrent aussi à des duels crimes commis pendant sa dictature (1973-90). Ce recours a pour but tionnaires de Colombie (FARC). coptères MI-17 soutenus par une Cachemire mercredi 26 mai, en d’artillerie depuis le 9 mai dans la d’interrompre la procédure en vue de son extradition et pour laquelle Les responsables militaires l’ont demi-douzaine d’avions de deux vagues successives, pour dé- région de Kargil, où New Delhi a une première audience doit en principe se tenir le 4 juin. – (AFP.) soutenu, sans réserve. « Rodrigo chasse Mig dans la région de Kar- loger des guérilleros musulmans envoyé quelque 15 000 soldats en a BIÉLORUSSIE : le Fonds monétaire international a refusé, mer- LLoreda est le meilleur ministre que gil, à une centaine de kilomètres infiltrés dans la montagne sous le renfort et d’où plusieurs dizaines credi 26 mai, l’octroi d’un prêt à la Biélorussie pour cause d’absence nous ayons jamais eu », déclarait le au nord-est de la capitale, Srina- couvert de tirs d’artillerie pakista- de milliers d’habitants ont fui. de réformes économiques. « La politique de crédits », « la mauvaise te- général Mora, commandant de l’ar- gar, et non loin de la ligne de dé- nais. Les deux pays se sont livré deux nue de la monnaie » et « l’absence de réformes structurelles » ont été Le Pakistan avait répliqué en de leurs trois guerres depuis leur avancés par John Odling-Smee, plaçant ses forces armées en état indépendance en 1947 à propos le négociateur du FMI qui se d’alerte, affirmant se réserver le du Cachemire, dont deux tiers trouvait à Minsk, pour expliquer ORG.HUM. droit d’intervenir si les affronte- sont sous le contrôle de l’Inde et les raisons de cette décision. – ments débordaient sur le Cache- le tiers nord sous celui du Pakis- (AP.) RESPONSABLE D’UN CAMP DE RÉFUGIÉS mire sous contrôle pakistanais. Le tan. Une guérilla musulmane a de 3 000 PERSONNES EN ALBANIE ministre pakistanais des affaires fait 25 000 morts au Cachemire AMÉRIQUES DEMANDE D’URGENCE SOUTIEN FINANCIER étrangères, Sartaj Aziz, avait pré- indien depuis 1989. a COLOMBIE : une ressortis- OU DON DE VÉHICULES venu que l’Inde était responsable Ces nouveaux affrontements sante française, âgée de cin- POUR ASSURER SA MISSION de l’« escalade », et que le Pakis- entre deux pays devenus puis- quante-deux ans, Aline Ogane- SANS SOUTIEN IMMÉDIAT, OBLIGATION tan se réservait le droit de « ripos- sances nucléaires après leurs es- soff, enlevée le 1er août 1998 à D’ABANDONNER À LEUR SORT ter » si la situation s’aggravait. sais atomiques de 1998 ont fait Bogota par la guérilla des Forces 3 000 PERSONNES DONT 40 % D’ENFANTS L’Inde a dit qu’elle prendrait « des voler en éclats un fragile climat de armées révolutionnaires de Co- mesures appropriées » en cas de ri- détente né d’une visite historique lombie (FARC), a été relâchée ENFANTS DU MONDE-DROITS DE L’HOMME poste. du premier ministre indien, Atal saine et sauve mercredi 26 mai. – L’armée indienne avait indiqué Behari Vajpayee, au Pakistan en (AFP.) 5, rue des Haudriettes, 75003 Paris avoir tué 160 guérilleros d’un février. – (AFP, Reuters.) Tél. : 01-42-72-71-78 - Fax : 01-42-72-64-06 LeMonde Job: WMQ2805--0006-0 WAS LMQ2805-6 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0434 Lcp: 700 CMYK

6 LES ÉLECTIONS EUROPÉENNES LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 Les états-majors politiques peinent à lancer la campagne européenne Les partis n’ont pas su tirer les leçons de la guerre du Kosovo et du lancement de la zone euro pour mobiliser les opinions. Lionel Jospin, Tony Blair, Gerhard Schröder et Massimo D’Alema devaient tenir jeudi à Paris un grand meeting pour mobiliser socialistes et sociaux-démocrates À MOINS de trois semaines des Pour la première fois dans une marier leurs préoccupations et à l’idée que la Grande-Bretagne doit Si, pour la plupart des citoyens nautaire, notamment dans des élections européennes du 13 juin, la campagne transparaît ainsi l’em- donner à leurs électeurs le senti- aujourd’hui faire la preuve de sa de l’Union, le Parlement reste en- secteurs nouveaux comme la sé- guerre du Kosovo et l’accès de fai- bryon de cette scène politique eu- ment de faire œuvre utile en allant capacité à jouer un rôle de leaders- core un corps étranger, dont on curité intérieure, a donné au Parle- blesse de la monnaie européenne, ropéenne dont les contours ont voter pour leurs parlementaires eu- hip en Europe plutôt que de rester mesure mal les pouvoirs, les diri- ment un champ d’action plus large affectée par les mauvais résultats tant de mal à se dessiner. Les socia- ropéens, l’élection européenne re- toujours en marge. geants britanniques et allemands pour peser sur les décisions de économiques listes tentent de profiter, malgré présente pourtant chaque fois un ont depuis longtemps reconnu l’exécutif. Il va lui falloir prouver de l’Allemagne leurs différences, de la force que peu plus un enjeu de pouvoir que l’influence qu’ils pouvaient exercer qu’il est capable de gérer ces et de l’Italie, leur donne au niveau européen le plus personne ne peut ignorer. L’élection à travers lui dans les affaires de compétences pour devenir un vé- servent de fait de diriger les gouvernements Si la scène politique européenne l’Union. L’ex-chancelier Kohl a ritable instrument de contrôle dé- toile de fond à de onze des quinze membres de est dominée ces dernières se- européenne toujours attaché une grande im- mocratique capable de fonction- une campagne l’Union. S’ils avaient déjà en 1994, maines par l’intervention militaires portance au Parti populaire euro- ner lorsque l’Union sera élargie à électorale qui lors des dernières élections, une des alliés au Kosovo, elle a connu représente chaque péen, dont il a été longtemps la d’autres pays d’Europe centrale et a mis du temps plate-forme commune, ils se sont les mois précédents de multiples force motrice. A l’inverse, les Fran- de l’Est, qui rendront le kaléido- à prendre son efforcés, avec leurs 22 propositions rebondissements qui ont marqué fois un peu plus çais, dont la représentation natio- scope européen encore plus élan. Rarement pourtant il est ap- de Milan, d’apparaître cette année les esprits. nale est éparpillée en de multiples compliqué. paru aussi évident que l’avenir du coller aux préoccupations des gens La mise en place de l’euro un enjeu de pouvoir groupes, n’ont pas paru cette an- Pierre Moscovici, le ministre dé- continent et de chacun de ses pays en matière de chômage, d’emploi, d’abord. Devenu au 1er janvier de née encore prendre la mesure de légué français aux affaires euro- se joue sur la capacité des nations de sécurité intérieure et extérieure. cette année la monnaie unique de l’enjeu. La multiplication des listes, péennes, aime à dire qu’il est plus européennes à se battre ensemble L’exercice n’est pas sans risque. Il 11 des 15 membres de l’Union, l’eu- Faut-il voir dans la victoire de à gauche comme à droite, ne favo- intéressant aujourd’hui d’être un pour affirmer et défendre leur mo- souligne aussi, par ses manques, les ro a été l’aboutissement d’années Manchester sur le Bayern, mercredi risera par leur influence lors de la député européen qu’un député na- dèle politique démocratique. décalages qui existent entre les de travail pour imposer à chacun 26 mai, en Coupe des champions, constitution des futurs groupes tional, estimant que les possibilités Occupés à gérer les crises, les partis nationaux sur les réponses à d’entre eux des disciplines écono- un signe des temps ? Le retour en parlementaires. d’exercer une influence sont plus grands ténors politiques ont atten- donner à toutes ces questions et la miques et budgétaires communes, force des Britanniques sur la scène La prochaine législature va être réelles dans l’Assemblée euro- du pour se lancer dans la bataille. difficulté de parvenir à mener à pour convaincre les opinions du européenne est une des principales importante pour l’Assemblée eu- péenne que dans les parlements En France, le meeting que tiennent bonne fin le dialogue dont on se ré- bien-fondé d’une telle opération. données de l’évolution politique de ropéenne. Il ne faut pas, bien sûr, nationaux, où les impératifs du jeu jeudi soir 27 mai à Paris les princi- clame. Ce n’est pas par hasard si l’adop- l’Europe ces derniers mois. Les Bri- s’attendre à des révolutions. Les majoritaire laissent peu de champ paux leaders de la social-démocra- Malgré la prééminence du cou- tion de cette monnaie, dont l’intro- tanniques ont joué avec les Alle- relations entre les trois grands de manœuvre aux individus. Ce ju- tie européenne, avec pour têtes rant démocrate-chrétien qui do- duction a été une réussite remar- mands un rôle essentiel dans la pôles institutionels européens, le gement découle d’une vision bien d’affiche Lionel Jospin, Tony Blair, mine le Parti populaire européen, quée jusqu’à présent, domine crise institutionelle qui a secoué Conseil, la Commission (dont les française de la démocratie parle- Gerhard Schröder et Massimo deuxième groupe dans le Parle- aujourd’hui le débat politique bri- l’Union européenne au début de modes de fonctionnement doivent mentaire. Mais il témoigne aussi D’Alema, donnera véritablement le ment européen sortant, les droites, tannique et y est l’un des enjeux es- l’année, aboutissant à la démission, être redéfinis en prévision des pro- de la prise de conscience que le coup d’envoi de cette campagne. Il éclatées entre de multiples pôles sentiels de la campagne des euro- le 15 mars, de la Commission San- chains élargissements) et le Parle- Parlement européen joue de plus sera suivi d’une autre réunion élec- depuis les libéraux fédéralistes jus- péennes. C’est en Grande-Bretagne ter, accusée de mauvaise gestion ment restent infiniment plus en plus un rôle de creuset où se fa- torale, dimanche prochain à Tou- qu’aux conservateurs britanniques que cette campagne a été lancée le des affaires communautaires. Pour complexes qu’au niveau national, çonne, par le jeu des alliances, une louse, des leaders du Parti popu- eurosceptiques, parviennent moins plus tôt et le premier ministre, To- la première fois, le Parlement euro- où les gouvernements sont res- opinion européenne majoritaire laire européen pour soutenir la encore sans doute à trouver leurs ny Blair, espère bien convaincre ses péen donnait la preuve qu’il fallait ponsables devant une majorité. dont les gouvernements doivent liste du président de l’UDF, Jean- marques. concitoyens de lui faire confiance désormais compter avec lui et avec Le traité d’Amsterdam, entré en tenir compte. François Bayrou, qui défend une En dépit de ces difficultés des pour sa politique européenne. Avec les majorités que les électeurs y en- vigueur le 1er mai, qui a accru les évolution fédéraliste de l’Europe. formations politiques nationales à sa fougue habituelle, il défend verraient. domaines de compétence commu- Henri de Bresson Six premiers ministres socialistes réunis à Paris pour démontrer leur capacité à « faire l’Europe » À DEUX SEMAINES et demie du péennes, avait reçu, lors d’une fête français espère qu’au-delà des diver- gouvernements, le pas à franchir de Cologne, le 4 juin (Le Monde du – Jean-Pierre Chevènement pour le scrutin européen du 13 juin, les so- organisée au Trocadéro, le soutien gences entre la « troisième voie » de n’est pas aussi facile qu’on pourrait 27 mai). En outre, dans leur pro- Mouvement des citoyens et Jean- cialistes français comptaient sur la de plusieurs de ses pairs, dont Willy M. Blair ou le « nouveau centre » de le croire, même si, parmi les six pre- gramme de campagne, les socia- Michel Baylet pour le Parti radical réunion de la famille sociale-démo- Brandt. Au départ, à l’issue du M. Schröder, ce sont ces conver- miers ministres présents au Palais listes français, qui comptent sur la de gauche –, pour relancer sa cam- crate, lors d’un grand meeting, jeudi congrès de Milan du Parti socialiste gences que les chefs sociaux-démo- des sports, trois – MM. Klima, Blair correspondance entre une majorité pagne en France et, surtout, repla- 27 mai, au Palais des sports, à Paris, européen (PSE), début mars, six crates mettront en relief à Paris. et Schröder – sont aussi chefs de de gauche au Parlement européen cer l’Europe au cœur du débat. De- pour donner un nouvel élan à leur grands meetings européens de- parti. Ainsi, le pacte européen pour et l’existence de onze gouverne- puis qu’il sillonne la France, à raison campagne. Sur les onze gouverne- vaient être organisés avec, pour la PACTE POUR L’EMPLOI l’emploi, proposition phare du Ma- ments à direction socialiste pour d’un meeting presque quotidien de- ments de l’Union européenne à di- France, le concours de M. Lang, Là non plus, toutefois, la partie nifeste du PSE, donne lieu à des dis- montrer qu’ils sont en capacité de puis le 14 avril, ses colistiers et quel- rection socialiste, six premiers mi- mais les résultats n’ont pas été à la n’est pas gagnée. Entre les proposi- sensions, alors que sa mise en « faire l’Europe », vont plus loin que ques ministres (Elisabeth Guigou et nistres devaient être présents : hauteur des promesses milanaises. tions des partis et les décisions des œuvre doit être décidée au sommet leurs amis européens. Bernard Kouchner en tête) tenant Viktor Klima (Autriche), Antonio Le 15 avril, à Madrid, seuls les Fran- Se fixant l’objectif de « faire bais- de leur côté des « réunions de proxi- Guteres (Portugal), Massimo D’Ale- çais, les Italiens et les Espagnols se ser le chômage européen de moitié en mité » – 750 ont eu lieu et une cen- ma (Italie), Tony Blair (Grande-Bre- sont retrouvés, devant une assis- A , un sommet sous le signe du Kosovo cinq ans », M. Hollande plaide pour taine sont programmées d’ici au tagne), Gerhard Schröder (Alle- tance réduite. M. Hollande s’est en- un traité social en bonne et due 6 juin –, le député de Corrèze est magne) et Lionel Jospin. Mis en suite rendu à Lisbonne, le 8 mai, Le sommet franco-allemand qui réunit, vendredi 28 et samedi forme, avec des « critères de conver- souvent obligé de mettre l’Europe à scène et présenté par Jack Lang, le avant de participer, le 20 mai à 29 mai, à Toulouse, les dirigeants des deux pays, sera dominé par le Ko- gence » et un calendrier « contrai- l’arrière-plan de ses interventions. rassemblement était introduit par Naples, à un meeting franco-italien sovo. Parmi les thèmes retenus figurent aussi le Pacte européen pour gnant et contrôlé », un salaire mini- Condamné à des exercices obligés un concert du groupe Tri Yann, avec MM. Jospin et D’Alema. Avec l’emploi, la défense européenne, le conseil européen de Cologne des mum européen et une réduction de sur le Kosovo – ce qui lui permet avant que le premier secrétaire du M. Lang, M. Jospin devrait retrouver 3 et 4 juin et la relance des relations franco-allemandes. La question la durée du travail devant aboutir d’introduire le besoin d’une Europe PS, François Hollande, ouvre le ban M. Schröder, le 7 juin en Allemagne, des réfugiés kosovars devrait notamment être évoquée, l’Allemagne « à 35 heures en l’an 2005 » dans de la défense –, sur les divisions de des interventions. pour un colloque mais il n’est plus ayant plusieurs fois regretté la frilosité de ses partenaires européens l’espace européen. Bref, les Français la droite, dont il fait son miel, ou sur Quinze intervenants devaient suc- question de meeting au Royaume- alors qu’elle-même a été le pays à ouvrir le plus largement ses portes, sont plus audacieux que leurs alliés la Corse, il a plus de mal à retenir céder à M. Hollande, du dirigeant Uni. avec plus de 11 000 Kosovars entrés sur son sol. européens sur l’Europe sociale. l’attention de son auditoire et celle social-démocrate irlandais John Déveine supplémentaire pour les La politique étrangère et de sécurité commune (PESC) devrait égale- M. Hollande compte pourtant sur des médias quand il parle d’Europe Hume, Prix Nobel de la paix, au chef socialistes européens : alors qu’ils ment être abordée : convaincu que l’Europe doit s’affirmer face à cet unique grand meeting européen, sociale. de file portugais, l’ancien président avaient réussi à s’entendre sur un l’OTAN, le chancelier Gerhard Schröder a exhorté à la mi-mai les Quin- auquel doivent assister les prési- Mario Soares, et à l’ancien premier programme commun – le manifeste ze à nommer un « monsieur PESC » lors de leur sommet à Cologne. dents des partis présents sur sa liste Michel Noblecourt ministre espagnol, Felipe Gonzalez, du PSE – se déclinant en vingt et un en passant par des dirigeants des engagements pour réorienter la partis espagnol, belge, grec, luxem- construction européenne, l’Europe a bourgeois et suédois. M. Jospin été la grande absente de leurs pre- conclura le meeting après mières retrouvailles. A Madrid, ils Les gauches socialistes allemande et française se rapprochent MM. Schröder, Blair et D’Alema. Le n’ont discouru, quasiment, que sur À LA FAVEUR de la campagne européenne, temps de travail et réforme fiscale – et à une en faveur d’une suspension des frappes au Ko- Danemark, les Pays-Bas et la Fin- le Kosovo. A Naples, la résurgence l’aile gauche du Parti socialiste, la Gauche so- « République européenne ». sovo, exige, avec le Cercle de Francfort, l’arrêt lande n’étaient pas représentés. du terrorisme, avec l’assassinat de cialiste, et celle, pacifiste, du SPD allemand, le Les deux courants décèlent, dans leurs partis « immédiat » des bombardements, « pour per- Massimo D’Antona, conseiller du Cercle de Francfort, ont décidé de créer un club respectifs, une tendance à « se contenter d’une mettre l’ouverture des négociations de paix », et PROGRAMME COMMUN gouvernement, a constitué la toile européen, nommé La République sociale euro- politique d’accompagnement social des exigences « de toutes les activités commises à l’encontre des Pour le PS français, le meeting de de fond des interventions. Même si péenne. Dans un texte commun, Jean-Luc Mé- du libéralisme » et même à anticiper, « sous pré- populations du Kosovo ». La République sociale Paris marque, à la fois, un point la famille sociale-démocrate euro- lenchon, Julien Dray et Marie-Noëlle Liene- texte de modernisme », les « diktats de ce libéra- européenne prône aussi la démilitarisation du d’orgue sur la scène européenne et péenne n’a pas la même vision de mann, pour la Gauche socialiste, Detlev Von lisme ». Ce club, qui prolonge une démarche Kosovo, « le retour sûr et libre des déplacés et une relance sur la scène française. l’Europe, notamment sur le degré Larcher, Andréa Nahles et Uwe Hiksch, pour le déjà engagée en France par la Gauche socia- réfugiés », une conférence paneuropéenne sur Un tel rassemblement électoral de de fédéralisme que les uns et les Cercle de Francfort, et douze autres signataires liste, s’appuie surtout sur une dénonciation de les Balkans, les pays de la région devant bénéfi- dirigeants socialistes européens, de autres sont prêts à accepter, elle a s’engagent à « ouvrir une alternative » dans l’intervention militaire de l’OTAN au Kosovo, cier d’un « statut d’association particulier » à surcroît au pouvoir, ne s’était pas réussi à dégager une approche mini- leurs pays autour de propositions communes : « condamnée dès l’origine à l’échec ». l’Union européenne, dans la perspective d’une produit depuis... 1979, quand Fran- male commune de la relance écono- hostilité à l’AMI ; soutien à la taxe Tobin sur les La Gauche socialiste, dont les quatre députés intégration. çois Mitterrand, alors tête de la liste mique, sociale et politique de la mouvements spéculatifs, à un traité social eu- ont signé, à la différence de leurs camarades al- du PS aux premières élections euro- construction européenne. Le PS ropéen – avec salaire minimum, réduction du lemands, l’appel de parlementaires européens M. N. Robert Hue s’en prend vivement à l’« impuissance » d’Arlette Laguiller et d’Alain Krivine ROBERT HUE a sa voix enrouée vote les noms des candidats non convaincre et gagner avec un esprit et pour ne pas se couper de la CGT, taire national, au lendemain de le quiète soudainement de leur perti- des campagnes électorales. Et son communistes, entre la Coordination très offensif », a renchéri Robert le PCF a aussi finalement accepté de fête annuelle de LO, a soigné ses nence ! », a expliqué pour sa part enthousiasme inébranlable : «Ce communiste du Pas-de-Calais qui Hue : « au PC, les fins de campagne « s’associer complètement » à la ma- coups. « Beaucoup de choses dites M. Krivine dans un communiqué, en n’est pas une affaire de méthode propose de glisser dans l’urne son sont très importantes ». Est-ce un ha- nifestation pour l’arrêt des bombar- par Laguiller ce week-end – et, avec ironisant sur ce « comité national Coué. Je suis certain que nous pouvons bulletin pirate, « je vote commu- sard ? On parlait beacoup moins, dements, le 2 juin, derrière Lutte ou- Alain Krivine, on l’a beaucoup enten- précipitemment convoqué (...). Nul avoir un très bon résultat. » Mais niste », et ceux qui, comme la mercredi, place du Colonel-Fabien, vière, la Ligue communiste due – reprennent des formules que besoin de surenchères et de polé- l’écho insistant de la faible mobilisa- Gauche communiste de Jean- de la « liste “Bouge l’Europe ! ” » révolutionnaire, le MRAP et le Mou- j’emploie. Je ne lui reproche pas de les miques électoralistes (...). En quoi la tion des militants pour la liste Jacques Karman, adjoint au maire que de la « liste du Parti communiste, vement de la paix – « mais au niveau utiliser ! Je constate simplement qu’ils participation du PC au gouvernement « Bouge l’Europe ! » et celui des der- d’Aubervilliers, appellent à bouder la du mouvement social, des femmes », des départements », a toutefois préci- ont consacré davantage de temps à a-t-elle été utile ? Quelle efficacité y a- niers sondages ont amené le secré- liste Hue-Fraisse, le danger est réel. comme dit M. Gau. Sans jamais par- sé Jean-Paul Magnon. m’attaquer qu’à s’en prendre au pa- t-il à défendre un tel bilan ? Les ques- taire national du PCF à quelques « Ceux qui appelent au boycottage ler d’Europe, Robert Hue a expliqué tronat et au capitalisme. » tions valent réponses pour un nombre glissements sémantiques, et, pour la rendent un très mauvais service à la à ses militants pourquoi, le 13 juin, le TENTATIVES DE SÉDUCTION La réponse n’a pas tardé. Mercredi grandissant de militants et électeurs première fois, à attaquer un ennemi liste », a expliqué Jean-François Gau. vote PC était, à gauche, le seul «vote L’argumentaire vise surtout à soir, sur France 2, Mme Laguillier a af- communistes. » qu’il occultait jusque-là : ses cama- « L’objet unique de notre réunion utile » : sa liste, en défendant une contrecarrer les tentatives de séduc- firmé qu’« il n’y a pas de compétition Nouveau match de fin de rades trotskistes de la liste LO-LCR d’aujourd’hui (...) est de favoriser une « plus-value sociale », « contribue à tion de la liste trotskiste, qui talonne des scores » entre le PCF et son orga- campagne ? A peine en tout cas si pour les élections européennes. amplification et une efficacité maxi- ancrer à gauche la gauche fran- souvent celle du PCF dans les son- nisation, mais « une compétition des Robert Hue a songé, au cours de De nombreuses fédérations re- males de ces efforts », a aussi martelé çaise ». Pour ressouder des troupes dages . La liste d’extrême gauche, a programmes », sa liste étant celle de cette journée, à s’attaquer aux montent des diagnostics peu rassu- ce dernier dans son rapport devant désarçonnées par les prises de posi- expliqué Robert Hue, est « stérile et l’« indignation » et « des objectifs ra- « thèses du va-t-en guerre Cohn- rants. Entre les communistes qui ont les responsables communistes réu- tion de Geneviève Fraisse ou de Phi- impuissante ». Rompant avec l’igno- dicaux ». « Faut-il que [nos] proposi- Bendit »... choisi de s’abstenir, ceux qui s’ap- nis, le 26 mai, en comité national. lippe Herzog en faveur d’une inter- rance tactique dans laquelle il a tou- tions rencontrent un grand écho pour prêtent à barrer sur le bulletin de « Il nous reste dix-huit jours pour vention de l’OTAN dans les Balkans jours tenu ses adversaires, le secré- que le secrétaire national du PC s’in- Ariane Chemin LeMonde Job: WMQ2805--0007-0 WAS LMQ2805-7 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0435 Lcp: 700 CMYK

LES ÉLECTIONS EUROPÉENNES LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 / 7 297 millions d’Européens sont appelés aux urnes entre le 10 et le 13 juin LES ÉLECTIONS européennes élection de 1994 ; il s’agit de la ments ont envisagé de réformer le sants d’un des quinze Etats de juin 1999 sont les cinquièmes Suède, de la Finlande et de l’Au- mode de scrutin en vigueur aux eu- membres de l’Union âgés d’un mi- depuis que le Parlement européen triche, devenus membres le 1er jan- ropéennes, avant de devoir y re- nimum de dix-huit à vingt-cinq ans est élu au suffrage universel direct. vier 1995, et qui ont élu leurs dépu- noncer faute d’accord au sein des selon les pays. Un non-Français est Le premier scrutin avait eu lieu il y tés en 1996. Le nombre d’électeurs majorités successives. Au prin- éligible en France s’il y a son domi- a tout juste vingt ans, en juin 1979. potentiels est de 297 millions, pour temps 1998, Lionel Jospin avait pro- cile réel ou y réside depuis six mois Dès le traité CECA, qui avait insti- une population de 375 millions posé de diviser le territoire en huit de façon continue, à condition tué en 1951 une Communauté eu- d’habitants. circonsriptions électorales pour d’avoir ses droits d’éligibilité dans ropéenne du charbon et de l’acier b Sièges. 626 sièges sont à pour- personnaliser le scrutin en rappro- son pays d’origine. C’est le cas no- – ce fut la première étape de la voir. Depuis sa réunification, l’Alle- chant les électeurs de leurs élus. En tamment de Daniel Cohn-Bendit, construction européenne avant le magne, le pays le plus peuplé raison de l’opposition des alliés du tête de liste des Verts en France, de traité de Rome de 1957 –, les six (82 millions d’habitants), dispose PS, et principalement des commu- nationalité allemande. Peuvent de pays fondateurs avaient décidé la du plus grand groupe de députés, nistes et des Verts, le premier mi- même voter dans un pays tous res- mise en place d’une Assemblée qui avec 99 sièges. Elle est suivie de la nistre a été contraint de retirer son sortissant d’un des quinze pays de a pris le nom de Parlement euro- France, de la Grande-Bretagne et projet de l’ordre du jour du Parle- l’Union, âgé de plus de dix-huit péen en 1962 ; mais ses membres de l’Italie avec 87 sièges, et de l’Es- ment. Mais cette idée fait son che- ans, pouvant y justifier de son do- étaient nommés par les Parlements pagne, avec 64 sièges. Le plus petit min. Elle est préconisée dans les micile et non privé de ses droits ci- nationaux. La première présidente pays, le Luxembourg (429 000 habi- « principes » adoptés en juillet viques. de l’Assemblée élue fut Simone tants), a 6 sièges. 1998 par le Parlement sortant. b Couleurs. Dans le Parlement Veil. Le président sortant est le b Mode de scrutin. Le traité Ceux-ci ne pourront cependant sortant, les formations des Quinze conservateur espagnol José-Maria d’Amsterdam, entré en vigueur le être appliqués qu’une fois acceptés pays membres se retrouvaient dans Gil-Robles. 1er mai 1999, stipule que l’élection par tous les pays, c’est-à-dire au neuf groupes parlementaires : Les Nicolas Sarkozy b Date. Dans la plupart des doit avoir lieu « selon une procé- mieux pour les élections de 2004. socialistes européens (PSE), 214 dé- pays, l’élection aura lieu le di- dure commune » ou « conformé- Le Parlement européen demande putés ; les démocrates-chrétiens et manche 13 juin. Dans trois pays, le ment à des principes communs ». également que le mandat de dépu- conservateurs du Parti populaire et Alain Madelin aux prises Danemark, la Grande-Bretagne, les Dans tous les pays, l’élection se fe- té européen soit incompatible avec européen (PPE), 201 députés ; les li- Pays-Bas, le vote a lieu le jeudi ra cette année à la représentation le mandat de député national, ce béraux (ELRD), 42 députés ; les 10 juin, et en Irlande le vendredi proportionelle. Pour la première que seuls quatre pays interdisent droites nationales de l’Union pour avec 11 juin. Le dépouillement ne peut fois, la Grande-Bretagne a adopté à aujourd’hui totalement. Dans le l’Europe (dont le RPR) (UPE), commencer que le dimanche soir à son tour ce type de scrutin. Mais il Parlement sortant, il y avait trois ti- 34 députés ; la Gauche unitaire eu- TOURS campagne de M. Bayrou s’enlise. De 22 heures, à la fermeture des der- s’en faut encore que le système soit tulaires de double mandat pour la ropéenne et la gauche verte nor- de notre envoyée spéciale l’ancien ministre de l’intérieur, dont niers bureaux de vote. En France, le même partout. Quatre pays France, trois pour la Grande-Bre- dique (dont le PC français) (Gue/ Salle contre salle, terrain contre il devra s’arranger après le 13 juin, les bureaux seront ouverts jusqu’à – Grande-Bretagne, Italie, Irlande tagne, cinq pour l’Italie. Cinq Etats NGL), 34 députés ; les Verts, 27 dé- terrain, rosserie contre rosserie : les M. Sarkozy met en revanche lon- 22 heures. et Belgique – élisent leurs députés pratiquent la règle d’un seuil mini- putés ; les radicaux (ARE), trois dernières semaines de la cam- guement en cause la fidélité au b Pays. Pour la première fois, les dans le cadre de circonscriptions. mum de voix pour obtenir des élus. 21 députés ; les droites anti-euro- pagne aiguisent la rivalité qui met gaullisme. Il s’agit somme toute, élections vont avoir lieu cette an- Les autres choisissent entre des Il est de 5 % en France. péennes (dont les villiéristes) (I- aux prises les trois listes de l’opposi- plaide le président par intérim du née dans quinze pays. Trois nou- listes nationales. L’Allemagne a un b Eligibles et électeurs. Peuvent EDN), 16 députés ; les non-inscrits, tion parlementaires. Une semaine RPR, de rendre à M. Pasqua, qui veaux pays ont adhéré à l’Union système mixte. être électeurs et éligibles dans le comprenant l’extrême droite (dont après Charles Pasqua et Philippe de avait mis en doute sa légitimité à in- européenne depuis la dernière En France, plusieurs gouverne- pays où ils résident les ressortis- le Front national) (NI), 37 députés. Villiers, et vingt-quatre heures avant carner la famille gaulliste, la mon- François Bayrou, Nicolas Sarkozy et naie de sa pièce. Alain Madelin avaient, eux aussi, « Au nom du gaullisme, Charles choisi la ville de Tours, que la droite Pasqua vient nous expliquer qu’il fau- ambitionne – dans la division – de drait défaire l’Europe que le général reprendre à la gauche aux munici- de Gaulle a bâtie », a raillé M. Sar- pales de 2001, pour tenir leur se- kozy. cond meeting commun, mercredi 26 mai. TRAÎTRE AU GAULLISME Aux quelque huit cents personnes « Dans mon esprit, le gaullisme – elles étaient un peu plus nom- n’est pas un objet de musée, il ne sert breuses huit jours auparavant pour pas à regretter un passé avec nostal- MM. Pasqua et Villiers – venues les gie (...) mais à inventer l’avenir, et écouter, les chefs de file du RPR et l’avenir, c’est l’Europe », a ajouté la de Démocratie libérale ont longue- tête de liste RPR-DL. M. Sarkozy a ment vanté le caractère implacable ensuite renvoyé M. Pasqua, en du « vote utile », en vertu duquel, compagnie du PCF et du Front na- selon M. Sarkozy, « tout suffrage qui tional, dans les rangs de « ceux qui se portera sur une autre liste [que la refusent l’Europe ». sienne] fera plaisir à François Hol- Traître au gaullisme, M. Pasqua le lande et Lionel Jospin ». « Au mo- serait également à Jacques Chirac. ment où il existe, selon M. Madelin, « En période de cohabitation, Charles encore tant d’indécis » dans l’électo- Pasqua utiliserait mieux son talent à rat, les deux hommes ont fait de attaquer Lionel jospin plutôt que le François Hollande l’homme à dé- président de la République », a en- passer le 13 juin pour atteindre core lancé M. Sarkozy. Le chira- M. Jospin, renvoyant au passage quisme de M. Sarkozy, en revanche, M. Pasqua à son âge et M. Bayrou est insoupçonnable. La preuve ? Lui, au silence. il ne « pratique pas le droit d’inven- Du président de l’UDF, en effet, il taire » qu’avait revendiqué M. Jos- ne fut guère question, sinon pour pin sur le mitterrandisme. Le 13 juin, l’associer aux socialistes dans le pro- a curieusement conclu M. Sarkozy, jet d’un « impôt européen ». «Ce « offrez au président de la Répu- n’est plus la peine de parler de lui, ce blique la majorité dont il a besoin ! ». serait lui faire de la publicité », com- mente M. Sarkozy, selon qui la Cécile Chambraud Les règles de financement de la campagne électorale LA PREMIÈRE condition impo- du non-respect des règles peut al- sée par le code électoral pour pré- ler jusqu’à la perte du rembourse- senter une liste aux élections euro- ment des dépenses et à l’invalida- péennes est de déposer une tion de l’élection de la tête de liste. caution de 100 000 francs. Une b Recettes. Les listes ne fois déposée cette caution – rem- peuvent recevoir d’argent ni de boursée, après coup, aux seules dons en nature de la part des en- listes ayant obtenu au moins 5 % treprises ni d’autres personnes des suffrages exprimés –, le finan- morales autres que les partis poli- cement de la campagne s’inscrit tiques. Elles peuvent, en revanche, dans le cadre des lois qui, depuis recevoir de l’argent de sympathi- 1988, s’efforcent de moraliser les sants, étant entendu que, pour une relations entre l’argent et la poli- même liste, les dons en espèces ne tique. peuvent excéder 11 760 000 francs. b Dépenses. Comme pour les Les autres sources de financement autres élections, la loi fixe un pla- proviennent de l’apport personnel fond aux dépenses que chaque des colistiers. liste peut engager. Abaissé par la b L’aide de l’Etat. Une fois les loi du 19 janvier 1995, ce plafond comptes de campagne approuvés, est de 58 800 000 francs pour les l’Etat accorde un remboursement élections du 13 juin, contre forfaitaire aux listes qui ont obte- 85 600 000 francs lors des précé- nu plus de 5 % des suffrages expri- dentes européennes, en 1994. Ce més. Pour une même liste, ce rem- montant n’inclut pas le coût des boursement ne peut pas excéder bulletins de vote, des affiches ap- 50 % du plafond légal, soit posées sur les panneaux officiels 29 400 000 francs. Surtout, il n’est ou des circulaires adressées aux accordé qu’en contrepartie de dé- électeurs. penses financées personnellement b Compte de campagne. par les colistiers. En clair, l’Etat ne Chaque liste doit tenir, puis dépo- rembourse pas des dépenses cou- ser au plus tard le 13 août, un vertes par des dons des partis ou compte retraçant toutes les dé- des personnes physiques. C’est penses et les recettes engagées par pourquoi, afin de bénéficier au ses candidats, ou pour leur maximum de ce remboursement compte, entre le 1er juin 1998 et le de l’Etat, les partis qui présentent 13 juin 1999. Les comptes sont en- une liste en visant au moins suite soumis à la Commission na- 5 % des voix demandent à leurs co- tionale des comptes de campagne listiers un apport personnel, ce qui et des financements politiques qui soulage d’autant leurs finances. soit les valide, soit les rejette et en saisit le Conseil d’Etat. La sanction Cécile Chambraud LeMonde Job: WMQ2805--0008-0 WAS LMQ2805-8 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 14:02 S.: 111,06-Cmp.:27,14, Base : LMQPAG 52Fap: 100 No: 0607 Lcp: 700 CMYK

8 FRANCE-SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999

CORSEDans une note adressée à l’assassinat de son prédécesseur. Le cureur de Paris par le préfet Bonnet services de police chargés de l’en- dreuzzi a été interpellé et placé en Lionel Jospin, le 8 février, le préfet préfet menait pourtant, à l’époque, ont été rapidement transmises au quête sur l’assassinat de Claude garde à vue, mercredi 26 mai. Yvan Bernard Bonnet réfutait la des investigations avec l’aide de la juge Bruguière. Selon plusieurs Erignac. b L’ENQUÊTE S’ORIENTE Colonna, soupçonné d’être le ti- «fable» selon laquelle il aurait gendarmerie. b LES NOTES ADRES- sources policières, le magistrat ne désormais vers les membres de la reur, était toujours recherché, jeudi mené une enquête parallèle sur SÉES à l’automne 1998 au pro- les a cependant pas confiées aux cellule nord du groupe. Vincent An- matin 27 mai. La note secrète de Bernard Bonnet à Lionel Jospin Dans un document adressé, le 8 février, au premier ministre, l’ancien préfet démentait toute enquête parallèle sur l’assassinat de Claude Erignac. La précision des informations données par M. Bonnet, qui reconnaissait être en contact avec une « source humaine », semble démontrer le contraire JOUISSANT d’une marge de tructeurs, d’une part, les différents (Corse-du-Sud) où fut volée l’arme de la police et de la gendarmerie ». cun des objectifs n’est réalisé. » Le sure des activités d’enquêteur manœuvre inédite pour un préfet services de police et de gendarme- avec laquelle fut tué Claude Eri- Dans cette note, le préfet Bon- préfet fait allusion au contenu des – pour le moins inhabituelles pour de la République, l’ancien préfet rie, d’autre part, les enquêtes au- gnac. Tout au long des deux ins- net révèle également au premier deux notes remises au procureur un préfet – du préfet Bonnet. de la région Corse Bernard Bonnet raient pu progresser de manière non tructions, le juge Thiel n’a guère ministre que, depuis l’été 1998, il de Paris au sein desquelles appa- Enfin, le ministre de l’intérieur, se prévalait du soutien de l’Hôtel cloisonnée. Cette carence de coordi- favorisé la coordination avec ses « traite » une « source humaine ». raissent les noms de nationalistes Jean-Pierre Chevènement, en vi- Matignon lorsqu’il était en poste à nation est confondante quand on se deux collègues. Privilégiant le tra- Il ajoute que Jean-Pierre Dintilhac corses dont « la participation aux site à Ajaccio, le 15 janvier, avait Ajaccio (Corse-du-Sud). Accusé, souvient qu’une arme dérobée à vail avec les gendarmes et le SRPJ lui a précisé que « ces renseigne- préparatifs de l’assassinat de pu recueillir de vive voix, pendant début février, par les services de Pietrosella a servi de "signature" à d’Ajaccio, il délaisse la division na- ments » seront portés à la connais- Claude Erignac serait quasiment plus d’une heure, les confidences police en charge de l’enquête sur l’assassinat de Claude Erignac. » tionale antiterroriste (DNAT), sance du juge Bruguière « en pré- certaine ». du préfet Bonnet à propos de sa l’assassinat du préfet Claude Eri- Qualifiant de « fable » l’exis- unique interlocutrice des juges servant l’origine de l’information et Selon nos informations, confir- « source humaine ». A l’époque, le gnac et par plusieurs organes de tence d’une enquête parallèle, il Bruguière et Le Vert. Le 28 octo- de la source ». mées auprès de la gendarmerie en préfet Bonnet affirmait à son en- presse d’avoir conduit sa propre rappelle, dans sa note, la teneur bre, il convoque une réunion à Le juge Bruguière, qui ne sait Corse, les éléments donnés par sa tourage avoir été chaleureusement enquête en marge de toute procé- des reproches formulés contre lui. Ajaccio en présence de ces deux pas que cette note a été rédigée « source humaine » étaient trans- encouragé par le ministre de l’inté- dure judiciaire, il adressa, le 8 fé- Il affirme : « Ces affirmations sont services d’enquête afin de leur in- par le préfet Bonnet, ne prendra mis au commandant de la légion rieur dans son acharnement à dé- vrier, une note de cinq pages au fausses mais elles arment la cam- terdire, de vive voix, tout contact pas la peine d’en transmettre le de gendarmerie de Corse, le colo- couvrir les assassins de son prédé- premier ministre, Lionel Jospin, pagne de déstabilisation. (...) Ce avec la DNAT. contenu aux deux chefs enquê- nel Henri Mazères, puis à la sec- cesseur. destinée à réfuter ces accusations. montage indigne est partiellement Par ailleurs, M. Bonnet fait état à teurs, Roger Marion, le patron de tion de recherche de gendarmerie, Soutenu par Matignon durant Structuré en sept parties, ce do- signé lorsque l’on connaît l’intérêt plusieurs reprises, mais sans la la DNAT, et Bernard Squarcini, di- cette dernière ne connaissant pas, ces quinze mois de présence en cument – dont Le Monde révèle le porté aux services secrets ou spé- nommer, de l’existence d’«une recteur adjoint des renseigne- semble-t-il, l’origine des rensei- Corse, M. Bonnet affirmait être sur contenu – fait le point sur l’état ciaux par l’un des magistrats ins- source humaine » qui lui aurait ments généraux (lire ci-dessous). gnements qui lui étaient transmis. la même ligne que les conseillers des investigations menées aussi tructeurs. » L’allusion vise vraisem- permis d’obtenir des informations Annexée à la note du 8 février, fi- Les gendarmes, qui, à l’occasion, du premier ministre – Clodilde bien par les policiers dans l’en- blablement le juge d’instruction fiables relatives à l’assassinat du gure une page intitulée « Chrono- s’appuyaient sur les moyens tech- Valter et Alain Christnacht – char- quête sur l’assassinat du préfet Eri- antiterroriste Jean-Louis Bru- préfet Erignac. Il conclut sa note logie » détaillant les dates-clés de niques et humains du groupe de gés de suivre les affaires corses. Il gnac que sur les recherches guière. en estimant qu’« aujourd’hui il est la procédure Erignac ainsi que les pelotons de sécurité (GPS), travail- disait partager avec eux une cer- conduites par les gendarmes dans Autre juge visé par le préfet admis que les informations commu- contacts du préfet avec la police, la laient ensuite sur les cibles dési- taine méfiance vis-à-vis des ré- le cadre de l’enquête sur l’attaque Bonnet : Gilbert Thiel, cosaisi avec niquées par le préfet de Corse, dès le justice et le ministère de l’inté- gnées en amont par le préfet. Le seaux supposés des anciens mi- de la gendarmerie de Pietrosella M. Bruguière et Laurence Le Vert 16 novembre 1998 [au procureur de rieur. Les événements mentionnés fruit de ces recherches était inté- nistres de l’intérieur Pierre Joxe et (Corse-du-Sud). « Si, peut-on lire du dossier Erignac et chargé, seul la République de Paris, Jean-Pierre se déroulent entre le 16 novembre gré dans la procédure Pietrosella si Charles Pasqua. Leur vision du dans le deuxième chapitre de la cette fois, de diriger l’enquête sur Dintilhac, lira page 9] sont cré- 1998 et le 15 janvier 1999. On y dé- cela concernait l’attaque de la gen- dossier corse était la même : réta- note, un minimum de coordination l’attaque, le 5 septembre 1997, de dibles dans la mesure où elles re- couvre notamment cette indica- darmerie, ou revenait entre les blir coûte que coûte l’Etat de avait existé entre les magistrats ins- la gendarmerie de Pietrosella couperaient des éléments connus tion : « Du 10/12/98 au 04/01/99, au- mains de M. Bonnet, qui menait droit ; obtenir au plus vite des ré- lui-même un travail d’analyse. sultats concrets dans l’enquête sur l’assassinat du préfet Erignac, fût- CONTACTS FRÉQUENTS ce en laissant M. Bonnet traiter à « Cette carence de coordination est confondante » Au regard de la précision des sa guise son informateur. renseignements contenus dans les Le 13 février, soit quatre jours Voici le contenu quasi intégral de formé de l’implication présumée 6. Source humaine Les dysfonctionnements en ma- notes remises au procureur Dintil- après réception de la note du pré- la note de cinq pages adressée, le dans l’assassinat de Claude Eri- Si les informations qu’elle a li- tière de coordination, principale- hac, il paraît peu probable que des fet, Matignon publiait un commu- 8 février 1999, par le préfet Bernard gnac de trois personnes : Jean Cas- vrées sont exactes, elle est grave- ment entre les magistrats, ont en- magistrats professionnels aient pu niqué dans lequel le premier mi- Bonnet au premier ministre, Lionel tela, Vincent Andreuzzi, Alain Fer- ment menacée. Elle a laissé, travé le déroulement de l’enquête croire qu’il s’agissait d’une simple nistre affirmait que « l’enquête sur Jospin : randi. Le procureur de la le 5 février 1999, un témoignage sur l’assassinat de Claude Eri- prise de note des déclarations l’assassinat du préfet Erignac est 1. Deux en- République de Paris annonce son angoissé à un intermédiaire sûr. gnac. Aujourd’hui, il est admis d’une personne ayant obtenu une conduite conformément au principe quêtes princi- intention de porter ces renseigne- (...) que les informations communi- audience avec le préfet. De même, d’indépendance de la magistrature, pales doivent ments à la connaissance du juge 7. Une interrogation majeure quées par le préfet de Corse dès le lorqu’il prend directement contact, sous la responsabilité des magistrats initialement Bruguière en préservant l’origine Pourquoi les interpellations du 16 novembre 1998 sont crédibles début novembre 1998, avec le di- instructeurs. Aucune enquête paral- être distin- de l’information et de la source. 18 novembre ont-elles été main- dans la mesure où elles recoupe- recteur de cabinet du premier mi- lèle à l’enquête judiciaire n’a été guées (...) tenues alors que le procureur de raient des éléments connus de la nistre, Olivier Schrameck, afin de menée. Le préfet de Corse a trans- Dans cette Le préfet Bonnet précise ensuite la République de Paris, informé police et de la gendarmerie. Il pa- connaître la voie à suivre pour li- mis tous les renseignements utiles première partie qu’il est informé au mois de no- par le préfet de Corse, le 16 no- raît urgent que chacun se vrer ses informations sur l’assassi- pour l’enquête qui ont pu être portés de la note, le vembre par Roger Marion, le patron vembre 1998, avait sans nul doute concentre sur l’administration de nat de M. Erignac, il semble peu à sa connaissance ». Le 26 février, préfet Bonnet détaille les différentes de la DNAT, de l’interpellation de sa fait connaître au juge Bruguière la preuve plutôt que de distiller réaliste d’imaginer que M. Bonnet M. Chevènement, en présence des procédures judiciaires en cours : source. que Castela n’était qu’un des élé- des rumeurs méprisables sur une ait téléphoné à Matignon sur la directeurs de la police concernés l’attaque de la gendarmerie de Pie- Elle [la source du préfet] refuse ments du commando présumé et soi-disant enquête parallèle. seule base des déclarations d’un et des membres de son cabinet, or- trosella (Corse-du-Sud), le 5 sep- fermement la proposition de don- que le noyau opérationnel identi- La note se termine par une chro- informateur. Les contacts infor- donna au préfet de région, convo- tembre 1997, et l’assassinat du pré- ner ses informations aux enquê- fié était à Ajaccio ? La moindre nologie des événements, liés à la mels fréquents entre le préfet et qué place Beauvau, de ne plus fet Claude Erignac, le 6 février 1998, teurs en étayant son refus d’un té- précipitation aurait permis d’in- procédure concernant l’enquête Clotilde Valter, chargée, au cabinet s’occuper des aspects judiciaires à Ajaccio (Corse-du-Sud). moignage précis. Elle précise que, terpeller des personnes présu- sur l’assassinat du préfet Erignac, de M. Jospin, de suivre les affaires du travail de la police en Corse. 2. Les orientations récentes lors de son interpellation, le mées appartenir à la partie ajac- survenus entre le 16 novembre 1998 corses, avaient permis à Matignon, La police nationale dispose de- commissaire Frizon et le comman- cienne du commando. et le 15 janvier 1999. avant cette date, de prendre la me- Jacques Follorou puis juin 1998 d’un renseignement dant Bize de la DNAT lui ont re- selon lequel Jean Castela serait lié proché de s’être adressée au préfet à l’assassinat. L’enquête sur l’at- de Corse plutôt qu’à la police. (...) tentat de Pietrosella évolue au 4. La déstabilisation Le lent cheminement des notes adressées au procureur Dintilhac cours de l’été 1998 à partir de ren- Le préfet Bonnet détaille les ac- seignements recoupés par la gen- cusations d’enquête parallèle for- DÉBUT novembre 1998, Bernard Ces informations sont en partie l’occasion d’une filature de Jean ne mesure, apparemment, leur im- darmerie. D’importants moyens mulées à son encontre parues ces Bonnet se trouve dans une situation connues par les policiers chargés Castela, qui les a conduits à une portance que le 8 janvier, lors d’une opérationnels sont mis en œuvre à derniers jours dans la presse (en inédite pour un préfet de la Répu- des investigations sur l’assasinat de réunion, le 19 août, à Ajaccio, entre rencontre avec le préfet Bonnet or- l’automne et le juge Thiel pro- particulier dans Le Monde, blique. Il a, au début de l’été, ren- Claude Erignac, la division natio- les cellules du nord et du sud. Les ganisée sous l’égide du directeur voque une réunion à Ajaccio, le Le Point et à l’AFP). contré un mystérieux informateur nale antiterroriste (DNAT), dirigée gendarmes, quant à eux, ont repéré adjoint du cabinet de M. Chevène- 28 octobre, avec le SRPJ et les gen- Ces affirmations sont fausses qui lui a affirmé détenir des infor- par le contrôleur général Roger Ma- ces deux hommes au mois de juillet ment, Patrice Bergougnoux. Au darmes. Au cours de cette réunion, mais elles arment la campagne de mations de première importance rion, et la direction centrale des ren- 1998, en agissant dans le cadre de cours de cette réunion destinée, se- il met vivement en cause ces deux déstabilisation. « Les enquêteurs sur l’assassinat de Claude Erignac. seignements généraux (DCRG). l’enquête sur l’attaque de la gendar- lon les termes d’un des participants, services pour avoir adressé des étaient sur le point d’aboutir mais Pendant plusieurs mois, le préfet le Jean Castela, le professeur d’his- merie de Pietrosella, mais aussi en à « commenter les notes », les en- procès-verbaux de gendarmerie une enquête parallèle ordonnée par reçoit et transmet les informations toire-géographie présenté au- travaillant sur les éléments fournis quêteurs ont accès à leur contenu directement à la DNAT, non saisie le préfet de Corse, conduite par la recueillies au commandant de la lé- jourd’hui comme l’animateur prin- par la « source » du préfet, dont ils mais ils n’obtiennent pas de copie. sur Pietrosella. Il leur demande de gendarmerie, soutenue par la DGSE gion de gendarmerie de Corse, le cipal de la cellule nord du groupe de ignorent, semble-t-il, l’existence. Interrogé, mercredi 26 mai, sur les s’abstenir de toute nouvelle trans- et couverte par Matignon durant colonel Mazères. Ce dernier de- dissidents nationalistes radicaux est raisons du retard de cette transmis- mission (...). Il semblerait que la l’intérim du ministre de l’intérieur a mande aux gendarmes saisis de déjà apparu dans une note de la po- COPIE NON TRANSMISE sion, M. Bruguière a refusé de ré- jonction des procédures soit une tout compromis. » Cette fable est l’enquête sur l’attaque de la gendar- lice judiciaire datée du 1er juillet Lorsqu’il reçoit les deux notes du pondre à nos questions. révélation pour la DNAT, qui dé- reprise par les médias. Ce montage merie de Pietrosella (Corse-du-Sud) 1998. Quant à Alain Ferrandi, tenu préfet Bonnet, le procureur de Paris Au mois de janvier, une fois en couvrirait alors des éléments indigne est partiellement signé de travailler sur les « cibles », en aujourd’hui pour le chef du les remet « le jour même ou le lende- possession des documents, les poli- qu’elle ignorait (...). Cette situation lorsque l’on connaît l’intérêt porté s’appuyant à l’occasion sur les commando opérationnel contre le main » au juge chargé de l’instruc- ciers constatent qu’il existe à la fois stupéfiante est pourtant crédible. aux services secrets ou spéciaux moyens techniques et humains du préfet Erignac, il est sous surveil- tion sur l’assassinat de Claude Eri- des similitudes et des différences Le juge Thiel s’est opposé à toute par l’un des magistrats instruc- groupe de pelotons de sécurité lance policière depuis le mois gnac, Jean-Louis Bruguière. Selon entre leurs investigations et les élé- communication à la DNAT d’élé- teurs. (GPS). Il s’agit de vérifier les em- d’août. plusieurs sources judiciaires, ments contenus dans les notes du ments de la piste Castela exploitée 5. Les risques possibles de plois du temps et les relations des Grâce à une information obtenue M. Dintilhac ne précise pas au ma- préfet. Alain Ferrandi et Mathieu Fi- par la gendarmerie associée au fuites personnes désignées par l’informa- par les renseignement généraux, les gistrat instructeur que ces docu- lidori – mis en examen pour l’assas- SRPJ d’Ajaccio dans l’enquête Pie- Certains membres présumés, se- teur. policiers ont en effet eu connais- ments ont été rédigés par le préfet sinat du préfet –, Joseph Versini et trosella. Si un minimum de coordi- lon la source humaine, du Le 16 novembre, puis le 11 dé- sance du rôle présumé de Jean Cas- afin de protéger M. Bonnet et son Vincent Andreuzzi – toujours en nation avait existé entre les magis- commando ayant assassiné Claude cembre, M. Bonnet rassemble les tela au mois de juin 1998. Ils ont dé- informateur. Le juge Bruguière ne garde à vue, jeudi matin 27 mai –, trats instructeurs, d’une part, les Erignac se savaient suivis depuis éléments ayant trait à l’assassinat couvert le deuxième personnage-clé communique pas ces notes aux po- ainsi que Jean Castela – incarcéré différents services de police de les interpellations du 18 novembre du préfet Erignac dans deux notes de cette affaire, Alain Ferrandi, à liciers de la DNAT et de la DCRG. Il pour deux autres attentats – sont, à gendarmerie, d’autre part, les en- (Castela et autres). qu’il remet en mains propres au l’époque, des cibles communes des quêtes auraient pu progresser de Deux tentations peuvent se ma- procureur de la République de Pa- policiers et des gendarmes. En re- manière non cloisonnée. Cette ca- térialiser sous couvert d’un ap- ris, Jean-Pierre Dintilhac. Dans ces Le commissaire Marion critique Bernard Bonnet vanche, les policiers constatent au rence de coordination est confon- parent immobilisme : documents, le préfet décrit le fil de leur enquête que les notes de dante quand on se souvient – créer un nouveau choc en fai- groupe de Cargèse-Sagone et cite Le commissaire Roger Marion critique les investigations menées M. Bonnet comportent des inexac- qu’une arme dérobée à Pietrosella sant commettre un assassinat par les noms d’Alain Ferrandi, Mathieu par Bernard Bonnet pendant l’enquête sur l’assassinat du préfet titudes sur la composition du a servi de « signature » à l’assassi- des membres non encore identifiés Filidori et Joseph Versini – mis en Claude Erignac. Dans un entretien à Paris-Match, le chef de la divi- commando opérationnel : la note nat de Claude Erignac (...). du commando ; examen pour « assassinat » et sion nationale antiterroriste (DNAT) estime que l’action de l’ex-pré- précise ainsi que le commando 3. Le recueil d’informations – susciter une diversion en « complicité d’assassinat » dans l’af- fet de Corse « a fait prendre du retard » à l’enquête. « Nous avons été comprend un aubergiste sorti de humaines commanditant un attentat grave faire Erignac –, mais aussi ceux de obligés notamment d’accélérer l’interpellation du groupe Castela sans prison en 1997, qui est en fait l’ho- Une source humaine dont contre un symbole, en particulier Jean Castela – mis en examen pour avoir eu le temps d’approfondir le lien qui pouvait exister avec l’autre monyme d’un des membres du l’identité est révélée personnelle- les locaux de la gendarmerie, ac- les attentats contre les locaux de piste [la piste agricole] », précise M. Marion. groupe aujourd’hui mis en examen ment à M. Marion au cours de l’été cusée d’avoir utilisé les moyens de l’ENA, à Strasbourg, en 1997, et le Interrogé sur la guerre entre policiers et gendarmes, le policier as- pour l’assassinat du préfet. Selon 1998 livre plusieurs informations la DGSE et d’autres moyens spé- rectorat de Paris, en 1994 –, Vincent sure n’avoir « jamais voulu entrer dans ce jeu-là ». Il ajoute enfin que une source policière, les informa- directement au préfet de Corse. ciaux. Andreuzzi – toujours placé en garde l’accélération apparente de l’enquête après l’incendie criminel tions rassemblées par M. Bonnet Elles paraissent crédibles, car elles De manière plus positive, les à vue, jeudi 27 mai, dans le cadre de contre la paillote Chez Francis ne répondait qu’à « un problème tech- n’étaient pas exploitables judiciaire- comportent le nom de Castela. Le membres présumés du commando l’affaire Erignac – et Stéphane Co- nique ». « Je n’ai jamais subi de pression de la part de quiconque, et cer- ment du jour au lendemain. 16 novembre 1998, le procureur de mis sous surveillance permanente lonna, relâché à l’issue de sa garde à tainement pas du pouvoir politique, pour déterminer l’opportunité des la République de Paris est ainsi in- sont aujourd’hui neutralisés. vue, dans la nuit du 26 au 27 mai. interventions et des opérations de police », conclut-il. P. Ce. et J. Fo. LeMonde Job: WMQ2805--0009-0 WAS LMQ2805-9 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0437 Lcp: 700 CMYK

FRANCE-SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 / 9

Jacques Chirac et Lionel Jospin ferraillent en conseil des ministres

LA SCÈNE qui oppose Jacques toujours, il enchaîne : « Après cette le gouvernement, puis de le sé. » A ce moment, selon un té- Chirac et Lionel Jospin, ce mercre- page douloureuse, et avec le souci rendre public ensuite. Ainsi, moin, M. Chevènement arbore un di 26 mai, à l’Elysée, tient à la fois de tirer toutes les conséquences des même s’il ne connaît pas, au mo- large sourire, tandis que M. Chirac du ping-pong verbal et du jeu de graves dysfonctionnements de ment de leur tête-à-tête, le fond paraît un peu décontenancé. Plus go. Comme de coutume, les deux l’Etat, nous devons répondre aux du propos présidentiel sur la tard, d’ailleurs, à l’Elysée, son en- protagonistes sont assis, au aspirations de la grande majorité Corse, le premier ministre veut tourage parlera de la « nervosité » centre, de part et d’autre de la de nos compatriotes corses. (...) Ils profiter de ce dossier pour stigma- du premier ministre. table du conseil des ministres. recherchent, et nous devons les y ai- tiser, aussi, le procédé. Ce qu’il fait Pour l’heure, le président lui ré- Jean-Pierre Chevènement, mi- der, les formes et les moyens d’un devant ses ministres médusés : pond : « J’ai parlé de dysfonction- nistre de l’intérieur, vient d’expo- développement original et durable « J’ai souhaité, avec votre accord, nement de l’Etat car un préfet et ser le détail du travail policier sur (...). Nous devons tenir compte de répondre à vos propos, qui seront des gendarmes sont mis en cause. Je le meurtre du préfet Claude Eri- leur situation d’insulaires et respec- sans doute rendus publics tout à n’ai pas voulu évoquer des respon- gnac, à Ajaccio, le 6 février 1998. ter leur forte identité dans le cadre l’heure. » sabilités supérieures. Le gouverne- Auditeur attentif des propos mi- de la République. C’est à cette ment ne doit pas se sentir visé. » nistériels, le président de la Répu- tâche que je convie le gouverne- D’un geste des deux mains qui se blique passe la parole à son pre- ment, les élus et l’ensemble de la « Voilà quelques fois veut apaisant, M. Jospin donne mier ministre. « L’Etat a montré population corse. » acte à M. Chirac de cette préci- qu’il avait la capacité de découvrir Dans le silence qui suit, les té- que je vous entends sion. Au fond, les deux protago- les coupables par les moyens légaux, moins écarquillent les yeux quand nistes sont contents de la scène. commence M. Jospin. Il valait M. Jospin redemande la parole. parler de Le président fait passer sa petite mieux prendre le temps pour réunir Cette attitude contrarie une tradi- musique sur la Corse, le premier les éléments de preuves (...). Qua- tion solidement établie, qui veut dysfonctionnement ministre témoigne de sa pugnacité torze mois, ce n’est pas un temps ex- qu’au conseil des ministres le der- intacte. cessif pour mener à bien une en- nier mot demeure, en toute cir- de l’Etat » Plus tard, dans l’après-midi, quête comme celle-ci. » Chacun, constance, au président de la Ré- dans les couloirs de l’Assemblée maintenant, attend la réponse du publique. Ce que ne savent pas les Lionel Jospin nationale, les lieutenants, peu au président. Celui-ci est entré dans ministres présents, c’est que les fait de ses subtilités cohabitation- la salle du conseil avec, à la main, deux hommes se sont préalable- « Le gouvernement nistes, prolongent la passe quelques feuillets glissés dans un ment entendus sur ce scénario. En d’armes de leurs chefs. « C’était un plastique transparent de couleur effet, lors de leur entretien habi- ne doit pas petit peu inopportun que le pré- verte. Entre eux, les ministres se tuel, avant le conseil, M. Chirac a sident de la République parle à moquent de cet attirail qu’ils ap- prévenu M. Jospin de son souhait se sentir visé » nouveau de l’affaire des paillotes pellent le « prompteur ». Ils de dire quelques mots sur la au moment où les services de l’Etat savent qu’ainsi équipé M. Chirac Corse. Ce dernier lui a alors indi- Jacques Chirac (...), qui ont fini par découvrir les s’apprête à lire un texte rédigé à qué qu’il demanderait éventuelle- assassins du préfet Erignac, l’avance et dont la teneur sera ment à lui répondre. Le président montrent qu’ils sont capables de communiquée à la presse, sitôt le n’est donc pas surpris, en conseil, Puis, se saisissant d’un bout de bien fonctionner », déclare Jean- conseil terminé, par la porte-pa- de l’attitude du premier ministre. phrase présidentielle, M. Jospin Marc Ayrault, président du groupe role de la présidence, Catherine M. Chirac, en revanche, n’a pas attaque sur le fond : « Voilà quel- socialiste. « Le président de la Ré- Colonna. tout compris des motivations ques fois que je vous entends parler publique, conclut Patrick Deved- Effectivement, le président lit. Il réelles de M. Jospin. Au-delà de de dysfonctionnement de l’Etat. jian, député (RPR) des Hauts-de- rend d’abord « hommage à la mé- leurs divergences sur le dossier Certes, il y a eu dysfonctionnement, Seine, vient de rappeler que l’Etat moire du préfet Claude Erignac », corse, voilà déjà plusieurs fois que mais il n’a pas été approuvé, il n’a de droit n’a pas encore retrouvé son adresse ses « félicitations à tous celui-ci s’agace, auprès de ses pas été couvert. Il a été sanctionné équilibre. » ceux qui ont contribué » à la réso- proches, de l’habitude qu’a prise et corrigé et c’est un élément que lution de l’enquête. Puis, lisant M. Chirac de lire un papier devant l’on n’a pas constaté dans le pas- Jean-Michel Aphatie « Désormais, le chef incontesté du commando est Alain Ferrandi » Nous publions de larges extraits 3. Leur action poursuivrait plu- la logistique serait à Ajaccio. Ajaccio dans l’appartement oc- des notes adressées le 16 novembre sieurs objectifs : Le commando cupé par la sœur d’Alain Ferrandi et le 11 décembre 1998 par le préfet – venger les nationalistes dont Les intellectuels : (cf. infra). Cet élément est capital Bernard Bonnet au procureur de la la mort est attribuée aux ma- – Jean Castela, professeur d’his- pour l’enquête. République de Paris, Jean-Pierre nœuvres de l’Etat ; toire et géographie à l’université – Vincent Andreuzzi, profes- Dintilhac : – défier l’Etat en assassinant de Corte, demeurant à Bastia, seur de mathématiques au lycée son représentant ; route Impériale, au lieu-dit Tra- Vincensini, à Bastia, demeurant NOTE DU 16 NOVEMBRE – déstabiliser les nationalistes muntana ; au lieu-dit Cardiccia, à Monte De récentes en dénonçant le piège des élec- – Vincent Andreuzzi, profes- (2B). informations, tions territoriales. seur de mathématiques au lycée La participation de ces deux verbalement Il est à noter que leurs commu- Vincensini, à Bastia, demeurant personnes aux préparatifs de l’as- portées à ma niqués sont rédigés dans un style au lieu-dit Cardiccia, à Monte. sassinat de Claude Erignac serait connaissance, voisin de la prose de Unita Naziu- Les opérationnels : certaine. me permet- nalista, dont Mathieu-Dominique – Alain Ferrandi, chef d’agence Les opérationnels tent d’appor- Filidori avait été très proche. Hertz à Ajaccio, demeurant au – Alain Ferrandi, chef d’agence ter un nouvel Leur communiqué du 21 sep- lieu-dit Bottone, à Alata. Hertz à Ajaccio, demeurant au éclairage sur l’assassinat du préfet tembre 1998 rappelle que l’assas- La participation de ces trois lieu-dit Bottone à Alata (2A). Il est Claude Erignac, que seule une en- sinat de Claude Erignac a permis personnes aux préparatifs de l’as- le pivot du commando. Les autres quête policière méthodique, pa- de mettre en lumière les compor- sassinat de Claude Erignac serait membres du commando seraient tiente et discrète pourrait étayer. tements frauduleux de la classe quasiment certaine [cette phrase ses lieutenants d’une ancienne L’origine du projet d’assassi- politique locale. Il délivre aussi un est soulignée]. équipe du FLNC-canal historique nat avertissement très fort aux élus Les autres membres du du secteur de Cargèse-Sagone. 1. Le commando d’une dizaine qui ne voteraient pas en faveur de commando, vraisemblablement L’un pourrait être un certain de terroristes comprendrait des la reconnaissance juridique du cinq ou six personnes, restent in- (...), agriculteur, et l’autre pourrait intellectuels et des hommes d’ac- peuple corse. Il annonce claire- connus (...). être Stéphane Colonna, de Car- tion. ment une nouvelle action violente gèse (...). Ils se seraient connus il y a une qui serait une nouvelle étape pour NOTE DU 11 DÉCEMBRE 1998 Depuis les interpellations de la dizaine d’années dans le mouve- l’appropriation par le peuple Le premier feuillet de cette note DNAT effectuées le 18 novembre ment Unita Naziunalista. Ils se se- corse de son destin. reproduit quasi intégralement le 1998, le commando s’est mis en raient ensuite éloignées du FLNC, 4. L’assassinat du préfet début de la note précédente. Seule sommeil. lors de son éclatement en canal L’assassinat aurait été commis diverge la description du Une action était alors prévue habituel et canal historique. Ils par un commando limité qui n’au- « commando » et des « opération- contre une brigade de gendarme- condamnent ces deux organisa- rait bénéficié d’aucune informa- nels » rie de Balagne. Les interpellations tions clandestines qu’ils jugent tion extérieure, les habitudes du Le commando ont évité cette action. compromises avec les gouverne- préfet Erignac étant connues. Le Les intellectuels : Le code d’authentification du ments de gauche (canal habituel) commando se serait contenté de – Jean Castela, professeur d’his- commando, dit « groupe des ano- et de droite (canal historique). s’assurer de sa venue le 6 février toire et géographie à l’université nymes », joint au communiqué du Intégristes de l’indépendance, 1998 au Théâtre Kallisté. de Corte, demeurant à Bastia, 21 septembre 1998 aurait été reti- ils rejettent avec force la France et Il n’est pas exclu que quelques route Impériale au lieu-dit Tra- ré à Vincent Andreuzzi. sa présence « coloniale » en Corse semaines auparavant ce comman- muntana. Désormais, le chef incontesté et dénoncent aussi violemment la do se soit essayé à une tentative à Le nom de Jean Castela est du commando est Alain Ferrandi, classe politique insulaire. l’occasion d’un match de volley- connu depuis plusieurs mois des qui dispose de ce code d’authenti- 2. Les assassinats des années ball du club Le Gazelec d’Ajaccio, services de police. Une filature de fication (...). 1995 entre terroristes les auraient auquel Claude Erignac ne s’était Castela par ces services avait Après une période de mise en déterminés à passer à l’action exceptionnellement pas rendu. échoué au cours de l’été. sommeil indéterminée, le pour venger les nationalistes qui Les auteurs de l’assassinat se- En fait, le groupe auquel il ap- commando pourrait repasser à s’étaient entre-tués. raient le bras du commando dont partient s’était alors retrouvé à l’action. LeMonde Job: WMQ2805--0010-0 WAS LMQ2805-10 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 10:55 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0438 Lcp: 700 CMYK

10 / LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 FRANCE-SOCIÉTÉ

L’enquête sur l’assassinat de Claude Erignac s’oriente Les enquêteurs privilégient vers les membres de la cellule du nord de la Corse deux pistes sur l’assassinat Un professeur de Bastia, proche de Jean Castela, a été placé en garde à vue des Néerlandais de Monfort Après le démantèlement du groupe opération- leur enquête vers le nord de la Corse. Vincent avec Jean Castela, de la cellule du nord de l’île nel soupçonné d’avoir assassiné le préfet Eri- Andreuzzi, professeur à Bastia, a été placé en qui est suspectée d’avoir organisé deux atten- gnac, le 6 février 1998, les policiers poursuivent garde à vue, mercredi 26 mai. Il est membre, tats à Strasbourg et Vichy. Le procureur détaille la « sauvagerie » des faits L’ENQUÊTE des policiers de la Ferrandi, et, d’autre part, la cellule rait réalisé les attentats du 4 sep- dans tous les bâtiments et les lieux MONFORT (Gers) de douze coups de lame, dont cinq division nationale anti-terroriste Nord, dont Jean Castela est consi- tembre 1997 contre l’école publics de l’île. Jean-Hugues Co- de notre envoyé spécial l’ont mortellement atteint dans le (DNAT) se poursuit vers le nord de déré comme l’animateur principal. nationale d’administration (ENA) lonna, le père d’Yvan, un ancien Deux hypothèses – « une piste ex- dos. Les autopsies n’ont pas permis la Corse. Après avoir démantelé le Les deux cellules forment, selon à Strasbourg (Bas-Rhin), et le député socialiste des Alpes-Mari- térieure » et « une piste locale plus de préciser les heures des décès ; les commando opérationnel soup- les enquêteurs, un même groupe 11 novembre 1997, contre un times, ainsi que son épouse, ont crapuleuse », selon les mots du pro- expertises biologiques et toxicolo- çonné d’avoir assassiné le préfet que rassemblent les idéaux d’un complexe hôtelier à Vichy (Allier). été remis en liberté, dans la soirée cureur de la République d’Auch, Guy giques sont attendues. Claude Erignac, le 6 février 1998 à nationalisme dissident des mouve- de mercredi, après avoir été enten- Etienne – président à l’enquête sur Ajaccio (Corse-du-Sud), les poli- ments traditionnels, et porté au DISQUE DUR DÉTRUIT dus comme témoins. Selon nos in- l’assassinat de quatre vacanciers « DES GENS VENUS DE LOIN » ciers de la DNAT concentrent leur radicalisme. Ce sera très vite l’axe Selon une source proche de l’en- formations, rien ne serait ressorti néerlandais, dont les corps ont été Un début de psychose a gagné la attention sur l’entourage de Jean d’enquête retenu par le contrôleur quête, Jean Castela pourrait égale- de leur témoignage. Stéphane, le découverts samedi 22 mai à la ferme région. Aimé et Ginette Gourgues, Castela. Vincent Andreuzzi, un général Roger Marion, le patron ment être l’auteur, ou l’un des au- frère d’Yvan, interpellé dimanche de la Boupillère. Mais le procureur, les plus proches voisins de la Boupil- professeur de mathématiques au de la DNAT. teurs, du communiqué de 23 mai, a lui aussi été relâché. Dé- qui s’est exprimé, mercredi 26 mai, lère, disent ainsi avoir « un peu lycée de Bastia (Haute-Corse) a Jean Castela, un professeur revendication de l’assassinat du signé à tort dans une note du pré- lors d’un point de presse sur les peur ». Ces agriculteurs retraités ainsi été interpellé, mercredi d’histoire-géographie, actuelle- préfet Erignac. Les policiers fet Bonnet comme l’un des marches du palais de justice, refuse conservaient la clef de la résidence 26 mai à Ajaccio, placé en garde à ment mis en examen et écroué viennent de recueillir le témoi- membres du commando opéra- de préciser son propos. Se méfiant secondaire en l’absence du couple vue et transféré à Paris. pour un attentat commis en 1993 gnage d’une personne qui le met tionnel, il aurait été mis hors de des « élucubrations », il ne veut Van Hulst. Pour se rassurer, ils pré- Selon les enquêteurs, cet ensei- contre un bâtiment du rectorat de en cause, et précise qu’il aurait dé- cause. étayer ni la thèse d’un crime de rô- fèrent croire que le carnage a été gnant accompagnait Jean Castela, l’académie de Paris, est très tôt ap- truit le disque dur de son ordina- En revanche, Pierrette Serreri, la deurs de la région, surpris lors d’un commis par des « gens venus de le 19 août 1998. A cette date, les paru dans l’enquête. Son nom fi- teur pour éviter toute expertise de compagne d’Yvan Colonna, était cambriolage, ni celle d’un assassinat loin », plutôt que par des « gens deux hommes s’étaient rendus en gurait déjà dans une note de la po- son contenu. toujours entendue, jeudi tôt dans préparé par des professionnels du d’ici ». Ils rappellent qu’une Gersoise voiture à une réunion à Ajaccio te- lice judiciaire datée du 1er juillet Par ailleurs, les recherches visant la matinée, par les enquêteurs. A crime éventuellement venus de de leur génération a été battue et nue dans l’appartement de la sœur 1998. Les enquêteurs s’interrogent Yvan Colonna, suspecté d’être l’inverse de ce qu’elle avait déclaré l’étranger. égorgée à son domicile, en 1998, dans d’Alain Ferrandi en présence de ce désormais sur son rôle exact dans l’auteur des trois coups de feu qui dans un premier temps, elle a Toujours conduite en flagrance, la commune proche de Monvezin. dernier. Cette rencontre placée le groupe. Selon les premiers élé- ont abattu le préfet de Corse, se confirmé devant les policiers (Le l’enquête confiée à la gendarmerie a Comme d’autres, les époux sous haute surveillance policière, ments recueillis, il y aurait eu une poursuivaient activement, jeudi Monde du 27 mai) ne pas être en cependant établi que la tuerie de Gourgues redoutent que la vogue de avait permis aux enquêteurs d’éta- division des tâches entre les deux 27 mai, dans la matinée. Les en- mesure de fournir un alibi à son Monfort a eu lieu dans la nuit du jeu- leur région auprès des « étrangers » blir pour la première fois un lien cellules. Celle du Sud a pris en quêteurs conservaient un bon es- compagnon pour la soirée du 6 fé- di 20 au vendredi 21 mai. Ce soir-là, n’aiguise les convoitises des malfai- matériel entre, d’une part, ceux charge l’attaque de la gendarmerie poir de mettre la main sur lui, à vrier 1998, date de l’assassinat à Marianne Van Hulst et les époux teurs. Et de citer les noms de célébri- qu’ils baptiseront la cellule Sud, de Pietrosella (Corse-du-Sud) et condition qu’il ne soit pas déjà Ajaccio de Claude Erignac. Nieuwenhuis ont dîné dans un res- tés – Laurent Fabius, Dick Rivers, les les membres du commando opéra- l’assassinat du préfet Claude Eri- parvenu à quitter la Corse. Des taurant des environs, qu’ils ont quitté frères Igor et Grichka Bogdanov – tionnel regroupés autour d’Alain gnac, tandis que celle du Nord au- avis de recherche ont été apposés Pascal Ceaux vers 23 heures. Ils sont repartis avec possédant un pied-à-terre dans la ré- une assiette garnie, selon le témoi- gion. gnage de la restauratrice, entendue Suscité par la beauté de la Lo- mercredi par les gendarmes, pour magne et de ses environs, l’achat de une quatrième personne qui n’avait résidences secondaires est aussi prisé pu se joindre à eux. Atie Van Hulst par les Allemands, les Anglais et les était en effet resté bricoler dans sa Néerlandais. La commune de Mon- ferme. Il a été assassiné dans son ate- fort (440 habitants), un village classé lier, vêtu d’un gilet et d’un tee-shirt. du XIIIe siècle, a accueilli deux Portant leurs tenues de sortie au res- couples de Britanniques, un couple taurant et des vêtements de pluie, les d’Allemands et un couple de Néer- autres victimes ont été égorgées dans landais. Ces derniers, les époux Van trois pièces distinctes. Le procureur Hulst, avaient découvert le Gers à s’est pourtant refusé à avancer que bord d’un camping-car, avant d’ac- les meurtres aient pu être commis en quérir leur ferme en octobre 1998. deux temps. Parlant un français approximatif et Détaillant la « sauvagerie extrême » peu insérés dans la vie locale, ils de la tuerie, le procureur s’est borné consacraient l’essentiel de leurs à rendre compte des autopsies opé- courts séjours à l’aménagement de la rées mardi 25 mai à l’institut médico- maison. Dans leur ville d’Oss, Atie légal de Toulouse. Sans constituer Van Hulst dirigeait une entreprise de des tortures, destinées à obtenir des matériels de protection et de sécurité. « aveux » des victimes, les violences Son épouse et lui avaient été conseil- témoignent d’un terrible acharne- lers municipaux sous l’étiquette du ment meurtrier. Atie Van Hulst a été Parti libéral (VVD, droite). Originaire atteint par quatre décharges de de la même région du Brabant, la plombs de calibre 12, à trois reprises présence du second couple – la sœur (dont deux mortelles) dans le dos, la de Marianne Van Hulst et Johan Van quatrième étant tirée de face et en Nieuwenhuis, employé dans une en- plein cœur. Son épouse et le couple treprise d’informatique – paraissait Nieuwenhuis étaient, eux, baillonnés. également bien loin d’expliquer un Les deux femmes ont reçu quatre tel acharnement meurtrier. coups d’arme blanche au niveau du cou. Johan Nieuwenhuis a été blessé Erich Inciyan Un plan « nouvelles chances » pour les exclus de l’école

TROP SOUVENT accusée de ne lèvent du « cousu main », à savoir pas se préoccuper des élèves qu’elle de solutions individuelles adaptées, rejette sans diplômes ni qualifica- cas par cas, pour chaque jeune tions, l’éducation nationale fait concerné. Dès lors, il s’agit, pré- amende honorable et engage un cisent les ministres, d’encourager le programme baptisé « nouvelles travail des équipes concernées et de chances » qui a été présenté, mer- créer les conditions favorisant la credi 26 mai, par les ministres mise en œuvre « d’une foultitude de Claude Allègre et Ségolène Royal microréalisations », bien souvent à avec le soutien de Martine Aubry, la marge du système. ministre de l’emploi et de la solida- rité, et Nicole Perry, secrétaire ITINÉRAIRES « SUR MESURE » d’Etat aux droits des femmes et à la Une première série de disposi- formation professionnelle. Annon- tions tend à renforcer, dans les bas- cées au lendemain de la réforme sins d’emplois, le repérage de ces des collèges, les mesures proposées jeunes en rupture, dont certains s’inscrivent dans le même objectif abandonnent l’école avant la fin de de lutte contre l’échec scolaire et de la scolarité obligatoire. Dès le col- prise en charge des élèves en lège, Claude Allègre et Ségolène « grande difficulté » (Le Monde du Royal souhaitent donc faciliter la 7 juillet 1998). prise en charge de ces jeunes et fa- Certes, le nombre de ces jeunes voriser leur insertion dans des for- « exclus » qui décrochent au cours mations qualifiantes, en liaison de leur scolarité a nettement baissé avec les lycées professionnels et les depuis dix ans. De 110 000 au début entreprises. Le ministre de l’éduca- des années 90, ils ne seraient plus tion n’a pas caché son intention que 57 000 à sortir de l’école, sans d’enrichir l’offre de formation au la moindre qualification, avant plus bas niveau et d’assouplir les même d’avoir atteint un CAP. A conditions d’obtention de CAP en ceux-là s’ajoutent un peu plus de deux ou trois ans à partir d’itiné- 35 000 autres qui ont échoué dans raires « sur mesure », alternant les les voies générales et profession- parcours scolaires et les stages en nelles, sans atteindre le baccalau- entreprise. Pour assurer le finance- réat, qui se retrouvent peu après ment de ce programme, dont le dans les dispositifs d’insertion. coût n’a pas été chiffré, Claude Al- Qualifié par Claude Allègre lègre affirme d’ailleurs bénéficier « d’urgence sociale », ce pro- du soutien de fondations de grands gramme « nouvelles chances » groupes, tels Vivendi et EDF. Il mise avoue d’emblée la modestie de l’en- également sur l’engagement des ré- treprise. Elaboré sur la base d’un gions et espère en outre inscrire rapport confié à Catherine Moisan, son plan dans les programmes eu- inspectrice générale de l’éducation, ropéens. il reconnaît que toutes les initiatives déjà engagées dans ce domaine re- M. De. LeMonde Job: WMQ2805--0011-0 WAS LMQ2805-11 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0439 Lcp: 700 CMYK

FRANCE-SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 / 11

La loi d’orientation agricole organise Le Sénat devrait approuver la création une redistribution des aides européennes d’une procédure administrative d’urgence Le Parlement a adopté définitivement le texte du gouvernement Un projet de loi d’Elisabeth Guigou vise à instituer La loi d’orientation agricole a été définitivement adop- d’exploitation, proposé à chaque agriculteur et financé un référé devant les tribunaux administratifs, tée, mercredi 26 mai, par le vote de l’Assemblée natio- en partie par la modulation des aides européennes, et nale en troisième lecture. Elle crée le contrat territorial institue un dispositif de « biovigilance ». analogue à celui qui existe en matière judiciaire IL N’AURA PAS fallu plus de faveur de l’enseignement agricole, de la montagne. Une partie des LA COMMISSION des lois du Sé- cette liberté, grâce à un « référé-in- timité du juge administratif éviterait deux heures aux députés, mercre- notamment, ayant été écartées. crédits viendra des sommes déga- nat, réunie mercredi 26 mai, a adop- jonction ». A l’heure actuelle, il n’a la mise en cause fréquente des élus di 26 mai, pour adopter définitive- « Ce texte correspond à 80 % aux gées par la modulation et le pla- té à l’unanimité un projet de loi re- pas le droit d’adresser d’injonctions devant le juge judiciaire. Plusieurs ment, au terme d’une troisième attentes du monde agricole, a dé- fonnement des aides euro- latif au référé devant les juridictions à l’administration. sénateurs ont indiqué que ce serait lecture, le projet de loi d’orienta- claré François Patriat (PS), rap- péennes, notamment en fa- administratives, présenté par Elisa- Ce texte partage les sénateurs, re- une bonne chose, le juge judiciaire tion agricole (LOA) dont l’Assem- porteur du projet à l’Assemblée. Il veur du développement rural. beth Guigou, ministre de la justice. présentants des élus locaux. n’étant pas toujours à même, selon blée nationale avait commencé prépare l’avenir, réoriente les cré- 40 000 contrats pourraient être si- Ce texte a été élaboré par le Conseil Comme n’importe quels justi- eux, de bien apprécier le fonction- l’examen le 5 octobre 1998. Près dits publics non plus en fonction gnés en 2000 avec une enveloppe d’Etat, à la suite d’une polémique ciables, ils souhaitent que la justice nement de l’administration. de huit mois de débats et de na- seulement des volumes, mais des globale de 1 à 2 milliards de concernant les passagers clandes- administrative soit moins lente ; Les sénateurs de la commission vettes avec le Sénat auront été né- personnes et des territoires. » francs. tins d’un bateau qui, faute d’avoir mais ils craignent aussi que les ad- des lois ont donc approuvé le texte, cessaires pour venir à bout d’un M. Patriat a demandé au gouver- b Structures. Pour faciliter la pu obtenir que leur demande d’asile ministrés ne multiplient les recours, tout en y apportant plusieurs modi- texte « refondateur », prenant la nement « d’être très vigilant » dans transmission des exploitations et soit examinée dans l’urgence par un notamment en matière d’urba- fications. Soucieux de voir les juges suite des grandes lois agricoles du la préparation des décrets, notam- favoriser l’installation des jeunes, tribunal administratif, avaient dû nisme, et ne paralysent l’action ad- statuer plus vite sur le fond, et non début des années 60. Trois ans, ment sur le contrôle des struc- les sociétés seront soumises aux rester sur ce navire, au péril de leur ministrative, ainsi que l’a indiqué seulement de façon provisoire, ils même si l’on se souvient que c’est tures sociétaires, afin de ne pas se mêmes contrôles que les exploita- vie (le Monde du 8 janvier 1998). Jacques Larché (DL), président de la ont prévu que le référé-suspension Jacques Chirac qui, en mars 1996, mettre en contradiction avec le tions indivuelles afin de mieux ré- Le projet de loi, adopté par le commission des lois. En outre, ils prendrait fin dans un délai d’un an. avait demandé au ministre de droit communautaire ni risquer partir les droits à produire et évi- conseil des ministres le 17 mars et n’apprécient guère que le juge li- Ils ont limité le pouvoir du préfet, l’agriculture de l’époque, Philippe d’introduire des dispositions ter la course à l’agrandissement. soumis en première lecture au Sé- mite le pouvoir des élus, grâce au qui n’aura pas, comme le proposait Vasseur, de mettre en chantier dommageables, par exemple, b Sécurité. Un comité de biovi- nat, institue chez le juge adminis- référé-injonction. le texte du gouvernement, la possi- cette réforme très attendue par les dans le secteur viticole. gilance est créé pour la surveil- tratif une procédure d’urgence, ana- bilité de saisir le juge en cas d’at- organisations professionnelles. lance des végétaux et l’utilisation logue à celle qui existe chez le juge POSSIBILITÉ D’APPEL teinte aux libertés. Les soixante-cinq articles défen- « OCCASION MANQUÉE » des produits phytosanitaires. La judiciaire. Les justiciables pourront Le rapporteur du texte, René Gar- Sur proposition de Robert Badin- dus par Jean Glavany qui avaient Au nom du RPR, Alain Marleix question des OGM étant parti- obtenir plus facilement des sursis à rec (DL), lui-même membre du ter (PS, Hauts-de-Seine), ancien été préparés par son prédéces- (Cantal) a vu dans cette loi « une culièrement délicate, Jean Glava- exécution, rebaptisés « référés-sus- Conseil d’Etat, a rappelé qu’il existe président du Conseil constitution- seur, Louis Le Pensec, ont été occasion manquée », oubliant les ny s’est engagé à demander à Lio- pension ». En outre, lorsque l’admi- une amende pour recours abusif, et nel, ils ont introduit une possibilité adoptés par les groupes PS, PC et capacités « offensives et exporta- nel Jospin d’organiser à la rentrée nistration portera une atteinte que cette dernière s’appliquera plei- d’appel pour ce type de jugement, RCV, l’UDF, DL et le RPR votant trices de la France », et déclaré un débat sur le sujet au Parle- grave et manifestement illégale à nement aux demandes de référés. Il qui n’était pas prévue par le texte contre. « La LOA est le fruit de dé- que ce texte aurait dû être préparé ment. une liberté fondamentale, le juge a souligné que l’usage du référé-in- du gouvernement. bats sereins et efficaces », a déclaré après l’accord de Berlin, qui le pourra ordonner « toutes mesures jonction serait strictement encadré. le ministre de l’agriculture et de la rend, estime-t-il, « obsolète ». François Grosrichard nécessaires » à la sauvegarde de Il a observé qu’une plus grande légi- Rafaële Rivais pêche, qui a donné l’assurance Quant à François Sauvadet (UDF, que la plupart des décrets d’appli- Côte-d’Or), il a dénoncé « une vi- cation sont quasiment prêts. Une sion dogmatique de l’agriculture, majorité de députés, à gauche un calendrier à contre-temps, une comme à droite, ainsi que le gou- accumulation de contraintes et de vernement, ont regretté que la lourdeurs » et l’absence totale commission mixte paritaire (As- d’engagements fiscaux ou sociaux semblée-Sénat) ne soit pas parve- concrets. nue, le 4 mars, à un accord, qui Approuvé, au contraire, par le aurait permis de gagner du temps groupe socialiste, le dispositif et de retenir de nombreux amen- gouvernemental a été salué par dements du Sénat. François Leyzour (PC, Côtes-d’Ar- « Le jusqu’au-boutisme de cer- mor), selon qui il « permet une ré- tains sénateurs a été contre-pro- sistance à la vague libérale et à la ductif », avait déclaré au Sénat, le pression des marchés ». 18 mai, le rapporteur, Michel Sou- Parmi les orientation nouvelles plet (UDF), faisant allusion à l’at- de la loi, trois sont essentielles : titude du groupe RPR. Marcel De- b Les contrats territoriaux neux (UDF, Somme) avait même d’exploitation seront signés à ostensiblement félicité le ministre partir de l’automne, individuelle- et le président de la République ment, entre les agriculteurs qui le pour la façon dont ils avaient dé- souhaiteront et l’administration. fendu les intérêts français dans les Des aides spécifiques appuieront négociations européennes sur la les fonctions productives, sociales PAC et l’accord de Berlin du (emploi) et environnementales 26 mars. En définitive, six amen- des paysans, indépendamment dements sénatoriaux ont été rete- des aides habituelles, pour l’ins- nus par l’Assemblée, la plupart de tallation des jeunes, par exemple, pure forme, les modifications en ou pour compenser les handicaps Les parlementaires ne demandent pas la dissolution du service d’ordre du FN DÈS LE DÉPART, il a été clair dant, les deux seuls cas que la que la commission d’enquête par- commission a pu relever. lementaire sur le DPS (Départe- Ce n’est pourtant pas faute ment protection-sécurité) du Front d’avoir entendu de nombreux té- national, qui a adopté, mercredi moignages. La commission, prési- 26 mai, ses conclusions (la droite dée par Guy Hermier (PC), a en ef- ne participant pas au vote), aurait fet entendu des dizaines de la partie difficile. Créée le 9 dé- policiers, journalistes spécialisés cembre 1998, alors qu’une tren- sur le Front national, anciens mi- taine d’organisations, dont plu- nistres de l’intérieur, mais aussi sieurs syndicats de policiers, l’ancien directeur du DPS, Bernard réclamaient la dissolution de cette Courcelle, et un ancien collabora- « milice privée » au nom de la loi de teur de Jean-Marie Le Pen, Fran- juin 1936 condamnant les ligues, çois-Xavier Sidos. elle devait être, aux yeux de la gauche notamment, un moyen de AU MAGASIN DE L’HISTOIRE combattre la part la plus brutale du La commission a posé de multi- Front national. Très vite, pourtant, ples questions sur le recrutement les députés ont dû déchanter. et les méthodes de ces « milices ». Le rapport, qui sera rendu public Elle s’est interrogée sur d’éven- le 3 juin, souligne un constat que tuelles connivences entre les forces les parlementaires ont fait dès les de police, les forces de gendarme- premières séances de leurs tra- rie et le DPS, sur ses liens avec des vaux : les agissements du DPS ne sociétés privées de gardiennage, permettent pas de réclamer sa dis- sur le reclassement éventuel d’an- solution. Le rapporteur, Bernard ciens membres du SAC (l’ex-Ser- Grasset (PS), ancien directeur de la vice d’action civique gaulliste des police nationale, devenu député de années 60). Charente-Maritime, souligne seu- Pour finir, elle s’est penchée sur lement que « dans deux cas, le gou- les activités de renseignement et de vernement, et notamment le ministre fichage que pratique sans vergogne de l’intérieur de l’époque, Jean-Louis le DPS, avant de constater qu’après Debré, aurait pu entamer une pro- la scission du Front national, la cédure de dissolution : lors d’une partie la plus radicale du service violente charge du DPS contre des d’ordre a rejoint le « Département manifestants anti-FN, à Montceau- protection-assistance » du Mouve- les-Mines, et lors d’une manifesta- ment national de Bruno Mégret. tion non autorisée du FN à Paris, le L’éclatement du FN a d’ailleurs 21 octobre 1996 à l’issue d’une réu- permis de délier quelques langues nion salle Wagram ». Ce jour-là, le et, en fragilisant l’extrême droite, il secrétaire général du FN, Bruno a éloigné le danger d’une action sé- Gollnisch, avait entraîné ses mili- ditieuse de ses services d’ordre. tants jusqu’à l’Arc de triomphe, et C’est aussi ce qui pourrait expli- le DPS avait brutalement repoussé quer que la commission d’enquête le policier qui tentait de s’interpo- semble épargner une organisation ser, accueillant ses collègues, arri- en rangeant au magasin de l’His- vés en renfort, aux cris de « Colla- toire la plupart de ses agissements. bos des immigrés » (Le Monde du 23 octobre 1996). Ce sont, cepen- Raphaëlle Bacqué LeMonde Job: WMQ2805--0012-0 WAS LMQ2805-12 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0440 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 FRANCE-SOCIÉTÉ CGT et CFDT affichent leur unité pour infléchir L’audience du procès de l’ARC a été renvoyée au 31 mai LA ONZIÈME CHAMBRE correctionnelle du tribunal de Paris, qui exa- la préparation de la seconde loi sur les 35 heures mine le dossier de l’ARC, a ordonné, mercredi 26 mai, le renvoi de l’affaire au lundi 31, après qu’en début d’audience, Me Jean-Marc Varaut, avocat de Jacques Crozemarie, fondateur et ancien président de l’association pour- Martine Aubry commence à consulter les confédérations syndicales suivi pour « abus de confiance » et « recel d’abus de biens sociaux », en eut fait la demande. La ministre de l’emploi, Martine Aubry, a enta- doit fixer les modalités définitives du passage CGT, de la CFDT, de la CGC et de la CFTC, qui doit Victime d’un malaise lors de la première journée de son procès, M. Croze- mé ses consultations bilatérales sur la deuxième aux 35 heures. Parallèlement, la semaine d’ac- se poursuivre jusqu’à samedi, se révèle plus marie, qui souffre d’affections cardiaques, avait été hospitalisé à l’hôpital loi sur la réduction du temps de travail, celle qui tions communes organisée à l’initiative de la symbolique que réelle. Cochin (Le Monde du 27 mai). Les médecins ont souhaité poursuivre la sur- veillance pendant vingt-quatre heures. Me Patrick Maisonneuve, conseil de MARTINE AUBRY a entamé tions ponctuelles – débats, fo- pérennité des emplois et quant à communes pour faire entendre l’ARC, partie civile, ne s’est pas opposé à la demande de renvoi, estimant ses premières consultations avec rums, distributions de tracts, la précarisation croissante des leur voix. Plusieurs syndicalistes que la présence de M. Crozemarie était « centrale dans ce dossier », pas plus les partenaires sociaux dans le plus rarement arrêts de travail – contrats de travail ». de la CGT, de la CFDT mais aussi que le substitut du procureur de la République, Paulette Arrault, qui a, en cadre de la préparation de la sous la bannière générique des Jeudi, journée « temps fort » de parfois de FO et de la CGC, tous outre, obtenu une nouvelle expertise médicale avant la reprise du procès. deuxième loi sur les 35 heures. 35 heures, même si elles ont pu cette semaine d’actions, plu- salariés de grandes entreprises Jeudi 27 mai, se heurter localement lors de la sieurs manifestations sont pré- relevant de la convention métal- en début de discussion de tel ou tel accord. Il vues, ici ou là. Des arrêts de tra- lurgie (IBM, Siemens, Bull, Perquisition des juges Joly matinée, la s’agit surtout, une nouvelle fois, vail sont programmés dans deux Schlumberger) ont lancé un ap- ministre de pour les confédérations CGT et organismes sociaux, l’Unedic pel-pétition en début de semaine l’emploi et de CFDT d’afficher leur union afin (assurance-chômage) et la Sé- pour refuser les « forfaits tous et Vichnievsky chez un avocat : la solidarité d’en convaincre leurs troupes. curité sociale, ainsi qu’une mani- horaires » et dire leurs craintes doit s’entrete- Ainsi, à Paris, les unions départe- festation commune à ces deux quant à un décompte en jours de nir avec Ber- mentales de Paris des syndicats organismes, qui partira, en début leur temps de travail sur l’année. nouvelle audience le 23 juin nard Thibault, CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC, d’après-midi, du siège du Medef le numéro un de la CGT. De son UNSA (autonomes) et FSU (en- pour se rendre au ministère de « PAS BONS » POUR LES CADRES LE TRIBUNAL de grande instance de Paris, qui devait se prononcer mer- côté, la secrétaire générale de la seignants), ont appelé mercredi, l’emploi. Dans les grands maga- « Seul le décompte approximatif credi 26 mai, n’a pas tranché le litige qui oppose l’ordre des avocats de Paris CFDT, Nicole Notat, qui a été re- dans un communiqué commun, à sins, où les négociations sur les en heures permet d’éviter les dé- et l’Etat au sujet de la perquisition menée par les juges parisiennes Eva Joly çue la veille par Mme Aubry, doit défendre les 35 heures « pour 35 heures piétinent et où les rives », écrivent-ils. « Demain, et Laurence Vichnievsky au cabinet de l’avocat Eric Turcon dans le cadre de faire connaître jeudi, en fin de créer des emplois et améliorer les conventions collectives ont été quand un salarié aura signé un l’affaire Elf. Dans un jugement rendu mercredi 26 mai, il a convoqué les matinée, les propositions détail- conditions de travail ». dénoncées en mars 1998, les sala- contrat de travail avec forfait en deux parties à une nouvelle audience le 23 juin. lées de la CFDT sur la seconde riés sont appelés à débrayer ven- jours, quand il travaillera 48 ou Lors de l’audience du 12 mai (Le Monde du 14 mai), l’ordre des avocats avait loi. « PÉRENNITÉ DES EMPLOIS » dredi et à se rassembler, à Paris, 55 heures, ce sera normal car estimé que cette perquisition constituait une violation du secret profes- Cette première série de ren- De son côté, Force Ouvrière d’une part autour des grands conforme à son contrat » s’alar- sionnel et une « faute lourde » dans le fonctionnement de la justice. Dans contres intervient alors que la qui sera reçue par Mme Aubry le magasins du boulevard Hauss- ment-ils. L’union CGT des cadres ses attendus, le tribunal, présidé par Jean-Marie Coulon, rappelle qu’en ver- semaine d’initiatives communes 1er juin, a fait état en début de se- mann, d’autre part autour du (UGICT) a estimé, de son côté, tu de la Convention européenne des droits de l’homme, toute personne a organisée par la CGT, la CFDT, la maine de ses préoccupations BHV, où des animations sont mercredi que la grande majorité droit à un jugement « impartial ». Observant que les deux magistrates ap- CFTC, et la CFE-CGC, autour des concernant la deuxième loi sur prévues toute la journée. Mer- des accords sur les 35 heures si- partiennent « à la juridiction à laquelle il est demandé de se prononcer [le tri- thèmes de l’emploi et de la ré- les 35 heures. Estimant « néces- credi matin, à l’initiative de la gnés par des syndicats de tous bunal de grande instance de Paris] », il invite les deux parties à s’interroger, duction du temps de travail, se saire de remettre de l’ordre dans CGT, FO, la CFTC, la CFE-CGC et bords ne sont « pas bons » pour à l’occasion de la future audience, sur son « aptitude à statuer ». révèle beaucoup plus symbo- le dossier des 35 heures », la cen- la CFDT du secteur, qui tra- les cadres et qu’il faudrait, de ce lique que réelle. Conçue officiel- trale dirigée par Marc Blondel a vaillent en intersyndicale depuis fait, les « corriger ». « Aucune lement pour peser sur l’élabora- exprimé son « inquiétude ». Pour de longs mois, une centaine de confédération syndicale, de la L’impôt sur la fortune a rapporté tion de la seconde loi, cette FO, avec la première loi Aubry salariés de la branche ont envahi CFE-CGC à la CGT, ne peut se sa- semaine d’initiatives communes de juin 1998 , « les critères de pendant deux heures une réu- tisfaire du bilan de sa présence sur à laquelle se sont associées l’UN- compétitivité, de coût, et de renta- nion de négociations à Paris, l’enjeu de la RTT [réduction du 11,1 milliards de francs en 1998 SA (autonomes), la FSU (ensei- bilité ont de fait reçu une légitimi- consacrée à l’élaboration de temps de travail] pour les gnants) et le Groupe des Dix, té législative ». Rappelant son nouvelles conventions collec- cadres », a indiqué Gérard Dela- L’IMPÔT de solidarité sur la fortune (ISF) payé en 1998 a rapporté 11,1 mil- mais pas FO, a surtout une fonc- scepticisme quant à l’« automati- tives pour les 40 000 salariés du haye, secrétaire général de liards de francs à l’Etat (+ 10,7 % par rapport à 1997), a annoncé, mercredi tion pédagogique. Il s’agit cité entre réduction du temps de secteur. l’UGICT-CGT et membre du bu- 26 mai, le ministère des finances. Cette augmentation « découle pour l’es- d’amener les équipes syndicales travail et création d’emplois », FO Plus singulièrement, ce sont reau confédéral de la CGT. sentiel d’une progression de l’ordre de 13 % des patrimoines mobiliers, alors des quatre centrales organisa- souligne que « moults pro- les cadres qui semblent avoir sai- que les patrimoines immobiliers ont progressé de 4 % », précise le ministère. trices à se retrouver sur des ac- blèmes » se posent « quant à la si cette semaine d’initiatives Caroline Monnot Au total, 193 944 déclarations ont été remplies (9 % de plus qu’en 1997) par les personnes physiques détenant un patrimoine net imposable supérieur à 4,7 millions de francs. La droite sénatoriale oppose son « contre-projet » DÉPÊCHES a JUSTICE : le substitut du procureur a requis à l’encontre du rappeur Joey Starr, qui comparaissait, mercredi 26 mai, devant le tribunal correc- pour la couverture-maladie universelle (CMU) tionnel de Bobigny pour des violences envers son ex-compagne Jennifer Galin, une peine de trois ans d’emprisonnement dont 18 mois ferme, assor- IL NE RESTERAIT plus grand- nat du 1er juin au 3 juin. Le texte sénatoriale RPR-UDF-DL. Le les voix de la gauche, de présen- tis d’un mandat de dépôt. La défense a demandé une peine avec sursis et chose de la couverture-maladie de la ministre de la solidarité vise principe du seuil de revenus ter un bilan annuel sur la CMU, une obligation de recevoir des soins. universelle (CMU) après son exa- à garantir l’accès aux soins pour mensuels (fixé à 3 500 francs) dans le souci d’éviter une infla- a ACCIDENT : un collégien de 14 ans est mort noyé, mercredi 26 mai, à men par la commission des af- tous, en rendant obligatoire l’af- ouvrant droit à la CMU y est sup- tion des dépenses, comme cela Berrias-et-Casteljau (Ardèche), en traversant une rivière avec ses cama- faires sociales du Sénat, mercre- filiation au régime de base de la primé. Comme alternative à s’est produit pour le RMI. rades du collège Raymond-Poincaré de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), di 26 mai, si l’Assemblée du Sécurité sociale – 150 000 per- cette « prothèse du pauvre », les en classe verte dans les environs. Encadrée par six adultes, la classe de Palais du Luxembourg, où la sonnes en sont encore dépour- sénateurs proposent une « allo- Clarisse Fabre 34 enfants avait entrepris de traverser le Chassezac, un cours d’eau dont le droite est majoritaire, avait le vues – et en offrant à six millions cation personnalisée à la santé » et Isabelle Mandraud niveau était faible mais le courant fort. Une enquête judiciaire a été ouverte. dernier mot dans l’élaboration de Français une couverture (APS), calquée sur l’allocation- a PRISONS : les gendarmes mo- des textes législatifs. Le projet de complémentaire gratuite. logement (APL). L’APS serait biles sont intervenus, mercredi loi de Martine Aubry, adopté en Charles Descours (RPR), rap- donc maximale au niveau du 26 mai, à la maison d’arrêt de première lecture, à l’Assemblée porteur du texte au Sénat, a don- RMI, puis dégressive, en fonc- Fleury-Mérogis (Essonne) afin de nationale, le 5 mai (Le Monde du né les grandes lignes du tion des revenus, jusqu’aux alen- faire rentrer les détenus du bâti- 6 mai), doit être examiné au Sé- « contre-projet » de la majorité tours du SMIC, soit un système ment D1 dans leur cellule. Les pri- moins favorable pour ceux dont sonniers ont lancé un mouvement les ressources sont comprises de protestation après le suicide entre le RMI et 3 500 francs. d’un des leurs, dimanche. Un se- Cette idée avait déjà été défen- cond détenu s’est pendu dans la due par Jacques Barrot (UDF, nuit de mardi à mercredi. Les pri- Haute-Loire), à l’Assemblée (Le sonniers réclament un assouplisse- Monde du 30 avril). Selon lui, ment du régime de détention. l’effet « couperet » du seuil ne a VERTS : Daniel Cohn-Bendit a règle pas les difficultés de ceux invité, mercredi 26 mai, François qui se situent juste au-dessus. Le Hollande à « partir en vacances » Sénat y voit un « glissement des jusqu’au 14 juin car « les sondages classes moyennes vers la stigmati- ne reflètent pas la véritable activité sation ». de cette campagne européenne ». S’étonnant de voir le premier se- crétaire du PS en tête dans les son- L’alternative dages, le chef de file des Verts a dé- claré que « François a un coup de proposée consiste pot extraordinaire : moins on l’en- tend, plus ça marche ». en une « allocation personnalisée à la santé »

Les « plus démunis », c’est-à- dire les RMIstes, seraient pris en charge intégralement par la « Sé- cu » ; les autres par les mutuelles et les assurances. Le Sénat dé- nonce, en effet, le « mélange des genres » de la CMU, qui permet aux caisses primaires d’assu- rance-maladie, comme aux orga- nismes complémentaires, de gé- rer tous les dossiers. C’est «un bouleversement des frontières tra- ditionnelles », affirme la droite sénatoriale. Jugé « sous-estimé », le finan- cement de la CMU – 9 milliards de francs pour le volet complé- mentaire – « se greffe sur une dé- rive plus que préoccupante des dépenses de santé ». M. Descours estime que son « contre-projet » peut se financer à « coûts constants », même s’il reconnaît aussitôt que « cela ne suffira pas ». La commission a décidé, avec LeMonde Job: WMQ2805--0013-0 WAS LMQ2805-13 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 10:54 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0441 Lcp: 700 CMYK

13 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 Le réveil en musique de l’identité bretonne De Rennes à Quimper, l’Armorique bouillonne. Ce renouveau est plus culturel que politique. Le patrimoine musical est revisité, la langue est l’étendard d’une nouvelle fierté. Longtemps traités de « ploucs », les bretonnants sont admirés. L’UDB demande, elle, un statut d’autonomie RENNES chorégraphique et donne des spec- plus visible depuis quatre ou cinq nouveau culturel passe par les villes, de décentralisation, l’audience des Drian, chef de file (PS) de l’opposi- de notre correspondante régionale tacles dans toute la Bretagne. Les ans », affirme Ronan Le Coadic, y compris celles où, historiquement, partis régionalistes est marginale. tion, soutiennent tous deux l’asso- Chez Marie, on s’engueule en cours de musique et de danse de sociologue et auteur de L’identité on n’a jamais parlé breton. » L’Union démocratique bretonne ciation Diwan, en butte à des pro- breton ; afin de diversifier son vo- Rennes, Nantes, Brest, Lorient, bretonne, paru en 1998. « La pré- « Surtout, dites bien que nous ne (UDB) a réuni 3,2 % des suffrages blèmes juridiques et financiers. Les cabulaire, cette lycéenne rennaise Quimper regorgent de jeunes ama- cédente vague, celle des années 70, sommes pas des militants régiona- aux dernières élections locales. municipalités, dont Rennes-Roaz- s’est inscrite dans un cours du soir. teurs de plinn et autres gavottes. a donné une génération de cadres listes ! » Plusieurs élèves de Skol an « L’action politique bretonne a tou- hon, ou Nantes-Naoned, affichent Catherine s’est mise à la langue ré- Ces néophytes veulent faire bonne culturels. » Les militants, face au Emsav craignent d’être taxés de jours été frustrante », concède une signalisation bilingue, et les gionale par amour : « Mon ami le figure au fest noz, jouir du plaisir boom actuel, rendent grâce à Alan militantisme. Le décalage entre ces Christian Guyonvarc’h, porte-pa- collectivités locales soutiennent parle. » Femme médecin d’origine de retrouver des centaines d’autres Stivell, pionnier de la harpe cel- bretonnants de vingt ans, qui n’ont role de l’UDB. « Les militants ont des associations culturelles. lyonnaise, elle pense que « la Bre- danseurs, jeunes et vieux, dans tique, parlent du « long travail » pas eu à se battre pour la langue, choisi de contourner l’obstacle en « Les politiques doivent accompa- tagne ne peut vivre que si le breton une ronde, de faire craquer le par- mené depuis trente ans par les as- et leurs aînés est flagrant. Chez les agissant sur le terrain culturel », re- gner le mouvement », conclut survit ». Séverine, étudiante en quet des salles des fêtes. Le succès sociations. « Aujourd’hui, la jeu- pionniers, la défiance envers l’Etat grette-t-il. Ronan Le Coadic par- M. Guyonvarc’h, dont le mouve- agroalimentaire, est venue au bre- des festou noz ne se dément pas. nesse vit bien le fait d’être d’un cer- français est sensible. Les plus tage l’analyse : « Dans les an- ment conclut régulièrement des al- ton par les festou noz, ces « fêtes Celui des concours de harpe cel- tain peuple », constate M. Le jeunes sont très rares à réclamer nées 70, les autonomistes n’ont pas liances localisées avec la gauche. de nuit » qui réunissent dans les tique, de chant, de bagad va crois- Coadic, qui réfute le terme de l’autonomie. Si les Bretons se pro- réussi à canaliser les masses. Ils se Ronan Le Coadic, lui, n’attend rien bourgs, chaque week-end, des mil- sant. Chaque année, des centaines « mouvement ethnique » : « Le re- noncent souvent en faveur de plus sont donc engagés dans la vie cultu- des politiques locaux. « Il faut que liers de personnes. Gérard, techni- de milliers de festivaliers fré- relle, avec succès. » Le sociologue y nous ayons notre propre réflexion », cien supérieur au ministère de la quentent le Festival interceltique voit une « recette bretonne » spéci- martèle-t-il. Comme tous les régio- défense, et son épouse Micheline de Lorient, les Vieilles Charrues de L’UDB revendique un statut particulier fique, qui diffère, par exemple, de nalistes, Il croit très ferme en une sont en quête de leur « identité Carhaix, ou d’autres manifesta- la « recette corse », axée sur le poli- Europe fédérale, où « la dimension perdue ». Les élèves du cours dé- tions, plus petites, mais très sui- Samedi 29 mai, l’Union démocratique bretonne (UDB), réunie en tique. bretonne pourrait s’épanouir dans butant de Skol an Emsav, une vies. congrès à Lorient, devrait adopter un projet de statut particulier Pourtant, il y a bien adoption du un autre cadre que celui de l’Etat ». école de breton pour adultes, ont En 1993, Dan Ar Braz connaissait pour la Bretagne, qui vise à la doter « de pouvoirs législatifs et de culturel par les politiques bretons. La France a, dit-il, de beaux argu- en majorité moins de vingt-cinq le succès avec L’Héritage des Celtes. moyens budgétaires comparables à ceux dont disposent les régions qui Jean-Yves Cozan, vice-président ments, comme celui de l’universa- ans. Certains ont entendu le bre- La date fait référence : elle mar- comptent en Europe, comme la Flandre ou la Catalogne », précise le (Indépendants de Bretagne, régio- lisme. « Mais l’universalisme abou- ton dans la bouche de leurs querait le début du renouveau porte-parole, Christian Guyonvarc’h. L’UDB propose la constitution nalistes) chargé de la promotion tit à la négation de la différence », grands-parents. D’autres ont sim- culturel breton. Quelques années du « peuple breton » en « communauté politique autonome » dans le de l’identité bretonne au conseil regrette le sociologue. Il veut plement été intrigués par ce phra- plus tard, Denez Prigent chante cadre de la République française, sous le nom de Région autonome régional, parle d’une « nécessité », continuer à « fournir des matériaux sé rocailleux qu’on entend encore des gwerziou (mélodies interpré- de Bretagne. « Notre but », explique Christian Guyonvarc’h, « est que pour les partis politiques régio- de réflexion », dans l’espoir d’abou- souvent ici. Tous les bretonnants tées a capella) aux Transmusicales les politiques régionaux se prononcent sur ce projet de statut. Nous vou- naux traditionnels, « d’assumer tir, qui sait, à une « révolution co- débutants ont un point commun : de Rennes. Le chanteur est écouté lons provoquer un grand débat sur ces question dans la société bre- cette identité ». Josselin de Rohan, pernicienne » de l’Etat français. c’est par sa musique que la Bre- avec curiosité et acclamé. A la tonne, au moment où les Gallois et les Ecossais prennent leur auto- président (RPR) du conseil régio- tagne les a ensorcelés. même époque, des groupes de fest nomie, et où l’on parle aussi d’autonomie pour la Corse ». nal, tout comme Jean-Yves Le Gaëlle Dupont Franck Guilbaud, aide-soignant noz, comme Carré Manchot, de- à l’hôpital psychiatrique de viennent très populaires. C’est le Rennes, fréquente le cercle cel- début de la vague celto-bretonne, tique de la ville depuis trois ans. qui roule toujours. Pour preuve, la « Un soir avec des copines, on a mis renommée des Brestois de Matma- de la musique bretonne. On a essayé tah, ou le succès commercial des de danser, en vain. » Franck et ses rappeurs de Manau, même si ces amies se sont inscrits au cercle derniers sont souvent soupçonnés « en rigolant ». « Pour moi la danse d’opportunisme. bretonne, c’étaient des types qui nous cassaient les oreilles avec leurs HERMINES ET TRISKELL binious et qui dansaient en se tenant Hermines à la main et triskell au par le petit doigt », avoue-t-il. Il fait front, des milliers de Bretons ont aujourd’hui partie d’un groupe manifesté pour réclamer la signa- ture par la France de la Charte eu- PROFIL ropéenne des langues régionales et minoritaires, désormais acquise, MAKSIM, MI-BRETON ou pour défendre l’école d’ensei- gnement en langue bretonne Di- MI-BRÉSILIEN wan. Quelques milliers : une mino- rité. Tout comme les 7 000 à A l’âge de huit ans, Maxime- 10 000 adultes qui fréquentent les Morvan Crahé (alias Maksim, à la cours du soir, ou les 5 000 enfants mode bretonne) quitte la Bre- qui suivent tout ou partie de leur tagne pour la région d’Auxerre. scolarité en breton. Mais la mino- Arrivé en Bourgogne, il pleure ce rité enfle. Les cours de soir qu’il a perdu : sa maison au bord manquent de profs, les écoles bi- de l’eau, les paysages qui l’en- lingues de places, les écoles de tourent, la version bretonne danse et de musique ne font plus d’« Inspecteur Gadget » diffusée face à la demande. Surtout, le re- par France 3, les samedis soirs de gard porté sur la minorité a chan- fest-noz où son papa l’emmenait gé. La langue est devenue un éten- danser. « J’ai bien essayé de me dard de cette nouvelle fierté mettre aux danses bourgui- régionale. Longtemps traités de gnonnes, mais c’était pas pareil. » « ploucs », les bretonnants sont A quinze ans, Maxime commence aujourd’hui admirés. l’étude du breton par correspon- Selon des chiffres publiés en dance. Deux ans plus tard, son bac 1998 par l’Observatoire interrégio- littéraire en poche, il file à Rennes nal du politique (OIP), 93 % des s’inscrire en fac de breton. « Il fal- enquêtés se déclarent fiers d’être lait que je le fasse, je ne pouvais de la région Bretagne, chiffre le plus attendre. » plus élevé de toutes les régions A vingt ans, Maksim a rattrapé françaises. Selon un autre son- le temps perdu. Etudiant en li- dage, réalisé en Basse-Bretagne cence, enseignant dans un cours (zone traditionnelle de pratique du du soir à Rennes, il parle plus breton, à l’ouest d’une ligne Plou- souvent breton que français. «Le ha-Vannes), publié en avril 1997 breton, c’est la langue des co- par le Télégramme de Brest, 69 % pains, la langue du cœur, celle qui des sondés se déclarent attachés est adaptée à ma bouche. » Ce au breton, 88 % pensent qu’il faut jeune homme aux longs cheveux le conserver. Les œuvres d’art en blonds et aux yeux bleus toujours liaison avec l’univers breton proli- étonnés est devenu un spécialiste fèrent. Le graphiste Fanch Le Hé- en dialectologie. De ses nombreux naff entend donner dans ses al- voyages en basse Bretagne, il a ra- phabets une « identité visuelle » à mené une foule d’accents, qu’il la Bretagne. Revues, romans, « po- peut restituer en promenant son lars » régionaux, recueils de lé- doigt sur une carte. gendes bretonnes et arthuriennes Plus il parle breton, moins Mak- ont trouvé un public. La création sim fréquente les festoù-noz. Il dé- du label « Produit en Bretagne » té- laisse biniou et bombarde. « Je ne moigne du succès commercial des suis pas breizhou. » Traduction : il denrées du cru. Aux festou noz, on n’y a pas que la Bretagne dans sa ne boit plus la celte Guiness, mais vie. Maksim écoute d’autres mu- de la Coreff, bière purement bre- siques, parle d’autres langues : le tonne créée par des brasseurs portugais, l’anglais et l’espagnol morlaisiens il y a une dizaine d’an- couramment, un peu de gaélique, nées. un peu de gallois, un peu d’arabe, « Nous avons affaire à une évolu- un peu de turc... Lui qui se sent mi- tion de fond de la société, qui est breton mi-brésilien envisage de quitter la Bretagne pour s’installer au Brésil, où il ouvrirait un restau- DÉPÊCHE rant (pourquoi pas une crêperie ?). a ILE-DE-FRANCE : la « renais- Il parlera breton à ses enfants. sance » de la Bièvre, seul « On dansera la gavotte et la sam- confluent de la Seine à Paris, de- ba. » Sa seule revendication pour vrait être coordonnée par le la Bretagne est linguistique. Il de- conseil régional, a annoncé, mer- mande « un peu plus de liberté à credi 26 mai, Alain Rist, vice-pré- l’intérieur de l’Etat ». Pour que sident (Verts) chargé de l’environ- chacun puisse « jongler avec plu- nement, au terme d’un colloque sieurs langues, comme mes co- sur ce projet (Le Monde du 24 oc- pains marocains le font avec le tobre 1998). Un schéma d’aména- français et l’arabe ». gement et de gestion des eaux sera mis en chantier afin de restituer à Gaëlle Dupont la Bièvre « sa beauté d’origine ». LeMonde Job: WMQ2805--0014-0 WAS LMQ2805-14 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 09:40 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0442 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 HORIZONS ETUDES Le scrutin européen reste dominé par les enjeux politiques nationaux ES élections euro- fort si la participation n’était pas consensus pro-européen au sein les élections européennes vélateur du rapport des forces po- Déficit péennes sont obligatoire dans trois pays. L’or- des formations de gouvernement souffrent toujours de l’interfé- litiques. En offrant notamment souvent regardées ganisation le même jour d’une laisse assez peu d’options à des rence forte d’enjeux nationaux une tribune et une visibilité aux démocratique comme des rendez- élection nationale disputée peut électeurs désireux d’exprimer un prédominants. En 1994, au Dane- acteurs périphériques du système, vous électoraux de aussi corriger la tendance. Ainsi, désaccord profond à l’égard de la mark, en France ou en Grande- les rendez-vous européens ont de l’Europe : moindre impor- en Irlande, la participation euro- construction européenne. En la Bretagne, la campagne électorale très largement contribué à la légi- tance, élections de péenne a chuté de 24 points entre matière, l’éventail des choix pos- a été fortement brouillée par cette timation et l’installation, souvent le reproche « second ordre », 1989 et 1994, car, cette année-là, il sibles se réduit le plus souvent à tension entre les questions euro- durable, de nouveaux protago- L nistes du jeu politique : beaucoup pour emprunter ici n’y avait pas d’élection simultanée quelques partis dits « souverai- péennes et des problèmes plus revient comme la terminologie anglo-saxonne. alors que, cinq ans plus tôt, les nistes », formations marginales spécifiquement internes. De la des partis écologistes ou des for- Une telle qualification trouve sa élections législatives avaient lieu atypiques (tels l’Independence même façon, les sociaux-démo- mations d’extrême droite ont une antienne justification à la fois dans la fai- le même jour que les euro- Party en Grande-Bretagne ou l’Al- crates suédois et autrichiens ont émergé à l’occasion d’élections blesse récurrente de la participa- péennes. liance des citoyens libres en Alle- eu, en 1995 et 1996, à contenir une européennes et ont continué pour depuis vingt tion électorale et dans la prédomi- Tous ces éléments conjonctu- magne) ou mouvements radicaux vague d’insatisfaction, où se sont la plupart d’occuper un espace nance d’enjeux nationaux sur les rels ne doivent pas cacher l’essen- antisystème (le FPÖ en Autriche mêlés mécontentement antieuro- politique propre. ans, en dépit questions touchant à la construc- tiel : c’est avant tout un problème ou le Front national en France). péen et contestation antigouver- L’exemple français témoigne as- tion de l’Union. de légitimité et de pouvoir du Par- Lorsqu’ils sont amenés à s’ex- nementale. sez bien des conséquences des de l’élection Entre 1979 et 1994, la participa- lement européen qui explique la primer sur l’essentiel, et hors des élections européennes sur les pro- tion moyenne aux élections euro- faible participation. Malgré les canaux ou « filtres » partisans tra- ARCE qu’elle prend place à cessus de recomposition du sys- du Parlement péennes a constamment été en traités de Maastricht et d’Amster- ditionnels, ces citoyens que l’on un moment donné du cycle tème de partis et les stratégies de deçà de celle enregistrée, pour la dam, cette assemblée, à la diffé- décrit comme peu intéressés par P compétition entre les élites. On électoral interne, jamais de Strasbourg même période, aux élections d’en- rence du Parlement des Etats, n’a l’Europe participent pourtant en très éloigné au fond d’une élec- mesure ailleurs en Europe leur jeu national, avec des différences que peu de pouvoirs et ne donne masse : en Suède, plus de 82 % des tion d’ampleur nationale, l’élec- portée sur des systèmes de coali- au suffrage pouvant aller jusqu’à plus de pas naissance à un exécutif chargé électeurs avaient pris part au ré- tion européenne offre aux ci- tions. En Belgique, l’échec relatif 40 points au Royaume-Uni (lire le de mettre en œuvre une politique férendum sur l’adhésion à l’Union toyens un canal d’expression à de l’opposition libérale flamande universel. tableau ci-contre) et à plus de pour l’Union. en novembre 1994 ; en France, la l’adresse de leurs élites politiques, en 1994 a permis la survie d’une 30 points au Danemark ou aux L’offre politique explique aussi consultation de 1992 sur Maas- elle leur permet de voter « avec coalition sociale chrétienne - so- Ce sera Pays-Bas. En France, la participa- cette démobilisation. A quelques tricht avait mobilisé près de 70 % leur cœur » et d’exercer leur pou- cialiste pourtant minée par les tion aux européennes est égale- exceptions près, les partis en des inscrits. voir d’influence. Message de satis- scandales politiques. En Autriche, à nouveau le cas ment inférieure de 30 points à compétition pour les élections eu- En l’absence d’un véritable sys- faction venant couronner un état à l’inverse, les résultats de l’élec- celle des deuxièmes tours de ropéennes demeurent ceux-là tème de partis transnational et de grâce politique, comme cela fut tion européenne d’octobre 1996 lors du scrutin l’élection présidentielle, et de plus mêmes qui se disputent le pouvoir d’un réel espace de compétition le cas, en 1994, pour la coalition sont venus bouleverser l’équilibre de 16 points par rapport aux légis- national. L’existence d’un relatif politique à l’échelle des Quinze, allemande conduite par Helmut fragile de la coalition SPÖ-ÖVP, du 13 juin. Tout latives. Kohl ou l’alliance tripartite ita- précipiter le départ du chancelier En enregistrant le taux le plus La faiblesse de la participation électorale lienne autour de Silvio Berlusconi Vranitzki et poser la question y contribue : bas de participation depuis 1979 et Forza Italia ; ou, à l’inverse, d’une alliance des conservateurs (58,5 % pour la moyenne euro- en % vote sanction à l’encontre du parti et de l’extrême droite. DIFFÉRENCE AVEC un Parlement péenne), la consultation de 1994 a ABSTENTION MOYENNE ÉLECTIONS EUROPÉENNES MOYENNE ÉLECTIONS au pouvoir, dont firent les frais le Déficit de mobilisation, confu- accentué cette tendance de fond. (1979-1994) GÉNÉRALES (1979-1994) PSOE de Felipe Gonzalez en Es- sion d’enjeux nationaux... Le ren- plus méconnu On constate, depuis cette date, le ROYAUME-UNI 65,6 + 41,2 pagne, le PSD portugais d’Anibal dez-vous du 13 juin, sur un ar- même phénomène dans les trois Cavaco Silva ou le gouvernement rière-fond de démarrage de + 35,2 aujourd’hui pays qui ont rejoint le plus tardi- PAYS-BAS 52,2 social-démocrate de Poul Nyrup l’euro, de ratification du traité vement l’Union. En Autriche, DANEMARK 50,2 + 35,5 Rasmussen au Danemark ; ou, en- d’Amsterdam, de Commission dé- qu’hier, l’abstention aux élections euro- PORTUGAL 46,9 + 24,9 fin, protestation contre les partis missionnaire et d’intervention mi- péennes d’octobre 1996 (33 %) a institutionnels dont ont pu béné- litaire au Kosovo, dira si, oui ou FRANCE 45,3 + 30,3 des élections dépassé de 19 points celle des lé- ficier des formations antisystèmes non, la question européenne gislatives de décembre 1995. En IRLANDE 44,1 + 16,3 tels que le FN français, le Vlaams prend enfin une place importante qui restent Finlande, l’écart a été de 14 points. ESPAGNE 39,1 + 12,8 Blok flamand en 1994 ou les Repu- dans le processus de choix des Enfin, en Suède, la participation a blikaner allemands en 1989. électeurs. ALLEMAGNE 38,8 + 23,6 dominées chuté de plus de 45 points entre L’analyse des quatre consulta- les législatives de 1994 et l’élection GRÈCE* 23,1 + 5,3 tions électorales de 1979 à 1994 par les enjeux européenne de septembre 1995, ITALIE 19,0 + 7,0 montre les liens étroits qui Pierre Bréchon, Bruno avec un abstentionnisme record unissent la consultation euro- LUXEMBOURG* 11,6 + 0,0 Cautrès et Gilles Ivaldi, nationaux, pour ce pays de 58,4 %. péenne aux élections nationales IEP de Grenoble (Centre d’infor- Au surplus, le taux moyen BELGIQUE* 8,7 + 2,3 qui la suivent directement, faisant matisation des données sociopoli- un électorat d’abstention serait encore plus * vote obligatoire source : People in Parliament in the Europe Union du rendez-vous européen un ré- tiques). qui peine Pour en savoir plus à se mobiliser, L’attachement à la nation ouvre la voie à l’identité européenne b Quelle union pour quelle une opinion N entend souvent dire sance personnelle que leurs d’autant plus de chances d’éprou- tant le plus souvent proche de zé- Europe ? sous la direction de que l’Europe souffre membres ont les uns des autres. ver de la fierté d’être européen ro, ce qui signifie que nulle part on Françoise de la Serre et Christian publique qui de l’absence d’une vé- Elles reposent sur l’idée que les que l’on est déjà fier d’être fran- n’observe d’opposition simple, li- Lequesne (Editions Complexe, O hommes se forgent de ceux qu’ils çais (et fier d’être de sa région) néaire, entre les deux niveaux 1998, 164 p. 95 F, [14,48 ¤]). ritable identité euro- ne trouve guère péenne et qu’elle aurait du mal à considèrent comme leurs conci- mais, même, le fait d’être très fier d’attachement territorial. Présente le dossier de s’imposer contre les nations et toyens, et parce qu’elles ont été de son pays apparaît presque Sociologiquement, du fait de la l’après-Amsterdam sur l’euro, la sa dimension l’attachement des citoyens à leur « construites » à une période don- comme un préalable nécessaire différence radicale de nature entre défense européenne, pays. Ce discours obéit à la lo- née comme communautés de des- pour se sentir fier d’appartenir à les communautés fondées sur une l’élargissement et « les troubles des communautaire. gique de compétition propre à tin, notamment par le jeu du poli- l’Europe. Les mêmes résultats ap- connaissance concrète des autres opinions publiques ». l’activité politique professionnelle. tique, l’école et la diffusion de la paraissent aussi en Wallonie. Ain- et les communautés « imagi- b Une ambition française Quant aux Mais il n’est nullement évident presse. Mais elles n’en ont pas si, lorsque les limites de la naires », l’Europe s’oppose moins d’Alain Duhamel (Plon, 1999, que les attachements des citoyens moins, pour leurs membres, une communauté imaginaire semblent à la nation qu’au local. Dans l’op- 237 p. 120 F [18,29 ¤]). Présente crispations à leurs communautés politiques se forte réalité ; les citoyens les s’estomper, tout autre niveau ad- tique d’une consolidation démo- avec clarté et brio les enjeux de la forment à partir de la même lo- considèrent, eux, comme des ministrativement et symbolique- cratique de la construction euro- construction européenne, son nationales, gique. communautés « naturelles ». Le ment valide est le bienvenu. péenne, la communauté politique déficit démocratique, le rôle L’approche sociologique de cas de l’Union européenne ne se ainsi définie relèvera d’un modèle qu’elle joue dans la modernisation elles sont l’identité nationale et de la ci- présente pas ainsi. USSI loin que l’on puisse proche de la communauté poli- de la France et la création d’une toyenneté conduirait plutôt à faire L’Europe n’est pas en soi, géo- remonter dans les données tique imaginée qu’est la nation. Europe-puissance. paradoxales l’hypothèse que l’identité euro- graphiquement, historiquement A d’enquête, on n’a jamais Mais le contexte politique et les b Citoyenneté à la française de péenne, celle qui donnerait corps ou sociologiquement, un territoire pu observer d’opposition systéma- conflits que les groupes politiques Sophie Duchesne (Presses de quand tout à une véritable citoyenneté, se dé- opposé aux nations qui la tique entre la fierté nationale des sont en mesure d’inventer entre Sciences Po, 1997, 330 p., 186 F, veloppe essentiellement grâce aux composent : c’est, au contraire, un différents groupes d’européens et l’Europe et les nations qui la [28,35 ¤]). Fait apparaître à partir indique que identités nationales qu’elle abrite. territoire qui les englobe. Lors- le fait qu’ils se sentent moins composent ont aussi leurs effets : d’entretiens qualitatifs les deux Il n’y a pas d’antagonisme théo- qu’on les interroge de façon quali- souvent citoyens de l’Europe. Au les électeurs d’extrême droite, et à façons contradictoires – l’une l’attachement rique ou empirique entre le fait de tative, par entretien libre, on ob- point qu’au début des années 90, un moindre degré ceux d’extrême particulariste, l’autre se sentir appartenir à l’Europe et serve que chez ceux dont le on pouvait douter qu’il existe gauche, opposent, eux, nation et universaliste – de se sentir liés à la nation d’être, par exemple, fier d’être sentiment national est le plus fort, quelque chose que l’on puisse, à Europe. entre concitoyens qui, pourtant, français, allemand ou italien. On l’Europe apparaît comme une pro- proprement parler, qualifier D’une façon générale, ceux qui cohabitent dans les est le socle pourrait même dire : au contraire. tection, un renfort, un prolonge- d’identité européenne : les atti- déclarent à la fois qu’ils sont très représentations des Français. Qu’est-ce qui est au cœur de ce ment « naturel » de la nation, du tudes à l’égard de l’Europe sem- fiers de leur pays et qu’ils se b Les Enquêtes euro-baromètres de l’adhésion sentiment d’appartenance à un fait de l’ancienneté de l’histoire blaient n’avoir de consistance sentent seulement nationaux (et sous la direction de Pierre Bréchon territoire politique ? Ce n’est pas européenne et dans le contexte de qu’auprès des élites et l’absence non européens) sont très large- et Bruno Cautrès, (L’Harmattan, à l’Europe l’attachement au territoire en soi, la mondialisation. Ce sont ces per- d’antagonisme entre citoyenneté ment orientés à droite ou à l’ex- 1998, 318 p. 170 F [25,91 euros]). mais le sentiment d’être lié à ceux sonnes-là qui évoquent spontané- européenne et citoyenneté natio- trême droite. Et pourtant, les pays Reprend les actes d’un colloque du qui le font exister : être membre ment l’Europe en parlant de leur nale paraissait surtout imputable européens dans lesquels la part CIDSP (Centre d’informatisation d’une communauté que Benedict avenir. Tandis que pour les ci- au caractère artificiel de la pre- des citoyens qui se classent ainsi des données sociopolitiques) sur Anderson a pu qualifier de toyens moins marqués par le sen- mière. est la plus faible sont ceux, para- l’intensité du soutien des opinions « communauté imaginaire ». Au timent national, plus attachés à Avec l’adoption du traité de doxalement, où les formations publiques à l’Europe et dissèque niveau des pays, cet attachement une communauté mondiale, plus Maastricht, on pouvait s’attendre d’extrême droite sont les plus les différences entre les cultures se traduit par ce qu’on appellera le tournés vers un idéal de flexibilité, à voir changer les choses. La ci- fortes. Sans doute parce que, là où politiques nationales. sentiment national, qu’il faut bien il n’y a pas de place pour l’Europe : toyenneté européenne, prenant un parti nationaliste et xénophobe b « Is there a european distinguer du nationalisme. Ce celle-ci ne représente qu’un jeu de plus de consistance, pouvait deve- recueille les suffrages d’une pro- identity ? », de Sophie Duchesne le123 dernier implique le désir de la su- frontières supplémentaires dres- nir menaçante pour les identités portion non négligeable de la po- et André-Paul Frognier dans Public périorité du groupe national, alors sées contre l’universalité à laquelle nationales. Pourtant, lorsqu’on pulation, le sentiment national, Opinion and Internationalized que le sentiment national suppose ils aspirent. mesure, dans les enquêtes ré- celui qui ouvre la voie à l’identité Governance (Oxford University CECOP seulement la croyance en une Dans la dernière enquête de centes, la relation entre d’une part européenne, devient plus difficile Press, 1995, p. 193-226). Analysent communauté de destin. l’OIP (Observatoire interrégional la fierté nationale et d’autre part à exprimer – voire à ressentir – dans le détail l’évolution des Les sociologues qualifient les du politique) et des conseils régio- les sentiments d’appartenance res- pour le reste de la population. données d’opinion publique nations de « communautés imagi- naux, 85 % des Français qui se pectives à la nation ou à l’Europe, relatives à l’identité européenne et COORDINATION naires » car ce ne sont pas des disent très fiers d’être européens le coefficient statistique obtenu s’interrogent sur la consistance de Gérard Courtois communautés concrètes, résultant se disent aussi très fiers d’être (dit coefficient de corrélation) va- Sophie Duchesne est chargée cette notion. et Jérôme Jaffré des rencontres et de la connais- français. Non seulement on a rie d’un pays à l’autre, mais en res- de recherches au Cevipof-CNRS. LeMonde Job: WMQ2805--0015-0 WAS LMQ2805-15 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 09:40 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0443 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-ÉTUDES LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 / 15

Le profil des votants aux européennes en France depuis 1979 en % Plus d’un Européen sur deux 58 50 53 50 TAUX DE PARTICIPATION POIDS DE CHAQUE CATÉGORIE ignore le Parlement de Strasbourg PARMI LES VOTANTS HOMMES FEMMES ONDUITE en octobre venus, 47 % des personnes à haut adhésion plus soutenue à la 1998 dans onze pays niveau d’éducation ignorent l’insti- construction européenne. On AGE PROFESSION DU CHEF DE MÉNAGE de l’Union euro- tution. Politiquement, la mé- constate, en effet, que les intervie- C connaissance est partagée : 57 % à wés ayant entendu parler du Parle- péenne, l’enquête 47 18-24 ANS 12 63 Agriculteur 6 Louis-Harris pour Le Monde a ré- gauche et 58 % à droite. ment européen sont, au printemps 55 Commerçant, artis. 16 vélé, de la part des opinions pu- Une version optimiste voudrait 1998, 60 % à estimer que l’apparte- 48 25-34 ANS 19 que, méconnue, l’institution voit nance de leur pays à l’Union est 61 Cadre 10 bliques, une ignorance confon- dante des principales au moins sa notoriété progresser « une bonne chose », contre 45 % 58 35-49 ANS 25 Prof. interm. 16 56 personnalités de l’Union euro- au fil des élections au suffrage uni- parmi ceux qui n’en ont pas enten- 51 Employé 9 versel. Les données de l’Eurobaro- du parler. De même, ils sont 55 % à 61 50-64 ANS 24 péenne. Les trois quarts des per- 49 Ouvrier 22 sonnes interrogées, voire davan- mètre démontrent qu’il n’en est penser que leur pays bénéficie de rien. Ainsi, le Parlement européen l’Union (contre 41 % parmi les 62 65 ANS ET PLUS 20 60 Inactif, retraité 31 tage, n’ont jamais entendu parler des principaux commissaires, près est-il moins ignoré dans les trois autres) et 69 % à être favorables à des neuf dixièmes du président du pays qui ont adhéré le plus tardive- l’euro (contre 54 %). En outre, ces Enquêtes post-électorales de la SOFRES, moyenne 1979-1994 Parlement européen, plus des deux ment à l’Union et qui n’ont connu écarts ne varient pas, comme on tiers du président de la commis- qu’un seul scrutin au suffrage uni- pourrait le craindre, en fonction sion. Quatre ans après sa prise de versel : la Finlande (38 % seule- du niveau d’éducation : parmi les fonctions, trois mois avant sa dé- ment n’en ont pas entendu parler), interviewés ayant un haut niveau mission, Jacques Santer était igno- l’Autriche (42 %) et la Suède (51 %) d’instruction, 65 % de ceux qui ont L’électeur-type : un homme, font mieux que la moyenne des six entendu parler du Parlement esti- ré de 77 % des Allemands, de 73 % des Italiens, de 84 % des Espa- pays fondateurs du Marché ment que leur pays a bénéficié de gnols, de 68 % des Anglais et de commun en 1957 (53 %). Pis en- l’Union contre 51 % parmi ceux qui 56 % des Français. core, mesurée à la fin 1998, à six n’en ont pas entendu parler. plutôt âgé et cadre supérieur mois des élections européennes, la Cette absence de notoriété ne E taux de participation observe que les cadres supérieurs rait trompeur car il ignorerait une s’explique pas simplement par un notoriété du Parlement européen I peu présent dans la constitue toujours la et les inactifs-retraités sont les plus donnée essentielle : le poids démo- manque de charisme. Ainsi, en est très inférieure à ce qu’elle était conscience du public, le Par- mobilisés tandis que les employés graphique des groupes sociaux. Si six mois avant les renouvellements S grande inconnue des 1994, à l’issue de ses deux mandats lement européen suscite ce- L et ouvriers s’abstiennent davan- on se réfère à la moyenne des de 1984, 1989 et 1994 (lire gra- pendant de fortes attentes. Au élections européennes. éclatants à Bruxelles, la notoriété Si elle a atteint, en France, 60 % tage. quatre élections européennes, on de Jacques Delors n’était guère phique ci-dessous). Au cours des printemps 1998, 43 % des Euro- lors du premier scrutin européen Pour les quatre scrutins euro- observe que certains des groupes mieux établie, selon les données quinze années précédentes, on péens souhaitent qu’il joue à l’ave- de 1979, la participation est tombée péens, la participation a été en considérés comme les plus absten- régulières de l’Eurobaromètre. A la pouvait croire à un enracinement nir un rôle plus important, 9 % un à moins de 57 % en 1984 et est pas- moyenne de 55 %. Cette moyenne tionnistes n’en sont pas moins les question, il est vrai, plus exi- progressif : l’ignorance de 50 % à la rôle moins important, 21 % le sée sous la barre des 50 % (49,4 %) est de 58 % pour les hommes et de plus contributifs du vote et que, au geante : « Pouvez-vous citer le nom fin 1983 avait reculé à 47 % à la fin même rôle. Ce désir répond sans en 1989, avant de remonter légère- 53 % pour les femmes ; de 48 % contraire, certains de ceux qui par- du président de la Commission eu- 1988, puis à 43 % fin 1993. La re- doute à une double attente. Les in- ment, à 54 %, en 1994. Cette faible pour les moins de 35 ans et de 61 % ticipent le plus ont un poids rela- ropéenne ? », 63 % des Allemands, montée à 57 % à la fin 1998 inter- terviewés satisfaits du fonctionne- mobilisation, qui s’explique à la pour les plus de 50 ans ; d’environ tivement faible. 68 % des Anglais, 71 % des Espa- rompt cette croyance en une amé- ment de la démocratie en Europe fois par la nature d’un enjeu poli- 60 % pour les cadres supérieurs et Ainsi, les catégories populaires, gnols et 77 % des Italiens n’étaient lioration continue. Entre 1993 et sont 52 % à souhaiter un rôle plus tique qui apparaît peu décisif à les inactifs-retraités contre 50 % composées des employés et ou- pas en mesure de le faire. Une mi- 1998, la méconnaissance a forte- important, traduisant au premier l’opinion mais aussi par une offre seulement pour les employés et vriers, participent nettement moins sère sortie de nos frontières ment progressé dans les trois prin- chef dans leur esprit une attente politique qui manque souvent de ouvriers. De la même manière, et que la moyenne au scrutin (à envi- puisque 68 % des Français pou- cipaux pays de l’Union : + 27 points de développement plus rapide de clarté du fait des divisions suscitées au-delà du fait que les salariés ron 50 %), mais comptent pour vaient, quant à eux, citer le nom de en Angleterre, + 16 points en Alle- la construction européenne. Ils par le sujet européen au sein des votent moins que la moyenne de la plus de 30 % des électeurs allant l’ancien ministre des finances. magne, comme en France. sont en majorité favorables à une différentes familles politiques elles- population (53 %), les salariés du voter. En revanche, les cadres supé- A l’aube de la cinquième élec- Pourtant, une notoriété plus citoyenneté européenne, à l’élar- mêmes, contribue au peu d’impor- secteur privé se rendent moins aux rieurs, qui sont plus de 60 % à se tion au suffrage universel, la noto- grande du Parlement européen gissement vers de nouveaux pays, tance attachée à ce scrutin. urnes que ceux du public (51 % rendre aux urnes, ne représentent riété du Parlement européen, me- constitue un enjeu de taille : non à la mise en œuvre d’une politique Les élections européennes font contre 56 %). que 10 % des électeurs. Il en va de surée par l’Eurobaromètre à la fin seulement elle permettrait une commune dans quinze des dix-huit l’objet de campagnes courtes, fai- même pour les moins de 35 ans, 1998, est étonnamment basse. 57 % meilleure mobilisation des élec- domaines testés, y compris la dé- blement couvertes par les médias dont moins d’un sur deux va voter des Européens déclarent ne rien teurs, mais elle favoriserait une fense ou les droits des salariés. et sur lesquelles l’attention est da- Il convient aux élections européennes mais avoir lu, entendu ou vu le concer- Les interviewés insatisfaits de la vantage focalisée sur les listes nou- qui totalisent 31 % de l’ensemble nant dans la période récente. L'ignorance croissante démocratie en Europe sont pour velles et originales. Ainsi, le Front de ne jamais oublier des suffrages. Les femmes sont C’était, il convient de le noter, du parlement européen leur part 43 % à souhaiter que le national a connu son essor en 1984, plus abstentionnistes que les avant le coup d’éclat de la démis- Parlement joue un rôle plus impor- les écologistes ont dépassé 10 % le poids hommes, mais pèsent autant sion de la Commission euro- en % tant (contre 13 % un rôle moins im- qu’eux dans la balance électorale. portant). Ils mettent de la sorte des suffrages en 1989 et la liste de péenne. Mais en période normale, (N'ont pas entendu parler récemment Bernard Tapie et celle de Philippe démographique Autant d’éléments qui per- plus d’un Européen sur deux n’a du Parlement européen) l’accent sur un droit de contrôle de Villiers ont atteint les 12 % en mettent d’affirmer que, derrière aucun souvenir, même très vague, accru. Ils sont favorables à ce que ENSEMBLE 1994. Devant cet étrange rendez- une perception générale tendant à de la seule institution européenne le Parlement ait les mêmes droits des groupes sociaux DE L'UNION EUROPÉENNE vous électoral qui mobilise peu et minimiser le vote de certaines caté- choisie par les peuples eux- que le conseil des ministres euro- surprend toujours, il convient, gories au nom d’un comportement mêmes. L’ignorance est partagée péen sur les recettes et les dé- 57 croit-on souvent, pour les respon- L’évolution de la participation relativement abstentionniste et de dans les principaux pays de 50 penses de l’Union (à 44 % contre sables politiques de viser dans leurs aux européennes est également valoriser les catégories plus impli- l’Union : elle concerne 47 % des 47 43 30 %), à l’obligation pour la campagnes ceux des électeurs qui inégale suivant les catégories de quées dans le scrutin européen, il Italiens, 51 % des Espagnols, 58 % Banque centrale de rendre compte participent davantage que la Français. Tandis qu’entre 1979 et convient de ne jamais oublier le des Allemands et 69 % des Anglais. de ses décisions devant le Parle- moyenne aux élections euro- 1994 le vote a régressé en moyenne poids des groupes démographiques Il est à remarquer que les deux ment (à 72 %), à la responsabilité péennes. de 7 points, on observe que ce re- et sociaux dans le vote. Seuls les re- pays qui se targuent tant d’accueil- de la Commission devant le Parle- 3 8 3 8 A la lumière des enquêtes post- cul a été particulièrement fort par- traités cumulent réellement les lir le siège de l’institution parle- 8 8 9 9 ment (à 74 %). 9 9 9 9 électorales de la Sofres couvrant mi les 25-34 ans(– 12 points), les deux critères observés : forte parti- mentaire sont au-dessus du score 1 1 1 1 Le déficit démocratique de IN IN IN IN les quatre consultations qui ont eu employés (– 19 points) et les pro- cipation par rapport à la moyenne moyen : 60 % des Belges et 62 % F F F F l’Union est patent mais on ne sau- lieu de 1979 à 1994, force est de fessions indépendantes (environ 60 %) et fort poids électo- des Français n’en ont pas non plus rait réduire les sentiments des DANS LES PRINCIPAUX (– 15 points). Et alors que le vote a ral (près d’un tiers). Aucun groupe peuples envers l’Europe à l’apathie constater que certaines catégories entendu parler. PAYS FIN 1998 constituent les bataillons les plus progressé de 2 points chez les sala- social ne cumule les deux handi- Entre le tiers et la moitié des ca- d’une forte abstention le 13 juin. mobilisés lors des scrutins euro- riés du secteur public, il a reculé de caps les plus forts : abstention- tégories les plus instruites ou les 69 Dans leur majorité, les opinions péens et que d’autres restent tou- 8 points chez ceux du privé. nisme élevé et faible poids électo- plus aisées – pourtant les plus 58 62 publiques demandent au contraire A suivre ces observations, les ral. La participation reste une des jours, ou presque toujours, en des- consommatrices d’informations – 47 51 une construction européenne plus sous de la moyenne nationale de responsables politiques pourraient clés du scrutin du 13 juin et, de fait, ignorent le Parlement européen. rapide et, en ignorant les institu- participation. Les hommes vont da- être tentés de centrer en priorité la campagne électorale qui s’ouvre C’est le cas, au printemps 1998, de tions actuelles, posent d’une cer- vantage voter que les femmes, les leur campagne sur les catégories doit autant s’attacher à démontrer 43 % des Européens ayant un haut taine façon l’exigence d’un appro- plus de trente-cinq ans participent les plus participatives aux élections et convaincre qu’à mobiliser les niveau d’instruction, de 54 % des fondissement de la démocratie. relativement bien au scrutin tandis européennes (catégories supé- électeurs. personnes à hauts revenus, de IE E E E E que les plus jeunes, dont on admet rieures et personnes âgées) et de 40 % des cadres, de 44 % des chefs L N N C R A G G N R A A R E pourtant qu’ils sont les plus favo- faire l’impasse sur les catégories les d’entreprise. En France, les résul- IT P A T est directeur du S M F E Jérôme Jaffré E E L rables à l’Europe, boudent les moins participatives, c’est-à-dire est direc- tats sont plus médiocres encore : L G Centre d’études et de connais- Philippe Méchet L N urnes. Pour ce qui concerne les ca- les jeunes ou les catégories popu- teur des études politiques de la 67 % des moins de trente-cinq ans, A A sances sur l’opinion publique (Ce- tégories socioprofessionnelles, on laires. S’il était mené, ce calcul se- Sofres. 53 % des cadres, 56 % des hauts re- Eurobaromètre, fin 1998 cop). La difficile naissance d’une opinion publique communautaire ’EXISTENCE de l’opi- titre, jouer le rôle de révélateur. de conformisme sur les questions consommateurs européens. Ainsi, thème de la sécurité sanitaire, an- consolidation, partout en Europe, nion sur la scène pu- Enfin les premières véritables élec- européennes. Contrairement à ce les travaux comparatifs menés par goisse face aux périls sociaux illus- des régionalismes, des micro-na- blique passe par la re- tions européennes ? C’est l’une des que l’on veut parfois faire dire aux Ipsos auprès des opinions euro- trée par la montée de l’exclusion tionalismes, qui peuvent, on le L questions de fond apparues ces chiffres de sondages qui décrivent péennes indiquent la récente et sociale, enfin, avec la guerre en voit, conduire à la violence. Il y a connaissance de son rôle comme acteur du jeu poli- derniers mois en France comme des Européens très majoritaire- forte convergence des attitudes Yougoslavie, préoccupation pour une opinion publique basque, tique. Cette entrée en scène de dans les autres pays de l’Union à ment « européistes », ceux-ci des consommateurs en matière de la sécurité collective de l’Europe. écossaise ou corse. La vivacité des l’opinion comme concurrente de propos de ce rendez-vous électo- restent, dans leur majorité, les confiance économique. Il y a à Cependant, il n’y aura pas d’opi- réflexes identitaires, la progression l’intermédiation parlementaire ral. Il est vrai que les conditions spectateurs d’un processus au- peine trois ans, près de 30 points nion européenne sans union poli- en Europe du sentiment d’attache- s’est produite de façon très pré- historiques semblent réunies pour jourd’hui encore très éloigné de d’optimisme séparaient le pays le tique. Plus encore, il n’y aura pas ment à ce qui est proche (« ma ré- coce outre-Atlantique et dans les faire de cette échéance un premier leurs préoccupations quotidiennes. mieux placé de celui qui manifes- d’opinion européenne sans que les gion », « ma langue », « ma années 60 en France, avec la révo- épisode significatif de la manifesta- Le « théâtre » du 13 juin, théori- tait le plus de pessimisme sur l’évo- peuples n’interviennent dans le culture », « ma religion ») consti- lution institutionnelle et média- tion d’une opinion publique euro- quement celui de l’élection de dé- lution du niveau de vie ; au- choix d’un exécutif. L’opinion eu- tuent également, d’une certaine tique de l’élection du président de péenne. Vingt ans après les pre- putés européens, sera d’abord un jourd’hui, l’écart n’est plus que de ropéenne a besoin de ses propres manière, un frein à la constitution la République au suffrage univer- mières élections au Parlement théâtre national. En France comme 15 points. L’environnement écono- figures choisies par les citoyens. de cette opinion européenne. Mais sel, ou plus récemment en Italie, européen, le scrutin de 1999 se dé- ailleurs, l’intrigue – l’ordre d’arri- mique des Européens s’unifie, leurs Car elle doit aussi faire face à des ces poussées régionalistes sont quand l’irruption du scrutin unino- roulera six mois après la création vée des listes – sera d’abord fran- appréciations et leurs comporte- concurrences. La première est celle aussi les signes forts d’un désarroi minal majoritaire pour les élec- de l’euro, trois mois après un évé- çaise et la scène concerne les prin- ments deviennent plus homogènes d’une société occidentale de plus des citoyens, confrontés à des sys- tions municipales puis pour les nement politique « européen » – la cipaux dirigeants des formations et interdépendants, comme le dé- en plus mondialisée, notamment tèmes politiques nationaux élections législatives est venue in- démission de la Commission – et politiques françaises. montre également l’harmonie des en matière d’information et de souvent perçus comme impuis- terrompre des décennies de régime quelques semaines après le déclen- Une opinion publique euro- opinions européennes dans le sens communication. Après les pre- sants et à un pouvoir politique eu- ultraparlementaire. chement du premier conflit armé péenne ne peut être seulement d’une adhésion partout majoritaire mières images télévisées diffusées ropéen trop peu visible. Face à la Dès lors que l’opinion publique a en Europe depuis la seconde l’amalgame d’opinions nationales (y compris outre-Manche !) à l’eu- simultanément par toutes les télé- mondialisation des opinions et aux besoin d’un théâtre, composé guerre mondiale. dont les attitudes et les préoccupa- ro. visions, on a enregistré dans tous réactions souverainistes que ce d’une scène, d’acteurs et d’in- Malgré ce contexte exceptionnel, tions convergent. Si la condition les pays occidentaux la progression processus génère au niveau des trigues, l’Europe ne peut, au- force est de constater que le scru- suffisait, la préoccupation U-DELÀ du champ écono- du soutien à l’intervention de Etats et des régions d’Europe, jourd’hui, prétendre rivaliser avec tin européen demeure toujours dé- commune et massive des Euro- mique, l’Europe des opi- l’OTAN en Yougoslavie. Ce phéno- l’opinion européenne a besoin, pourvu de statut et d’identité péens depuis vingt ans pour la A mène ne peut cependant être comme cela s’est produit dans les des « théâtres nationaux » beau- nions nationales gagne coup plus anciens et mieux rodés. propres. La campagne électorale question du chômage aurait dû également en points de vue considéré comme le signe de pays qui la composent, d’entrer L’Europe de 1999 demeure pour les reste très en retrait dans les médias suffire. Il ne faut pas pour autant communs. Partout, la préoccupa- l’émergence réelle d’une opinion dans le champ de la délibération citoyens de l’Union une scène poli- européens. Elle suscite peu d’inté- négliger l’importance des mouve- tion pour les territoires de « sécuri- européenne singulière, mais plutôt politique. tique virtuelle, sans « figures » et rêt et d’attentes auprès des opi- ments d’opinion observés ces der- té » progresse : inquiétude pour d’une opinion « internationale » sans intrigue forte. nions nationales. Cette indiffé- nières années en Europe, qui, pro- l’insécurité urbaine, souci croissant ou « occidentale». Le contexte dans lequel se pré- rence cohabite aujourd’hui avec un gressivement, installent de la pour la préservation de l’environ- Le second niveau de concurrence Pierre Giacometti est di- pare le scrutin du 13 juin peut, à ce consensus d’opinion non dépourvu ressemblance entre citoyens et nement, sensibilité unanime au est opposé. Il s’illustre dans la recteur général d’Ipsos Opinion. LeMonde Job: WMQ2805--0016-0 WAS LMQ2805-16 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 09:29 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0444 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 HORIZONS-DÉBATS De la guerre Kosovars ! A vos pinceaux ! par Marie José Mondzain OS savants continuent bourre le mou, et nous, plus crétins serbe, Milos Sobaic, supporteur de ses propres difficultés à comprendre. lectuels prendront leur rôle au sé- des Gaules... leurs controverses au sol. que tous les Américains réunis, nous Milosevic et défenseur public de la Je rappelle le film de Claude Lanz- rieux ? Il fut un temps où le besoin N Ils sont savants et culti- croyons ce qu’on nous montre, nous Grande Serbie. mann, Un vivant qui passe, qui nous d’agir, quitte à ne plus écrire, en a vés. Regardez Jean Clair croyons ce qu’on nous dit. La barbarie J’ai peine à croire qu’il s’agissait de prend à témoin de l’aveuglement d’un poussé plus d’un à s’engager dans la (page Débats du Monde du 21 mai) : il yankee soutenue par une Europe dé- montrer un nouveau Guernica. Mais « voyageur », médecin de la Croix- bataille au risque de sa vie et même au à celle aborde la question du Kosovo. Com- cadente pulvérise de ses bombes l’in- Jean Clair, alors commissaire de la Rouge qui revient d’Auschwitz et de risque de l’erreur. Régis Debray en fut. ment ? En évoquant Guernica. Voilà tégrité sacrée et démocratiquement Biennale – et toujours savant ! – sa- Theresienstadt. Qu’avez-vous vu, lui Aujourd’hui, il y a au Kosovo un mas- quelque chose qu’il connaît bien : il a élue d’une Nation. vait qu’il y avait vraiment une âme demande-t-on. Réponse : rien, et puis sacre dont on connaissait l’issue vu le tableau. Le conservateur du Mu- C’est là que les choses se derrière ce talent. J’en conclus que si, quand même, quelque chose : les meurtrière et inéluctable depuis des des Balkans sée Picasso ne pouvait faire moins. compliquent : à quelles Nations la Jean Clair ne connaît pas un seul ar- juifs n’avaient vraiment pas l’air de années. De la guerre en Bosnie aux ac- On apprend, ou plutôt on réap- barbarie s’attaque-t-elle ? A celles qui tiste kosovar et je crains même qu’en victimes et les SS n’avaient vraiment cords de Dayton, tout permettait de par René Martin prend (un livre nous avait déjà infor- pas l’allure de bourreaux. Film admi- prévoir ce qui arrive aujourd’hui. Ceux més) que Jean Clair déteste l’Amé- rable sur la cécité des yeux quand ces qui haïssaient la guerre et devaient ORSQUE Jules César fut rique. Enfin, pas toute l’Amérique ni L’opposition serbe a besoin du soutien yeux sont fermés par la peur et par la alors la faire ne cessaient de l’annon- nommé gouverneur de la tous les Américains. Jean Clair est sa- haine. cer. En ce temps-là, ceux qui font la L province romaine de vant. Il y a en Amérique de bons de tous et non d’un débat parisien Nous devons apprendre à penser et guerre aujourd’hui étaient, eux, obsé- Gaule, il n’avait qu’une peintres et de mauvais peintres et à voir pour répondre à l’urgence dans dés par la paix à n’importe quel prix. idée en tête : égaler la gloire mili- peut-être, aujourd’hui, plus de sur la légitimité d’un bourreau les termes où elle s’adresse à nous. Il Le prix, on le connaît désormais. taire immense qu’avait acquise peintres du tout. La bonne Amérique ne s’agit pas d’en savoir plus, mais C’est la disparition de tout un peuple son principal rival en politique, est morte, semble-t-il, sur les côtes de d’apprendre à entendre et à ouvrir les et la misère dans plusieurs pays. La qui était Pompée, dit « le Normandie. La mauvaise, l’exécrable, ont une âme et qui ont des artistes. l’absence de tout talent digne de yeux sur un sens qui n’est justement Serbie sortira exsangue de ce conflit et Grand », afin d’utiliser cette l’inculte, l’Amérique sans âme et sans Voyons de plus près le cas des Serbes. Guernica le peuple kosovar en soit ré- pas visible. Que la guerre des Balkans c’est son président qui a organisé cette gloire pour prendre le pouvoir à art, voilà celle qui bombarde les na- Ils sont une Nation, donc ils ont droit à duit à ne jamais être une Nation. soit d’une extrême complexité ne peut ruine. Ceux qui invoquent la négocia- Rome. Il lui fallait, pour cela, réa- tions, ou plutôt les Nations. un sol et à une âme. Mais, me direz- Mais brisons-là, car il y a plus grave, en aucun cas dispenser les citoyens de tion oublient que, pendant les entre- liser en Europe l’équivalent des Un savant, on le sait, ne dit que la vé- vous, quels sont leurs artistes ? Là, surtout plus réel et plus urgent. Il y a la se battre contre l’horreur et de choisir tiens de Rambouillet, l’épuration eth- conquêtes que Pompée avait rité, et Jean CIair est un savant qui a vé- Jean Clair peut vous répondre : en guerre. Témoigner de ce qui se passe, leur camp. L’opposition serbe a be- nique a redoublé. Ce que les faites en Orient. cu : il a connu la vraie guerre, avec de 1995, il a accepté que soit exposé au ce n’est pas dire ce qu’on a vu, mais ce soin du soutien de tous et non d’un dé- opposants serbes – ils sont de plus en Le problème pour César était vraies sirènes et de vrais bourreaux. pavillon « Yougoslavie » de la Bien- qu’on a compris, ce qu’on a eu le cou- bat parisien sur la légitimité d’un plus nombreux –, ce que les Kosovars qu’il n’avait, pour réaliser cette On ne peut lui en raconter. On nous nale de Venise les œuvres d’un peintre rage d’affronter, quitte à reconnaître bourreau. Quand est-ce que les intel- encore vivants – leur nombre diminue opération, aucun mandat du Sé- chaque jour –, ce que tous attendent nat et qu’il n’avait le droit ni de depuis des années, c’est qu’on les sou- sortir de sa province ni de s’ingé- tienne dans un combat contre la dicta- rer dans les affaires du reste de la ture qui les anéantit. Gaule. Son coup de génie consis- Quels opposants serbes ? Ceux qui, ta à y intervenir quand même, de Belgrade au Monténégro, n’ont ja- mais en feignant de le faire pour mais eu les moyens de construire les des raisons purement humani- bases d’un mouvement fort. Il n’y a taires : il s’arrangea pour être ap- nulle part ni armes ni argent pour sou- pelé au secours par quelques cités tenir massivement les forces démo- gauloises (les Helvètes, les Hé- cratiques sur le terrain de leur lutte. On duens et les Séquanes), dont les a peine à croire que ceux qui ont des habitants se disaient menacés et milliards pour bombarder ou pour chassés de chez eux par un chef renverser un régime quand ils le sou- germain nommé Arioviste : haitent se soient trouvés sans forces ni c’était, affirmaient-ils, « un tyran moyens pour prévenir cette catastro- orgueilleux et cruel », « un homme phe. grossier, irascible et capricieux ». Comment aussi ne pas s’interroger « Si César et le peuple romain ne sur le silence et la passivité des Etats venaient pas à leur secours, tous les arabes devant le massacre de tant de Gaulois seraient dans la nécessité musulmans ? Ce ne fut pas le cas en d’émigrer, de chercher d’autres Bosnie. Autant de questions qui ne re- toits, d’autres terres » (César, Com- lèvent ni du crétinisme américain ni de mentaires de la guerre des Gaules, la décadence des idées nationales. livre I, chap. 32). Quels intérêts servent la confusion et Arioviste, quant à lui, soutenait les contradictions chaque jour main- qu’« il n’avait pas été l’agresseur, tenues par ceux qui décident ? A lire la mais que c’étaient les Gaulois qui presse, la négociation est impossible, l’avaient attaqué » ; il ajoutait que les bombardements inefficaces, l’in- cette partie de la Gaule était en tervention au sol impensable, le re- fait une province germanique, tour des Kosovars une utopie, le ren- que « son armée n’y était entrée versement de Milosevic pas que pour garantir sa propre sécuri- souhaitable... Alors, quoi ? Ne reste-t- té », et que les Romains n’avaient il que le débat d’opinions dans les pas plus à s’y ingérer que lui- journaux en attendant que le combat même ne s’ingérait dans la pro- cesse faute de combattants ? Ce n’est vince romaine de Gaule (ibid., pas seulement absurde : c’est cela, la chap. 44). barbarie. Demain ou après-demain, c’est le Monténégro qui connaîtra le ravage Le problème qu’autorisera la négociation tant sou- haitée avec Milosevic. La France, pour Jules César grandiose par le verbe, forte dans l’in- dignation, bigarrée dans les opinions, était qu’il n’avait, a peu à peu rejoint le parti des soupirs et de l’impuissance dans un climat de pour réaliser pseudo-règlements de comptes inter- nes qui n’intéressent qu’une poignée cette opération, de beaux esprits. La guerre des Balkans devient pré- aucun mandat texte à autre chose : faire parler de soi, gagner des voix, veiller à ne pas en du Sénat perdre. Et, dans ces spasmes des pou- voirs, on bombarde de loin, de si loin qu’on ne sait même plus exactement Bref, c’était un dialogue de ce que l’on bombarde. Jamais le ciel sourds, de sorte que la tentative n’a offert de plus grand abri à la terre de négociations entre les deux des confusions et des lâchetés. Nous chefs, le Romain et le Germain, se sommes tous dans le brouillard, et ce solda par un échec. Arioviste re- brouillard n’est pas le résultat diabo- fusa de céder aux injonctions de lique de la politique américaine ni de la César ; ce dernier entra en cam- perversité des médias. C’est le brouil- pagne sans le moindre mandat lard de la pensée et la démission du sénatorial, donc en toute illégali- courage. té, officiellement pour protéger Donner aux citoyens les instru- les malheureux Gaulois victimes ments critiques, les aider à penser, voi- des exactions et de l’épuration là le rôle des intellectuels, (mieux vau- ethnique pratiquées par l’ignoble drait dire des intelligences, dont les Arioviste, en fait pour de tout intellectuels n’ont pas la propriété) autres raisons – car, on s’en quand ils n’ont plus l’âge ou l’envie de doute, le sort des Héduens et mettre leurs biens et leurs corps au autres Séquanes n’était pas réel- service d’une cause. Certains pourtant lement le premier de ses soucis. le font et continuent de le faire. Nom- La conséquence en fut la guerre breux sont ceux qui sont allés sur place des Gaules. Comme il s’agissait pour comprendre et pour aider. naturellement d’une « interven- D’autres réfléchissent publiquement tion terrestre », elle dura sept et nous éclairent de leurs propres ans, et fut sanglante à souhait ; questionnements. César, du reste, fut plus d’une fois Nous devons rassembler nos forces à deux doigts de la déroute. Mais et nos voix pour demander à nos gou- il finit par réaliser son ambition, vernants de soutenir massivement et la gloire qu’il en recueillit lui tous ceux qui, en Serbie, au Monténé- permit de devenir, quelques an- gro, en Albanie, sont sur la terre et nées plus tard, le maître du doivent être aidés sur le sol même où monde. leur vie est menacée et où demeurent J’ai peut-être mauvais esprit, leurs espoirs de retour à la paix. Pour mais j’avoue que l’intervention de prendre ses responsabilités de ci- l’OTAN en Yougoslavie m’a don- toyen, point n’est besoin d’être savant né envie de relire la Guerre des ni voyageur. C’est une question Gaules, ce génial chef-d’œuvre de d’éthique, c’est-à-dire de courage et « désinformation », dont l’actua- de clarté. lité est à bien des égards éton- nante. Marie José Mondzain est di- rectrice de recherche au CNRS René Martin est professeur (Groupe de sociologie politique et mo- émérite de littérature latine à l’uni- rale). versité Paris-III. LeMonde Job: WMQ2805--0017-0 WAS LMQ2805-17 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0445 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 / 17 Les 35 heures, acte II 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 UNE SEMAINE après la présentation par le tenté par une idée émise, il y a deux ans, par le Ces limitations concerneront-elles aussi les Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F gouvernement d’un « bilan d’étape » de la loi sur Conseil économique et social, au grand dam du cadres ? C’est une des grandes questions que le Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 les 35 heures, Martine Aubry va rencontrer les patronat : accorder aux heures complémentaires gouvernement devra trancher dans les pro- Internet : http : //www.lemonde.fr partenaires sociaux pour recueillir leurs avis. Si le le statut des heures supplémentaires. Alors que chaines semaines. Comme l’annualisation, il ÉDITORIAL ministère de l’emploi et de la solidarité n’entend certains inspecteurs du travail, Force ouvrière et semble que le décompte du temps de travail des pas encore indiquer précisément quel sera le la « gauche de la gauche » critiquent la flexibilité cadres en jours et non plus en heures soit entré contenu de la seconde loi – celui-ci ne devrait liée aux 35 heures, cette mesure de justice sociale dans les mœurs (Le Monde du 29 mai). Mais deux être connu que dans un mois environ –, les ne pourrait être que perçue favorablement par la questions restent posées : la segmentation ou Milosevic, criminel de guerre marges de manœuvre dont il dispose sont désor- majorité parlementaire. non de la catégorie des cadres, un sujet que le mais suffisamment claires pour que, point par Elle devrait accompagner une nouvelle défini- gouvernement pourrait être tenté de renvoyer à UCUN dirigeant poli- slave complique à l’évidence la point, le projet prenne forme. tion du temps partiel. Actuellement, est considé- la négociation collective, et la limitation de la du- tique ne mérite au- tâche, déjà difficile, des diplo- Il est acquis que la seconde loi sera, comme la ré comme travaillant à temps partiel un salarié rée quotidienne ou hebdomadaire du temps de tant que le président mates. Car le dilemme que la première, une loi d’orientation et d’incitation. dont les horaires sont inférieurs d’au moins 20 % travail des cadres. Ce n’est pas parce qu’un cadre A communauté occidentale af- yougoslave Slobodan Comme le reconnaissent certains parlementaires à ceux d’un temps plein. En portant à 35 heures est au forfait que son employeur peut lui deman- Milosevic de rendre des comptes fronte depuis des semaines – socialistes, à la différence des 40 heures en 1936, la durée légale du travail, les nombreux salariés der de travailler 60 heures par semaine. Le gou- à la justice des nations. En an- comment et jusqu’où négocier les 35 heures ne constitueront pas une mesure travaillant aujourd’hui une trentaine d’heures ne vernement peut décider – et il semble qu’il ait nonçant, jeudi 27 mai, l’inculpa- avec un personnage si gravement emblématique du gouvernement Jospin. Seul pourront plus être qualifiés demain de salariés à l’intention de le faire – de fixer des limites aux tion de ce dernier pour crimes de discrédité ? – se transforme main- comptera, aux yeux de l’opinion, l’effet sur l’em- temps partiel. Chacun convient qu’il faudra re- durées quotidiennes ou hebdomadaires de tra- guerre et crimes contre l’humani- tenant en une contradiction ap- ploi de la réduction du temps de travail. Sur ce voir la définition en vigueur, mais les modalités vail des cadres. L’enjeu pour les entreprises est té, le procureur du Tribunal pénal paremment insurmontable : ima- sujet sensible, les prévisions sont plutôt revues à de cette modification restent encore très floues. de savoir si les inspecteurs du travail pourront ou international (TPI), Louise Ar- gine-t-on voir figurer au bas d’un la baisse. Il y a un an, l’Observatoire français des non continuer à exiger un relevé des horaires bour, offre un motif de satisfac- éventuel arrangement diploma- conjonctures économiques (OFCE) avait chiffré à LE PROBLÈME DES CADRES quotidiens et hebdomadaires de chaque salarié. tion politique et morale à tous tique cosigné par les représen- 480 000 le nombre d’emplois créés en trois ans La seconde loi devrait par ailleurs encadrer Pour l’opinion publique, la première loi est ceux que l’épuration ethnique tants de l’OTAN le paraphe d’un par les 35 heures. Dans Le Nouvel Observateur l’annualisation des horaires. Celle-ci est un fait plus importante que la seconde. En fait, il n’en menée par Belgrade au Kosovo présumé criminel de guerre que (21-28 mai), Jean-Paul Fitoussi, président de l’OF- acquis. Même la CGT l’accepte. Mais le débat va est rien. Le diable est dans les détails. Si chacun révulse. Sa décision pourrait aus- la justice internationale a donné CE, estime qu’« il faudrait réviser ce chiffre de porter sur deux points : l’amplitude de la jour- des sujets qu’elle traite est technique, c’est de la si marquer un tournant majeur ordre d’arrêter, de juger et de pu- moitié, soit 240 000 emplois créés sur trois ans. née, de la semaine ou du cycle de travail, et sur- seconde loi que dépendra la mise en place effec- dans la guerre aérienne que nir ? D’ores et déjà, Viktor Tcher- Quand on constate qu’une croissance de 3 % crée tout les délais de prévenance. Actuellement, se- tive des 35 heures. Le gouvernement n’a pas ou- l’OTAN livre depuis plus de deux nomyrdine a retardé sa ren- 350 000 emplois en un an, ce n’est pas énorme. » lon les accords, l’employeur dispose de trois à blié que les 40 heures décidées par le Front popu- mois à la Serbie. contre, jeudi, avec le leader Et encore, cette estimation est optimiste. Dans quinze jours pour modifier les horaires des sala- laire en 1939 ne sont devenues réalité que... On ne peut que se réjouir de yougoslave. La Russie, déjà quel- un entretien à Libération (22-23 mai), Patrick Ar- riés. En échange de la reconnaissance de l’annua- trente ans plus tard. voir le responsable des pires que peu lassée par son infruc- tus, directeur des études économiques à la Caisse lisation, la deuxième loi pourrait mettre des ta- crimes commis dans l’Europe de tueuse médiation, peut-elle des dépôts et consignations, estime, lui, que, quets à l’amplitude des horaires. Frédéric Lemaître l’après-guerre rattrapé par le continuer de négocier avec un « contrairement aux dires du gouvernement, le bras, toujours plus long, d’une homme placé au ban des na- passage aux 35 heures risque d’entraîner la des- justice universelle qui place dé- tions ? truction de 200 000 emplois dans les deux ou trois sormais le respect des droits de Slobodan Milosevic comptait prochaines années », essentiellement en raison de Portée par Leiter l’homme au dessus de l’autorité sur la complaisance de Moscou, l’augmentation du coût du travail. des Etats, en privant les dicta- et le double langage des Occiden- Quoi qu’il en soit, le gouvernement sait que la teurs les plus sanglants de leur ul- taux, pour échapper aux foudres réduction de la seule durée légale du travail au time alibi, la souveraineté natio- du Tribunal de La Haye. C’était 1er janvier 2000 n’aura aucun impact sur l’emploi. nale. D’enquêtes en témoignages, oublier la pugnacité de Louise Ar- Seule comptera la réduction de la durée effec- chaque jour apporte de nouvelles bour. Forte de l’indépendance tive. De même, malgré les propos officiels, il se preuves sur les massacres et les dont jouit la juridiction qu’elle a rend compte que les entreprises ne se précipitent exactions qui ont contraint tout mandat de servir, le procureur du pas pour conclure leurs accords avant fin juin, un peuple à prendre la route de TPI a toujours pris sa fonction bien qu’à partir de cette date l’aide gouverne- l’exode. L’initiative de Louise Ar- très au sérieux et elle prouve une mentale soit moins généreuse. La seule solution bour représente donc à elle seule nouvelle fois qu’elle entend me- qui lui reste est donc de continuer à inciter les – et quel que soit son épilogue – ner sa mission en toute liberté. entreprises à négocier la mise en place des une nouvelle étape salutaire dans Tout porte à croire que Slobodan 35 heures, même après le 1er janvier 2000. Pour ce le combat contre l’impunité et la Milosevic, qui n’a plus rien à faire, la carotte est toute trouvée : la baisse des barbarie. Elle constitue aussi une perdre ni à sauver, va se replier cotisations patronales sur les salaires ne bénéfi- première dans l’histoire diploma- un peu plus dans une intransi- ciera qu’aux entreprises qui auront signé un ac- tique : aucun chef d’Etat en exer- geance jusqu’au-boutiste. La cord. cice n’avait jusqu’à présent été négociation entre Belgrade et les inculpé par un tribunal interna- dirigeants occidentaux, apparem- UNE PÉRIODE DE TRANSITION tional. ment pris de court par Mme Ar- L’autre caractère d’orientation et d’incitation Dans l’immédiat pourtant, l’in- bour, en sera rendue plus labo- de la future loi concerne les heures supplémen- culpation du président yougo- rieuse. taires. Dans l’entourage de Lionel Jospin, on réaffirme que les heures supplémentaires seront 0123 est édité par la SA LE MONDE majorées. Pas question de permettre aux entre- Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani prises de travailler 39 heures en payant leurs sa- Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; lariés 40, comme cela serait le cas si la majoration Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint des heures supplémentaires était réduite. Pour Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau influer sur ce paramètre essentiel, le gouverne- Directeur artistique : Dominique Roynette ment dispose de quatre manettes : le contingent Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment annuel d’heures supplémentaires autorisées ; le Rédacteurs en chef : Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; taux de la majoration des heures et son Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; échéance ; le rôle et le taux du repos compensa- Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; teur (payer les heures sup’ en temps plutôt qu’en Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) Rédacteur en chef technique : Eric Azan argent) ; la création ou non d’une surcotisation Médiateur : Robert Solé sociale. Apparemment, ces quatre curseurs ne sont pas encore arrêtés. Mais, toujours par souci Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; d’efficacité et parce que les négociations durent partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre en moyenne six à neuf mois, le gouvernement Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président envisage une période de transition dans la mise Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), en place de ces nouveaux critères. André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) Pour faire accepter ce délai de carence à la ma- Le Monde est édité par la SA Le Monde jorité plurielle et aux syndicats, le gouvernement Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. pourrait faire un geste sur un sujet voisin, jus- Capital social : 985 000 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, qu’ici resté dans l’ombre : les heures complémen- Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, taires, c’est-à-dire les heures supplémentaires Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, des salariés travaillant à temps partiel. Aucune Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. statistique ne permet d’en mesurer l’ampleur, et nombre d’entre elles sont vraisemblablement payées au même taux que les heures prévues par ILYA50 ANS, DANS 0123 le contrat de travail. Le gouvernement semble Rita Hayworth, princesse Aly Khan aux municipalités conquises en bouffée d’oxygène est accordée à de la droite nationale qu’il appelait 1995, elles n’offrent plus guère que un chef vieillissant, privé d’une de ses vœux. Assiste-t-on, pour À VALLAURIS ce matin, Marga- chesse de l’Inde et la beauté de Le crépuscule des vitrines délabrées, à Toulon bonne partie des cadres les plus autant, au crépuscule de l’extrême rita Cansino, plus connue sous le l’Amérique, entre la noblesse reli- notamment. dynamiques du FN et qui ne peut droite ? Il serait très prématuré de nom de Rita Hayworth, a convolé gieuse et la vedette de Hollywood, Pour comble, le tribunal de plus guère compter que sur lui- l’affirmer. Sans doute un Front na- pour la troisième fois. M. Dirigon, marque dans l’histoire de la civili- de l’extrême grande instance de Paris, loin d’at- même. Plus encore, retournant en tional coupé en deux sera-t-il, maire communiste de l’endroit, l’a sation une date qui en vaut bien tendre le jugement des électeurs le quelque sorte d’où il vient, M. Le dans l’avenir proche, moins per- unie, non sans quelque émotion d’autres. 13 juin, vient de trancher dans le Pen s’en est spontanément remis à turbateur que le FN conquérant de devant tant de condamnables C’est en août dernier, dans la sé- droite ? vif, en constatant, le 11 mai, la sa vision favorite : celle du chaos. ces dernières années. De même, splendeurs, au prince Aly Khan, rénité de l’été méditerranéen, que Suite de la première page « nullité » du congrès mégrétiste « La droite nationale sera appelée l’éclatement actuel aura probable- fils de l’Agha Khan, et lui-même le coup de foudre éclata, au Palm de Marignane, pour non-respect au pouvoir comme les pompiers ou ment un coût électoral sensible divorcé. Beach de Cannes. Le grand jour Ils ont dénoncé, pêle-mêle, le des règles statutaires du FN, et en le SAMU, quand il n’y aura plus pour l’extrême droite : habituée à On se passionnait autrefois pour maintenant est arrivé. Tout s’est « vieux », sa « paranoïa », son faisant de M. Le Pen et de ses fi- personne d’autre à la place. C’est se voir créditer de 15 % à 16 % des des aristocraties plus perma- passé selon un scénario réglé avec « népotisme », sa « dictature » sur dèles les seuls détenteurs du titre, probablement notre mission », lan- intentions de vote, elle semble pla- nentes. Mais la personnalité de la soin par M. Lee Ellroy, manager de le FN, ses dérapages désastreux, sa du logo et du sigle du Front natio- çait-il récemment (Le Monde du fonner aujourd’hui – Le Pen et nouvelle princesse, qui commença Rita, au château de l’Horizon, stratégie « groupusculaire » et nal. Rarement décision de justice 4 mai). Mégret confondus –, entre 10 % et sa carrière à quatre ans dans la sorte de palais oriental que cerne « suicidaire » interdisant tout es- aura eu un tel poids politique. A l’inverse, les juges ont acculé 12 %. Mais ce serait encore un troupe de danse de son père pour un vaste parc exotique. Tout, sauf poir de conquête du pouvoir. M. Mégret dans une impasse. Il es- score égal ou supérieur à celui réa- voir, en fin de compte, son portrait le mariage lui-même. Si en effet Au-delà des injures, le résultat LA VISION DU CHAOS pérait initialement une captation lisé par le FN lors des précédentes figurer sur la bombe atomique de les jeunes époux ont obtenu la est patent. L’appareil du mouve- D’un côté, les juges ont redonné en douceur de l’héritage. Au pire européennes de 1994. Bikini, « Gilda », cette personnali- permission de s’unir sans publier ment a été cassé en deux, plus de au président du FN une légitimité moment, à six mois d’une élection Beaucoup, enfin, dépendra de la té est trop représentative du leurs bans, il ne leur en a pas la moitié des secrétaires départe- qui lui était frontalement contes- européenne, M. Le Pen l’a capacité des droites françaises monde d’après guerre pour qu’on moins fallu, contrairement à ce mentaux ayant suivi M. Mégret. tée. Pour une fois, M. Le Pen a pu contraint à se dévoiler. Il es- – mais aussi de la gauche – à re- puisse passer sous silence les faits qu’ils avaient désiré, se marier, Plusieurs fédérations sont as- saluer une justice qu’il avait da- compta, alors, l’emporter à la hus- donner une perspective politique et gestes de la plus « glamourous » comme tout le monde, à la mairie. phyxiées financièrement et au vantage coutume de vilipender. sarde. Son assaut a échoué. Le voi- aux orphelins éventuels du FN. Or, des pin-up girls. Cette rencontre P. R . bord de la banqueroute. La presse Dans la foulée, il a appelé au « ral- là dos au mur, obligé de changer loin de saisir l’occasion de l’em- entre l’Est et l’Ouest, entre la ri- (28 mai 1949.) d’extrême droite est aux abois. La liement de tous les hésitants et des de nom, mais incapable de chan- poignade entre les frères ennemis guerre des chefs a brutalement dé- militants qui ont suivi M. Mégret ». ger de stratégie : « Nous n’aban- de l’extrême droite, la droite conti- boussolé les militants et dérouté De fait, même si les sondages donnons pas un iota du programme nue à s’enfoncer dans ses divi- 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS un électorat composite que la fas- restent encore aléatoires, les in- du Front national », est-il contraint sions. Elle avait éclaté en trois par- Télématique : 3615 code LEMONDE cination pour M. Le Pen et les suc- tentions de vote en faveur de sa d’affirmer pour tenter de conser- tis au lendemain des régionales de Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC cès électoraux avaient fini par fé- liste aux européennes se sont sen- ver une partie au moins de l’élec- 1998 ; elle se disperse en trois cou- ou 08-36-29-04-56 dérer. Plus encore, l’influence siblement redressées depuis le mi- torat frontiste. Menacé par tous rants à la veille des européennes. Le Monde sur CD-ROM : 01-44-08-78-30 idéologique du FN et l’adhésion à lieu du mois de mai (8,5 % pour la les sondages d’un score inférieur à Comme soulagée de voir se des- Index et microfilms du Monde : 01-42-17-29-33 ses idées ont brutalement chuté de Sofres et CSA, 7,5 % pour BVA, 5 % aux européennes, M. Mégret serrer la menace frontiste, elle pa- moitié, pour la première fois de- 7 % pour Ipsos), alors qu’elles semble en passe de perdre sur raît trop volontiers encline à ou- Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr puis une quinzaine d’années, selon s’étaient nettement érodées en tous les tableaux : celui du renou- blier Le Pen. le sondage annuel réalisé par la mars et en avril et approchaient la vellement de l’extrême droite Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 Sofres (Le Monde du 4 mai). Quant barre fatidique des 5 %. Mais cette comme celui de la recomposition Gérard Courtois LeMonde Job: WMQ2805--0018-0 WAS LMQ2805-18 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0446 Lcp: 700 CMYK

18 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999

MONNAIES L’euro est passé, 4 JANVIER, jour de ses premières co- lystes. Il correspond au décalage inat- sions, tandis que les derniers indica- COMPTES NATIONAUX publiés jeudi mercredi 26 mai, pour la première fois tations officielles, la devise euro- tendu des performances écono- teurs de conjoncture des trois grands par l’Insee, la croissance en France depuis sa naissance, sous la barre des péenne a perdu plus de 12 % de sa miques des deux côtés de pays de l’Euroland (Allemagne, Italie s’est affaissée au premier trimestre, 1,05 dollar, glissant jeudi jusqu’à valeur face au billet vert. b CE RECUL l’Atlantique. b LA CROISSANCE AMÉ- et France) soulignent le ralentisse- pour n’atteindre que 0,3 %, après 1,0420 dollar. b PAR RAPPORT AU est contraire aux prévisions des ana- RICAINE est très supérieure aux prévi- ment de l’activité. b SELON LES 0,7 % au dernier trimestre de 1998. Les craintes conjoncturelles et budgétaires font plonger l’euro La devise européenne a touché, jeudi 27 mai, son plus bas niveau face au dollar depuis son lancement. La croissance s’est affaissée en France au cours du premier trimestre pour n’atteindre que 0,3 % LA LOGIQUE MONÉTAIRE est L’annonce d’un mauvais chiffre dans les Balkans noircit encore le mouvoir la croissance et l’emploi pour une fois respectée : à écono- d’inflation en avril (+ 0,7 %) a Au plus bas tableau, tant par l’impact négatif (Le Monde du 27 mai), elles ac- mie forte, monnaie forte ; à écono- confirmé que l’économie des Etats- COURS DE L'EURO EN DOLLAR qu’il peut avoir sur le moral des croissent leur défiance à l’égard de mie faible, monnaie faible. L’euro Unis est au bord de la surchauffe. ménages que par son coût finan- l’euro. est passé, mercredi 26 mai, pour la Elle n’a pas seulement surpris les 1,20 cier. première fois depuis son lance- opérateurs, qui commençaient à Les inquiétudes sur la croissance ABSENCE DE RIPOSTE ment, sous la barre de 1,05 dollar, être convaincus que l’économie 1,16 1,0420 s’accompagnent de préoccupations Enfin, les marchés ont le senti- glissant même jeudi jusqu’à américaine était entrée dans une le 27 mai budgétaires. Le ministre italien du ment que les autorités monétaires 1,0420 dollar. Par rapport au 4 jan- nouvelle ère faite de croissance du- 1,12 Trésor, Giuliano D’Amato, a fait sa- européennes s’accommodent, au vier, jour de ses premières cotations rablement forte sans tensions sur voir mardi que l’objectif du déficit fond, de la baisse de l’euro, qui sti- officielles, la devise européenne a les prix. Elle a aussi amené la Ré- public retenu pour 1999 – 2 % du mule les exportations, et qu’elles perdu plus de 12 % de sa valeur face serve fédérale américaine (Fed) à 1,08 PIB – ne pourra être respecté. Fait n’ont pas l’intention d’intervenir au billet vert. Ce recul est contraire hausser le ton. Réuni mardi 18 mai, plus inquiétant encore pour les dans l’immédiat pour stopper sa aux prévisions des analystes, qui le conseil de la Fed a prévenu qu’il 1,04 marchés, les ministres des finances chute. Si le gouverneur de la annonçaient, à la fin de l’année était prêt à durcir sa politique mo- de l’Union ont autorisé l’Italie à dé- Banque de France, Jean-Claude Tri- JANVIER FÉVRIER MARS AVRIL MAI 1998, que l’engouement des inves- nétaire si les prochains indices d’in- 1999 passer son objectif. Cette tolérance chet, et le président de la Bundes- tisseurs internationaux pour la flation corroborent le dérapage Source : Bloomberg a été très mal perçue par les opéra- bank, Hans Tietmeyer, ont récem- nouvelle monnaie allait entraîner d’avril. Les anticipations de relève- teurs, qui craignent un laisser-aller ment affirmé que l’euro dispose La devise européenne a perdu 12 % de sa valeur face au dollar depuis son une envolée de cette dernière. ment des taux aux Etats-Unis lancement. généralisé en matière de finances d’un « fort potentiel d’apprécia- Mais le décalage de perfor- – donc de hausse de la rémunéra- publiques. tion », mances économiques constaté des tion du billet vert – incitent les opé- Ils croient de moins en moins au après plusieurs mois d’améliora- L’évolution budgétaire n’est pas M. Duisenberg a en revanche ex- deux côtés de l’Atlantique depuis rateurs à se tourner vers le dollar. scénario optimiste selon lequel tion, le climat des affaires s’est dé- non plus du goût de la BCE. Mer- pliqué mercredi que la faiblesse de cinq mois a mis à mal ces pronos- l’économie de l’Euroland serait vic- gradé en avril ; en Italie, la situation credi, son président, Wim Duisen- l’euro « n’a rien d’inattendu et de tics. La faiblesse de l’euro contre le RALENTISSEMENT DURABLE time d’un simple « trou d’air » est si préoccupante que le gouver- berg, l’a jugée « préoccupante » en non naturel ». Dans ces conditions, dollar continue à provenir « de la Les perspectives économiques et – pour reprendre l’expression du nement évoque publiquement les Allemagne, en France et en Italie et les analystes parient sur une pour- divergence entre l’évolution écono- monétaires sont radicalement diffé- ministre français de l’économie, risques de récession ; même la affirmé que la concession faite sur suite du repli de l’euro au cours des mique des Etats-Unis et celle de l’Eu- rentes en Europe. La Banque cen- Dominique Strauss-Kahn – et esti- France, jusqu’alors relativement le déficit italien est « mauvaise pour prochaines semaines. Certains le rope », a reconnu, mercredi, le mi- trale européenne (BCE) a récem- ment plutôt qu’elle est entrée dans épargnée, semble aujourd’hui tou- l’euro ». Plus que jamais, le policy voient rapidement tomber jusqu’à nistre allemand des finances, Hans ment abaissé son principal taux une phase de ralentissement pro- chée : les perspectives d’investisse- mix européen – c’est-à-dire le do- 1,03 dollar, d’autres jusqu’à 1 dollar, Eichel. Alors que l’économie améri- directeur, à 2,5 %, et certains ana- noncé et durable. ment ont été révisées en baisse, la sage des politiques monétaire et un niveau auquel, cette fois, les di- caine tourne à plein régime, celle de lystes commencent à évoquer la Les derniers indicateurs de consommation des ménages a re- budgétaire – apparaît bancal aux rigeants européens pourraient se l’Euroland ralentit. Les statistiques possibilité d’un nouvel assouplisse- conjoncture publiés dans les trois culé en avril et la croissance du pre- yeux des investisseurs. Quant aux décider à riposter. publiées au cours des derniers jours ment monétaire pour venir au se- grands pays de l’Euroland ont ren- mier trimestre a affiché une maigre divisions entre gouvernements eu- sont venues renforcer ce contraste. cours d’une croissance défaillante. forcé ce pessimisme. En Allemagne, progression de 0,3 %. Le conflit ropéens sur les moyens de pro- Pierre-Antoine Delhommais La France entre dans le « trou d’air » L’Europe ne désespère pas de connaître annoncé par Dominique Strauss-Kahn une phase de croissance « à l’américaine » ATTENTION, voici le « trou dans toutes ses composantes – et hausse du PIB atteignait 0,6 %, la L’ÉCONOMIE européenne ne va pas demeurer indé- + 1,7 % pour 1999. De la même façon que l’Italie – dont d’air » ! En annonçant le 29 mars c’est ici que réside la mauvaise croissance de 1999 serait de 2,2 %, finiment plongée dans la « croissance molle » qui est la la croissance devrait également être très faible en qu’il avait décidé de réviser la pré- nouvelle. soit le bas de la fourchette fixée par sienne depuis le début des années 90 : telle est l’opi- 1999 –, l’Allemagne est handicapée par une structure vision de croissance de l’économie Principal moteur de l’activité Bercy. Pour atteindre le haut de la nion généralement partagée par les observateurs. S’ex- industrielle particulièrement sensible aux exportations française pour 1999, la fixant entre tout au long de l’année 1998, la fourchette, il faudrait que la pro- primant mercredi 26 mai à Francfort, le président de la (et donc aux conséquences de la crise financière dans 2,2 % et 2,5 % au lieu de 2,7 % pré- consommation des ménages tend, gression trimestrielle soit de 0,8 %. Banque centrale européenne, Wim Duisenberg, a esti- les pays émergents), et par un manque de confiance cédemment, Dominique Strauss- en effet, à s’essoufler. Elle n’a, en Au regard de ces chiffres, on mé que « la reprise avait commencé, même si cela se fait durable de la part des investisseurs. Si la France, elle, Kahn avait prévenu qu’il sentait ve- effet, progressé que de 0,3 %, le peut donc se forger une opinion lentement ». Il a pris pour preuve le fait que la s’en sort mieux que ses voisins, c’est grâce à une nir des turbulences, mais qu’elles plus mauvais résultat depuis deux sur la pertinence de la métaphore confiance des industriels semblait ne plus reculer et consommation privée plus dynamique, obtenue grâce seraient de courte durée. Pour ans. Les experts du gouvernement du « trou d’air » passager, si que celle des ménages, qui a permis à l’Europe d’éviter à des créations d’emplois plus nombreuses, notam- l’instant, la prédiction du ministre tentent certes de minimiser ce ré- souvent utilisée par M. Strauss- la récession ces derniers mois, ne montrait pas de ment dans les services. de l’économie se vérifie. Selon les sultat. Ils font valoir que la relative Kahn. Pour qu’elle se vérifie, il fau- « signes significatifs de déclin pour le moment ». comptes nationaux publiés jeudi douceur hivernale a freiné la drait que la consommation ne Le taux de croissance de la zone euro sera en 2000, « UNE NOUVELLE DYNAMIQUE » 27 mai par l’Insee, la croissance consommation énergétique et donne pas de nouveaux signes de « très proche du taux de croissance potentiel moyen », Au-delà de ces divergences de conjoncture, le mi- s’est affaissée au premier trimestre qu’une nouvelle méthode de cal- défaillance. Ce qui n’est pas assuré, c’est-à-dire à environ +2,5 %, selon M. Duisenberg. nistre français des finances Dominique Strauss-Kahn de l’année, pour n’atteindre que cul, excluant du champ des puisqu’on sait dès à présent qu’en S’exprimant à Paris mercredi 26 mai, le commissaire décèle en Europe « l’apparition d’une nouvelle dyna- 0,3 %, après 0,7 % au dernier tri- comptes nationaux les dépenses avril les ménages se sont montrés européen Yves-Thibault de Silguy a estimé de son côté mique de croissance non-inflationniste ». « L’Europe a mestre de 1998. des ménages dites remboursées plus prudents dans leurs compor- que la zone euro remplissait ses devoirs internationaux aujourd’hui les moyens d’un cycle de croissance long » Ce creux d’activité est à ce point (essentiellement les médicaments, tements d’achats (Le Monde du avec une croissance de + 2,2 % en 1999 et de + 2,7 % en comme viennent de le connaître les Etats-Unis, a-t-il conforme à ce qui était attendu couverts par le régime d’assurance 27 mai). 2000. « Un rebond du PIB de l’Euroland au second se- déclaré en marge de la réunion annuelle des ministres – dans ses dernières prévisions, le maladie), affectent le résultat mestre semble probable », estiment les économistes de de l’Organisation pour la coopération et le développe- « PALIER DE CROISSANCE » Paribas dans leur dernière lettre mensuelle. «Les ment économiques (OCDE) qui avait lieu mercredi Et puis, surtout, il faudrait que consommateurs vont sans doute permettre à l’Europe de 26 mai à Paris. Le moral des industriels en hausse sensible les entreprises confirment leurs ef- prendre la voie de la reprise », selon les économistes de Cette « nouvelle croissance » repose notamment, se- forts d’investissement et sortent du Goldman Sachs, qui soulignent que le moral des mé- lon lui, sur une « révolution structurelle appuyée sur les C’est la meilleure nouvelle fournie par l’Insee, jeudi 27 mai. Selon comportement d’attentisme qui a nages européens n’a jamais été aussi élevé depuis 1990. technologies de l’information ». Il est vrai qu’aux Etats- son enquête mensuelle dans l’industrie, le moral des chefs d’entre- prévalu une bonne partie de l’an- Certes, certains pays demeurent à la traîne. C’est le Unis, pas moins d’un tiers de la croissance économique prise est en nette amélioration. Le solde des réponses optimistes et née 1998, du fait de la crise inter- cas de l’Allemagne, qui représente 31 % du PIB de la découle désormais des technologies de l’information, pessimistes des industriels sur les perspectives générales de produc- nationale. Or, dans ce cas, les indi- zone euro. Interrogé sur ce pays, M. Duisenberg a esti- selon le secrétariat américain au commerce. « Personne tion ne sont plus négatives que de 18 points en mai, après –23 points cations dont on dispose sont plutôt mé qu’il montrait « à présent la plus mauvaise perfor- n’a suggéré que les avancées technologiques puissent se en avril. Un autre indicateur, encore plus fiable, celui des perspec- rassurantes, puisque la dernière mance de croissance » parmi les pays de la zone euro et substituer aux réformes structurelles », soulignait mer- tives personnelles de production, fait apparaître un redressement enquête mensuelle dans l’industrie qu’une amélioration ne pourrait être obtenue qu’au credi à Paris la secrétaire générale adjointe de l’OCDE, presque aussi sensible : le solde des réponses est positif de 8 points de l’Insee fait apparaître une nette prix de réformes structurelles visant à briser les rigidi- l’Américaine Joanna Shelton. en mai, après + 4 points en avril et − 2 points en mars. amélioration du moral des chefs tés des marchés du travail et des biens. Les prévisions Ce niveau de + 8 points est sans précédent depuis octobre 1998, qui d’entreprise (lire ci-contre). de croissance du PIB allemand oscillent entre + 1,5 et Lucas Delattre avait constitué le point fort des turbulences internationales consé- Reste pourtant une interroga- cutives à la crise asiatique, entraînant une forte perte de confiance tion : si certains grands pays euro- dans les milieux industriels, très exposés à la concurrence mondiale. péens comme l’Allemagne ou l’Ita- Cette enquête de l’Insee figure parmi les « indicateurs avancés » pris lie ont une activité qui reste faible Les technologies de l’information, moteurs de l’activité en compte par les conjoncturistes pour établir leurs prévisions. et si, au-delà, les Etats-Unis – comme beaucoup l’annoncent – MÊME SI elle accuse toujours un l’économie, les nouvelles technolo- mie américaine, le commerce via connaissent un fort ralentissement, retard par rapport aux Etats-Unis, gies ont contribué à hauteur de Internet n’en est, lui, qu’à ses bal- 26 mars, l’institut évoquait déjà comptable du trimestre, mais ne la France peut-elle espérer que sa l’économie française a opéré sa 15 % à la croissance du PIB. En butiements. Malgré l’accroissement une croissance de 0,3 % pour ce modifie pas la tendance de fond. Il croissance va réaccélérer, une fois mutation vers les technologies de 1997, et d’après l’Insee, cette contri- rapide du commerce électronique premier trimestre – qu’il pourrait s’agit néanmoins d’une première ces turbulences passées ? C’est ce l’information et de la communica- bution ne dépassait pas 9,3 %. – les ventes ont triplé en 1998 –, les presque constituer un soulage- alerte. que suggère la théorie du « trou tion (TIC). Ces dernières ont repré- Les Etats-Unis restent beaucoup transactions par Internet repré- ment. « La bonne nouvelle, c’est En contrepartie, l’investissement d’air » : elle repose sur l’idée que, senté 5,2 % du produit intérieur plus avancés dans cette nouvelle sentent moins de 1 % du total des qu’il n’y a pas de mauvaise nou- se porte mieux qu’on ne le pensait. dès le second semestre, l’économie brut (PIB) français en 1998, selon « économie numérique ». Dans ce transactions américaines. Et même velle », se réjouit un expert gouver- C’est vrai pour l’investissement des sera en reprise sensible. D’autres les statistiques publiées, mercredi pays, les technologies de l’informa- si les échanges commerciaux élec- nemental. En quelque sorte, le pire entreprises, qui progresse de 2 % économistes, comme Patrick Artus, 26 mai, par l’Insee. Ce secteur a tion contribuent pour environ un troniques entre entreprises sont ne s’est pas produit... au premier trimestre, mais c’est le le directeur des études écono- supplanté les industries plus tradi- tiers à la croissance économique, a quatre à cinq fois plus élevés, ils re- Le bilan n’en réserve pas moins cas aussi de l’investissement des miques de la Caisse des dépôts et tionnelles puisqu’il représente, à lui indiqué, mardi 25 mai, le secrétaire présentent aussi moins de 1 % des quelques mauvaises surprises. ménages, en hausse spectaculaire consignations, se montrent toute- seul, un poids supérieur à celui de américain au commerce, William 9 000 milliards de dollars que pèse Conformément à la tendance des de 3,5 %, du fait de très forts achats fois mois confiants et doutent que l’automobile et de l’énergie réunis Daley. Parées de toutes les vertus, l’économie américaine. Ce qui mois antérieurs, la contribution du de logement. le ressaut de l’activité soit aussi (3,8 %). les nouvelles technologies contri- n’empêche pas certaines industries commerce extérieur à la croisance Au total, les chiffres de l’Insee ne sensible, compte tenu de l’environ- Pour l’année 1997, les chiffres dé- buent également à la baisse de l’in- de se préparer activement à une est certes nulle : si les exportations contredisent donc pas le diagnostic nement européen. Image contre taillés de l’Insee montrent que le dice général des prix pour environ montée en puissance rapide de ce reculent sensiblement (− 1,1 %), re- du ministère des finances. A la fin image, ils préfèrent parler d’un secteur des TIC a généré un chiffre un point de pourcentage, selon mode de transaction. Mercredi, à flétant une dégradation de la de- du premier trimestre, ce que les ex- nouveau « palier de croissance », la d’affaires de 828 milliards de francs. M. Daley. Toutefois, les autorités Londres, la société d’études Market mande mondiale, les importations perts appellent l’acquis de crois- France pouvant connaître une acti- Les télécommunications se taillent américaines reconnaissent que Tracking International a, par diminuent presque dans les mêmes sance (c’est-à-dire la croissance qui vité se prolongeant au-delà du pre- la part du lion avec un chiffre d’af- leurs statistiques concernant ce exemple, estimé que les ventes de proportions (− 1 %). Compte tenu serait constatée en fin d’année si, mier trimestre sur un rythme an- faires de 256 milliards de francs, secteur demandent à être affinées. musique par Internet (sous forme d’une contribution négative des par hypothèse d’école, elle était nuel de 2 %, ou à peine plus. Ce suivies par la communication « Les méthodes actuelles de récolte de CD ou de téléchargement) re- stocks à la croissance (− 0,3 point), nulle au cours des trois derniers tri- qui, sans être catastrophique, ne (247 milliards) et l’informatique des données sont inadéquates », a présenteront 8 % du chiffre d’af- c’est donc, comme dans le passé, la mestres) ressort donc à 1,3 %. Au- serait guère rassurant, car cela lais- (238 milliards). L’industrie électro- souligné John Haltiwanger, un faires de l’industrie musicale demande intérieure qui soutient trement dit, la prévision de crois- serait présager une croissance du- nique restant le parent pauvre avec économiste du bureau du recense- (47 milliards de dollars) en 2004. l’activité, apportant une contribu- sance du gouvernement n’est pas rablement mollassonne. seulement 87 milliards. En 1998, se- ment. tion à la croissance de 0,7 point. irréaliste. Si, au cours de chacun lon les estimations de Dominique Si les ventes de matériel et les té- Christophe Jakubyszyn Mais pas la demande intérieure des trois derniers trimestres, la Laurent Mauduit Strauss-Kahn, le ministre de lécommunications tirent l’écono- et Enguérand Renault LeMonde Job: WMQ2805--0019-0 WAS LMQ2805-19 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0447 Lcp: 700 CMYK

ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 / 19 Après son échec italien, Deutsche Telekom ABB Alstom Power Le Crédit agricole serait intéressé est autorisé à prendre veut renouer avec France Télécom pour entrer 10 % du Crédit lyonnais L’alliance doit être « repositionnée », selon le patron allemand dans Framatome Le président du directoire de Deutsche Telekom affron- projet de fusion avec Telecom Italia. D’autant que cette « SI L’OPPORTUNITÉ d’une par- tait, jeudi 27 mai, ses actionnaires. De nombreuses in- initiative a conduit à une rupture des relations avec ticipation minoritaire dans Fra- Sept groupes se partageront un tiers du capital terrogations préoccupent ces derniers, après l’échec du France Télécom, son allié depuis dix ans. matome se présentait, nous la considérerions avec intérêt », a LE GROUPE d’actionnaires par- sur des segments de clientèle plus COLOGNE l’échec : pour lui, la solution ita- s’en tenir « aux contrats qui indiqué, le 26 mai, le PDG d’Als- tenaires (GAP) du Crédit lyonnais limités. de notre envoyé spécial lienne « n’était et ne sera qu’une existent ». tom, Pierre Bilger. Cette partici- sera composé de sept groupes fi- Le GAP comprendra également Ron Sommer, le président du di- des nombreuses possibilités » de se Revenant sur l’expérience vécue pation serait prise par le biais nanciers, qui contrôleront en- deux poids lourds de l’assurance, rectoire de Deutsche Telekom, de- renforcer. Le groupe allemand avec France Télécom, M. Sommer d’ABB Alstom Power, numéro un semble 33 % du capital de la AGF-Allianz et Axa. Le premier au- vait s’expliquer, jeudi 27 mai, de- maintient ses projets de croissance estime que son groupe ne peut mondial de l’équipement éner- banque, a annoncé le ministre de ra 6 % du capital du Lyonnais et vant ses actionnaires, réunis en internationale « par le biais d’ac- plus réaliser ses ambitions « sous gétique, qui doit réunir les acti- l’économie, des finances et de l’in- pourra consolider son partenariat assemblée générale à Cologne, où quisitions, de participations, aussi la forme d’alliances souples ». Les vités des groupes franco-britan- dustrie, Dominique Strauss-Kahn, avec la banque dans la distribution 6 000 personnes étaient attendues. bien que de fusions ». L’Europe entreprises qui se cantonnent à de nique Alstom et jeudi 27 mai, à l’occasion d’un de produits d’assurance-dom- Les interrogations promettaient reste le champ privilégié de son telles coopérations ne développe- helvético-suédois ABB. « Nous point presse, après avoir reçu l’avis mages. Il propose aussi de nou- d’être nombreuses, après l’échec expansion − qui doit être financée raient « jamais la détermination, la voulons garder et développer nos de la Commission des participa- veaux angles de coopération en du projet de fusion avec Telecom par une prochaine augmentation rapidité et la flexibilité » néces- relations fructueuses avec Frama- tions et des transferts (CPT, ex- matière d’assurance des petites et Italia, lancé à la hâte par l’opéra- de capital de 10 milliards d’euros −, saires. Le président du directoire a tome pour promouvoir les cen- Commission de privatisation). Sur moyennes entreprises et d’affactu- teur allemand. Une initiative qui a en particulier la Grande-Bretagne, indiqué qu’« une fusion avec trales nucléaires à l’exportation », les neuf candidats ayant déposé rage. Quant à Axa, qui assure déjà entraîné la rupture des relations mais les Etats-Unis sont également France Télécom n’est pas possible », a ajouté M. Bilger. Ces déclara- une offre (le groupe LVMH a retiré les clients qui empruntent auprès avec France Télécom, son allié de- dans la ligne de mire. Deutsche Te- car son « statut ne le permet pas », tions interviennent alors qu’Al- la sienne), on ne compte que deux du Crédit lyonnais face aux risques puis dix ans. Comment sortir de lekom se défend d’être « pressé par alors que cette solution « aurait pu catel, actionnaire à 44 % du déçus : les Banques populaires, de décès ou d’invalidité, il propose l’isolement ainsi créé ? le temps » malgré son échec être envisageable ». groupe nucléaire, veut céder sa dont le dossier et les projets de de nouvelles coopérations dans la Officiellement, le groupe alle- récent. Il prévoit toujours une ac- participation. Parmi les candi- partenariat n’ont pas convaincu la banque d’affaires et la gestion de mand n’abandonne pas l’idée quisition majeure en 1999, puis PROJETS COMMUNS dats déjà déclarés figure la Coge- CPT, et Paribas, qui perd l’occasion bilan et obtient 5,5 % du capital du d’une fusion avec l’opérateur ita- deux en 2000. Deutsche Telekom semble ma, et des contacts seraient en de consolider le partenariat exis- Lyonnais. Un cran en dessous de la lien, que celui-ci avait sollicitée Parallèlement, M. Sommer considérer que la situation pour- cours avec l’allemand Siemens. tant entre le Crédit lyonnais et Ce- participation des AGF, mais l’écart pour contrer l’offre inamicale lan- cherche à dédramatiser la crise ou- rait se détendre avec les Français, telem, sa filiale spécialisée dans le entre les deux groupes est très cée par Olivetti. Or, ce dernier est verte avec France Télécom, qui a et se dit disponible pour reprendre crédit à la consommation. faible. parvenu à ses fins. Selon M. Som- porté le désaccord devant un ar- à tout moment des discussions sur La décision n’a pas étonné la mer, son projet demeure néan- bitre international. Le partenariat la façon de poursuivre les projets Seconde lecture banque de la rue d’Antin, coincée TROIS ÉTRANGERS moins « pertinent et convaincant », doit « être repositionné », affirme- communs. L’opérateur allemand, au cœur de la bataille boursière Trois groupes étrangers entre- même si Franco Bernabé, l’admi- t-il, répétant que la fusion avec Te- en particulier, tient à conserver entre la Banque nationale de Paris ront enfin au capital de la banque. nistrateur délégué de Telecom Ita- lecom Italia « n’était en aucun lieu son rôle dans la société Global du projet de loi (BNP) et la Société générale. La La banque allemande Commerz- lia, qui devait prendre la coprési- dirigée contre France Télécom ». Le One, dont le français et l’allemand déception est toutefois réelle : son bank est autorisée à prendre 4 %. dence du nouvel ensemble, a partenariat avec l’opérateur fran- sont actionnaires aux côtés de partenariat représente un chiffre Elle veut ouvrir des partenariats démissionné. Deutsche Telekom çais représente « une partie impor- l’américain Sprint. Une réunion du sur les caisses d’affaires élevé et a de multiples tous azimuts : clientèle d’entre- se dit prêt à « évaluer la nouvelle si- tante de notre stratégie d’internatio- conseil d’administration de Global ramifications (crédit-bail, leasing prise, transferts et gestion de tré- tuation et à attendre avec détermi- nalisation », reconnaît M. Sommer, One aura lieu mercredi 2 juin et automobile...). Il risque d’être re- sorerie, produits de taux et finan- nation les entretiens nécessaires qui « regrette la réaction très émo- devrait permettre, espère Deut- d’épargne mis en question au profit de Sofin- cements structurés et banque pour clarifier » la situation. Aucun tionnelle » de Michel Bon, le PDG sche Telekom, de sonder les inten- DÉPUTÉS ET SÉNATEURS co, la filiale du Crédit agricole dans directe ! La banque espagnole BBV, contact n’aurait cependant eu lieu de France Télécom. Mais il affirme tions réelles des uns et des autres n’ont pas réussi à se mettre d’ac- le même secteur. déjà partenaire d’Axa dans la ban- pour le moment entre M. Sommer lui conserver « toute son estime ». pour « effectuer le repositionne- cord, mercredi 26 mai, en Car, sans surprise, le premier cassurance, est, elle, retenue pour et Roberto Colaninno, le patron M. Sommer assure vouloir conser- ment de Global One le plus vite pos- commission mixte paritaire sur membre du GAP du Lyonnais est la 3,75 %. BBV apportera au Lyonnais d’Olivetti. ver la participation croisée de 2 % sible ». A propos de Wind, la socié- le projet de loi sur l’épargne et la Banque verte. Elle est autorisée à des partenariats en Espagne et en M. Sommer tente de minimiser détenue dans France Télécom, et té récemment créée en Italie avec sécurité financière. Les dis- prendre 10 % du capital de la Amérique latine. La dernière France Télécom et le producteur cussions ont échoué sur l’ar- banque publique et fait nettement banque étrangère est l’italienne In- d’énergie ENEL, Ron Sommer ticle 21, qui organise les modali- figure de primus inter pares. Sa par- tesa, dont le Crédit agricole est ac- La concurrence favorisée en Allemagne considère que les partenaires « ont tés de constitution du capital des ticipation au GAP est qualifiée de tionnaire à 23 %. Elle est retenue besoin de se parler ». Il est vrai que futures Caisses d’épargne. Le « structurante » par Bercy. Les par- pour 2,75 % et veut ouvrir des par- Les marges de Deutsche Telekom (DT) vont continuer à se ré- l’ENEL.... le poursuit en justice. projet de loi va donc revenir à tenariats que ce groupe mutualiste tenariats en matière de marchés de duire : mercredi 26 mai, l’autorité de régulation allemande lui a in- Le développement international l’Assemblée pour une nouvelle envisage de développer avec le capitaux, de gestion d’actifs, d’af- terdit d’augmenter les tarifs d’interconnexion que doivent acquitter reste d’autant plus incontournable lecture, le 1er juin, et ensuite au Lyonnais portent notamment sur facturage et de crédit-bail. les opérateurs concurrents pour utiliser son réseau. Actuellement que l’opérateur semi-public est Sénat le 9 juin, la lecture défini- le crédit à la consommation mais Reste à chacun des futurs fixé à 2,7 pfennigs la minute (0,014 euro), ce tarif assez faible bénéfi- confronté à une vive concurrence tive étant prévue le 16 juin. En aussi sur le crédit-bail ou l’affactu- membres du GAP à s’entendre cie aux concurrents de Deutsche Telekom, qui peuvent acheminer en Allemagne. Il a cédé jusqu’à première lecture, l’Assemblée rage. avec la banque publique pour affi- des appels à des prix très compétitifs car ils n’ont pas à supporter les 30 % de parts de marché sur les ap- avait fixé le capital social à Un deuxième groupe bancaire ner la manière dont les partena- mêmes frais de réseau que l’opérateur historique. Ce dernier a pels longues distance et vers 18,8 milliards de francs, mais le français est retenu pour le GAP, le riats pourront être mis en œuvre, abaissé ses tarifs sur les communications nationales à deux reprises l’étranger. Ses rivaux l’ont poussé Sénat l’a réduit à environ 14 mil- Crédit commercial de France sans se chevaucher. Et surtout à at- en 1998 et 1999, pour tenter d’enrayer la progression de ses concur- à multiplier les baisses de tarifs liards de francs. De même, les (CCF), pour 1 %. Le CCF propose tendre le prix auquel ils devront rents, qui se sont déjà adjugé 30 % du marché national. Les commu- (lire ci-contre). Le chiffre d’affaires députés avaient prévu que le des partenariats proches de ceux payer leur participation. Il ne sera nications internationales sont également concernées par l’offensive et les profits, orientés à la baisse, placement des parts puisse se que veut ouvrir le Crédit agricole connu qu’à la mi-juin. tarifaire de Deutsche Telekom, qui propose d’abaisser ses tarifs vers s’en ressentent. faire en quatre ans, alors que les – le crédit-bail, crédit à la consom- 22 pays à 48 pfennigs (0,24 euro) la minute à partir du 22 juin. Ce sénateurs souhaitaient une du- mation, achats –, mais ils portent Sophie Fay nouveau prix doit encore être approuvé par l’autorité de régulation. Philippe Ricard rée de huit ans. LeMonde Job: WMQ2805--0020-0 WAS LMQ2805-20 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 10:23 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0448 Lcp: 700 CMYK

20 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 La concurrence s’exacerbe entre les sociétés de messagerie de presse Plusieurs éditeurs sont tentés de suivre l’exemple de « Micro Hebdo » et de « Point de vue-Images du monde », qui ont quitté les Nouvelles Messageries de la presse parisienne (NMPP) pour les Messageries lyonnaises de presse (MLP) LE MAGAZINE des têtes cou- leur distribution à Paris, qui était NMPP. D’autres éditeurs réflé- des départs en préretraite pour les rifs plus bas. Il détient les Relais H, tains titres de réduire leur coût de ronnées est en train de provoquer assurée par les NMPP. Cela a re- chissent, comme Françoise Sam- ouvriers du Livre. qui ont un poids croissant dans la distribution. Ainsi la distribution une petite révolution dans le présenté des économies impor- permans, directrice générale de Entre les deux sociétés de mes- diffusion de la presse. Il contrôle des quotidiens entraîne un déficit monde de la presse. Point de vue- tantes pour les MLP. Jusque-là, les Marianne et du Nouvel Economiste. sageries, le climat vire parfois à la enfin, directement ou indirecte- de 200 millions de francs (30,5 mil- Images du monde vient de changer rôles semblaient répartis : les MLP Les NMPP prennent très au sé- guerre ouverte. Les MLP re- ment, la moitié des dépositaires de lions d’euros), qui est « histo- son mode de distribution. L’heb- limitaient leur intervention aux rieux cette concurrence sur le mar- prochent par exemple l’omnipré- presse, chargés d’acheminer les rique », explique Yves Sabouret, domadaire quitte les Nouvelles mensuels et aux bimestriels. Mais ché des hebdomadaires, car elle sence des NMPP et du groupe Ha- journaux dans les kiosques. mais « les quotidiens sont un pro- Messageries de la presse pari- Micro hebdo a ouvert une brèche. intervient au moment où la baisse chette à différents niveaux de la duit d’appel dans les kiosques qui sienne (NMPP) pour adhérer au Point de vue suit, avec une vente de la vente en kiosque des grands distribution. Hachette est opéra- « DISTORSION DE CONCURRENCE » bénéficie aux magazines ». Messageries lyonnaises de presse en kiosque hebdomadaire de titres de la presse magazine pose teur des NMPP et de Transports Le directeur général des NMPP, « Si on arrive à une situation où (MLP). Ce changement intervient 276 000 exemplaires. De nom- des problèmes aux NMPP et où presse, une autre société de mes- Yves Sabouret, reconnaît la diffé- les titres positifs nous quittent et où quelques mois après celui de Micro breux éditeurs regardent de près elles ont des difficultés à obtenir sageries qui fonctionne comme rence de prix. Elle s’explique, selon on garde les autres, c’est bien l’en- hebdo, l’hebdomadaire informa- ces transferts et font leurs l’autorisation du ministère du tra- une filiale des NMPP et qui permet lui, par trois facteurs qui le semble du système de distribution tique grand public d’Havas, qui a comptes. vail pour un plan social prévoyant à des éditeurs de bénéficier de ta- conduisent à parler de « distorsion qui est fragilisé et compromis. L’en- sauté le pas au début de l’année. Le changement de mode de dis- de concurrence ». jeu, s’inquiète M. Sabouret, est de La distribution de la presse en tribution a permis au groupe Premier facteur, le coût salarial maintenir ce système ou d’accepter France est largement dominée par Tests, éditeur de Micro hebdo, de Jean Miot, dépositaire de presse et le poids du Syndicat du livre. une concurrence sauvage et la véri- les NMPP. Mais, depuis plusieurs baisser ses frais de distribution de (« L’écart entre le coût social et sa- té des prix pour tous, mais cela en- années, les MLP gagnent du ter- 20 % en réalisant une économie L’ancien baron du groupe Hersant et PDG de l’Agence France larial des MLP et des NMPP est pra- traîne une déstabilisation du ré- rain et se posent de plus en plus en d’environ 3 millions de francs Presse (AFP), Jean Miot, fait un retour inattendu dans la presse. Il tiquement du simple au double. ») seau. » « Nous n’avons pas concurrent des NMPP. En 1994, (457 000 euros). L’économie est reprend le dépôt de presse de Cergy-Pontoise. L’intéressé assure Si les salariés des NMPP étaient l’ambition de révolutionner le mar- elles réalisaient un chiffre d’af- estimée à plus de 8 millions de qu’il ne s’agit que d’une partie de son vrai come-back, à la rentrée. payés au prix des MLP, la masse ché, mais d’être une alternative faires de 1 milliard de francs francs (1,22 million d’euros) pour Mais ce parachutage a énervé les MLP et constitué un nouvel épi- salariale diminuerait de 400 mil- pour les éditeurs, rétorque le direc- (152,5 millions d’euros). Il est de Point de vue, qui ne veut pas sode de la guerre entre les deux sociétés de messageries. lions de francs (61 millions d’eu- teur général des MLP, Daniel 2,65 milliards de francs (404 mil- confirmer ce chiffre. Les NMPP, qui possèdent la moitié des dépositaires, avaient fait ros). La deuxième explication Valent. Après des années de mono- lions d’euros) pour 1998, face aux savoir qu’elles étaient prêtes à reprendre ce dépôt de presse à Cer- vient de certains coûts supportés pole, il y a aujourd’hui deux distri- 19,97 milliards de francs (2,89 mil- UN PLAN SOCIAL gy-Pontoise. Cela a suscité un tollé chez certains acteurs de la distri- par les NMPP qui bénéficient à buteurs qui ont des faiblesses et des liards d’euros) des NMPP. Jusqu’ici Alain Ayache est tenté de faire bution, et notamment les MLP, qui ont essayé de reprendre à leur l’ensemble du réseau. Ces charges, avantages. considérée comme marginale, passer son hebdomadaire de pro- tour le dépôt. Jusqu’à ce que Jean Miot fasse son apparition, avec les notamment des actions de forma- Les NMPP représentent quand cette concurrence commence à gê- grammes de télévision Télé Rapid, NMPP comme actionnaire à 35 % et un droit de préemption en cas tion, représentent plus de 50 mil- même 85 % du marché. Les MLP ne ner les NMPP, et les rapports entre qui ne rencontre pas un grand suc- de revente. Eu égard au curriculum vitae inhabituel pour un déposi- lions de francs (7,6 millions d’eu- veulent pas être le bouc émissaire les deux sociétés se dégradent. cès, aux MLP. Ce qui frise l’incident taire de presse du candidat, la commission d’organisation des ros). Enfin, dernier facteur, les des problèmes des NMPP. » En 1996, les MLP ont décidé de diplomatique, Alain Ayache étant ventes (COV) chargée d’examiner les candidatures a été simplement NMPP sont basées sur un système prendre elles-mêmes en charge membre du conseil de gérance des informée de l’attribution de celui de Cergy-Pontoise. de péréquation qui permet à cer- Alain Salles Les députés modifient l’appel d’offres des chaînes privées « Charlie Hebdo » dénonce une censure sur France 2 SILENCIEUSE et résignée depuis Mercredi soir, il est revenu à la nouvellement automatique – la du- CENSURE ou auto-censure ? Dans son éditorial, pu- lon lui, « toute cette affaire ne veut rien dire ». Pas plus le début de l’examen en première charge, en affirmant que le dispositif rée pendant laquelle ces chaînes blié dans Charlie Hebdo, paru mercredi 26 mai, le rédac- que la présence de la chaîne cryptée au tour de table de lecture à l’Assemblée nationale du retenu dans le projet de loi – qui pourront conserver leur droit teur en chef Philippe Val accuse l’agence Capa d’avoir Capa : « Canal Plus a 4,45 % de notre capital, et alors ! » projet de loi sur l’audiovisuel, la ma- permet au CSA de demander des in- d’émettre sans nouvel appel à candi- tronqué ses propos, tenus lors de l’émission « Place de France Télévision n’envisage pas de réagir dans l’immé- jorité plurielle avait besoin d’un exu- formations, notamment financières, datures. Ce correctif apporté à la loi la République », diffusée mardi 18 mai sur France 2. Le diat. Le service public « n’était pas au courant de cette toire. Mardi 25 mai, elle avait encore à l’égard des opérateurs et de leurs Carignon entrera en vigueur le coup de ciseaux aurait réduit une intervention dans la- affaire », car France 2 ne possède qu’un contrôle édito- subi, sans broncher, une ultime pro- actionnaires – « ne sert strictement à 1e janvier 2002 et ne s’appliquera quelle le journaliste prenait à partie le groupe Vivendi rial a posteriori des sujets fournis par Capa. vocation de Laurent Dominati (DL, rien, sinon d’excuse au gouvernement, donc pas aux autorisations en cours. et son PDG Jean-Marie Messier. Pour Philippe Val, «la Paris). Le secrétaire général de Dé- qui fait semblant de menacer les coupe a été préméditée ». A la fin de l’enregistrement du RÉCIDIVE mocratie libérale avait « défendu » groupes auxquels s’en était pris le « DON QUICHOTTE » magazine, un représentant de Capa l’aurait prévenu Philippe Val a écrit à Hervé Bourges, président du un amendement visant à limiter la PS ». Faute de pouvoir modifier l’ar- Les uns et les autres se sont en- que ses citations sur Jean-Marie Messier et Vivendi «ne Conseil supérieur de l’audiovisuel, car il y a, selon lui, participation de sociétés ayant accès chitecture du projet gouvernemental gouffrés dans la brèche pour faire seraient pas conservées au montage car Vivendi contrôle récidive. Récemment, le journaliste a participé, sur à des marchés publics dans le capital – en dépit de leurs doutes sur son ef- part – une fois n’est pas coutume – Canal Plus, principal client de Capa ». France-Inter, à la première émission d’Albert Algoud, d’entreprises de communication. ficacité –, les députés de la majorité de leurs états d’âme. Arnaud Monte- Au sein de la société de production, personne « ne se ancien animateur sur Canal Plus, et remplaçant de Jean- Principales visées : Bouygues, Viven- ne l’ont corrigé qu’à la marge... et de bourg (PS, Saône-et-Loire) s’est lan- souvient avoir prononcé de tels propos ». Toutefois, Capa Luc Hess à l’antenne de la radio publique. Pour les dé- di et Suez-Lyonnaise des Eaux, res- manière contradictoire : portant cé dans un vibrant plaidoyer contre ne nie pas la coupe. Elle aurait « été réalisée pour renfor- buts d’Albert Algoud, la chaîne à péage avait dépêché pectivement actionnaires de TF 1, d’un à deux ans la période d’investi- TF 1, faisant état des « sanctions à ré- cer le propos » de Philippe Val. Selon la société de pro- une équipe de tournage. Un journaliste de Canal Plus a Canal+ et M 6. Copie conforme du gation du CSA, ils ont renoncé à pétition » prononcées à son encontre duction, ce dernier s’est exprimé deux fois sur le même interrogé M. Val sur sa liberté d’expression à France- projet élaboré, au nom du Parti so- rendre obligatoires les demandes sur la base d’un cahier des charges sujet. Seule la version la plus percutante a été conservée Inter, lui demandant de préciser quels propos il pourrait cialiste, par Frédérique Bredin d’informations formulées par l’ins- qui se serait transformé, selon lui, en au montage. tenir ici qui, ailleurs, seraient coupés. Philippe Val en- (Seine-Maritime) et Didier Mathus tance de régulation. « chiffon de papier ». Noël Mamère Philippe Val refuse de croire à ces explications. Selon fourche alors son « cheval de bataille » anti-Vivendi. Se- (Saône-et-Loire) – aujourd’hui rap- Une marge de manœuvre un peu (Verts, Gironde), qui avait précé- lui, Jean-Marie Messier, Vivendi, Canal Plus ou Hervé lon lui, Canal Plus n’a jamais diffusé sa diatribe. porteur du projet Trautmann – lors- moins négligeable leur a été accor- demment évoqué ces « empires qui Chabalier, PDG de Capa, n’ont aucune responsabilité Cette fois-là, il n’avait pas réagi : « La politique édito- qu’ils étaient dans l’opposition, cette dée lors de l’examen des conditions nous distribuent de l’eau, nous en- dans cet incident. Toutefois, il est révélateur d’une riale d’une chaîne privée ne me regarde pas. » En re- proposition, rejetée en séance par la de reconduction des autorisations terrent, construisent nos routes, forme « d’autocensure ou de peur de la hiérarchie ». «Si vanche, précise-t-il, « France 2 est une chaîne publique commission des affaires sociales et d’émettre accordées aux chaînes pri- creusent des tranchées pour y mettre je m’en étais pris violemment à un homme politique, cela financée en partie par l’argent des citoyens, et sa politique par la ministre, avait permis à vées : Mme Trautmann a en effet nos câbles téléphoniques et achètent n’aurait pas été coupé. Mais comme j’ai mis en cause éditoriale me regarde ». M. Dominati de railler le « renonce- donné son accord à un amendement nos clubs de football », a renchéri, dé- Jean-Marie Messier cela n’a pas été conservé », dit-il. ment » de la gauche qui, une fois aux de la commission ramenant de vingt nonçant une « sous-pénalisation de M. Chabalier accuse Philippe Val de « paranoïa ». Se- Guy Dutheil affaires, a su « s’arranger avec le à quinze ans maximum – soit dix ans la délinquance cathodique » et une pouvoir ». d’autorisation initiale et cinq de re- « appropriation du patrimoine commun des fréquences ». Selon l’ancien journaliste d’Antenne 2, qui a regretté que le gouvernement n’ait « La Marseillaise » teste une nouvelle formule dans l’Hérault pas eu le « courage de s’attaquer à MONTPELLIER chant à se défaire d’une image l’idée de mieux relayer les informa- une réforme structurelle du CSA », «il de notre correspondant d’organe régional du Parti commu- tions émanant de ces milieux-là. paraît évident qu’il faudra qu’on sé- « Pour se faire une opinion, au- niste qu’il vit désormais comme un Un conseil éditorial composé d’une pare les activités de communication tant lire des idées» : ce slogan qui handicap. « C’est un journal dont quarantaine de personnalités de- des activités industrielles des groupes s’affiche dans l’Hérault annonce la l’éditeur est le PC depuis 1943 », vrait accompagner cette démarche. propriétaires des grandes chaînes ». tonalité de ce que sera la nouvelle rappelle Paul Biaggini, directeur Le pari est ambitieux. Outre une « Ce n’est pas avec des amende- formule de La Marseillaise qui sera général de La Marseillaise. Désor- image qu’il lui sera difficile de ments coupeurs de tête qu’on va per- lancée dans ce département le mais, ajoute-t-il, « il faut pratiquer gommer, la rédaction héraultaise mettre au secteur privé de s’épa- 1er juin. Elle devrait se présenter une rupture, tout en continuant de devra se situer entre des associa- nouir », a répliqué – tout en saluant avec un nouveau titre (L’Hérault du nous appuyer sur des valeurs de tions qui risquent de vouloir s’ap- la « présentation raisonnable » du jour), une « Une » départementali- gauche et de transformation so- proprier le quotidien, et un public projet de loi – Pierre-Christophe Ba- sée, un doublement de sa pagina- ciale ». aux exigences peut-être moins ins- guet (UDF, Hauts-de-Seine), tandis tion, et de nouvelles rubriques. La titutionnelles. Il lui faudra aussi qu’Olivier de Chazeaux (RPR, Marseillaise fait ainsi de son édi- UNE INFORMATION DE PROXIMITÉ apprivoiser ses nouveaux matériels Hauts-de-Seine) dénonçait le tion héraultaise un test qui pour- De là découle le troisième objec- et faire coïncider ses ambitions « combat partial, archaïque et dépas- rait préfigurer ce que seront, à tif: développer une information de avec ses moyens humains. sé » de M. Montebourg, ce nouveau terme, les onze éditions du journal. proximité qui rapproche le journal La diffusion de La Marseillaise « Don Quichotte ». En écho, M. Ma- La rédaction héraultaise pour- du monde associatif, syndical, poli- dans l’Hérault est aujourd’hui esti- thus a jugé « enrichissante sur le plan suit trois objectifs. D’abord crédi- tique et mutualiste. Une consulta- mée entre 5 000 et 10 000 exem- de l’anthropologie politique » la pro- biliser professionnellement une tion des associations a été organi- plaires, selon les sources. La direc- position de M. Dominati de suppri- parution qui souffre parfois de ne sée dans les principales villes de tion compte vendre un millier mer toute limitation à la reconduc- pas pouvoir mettre suffisamment l’Hérault. « Ce qui ressort des pre- d’exemplaires supplémentaires tion quasi automatique des l’actualité en valeur. De nouveaux miers échanges c’est un sentiment pour amortir ses investissements, autorisations d’émettre... journalistes ont été embauchés. Et très fort de ne pas être pris en en attendant une nouvelle étape : Ce chapitre clos, les députés Verts le siège a investi 3,9 millions de compte par les médias locaux, voire un changement de maquette prévu ont obtenu gain de cause sur l’une francs dans un nouveau système de mépris », explique Sylvain Jam- pour le printemps 2000. de leurs revendications « identi- informatique. Le quotidien s’inscrit bon, rédacteur en chef de La Mar- taires », les télévisions de proximité. aussi dans l’air du temps en cher- seillaise dans ce département. D’où Jacques Monin Les députés ont adopté un amende- ment, cosigné par les six élus écolo- gistes, autorisant la création, sur le DÉPÊCHES câble, de canaux locaux non a CÂBLE : Charter Communications, qui appartient à Paul Allen, co- commerciaux. Le texte adopté pré- fondateur de Microsoft, devient le quatrième câblo-opérateur américain voit « l’affectation d’un canal à temps avec 5,5 millions d’abonnés, après le rachat, annoncé mercredi 26 mai, complet ou partagé à une association de Falcon Cable pour 3,46 milliards d’euros. – (AFP.) locale dont le rôle est de distribuer des a AUDIOVISUEL : le groupe AB devrait prochainement séparer ses programmes produits par des associa- différentes activités. Le pôle de production (AB Production, Hamster, tions ou des particuliers ». Mme Traut- Souris Production) passerait sous la houlette de l’un des fondateurs, mann a donné son accord, sous ré- Jean-Luc Azoulay, tandis que l’autre fondateur, Claude Berda, coifferait serve d’un conventionnement de ces la distribution de droits audiovisuels et l’édition de chaînes théma- canaux par le CSA et de précisions tiques. ultérieures quant aux modalités a PRESSE : seules six éditions sur les vingt de Sud-Ouest ont paru, d’application. jeudi 27 mai, à la suite d’un mouvement de grève à l’occasion de la jour- née nationale intersyndicale sur les 35 heures. – (Corresp.) Jean-Baptiste de Montvalon LeMonde Job: WMQ2805--0022-0 WAS LMQ2805-22 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 10:58 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0450 Lcp: 700 CMYK

22 / LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE

ÉCONOMIE

TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT 100 PARIS CAC 40

SIVTDWT TPQTDVH RQUWDUR

SQWQ RRRP

AFFAIRES de la génomique, Genset, et le TSWQ Les déséquilibres rien « d’inattendu » et s’explique

SPRH RQSV

canadien Algène TRUU en grande partie par la différence

SHVV RPUR

Biotechnologies ont signé, le TQTP commerciaux menacent des performances économiques

INDUSTRIE 26 mai, une alliance de recherche entre les Etats-Unis et la zone eu- RWQT RIVW

b ESSILOR : le groupe sur la maladie d’Alzheimer. TPRT ro, a déclaré mercredi le président

RUVR RIHS TIQH la croissance

d’optique a créé une de la Banque centrale européenne,

RTQP RHPI

joint-venture avec le japonais b SMITHKLINE-BEECHAM : le [[[THIR [[[ [[[LORS de la première journée de Wim Duisenberg (lire page 18).

er er er

I wF IR eF PU wF wF IR eF PU wF I wF IQ eF PU wF Nikon. Ce dernier apporte à la groupe pharmaceutique I travaux des ministres des 29 pays a Le niveau actuel de l’euro n’est société commune, détenue à britannique SmithKline de l’OCDE, mercredi 26 mai, la se- « pas préoccupant » et la monnaie Indices cours Var. % Var. %

parité, ses activités dans les Beecham, qui a reçu, le 26 mai, Europe 10 h 15 f se´lection 27/05 26/05 31/12 crétaire générale adjointe de l’Or- européenne a « indiscutablement

HDPW WDQR verres ophtalmiques l’autorisation américaine de mise EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ SH QTSRDQR ganisation, Joanna Shelton, a esti- une marge d’appréciation », a affir-

QTPWDTQ HDQW WDQP (600 millions de francs de chiffre sur le marché pour Avandia, son EUROPE ƒ„yˆˆ SH mé que les pays membres devaient mé mercredi à Paris le commissaire

QITDIS HDPP SDWT d’affaires), Essilor sa filiale nouveau médicament contre le EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR « éviter toute autosatisfaction ». européen pour les affaires moné-

HDQH VDTR japonaise Varilux et une soulte diabète, le lancera en distribution EUROPE ƒ„yˆˆ TSQ QHQDQQ Même si la crise financière qui a taires, Yves-Thibault de Silguy.

RQUWDUR HDHU IIDHW de 180 millions. Essilor ne détient avec Bristol-Myers Squibb. PARIS geg RH frappé successivement l’Asie, la

HDHH FFFF FFFF jusqu’à présent que 2,5 % de PARIS wshgeg Russie et le Brésil semble contenue a ROYAUME-UNI : le déficit

PWUVDHH HDIW IPDII

parts de marché au Japon, PARIS ƒfp IPH et si les marchés financiers sont commercial enregistré en mars

HDHH FFFF FFFF

deuxième marché mondial du FINANCE PARIS ƒfp PSH plus stables, il faut « poursuivre les s’est élevé à 2,148 milliards de

Â

HDHH FFFF FFFF

verre optique. b UNICREDITO : le conseil PARIS ƒigyxh we‚gri réformes structurelles » qui sont livres (3,24 milliards d’euros) après

STQDRP HDTQ RDTS

d’administration de la banque AMSTERDAM eiˆ l’un des principaux fondements de un déficit de 2,297 milliards de

± ± QIQUDPV HDRI IHDUQ

b USINOR : les salariés du italienne a décidé, mercredi BRUXELLES fiv PH la croissance. Elle a souligné que le livres en février, a annoncé mercre-

SIVTDWT HDSI QDTW

groupe sidérurgique devaient 26 mai, l’abandon de son offre de FRANCFORT heˆ QH creusement du déficit de la balance di l’Office des statistiques natio-

± TPQTDVH HDPH TDHP

manifester, jeudi, devant le siège fusion avec la Banca LONDRES p„ƒi IHH des paiements courants des Etats- nales.

IHIQQDTH HDQT QDHP

social, à l’appel de tous les Commerciale Italiana (Comit), MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi Unis constituait notamment un

QSUQIDHH HDPW IDTS

syndicats pour protester contre lancée le 21 mars, que la Comit MILAN wsf„iv QH « sujet de préoccupation ». a OMC : l’Organisation mon-

± TWRIDRH HDTU QDHT la politique d’emploi du groupe. avait rejetée il y a dix jours. ZURICH ƒ€s Janet Yellen, chef économiste de la diale du commerce a échoué de Usinor prévoit de supprimer Maison Blanche, a appelé les Euro- nouveau mercredi à se choisir un 3 000 postes, sans licenciement, b SBP : Michel Pébereau, AME´ RIQUES péens, mais également les Japo- nouveau directeur général. Le pré- chez Sollac et souhaite président de la BNP, a indiqué nais, à mener à bien les réformes sident de l’exécutif de l’OMC char- harmoniser tous les statuts de mercredi 26 mai à Lyon que le NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq ¤URO / DOLLAR structurelles, qui permettraient se- gé de dégager un consensus autour

ses personnels dans le cadre de la projet SBP de rapprochement lon elle « de corriger les déséqui- d’un nom, l’ambassadeur de Tan-

IHUHPDE PRPUDIV

négociation sur les 35 heures. entre la BNP, la Société générale IDHR libres des balances des comptes cou- zanie Ali Mchumo, a toutefois af-

IIIHU PTSP et Paribas entraînerait IDIH rants dans le monde ». firmé que l’ex-premier ministre

IHURH PSUQ b MANNESMANN : l’industriel 2 500 suppressions de postes à IDHV néo-zélandais Mike Moore avait

allemand a annoncé, jeudi l’étranger mais qu’elles devraient a FRANCE : la croissance de renforcé sa position face à son ri- IHQUR PRWR

27 mai, qu’il allait augmenter sa pouvoir être réalisés sans IDHU l’économie, mesurée par l’évolu- val, le vice-premier ministre thaï-

IHHHV PRIT

participation jusqu’à 70 % dans « départs contraints ». IDHT tion du produit intérieur brut, s’est landais et ministre du commerce

WTRP PQQU

Arcor, l’opérateur allemand de IDHS élevée à 0,3 % au premier tri- Supachai Panitchpakdi.

WPUS PPSW

téléphonie fixe. Pour cela, il va b ROTHSCHILD : la Compagnie IDHR mestre, après 0,7 % au quatrième

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er er er

I wF IQ eF PT wF I wF IQ eF PT wF wF IR eF PU wF acquérir, pour 508 millions financière Edmond de I trimestre de 1998, a annoncé jeudi a ÉTATS-UNIS : les commandes d’euros, une partie des intérêts Rothschild Banque a annoncé, l’INSEE. Les dépenses de consom- de biens durables ont reculé de Indices cours Var. % Var. % des opérateurs AT & T et mercredi 26 mai, avoir signé un Ame´rique 10 h 15 f se´lection 26/05 veille 31/12 mation des ménages ont progressé 2,3 % en avril, a annoncé mercredi

Unisource. accord tripartite avec les groupes ´ de 0,3 % au premier trimestre. L’in- le département américain du ETATS-UNIS hy‡ tyxiƒ IHUHPDIT IDTP ITDST

allemand Sal. Oppenheim et ´ vestissement total a augmenté de commerce. Le consensus des ana- ETATS-UNIS ƒ8€ SHH IQHRDUT IDSW TDIR

b GENERAL MOTORS : le italien Euromobiliare pour ´ 2,2 %, après 1,4 % au quatrième tri- lystes s’était établi sur une pro- ETATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i PRPUDIV IDWR IHDTW

premier constructeur « développer les opérations mestre de 1998, contribuant ainsi gression de 0,8 % de ces ± TORONTO „ƒi sxhiˆ TUVRDWP HDPI RDTI

automobile mondial va couper transfrontalières en Europe dans pour 0,4 point à la croissance. En commandes pour avril. En mars, SAO PAULO fy†iƒ€e IIPRSDHH TDHT TSDUT

totalement ses liens les fusions-acquisitions ». revanche, les variations de stocks les commandes de biens durables MEXICO fyvƒe QPPDRI PDSW QVDTV

ont freiné la croissance de avaient progressé de 2,7 %, un SIVDVV RDQI PHDTS capitalistiques avec BUENOS AIRES wi‚†ev

0,3 point (lire page 18). chiffre révisé après la hausse de IITDVS PDVQ SIDUS l’équipementier automobile SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev

RÉSULTATS SSRWDIW PDVR ISDVV Delphi, en attribuant à ses CARACAS ge€s„ev qixi‚ev 2 % précédemment annoncée. actionnaires, vendredi 28 mai, sa a NIPPON MITSUBISHI OIL : le a UNION EUROPÉENNE : le taux participation majoritaire dans sa nouveau leader de la distribu- d’inflation annuel de la zone eu- a ARGENTINE : « la situation est filiale, qui devient ainsi tion de produits pétroliers au ASIE - PACIFIQUE ro est une nouvelle fois en hausse. actuellement sous contrôle au Bré- indépendante. Japon, né de la fusion entre Nip- Il a progressé de 1 % en mars à sil et se redresse rapidement, et nous pon Oil et Mitsubishi Oil, compte TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng ¤URO / YEN 1,1 % en avril après avoir augmenté estimons que nous serons en mesure

bRWE et VEBA : les deux sur un bénéfice net de 12 milliards déjà de 0,8 % en février à 1 % en à partir du second semestre de sortir ITIUUDIW IPUDSH

groupes industriels allemands de yens (92 millions d’euros) pour IPQHVDSQ mars, a annoncé jeudi Eurostat. En des tendances récessives actuelles », IUQHH IQQ

vont céder leur filiale commune sa première année d’activité, qui IQSVT revanche, le taux d’inflation an- a déclaré le secrétaire d’Etat argen-

ITTPR IQI

de télévision par câble s’achèvera à la fin mars 2000. IPVSI nuel des quinze Etats membres de tin à l’industrie et au commerce

ISWRV IQH

Telecolombus, qui dessert deux IPIIT l’Union européenne est resté Alieto Guadagni. Au Brésil, princi-

ISPUP IPV

millions d’abonnés, à la Deutsche a MITSUI ENGINEERING AND IIQVP stable à 1,2 % en avril. pal partenaire commercial de l’Ar-

IRSWT IPT Bank pour 767 millions d’euros, SHIPBUILDING : le groupe ja- IHTRU a Selon Wim Duisemberg, pré- gentine, « la récession est moins

indique le quotidien Die Welt du ponais, premier producteur sident de la Banque centrale eu- profonde que prévu et la monnaie IQWPI IPS

jeudi 27 mai. mondial de moteurs marins, a [[[WWIP [[[ [[[ropéenne, « la reprise a commen- s’est redressée », ce qui aura un er er er

I wF IQ eF PU wF wF IQ eF PU wF I wF IR eF PU wF

annoncé jeudi une perte de I cé, même si cela se fait lentement ». « impact positif » sur l’économie b ASTRA-ZENECA : le groupe 4,2 milliards de yens (32 millions Indices cours Var. % Var. % Mercredi à Francfort, il a pris pour argentine, a-t-il souligné. Zone Asie 10 h 15 f se´lection 27/05 26/05 31/12

anglo-suédois, troisième d’euros) pour l’exercice achevé. preuve le fait que la confiance des

± ITIUUDIW HDQQ ITDVU

pharmacien mondial, après TOKYO xsuuis PPS industriels semblait ne plus reculer a ALBANIE : les donateurs inter-

± IPQHVDSQ HDVI PPDRW

avoir vendu le 12 mai sa filiale a MITSUBISHI MOTORS : le HONGKONG rexq ƒixq et que celle des ménages ne mon- nationaux regroupés au sein du

SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ HDHH FFFF QUDWP

chimie de spécialités, pourrait constructeur automobile japo- trait pas de « signes significatifs de G-24 ont annoncé mercredi à

´ SEOUL gyw€yƒs„i sxhiˆ VRDSH IDIS QHDIP

se défaire de ses activités nais est redevenu bénéficiaire déclin pour le moment ». Bruxelles qu’ils s’étaient engagés à

± SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ PWHRDUH HDRU QDPS

agrochimiques (4,78 milliards de lors de l’exercice achevé fin allouer 200 millions de dollars à

BANGKOK ƒi„ QRDWV PDPS QTDPI

dollars), selon le Financial Times. mars, avec un résultat net conso- a EURO : la dépréciation de la l’Albanie pour couvrir ses besoins

BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ RHHSDUR HDVP QIDIH

lidé de 5,7 milliards de yens monnaie européenne face au financiers pour 1999, affectés par

WELLINGTON xƒiERH PIPTDUP IDPR PDWU b GENSET : le leader français (44 millions d’euros). dollar depuis le début de 1999 n’a l’afflux de réfugiés.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone ¤uro Hors zone ¤uro

¤uro contre f Taux contre franc f Taux ¤uro contre f 26/05

¤ HDISPRS UDRQQR FRANC...... TDSSWSU URO ...... COURONNE DANOISE.

QDQSQVS VDPQVH

Action AngloGold PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVE´GIENNE QDQVUUR VDWVUH

La déprime LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUE´DOISE ...... QDWRPQV QUDVTU PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHE`QUE

en rand à Johannesburg L’INDICE CAC 40 de la Bourse de LE DOW JONES, principal indice

QDPUIWH IDTPHS

Paris a ouvert en hausse de 0,50 % à de la Bourse de New York, a termi- ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN . RDUTUHQ IDSRRT SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

d’AngloGold 300 VDQPVWR IDWUIU 238 4 398,44 points, jeudi 27 mai, au len- né mercredi 26 mai en hausse de PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NE´O-ZE´LAND

PDWUTTH QPSDPS

LE PREMIER PRODUCTEUR le 26 mai demain d’une séance nerveuse. Le 1,62 % à 10 702,16 points, le Nasdaq FLORIN NE´ERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NE´ERLANDAIS DRACHME GRECQUE ..

IDTPTHU PSHDRQ FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

290 CAC 40 avait oscillé entre gain et prenant 1,94 % à 2 427,18 points. Ce IDIHQPR RDIUSQ mondial d’or, AngloGold, souffre MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... gravement de la déprime du métal perte durant la journée de mercredi net rebond de la Bourse américaine 280 avant de terminer à 4 376,68 points, après quatre séances consécutives jaune. Alors que l’or atteignait, Cours de change croise´s mercredi 26 mai, son plus bas ni- 270 enregistrant une très légère progres- de baisse a pour raison majeure le veau depuis vingt ans, à 269,50 dol- sion de 0,07 %. recul des craintes d’une surchauffe Cours Cours Cours Cours Cours Cours 27/05 10 h 15 f DOLLAR YEN(100) ¤URO FRANC LIVRE FR. S.

lars l’once, le cours de l’action 260 de l’économie américaine. DOLLAR ...... FFFF HDVIUHT IDHRPPS HDISVVT IDSWPVS HDTSQUU

d’AngloGold, coté à Johannesburg YEN ...... IPPDQWHHH FFFF IPUDSHHHH IWDRQSHH IWRDWHHHH UWDWVSHH 250 FRANCFORT

(Afrique du Sud), a terminé en TAUX ¤URO...... HDWSWRT HDUVRQI FFFF HDISPRS IDSPVVS HDTPUPS

baisse de 1,7 %, à 238 rands (36 eu- JEUDI 27 MAI, l’indice phare de la FRANC...... TDPWRWH SDIRQUS TDSSWSU FFFF IHDHPTVH RDIIRTH

ros), au plus bas depuis deux mois. 240 Bourse de Francfort, le DAX, pro- LES MARCHÉS obligataires euro- LIVRE...... HDTPUVI HDSIPWH HDTSRIH HDHWWUS FFFF HDRIHQS FRANC SUISSE ...... IDSPWTH IDPSHQH IDSWRPH HDPRQHH PDRQTRS FFFF En moins de quinze jours, le titre gressait de 0,21 % à 5 193,82 points péens s’inscrivaient jeudi 27 mai en 230 de la filiale aurifère de l’Anglo au cours des premiers échanges. La légère baisse. Les rendements des American a perdu 11,8 % de sa va- 220 veille, il avait gagné 0,34 %, alors emprunts d’Etat français et alle- Taux d’inte´reˆt(%) Matif leur, suivant le rythme de la chute que la devise européenne atteignait mands s’établissaient respective- N D J F M AM Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier de l’or (Le Monde du 23-24 mai). son plus bas niveau historique. Le ment à 4,190 % (+ 0,017 %) et à Taux 26/05 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans Cours 10 h 15 f 27/05 prix prix

1998 1999 DAX avait fini la séance à 4,064 % (+ 0,023 %). Notionnel 5,5 PDRV RDIU SDHU

Les autres producteurs d’or FRANCE ...... PDSQ

WRDQU WRDTH

SBlb JUIN 99...... QIPU PDSQ RDHQ SDHI

d’Afrique du Sud ont connu les 5 183,08 points. ALLEMAGNE .. PDSQ

Euribor 3 mois SDIH RDUT RDUH

mêmes déconvenues. L’index All par les prochaines ventes d’une GDE-BRETAG. RDWR

PIQ WUDRP WUDRP PDRV RDQP SDPW

MONNAIES ITALIE...... PDSQ JUIN 99......

HDHQ IDQW FFFF Gold, qui regroupe les seize pre- partie de leurs réserves par les JAPON...... HDHS

RDTT SDSH SDUU

miers producteurs d’or sud-afri- Banques d’Angleterre, de Suisse et LONDRES APRÈS avoir franchi la veille pour E´TATS-UNIS... RDVR

HDVS PDSR QDVQ

cains, a accusé, mercredi, une par le FMI. Dans ce contexte, les L’INDICE FOOTSIE des cent princi- la première fois de son histoire la SUISSE...... HDUS Pe´trole PDRW RDIW SDHV PAYS-BAS...... PDRW baisse de 1,9 %. « Il y a encore de groupes miniers sud-africains pales valeurs de la Bourse de barre psychologique de 1,05 dollar En dollars Cours Var. % nombreux désengagements à ve- semblent condamnés à s’adapter. Londres a terminé la séance, mer- à New York, l’euro cotait encore en f 26/05 veille

Matie`res premie`res

HDVI nir », prédit un analyste de Rice Ri- Au premier trimestre, ils ont déjà credi 26 mai, en léger repli. Les ac- baisse jeudi 27 mai sur le marché BRENT (LONDRES) ...... ITDPQ

± HDIU WTI (NEW YORK) ...... IUDIU

naldi Securities, cité par l’agence fortement diminué leur produc- tions britanniques ont été peu sen- des changes à Tokyo à 1,0459 dol- Cours Var. % HDQS LIGHT SWEET CRUDE .... IUDQP Bloomberg. tion, qui est tombée à son plus bas sibles à la forte remontée de Wall lar. L’annonce mercredi d’un dé- En dollars f 26/05 veille

Parmi les grands pays producteurs niveau depuis 1955. Ranfontein Es- Street dans l’après-midi après passement par l’Italie de son objec- ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

± IDII

d’or, l’Afrique du Sud est le plus tates a annoncé la semaine der- quatre séances de baisse consé- tif de déficit public fixé pour 1999 CUIVRE 3 MOIS...... IRUHDS Or

±

HDTV

vulnérable. Ses mines, exploitées nière la fermeture d’une de ses cutive. Le FTSE-100 a fini en recul de explique cette baisse. ALUMINIUM 3 MOIS ...... IQIT

± HDTS

PLOMB 3 MOIS ...... SQVDS Cours Var %

± HDPT

de longue date, sont désormais les mines. Lundi, East Rand Proprieta- 12,5 points à 6 236,8 points, mar- ETAIN 3 MOIS ...... SUIS En ¤uros f 26/05 25/05

± HDQR

plus coûteuses. Les groupes sont ry Mines a averti qu’il pourrait fer- quant une baisse de 0,2 % par rap- ZINC 3 MOIS...... IHPIDS

± IDVQ

OR FIN KILO BARRE ...... VHSH

± HDRW

OR NICKEL 3 MOIS ...... SRPV

±

IDHV

parfois obligés d’aller largement mer. Des nouvelles fermetures et port à son niveau de clôture la veille. ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE OR FIN LINGOT...... VPPH

± HDVI

au-delà de 1 000 mètres sous terre suppressions d’emplois sont atten- LE COURS de l’once d’or est tom- ONCE D’OR (LO) $ ...... PTWDSH HDPH

ARGENT A TERME ...... SDIH

± IDPS PIE`CE FRANCE 20 F...... RUDSH

HDUH

pour trouver de nouveaux filons. dues. Seule consolation pour An- PLATINE A TERME ...... VIIUSDVH FFFF bé, mercredi 26 mai à Londres, PIE`CE SUISSE 20 F...... RVDIH

TOKYO GRAINES DENRE´ES $/BOISSEAU C IDHS

Selon les experts du marché, les gloGold et ses concurrents : le rand sous les 270 dollars, anticipant la PIE`CE UNION LAT. 20 F . RV

HDQW ´ PSW ± HDSQ ` PQS

coûts de production des mines sud- est au plus bas face au dollar, ce qui L’INDICE NIKKEI de la Bourse de cession d’une partie des réserves BLE (CHICAGO)...... PIECE 10 DOLLARS US ...

PPHDPS FFFF ± PDIQ MAI¨S (CHICAGO)...... PIE`CE 20 DOLLARS US ... RTH

± IQHDI HDQI ± IDTP africaines s’élevaient en moyenne à leur permet d’espérer sauver quel- Tokyo n’a pas réussi à profiter du de la Banque d’Angleterre et de la SOJA TOURTEAU (CHG.). PIE`CE 50 PESOS MEX...... QHQDSH

273 dollars l’once en 1998. que marge, puisqu’ils produisent souffle positif de la Bourse améri- Banque nationale suisse. L’or ou- SOFTS $/TONNE

±

VUP

Aucun espoir de reprise des prix de en rand pour vendre en dollar. caine, terminant la séance, jeudi vrait de nouveau en baisse jeudi CACAO (NEW YORK)...... IDPS

FFFF CAFE´ (LONDRES) ...... ISHS Cotations, graphiques et indices en temps

l’or ne se dessine dans les pro- 27 mai, en retrait de 0,3 %. Le Nikkei 27 mai à Hongkong à 268,95- FFFF SUCRE BLANC (PARIS) ... IVRDS re´elsurlesiteWebdu«Monde». chains mois : le marché est tétanisé Martine Orange a clôturé à 16 177,19 points. 269,25 dollars l’once. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ2805--0024-0 WAS LMQ2805-24 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0452 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur un an sur 5 jours EURO STOXX 50 sur un an sur 5 jours

QTSRDQR

VALEURS EUROPE´ENNES QHQDQQ

QIS QUUT

QSHR

b L’action Tabacalera s’est appré- b L’action Ilion a été pénalisée en PWR QHUDHS QTWIDQI QHTDVQ

QPQQ PUQ QTSRDQR QHQDQQ ciée, mercredi 26 mai, de 3 %, à Bourse mercredi après que le groupe QTVRDWH

PWTP 19,6 euros. Les analystes de la firme informatique britannique eut annon- PSQ QTRQDTR

américaine Morgan Stanley Dean cé qu’il avait découvert des opéra- QHPDQT QHIDTV PTWH

Witter ont réitéré leur recommanda- tions illégales sur son activité en PQP QTQRDQH

PRIW

tion positive sur le titre de la pre- Grande-Bretagne, qui pourraient in- PIP [[[[[[[[ [[[[[[[[

t†wwt PV wes PR xy†F PU wes t†wwt mière société spécialisée dans le ta- duire une perte d’environ Q t sx PR xy†F PU wes bac en Espagne. Celle-ci fait l’objet 500 000 livres. Le titre a, du coup,

e C S FFFF hu IHHDWH FFFF qf IRDIH HDSR depuis plusieurs jours de rumeurs sur abandonné 6,8 %. FINNAIR ps CHR. HANSEN HLD SMITHS IND PLC

e ASSURANCES e C PDRW FFFF ps IV FFFF p‚ IHVDS IDRH

une possible fusion avec le français b La banque berlinoise Bankge- G WIMPEY PLC qf CULTOR -1- STMICROELEC SIC

C

± e qf IWDHU HDHV hu RTDWS PDHS xy SDHR FFFF ± RVDPS HDHT

Seita. sellschaft Berlin a fait grimper son GRANADA GROUP P DANISCO AGF /RM p‚ TANDBERG DATA A

e e e ± ± ± p‚ VR HDVV p‚ PTH IDIR e p‚ QIDS IDST ± IHDT HDRU HERMES INTL DANONE /RM ALLEANZA ASS s„ THOMSON CSF /RM

b Le titre EDP-Electricidade de titre de 1,43 %, à 14,2 euros, en an- e e s„ HDTP FFFF q‚ PHDIP FFFF hu TTDSW FFFF PUHDS FFFF HPI DELTA DAIRY ALLIANZ AG hi WILLIAM DEMANT

e C C C xv QIDS IDTI qf IHDII HDWI RIPDWP HDSV ± IIDUW HDSI Portugal a cédé 0,11 %, mercredi, noncant avoir renoué avec les profits HUNTER DOUGLAS DIAGEO ALLIED ZURICH qf f DJ E STOXX TECH P

e

± xv PVDUS IDVV q‚ PQDTU FFFF IUDPP FFFF

s’affichant à 17,49 euros en clôture de au premier trimestre 1999, bénéfi- KLM ELAIS OLEAGINOU ASPIS PRONIA GE q‚

e C ± e qf QDWV HDQV p‚ IQVDU IDQS C IIRDW HDVV HILTON GROUP ERID.BEGH.SAY / AXA /RM p‚

séance. La première compagnie ciant ainsi de sa récente réorganisa- e C IIDRW HDUH qf QDSU FFFF p‚ SERVICES COLLECTIFS C IRDIT QDST MOULINEX /RM GREENCORE GROUP CGU qf

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xy PDVR PDTQ xv SQDP FFFF e ± PR HDVU d’électricité portugaise a prévu de tion. NCL HLDG HEINEKEN p‚ ± IHDRI QDTT CNP ASSURANCES ANGLIAN WATER qf

e e p‚ PSTDU FFFF q‚ PUDTT FFFF C iƒ PHDPR HDIS

PATHE /RM HELLENIC BOTTLI C VDUI HDQS former un joint-venture avec la so- b L’action Metro a gagné mercredi CORP.MAPFRE R BRITISH ENERGY qf

qf IDTR FFFF q‚ IHDSI FFFF e C IPI HDVQ PENTLAND GRP HELLENIC SUGAR hi FFFF FFFF ERGO VERSICHERU CENTRICA qf

ciété britannique Thames Water, 2,04 %, à 62,5 euros, grâce à l’amélio- e

C

qf QDTS FFFF ps QRDP IDIV SVDUP FFFF q‚ e PERSIMMON PLC HUHTAMAEKI I VZ C VDQT HDQT ETHNIKI GEN INS EDISON s„

e

pour se renforcer sur le marché des ration de 3,6 % des profits du distri- C e hi RTDS HDUT qf IPDIQ FFFF ± RDWP HDRH PREUSSAG AG KERRY GRP-A- s„ e QHSDW FFFF FONDIARIA ASS ELECTRABEL fi

e

± qf QDQW PDTP s„ HDVU FFFF WSDPV FFFF

RANK GROUP MONTEDISON hu e IUDRW FFFF eaux au Portugal, au Brésil et au Chili. buteur allemand en 1998. FORSIKRING CODA ELECTRIC PORTUG €„

C

± e gr PPHDHV HDIR gr IUSIDPI HDSH FFFF FFFF xv e SAIRGROUP N NESTLE N C PHDUV HDQW FORTIS AMEV NV ENDESA iƒ

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SDVS IDVS e qf e C C

s„ TDTT HDWI SDU PDSP ps SAINSBURY J. PL

AUTOSTRADE ± ISDI

MERITA e BETA SYSTEMS SOFTW IDTQ

C C

IRHDV IDVV qf PDUS UDUR

ELF AQUITAINE / p‚ FKI e

C

THDHS IDRR e p‚

C

s„ RDUU IDWP TWDIV FFFF

q‚ SEITA /RM

BCA INTESA C SDWT

NAT BANK GREECE e CE COMPUTER EQUIPM ITH

C

s„ TDHT HDVQ

± PPDST HDII

ENI FLS IND.B hu

±

PDTQ IDUH

e qf

± ±

qf IDRU PDHP SQDHS HDPV

p‚ SMITH & NEPHEW

C

RTT

NATEXIS BICC PLC CE CONSUMER ELECTR SDWI

C

T IDSR

qf e C RIDRV IDHS

ENTERPRISE OIL FLUGHAFEN WIEN e„

qf QDIT FFFF

C C qf TDPH P PIDRR IDHU

qf BLUE CIRCLE IND STAGECOACH HLDG FFFF

NATL WESTM BK CENIT SYSTEMHAUS ITV

xy VDHU FFFF

±

IRDPT IDQU

F.OLSEN ENERGY GKN qf e C

IWDTS HDPT e iƒ

SDVR FFFF p‚ PRV FFFF

ƒi TABACALERA REG

±

IIWDPS

NORDBANKEN HOLD BOUYGUES /RM DRILLISCH HDPI

±

IDWW HDUT

LASMO qf QDHS FFFF

GLYNWED INTL PL qf e

C

QDWP HDSI e ps C C

qf RDTR QDQW

PQDI HDRQ

s„ TAMRO

FFFF

ROLO BANCA 1473 BPB e EDEL MUSIC E 98 FFFF C

VTDVU HDUU

OMV AG e„

IHDUT FFFF

HALKOR q‚

C

qf PDTR IDIT

± qf PDIQ FFFF

PHDSQ IDIU

qf TESCO PLC

CARADON C SR

ROYAL BK SCOTL e ELSA HDWQ

SPW FFFF

PETROFINA SA BR fi

C

WDIP HDSH

HAYS qf e

PSDTS FFFF e xv

fi VTDQ FFFF IPDHP FFFF

ƒi TNT POST GROEP C

TDRP

S-E-BANKEN -A- CBR EM.TV & MERCHANDI IIPV

C

ISDSR IDWW

PETROLEUM GEO-S xy e C

hi SPDPS HDRV

e HEIDELBERGER DR RVUDPU FFFF C

qf TDIR FFFF

IVIDT HDQQ

p‚ f DJ E STOXX N CY G P

FFFF

STE GENERAL-A-/ CHARTER e EUROMICRON PS

VTDTS FFFF

PRIMAGAZ /RM p‚

QHDUI FFFF

e HELLAS CAN SA P q‚ €„ PSDSW FFFF QSDUP FFFF

ƒi CIMPOR SGPS R FFFF

SV HANDBK -A- GRAPHISOFT NV ISDHS

VDRR FFFF

PROSAFE xy e C

QDQT HDQH

e s„ C C

IVH IDRI p‚ IFIL

gr PVWDWW HDSR

FFFF

UBS REG COLAS /RM e HOEFT & WESSEL IHUDQ

RSDQ FFFF

REPSOL iƒ

C

RDHU IDWH

e qf COMMERCE DISTRIBUTION

± qf ITDTW FFFF

RDUS HDTQ s„ IMI PLC C

IHH

UNICREDITO ITAL CRH PLC e HUNZINGER INFORMAT IDUV C

SSDI IDVS

ROYAL DUTCH CO xv

e C hu SHDRS FFFF

iƒ SHDI FFFF

TWDQS IDHV

hu ISS INTL SERV-B ± QDUR FFFF CRISTALERIA ESP qf IWI

UNIDANMARK -A- ARCADIA GRP INFOMATEC IDVH

IQDRU FFFF

SAGA PETROLEUM xy

e C

hu VSDRQ FFFF iƒ QR HDUR

q‚ PVDUS FFFF C

KOEBENHAVN LUFT ± qf IPDSV HDQT PIQ

XIOSBANK GRUPOS DRAGADOS e BOOTS CO PLC INTERSHOP COMMUNIC IDRI

R FFFF

SAIPEM s„

e C e

C ± iƒ STDV HDQS

PUTDUS HDPI PR HDVR

xv e C

f C p‚ IPRDV IDHS PHU

DJ E STOXX BANK P FOM CON CONTRAT KON.NEDLLOYD CARREFOUR /RM KINOWELT MEDIEN IDWU C

UDHR HDTS

SHELL TRANSP & qf

e e WI FFFF

p‚ e ps IIV FFFF C C PPU HDPP GROUPE GTM p‚ IDUP

KONE B CASTO.DUBOIS /R LHS GROUP PW

IHDVH FFFF

SMEDVIG -A- xy

C

VDSH HDQT

qf e e C C

hi RS FFFF IDSR IUDST IDPI IQI

HANSON PLC e LAHMEYER CENTROS COMER P iƒ LINTEC COMPUTER

C

IPHDU IDQR

TOTAL /RM p‚

e

± UR PDTQ

PRODUITS DE BASE hi e e C

± PRDS HDQQ HEIDELBERGER ZE iƒ SDR FFFF PHT HDPR

LEGRAND /RM p‚ CONTINENTE LOESCH UMWELTSCHUT

C

HDVU

f DJ E STOXX ENGY P PWPDIP

q‚ PHDWI FFFF C

IUDPW HDVW HELL.TECHNODO.R qf QIDS FFFF q‚ IHPDQS FFFF IPDWW FFFF ALUMINIUM GREEC LEIF HOEGH xy DIXONS GROUP PL MENSCH UND MASCHIN

PUDUW FFFF

q‚ e C C hi RVDR HDQI UVDRQ HERACLES GENL R e IDPH qf PDVT FFFF ± STP HDVV

ARJO WIGGINS AP LINDE AG hi GEHE AG MOBILCOM

e

C

hi RHDT HDIP

C C C IHDPT IDQS HOCHTIEF ESSEN qf IWDP IDHS

IWDPS HDSV ƒi e C PWDS IDUP

ASSIDOMAEN AB SERVICES FINANCIERS MAN AG hi GREAT UNIV STOR MUEHL PRODUCT & SE

PWUDVP FFFF

gr e

C

IQUDS IDIH HOLDERBANK FINA p‚ TT FFFF QDVV FFFF

ƒi e C GUILBERT /RM MUEHLBAUER HOLDING IQTDP PDRV

AVESTA MANNESMANN AG hi

±

qf IHDRW HDVT

C

IIRUDRI HDTT

gr 3I

C

e C ƒi PPDIU HDQW QSDP HOLDERBANK FINA HDSU

QWT FFFF

fi e HENNES & MAURIT PFEIFFER VACU TECH BEKAERT C

IUDSS HDPW

METALLGESELLSCH hi

e

e fi TPDQ FFFF

±

IPPDI HDRI p‚ ALMANIJ e

QR FFFF IMETAL /RM €„ WS FFFF

RDTH FFFF

BILTON qf e JERONIMO MARTIN PLENUM

PHDS FFFF

METRA A ps

e q‚ RIDSI FFFF

C

IIDP IDVP

s„ ALPHA FINANCE e

e C ±

hi RHH HDPS ST ITALCEMENTI IDVP ± RWDI HDIH

BOEHLER-UDDEHOL e„ KARSTADT AG PSI

C

RDTH PDHP

MORGAN CRUCIBLE qf

e ± qf VDVQ HDTV

C

RDQP IDTS s„ AMVESCAP

± C IPDPW HDIP TV FFFF ITALCEMENTI RNC qf

PDII IDRT

BRITISH STEEL qf KINGFISHER QIAGEN NV

PDTH FFFF

e NFC qf C

e p‚ IPWDW HDUH

C

VUDS HDPW

p‚ BAIL INVEST /RM

e C ± SDWR HDSI LAFARGE /RM qf PQDU IDPS ± ISDWS HDQI

BUHRMANN NV xv MARKS & SPENCER REFUGIUM HOLDING A

TIDVV FFFF

e NKT HOLDING hu

€„ IWDUW FFFF

IQDVR FFFF

q‚ BPI R e C

C hi TPDQ HDRV FFFF MICHANIKI REG. IRDWS

RDSH HDTV

BUNZL PLC qf METRO SACHSENRING AUTO

IRDIT FFFF

OCEAN GROUP qf

e C qf VDIQ HDIW

IHDV FFFF ps BRITISH LAND CO

e C ± C qf IIDRR IDHU PSDI PARTEK IDSU TDQS HDUW

CART.BURGO s„ NEXT PLC SALTUS TECHNOLOGY

±

IQDSQ IDRR

PENINS.ORIENT.S qf

±

e qf SDVS HDSP

C

ISQ HDTT hi CAPITAL SHOPPIN e

C ± ITR FFFF PHILIPP HOLZMAN p‚

SVDPS HDRQ ITDIR PDQI

ELKEM ASA, OSLO xy PINAULT PRINT./ SCM MICROSYSTEMS

RDQP FFFF

e PREMIER FARNELL qf

fi TVDUS FFFF

IDII FFFF qf COBEPA e

C ±

s„ V IDPQ HDTP PILKINGTON PLC QPR

ITDIR FFFF

ELVAL q‚ RINASCENTE SER SYSTEME

C

PHDTI HDHU

e RAILTRACK qf iƒ IRTDVS FFFF

± IIDRH UDPW e qf CORP FIN ALBA - e PHDU FFFF SDV FFFF RMC GROUP PLC ps

IRDQI FFFF

INPARSA €„ STOCKMANN A SERO ENTSORGUNG

e C

RHDHS HDIP

e xv C

p‚ RSDRI HDIQ

C RANDSTAD HOLDIN

IDUQ HDVV qf CPR /RM C

C PPPDPU PDUS RUGBY GRP gr IPQ IDTS VDPS FFFF

JOHNSON MATTHEY qf VALORA HLDG N SINGULUS TECHNOLOG

C

hu IIHDQI IDVT

e C gr IUPDRP IDPW

± RATIN -A- ISQ HDHU p‚ CS GROUP N

e C C qf WDRR FFFF SV SAINT GOBAIN /R HDTW RU PDUQ

MAYR-MELNHOF KA e„ W.H SMITH GRP SOFTM SOFTWARE BER

e C

IITDQU PDQU

e hu p‚ SII FFFF

ISDVQ FFFF e €„ EURAFRANCE /RM RATIN -B- ± ± IDPU UDSP HDTH UV SEMAPA qf UDS FFFF

METSAE-SERLA A ps WOLSELEY PLC TDS

e e C

±

ps IHDU HDRU p‚ IPR IDWV

QQDWR FFFF ƒi FONCIERE LYONNA RAUMA OY ± ± HDIQ SKANSKA -B- QTSDWT RQ HDTW PQDRV FFFF

MODO B FR ƒi f DJ E STOXX RETL P TECHNOTRANS

e C

C p‚ IHS HDWT

C qf QDVV IDSW

IQDQP IDHP

hu GECINA /RM RENTOKIL INITIA FFFF SUPERFOS QU QQDTW FFFF NORSKE SKOGIND- xy TELDAFAX

qf TDWT FFFF

C

qf IDUW PDTI QDUI FFFF HAMMERSON qf

e C C TARMAC QDRI REXAM IWHDV IHDP HDWW OUTOKUMPU OY -A ps TELES AG

QSDTS FFFF

hu e

C qf PDUV FFFF VH PDST

e KAPITAL HOLDING p‚ C TAYLOR WOODROW FFFF HAUTE TECHNOLOGIE W QWDHS IDHQ PECHINEY-A- p‚ REXEL /RM TIPTEL

e ± qf IPDSS HDUP

C

IHV IDSH p‚ e

LAND SECURITIES ±

PV HDQT e e„

± RUDS TECHNIP /RM HDTQ

SDR FFFF

€„ RHI AG e TRANSTEC PORTUCEL INDUST C

IITDS HDVU

ALCATEL /RM p‚

qf UDIU FFFF

VWDQP FFFF q‚ LIBERTY INT.HDG

e C

C STRDWQ HDII TITAN CEMENT RE gr RS FFFF

T HDSH

RAUTARUUKKI K ps RIETER HLDG N W.E.T. AUTOMOTIVE

IWDVH FFFF

ALTEC SA REG. q‚

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e C s„ IIDQS IDUW

IHDQS FFFF

UNICEM s„ MEDIOBANCA FFFF FFFF

± ƒi PIDUH FFFF IRDPT IDQU qf e

RIO TINTO SANDVIK -A- C

IIDQS QDIV

BAAN COMPANY xv

e

e C s„ TDTV HDRS

±

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iƒ MEDIOLANUM

FFFF URALITA FFFF

q‚ PVDRR FFFF PIDTR FFFF

SIDENOR SANDVIK -B- ƒi e ISRDV FFFF

BARCO fi

± e qf UDPW PDHR

WDHS FFFF

VALENCIANA CEM iƒ MEPC PLC FFFF FFFF

q‚ QSDWT FFFF gr SII FFFF

SILVER & BARYTE C

TDQV IDTW

SAURER ARBON N BRITISH AEROSPA qf

e

e C iƒ PIDQV HDWR

C

IUQDIS HDPH

e„ METROVACESA

FFFF WIENERB BAUSTOF FFFF

PDSP FFFF

qf e C PRDRV FFFF SMURFIT JEFFERS ƒi

IRU HDTP

SCANIA AB -A- CAP GEMINI /RM p‚

e

C

xv TDTV HDRS

± SDUH IDQP

e qf MEDIOLANUM FFFF WILLIAMS FFFF

VDWW FFFF

SONAE INDUSTRIA €„ ƒi PRDIS FFFF

WUDSQ FFFF

SCANIA AB -B- COLOPLAST B hu

e

C

p‚ IHUDU HDPV

C

HDHR

e f IWVDTV PARIBAS

FFFF DJ E STOXX CNST P FFFF

€„ WDPS FFFF

SOPORCEL C ±

qf IWDSU PDSH IRTUDIV HDTS

SCHINDLER HOLD gr COLT TELECOM NE

C

ISDPU WDVR

PROVIDENT FIN qf

FFFF FFFF

IHDWH FFFF

ƒi e SSAB SW ST A FR C

p‚ QQDS PDIQ C ISWPDSV IDVH

gr DASSAULT SYST./

e SCHINDLER HOLD

C

PPDQ HDPP

e RODAMCO NV xv

C

FFFF FFFF

WDWS HDSI

STORA ENSO -A- ps e

HDVW FFFF e s„ C SVDI HDIU

SCHNEIDER ELECT p‚ FINMECCANICA

IWDUT FFFF

e SCHRODERS PLC qf

C

FFFF

CONSOMMATION CYCLIQUE FFFF

IH HDIH

STORA ENSO -R- ps e ±

RWDPS HDIH e hi C

IDQS PDPU s„ FRESENIUS MED C

e SEAT-PAGINE GIA

C

TP IDIR

SEFIMEG N /RM p‚

FFFF FFFF PPDUH FFFF

SVENSKA CELLULO ƒi e ±

p‚ PRV HDQP ƒi WDVS FFFF

ACCOR /RM C GAMBRO -A-

VDVI IDSV

e SECURICOR qf

C

VR IDPH

e SIMCO N /RM p‚ FFFF FFFF

IUR FFFF

hi e e THYSSEN C

±

WPDV HDUT xv QTDU HDTV

ADIDAS-SALOMON hi GETRONICS

IQDSV FFFF

SECURITAS -B- ƒi

SDSS FFFF

SLOUGH ESTATES qf

FFFF FFFF

VDSI FFFF

ƒi e

TRELLEBORG B C ±

PDVV HDQS hu QPDIS HDRP

ALITALIA s„ GN GREAT NORDIC

± IHHQDPH PDRR

e SGS GENEVA BR gr

±

IPUDI HDUH

e UNIBAIL /RM p‚

FFFF FFFF

± QSDWT HDQQ

fi e

UNION MINIERE C

PSDSW HDUW q‚ UHDPP FFFF

AUSTRIAN AIRLIN e„ INTRACOM R

QDST FFFF

e SHANKS & MCEWAN qf ± HDRU PDHV

e UNIM s„

C

FFFF FFFF PW HDVU

ps e

UPM-KYMMENE COR C

TQDPQ FFFF xv VPDRS HDVT

BANG & OLUFSEN hu e KON. PHILIPS EL C

IQRDT HDTU

e p‚

C SIDEL /RM WDSS HDVR

e VALLEHERMOSO iƒ

FFFF FFFF

±

p‚ IQDQS HDQU

USINOR C ±

SDHQ HDQH xy VDVT PDIH

BARRATT DEV PLC qf MERKANTILDATA

C

qf RDIW HDUQ

C

TDPV HDPR

WOOLWICH PLC qf INVENSYS

FFFF FFFF q‚ QUDSI FFFF

VIOHALCO C QDHP FFFF qf VDWI WDWR

BEAZER GROUP qf e MISYS

±

p‚ PISDS HDPQ C

HDPV

e f DJ E STOXX FINS P PSRDIV SITA /RM

C FFFF FFFF

PVDT HDST

e„ e VOEST-ALPINE ST C

± IDVV IDTP xy PDPH QDPI

BENETTON GROUP s„ NERA ASA

ISDIQ FFFF

SKF -A- ƒi

C FFFF FFFF

HDIS

f IURDHU DJ E STOXX BASI P ± IHDQS HDPW xy QIDPH FFFF

BERKELEY GROUP qf NETCOM ASA

ISDWI FFFF

SKF -B- ƒi e C C

UDIT PDQW ps TVDS IDHV

BRITISH AIRWAYS qf NOKIA

C

PSDST PDUH

ALIMENTATION ET BOISSON SOPHUS BEREND - hu e PDIR FFFF ps FFFF FFFF

BRYANT GROUP PL qf NOKIA -K-

e C e

PHDR HDUR

CHIMIE e STORK NV xv CODES PAYS ZONE EURO C C SHDV HDSW qf VDUU FFFF qf UDHP HDTS

CHARGEURS RM p‚ ALLIED DOMECQ NYCOMED AMERSHA

SVQDUR FFFF

e SULZER FRAT.SA1 gr e FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne ± ± IPDRT FFFF p‚ VTDQ HDTQ qf FFFF FFFF xv PTDQS HDWR AGA -A- ƒi CLUB MED. /RM ASSOCIATE BRIT OCE

ISDVH FFFF

SVEDALA ƒi e IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande C C ± IPDQU HDIQ qf HDTU FFFF qf IRDHQ HDSR s„ QDHT PDPR AGA -B- ƒi COATS VIYELLA BASS OLIVETTI

IHVWTDUT FFFF

e e hu LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche C C SVENDBORG -A- ± IRW HDHU qf WDTU HDIT e„ RHDS IDIP qf QDWV FFFF AIR LIQUIDE /RM p‚ COMPASS GRP BBAG OE BRAU-BE ROLLS ROYCE

C

TDWV HDVV

e e T.I.GROUP PLC qf e FI : Finlande - BE : Belgique. FFFF FFFF qf PDIH FFFF p‚ QSQ FFFF p‚ SWH FFFF AKZO NOBEL xv COURTAULDS TEXT BONGRAIN /RM SAGEM

±

QRDWH HDTW e e e xy e C C ± ± QW HDWI hi PHDV IDRP e„ RUDWS HDWQ hi QRS PDWW

BASF AG hi DT.LUFTHANSA N BRAU-UNION TOMRA SYSTEMS SAP AG CODESPAYSHORSZONEEURO

e C

VRDW PDQQ e e„ e C C C QVDQS HDWP ƒi IVDWP HDSW qf IQDIP FFFF hi QWV PDHS

BAYER AG hi ELECTROLUX -B- CADBURY SCHWEPP VA TECHNOLOGIE SAP VZ CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e C

C ps WDV IDHQ ± ± ITDPT IDWP qf TDUP IDIP hu RRDHP FFFF qf VDQT PDHR

BOC GROUP PLC qf EMI GROUP CARLSBERG -B- VALMET SEMA GROUP GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

e e C C C ± UPDSV HDTS p‚ IDS IDQP hu RQDUP FFFF QSSDHU HDUT hi TTDU HDTH CIBA SPEC CHEM gr EURO DISNEY /RM CARLSBERG AS -A f DJ E STOXX IND GO P SIEMENS AG LeMonde Job: WMQ2805--0025-0 WAS LMQ2805-25 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 10:50 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0453 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 / 25

C C ± SQ QRUDTT HDPV SP RTDSH RRDRP PWIDQV RDRU RTDWV VQ VR SSI IDPH VPDIH BIC...... SPDVS GPE VALFOND ACT...... SIMCO......

C C ± VWDVH SVWDHS PDPV VUDSH TS TT RQPDWQ IDSQ TRDQH PIT PIU IRPQDRQ HDRT PIRDPH BIS...... WIDWH GROUPE PARTOUCHE ... S.I.T.A ......

± ± VIDVH SQTDSU HDIP VRDSH IQT IQSDPH VVTDVS HDSV IQRDSH IRDRH IRDRH WRDRT FFFF IQDVW B.N.P...... VIDWH GUILBERT...... SKIS ROSSIGNOL......

C C IVPDIH IIWRDSH FFFF IVQDSH RVRDSH RVU QIWRDSI HDSI RWU IVI IVIDVH IIWPDSQ HDRR IVWDWH VALEURS FRANC¸AISES BOLLORE ...... IVPDIH GUYENNE GASCOGNE... SOCIETE GENERALE......

C FFFF FFFF FFFF QTQ PTH PTH IUHSDRW FFFF PST ISSDWH ISTDWH IHPWDPH HDTR ITR BONGRAIN ...... QSQ HACHETTE FILI.ME...... SODEXHO ALLIANCE......

C ± ± PRWDSH ITQTDTI HDTH PRIDWH IWR IWQ IPTT HDSI IWQDSH TUDWH TUDVH RRRDUR HDIR TSDTH BOUYGUES ...... PRV HAVAS ADVERTISIN ...... SOGEPARC (FIN) ......

C

± ± PVDIH IVRDQP IDQT PVDTH IPPDTH IPPDIH VHHDWP HDRH IPPDWH PVDSH PVDWW IWHDIT IDUI PW b L’action BNP s’échangeait, jeudi 27 mai, à l’ouver- BOUYGUES OFFS...... PVDRW IMETAL ...... SOMMER-ALLIBERT......

C C C WDTT TQDQU HDTP WDUH ITDUH IU IIIDSI IDUW ITDRT QW QWDSH PSWDIH IDPV QW

ture de la séance, en hausse de 0,12 % à 82 euros. Le BULL#...... WDTH IMMEUBLES DE FCE ...... SOPHIA ......

C ± ± PUV IVPQDST HDQP PVI TVDSH TW RSPDTI HDUP TUDIH UHDPH UH RSWDIU HDPV UIDIH CANAL + ...... PUVDWH INFOGRAMES ENTER .... SPIR COMMUNIC. # ......

C C titre Société générale progressait 0,33 % à 182 euros C IRTDSH WTHDWV HDPU IRS PPDRS PPDWH ISHDPI PPIDTH VSDRH VT STRDIP HDUH VUDTS CAP GEMINI ...... IRTDIH INGENICO ...... STRAFOR FACOM......

C C SHDPS QPWDTP IDRW SHDSH PQDTH FFFF FFFF FFFF PPDQH ISVDWH ISW IHRPDWU HDHT ISW

et Paribas gagnait 0,27 % à 107,7 euros. A ces cours, CARBONE LORRAINE..... RWDSI INTERBAIL...... SUEZ LYON.DES EA ......

C

± IPRDSH VITDTU HDVH IPU QIV QIV PHVSDWR FFFF QIH IHTDRH IHT TWSDQI HDQU IHI

les parités proposées par la BNP dans le cadre de sa CARREFOUR ...... IPQDSH INTERTECHNIQUE...... TECHNIP......

C C ± WIDTS THIDIV HDPU WPDQS TTDSH TTDTS RQUDPH HDPP TTDIH QP QIDWR PHWDSI HDIV QI CASINO GUICHARD ...... WIDRH ISIS ...... THOMSON-CSF......

C C ± ST QTUDQR IDPT SUDRS WPDVS WPDVH THVDUQ HDHS WQ IIWDIH IPI UWQDUI IDSW IIUDIH double OPE valorisent l’action SG à 175,7 euros et CASINO GUICH.ADP ...... SSDQH JEAN LEFEBVRE ...... TOTAL ......

C ± ± PPVDSH IRWVDVT HDVV PPIDIH VU VTDWH SUHDHQ HDII VPDQH IPV IPUDPH VQRDQV HDTP IPU

l’action Paribas à 112,75 euros. L’OPE de SG sur Pari- CASTORAMA DUB.(L...... PPTDSH KLEPIERRE...... UNIBAIL ......

± ±

IHS TVVDUS HDRU IHSDSH PQHDSH PPV IRWSDSV IDHV PPQDSH IIS IIS USRDQS FFFF IIU

bas valorise, elle, le titre Paribas à 113,75 euros. C.C.F...... IHSDSH LABINAL...... UNION ASSUR.FDAL ......

C C ± ISTDWH IHPWDPH IDPP ISP VUDPS VV SUUDPR HDVS VV IQDRH IQDQW VUDVQ HDHU IQDQH CEGID (LY) ...... ISS LAFARGE...... USINOR......

C C ± UDPT RUDTP HDIQ UDHQ QVDUS QVDVH PSRDSI HDIP RHDTH VRDSH VQ SRRDRR IDUU VPDVH b Le titre Essilor baissait jeudi au début des cota- CERUS...... UDPS LAGARDERE...... VALEO ......

C C C

RT QHIDUR HDWV RTDQS TWDTS UIDRH RTVDQS PDSI UP QR QRDWR PPWDIW PDUT QSDPH

tions de O,99 % à 350 euros. Le joint venture avec CGIP ...... RSDSS LAPEYRE ...... a VALLOUREC......

C C SI QQRDSR HDWW SPDRH RPDVH FFFF FFFF FFFF RP PUDSW PUDUH IVIDUH HDQW PUDTI

Nikon ne devrait être opérationnel qu’à l’automne. CHARGEURS...... SHDSH LEBON (CIE)...... VIA BANQUE ...... C ± STDUS QUPDPT FFFF SSDSH PHSDSH PHTDPH IQSPDSV HDQR PHHDSH UQDIS UQDIH RUWDSH HDHT UT CHRISTIAN DALLOZ ...... STDUS LEGRAND ...... VIVENDI ......

C C ±

IQP VTSDVT HDUT IQI IIW IPHDQH UVWDIP IDHW IQH IQDQH IQDPH VTDSW HDUS IQDPS Il devrait générer un chiffre d’affaires compris entre CHRISTIAN DIOR ...... IQI LEGRAND ADP ...... WORMS (EX.SOMEAL .....

C

± FFFF FFFF FFFF UUDVH QVDSS QWDRH PSVDRS PDPH QWDPH PIP PIH IQUUDSI HDWR PHR

90 et 105 millions d’euros en année pleine. CIC -ACTIONS A...... UWDWH LEGRIS INDUST...... ZODIAC EX.DT DIV ......

± ± SRDPS QSSDVT HDHW STDPH IIVDTH IIVDPH UUSDQR HDQQ IIWDIH CIMENTS FRANCAIS ...... SRDQH LOCINDUS......

C b L’action LVMH s’appréciait jeudi de 0,45 % à ± VIDSH SQRDTH HDTH VP SWP SWQ QVVWDVQ HDIT SVP CLARINS ...... VP L’OREAL ......

C ± VTDQH STTDHW HDTQ VU PTS PTSDIH IUQVDWR HDHQ PTQDSH

266,2 euros à l’ouverture de la séance alors que la CLUB MEDITERRANE .... VTDVS LVMH MOET HEN......

C

PRDPI ISVDVI FFFF PQDUH ISPDQH ISTDQH IHPSDPT PDTP IRVDRH

cour d’appel d’Amsterdam donnera le ton dans le CNP ASSURANCES ...... PRDPI MARINE WENDEL ......

C C VP SQUDVV IDPQ VP TDQW TDRH RIDWV HDIS TDIS COFLEXIP...... VI METALEUROP ......

C ± IVIDSH IIWHDST PDPS IUU RPDHS RP PUSDSH HDII RP conflit qui oppose le groupe de luxe à Pinault-Prin- COLAS ...... IUUDSH MICHELIN......

± PDRH ISDUR FFFF PDQP QRDRR QR PPQDHQ IDPU QRDSS

temps-Redoute autour de Gucci. Le titre Pinault COMPTOIR ENTREP...... PDRH MONTUPET SA......

C C Compen- RSDUQ PWWDWU HDVQ RSDUH IIDRI IIDRW USDQU HDUH IIDUT

CPR ...... RSDQS MOULINEX ...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

Printemps Redoute restait stable à 164 euros. sation C International ± f IUDWH IIUDRP HDST ITDSH SQDPH SQDHS QRUDWW HDPV SRDWH

CRED.FON.FRANCE ...... IUDVH NATEXIS...... en ¤uros en ¤uros en francs veille

(1)

QUDSH PRSDWV FFFF QTDTH IWDIH IWDIH IPSDPW FFFF IW b Le titre Rhône Poulenc reculait légèrement jeudi CFF.(FERRAILLES) ...... QUDSH NEOPOST......

C ±

QT PQTDIR HDSS QVDHS PT PT IUHDSS FFFF PRDTW IIHDWH IISDTH USVDPW RDPQ IITDIH

matin de 0,06 % à 46,23 euros. Les provisions à pas- CREDIT LYONNAIS...... QTDPH NORBERT DENTRES...... AMERICAN EXPRESS......

C C C ST QTUDQR IDRR STDPH PTDUH PTDWU IUTDWI IDHI PUDHP SRDRH SS QTHDUV IDIH SSDUS CS SIGNAUX(CSEE)...... SSDPH NORD-EST...... A.T.T. #......

C ser par le futur groupe Aventis, issu de la fusion en C UPDRH RURDWI HDIQ UHDQH UP FFFF FFFF FFFF UPDSH ITDIU ITDQI IHTDWW HDVT IU DAMART ...... UPDQH NORDON (NY)...... BARRICK GOLD #......

± ±

PTP IUIVDTI HDQV PSQ PHV PHV IQTRDQW FFFF PHP QIDQH QHDQS IWWDHV QDHQ QIDSI cours entre l’allemand Hoechst et le français Rhône- DANONE...... PTQ NRJ # ...... CROWN CORK ORD.#.....

C

± ISH WVQDWR HDQQ ISIDWH VDIH FFFF FFFF FFFF VDIH PIDTS PPDHS IRRDTR IDVR PPDVS

Poulenc, seront « légèrement supérieures », a indiqué DASSAULT-AVIATIO ...... ISHDSH OLIPAR...... DE BEERS # ......

C C ± QQDQW PIWDHP IDUW QPDHT IHUDRH IHUDIH UHPDSQ HDPU IHWDIH TQDQS TQDUS RIVDIU HDTQ TSDIH DASSAULT SYSTEME...... QPDVH PARIBAS...... DU PONT NEMOURS.....

C C ± TIDVH RHSDQV IDVI SUDWS VSDSS VSDSH STHDVR HDHS PSSDIH PT PTDPW IUPDRS IDII PTDPH mercredi Jean-René Fourtou, président de Rhône- DE DIETRICH...... THDUH PATHE...... b ERICSSON # ......

C C C VQDRS SRUDRH HDHS VP QVDTS QWDPS PSUDRT IDSS RH SQDWH SRDTS QSVDRV IDQW SRDHS

Poulenc. DEVEAUX(LY)# ...... VQDRH PECHINEY ACT ORD ...... FORD MOTOR # ......

C C FFFF FFFF FFFF IHDVP TR TRDSH RPQDHW HDUV TQ WVDTS WVDUS TRUDUT HDIH IHHDRH DEV.R.N-P.CAL LI...... IHDRU PERNOD-RICARD...... GENERAL ELECT. #......

C C ± IQQDWH VUVDQQ HDTH IQHDQH IRUDSH IRVDQH WUPDUV HDSR IRUDTH VP VIDRH SQQDWS HDUQ USDRH DEXIA FRANCE ...... IQQDIH PEUGEOT...... GENERAL MOTORS # .....

C C C T QWDQT HDVR SDWW ITR ITRDRH IHUVDQW HDPR ITRDVH TDTI TDVH RRDTI PDVU TDSQ DMC (DOLLFUS MI)...... SDWS PINAULT-PRINT.RE...... HITACHI #......

C

± ± PTDTH IURDRV HDPW PU WQDPH WQ TIHDHR HDPI VUDSH PIS PPTDUH IRVUDHS SDRR PIWDIH

RE`GLEMENT MENSUEL DYNACTION...... PTDTV PLASTIC OMN.(LY) ...... I.B.M # ......

C C

IIV UURDHQ HDIT IIV VTDTS VTDTS STVDQW FFFF VUDSH SRDWS SSDWS QTUDHI IDVI ST

______ECIA...... IIUDVH PRIMAGAZ...... ITO YOKADO #......

C C C TVDSH RRWDQQ PDQI TTDPH TRQDSH TRU RPRRDHR HDSR TQV IU IUDHI IIIDSV HDHS ITDWH EIFFAGE ...... TTDWS PROMODES...... MATSUSHITA #......

C C C IRHDRH WPHDWT IDSW IQTDPH IUUDSH IUV IITUDTH HDPV IVQDSH QU QUDRV PRSDVS IDPW QUDVH ELF AQUITAINE ...... IQVDPH PUBLICIS #...... MC DONALD’S #......

ti hs PU wes Cours releve´sa` 10 h 15

± ± ± QVDSS PSPDVU IDIS QUDPH ITDUU ITDSI IHVDQH IDSS ITDHS TSDTS TS RPTDQU HDWW TVDIH ERAMET ...... QW REMY COINTREAU...... MERCK AND CO # ......

± ± ±

IRHDQH WPHDQI HDPI IRQDTH QW QVDWH PSSDIU HDPS QVDSH SDWW SDWP QVDVQ IDIT SDUH ERIDANIA BEGHIN...... IRHDTH RENAULT ...... MITSUBISHI CORP...... viquid—tion X PQ juin

C C ± QSH PPWSDVS HDWW QSH UV VH SPRDUU PDST VI WS WUDVS TRIDVS Q WQDUH ESSILOR INTL ...... QSQDSH REXEL...... MOBIL CORPORAT.#......

± QSI PQHPDRI FFFF QRH IU ITDWS IIIDIV HDPW IUDSS IPU FFFF FFFF FFFF IPWDRH ESSILOR INTL.ADP...... QSI RHODIA ...... MORGAN J.P. # ......

C C ± VRDTS SSSDPU IDTP VS RTDPV RTDQH QHQDUI HDHR RTDWH IPDRH IP UVDUI QDPP IP ESSO...... VQDQH RHONE POULENC A...... NIPP. MEATPACKER......

Compen- C SII QQSIDWR FFFF SHT IHUDIH IHV UHVDRQ HDVR IHRDWH QVDIW QVDIW PSHDSI FFFF QUDWH

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EURAFRANCE...... SII ROCHEFORTAISE CO ..... PHILIP MORRIS # ......

sation C France C f ± IDSI WDWH HDTS IDRV PDUR PDVH IVDQU PDIV PDVH WH WIDQH SWVDVW IDRR WHDIS

en ¤uros en ¤uros en francs veille EURO DISNEY...... IDSP ROCHETTE (LA) ...... PROCTER GAMBLE ......

(1)

C C ± PURDTH IVHIDPT IDUS PVWDIH SH SHDWH QQQDVV IDVH RVDPH IRDWH ISDWW IHRDVW UDQI ISDQH EUROPE 1...... PUWDSH ROYAL CANIN...... SEGA ENTERPRISES ......

C C C ISQ IHHQDTI FFFF ISPDWH IDRW IDSH WDVR HDTU IDSR IIHH IIQW URUIDQS QDSR IHRH SUDPH SVDTH QVRDQW PDRR SSDVH B.N.P. (T.P)...... ISQ EUROTUNNEL...... RUE IMPERIALE (L...... SCHLUMBERGER #......

C IRP WQIDRT FFFF IRIDVH IHPDPH IHPDPH TUHDQW FFFF IHQ QVDRH FFFF FFFF FFFF QVDSU VTDVH VW SVQDVH PDSQ VT CR.LYONNAIS(TP) ...... IRP FIMALAC SA...... SADE (NY) ...... SONY CORP. #......

C ± ± RHI PTQHDQW IDRV RHU IVDUH IW IPRDTQ IDTH IWDHT SWH SVH QVHRDSS IDTW SVWDSH RENAULT (T.P.)...... RHUDHR FINEXTEL...... SAGEM SA......

C FFFF FFFF FFFF IVQ UIDSH UIDSH RTWDHI FFFF UQ ISQDIH ISQDQH IHHSDSV HDIQ ISPDIH SAINT GOBAIN(T.P...... IVQDSH FIVES-LILLE...... SAINT-GOBAIN......

± FFFF FFFF FFFF IRW IPTDSH IPR VIQDQW IDWU IPPDSH VHDRH FFFF FFFF FFFF VHDHS

THOMSON S.A (T.P ...... IRW FONC.LYON.# ...... SALVEPAR (NY) ...... ABRE´VIATIONS

C ± ± PRVDPH ITPVDHW HDPR PRPDSH URDTS URDRH RVVDHQ HDQQ UQDSH RHDTS RIDIH PTWDTH IDIH FFFF

ACCOR ...... PRVDVH FRANCE TELECOM...... SANOFI SYNTHELAB......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

C ± RUDUW QIQDRV IDHI RVDII TWH FFFF FFFF FFFF TVS SVDSH SVDWH QVTDQT HDTV ST AGF ...... RVDPV FROMAGERIES BEL...... SAUPIQUET (NS) ......

C C

ITDTH IHVDVW FFFF ITDHU IRQS IRSH WSIIDQV IDHR IQHI SV SVDSH QVQDUQ HDVT SW AIR FRANCE GPE N ...... ITDTH GALERIES LAFAYET ...... SCHNEIDER ELECTR...... SYMBOLES

C ± IRV WUHDVP HDUQ IRW VP VQDHS SRRDUU IDPV VHDWH SI SI QQRDSR FFFF SI

AIR LIQUIDE ...... IRWDIH GASCOGNE...... SCOR...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

C C C IITDSH UTRDIW HDVT IIUDQH SWDWH THDSH QWTDVS ISU UW UWDIS SIWDIW HDIV UW

ALCATEL ...... IISDSH GAUMONT #...... S.E.B...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

C C C PWDTH IWRDIT PDWS PUDSH RSDII RT QHIDUR IDWU RUDPH TIDQH TP RHTDTW IDIR TIDVH

ALSTOM...... PVDUS GAZ ET EAUX ...... SEFIMEG CA...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite ; d cours pre´ce´dent.

C C C

PPH IRRQDII IDRP PIWDSH IHR IHS TVVDUS HDWT IHPDPH SWDPH TH QWQDSU IDQS SU

ALTRAN TECHNO. #...... PITDWH GECINA...... SEITA...... `

C C C DERNIERE COLONNE RM (1) : VSDRS STHDSP HDSP VSDWH RRDPH RRDVH PWQDVU IDQS RRDPH WDSH WDTI TQDHR IDIS WDTI ATOS CA...... VS GEOPHYSIQUE ...... SELECTIBANQUE......

C C C IIRDTH USIDUQ HDTI IIV PTDUS PTDWH IUTDRS HDST PTDTR QWDWH RH PTPDQV HDPS QUDIH AXA...... IIQDWH GRANDVISION ...... SFIM...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

C ± IPWDWH VSPDHW HDTW IPTDSH IRH IRH WIVDQR FFFF IRP RT RSDIH PWSDVR IDWS RQDSH BAIL INVESTIS...... IPW GROUPE ANDRE S.A ...... SGE...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C C ± IIPDQH UQTDTR HDHV IHS PIDTH PIDUP IRPDRU HDSS PIDSH IQQDUH IQRDVH VVRDPQ HDVP IPW BAZAR HOT. VILLE ...... IIPDRH GR.ZANNIER (LY) ...... SIDEL...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

SR QSRDPP FFFF SRDWH WI WI SWTDWP FFFF WQDSH ISPDIH ISPDIH WWUDUI FFFF ISPDTH BERTRAND FAURE...... SR GROUPE GTM ...... SILIC CA ......

@€u˜li™iteÂA

C QTHDUV FFFF PWDVH IWSDRV FFFF RUDVV QIRDHU S GUILLEMOT #...... SS CGBI ...... d GUYOMARC H N ..

± PDVW FFFF UDWH SIDVP FFFF VRDHS SSIDQQ HDVP GUYANOR ACTI .... HDRR CLAYEUX (LY)...... d HERMES INTL ......

C C ± RWIDWU IDQS RIDHR PTWDPH HDHP IHUDSH UHSDIS HDRT NOUVEAU HF COMPANY...... US CNIM CA#...... HYPARLO #(LY......

C QPUDWV HDIH STDSH QUHDTP FFFF QIDSH PHTDTQ FFFF HIGH CO...... SH COFITEM-COFI ....d I.C.C.#...... d

± ±

PUSDSH PDQP TRDSH RPQDHW FFFF RWDSH QPRDUH I

´ HOLOGRAM IND .. RP CIE FIN.ST-H ...... d IMMOB.BATIBA.... C ± PWDIP IDIQ IRW WUUDQV IDSV WDPS THDTV FFFF

MARCHE IGE + XAO...... RDRR C.A. PARIS I...... IMS(INT.META .....

± QHDHR FFFF RVDIU QISDWU FFFF QTDRH PQVDUU HDQH ILOG # ...... RDSV C.A.ILLE & V...... INFO REALITE......

± PRDWQ PDHT RVDHP QIRDWW FFFF TDQV RIDVS FFFF

IMECOM GROUP .. QDVH C.A.LOIRE AT ...... d INT. COMPUTE ....d

wi‚g‚ihs PT wes

± ± IPIDQS FFFF RW QPIDRP P IITDIH UTIDSU IDVS INFONIE...... IVDSH C.A.MORBIHAN.... JET MULTIMED....

C C

± ISHDVU RDSR UQDPS RVHDRW HDPU IHIDRH TTSDIR HDTW

INFOTEL #...... PQ C.A.DU NORD# .... LATECOERE #......

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 17 h 35

C ITQDWW HDQT TQDSH RITDSQ FFFF IIH UPIDSS FFFF LEXIBOOK #...... PS C.A. OISE CC ...... d L.D.C......

C ± ± SSDHQ UDST VTDWH SUHDHQ IDHV TDWQ RSDRT I JOLIEZ-REGOL...... VDQW C.A.PAS DE C ...... LECTRA SYST......

Cours Cours % Var. C IDVR FFFF UVDQS SIQDWR FFFF SHDQH QPWDWS HDTH

JOLIEZ-REGOL...... d HDPV C.A.TOULOUSE.....d LEON BRUXELL ....

Valeurs f en ¤uros en francs veille

± TQDTW PDWH RP PUSDSH FFFF PHDSH IQRDRU FFFF LACIE GROUP...... WDUI CRCAM CCI NV ....d LOUIS DREYFU.....

C C IQIDIW FFFF IU IIIDSI PDRH STDSH QUHDTP FFFF IU IIIDSI QDHQ ADLPARTNER # .... PH MEDIDEP #...... CRCAM TOUR.P...d LVL MEDICAL......

C ± WSDUU HDTV SDSH QTDHV QDUU SHDSH QQIDPT FFFF PHQDSH IQQRDVU FFFF AB SOFT...... IRDTH MILLE AMIS #...... CROMETAL ...... d M6-METROPOLE ..

± ± ± IPTDTH QDHI U RSDWP PDQU FFFF FFFF FFFF PDSR ITDTT IDWQ ALPHAMEDIA...... IWDQH MONDIAL PECH ... DAPTA-MALLIN ... MEDASYS DIGI.....

C ± ± QIDRP IDPQ WDIH SWDTW IDII SRDPS QSSDVT HDPU ISI WWHDSH FFFF ALPHA MOS ...... RDUW NATUREX...... GROUPE J.C.D...... MANITOU #...... d

C ± ± IHPWDVS HDTQ TQ RIQDPS IDTI VR SSI HDSW SQDHS QRUDWW FFFF ALTAMIR & CI...... ISU OLITEC ...... DAUPHIN OTA..... MANUTAN INTE...d

± ISDUR UDTW IWSDWH IPVSDHP FFFF QWDVH PTIDHU FFFF IHS TVVDUS FFFF APPLIGENE ON .... PDRH OMNICOM...... d DECAN GROUPE.. MARC ORIAN ...... d

± ± SDWH SDPT IDQH VDSQ FFFF TR RIWDVI FFFF RUDIV QHWDRV IDSH ASTRA ...... HDWH OXIS INTL RG...... DU PAREIL AU .....d MARIONNAUD P..

C C ± ± VPDTS HDUI IWDWS IQHDVT UDPS RHDUH PTTDWU HDUQ QIDPH PHRDTT PDSH ATN...... IPDTH PERFECT TECH..... ENTRELEC CB...... MECATHERM # ....

C QRIDRQ FFFF WDRW TPDPS IIDQV IHUDRH UHRDSH FFFF QWDSH PSWDIH FFFF AVENIR TELEC...... SPDHS PHONE SYS.NE..... L ENTREPRISE ..... MGI COUTIER ......

C C ± ± RVSDRI RDQW IHDVS UIDIU IDVH RRDWH PWRDSP QDTW IQR VUVDWV IDSI BELVEDERE...... UR PICOGIGA...... ETAM DEVELOP... MICHEL THIER.....

C C ± WVDRT HDHT US RWIDWU PDSW WQDIH TIHDUH RDQU W SWDHR FFFF BIODOME #...... ISDHI PROSODIE ...... EUROPEENNE C... NAF-NAF # ......

± ± PWTDRW PDRT PRDSH ITHDUI FFFF RVDSH QIVDIR FFFF PTU IUSIDRI IDVQ BVRP EX DT S...... RSDPH PROLOGUE SOF.... EUROP.EXTINC ....d PENAUILLE PO.....

C C C ± TQDTW TDUH RDRH PVDVT PDPP RUDSH QIIDSV IDHT QI PHQDQS HDWU CAC SYSTEMES .... WDUI QUANTEL ...... EXEL INDUSTR .... PHYTO-LIERAC.....

C C ± UQDIR HDRS QVDRW PSPDRV IDQH PW IWHDPQ HDQV WSDQH TPSDIQ FFFF CEREP ...... IIDIS R2I SANTE ...... EXPAND S.A...... POCHET ...... d

C C R FFFF QSDIH PQHDPR HDQI IRS WSIDIR FFFF THDRS QWTDSQ HDPR CHEMUNEX #...... HDTI RADOUX INTL ...... FACTOREM...... d RADIALL #......

C C ± QHVDQH IDRT IPDRH VIDQR IDRU IPTDUH VQIDIH FFFF STDIH QTUDWW HDIU COIL...... RU RECIF #...... FACTOREM NV.....d RALLYE(CATHI......

C ± IIRDIR IDIT IWDSH IPUDWI IDSI IWDSH IPUDWI FFFF RHDSH PTSDTT FFFF CRYO INTERAC .... IUDRH REPONSE #...... FAIVELEY #...... REYNOLDS......

± ± ± PRWDPT PDST T QWDQT FFFF SDTH QTDUQ HDIU PQDHS ISIDPH IDHU CYBER PRES.P...... QV REGINA RUBEN.... FINACOR ...... RUBIS #......

C C C VQDWT IDSV PP IRRDQI HDPP TIDIS RHIDIP HDPR UP RUPDPW FFFF IPP VHHDPU FFFF CYRANO # ...... IPDVH SAVEURS DE F ...... ARKOPHARMA #... FINATIS(EX.L...... d SABATE SA #...... d

±

IRRDQI FFFF IIDIH UPDVI HDVW WQDIH TIHDUH FFFF IRV WUHDVP FFFF UQ RUVDVS FFFF

DESK # ...... PP SILICOMP # ...... SECOND ASSUR.BQ.POP .....d FININFO ...... d SEGUIN MOREA...

C C ± ± IQDIP FFFF ISSDPH IHIVDHS HDSI PPDVH IRWDST HDHV RIDSH PUPDPP PDQR WP THQDRV IDHW DESK BS 98 ...... P SERP RECYCLA ..... ASSYSTEM # ...... FLO (GROUPE)..... SIDERGIE ......

C C ± ± ± ______SPDRV IDPQ PVDSH IVTDWS IDUV IVQ IPHHDRH HDPU RRDUH PWQDPI HDTT PSDII ITRDUI HDTR DMS # ...... V SOI TEC SILI ...... BENETEAU CA# .... FOCAL (GROUP.... SIPAREX (LY) ......

C

± ±

RSDVS HDIR PP IRRDQI PDQP TDQH RIDQQ FFFF SHDSH QQIDPT PDVV PIDRH IRHDQU FFFF

DURAND ALLIZ.... TDWW STACI #...... ´ BISC. GARDEI...... d FRAIKIN 2# ...... SOCAMEL-RESC....d

± ± ± ± TISDWR IDIS HDWR TDIU IDHS TPDQH RHVDTT IDHQ RT QHIDUR FFFF RVDUQ QIWDTS HDSS DURAN DUBOI..... WQDWH STELAX ...... MARCHE BOIRON (LY)#...... GAUTIER FRAN....d SOPRA # ......

± IPQDWV FFFF IVDRS IPIDHP PDVW QQDVT PPPDII FFFF IDTR IHDUT FFFF QDSU PQDRP FFFF EFFIK #...... d IVDWH SYNELEC #...... BOISSET (LY) ...... d GEL 2000 ...... d SPORT ELEC S...... d

± ± ± ± IQUDRP IDTR PDIP IQDWI WDUV VH SPRDUU IDUI PUDRR IUWDWW FFFF IRDVH WUDHV IDQQ ESKER ...... PHDWS LA TETE D.L...... BOIZEL CHANO.... GENERALE LOC ...d STALLERGENES....

ti hs PU wes

C C ± PUPDPP HDRU PU IUUDII FFFF IVDUR IPPDWQ IDVR TW RSPDTI HDSV RQDVH PVUDQI FFFF EUROFINS SCI...... RIDSH THERMATECH I.... BONDUELLE...... GEODIS #...... STEF-TFE #...... d

C

TSDTH FFFF WWDQH TSIDQU HDPH TDWH RSDPT FFFF IDTH IHDSH FFFF P IQDIP FFFF

EURO.CARGO S .... IH TITUS INTERA ...... Une se´lection. Cours releve´sa` 10 h 15 BOURGEOIS (L .....d G.E.P PASQUI...... d SUPERVOX (B) ...... d

C C ± QQSDVS HDIW IHHDTH TSWDVW FFFF SP QRIDIH FFFF QV PRWDPT PDST TI RHHDIQ QDHR EUROPSTAT #...... SIDPH TITUS INTER...... d BRICE...... GFI INDUSTRI ..... SYLEA......

C C ± ± VUDPR QDTP QPDVQ PISDQS HDSI SH QPUDWV FFFF IIUDIH UTVDIQ HDTV PPRDTH IRUQDPV IDTP FABMASTER # ...... IQDQH TRANSGENE # ...... BRICORAMA # ...... GFI INFORMAT.... TF1......

Cours Cours % Var. C ± PQVDII HDVQ IHDSH TVDVV FFFF IHI TTPDSP HDUV SS QTHDUV FFFF IH TSDTH FFFF

FI SYSTEM #...... QTDQH TR SERVICES...... BRIOCHE PASQ .... GO SPORT ...... d TOUPARGEL (L.....d

Valeurs f en ¤uros en francs veille

C C ± SHDVR IDUU RDRH PVDVT SDHI RR PVVDTP FFFF ISDWT IHRDTW FFFF IHWDWH UPHDWH HDUQ FLOREANE MED... UDUS V CON TELEC...... BUT S.A...... d FINANCIERE G.....d TRANSICIEL #...... a

C C QTUDQR FFFF SDSS QTDRI RDUI TH QWQDSU FFFF RU QHVDQH FFFF SRHH QSRPIDTV FFFF QIDPI PHRDUP HDTU GENERIX # ...... ST WESTERN TELE .... ADA...... SOLERI ...... d GRAND MARNIE..d TRIGANO ......

C ± TVDVV FFFF VP SQUDVV FFFF PVDVS IVWDPR HDVS SIDQS QQTDVQ FFFF IPW VRTDIV HDHU GENESYS # ...... IHDSH ...... AIGLE # ...... CDA-CIE DES...... GROUPE BOURB..d UBI SOFT ENT......

C C ± QISDSP IDUU UWDPH SIWDSP IDSQ RHDQS PTRDTV PDHU IVDRH IPHDUH FFFF RQSDPH PVSRDUP FFFF GENSET...... RVDIH ...... ALGECO #...... CEGEDIM #...... GUERBET S.A...... d UNILOG ...... d

± ± ± IPRDTQ FFFF VQDWH SSHDQS HDHS IHU UHIDVU HDRT QVDHP PRWDQW RDRU PP IRRDQI FFFF GROUPE D # ...... IW ...... APRIL S.A.#( ...... CERG-FINANCE.... GUY DEGRENNE.. VIEL ET CIE ...... d

´ ´ PQWTDVH PSGHS IWHTDRV IPSHSDTW PUGHS ISPDST IHHHDUQ PTGHS IWDPT IPTDQR PTGHS NORD SUD DEVELOP. D ...... QTSDQW MONE.J C...... SLIVINTER...... INTENSYS C ......

SIWTDRQ PTGHS IUDIV IIPDTW PTGHS ´ UWPDIW IISURDTW PUGHS MONE.J D ...... IUTRDSS TRILION...... INTENSYS D......

MULTI-PROMOTEURS CCBP-CDC

PIUDVS IRPW PTGHS TPSDUP PTGHS

SICAV OBLIFUTUR C...... WSDQW Fonds communs de placements KALEı¨S DYNAMISME C ......

SHDPQ QPWDRW PSGHS PIRDUW IRHVDWQ PTGHS SSTDSI PTGHS

PATRIMOINE RETRAITE C.... OBLIFUTUR D...... VRDVR KALEIS DYNAMISME D......

IPTPIDTT HTGHS

ACTILION DYNAMIQUE C.... IWPRDIT

QHQDSI PSGHS RTDPU ´ IWQDRR IPTVDVV PTGHS IQQQDVP PTGHS

PATRIMOINE RETRAITE D ... ORACTION...... PHQDQR KALEı¨SEQUILIBRE C ......

IPTPIDTT HTGHS

ACTILION DYNAMIQUE D.... IWPRDIT

´ IWHDRQ IPRWDIR PTGHS IIWHDQU PTGHS

REVENU-VERT ...... IVIDRU ´ KALEIS EQUILIBRE D...... IIWUIDRV HTGHS

ACTILION EQUILIBRE C ...... IVPSDHR

FCP ´ ´ ´ IIUVDVW PTGHS ´ ´ IUWDUP

IIWDUI PSGHS

Minitel : SEVEA ...... IVDPS ´ KALEı¨SSERENITE C...... IIURIDUH HTGHS

ACTILION EQUILIBRE D...... IUWHDHI

´ ´ ´ IISTDQW PTGHS

´ IUTDPW PIQWHDVP PTGHS

3616 CDC TRESOR (1,29 F/mn) SYNTHESIS ...... QPTIDHI ´ KALEIS SERENITE D ...... IHVVP HTGHS

ACTILION PEA EQUIL...... ITSVDWS

ne se le™tionF

PQDUT ISSDVT PTGHS

QQUDWS PTGHS

UNIVERS ACTIONS ...... SIDSP LATITUDE C ......

IIPWHDRH HTGHS

ACTILION PRUDENCE C ...... IUPIDPI PHVIUDUV PTGHS

FONSICAV C ...... QIUQDTS

IQSDUP PTGHS

´ PHDTW IPHSDSV PUGHS

MONE ASSOCIATIONS...... IVQDUW LATITUDE D......

IIHTUDRR HTGHS

´ ˆ ACTILION PRUDENCE D...... ITVUDPP PHUPPDWW PTGHS

MUTUAL. DEPOTS SIC. C ..... QISWDPH

TWQDPV PTGHS

ˆ OBLITYS D...... IHSDTW IPWWDIW PUGHS Cours de cloture le 26 mai UNIVAR C ...... IWVDHT

SWSDTU PTGHS

LION ACTION EURO ...... WHDVI

´ PUHDSP PTGHS

PLENITUDE D PEA ...... RIDPR IPIVDHS PUGHS

Sicav en ligne : UNIVAR D...... IVSDTW

SUT PTGHS

LION PEA EURO...... VUDVI

IRTWVDRW PTGHS

POSTE GESTION D...... PPRHDUU PUHDRS PTGHS

e 08 36 68 09 00 (2,23 F/mn) UNIVERS-OBLIGATIONS ...... RIDPQ

Valeurs unitaires Date ` RPVQPDQS PTGHS

E´metteurs f ´ POSTE PREMIERE SI...... TSPWDUS RHRDPH PTGHS

¤uros francsee cours ECUR. ACT. FUT.D PEA...... TIDTP Fonds communs de placements ` PSTSHRDIV PTGHS

´ POSTE PREMIERE 1 AN...... QWIHQDVI

PURDWI PTGHS

ECUR. CAPITALISATION C.... RIDWI IVVIDVV PHGHS

INDOCAM VAL. RESTR...... PVTDVW ` SSQURDIP PTGHS

POSTE PREMIERE 2-3...... VRRIDUQ

IQPDQU PTGHS

AGIPI ´ PHDIV VVQTPDUP PTGHS

ECUR. EXPANSION C...... IQRUHDVI CM EURO PEA...... PTTDUV PIGHS

MASTER ACTIONS ...... RHDTU

SQQHDUH PTGHS

REVENUS TRIMESTR. D ...... VIPDTT

PIPDRH PTGHS

´ ´ QPDQV RSHPDRP PTGHS

ECUR. GEOVALEURS C...... TVTDQW CM FRANCE ACTIONS ......

PWDPT IWIDWQ PIGHS

ITTDTV PTGHS

AGIPI AMBITION (AXA) ...... PSDRI MASTER OBLIGATIONS ...... ´ IIPSDIH PTGHS

THESORA C ...... IUIDSP

IUPDRS PTGHS

´ PTDPW QPIDPW PTGHS

ECUR. INVESTIS. D PEA...... RVDWV CM MID. ACT. FRANCE......

IWDSU IPVDQU PSGHS ITUDHI PTGHS

AGIPI ACTIONS (AXA)...... PSDRT OPTALIS DYNAMIQ. C ...... ´ WTWDSU PTGHS

THESORA D...... IRUDVI

PIQUDTQ PTGHS

´ ´ QPSDVV IQTQDVH PTGHS

EC. MONET.C/10 30/11/98...... PHUDWI CM MONDE ACTIONS......

IPUDIP PSGHS

OPTALIS DYNAMIQ. D...... IWDQV ´ PVQPUIDQT PTGHS

TRESORYS C...... RQIVRDRR

UHTDWP PTGHS

´ ´ IHUDUU IPQHDQI PTGHS

EC. MONET.D/10 30/11/98...... IVUDST ´ CM OBLIG. LONG TERME....

IPPDRU PSGHS

3615 BNP OPTALIS EQUILIB. C ...... IVDTU PRIPDWR PTGHS

SOLSTICE D...... QTUDVS

IVTDRW PTGHS ´ ´ PVDRQ

QQRDTU PTGHS

ECUR. TRESORERIE C...... SIDHP ´ CM OPTION DYNAM...... IIWDQP PSGHS

OPTALIS EQUILIB. D...... IVDIW ´ QPVDWT PTGHS

´ ´ SHDIS QHSDVU PTGHS

´ ECUR. TRESORERIE D ...... RTDTQ CM OPTION EQUIL...... IRPTPHDPP WQSSPUDQP PSGHS

IISDIP PSGHS

ANTIGONE TRESORIE...... OPTALIS EXPANSION C ...... IUDSS SG ASSET MANAGEMENT

WWWDIS PTGHS

´ ISPDQP IWUWDSS PTGHS

ECUR. TRIMESTRIEL D...... QHIDUV CM OBLIG. COURT TERME .. PPVSDUH IRWWQDPI PHGHS

IISDIP PSGHS

NATIO COURT TERME ...... OPTALIS EXPANSION D...... IUDSS Serveur vocal :

PHVTDRH PTGHS

´ QIVDHU IWPDSW PTGHS

EPARCOURT-SICAV D...... PWDQT CM OBLIG. MOYEN TERME . RHUIUHDIT PHGHS

TPHUPDTW ´ ´ ´ IIPDPQ PSGHS

NATIO COURT TERME 2 ...... OPTALIS SERENITE C...... IUDII 08 36 68 36 62 (2,23 F/mn)

IIIPDTQ PTGHS

´ ITWDTP IRQVTDHT PTGHS

GEOPTIM C ...... PIWQDIR CM OBLIG. QUATRE......

IIHVDWT PTGHS

NATIO EPARGNE...... ITWDHT ´ ´ ´

IHUDIV PSGHS

OPTALIS SERENITE D ...... ITDQR ´ QWWQQDPP PTGHS

´ ACTIMONETAIRE C ...... THVUDUV IPVUWDIQ PTGHS

GEOPTIM D...... IWTQDRI

IHUSDHS PTGHS

NATIO EP. CROISSANCE ...... ITQDVW Fonds communs de placements

SPSDWS PSGHS

PACTE SOL. LOGEM...... VHDIV ´ QHUWWDHP PTGHS

ACTIMONETAIRE D...... RTWSDPV

QHSUDIS PTGHS

HORIZON C...... RTTDHT

IUWDSR PTGHS

PUDQU ´ IIUDSS PTGHS

NATIO EP. PATRIMOINE...... IUDWP

SQWDIQ PSGHS

PACTE VERT T. MONDE...... VPDIW CM OPTION MODERATION . IHUVDPH PTGHS

´ ´ CADENCE 1 D...... ITRDQU IHQDWU PTGHS

PREVOYANCE ECUR. D...... ISDVS PHSDQV PTGHS

NATIO EPARG. RETRAITE..... QIDQI

IHTUDRR PTGHS

´ LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUE CADENCE 2 D...... ITPDUQ IPIWIDHW PTGHS

NATIO EPARGNE TRESOR.... IVSVDSP

IHTTDQP PTGHS

CIC BANQUES CADENCE 3 D...... ITPDST

IHVDUH UIQDHQ PTGHS

SIQDRP PTGHS

NATIO EURO VALEURS ...... ´ ASIE 2000...... UVDPU ´

RPUDWS PTGHS

CREDIT AGRICOLE CAPIMONETAIRE C ...... TSDPR

IIRRDSI PTGHS

IURDRV ´ PPQTIDTR PTGHS

NATIO EURO OBLIG...... QRHWDHI

PHWDQV PTGHS

FRANCIC...... QIDWP SAINT-HONORE CAPITAL .... ´

QTVDRS PTGHS

08 36 68 56 55 (2,23 F/mn) CAPIMONETAIRE D...... STDIU

TTSDWQ PTGHS

IHIDSP ´ ´

RHHDTT PTGHS

NATIO EURO OPPORT...... ST-HONORE MAR. EMER. .... TIDHV IVIDRR PTGHS

FRANCIC PIERRE...... PUDTT

QRHDIV PTGHS

´ INTEROBLIG C ...... SIDVT RH PTPDQV PTGHS

IISIDSQ PTGHS

IUSDSS ATOUT AMERIQUE ...... ´ SWRDWS PTGHS

NATIO EURO PERSPECT...... ´ ST-HONORE PACIFIQUE ...... WHDUH PVIDPI PTGHS

EUROPE REGIONS...... RPDVU ´ RVSDRI PTGHS

INTERSELECTION FR. D...... UR

IHSDIS PTGHS

ATOUT ASIE...... ITDHQ VSHDVR PTGHS

IPWDUI ´ ´ PHQPDUS PTGHS

NATIO IMMOBILIER...... ST-HONORE VIE SANTE ...... QHWDVW ´ ´ IIWWDVI PIGHS

SELECT DEFENSIF C...... IVPDWI

QHRDPH IWWSDRP PTGHS

IPHIDUV PTGHS IVQDPI ATOUT CROISSANCE......

NATIO INTER...... ´ IRWUDVI PIGHS

CIC PARIS SELECT DYNAMIQUE C ...... PPVDQR

IWIUDVW PTGHS

´ PWPDQV

SUHHDPH PSGHS VTVDWW ATOUT FONCIER......

NATIO MONETAIRE C...... ´ ´ IHSTDPP PTGHS

LEGAL & GENERAL BANK SELECT EQUILIBRE 2...... ITIDHP

IIVTDQH PTGHS

´ IVHDVS

SPRTDVH PSGHS

NATIO MONETAIRE D...... UWWDVU ATOUT FRANCE EUROPE .....

IIIHDVH PTGHS ITWDQR ´ IHHUDTP PTGHS

ASSOCIC ...... SELECT PEA 3...... ISQDTI

RQDVT PVUDUH PTGHS

PQQDHT PTGHS

NATIO OBLIG. LT...... QSDSQ ATOUT FRANCE MONDE......

VVDIP SUVDHQ PTGHS ISSHDTP PIGHS

´ PQTDQW IWITDIP PTGHS

AURECIC...... SECURITAUX ...... PWPDII SOGEPEA EUROPE......

IUWDQQ IIUTDQQ PTGHS

WSIDUQ PTGHS

NATIO OBLIG. MT C ...... IRSDHW ATOUT FUTUR C ......

IWPDPT PTGHS RIHDQT PTWIDUW PTGHS

PWDQI ´

IPVRDIU PTGHS

CICAMONDE...... STRATEGIE IND. EUROPE .... IWSDUU SG FRANCE OPPORT. C......

ITTDQH IHWHDVT PTGHS

WHTDIR PTGHS

NATIO OBLIG. MT D...... IQVDIR ATOUT FUTUR D......

QVSDUV PSQHDSS PTGHS

RWSDRR PTGHS

USDSQ ´ PPHIDQW PTGHS

CONVERTICIC...... STRATEGIE RENDEMENT .... QQSDTH SG FRANCE OPPORT. D ......

PIRSDVQ PTGHS

´ QPUDIQ PQHDII PTGHS

NATIO OPPORTUNITES ...... QSDHV COEXIS ......

RSUDUV QHHPDVR PTGHS

PHSWDII PTGHS

` ECOCIC...... QIQDWI SOGENFRANCE C...... RIUDHQ PUQSDSR PTGHS

VPUTPDHW PSGHS

NATIO PLACEMENT C...... IPTIU DIEZE ......

RIQDWP PUISDIR PTGHS

SITQDSH PTGHS

EPARCIC ...... UVUDIU Sicav Info Poste : SOGENFRANCE D...... SPVDQT QRTSDVI PTGHS

USTRWDPP PSGHS

NATIO PLACEMENT D ...... IISQPDTS EURODYN......

WTDRQ TQPDSR PTGHS

WVUUDPH PTGHS

MENSUELCIC...... ISHSDUU 08 36 68 50 10 (2,23 F/mn) SOGEOBLIG D ...... IHVDSV UIPDPR PSGHS

IIPWDIT PTGHS IUPDIR INDICIA EUROLAND......

NATIO REVENUS...... ´ RUDPT QIHDHI PTGHS

RRTUDUW PTGHS

OBLICIC MONDIAL...... TVIDII ´ SOGEPARGNE D...... PSDQS ITTDPW PTGHS PRWSDSP PSGHS

´ ´ QVHDRR IITIU PSGHS

NATIO SECURITE ...... IUUI INDICIA FRANCE...... AMPLITUDE AMERIQUE C ...

SWDPI QVVDQW PTGHS

IPTVDIT PTGHS

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26 / LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 CARNET

DISPARITION NOMINATIONS Sont nommés : commandant la Battet et Lucien Uzan ; contre- 1re brigade mécanisée, le général amiral, les capitaines de vaisseau DÉFENSE de brigade Jean-Claude Monnet ; Pierre Toubon, Philippe Sauter Le conseil des ministres du mer- commandant l’école d’application et Christian Fabre. Paul Sacher credi 26 mai a approuvé les pro- de l’infanterie, le général de bri- Sont nommés : sous-chef d’état- motions et nominations suivantes gade Michel Poulet ; comman- major « plans » à l’état-major de dans les armées : dant la 27e brigade d’infanterie de la marine, le contre-amiral Pierre Un chef d’orchestre à la tête d’une des plus grosses fortunes de Suisse b Terre. Sont promus : général montagne, le général de brigade Collinet ; sous-chef d’état-major de division, les généraux de bri- Jean-Louis Sublet ; adjoint « sol- « programmes » à l’état-major de PAUL SACHER, chef d’orchestre cher commande à Bartok sa Mu- recteur jusqu’en 1969. Née dans le gade Daniel Clée, Allain Rep- air » au général commandant la la marine, le contre-amiral Amau- et mécène suisse, est mort à Bâle à sique pour cordes, celesta et per- même esprit, la Fondation Paul- plinger, Jean-Marc Renucci et force d’action terrestre, le général ry Pourcher de Ruellé du Chéné. l’âge de quatre-vingt-treize ans. Ce cussions, puis sa Sonate pour deux Sacher commence, en 1973, à rece- Georges Ladevèze (nommé de brigade René Gangloff ; ad- b Gendarmerie. Sont promus milliardaire était également un des pianos et percussions et enfin, en voir en dépôt les manuscrits et les commandant l’aviation légère de joint au général commandant général de brigade, les colonels principaux actionnaires du groupe 1940, son Divertimento pour cordes, archives de grands créateurs du l’armée de terre) ; général de bri- l’état-major de forces numéro 1, le Jean-Michel Pitzini (nommé pharmaceutique Roche. invitant alors le compositeur à sé- XXe siècle (Stravinsky) et à attirer gade, le colonel Jacques Grat- général de brigade Alain Cartron ; commandant la circonscription de De 1926 à 1992, Paul Sacher n’a journer dans une de ses propriétés. des chercheurs qui peuvent bénéfi- teau. sous-chef d’état-major « opéra- gendarmerie de Lille) et Michel pas cessé de diriger mais, quel Paul Sacher qui, par son mariage cier d’une bourse d’études. Juste Sont nommés : adjoint au direc- tions-logistique » à l’état-major de Franque (nommé directeur ad- qu’ait été son talent de chef d’or- avec la veuve et héritière d’Emma- retour des choses, saisissant l’oc- teur des systèmes de forces et de l’armée de terre, le général de bri- joint de la protection et de la sé- chestre, il restera avant tout nuel Hoffmann, fils du fondateur casion du soixante-dixième anni- la prospective et chef du service gade Pierre Ribeyron ; adjoint au curité de la défense). comme un des pionniers de la mu- des laboratoires pharmaceutiques versaire de Paul Sacher en 1976, d’architecture des systèmes de général commandant l’état-major Est nommé commandant les sicologie appliquée et le créateur Hoffmann-La Roche, disposait douze compositeurs, dont Britten, forces de la délégation générale de forces numéro 2, le général de écoles de la gendarmerie natio- de plus de deux cents partitions, d’une fortune considérable, allait Boulez ou Berio, lui rendirent pour l’armement, le général de di- brigade Robert Charvoz ; adjoint nale, le général de brigade certaines parmi les plus remar- pouvoir aider matériellement, et hommage en lui dédiant un bou- vision André d’Anselme ; direc- au général commandant l’état-ma- Georges Delclos. quables du siècle, toutes esthé- pas seulement par des quet d’œuvres pour violoncelle teur de la doctrine et de l’ensei- jor de forces numéro 3, le général tiques confondues, de Bartok à commandes, les grands créateurs seul, commandé par Rostropo- gnement militaire supérieur, le de brigade Renaud Dubos ; ECONOMIE ET FINANCES Dutilleux, de Richard Strauss à Lu- de son époque. Mais il le fera avec vitch. général de division Christian De- commandant la 2e brigade blindée, François Auvigne, inspecteur ciano Berio. un tact et une discrétion remar- Le peu d’enregistrements dispo- langhe ; inspecteur de la défense le général de brigade Bruno général des finances, a été nommé Né à Bâle, le 28 avril 1906, il y quables, à l’image de l’homme nibles contraste absolument avec opérationnelle du territoire, le gé- Cuche ; gouverneur militaire de directeur général des douanes et étudie la direction d’orchestre avec qu’il était, se félicitant, par l’importance historique de Paul Sa- néral de division Armel d’Avout Nancy et commandant la 4e bri- des droits indirects, lors du conseil Felix Weingartner et la musicolo- exemple, d’avoir réussi à ne pas ef- cher, mais son nom reste si intime- d’Auerstaedt ; commandant gade aéromobile, le général de bri- des ministres du mercredi 26 mai. gie auprès de Karl Nef. Dès 1926, il frayer Martinu par sa richesse. ment lié à la création du XXe siècle l’état-major de forces numéro 1, le gade François de Goësbriand ; Il remplace Pierre-Mathieu Duha- fonde l’Orchestre de chambre de En 1941, il fonde un autre or- qu’il a sa place marquée, et pour général de division Louis Le adjoint au général commandant la mel, ancien directeur adjoint du Bâle sans autre soutien que l’en- chestre à cordes, le Collegium mu- longtemps, dans l’histoire de la Mière ; commandant l’état-major circonscription militaire de dé- cabinet d’Alain Juppé quand il thousiasme d’un petit groupe de sicum de Zurich, qu’il dirigera jus- musique. de forces numéro 3, le général de fense de Rennes, le général de bri- était premier ministre, qui va de- musiciens avec lesquels il explore qu’en 1992, réalisant des œuvres La fortune du mécène était gé- division Marcel Valentin ; adjoint gade Philippe Aumonier ; venir le 1er juin secrétaire général la musique du XVIIIe siècle ; il le di- de plus grande envergure telles néralement estimée à 20 milliards au général gouverneur militaire de commandant la circonscription du groupe LVMH. rigera jusqu’à sa dissolution en que Les Métamorphoses, de Richard de francs suisses (12,5 milliards Metz, commandant la région mili- militaire de défense de Besançon [Né le 13 mai 1957 à Paris, François Au- 1987. Strauss. A la tête de deux forma- d’euros). Paul Sacher était un des taire de défense Nord-Est et la cir- et délégué militaire départemental vigne est titulaire d’une maîtrise de droit, di- Dès 1928, il y adjoint le Chœur tions, il amplifiera encore son principaux actionnaires du groupe conscription militaire de défense de la Côte-d’Or, le général de bri- plômé de l’Institut d’études politiques de Pa- de chambre de Bâle pour élargir le champ d’action, et, tout en conti- pharmaceutique suisse Roche. De de Metz, le général de division gade Bernard Flour. ris et ancien élève de l’ENA (1980-1982). Il a champ de ses investigations. De nuant à servir le répertoire clas- 1938 à 1996, durant plus d’une Pierre Dousson ; adjoint au géné- b Air. Sont promus : commis- rejoint l’inspection générale des finances à sa plus en plus soucieux d’authentici- sique, il n’oubliera pas les compo- moitié de siècle, il siégera au ral commandant la doctrine et de saire général de division aérienne, sortie de l’ENA et a été ensuite notamment té, il sera à l’origine de la création, siteurs suisses : Honegger – dont il conseil d’administration sans in- l’enseignement militaire supérieur, le commissaire général de brigade conseiller technique au cabinet de Jean- en 1933, de la Schola cantorum ba- crée Jeanne au bûcher, La Danse terruption, jusqu’à son 90e anni- le général de brigade Jacques Las- aérienne François Aubry ; général Pierre Chevènement, ministre de la défense siliensis, la première académie des morts, la Cantate de Noël et les versaire où il est nommé membre serre ; inspecteur de l’arme blin- de division aérienne, les généraux (1988-1991), puis au cabinet de Philippe Mar- consacrée à l’étude et à l’exécution symphonies no 2 et 4 –, Franck d’honneur du conseil. A cette dée et cavalerie, le général de bri- de brigade aérienne Michel Fou- chand, ministre de l’intérieur (février-mai de la musique ancienne, d’où sorti- Martin et, plus tard, Heinz Hollin- époque, les actions du mécène ont gade Roland Badie ; commandant quet et Jacques Sivot ; général de 1991), avant de diriger le cabinet de Jean- ront la plupart des acteurs du ger et Norbert Moret. été redistribuées aux membres de l’état-major de forces numéro 2, le brigade aérienne, les colonels Noël Jeanneney au secrétariat d’Etat au grand mouvement de renouveau A côté de Stravinsky et d’Hinde- la famille Hoffmann et Oeri-Hoff- général de brigade Jean-Claude Pierre-Henri Mathé, Hubert commerce extérieur (1991-1992), puis au se- dans l’interprétation de la musique mith, on trouvera bientôt dans les mann, qui détiennent toujours la Thomann ; adjoint au général Tryer et Daniel Pillod ; commis- crétariat d’Etat à la communication (1992- baroque et au-delà. programmes les noms de leurs ca- majorité du capital du groupe. commandant l’état-major de saire général de brigade aérienne, 1993). Il réintègre l’inspection des finances en Rien de passéiste dans cette vo- dets, Henze, Lutoslawski, Dutil- Avec Vera Oeri-Hoffmann et Lukas forces numéro 1, le général de bri- le commissaire colonel Gérard avril 1993. Depuis juin 1997, François Au- lonté de se réapproprier un réper- leux ou Tippett. Parallèlement, Hoffmann, Paul Sacher se plaçait gade Marie Rosier ; commandant Dupuy, nommé directeur du ser- vigne était chargé de mission auprès de Do- toire délaissé mais un appétit de pour aider à la diffusion de la nou- au premier rang de la liste du ma- la 6e brigade légère blindée, le gé- vice d’étude et d’approvisionne- minique Strauss-Kahn, ministre de l’écono- découverte qui allait se manifester velle musique, Paul Sacher invitera gazine Bilanz des Suisses les plus néral de brigade Michel Barro ; ment du matériel du commissariat mie, des finances et de l’industrie, et de bientôt dans l’autre sens. Devenu les représentants de la jeune géné- fortunés. adjoint au général commandant de l’air. Christian Sautter, secrétaire d’Etat au bud- président de la branche suisse de la ration (Pierre Boulez entre autres) les organismes de formation de b Marine. Sont promus : vice- get, et, depuis février 1998, il était également Société internationale de musique à donner des cours à sa Musika- Gérard Condé l’armée de terre, le général de bri- amiral, les contre-amiraux directeur du cabinet de Christian Pierret, se- contemporaine, en 1935, Paul Sa- kademie de Bâle, dont il sera le di- et Véronique Lorelle gade Philippe Avenel. Edouard Mac-Grath, Jean-Louis crétaire d’Etat à l’industrie.]

AU CARNET DU « MONDE » – Immanuel Calmuscki – Birieux (Ain). Montpellier (Hérault). – Mâcon. Pont-de-Vaux. Débats Colloques et Doïna Kovacs Calmuscki Anniversaires de naissance sont tristes d’annoncer la mort de leur La société SFP Form’Action, Claire Vitte, La Maison des écrivains – L’Association des Juifs des grandes père, Tous les consultants actuels et anciens sa fille, écoles vous convie à son colloque annuel du cabinet Et sa famille L’art et la machine, littérature et autour du thème « Ethique et entre- Jacques, Constant CALMUSCKI, ont la douleur de faire part du décès de ont le regret de faire part du décès de radio en France et en Allemagne. prise », dimanche 30 mai 1999, à psychanalyste, leur confrère et ami, Mercredi 2 juin, 14 heures, au Palais du Luxembourg, Je pense à toi... M. Marcel VITTE, 14 heures-18 heures : Séance publique 15 ter, rue de Vaugirard. Invités : Maurice survenue à Paris, le 25 mai 1999. officier de la Légion d’honneur, de travail à la Maison Heinrich Heine Très joyeux anniversaire. Didier LEMETAIS, Lévy (PDG de Publicis), François commandant de l’ordre national (27, boulevard Jourdan, Paris-14e). Wasservogel (ex-directeur adjoint de Claire. 15, rue de Poissy, survenu le vendredi 21 mai 1999, dans sa du Mérite, 20 h 30-22 h 30 : Rencontre-débat à la Renault), Roger Cukierman (président 75005 Paris. trente-huitième année. croix de guerre avec palme, Maison des écrivains (53, rue de de la Compagnie financière de médaille de la Résistance, Verneuil, Paris-7e). Rothschild), André Halimi (journaliste, Mariages Les obsèques ont eu lieu le mardi commandeur des Palmes académiques, producteur), Elie Lemmel (rédacteur en – Yvette Ghighi, née Benarrous, 25 mai, à Montpellier, dans l’intimité, Mardi 8 juin, 20 heures, à la Maison chef de La Lettre de l’éducation) et survenu le 24 mai 1999, dans sa quatre- Danielle, Hélène et Andrée, selon sa volonté. des écrivains. d’autres intervenants. Un cocktail ses filles, vingt-deuxième année, à Mâcon. Cycle : Etats de la prose. suivra. PAF : 90 francs. Réservation Rosemary et Xavier Charles Piriou, Pierrette Fleutiaux sera l’invitée de « Il y a des mots qui font vivre Les obsèques se dérouleront le samedi jusqu’à vendredi au 01-45-81-70-59. se sont mariés à Autouillet (Yvelines), le son gendre, Et ce sont des mots innocents Roger Grenier, qui s’entretiendra avec Clémence et Morgane, 29 mai, à 9 heures, en la cathédrale Saint- elle de son œuvre et lira des extraits de 23 mai 1999, pour la plus grande joie de Le mot chaleur le mot confiance Vincent à Mâcon. leurs parents. ses petites-filles. Amour justice et le mot liberté L’Expédition (éditions Gallimard). Signatures Yvette Tolila, Le mot enfant et le mot gentillesse André Ghighi, 11, rue des Eglantines, Renseignements au 01-49-54-68-87/83. Nadine et Freddy SPIRA, Et certains noms de fleurs 71000 Mâcon. Jean-Claude KAUFMANN Madeleine et Guy DRAY, Jean et Marguerite Ghighi, [et certains noms de fruits Participation aux frais : 20 francs. signera son livre 62, rue Montgolfier, Hubert Ghighi, Le mot courage et le mot découvrir Entrée libre pour les membres de La Femme seule et leurs familles, l’association MdE, les étudiants et les 33000 Bordeaux. Et le mot frère et le mot camarade Remerciements et le Prince charmant. La famille Benaiche, Et certains noms de pays de villages demandeurs d’emploi. Enquête sur la vie en solo Joseph Benarrous et sa famille, Et certains noms de femmes et d’amis. » me (Editions Nathan) à la librairie ont la douleur de faire part du décès, à – M Boucheron, Décès Paul Eluard. très touchée par les nombreuses marques La Balustrade l’âge de quatre-vingt-six ans, de Les démocraties sont-elles en crise ? 25, rue d’Alsace, Paris-10e, de sympathie qui lui ont été témoignées, Débat dirigé par René Rémond – Stéphanie Amzallag, remercie toutes les personnes qui se sont le mercredi 2 juin 1999, son épouse, Marcel GHIGHI, – Sa famille, avec F. Gaspard, R. Misrahi, C. Mossé, de 17 h 30 à 19 h 30. associées à sa peine, lors du décès de O. Vallet et P. Lauvaux. et leurs enfants, Léo et Joseph, dit BERNIER, Et ses amis engagé volontaire Lundi 31 mai, 20 h 30, espace Landowski, Armand et Renée Amzallag, ont la douleur de faire part du décès de M. Jean BOUCHERON. ses parents, dans les Corps-Francs d’Afrique, 28, avenue Morizet, Communications diverses Anne Amzallag, pharmacien à la 2e D.B., Boulogne-Billancourt. chevalier de la Légion d’honneur BUI MONG HUNG, Entrée libre : 01-55-18-52-05 sa sœur, directeur de recherche à l’Inserm, – Le ministère de la jeunesse et des Marc Amzallag, son frère, Alexandra au titre des Combattants volontaires sports propose : de la Résistance, Anniversaires de décès de Comarmond à Paris, le 24 mai 1999. et leurs enfants, Margot et Louise, croix de guerre, Conférences – Il y a un an, le 3 mai 1998, Les actes des Rencontres pour l’avenir Les familles Katan, Amzallag, médaillé de la Résistance, de l’éducation populaire – le travail de la L’incinération aura lieu dans l’intimité – Le professeur John Perry, directeur Tolédano, Boussira et Maimaran, familiale. culture dans la transformation sociale et Tous ses amis, inhumé dans l’intimité familiale, le Guy BIGOT, du Center for the study of language and politique – qui se sont déroulées à la ont l’immense douleur d’annoncer le mercredi 26 mai 1999, à Pantin. peintre, information à l’université Stanford, Sorbonne les 5 et 6 novembre 1998. prononcera cette année les décès de me quittait les siens. 24, rue Verdi, – M Thérèse Rothé, Conférences Jean-Nicod de philosophie son épouse, Direction : Luc Carton. Pierre AMZALLAG, 06000 Nice. Une pensée est demandée à tous ceux cognitive sur « Conscience et nouveau Ses enfants et petits-enfants, dualisme » et recevra le prix du même ont la douleur de faire part du décès de qui l’ont connu et aimé. Avec les signatures de : à l’âge de trente-six ans. nom. D. Lapeyronie, P. Duran, J.-L. Laville, – On nous prie d’annoncer le décès de J. Freyssinet, L. Castellina, J. Costa Conférence inaugurale, le 2 juin 1999, à La date et l’heure des obsèques seront – Claire Choussat, Lascoux, P. Viveret, B. Perret. M. Pierre GOUROU, M. Jean ROTHÉ, sa femme, 16 h 30, au CNRS (3, rue Michel-Ange, communiquées ultérieurement. Paris-16e) ; autres conférences les 4, 8 et professeur honoraire ingénieur général du génie rural Dominique et Frédéric Mathieu, Cet ouvrage est disponible aux Editions 11 juin, à 15 heures, au MENRT (1, rue au Collège de France et des Eaux et Forêts, Marc et Nathalie Ours, Ellébore soit par téléphone 4, rue Henri-Turot, Descartes, Paris-5e). et à l’Université libre de Bruxelles, commandeur de l’ordre national Rémi et Nathalie Benzaria, (01-40-01-09-49), soit par écrit (service 75019 Paris. Renseignements : cellule sciences de la du Mérite agricole, Nicolas Hollis Krym, commande, Editions Ellébore, BP 01, 25, rue du Dragon, cognition (tél. : 01-45-07-56-66 ; fax : survenu le 13 mai 1999. Antoine, 75560 Paris Cedex 12) au prix de 75006 Paris. 01-45-07-55-60). ses enfants, 150 francs + 29 francs de frais de port. survenu le 26 mai 1999, à Auxerre. Juliette, Isabelle, Alice, Adrien, – M. et Mme Alain Dufour, – Michel Lalou, Pénélope et Clément, M. Jean-Marc Dufour, son époux, Les obsèques religieuses auront lieu le ses petits-enfants, Mme Monique Dufour Jacqueline Lalou Escat, samedi 29 mai, à 11 heures, en l’église de demandent à tous ceux et toutes celles qui CARNET DU MONDE et leurs enfants, Jean-Claude Lalou, Pourrain. nous ont connus de communier avec nous TARIFS 99 - TARIF à la ligne ont la douleur de faire part du décès de José Lalou, et d’adresser une pensée profonde à Francine Lalou, Cet avis tient lieu de faire-part. DÉCÈS, REMERCIEMENTS, ses enfants, Madeleine DUFOUR, 13, rue de la Maîtrise, Jean CHOUSSAT. AVIS DE MESSE, née WACQUEZ, Serge et Marianne Lalou, Isabelle Escat, 89240 Pourrain. Il nous a quittés, le 28 mai 1998. ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS survenu à Aix-en-Provence, le 15 mai Anne Lalou, 136 TTC - 20,73 ¤ 1999. Marie-Pierre Escat, Nous pensons toujours à lui. ¤ ses petits-enfants, – Michel, TARIF ABONNÉS 118 F TTC - 17,98 Mikhaël et Noémie Lalou, Dominique et Daniel, Alain Dufour, NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, quartier Le Pueî, ses arrière-petits-enfants, André, Claire, Martin, Manuel, Avis de messe 06690 Tourette-Levens. Ses frères et sœurs et leur nombreuse ont la tristesse de faire part du décès de MARIAGES, FIANÇAILLES Jean-Marc Dufour, famille, – Une messe sera célébrée en l’église 520 F TTC - 79,27 ¤ FORFAIT 10 LIGNES 4, place Albert-Camus, ont l’immense douleur de faire part du Elsa SCHIFF, Saint-Etienne-du-Mont, place du ¤ 30100 Alès. décès de leur chère et regrettée née BUCHBINDER, Panthéon, Paris-5e, le mercredi 2 juin Toute ligne suppl. : 62 F TTC - 9,45 1999, à 18 heures, à la mémoire de THÈSES - ÉTUDIANTS : 83 F TTC - 12,65 ¤ Suzette LALOU, survenu le 25 mai 1999. Nos abonnés et nos action- M. 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LeMonde Job: WMQ2805--0027-0 WAS LMQ2805-27 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 10:33 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0455 Lcp: 700 CMYK

27 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999

ROLAND-GARROS Amélie nationaux de France. b LA FRANÇAISE Clément, Arnaud Boetsch, Stéphane KAFELNIKOV, no 1 mondial, a été Mauresmo n’a pas su contrarier le jeu pense que son arrivée au plus haut Huet, Sandrine Testud, Emmanuelle dominé par le Slovaque Dominik de la Suissesse Martina Hingis qui niveau se fera « tranquillement et Curutchet et Lea Ghirardi ont été éli- Hrbaty (6-4, 6-1, 6-4). Le Russe peut s’est nettement imposée (6-3, 6-3), lentement ». Ses compatriotes n’ont minés. Seule Nathalie Dechy est par- désormais préparer Wimbledon en mercredi 26 mai, au 2e tour des Inter- pas brillé non plus puisque Arnaud venue à se qualifier. b EVGUENI toute quiétude. Face à Martina Hingis, Amélie Mauresmo reste une apprentie championne La nouvelle coqueluche du tennis français a quitté les Internationaux de France dès le deuxième tour, surclassée en deux sets (6-3, 6-3) par la no 1 mondiale au terme d’une partie plus tactique que spectaculaire, où l’expérience a fait la différence ELLE S’INQUIÈTE, son visage se demie, au milieu d’un Central un sac à dos chargé de pierres qui ferme, Amélie Mauresmo a beau se comble, le face-à-face a tourné tombe de mes épaules », a confié la parler, elle ne se comprend plus. court. no 1 mondiale. Vainqueur de trois Son impatience a pris le pas sur sa Il s’agissait d’une belle entre les tournois en 1999, dont deux sur raison depuis le milieu du premier deux joueuses, pour ce début de terre battue à Hilton Head et à Ber- set. Le score était alors de 3 jeux à 2. saison 1999. Vaincue en finale des lin, la Suissesse a fait de Roland- Elle venait de prendre le service de Internationaux d’Australie, en jan- Garros l’objectif absolu de sa sai- Martina Hingis, elle avait l’occasion vier, Amélie Mauresmo avait pris sa son : il s’agit du seul tournoi du de se détacher sur sa mise en jeu. revanche, un mois plus tard, en Grand Chelem qui manque à son Tout allait pour le mieux : stratégie quart de finale de l’Open Gaz de palmarès. parfaitement installée, constance et France, au stade Coubertin, à Paris, Une victoire pourrait également coups variés, service de plomb et jusqu’à ce que le tableau de lui permettre de prendre le large en pertinentes intrusions vers l’avant. Roland-Garros remette les deux tête du classement mondial : en Martina Hingis tendue, comme jeunes filles sur la même route. De 1998, elle s’était fait coiffer sur le fil apeurée, se perdait dans les cir- manière peut-être un peu hâtive, en toute fin de saison par l’Améri- convolutions d’un tennis trop éla- pour un match si attendu, mais caine Lindsay Davenport, qui avait boré. Jusqu’à cette volée de revers Amélie Mauresmo n’avait pu sau- été sacrée championne du monde. croisé giflée dans le filet. Le public a vegarder son rang de tête de série Martina Hingis avait vécu sa gémi avec Amélie Mauresmo et la avant le tirage au sort. deuxième place comme un échec Suissesse, fidèle à elle-même, s’est Si la finale australienne avait été avant de reprendre ce qu’elle consi- engouffrée dans la brèche qui frustrante puisque courte, l’âpre et dère comme son bien, en février, s’était ouverte dans le moral de son majestueux match de Paris promet- après sa victoire à Tokyo. adversaire. tait un troisième acte sublime : la Et maintenant, Paris. Mercredi, la La Suisse a repris son service et partie fut très tactique. Bousculée Suissesse a passé un premier obs- tacle. Après Amélie Mauresmo, elle devrait rencontrer quelques adver- Les « crampes nerveuses » d’Arnaud Clément saires de taille. Un choc est désor- mais attendu avec Venus Williams Après avoir éliminé Cédric Pioline au premier tour, le jeune Fran- en quart de finale. L’Américaine, çais Arnaud Clément a été tout près de réaliser un nouvel exploit sur FRANCK SEGUIN/TEMPSPORT vainqueur des tournois sur terre le court central de Roland-Garros, où il a tenu André Agassi en Dominik Hrbaty, l’air battant contres, le Russe n’a jamais battu le Slovaque. « Les joueurs battue de Hambourg et de Rome et échec pendant plus de trois heures avant de s’incliner en cinq sets haussent leur niveau de jeu quand ils rencontrent le no 1 tête de série numéro 5, lui dispute (6-2, 4-6, 2-6, 7-5, 6-0), mercredi 26 mai. Dans la 4e manche, il s’est ap- Il a vingt et un ans, un sourire charmant, un joli toucher mondial, explique Evgueni Kafelnikov. Une victoire comme le rang de favorite à Roland-Garros. proché si près de la victoire qu’il se « voyait déjà lever les bras » : de balle et un grand coup droit. Mercredi 26 mai, Dominik ça, c’est quelque chose : on se retrouve sur CNN, on fait les Si Martina Hingis la bat, elle pour- « Cela ne m’a pas déconcentré », assure le 81e joueur mondial. Hrbaty a éliminé Evgueni Kafelnikov, no 1 mondial, cham- gros titres. » Pas cette fois-ci : la saison catastrophique du rait bien rencontrer en demi-finale En fin de match, Arnaud Clément a senti poindre une douleur. «A pion de Roland-Garros 1996 dès le deuxième tour de l’édi- Russe sur terre battue avait rendu sa défaite prévisible. sa sœur cadette, Serena Williams, un moment, en retombant après une extension, j’ai senti une petite ten- tion 1999, en trois sets secs (6-4, 6-1, 6-4). En trois ren- Dominik Hrbaty s’en est à peine ému. Vexant. qui prend, tour après tour, le rang sion dans la jambe. Ce n’était pas une crampe, mais je me suis dit que de meilleur outsider de l’épreuve. cela pourrait se produire. C’était en quelque sorte des crampes ner- « Si je gagne cette année, je crois veuses. » Sandrine Testud, insuffisamment remise d’une blessure, coentraîneur de la Française. Amé- ment et lentement. » Et en atten- n’avoir pas été gênée par cette bien que je l’aurai mérité », lance s’est nettement inclinée face à la Sud-Africaine Mariaan De Swardt lie Mauresmo savait sa faiblesse. A dant ? Elle promet : « Les gens gloire nouvelle et presque subite. Martina Hingis. Aux Américains qui (6-3, 6-2). Chez les Françaises, seule Nathalie Dechy a passé le 2e tour la veille de Roland-Garros, elle attendent beaucoup de moi, j’essaie « Je sais faire la part des choses », lui demandent « mais comment en dominant la Russe Elena Dementieva (6-2, 1-6, 7-5). expliquait qu’elle ne se considérait de leur donner le maximum, mais je dit-elle. faites-vous pour jouer sur ce truc pas encore comme une cham- sais me protéger. » A Roland-Gar- Fanfaronnante à la veille de son rouge ? », elle rétorque, prête pour pionne : « J’ai des progrès à faire ros, elle aura montré une étonnante match contre la nouvelle coque- la bagarre : « Mais moi, j’aime la gagné les six jeux qui ont suivi. Pour mais omniprésente, agacée mais dans ma tête. Il me manque la moti- aptitude à résister à la forte pres- luche du tennis français, Martina terre battue. » la Française, menée 3 jeux à rien flegmatique, jamais résignée, Mar- vation de tous les instants afin de sion placée sur ses épaules par les Hingis a finalement avoué son sou- dans la seconde manche, la fin du tina Hingis a donné une petite idée pouvoir me sortir des situations les médias ou par le public. Elle affirme lagement de l’avoir battue. « C’est Bénédicte Mathieu match s’est transformée en course- du chemin qu’Amélie Mauresmo plus délicates » (Le Monde daté 23- poursuite faite de fébrilité, de ces si doit encore parcourir pour passer 24 mai). Mercredi soir, dans un der- beaux coups gagnants pour ces du statut de joueuse prometteuse à nier sourire, Amélie Mauresmo a gerbes de fautes directes, de ces celui de championne : « Amélie ne assuré qu’elle se donnait le temps : balles de break gâchées ou tout sait pas encore jouer ce genre de « Il faut que j’arrive à une certaine simplement gagnées par Martina match mais elle n’est pas bien loin », hauteur pour être plus sereine dans Hingis. En moins d’une heure et explique Isabelle Demongeot, mes matches. Cela se fera tranquille- L’esthète Hicham Arazi écarte le « vieux » Jim Courier IL A CE SOURIRE de gamin gâté par la vie, ce trois sets. » Une pause, puis, avec un rictus faussement regard doux et cette nonchalance naturelle : Hicham gêné : « Surtout maintenant. » Arazi, le « petit » tennisman marocain, apporte, C’est une blague facile mais Hicham Arazi a une depuis trois ans, un peu d’humanité au monde des excuse. Il se sent « un peu cané » après sa victoire. Il a briseurs de cordes et des faiseurs de trajectoires peiné plus que prévu pour se défaire de l’Américain, lourdes, tendues, longues comme un match de tennis en quatre sets (2-6, 6-3, 6-4, 6-1), mercredi 26 mai. masculin des années 90. Il ne prise guère l’univers Pendant une manche, il a plié sous les coups directs triste des cogneurs associés, alors il a décidé de se décochés par l’ancien seigneur des lieux, double vain- faire plaisir, de donner en spectacle son jeu tout en queur du tournoi. Il a interrogé le ciel pour trouver arabesques, de faire admirer ses coups de gaucher à des réponses à son désarroi, il a malmené sa raquette, l’incomparable pouvoir de séduction sur les foules. chahuté son corps et son esprit, mal réveillé sous le On aime le lustre de son tennis du côté de la porte bandeau noir : « Qu’est-ce que tu glandes, dis-moi ? » d’Auteuil. On l’encourage à persévérer dans cette voie Le jeune insolent ne comprenait pas comment le peu fréquentée. « C’est agréable », confesse-t-il. « vieux » Jim Courier, ce has been relégué dans le De son professeur de tennis de Saint-Rémy-lès- ventre mou du classement ATP, cet ex-ténor du ten- Chevreuse (Yvelines), l’esthète hédoniste des courts a nis-massue truffé de tics nerveux, ce pourfendeur du appris à se comporter raquette en main comme par- dopage qui découvre des abdominaux arrondis tout ailleurs, de préférence sans se hâter. Le court est lorsqu’il soulève sa chemisette pour s’éponger le son théâtre, mais Hicham Arazi ne compose pas avec front, pouvait ainsi lui tenir tête. sa personnalité. Espiègle, il ne se sent aucunement Il a brièvement paniqué, perdu une manche, puis il tenu de respecter toutes les conventions, et les s’est rassuré : il n’avait jamais perdu un match sur ce arbitres ne s’en étonnent plus. Eternel espoir, il tarde court Suzanne-Lenglen, son « Suzanne ». Il a retrou- à confirmer : il n’est jamais rentré dans le cercle des vé son revers croisé, ses amorties assassines. Il était dix meilleurs joueurs mondiaux – son « rêve » – et n’a bien. Au quatrième set, il a regardé Jim Courier som- gagné qu’un tournoi du circuit professionnel (à Casa- brer : « Il avait l’air un peu fait... » Hicham Arazi aime blanca, en 1997), mais il ne s’affole pas de cette lente bien l’Américain – « une personne très sympa, très montée vers les sommets. Insolent, il l’est aussi, à naturelle » –, mais il avait tout de même envie de lui l’occasion, sur le court et en conférence de presse. dire sa façon de voir les choses : « Faut pas rester là, Comme lorsqu’il ne peut réfréner, avec le plus grand monsieur Courier, le troisième tour des Internatio- naturel, cette petite vacherie sur Jim Courier, son naux de France, ce n’est plus de votre âge. » adversaire au deuxième tour du tournoi de Roland- Garros : « Il essaie de gagner ses matchs par K.-O., en Eric Collier

LES RÉSULTATS V. Spadea (EU) b. R. Krajicek (PB, no 5) 6-1, 6-2, LOTO SIMPLES MESSIEURS 6-4. Résultats des tirages no 42 effectués mercredi SIMPLES DAMES 26 mai. Deuxième tour o Premier tirage : 14, 19, 22, 41, 44, 46, numéro Premier quart du tableau : D. Hrbaty (Slo.) b. Premier quart du tableau : M. Hingis (Sui., n 1) o b. A. Mauresmo (Fra.) 6-3, 6-3 ; K. Hrdlickova complémentaire : 24. E. Kafelnikov (Rus., n 1) 6-4, 6-1, 6-4 ; A. Ilie (Rép. tch.) b. B. Rittner (All.) 6-4, 7-6 (7/5) ; R. Dra- (Aus.) b. M. Rodriguez (Arg.) 7-5, 4-6, 2-6, 6-3, Pas de gagnant pour 6 numéros, rapports pour gomir (Rou.) b. A. Kremer (Lux.) 6-4, 6-2 ; 5 numéros et le complémentaire : 2 785 785 F 6-4 ; M. Safin (Rus.) b. J. Knippschild (All.) 6-3, o M. De Swardt (AfS) b. S. Testud (Fra., n 12) 6-3, (424 690,18 ¤) ; 5 numéros : 7 710 F (1 175,38 ¤); 4-3, ab. ; H. Arazi (Mar.) b. J. Courier (EU) 2-6, 6-3, 6-2 ; B. Schwartz (Aut.) b. K. Boogert (PB) 6-2, 6-4, 6-1 ; M. Rios (Chili, no 9) b. A. Boetsch (Fra.) 4 numéros et le complémentaire : 334 F (50,91 ¤); 6-4 ; N. Dechy (Fra.) b. E. Dementieva (Rus.) 6-2, ¤ 6-2, 6-3, 7-5 ; A. Berasategui (Esp.) b. S. Huet 1-6, 7-5 ; A. Molik (Aus.) b. E. Curutchet (Fra.) 6-2, 4 numéros : 167 F (25,45 ) ; 3 numéros et le o (Fra.) 4-6, 6-4, 6-2, 6-4 ; T. Henman (GB, n 7) b. 6-2 ; V. Williams (EU, no 5) b. N. Zvereva (Bié.) 7-6 complémentaire : 32 F (4,87 ¤) ; 3 numéros : 16 F J. Novak (Rép. tch.) 5-7, 6-1, 7-5, 6-2. (7/3), 6-0. (2,43 ¤). Deuxième quart du tableau : C. Moya (Esp., no 4) Deuxième quart du tableau : J. Novotna (Rép. Second tirage : 1, 6, 10, 37, 38, 40, numéro b. P. Korda (Rép. tch.)6-7 (5/7), 6-4, 6-3, 6-1 ; tch., no 4) b. A. Gersi (Rép. tch.) 6-3, 6-2 ; S. Talaja complémentaire : 18. S. Sargsian (Arm.) b. W. Ferreira (AfS) 6-7 (4/7), (Cro.) b. C. Rubin (EU) 2-6, 6-1, 6-4 ; S. Plischke Rapports pour 6 numéros : 13 113 335 F 6-2, 6-2, 7-6 (7/5) ; C. Woodruff (EU) b. N. Lapentti (Aut.) b. E. Cagliardi (Sui.) 6-1, 6-3 ; B. Schett (1 999 115 ¤) ; 5 numéros et le complémentaire : (Equ.) 7-6 (7/2), 7-6 (7/5), 7-5 ; A. Agassi (E-U, (Aut., no 15) b. K. Po (EU) 6-3, 3-6, 6-1 ; S. Williams ¤ no 13) b. A. Clément (Fra.) 6-2, 4-6, 2-6, 7-5, 6-0 ; o 91 030 F (13 877,43 ) ; 5 numéros : 7 015 F (EU, n 10) b. M. Diaz Oliva (Arg.) 6-3, 6-4 ; ¤ G. Rusedski (GB, no 12) b. R. Fromberg (EU) 6-4, M. J. Fernandez (EU) b. L. Ghirardi (Fra.) 6-1, 6-3 ; (1 069,42 ) ; 4 numéros et le complémentaire : 4-6, 6-2, 6-3 ; D. Sanguinetti (Ita.) b. H. Gumy I. Spirlea (Rou.) b. O. Barabanschikova (Bul.) 6-3, 310 F (47,25 ¤) ; 4 numéros : 155 F (23,62 ¤); (Arg.) 6-7 (5/7), 7-5, 6-4, 7-6 (7/4) ; M. Filippini 6-3 ; A. Sanchez (Esp., no 7) b. K. Srebotnik (Sloq.) 3 numéros et le complémentaire : 30 F (4,57 ¤); (Uru.) b. M. Damm (Rép. tch.) 6-4, 6-4, 6-4 ; 6-1, 6-2. 3 numéros : 15 F (2,28 ¤). LeMonde Job: WMQ2805--0028-0 WAS LMQ2805-28 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0456 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 AUJOURD’HUI-SPORTS Le Bayern Munich était champion d’Europe, lorsque soudain... Après avoir mené au score pendant 91 minutes, les Bavarois ont laissé échapper la victoire en finale de la Ligue des champions, encaissant deux buts dans les derniers instants. Après un titre national et une coupe d’Angleterre, Manchester United complète un bilan historique Trente et un ans après le seul succès dans Camp de Barcelone, la finale de la Ligue glais ont réussi à retourner la situation en qualité technique moyenne d’une finale d’Angleterre, la coupe d’Angleterre et la la plus prestigieuse des coupes d’Europe des champions en s’imposant (2-1) devant leur faveur grâce à des buts de Teddy She- qu’on attendait plus attractive compte te- Ligue des champions. Seuls le Celtic Glas- de football (obtenu contre les Portugais le Bayern Munich. Les Allemands avaient ringham et de Ole Gunnar Solskjaer dans nu de la valeur des joueurs. Manchester gow (1967), l’Ajax Amsterdam (1972) et le du Benfica Lisbonne), Manchester United ouvert le score dès la 6e minute grâce à un les deux dernières minutes. Ce coup de United a bouclé la plus glorieuse saison de PSV Eindhoven (1988) avaient accompli a gagné, mercredi 26 février, au Nou coup franc de Mario Basler mais les An- théâtre époustouflant a fait oublier la son histoire en enlevant le championnat jusqu’alors ce triplé.

BARCELONE Ottmar Hitzfeld en relatant cette ac- de notre envoyé spécial tion banale qui a permis à Teddy Une sombre prémonition s’était Sheringham de dévier un tir adressé insinuée dans l’esprit des joueurs du par Ryan Giggs et d’égaliser au mi- Bayern Munich avant cette 44e fi- lieu d’une forêt de jambes (91e ). Un nale de la Coupe des champions, re- parfum de légende flottait dès lors baptisée Ligue des champions. Le sur le pré. Les chœurs anglais beu- cauchemar récurrent relatait l’his- glés par 40 000 poitrines semblaient toire d’une prolongation brutale- figer les Allemands dans le doute. ment interrompue par la « mort su- « Cette égalisation a choqué mon bite ». Cette trouvaille controversée équipe », regrettera Ottmar Hitzfeld de l’Union européenne de football livré, impuissant, à la désagrégation (UEFA) est censée pimenter la demi- de sa formation. Le douzième et heure supplémentaire en cas de dernier corner repris de la tête par match nul au terme des 90 minutes Teddy Sheringham et prolongé par réglementaires. Au premier but Ole Gunnar Solskjaer sous la barre marqué par l’une des deux équipes, semblait épouser la houle du public l’arbitre clôt les débats condamnant, anglais parqué derrière le but d’Oli- du coup, les retournements de si- ver Kahn. On jouait depuis 93 mi- tuation qui ont magnifié l’histoire nutes et 36 secondes et à cet instant du football comme cette demi-fi- précis, ce sont d’abord les images nale du Mondial 1982 entre la d’une troupe terrassée qui saturent France et l’Allemagne (3-3) à Séville les rétines. (Espagne). Les Bleus d’Aimé Jacquet Onze joueurs d’un club allemand, avaient apprécié le plaisir violent de promis à la postérité et statufiés en cette innovation durant la Coupe du moins de trois minutes dans la pos- monde 1998 en s’imposant (1-0) à ture de perdants d’honneur, car ce Lens devant le Paraguay grâce à un sont eux qui se sont créés les occa- but du défenseur marseillais sions les plus franches (tir de Meh-

MU a fait perdre une fortune à un devin du football

Au mois de novembre, un homme d’affaires britannique, suppor- teur de Manchester United (MU), avait misé 2,5 livres (3,8 ¤) sur une série de quatorze compétitions. Avant la finale de la Ligue des champions, il était déjà assuré de toucher 157 000 livres (environ

228 500 ¤) grâce à un sans-faute. C’est ainsi qu’il avait pronostiqué, ERIC CABANIS/AFP notamment, les vainqueurs du championnat anglais (MU), de la Samuel Tuffour, le défenseur du Bayern (à gauche) et Teddy Sheringham, auteur du but égalisateur pour Manchester. Coupe d’Angleterre (MU également), de la Coupe de la League an- glaise (Tottenham), de la Coupe de l’UEFA (Parme), de la Coupe des tactiques, du positionnement de vainqueurs de coupes (Lazio Rome). Ce parieur perspicace avait David Beckham en particulier. La DÉPÊCHES également deviné la relégation de Nottingham Forest en division 2 machine à centrer au millimètre gé- a DOPAGE : deux agents de la anglaise et l’identité du champion de la division 3 écossaise ! néralement postée sur l’aile droite a Le cas « VDB », casse-tête pour Cofidis NAS, une brigade spécialisée dé- En revanche, il était persuadé que le Bayern Munich s’imposerait été aligné dans l’axe du milieu de L’« AFFAIRE Vandenbroucke », si suspendu – ou d’un contrôle pendant du ministère de l’inté- en finale de la Ligue des champions devant son équipe fétiche. A terrain pour suppléer la suspension si on peut la qualifier ainsi, tend à antidopage positif, la situation est rieur italien, se sont rendus, mer- deux minutes près, il aurait donc réussi un étonnant sans-faute et de Roy Keane. « Une option qui ar- virer au casse-tête pour Cofidis. « un peu compliquée », souligne credi 26 mai, à Milan dans les empoché deux fois plus, soit 314 000 livres (environ 47 800 ¤). rangeait nos affaires », a reconnu Depuis quelques jours, les réu- Alain Delœuil, directeur sportif locaux de la société organisatrice Ottmar Hitzfeld. « J’ai aligné la meil- nions se succèdent au sein de l’en- adjoint de l’équipe. Elle est « juri- du Giro. Les deux agents, munis leure équipe possible », a répliqué treprise de crédit par téléphone. diquement difficilement tenable », d’un mandat du tribunal de Fer- Laurent Blanc. Le Bayern, d’habi- met Scholl repoussé par le poteau à l’Ecossais peu avare de compliments La question est de savoir s’il faut relève-t-on auprès de la direction rare, se sont fait remettre des do- tude si confiant dans sa bonne la 79e et retourné de Carsten Janc- à son propre égard – il s’est décerné maintenir la suspension infligée le de Cofidis. Le coureur belge aurait cuments sur le Giro 1996. Les poli- étoile, craignait d’en subir le revers ker renvoyé par la transversale à la un satisfecit pour avoir fait entrer en 10 mai au Belge Frank Vanden- beau jeu de plaider une suspen- ciers se sont ensuite présentés au et s’imprégnait à l’avance de la por- 84e). cours de jeu les deux buteurs – mais broucke, un des chefs de file de sion abusive. L’envie est donc pal- quotidien La Gazzetta dello sport tée de la désolation. Mais il n’avait Inaltérable rengaine, en football qui ne put s’empêcher de titiller l’ad- l’équipe cycliste financée par la so- pable chez Cofidis de faire jouer la pour connaître le nom de l’auteur pas poussé le masochisme jusqu’à on ne gagne pas aux points et Sa- versaire « qui s’est endormi sur ses ciété nordiste, ou s’il faut lever présomption d’innocence et de d’un article paru le 18 mai 1996 imaginer un scénario encore plus muel Kuffour, superbe de vaillance, lauriers après avoir ouvert le score ». cette sanction décidée après que souscrire à l’argument de la naïve- qui évoquait l’hypothèse d’une in- cruel : la mort subite avant l’heure. le sait trop bien. Allongé sur la pe- Désormais nanti d’une deuxième « VDB », comme on l’appelle, a té avancé par un « VDB » si sûr de tervention policière sur la cara- C’est pourtant ce que lui a infligé, louse, tenaillé par une crise de Coupe des champions (la première reconnu s’être approvisionné chez lui et déterminé dans ses choix vane du Giro, tandis que celle-ci mercredi 26 mai, Manchester Uni- larmes jusqu’à susciter l’affliction de remonte à 1968) et d’un premier tri- Bernard Sainz, faux médecin que jusqu’à cette affaire. devait aborder Brindisi à son re- ted devant 90 000 spectateurs au l’arbitre italien Pierluigi Collina qui plé – championnat, coupe d’Angle- les policiers de la brigade de stu- Reste des « soupçons », pour pa- tour de Grèce. prix d’un final inouï, étourdissant, tenta vainement de le relever, le terre, coupe d’Europe – devra s’atte- péfiants de Paris soupçonnent raphraser Cofidis, dont il est diffi- a Le coureur italien Rodolfo inoubliable qu’aucun indice ne lais- Ghanéen ne sera pas facile à conso- ler à chasser le démon de la d’être au cœur d’un trafic de pro- cile de faire abstraction, compte Massi, ancien coureur de l’équipe sait augurer. La pendule du Nou ler. A 22 ans, il a pourtant plus de démobilisation. « Le risque existe duits illicites et qui été mis en exa- tenu des éléments mis au jour par française Casino, mis en examen Camp de Barcelone indiquait la fin chances de prendre sa revanche que quand une équipe a tout gagné », men et incarcéré le 9 mai. les policiers. Reste aussi à venir les par le juge Patrick Keil le 31 juillet des 90 minutes et annonçait le dé- Lothar Matthaüs, 38 ans, qui a ap- concède Alex Ferguson. Mais avec Le dilemme tient à ce que Frank résultats des prélèvements effec- 1998 dans le cadre de l’affaire Fes- but d’une nuit de liesse pour les plaudi sportivement les vainqueurs son budget sans équivalent dans le Vandenbroucke, qui a brillé en dé- tués sur Frank Vandenbroucke, tina, ne s’est pas présenté à la joueurs munichois grâce au coup- au moment de la remise de la coupe. monde (87,9 millions de livres, but de saison (il a gagné Liège- ainsi que des analyses des pro- convocation du magistrat lillois franc transformé par Mario Basler « Privées de la victoire et ensuite de la 130 millions d’euros), le club man- Bastogne-Liège), « fait pression » duits saisis chez l’avocat Bertrand mercredi 26 mai. C’est la dès l’entame de la partie (6e minute). prolongation dans un même élan cunien s’est condamné à une réus- pour pouvoir reprendre la compé- Lavelot, également mis en examen deuxième convocation à laquelle Depuis un quart d’heure, les dans les ultimes instants, c’est la plus site ininterrompue pour ne pas mé- tition, indique-t-on auprès de Co- et écroué dans cette affaire, chez Rodolfo Massi, aujourd’hui enga- 30 000 supporteurs allemands mas- terrible des mésaventures vécues dans contenter ses actionnaires. Près de fidis. Le Belge de vingt-quatre ans, qui Bernard Sainz officiait. Si gé par l’équipe italienne Liquigas, sés dans la tribune Sud abreuvaient ma longue carrière », a commenté, 30 millions de livres (42 millions qui explique avoir été abusé et L’Equipe a indiqué, le 22 mai, que ne donne pas réponse. le temple catalan de leurs cantiques sonné, le vétéran. d’euros) seront investis dans avoir eu « la conviction » que les des anabolisants et des corticoïdes a BASKET : l’entraîneur yougo- paillards. Les vedettes de Manchester qui l’agrandissement du stade (de traitements de Bernard Sainz ont été saisis auprès de MM. Lave- slave Dusko Ivanovic, âgé de A l’autre extrémité du terrain, la s’étaient mués, mercredi en inter- 55 000 à 67 000 places assises). En étaient « homéopathiques et natu- lot et Sainz, François Migraine, di- quarante-deux ans, vient de si- énième offensive anglaise conclue mittents du spectacle, se sont rattra- attendant, le triomphe de mercredi rels », a annoncé à ses employeurs recteur général de Cofidis, assure gner pour deux ans avec le CSP par un sempiternel centre témoi- pées au coup de sifflet final. La vic- soir dopera un peu plus les recettes qu’il souhaite recourir le 10 juin au n’avoir aucune information sur Limoges. L’ancien manager de gnait davantage de l’impuissance toire a des vertus thérapeutiques. liées au marchandisage (280 mil- Tour du Luxembourg, a rapporté ces analyses. Remettre en cause la l’équipe suisse de Fribourg rem- des Mancuniens que de leur talent si Quand l’entraîneur écossais de MU, lions de francs en 1998, soit près L’Equipe, le 22 mai. suspension de « VDB » avant d’en placera Jacques Monclar à ce parcimonieusement dévoilé jus- Alex Ferguson, est apparu en salle 42,7 millions d’euros). Le vertige des Frank Vandenbroucke n’ayant connaître la teneur pourrait être poste. En 1992, lorqu’il était en- qu’alors. « Oui mais voilà il y a le des- de presse, il a été applaudi par les chiffres ne connaît pas de répit. pas fait l’objet d’une mise en exa- risqué. core joueur, Dusko Ivanovic avait tin et il est par définition imparable », journalistes anglais. Il ne fut qu’ac- men – à la différence de son coé- effectué une pige de quelques dira plus tard l’entraîneur munichois cessoirement question de ses choix Elie Barth quipier Philippe Gaumont, lui aus- Ph. L. C. matchs à Limoges. LeMonde Job: WMQ2805--0029-0 WAS LMQ2805-29 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 09:29 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0457 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-SCIENCES LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 / 29 Modeler les bruits pour réduire les nuisances sonores Partant du constat que la perception des sons est un phénomène étonnamment subjectif, acousticiens, linguistes et psychologues étudient les représentations associées à divers signaux d’avertissement. Objectif : « remodeler », de façon plus harmonieuse, les bruits de la ville Sirènes, alarmes et autres avertisseurs so- cherchent à résoudre les physiciens du La- mètres physiques, mais que sa perception tiques. Ces travaux pourraient contribuer vironnement sonore, poussent à conce- nores perturbent bruyamment la vie des boratoire d’acoustique musicale de Paris, relève d’un processus subjectif, l’équipe à « remodeler », de façon plus harmo- voir des écrans antibruit végétalisés. La citadins. Comment préserver, voire amé- avec le concours de linguistes et de psy- s’est penchée sur les représentations asso- nieuse, les bruits de la ville. D’autres Cité des sciences de La Villette consacre sa liorer, leur efficacité, tout en limitant leurs chologues. Considérant qu’un son ne peut ciées à divers signaux d’avertissement, études, qui montrent l’influence du nouvelle exposition permanente au son nuisances ? C’est l’équation complexe que être étudié uniquement d’après ses para- avant d’analyser leurs propriétés acous- contexte visuel sur l’appréciation de l’en- dans tous ses états.

SIRÈNES de pompiers, d’ambu- en termes de fréquence, de spectre ou la première de trafic automobile in- quelques surprises, relate Corsin tains signaux sont bien identifiés Il reste maintenant aux cher- lance ou de police, klaxons, alarmes de hauteur. Mais c’est également un tense, la seconde de jardin public. A Vogel, qui prépare un doctorat sur quel que soit l’environnement – si- cheurs du LAM à déterminer les de voiture ou de magasin, sonnettes phénomène subjectif qui doit “faire chacune ont été associées des séries ce sujet. Premier constat : les bruits rène de pompiers, coup de klaxon, propriétés acoustiques qui rendent de bicyclette, sonneries de télé- sens” pour l’auditeur », souligne Mi- identiques de quinze signaux d’alarmes sont rarement décrits en sonnette de vélo classique, sifflet à certains signaux d’avertissement phone portable, indicateurs so- chèle Castellengo, directrice du d’avertissement, à différents ni- eux-mêmes, mais le plus souvent roulette –, d’autres, au contraire, plus efficaces que d’autres. Ils nores pour mal-voyants à certains LAM. Des études antérieures veaux sonores. Les séquences, évo- associés à « des représentations sont inégalement reconnus selon le avancent déjà quelques hypo- carrefours... Dans le bruyant or- montrent que si l’on veut rendre catrices de situations réelles, ont mentales bien définies dans l’expé- contexte et prêtent parfois à confu- thèses : chestre polyphonique urbain, les l’environnement urbain moins dis- alors été diffusées à vingt-six co- rience des sujets ». Autrement dit, ils sion. « Le caractère discontinu d’un son, avertisseurs jouent une partition sonant, « une approche purement bayes, qui devaient identifier les dif- sont interprétés en référence à des comme celui que produit la bille d’un spécifique : par définition, ils ne physique ne mène à rien : le même si- férents sons et les caractériser ver- situations déjà vécues et mémori- PROPRIÉTÉS ACOUSTIQUES sifflet à roulette, semble être un fac- remplissent leur office que s’ils sont gnal sera perçu de façon complète- balement. Les résultats réservent sées. Second enseignement : si cer- Les sifflets à un ou deux tons sont teur d’identification. En revanche, si identifiés comme tels, ce qui sup- ment différente selon le contexte et souvent pris pour des klaxons ou la sirène d’ambulance est confondue pose non seulement qu’ils se dé- l’individu ». des sirènes. Curieusement, la son- avec un klaxon, c’est sans doute parce tachent clairement du fond sonore Du gazon contre le bruit nette de bicyclette à deux tons qu’elle n’est pas assez riche en hautes ambiant, mais aussi qu’ils soient re- AMBIANCES TRÈS CONTRASTÉES éveille l’imagination et évoque tan- fréquences. » connus sans ambiguïté par les cita- L’équipe a donc décidé d’inverser Son et image sont intimement liés, et le cadre visuel exerce une in- tôt un carillon, tantôt une porte de Cette sémiologie inédite pourrait dins. Or leur présence se fait plus les termes du problème. Elle s’est fluence sur la façon dont est perçu l’environnement sonore : telle est la magasin, tantôt encore un ascen- être exploitée pour remodeler, ou envahissante, avec la multiplication intéressée d’abord aux « représen- conclusion de Stéphanie Viollon, du laboratoire « Mobilités, réseaux et seur. Plus gênant, la sirène d’ambu- plutôt remoduler, les signaux des alarmes de protection contre le tations mentales et linguistiques » territoires » de l’université de Cergy-Pontoise. Ce jeune chercheur a réa- lance n’est reconnue, lorsqu’elle est d’alarme en sélectionnant les para- vol notamment. Comment, alors, des signaux d’alarme, explique Da- lisé une expérience consistant, pour les sujets, à qualifier divers sons assourdie par la circulation, que par mètres physiques des sons les plus atténuer la pollution auditive qu’ils nièle Dubois, directrice du LCPE, – bruits humains (voix et pas), trafic routier, chants d’oiseaux – diffusés 3 % des personnes, 69 % la prenant performants, avec l’objectif de di- génèrent tout en préservant, voire avant de tenter de déterminer sur fond de diapositives variées (forêt, pavillon avec arbres, immeuble). pour un klaxon. minuer leur niveau sonore. Appli- en augmentant, leur efficacité ? quelles propriétés acoustiques ex- Si le décor n’intervient pas sur l’appréciation portée par les cobayes hu- La sirène de police, elle, n’est pas quée à d’autres registres de bruits C’est l’équation complexe que pliquent leur plus ou moins bonne mains sur les bruits d’origine humaine, dont l’écoute semble s’accompa- toujours distinguée de celle d’une urbains, la même méthode pourrait tentent de résoudre les physiciens identification. Cette démarche a été gner d’un « degré d’implication » plus important, les autres stimuli so- ambulance ou d’un camion de pom- contribuer – mais c’est l’affaire des du Laboratoire d’acoustique musi- mise en œuvre dès la phase de nores sont, en revanche, jugés d’autant plus « déplaisants » et piers. « Ne serait-il pas plus simple de aménageurs et non plus des cher- cale (LAM, CNRS, université Pierre- constitution d’un panel sonore : « stressants » que le cadre est plus urbanisé. Une expérimentation simi- choisir un seul signal d’urgence pour cheurs – à rendre la ville moins et-Marie-Curie, ministère de la « Les connaissances actuelles en psy- laire est en cours concernant l’aspect visuel des murs antibruit : à niveau tous les véhicules prioritaires, se de- bruyante et, pourquoi pas, plus mé- culture), en collaboration avec des choacoustique sont issues le plus de décibels égal, un écran semé de gazon ou planté d’arbres paraît plus mande Corsin Vogel, puisque leur lodieuse. linguistes et des psychologues du souvent d’expériences de laboratoire, performant, ce qui pourrait conduire à concevoir des murs de protection unique fonction est de libérer la groupe Langages, cognitions, pra- réalisées dans des conditions très « audiovisuelle ». voie ? » Pierre Le Hir tiques, ergonomie (LCPE, CNRS- éloignées des situations réelles Institut national de la langue fran- d’écoute », note Valérie Maffiolo, çaise). Leur travail, qui s’inscrit dans une jeune thésarde du LAM. Pour un programme interdisciplinaire de éviter ce travers, une sélection d’en- recherche sur l’amélioration de la vironnements sonores représenta- qualité de la vie dans la cité, procède tifs de Paris a été effectuée à partir d’une démarche originale. d’entretiens avec une trentaine « Un signal sonore est bien sûr un d’usagers. Deux ambiances très objet physique que l’on peut décrire contrastées ont ainsi été retenues, Rêves de lapin et instruments de musique virtuels à La Villette LE CONTRASTE avec l’immense l’environnement sonore, comme ce caisse de résonance du grand hall casque antibruit qui détecte le si- de la Cité des sciences et de l’indus- gnal et l’annule en produisant, en trie est frappant : tapissé d’une opposition de phase, un signal mousse antibruit, un tunnel blanc à identique. Un logiciel mis au point l’atmosphère ouatée conduit à l’in- par le Centre scientifique et tech- térieur de la nouvelle exposition nique du bâtiment (CSTB) repro- permanente de La Villette consa- duit les affres des aménageurs : crée aux sons. Quoi de mieux que le quelles protections disposer autour silence pour réveiller l’oreille ? d’une autoroute afin de respecter « Nous avons d’abord voulu révéler les normes à proximité d’une mai- les sons que l’on n’entend plus dans son de retraite ? Attention, il ne suf- notre vie quotidienne », explique fit pas de trouver la solution tech- Françoise Vallas, a qui est revenue nique, il faut aussi tenir les la tâche délicate – et réussie – de re- budgets ! nouveler l’exposition la plus popu- L’aspect le plus fascinant de l’ex- laire de la Cité depuis son ouver- position concerne sans conteste la ture, en 1986. parole, l’audition et le son musical. Un double paysage sculpté par Pas moins de 920 phonèmes, répar- des haut-parleurs permet en ouver- tis en 654 consonnes, 177 voyelles ture de comparer sons des villes (la et 89 diphtongues ont été réperto- place Saint-Sulpice, à Paris) et sons riés dans le monde. Le français n’en des champs (un village du haut Ju- compte que 36. C’est dire que, à ra), tandis qu’une « allée des sons » l’écoute parfois déroutante de réserve bien des surprises. Qui sau- 21 mots recueillis sur les cinq conti- ra distinguer le cri du geai du glisse- nents, on ne fait qu’effleurer cette ment des anneaux sur une tringle à diversité. Qui veut apprendre les rideau ? Un caillou tombant dans langues à tons devra tendre l’eau passera – question de dyna- l’oreille. En mandarin, « ma » signi- mique – pour une goutte ou pour fiera «mère», «insulter», «che- un pavé selon la vitesse de défile- val » ou encore « chanvre », selon ment de la bande enregistrée. Si l’intonation donnée. Un jeu que celle-ci défile en sens inverse, on re- l’on pourrait qualifier de musical connaît toujours les applaudisse- consiste à reconnaître les voyelles ments, mais qu’est devenue la voix dispersées dans un spectre borné humaine ? Un microphone indis- par les sonorités « a », « i » et cret révèle quelques curiosités. On « ou », universelles. Un autre logi- reste ébahi face aux grognements ciel permet de visualiser et modifier d’un lapin rêvant au fond de son les sept paramètres articulatoires terrier du Lubéron, saisis par Knud qui commandent la production de Viktor. L’oreille se régale lorsque ces voyelles. deux escargots grignotent une Enfin, si la musique est aussi une feuille de salade. L’enregistrement vibration de l’âme, les logiciels de est si fidèle que l’on peut distinguer l’Ircam présentés à La Villette per- le passage de la feuille à la nervure, mettent avant tout de sculpter fré- plus craquante. quences et harmoniques. Le temps de constater que, si l’extrait musical 100 000 PIANOS ne comprend ni l’attaque ni le Mais une exposition de la Cité maintien ni l’extinction, il est quasi- des sciences ne serait pas digne de ment impossible de distinguer un ce nom sans une introduction di- piano d’un violon, une voix d’une dactique à la physique du son. En trompette. Un atelier interactif criant dans un tuyau enroulé long offre la possibilité de créer des ins- de 170 mètres, on peut constater truments chimériques, faits de que sa vitesse de déplacement dans cordes, tuyaux frottés, membranes l’air est bien de 340 m/s. Une son- de tailles diverses. Avec un rêve à la nette disposée sous une cloche clé : jouer les dieux Pan soufflant dans laquelle on fait le vide rappelle dans un roseau virtuel pour ressus- que le son est une onde qui a besoin citer une Syrinx numérique. de matière pour se propager. L’échelle permettant de mesurer la Hervé Morin puissance sonore est elle aussi bien singulière : alors qu’il suffit d’un ૽ « Les sons », Cité des sciences et piano pour produire 70 décibels, il de l’industrie, 30, av. Corentin-Ca- en faudrait 100 000 pour atteindre riou, 75019 Paris. Tous les jours sauf 120 dB. le lundi, de 10 heures à 18 heures Ce décortiquage du bruit a donné (19 heures le dimanche). Entrée 50 F naissance à des outils pour agir sur (35 F tarif réduit et le samedi). LeMonde Job: WMQ2805--0030-0 WAS LMQ2805-30 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 09:40 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0458 Lcp: 700 CMYK

30 / LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 AUJOURD’HUI-MODES DE VIE La simplification des appareils électroniques est affaire bien compliquée Souvent dicté par la pression sociale, l’achat d’un produit de haute technicité se transforme souvent en casse-tête anxiogène UN RÉPONDEUR téléphonique pressante. Depuis quelque temps, qui s’entête même si l’on décroche les distributeurs de matériel élec- le combiné, un magnétoscope tronique proposent leur expertise « psycho-rigide » qui, au contraire, et leur médiation active. Il ne s’agit refuse de se mettre en marche au plus seulement de mesurer le rap- moment choisi, les multiples codes port qualité-prix ou de disséquer secrets des téléphones portables, les performances acoustiques ou fonctionnalité » des produits tes- les appels au secours de nouveaux nique, le téléphone portable pro- moindre matière textile, mais les notices d’utilisation en trois vo- visuelles, mais d’évaluer la « prati- tés. convertis, parfois totalement dé- voque lui aussi quelques migraines. commandés par une manette du lumes et mal traduits, ou encore les cité » des produits mis en vente. Ces initiatives, orientées dans le semparés. Langage hermétique, La complexité de l’itinéraire qu’il genre « années 70 ». messages, sur l’écran, du genre Les grands distributeurs spécialisés sens du vent consumériste, re- maîtrise laborieuse des faut suivre pour atteindre un nom Revendication exigeante, l’aspi- « error type file OOCHK » lorsque entendent ainsi faire avancer la flètent le caractère parfaitement commandes en arborescence, sen- dans le répertoire est unanime- ration à la simplicité à tout crin cause du consommateur auprès anxiogène d’un certain nombre timent de ne pas avoir le droit à ment critiquée alors que les rédac- connaît pourtant ses propres li- des fabricants. Filiale du groupe d’achats ménagers. Générateur nu- l’erreur et conscience de l’obsoles- teurs des notices explicatives sont mites. Elle est, tout d’abord, évolu- On ne saurait Auchan spécialisée dans la vente méro un d’adrénaline : le rayon in- cence ultra-rapide du matériel. voués aux gémonies, tout comme tive. « En informatique, la part d’électroménager, Boulanger formatique. Alors que les fabri- Certains témoignages recueillis par les codes secrets qu’il faut égrener grandissante des achats de renouvel- négliger la dose (50 magasins à travers la France) cants ont réalisé d’énormes efforts Boulanger auprès de ses clients tra- en toute circonstance. Un client ré- lement – désormais 40 % des ventes brandit la bannière de « la simplici- de simplification au cours des der- duisent bien l’anxiété, voire l’in- sume parfaitement la contradic- – reflète un gain d’expérience, fait de stress que peut té d’usage ». Début mai, cette en- nières années, l’arrivée en masse de compréhension totale, devant l’in- seigne a publié une liste de pro- néophytes a fait grimper les at- formatique. Croyant bien faire, engendrer un four duits « 100 % facile » La Fnac, qui tentes dans des proportions telles certains débranchent purement et Pris d’assaut, les services de dépannage intègre déjà cette dimension dans que les progrès intervenus en ma- simplement l’appareil en cas de à micro-ondes l’attribution des « étoiles » décer- tière de « convivialité » sont brus- blocage. Plus largement, observe-t- par téléphone des distributeurs sont saturés nées par ses laboratoires d’essai, quement devenu insuffisants. on chez Boulanger, l’idée selon la- aux commandes proposera à l’automne une grille Prises d’assaut, les hot-lines (ser- quelle « l’ordinateur est une ma- par les appels au secours de nouveaux élaborée avec des ergonomes. Elle vices de dépannage par téléphone) chine très capricieuse », voire per- futuristes distinguera encore davantage « la des distributeurs sont saturées par verse, s’est solidement installée. convertis, parfois totalement désemparés Bien malgré elles, les campagnes de prévention du bogue de l’ordinateur est bloqué. La société Boulanger veut jouer « la mouche du coche » l’an 2000 y contribuent sans doute. tion : « Un portable, c’est fait pour remarquer Victor Jachimowicz, di- moderne a, certes, engendré des « De toute façon, se désespère un aller vite. Alors, on ne va tout de recteur des laboratoires d’essai de maux pires que ceux-là. On ne sau- Elaborée à partir de critères forgés après avoir mis à contribution débutant, je ne sais jamais si c’est même pas sortir des bouquins pour la Fnac, qui met en exergue la dif- rait pourtant négliger la dose de quelque 300 « clients-partenaires » répartis au sein de quatorze l’ordinateur ou moi qui se plante. » s’en servir ! » fusion, lente mais réelle, des systèmes stress que peut engendrer un four à groupes de travail, le label « 100 % facile » de Boulanger a été attribué Le vertige qui étreint le consom- Le stress ne vaut pas seulement de commande en arborescence di- micro-ondes aux commandes futu- à 80 produits sur un total de 5 000 références et quatorze familles de mateur tient aussi à l’environne- pour les produits nouveaux (et le rectement hérités de l’informa- ristes mais inopérantes, une télé- matériels. Selon cette « charte », les chaînes hi-fi ne doivent pas être ment dans lequel s’inscrit sa dé- magnétoscope, éternelle lanterne tique ». La facilité d’usage peut commande de télévision aussi dotées d’un bouton multifonction, les télécommandes ne présentent marche. Tous les distributeurs en rouge du championnat de la aussi se heurter au mur des habi- compliquée qu’un tableau de bord que les fonctions principales et les commandes des Caméscope conviennent : souvent, l’acquisition commodité d’usage). Le consom- tudes. Margherita, le dernier lave- de Boeing, mais incapable de pro- doivent être accessibles mais bien espacées. d’un micro-ordinateur est davan- mateur n’est pas davantage dispo- linge d’Ariston, ne propose que grammer le magnétoscope, ou une Dans le domaine informatique, les logiciels et périphériques tage dictée par la pression sociale sé à s’impliquer dans le fonctionne- sept programmes de lavage, au lieu touche multifonction qui trans- doivent faire apparaître sur l’écran et en français les opérations à ef- que par un véritable désir d’achat. ment d’un banal réfrigérateur ou de 18 précédemment, et, surtout, le forme le réglage du son en inter- fectuer. « Nous sommes la mouche du coche, se réjouit Benoît Le- « C’est un acte angoissant. Les gens lave-linge. Quitte à le sous-utiliser réglage s’effectue en indiquant le vention de haute technicité. gendre, directeur du marketing de Boulanger. Il n’est pas normal que, se disent, sans trop savoir, qu’un or- sans une once de mauvaise type de textile concerné plutôt que Faites simple ! Cette exigence des pour des raisons d’économies, la commande marche/arrêt de la plupart dinateur est peut-être crucial pour conscience (qui se vante d’utiliser la température désirée, éventuelle consommateurs ne date pas d’hier, des écrans d’ordinateurs soit située à l’arrière. De même, il faut générali- l’avenir de leurs enfants », reconnaît le « programme différé » de son source d’erreurs. Simple et lo- mais elle devient visiblement plus ser la codification en couleur des branchements. » un spécialiste. four ?). « C’est simple : sur nos lave- gique ? Oui, mais un peu trop. Se- « Même si cela ne durera pas éter- linge, nous cachons tout ce qui peut lon son concepteur, le modèle nellement, il existe un frein à l’explo- ressembler à de l’électronique, sou- Margherita devrait surtout avoir du sion commerciale du PC, car ce pro- ligne Claire Dixneuf, responsable succès auprès d’une clientèle duit reste complexe à utiliser, estime du marketing chez Merloni (Aris- avant-gardiste, attirée par la nou- Philippe Poels, secrétaire général ton, Scoltes, Indesit). Il faut bannir vauté, alors que la majorité s’en de Sony-France. Quant aux distribu- les programmes défilants et le ban- tiendra aux bons vieux réflexes. Fi- teurs, ils font l’apprentissage d’un deau électronique, car la robustesse nalement, la simplicité est une no- nouveau métier : vendre des produits est synonyme de simplicité. » Résul- tion très complexe. informatiques au grand public. » tat : des appareils bourrés de logi- Autre best-seller de l’électro- ciels capables de s’adapter à la Jean-Michel Normand Le magnétoscope, souffre-douleur du rayon hi-fi IL Y A ceux qui savent et ceux qui ne savent pas, sée à partir de l’écran à cristaux liquides de la télé- ne savent plus ou ne veulent plus rien savoir. Un commande. Les manipulations ont été fortement jour, les premiers se sont dit qu’il fallait s’y colleter réduites sur les modèles disposant de l’option show et que l’on pouvait tout de même venir à bout d’un view (à chaque émission correspond un code numé- magnétoscope. Rageurs ou résignés, les autres ont rique). Ce système a eu davantage de succès que la abandonné la partie. Nobuyuki Idei, président de programmation par codes à barres, mais il souffre Sony, n’a-t-il pas souvent reconnu que « le magné- de ne pas être généralisé et pâtit du non-respect toscope est un produit beaucoup trop compliqué » ? des horaires de diffusion par les chaînes, et certains Victime de son image rébarbative, ce produit est abonnés au câble se plaignent de ne pouvoir devenu le souffre-douleur du rayon hi-fi. Après l’utiliser. vingt ans de carrière dans les salons, on lui reproche pêle-mêle ses branchements multiples et foison- LES AFFRES ET LES TOURMENTS nants, surtout lorsqu’il faut intégrer un décodeur ou D’autres services, fort pratiques, sont eux aussi un boîtier de connexion au câble, sa télécommande difficilement accessibles, malgré les efforts réalisés qui s’ajoute à celle de la télévision et, surtout, le cal- par les fabricants de magnétoscopes. Le PDC (pro- vaire de la programmation. Une opération compli- gram delivery control), qui déclenche l’enregistre- quée et aléatoire. ment à la suite de l’envoi, par la chaîne, d’un signal Procès excessif, voire injuste ? « N’exagérons rien, dès le début de l’émission, n’est opérationnel que plaide Victor Jachimowicz (Fnac). Utiliser un magné- sur la Cinq et Arte. Quant au Next View, une sorte de toscope n’est pas plus difficile que régler un réveil nu- guide électronique des programmes capable d’indi- mérique. Le plus souvent, ce sont les utilisateurs irré- quer en clair les émissions à venir – et, le cas guliers qui sont en difficulté : entre deux échéant, de les enregistrer –, il n’est accessible que programmations, ils oublient la procédure et doivent sur Canal+ et M6. repartir de zéro en se replongeant dans le manuel. » Pourtant, assurent les experts, les affres et les La preuve : les magnétoscopes représentent une tourments de la complexité seront bientôt balayés part très minoritaire et sensiblement décroissante par les bienfaits d’une technologie efficace et atten- des appels reçus par la hot-line de la Fnac. Loin der- tionnée. Philippe Poels, secrétaire général de Sony- rière l’informatique et le téléphone portable. France, prévoit un avenir radieux pour le magnéto- N’en déplaise aux sceptiques, le magnétoscope a scope. « Lorsque l’on pourra enregister des DVD, il est bénéficié d’améliorations pratiques non négli- probable que la programmation sera beaucoup plus geables au cours de la dernière période. Depuis simple. Dans dix ou quinze ans, on utilisera sans trois ou quatre ans, les nouveaux modèles se doute une commande vocale à partir d’une sélection « calent » directement sur les canaux de la télévi- réalisée directement à partir de ses préférences. » Vi- sion, de manière automatique, et les procédures de vement 2015 ! sélection ont été simplifiées, mais une bonne partie du public reste allergique à la programmation réali- J.-M. N. LeMonde Job: WMQ2805--0031-0 WAS LMQ2805-31 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 10:26 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0459 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 / 31 ------Journée estivale 28 MAI 1999 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI, un vaste anticy- neront, avec quelques orages iso- vers 12h00 DU VOYAGEUR clone est situé sur la France jus- lés sur le relief en fin de journée. Il qu’à la Méditerranée. Un front fera de 23 à 27 degrés du nord au Peu orageux s’évacue vers l’est du sud l’après-midi. Belfast nuageux a BELGIQUE. La chaîne française pays, en s’atténuant dans les Poitou-Charentes, Aquitaine, Liverpool Libertel vient de prendre la gestion Dublin hautes pressions. Le soleil revient Midi-Pyrénées.– Le ciel sera nua- Varsovie Kiev de son premier établissement à par l’ouest, avec des températures geux le matin, avec des éclaircies l’étranger, le City Garden, situé au Amsterdam Berlin Brèves agréables. de plus en plus belles. L’après-mi- éclaircies cœur du quartier du Parlement eu- Bretagne, pays de Loire, di, le soleil sera au rendez-vous. Londres ropéen, à Bruxelles. De catégorie 50 o Bruxelles Basse-Normandie.– Nuages et Les températures maximales avoi- Prague « grande tradition » (l’équivalent éclaircies alterneront le matin, sineront 24 à 27 degrés. Couvert d’un trois-étoiles +), il compte 96 puis l’après-midi le soleil brillera Limousin, Auvergne, Rhône- Paris Strasbourg Vienne chambres rénovées et décorées Budapest largement. Le vent de sud-ouest Alpes.– Sur le Limousin, les Brume dans le style médiéval « bruegé- soufflera à 60 km/h en rafales près nuages du début de matinée lais- Nantes lien », à partir de 880 F (134 ¤). Ré- Berne brouillard des côtes. Les températures maxi- seront place rapidement au soleil. Bucarest servations au 08-00-06-12-12. males avoisineront 20 à 23 degrés. Sur Rhône-Alpes, le ciel sera très Lyon Milan a CHILI. Nouveau membre de Nord-Picardie, Ile-de-France, nuageux le matin, avec des ondées Belgrade Sofia Averses One World, Lan Chile, la compa- Centre, Haute-Normandie, Ar- orageuses locales, puis de belles Toulouse Istanbul gnie nationale chilienne, devient le dennes.– Ciel encore nuageux le éclaircies l’après-midi. En Au- huitième transporteur, aux côtés matin, avec des éclaircies de plus vergne, les nuages et les éclaircies Rome Pluie d’American Airlines, British Air- en plus belles au fil des heures. alterneront. Il fera de 24 à 28 de- Barcelone Naples ways, Canadian, Cathay Pacific, L’après-midi, temps bien ensoleil- grés l’après-midi. 40 o Madrid Qantas, Finnair et Iberia, de l’al- lé. Il fera de 23 à 26 degrés au Languedoc-Roussillon, Pro- Lisbonne Athènes Orages liance aérienne. Elle vise à offrir à meilleur moment de la journée. vence-Alpes-Côte d’Azur, ses clients, à partir de l’an 2000, Champagne, Lorraine, Alsace, Corse.– Quelques nuages bas Séville souplesse de réservation et réseau Bourgogne, Franche-Comté.– masqueront le soleil par endroits Tunis Neige mondial en commun informatisé. Nuages nombreux le matin, avec le matin, mais le soleil sera prédo- Alger Lan Chile dessert 16 villes au Chili des ondées orageuses. L’après-mi- minant. Il fera 24 à 27 degrés au et relie 22 destinations dans di, les nuages et les éclaircies alter- meilleur moment de la journée. Rabat 0o 10o 20o Vent fort 16 pays, au moyen de 46 appareils.

PRÉVISIONS POUR LE 28 MAI 1999 PAPEETE 25/29 P KIEV 11/22 S VENISE 19/27 S LE CAIRE 18/30 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 25/32 S LISBONNE 15/20 C VIENNE 15/25 S MARRAKECH 16/29 C et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 21/28 N LIVERPOOL 12/17 N AMÉRIQUES NAIROBI 15/24 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. EUROPE LONDRES 14/20 N BRASILIA 16/28 S PRETORIA 4/21 S AMSTERDAM 15/19 P LUXEMBOURG 15/19 P BUENOS AIR. 12/15 P RABAT 13/22 C FRANCE métropole NANCY 16/24 C ATHENES 19/25 S MADRID 16/30 C CARACAS 25/31 C TUNIS 17/31 N AJACCIO 15/24 S NANTES 13/23 S BARCELONE 17/23 C MILAN 18/28 N CHICAGO 12/29 S ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 15/25 N NICE 16/22 S BELFAST 13/19 P MOSCOU 11/20 N LIMA 13/22 S BANGKOK 24/33 C BORDEAUX 15/26 N PARIS 16/25 S BELGRADE 15/25 S MUNICH 11/26 S LOS ANGELES 18/23 S BOMBAY 26/32 S BOURGES 16/25 S PAU 15/25 N BERLIN 15/28 S NAPLES 17/27 S MEXICO 15/21 P DJAKARTA 26/30 N BREST 12/19 N 16/23 S BERNE 11/21 P OSLO 7/20 S MONTREAL 11/23 S DUBAI 26/38 S CAEN 14/19 N RENNES 13/23 S BRUXELLES 16/21 P PALMA DE M. 18/27 C NEW YORK 14/23 S HANOI 25/31 C CHERBOURG 13/19 N ST-ETIENNE 14/26 N BUCAREST 13/24 N PRAGUE 13/27 S SAN FRANCIS. 12/19 S HONGKONG 22/25 C CLERMONT-F. 15/26 N STRASBOURG 16/25 C BUDAPEST 15/25 S ROME 17/25 S SANTIAGO/CHI 4/10 N JERUSALEM 18/30 S DIJON 14/24 N TOULOUSE 15/27 N COPENHAGUE 11/20 S SEVILLE 14/29 C TORONTO 11/23 S NEW DEHLI 25/41 S GRENOBLE 14/28 N TOURS 14/25 S DUBLIN 13/19 C SOFIA 13/22 S WASHINGTON 14/27 S PEKIN 16/26 S LILLE 16/23 N FRANCE outre-mer FRANCFORT 15/25 S ST-PETERSB. 8/16 N AFRIQUE SEOUL 14/22 S LIMOGES 14/25 N CAYENNE 23/29 P GENEVE 14/24 S STOCKHOLM 11/19 S ALGER 16/31 N SINGAPOUR 27/31 S LYON 15/27 N FORT-DE-FR. 25/31 S HELSINKI 7/16 S TENERIFE 14/20 C DAKAR 23/27 N SYDNEY 9/19 S MARSEILLE 17/27 S NOUMEA 22/25 C ISTANBUL 16/23 S VARSOVIE 11/23 S KINSHASA 21/30 S TOKYO 20/24 C Situation le 27 mai à 0 heure TU Prévisions pour le 29 mai à 0 heure TU

VENTES

DÉPÊCHES Louis XIV raconté par ses monnaies Calendrier a Onzième Salon du livre ancien. La Maison de la mutualité accueille, pen- LOUIS XIV, figure emblématique nu pour une frappe courante, et du règne de Louis XIV, les réforma- ANTIQUITÉS 20 F (3,05 ¤). dant quatre jours, des libraires du de la royauté française, a inspiré un dont on ne connaît que trois exem- tions consistent à frapper de nou- b Nice (Alpes-Maritimes), b Oloron-Sainte-Marie monde entier, qui vont remplir la Mu- collectionneur de numismatique. Le plaires. Il représente le jeune roi velles monnaies directement sur les Salon des antiquaires, jardin (Pyrénées-Atlantiques), tualité avec près de 20 000 volumes. résultat de cette quête livre aux en- alors âgé de sept ans, couronné de anciennes, sans passer par le stade Albert-Ier, du 28 mai au 1er juin, antiquités-brocante, salle Les plus anciens sont des manuscrits chères une collection d’un niveau lauriers et cuirassé à l’antique, avec de la refonte et de la fabrication de de 12 heures à 20 h, Palas, du 29 au 30 mai, de du IXe au XVe siècle, les plus récents des exceptionnel, qui sera vendue à un revers très inhabituel où la flancs neufs pour la nouvelle em- 50 exposants, entrée 36 F 10 heures à 19 heures, livres illustrés par les grands peintres Drouot les mardi 8 et mercredi France, sous la forme d’une allégorie preinte. Les résultats sont de (5,50 ¤). 55 exposants, entrée 20 F ou habillés de reliures somptueuses. 9 juin. à demi-étendue, tient une médaille à curieuses monnaies à gravures b Marseille (3,05 ¤). ૽ Salon du livre ancien, Maison de la La numismatique de Louis XIV se l’effigie royale et une couronne doubles, brouillées et portraits en- (Bouches-du-Rhône), b Strasbourg (Bas-Rhin), mutualité, 24, rue Saint-Victor, 75005 caractérise par la beauté et la no- (45 000 F, 6 870 ¤). Excessivement chevêtrés. Là encore, les prix dé- antiquités-brocante, Parc-expo, puces brocante, Parc-expo Paris, du 27 au 30 mai, de 11 à blesse des portraits du roi, et leur rare, le double louis d’or «à la pendent de la rareté : demi-louis du 28 au 30 mai, de 9 h 30 à Wacken, Hall 20, du 29 au 19 heures, entrée 50 F (7,63 ¤). grande variété. Outre leur rôle mèche courte », qui avait une grosse d’or à l’écu (5 000 F, 760 ¤), louis à 19 heures, 100 exposants, 30 mai, le samedi de 10 heures économique, les monnaies an- valeur monétaire, a été tiré à l’écu de Béarn, une pièce dont une entrée 25 F (3,81 ¤). à 19 heures, le dimanche de a Résultat. Une vente d’art déco qui ciennes servaient à faire connaître 1 582 exemplaires, dont une dou- douzaine d’exemplaires sont passés b Paris, Ecole militaire, 9 heures à 19 heures, s’est déroulée le 19 mai à l’espace Tajan au peuple l’image de leurs diri- zaine circulent encore actuellement en ventes publiques en plus d’un antiquités-brocante, du 28 mai 185 exposants, entrée 25 F a vu son estimation globale de geants, et occasionnellement d’ins- (120 000 F, 18 300 ¤). Les spécialistes siècle ; celle-ci provient d’un trésor au 6 juin, de 11 heures à (3,81 ¤). 7 millions de francs atteindre truments de propagande, quand de évaluent le tirage d’un louis d’or découvert près de Pau en 1990 20 heures, 100 exposants, b Gournay-sur-Marne 18 400 000 francs (2 809 160 ¤). Parmi nouvelles frappes célébraient leurs courant, par exemple le modèle dit (80 000 F, 12 200 ¤). L’art numisma- entrée libre. (Seine-Saint-Denis), Salon des les pièces prestigieuses, un lampadaire victoires. Sous Louis XIV, un règne « au buste juvénile », de 1672, à un tique propose aussi de très belles b Valençay (Indre), Salon des antiquaires, salle des fêtes, du en bronze de Rateau s’est vendu de soixante-douze ans d’une lon- peu moins de trois millions d’exem- monnaies de collection à petits prix, antiquaires, salle des fêtes, du 29 au 30 mai de 9 h 30 à 3,8 millions de francs (580 000 ¤)... gueur unique dans l’histoire de plaires, ce qui explique une notable par exemple le demi-écu d’argent 28 au 30 mai, de 10 heures à 19 heures, 25 exposants, entrée ૽ Espace Tajan, 37, rue des Mathu- France, les guerres incessantes ame- différence de prix (10 000 F, 1 500 ¤). « aux trois couronnes » (1 500 F, 19 heures, 25 exposants, entrée 15 F (2,29¤) rins, 75008 Paris, tél. : 01-53-30-30-30. nèrent de nombreux changements Autre rareté, le lis d’or est une tenta- 230 ¤). 15 F (2,29 ¤). b Pontoise (Val-d’Oise), des types monétaires. Le Roi-Soleil, tive de créer une nouvelle monnaie b Cour Cheverny brocante, hall Saint-Martin, a Art déco international. La galerie qui accordait une grande impor- d’or pour contrer les habiles faus- Catherine Bedel (Loir-et-Cher), Salon des Parc-expo, du 29 au 30 mai, de Eric-Philippe expose jusqu’au 12 juin tance à sa représentation sur les saires de l’époque. Cette frappe, où antiquaires, salle des fêtes, du 9 heures à 19 heures, les créations d’artistes suédois, danois, monnaies, a laissé de lui une série de figurent deux anges au lieu du por- ૽ Drouot-Richelieu, mardi 8 et mer- 29 au 30 mai, de 10 heures à 80 exposants. autrichiens, japonais, suisses ou polo- portraits très réalistes, où sont repré- trait royal, n’eut aucun succès, et elle credi 9 juin. Expositions les matins 20 heures, 20 exposants, entrée nais, etc. Des meubles, des objets d’art, sentés tous les âges de son règne. a été démonétisée deux ans après sa des ventes de 11 heures à 13 heures, 18 F (2,75 ¤). COLLECTIONS des céramiques et des tableaux font Le plus ancien, qui remonte à fabrication (20 000 F, 3 000 ¤). En- étude Delorme-Fraysse, 29, rue b Crépy-en-Valois (Oise), b Saint-Émilion (Gironde), découvrir l’unité de ce style à travers 1645, est le rarissime demi-écu core plus rare, le lis d’argent a été fa- Notre-Dame-des-Victoires, 75002 Pa- Salon des antiquaires, Abbaye Bourse cartes postales et ses facettes multiples. d’argent « à la monnaie couchée », briqué pendant trois mois (25 000 F, ris, tél. : 01-55-35-31-50. Expert : de Saint-Arnoul, du 29 au timbres, Salle des Dominicains, ૽ Galerie Eric-Philippe, 25, galerie Vé- gravé par Jean Warin. Il s’agit d’un 3 800 ¤). Alain Weil, 54, rue de Richelieu, 30 mai, de 10 heures à rue Guadet, du 29 au 30 mai, ro-Dodat, 75001 Paris, tél. : 01-42-33- essai monétaire qui n’a pas été rete- Spécifiques de la numismatique 75001 Paris, tél. : 01-47-03-32-12. 19 heures, 20 exposants, entrée de 8 heures à 19 heures. 28-26, jusqu’au 12 juin.

Ł SOS Jeux de mots : MOTS CROISÉS PROBLÈME No 99125 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). L’ART EN QUESTION No 119 En collaboration avec

Personnel. – 6. Point dans l’eau. A la sortie de Paris. Poussa le bou- Inspiré de l’antique chon un peu trop loin. – 7. Chargé Jean-Jacques, négativement. Liaisons franci- dit James, NÉ À GENÈVE, James Pradier se liennes. – 8. Art ou pollution de la Pradier destine tout d’abord à la gravure de rue. Machine de guerre ou cerceau. (1790-1852), médailles. Vivant Denon, directeur gé- – 9. Un début d’illusion. Prêtes à la « Femme néral des Musées de France, le dé- tâche. – 10. Supprimait. Une goutte mettant couvre lors d’un séjour en Suisse et le de pétrole. – 11. Moyen de défense son bas » fait venir à Paris, où il est admis à qui reste souvent sur sa fin. (1840). l’Ecole des beaux-arts en 1809. Après Plâtre, avoir reçu le Grand Prix au concours Philippe Dupuis h : 28 cm. de Rome en 1813, il effectue le tradi- Montargis, tionnel voyage en Italie. Il s’intéresse SOLUTION DU No 99124 Musée plus à l’art antique qu’au modèle vi- Girodet. vant et, de retour à Paris, rencontre HORIZONTALEMENT très vite un grand succès, triomphe au I. Guillemeter. – II. Annuité. Ami. Salon, enseigne aux Beaux-Arts et re- – III. Rif. Sacrums. – IV. Golden. çoit de nombreuses commandes pu- Aras. – V. ONU. Ugolin. – VI. Ers. bliques. Ranch. – VII. Ignées. Hé. – VIII. Le plâtre de la Femme mettant son Luta. Arthur. – IX. Le. Copieurs. – X. bas, conservé à Montargis, rappelle Epi. Mie. Tee. – XI. Sermonneuse. par ses petites dimensions que le sculpteur réalisait souvent des for- VERTICALEMENT mats réduits avant d’agrandir ses 1. Gargouilles. – 2. Union. compositions. Cette statuette connut HORIZONTALEMENT sonnel. – IX. Rayée de la carte en Guêpe. – 3. Influent. Ir. – 4. Lu. un grand succès d’édition, de même 1991. Livre ses secrets après ouver- Réac. – 5. Liseuse. Omo. – 6. Etang. qu’une autre œuvre de Pradier, ren- I. Coup de frein sur les plaisirs. – ture. – X. Prend conscience. Por- Sapin. – 7. Mec. Or. Rien. – 8. Râla. due populaire par les reproductions et II. Champignons très actifs. Grave teur de grains. – XI. Rendre à l’état Té. – 9. Taurin. Hutu. – 10. Emman- conservée aujourd’hui au Musée d’Or-

pour une femme. – III. Tranchant. civil. chures. – 11. Riss. Hersée. MONTARGIS GIRODET, MUSÉE say à Paris : Ouverte à tous les membres. b Odalisque assise ? Recommence toujours en janvier. VERTICALEMENT b Sapho ? – IV. Pain sec. Apparence générale. b Tanagra ? – V. Donne le choix. Ne pas être 1. Passent la brosse dans le sens dedans pose problème... l’inverse du poil. – 2. Vient d’arriver. Engrais Réponse dans Le Monde du 4 juin. aussi. – VI. Bien pleine. Forme industriel. – 3. Membrane oculaire. d’avoir. – VII. Pas de chez nous. – On y prépare l’euro. – 4. Permet de Solution du jeu no 118 paru dans Le Monde du 21 mai. VIII. Attrapés dans un sens, coule reprendre courage. Lettres de Comme l’indique l’inscription répétée deux fois près de lui, l’abbé Mé- dans l’autre. Juste la moyenne. Per- salut. – 5. Préparera les lauriers. na était le supérieur du monastère copte de Baouit. LeMonde Job: WMQ2805--0032-0 WAS LMQ2805-32 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 09:42 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0460 Lcp: 700 CMYK

32 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999

ART ET HISTOIRE La mémoire symboles de l’ancienne Allemagne de une exposition d’art contemporain sur dredi 28 mai, des tables rondes réunis- proposer une œuvre qui serait publiée suscite de nombreux débats à Berlin, l’Est, de la prolifération des monu- le thème de la mémoire à travers l’ar- sant des philosophes, des scienti- sur une pleine page du journal. L’ar- au moment de choisir l’emplacement ments et s’interroge sur la façon de chitecture et les arts. En ouverture de fiques, des historiens, des architectes tiste a livré cette image d’un sourire de son Mémorial de l’Holocauste. La conserver le souvenir de la Shoah. cette manifestation, Le Monde et et des artistes. b LE MONDE a deman- anonyme tiré de l’oubli, qui prend ville s’inquiète de l’effacement des b LA VILLA MÉDICIS, à Rome, accueille l’Académie de France organisent, ven- dé à l’un d’eux, Christian Boltanski, de place dans son travail sur la mémoire. Berlin à la recherche du monument-symbole Comment inscrire l’Histoire dans la pierre, comment lire les ruines ? Depuis la chute du Mur, la capitale allemande débat autour des architectures destinées à commémorer les événements tragiques du XXe siècle PARIS-ROME-ATHÈNES était lien Carlo Scarpa –, les mo- l’essentiel, ou désolants comme le jadis le circuit obligé des jeunes ar- numents que les nazis se Mémorial de la persécution, la vil- Carte blanche chitectes. Un périple minimal au- promettaient d’ériger aux futurs la sur le Wannsee où fut décidée le quel on pouvait ajouter à son gré héros de la guerre... Et un article- « solution finale » en 1942. Enfin, à Christian Boltanski Alexandrie, Constantinople ou charnière de Thomas Hoffmann, le Mémorial national de Sachsen- Baalbek. Mais qui s’intéressait au- qui disposait déjà du projet de Da- hausen, (1958-1961) édifié à l’em- ALBUMS DE FAMILLE, delà du dessin à ce qui remuait en- niel Libeskind pour le Musée juif placement du camp ouvert en 1936 inventaires d’objets ayant core sous les pierres visitées, aujourd’hui achevé, des résultats près d’Oranienburg, souligne as- appartenu à x, y ou z, souvent déjà converties en car- d’une compétition avortée pour le sez la proximité géographique du reconstitutions de vies rières ? site de la Prinz-Albrecht Strasse, génocide. d’inconnus, photos d’élèves de La donne a changé, la mémoire ancien centre de la terreur nazie, Berlin n’a cependant toujours CES, de membres du Club Mickey, n’est plus ce qu’elle était. A Rome enfin des plans pour le Musée de pas de monument à l’Holocauste. photos d’adultes, photos de ou à Athènes, beaucoup moins à l’Holocauste... à Washington. La forme qu’il doit prendre, Suisses, d’Allemands, de Paris, qui reste cependant pétrifiée En 1993, quatre ans après la comme son emplacement, sa Français... Depuis trente ans, comme un gâteau bavarois, l’ar- chute du Mur, un numéro de Dai- taille, sont autant d’objets de polé- Christian Boltanski conduit une chéologie est devenue l’ombre dalos consacré au monument miques, inévitables mais pénibles. œuvre qui transforme des traces portée de l’urbanisme et impose (« Denkmal ») fait bénéficier d’une Le site du projet lauréat de l’Amé- banales de la vie d’individus en de subtils dosages entre la vieille égale approche la destruction des ricain Peter Eisenmann, dans sa images d’identité collective. pratique de la table rase et la ten- édifices érigés par la RDA à la dernière formule (mémorial avec Depuis trente ans, Christian tation de transformer les villes en gloire du socialisme, les grandes centre de documentation), se Boltanski met en jeu la mémoire gruyères polysémiques. Le projet réalisations ante mortem de Fran- trouve sous les fenêtres de la fu- de l’homme, de l’enfant qui meurt urbain et l’archéologie sera le çois Mitterrand à Paris, une flopée ture ambassade des Etats-Unis, et dans l’adulte, de l’adulte thème de rencontres, début juin à d’œuvres d’artistes, d’où se dé- en partie sur la zone que les Amé- confronté à la vie, donc à la mort. l’Institut français d’Athènes, pour tachent aisément celles de Jochen ricains estiment devoir contrôler Depuis trente ans, par ses images, analyser, évidemment en termes Gerz. Apparaît alors pour Berlin le pour leur sécurité. Une situation leur mise en scène et en lumière plus choisis, le nombre et la taille projet de l’architecte suisse Peter conflictuelle, prévisible et gro- rappelant tantôt des autels, tantôt des trous nécessaires et suffisants Zumthor, lauréat pour le monu- tesque, puisqu’elle finit par oppo- des murs d’archives, pour conserver leurs vertus paysa- ment de la Prinz-Albrecht Strasse, ser libérateurs et martyrs. il construit un musée, des gère et historique à ces cités-fro- « Topographie de la Terreur », à la Beaucoup pensent que le Musée monuments à l’homme anonyme. mages. fois lieu de commémoration et juif dessiné par Libeskind, tou- Son médium : la photographie. Le colloque de la Villa Medicis à centre de documentation. Un bâti- jours vide mais déjà ouvert au pu- Des photographies d’amateurs un Rome, ville qui vient de confier ment en cours d’achèvement près blic, ferait en soi le plus specta- peu floues, ou des portraits de l’architecture de son futur musée des marges effacées de ce qui fut culaire mémorial. Difficile, voire photographes professionnels que d’art contemporain à l’expressive le mur de Berlin. impossible à utiliser comme mu- l’artiste trafique par le et spectaculaire Zaha Hadid, aura En 1995, Daidalos prend pour sée historique – un paradoxe ma- grossissement et l’accentuation permis d’ici là de déterminer quel thème « Memoria » – une antici- nifestement organisé par l’archi- des contrastes du noir et du blanc. BITTER & BREDT rôle peut jouer la création pation assez exacte de ces jour- Le Musée juif de Berlin, conçu tecte –, ce chef-d’œuvre de Dans tous les cas, ce sont des contemporaine près de ces belles nées de la Villa Medicis. On y re- par l’architecte Daniel Libeskind. l’expressionnisme contemporain images qui brouillent et rongent endormies. trouve Albert Speer et ses est surtout et sans cesse une évo- les traits, dépersonnalisent. Des monuments triomphants. La mé- mémoire, ont eux-mêmes beau- sous les pas des passants. Chaque cation fracassante de la Shoah. Ce images souvent terribles de moire des pierres y est spécifique- coup valsé. L’Alte Wache, le mo- épisode des douze années du na- que déplore une partie de la moments de vie arrêtés on ne sait L’archéologie ment évoquée, comme la question nument aux morts de la RDA, ins- zisme trouve ainsi son lieu de communauté juive ainsi lésée de la quand, ni où, et qui laissent à des reconstitutions et celle du de- tallé dans un chef-d’œuvre commémoration, le monument de part pacifique de son histoire. l’oubli et à la mort le temps de est devenue venir des fouilles archéologiques néoclassique de l’architecte Peter Zumthor étant appelé à mar- D’autres estiment qu’un monu- faire leur œuvre. Des images dans les villes. Les premières pho- Schinkel, a été « redécoré » sur quer en son centre la face poli- ment moins hypertrophié que le de visages qui sont la proie l’ombre portée tographies du chantier du Musée l’initiative personnelle de Helmut tique et militaire de cette tragédie. projet Eisenmann pourrait trouver d’ombres et de lumières, qui juif sont publiées, et Libeskind se Kohl. Seul le Palais de la Répu- L’édifice, lieu de souvenir, d’ex- sa place face au nouveau Reich- permettent à chacun d’imaginer de l’urbanisme voit créditer du don de fabriquer blique , construit par la RDA, reste position, de documentation, se ré- stag ou à la Chancellerie, mais une histoire. Une petite histoire, la mémoire. en stand by en attendant qu’une vèle évidemment nécessaire alors cette position centrale de la mé- ou un pan d’histoire. Comme le suggère ce fragment histoire moins impatiente tranche que la capitale redresse ses der- moire ne paraît pas susciter l’en- A l’occasion des tables rondes sur Pourtant, ce n’est plus à Rome, d’inventaire, Daidalos aborde ainsi sur ses vertus symboliques. nières ruines et réintègre, en leur thousiasme... le thème de la mémoire que ni à Paris, ni à Venise, que se pose dans toute sa diversisté la ques- Un deuxième débat, générale- donnant de nouvelles fonctions, D’autres encore ont brûlé les Le Monde organise, vendredi la question de la mémoire, deve- tion des rapports entre architec- ment évoqué à mi-voix, porte sur les glorieux ministères de Goeb- étapes : leur préoccupation est la 28 mai, avec la Villa Médicis nue affaire d’entretien. Il suffit ture et mémoire. On y voit s’orga- la prolifération des monuments, bels et Goering. sauvegarde de ce qui reste du Mur. parallèlement à l’exposition « La d’évoquer Varsovie, Beyrouth, niser, autour des réalisations de telle en effet que nombre d’entre Troisième et principal débat, ce- Une mémoire chasse l’autre. Aussi ville, le jardin, la mémoire », notre Phnom Penh, Auschwitz, Weimar Libeskind et de Zumthor, une par- eux ont perdu leur sens, engloutis lui qui tient à la Shoah. La ques- les plus sages (?), qui se sou- journal a donné carte blanche à (qui traîne avec elle le nom fu- tie de la scène berlinoise, restée au par le formidable marais du sou- tion n’a jamais été éludée, mais viennent de l’emballage du Reich- Christian Boltanski. L’artiste nous neste de Buchenwald) ; Berlin en- fond assez consensuelle sur la venir. Ainsi s’efface, sur Bebel n’a jamais été et ne sera sans stag par Christo, préconisent-ils de a livré ce portrait sans titre et sans fin, ville-terminus du XXe siècle de- nécessité du souvenir. Mais une Platz, au cœur de la ville, le souve- doute jamais « résolue ». Les lieux faire de la totalité de Berlin un mé- beaucoup de commentaires, sinon venue le laboratoire actif d’une partie seulement, et sans les mul- nir de l’autodafé de 1933, symboli- de mémoire ne manquent pas, morial aux horreurs de ce siècle. que c’est pour lui une image mémoire multiple et tragique. tiples débats qui se sont ouverts sé par une bibliothèque sous une vestiges désolés comme la Nou- dépourvue d’agressivité, A Berlin est justement éditée la depuis deux ou trois ans, avec la plaque de verre devenue opaque velle Synagogue, détruite pour Frédéric Edelmann « totalement désespérée », revue thématique Daidalos (bi- montée en puissance de la nou- peut-être « l’image d’une fille lingue allemand-anglais), qui ex- velle capitale. qui va se faire avoir ». plore avec une rare acuité les che- La première discussion concerne Sachant que la photo qu’il a mins de l’architecture, ses liens d’abord la légitimité même des bâ- A Rome, la Villa Médicis invite les artistes sélectionnée provient d’archives avec l’art et la culture. La mémoire tisseurs et traverse la réunification anciennes du magazine Détective y est un thème récurrent, souvent inachevée des deux Allemagne. auxquelles Boltanski s’est enchevêtré avec celui de la mort. L’Est avait ses monuments et une sur le terrain de la mémoire intéressé pour confronter et Décembre 1990 : dans un numé- écriture architecturale, pas tou- confondre des « portraits » ro consacré aux « lieux sans re- jours fameuse mais qui lui était de jeunes créateurs et la recherche moires au pluriel mises au jour par d’assassins et de victimes, on peut tour » (« Orte ohne Wiederkehr ») propre. L’essentiel des monu- LA VILLE, LE JARDIN, LA MÉ- des exigences de l’art d’aujourd’hui mille et un recours : du creusement imaginer, même en ne sachant est rassemblé un ensemble infer- ments au socialisme a été effacé, MOIRE. Académie de France à dans l’espace et les rites de l’insti- effectif du sol aux enregistrements rien de cette jeune fille au sourire nal de textes sur les cimetières, cé- et seules quelques figures, Rosa Rome, Villa Médicis, Viale Tri- tution, le directeur de la Villa, Bru- d’images sonores, à la vidéo. énigmatique, dont le chapeau notaphes et monuments. Au ha- Luxemburg, Karl Liebknecht, Ber- nità dei Monti 1, 00187 Roma. no Racine, a mis sur pied un cycle Aux tables rondes du 28 mai, pointu donne à penser qu’elle sard des pages : une nécropole tolt Brecht subsistent dans des si- Tél. : (00-39) 06-67-611. Tous les d’expositions interdisciplinaires et croisement d’approches multiples s’est déguisée en fée pour quelque pour artistes, Stonehenge, le cime- tuations incertaines, puisque les jours, de 11 h 30 à 13 h 30 et de de rencontres d’été, sous le titre de la mémoire, sont conviés des fête villageoise. Boltanski nous a tière de Brion – dessiné par l’Ita- noms des rues, ces basiques de la 16 heures à 19 heures. Fermé le générique « La ville, le jardin, la philosophes, des scientifiques, des confié qu’il aimait bien l’idée d’en lundi. Du 28 mai au 5 septembre. mémoire ». En 1998, le premier vo- historiens, des architectes, des ar- faire, à travers let de cette trilogie était centré sur tistes. Dans l’une, il sera question Le Monde, La mémoire à travers les arts et l’idée de la ville. Le second volet, du fonctionnement de la mémoire, la reine d’un jour. l’architecture est le thème d’une cette année, porte sur la mémoire. de son entretien, des arrangements En regard de l’actualité, en regard exposition d’art contemporain, En 2000, l’idée de jardin sera privi- que l’on peut faire avec elle au du journal quotidien qui inaugurée le 27 mai à la Villa Médi- légiée. nom de l’histoire, de la vérité. Il y l’accueille, Christian Boltanski a cis, qui s’ouvrira le 28 mai par des sera question d’amnésie, de men- réagi une fois de plus à côté, à tables rondes organisées par Le AMNÉSIE ET MENSONGE songe, de fictions. Les invités : Car- rebours de l’événement, par une Monde et l’Académie de France à Comme l’an dernier, le commis- los Basualdo, spécialiste de Borges, image décalée, décontextualisée, Rome. Peut-on imaginer environ- sariat de l’exposition a été confié à Israel Rosenfield, spécialiste du irrécupérable, y compris par la nement plus riche de mémoires ac- Laurence Bossé, Carolyn Christov- cerveau, Marie-José Mondzain, publicité. Image en négatif absolu cumulées que la Villa Médicis pour Bakargiev et Hans Ulrich Obrist. philosophe, qui travaille sur du thème de la mémoire, aborder un tel thème ? De la fa- Comme l’année dernière, ceux-ci l’économie de l’image depuis les cette passante au coin du bois ne çade sur cour, décorée de frag- ont invité une trentaine d’artistes, Pères de l’Eglise, Mario Perniola, pourrait-elle être la pure figure ments de bas-reliefs antiques, jus- dont les pensionnaires actuels, à professeur d’esthétique à l’univer- de l’Oubli, avec son trouble, qu’au fond du jardin, où le cardinal produire une œuvre spécifique sité de Rome. son émotion, son plein de Ferdinand de Médicis avait fait dans l’espace de leur choix : les Une seconde table réunira des tristesse et de malheur ? construire son « studiolo », de la ci- salles habituelles d’expositions, architectes : Rem Koolhaas, qui, terne romaine, enfouie dans les mais aussi les passages, les bas- avec ses étudiants, travaille actuel- G. B. fondations de la Renaissance, aux fonds, les recoins, et le jardin de la lement sur le modèle de la ville ro- fouilles nouvelles qui mettent au Villa. Parmi eux, Paul-Armand maine, et qui est également jour, pour quelques mois, les ves- Gette, Joseph Grigely, Enzo présent dans l’exposition ; Massi- b tiges du palais de l’empereur Ho- Cucchi, Jean-Luc Moulène, William miliano Fuksas, de Rome ; Michel norius, ce lieu n’offre-t-il pas Kentridge, Mary Kelly, Christian Lasserre et Paola Yacoub, de Bey- toutes sortes de configurations Boltanski, que Le Monde a mis à routh. Elle proposera aussi un re- propices à l’« invention » du pas- contribution (voir page ci-contre). gard distancié sur la ville au Japon sé ? Avec sa vue imprenable sur la Tous sont concernés à divers (Christine Buci-Glucksmann) et cité, n’est-il pas aussi l’observatoire titres par le travail de la mémoire, l’expérience d’un plasticien auteur idéal d’un échange de points de ou de l’oubli : mémoire géologique, de monuments de mémoire (Jo- vue sur la ville construite et à mémoire personnelle, mémoire chen Gerz). La troisième table sera construire ? collective, politique, sociale, mé- ouverte aux artistes de l’exposition. Pour satisfaire à la fois le sens de moire de la villa, de la ville, de ses l’ouverture, la vocation à accueillir bruits, mémoire de l’histoire... Mé- Geneviève Breerette LeMonde Job: WMQ2805--0033-0 WAS LMQ2805-33 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 09:40 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0461 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 / 33 LeMonde Job: WMQ2805--0034-0 WAS LMQ2805-34 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 09:40 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0462 Lcp: 700 CMYK

34 / LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 CULTURE

DÉPÊCHES Troisième tournée de Miossec, a CINÉMA : le Prix de la Semaine de la critique, section « parallèle » du Festival de Cannes, a été attribué à Flores de Otro Mundo, d’Iciar Bol- une ambiance délibérément rock lain (Espagne). Le Prix du court mé- trage est allé à Shoes Off ! du Britan- nique Mark Sawers. Le programme de la Semaine de la critique est re- Le Brestois, devenu niçois, brouille les pistes. Sans renier son écriture, pris du 27 au 29 mai au Cinéma des cinéastes, 7, avenue de Clichy à Pa- il cherche à briser sa marque de fabrique précieuse et littéraire ris-17e. Tél. : 01-53-42-40-20. a INDUSTRIES MUSICALES : le ROUEN vaise bière à la main. Miossec ne demment totalement collectif. » groupe britannique de produc- de notre envoyé spécial donnerait pas des « tours de Sans renier son écriture, Miossec tion et d’éditions musicales EMI Christophe Miossec somnole chant » mais des « concerts », où insiste sur le fait qu’il n’a sur Group a réalisé un bénéfice avant quelque part. Sacrifiant au rituel les filles se mettent sur la pointe scène « aucun respect littéraire » impôt et éléments exceptionnels de rock des émergences tardives et des pieds pour glisser à l’oreille pour son travail. Il se glisse dans 227,1 millions de livres (344 millions gueule-de-boisées, la journée ne d’un garçon une petite phrase la peau d’un lourdaud, ennemi d’euros) au cours de l’exercice clos commencera pour lui qu’avec les que personne d’autre n’entendra. du beau vers et des « états d’âme fin mars, en baisse de 26 %. Le essais micro. Il est 17 heures. Le Ambiance « rock », en quelque à la con », brouille les pistes et chiffre d’affaires a reculé de 1,7 %, rythme de cette tournée débu- sorte. A propos de certains titres devient maître dans l’art de les bonnes performances au Japon tante est pris. Après un premier joués au cours de cette nouvelle mettre en avant contradictions et et aux Etats-Unis ayant été mas- concert un peu flottant en ban- tournée (Les bières aujourd’hui faiblesses. quées par de mauvais résultats en lieue parisienne, un deuxième s’ouvrent manuellement ou La Fi- Europe et au Brésil. La part de mar- concert à Blois, le 18 mai, aura délité), Christophe Miossec se SON ÉLECTRIQUE ché mondial du groupe a fléchi à rassuré Miossec et ses musiciens plaît même à penser que «ça Avec une habile lucidité qui 13,5 % contre 14,8 % l’année précé-

avant la sortie rouennaise du sonne un peu comme Les Clash... » fait pardonner ses moindres er- GASSIAN CLAUDE dente. 20 mai. Au terme rock il préfère pour- reurs, Miossec s’accable de tous Miossec se plaît à penser que, ce qu’il fait sur scène, a MUSIQUE : les organisateurs Un précédent passage dans la tant celui de « bourrin » pour les maux. S’il utilise sur scène un « ça sonne un peu comme Les Clash... » du festival Art Rock de Saint- cité normande avait vu Miossec qualifier son attitude scénique. son électrique assez dense, c’est Brieuc (Côtes-d’Armor) ont annon- envahir le Théâtre Duchamp-Vil- Propulsé dandy et ciseleur de « parce que c’est quand même C’est ce qu’il avoue, ajoutant, çon, maintenant je suis complète- cé que 19 850 spectateurs ont suivi, lon et ses sages fauteuils rouges. mots gainsbourgeois par la cri- beaucoup plus facile que de pré- l’air absent : « C’est tragique, ment grillé, je serais totalement du 21 au 23 mai, l’édition 1999 de C’était il y a une éternité. Trois tique, l’ancien Brestois désor- senter quelque chose d’aéré », et mais bon... » N’en déplaise aux incapable de faire autre chose cette manifestation pluridiscipli- ans. Boire, le premier album, mais niçois a visiblement à cœur si les filles du premier rang n’ont sceptiques, le manque d’assu- que ça... » naire où sont programmés des ar- avait pour une fois réuni audi- de briser l’image précieuse et let- pas eu l’air de trop accrocher, rance est authentique. Miossec tistes du rock ou de la chanson, des teurs de Jean-Louis Foulquier et trée devenue, malgré lui, sa c’est dû au « décalage entre la s’inquiète de savoir si les salles Vincent Delerm plasticiens et des performers. Le lecteurs des Inrockuptibles. Mais marque de fabrique. Même s’il tronche que j’ai sur les photos et seront remplies et avoue n’avoir prochain festival est prévu du 9 au personne ne savait trop alors de cite Léautaud avec jubilation, celle que j’ai vraiment... » Pour qu’une obsession : « pouvoir faire ૽ Miossec en tournée : Rennes, le 11 juin 2000. quel côté tout cela pencherait sur s’enthousiasme du titre d’un couronner le tout, l’extra-lucide un prochain album, le chef- 28 mai ; Lorient, le 29 ; Clermont- a Le chanteur suisse Stephan Ei- scène. Quelques festivals de nouveau livre, le débat littéraire Miossec se justifiera par une ma- d’œuvre que j’attends toujours ». Ferrand, le 31 ; Marseille, le cher se produira au festival de mu- chanson française déçus plus n’a pas trop sa place sur les tour- ladive timidité. Seule faille dans En attendant, le looser magni- 1er juin ; Montpellier, le 3 ; Tou- sique des Vieilles Charrues, du 13 au tard, et le public était fixé. Mios- nées... « Le texte, c’est mon monde tout cela : Miossec-spectateur fique joue intelligemment à la louse, le 4 ; Bordeaux, le 5 ; Paris- 18 juillet à Carhaix-Plouguer (Finis- sec ferait partie de ces groupes à moi, un truc à part, c’est mon n’est pas certain qu’il serait sé- roulette russe une carrière dont il Bataclan, les 9 et 10 ; Nantes, le 11 ; tère), accompagné de bergers de que l’on écoute debout, mau- problème. La tournée, c’est évi- duit par Miossec-chanteur. redoute le trépas : « De toute fa- Bruxelles, le 13. son pays munis de cloches à vache. Les nuits endiablées des gay-beurs et des cheikhates funk Les mystères de la façade retrouvée du palais Farnèse LES HANCHES ceintes d’un fou- découvert en Angleterre un mouve- pour lui. Depuis deux ans, on fait ROME Bernin mais il a organisé une célébration, le ven- lard, elles dansent sur du reggae, ment musical autonome né au sein danser ce public sur une musique de notre correspondant dredi 21 mai. Le lendemain, le palais Farnèse a été comme elles le feraient sur Cheb de l’immigration indo-pakistanaise, métissée. » La lumière jaillit de nouveau au fond de la ouvert au public désireux d’admirer ce monu- Mami ou Khaled, avec ce déhan- qui correspond un peu à notre immi- Un kaléidoscope fiévreux dans place. Le contraste est heureusement atténué par ment, qui abrite notamment les fresques magni- chement nerveux et sensuel propre gration maghrébine. Une scène mu- lequel, entre les tubes zouk, raï et les différentes couleurs d’ocre qui se marient avec fiques d’Annibal et Augustin Carrache, qui ornent à la danse orientale. La casquette sicale basée sur un concept mixant latino, Karim, le préposé aux pla- douceur. Après treize mois de restauration, le pa- le plafond du salon, et celles de Francesco Salvia- vissée sur le crâne, visière à l’en- les sons urbains occidentaux et des tines, glisse ses propres remix de lais Farnèse, siège de l’ambassade de France en ti, qui décorent le bureau de l’ambassadeur. vers, ils s’époumonent pour ac- influences indiennes ou pakista- Warda, Cheikha Remitti et Aït Italie, a retrouvé son éclat. cueillir quand elle monte sur scène naises. J’ai eu envie de mettre sur Menguellet. « Nous souhaitons faire Belle surprise, en effet, après la disparition de CONCÉDÉ À LA FRANCE JUSQU’EN 2035 la chanteuse de raï traditionnel pied un projet fédérateur inspiré de un vrai travail de création, de mix quatre siècles d’accumulation de crasse, de Cette restauration, d’un montant de Cheikha Rabia. Ainsi vont les soi- ce modèle. » Ainsi sont nées en oc- sur le chaâbi, le kabyle... », poursuit concrétions de toute nature... Jamais, depuis sa 728 000 euros, réalisée en étroite collaboration rées mensuelles New Bled Vibra- tobre 1998 les soirées New Bled Vi- Fouad Zeraoui, GO enthousiaste et construction au début du XVIe siècle, la façade de avec les autorités de protection du patrimoine ar- tions au Divan du monde. Celles et brations. comblé de ces soirées. Des fêtes la demeure du cardinal Alexandre Farnèse, entre- tistique italien, n’est que la première phase d’une ceux qui sont là détournent les sté- chamarrées très fréquentées, pi- prise par Antonio Da Sangallo et terminée par série de travaux qui permettront de remettre en réotypes, mélangent les attitudes, KALÉIDOSCOPE FIÉVREUX mentées de séquences musicales Michel-Ange, n’avait été nettoyée. Après le pa- état les autres façades ainsi que la cour intérieure. inventent de nouvelles règles du Cette idée, développée égale- (on y a entendu Sappho, Rachid tient travail de nettoyage sont apparus des des- Cette demeure historique, où se succédèrent jeu et de la fête. Venant pour beau- ment par les musiciens beurs – de Taha, Cheb Abdou) et extra-musi- sins géométriques de couleurs différentes intro- Christine de Suède, Murat, le frère du cardinal de coup de banlieue, ils donnent un Carte de séjour à la fin des an- cales, des démonstrations, par duits par la juxtaposition de briques aux tons Richelieu, Charles de Gaulle, devint la propriété sens au mot métissage, affichent nées 80 à l’ONB ou Gnawa Diffu- exemple, de hip-hop, de boxe thaïe divers, de l’ocre au rose en passant par le rouge des Bourbons de Naples, qui la cédèrent au gou- fièrement leur double culture. sion aujourd’hui –, sert aussi de fil ou, plus coquines, de strip-tease tendre. vernement français en 1911 avec possibilité pour On peut à la fois se nourrir de rouge musical aux soirées Black masculin. Faut-il voir une signification dans ces losanges l’Italie d’en prendre possession au terme de sons urbains et être profondément Blanc Beur. Organisées chaque di- harmonieux ? S’agit-il de formes décoratives afin vingt-cinq ans. En 1936, Mussolini signa avec la marqué par la musique des pa- manche aux Folies Pigalle entre Patrick Labesse d’agrémenter ce palais de style florentin auquel France une convention par laquelle l’usage du pa- rents. Cette réalité, cette évidence 18 h30 et 23 h30, celles-ci visent Stendhal avait trouvé des allures de forteresse, lais Farnèse était concédé pendant quatre-vingt- pour la majeure partie des jeunes une population plus ciblée, « le pu- ૽ Prochaines soirées : New Bled tout en le considérant comme « le plus beau de dix-neuf ans pour le prix d’une lire. issus de l’immigration, Mohand blic gay beur », souligne Fouad Ze- Vibrations, au Divan du monde, 75, tous » ? Les historiens de l’art donnent des inter- En attendant 2035 et le sort qui lui sera réservé, Haddar, lui-même d’origine kabyle, raoui, leur instigateur, président de rue des Martyrs, Paris 18e, le 12 juin prétations déjà différentes. il est du devoir de la France d’entretenir le palais arrivé en France à l’âge de quatre Kelma (« la parole »), une associa- (à partir de 23 h30), avec Chabab Cette découverte et ce saut en arrière de quatre Farnèse. Une tâche qui n’est pas pour déplaire à ans, s’en est emparé pour imaginer tion militante pour la reconnais- Artistes, DJ Awal, tél. : 01-44-92-77- siècles pour retrouver la magnificence d’autrefois l’ambassadeur, amoureux de ce joyau dont les se- des soirées rapprochant les mu- sance de l’identité gay dans la 66 ; soirées Black Blanc Beur, de méritaient bien une fête. Sera-t-elle comparable à crets sont loin d’avoir été tous découverts. Au- siques du Maghreb avec le rock, le communauté maghrébine : «Au 18 heures à 23 h 30 chaque di- celle organisée en 1668 par Gian Lorenzo Bernini, jourd’hui, ce sont les dessins de la façade ; hier, funk, le reggae, le hip-hop et les départ, nous avons voulu fédérer un manche jusqu’à fin juillet, aux Fo- dit Bernin, pour saluer le traité de paix d’Aix-la- c’était une mosaïque romaine dans un souterrain. musiques électroniques. « Il y a public qui ne se retrouvait pas ail- lies Pigalle, 11 place Pigalle, Pa- Chapelle entre la France et l’Espagne ? Jacques quelque temps, j’avais par ailleurs leurs, qui n’avait pas de lieu de fête ris 18e, tél. : 01-48-78-25-26. Blot, ambassadeur de France à Rome, n’est pas Michel Bôle-Richard

CORRESPONDANCE Une lettre du maire de Sceaux A la suite de notre article intitulé « A Sceaux, une maison d’André Lurçat est menacée de démolition » (Le Monde du 18 mai), Pierre Rigen- bach, maire de Sceaux, nous a adressé les précisions suivantes : Le 10 septembre 1998, après avoir rencontré le président de l’Association des amis d’André Lur- çat, je sollicite les avis du conserva- teur général du patrimoine à la di- rection de l’architecture, du directeur de l’Institut français d’ar- chitecture, du conservateur des monuments historiques et du di- recteur régional des affaires cultu- relles. Le 25 septembre, je renou- velle ma demande d’avis auprès des instances précitées, le délai de réponse à la demande de permis de démolir expirant le 27 septembre. Je refuse le permis de démolir. Le 14 décembre 1998, la maison d’An- dré Lurçat est placée sous le régime de l’instance de classement. Le 20 janvier 1999, je dois retirer mon arrêté de refus de permis de démo- lir à la demande du sous-préfet d’Antony, qui le juge illégal ; la dé- molition ne peut cependant plus intervenir compte tenu de l’ins- tance de classement. Aujourd’hui, un permis est accordé, avec l’avis conforme, favorable, de l’archi- tecte des bâtiments de France pour la construction de deux villas en fond de parcelle ; la maison d’An- dré Lurçat est conservée. LeMonde Job: WMQ2805--0035-0 WAS LMQ2805-35 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 10:06 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0463 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 / 35 Juliette Gréco SORTIR à Georges Perec, un autre au PARIS Microcosmos de Bartok, des jeux Wouah ! Wouah ! de mains, une visite chez Ovide, occupe le Théâtre une autre chez Kafka ou Mois d’août. Un homme seul dans une grande ville. Une jolie Cervantès... Une programmation jeune fille, étrangère de surcroît, incitative, mais, attention, s’installe dans l’immeuble où vit chacun des onze spectacles n’est de l’Odéon présenté que quelques jours. l’individu. Marche d’approche. Echanges discrets. Jusqu’au jour Théâtre de la Cité internationale, où l’homme arrive à attirer la 21, boulevard Jourdan, Paris 14e. Fourreau noir, mains aériennes, jeune fille chez lui. Surprise : elle RER Cité-Universitaire. Du 27 au ne parle pas. Elle aboie... C’est 30 mai et du 3 au 6 juin. Tél. : l’interprète est au rendez-vous. Sa voix aussi Wouah ! Wouah !, une adaptation 01-43-13-50-50. De 25 F à 110 F. d’une nouvelle de Topor, dont TOURCOING (Nord) ne ment jamais sur l’essentiel. Et Jacques Coutureau (ancien JULIETTE GRÉCO. Avec Gérard ainsi, quoi que les humains dé- musicien du Grand Magic Circus Compagnie foraine au Fresnoy Jouannest (piano, direction mu- cident d’abominations, quoi que et conteur populaire) a choisi de La Compagnie foraine, fondée sicale). Théâtre national de les modes imposent, Gréco finit faire une « comédie chantée » par Adrienne Larue et Dan l’Odéon, 1, place Paul-Claudel, son récital par Le Temps des ce- par la compagnie Les oiseaux de Demuynck, présente un Paris 6e. Mo Odéon. 20 heures, les rises, « une chanson révolution- passage. spectacle à la croisée de l’art 27, 28 et 29 mai et les 1er et 2 juin ; naire, donc une chanson Théâtre national de Chaillot, forain et de l’art contemporain : 15 heures, le 30. Tél. : 01-44-41-36- d’amour ». La salle sait sa 1, place du Trocadéro, Paris 16e. Et qui libre ? Le cirque improvisé 36. De 50 F à 200 F. constance, elle applaudit debout, Mo Trocadéro. Du mardi au du Fresnoy innove en accueillant de longues minutes, le soir de la samedi, à 20 h 30. Du 27 mai au sur sa piste des œuvres d’artistes première, mardi 25 mai, son art 26 juin. Tél. : 01-53-65-30-00. plasticiens qui dialoguent avec Jeune fille, elle avait rêvé d’en- et sa gloire. La voix aussi est au 120 F et 160 F. des jongleurs, des acrobates, trer au Théâtre de l’Odéon par la rendez-vous, ferme, affinée, les Scènes ouvertes à l’insolite des clowns, des magiciens et des petite porte, celle du côté, celle forces en sont déployées par Le Théâtre de la Cité funambules. Cette compagnie des artistes. Un marché couvert l’excitation juvénile du défi. Elle internationale accueille le foraine s’est déjà inspirée de Saint-Germain-des-Prés en est portée par les délicatesses Théâtre de la marionnette à Paris d’auteurs tels que Samuel moins, une révolution existentia- pianistiques de Gérard Jouan- pour une série de spectacles Beckett (Cirque Beckett), ou de liste en plus et trente Mai 68 nest, dont les orchestrations de « insolites » – un adjectif qui compositeurs tels que Stravinsky plus tard, Juliette Gréco occupe scène allègent avantageusement pourrait cautionner une (L’Histoire du soldat). le lieu de tant de métamor- les chansons encore fraîches définition moderne de l’art de la Démarche littéraire, musicale, phoses et de déploiements litté- d’Un jour d’été et quelques nuits, marionnette et du théâtre pédagogique, toujours abordée raires avec l’aisance d’une le dernier album de la chan- d’objets. On verra ainsi, jusqu’au avec l’esprit grande comédienne. teuse. Du coup, La Réponse du 6 juin, des compagnies ou des du cirque.

« Une femme est authentique roi, où est affirmé la suprématie IRMELI JUNG solitaires qui se livrent à des Le Fresnoy, 22, rue du Fresnoy, lorsqu’elle ressemble à l’image du plaisir féminin, récit de Jean- activités aussi diverses que le 59 Tourcoing. Jusqu’au 2 juin, à qu’elle a rêvée d’elle-même », dit Claude Carrière, en devient un Voilà le travail de l’interprète, noir et de blanc, de couleurs suicide en direct d’un grain de 20 h 30. Tél. : 03-20-28-38-00. le transsexuel Agrado, l’une des conte musical séduisant. espèce magnifique que le syn- classiques sous lesquelles elle café, un strip-tease, un hommage De 25 F à 80 F. héroïnes du film Tout sur ma drome de l’ACI (auteur-compo- défend la beauté des Feuilles mère, de Pedro Almodovar : Ju- UNE ET MULTIFORME siteur-interprète) a gravement mortes, parée de nouveaux ar- liette Gréco enfant s’était-elle Gréco défend l’écriture de blessé dès les années 60 : ne pas rangements. Superbe joueuse, ainsi rêvée, longue et forte dans Jean-Claude Carrière sans fléchir. s’arrêter dix ans en arrière, fouil- promeneuse détachée et lucide GUIDE un fourreau noir, les mains aé- Elle l’a choisi pour concevoir Un ler cent ans auparavant, plonger des rues de Bruxelles, longs riennes, habillant J’arrive jour d’été et quelques nuits, avec chaque fois comme si c’était la doigts déployés sur l’Accordéon, CINÉMA et Elgar. Kathryn Stott (piano). (Jacques Brel/Gérard Jouannest) Gérard Jouannest pour les mu- première dans de nouvelles at- bouche gourmande de Les Musée d’Orsay, 1, rue de Belle- d’une aura de peines lumineuses siques, et ne cède pas. C’est mosphères, dont il ne restera en femmes sont belles, œil de lynx Carte blanche à Nicole Stéphane chasse, Paris 7e. Mo Solferino. Le 27, et de déclarations d’injustice – la d’une même griffe qu’elle dé- fin de compte que quelques de La Javanaise, Gréco est une et Née en 1928, Nicole Stéphane, ac- à 20 heures. Tél. : 01-40-49-47-57. trice, productrice et réalisatrice, fit 130 F. mort, suprême incompréhen- fend des gadgets (Planète, de la chansons-perles à sauver – en ce multiforme. Elle ne chante pas irruption dans le cinéma français Ensemble Intercontemporain sion ? S’était-elle vue badinant nouvelle fournée) et des chefs- cas : Un jour d’été, conte cinéma- pour les cons, ceux « qui ne avec Le Silence de la mer de Jean- Dallapiccola : Picola Musica nottur- ainsi sur un texte hallucinatoire d’œuvre (Accordéon, de Serge tographique, drame aquatique connaîtront jamais le bonheur », Pierre Melville en 1947. Deux ans na, Cinque Canti. Nono : Polifonica- d’Etienne Roda-Gil mis en mu- Gainsbourg). Juliette Gréco a le qui va comme un gant au velou- selon la définition qu’en donnait plus tard, sous la houlette de Jean Monodia-Ritmica, Risonanze erranti sique par le Brésilien Caetano courage de dire ce que personne té pervers de Gréco dans sa face Raymond Queneau dans sa Cocteau, elle tourne Les Enfants a Massimo Cacciari. Susanne Otto Veloso (Mickey travaille) ou sur ne pense, que Tard, petit étalage sorcière, et C’était un train de Complainte des cons, que la terribles. Suivront Né de père in- (mezzo-soprano), Franck Leguérinel connu (Maurice Cloche, 1950), Le (baryton), Technique Experimental Jolie môme, de Léo Ferré ? verbeux du même Carrière, est nuit, rappel du brouillard mortel dame en noir offrit avec délecta- Défroqué (Maurice Cloche, 1953), Studio de la Fondation Heinrich- Quoi qu’il arrive, Juliette Gré- « pure poésie » – que serait alors des années de la Shoah. tion. Monsieur et Madame Curie Strobel du Südwestrundfunk, Ingo co est elle-même. Elle tient ses La Chanson des vieux amants, de Jacques Rouveyrollis, aux lu- (Georges Franju, 1953). La carte Metzmacher (direction). promesses, c’est-à-dire qu’elle Brel ? mières, habille Juliette Gréco de Véronique Mortaigne blanche que lui offre la Cinéma- Cité de la Musique, 221, avenue thèque française permettra de voir, Jean-Jaurès, Paris 19e. Mo Porte-de- outre ses propres films (En atten- Pantin. Le 27, à 20 heures. Tél. : 01- dant Godot – les répétitions de la 44-84-44-84. 120 F. pièce de Beckett montée par Susan José Cura (ténor) L’acoustique de l’Auditorium de Dijon à l’aune de la musique ancienne Sontag lors de la guerre à Sarajevo Œuvres de Puccini, Verdi, Ponchielli en 1993 – ; La Génération du désert, et Giordano. Orchestre national de et écru, marbrée de bois crème et ca- « baroqueuses » d’antan : le flou ar- fait clairement entendre. Les basses tourné en Israël en 1958 ; Une France, Garcia Navaro (direction). fé, peut assurément accueillir un tistique masque les dérapages et les d’archet semblent soudainement guerre pour une paix, un documen- Théâtre des Champs-Elysées, 15, Cantates de Pentecôte BWV 74, e o plus vaste public que celui présent esquives de son aigu plus qu’ap- étouffées. Le manque de précision taire de 1967, sur la guerre de six avenue Montaigne, Paris 8 . M Al- 173 et 34, Triple concerto ma-Marceau. Le 27, à 20 h 30. Tél. : au concert Bach de la « Formation proximatif. acoustique du parterre semblera jours), des courts et moyens mé- BWV 1044, de Bach. Ensemble trages de Frédéric Rossif, Margue- 01-49-52-50-50. De 50 F à 450 F. baroque de Limoges, Ensemble partenaire » de l’Auditorium, l’En- Seconde partie. On est descendu profiter aussi aux trois trompettes, rite Duras, Pierre Jourdan, René Al- Nous perçons les oreilles, vocal Michel Uhlmann, Chris- semble baroque de Limoges, ras- et on s’assoit au parterre, rang R, assez peu en forme, dans la Cantate lio, Carl Dreyer, Visconti, Rossellini... la Boudine de salon tophe Coin (direction), Audito- semblé au centre d’un immense pla- siège 18. Triple concerto pour flûte, BWV 34... Cinémathèque française, Palais de Instants chavirés, 7, rue Richard-Le- o rium de Dijon, le 25 mai. Tél. : teau modulable (avec fosse violon, clavecin et cordes BWV 1044, Christophe Coin a réalisé de Chaillot, 7, avenue Albert-de-Mun, noir, 93 Montreuil. M Robespierre. e o Le 27, à 20 h 30. Tél. : 01-42-87-25- 03-80-60-44-44. d’orchestre pour l’opéra). Du pre- de Bach. La sonorité est moins « hâ- beaux disques de cantates de Bach Paris 16 . M Trocadéro. Du 27 mai mier balcon, la sonorité qui nous lée », les défauts des cordes se font (celles avec violoncelle piccolo obli- au 4 juin. Tél. : 01-56-26-01-01. 29 F. 91. 80 F. Lauryn Hill DIJON parvient est flatteuse. Réverbérée, davantage entendre. On n’entend gé) pour le label Astrée-Auvidis, TROUVER SON FILM Zénith, 211, avenue Jean-Jaurès, Pa- de notre envoyé spécial un peu à la manière de celle de la Ci- rien, ou presque, de la flûte de Ma- chez qui l’ensemble enregistre régu- ris 19e. Mo Porte-de-Pantin. Le 27, à On y allait pour l’Ensemble ba- té de la Musique, à Paris, ou de celle ria-Tecla Andreotti, une musicienne lièrement. Ce musicien peu loquace Tous les films Paris et régions sur le 20 heures. Tél. : 01-42-08-60-00. Minitel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08- Chanson plus bifluorée roque de Limoges et pour « en- de l’Arsenal de Metz, elle enveloppe semble-t-il introvertie et dont le son et peu enclin aux épanchements sait 36-68-03-78 (2,23 F/mn) tendre » l’acoustique du nouvel Au- le son et le porte sans difficulté jus- est lisse comme l’ennui. Il faudrait souvent donner de la noblesse à ce Casino de Paris, 16, rue de Clichy, e o ditorium de Dijon. Le taxi qui nous y qu’à nous. entendre Barthold Kuijken ou Marc qu’il joue (au violoncelle, en quatuor VERNISSAGES Paris 9 . M Trinité. Le 27, à 20 h 30. Tél. : 01-49-95-99-99. De 120 F à dépose connaît l’entrée : « J’ai mis Mais on a un peu de mal à distin- Hantaï pour pouvoir faire comparai- à cordes – le Quatuor Mosaïques André Derain 160 F. Jusqu’au 30 juin. longtemps à comprendre, car il n’y a guer certains détails : dans le cas du son. qu’il a fondé, connu pour ses inter- Galerie Berthet-Aittouarès, 29, rue Stephan Eicher pas de hall d’entrée avec des af- ténor Christoph Prégardien, qui prétations du répertoire classique – de Seine, Paris 6e. Mo Odéon. Tél. : Espace Jacques-Prévert, 134, rue fiches », dit-il. En effet, rien n’in- cherche désormais les aigus d’Evan- MANQUE DE PRÉCISION ou au pupitre). Ce soir, nous devons 01-43-26-53-09. De 11 heures à Anatole-France, 93 Aulnay-sous- dique clairement que cet austère es- géliste qu’il n’a plus, elle agit béné- Le clavecin brillant de Willem Jan- regretter qu’il se laisse aller à une re- 13 heures et de 14 h 30 à 19 heures. Bois. Le 27, à 21 heures. Tél. : 01-48- calier hélicoïdal accède à la salle, fiquement à la manière d’un fond de sen ne se fait entendre que sans ac- lative indifférence. Fallait-il qu’il in- Fermé dimanche et lundi. Du 27 mai 68-00-22. De 105 F à 145 F. Raba Asma inscrite dans un gigantesque teint acoustique qui cacherait les compagnement, et encore quand la tervienne un peu pour réveiller le au 17 juillet. Paris-Casa, suites marocaines La Cigale, 120, boulevard Roche- complexe situé un peu en dehors du sons étranglés. Même remarque musique ne va pas trop vite. Impos- très endormi mouvement lent du Couvent des Cordeliers, 15, rue de chouart, Paris 18e. Mo Pigalle. Le 27, centre-ville. On a le choix : version concernant la très médiocre soprano sible de distinguer quoi que ce soit Triple concerto ? Fallait-il travailler l’Ecole-de-Médecine, Paris 6e . à 20 heures. Tél. : 01-49-25-89-99. sportive par l’escalier en ellipse, ver- Monika Frimmer, qui chante Bach dans les traits et les figures virtuoses. davantage avec les solistes ? La Mo Odéon. Tél. : 01-43-29-39-64. De 132 F. sion paresseuse par l’ascenseur, ou, comme le faisaient ses consœurs Seul le violon de Gilles Colliard se basse Gotthold Schwartz a peu à 11 heures à 19 heures. Fermé lundi. Fawzy al-Aiedy pragmatique et semi-sportive, par faire, mais il le fait sans conviction. Du 27 mai au 25 juillet. 25 F. Théâtre Jean-Vilar, 16, place Stalin- grad, 92 Suresnes. Le 27, à une palanquée de marches méca- L’alto Barbara Hölzl s’écoute chan- ENTRÉES IMMÉDIATES 21 heures. Tél. : 01-46-97-98-10. niques. Trente mètres plus haut, pas- ter (sa voix est belle, quoique un peu 120 F. sé le contrôle, il faut en redescendre froide), mais on ne l’entend pas. Le Kiosque Théâtre : les places du Bratsch autant pour se retrouver au premier Dans cette berceuse de l’âme jour vendues à moitié prix (+ 16 F de Musique tsigane d’Europe centrale. balcon, et réitérer l’opération si l’on qu’est l’air « Wohl Euch ihr auser- commission par place). Place de la Cabaret sauvage, parc de la Villette, Madeleine et parvis de la gare e veut gagner le parterre. A la sortie, wahlten Seelen », de la Cantate Paris 19 . Les 27, 28 et 29, à 20 h 30. Montparnasse. De 12 h 30 à Tél. : 01-44-90-02-15. De 90 F à 120 F. on espérait un trajet moins absurde, BWV 34, si proche du « Schlummert 20 heures, du mardi au samedi ; de Neba Solo, Frédéric Galliano mais nulle sortie de plain-pied n’a ein » de la Cantate « Ich habe ge- 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. Une des plus étonnantes décou- été aménagée. nug » BWV 82, il eût fallu trouver Magie pour le Kosovo vertes venues du Mali. Un groupe Cette vaste salle couleurs bleu nuit une sonorité de cordes plus subtile, Quatorze des plus grands magiciens dont l’énergie contagieuse a fait un effet de sourdine et de tendresse français se sont réunis pour organi- craquer le DJ Frédéric Galliano. ser bénévolement un spectacle. La enveloppante, totalement manqué New Morning, 7-9, rue des Petites- recette de la soirée sera versée à Ecuries, Paris 10e. Le 27, à 21 heures. par le chef et ses musiciens. Dom- Médecins du monde pour soutenir Tél. : 01-45-23-51-41. De 110 F à 130 F. mage. On reprend les interminables son action au Kosovo. escaliers roulants et l’on se retrouve, Olympia, 28, boulevard des Capu- DERNIERS JOURS un rien dépité, sur le triste boulevard cines, Paris 9e. Mo Opéra. Le 27, à 15 juin : de Verdun. 20 heures. Tél. : 01-47-42-25-49. De 160 F à 230 F. Ousmane Sow Quatuor Arpeggione Pont des Arts (entre le Louvre et Renaud Machart Œuvres de Vaughan Williams, Ravel L’Institut de France). Mo Pont Neuf. LeMonde Job: WMQ2805--0036-0 WAS LMQ2805-36 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 10:29 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0464 Lcp: 700 CMYK

36 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 EN VUE a Les descendants de Karle « Bachi-bouzouk » part en guerre pour le Kosovo Nebrich, industriel, ont l’intention de porter plainte contre les héritiers de Josef La jeune revue de BD consacre un numéro spécial à la situation dans les Balkans, Korbel, père de Madeleine Albright, qui aurait volé, avec des contributions de cent dessinateurs, de Moebius à Tardi pendant la guerre, les tableaux de maîtres accrochés dans un RAHAN revient du fond des liers de l’armée turque qui, selon « Les dessins sont à la mesure appartement de Prague, âges pour aider les réfugiés du le dictionnaire Robert, étaient des sentiments de l’opinion pu- précipitamment quitté par leur Kosovo. Il tient par la main deux « réputés pillards et indiscipli- blique internationale : variés, mal parent persécuté. enfants qui fuient la guerre, en nés ». Il était logique qu’une re- à l’aise, navrés, en colère ou dé- pensant : « Peuple anéanti... exi- vue ainsi intitulée s’intéresse aux boussolés, anti-OTAN et anti-Milo- a Les Gallois en lançant de pleins lé... la barbarie des âges farouches Balkans... sevic à la fois, sarcastiques ou ou- paniers au passage de sa voiture, n’est pas encore finie. » Le dessi- tragés, hyperlucides ou autistes », Elizabeth II, venue introniser, nateur André Chéret, qui a fait SARCASTIQUES OU OUTRAGÉS explique le rédacteur en chef Em- mercredi 26 mai, à Cardiff les beaux jours du magazine de Une centaine de dessinateurs manuel Lemieux. Le numéro est l’Assemblée galloise autonome, a bande dessinée du Parti commu- – bénévoles – ont répondu à l’ap- vendu 30 francs, dont 10 francs été atteinte par un œuf. niste, Pif, est du nombre des illus- pel de la revue, parmi lesquels : sont reversés à Médecins du trateurs qui participent au numé- Cabu, Annie Goetzinger, Willem, monde. a « Too cool to do drug » « trop ro hors-série de la jeune revue de Martin Veyron, Jean-Claude Mé- cool pour se droguer », le slogan bande dessinée Bachi-bouzouk : zières, Got, Plantu, Moebius, Tar- « UN PRÉCÉDENT » inscrit sur les crayons distribués « Kosovo, traces de guerre, lignes di, Serge Clerc, Boucq, Baudouin, Le magazine propose égale- par le bureau pour la jeunesse en de paix. » Nicolas de Crécy, Didier Savard, ment un entretien avec le direc- détresse de Plainview, dans l’Etat Avant d’être rendus célèbres Lewis Trondheim, Munoz, Vance, teur de la revue de géopolitique de New York, devient « Cool to do par le capitaine Haddock, les ba- Tronchet, Tignous, Wolinski, Le- Hérodote, Yves Lacoste, qui exa- drug » « C’est cool de se chi-bouzouks étaient des cava- fred-Thouron, Ronald Searle, etc. mine la situation des Balkans, droguer », puis « do drug », pays par pays, avant de conclure : « Droguez-vous », au fur et à « Ce conflit est important dans mesure que les écoliers les DANS LA PRESSE comptent en millions. Plus de trente mal en effet comment les alliés suite d’une guerre totale, aérienne l’histoire de la géopolitique dans le taillent. ans de guerre en Angola ont fait de pourraient désormais discuter et aujourd’hui encore, et sans doute sens où c’est la première fois qu’on RFI ce pays martyre une plaie béante. négocier avec un personnage que demain terrestre. fait une guerre dans un petit Etat a Samedi 22 mai, les psychiatres, Jacques Rozenblum La guerre entre l’Ethiopie et l’Ery- leur justice a inscrite sur la liste des pour défendre des valeurs. Ce qui après un examen de a Vu d’Afrique, le Kosovo donne thrée est l’une des plus sanglantes criminels de guerre et contre lequel LIBÉRATION est embêtant maintenant, c’est que comportement, n’ont pas admis un sentiment d’amertume. Plus que dans le monde. On pourrait encore elle a lancé un mandat d’arrêt. Aux Jacques Amalric cela crée un précédent et que le un homme qui, nu devant la jamais, le continent noir a en effet allonger cette sinistre énumération. yeux des membres de l’OTAN, le a Le président de la République, à reste du monde n’est pas exempt tombe du soldat inconnu, place des raisons de se sentir injustement président serbe n’est plus juridique- rideaux tirés, et l’opposition, en pu- de zones où l’on viole les droits de de l’Etoile à Paris, avait glissé aux abandonné par la communauté in- LCI ment un chef d’Etat susceptible blic, peuvent bien enrager, cela n’y l’homme. » policiers : « J’ai fumé un joint et je ternationale. Lorsqu’on est africain, Pierre-Luc Séguillon d’être l’interlocuteur d’un compro- change pas grand-chose : même si Le complice d’Enki Bilal, le veux aller à l’asile .» il est en effet légitime de comparer a L’annonce de l’inculpation de mis. Slobodan Milosevic, ainsi en a elle connaît quelques éclipses, la ba- journaliste et scénariste Pierre les moyens et les discours mis en Slobodan Milosevic pour crimes de décidé le TPI, n’est plus qu’un cou- raka n’abandonne jamais totale- Christin, revient sur un épisode a Joint sur son téléphone œuvre sur le continent et en Europe guerre par le Tribunal pénal inter- pable qu’il faut rechercher, dé- ment Lionel Jospin. Que pèsent dé- de leur ouvrage, Cœurs sanglants mobile, Denis Kleim, chômeur pour exactement le même genre de national de La Haye est paradoxale- mettre, arrêter, juger et punir. Ce sormais la destruction d’une (Humanoïdes associés, 1988) : «A perché au sommet d’un clocher à conflit ethnique. Et à l’évidence, il y ment une très mauvaise nouvelle qui ne donne au président yougo- paillote et le coup de sang d’un pré- de rares exceptions près, qui s’in- Mulhouse, a indiqué qu’il a deux poids, deux mesures. Pen- pour la paix. L’initiative du pugnace slave que le choix entre une capitu- fet jouant à Zorro si la plupart des téressait alors à ce que ceux qui entendait manifester « contre la dant que les Occidentaux mobi- procureur canadien Louise Arbour lation pure et simple, prélude à une auteurs présumés de l’assassinat du étaient encore des Yougoslaves précarité de sa situation ». lisent des forces exceptionnelles sur fait peut-être avancer la justice d’un condamnation, ou une fuite en 6 février 1998 sont enfin sous les avaient dans la tête ? Et qui s’y in- le front névralgique des Balkans, les pas dans les Balkans : mais elle y avant suicidaire. Pour provoquer la verrous ? N’est-ce pas la preuve par téressera demain après les grands a Sitôt nommé, le premier guerres africaines, elles, se pour- fait certainement reculer la diplo- première, la reddition, ou pour pa- le concret que l’épisode tragi- (et justifiés) émois humani- ministre russe, Sergueï suivent dans l’indifférence quasi gé- matie de deux, pour ne pas dire rer la seconde, la résistance, les Oc- comique de Chez Francis traduisait taires ? » Stepachine, a interdit aux nérale. Au bout de quatre décennies qu’elle en ruine sans doute défini- cidentaux n’ont d’autre option, plus le dysfonctionnement de cer- membres du gouvernement de de combats au Soudan, les morts se tivement tous les efforts. On voit après cette inculpation, que la pour- tains individus que celui de l’Etat ? Alain Salles laisser sonner leurs téléphones portables pendant les séances du conseil. SUR LA TOILE a Dimanche 23 mai, Vladimir www.imagineradio.com ENCHÈRES Lobatchev, directeur du Centre a La compagnie aérienne allemande de contrôle des vols spatiaux Lufthansa organise sur Internet une russe, fêtant selon la tradition le Une banque musicale permettant à chacun de devenir programmateur de sa « netradio » personnelle vente aux enchères de billets pour le départ du cosmonaute Valeri public français, le 27 mai de 10 heures Tokarev à bord de la navette AU DÉBUT de 1995, un dirigeant berté n’est pas complète, car en ver- à 21 heures et le 28 mai de 9 h 30 à américaine Discovery, a été de MTV, la chaîne musicale améri- tu de ses accords avec les maisons 18 heures. Il s’agira de voyages en trouvé, tard le soir, endormi, la caine reçue par plusieurs centaines de disques, Imagine Radio n’auto- classe économique au départ de Paris, tête dans le sable, sur une plage de millions de foyers sur tous les rise pas la création de canaux trop Lyon, Toulouse et Nice, à destination non loin de Cap Canaveral. continents, déclarait, mi-rêveur, mi- spécialisés, consacrés à seulement de 46 villes du monde entier. Les inquiet : « L’avenir de la diffusion de quelques artistes. En revanche, elle paiements devront se faire immédia- a Après avoir trop bu la veille, musique va se jouer sur Internet. Nous s’engage à enrichir sa banque musi- tement, par carte de crédit. Andreï Joukovski, physicien ne savons pas encore quelle forme ce- cale en permanence, et à tenir www.lufthansa.fr nucléaire russe, invité à un la prendra, mais c’est une certitude. » compte des suggestions des utilisa- congrès organisé par l’Institut de Quatre ans plus tard, MTV est forte- teurs. Une fois sa programmation ANNUAIRE D’ENTREPRISES chimie de l’université de Vienne, ment installée sur le Web. Après effectuée, l’internaute donne un a La Poste a placé sur Internet l’an- avait été découvert noyé dans un avoir créé ses propres sites, elle a nom à sa « station », et l’installe nuaire des quatre millions d’entre- réservoir d’eau d’un quartier entrepris de racheter plusieurs dans l’un des vingt-deux quartiers prises françaises inscrites au registre résidentiel. grands serveurs musicaux, dont virtuels correspondant à son genre du commerce. Le site permet de faire Imagine Radio, lancé à l’origine par musical : Back Country, Woodstock, des recherches par nom, par en- a Un ouvrier de Bovisio une maison d’édition californienne. The Hood, Soho, Europa, Silicon seigne, par numéro d’immatriculation Masciago, en Italie, vient d’être Aujourd’hui, Imagine Radio est Café, College, The Love Tunnel... et par mot-clé. Des liens peuvent être condamné à six mois de prison une vaste banque musicale propo- Ces canaux personnalisés, qui sont établis entre la page de chaque entre- avec sursis pour avoir menacé sant une gamme de services origi- déjà plusieurs milliers, sont tous en prise dans l’annuaire et son propre des carabiniers avec le boa qu’il naux. Gratuite pour les auditeurs, libre accès : l’internaute qui ne sou- site Web. tenait caché dans son blouson. elle tire ses revenus de la publicité haite pas programmer lui-même www.annuaire.laposte.fr affichée sur ses pages Web. Tout peut se promener dans les « quar- a Depuis que l’anaconda géant a d’abord, elle met à la disposition des geables, mais la réception se fait en simplement remplir un question- tiers » et se connecter à sa guise sur ÉDITION tiré six villageois par le fond, des internautes vingt-cinq canaux thé- tâche de fond, ce qui permet naire en ligne indiquant son genre un canal existant. A terme, ce sys- a La maison d’édition et librairie en chèvres bêlantes dérivent sur un matiques diffusant en continu de la d’écouter de la musique tout en musical favori, ou sélectionner au tème devrait permettre la création ligne Cylibris lance une lettre d’infor- radeau au fil de l’eau pour servir musique contemporaine : Classic consultant d’autres sites. moins vingt-cinq artistes sur une de communautés virtuelles rassem- mation sur le monde de l’édition en d’appât au « monstre du lac Los rock, Country, Jazz, Urban/rap, Elec- D’autre part et surtout, chaque liste de plusieurs milliers de noms, blées autour d’une station ou d’un France, qui sera diffusée gratuite- Toros », en Colombie. tronica... La programmation est re- internaute peut créer son propre ca- en attribuant à chacun une note de 1 groupe de stations voisines. ment deux fois par mois par courrier nouvelée toutes les semaines. Les nal personnalisé, devenant ainsi le à 5 afin de fixer sa fréquence de ro- électronique. Christian Colombani morceaux ne sont pas téléchar- DJ de sa netradio personnelle. Il doit tation dans la programmation. La li- Yves Eudes www.cylibris.com

Mémoires de grenadier par Alain Rollat TOUTES LES GUERRES idéo- dade : « Sire, nous n’aurons pas part des prédicateurs civils char- logiques ont leurs prédicateurs. le bonheur de mourir à votre ser- gés de contrôler la population Les croisés de la chrétienté ont vice. » dans les caves où les jeunes gens leurs moines ligueurs. Ceux de Le prédicateur de l’armée serbe de Belgrade se retrouvent pour se l’islam ont leurs derviches. Ceux du Monténégro filmé par France 3 saouler de musique sous les bom- de la patrie en danger ont leurs dans ses œuvres messianiques, bardements. Les reporters de commissaires politiques. La fonc- mercredi soir, était un chef- France 3 y ont rencontré un cer- tion de tous ces pousse-aux- d’œuvre d’art lyrique. Il s’agissait tain Marko, qui a osé mettre en crimes est double : elle consiste à d’un comédien d’opérette, il cause, à haute voix, « la lourde endoctriner le conscrit, à exalter jouait un rôle de composition, son responsabilité de Slobodan Milose- son esprit de sacrifice, à le trans- public militaire était clairsemé, vic ». Ce jeune iconoclaste a former en fanatique, mais aussi à son uniforme datait de 14-18, mais même eu le culot de critiquer le le surveiller par la mise en place son personnage de grognard zèle des combattants de son pays, d’une organisation policière. Leur moustachu, patriotique et trivial à visage découvert, devant une ca- mission est facilitée par le fait que était d’une authenticité absolue. méra « ennemie ». C’était la pre- les hommes adorent se sacrifier On n’oubliera pas la chute de son mière fois qu’une voix s’élevait, en dès qu’on leur fournit un prétexte monologue dédié à la lutte contre public, au cœur de Belgrade, pour à la mesure de leur nombrilisme, le fascisme : « Est-ce qu’il le sait, déplorer « les atrocités commises les deux motifs les plus attractifs l’ennemi, qu’on va le pendre par les au Kosovo contre des civils ». restant l’expiation des péchés et couilles ? » Il a parfaitement rem- Je vous saurais donc gré, mon l’honneur national. Leur tâche est pli sa mission de propagande ainsi général, d’ordonner à vos bom- accomplie quand les masses qu’en témoignait l’image sui- bardiers d’épargner cette boîte de combattantes se reconnaissent vante : on y voyait un réserviste nuit du quartier de Vracer où les dans ce vieux grenadier à mous- prêcher à son tour contre « les na- jeunes Serbes sont assez coura- taches grises qui disait à son chef, zis de l’OTAN ». geux pour dire à leurs chefs non naguère, dans la cour du palais de Il semble, en revanche, qu’il y pas les mots de Fontainebleau, Fontainebleau, un soir de déban- ait un certain relâchement de la mais celui de Cambronne. LeMonde Job: WMQ2805--0037-0 WAS LMQ2805-37 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 09:41 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0465 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 / 37 JEUDI 27 MAI GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

20.40 Thema. 23.50 Ravel au stade. 20.30 A l’est d’Eden aa TÉLÉVISION DÉBATS Québec, la Belle Province. Arte Par l’Orchestre national de Lille, Elia Kazan (Etats-Unis, 1955, ARTE 20.40 Stop la violence. Canal + dir. J.-C. Casadesus. Paris Première 115 min) &. Ciné Cinéma 1 21.25 Existe-t-il une thérapie pour 21.05 Attention, élèves 0.45 Concours musical international 20.30 Le Pigeon aa TF 1 19.00 Voyages, voyages. Venise. Mario Monicelli (Italie, 1958, N., les violeurs ? Forum Planète en souffrance ! TV 5 Reine Elisabeth de Belgique. 19.45 Météo, Arte info. 23.25 Singes, d’une intelligence Session piano 1999, finale v.o., 105 min) &. Canal Jimmy 18.25 Exclusif. 20.15 Reportage. Kenya, l’espoir foot. 21.25 Le Commerce des reins - Quatrième soirée. Arte 20.30 Hôtel des Amériques aa à l’autre. Forum Planète 19.05 Le Bigdil. 20.40 Thema. Québec, la Belle Province. en Inde. Odyssée André Téchiné (France, 1981, 19.50 Clic & Net. 20.45 Québec cherche Français. 95 min) &. Ciné Cinéma 2 21.30 La Deuxième Révolution russe. TÉLÉFILMS 20.00 Journal, Météo. 21.45 Anglo Blues. MAGAZINES [4/8]. Planète 20.30 Lone Star aa 22.35 Le Fleuve aux grandes eaux. 22.15 La Magie Méliès. [1/2]. Odyssée 20.30 Docteur Semmelweis. John Sayles (Etats-Unis, 1995, 20.50 Navarro. Regrettable incident. %. Court métrage. Frédéric Back. &. 18.30 Nulle part ailleurs. Canal + 22.20 Cannabis en France. Planète Roger Andrieux. Festival v.o., 135 min) &. Ciné Cinéma 3 22.35 Made in America. 23.00 Le Crime d’Ovide Plouffe a 19.15 et 0.10 Le Rendez-vous. 0.15 Martin Bormann. 20.40 Power 98. 20.55 Hannah et ses sœurs aaa Disparition en haute mer. Film. Denys Arcand. &. Nicolas Sarkozy. LCI Jaime Hellman. %. 13ème RUE Téléfilm. Karen Arthur. &. 0.45 Concours musical international Un homme dans l’ombre W. Allen (EU, 1986, 110 min) &. Téva Reine Elisabeth de Belgique. 20.00 20 h Paris Première. du Führer. Odyssée 20.45 Les Enfants du dragon. 0.15 Les Rendez-vous de l’entreprise. Peter Smith [2/2]. Histoire 21.05 Une ravissante idiote aa 0.40 TF 1 nuit, Météo. Pierre Albaladéjo. Paris Première Edouard Molinaro (Fr. - It., 1964, N., 20.05 Temps présent. Gènes d’Islande. 22.15 La Parenthèse. 105 min) &. Cinétoile 0.52 Clic & Net. M6 DANSE Jean-Louis Benoit. Festival Pour quelques gènes de plus. Le siècle 22.25 Bye-Bye aa en images : brûlés au napalm. TSR 20.05 Silent Cries. 22.35 Disparition en haute mer. FRANCE 2 18.25 Chérie, j’ai rétréci les gosses. &. Karen Arthur. TF 1 Karim Dridi (Fr. - Bel. - Sui., 20.15 Le Talk Show. Chorégraphie de Jiri Kylian. 1995, 105 min) &. Ciné Cinéma 1 19.20 Mariés, deux enfants. &. Philippe Labro ; Fellag. LCI 23.40 Le Curé de Tours. 19.50 La sécurité Musique de Claude Debussy. 22.45 Brève histoire d’amour aa 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. 20.55 Envoyé spécial. Avec Sabine Kupferberg. Gabriel Axel. Festival sort de la bouche des enfants. Par l’Orchestre du Concertgebouw, Krzysztof Kieslowski (Pologne, 1988, 19.25 Qui est qui ? Polygame au nom de Dieu. 85 min) &. Cinéstar 2 19.54 Le Six Minutes, Météo. Le tunnel du Mont-Blanc : dir. Bernard Haitink. Mezzo COURTS MÉTRAGES 20.00 Journal, Météo. enquête sur une catastrophe. 23.10 Prête à tout aa 20.55 Envoyé spécial. Polygame au nom de 20.10 Notre belle famille. &. P.-s.: la guerre des baskets. France 2 MUSIQUE Gus Van Sant (EU, 1994, Dieu. Le tunnel du Mont-Blanc : 20.40 Décrochage info, Passé simple. 22.35 Le Fleuve aux grandes eaux. 105 min) %. France 2 enquête sur une catastrophe. 22.55 Courts particuliers. Frédéric Back. Arte 20.50 Max et Jérémie a Hervé Hadmar. Paris Première 18.00 The Nat «King» Cole Show 16. 23.10 Alexandre le Bienheureux aa P-s : la guerre des baskets. Film. Claire Devers. %. Yves Robert (France, 1967, 23.40 Questions d’identité. France 3 Enregistré le 24/09/57. Muzzik 23.10 Prête à tout aa 23.00 Profiler. L’ombre des archanges. %. SÉRIES 95 min) &. Canal + vert Film. Gus Van Sant. %. 20.59 Soirée Vladimir Horowitz. Muzzik Œil pour œil. %. 23.40 Happy Together aa 0.55 Journal, Météo. 22.15 Brahms. Trio en ut mineur. 20.40 Buffy contre les vampires. 0.40 La Maison de tous DOCUMENTAIRES Wong Kar-wai (H.K., 1997, e Avec Elena Bachkirova, piano ; Sortilèges. Série Club 1.20 La 25 Heure. les cauchemars. Le cri. %. v.o., 99 min) %. Canal + La Nuit des publivores à Hongkong. 19.00 Voyages, voyages. Venise. Arte Maxim Vengerov, violon ; 20.50 Navarro. 0.10 Hôtel des Amériques aa B. Pergamenschikov, Regrettable incident. %. TF 1 19.15 Les Armes de la victoire. violoncelle. Mezzo André Téchiné (Fr., 1981, Le porte-avions. Planète 23.25 Working. 90 min) &. Ciné Cinéma 1 FRANCE 3 RADIO 23.40 Bartok. Hatchet Man (v.o.). Série Club 19.45 Philippe Soupault Sonate pour deux pianos et percussions. 0.45 Short Cuts aa 23.35 Stargate SG-1. Robert Altman (EU, 1992, 18.20 Questions pour un champion. et le surréalisme. [3/3]. Planète Avec sir Georg Solti, piano ; 18.45 Un livre, un jour. Murray Perahia, piano ; L’ennemi invisible. TSR 185 min) &. Cinéstar 1 FRANCE-CULTURE 20.15 Reportage. Kenya, l’espoir foot. Arte Evelyn Glennie, percussions ; 1.25 Seinfeld. La pomme 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. 20.35 Cinq colonnes à la une. Planète David Corkhill, percussions. Mezzo de douche (v.o.). Canal Jimmy 20.05 Fa Si La. 20.30 Agora. Henri Mitterand. 20.35 Tout le sport. 21.00 Lieux de mémoire. La belote. 20.38 Côté court. 22.10 For intérieur. Jean Lévi. 20.55 Consomag. 23.00 Nuits magnétiques. 21.00 Opération crépuscule Film. Andrew Davis. &. FRANCE-MUSIQUE 22.55 Météo, Soir 3. 23.30 Flash Roland-Garros. 19.45 De vive voix. Concert par le Chœur de Radio France, ARTE FRANCE 2 ARTE 23.40 Questions d’identité. dir. Norbert Balatsch : 20.40 Thema : Québec 20.55 Le tunnel du Mont-Blanc : 23.00 Le Crime 0.35 Espace francophone. Œuvres de Brahms, Schnittke. Beyrouth : Ecrivains francophones. 21.00 Festival de Rheingau. Arte poursuit son petit tour du enquête sur une catastrophe d’Ovide Plouffe a 1.00 Spéciale Kosovo. Œuvres de Mendelssohn, monde, avec sa série Thema sur les La catastrophe du tunnel du Mont- Roman très populaire de Roger Le- L’Armée française dans les Balkans. R. Schumann, Scriabine. pays en quête d’identité. Ce volet Blanc aurait-elle pu être évitée ? Si melin, La Famille Plouffe devint, à 22.30 Musique pluriel. raconte l’histoire d’une province le reportage diffusé à « Envoyé la fin des années 50, une série à la CANAL + Œuvres de Fénélon, Sisask. 23.07 Papillons de nuit. qui se voudrait pays, d’un îlot fran- spécial » n’apporte pas de ré- télévision canadienne. En 1981, ̈ En clair jusqu’à 20.40 cophone au beau milieu d’un ponse, il permet, en reprenant une Gilles Carle en réalisa une version 1.20 Jules et Jim aaa François Truffaut. Avec 18.30 Nulle part ailleurs. RADIO CLASSIQUE océan anglophone. Une soirée à une les questions soulevées dans cinématographique (l’intrigue al- Jeanne Moreau, Marie Dubois (Fr., 20.30 Le Journal du cinéma. 1961, N., 100 min) &. Cinétoile québécoise dont se dégagent « An- les jours qui ont suivi la tragédie lant de 1938 à 1945). C’est un autre 20.40 Stop la violence. 20.15 Les Soirées. Œuvre de Rameau. 1.25 Le Christ interdit aa 20.40 Emmanuel Pahud, flûte, Marc glo blues », documentaire de Paul du 23 mars, de pointer précisé- cinéaste québécois, Denys Arcand, Curzio Malaparte (It., 1950, 22.15 George de la jungle Coppey, violoncelle, Michel Dalberto, Jay, et « Le fleuve aux grandes ment l’ensemble des dysfonction- qui réalise, en 1984, Le Crime N., v.o., 95 min) &. Ciné Classics Film. Sam Weisman (v.o.). &. piano : Œuvres de Prokofiev, Tanguy, eaux », court métrage d’animation nements qui ont abouti à la mort d’Ovide Plouffe, suite de la saga du 1.45 Pour rire ! aa 23.40 Happy Together aa Haydn, Debussy, Weber. Lucas Belvaux (France, 1996, Film. Wong Kar-wai (v.o.). %. 22.12 Les Soirées... (suite). de Frédéric Back (1993). de 41 personnes. Québec des années 50. 100 min) &. Cinéstar 2 1.35 Hockey NHL. Œuvres de Sibelius, Grieg, etc.

VENDREDI 28 MAI GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

19.25 Les Clefs du chorégraphe. 19.30 Karl Böhm. Don Juan, de Strauss. 13.20 Ermo aa DÉBATS [7/12]. Le Théâtre contemporain 19.50 Concerto pour piano no 19, Zhou Xiaowen (Chine, 1994, v.o., TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE de la danse. Muzzik de Mozart. Par l’Orchestre 95 min) &. Cinéstar 2 e philharmonique de Vienne. Mezzo 21.20 Escalade, danse avec le rocher. 19.40 Mémoires du XX siècle, 13.45 Lone Star aa TF 1 14.30 La Cinquième rencontre... Invités : Catherine Destivelle ; Hubert Beuve-Méry. 21.55 Black Ballad. John Sayles (Etats-Unis, 1995, v.o., Travail et économie : Olivier Fernandez ; Jacky Godoff ; La Villette, Paris 1991. 135 min) &. Ciné Cinéma 3 La place du travail dans la vie. [3/5]. Les actualités 15.40 Le Rebelle. &. Serge Koning ; de la planète folle. Planète Avec Archie Shepp ; 14.20 Les Hauts de Hurlevent aa 16.00 Olympica. Serge Riou. Forum Planète Dee Dee Bridgewater ; 16.30 Vidéo gag. 20.15 Palettes, Francis Bacon Luis Bunuel (Mexique, 1953, N., 16.30 Le Magazine ciné. 23.25 Faut-il légaliser la drogue ? Youval Micenmacher. Muzzik v.o., 90 min) &. Ciné Classics 16.40 Ma mère m’a appris. (1909-1992). Figures de l’excès : Trois 17.00 Au nom de la loi. &. Invités : Patrick Beauverie ; 22.45 Beaux-Arts Trio. 14.55 Beau fixe aa 16.45 Sunset Beach. &. Michel Bouchet ; Francis Caballero ; personnages dans une pièce. Arte Enregistré en 1989. Avec Menahem 17.30 100 % question. Christian Vincent (France, 1992, 17.30 et 19.00, 20.35, 23.05 e Pierre Cardo ; André Gérin ; 20.35 Les Anciennes Civilisations. Pressler, piano ; Isidore Cohen, violon ; 90 min) &. Cinéstar 2 17.55 Naissance du XX siècle. Marc Valleur. Forum Planète Peter Wiley, violoncelle. Mezzo Ma mère m’a appris. [1/13]. L’Egypte. Planète 15.05 Retour à Howards End aa 18.30 Le Monde des animaux. 20.45 L’Enigme des manuscrits 23.25 Beethoven Symphonies 17.35 Melrose Place. &. 19.00 Tracks. James Ivory (Grande-Bretagne, 1991, 18.25 Exclusif. MAGAZINES de la mer Morte. Histoire with Norrington. 145 min) &. Ciné Cinéma 1 19.45 Météo, Arte info. Symphonies nos 1 et 2. 19.05 Le Bigdil. Spécial Fête des mères. 21.05 Epopée en Amérique, une histoire 16.30 Jules et Jim aaa 20.15 Palettes. Francis Bacon (1909-1992). 14.30 La Cinquième rencontre... Enregistré en 1990. Par le London François Truffaut (France, 1961, 19.50 Clic & Net. Classical Players. Muzzik 20.50 Attention fragile, 1986-1987. Travail, économie : La place du travail populaire du Québec. [10/13]. TV 5 N., 105 min) &. Cinétoile 20.00 Journal, Météo. Téléfilm. Manuel Poirier. &. dans la vie. La Cinquième 22.20 Napoli Corner. Planète 1.00 Bretagnes. Bercy, 16 mars 1999. 16.45 La Viaccia aa 20.50 Les Années tubes. 22.20 Contre l’oubli. 17.00 Les Lumières du music-hall. Marie Avec Dan Ar Braz ; L’Héritage Mauro Bolognini (Italie, 1961, N., Tran Thi Thuc, Vietnam. 22.25 Grand format. Les Lauréats. Arte des Celtes ; Armens ; Gilles Servat ; 23.10 Sans aucun doute. Dubas. Mort Shuman. Paris Première v.o., 105 min) ?. Ciné Classics Les changements de vie. 23.00 La IIIe République. Alan Stivell ; Tri Yann. TF 1 22.25 Grand format. Les Lauréats. 17.55 Stars en stock. Lee Remick. [3/6]. 1892-1906. Histoire 18.15 David Golder aa 1.00 Bretagnes. 23.50 Tu ne tueras point aa Shirley MacLaine. Paris Première Julien Duvivier (France, 1930, 23.15 Rome secrète. Film. Krzysztof Kieslowski (v.o.). ?. 18.30 Nulle part ailleurs. Canal + TÉLÉFILMS N., 75 min) &. Cinétoile [5/10]. Le Panthéon. Odyssée FRANCE 2 1.10 Concours musical international 19.00 Tracks. No Respect : Au high-tech. Reine Elisabeth de Belgique. 23.20 Paul Simon. Omnibus. Canal Jimmy 18.35 La Dame de Berlin. Tribal : Stop la violence. Dream : Pierre Boutron [2/2]. Ciné Cinémas 14.55 Tennis. Roland-Garros. Session piano 1999, Wayne Kramer et MC 5. Vibration : 23.40 Philippe Soupault et finale - Cinquième soirée. 20.30 La Façon de le dire. 19.10 et 23.00 Un livre, des livres. Allotopies. Future : Vie éternelle. le surréalisme. [3/3]. Planète Backstage : Artistes militants. Sébastien Grall. Festival 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. e M6 Live : Mass Hysteria. Arte 0.00 La III République. 20.40 Vie de chien, vie de château. 19.20 Qui est qui ? [4/6]. 1906-1918. Histoire Paul Schneider. Disney Channel 20.00 Journal, Météo. 19.00 Rive droite, rive gauche. 17.35 Agence Acapulco. &. Best of. Paris Première 0.20 A la redécouverte du monde. 20.55 Aime comme maman. 20.40 Le Monstre du Bodensee. 18.25 Chérie, j’ai rétréci les gosses. &. 19.00 Spécial «Kosovo, histoire secrète Cap Horn, les eaux du vent. TMC Richard Huber. TSR 23.10 Bouillon de culture. 0.30 Cinq colonnes à la une. Planète 19.20 Mariés, deux enfants. &. d’une guerre». Odyssée 20.50 Attention fragile, 1986-1987. 0.25 Journal, Météo. 19.50 La sécurité sort 0.55 La Case de l’Oncle Doc. Manuel Poirier. Arte 19.15 et 0.10Le Rendez-vous. 0.45 Ciné-club. Cycle Nikita Mikhalkov. de la bouche des enfants. L’Art des rings. France 3 20.50 Enquête explosive. Julien Dray. LCI 0.50 Urga aaa 19.54 Le Six Minutes, Météo, Gregor Schnitzler. %. M6 Film. Nikita Mikhalkov (v.o.). &. 19.30 Envoyé spécial, les années 90. La Route de votre week-end. L’héritier et les réfugiés. SPORTS EN DIRECT 21.00 Impact gros calibre. 2.40 La Victime de l’hospitalité. Survivre à Moscou. Histoire Sidney J. Furie. %. Canal + Court métrage. A. Stolbov. &. 20.10 Notre belle famille. &. 13.05 Tennis. Internationaux de France 22.10 Le Cocu magnifique. 20.40 Politiquement rock. 20.00 20 h Paris Première. (5e jour). France 3 Best of. Paris Première Pierre Boutron. Festival FRANCE 3 20.45 Question de métier. 21.00 Thalassa. 14.55 Tennis. Internationaux de France 20.50 Enquête explosive. (5e jour). France 2 15.05 L’Intrigante. Téléfilm. Gregor Schnitzler. %. Du rififi à Venise. France 3 COURTS MÉTRAGES 19.30 Panique aaa 20.00 Volley-ball. Ligue mondiale : Téléfilm. Charles Wilkinson. &. 22.35 X-Files, l’intégrale. 22.10 Faut pas rêver. Julien Duvivier. Avec Michel Simon 16.40 Les Minikeums. La main de l’enfer. ?. Iran : La maison des hommes forts. France - Portugal. Eurosport 0.40 A... blanc. (France, 1946, N., 95 min) &. Cinétoile 17.45 Le Kadox. Parole de singe. &. France : L’empire des insectes. 21.30 Boxe. Sylvain Blache. France 3 20.30 Dames aa Chine : Opera populaire. 18.20 Questions pour un champion. 0.20 Murder One, l’affaire Rooney. Finales des coupes internationales Ray Enright (Etats-Unis, 1934, N., Chapitre VI &. Invité : Philippe Torreton. France 3 des professionnels. Pathé Sport SÉRIES v.o., 95 min) &. Ciné Classics 18.50 Un livre, un jour. 23.10 Sans aucun doute. 21.00 Maudite Aphrodite aa 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. Les changements de vie. TF 1 DANSE 17.55 Département S. Woody Allen (Etats-Unis, 1995, 20.05 Fa Si La. RADIO 23.10 Bouillon de culture. Un jeune homme 120 min) &. Cinéstar 2 20.35 Tout le sport. de 60 ans. Série Club Invité : Gilles Ménage. France 2 21.50 La Nuit transfigurée. 21.00 Pelle le conquérant aaa 20.38 Côté court. FRANCE-CULTURE 20.40 Chicago Hospital. 23.45 Les Dossiers de l’Histoire. Chorégraphie de Jiri Kylian. Bille August (Danemark, 1987, 21.00 Thalassa. Du rififi à Venise. Spetsnaz : Au cœur Musique d’Arnold Schoenberg. Par La police veut un coupable. v.o., 145 min) &. Ciné Cinéma 3 20.02 Les Chemins de la musique. [5/5]. des S.A.S russes. France 3 le Nerdelands Dans Theater. Mezzo Amour, quand tu nous tiens. RTL 9 22.10 Faut pas rêver. 21.05 Ragtime aa 20.30 Agora. Claudie Danziger (Le Silence). 21.55 Father Ted. Bonne chance, 23.10 Météo, Soir 3. 22.20 Torso. Milos Forman (Etats-Unis, 1981, 21.00 Black And Blue. DOCUMENTAIRES Chorégraphie de Jiri Kylian. père Ted (v.o.). Canal Jimmy v.o., 155 min) &. Cinétoile 23.35 Flash Roland-Garros. Musique de Toru Takemitsu. Par le 23.45 Les Dossiers de l’Histoire. 22.10 Fiction. Transfert direct différé, 22.35 X-Files, l’intégrale. 22.40 Un faux mouvement aa de Huguette Champroux. 17.10 La Politique au royaume Nederlands Dans Theater. Mezzo La main de l’enfer. Carl Franklin (Etats-Unis, 1992, Spetsnaz - Au cœur des S.A.S russes. v.o., 105 min) ?. Ciné Cinéma 1 0.40 Libre court. A... blanc. &. 23.00 Nuits magnétiques. des chimpanzés. Odyssée Parole de singe. ?. M6 MUSIQUE 22.40 Retour à Howards End aa 0.55 La Case de l’Oncle Doc. 0.05 Du jour au lendemain. 17.55 Naissance du XXe siècle. [9/12]. 22.55 Seinfeld. La pomme James Ivory (Grande-Bretagne, 1991, L’Art des rings. L’ordre nouveau. La Cinquième de douche (v.o.). Canal Jimmy 18.00 Nice Jazz Festival 1998. 140 min) &. Ciné Cinéma 2 1.50 Nocturnales, jazz à volonté. FRANCE-MUSIQUE 0.25 Friends. The One with 18.10 New York. Déclaration 50e anniversaire : d’amour à une ville. Odyssée Fiesta Women. Muzzik the Ride Alone (v.o.). Canal Jimmy CANAL + 20.05 Concert franco-allemand. Par 0.45 Star Trek, Deep Space Nine. l’Orchestre symphonique de la Radio 18.30 Le Monde des animaux. Le Béluga o du Saint-Laurent. La Cinquième 19.00 Bach. Concerto brandebourgeois n 6. L’autre (v.o.). Canal Jimmy de Sarrebruck, dir. Michael Stern : Par Le Scottish Chamber Orchestra, 16.30 Ça reste entre nous Œuvres de De Falla, Lalo, etc. 19.10 Promenades sous-marines. [17/26]. dir. Raymond Leppard, 1.35 Star Trek, la nouvelle génération. Film. Martin Lamotte. &. Filmer sous l’océan. Planète clavecin. Muzzik Parallèles (v.o.). Canal Jimmy 22.30 Musique pluriel. Œuvres de Rueff, 17.55 Arliss. &. Petrossian, Reich, Winn. ̈ En clair jusqu’à 21.00 23.07 Jazz-club. Le trio de George Colligan. 18.30 Nulle part ailleurs. 20.30 Allons au cinéma ce week-end. RADIO CLASSIQUE 21.00 Impact gros calibre. Téléfilm. Sidney J. Furie. %. 20.15 Les Soirées. 22.40 Une chance sur deux Concerto pour piano en sol, de Ravel, Film. Patrice Leconte. &. par l’Orchestre de Cleveland, dir. Pierre ODYSSÉE FRANCE 3 TF 1 Boulez, K. Zimerman, piano. 0.25 Le Retour de Surcouf, 20.40 Liszt à Weimar (no 3). Œuvres 20.00 Kosovo, histoire 23.45 Spetsnaz, 1.00 Bretagnes tonnerre sur l’océan Indien de Schubert, Goethe, Liszt, etc. Film. Sergio Bergonzelli. &. 23.00 Le Grand Macabre. Opéra de Ligeti. secrète d’une guerre au cœur des SAS russes Tourné à l’occasion de la Saint- 2.00 Méditerranées a Par les London Sinfonietta Voices et la Film. Philippe Bérenger. !. La Vallée, le reportage de Dan Tania Rakhmanova et Paul Mit- Patrick, ce documentaire musical COLLECTION CHRISTOPHE L. Philharmonia, dir. Esa-Pekka Salonen. Reed, tourné dans la vallée de la chell dévoilent pour la première de Jean-Louis Machu est consacré 23.50 Tu ne tueras point aa Drenica, fief de l’Armée de libéra- fois ce que fut le Spetsnaz, force au concert « Bretagne », donné à Krzysztof Kieslowski. Avec Miroslaw Baka (Pologne, 1988, SIGNIFICATION DES SYMBOLES tion du Kosovo (UCK) et zone sou- spéciale du pouvoir soviétique Paris-Bercy le 16 mars. Il offre un v.o., 80 min) ?. Arte mise au nettoyage ethnique des fondée en 1937 et dissoute en 1991 superbe plateau de musiciens, 0.50 Urga aaa Les codes du CSA Les cotes des films forces serbes, permet de après le coup d’Etat avorté contre avec des pionniers du renouveau Nikita Mikhalkov (France - Russie, & Tous publics a On peut voir 1991, v.o., 110 min) &. France 2 % aa comprendre à quel point la tragé- Gorbatchev. Les actions de ces celtique comme Alan Stivell, Gilles Accord parental souhaitable A ne pas manquer 0.55 Bye-Bye aa ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique die des Kosovars se joue au quoti- troupes surentraînées vont de la Servat ou les Nantais Tri Yann, Karim Dridi (Fr. - Bel. - Sui., 1995, 100 min) &. Ciné Cinéma 3 ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + dien. Des images fortes, terribles, guerre d’Espagne à Kaboul, et ont mais aussi Dan Ar Braz et son ! Public adulte DD Dernière diffusion qui donnent une idée de la spirale donné plus d’une sueur froide aux « Héritage des Celtes » ou encore 1.50 Le Dernier Milliardaire aa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour René Clair (France, 1934, N., # de haine et d’horreur de ce conflit. forces de l’OTAN. le jeune groupe Armens. 90 min) &. Ciné Classics Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ2805--0038-0 WAS LMQ2805-38 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0466 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 28 MAI 1999 10 000 patients d’une clinique de Noisy-le-Sec La case des hommes par Pierre Georges invités au dépistage du sida et de l’hépatite C C’EST À DÉCOURAGER défi- minatrice ». Le crime serait nitivement d’être homme. Lisant constitué dans toute l’horreur ce matin le sondage réalisé par d’une abominable agression Un malade soigné dans cet établissement aurait été contaminé par un infirmier en 1996 l’IFOP pour L’Express sur un bien sexiste, l’émotion à son zénith. Et vieux et increvable sujet – ou ob- les sondés considérés comme PRÈS DE 10 000 PATIENTS rologique – dix-huit mois, ce qui lement compréhensibles les mo- Le secrétariat d’Etat à la santé et jet –, « Les femmes jugent les parfaitement incurables. ayant été hospitalisés dans la cli- n’est pas exceptionnel, selon le se- dalités de transmission : ni le soi- la direction générale de la santé hommes », on dut bien se rendre Donc, nous ne le ferons pas. Et nique de Noisy-le-Sec (Seine- crétariat d’Etat à la santé et à l’ac- gnant ni le soigné ne se ont appliqué le principe de précau- à l’évidence : cela ne s’arrange nous essaierons de continuer à Saint-Denis) entre mai 1990 et no- tion sociale – a établi qu’il s’agis- souviennent d’un incident présen- tion et ont procédé au rappel des pas ! survivre, à marcher d’un pas vembre 1997 ont été invités, mardi sait du même virus chez le tant un risque de transmission par patients de la clinique. Ils ont mis Au rang des qualificatifs, et lourd, ployant sous la géhenne de 25 mai, par courrier du directeur soignant et chez le patient. voie sanguine d’un agent infec- en place à leur intention un numé- osons le dire, des qualités prêtées notre triple turpitude, vers un de l’établissement, à pratiquer des Cette certitude a conduit à la dé- tieux entre eux d’autant que le ro vert, le 0800-840-800. Les auto- à l’engeance masculine, trois se avenir radieux. D’autant que le tests de dépistage du sida et de cision de rappeler les 9 918 per- membre du personnel infirmier ne rités sanitaires ont également mis dégagent nettement. L’homme sondage a le mérite de l’annoncer l’hépatite C. Cette décision a été sonnes que la clinique a accueillies travaillait pas au bloc opératoire et sur le site du secrétariat d’Etat à la moderne est « égoïste », « ambi- clairement. Comme un préavis de prise par les autorités sanitaires, durant la période où le soignant a le virus de l’hépatite C, plus infec- santé (www.sante.gouv.fr) une sé- tieux » et « macho ». Fermez le coup d’Etat ! Les femmes s’ac- après consultation d’un groupe occupé ses fonctions. Plusieurs tant que le VIH, n’a pas été trans- rie d’informations scientifiques et ban ! Encore faut-il préciser que, cordent à dire que, si les hommes d’experts en maladies infectieuses, éléments rendent toutefois diffici- mis. pratiques sur la contamination vi- dans leur tentative de dresser le ont encore et par trop le pouvoir, mais aussi en éthique médicale, à rale entre soignant et soigné. On y portrait-robot du suspect idéal, en entreprise comme en poli- la suite de la contamination surve- rappelle le caractère exceptionnel les femmes interrogées, explique tique, cela ne devrait plus durer nue en 1996 chez un patient ayant La déclaration de l’infection par le VIH obligatoire de ce type d’accident dans le sens l’hebdomadaire, « balancent entre autant que le machisme. A 55 %, séjourné une semaine à la clinique. soignant vers le soigné : le risque indulgence et lucidité ». Ce qui ex- elles estiment, qu’à « l’avenir », Ce patient, chez qui un test de Un décret publié au Journal officiel du 13 mai a élargi à de nou- de transmission par un chirurgien plique que, par indulgence du ju- les femmes auront plus de pou- dépistage du VIH s’était révélé né- velles infections la liste des maladies « faisant l’objet d’une transmis- à son patient est de quelques cas ry, les trois qualités énoncées ci- voir que les hommes. gatif à son entrée dans l’établisse- sion obligatoire de données individuelles à l’autorité sanitaire ». C’est pour un million d’actes et il est dessus sont suivies immédiate- Pas « autant », « plus » ! C’est ment, et qui n’aurait pas de pra- ainsi qu’est devenue obligatoire toute découverte d’une infection mille fois inférieur au risque lié à ment de quelques menus défauts dire si l’objectif est clair, à défaut tique à risque, aurait par le VIH, et ce « quel que soit le stade » de cette infection. Ce n’est l’anesthésie. Lors d’un cas de séro- nettement pointés. Pour aggraver du calendrier. Car l’avenir a ceci vraisemblablement été contaminé donc plus seulement le sida cliniquement avéré qui doit faire l’objet positivité pour le VIH d’un chirur- son cas, il se pourrait aussi, dans de commode qu’il commence par un membre du personnel infir- d’une déclaration aux autorités sanitaires mais également l’infec- gien français en 1995, une per- l’ordre décroissant de ses turpi- maintenant mais ne se fixe ni li- mier, porteur des virus du sida et tion asymptomatique. Cette mesure était depuis longtemps récla- sonne sur les 983 testées s’est tudes, que l’homme moderne soit mite, ni date de péremption. de l’hépatite C. La séropositivité mée par les spécialistes de la veille sanitaire afin de mieux cerner révélée séropositive. Pour le virus « courageux », « gentil », « insou- Donc, en attendant ce fameux du soignant a été découverte au l’évolution de l’épidémie. Toutes les garanties de confidentialité vis- de l’hépatite C, deux épisodes de ciant » et « drôle ». avenir, vivons le présent avec cours d’un dépistage organisé par- à-vis des personnes concernées seront, comme dans le cas de la dé- transmission par un chirurgien ont Misère, misère ! Voici la cause toute la gourmandise égoïste mi le personnel de la clinique, une claration de sida, respectées. été rapportés dans le monde et six des hommes bien « escagassée ». d’une espèce en sursis. Après, il fois la contamination du patient Les cas de saturnisme chez les enfants mineurs et les infections ai- patients ont été contaminés. Condamnés et pendus au grand sera trop tard. connue. Seul le virus du sida a été guës symptomatiques par le virus de l’hépatite B s’ajoutent égale- gibet des sondages, il ne nous Comme il sera trop tard pour transmis et une longue enquête vi- ment à la liste des maladies à déclaration obligatoire. Paul Benkimoun reste plus que la faculté de mau- regretter l’immensité de ses quali- dire nos juges. Ou, à défaut, celle tés dès lors que l’homme primitif d’entrer sur la rude voie du re- moderne sera non seulement ca- pentir affecté et de l’affliction la sé, mais cassé. C’est lorsqu’il aura plus hypocrite : homme je suis, disparu que l’on s’apercevra du mais je me soigne ! vide créé. Un peu comme cet ac- Indulgence du jury ? Eh bien, teur anglais Olivier Reed, mort en que serait-ce sans ! Egoïste, ambi- plein tournage d’un magnifique tieux, macho ! Mais imaginez un film machiste, The Gladiator. Pour peu, que, d’un sondage 100 % pur finir le film, toutes les ressources malt, pur mâle, « indulgent et lu- du trucage vont être utilisées, un cide » comme de juste, les Olivier Reed sera recréé de toutes hommes accordent prioritaire- pièces en trois dimensions. Un ment aux femmes trois qualités machiste virtuel en somme, sen- du même tonneau. Du genre tinelle avancée d’une guerre per- « égoïste », « ambitieuse » et « do- due et prototype d’avenir. La grève qui touche certains musées est reconduite LA GRÈVE qui affecte depuis le 19 mai certains musées et établisse- ments relevant du ministère de la culture a été reconduite, lors d’une assemblée générale réunie mercredi 26 mai. L’intersyndicale des agents du ministère demande un plan de résorption de l’emploi pré- caire (2 000 personnes sont concernées) et la création de 1 000 postes au sein d’une administration qui compte 20 000 personnes. En raison de ce mouvement, le Louvre, le Musée d’Orsay, les Archives natio- nales, le Panthéon, l’Arc de Triomphe, la Conciergerie, la Sainte-Cha- pelle et le Musée de Saint-Germain-en-Laye sont fermés. Dans d’autres monuments, les grévistes ont voté la gratuité d’accès : c’est le cas notamment du château de Versailles et des Musées Picasso et Clu- ny. En province, la situation est diverse. Les grévistes, qui ont déjà été reçus par Catherine Trautmann, la ministre de la culture, devaient se rendre jeudi à l’hôtel Matignon. Jean-Marie Le Pen met en doute la déportation des Kosovars JEAN-MARIE LE PEN doute qu’il y ait « déportation, viols et meurtres » au Kosovo. Le président du Front national a déclaré, jeudi 27 mai, sur RTL : « Je ne sais pas s’il y a déportation, viols et meurtres, ce que je sais c’est qu’il y a depuis deux mois des bombardements systéma- tiques de la part des pays les plus riches et les plus puissants du monde sur un petit pays de 12 millions d’habitants. Ça me paraît autrement scandaleux. » Interrogé sur la visite de Dominique Chaboche, vice- président du FN chargé des relations extérieures, à Vojislav Seselj, un « nationaliste, partisan du nettoyage ethnique », selon le journaliste, M. Le Pen répond : « Qu’est-ce que le nettoyage ethnique, où commence-t-il, où finit-il, qui peut donner des leçons dans ce domaine ? Certainement pas les Américains. » Selon lui, M. Seselj « est surtout vice-président de la République, chef d’un grand parti nationaliste. »

DÉPÊCHES a GUCCI : la cour d’appel d’Amsterdam a annulé, jeudi 27 mai, le plan d’actionnariat des salariés créé par le maroquinier italien pour se défendre contre la tentative de contrôle par le groupe LVMH. Mais la justice néerlandaise a validée l’augmentation de capital qui avait été réservée au groupe Pinault Printemps Redoute, lui donnant plus de 40 % du capital de Gucci. Les juges n’enquêteront pas sur les pra- tiques du management, comme le demandait LVMH. a ÉDITION : le tribunal de grande instance de Paris a prononcé, mercredi 26 mai, la résolution judiciaire de vingt-cinq contrats d’édi- tion signés entre Julien Green et les éditions Fayard. Il a précisé que cette résiliation intervenait « aux torts exclusifs » de l’éditeur qui, de plus, est condamné à verser 100 000 F (15 245 ¤) de dommages-inté- rêts à Jean-Eric Green. Eric Jourdan (son nom d’écrivain) est le fils adoptif et légataire universel de Julien Green, mort le 13 août 1998. Les magistrats ont précisé que Jean-Eric Green retrouvait immédiate- ment l’intégralité des droits patrimoniaux d’auteur qui appartenaient à son père. Jean-Eric Green avait demandé la résiliation de trente- trois contrats signés entre janvier 1993 et mai 1997, en invoquant le non-respect des obligations contractuelles de l’éditeur (Le Monde du 5 avril). En revanche, il n’a pas obtenu l’exécution provisoire de la dé- cision. La librairie Arthème Fayard a décidé de faire appel.

Tirage du Monde daté jeudi 27 mai 1999 : 497 304 exemplaires. 1 – 3 LeMonde Job: WIV2199--0001-0 WAS LIV2199-1 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 09:18 S.: 111,06-Cmp.:27,09, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0150 Lcp: 700 CMYK

LITTERATUREb ESSAIS VENDREDI 28 MAI 1999 ATTENTION AUX BARBARES ! BIBLE La Chronique Gilbert Dahan analyse de Roger-Pol Droit les incidences de l’esprit page VI scientifique sur le travail des exégètes KLAUS MANN ET GIDE du XIIe au XIVe siècle Le Feuilleton SABINE MACHER CORMAC MCCARTHY JEUNESSE page IX de Pierre Lepape page II page III page IV page V

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Les maux d’enfance de Coetzee du Sud. Ladite porte s’ouvre, bien sième personne, sans jamais citer ne sont que des bulles explosant à la nom afrikaaner. Truffant son texte Un parfum de rareté entendu, suivant l’angle exact voulu son prénom – le nom de famille, lui, surface d’une marmite pleine de de phrases en afrikaans, mais aussi par l’auteur ; ni plus ni moins. L’au- est mentionné à deux ou trois re- contradictions plus terribles encore. de références multiples aux cultures émane de ces pages tobiographie, presque toujours, prises –, l’écrivain le met à distance En l’occurrence, les violents antago- anglaise et américaine, Coetzee fait trouve sa source dans le désir de de lui-même, du moins dans le pro- nismes qui traversent la société sud- circuler son personnage entre des écrites par un homme contrôler jalousement les informa- cédé. africaine de l’époque, marquée par écueils linguistiques. Quelque part, à tions concernant celui qui l’écrit. Les individus sont apparemment l’Apartheid, l’antisémitisme, les riva- l’écart des langues, se trouve cepen- discret. Un écrivain ire de lui qu’il est Dans le cas de Coetzee, cependant, évoqués de l’extérieur, mais la proli- lités entre Anglais et Afrikaaners, les dant un jardin secret que l’auteur secret, qui dévoile discret ne rendrait pas justice à son le texte ne se fait pas le rempart fac- fération des «il» qui désignent l’en- injustices sociales de tous ordres. suggère de manière sobre et poé- obstination.D John Michael Coetzee tuel d’une vie qu’il voudrait dissimu- fant n’empêche pas le récit de s’arti- Coetzee donne de ce monde brutal tique. fait bien partie de la confrérie des si- ler, ou seulement reconstruire. culer autour d’une histoire une image à la fois fragmentée L’enfant manifeste un goût pour les peurs lencieux, mais aussi de celle, plus Comme Doris Lessing, dans le pre- intérieure. C’est bien des sentiments – comme ce que pouvait apercevoir le son de certaines lettres. Le R, sur- confidentielle encore, des farouches, mier volume de ses Mémoires (Al- de ce jeune personnage, de ses aspi- un garçonnet du haut de ses dix tout, qui lui fait par exemple choisir et les contradictions des rebelles, de ceux qui refusent les bin Michel, 1995), le romancier n’hé- rations, de ses joies et de ses hontes ans – et parfaitement construite. le camp des Russes, en pleine guerre entretiens et rechignent à se laisser site pas à descendre loin dans les qu’il s’agit. En particulier de la honte Le problème central, abordé sur froide. Au contact des sons, il se du petit garçon prendre en photo. Auteurs secrets, troubles et les contradictions de son spécifique – et parfois largement un ton de fausse naïveté, est bien trouve loin des langues ennemies, qu’il fut dans l’Afrique parfois sombres et d’un abord personnage. Tout peut être écrit, sûr celui de la « place » de dans un lieu pacifié, universel. Le souvent rêche, qui ne jugent pas semble insinuer Coetzee, pourvu Raphaëlle Rérolle chacun dans cette société. lieu secret qui lui fait dire, évoquant utile de laisser traîner leur image ail- que cela le soit par moi. Et tout peut « S’il n’est pas gênant d’avoir une conversation avec sa cousine : du Sud des années 50 leurs que dans leurs livres. D’où le être lu, c’est-à-dire interprété, mêlée d’orgueil – que l’on éprouve à la femme de Ros et sa fille pour tra- « Et comme il parlait, il ne savait parfum de rareté qui émane de ces puisque le livre représente évidem- se sentir différent, voire anormal. vailler dans la maison, pour faire les même plus quelle langue il parlait ; en Scènes de la vie d’un jeune garçon, ment beaucoup plus qu’un texte do- Cette idée de différence fait la co- repas, la lessive, les lits, pourquoi est- lui, ses pensées se changeaient natu- saisissant coup d’œil sur l’existence cumentaire : une œuvre aux hérence du livre en liant plusieurs ce que ça serait gênant de leur rendre rellement en mots. » Un rêve d’avant d’un enfant de dix ans dans l’Afrique marches de la fiction, dotée d’une degrés de singularité, qui se mani- visite chez eux, il a bien envie de le de- Babel, pour une représentation du Sud du début des années 50. A la épaisseur particulière, où la vérité festent essentiellement sous forme mander. » L’écriture, brève et le plus idéale et presque magique de l’acti- fois sec et intime, clairement auto- des faits compte sans doute moins de contradictions. Coetzee met en souvent dépouillée, dense, superbe, vité littéraire. biographique, ce récit splendide que la vérité littéraire. scène un enfant « pas comme les renvoie à la rudesse de cet univers. peut donner l’impression d’observer Car Scènes de la vie d’un jeune gar- autres », issu d’une « famille anor- Un monde où la langue se fait l’écho (1) Au cœur de ce pays, que les éditions par une porte entrebâillée les sou- çon est un texte littéraire et construit male et honteuse », dans un pays ra- de toutes les ségrégations, délimite du Serpent à plumes viennent de pu- bassements d’une personnalité. comme tel, dont la figure centrale dicalement anormal lui aussi. Des- des frontières autant sociales que blier en format de poche. Donc d’une œuvre. Celle, singulière est constamment présentée comme pote et dominateur chez lui, l’enfant géographiques ou raciales, sert et tourmentée, de l’un des roman- un personnage indépendant de l’au- est brillant à l’école, notamment d’arme à l’occasion. SCÈNES DE LA VIE ciers les plus talentueux d’Afrique teur. Parlant de ce garçon à la troi- pour ne pas encourir l’humiliation Les Afrikaaners, dont le garçon D’UN JEUNE GARCON du châtiment corporel. Mais en apprécie l’idiome pour la légèreté (Boyhood. Scenes même temps qu’il refuse d’être frap- qu’il lui donne, ont ainsi la manie de from Provincial Life) pé, au point de se dire qu’« il n’aura « brandir leur langue comme un de John Michael Coetzee. aucun autre moyen de s’en sortir que gourdin contre leurs ennemis ». Traduit de l’anglais de se tuer » si cela se produisait, il Epouvanté, l’enfant redoute donc de (Afrique du Sud) éprouve l’ambiguïté d’une grégarité se voir transférer dans une classe par Catherine Glenn-Lauga, malmenée. « Il n’a jamais été fouetté d’afrikaans, au motif qu’il porte un Seuil, 190 p., 110 F (16,76 ¤). et il en a profondément honte. » Comme l’enfant Sartre, dans Les Mots, le personnage de Coetzee porte, enfoui en lui, un sentiment d’imposture. « Si toutes les histoires (...) qu’il a lui-même échafaudées au cours de toutes ces années de comportement normal, du moins en public (...) devaient s’effondrer pour laisser voir au grand jour ce qu’il est au fond, ce noyau affreux, noir, pleur- nicheur et puéril dont tout le monde se moquerait... » A l’image de Mag- da, la narratrice du premier roman de Coetzee (1), l’enfant détient un obscur secret. Celui de ses origines et d’une im- possible convergence entre diffé- rents pans de son existence. La fa- mille Coetzee, père avocat raté, mère en adoration devant son fils, baigne dans les contradictions. Ou du moins dans ce que l’enfant per- çoit comme des anomalies, lui qui ne ressent qu’aversion pour son père et froideur pour l’amour enva- hissant de sa mère. Dans cette fa- mille d’origine afrikaaner, on parle l’anglais, les enfants ne subissent pas de punitions corporelles, portent des chaussures et la religion ne fait pas partie du paysage. Ni An- glais, ni vraiment Afrikaaner, ni juif, ni catholique, ni «chrétien» (comprendre : protestant), le garçon souffre et s’interroge, même si sa vie s’entrecoupe aussi d’épisodes de pur plaisir. Alternant mouvements courts et longs, le romancier donne une idée de cette temporalité propre aux souvenirs d’enfance. Un océan plus ou moins flou, d’où émergent des événements précis, des couleurs, des gestes, des noms. Et surtout, des réflexions d’enfant doué, saisi de honte face à la situa- tion de son pays. Car toutes les inco- hérences individuelles et familiales ERIC MILLER/IAFRIKA PHOTO LeMonde Job: WIV2199--0002-0 WAS LIV2199-2 Op.: XX Rev.: 26-05-99 T.: 19:12 S.: 111,06-Cmp.:27,09, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0151 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 le feuilleton

de Pierre Lepape b ANDRÉ GIDE jeunesse de l’Europe. Les repères et les modèles nous ET LA CRISE DE LA PENSÉE MODERNE manquent. Et ce ne sont pas nos piteux bateleurs de de Klaus Mann. studios qui pourront nous les fournir. Ce qui donnait Traduit de l’allemand forme aux angoisses, aux aspirations, aux questions de par Michel-François Demet, Klaus Mann et de centaines d’autres à travers le Grasset, 340 p., 145 F (22,10 ¤). monde, n’étaient pas des discours, des manifestes et des éditoriaux, c’était des œuvres, des romans subtils et llait-il choisir de vivre ou de mourir ? Lecteurs Pas l’espérance, ironiques, des pièces de théâtre portant sur la scène des de Klaus Mann aujourd’hui, nous connais- personnages de la mythologie, les feuillets arrachés à sons la réponse. Le 29 mai 1949 dans un hôtel l’expression de soi la plus intime, la littérature : « Au fur de Cannes, le fils du plus célèbre des écrivains et à mesure que l’écrivain enregistre soigneusement, jour Aallemands contemporains avalait une dose mortelle de après jour, les problèmes et les luttes, les élans et les dé- barbituriques. Il avait quarante-deux ans, des dons en l’inquiétude ceptions de sa vie personnelle, il écrit aussi, simultané- pagaille, une beauté ravagée par les épreuves, les ment, que ce soit consciemment ou non, un chapitre de combats et les drogues. Quelques semaines aupara- l’histoire culturelle de l’Europe. Ses humeurs et ses conflits vant, il avait mis la dernière main à un essai écrit en an- personnels reflètent ou anticipent les tendances intellec- glais et intitulé La Crise de l’esprit européen. Il y enregis- tuelles d’une nation, d’un continent. De tout ce qui a pu trait la défaite absolue de l’intelligence : « Nous sommes se passer ou se préparer en Europe pendant ces cinquante battus ! Nous sommes finis ! Pourquoi ne pas l’admettre à dernières années sur le plan intellectuel, nous trouvons la la fin ? La lutte des deux superpuissances anti-intellec- trace dans les notes du Journal. » tuelles – l’argent américain et le fanatisme russe – ne « La simplicité, écrivait Gide, est un mensonge. » Ses laisse plus aucune place à l’indépendance et à l’intégrité déroute de la pensée. Gide est son professeur de vie, En 1941, pour surmonter le devoir ennemis les plus aveugles en tiraient la conclusion qu’il intellectuelle. Nous sommes forcés de prendre position et, celui qui lui murmure que le combat de l’esprit n’est ja- était à ce point contradictoire qu’il changeait d’avis au par là même, de trahir tout ce que nous devrions dé- mais perdu pourvu qu’il reste une personne, une seule de mort, seule réponse selon lui à la gré du vent. Gide a lui-même entretenu patiemment fendre et chérir. » Seule issue à cette déroute spiri- – soi – pour le mener. Chacun pour tous. cette légende, avec cette sorte de coquetterie qui le tuelle : la mort volontaire, comme une dernière ma- Comme en écho au dernier article de Klaus Mann, déroute de la pensée, Klaus Mann poussait à apparaître plus mauvais qu’il n’est. Le fait est nifestation, un dernier combat, une ultime espérance, son livre porte en sous-titre, « La Crise de la pensée qu’il ne voulait rien posséder, fût-ce ses idées. Cela l’en- un dernier service : « Des centaines, voire des milliers moderne ». Il ne s’agit donc pas d’une biographie ordi- entreprend une relecture de Gide. combrait pour renaître, nu comme il convient. Gide est d’intellectuels devraient faire ce qu’ont fait Virginia naire. Pour l’écrire, dans son exil américain, Mann ne l’écrivain de la renaissance, ce qui l’empêcha sans Woolf, Ernst Toller, Stefan Zweig, Jan Masaryk. Une vague dispose que du souvenir de ses quelques rencontres Un professeur de vie qui permettra doute d’adhérer, malgré son admiration, à la folle en- de suicides dont seraient victimes les esprits les plus re- avec le grand homme, et de ses œuvres, de son Journal treprise de Proust. Le temps était devant lui, jamais marquables et les plus en vue, sortirait les peuples de leur en particulier. Ses sources sur Gide, c’est Gide et rien de repousser un temps « l’illusoire derrière, même lorsqu’il relisait les classiques : il dési- léthargie et leur permettrait de réaliser l’extrême gravité d’autre. On trouvera donc bon nombre d’erreurs fac- rait qu’ils naissent encore et qu’on en admire la graine, de la crise que l’homme a déclenchée sur sa propre tête tuelles dans son récit biographique. A commencer par solution du suicide » non les feuilles mortes. par bêtise et égoïsme. » Madeleine Gide que Klaus Mann s’obstine à prénom- Klaus Mann avait toujours envisagé le combat pour mer Emmanuelle. A se poursuivre par des citations Gide, écrit joliment Klaus Mann, était le gardien de laus Mann fait parfaitement justice des fa- l’âme comme une lutte à mort. D’aucuns diront qu’il fausses, des erreurs de dates, des confusions de person- beaucoup de secrets et « le gardien de beaucoup de se- meuses « contradictions » gidiennes. Per- était fasciné par le suicide. Une sorte de maladie de soi, nages. Parfois le traducteur corrige en note, souvent il crets dispose de beaucoup de langues, une pour chaque sonne, souligne-t-il, ne peut se contredire. On aggravée par l’étrange climat tragique qui régnait dans oublie. De temps à autre, il ajoute ses propres imper- secret ». De toutes ces langues, l’essayiste retient celles ajoute simplement, on s’augmente, on de- la tribu des Mann. Une fatalité génético-historique, la fections comme lorsqu’il attribue à Malraux – on ne qui lui parlent le plus profondément. Le christianisme, Kvient multitude, on inquiète et on s’inquiète : « Com- faute à personne. Les textes – dont celui cité plus prête qu’aux riches – la paternité d’une formule célèbre l’internationalisme, l’art, l’avenir de l’humanité – c’est- ment son œuvre et son être pourraient-ils être simples ? Le haut – rassemblés dans Le Condamné à vivre ne per- – « Gide, le contemporain exemplaire » – qu’André Rou- à-dire celui de l’esprit –, et, bien sûr, l’Allemagne. Ce voudrions-nous moins en danger, moins dangereux que le mettent pas de s’en tirer à si bon compte (1). Opposant veyre inaugura pour une série d’articles des Nouvelles livre sur Gide, écrit par un Allemand sous la terreur na- siècle qui parle à travers lui ? » L’inquiétude, « notre de la première heure au nazisme – mais tout autant au littéraires en 1924. tional-socialiste, est le plus juste plaidoyer qui se puisse seule noblesse », doit pouvoir se passer de l’espérance, stalinisme et au totalitarisme du dollar –, Klaus Mann imaginer en faveur de l’Europe. Pas l’Europe des armes, cette berceuse des lendemains. Klaus Mann le réaf- n’envisage jamais le suicide comme un abandon, une e perfectionniste qu’était Gide aurait protesté évidemment, celle de l’intelligence. En 1916, au mo- firme à la fin de son livre : « Il n’avait jamais conseillé victoire du désespoir, moins encore comme un désir. en son for intérieur contre ces menues altéra- ment de l’union sacrée contre le « boche », Gide faisait que l’on se contentât d’espérer et d’attendre. » Il parle C’est une protestation de la vie contre la seule mort qui tions. Il ressentait douloureusement les à-peu- scandale en prônant l’alliance future du pays de aussi de la « solution illusoire du suicide ». Sa relecture importe, celle de l’esprit. près, surtout les siens. Il ne cessait de retou- Goethe et de celui de Montaigne. Horrible défai- de Gide, si belle, si profonde, lui a rendu la force de Erika Mann l’avait bien compris. Elle fit graver sur la Lcher, de préciser, de nuancer. Pas question de prendre tisme (1) hurlaient ses ennemis. En 1941, le fils de Tho- continuer. Six ans encore à se battre, dans les pires tombe de son frère la phrase des Evangiles qui devait des libertés avec la vérité. On peut gager pourtant qu’il mas Mann reprend à son compte l’avertissement de conditions. servir d’exergue au roman auquel il travaillait, The Last aurait accueilli avec indulgence les maladresses de dé- Gide : « Aucune des grandes nations n’est aussi impropre Le 28 mai 1949, le jour du suicide de Klaus Mann Day : « Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais tail de l’élève Mann tant la vérité de la dialectique gi- à l’autarcie culturelle que l’allemande. Le génie allemand dont il ignore encore la mort, Gide parle longuement, celui qui la perdra, celui-là la sauvera. » C’est une cita- dienne est ici mieux que respectée : accueillie, nourrie, devient stérile et même dangereux dès qu’il est isolé. Le dans son Journal, de Pierre Herbart, si proche du jeune tion qui revient sans cesse dans le Journal de Gide. On développée avec une magnifique ferveur. Gide, avec un pays du centre de l’Europe doit recevoir pour pouvoir pro- écrivain allemand, si semblablement déchiré, énergique pourrait même dire que c’est la citation gidienne par incroyable optimisme, déclarait écrire pour les généra- duire. » Sortir l’Allemagne future de son isolement spi- et désespéré : « J’ai tant aimé les défauts de Pierre Her- excellence, celle qui donne la meilleure formule de sa tions futures : « Les enfants d’aujourd’hui s’étonneront rituel est la seule chance de notre civilisation. Quand, bart. Il n’y a pas bien longtemps que je préfère encore ses dynamique spirituelle. De sa dévorante vitalité aussi : de me rencontrer sur leur chemin », se permettait-il de avec la guerre froide, Mann ne croira plus possible qualités. Je le crois à présent capable de prendre des réso- lorsque Klaus Mann en 1941, au plus noir de l’ère nazie, prophétiser en 1926. Quinze ans plus tard, au plus pro- cette alliance franco-allemande des esprits, il choisira la lutions, fût-ce contre lui-même, et de les tenir. » entreprend d’écrire une biographie de Gide, c’est pour fond de la défaite, un jeune artiste allemand antinazi, radicale protestation de la mort. y trouver des raisons de surmonter ce devoir de mort chassé sans retour de son pays, fait de lui sa patrie, son On ne comprend plus très bien aujourd’hui l’in- (1) Denoël, traduit de l’allemand et de l’anglais par Domi- qui lui apparaît souvent comme la seule réponse à la passeport pour l’avenir. Le face-à-face est émouvant. fluence immense que put exercer Gide sur la meilleure nique Miermont. 192 p., 90 F (13,72 ¤).

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Thaddée Paz, Princes sans couronne A l’ombre Un recueil de nouvelles écrites à la fin d’une vie trop brève montre combien un ange du bien Klaus Mann mérite d’être enfin reconnu comme un écrivain à part entière de Gide n ange passe dans La vit à l’étage des domestiques. Entre les et l’a épousé. Puis la femme est Mann émigre, d’abord en Europe Comédie humaine. Un deux se noue un trouble rapport de SPEED partie, et Orloog est resté dans sa (France, Hollande, Suisse), puis TEXTES RETROUVÉS fantôme, une apparition. maître à serviteur, un serviteur supé- (Nouvelles extraites nuit. Jusqu’au jour où il s’est aper- aux Etats-Unis, et fonde deux re- de Pierre Herbart. Il n’occupe que quelques rieur au maître, plus beau, plus fin, de Maskenscherz et Speed) çu qu’il avait été trompé. Tout vues antifascistes. Il décide Le Promeneur-Gallimard, Upages d’une simple nouvelle, La Fausse plus intelligent. de Klaus Mann. était faux, même le mariage : gro- d’écrire en anglais – redouble- « Le Cabinet des lettrés » Maîtresse, mais pas n’importe la- Quand, au Théâtre des Italiens, Traduit de l’allemand tesque mascarade accomplie avec ment d’un exil : « Brusquement, on 154 p., 90 F (13,72 ¤). quelle : « une de ces nouvelles qui sont si Adam montre à Thaddée sa future par Dominique Miermont, la complicité d’amis malveillants. se retrouve à nouveau débutant : difficiles à faire qu’on épouse, celui-ci « re- Denoël, 312 p., 129 F (19,66 ¤). Désormais, il est taraudé par le chaque phrase est un casse-tête. » nscrit dans les coulisses de n’en a pas beaucoup connut en elle cette désir de vengeance, et il finira par Six des nouvelles de ce recueil ont l’histoire littéraire, le nom de dans son œuvre », écrit femme que tout homme lors quelque chose en tuer. d’ailleurs été écrites directement Pierre Herbart, malgré un Balzac à Eve Hanska. Le doit aimer exclusive- elle se rompit » – elle en anglais, avant d’être traduites destin presque légendaire, texte est important pour ment ». Clémentine Le- cesse de lutter, de se LUCIDE COURAGE en allemand. On retrouve dans resteI largement méconnu (« Le lui, car il se rattache à la ginska doit comparer, ce défendre, elle accepte Les quinze nouvelles de ce re- Speed et dans Le Moine des élé- Monde des livres » du 29 mai 1998). Pologne, brille d’une « grand bel homme, bien enfinA l’amour que tout son corps cueil comptent parmi les der- ments de sa vie américaine, mais La postérité est injuste : on se sou- certaine lumière, celle Figures fait, qui portait sur sa fi- et son esprit désirent. Christiane nières écrites de Klaus Mann c’est surtout l’atmosphère de vient à peine de lui, et lorsque de l’amour et du sacri- de la Comédie gure les traces de cette est la veuve d’un célèbre philo- avant son suicide. « Si l’on ras- l’entre-deux-guerres qui s’impose d’aventure on l’évoque, c’est pour le fice, vécus par Thaddée douceur, fruit de la force sophe. Depuis la mort de ce mari semble un jour ce qu’il a fait de plus ici : absence de repères, vertige de laisser à l’ombre des plus grands que Paz. b et du malheur », avec austère, qui lui interdisait formel- réussi, on constatera que sa mort passions contenues. Etre entraîné lui – André Gide au premier chef. D’emblée, le person- PAZ, « cette grêle créature qui, lement de lire ses livres, cette est une très grande perte. » Cet loin de soi pour être violemment Mais, en même temps, il est diffi- nage est un mystère : THADDÉE chez Adam, indiquait la femme encore jeune vit recluse hommage ambigu n’est pas ramené à la vérité d’une situation cile de parler de Pierre Herbart hors « Enfin, ici, c’est pour dégénérescence forcée dans une grande propriété, entou- l’éloge funèbre obligé de quelque masquant la désespérance de la du cercle dont le centre était rue Va- moi comme au jeu de do- Né en 1806 en des familles aristocra- rée de ses quatre enfants. Atten- fonctionnaire de la culture, mais condition humaine ; plonger à neau, chez Gide précisément. Her- mino : il y a Paz partout. Pologne tiques assez insensées tionnée, douce, elle est pourtant celui d’un père. Il est difficile corps perdu dans le tourbillon bart a vingt-six ans en 1929, lorsqu’il Je n’entends parler que Noble désargenté, pour toujours s’allier prise parfois par des absences, d’être le fils d’un écrivain de l’en- d’une illusion qui, l’espace d’un rencontre le grand écrivain. Il est dé- de Paz, et je ne peux pas descendant de la entre elles ». comme si elle glissait dans un vergure de Thomas Mann, instant, paraît être la seule vérité jà l’ami de Cocteau. En septembre voir Paz. Qu’est-ce que famille Pazzi. Blessé Mais La Fausse Maî- autre monde. Même ses enfants d’échapper à cette gigantesque authentique. On a beau essayer de 1931, il épouse Elisabeth Van Ryssel- c’est que Paz ? Qu’on et sauvé par le comte tresse n’est pas un vau- lui apparaissent alors comme des ombre portée. Incompris, il l’a se griser, de percer la cuirasse des berghe, qui vient d’accoucher de Ca- m’apporte notre Paz », Adam Laginski en deville, car à sa manière, êtres incompréhensibles, ef- donc été même de ceux qui lui conventions, d’admettre ses therine, la fille d’André Gide. Jour- s’exclame la jeune Pologne, dont il dans sa façon d’idéaliser froyables, « des étrangers ». Elle étaient le plus proches, sa sœur propres faiblesses et celles de naliste, il adhère quelque temps au comtesse Clémentine devient l’intendant à son amour, Paz est un s’en veut, secoue sa torpeur, re- Erika mise à part. Difficile aussi de l’autre, se quereller même, se per- communisme et accompagne Gide, Laginska, à force d’en- Paris. Protagoniste double du romancier : prend son existence dans la véné- vivre dans une période dont le suader que l’on ne peut vivre sans Dabit et Guilloux dans leur pèleri- tendre parler de cet de La Fausse « En proie à des joies de ration d’un époux dont le portrait seul horizon est l’apocalypse : l’autre, la fusion est rarement au nage à Moscou. Puis c’est l’Espagne homme à tout faire, à la Maîtresse (1842), il créateurs indicibles, est accroché dans la chambre. « Notre vie consciente vit le jour à rendez-vous, comme si l’exigence républicaine, l’Afrique, et la dénon- fois comte et capitaine, fait partie des invités Thaddée était en amour Puis un jour survient un visiteur, une époque d’incertitude oppres- du désir était le ressort de la rup- ciation du colonialisme. Entré dans omniprésent et invi- du mariage du ce que nous connaissons disciple enthousiaste du philo- sante. Comme tout autour de nous ture : « Qu’est-ce qui s’effondrait la Résistance, il dirigera la libération sible. C’est un person- comte Wenceslas de plus grand dans les sophe défunt. Il veut voir la mai- vacillait et éclatait en morceaux, à en lui ? » Même l’amour participe de Rennes. nage souterrain, comme Steinbock, dans La fastes du génie. » Pour son du maître. Vite adopté par les quoi aurions-nous dû nous raccro- de la grande catastrophe univer- En 1952, un an après la mort de Balzac les aime, un Cousine Bette. ne pas trahir son ami, enfants, ce jeune homme fan- cher, selon quelle loi nous orien- selle. Gide, Herbart publie ses souvenirs pour ne pas permettre à tasque s’impose dans le cœur de ter?» Après avoir mené une vie Les personnages de Klaus Mann irrespectueux sur l’auteur de L’Im-

homme de l’ombre qui MAISON DE BALZAC 1842/PARIS J.-L. A. BISSON tire les ficelles en cou- Clémentine de l’aimer, il celle qui ne savait être que mère. de dandy insouciant, de « prince sont des marginaux du cœur, des moraliste. Les années suivantes se- lisse, sans apparaître. Mais – ce qui est va s’effacer encore davantage, prendre Ce n’est pas le coup de foudre : plein d’exubérance » (pour re- candides mélancoliques compre- ront difficiles, parfois misérables. Il rare –, pas pour le mal ou le pouvoir. un masque, rendant réelle une fiction. une sensation qui mûrit en elle prendre une expression de son nant trop tard que la vie n’est que meurt en août 1974, alors que Gé- C’est un ange du bien. Il s’invente une maîtresse. Il va don- comme un fruit et devient trop père dans une lettre à Hermann cruelle. « Nous devrions nous lais- rard Guégan et Raphaël Sorin Dans une magnifique généalogie ner une réalité à un simple nom vu sur lourd à porter. Sous les étoiles, un Hesse), qui ne cachait ni son ho- ser aller au désespoir absolu. C’est tentent de le sauver de l’oubli. imaginaire, il est présenté comme un une affiche de cirque, Malaga, et créer soir d’été, quelque chose en elle se mosexualité ni son goût pour les la seule chose qui serait honnête », Plus récemment, le Promeneur a descendant d’une branche de la fa- un personnage d’amante imaginaire, rompt. Elle fera le premier pas – et drogues, il montre à la face du écrivait-il, quelques jours avant sa proposé plusieurs rééditions. Pa- mille Pazzi de Florence émigrée en Po- avec laquelle il se montre partout et portera un nouvel enfant. monde qu’il ne manque pas de lu- mort. Oui, Klaus Mann mérite raissent outre la reprise d’Alcyon logne. Thaddée Paz appartient à la qu’il ne touchera jamais. Quand cela Toutes les nouvelles de Klaus cide courage. « En Allemagne d’être reconnu comme un écrivain (112 p., 85 F [12,95 ¤]) qui date de partie pauvre de sa famille. Ami ne suffira plus il inventera une autre Mann sont sous-tendues par une règnent la terreur et la barbarie ; à part entière, loin de ce père trop 1945, ces Textes retrouvés augmentés « à la vie, à la mort », avec Adam fiction. Il s’engage pour combattre passion secrète contre laquelle on dans d’autres pays, ça va bientôt imposant avec qui la confronta- d’une « Note biographique » pré- Leginski, qui lui a sauvé la vie deux dans le Caucase : « Je serai prince Paz se défend, mais qui finit par écla- être la même chose ; nous devons tion littéraire prenait des allures cise de Maurice Imbert, et qui fois. Pour payer sa dette, il consacre sa en trois ans ou mort. » Il reste là pour- ter dans la joie – et plus souvent lutter – lutter », dit Karl dans Der- de duel. Si le père a choisi d’écrire comportent une série de brefs récits vie au bonheur de son ami. Adam n’a tant, disparu, invisible, à jamais ange dans la douleur. Orloog aussi ai- nière conversation. Le Docteur Faustus, le fils n’a-t-il inédits, des souvenirs, sur Gide no- « jamais voulu voir un inférieur dans gardien de son amour. mait. Aveugle, il adulait la femme En 1933, alors que certains choi- pas préféré Méphisto ? tamment. [s]on cher Paz ». Mais Paz est comte et Alain Salles qui un jour lui a donné son amour sissent la compromission, Klaus Pierre Deshusses P. K . LeMonde Job: WIV2199--0003-0 WAS LIV2199-3 Op.: XX Rev.: 26-05-99 T.: 19:42 S.: 111,06-Cmp.:27,09, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0152 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 / III b Sabine Macher écrit pour habiter le temps Secrets et coïncidences De quel lointain intérieur vient cette exploratrice immobile ? Récits, poèmes ou journaux intimes, Pour Anne-Marie Garat, nous ne savons, ses pages dessinent une étrange géométrie où le temps croise les espaces disponibles de ce que nous vivons, que ce que nous en racontons ce « je », d’une sorte d’objectivité Christine, sculpteur dans un atelier RIEN NE MANQUE – détachement et suspension, di- ISTVÁN ARRIVE PAR de Montreuil, et que ceux-ci n’aient AU MANQUE sions-nous. LE TRAIN DU SOIR ensemble de beaux enfants, sportifs de Sabine Macher. La première question, celle du d’Anne-Marie Garat. et polyglottes. Denoël, « Format utile », 108 p., temps, ne se pose pas. Parce que Seuil, 206 p., 110 F (16,76 ¤). Il y a, en amont, toutes sortes de 65 F (9,9 ¤). le temps est déjà une réponse, et douleurs : le père de Joseph, mort CARNET D’A qu’ « écrire » c’est « être dans le n peut voir tout ce qu’on noyé sur une plage du Nord ; le de Sabine Macher. temps ». Dans Rien ne manque au veut avec un peu d’ima- grand-père d’István, succombant à Ed. Théâtre typographique manque, la durée de l’écriture est gination, et même sans la même seconde que le professeur (139, avenue de la République, scrupuleusement notée, à côté de jumelles, même à travers Tetmajer d’une tumeur au cerveau. 92400 Courbevoie), la date qui conclut chaque bref laO buée, il suffit d’être observateur. » Rien n’est dit que de manière dé- 42 p., 80 F (12,19 ¤). chapitre, surmonté d’un numéro ; Observateur, le narrateur, Joseph, se tournée, par exemple à travers des mais les cartes du temps ont été targue de l’être. Pourtant – il l’af- objets : une luxueuse écharpe rouge, l serait enfin raisonnable, mélangées et les protocoles de firme à l’inspecteur Verlaine –, il n’a un grille-pain défectueux, des cou- et pour tout dire décent, de l’acte littéraire sont impuissants à pas vu, pas distingué ce tas, dans le teaux inquiétants. Ou d’improbables renoncer à cette vieille op- épouser une durée linéaire, une jardin d’à côté : le voisin mort ressemblances, comme cette pas- position sans pertinence existence ordinaire – comme si – peut-être assassiné ? – depuis une sante qui rappelle « la fille de la mai- entreI littérature de grands vents l’obscure menace d’une folie pla- semaine, devant le clapier de ses la- son d’en face » – celle qui effrayait et littérature d’expression mini- nait toujours. Emily Dickinson, pins. Ce n’est qu’une des nom- l’adolescent «blême»de Montreuil. male, enfermée dans les quatre avec son génie, affrontait une pa- breuses énigmes que propose le bril- Quelques films servent moins à murs d’une chambre. La supério- reille menace et, complice, jouait lant roman d’Anne-Marie Garat. décrypter qu’à épaissir ces mystères : rité objective de la première n’est avec elle, écrivait face à elle. «Le Pourquoi, par exemple, Odile, la Psycho de Hitchcock, pour l’atmo- nullement avérée, quoi qu’on en temps je ne sais plus, il n’est pas à femme de Joseph, est-elle loin – là, sphère de peur inexpliquée, de dan- dise. Il y a d’étonnants voyageurs écrire, il va et vogue et même pas par exemple, à Madrid, où elle vend ger violent et imminent, Blow Up qui ne sortent guère de leur ville, ça, il reste », affirme aujourd’hui des CD-ROM d’encyclopédies multi- d’Antonioni, pour rappeler l’étrange de leur quartier, ou même de leur Sabine Macher. La littérature lingues – lorsqu’István vient voir Jo- pouvoir de nos catégories percep- tête. On peut être grand bourlin- n’est pas un instrument pour ve- seph, de Budapest, toujours par le tives, enfin, pour résumer le climat gueur et médiocre écrivain... ; on nir à bout du temps. train du soir, et après une escale à vaguement délétère du roman peut aussi ne pas quitter une de- POUR «FRANCES DAL-CHELE MONDE LE » Le lieu est une dimension plus Vienne, pour revoir la maison de – « cette blessure de l’âme qui vient de meure tapissée de liège et être un Quelques données, afin de fixer trait pour écrire, règne. On est à la instable et concrète. Les objets Freud ? Est-ce vraiment Alicia, spé- Vienne, de Prague ou de Buda- génie. Et le Dublin de Joyce n’est- un cadre : Sabine Macher est née fois tout près des choses, dans le sont là, à portée de main et de re- cialiste du magdalénien, commun pest » –, le Troisième Homme, un film il pas universel d’avoir été men- en 1955. Sa première langue était monde le plus immédiat, et loin, gard. Loin de tout ravissement amour de jeunesse de Joseph et que le narrateur ne cesse d’aller re- talement redessiné ? l’allemand ; son français est dans une distance inquiétante. On durassien, Sabine Macher recense d’István, que ce dernier a cru re- voir : « Anna marche toujours sur l’al- De quel lointain intérieur vient d’adoption. Elle a exercé plusieurs ne doute pas que ces réalités sont cette réalité. Et si parfois son re- connaître dans un peep-show de Mi- lée du cimetière avec la musique Sabine Macher ? Et où va-t-elle, métiers, avant de se fixer à Paris et celles où vit Sabine Macher. gard paraît s’absorber, si sa lan ? Pourquoi István se met-il en d’Anton Karas qui nous crève le au pas de son écriture bizarre, de devenir danseuse. En 1992, elle Mais revenons un instant au Lit phrase prend les allures de l’éga- danger en suivant un inconnu près cœur. » grinçante, sinueuse et pourtant publie un premier livre, Le Lit très très bas, où l’on peut lire les rement, elle sait revenir prompte- du fleuve ? Et qu’a-t-il donc laissé A quoi bon chercher une réponse, directe, à la fois très intime et dé- bas. Trois autres suivront, tou- phrases suivantes : « Je reste à la ment à elle-même. dans une consigne de la gare de des vérités ? Pour Anne-Marie Ga- tachée de cette intimité, comme jours publiés chez Maeght, par maison pour écrire et être dans le Doit-on les qualifier, les proses l’Est ? rat, nous ne savons, de ce que nous librement suspendue au-dessus Alain Veinstein. Les titres nous temps. » « Je ne peux pas imaginer de Sabine Macher, de récits, de Si Joseph se dit observateur, Odile, vivons, que ce que nous en ra- d’elle ? Qui donc est-elle, cette ex- mettront peut-être sur quelque sortir de cet endroit en moi sans sa- journal intime, de poèmes, elle, est « perspicace » : présente de contons, et le romancier fait de ploratrice des structures élémen- voie : Ne pas toucher ne pas fondre veur, sans faim, sans envie. » Sa- comme Carnet d’a en offre (peut- loin, elle analyse au téléphone les si- même, « qui trafique et maquille de taires de l’expérience littéraire ? (1993), Un temps à se jeter (1995) bine Macher évoque ici les deux être) l’exemple ? Qu’importe. Ces lences, les vibrations de la voix trou- fiction sa mémoire autobiogra- Bien sûr, on pourrait la question- et, enfin, Une mouche gracieuse de dimensions communes qui for- pages exercent une lancinante sé- blée de Joseph. Quant à István, il est phique », se donnant à lire aussi bien ner sur la raison de cela, de toute profil (1997). ment l’étrange géométrie de ses duction. On voudrait que cela franchement « romanesque » : lequel dans ses paraboles insolites que cette bizarrerie... Mais il n’est pas Une enfant naît au début de livres : le temps et le lieu, perçus continue encore, espérant confu- des trois a la meilleure approche de dans ses ouvrages les plus intimes. sûr qu’on obtiendrait une réponse l’écriture, qui est là encore dans d’un unique point de vue, le sément que l’énigme concédera la réalité ? Joseph est chercheur, Ist- C’est ainsi qu’István, ambigu mais claire ; et si, par chance, elle était Rien ne manque au manque. Il est « je ». De l’un à l’autre titre, les elle-même, un jour, sa propre clef. ván travaille dans le nucléaire. plutôt roboratif, succède à un roman prononcée, on en serait probable- question, parfois, de difficultés modes d’écriture ont pu (légère- Quand ils se retrouvent, ils vont dî- douloureux, Dans la pente du toit, où ment déçu. Ensuite, il est intéres- sociales, de recherche d’emploi. ment) varier – toujours dans le Patrick Kéchichian ner au bistrot, chez Anselme, où au- le romancier Bohumil Hrabal han- sant de deviner la personne qui se Des silhouettes d’hommes sens d’un épurement, d’un refus ૽ Signalons que Sabine Macher trefois ils lisaient Rue Christine tait les souvenirs personnels les plus cache et se révèle dans ces pages passent, ou dorment dans un lit, de l’effet visible, d’un prosaïsme donnera une lecture de son texte à d’Apollinaire, avant que Joseph ne poignants de la romancière. si curieusement organisées. Cela tout près. Une certaine épaisseur sans concessions –, ce qui ne la librairie Tschann le 17 juin à présente à István sa meilleure amie Monique Petillon aussi est un voyage, et un vrai de silence, faite de paroles rares, bouge pas, en revanche, c’est le 19 h 30 (125 bd du Montparnasse, bonheur de lecture. puis de moments où l’on s’abs- maintien obstiné, à l’intérieur de 75015 Paris).

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ros récurrent, Stéphane Clément. Ce personnage héritier des années ba- BANDE DESSINÉE bas, qui se trouve mêlé aux pires embrouilles, a traversé les continents – le Moyen-Orient, l’Inde – mais aussi les révolutions, comme à Belfast. La b par Yves-Marie Labé neuvième aventure de Stéphane Clément a lieu cette fois-ci en Suisse, son port d’attache. Le calme helvète est rompu par l’intrusion de l’ac- tualité, en l’occurrence l’existence de la mafia de l’ex-URSS à Genève, à laquelle le héros doit s’affronter après sa rencontre avec une belle ap- Desseins du mal prentie danseuse de Saint-Pétersbourg, Vanina, piégée comme tant d’autres jeunes femmes des pays de l’Est par un réseau de prostitution. Comme toujours dans les BD de Ceppi, le reportage et l’enquête b DORIAN DOMBRE : donnent sa nervosité à un récit très humain, où la modernité du gra- LA SAISON DES PLUIES, phisme fait écho à un luxe de précisions. (Ed. Les Humanoïdes associés, LA MORT EN CE JARDIN et UN TOUR AU PURGATOIRE, 56 p., 79 F, [12 ¤].) de Francis Vallès et José-Louis Bocquet. b EXIT, de Bernard Werber et Alain Mounier. Ed. Glénat, 140 p., 118F (17,99¤). Voici un récit à faire froid dans le dos, une histoire de science-fiction mais potentiellement réelle, à une époque où le mariage des nouvelles our leur trentième anniversaire, qu’elles célébreront du 9 au technologies et des jeux de rôle fait parfois la « une » des faits divers. 12 juin à Grenoble, leur ville natale, les éditions Jacques Glénat Bernard Werber (auteur du best-seller Les Fourmis) et son comparse, le P rééditent trente albums symboliques de l’évolution de leur dessinateur Alain Mounier (Docks 21), ont imaginé une sémillante repor- conception de la BD, parus entre 1970 et 2000. A cette occa- ter, Amandine, qui décide, alors qu’elle est au bout du rouleau, de s’ins- sion, des statues de personnages devenus célèbres comme Titeuf, Ma- crire à un club de suicidaires, baptisé Exit. « Vous avez raté votre vie ? falda ou Masque Rouge seront érigées dans les rues de la capitale de Réussissez votre mort » : tel est le principe de ce « jeu » sur Internet qui l’Isère, tandis que l’ancien Musée de la peinture accueillera une exposi- va plonger la jeune femme dans un univers où les futures victimes cô- tion itinérante de plus de 300 couvertures originales d’albums. Un toient leur bourreau, dans des jeux médiévaux et meurtriers. Le réalisme concours sur le thème du troisième millénaire, ouvert aux auteurs de du dessin donne un surcroît de vérisme à un univers encore virtuel. Pour plus de dix-huit ans qui n’ont pas encore été publiés, sera aussi lancé. Le combien de temps ? (Albin Michel, 45 p., 59 F [8,9 ¤].) lauréat verra son œuvre éditée par Glénat. b LA TERRE SANS MAL, d’Anne Sibran et Emmanuel Lepage Dans le catalogue de 3 800 albums parus depuis trente ans chez l’édi- Février 1939, dans la forêt paraguayenne. Une jeune anthropologue, teur grenoblois, également versé dans les « beaux livres » et les ou- Eliane Goldschmidt, retourne chez les Indiens Guaranis, auprès des- vrages consacrés à la montagne et à la mer, les trente BD sélectionnées quels elle a déjà séjourné, afin d’achever sa connaissance de la langue de font ressurgir quelques grands noms de héros et d’auteurs du neuvième la tribu des Mbyas. Dans la foulée du Karaï-été, homme-dieu chargé de art comme Perramus, de l’Argentin Alberto Breccia, Le Baron noir, de lui éviter la domination des « beerus » (les Blancs), la tribu entame une Got et Pétillon, Les Gnan-Gnan, de Claire Bretécher, Vic Valence, de marche initiatique, au cours de laquelle Eliane deviendra mère, et ap- Jean-Pierre Autheman, Raymond Calbuth, de Didier Tronchet, Titeuf, de prendra à la fois la déclaration de guerre de 1939 et l’extermination de sa Zep, etc. famille, juive. Ce riche scénario à multiples niveaux, écrit par une ro- Ces rééditions d’ouvrages désormais classiques, pour la plupart pré- mancière (le premier roman d’Anne Sibran, Bleu figuier, est paru chez publiés dans le mensuel Circus, aujourd’hui disparu, comme tant Grasset), s’allie à un dessin d’une extrême précision, fluide et vigoureux, d’autres magazines de bandes dessinées – Glénat a toutefois conservé aux couleurs nuancées et chatoyantes. Un récit qui a la magie du conte son second titre, Vécu, mais à un rythme trimestriel –, permettent de dé- et l’épaisseur d’une découverte humaine. (Ed Dupuis, « Aire libre », couvrir ou de redécouvrir certaines œuvres et d’en humer à nouveau les 64 p., 79 F [11,1 ¤].) fragrances d’aventure et d’histoire, deux traits distinctifs des éditions b ENTRECHATS, de Philippe Geluck Glénat, à côté des collections dédiées au polar (« Bulle noire »), au man- Le onzième album des pérégrinations mentales et artistiques du Chat ga (« Akira » et « Manga Poche »), au classique (« Zig et Puce ») ou à la est un festival dansant de mots, d’attitudes et d’humeurs. Créé par l’au- BD haut de gamme (« Grafica »). teur de BD belge Philippe Geluck – qui est aussi comédien et homme de L’aventure et l’histoire sont les deux postulats de la trilogie de Dorian radio –, ce best of d’une série d’aventures, dont on se demande où est la Dombre, conçue entre 1989 et 1991 par le scénariste Bocquet et le dessi- part de l’animal et celle de l’humain, surfe sur les crêtes de la bêtise et de nateur Vallès, et consacrée comme « grand classique des années 90 » la suffisance faites homme. Grâce à la simplicité expressive de son trait, par Glénat. Dorian Dombre est un reporter débutant, qui marche sur les à sa fine observation des interrogations métaphysiques confrontées à la traces d’Albert Londres en visitant un bagne de Guyane dans les années trivialité du quotidien, au mélange réussi du dessin et des montages de 30. En trois albums, les auteurs décrivent les conditions effroyables de tableaux ou de statues, Philippe Geluck a fait de son héros félin un détention, les mœurs et les règles d’un camp retranché des lois, la philo- proche des Peanuts ou de la Grosse Dame de Copi, en mâtinant son art sophie nietzschéenne de l’aristocrate qui commande le camp, la révolte hilare de réflexions qui s’ouvrent parfois sur des abîmes de questions. des « incos » (« incorrigibles ») fuyant à travers la jungle au mépris des (Ed. Casterman, 48 p., 54F [8,23¤]). poursuites des « bataillonnaires ». C’est un pan de l’histoire coloniale, b PSIKOPAT un roman en BD sur lequel planent l’ombre de la guerre de 14-18, le A l’instar de Fluide glacial, son glorieux aîné, Psikopat – souvent abré- mythe des chefs de guerre, la nostalgie des salons parisiens, tandis que gé du simple « Psiko » – est un magazine de BD inventif, généreux et la sensualité et la violence s’exacerbent au contact de la moiteur de la drôle à l’excès. Digne successeur du fanzine Le Petit Psikopat illustré,de forêt tropicale. Le trait de Francis Vallès donne à cette aventure le réa- Carali, il célèbre ce mois-ci son centième numéro et son dixième an- lisme et la précision ad hoc, tandis que la mise en couleurs d’Yves Len- niversaire (100 p., 38 F [5,79¤]). C’est l’occasion pour ce journal qui ma- cot et de Laurence Quilici s’applique avec justesse à ce récit de la folie nie aussi bien l’actualité débridée, la chronique, le roman-photo détour- humaine et à cet apprentissage de la vie du trop tendre Dorian Dombre. né que la BD, sans a priori ni exclusive, de démontrer qu’il a gardé b VANINA BUSINESS, de Daniel Ceppi. l’esprit libertaire et créatif de sa naissance. Ses débuts sont retracés no- Daniel Ceppi fait partie de la famille de ces écrivains-voyageurs qui tamment par des dessins inédits que lui ont adressés ses auteurs, deve- viennent de se donner rendez-vous à Saint-Malo. Mais son goût du nus, pour certains d’entre eux, les hérauts d’une nouvelle BD d’humour voyage à lui passe par le récit et le dessin, et par le truchement d’un hé- (Lécroart, Kamagurka, Ouin, Rifo, Katou, etc.). LeMonde Job: WIV2199--0004-0 WAS LIV2199-4 Op.: XX Rev.: 26-05-99 T.: 19:01 S.: 111,06-Cmp.:27,09, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0153 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 littératures . b Triomphe de l’invention Cormac McCarthy au bout de son monde John Irving concilie intrigue frénétique et réflexion Le dernier volume de la « Trilogie des confins » emmène ses lecteurs aux frontières du réel et du rêve, sur la vérité de la création. Un tour de force de la vie et de la mort, à travers l’histoire des hommes de la tristesse de Marion, qui lui sem- puisque ce sont les chemins Laisse moi voir si j’ai bien qui s’alourdit au fil des pages. Pis UNE VEUVE DE PAPIER blait faire partie d’elle-même de ma- DES VILLES qu’empruntent chacun d’entre compris. Tu veux que j’aille dans un encore, sans doute, ils le poussent (A Widow For One Year) nière plus permanente encore que sa DANS LA PLAINE nous. bordel de Juarez au Mexique et que encore plus vers l’inévitable. de John Irving. beauté ». Cette mère meurtrie, qui (Cities of the Plain) Des hommes travaillent sur un je rachète cette putain payée en es- Comme souvent chez McCar- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) fait d’Eddie son amant parce qu’il de Cormac McCarthy. ranch qui sera probablement pèces et que je la fasse passer de ce thy, de temps en temps l’action si par Josée Kamoun, ressemble aux deux absents et qu’il Traduit de l’anglais (Etats-Unis) bientôt récupéré par l’armée, la côté-ci du fleuve pour la ramener lente, menée d’une poigne si ri- Seuil, 588 p., 145 F (22,10 ¤). peut seul accomplir la promesse de par François Hirsch fin d’une époque, au début des an- au ranch. C’est à peu près ça gide et tranquille, s’emballe pour maturité refusée à Tim et Tom, lui et Patricia Schaeffer nées 50, au Nouveau-Mexique. Le l’idée ? » un combat, une lutte, violente, ohn Irving adore faire des donne sa voix. Perdre Marion au Ed. de l’Olivier, 314 p., plus jeune, John Grady Cole a dix- Billy Parham sait d’avance que cette fois contre des chiens sau- histoires. De celles qui n’en terme d’un été torride mais bien 130 F (19,82 ¤). neuf ans, le plus vieux commence John Grady est une tête brûlée vages : « Il fut le premier sur les finissent plus de rebondir, bref offre enfin au jeune homme à perdre la tête et il n’y a qu’une parce qu’il l’a vu s’obstiner à dres- chiens et il lança la boucle de son ménageant surprises et di- quelque chose à dire. Il sera le ro- vec ce roman s’achève seule femme, Socorro, pour s’oc- ser un cheval même avec des bé- lasso sur le grand chien jaune qui J gressions avec un art mancier d’une obsession (l’amour la « Trilogie des cuper d’eux. Il y en avait une quilles, et qu’il fera ce qu’il lui de- courait en tête. Le chien moucheté consommé de la voltige qui laisse le d’un homme plus jeune que l’ai- confins ». Pour la troi- autre, qu’ils admiraient tous et qui mande peut-être parce que John volta et faillit passer sous les jambes vertigineux sentiment qu’on ne re- mée). Mais ce regret fécond qui fait sième fois, le lecteur a est morte et dont l’absence plane. lui rappelle son frère cadet, mort, du cheval et fonça vers le bord du tombera pas sur ses pieds. Pour- la lancinante saveur mélancolique étéA emporté inexorablement Ils travaillent dur et n’ont besoin et surtout parce que l’amitié qui plateau. Le chien jaune roula et re- tant, le magicien nous a prouvé du roman est naturellement bous- comme les personnages des livres de rien d’autre ou presque, un peu les lie est de celles qui mènent à bondit et se releva et continua à qu’il sait ne rien perdre de son culé par une frénésie d’intrigues jusqu’aux mystères de la vie et de de compagnie, la soupe du soir, un tout. Et parce que lui, Billy, est fi- courir avec le nœud coulant autour aplomb. Le Monde selon Garp, d’une terrassante énergie. Comme la mort, de l’amour et du déses- lit. Même s’ils se demandent par- dèle à ses idées, comme le jour où du cou. John Grady arrivait derrière L’Œuvre de Dieu, la part du Diable, tous les protagonistes de l’histoire, poir, du temps et de l’histoire des Billy et il lança la boucle de son las- Une prière pour Owen avaient la Ruth deviendra écrivain, avec une hommes et de la présence de Triptyque so et attrapa le chien jaune par une force prométhéenne capable de po- vitalité farouche et un goût du défi Dieu. Les mots et les phrases, « La Trilogie des confins » commence par De si jolis patte de derrière et cravacha son ser Irving en héritier de Dickens, le hors normes, joueuse de squash, cette fois encore, barrent une chevaux (Actes Sud et Seuil, « Points ») dont le prota- cheval avec le bout replié du lasso maître qu’il s’est choisi. Avec Une comme témoin d’un crime sordide. page après l’autre, sous les batte- goniste principal est John Grady Cole, alors âgé de puis enroula un tour de corde au- veuve de papier, on retrouve l’écri- Le petit monde de l’édition, ses ment de cœur du bétail, des che- seize ans (« Le Monde des livres » du 22 octobre 1993) tour du pommeau de la selle. La vain américain sur les mêmes som- codes et ses représentations font le vaux, des chiens et des hommes, elle continue avec Le Grand Passage (éd. de L’Olivier) longueur molle du lasso de Billy fila mets. charme bavard de l’épisode central, avec la lenteur qui pèse sur la et le héros en est Billy Parham, lui aussi âgé de seize à ras du sol en sifflant et s’immobili- Capable de camper d’entrée si et le dénouement un rien naïf, langue quand la pensée se fait ans (« Le Monde des livres » du 26 septembre 1997). sa et le grand chien jaune fut sou- DR nettement ses personnages qu’on d’une évidence de conte de fées, a lourde, quand on ne dit que ce Des villes dans la plaine les réunit donc, chacun encore dain projeté en l’air écartelé en sait qu’ils accompagneront long- le sentimentalisme tendre néces- que l’on arrive à dire, et rien lourd de son passé sur lequel revient parfois McCar- plein vol entre les deux cordes et les temps le lecteur, le livre refermé, Ir- saire pour se remettre de l’épuisant d’autre, quand on est saisi par la thy : « Les entreprises vouées à l’échec divisent pour tou- deux cordes vibrèrent une brève se- ving nous offre là un formidable ro- marathon qui précède. beauté des lieux, quand chacun jours une existence entre un alors et un maintenant. » conde d’une même note sourde et le man où, par-delà le thème Une veuve de papier est aussi un est pris au piège de ses désirs et de chien explosa. » obsédant des parents empêchés et plaidoyer pour la liberté du créa- ses soifs. Les mots et les phrases fois s’ils ne vont pas être obligés il s’arrête au bord de la route pour Le duel final, au couteau, loin de des enfants perdus (délaissés ou teur de fiction. « Il ne faut jamais s’accélèrent dans la lutte et dans d’avoir une autre idée et de trou- aider un groupe de Mexicains toute fureur, retrouvera au disparus), l’auteur se livre à une s’abstenir d’écrire tel ou tel genre de l’effort et ne reprennent leur ryth- ver autre chose à faire. Ils jouent dont le camion est en panne parce contraire le calme et toute la méditation récurrente sur l’écriture roman par peur de l’accueil qui lui me que dans le repos. Chaque pa- aux échecs, lisent le journal ; ils qu’il ne pouvait pas faire autre- cruauté maîtrisée « du plus lamen- et le pouvoir de la fiction. sera fait », précise-t-il, même si ses ragraphe a sa raison d’être là où il parlent peu, de leur passé ou de ment, puisqu’un jour, dans un table merdier » et les choses re- Eddie O’Hare a seize ans quand il héros s’interrogent : « Lorsque le ro- est et dans cette forme exacte. Et chevaux. Parfois ils vont en ville, autre temps, des Mexicains l’ont prendront leur cours « et les en- débarque à Orient Point, « un lieu mancier sort de son rôle, ne serait-ce une fois encore, la traduction de voir les putains. C’est là que John aidé. John Grady s’obstine. Il n’a fants suivirent et tous repartirent qui a tout à fait l’air de ce qu’il est : le qu’un seul instant, quels autres rôles François Hirsch et de Patricia Grady va rencontrer une jeune, plus d’autre certitude, la fille lui a vers leurs destinations qui d’aucuns bout d’une île, où la terre vient mou- peut-il choisir ? Dans les histoires, il Schaeffer ne s’éloigne de l’original très jeune, prostituée mexicaine et dit qu’elle l’épouserait. Il cherche le pensent étaient choisies depuis rir. » Lui vient y apprendre à vivre. n’y a que des conteurs et des person- que pour restituer dans notre qu’il ne va plus avoir d’autre but de l’argent, retape une baraque où longtemps sinon depuis le commen- « En suspens entre l’enfance et l’âge nages, rien d’autre. » Foin des « es- langue les styles de McCarthy, ce- que de la retrouver pour pouvoir ils pourront vivre, organise sa cement du monde. » L’épilogue ap- adulte », il rêve de devenir écrivain sais visant à changer le monde » lui de l’écrivain et ceux des per- l’épouser. fuite. Il n’a aucune chance. Elle portera plus de questions que de et s’y essaie cet été 1958 comme se- – « des tracts, au fond ». sonnages, marbrés d’espagnol, « T’es en train de te foutre de moi non plus. Juste de l’obstination et réponses, plus de bouleverse- crétaire-chauffeur d’un auteur de L’impérative nécessité d’écrire ne puisque les confins évidents sont ou quoi ? dit Billy. de l’espoir. Et le lecteur devient ments que de solutions, mais une best-sellers pour la jeunesse dont le supporte pas le compromis. Si ceux de la frontière où l’Amérique Non, je ne crois pas. spectateur et assiste impuissant et sorte de paix toutefois. Une paix couple se défait inexorablement. « avoir peur de paraître lâche est la du Nord touche le Mexique, T’as quelque chose de fêlé, hein ? muet, glacé d’appréhension, à qui vient de la nuit des temps, de Marion et Ted Cole ont une fillette pire raison de faire quoi que ce l’autre monde si proche et si dif- T’as bu du dissolvant ou un truc cette tragédie. L’ennemi est le plus la conscience des hommes, de la de quatre ans, Ruth, mais vivent soit », Irving ne s’embarrasse pas férent. Mais les confins sont en- comme ça ? fort parce qu’il incarne le mal et la participation de la nature sans entourés des fantômes de leurs fils d’états d’âme : il invente, variations core ailleurs puisqu’ils sont aussi John Grady rabattit son chapeau raison du mal. Et toute la bonté, mémoire, et dont chacun et tous aînés, Thomas et Timothy, décédés et divagations. En bon athlète ja- ceux de ce monde et de tous les sur sa nuque. Il regarda de l’autre l’aide et la compassion de ceux qui sont porteurs ne serait-ce qu’un tragiquement dans un accident de mais à court de souffle. autres, ceux du réel et du rêve, côté de la piste de danse. Non, dit- aideront John Grady ne pourront moment pas forcément choisi. la route. Eddie tombe « amoureux Philippe-Jean Catinchi ceux de la vie et de la mort, il. entraver sa route vers un destin Martine Silber

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livraisons b LA SAGESSE DU FOU, de Lion Feuchtwanger La politique intérieure de Brink Un amour Enthousiasmé par la lecture de Rousseau, le marquis de Girar- din applique à la lettre les écrits de Jean-Jacques : il fait ins- truire son fils selon les principes de l’Emile, recrée le décor de Selon le romancier sud-africain, l’écrivain ne doit pas devenir un simple La Nouvelle Héloïse, et s’absorbe dans le Contrat social. Mais la Révolution gronde. Elle qui se réclame des mêmes préceptes fournisseur d’informations, sous peine de trahir sa vocation particulier n’hésite pas à semer la terreur. Jean-Jacques n’avait-il pour- tant pas dit que l’homme était bon ? Est-ce seulement la faute times, faire taire les voix de la dissi- de s’interroger – est bien « la conti- à Rousseau ? Entre fiction historique et roman policier, Lion RETOUR AU JARDIN dence, rendre inaudibles les paroles nuation de la guerre par d’autres OURS Feuchtwanger (1884-1958) nous montre de façon grinçante DU LUXEMBOURG et les récits des faits, imposer une moyens » et sa nécessité jamais si de Marion Engel. toute la distance qui sépare la théorie philosophique de la pra- Littérature et politique en langue, la seule autorisée... grande que dans les périodes de Traduit de l’anglais (Canada) tique historique. (Traduit de l’allemand par Claude Porcell, Afrique du Sud, 1982-1998 Face à cette tyrannie, quel rôle trouble. Evoquant les cas de Gordi- par Marie-José Thériault, Fayard, 374 p., 150 F [22,86 ¤]). P. D s (Reinventing a continent) avaient les intellectuels et les écri- mer, Coetzee et Breytenbach, Brink Calmann-Lévy, 140 p., 85 F d’André Brink. vains, et quel était le pouvoir de l’art ? se demande encore comment écrire (12,95 ¤). Préface de Nelson Mandela, Ces questions, André Brink les appro- après qu’a disparu l’urgence de la traduit par Jean Guiloineau, fondit dans plusieurs essais (« Les lutte. Toujours il s’agira de « réimagi- ans grand intérêt dans la Stock, 360 p., 125 F (19,56 ¤). Arts dans la société », « Réflexions ner le réel » (titre d’un essai), non de vie, enterrée « comme une sur la littérature et l’histoire », « La le représenter. taupe » dans son bureau LE VALLON DU DIABLE Littérature comme opposition cultu- Et c’est bien à un exercice d’imagi- d’archiviste, pour Lou, (Devil’s valley) relle »...), analysant les problèmes qui nation qu’il se livre dans son dernier «S tout tournait à la grisaille ». Elle est d’André Brink. leur sont liés, sans tenter d’éviter roman, Le Vallon du diable, l’histoire chargée de faire l’inventaire d’une traduit de l’anglais l’éternel débat entre approche esthé- d’une communauté de calvinistes, re- bibliothèque sur une île de l’Ontario. (Afrique du Sud) par Bernard Turle, tique (l’art pour l’art) et littérature en- tranchée du monde et composée de Isolée dans une forêt, il ne lui déplaît Stock, 524 p., 149 F (22,71 ¤). gagée (l’art, instrument de lutte). Si le monstres. Historien de formation et pas de passer un été en cet endroit, régime observait une tolérance rela- journaliste raté, arrivé au seuil de la abritée « des vulgarités du monde ». e jardin du Luxembourg tive envers les écrivains (Brink dut soixantaine, à l’âge des bilans, Flip Sur cette île vit un ours, sale, puant. sous la pluie ; en 1960, An- pourtant subir interrogatoires et per- Lochner rencontre une seconde Entre lui et Lou qui l’approche, le dré Brink s’y était réfugié quisitions, confiscation de ses manus- chance et un but à la mesure de ses nettoie, se nouent des rapports de pour faire le point sur la si- crits, menaces de mort adressées à lui ambitions le jour où il découvre confiance. Sentiment nouveau pour Ltuation en Afrique du Sud. Un recueil et sa famille...), alors qu’il s’efforçait l’existence de ce monde en marge du elle, elle se sent heureuse. L’animal d’essais en était résulté. Trente-cinq de museler la presse, n’était-ce pas monde. Entre Lukas la mort, l’em- lui est une présence, un compagnon ans plus tard, il revint en ces lieux ; que la littérature, et plus générale- baumeur de cadavres, Tatie Pavot, de jeux. Il a sa place dans la maison. dans le même but. Comme une suite ment la culture, étaient considérées sorcière et guérisseuse, et la belle Em- Elle aime à se coucher nue contre au premier livre (1), celui-ci s’ouvre en comme « la chasse gardée de la mino- ma, dotée de quatre tétons, il explore lui, se sentir « une enfant, une petite 1982 sur les derniers temps mouve- rité oisive et privilégiée » : une « préoc- ces vices et perversions que favorise fille innocente ». Mais un soir, l’ani- mentés de l’apartheid et la transition cupation élitiste qui ne peut ni affecter la vie en vase clos, le refus de s’adap- mal ne se contente pas d’affection, vers la démocratie pour se terminer ni influencer les masses » ? ter au monde, le poids des coutumes sa sexualité s’exprime et Lou y ré- en 1998, cinq ans après les premières acceptées, l’ennui, la peur, la dégéné- pond, non sans sangloter après le élections libres, en un moment où, à DONNER DU SENS rescence. Les hommes font la loi, les plaisir, non sans prendre conscience l’euphorie de la liberté, succédait le Mais si l’artiste, dans son désir de femmes adultères sont lapidées et les de l’évolution de ses propres senti- réalisme des bilans. témoigner et de lutter, de se faire en- enfants mineurs souvent violés par ments. Bouleversée, elle ne sait plus Les premiers textes témoignent, ré- tendre des masses, devient simple leur père, le moindre délit est puni de ce qui distingue tendresse et perver- vèlent, protestent, dénoncent et pro- fournisseur d’informations, si la litté- torture et de mort... Bref, c’est là une sité. Elle quitte l’île autant pour fuir phétisent, tel L’Heure des idiots (1986) rature en vient à trop se rapprocher société en tout point cauchemar- cet amant inattendu que le trouble où Brink, sans établir un parallèle du reportage, alors l’artiste trahit sa desque : la leçon est claire et les dé- qu’elle ressent. entre le régime nazi et l’apartheid, vocation la plus profonde et mé- couvertes de Flip, contées dans une Sujet rare que celui de la zoophi- procède à nombre de rapproche- connaît la raison même de l’art, qui langue crue – pour ne pas dire lie. Et scabreux. Lors de sa parution ments : camps de réabsorption se- est, selon Brink, de fournir du sens. lourde –, volontiers argotique (bien au Canada, le livre fit scandale. crets où l’on « traitait » quatre mille Tentant de surmonter des opposi- rendue par la traduction de Bernard Pourtant, nulle indécence dans ce ré- enfants ; sous l’état d’urgence, le tions qui, en définitive, lui semblent Turle), ne provoquent chez le lecteur cit. Les évocations de cet amour par- maintien du silence, à n’importe quel fausses (au passage, il cite Barthes, ni regain de curiosité ni indignation ticulier sont plus lyriques que cho- prix : « tenir la réalité hors de vue du Baudrillard, Derrida...), Brink propose particulière. Un roman d’amour fou quantes. Rien d’obscène dans la public » ; l’enseignement de l’histoire l’image d’une échelle mobile dont les double le récit d’aventures, histoires description d’une sensualité qui selon une perspective exclusivement deux extrémités seraient « l’art pur » et légendes se succèdent, comme s’installe insidieusement. Surtout, et blanche ; l’art du spectacle et de la et « l’art politique », le long de la- dans Les Imaginations du sable, mais plus encore que les rapports entre la mise en scène autour du chef... L’im- quelle l’écrivain se déplacerait en la magie n’opère pas et l’on se prend, belle et la bête, c’est le caractère de position du silence, la « désinforma- fonction de la situation ; la politique devant les simples caricatures qui Lou, dont la solitude intérieure est tion », dirions-nous, était peut-être étant, en certains cas, partie inté- peuplent ce livre, à regretter les voix soudainement rompue, qui fait de ce l’outil le plus puissant dans l’« arsenal grante de l’expérience la plus person- nuancées de Un turbulent silence. roman que tout portait à l’excès et à oppressif de l’apartheid », Nelson nelle, et non un élément extérieur Christine Jordis l’impudeur une œuvre attachante, Mandela le rappelle dans sa préface : qu’on peut choisir d’ignorer. La forte, plus émouvante que lubrique. étouffer les cris de douleur des vic- culture – un mot sur lequel il ne cesse (1) Sur un banc du Luxembourg, Stock Pierre-Robert Leclercq LeMonde Job: WIV2199--0005-0 WAS LIV2199-5 Op.: XX Rev.: 26-05-99 T.: 19:22 S.: 111,06-Cmp.:27,09, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0154 Lcp: 700 CMYK

Jeunesse LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 / V b Solotareff : la tribu des croqueurs d’histoires Affaire de famille, l’illustration chez les Solotareff est surtout une affaire de passion, un virus transmis par la mère Olga à ses deux enfants, Grégoire et Nadja. Une triade qui, au mitan des années 80, a imposé sa marque colorée sur les albums pour enfants des histoires comme Docteur Loup, maire » a fait mouche, si ce style « Ça chauffait assez fort », pour- 3 SORCIÈRES Didi Bonbon (Olga), Loulou, Ma- d’illustration s’est imposé au- tant, à Beyrouth. Guerre civile lar- de Grégoire Solotareff. thieu (Grégoire), Mitch ou le cé- jourd’hui, après avoir été beau- vée, coups de mitraillette çà et là, L’Ecole des loisirs, 30 p., 78 F, lèbre Chien bleu (Nadja). Dans coup copié, un mystère demeure : « à la plage il y avait des zones dan- (11,89 ¤) cette « affaire à trois », le point comment ces trois-là sont-ils tom- gereuses où il fallait courrir vite », A partir de 5 ans. commun est sans nul doute le vi- bés dans le chaudron magique du renchérit Solotareff. Pendant ce rus du dessin, cette manière de livre de jeunesse ? temps, baignée par les contes de LE BALLON projeter le lecteur dans l’image L’histoire est assez belle. Elle sa grand-mère russe, nourrie d’Olga Lecaye. comme dans une caverne d’Ali- commence à Alexandrie au début d’Andersen, d’Hoffmann et des L’Ecole des loisirs, 38 p., 82 F, Baba ; c’est aussi le goût instinctif des années 50, lorsque Olga Solo- frères Grimm, Olga Lecaye invente (12,50 ¤) de la matière, de la pâte épaisse et tareff rencontre Henri El-Kayem. des histoires pour sa progéniture. A partir de 3 ans. chatoyante qui garde en creux Elle est d’origine russe – ses pa- Elle les illustre, confectionne des l’empreinte du pinceau : « Un vio- rents, étudiants, étant restés blo- livres de son cru, fait succomber ’est un peu la Sainte Fa- let avec un jaune de chrôme, c’est qués à Paris au début du siècle tout son monde aux charmes de mille de l’album pour comme un bonbon, un vrai plaisir pour cause de révolution bolché- l’imaginaire, continue de peindre enfants : la mère, Olga sensuel », confesse Grégoire Solo- vique. Son père, ancien élève des et de dessiner pour elle-même et Lecaye, le fils, Grégoire tareff. Si ce plaisir « évident et pri- Beaux-Arts, architecte, est aussi encourage ses enfants à faire de Solotareff,C et la fille, Nadja. Une « un très bon aquarelliste ». Elle même. « Moi je faisais des carica- triade qui a incarné le renouveau à même, Olga, se rappelle avoir des- tures de types à gros ventres ; mon partir de 1986 – lorsque parurent siné bien avant de savoir écrire. frère des soldats américains, c’était les premiers « livres peints » – avec Henri El-Kayem, lui, est libanais, d’actualité ; et Nadja des Pieta. En médecin et poète. Grand ami de un sens, tout ça a continué », ré- Georges Schéhadé, il étudie à Paris sume Grégoire Solotareff. dans les années 30 et fréquente le Pourtant, pendant de nom- Salon de Pierre-Jean Jouve. A breuses années, jusqu’en 1986, Alexandrie, « où tout le monde se Grégoire Solotareff ne dessine « 3 sorcières » de Grégoire Solotareff connaît, Grecs, Anglais, juifs, Fran- plus. Rapatriée dans la banlieue çais... », il appartient au milieu cos- parisienne, la famille a francisé Sanglots ». Derrière ces incarna- mière, comme dans cette course- mopolite et lettré, correspond avec son nom en Lecaye. « Sans trop re- tions du Mal, que l’irruption im- poursuite après un ballon fou où René Char, Georges Séféris, ren- fléchir», Grégoire est devenu mé- probable de deux gamins joyeux l’amitié et le sens du partage re- contre Lawrence Durrell. Autant decin, lui aussi. Il faudra la nais- va réconcilier avec la vie, certains prennent finalement le dessus. Et de souvenirs rassemblés dans un sance de son fils, les encou- verront un clin d’œil aux Trois bri- comme toujours chez Olga Lecaye, récent ouvrage, Par grand vent ragements de deux éditeurs, gands, de Tomi Ungerer, l’un des la nature est reine, en souvenir de d’est avec rafales (L’Esprit des pé- Colline Faure-Poirée et Arthur « grands », qu’il admire moins ce- « ce jardin d’enfance » où elle ninsules, 212 p., 120 F, 18,29 ¤), où Hubschmidt, et les conseils d’un il- pendant que Saul Steinberg, ré- s’ébattait petite, et qui fut aussi l’on voit Henri El-Kayem en photo lustrateur, Alain Le Saux, pour cemment disparu (voir Le Monde celui de la comtesse de Ségur. avec Schéhadé, en 1933, chez Max qu’il cède de nouveau à son pen- du 18 mai). D’autres y liront une Si Nadja n’est pas, cette fois-ci, Jacob, en 1934, avec Adonis en chant favori avec Théo et Baltha- petite parabole sur le bonheur. au rendez-vous des parutions, elle 1970... zar, un livre « très influencé par Ba- Mais, plus qu’un message, Solota- se rattrapera cet été. Vingt-six épi- En un sens, il n’est pas étonnant bar, pas terrible et heureusement reff veut communiquer « un plaisir sodes tirés de ses irrésistibles que l’union de cet homme et de épuisé ». et une interrogation. Ce n’est pas Dieux de l’Olympe et déjà diffusés cette femme, comme celle du texte Treize ans plus tard, on ne vraiment de la subversion, mais un récemment, devraient bientôt re- et de l’image, ait donné naissance compte plus ses albums, presque peu. Je veux montrer aux enfants passer sur Canal+. Sans compter à beaucoup de livres illustrés. A tous publiés, comme ceux d’Olga que les adultes n’ont pas toujours son fils, Raphaël Fejtö, qui a fait, il Alexandrie, puis à Beyrouth, où ils Lecaye et de Nadja, par l’Ecole des forcément raison ». y a peu, son apparition, en pu- s’installent à la fin des années 50 loisirs. 3 Sorcières, qui suit Un jour Parfois faits à quatre mains avec bliant ses premiers romans à pour fuir l’Egypte de Nasser, les un loup et Un Chat est un chat, l’un de ses enfants, les albums L’Ecole des loisirs. Trois généra- trois enfants – Grégoire, Nadja et vient provisoirement en clore la d’Olga Lecaye, plus traditionnels, tions, donc... Olga Lecaye ne Alexis, l’aîné, aujourd’hui roman- liste. Trois grâces, Scolly (diminutif sont aussi plus apaisants. Ils cé- semble guère s’en émouvoir. C’est, cier et auteur de nombreux articles de Scoliose), Squelly (Squelette) et lèbrent « l’aventure, la vie, la peur sans doute, la loi non écrite de ces dans ces colonnes –, dessinent jus- Scory, s’y ennuient tant et si bien et le courage vainqueur ». Le tout croqueurs d’histoires. qu’à plus soif. « On n’allait pas à qu’elles décident de fonder l’asso- dans une fête de couleurs et de lu- Florence Noiville Tomi, le lapin l’école. On était inscrits à des cours ciation «3S», «comme Sortilèges, dans « Le Ballon » par correspondance et on dessinait Strychnine et Séquestration (...) ou d’Olga Lecaye sans arrêt », se souvient Nadja. comme Scorpions, Sarcophages et

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Splendeurs livraisons Voyage b PETIT CAHIER DE PHILOSOPHIE, de Jean-Baptiste Scherrer Comme Monsieur Jourdain pour la prose, tout adolescent orientales va pouvoir désormais philosopher sans le savoir. C’est sidéral même l’un des charmes essentiels de ce petit cahier que de donner l’illusion agréable que tout un chacun peut devenir LA POÉSIE ARABE un Spinoza ou un Descartes en herbe, simplement parce TOM LORIENT Petite anthologie que les grands sujets de cet ouvrage – Moi, Le Monde, de Marie- Murail. Images de Rachid Koraïchi, Nous, la Vie –, sont ceux qui nous hantent tous. Mais plus L’Ecole des loisirs, « Médium » calligraphies qu’une invitation à (re)visiter certaines notions, ce petit 136 p. 48 F, (7,31 ¤). d’Abdallah Akkar, livre, original et frais, propose une méthode − étymologi- A partir de 10 ans. Mango/Albums Dada, « Il suffit quement, « un art de cheminer ensemble » − fondée sur des de passer le pont », 44 p., 99 F exercices simples : se définir en quelques phrases, regarder a-t-il des extrater- (15,09 ¤). A partir de 9 ans. par la fenêtre et décrire, « disposer devant soi un jean, une restres ? Oui, non ? canette de Coca, un journal du jour (...) et chercher la res- Tom Lorient, brillant epuis Le La Fontaine semblance »... Au long de ces promenades, l’auteur, profes- universitaire, ne se l’est et Le Sévigné, la règle seur de philosophie en lycée, a disposé quelques images jamaisY demandé. Mais quand une est connue de ces an- troublantes : tel ce tableau synoptique de Bertillon pour soucoupe l’aspire dans ses en- thologies poétiques montrer, comme le dit Deleuze, que « rien n’est moins per- trailles, quand on le teste, le deD la collection d’Albums Dada « Il sonnel que le visage » ; ainsi que des pensées de grands phi- marque, et le déclare bon pour la suffit de passer le pont ». Toute- losophes, histoire de provoquer l’effet d’étrangeté qui met- reproduction au nom du « Pro- fois, c’est la première fois que les tra la réflexion en mouvement. Car tout invite à prendre le gramme », quand on le relâche en- dix-neuf textes retenus ne sont pas risque de « revenir du familier à l’étrange » en se défiant de fin avec cette inquiétante mise en du même auteur ; la première fois sa propre pensée : « Un exercice est réussi, écrit l’auteur, garde : « Nous vous suivrons à la aussi que leur composition s’étire non pas quand on a trouvé la bonne réponse, mais quand, à trace », il est bien forcé de se poser sur près de quinze siècles. En at- partir des réponses, on parvient à construire une bonne ques- des questions. Sans remarquer tendant le retour à la norme tion, celle qui opère un léger déplacement dans la manière qu’on l’a capturé précisément dans – c’est-à-dire un regard centré sur habituelle de penser. » un champ maléfique depuis des Queneau, Rabelais, puis Brassens S’il est vrai que notre société désenchantée est plus que ja- millénaires, ni que l’alcool fait –, voilà donc la plus fascinante des mais en quête de sens, cette petite boîte à outils concep- mauvais ménage avec les antidé- anthologies de poésie arabe. Du tuels, particulièrement maniable et bien ordonnée, devrait presseurs, il commence une en- « roi errant » Imru’l-Qays, figure être de bon secours. Au passage, on notera la naissance quête chez les cinglés de l’ufologie. mythique et fondatrice qui aurait d’une nouvelle collection, « Entrer en matière », qui s’atta- Marie-Aude Murail raconte cette vécu au VIe siècle, aux contempo- quera bientôt aux mathématiques, à l’histoire et à l’écono- histoire avec un remarquable rains Adonis, Mahmoud Darwich mie, et pour laquelle Jean-Baptiste Scherrer prépare déjà talent de narratrice, inspiré de la ou Ahmad Abd al-Mu’ti Hegazi, un très attendu deuxième tome (Gallimard « éducation », meilleure écriture télévisuelle, représentant le Liban, la Palestine 102 p., 59 F, [8,99 ¤]). A partir de 15 ans. dont elle a la vivacité et l’imper- et l’Egypte d’aujourd’hui, le Fl. N. tinence. Elle subjugue, déroute et voyage est somptueux et les tra- b GARDEZ LA CULOTTE ! de Frédérique Bertrand fait rêver : une prose percutante, ducteurs d’exception (Jacques En musique, Michel Jonasz a chanté naguère les visites mé- des dialogues vifs et drôles, des Berque, Vincent Monteil, André dicales de l’école communale. Il reste quelque chose de ces portraits savoureux. Le tout mené Miquel...) – l’intelligence du pro- « Odeurs d’éther » dans le nouvel opus de Frédérique Ber- à un train d’enfer, entrecoupé de pos est de n’avoir pas écarté Sché- trand, récemment fêtée à Bologne pour On ne copie pas. On scènes particulièrement soignées, hadé ou Dib pour cause de franco- retrouve le même regard sur le petit monde scolaire, tur- comme ce pique-nique inquiétant, phonie. Des marges historiques de bulent et taquin, soucieux parfois quand les craintes lou- un soir, au bord de la rivière, qu’on l’Islam comme de ses capitales foques inventent les cauchemars les plus délicieusement croirait tiré d’un roman gothique culturelles s’élève ainsi le chant le terrifiants. Variant les angles et les solutions graphiques, du XVIIIe siècle. Non, il n’y a pas plus généreux, le plus mélanco- Frédérique Bertrand signe là son album le plus abouti, tant d’extraterrestres, mais il y a, lique aussi parfois, pour dire les sa grâce facétieuse y fait mouche (éd. du Rouergue, 44 p., Dieu merci, des écrivains qui pulsions guerrières et amoureuses, 68 F [10,37 ¤]). A partir de 6 ans. connaissent leur métier. les ivresses matérielles et spiri- b LA PETITE RAMASSEUSE, de Hubert Ben Kemoun et J. Sn. tuelles, les éclats d’enfance et les Laurent Richard professions de foi. Pourquoi perd-on ses dents de lait ? Cette inévitable ques- ૽ Signalons également Peau de Délivré dans une version bi- tion nous avait déjà valu le merveilleux album d’Olivier rousse (L’Ecole des loisirs, coll. lingue, ce message est mis en Douzou, Les Chocottes, illustré par Isabelle Chatelard (éd. « Mouche », 56 p., 40 F, 6,10 ¤. A par- scène par le trait alchimique de du Rouergue). Avec Hubert Ben Kemoun, la fable est moins tir de 7 ans) et La Légende : 2000 ans Rachid Koraïchi. L’invention ryth- féroce. Mais, à défaut de faire frémir, l’histoire de cette d’amour et de sang, un feuilleton his- mique, la science du coloris de l’ar- souris collecteuse qui ne craint pas les chats ne manque pas torique écrit pour Je Bouquine à l’ap- tiste maghrébin répondent à l’iné- de poésie, et son final sidéral dissipera les mauvais rêves proche du prochain millénaire (en puisable séduction du calligraphe. (éd. Thierry Magnier, 28 p., 69 F, 10,51 ¤). A partir de 5 ans. kiosque, 43 F, 6,55 ¤. A partir de Ph.-J. C. Ph.-J. C. 10 ans). LeMonde Job: WIV2199--0006-0 WAS LIV2199-6 Op.: XX Rev.: 26-05-99 T.: 19:12 S.: 111,06-Cmp.:27,09, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0155 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 la chronique

de Roger-Pol Droitb

LA BARBARIE DOUCE Ils n’ont plus ni haches ment, ce ne sont pas les choix idéo- La modernisation aveugle logiques, mais l’affirmation de cette des entreprises et de l’école ni glaives. Ils sont conviction même : la « barbarie » de Jean-Pierre Le Goff. habillés comme tout le existe, elle constitue une grille de La Découverte, « Sur le vif », Attention aux Barbares ! lecture pertinente pour comprendre 128 p., 42 F (6,40 ¤). notre temps. monde. Ils sont partout. Voilà qui paraît fort contestable. LA BARBARIE INTÉRIEURE Surtout si l’on a en tête quelques as- Essai sur l’immonde moderne Eux, c’est nous ! Que pects de la représentation des bar- de Jean-François Mattéi. bares dans l’histoire européenne. PUF, « Intervention faire ? Un peu d’histoire L’idée que la menace barbare n’est philosophique », 314 p., plus au dehors, mais qu’elle sourd 138 F (21,03 ¤). reconnaître sa propre détresse. Tel du dedans, qu’elle monte de l’inté- est en tout cas, en peu de mots, le rieur, est une création spécifique du n a-t-on jamais fini avec les constat de deux ouvrages parus XIXe siècle français. Elle est née avec barbares ? Ils se tiennent presque en même temps. Quoique l’effroi suscité par les premières E tranquilles, en apparence. fort différents dans leur style émeutes ouvrières, en particulier la Les plus féroces ont été de- comme dans leurs analyses, un pro- révolte des Canuts. On peut lire par puis longtemps écrasés. Tous les pos leur est explicitement commun : exemple, dans Le Journal des Débats autres – progressivement matés, re- donner à voir, sous le visage lisse de du 8 décembre 1831 : « Les barbares légués dans l’ombre, reconduits au la modernité, une profonde désor- qui menacent la société ne sont point loin de l’autre côté des frontières – ganisation de l’humain. Et sous la au Caucase ni dans les steppes de la ont été mis hors d’état de nuire. douceur visible le dernier avatar, on Tartarie : ils sont dans les faubourgs Cette fois, pas de risque. Aucune in- s’en doute, de cette violence ef- de nos villes manufacturières. » Le vasion en vue. Paix assurée. On croit froyable et ancienne que sur les thème sera repris sous de multiples ça. On se laisse prendre à espérer âmes pures toujours exercent les formes. Ces nouveaux barbares sont que jamais plus... Et les voilà qui sur- barbares. du dedans destructeurs, ils veulent gissent, mettent de nouveau à sac la Jean-Pierre Le Goff s’attache à faire avancer la démocratie, la révo- dernière Rome en date, saccagent deux domaines : les entreprises et lution sociale. les bibliothèques, violent les vestales l’école. Il souhaite montrer com- Ce thème réactionnaire des « bar- qui restent et laissent sur leur pas- ment, en parlant sans cesse d’« au- bares du dedans » n’est pas mort sage grand désordre de colonnes to-évaluation » et de « bilan person- avec la monarchie de Juillet ni la ré- brisées et de toitures en flammes. Il nalisé », et pour les enfants de volution de 1848, pas même avec la y a longtemps, cela va de soi, qu’ils « contrat » et d’« autonomie », les Commune de Paris. On le retrouve ne se nomment plus Gaulois ou Ga- responsables du management et de régulièrement associé à toutes lathes. Alamans, Wisigoths et autres la pédagogie masquent sous un lan- sortes de déplorations sur la dégé- Vandales sont aussi des pseudo- gage trompeur et faussement libéral nérescence, le désordre et le chaos nymes déjà très anciens. Ils conve- des manipulations autoritaires et contemporains. Ainsi Georges Pom- naient à des barbares dépassés, des des conceptions confuses. « La bar- pidou, président de la République sanguinaires, des violents, des brutes barie douce constitue le point aveugle française, déclarait-il en 1971, au mo- – ceux qui furent encore signalés de la “modernisation des entreprises ment des derniers soubresauts de jusqu’à ces jours-ci comme fauteurs et de l’école ” », elle « développe une l’après-mai 68 : « Mais cette fois les de toutes sortes de désordres, sous vision chaotique du monde et de ses barbares ne seraient plus extérieurs des identités très diverses : infidèles, évolutions qui les rend incompréhen- comme ils l’étaient à la Grèce ou à sans-culottes, canuts, bolcheviks, SS, sibles et dévastateurs », écrit le socio- l’Empire romain, ils aspireraient à franquistes, Khmers rouges, Serbes. logue. Les origines de cette situation naître au cœur même de nos sociétés, Entre autres. Le vieux style. sont clairement désignées : le dé- pour les détruire de l’intérieur. » A ces Nous avons mieux, désormais. Le ploiement du libéralisme écono- fantasmagories de droite se sont op- dernier chic barbare, nous dit-on mique, « l’héritage impossible » de posées, non moins régulièrement, c’est aujourd’hui la douceur. La tolé- mai 68, les erreurs de la gauche mo- rope, de la barbarie rugueuse et vi- humilier délibérément l’humanité » conduisent à estimer que l’ouvrage, des barbarophilies de gauche. On vit rance affichée, la concertation pro- derniste et les impasses de la gauche sible à cette « barbarie plus douce, ou en vénérant aveuglément... le mar- quelque jugement que l’on porte sur dans les hordes modernes l’annonce clamée, l’autonomie prônée, la radicale. Mais on ne voit pas bien, plus sournoise, dont les tourments sont quis de Sade. Où nazisme et ses partis pris, est une référence à re- de mondes nouveaux. On inventa transparence annoncée, bref le meil- mis à part son approbation des moins de brutalité que de langueur, communisme sont deux barbaries tenir. Malgré tout, certains énoncés des éloges outranciers pour les fau- leur des mondes, pourvu des meil- écrits de Jack Lang, quelles issues de violence que d’abandon ». Notre « à renvoyer dos à dos », quoique les laisseront, selon le degré de barbarie teurs de troubles et les briseurs de leures intentions. Avec une gentille Jean-Pierre Le Goff entrevoit ni temps verrait ainsi le triomphe terne crimes du communisme soient atteint, enthousiaste, perplexe, fâché stèles. « Barbares. Le mot me plaît, je indifférence aux conflits, une façon quelles actions il préconise. et sans gloire de ce délaissement gé- « moralement plus graves », aux yeux ou hilare. Par exemple cette conclu- l’accepte. » Qui donc osa jamais dire suave de ne pas vouloir faire de L’essai de Jean-François Mattéi est néralisé, où tout se vaut et rien ne de Jean-François Mattéi, parce que sion : « L’immonde est ce qui reste du une chose pareille ? Un quelconque drame. Sans oublier une particulière d’une autre facture. A mi-chemin de vaut. Où le sujet se délite. Où l’édu- commis au nom d’un idéal humani- monde quand le lointain s’est retiré, nique-ta-mère, un Kurt Kobein, un insensibilité à l’excellence, un oubli l’étude historique érudite et du libre cation fait faillite, où l’humanité dé- taire et rationnel. abandonnant le sujet à ce bourbier Sex Pistols, un irresponsable punk, massif des réalités ordonnées de propos éthico-politique, la réflexion laisse les temples et l’érection des Les sentiments du lecteur, au fil de barbare, qui prend aujourd’hui le un hard rocker décérébré ? Non, Mi- l’espace et du temps, une effrayante du philosophe chemine de l’Antiqui- colonnes pour se transformer en dé- cet essai, peuvent être divers. Le nom de masse, où s’abîme la pen- chelet, dans Le Peuple. Ah, ces histo- manière de ne même plus pouvoir té à nos jours, de la Grèce à l’Eu- sert de sable. Où l’« on s’habitue à nombre et la variété des sources sée. » Ce qui étonne le plus, finale- riens.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Pourquoi des lois ? Derniers masques de Nietzsche Une série d’articles et d’entretiens de Pierre Legendre autour de la question Qu’est-ce que la « volonté de puissance » ? Philosophes et historiens ne de la norme et des classifications de la raison cessent de poser la question à l’énigmatique créateur de « Zarathoustra »

SUR LA QUESTION tant qu’il permet d’instituer la loi. ce philosophe de la représentation NIETZSCHE ET L’OMBRE Franck ne pense pas, cependant, puis sous une forme remaniée en DOGMATIQUE EN OCCIDENT En deuxième lieu, la dimension es- montre à l’homme l’inaccessibilité DE DIEU que « renverser » le platonisme (ce 1906, et sous une autre forme en- Aspects théoriques thétique, c’est-à-dire le pouvoir de sa propre image. Selon Pierre de Didier Franck. qui était le but de Nietzsche) re- core en 1917. de Pierre Legendre. langagier de faire advenir les Legendre, « l’humain cherche l’im- PUF, « Epiméthée », 480 p., vienne, comme le prétend Heideg- Il fallut attendre (1964) le début Fayard, 370 p., 145 F (22,10 ¤). images. La fonction esthétique, par possible et le rapport au pouvoir 245 F (37,35 ¤). ger, à s’enfermer dans la même pro- de la nouvelle édition des Œuvres ce pouvoir qui dépasse la norme, s’alimente de cette quête indéfinie ». blématique que Platon. Il voit bien complètes de Nietzsche, établie par permet précisément de fabriquer ce C’est pourquoi la « fabrique de LE VRAI NIETZSCHE que la méditation nietzschéenne ne deux Italiens, Giorgio Colli et Maz- e recueil d’articles et « hors-temps mythique » où l’homme occidental », fondée sur la de Jean-Pierre Faye. se réduit pas à un énième avatar du zino Montinari, pour voir remis en d’entretiens permet au peuvent s’ancrer et se justifier les culture gestionnaire, est une muti- Ed. Hermann, 200 p., 120 F « nihilisme » métaphysique. Mais cause le mythe de ce livre introu- lecteur non averti d’en- procédures institutionnelles. lation de l’homme : elle tend à vou- (18,29 ¤). qu’elle tourne, au contraire, autour vable, auquel Nietzsche, quand il C Dans la société occidentale, par loir programmer l’imprévisible. Or d’une volonté de « transmuer » croyait encore pouvoir l’écrire, avait trer dans l’œuvre de l’un des penseurs les plus féconds de le droit civil et par la fonction es- l’imprévisible, le transcendant, le ue voulait dire Nietz- (subvertir) les antiques valeurs de la d’ailleurs décidé, en septembre notre époque : Pierre Legendre. On thétique, naît le nouveau discours non-connu est le fondement même sche ? Que voulait dire métaphysique occidentale, d’origine 1888, de donner un autre titre, peut y découvrir la pensée patiem- infaillible que Pierre Legendre de la vie symbolique, et l’origine du Heidegger dans ses cours gréco-judéo-chrétienne. « Transvaluation de toutes va- énonce sous la forme d’une sainte désir. Autrement dit, comme l’a Q leurs ». Comme s’il avait frémi en ment échafaudée du philosophe, et sur Nietzsche, professés sa réflexion sur la question essen- trinité : Science, Démocratie, Ma- montré la psychanalyse, il n’y a pas de 1936 à 1945 ? Et l’in- FABRICATION D’UN MYTHE pressentant, un demi-siècle à tielle de la dogmaticité et de la nor- nagement. Ce nouveau système de désir sans loi ; et, comme le pré- terprétation que Heidegger donnait Parce qu’il refuse de se laisser en- l’avance, que la revue des Jeunesses mativité en Occident. dogmatique ne va pas sans l’avène- cise Pierre Legendre, il n’y a pas de alors de Nietzsche est-elle sérieuse- fermer dans l’analyse de textes arra- hitlériennes s’intitulerait, précisé- Le problème est le suivant : com- ment de ses prêtres, qui sont les désir sans norme, c’est-à-dire sans ment défendable ? Ces trois ques- chés à leur contexte, Jean-Pierre ment, Volonté et puissance (Wille und ment la normativité est-elle fondée « juristes savants », ou encore les référence à un ordre transcendant. tions ne s’adressent pas aux seuls Faye va encore plus loin. Soucieux Macht)... après la mort de Dieu ? Comment professeurs, commentateurs ou Cela n’empêche pas l’essayiste de érudits. A leur croisement, se situe de replacer les cours de Heidegger Le Vrai Nietzsche, de Faye (sous- ériger et fonder la norme qui est le glossateurs. Pour Legendre, l’avè- critiquer l’institutionnalisation de la un enjeu décisif pour la philosophie sur Nietzsche dans le cadre des titré « Guerre à la guerre »), n’est, « garant infaillible », l’équivalent du nement du juriste constitue un fait psychanalyse, qu’il compare au contemporaine : la signification de luttes de tendance qui opposèrent comme tout livre de combat, pas miroir pour la société, lorsque l’on majeur de la civilisation occiden- phénomène des sectes, induisant ce que Nietzsche appela – jusqu’en le premier à son ennemi privilégié, exempt de quelques simplifications. a nié l’existence de Dieu, ou d’un tale. Son importance témoigne du une « torpeur » intellectuelle qui in- août 1888 – « volonté de puissance ». Ernst Krieck (le très nazi recteur de Mais il a le mérite de clarifier les en- être transcendant ? Selon Pierre Le- besoin qu’a l’homme de fonder la terdit à la psychanalyse de jouer Didier Franck, qui a consacré à l’université de Francfort), Faye jeux de cette guerre qui, loin de se gendre, l’enjeu est, pour la société loi et d’avoir des intermédiaires son rôle premier : mettre au jour la Husserl et Heidegger ses précédents montre comment Heidegger s’ef- réduire à un simple affrontement occidentale, de reconstituer l’équi- pour l’énoncer, et la propager. portée symbolique des montages livres (1), part, dans son dernier ou- força, pour se singulariser, de faire, entre universitaires, n’est autre, on valent de ce tiers qu’est Dieu, en institutionnels, faire comprendre vrage, d’un double postulat. D’une du Nietzsche théoricien d’une « vo- l’a compris, que « la » guerre du trouvant un autre « lieu » pouvant RÔLE DE L’ÉTAT que l’humanité ne survivra pas à la part, le « règne planétaire de la tech- lonté de puissance » de nature biolo- XXe siècle par excellence. Autrement fonctionner comme « référence ins- On pourrait dire que Pierre Le- « désinstitution, la dé-référence », nique », auquel nous assistons, n’ex- gique (tel que la concevait Krieck), dit, la guerre de l’esprit « euro- tituée », et fonder la norme sociale, gendre accomplit pour la société car là se joue la mort du sujet. Pour primerait « rien d’autre » – comme une ultime figure du « nihilisme » péen » contre les xénophobies, les juridique et éthique de la société. occidentale ce que Kantorowicz Legendre, le « sujet géré » de notre l’affirma Heidegger – que l’«achè- métaphysique – à seule fin de pou- nationalismes et les racismes de Ce lieu de la dogmaticité, Pierre – dont il se réclame – avait fait pour époque est un sujet diminué. En ef- vement de la métaphysique ». voir se présenter lui-même comme toutes obédiences. Legendre le trouve dans la raison et la société moderne et le Moyen fet, il y a dans l’idéologie domi- D’autre part, l’être humain, en se le seul nazi « révolutionnaire ». Et Christian Delacampagne ses représentations. En premier Age. Il questionne de façon corro- nante de la gestion une subversion soumettant (par la technique) l’en- comme la seule voie de sortie hors lieu, le droit civil, qui est le disposi- sive et iconoclaste le fondement de de ce qui fait loi pour le sujet, car la semble de la nature, ne ferait du nihilisme, c’est-à-dire hors de la (1) Chair et corps et Heidegger et le pro- tif essentiel de la normativité, en l’Etat, son rôle de « division des loi de la gestion fonctionne de fa- qu’obéir à une injonction religieuse, métaphysique. blème de l’espace (éd. de Minuit, 1981 mots et des choses », d’institution de çon circulaire, et immanente, et il formulée dans le texte de ce que les Ce bref essai de Faye permet aus- et 1986). la valeur. Si sa réflexion philoso- est impossible que cette subversion juifs nomment Torah, et les chré- si de comprendre comment fut fa- phique se fait contre les sciences dure indéfiniment : « Le rebelle fera tiens, Ancien Testament. briqué de toutes pièces le mythe du ૽ Signalons, également, trois autres sociales, qui ne sont pour lui retour en meurtrier. » Autrement De là, Franck conclut qu’on ne livre qui devait s’intituler La Volonté essais qui apportent, chacun à sa qu’une « police de la pensée et un dit, on ne peut pas évacuer la ques- saurait échapper à la « métaphy- de puissance (Der Wille zur Macht). manière, de l’eau au moulin de avatar du positivisme ou du scien- tion du père. C’est ici que cette sique » sans s’expliquer, une fois A l’origine de cette falsification, la Faye : Nietzsche : physiologie de la vo- tisme » n’étant pas capable d’inté- pensée théorique devient pratique pour toutes, avec la « Révélation » propre sœur de Nietzsche, Elisabeth lonté de puissance, de l’Allemand grer l’apport du phénomène reli- et prédictive : il en découle des ap- judéo-chrétienne. Conclusion qui Förster, et son mari, deux antisé- Wolfgang Müller-Lauter, qui dégage gieux, elle ne s’en réclame pas plus plications morales et politiques es- l’amène, quant à lui, à s’expliquer mites notoires que Nietzsche mé- avec clarté les déficiences les plus de Michel Foucault. A ce dernier, sentielles, concernant, par exemple, avec Nietzsche – puisque Nietzsche prisait, comme il méprisait tous les criantes de l’interprétation heideg- Legendre oppose « la volonté de les problèmes de l’intégration ou reste le premier penseur européen à antisémites. Le « livre » en question gérienne (éd. Allia, traduit par non-savoir », qui est ce besoin du rapport à l’Etat républicain, la avoir dénoncé, dans le « nihilisme » – recueil de fragments inédits, au- Jeanne Champeaux, 192 p., 140 F d’avoir une référence par rapport à fonction de l’Etat étant d’être le re- de ses contemporains, un héritage trement dit de brouillons regroupés [21,34 ¤]) ; Par-delà le nihilisme : nou- un autre transcendant, un ordre in- lais de cette norme sans laquelle du platonisme, lui-même assimilé à de manière arbitraire – fut publié veaux essais sur Nietzsche, de Michel compréhensible servant de fonde- l’individu ne peut désirer, et donc un surgeon du judaïsme (que Platon pour la première fois en 1901 (un an Haar (PUF, 280 p., 138 F [21,03 ¤]) ; ment à la loi. vivre. aurait, supposait-il, découvert lors après la mort de Nietzsche, douze L’Esthétique de Nietzsche, de Mathieu Se réclamant de la psychanalyse, Eliette Abécassis d’un voyage en Orient). ans après qu’il eut perdu la raison), Kessler (PUF, 262 p., 148 F [22,56 ¤]). LeMonde Job: WIV2199--0007-0 WAS LIV2199-7 Op.: XX Rev.: 26-05-99 T.: 19:01 S.: 111,06-Cmp.:27,09, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0156 Lcp: 700 CMYK

enquête LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 / VII b Le Net : second souffle pour les sciences humaines ?

quoi bon continuer à écou- [(nous sommes toujours de l’autre Un article de l’exploitation sur les réseaux. C’est ter les prophéties sur la côté de l’Atlantique)] au cours des ainsi que le ministère de l’éduca- A mort du livre ? », deman- dix dernières années tourne autour l’historien américain tion nationale vient de confier à la dait Robert Darnton dans de 23 %. » Autre exemple : les Maison des sciences de l’homme un article publié par la New York presses universitaires ne par- Robert Darnton, une étude sur la numérisation des Review of Books le 18 mars. Ce n’est viennent plus, faute d’un nombre œuvres pour l’enseignement et la donc pas un constat pessimiste ou suffisant d’acheteurs, à assurer publié en mars dans recherche. C’est Jean-Luc Lory, passéiste que dressait l’historien l’édition des travaux scientifiques chercheur et adjoint à l’administra- américain, spécialiste de l’Encyclo- qu’elles avaient vocation à publier. la « New York Review teur de la MSH, qui en a la charge. pédie et du Siècle des Lumières. Ou C’est à partir de ce type de consta- Mais ce qu’Internet réserve de plus exactement, face à la révolu- tation qu’il faut, selon Robert of Books » et traduit plus révolutionnaire aux ouvrages tion mondiale que traversent les Darnton, penser un futur possible de sciences humaines (outre la pos- techniques de communication, et utile pour le livre électronique. ce mois-ci dans « Le sible réduction des coûts de fabri- Darnton pariait sur une mutation Il ne s’agit évidemment pas de cation et de distribution) c’est leur positive, un « nouvel âge » du « déverser sur le Web une masse illi- Débat », pose la organisation en « couches pyrami- livre ; sans pour autant faire de mitée de thèses », mais de mettre à dales » dont parle Darnton. Pour celui-ci une utopie fébrile ou un profit les possibilités de la techno- question de l’avenir Richard Figuier, Internet constitue, mythe. D’ailleurs, pense l’auteur, à logie informatique et de donner d’une certaine manière, «la l’âge de l’enthousiasme puis à celui ainsi « une valeur considérablement du livre à l’ère revanche de l’oralité sur l’imprime- de la désillusion a succédé le temps accrue » à ce nouveau type rie ». Les forums « modifient consi- du pragmatisme : « Nous voici d’ouvrages. C’est là sans doute la de l’électronique dérablement la réception et par là confrontés à la perspective de partie la plus intéressante de même la vie de l’ouvrage ». C’est compléter le livre traditionnel par l’article, dans laquelle l’auteur défi- mondiale et propose aussi une manière d’introduire le des publications électroniques nit une organisation du livre élec- mouvement : le texte devenant un conçues à des fins et pour des publics tronique en catégories correspon- une solution originale « work in progress » infini. C’est, particuliers. » dant chacune à un type de lecteur selon lui, en ce sens que ce « formi- La traduction de cet article dans et de besoin. à la crise de l’édition dable outil » peut révolutionner le dernier numéro de la revue Le Comment les éditeurs français de l’édition. Devenant un véritable Débat qui paraît ces jours-ci ouvre sciences humaines ont-ils réagi à en sciences humaines laboratoire, il « ouvre des horizons des pistes de réflexion qu’il sera l’article de Robert Darnton et à ses formidables, permettant une véri- bon de reprendre et d’étendre, sans perspectives novatrices ? Tous table circulation de la matière grise exclusive, face à ce qu’il est notent évidemment que l’analyse pour le livre et pour leur métier, les et de l’intelligence et pas seulement convenu d’appeler – des deux côtés de Darnton, aussi pertinente soit- éditeurs français, pas davantage de l’information ». de l’Atlantique – la « crise » de elle, s’inscrit avant tout dans un que Darnton, n’expriment de Comme le résume Hélène Mon- l’édition de sciences humaines et contexte américain. En effet, aux crainte. Comme le fait remarquer sacré, l’article de Darnton est une sociales (1). Etats-Unis, la frontière est nette Richard Figuier, en charge des « sonnette d’alarme salutaire ». La Darnton fait d’abord une consta- entre, d’un côté, les presses univer- sciences humaines au Seuil : «Il nouvelle responsable des sciences tation : le libre accès des textes sur sitaires et, de l’autre, les grandes faudra toujours éditer au sens fort du humaines chez Albin Michel sou- Internet – l’auteur cite à l’appui de maisons commerciales, ce qui n’est terme, c’est-à-dire faire passer le haite qu’il soit une occasion de son propos le fameux rapport pas – encore ? – le cas en France. livre d’une sphère privée à une redéfinir le rôle de l’éditeur et la Starr – n’a pas marqué ou annoncé François Gèze, directeur de La sphère publique de façon cohérente. place du livre. Elle souligne que l’arrêt du recours au livre. « Main- Découverte, a également rappelé Notre rôle ne pourra que s’en trouver l’édition de sciences humaines ne tenant qu’ils disposent d’ordinateurs, que, si la situation de l’édition de renforcé. » Pas question donc de devrait pas être ramenée à la publi- les Américains produisent et sciences humaines n’est pas bril- laisser la jungle qu’est Internet cation de thèses universitaires mais consomment plus de papier imprimé lante en France (les ventes prendre le dessus ni éditer à permettre l’élaboration de livres que jamais », souligne-t-il. Mais moyennes par titre sont passées de moindres frais des ouvrages qui ne pensés et aboutis, validés ensuite l’essentiel n’est pas là. Pour Darn- 2 200 exemplaires en 1980 à 800 en seraient pas de qualité. Il est en par l’éditeur. Quoi qu’il en soit, ton, « la crise concerne les méca- 1997), elle n’est pas aussi catastro- revanche nécessaire de « réguler » cette prise de parole aura permis de nismes mêmes du marché, non la phique que la situation américaine. le réseau. C’est d’ailleurs sur ce der- relancer le débat sur la situation de valeur de la recherche ». Par « Je n’exclus pas la solution radicale nier point, évoqué par Darnton, l’édition de sciences humaines, qui exemple, l’augmentation du prix qu’envisage Darnton, ajoute Fran- que les inquiétudes sont peut-être selon Eric Vigne, conseiller litté- d’abonnement des revues scienti- çois Gèze, mais je pense qu’il faut finalement les plus grandes, raire pour les essais chez Galli- fiques conduit les bibliothèques tout faire pour maintenir une pré- puisque les problèmes de gestion et mard, devrait permettre que soit universitaires à réduire les budgets sence en librairie de qualité. Nous de verrouillage des textes tout engagée une « véritable autocritique d’acquisition des monographies avons en France la chance d’avoir comme celui du droit d’auteur de la profession ». (c’est-à-dire des essais spécialisés) un formidable réseau de librairies restent entiers. Afin d’éviter ce que Emilie Grangeray pour pouvoir maintenir la conti- sur lequel nous pouvons nous François Gèze appelle le « cyberpil- et Patrick Kéchichian nuité des collections. « Le déclin des appuyer. » lage », il est donc souhaitable achats de monographies dans les Face aux méchants prophètes qui d’associer l’édition aux développe- (1) « Le Monde des livres », 18 avril grandes bibliothèques de recherche voient en Internet une menace ments de la numérisation et de 1997. Une nouvelle espèce de livre

ntre le deuxième et le qua- Darnton lorsqu’il affirme que «le matériaux de la recherche. En ce teurs, mués en coauteurs d’un livre trième siècle de notre ère, livre électronique, loin de se substi- sens, la révolution des modalités de jamais clos mais continué par leurs E une forme nouvelle du tuer à la grande machine de Guten- production et transmission des tex- commentaires et leurs interven- livre s’imposa aux dépens berg, la complétera ». tes est aussi une mutation épisté- tions, donne une formulation nou- de celle qui était familière aux lec- Son provocant article nous invite mologique. velle et généreuse à une pratique, teurs grecs et romains. Le codex, à réfléchir sur la forme nouvelle de Une fois établie la domination du désirée par certains auteurs c’est-à-dire un livre composé de construction des discours de savoir codex, les auteurs intégrèrent la anciens, d’Erasme à Richardson, feuilles pliées, assemblées et reliées, et les modalités spécifiques de leur logique de sa matérialité dans la mais difficile du fait des contraintes supplanta, progressivement mais lecture que permet le livre électro- construction même de leurs propres à l’édition imprimée. sûrement, les rouleaux qui, nique. Celui-ci ne peut pas être, ne œuvres – par exemple, en divisant L’idée, aussi séduisante soit-elle, ne jusque-là, avaient porté la culture doit pas être la simple substitution en livres, parties ou chapitres d’un doit pas faire oublier que les lec- écrite. Avec la nouvelle matérialité d’un support à un autre pour des discours unique, contenu dans un teurs (et coauteurs) potentiels des du livre, des gestes interdits étaient œuvres conçues et écrites dans la seul ouvrage, ce qui auparavant livres électroniques ne sont encore rendus possibles (par exemple, logique ancienne du codex. Si la était la matière textuelle de plu- qu’une minorité et que forte est la écrire en lisant, ou feuilleter un « forme affecte le sens », comme le sieurs rouleaux. De façon sem- menace de la confiscation, par les ouvrage) et les usages des textes se disait D. F. McKenzie, les futurs blable, les possibilités (ou les plus puissants, à l’échelle de chaque trouvaient transformés. L’invention auteurs de livres électroniques contraintes) du livre électronique pays ou de la planète tout entière, de la page, les repérages du texte devront, dès les premiers pas de invitent à organiser autrement, des promesses offertes par la nou- assurés par la foliotation et leur recherche, penser de manière selon l’ordre des « couches pyrami- velle technique. l’indexation, la relation établie dales » évoquées par La réflexion de Robert Darnton entre l’œuvre et l’objet qui est le Roger Chartier Robert Darnton, ce que le est d’abord une tentative de support de sa transmission ren- livre qui est encore le nôtre réponse à la « crise » de l’édition en dirent possible un rapport inédit nouvelle les relations entre la distribue de manière nécessaire- sciences humaines et sociales, dure- entre le lecteur et ses livres. démonstration et les sources, l’or- ment séquentielle. ment ressentie des deux côtés de Devons-nous penser que nous ganisation de l’argumentation, les Ce qui demeure plus incertain est l’Atlantique. Les effets en sont sommes à la veille d’une semblable critères de la preuve ou le rapport la capacité du livre nouveau à pro- comparables, même si les causes mutation et que le livre électro- avec les lecteurs. duire ses lecteurs. D’une part, l’his- premières n’y sont pas tout à fait nique remplacera, ou est déjà en Ecrire ou lire « cette nouvelle toire longue de la lecture (à laquelle les mêmes : réduction des acquisi- train de remplacer, le codex espèce de livre » supposera de se Robert Darnton a tant contribué tions des bibliothèques universi- imprimé tel que nous le connais- déprendre des habitudes acquises lui-même) montre avec force que taires aux Etats-Unis, rétrécisse- sons en ses diverses formes : livre, et de transformer les techniques les mutations dans l’ordre des pra- ment du public acheteur ou de ses revue, journaux ? Peut-être. Mais le d’accréditation du discours savant tiques sont souvent plus lentes et achats en Europe. Doter d’une légi- plus probable pour les décennies à dont les historiens ont récemment toujours décalées par rapport aux timité et d’une dignité égales à venir est une coexistence durable, entrepris de faire l’histoire et d’éva- révolutions des techniques. De celles de l’imprimé les publications qui ne sera pas forcément paci- luer les effets : ainsi, la citation, la nouvelles manières de lire n’ont électroniques est sûrement une fique, entre ces deux formes du note en bas de page, récemment découlé directement ni de l’inven- manière d’atténuer les consé- livre et les trois modes d’inscription étudiée par Anthony Grafton, ou ce tion du codex ni de celle de l’impri- quences désastreuses de la pru- et de communication des textes : le que Michel de Certeau appelait la merie. De la même façon, les caté- dence, excessive ou justifiée, des manuscrit, l’imprimé et l’électro- « langue des calculs ». Chacune de gories intellectuelles que nous éditeurs de type classique. nique. C’est dans cette dernière ces manières de prouver la validité associons avec le monde des textes Mais le « livre électronique » tel hypothèse, sans doute plus raison- d’une analyse se trouve profondé- perdureront face aux nouvelles que le propose Darnton n’est pas nable que les déplorations d’un âge ment modifiée dès lors que le lec- formes du livre. Rappelons que seulement un nouveau compagnon d’or perdu ou les prophéties sans teur peut consulter lui-même les après l’invention du codex et l’effa- pour les ouvrages sortis des prudence, que se situe Robert documents qui sont l’objet ou les cement du rouleau, le « livre », presses. Il est aussi défini en réac- entendu comme une simple divi- tion contre les pratiques actuelles, sion du discours, correspondait qui souvent se contentent de souvent à la matière textuelle mettre sur le Web des textes bruts, contenue dans un ancien rouleau. qui n’ont été ni pensés par rapport D’autre part, la révolution élec- à la forme nouvelle de leur trans- tronique, qui semble immédiate- mission ni soumis à aucun travail ment universelle, peut aussi appro- de correction ou d’édition. Autant fondir, et non réduire, les inégalités. qu’un plaidoyer pour l’utilisation Le risque existe d’un nouvel « anal- des nouvelles techniques mises au phabétisme », défini non plus par service de la publication des l’incapacité de lire et d’écrire, mais savoirs, il faut lire son article par l’impossibilité de l’accès aux comme une mise en garde contre nouvelles formes de la transmission les facilités paresseuses de l’électro- de l’écrit – qui ne sont pas sans nique et comme une incitation à coût, loin de là. La correspondance donner des formes plus complexes électronique imaginée par Robert et mieux contrôlables aux discours Darnton entre l’auteur et ses lec- de connaissance. LeMonde Job: WIV2199--0008-0 WAS LIV2199-8 Op.: XX Rev.: 26-05-99 T.: 19:01 S.: 111,06-Cmp.:27,09, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0157 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 chroniques b ECONOMIE INTERNATIONAL b par Philippe Simonnot b par Daniel Vernet Penser la guerre

TRAITÉ DE STRATÉGIE Bégarie ne se limite évidemment pas à proposer France avait autant de chars que la Wehrmacht Pour en finir avec la loi de Hervé Couteau-Bégarie. et souvent de meilleure qualité : « C’était la doc- une analyse critique de la guerre du Kosovo. Ed. Economica, 998 p., 198 F (30,18 ¤). C’est une somme aux échappées historiques, trine d’emploi qui était défectueuse. » Cette affir- théoriques, doctrinales. La bibliographie fait à mation renvoie aux questions soulevées par la a guerre est de retour en Europe. Même elle seule une centaine de pages, ce qui en dit RMA américaine, qui est censée apporter à celui des débouchés si elle ne dit pas son nom. Même si ceux qui la maîtrise l’avantage de savoir « exactement long sur le travail de recherche qui a été ac- L qui la mènent refusent de la nommer. compli pour réaliser cet ouvrage. Directeur quoi frapper, où, quand, comment, cumulant ain- Pendant quarante ans après la deuxième d’études à l’Ecole pratique des hautes études et si toutes les prescriptions des principes de la LA « LOI DE SAY » guerre mondiale, le but n’était plus de gagner la professeur au Collège interarmées de défense, guerre : concentration, économie des forces, sur- SERA-T-ELLE ENFIN REJETÉE ? guerre, mais de la prévenir. La révolution pro- ce qu’on appelait autrefois l’Ecole de guerre, prise, sûreté, initiative, liberté d’action... », Une nouvelle approche voquée par l’invention et l’utilisation (par deux Hervé Coutau-Bégarie n’avance « aucune pro- comme s’il était possible d’éliminer toute incer- de la surproduction fois) de l’arme atomique avait changé le para- position révolutionnaire, mais plutôt une présen- titude, ce qui est loin d’être le cas, que cette in- d’Henri Denis. digme de la stratégie. Ce n’était plus la victoire, tation, aussi systématique que possible, des certitude s’appelle réaction de l’ennemi, mau- Ed. Economica, 172 p., 149 F (22,71 ¤) mais la défense ou la sécurité. Les Français ont concepts et des problèmes fondamentaux de la vais temps ou plan de ville erroné... De plus, la apporté une contribution particulière à l’évolu- stratégie ». Le spécialiste suivra pas à pas le che- RMA, en elle-même, ne tranche la relation n spectre hante la science économique, c’est la « loi de Say ». tion de la pensée stratégique à l’ère nucléaire. minement de la pensée, mais il n’est pas interdit entre les moyens mis en œuvre et les fins Aucun économiste digne de ce nom n’a pu échapper à la néces- On pense notamment aux travaux des généraux au profane d’y puiser, au gré des chapitres, ma- recherchées. sité de l’affronter au moins dans ses rêves ou ses cauchemars. Lucien Poirier ou André Beaufre sur la dissua- tière à des réflexions très actuelles. Par exemple, constate l’auteur, « l’artillerie a U sion, fondée sur la conviction que « le risque est La première est que la stratégie en tant qu’art un rapport coût-efficacité bien supérieur aux mis- Aujourd’hui, Henri Denis nous dit que, contrairement aux ap- parences, la fameuse loi a résisté jusqu’à maintenant à la critique. Se lan- toujours plus grand que l’enjeu ». de la guerre doit reposer sur un ensemble de siles tactiques, à la condition évidemment que l’on çant à son tour à l’assaut, le professeur émérite de l’université de Paris Pour la première fois depuis 1945, on rai- connaissances faisant appel à toutes les disci- accepte un engagement sur le terrain, c’est-à-dire pense avoir trouvé la solution qui permettrait de rejeter définitivement sonne de nouveau en Europe en termes de vic- plines. L’inventeur de la stratégie comme que l’on ne soit pas paralysé par l’obsession du l’un des plus fameux énoncés de l’économie. toire et de victoire militaire, dans une sorte de science – Hervé Coutau-Bégarie emploie le “zéro-mort” ». Se voulant le prophète d’une nouvelle religion par son Catéchisme retour vers l’école stratégique classique. Pour la terme « stratégiste » pour distinguer le penseur La troisième réflexion porte sur l’importance d’économie politique, mais fort peu écouté dans son propre pays, Jean- première fois aussi, le risque semble inférieur à de l’acteur –, le Chinois Sun Zhi, qui vivait au des objectifs politiques poursuivis dans la Baptiste Say (1767-1832) a inventé, on le sait, une loi qui porte son nom et l’enjeu. En tout cas le risque militaire, puisque, Ve siècle avant notre ère, écrivait : « Ceux des guerre. La stratégie, écrit Hervé Coutau-Béga- qui servira de drapeau aux tenants du libre jeu de l’offre et de la de- comme pendant la guerre du Golfe, la coalition grands généraux qui se sont distingués parmi nons rie, est « la dialectique des intelligences, dans un mande. Dans sa présentation la plus simple, cette « loi des débouchés » menée par les Etats-Unis met en pratique les anciens étaient des hommes sages et prévoyants. milieu conflictuel, fondée sur l’utilisation ou la nous dit qu’une surproduction générale est impossible, car toute entre- idées de la Revolution in Military Affairs (RMA), Chez eux, la lecture et l’étude précédaient la menace d’utilisation de moyens violents à des fins prise qui produit un bien crée un pouvoir d’achat (en salaire et en profit) une théorie apparue outre-Atlantique au début guerre et les y préparaient. » Napoléon avait une politiques ». capable de payer un autre bien d’une valeur égale à celui qu’elle offre. des années 80, qui se propose de tirer les consé- formule pour souligner la nécessité de l’étude : Une claire vision de ces fins et leur définition Sous la plume de Say : « Un produit déterminé offre, dès cet instant, un dé- quences doctrinales des bouleversements tech- « Sur le champ de bataille, disait-il, l’inspiration précise sont essentielles au bon achèvement de bouché à d’autres produits pour tout montant de sa valeur. » Ou encore : niques. Selon le RMA, les moyens de surveil- n’est le plus souvent qu’une réminiscence... » la guerre alors que la confusion est source de « Le fait seul de la formation d’un produit ouvre, dès l’instant, un débouché à lance, de renseignement et de transmission, La deuxième concerne le lien entre les tous les déboires. Le stratège doit penser la vic- d’autres produits (1).» Cette manière de sophisme n’a pas fait peu pour couplés avec les armes nouvelles de grande por- moyens déployés et la doctrine d’utilisation. toire en termes politiques autant que militaires, discréditer l’économie politique à la française, même s’il fut avalisé par tée et de grande précision, donnent « à celui qui « Le matériel n’est pas l’antithèse de l’idée ; au avec en mémoire une phrase de l’empereur l’Anglais Ricardo. On s’en est gaussé, surtout après que Marx en eut fait le dispose d’une panoplie complète (...) un avantage contraire, plus l’investissement matériel est grand, Théodore, citée dans ce Traité de stratégie : symbole même de la « stupidité » des économistes et autres valets du ca- décisif sur son adversaire, qui est condamné à en- plus l’investissement intellectuel doit suivre », « Celles de mes guerres qui ont une issue heureuse pitalisme. La « pauvre petite phrase » qu’il attribue à Say (« On échange caisser les coups sans les rendre ». écrit Hervé Coutau-Bégarie, qui se réfère au dé- sont celles dont j’ai mené la fin avec modé- des produits contre d’autres produits ») est l’objet de ses sarcasmes les plus L’ambition du gros livre d’Hervé Coutau- but de la deuxième guerre mondiale. En 1940, la ration. » La sentence date du Ve siècle. cruels. « Rien de plus niais, écrit-il encore dans Le Capital, que le dogme d’après lequel la circulation implique nécessairement l’équilibre des achats et des ventes, vu que toute vente est un achat, et réciproquement (2)... » Eh bien ! on a eu tort de se moquer. Et le mérite de l’ouvrage d’Henri POLITIQUE Denis est d’abord de reconnaître qu’il fallait, qu’il faut prendre au sérieux L’extrême droite disséquée la loi de Say, car elle constitue un enjeu majeur du débat économique. Le b par Thierry Bréhier propos a d’autant plus de poids que notre auteur est sans doute à l’heure actuelle l’un des meilleurs connaisseurs des œuvres de Marx et de Keynes, l’un et l’autre figurant parmi les plus grands pourfendeurs de la loi de Say, CES FRANÇAIS QUI VOTENT FN son périple à la première personne du singulier. ner la préférence aux Français dans tous les do- et qu’il est insoupçonnable de la moindre faveur à l’égard du libéralisme de Nonna Mayer. Cela lui permet de ne jamais oublier ce que sa maines et à rejeter les immigrés ». économique. Flammarion, 390 p., 120 F (18,29 ¤). famille a dû subir des ancêtres idéologiques de ses L’analyse mathématique atteint là ses limites. Marx d’abord. L’auteur du Capital « amis » d’un jour. Cela offre un livre très person- Elle ne peut faire comprendre le trajet qui a est renvoyé à ses insuffisances, mises VOYAGE AU BOUT DE LA FRANCE nel, caractère qui n’atténue en rien la force du conduit une partie du monde ouvrier à rejoindre Henri Denis s’est en pleine lumière par sa propre cri- Le Front national tel qu’il est reportage. au Front national la bourgeoisie la plus réaction- tique de la loi de Say, qui agit ici de Claude Askolovitch. La démarche de Nonna Mayer est tout autre. naire. Les tranches de vie rapportées par Claude attaqué comme une pierre de touche. La Grasset, 344 p., 128 F (19,51 ¤). Elle ne s’appuie que sur des chiffres et des évolu- Askolovitch l’expliquent clairement en donnant théorie de la plus-value, censée tions fournis par des enquêtes scientifiques. Elle simplement la parole à ceux qui ont suivi ce che- à la « loi de Say ». rendre compte de la tendance congé- e divorce haineux entre Jean-Marie Le Pen peut ainsi en déduire un « portrait de l’électeur FN min et en décrivant leur environnement, que ce nitale du capitalisme à la surproduc- et Bruno Mégret a ouvert les vannes édi- potentiel » incité à rejoindre les premiers adeptes soit dans les banlieues du Midi ou dans les cités Objectif : abattre tion, est pour Henri Denis tout sim- L toriales. Dans la récente production sur du Front : « Il est jeune, n’a pas le bac, il a une at- minières du Nord laissées à l’abandon. La vision plement indéfendable. Le postulat sur l’extrême droite, deux ouvrages sur- tache avec le monde ouvrier, il est détaché de la reli- du terrain vient renforcer l’analyse de laboratoire. définitivement l’un lequel elle repose est véritablement nagent, car ni l’un ni l’autre ne raconte, une nou- gion et c’est un homme. » Les femmes, en effet, Tous deux sont ainsi d’accord pour assurer qu’il y impossible à accepter. « Marx, écrit velle fois, la tragie-comédie de cette querelle de sont plus réticentes, car, affirme notre politologue, a deux FN : un populiste, dont le héraut ne peut- des plus fameux Denis, commence la publication d’un famille où la haine transpire à chaque réplique. elles suivent des études plus longues et surtout être que Jean-Marie Le Pen ; un idéologue, pressé ouvrage destiné à prouver que le capi- Tous deux décrivent les mécanismes profonds qui moins techniques que les hommes, et elles sont de mettre ses théories en pratique, qui s’est re- énoncés de l’économie talisme doit disparaître, sans avoir à sa font que des Français, apparemment comme les plus sensibles aux critiques de l’Eglise contre connu en Bruno Mégret. Le divorce n’a pas été disposition une explication valable, à autres, votent ou militent pour un parti qui prône l’idéologie d’extrême droite. Mais celles de la prononcé simplement pour incompatibilité d’hu- ses propres yeux, des crises de surproduction. » Et il n’achèvera jamais son des idéaux contraires à ceux de 1789. Bien loin de deuxième composante de l’électorat frontiste meur. On le devinait. Ces deux livres le dé- œuvre. Non pas à cause de sa mauvaise santé, comme l’a prétendu son fi- s’annuler, ils se complètent. Directrice de re- n’ont pas les mêmes réserves que celles de la pre- montrent. dèle disciple Engels. En fait, « l’incertitude dans laquelle se trouvait [Marx] cherche au CNRS, Nonna Mayer s’appuie sur les mière. Leur lecture ne peut qu’inquiéter les démo- en face des questions cruciales qu’il avait posées et promis de résoudre est enquêtes du Centre d’étude de la vie politique La mise au jour de ce nouvel apport frontiste crates. Le succès du FN n’a pas tenu seulement plutôt la cause véritable de ses échecs successifs », explique notre auteur. française lors des présidentielles de 1988 et de est particulièrement intéressante. Elle démontre aux talents complémentaires de Jean-Marie Marx aurait manqué de peu la solution du problème (que lui, Denis, 1995 et lors des législatives de 1997 pour décrire que, si le FN a longtemps essentiellement recruté Le Pen et de Bruno Mégret. S’ils ont su, ensemble, pense avoir trouvée, comme nous le verrons), car cette solution l’aurait Ces Français qui votent FN. Journaliste à Marianne, dans les milieux aisés, la bourgeoisie – notam- donner une telle force à l’extrême droite française, obligé à remettre en question les bases mêmes de son système. Claude Askolovitch a voyagé trois ans Au bout de ment celle influencée par le traditionalisme catho- c’est parce qu’il y a suffisamment d’électeurs pour Keynes, lui aussi, s’est attaqué à la loi de Say, et lui aussi a échoué. Hen- la France, celle qui milite au Front national. lique –, depuis 1995 il a été rejoint par les « ouvrié- rejeter « l’autre », l’étranger, pour ne pas suppor- ri Denis n’a pas de difficulté à pointer la confusion dans laquelle s’est en- La richesse scientifique de l’un est corroborée ro-lepénistes ». Des gens perdus devant l’évolution ter l’évolution de la société, pour ne pas accepter lisé le célèbre économiste britannique, prétendant d’abord que l’excès par les témoignages apportés par la seconde. Des sociale, la mondialisation, ne croyant plus ni à la les effets de la crise économique et de la mondiali- d’épargne était la cause de la surproduction, pour ensuite revenir en ar- témoignages qui, souvent, font frémir, mais qui, gauche ni à la droite. Nonna Mayer les appelle les sation, pour ne pas se reconnaître dans les forma- rière sans pourtant jamais renoncer à son idée première. La lecture qui est parfois, engendrent une compassion qui peut se « ninistes », car ils refusent de se classer sur tions parlementaires. Quels que soient les avatars faite ici de l’œuvre de Keynes surprendra peut-être les connaisseurs, mais muer en sympathie. Heureusement, celui qui, un l’échelle gauche-droite et n’acceptent pas de se re- du Front national et de sa dissidence, les raisons comme le maître de Cambridge s’est beaucoup contredit, il n’est guère jour, s’est fait traiter par Catherine Mégret d’« ex- connaître d’extrême droite. Elle estime même du vote en leur faveur mises au jour par Nonna étonnant qu’on puisse lui faire avouer à peu près tout et son contraire. crément yiddish », sait toujours garder ses dis- qu’ils sont difficilement récupérables par la Mayer, la désespérance de leurs militants ren- Pour Henri Denis, l’erreur fondamentale de Keynes, comme finalement tances. Paradoxalement, il y parvient en racontant gauche traditionnelle, car ils sont « portés à don- contrés par Claude Askolovitch, perdureront. de tous ceux qui se sont attaqués à la loi de Say, c’est de n’avoir pas fait de distinction entre les profits espérés par les entrepreneurs et les profits qu’ils réalisent effectivement. Denis estime en effet que les crises de sur- RELIGIONS production trouvent leur origine dans le fait qu’il arrive que les profits Du christianisme asiatique réalisés soient inférieurs aux profits espérés. De fait, une égalité entre ces b par Xavier Ternisien deux types de profits tiendrait en fait du miracle ! Et de conclure : « Toute circonstance incitant les entrepreneurs à douter de la possibilité d’augmenter Tianzhu, « Seigneur du ciel ». Finalement, les coup de portée pour les catéchumènes chinois. leurs ventes dans les périodes à venir doit créer une situation de surproduc- LE CHRIST CHINOIS catholiques chinois ont conservé cette dernière ex- Ces diverses réflexions aident à comprendre ce tion, même si l’épargne est entièrement investie » – parce qu’alors ces Héritages et espérance pression, tandis que les protestants utilisent la pre- que peut être aujourd’hui l’inculturation. Il ne suf- mêmes entrepreneurs ne distribuent pas assez de bénéfices, ni n’inves- sous la direction de Benoît Vermander. mière. fit pas de « mettre le sourire d’un Bouddha sur le tissent suffisamment. Dans ce cas, ce serait une erreur de relancer la DDB/Bellarmin, 254 p., 155 F (23,62 ¤). En choisissant de s’adresser aux élites de la cour visage d’une Vierge », comme le rappelait le cardi- consommation par une augmentation des salaires. Denis penche plutôt impériale, Matteo Ricci avait privilégié le dialogue nal Kim de Séoul. Une théologie asiatique doit être pour un recours à l’investissement public, encore qu’il nous mette en REGARDS ASIATIQUES avec le confucianisme. La fameuse querelle des produite par les Asiatiques eux-mêmes. Elle peut garde contre tout optimisme excessif quant au résultat. SUR LE CHRIST Rites chinois, qui a divisé l’Europe du XVIIIe siècle ensuite interroger et enrichir la théologie occiden- On reconnaîtra bien volontiers la prudence élégante de la démonstra- de Michel Fédou. et fut tranchée par leur condamnation en 1742, mit tale, mais sans négliger pour autant « une certaine tion, même si l’on peut douter de la rigueur d’un concept tel que celui de Ed. Desclée, 298 p., 180 F (27,44 ¤). un terme à ce premier essai d’inculturation. Au- conversion des cultures asiatiques elles-mêmes », es- « profit espéré ». Après tout, la réalité est toujours décevante, sinon dé- jourd’hui, le dialogue se situe davantage avec le time Michel Fédou. sespérante ! Henri Denis n’a pas eu tort de mettre un point d’interroga- L’ÉVANGILE DE SÉOUL À SAINT-DENIS bouddhisme et le taoïsme. Les protestants ont Le petit livre de témoignage d’Olivier de Berran- tion à son titre. Car il y a de fortes chances que le spectre de Say continue d’Olivier de Berranger et Bernard Gorce. franchi un pas important en traduisant le terme ger illustre de manière concrète cette probléma- d’errer encore longtemps... Ed. de l’Atelier, 102 p., 65 F (9,90 ¤). Logos (« Verbe ») de l’Evangile de saint Jean par tique. Avant d’être nommé évêque de Saint-Denis, l’idéogramme du Tao (« la Voie »), ce qui ne va pas l’auteur a passé quinze années de sa vie à Séoul, (1) Jean-Baptiste Say, Traité d’économie politique, rééd. Calmann-Lévy, 1972, epuis l’arrivée du jésuite Matteo Ricci sans poser certains problèmes sémantiques et afin de développer les méthodes de l’Action catho- pp. 140-141. en Chine, en 1583, le christianisme s’est théologiques, car, selon un adage chinois, « le ciel lique ouvrière en Corée du Sud. Mgr de Berranger (2) Karl Marx, Le Capital (Editions sociales, tome I, p. 121). D efforcé de se faire accepter par le ne parle pas »... dresse le portrait d’une Eglise singulière, qui a monde asiatique, au prix d’un dialogue Comme le souligne dans son livre le Père Michel pour particularité de ne pas avoir été fondée par bbbbbbbbbbbbbbbbbbb souvent difficile avec les cultures locales. Plusieurs Fédou, les théologiens asiatiques s’attachent dé- des missionnaires : un groupe de lettrés coréens, livres permettent de faire le point sur cette « in- sormais à produire une christologie, dans laquelle réduits à l’oisiveté par la situation politique du PASSAGES EN REVUE culturation » et sur l’apparition d’une véritable le message chrétien est souvent à la base d’une moment, s’est intéressé à la fin du XVIIIe siècle à la théologie asiatique, dont les productions, souvent contestation des situations d’injustice ou des Sohak, ou « science occidentale », et a délégué « Recherches » rédigées dans les langues locales ou en anglais, structures traditionnelles coercitives, telles que le auprès des jésuites de Pékin un émissaire chargé Le dernier numéro de Recherches, la revue semestrielle du MAUSS, consacré sont encore largement inaccessibles au public système des castes en Inde. Mais les obstacles à la de s’instruire dans cette nouvelle religion. au « Retour de l’ethnocentrisme » et sous-titré « Purification ethnique versus français. Le Père Benoît Vermander, directeur de pénétration du christianisme dans les mentalités L’auteur décrit « la religion de bénédiction » qui universalisme cannibale », a été élaboré et achevé avant que ne commencent les l’Institut Ricci de Taïpeh, a réuni dans un volume asiatiques sont toujours nombreux. Déjà, le Père imprègne le sentiment religieux en Corée, comme frappes de l’OTAN sur la Serbie. Il n’en éclaire pas moins les données théoriques plusieurs contributions qui permettent de se faire Ricci dissimulait le crucifix aux lettrés qu’il désirait dans toute la sphère d’influence chinoise : et idéologiques d’une alternative – particularisme contre universalisme – que la une idée plus précise des orientations d’une théo- convertir et s’abstenait de prêcher sur la résurrec- l’homme rend grâce au « ciel », qui prendra, selon chute du mur de Berlin et l’éclatement du monde communiste ont tragique- logie chinoise. tion. Selon Madeleine Kwong Lai-kuen, il s’agit sa tradition familiale, la figure de Bouddha ou du ment aiguisée. Présenté par Serge Latouche, cet ensemble important s’ouvre sur Les difficultés de transposition des concepts pour les convertis de « passer d’un système de sa- Dieu des chrétiens... Mais le christianisme apporte la question même de l’ethnocentrisme et de la place de l’Occident, avec notam- chrétiens dans le monde chinois illustrent à elles gesse à la folie de la révélation du Christ crucifié et cependant un regard critique sur certaines tradi- ment une discussion entre les animateurs du MAUSS et Cornelius Castoriadis, seules les obstacles rencontrés par l’inculturation. ressuscité ». tions comme la Kobou-Kwangué, c’est-à-dire la si- peu avant la mort de celui-ci. Notons également, parmi beaucoup d’autres La simple traduction du mot « Dieu », attaché en Aujourd’hui encore, l’une des notions les plus tuation de dépendance de la belle-fille envers sa contributions, l’article de Dominique Temple sur le génocide du Rwanda. La Occident à la notion d’un Dieu personnel, pose difficiles à faire accepter par les Eglises est celle du belle-mère. Il favorise ainsi, selon l’auteur, une mutation du rêve universaliste en cauchemar n’a pas fini de nous interroger (Re- problème. Le Père Ricci balançait entre deux trans- péché : les récits de conversions montrent que la transition d’une culture du « nous » à une culture cherches, la revue du MAUSS, La Découverte, no 13, 372 p., 175 F [26,67 ¤]). P. K. criptions : Shangdi, « Seigneur d’en haut », et formule de « renonciation au péché » n’a pas beau- du « moi » et de la liberté individuelle. LeMonde Job: WIV2199--0009-0 WAS LIV2199-9 Op.: XX Rev.: 27-05-99 T.: 09:15 S.: 111,06-Cmp.:27,09, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0158 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 / IX b Quand la Bible devint le « laboratoire de l’esprit » scientifique A partir de l’analyse des principes du travail de l’exégète, de son outillage intellectuel et pratique, Gilbert Dahan montre comment, à l’âge de la scolastique, la raison s’est imposée au cœur d’une démarche de foi, façonnant la scientificité occidentale

L’EXÉGÈSE CHRÉTIENNE confessante ». Mais toute la ques- Si le texte est établi avec tant de le mythe porte en lui-même son DE LA BIBLE tion est de voir comment celle-ci, soin, c’est qu’il soutient l’exégèse commentaire interne, quand l’exé- EN OCCIDENT MÉDIÉVAL sans rien renier de sa vocation reli- « littérale » ou « historique », dont gèse médiévale s’acharne à tenir le (XIIe -XIVe siècle) gieuse, devint en même temps « une l’importance n’a cessé de croître. Livre à distance. de Gilbert Dahan. exégèse scientifique ». Et jusqu’à Elle traite de la littera au sens Un des effets de cette mise à Ed. du Cerf, « Patrimoines quelle limite elle a pu mener ce dé- étroit, c’est-à-dire de la langue, de distance est la place croissante Christianisme », 496 p., veloppement « scientifique » à l’in- l’étymologie telle qu’on croit la prise par l’exégèse littérale au dé- 290 F (44,21 ¤). térieur des cadres du christianisme. restituer, des figures de rhétorique triment de l’exégèse spirituelle, Au XIIIe siècle, la théologie, pour et notamment des métaphores même si la finalité de l’exercice devenir pleinement une science, poétiques de la Bible. Elle élucide reste bien au bout du compte l’in- n moins de dix ans, Gilbert dut rompre les amarres qui la rete- aussi le contexte historique et ar- telligence du sens mystique des Dahan aura publié deux naient à la Bible afin de revenir à chéologique, car la Bible est l’his- deux Testaments. Pour les savants E livres d’une rare ampleur, celle-ci comme de l’extérieur sous toria par excellence, de même chrétiens, ce sens mystique se d’une érudition impec- la forme d’une herméneutique au- qu’elle est la première encyclopé- concentre dans le mystère de l’In- cable, qui renouvellent en profon- tonome et consciente des règles de die de la nature. L’analyse littérale carnation. La venue du Christ a deur nos connaissances de l’his- sa méthode. N’en doutons pas : propose enfin, dans un question- réalisé les prophéties de l’an- toire intellectuelle du Moyen Age : c’est dans le geste de profanation naire qu’enrichit la disputation cienne Loi. C’est ce que montre depuis Les Intellectuels chrétiens et du Livre conduit paradoxalement universitaire, une approche philo- l’allégorie chrétienne, que les les Juifs au Moyen Age (Cerf, 1990) au nom de la foi que s’est façonné sophique et théologique. Mais ce clercs opposent à l’exégèse juive, jusqu’au présent ouvrage, la conti- le creuset de la scientificité occi- que la Bible a en propre aux yeux qu’ils croient à tort exclusivement nuité est évidente, qui montre dentale, le berceau de notre mo- des clercs médiévaux, c’est que les littérale ou, disent-ils avec mépris, contre tous les clichés l’intensité dernité. mots (verba) n’y sont pas seuls « charnelle ». Ce reproche est des relations entre juifs et chré- Choisissons, à travers ce livre foi- porteurs de sens : ils désignent des d’autant plus injuste que, para- tiens à l’âge de la scolastique. Cette sonnant, de mettre l’accent sur doxalement, les emprunts fois, l’auteur nous conduit au cœur trois mouvements essentiels de la Jean-Claude Schmitt aux juifs (Rashi ou Sa- de la civilisation médiévale, jus- démonstration. Ce qui, dès le prin- muel ben Meir) ont plus qu’au Livre, bien partagé, qui la cipe, rend possible l’essor de l’exé- choses (res) – noms, nombres, nourri leur exégèse spirituelle que fonde : la Bible. De tout temps, la gèse scientifique, c’est que la Bible faits, notions de temps et de lieu – littérale. Dahan explique ce para- Bible a appelé son commentaire, n’est pas seulement un texte, mais, qui ont en elles-mêmes un sens, doxe par l’intérêt contemporain son explication ou « exégèse ». suivant l’étymologie même du mot, mais d’une autre nature, « spiri- des savants chrétiens pour la my- D’autres ont retracé l’histoire de un livre. Objet recopié par les tuelle », « allégorique » ou « mys- thologie antique, à laquelle ils au- cette réflexion. Le propos de Da- hommes, raturé, amendé, glosé tique ». Le but de l’exégèse est raient associé l’exégèse du mi- han est différent : il entend analy- entre les lignes ou dans les marges donc d’assurer ce dépassement drash sans craindre pour autant de ser les principes du travail de l’exé- des manuscrits, annoté et soumis à – par ce que l’auteur nomme «un reprocher aux juifs d’« affabuler » gète, son outillage intellectuel et la quaestio. La matérialité même du saut herméneutique » vers le sens (judei fabulantur). Non exempt de pratique, ses méthodes. Et ce fai- livre et sa transformation en objet « spirituel ». La fonction de l’exé- préjugés, ce dialogue a permis en sant, défendre une thèse parfaite- d’usage ont autorisé une mise à dis- gèse est donc bien, au bout du tout cas un jeu subtil d’influences ment étayée et totalement tance de la « parole de Dieu » qui a compte, religieuse, « confes- réciproques en même temps que convaincante : le travail sur le Livre favorisé le travail critique et l’exer- sante ». Mais la grande différence l’affirmation par chacun de sa dif- a été, pour les intellectuels de cice de la raison. D’autant mieux par rapport à la lectio divina des férence. l’Université médiévale, le labora- que ce livre, nul ne l’ignorait, ne fait moines du premier millénaire, à la L’exégèse scientifique en a gran- toire d’« un esprit scientifique » pas entendre telle quelle la parole « rumination » de la sacra pagina, dement bénéficié pour définir ses conscient de lui-même, d’« une originelle de Dieu : il est une tra- réside dans la sortie préalable du méthodes autant que sa finalité prise de conscience critique », l’exé- duction, donc pour une part texte, dans le détour accompli par christologique propre. On ne re- gète se faisant fort de soumettre à l’œuvre des hommes, fût-ce de la raison de l’intellectuel, dont les fermera pas ce livre sans se réjouir l’entendement humain, aux règles saint Jérôme, auteur de la Vulgate, exigences scientifiques affectent la encore de ses qualités d’écriture et du langage et de la raison, la parole qui a remplacé progressivement les BN/MANUSCRITS FR démarche spirituelle elle-même. de sa clarté d’exposition, qui per- divine des Saintes Ecritures. Certes, premières traductions latines. Le Bible historiale du futur Charles V (1362-1363) En ce sens, l’exégèse médiévale, mettent au lecteur de suivre l’al- pour tous ces savants qui sont aus- Livre n’échappe pas à l’histoire, il même si elle demeure confes- ternance du travail miscrosco- si et d’abord des hommes d’Eglise, évolue, subissant les erreurs des co- pense être l’original hébreu. D’où la ment, le Moyen Age a corrigé la sante, a rompu avec les exégèses pique sur une masse considérable l’effort d’explication ne s’affranchit pistes : des « correctoires » (tel ce- nécessité du dialogue avec les rab- Bible, fait des retouches, mais sans traditionnelles caractéristiques de de manuscrits encore inédits et pas de la démarche de foi, qu’elle lui d’Hugues de Saint-Cher au bins et l’écoute des convertis, avant imaginer une nouvelle traduction la pensée mythique, rappelées ici à l’exposé brillant d’hypothèses et prétend au contraire éclairer : il XIIIe siècle) confrontent les versions que certains, tel Nicolas de Lyre, latine complète : ce n’est qu’en 1598 travers les travaux de Levi-Strauss de vues générales sur un tournant s’agit fondamentalement, dans les pour éliminer les ajouts et tenter de n’éprouvent le besoin de devenir qu’une nouvelle version, la Clé- sur les Indiens d’Amazonie et de fondateur de l’histoire de la ratio- termes de l’auteur, d’« une exégèse revenir au plus près de ce qu’on eux-mêmes hébraïsant. Inlassable- mentine, remplacera la Vulgate. Vernant sur la Grèce homérique : nalité occidentale.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Alexandrie sauvée des eaux L’Odyssée des steppes L’équipe de Jean Yoyotte livre le premier bilan des fouilles de la partie Chantée par Dede Korkut, l’épopée des Oghuz fait entendre la voix de ces orientale du port. Révélation d’une cité grecque à l’imagerie égyptienne guerriers du Caucase et charrie les souvenirs des cultures d’Asie centrale

ment des caps et promontoires de tache à la tradition du portrait ro- d’armes à six ailettes et leur épée de la confédération se retire à la ALEXANDRIE l’autre. Ainsi, il apparaît avec net- main. Enfin, Jean Yoyotte pose en LE LIVRE DE DEDE KORKUT qui danse dans le fourreau ! Au fin du repas avec son épouse et Les quartiers royaux teté que cette partie de la rade termes mesurés la question des Récit de la Geste oghuze milieu des immenses prairies de leur livre sa tente à piller, en toute submergés abritait trois ports bien individuali- pharaonica, soit des œuvres réali- Traduit du turc et présenté l’est anatolien, lorsque le brave, simplicité. de Franck Goddio, sés, assez vastes pour abriter l’en- sées dans les périodes anciennes et par Louis Bazin et Altan Gokalp, après trois jours de chevauchées, Reflet des luttes entre gens des André Bernand, semble de la flotte lagide, avec importées dans l’Alexandrie préface de Yachar Kemal, tombe d’un sommeil profond tentes et des citadelles, ripailles Etienne Bernand, plus de 2 kilomètres de quais li- grecque et romaine, soit des réali- Gallimard, « L’Aube des comme la mort, c’est son pré- et violence épiques, sagesse Ibrahim Darwish, Zolt Kiss néaires. Protégés par une série de sations d’époque hellénistique et peuples », 248 p., 130 F (19,81 ¤). cieux cheval à l’oreille fine qui en- concrète, l’épopée chantée par et Jean Yoyotte. récifs qui en rendaient l’accès dan- impériale dans le style égyptien tend l’ennemi approcher et ré- Dede Korkut nous fait entendre la Londres, Periplus, gereux mais jouaient aussi le rôle traditionnel. On a tellement écrit oici, née sur les hauts veille le maître, sauf si, mal voix, si rare, de ces terribles cava- diffusion au Seuil, de brise-lames, ces ports se si- et répété qu’Alexandrie était une plateaux qui s’étendent attaché, il s’est enfui, auquel cas liers. Portée par le vent d’Est, elle 276 p., 1 270 F (193,61 ¤). tuaient au cœur même du quartier ville grecque « à côté de l’Egypte » au pied du Caucase, les princes mécréants se sai- charrie les souvenirs de toutes les (existe aussi en édition anglaise). V des palais qui occupaient non seu- que les découvertes de telles l’épopée des Oghuz, an- sissent du malheureux et le cultures sédimentées en Asie cen- lement le cap Lochias, le long et œuvres (très nombreuses aussi cêtres des Turcs de Turquie et mettent à moisir dans un cul de trale. Ce langage ancien et clair ans la redécouverte large promontoire qui fermait la dans les fouilles de Jean-Yves Em- d’Azerbaïdjan. basse-fosse. Ils l’en tireront peut- fait ressentir la beauté des grands d’Alexandrie, entreprise baie à l’est, mais aussi la péninsule pereur, dans l’autre partie du port) Razziant les princes géorgiens être, lors d’une autre incursion arbres ombreux dans la steppe, D archéologique qui aura où Antoine avait entrepris de intriguent. D’autant que beaucoup et le seigneur de Trébizonde, ces oghuze, pour lui proposer la li- des pâturages d’été sur la mon- dominé cette décennie construire une résidence pour s’y ont été importées volontairement guerriers reportent dans la lé- berté s’il se range à leurs côtés. tagne noire, des tapis de soie éta- en Egypte, l’équipe que dirige retirer, et l’île d’Antirhodos, d’Héliopolis, gisement inépuisable gende leurs pillages, alliances, fé- Ces héros, pas plus que ceux lés autour des tentes d’apparat Franck Goddio apporte une contri- curieuse île à trois branches qui d’ornements, pour décorer à l’an- lonies, élans de bravoure et de fi- d’Homère, ne sont des saints, rouge et blanc dans le campe- bution majeure – et somptueuse – semble avoir fait très tôt l’objet cienne les monuments d’Alexan- délité... Il ne fait pas bon être avec leur truculence et leurs us ment en fête, le charme des avec ce premier bilan des décou- d’aménagements portuaires. Ces drie. Sans remettre en question le repéré par eux dans la steppe, qui sont parfois étranges : quand jeunes brus « gracieuses comme vertes réalisées dans la partie découvertes archéologiques caractère profondément hellé- avec leur arc entouré de bande- il reçoit ses vassaux, tous les trois des oies sauvages »... orientale du port. Entourés d’une confirment et éclairent les textes nique d’Alexandrie, Jean Yoyotte lettes blanches, leur masse ans, pour une grande fête, le chef Pierre Chuvin prestigieuse équipe scientifique anciens, dont André Bernand four- montre que la cité abrita en per- réunie autour de Jean Yoyotte, les nit à la fois la version originale et manence des érudits gardiens de la membres de l’Institut européen la traduction (soixante et onze do- tradition hiératique indigène, pré- d’archéologie sous-marine, soute- cuments, d’Homère à l’empereur sente dans quelques sanctuaires nus par la Hilti Foundation, ont Julien). sur lesquels nous ne savons à peu centré leurs efforts sur la moitié près rien, tant ont été profonds et orientale du port antique dit « de INSCRIPTIONS, SCULPTURES... nombreux les bouleversements l’est », celle que bordaient les pa- Les nombreuses trouvailles des vestiges antiques. lais royaux de l’époque hellénis- faites sur ces terres submergées ne Avec ce livre richement illustré, tique. On savait depuis longtemps pouvaient être toutes présentées pourvu de nombreux plans très que la ligne de rivage avait été mo- (il manque notamment la céra- évocateurs qui permettent de difiée par les catastrophes natu- mique), mais deux dossiers sont suivre sans aucune peine le fil du relles autant que par les réaména- offerts aux lecteur. Etienne Ber- récit, même pour le lecteur qui n’a gements réalisés au cours des nand présente et commente les jamais mis les pieds à Alexandrie, siècles. La tâche essentielle consis- inscriptions grecques relevées sous nous disposons enfin du premier tait donc à retrouver autant que l’eau, et les replace dans le cadre ouvrage scientifique issu des possible l’aspect topographique général des relations que Caracalla fouilles sous-marines de la ville. complexe du port antique, bien entretint avec Alexandrie et avec Certes, il reste beaucoup à faire, éloigné du bel ordonnancement l’Egypte. Pour la sculpture, très notamment pour comprendre les actuel, une courbe au galbe par- abondante, Zolt Kiss analyse les édifices auxquels appartenaient les fait, prolongée par deux étroites sphinx et les têtes colossales où il centaines de colonnes de grès jetées elles-mêmes reliées par un reconnaît, entre autres, une effigie rouge éparpillées au fond de la mince brise-lames percé de deux d’Auguste fidèle à la tradition mer, mais on possède désormais passes. royale égyptienne. On notera aussi quelques éléments sûrs, des ves- Grâce aux méthodes modernes la belle statue du prêtre portant tiges publiés selon les normes de la prospection géophysique, dans les bras un Osiris-Canope scientifiques en usage. Ce qui ne l’équipe de Franck Goddio a pu (étudiée par Françoise Dunand), le gâche rien.L’ensemble constitue dresser une carte précise et neuve serpent enroulé et l’ibis, tandis aussi un superbe recueil d’images du port oriental qui met bien en qu’un buste d’Hermès illustre l’art pour découvrir un secteur essentiel évidence l’importance des espaces proprement grec et qu’une tête fé- de la métropole antique. portuaires d’une part, l’emplace- minine (Antonia Minor ?)se rat- Maurice Sartre LeMonde Job: WIV2199--0010-0 WAS LIV2199-10 Op.: XX Rev.: 26-05-99 T.: 19:57 S.: 111,06-Cmp.:27,09, Base : LMQPAG 37Fap: 100 No: 0159 Lcp: 700 CMYK

X / LE MONDE / VENDREDI 28 MAI 1999 actualités b L’EDITION FRANÇAISE Les Hellènes font honneur aux écrivains français b Prix du jeune écrivain. Destiné à Les Grecs, traditionnellement francophones, ont choisi la France comme premier pays étranger invité au Salon du livre d’Athènes récompenser une œuvre de fiction inédite en prose écrite en français ans une Athènes fa- cachés dans les caves de l’Institut couvertures les noms en capitales Du coup, l’image stéréotypée pale d’expression littéraire est la par un auteur de moins de vingt cinq rouchement opposée au moment de la guerre civile », d’un (Michel Rio), de la production française – « cé- poésie. C’est seulement ma géné- ans, le quinzième Prix du jeune écri- aux bombardements rappelle Catherine Velissaris, d’un (Jean- rébrale », « essentiellement tour- ration qui a commencé à investir vain a été décerné à Bernard Ma- de l’OTAN et où l’opi- chargée du livre à l’Institut fran- Claude Izzo) ou d’un née vers la langue » – s’est sensi- la forme romanesque. » gnan, vingt-deux ans, pour son ma- nionD publique manifeste violem- çais d’Athènes. « Le milieu litté- (Denis Guedj). Si peu blement modifiée. A l’inverse, les Celle-ci, selon Takis Theodoro- nuscrit La Vie privée des choses. Cinq ment son hostilité envers la stra- raire grec reste extrêmement fran- d’éditeurs français, au grand dam Français ont pu découvrir des poulos, reste aujourd’hui coupée autres candidats ont été récompen- tégie des alliés (Le Monde du cophone. Beaucoup d’éditeurs des organisateurs, avaient fait le courants littéraires grecs affran- en deux : « Il y a d’une part le ro- sés. Le Prix du jeune écrivain franco- 7 mai), l’organisation d’un Salon étaient à Paris du temps de la dic- voyage, les écrivains, eux – pour chis du folklore, avec des écri- man grec paysan, balkanique, an- phone a été décerné à un Chinois en du livre tout entier bâti autour de tature. Et la génération des 40-50 se retremper dans « le cœur an- tures « plus lisibles, presque fil- cré dans la religion et les cou- troisième cycle à la Sorbonne, Jin Jia- rencontres franco-grecques – une ans, qui est aujourd’hui au pou- cien de l’Europe », comme Virgi- miques, souvent très ironiques, tumes, et d’autre part, le roman li, pour La Descente des oies sauvages. première du genre – tenait de voir, est particulièrement à nie Lou, ou simplement pour ren- comme celle de Phedon Tamvaka- cosmopolite, reflétant cette posi- Cinq jeunes filles – canadienne, ma- l’équilibrisme. Du reste, au der- l’écoute de ce qui s’y passe. » C’est contrer leurs lecteurs, comme kis », note l’écrivain Demos- tion un peu spéciale entre Orient rocaine, serbe, sénégalaise et nier moment, la manifestation a la raison pour laquelle, dans ce Emmanuèle Bernheim, agréable- thenes Kourtovik. Ils auront aus- et Occident. Cette schizophrénie chilienne – complètent le palmarès. bien failli être annulée : « Com- pays de 11 millions d’habitants ment surprise d’avoir vendu en si noté l’émergence d’une veine crée une dynamique, mais la véri- Le jury du Prix du jeune écrivain, or- ment faire une fête lorsqu’un pays seulement, le livre français oc- Grèce 10 000 exemplaires de Sa féminine particulièrement fé- table modernité ne réside-t-elle ganisé par l’Union laïque de Muret voisin est en guerre ? », demande cupe encore une place privilé- Femme –, avaient répondu nom- conde, avec des romancières pas dans l’addition des identités : (Haute-Garonne) depuis 1985 et sou- un éditeur grec. Mais le « senti- giée : la Grèce arrive au sixième breux à l’invitation. D’Erik Or- comme Evguenia Fakenou, ne peut-on être européen, ortho- tenu par Le Monde et France- ment d’incompréhension et de ré- rang mondial après les Etats- senna à Olivier Rolin, en passant Nicole Roussou ou Amanda doxe, méditerranéen et grec ? » Culture, était présidé par Christiane volte » s’est heureusement mué Unis, le Canada ou l’Allemagne par Jean Rouaud, Michel Houel- Michalopoulou. Résonnant de toutes ces in- Baroche, Prix Goncourt de la nou- en une « occasion de dialogue pour le nombre de traductions lebecq ou Guillaume Le Touze, la Mais surtout, ils auront mesuré terrogations, les rencontres velle 1978. Les œuvres retenues se- plutôt que de fermeture » : organi- d’ouvrages français. Ces der- programmation de l’Institut fran- l’emprise de la tradition sur l’his- d’Athènes auront également mis ront publiées en recueil par le Mer- sé par l’Association des éditeurs nières (17,5 % de l’ensemble des çais visait avant tout à mettre en toire littéraire de ce pays. Selon en lumière la condition parti- cure de France. La remise officielle et libraires grecs d’Athènes en publications d’origine étrangère) lumière quelques tendances ré- l’écrivain Takis Theodoropoulos culière des « petites nations » au des prix doit avoir lieu vendredi collaboration avec l’Institut fran- sont certes loin d’entamer le mo- centes de la vie littéraire. D’où – dont le dernier livre, Nuit sein de l’Europe, celles qui, de fa- 28 mai au lycée professionnel çais d’Athènes et France Edition, nopole de l’anglais (56 %) mais l’éclairage particulier apporté, au blanche à Epidaure, vient de sor- çon vitale, doivent traduire pour Charles-de-Gaulle de Muret. l’organisme de promotion du arrivent encore loin devant les travers de multiples tables tir à Athènes –, « une des raisons s’ouvrir et être traduites pour b Espace Algérie. La revue-collec- livre français à l’étranger, le traductions de l’allemand (7,5 %), rondes, aux jeunes romanciers, pour lesquelles il n’y a pas de exister. Entre fierté et inquié- tion Algérie Littérature / Action et les 22e Salon du livre d’Athènes, qui de l’italien (4,2 %) ou de l’espa- au polar et à la littérature de jeu- grand roman grec au XIXe siècle tude, celles-ci, mesurant le prix éditions Marsa – qui la publient – se tient jusqu’au 28 mai, a finale- gnol (2,2 %). nesse. « On aurait pu continuer à est l’influence de l’orthodoxie al- de leur culture à l’aune des dan- sont à l’origine de l’ouverture d’un ment été inauguré sans heurt, di- inviter les dinosaures, commente liée à celle de l’oralité depuis l’An- gers qui la menacent, ont Espace Algérie. Inauguré le 20 mai, manche 16 mai, en présence de la TENDANCES RÉCENTES Catherine Velissaris. Ce choix tiquité. C’est l’église orthodoxe souvent soif de pensée française. cet espace propose, outre les ou- ministre de la culture grecque et Pour que la littérature fran- était plus ingrat, beaucoup de qui, imposant sa conception du On aurait tort de le négliger. vrages édités par Marsa, des livres du maire de la ville (1). çaise défende cette position cen- noms étant ici totalement in- monde et refoulant l’apport des Fl. N. neufs et d’occasion publiés à Alger et C’est la première année que ce trale dans le bassin méditerra- connus, mais aussi plus vivant. Lumières, a empêché la naissance inaccessibles en France (littérature, salon, pour accroître son enver- néen, France Edition avait conçu C’est aussi la jeune génération de d’une écriture romanesque, en (1) Le Salon du livre se tient pendant essais et livres d’art). Sont également gure, invite un pays étranger. un important soutien logistique traducteurs du CTL [le Centre de menaçant d’excommunier Kazan- quinze jours dans plusieurs lieux accueillies des expositions de Pourquoi la France ? La tradition avec un stand français bien garni, traduction littéraire de l’Institut] tzakis pour Le Christ recrucifié ou d’Athènes : le parc Pedion tou Areos, peintres et photographes algériens et l’économie y sont pour beau- alors qu’à quelques pas de là, aux qui l’a rendu possible : eux-mêmes plus tard Emmanuel Roïdis pour Avenue Alexandras, l’Institut français (27, rue Rochechouart, 75009 Paris). coup. « Qu’on se rappelle Kostas étals des Grecs, on pouvait ont à cœur de faire connaître les La Papesse Jeanne. Jusqu’au mi- d’Athènes, Sina 31, et la Galerie du b Une nouvelle inédite de Wode- Axelos ou Cornelius Castoriadis, s’amuser à reconnaître sur les auteurs de leur âge. » lieu du XXe siècle, la forme princi- livre, Pesmazoglou 5. house offerte. Pour l’achat de deux anthologies au choix parmi les cinq bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb titres parus aux éditions Joëlle Los- feld (Petits meurtres entre chats à Hol- lywood, Les Sept Péchés capitaux, Der- A L’ETRANGER nières Nouvelles de Dracula, Les Chats Salon du livre de Cayenne fantastiques et Petits Romans noirs ir- b BUENOS AIRES : début des hommages à Borges landais), une nouvelle inédite de P. G. n Salon du livre a-t-il sa place dans un qui l’a tant tourmentée et qu’elle décrit dans La Fille du La 25e Foire du livre de Buenos Aires, qui fermera ses portes Wodehouse (« Webster le chat ») se- monde de tradition orale et dans une région gobernator (Gallimard). le 3 mai, avait pour thème, cette année, « Con la gente y por ra offerte – jusqu’à la fin du mois où, de surcroît, le marché est particulière- Pour les autres invités, en particulier les auteurs du la cultura » (avec les gens et pour la culture) et a été l’occa- d’août – par le libraire. ment étroit ? L’association guyanaise Pro- Sud brésilien, le microcosme guyanais était davantage sion de lancer les festivités qui vont marquer le centenaire de b Prix littéraires. Le prix Maurice- molivresU a relevé le défi en organisant, pour la deuxième une découverte. Antonio Torres s’est dit « curieux de ce la naissance de Jorge Luis Borges. La plupart des grands édi- Edgar-Coindreau a été attribué à année consécutive, une grande manifestation littéraire à monde français si proche de nous, où les visages que l’on teurs espagnols étaient présents, ainsi que quelques écrivains Anne Wicke pour sa traduction de Le Cayenne, du 19 au 22 mai. Après une première édition croise ressemblent à s’y méprendre à ceux du Bahia de castillans, mais les auteurs anglo-saxons étaient venus en Fleuve et l’Enfant, de Chris Offutt, consacrée à la commémoration de l’abolition de l’escla- mon enfance ». Bernardo Carvalho a avoué, de son côté, masse et ont accaparé l’attention du public, de même que le (Mercure de France). Le prix du vage, l’ambition, cette année, était de proposer à une « être attiré et inspiré par cette “Nouvelle France” ». Mexicain Carlos Fuentes et le Brésilien Paulo Coelho. Comité d’histoire de la radiodiffu- population a priori peu réceptive un panel des littéra- Si la Guyane suscite l’intérêt des auteurs, ils sont bien sion a été remis, dans la catégorie tures de son environnement régional, Brésil, Surinam, peu à faire confiance à la seule maison d’édition litté- b Quelques prix « Grand Public », à Jacques Baudou Guyana, Guadeloupe, Mexique et même Québec. Pari raire des trois départements français d’Amérique. Avec Le prix de la fondation littéraire Prince Pierre de Monaco a pour son livre Radio mystères. Le tenu, le Salon n’était pas le rendez-vous d’un petit un catalogue de 55 titres, 40 auteurs, dont une quin- été décerné à Pierre Combescot, pour l’ensemble de son Théâtre radiophonique policier (éd. cercle de spécialistes, mais bien un lieu de rencontres zaine était présents au salon, Ibis Rouge s’est d’abord œuvre. L’association Biblioteca Europea, qui a pour objectif Encrage) et dans la catégorie « Re- entre les auteurs et un public plus curieux qu’on ne pou- installée à Cayenne en 1995 avant de faire ses valises de faire traduire dans tous les pays de la communauté quel- cherche » à Agnès Chauveau pour vait l’imaginer. Pour promouvoir le livre et l’écrit dans ce pour les Antilles. « Il n’y a pas de place pour une édition que cinq cents livres qui constitueraient un patrimoine son ouvrage L’audiovisuel en liberté ? département d’outre-mer équatorial, où les librairies et rentable en Guyane, selon l’éditeur Jean-Louis Malherbe. commun, a décerné le prix Farnesina aux éditions Laterza L’histoire de la Haute Autorité paru les rares bibliothèques sont peu fréquentées, l’une des Même en Guadeloupe, nous sommes en dessous du seuil (Italie), Em Querido’s (Hollande), Slovensky Spisofatel (Ré- aux éditions Presses de Sciences Po. idées était d’initier les jeunes, et les moins jeunes, en li- de survie. Les auteurs domiens les plus médiatisés, comme publique tchèque) et Verdier (France) pour des traductions. sant les textes à voix haute en français, en créole et en Raphaël Confiant ou Patrick Chamoiseau, préfèrent bien Les éditeurs Inge Feltrinelli (Feltrinelli, Italie) et Jorge Her- Rectificatifs portugais. Les membres des associations culturelles lo- évidemment solliciter les services de Gallimard ou Gras- ralde (Anagrama, Espagne) ont été également récompensés à cales, les troupes théâtrales, comme celle de l’Etat brési- set. » A chaque publication, à deux ou trois exceptions titre personnel pour leur travail de diffusion du patrimoine b Dans les premiers exemplaires du lien voisin de l’Amapa, et les auteurs des Amériques se près, Ibis Rouge dépasse rarement le millier d’exem- culturel européen. L’écrivain britannique Andrew Miller a Monde du 21 mai, une interversion sont transformés en « hommes-livres ». Et le lecteur pu- plaires vendus. Malgré ses difficultés, l’éditeur antillo- battu Don DeLillo et Ian McEwan en remportant le prix litté- de paragraphes a rendu difficile- blic Marc Roger, après son tour de France des villes et guyanais continue de distribuer ses ouvrages dans l’en- raire le plus richement doté au monde : l’International Impac ment lisible l’article d’Hector Bian- des villages (Le Monde des livres du 23 octobre 1998), a semble des départements d’outre-mer, dans l’Hexa- Dublin Litterary Award, d’un montant de 100 000 £ ciotti intitulé « Jorge Luis Borges, le traversé l’Atlantique pour proposer à Cayenne et dans gone, au Benelux et en Suisse. En Guyane, si le goût de (150 444 euros, 986 850 francs) pour son premier roman, Inge- rêveur rêvé », en page VI du les communes de Guyane une « lecture spectacle ». lire met du temps à entrer dans les mœurs, il y a un nious Pain, qui avait eu beaucoup de succès lors de sa paru- « Monde des livres ». Pour rétablir Promolivres avait aussi convié le Prix Goncourt 1998, autre obstacle : les ouvrages sont en moyenne 19 % plus tion, en 1997. Les droits ainsi que ceux de son deuxième ro- le texte, il faut déplacer le premier Paule Constant, l’auteur de Confidence pour confidence cher que sur le territoire métropolitain. Avec le Salon de man, Casanova, ont été achetés pour le cinéma par bloc de la quatrième colonne (de (Gallimard), qui se considère comme « un auteur guya- Cayenne, les littératures pénètrent dans un monde de Portobello Films. « jeune lecteur de Genève... » à « ... nais ». Elle a bien connu Cayenne à la fin des années 40, l’oralité, mais le livre est loin d’être accessible au plus Personne n’a jamais »), au bas de la où son père était le dernier médecin du bagne. A l’occa- grand nombre. b ÉTATS-UNIS : Les archives Isherwood acquises par la bi- deuxième colonne (après « ... celui sion du Salon du livre, elle est revenue dans cette région Stéphane Urbajtel bliothèque Huntington que son très... »). Les archives littéraires de Christopher Isherwood (1904-1986), b Dans l’article consacré au poète bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb auteur entre autres livres d’Adieu à Berlin – dont a été tirée espagnol José Angel Valente (« Le la comédie musicale Cabaret – ont été acquises par la biblio- Monde des livres » du 7 mai) nous thèque Huntington de San Marino, banlieue de Los Angeles. avons omis de signaler que son tra- AGENDA Maison de l’Unesco, 7, pl. de Fon- Filasto et George V. Higgins (parc Elles comprennent non seulement plusieurs versions des ducteur était Jacques Ancet. tenoy, 75007 Paris ; tél. : 01-45-68- Victor-Hugo, bd Victor-Hugo, œuvres de l’écrivain britannique, mais aussi des poèmes iné- b L’orthographe correcte du nom b JUSQU’AU 30 MAI. ANTIFAS- 13-91). 34110 Frontignan-la-Peyrade ; tél. : dits, des notes et des manuscrits des premières œuvres de de la traductrice du texte de Fran- CISME. A Martigues, l’Ensemble b LE 2 JUIN. PEREC. A Paris, un 04-67-92-53-48). W. H. Auden ainsi que des correspondances entre Christo- cisco Coloane intitulé « Aux fils de citoyen organise la deuxième colloque est organisé à l’occasion b LES 4 ET 5 JUIN. ÉCRIT. A Paris, pher Isherwood et E. M. Forster, Somerset Maugham, Gore l’écume » (« Le Monde des livres » édition du Salon du livre antifas- du trentième anniversaire de la le Comité de la chaîne graphique Vidal, Tennessee Williams et une lettre de J. D. Salinger. du 21 mai) est Marianne Hermitte. ciste, coordonné par Dominique première diffusion de la pièce ra- organise un Forum de l’écrit. Dé- Eddi et Christian Farruga (à la halle diophonique Die Maschine de bats et animations avec Jérôme b Des lettres de J. D. Salinger en vente de Martigues, avenue Louis-Sam- Georges Perec et Eugen Helmlé (à Clément, Eric Licoys, Dominique Joyce Maynard, qui a déjà raconté son histoire d’amour avec mut, 13500 Martigues ; tél : 04-42- partir de14 heures à la Maison Wolton, Alain Finkielkraut, Pierre J. D. Salinger dans un roman autobiographique, At Home in 44-35-35). Heinrich-Heine, 75014 Paris, suivie Nora et Edwy Plenel (Théâtre de the World, va de nouveau mettre celui-ci en rage en vendant b DU 28 MAI AU 12 JUIN. POÉSIE. d’une table ronde à partir de l’Europe, place de l’Odéon, 75006 les quatorze lettres qu’il lui avait adressées... afin, a-t-elle dé- A Marseille, le Centre internatio- 20 h 30 à la Maison des écrivains, Paris. Rens. au : 01-45-44-51-75). claré, de pourvoir à l’avenir de ses enfants, et sans remords nal de poésie propose, lors de la 75007 Paris). b LE 4 JUIN. HENRI THOMAS. A en ce qui concerne l’écrivain reclus. Quinzaine de la poésie, expo- b LE 2 JUIN. FEMMES. A Paris, Paris, la société Les lecteurs d’Hen- sitions, lectures, rencontres et un l’Association des historiens pro- ri Thomas organise une journée b ESPAGNE : augmentation de la publication de livres cycle de conférences sur le thème pose un débat autour du thème : d’études sur le thème « Henri Il s’est publié en Espagne, en 1998, 56 000 nouveaux titres « De la poésie contemporaine » « Femmes en Europe aujourd’hui : Thomas romancier » (de 9 h 30 à (55 774 en 1997) avec une production globale de 50 millions (CIP, centre de la Vieille-Charité, la modernité apporte-t-elle aux 13 heures, à la biblitohèque de d’exemplaires (27 % de plus qu’en 1997). 29,5 % des titres pu- 13002 Marseille ; tél. : 04-91-91- femmes une libération ou une nou- l’IMEC, 9, rue Bleue, 75009 Paris). bliés sont des œuvres de littérature. 26-45). velle forme d’aliénation ? » (à b LE 5 JUIN. PIERRE BOUTANG. b LE 31 MAI. LITTÉRATURE 19 heures en Sorbonne, amphi- A Paris, un colloque sur le thème : ORALE. A Paris, la Société civile théâtre Richelieu, 17, rue de la Sor- « Pierre Boutang : l’homme et des auteurs multimédia organise bonne, 75005 Paris. Inscriptions l’œuvre » est l’occasion de tables une soirée animée par Paula au : 01-48-75-13-16). rondes (à l’université de la Sor- Jacques. Catherine Dolto-Tolich b DU 2 AU 6 JUIN. LIVRE EURO- bonne, 1, rue Victor-Cousin, 75005 (pour L’Haptonomie périnatale) et ARABE. A Paris, la cinquième édi- Paris ; tél. : 01-45-33-73-47). Philippe Sollers (pour La Parole de tion du Salon euro-arabe du livre b LES 7, 8 ET 9 JUIN. ÉPOPÉE. A Rimbaud) présenteront deux CD de aura pour invité d’honneur le Ma- Paris, l’Unesco célèbre, à l’occasion la collection « A voix haute » de roc. Rencontres et activités pour du 1 300e anniversaire de la geste Gallimard (à 19 heures, à la SCAM, les jeunes seront proposées (Insti- oghuz, Le Livre de Dede Korkut. Le supplément mensuel 5, av. Vélasquez, 75008 Paris. tut du monde arabe, 1, rue des Fos- Une rencontre avec les éditeurs du Réservation au 01-56-69-58-83). sés-Saint-Bernard, 75005 Paris). texte est organisée le 7 juin à consacré aux livres b LE 31 MAI. WALLENBERG. A b DU 4 AU 6 JUIN. POLAR. A 17 heures, suivie de l’inauguration Paris, l’Unesco organise une table Frontignan-la-Peyrade (Hérault), d’une exposition visible jusqu’au ronde – et une exposition de pho- la deuxième édition du Festival du 14 juin, puis les 8 et 9 juin, la pro- tographies jusqu’au 11 juin – en roman noir sera l’occasion de ren- jection du film d’Anar et Tofig Tagi- Prochaine parution dans Le Monde hommage à Raoul Wallenberg, au- contres avec quarante et un au- zade, Dede Gorgoud (Maison de tour du thème : « Courage et teurs, dont James Crumley, Gre- l’Unesco, 125, avenue de Suffren du jeudi 3 daté vendredi 4 juin culture de la paix » (à 16 heures, gory McDonald, Jim Nisbet, Nino 75007 Paris ; tél. : 01-44-18-60-20).