Qui était Gaston MONNERVILLE ?

Né le 2 janvier 1897 à , il est mort le 7 novembre 1991 à .

Petit-fils d'esclave, Gaston Monnerville est le fils de Marc Saint-Yves Monnerville et de Marie-Françoise Orville. La famille est originaire de Case-Pilote, commune de la Martinique. Il fréquente le lycée de Cayenne et en 1912, boursier, il quitte la Guyane et entre en classe de seconde à , au lycée Pierre-de-Fermat. Il est particulièrement brillant, aussi bien en sciences qu’en lettres. En classe de seconde, il accumule les récompenses : prix d'excellence, premier prix de mathématiques, deuxième prix de version latine, troisième prix d'histoire moderne.

Étudiant en faculté de lettres et de droit de l'université de Toulouse, Gaston Monnerville passe à la fois sa licence de lettres et sa licence en droit, obtenues avec les félicitations du jury. C'est également avec les félicitations du jury qu'il est reçu, en 1921, docteur en droit, après avoir soutenu une thèse sur « l'enrichissement sans cause ». Dès 1918, Gaston Monnerville s'inscrit au Barreau de Toulouse. Il quitte ensuite Toulouse et s'inscrit en 1921 au Barreau de Paris. Avocat, Gaston Monnerville plaide plusieurs grands procès. Il s'illustre notamment à l'âge de 34 ans, en 1931, dans l'affaire Galmot. Inculpés après l'émeute provoquée en 1928 par la fraude électorale et par la mort suspecte de Jean Galmot, quatorze Guyanais sont traduits devant la cour d'assises de Nantes. Il assure leur défense et sa plaidoirie produit un tel effet sur les jurés, qu’ils se prononcent pour l'acquittement. En plus de son métier d'avocat, Gaston Monnerville collabore en tant que journaliste avec la station Radio Tour Eiffel. Dans les gouvernements de , il est nommé sous-secrétaire d’État aux Colonies en 1937 et 1938. La nomination d'un homme de couleur au gouvernement ne fut pas appréciée dans des pays fascistes comme l’Allemagne et l’Italie de l’époque. Engagé dans la marine du 23 juin 1939 jusqu'à l’arrivée de Pétain, il participe à la protestation conduite à Vichy contre les premières mesures discriminatoires qui frappent « les Juifs, les Arabes et les hommes de couleur ». Le maréchal Pétain ne donne pas suite. Monnerville participe ensuite à la Résistance. Il entre dans le mouvement Combat sous le nom de « Saint-Just », en hommage à son oncle, Saint-Just Orville, maire de Case-Pilote en Martinique. Après la Libération, Gaston Monnerville siège à l’Assemblée consultative provisoire. Le Gouvernement provisoire de la République française le charge de préparer le statut de l’outre-mer français. La vieille revendication d'accorder le statut de département français aux « quatre vieilles colonies » aboutit enfin : en 1946, la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et la Réunion deviennent des départements d'outre-mer. Après avoir été élu aux deux Assemblées nationales constituantes, Gaston Monnerville est élu au Conseil de la République (Guyane) en 1946. Il devient président de ce conseil en mars 1947. Il est alors la première personnalité originaire de l’outremer à accéder à un tel niveau de responsabilité et le plus jeune président de la haute assemblée à 50 ans. En 1948, il est élu dans le Lot et conserve ce mandat sous la Ve République en qualité de sénateur du groupe de la Gauche démocratique. Il siège au Sénat jusqu'en 1974. En 1958, il joue un rôle important dans le retour du général de Gaulle au pouvoir. Il conserve son mandat à la présidence de la Haute Assemblée en étant président du Sénat de 1959 à 1968. Il a ainsi présidé la Chambre haute du Parlement durant 21 ans, mais fut frustré qu'à quelques mois près, il n'ait pu devenir président de la République par intérim (ce qui aurait pu faire de lui le premier chef d'État français noir.)

• 1932 - 1942 : député radical de la Guyane • 1935 - 1940 : maire de Cayenne • 1937 - 1938 : sous-secrétaire d'État aux Colonies • 1946 - 1948 : sénateur de la Guyane • 1948 - 1974 : sénateur du Lot • 1947 - 1968 : président du Conseil de la République, puis du Sénat • 1951 - 1971 : président du Conseil général du Lot • 1964 - 1971 : maire de Saint-Céré • 1974 - 1983 : membre du Conseil constitutionnel

Parmi les valeurs qu’il privilégiait : le respect de la parole donnée et de l’engagement.

Avocat comme Martin Luther King, engagé lui aussi en politique, il a lutté contre la ségrégation et l’injustice.

Un de ses « pères d’âme » était l’abbé Grégoire (1750-1831), révolutionnaire, adepte du suffrage universel et fervent abolitionniste.

On peut considérer que Monnerville a été un des premiers « lanceurs d’alerte » avec son discours du Trocadéro dénonçant le nazisme, le racisme et l’antisémitisme dès 1933.

« Il n’y a pas de vertu sans courage » Discours du Trocadéro 21 juin 1933

Mis en forme et rédigé par Stéphane CZYBA, proviseur, mars 2017.

Sources : Exposition Monnerville « Combat pour les libertés », Wikipédia, Encyclopaedia Universalis