Laheycourt Et Membre Du Cercle Généalogique Lorrain
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Extrait de la publication Extrait de la publication Zacharie Philippe Bernard Zacharie Récit historique SEPTENTRION Extrait de la publication Nous remercions le Conseil des Arts du Canada ainsi que la SODEC pour l’aide accordée à notre programme d’édition. Nous reconnaissons avoir reçu l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition pour nos activités d’édition. Illustration de la couverture : Philip John Bainbrigge, View of Sorel, 1839, ANC C-2649. Révision : Solange Deschênes Maquette de la couverture et mise en pages : Folio infographie Si vous désirez être tenu au courant des publications des ÉDITIONS DU SEPTENTRION vous pouvez nous écrire au 1300, avenue Maguire, Sillery (Québec) G1T 1Z3 ou par télécopieur (418) 527-4978 © Les Éditions du Septentrion Diffusion Dimedia 1300, avenue Maguire 539, boul. Lebeau Sillery (Québec) Saint-Laurent (Québec) G1T 1Z3 H4N 1S2 Diffusion en Europe : Dépôt légal – 2e trimestre 1998 Diffusion de l’édition québécoise Bibliothèque nationale du Québec Librairie du Québec ISBN 2-89448-101-2 30, rue Gay-Lussac 75005 Paris France Extrait de la publication Avant-propos E LIVRE se voulait au départ la biographie d’un modeste C instituteur de village du Québec au XIXe siècle. L’un des membres de cette petite bourgeoisie rurale qui regroupait artisans, boutiquiers, marchands, maîtres d’école et auber- gistes. Relativement à l’aise par rapport aux cultivateurs et aux journaliers, proches des notables sans en être, à l’in- fluence réduite mais réelle, ces travailleurs assuraient des fonctions essentielles à leur communauté. Trop souvent, malheureusement, les historiens les ignorent. Il en fut autrement. Zacharie s’est révélé un personnage insoupçonné et captivant. Son comportement volontaire, bien qu’erratique à l’occasion, son tempérament parfois téméraire, parfois résigné, caractérisent un être déroutant et imprévisible, mais séduisant. Sa vie mouvementée a été marquée par des espoirs déçus, des obstacles surmontés, une longue quête d’un bonheur sans cesse fuyant. En qualifiant cet ouvrage de récit historique, j’ai voulu indiquer qu’il relate des faits réels, vérifiés et situés dans le temps et l’espace, tout en laissant place à des suppositions pour combler des lacunes, à des mises en situation pour illustrer les événements. En revanche, le lecteur ne trouvera ni dialogues fictifs ni personnages inventés ; j’ai volontaire- ment écarté la forme romanesque, bien que le sujet s’y fût bien prêté. 8 Zacharie Toute documentation sur la vie d’une personne, si riche soit-elle, demeure fragmentaire et incomplète; en parti- culier, celle de nature juridique déçoit par son laconisme. Pour comprendre, il faut lire entre les lignes, retenir des hypothèses, imaginer les choses, effectuer des recoupements, procéder à des associations. Le lecteur, la lectrice, jugera de la pertinence des interprétations. Certains événements ont laissé des traces, mais leur fra- gilité ne permet pas de conclure avec certitude ; leur pré- sentation formule des explications probables, bien qu’aucun document à l’appui ne puisse les confirmer. À quelques reprises, l’absence totale d’information a conduit à l’élabo- ration de scénarios incertains mais plausibles. Là encore, le lecteur jugera. La vie de Zacharie, comme celle de tout être humain, s’est déroulée à une époque et dans un milieu qui, directe- ment ou indirectement, l’ont influencé. Ses liens familiaux, son réseau social, les structures de la société, les conditions économiques, les événements politiques constituent autant de dimensions particulières qui expliquent son comporte- ment et son cheminement. D’où mon souci, au risque de rompre la continuité du récit, de situer le récit dans son contexte historique, de présenter à grands traits les person- nages rencontrés et de signaler les liens qui les unissent, de décrire les lieux où se déroule l’action, d’ajouter des considérations sur la vie quotidienne. Tous les extraits cités respectent fidèlement les docu- ments originaux ; je n’ai pas voulu les encombrer par les nombreux « sic » qu’auraient exigé les défaillances orthogra- phiques et syntaxiques de leurs auteurs ou le style et le vocabulaire propres à l’époque. Pour alléger la présentation, les références ont été regroupées en annexe, suivies de la liste des sources documentaires. Les notes infrapaginales ont été réservées à des remarques d’intérêt immédiat pour le Extrait de la publication Avant-propos 9 lecteur ; le dollar de 1858, année où il est devenu la monnaie officielle du Canada, a été retenu pour calculer les équi- valences des diverses devises utilisées à cette époque. Ce livre n’aurait jamais vu le jour sans la collaboration inestimable d’Annie Barrat, maire de Laheycourt et membre du Cercle généalogique lorrain. Passionnée par le mystère qui entourait Zacharie, c’est elle qui, de fausses pistes en découvertes, a levé le voile sur ses secrets. Inlassablement, avec acharnement et ténacité, intuition, compétence et rigueur, elle a fouillé les archives de Bar-le-Duc (Moselle), de Troyes (Aube) et de Nancy (Meurthe-et-Moselle); elle a recueilli une riche documentation sur Zacharie, sa famille et les gens qu’il a cotoyés. Elle mérite ma reconnaissance infinie. Je remercie aussi son mari Daniel Petit et leurs deux enfants qui m’ont témoigné leur amitié en m’accueillant chaleureusement dans leur maison de Laheycourt. Grâce à l’amabilité de monsieur et madame Philippe Milarakis et de madame Claudine Singler, j’ai pu visiter les maisons de Laheycourt où Zacharie a passé sa jeunesse et sa vieillesse et prendre «in situ» des notes en vue de leur description. La visite de Clairvaux a été facilitée et agrémen- tée par monsieur Guy Balse. De nombreuses personnes m’ont apporté leur expertise dans mes recherches. Je désire signaler la collaboration éclairée et professionnelle du personnel des Archives natio- nales du Québec, de la Bibliothèque nationale du Québec et du Palais de justice de Montréal. Les responsables des archives des diocèses de Montréal, de Saint-Jean–Longueuil et de Saint-Hyacinthe, de ceux du séminaire de Saint- Hyacinthe et des paroisses de Sainte-Anne-de-Varennes et de Saint-Athanase-de-Bleury m’ont permis de ramasser un maté- riel important. Madame Nicole Poulin, présidente de la Société d’his- toire du Richelieu, m’a apporté une aide précieuse pour la Extrait de la publication recherche sur Christieville. Madame Nicole Martin-Verenka m’a aimablement ouvert ses dossiers personnels sur L’Acadie et a ainsi suppléé le regrettable refus du conseil de la fabrique de Sainte-Marguerite-de-Blairfindie de me donner accès aux archives paroissiales. J’exprime ma gratitude à mes proches, parents et amis, qui m’ont accompagné tout au long de ma démarche et ont enduré mes monologues. Entre autres, Célyne Fortin et René Bonenfant, à de nombreuses reprises, ont écouté mes réflexions interrogatives, prodigué leurs conseils et encou- ragements. Alexandre Stefanescu a bien voulu prendre con- naissance de la première version du manuscrit et me trans- mettre ses critiques et suggestions très pertinentes. PHILIPPE BERNARD Outremont, 15 décembre 1997 CHAPITRE 1 Montréal 16 décembre 1879 ERS NEUF HEURES, ce mardi matin, comme tous les autres V matins, l’animation envahit la rue Notre-Dame. Sur l’une des principales artères commerciales de Montréal, calèches, cabriolets et carrioles roulent vers le Palais de justice et l’hôtel de ville ou en direction de la place d’Armes où se regroupent les principales banques du pays. Les tram- ways tirés par des chevaux glissent sur les rails et s’arrêtent aux croisements pour laisser descendre et monter les passagers. Devant les magasins, boutiques, études de notaire et cabinets d’avocat, situés de part et d’autre de la voie publique, les piétons se pressent sur les trottoirs en bois. Quelques-uns s’engouffrent sous le monumental porche de la maison mère des sœurs de la Congrégation de Notre- Dame. Laissant à leur gauche le pensionnat des novices, ils atteignent la cour intérieure aménagée sur deux niveaux : un jardin où déambulent les religieuses pour prier et méditer, un terrain de gravier où les écolières se délassent, calme- ment et sans cri, sous la surveillance de leur institutrice. De nombreux bâtiments ceinturent l’ensemble : logement des religieuses, logement des serviteurs, salles de travail, parloirs, Extrait de la publication 12 Zacharie réfectoires, cuisine, salles de classe, dortoirs, auxquels s’ajou- tent les dépendances : écurie, étable, remise à bois et char- bon, entrepôt de fruits et légumes, glacière haute de deux étages. Le complexe communautaire occupe la quasi-totalité du terrain borné par les rues Notre-Dame au nord et Saint- Paul au sud, et les rues Saint-Jean-Baptiste à l’est et Saint- Sulpice, De Brésoles et Saint-Dizier à l’ouest. Sans s’attarder, les visiteurs pénètrent dans l’église con- ventuelle Notre-Dame-de-Pitié. L’édifice de pierre, construit sur l’emplacement de l’ancienne chapelle, a été inauguré le 31 juillet 1860 par l’évêque de Montréal, monseigneur Ignace Bourget1. À l’intérieur, sous les lustres de cristal éclairés au gaz, ils empruntent l’allée centrale qui divise la nef et s’installent devant l’autel dédié à Notre-Dame-des-Sept-Douleurs ; deux allées latérales conduisent aux autels de saint Joseph et de sainte Anne. Les fidèles prennent place sur les premiers bancs séparés du chœur par la balustrade où le prêtre leur distribuera la communion. Ils sont venus assister à une messe funèbre chantée pour le repos de l’âme d’Adolphe-Pierre Bernard, décédé et inhumé en France le mois précédent. À l’avant, se tiennent la veuve du défunt, Anathalie Monjeau, et ses deux benjamines, Mélina et Iphigénie. De l’autre côté de l’allée, le fils aîné, Adolphe-Hector, notaire à Varennes, son épouse Agnès Mathieu et leurs deux plus vieux, Mathieu, huit ans, et Hector, sept ans; les autres enfants ont été laissés à la maison sous la garde de leur gouvernante.