Direction Générale des Patrimoines

LES TRANSFORMATIONS DES AGGLOMÉRATIONS EN GASCOGNE GERSOISE À LA FIN DU MOYEN ÂGE APPROCHES MÉTHODOLOGIQUES

RAPPORT D ’ÉTUDE 2011 VOLUME 2 : MONOGRAPHIES

Recherche effectuée avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication

ANAÏS COMET – SEPTEMBRE 2012

Photographie de la couverture : Extrait d’un terrier de représentant un arpenteur, 1565 (AD , E suppl. 3196).

Photographies : Anaïs Comet, 2011. Cartes et plans : Anaïs Comet, 2012. (sauf mention contraire)

2 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

SOMMAIRE

CASTELNAU -BARBARENS …………………………………………………………………… p. 5

SARAMON ……………………………………………...... p. 33

BEZOLLES ……………………………………………………………………………………. p. 57

SAINT -PUY ……………………………………….………………………………………….. p. 71

VALENCE -SUR -BAÏSE ….……………………………………………………………………. p. 95

MAUROUX …………………………………………………………………………………… p. 115

SAINT -CLAR ………………………………………………………………………………… p. 135

3 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

4 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Direction Générale des Patrimoines

Inventaire thématique du patrimoine bâti : Les transformations des agglomérations en Gascogne gersoise à la fin du Moyen-Âge

LE BOURG DE CASTELNAU -BARBARENS

Castelnau-Barbarens, vue de la place d’Uzès avec la porte nord et la tour depuis l’est

Étude réalisée dans le cadre d’une allocation formation recherche octroyée en 2011 par la Direction Générale des Patrimoines du Ministère de la Culture et de la Communication, et en partenariat avec le Service Connaissance du Patrimoine de la Région Midi-Pyrénées

Anaïs Comet, février 2012

5 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. SOMMAIRE

Introduction

1. Historique a. Seigneurie et communauté b. Une place forte du comté d’Astarac c. Une place marchande d. Castelnau-Barbarens d’après le compoix de 1644

2. Inventaire du patrimoine bâti a. Les éléments de fortification b. Les vestiges de l’ancienne église Sainte-Marie et Saint-Nicolas c. Les vestiges médiévaux dans l’architecture civile d. Le quartier de l’Hostellerie

3. Dynamiques morphologiques a. La fondation du castelnau au début du XII e siècle b. Un premier agrandissement avant 1248 c. Des transformations de l’habitat plutôt que de l’agglomération

Bibliographie et sources

Annexes : - 29-04-PL-01 : Le bourg de Castelnau-Barbarens en 1825. - 29-04-PL-02 : Le bourg de Castelnau-Barbarens en 2010. - 29-04-PL-03 : Le bourg de Castelnau-Barbarens d’après le compoix de 1644. - 29-04-PL-04 : Les fortifications de Castelnau-Barbarens. - 29-04-PL-05 : L’architecture civile de la fin du Moyen Âge. - 29-04-PL-06 : L’évolution du bourg de Castelnau-Barbarens au cours du Moyen Âge.

6 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. Le bourg de Castelnau-Barbarens est situé au nord-ouest du canton de , à une quinzaine de kilomètres au sud-est d’. Il est implanté sur un éperon rocheux dominant la rive droite de l’Arrats à environ 230 m d’altitude. Le paysage environnant est fortement vallonné et irrigué par de nombreux ruisseaux. Le sol est principalement composé de calcaire que l’on retrouve logiquement comme principal matériau de construction. L’habitat est majoritairement dispersé dans les environs de Castelnau-Barbarens, mais le bourg reste néanmoins un pôle d’habitat groupé important 1. Trois hameaux de la commune de Castelnau-Barbarens abritèrent des communautés indépendantes au Moyen Âge et à l’Époque moderne : Pépieux et Grenadette, au nord du bourg, et Saint-Guiraud à l’est. Grenadette n’abrite plus aujourd’hui que quelques maisons. À Pépieux et à Saint- Guiraud subsistent les vestiges de deux églises et deux châteaux très remaniés, il n’y a plus d’autres maisons.

1. HISTORIQUE

Le territoire de l’actuelle commune de Castelnau-Barbarens était déjà peuplé avant l’époque médiévale. Ainsi une quinzaine d’établissements ruraux antiques ont été repérés 2.

a. Seigneurie et communauté

L’histoire de Castelnau-Barbarens au Moyen Âge est principalement connue grâce à deux copies du XVIII e siècle des coutumes mises par écrit en 1248 et publiées par Benoît Cursente 3. Le castrum de Castelnau-Barbarens a été fondé au début du XII e siècle par le comte d’Astarac sur un territoire appartenant au seigneur Desbarrats. Cela explique la présence de deux cofondateurs et donc de deux coseigneurs pour ce castelnau au moment de sa fondation 4. Les premières coutumes ont été octroyées vers 1140 conjointement par les deux seigneurs se partageant les droits sur cette seigneurie de manière symétrique. Les premières lignes des coutumes sont très claires à ce sujet : « en De Amor, per la gracia Diu coms d’Astarac, en Guillem Arnaut des Barats, bastiren e edifiqueren per mey lo caster nau de Barbarens, et deren coustumas et franquesas 5 ». Ces coutumes sont concédées aux prud’hommes qui agissent comme intermédiaires entre les seigneurs et les habitants. Il s’agit principalement de riches propriétaires fonciers, hommes de guerre, se livrant au commerce et à la spéculation. En 1248, lors de la mise par écrit de ces coutumes, il ne semble pas que le consulat soit déjà existant à Castelnau- Barbarens. Il apparaît cependant avant la fin du XIII e siècle puisqu’en 1294 les consuls se révoltent contre la volonté du comte d’Astarac d’implanter une bastide à Pépieux, à quelques centaines de mètres du castrum 6. En 1362, le pouvoir de justice aurait été accordé aux consuls et au juge du comte. Ces droits auraient ensuite été contestés par la comtesse

1 Voir annexes 29-04-PL-01 : Le bourg de Castelnau-Barbarens en 1825 et 29-04-PL-02 : Le bourg de Castelnau- Barbarens en 2010. 2 GUINAUDEAU, Nicolas, Fortifications seigneuriales et résidences aristocratiques gasconnes dans l'ancien comté d'Astarac entre le X e et le XVI e siècle , Thèse de doctorat sous la direction de Philippe Araguas, Université de Bordeaux III, 2012, volume III-1, corpus, site n°45. 3 CURSENTE, Benoît, « Les coutumes de Castelnau-Barbarens », BSAG , 2001 (2 ème trimestre), p.357-375. Références des manuscrits : BM Auch, ms.71 (85) p.433 et suivantes ; AM Montégut, non coté. 4 CURSENTE, Benoît, Les castelnaux de la Gascogne médiévale, Gascogne gersoise , CNRS, Bordeaux, 1980, p.60-62. 5 CURSENTE, Benoît, « Les coutumes… », BSAG, 2001, art. cité, p.366. Traduction de Benoît Cursente : « en De Amor, par la grâce de Dieu comte d’Astarac et en Guilhem Arnaut Desbarats ont bâti et édifié par moitié le castelnau de Barbarens, et ils lui ont donné de bonnes coutumes et franchises ». 6 Événement relaté par Benoît Cursente mais sans référence d’archive : CURSENTE, Benoît, « Les coutumes… », BSAG, 2001, art. cité, p.365.

7 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. d’Astarac jusqu’à un arrêt du Parlement de Toulouse de 1522 reconnaissant les droits précédemment accordés 7.

b. Une place forte du comté d’Astarac

D’après Benoît Cursente, le texte des coutumes donne de nombreuses informations sur la situation des origines qui n’est plus celle de 1248. À cette date, Castelnau-Barbarens n’est plus un simple castrum avec deux coseigneurs mais la principale place forte du comté d’Astarac et le siège d’une châtellenie comtale. Le comté était partagé en quatre châtellenie : Castelnau-Barbarens, Durban, et Villefranche. Celle de Castelnau-Barbarens comprenait les communautés de Castelnau-Barbarens, Faget-Abbatial, Fanjaux, Grenadette, Lagarde-Propre, Lartigole, Lartigue, Mazères, Pontéjac, Séméziès, Saint-Guiraud, Pépieux et Saramon 8. La prééminence de Castelnau-Barbarens sur les autres lieux du comté est clairement stipulée en 1244 dans l’acte d’hommage rendu au comte de Toulouse par le comte d’Astarac : « Castrum novum de Barbarencs et quasdam villas et castra terre Astaraci 9 ». Pour les questions qui nous intéressent, les coutumes apportent une information importante. Dans le texte originel, celui qui correspond aux débuts du castelnau, il n’est fait mention que d’une seule porte. L’article 16 précise : « E u porter deu gardar la porta liaumens 10 ». À la fin du document, dans les dispositions ajoutées en 1248, il est question de la porte du dessous : « porter de la porte debat 11 ». Cette précision suggère qu’à cette date il n’y a plus une mais au moins deux portes. Il y aurait donc eu, entre le début du XII e siècle et le milieu du XIII e siècle, au moins le percement d’une nouvelle porte, si ce n’est un agrandissement du castelnau. Nous reviendrons sur les modalités de cette évolution dans la troisième partie de ce dossier. La présence de portes implique nécessairement l’existence d’une enceinte, donc d’un espace fortifié et ce au moins dès le début du XII e siècle. La protection du castelnau n’est pas seulement l’affaire du portier mais concerne l’ensemble des habitants qui doivent choisir un homme et le rémunérer pour faire le guet. L’article 21 des coutumes précise ainsi que « la justizia deu menar la beziau ab la goeyta, e deu se n pagar ung home 12 ». En 1626, Castelnau-Barbarens est encore qualifié de place forte « enceinte de murailles » dans l’enquête réalisée par Jean de Chastenet de Puységur pour le compte du roi de 13 .

c. Une place marchande

Dans les coutumes, plusieurs articles concernent des échanges commerciaux. L’article 2 règle ainsi le marché du vin, les articles 7 et 8 respectivement ceux de la viande et du pain. Il ressort de l’article 4 que la vente de ces produits de première nécessité, ainsi que de l’avoine, semble être une prérogative, ou du moins une obligation, des prud’hommes : « E us prohomes deven tener venda de pa e de vi e de carn e de sivada 14 ». Plusieurs autres

7 FRONTY, Pierre, GUIGNIER, Jacques et THEROND, Serge, Communes du département du Gers. Tome 1 : l'arrondissement d'Auch , SAHG, Auch, 2003, p.381. Référence du document d’archive non citée. 8 , Jean-Justin, Histoire de la Gascogne des temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Auch, 1846, t.II p.442-443. 9 DE VIC, dom Claude et VAISSETTE, dom, Histoire générale de Languedoc , Paya, Toulouse, 1843, t.6, p. 454- 455. Preuve LII : « Hommage du comte d’Astarac au comte de Toulouse », 1244. 10 CURSENTE, Benoît, « Les coutumes… », BSAG, 2001, art. cité, p.370. Traduction de Benoît Cursente : « Le portier doit garder la porte loyalement ». 11 CURSENTE, Benoît, « Les coutumes… », BSAG, 2001, art. cité, p.374-375. 12 CURSENTE, Benoît, « Les coutumes… », BSAG, 2001, art. cité, p.371. Traduction de Benoît Cursente : « La communauté des voisins a en charge la justice liée au service de guet ; elle doit pour ce faire recruter un homme ». 13 CARSALADE DU PONT, Jean de, « "Les places fortes de la Gascogne en 1626-1627 », Revue de Gascogne , t.40, 1899, p.461. 14 CURSENTE, Benoît, « Les coutumes… », BSAG, 2001, art. cité, p.367. Traduction de Benoît Cursente : « Les prud’hommes doivent tenir vente de pain, de vin, de viande et d’avoine ».

8 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. articles des coutumes font écho aux marchandises échangées à l’intérieur du castelnau : pain, vin, avoine déjà cités, mais aussi porc, vache, mouton, oie et poule. Il est intéressant de noter que les seuls habitants clairement identifiés comme individus et non comme un ensemble, outre le portier déjà évoqué, sont le boucher (art.7) et les boulangères (art.8). Il s’agit là de deux métiers liés au commerce et plus spécialement à un commerce lié à l’alimentation. Il semble cependant, à la lecture de ces coutumes, que les échanges aient lieu essentiellement entre la population et les seigneurs, parfois avec l’intermédiaire des prud’hommes. Il n’est pas fait mention ici de marché ou de foire, ni d’échanges marchand organisés entre les habitants. Cependant, un marché est attesté dès le milieu du XII e siècle dans un acte du cartulaire de 15 . Dom Brugèles mentionne l’existence de plusieurs foires annuelles et d’un marché hebdomadaire à Castelnau-Barbarens sans préciser l’époque dont il parle : « Ce lieu a esté plus considérable qu'il ne l'est à présent : il y avoit plusieurs foires l'année et un marché chaque semaine 16 . »

d. Castelnau-Barbarens d’après le compoix de 1644 17

Le compoix de la communauté de Castelnau-Barbarens daté de 1644 a été entièrement dépouillé. Il a permis de se faire une idée de l’organisation du bourg au milieu du XVII e siècle mais n’a pas été d’un grand apport quant aux problématiques qui nous intéressent. La plupart des maisons qui se trouvent alors dans le bourg de Castelnau-Barbarens sont dites être « dans l’enclos de la ville » ou « dans la ville ». Près de quatre-vingt maisons, cinq bas de maisons et cinq hauts de maisons ont été repérés dans ce compoix comme se trouvant dans le bourg. Il y a aussi à l’intérieur des murailles quelques places vides et jardins. De nombreux jardins situés hors les murs confrontent les fossés ou même parfois prennent place dans ceux-ci. Plusieurs éléments de la fortification collective apparaissent en confronts et quelques fois dans la toponymie. Ainsi les fossés sont mentionnés à de nombreuses reprises comme confronts. Il n’est jamais question du mur d’enceinte. Deux portes apparaissent : la « porte de dessus » et la « porte debat ». La porte de dessus peut-être identifiée comme la porte nord-est de l’agglomération, et la porte debat comme la porte sud. La porte occidentale ne figure pas dans ce document. Cela ne signifie pas pour autant qu’elle n’existait pas, mais plutôt que cette porte ne confrontait pas directement des maisons apparaissant dans le compoix, elle pouvait confronter des biens nobles par exemple. Le château apparaît lui-aussi en confronts. Deux maisons confrontent ainsi directement la basse-cour du château. Une autre est dite se trouver « derrière le château ».

Plusieurs rues sont mentionnées mais toutes n’ont pas pu être localisées précisément 18 . Certaines maisons ne sont pas situées précisément à l’intérieur du bourg. La Grande rue est la plus facile à identifier. Il s’agit de l’actuelle rue Longuebrune d’Astarac. Elle accueille près d’une trentaine de maisons et deux places vides. Les maisons situées au sud de la Grande rue confrontent au sud les fossés et au nord la rue. Celles installées au nord de la rue confronte au sud la Grande rue et au nord une rue publique. Cette configuration est toujours visible actuellement, les maisons s’étendent généralement en profondeur sur les parcelles, entre deux rues ou entre une rue et les fossés. Cette rue s’étendait bien sur toute la longueur de l’actuelle rue Longuebrune d’Astarac, pour certaines maisons il est ainsi précisé dans le compoix qu’elles se trouvent à la Grande rue et près de la porte de dessus ou près de la porte debat .

15 CAZAURAN, Abbé, Cartulaire de Berdoues , impr. M. Nijhoff, La Haye, 1905, acte n°488 : « Factum et firmatum est hoc in mercatorio Castellinovi in manu Arnarldi abbatis . » Cité par Nicolas Guinaudeau dans sa thèse. 16 BRUGELES, dom Louis-Clément de, Chroniques ecclésiastiques du diocèse d'Auch suivies de celles de comtes du même diocèse , Jean-François Robert, Toulouse, 1746, p.390. 17 AD Gers, E suppl. 1123, Compoix de Castelnau-Barbarens, 1644. 18 Voir annexe 29-04-PL-03 : le bourg de Castelnau-Barbarens d’après le compoix de 1644.

9 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. Une dizaine de maisons est localisée à la porte debat , ainsi qu’une étable. Il est aussi question de la rue « deu ports de debat » qui peut être identifiée comme l’actuelle ruelle appelée « porte du pont levis » et qui permet l’accès à la porte sud depuis la rue Longuebrune d’Astarac. Cinq maisons sont mentionnées à la Cornere . Ce toponyme peut-être identifié comme les maisons à couverts situées le long de la rue Longuebrune d’Astarac et aujourd’hui appelées les Embans . En effet, ces deux toponymes, cornere et embans , renvoient à une même réalité, ce que l’on appelle encore parfois aujourd’hui les cornières : des alignements de maisons à couverts. Le quartier du « cap de la ville » qui apparait dans la localisation d’une petite dizaine de maisons peut être identifié comme les abords de l’actuelle place d’Uzès. En effet, une maison située au « cap de la ville » confronte la porte de dessus. Quatre rues n’ont pu être localisées avec certitude. Il s’agit de la rue des Sahuques, la rue des Sottous, la rue de Jacomard et la rue droite. La rue de Jacomard se trouve très certainement dans la partie occidentale de la ville. En effet, une maison qui y est située est dite au « fond de la ville ». Il pourrait s’agir de la rue G. Desbarrats. La rue des Sahuques est située à proximité du château. En effet, une maison qui s’y trouve confronte directement la basse cour du château. Le quartier de l’Hostellerie, alors orthographié l’ostalarie , abrite à cette date quatre maisons, trois patus de maisons, des terres et des jardins. L’hôpital apparaît en confronts.

Toponyme de 1644 Toponyme actuel Nombre de maisons Grande rue Rue Longuebrune d’Astarac 25 maisons, 1 haut, 1 bas Rue deu ports de debat Porte du pont levis 10 maisons, 1 haut, 1 bas Cornere Les Embans 4 maisons, 1 haut Cap de la ville Place d’Uzès 6 maisons, 1 haut Rue de Jacomard Rue G. Desbarrats ? 7 maisons, 1 haut, 1 bas Rue des Sahuques ? 3 maisons Rue des Sottous ? 6 maisons Rue droite ? 2 maisons Place ? 4 maisons, 2 bas Tableau de synthèse des toponymes situés dans le bourg de Castelnau-Barbarens en 1644. Source : AD Gers, E suppl. 1123, Compoix de Castelnau-Barbarens, 1644.

Extrait du compoix de 1644. Source : AD Gers, E suppl. 1123, fol. 188. Cliché : Anaïs Comet, novembre 2011. Transcription : Plus tient maison jardin et un petit loupin de / vaquant joinct a icelle dans l’anclos de la vile et / a la rue des Sahuques confronte devant la basse / cour du château, midy jardin de Pierre Augaignos / derrière rue publique et maison de Pierre Mauret / bize les fosses de la ville contenant deux places / et un quarts et qui est bon / somme deux livre un soul trois denier

10 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. 2. INVENTAIRE DU PATRIMOINE BÂTI

Le bourg de Castelnau-Barbarens possède de nombreux vestiges médiévaux tant en ce qui concerne le bâti civil que militaire et religieux.

a. Les éléments de fortification 19

- Le château

Le château qui a présidé à l’établissement du castelnau se trouvait à l’emplacement de l’actuelle église Sainte-Quitterie. Cette dernière a été bâtie dans les années 1865-1870 sur les ruines de l’ancien château désaffecté depuis le XVIII e siècle. Dom Brugèles décrit le château ainsi en 1746 :

Le chasteau est bâti sur le sommet d'un rocher très haut et les murailles qui ont seize pans d'épaisseur au bas, et douze sur le haut, sont d'une élévation extraordinaire. Le local est de très difficile accès, n'y ayant point d'avenue que du côté de l'Orient, et encore est-elle fort étroite 20 .

Dans son ouvrage sur l’Astarac et le Pardiac, Justin Cénac-Moncaut donne une description un peu plus précise du château quelques années avant sa démolition, vers 1856 21 . On y apprend que le sommet du coteau était taillé en monticule elliptique de 50 sur 80 mètres et entouré d’un rempart. Au centre de cette enceinte s’élevait un rocher de 8 m de haut qui servait de base au château. Seuls subsistent à cette date la façade orientale des bâtiments logeables remontant au XIV e siècle et la citerne au centre de la cour. Il existe peu de représentations de ce château avant sa démolition. La première est la lithographie extraite de la Guyenne monumentale, publiée en 184422 . Il s’agit là d’une représentation très imagée qui ne peut être considérée comme un document graphique fiable. La seconde est une photographie de la seconde moitié du XIX e siècle représentant l’ensemble du village de Castelnau-Barbarens depuis le sud 23 . Le château n’y est pas très visible, il apparaît comme une masse informe dominant le village installé à ses pieds.

Carte postale ancienne, vue d’ensemble du village de Castelnau-Barbarens depuis le sud. (Source : AD Gers, DAR Saramon/4, Castelnau-Barbarens).

19 Voir annexe 29-04-PL-04 : Les fortifications de Castelnau-Barbarens. 20 BRUGELES, dom Louis-Clément de, Chroniques ecclésiastiques…, op. cit. , 1746, p.390 . 21 CENAC-MONCAUT, Justin, Voyage archéologique et historique dans les anciens comtés d'Astarac et de Pardiac , Didron / Impr. du messager, Paris / , 1856, p.11. 22 LARRIEU, Bernard (éd.), Les lithographies de La Guienne Historique et Monumentale publiées par Alexandre Ducourneau (1842-1844) , Editions de l’Entre-deux-Mers, Camiac, 2000, p.210. 23 DAR Saramon/4, Dossier archéologique Polge, XX e siècle.

11 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. Il ne subsiste que très peu d’éléments de ce château. Il était bâti au sommet de l’éperon, directement sur le rocher. Il ne reste que quelques murs de soutènement qui ont pu appartenir à son enceinte. Le tracé de ces pans de murs indique qu’il y avait ici une double enceinte (enceintes E1 et E2 du plan). L’espace entre les deux semble correspondre à des lices non bâties. Il est peu probable qu’un premier habitat subordonné ait pris place ici, même si cela n’est pas impossible. Il pourrait s’agir là de ce que Justin Cénac-Moncaut décrit comme un « chemin couvert […] [qui] conduisait au pont-levis situé au levant du château 24 ». Ces pans de murs sont bâtis en moellon de calcaire équarris et calibrés. Les joints sont assez fins. Ces murs sont édifiés directement sur le rocher. À la suite de René Caïrou, Nicolas Guinaudeau propose une datation du XII e ou du XIII e siècle 25 .

Angle de l’enceinte intérieure du château, vue depuis le sud-ouest. Cliché : Anaïs Comet, février 2012.

Angle de l’enceinte extérieure du château, mur ouest, vue depuis le nord. Cliché : Anaïs Comet, janvier 2011.

- La fortification de l’agglomération

Des vestiges de l’enceinte sont visibles sur presque tout le pourtour du castelnau (enceinte E3 du plan). Les éléments les plus remarquables se situent sur les fronts sud et ouest du bourg. Il s’agit de pans de murs d’enceinte souvent très remaniés et sur lesquels s’appuient des maisons. Lorsque la maçonnerie d’origine est visible, la construction est en

24 CENAC-MONCAUT, Justin, Voyage archéologique …, op. cit. , 1856, p.11. 25 GUINAUDEAU, Nicolas, Fortifications seigneuriales…, op. cit. , 2012, volume III-1, corpus, site n°45.

12 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. moellon de pierre calcaire. Les moellons sont équarris et calibrés. Les joints sont fins. L’appareil employé est très similaire à celui des portes de ville. La plupart des ouvertures percées dans ces murs sont postérieures à l’édification de l’enceinte. Quelques fines baies rectilignes pourraient s’apparenter à des meurtrières. Pour en être sûr il faudrait pouvoir en étudier la face interne. Une bouche à feu a été repérée sur l’enceinte, sur l’actuel mur de soutènement de la parcelle B 258. Ce sont là les rares éléments de défense active mis en avant par l’enquête d’inventaire. Il est aussi possible de suivre le tracé des anciens fossés le long du « chemin du midi des fossés », au sud-est du village. Ceux-ci se trouvaient à l’emplacement de la bande de jardin qui prend place entre le front de maisons formant l’enceinte au nord-ouest et le chemin précédemment cité au sud-est. Il s’agissait de fossés secs.

Enceinte du castelnau, front sud, vue depuis le sud. Cliché : Anaïs Comet, juillet 2011.

Enceinte du castelnau, front ouest, vue depuis l’ouest. Bouche à feu (parcelle B 258), vue depuis le sud-est. Cliché : Anaïs Comet, juillet 2011. Cliché : Anaïs Comet, juillet 2011.

13 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. - Les portes

Les vestiges de trois portes fortifiées sont visibles à Castelnau-Barbarens. En 1856, Justin Cénac-Moncaut mentionne l’existence de deux portes fortifiées : « une porte ogivale du quatorzième siècle, avec ses rainures de herse et sa tour sans voûte inférieure, sert d’accès du côté du midi ; une seconde, du même style, s’ouvrait au levant et servait de barbacane au chemin couvert du château 26 . » Elles apparaissent toutes les deux sur le plan cadastral dit napoléonien de 1825 même si celle du sud a été effacée par grattage postérieurement à la réalisation de ce plan 27 . La porte la mieux conservée, bien que fortement restaurée, est celle qui se trouve à l’extrémité nord-est du castelnau (porte P1 du plan). Elle fait partie intégrante d’une maison bâtie dans l’angle nord-est de l’enceinte et qui conserve des parements de rempart sur ses élévations nord et est, ainsi qu’une porte en arc brisé probablement médiévale sur son élévation sud (nous y reviendrons dans le paragraphe consacré aux maisons). Jusqu’au milieu des années 2000, cette porte de ville n’était pas visible. Elle était englobée dans une construction récente. Ce n’est que lors de travaux de réaménagement de l’ancien presbytère accolé à l’ouest de la porte que celle-ci a été dégagée et restaurée. Une étude archéologique du bâti a alors été réalisée dans ce secteur du bourg en 2006 28 . La porte fortifiée est toujours liée à l’enceinte au nord. Vers le sud, le raccord entre cette porte et la fortification de l’agglomération devait se faire au niveau de l’actuelle place Centulle 1 er , au sud-est de la porte. Cette porte se trouve très certainement à l’emplacement de la porte la plus ancienne du castelnau. Elle est implantée à proximité de l’emplacement du château, au seul endroit où il était possible d’accéder facilement au village depuis le coteau situé à l’est. Elle est bâtie en moellons de moyen appareil calcaire, équarris et calibrés. Les assises sont régulières. Les joints sont fins. La couverture du couloir est en arc brisé surbaissé. L’arc brisé de la porte et les congés des piédroits sont chanfreinés.

Porte nord-est, élévation occidentale, vue depuis le Relevé de la porte nord-est. Source : VIERS, C., sud-ouest. Cliché : Anaïs Comet, février 2012. Castelnau-Barbarens…, op. cit. , 2006, p.38.

26 CENAC-MONCAUT, Justin, Voyage archéologique…, op. cit. , Paris / Mirande, 1856, p.11. 27 AD Gers, 3 P Castelnau-Barbarens/7, plan cadastral dit napoléonien, 1825. 28 VIERS, Catherine, avec la collaboration de CALMETTE, Philippe, Castelnau-Barbarens, « place d’Uzès » (Gers), Rapport de diagnostic , déposé au SRA Midi-Pyrénées, 2006.

14 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

La porte qui s’ouvre au sud de l’agglomération est actuellement appelée « porte du pont levis » (porte P2 du plan). Cette porte est identifiée comme la « porte debat » de la charte de coutumes de 1248 et du compoix de 1644. Elle se trouve en effet au point le plus bas du castelnau. Il n’en subsiste plus que le mur latéral gauche du couloir sur lequel s’appuie une maison. Il est toujours possible de deviner dans ce mur la trace du passage de herse. Un retrait dans le mur au niveau du premier étage permettait d’y faire reposer un plancher, le couloir n’était pas voûté. Cette porte était très certainement ouverte à la gorge puisqu’aucune trace d’arrachement n’est visible du côté intérieur de la porte. Elle était en saillie par rapport au mur d’enceinte, tant à l’est qu’à l’ouest. Le mur subsistant est bâti en moyen appareil calcaire. Les assises sont régulières et les joints fins.

Porte sud, vue d’ensemble depuis le nord. Porte sud, vue d’ensemble depuis le sud-est. Cliché : Anaïs Comet, juillet 2011. Cliché : Anaïs Comet, juillet 2011.

La troisième porte repérée se trouve à l’extrémité occidentale du castelnau, elle est aujourd’hui appelée « porte du couchant » (porte P3 du plan). Il n’en subsiste que le mur latéral droit du couloir sur lequel s’appuie actuellement une maison. Dans ce mur s’ouvrait une porte en arc brisé actuellement bouchée qui pourrait dater de la fin du Moyen Âge. En raison de l’enduit qui recouvre partiellement le mur, il est difficile de proposer une étude précise des vestiges de cette porte. Le mur semble bâti en appareil moyen avec des assises régulières tout comme les deux autres portes précédemment étudiées. S’il y a bien eu une porte à cet endroit, elle ne semble pas avoir été bâtie en saillie du mur d’enceinte mais dans le prolongement de celui-ci. Un plan datant probablement du début du XIX e siècle apporte une information intéressante concernant cette porte29 . En effet, sur ce document, un mur est représenté en avant de la porte permettant d’en protéger l’accès.

29 BNF, GED-412, Plan de Castelnau-Barbarens et environs, s.d.

15 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Porte du couchant, vue d’ensemble depuis l’ouest. Porte du couchant, élévation sud, vue depuis le nord. Cliché : Anaïs Comet, juillet 2011. Cliché : Anaïs Comet, juillet 2011.

Plan de Castelnau-Barbarens et ses environs. Source : BNF, GED-412 ; tiré de www.bnf.fr.

16 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. - Le problème de la datation de ces éléments de fortification

René Caïrou 30 propose une datation remontant au XII e siècle pour les vestiges de l’enceinte du château. Cette datation a été reprise par Catherine Viers 31 puis élargie par Nicolas Guinaudeau 32 au XIII e siècle. De la même manière, il est difficile de proposer une datation précise pour chacune des portes qui ne disposent d’aucun élément stylistique particulier. Les archives manquent aussi. Justin Cénac-Moncaut 33 propose une datation des portes au XIV e siècle sans aucune justification autre que la présence de portes en arc brisé. Seule une étude d’archéologie du bâti, et du sous-sol, pourrait peut-être permettre de démêler le vrai du faux et d’affiner les datations. L’analyse du bâti aux alentours de la porte nord-est a en effet permis à Catherine Viers de proposer une chronologie relative des différents pans de murs d’enceinte conservés dans ce secteur 34 .

Plan phasé. Source : VIERS, C., Castelnau-Barbarens…, op. cit. , 2006, p.51.

La première phase correspond à la porte monumentale et au mur d’enceinte qui lui est lié vers le nord-ouest et vers l’est (parties en bleu foncé sur le plan). La porte est alors en saillie, au moins du côté nord, par rapport au mur. Cette phase n’est pas datée avec certitude, Catherine Viers précise : « La construction de cette muraille est généralement

30 CAIROU, René, Architecture militaire des XIII e et XIV e siècles dans les châteaux et les bastides du Gers, Tome 1 : Tours et châteaux des XII e et XIII e siècles , SAHG, CDTL Gers, Auch, s.d. 31 VIERS, Catherine, Castelnau-Barbarens, op.cit. , 2006. 32 GUINAUDEAU, Nicolas, Fortifications seigneuriales…, op. cit. , 2012, volume III-1, corpus, site n°45. 33 CENAC-MONCAUT, Justin, Voyage archéologique …, op. cit. , 1856, p.11. 34 VIERS, Catherine, Castelnau-Barbarens, op.cit. , 2006, p.51.

17 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. attribuée au XII e siècle comme le château. Ceci resterait bien évidemment à affiner 35 . » La deuxième phase correspond à la construction de deux murs (murs 4 et 5 du plan) dans le prolongement de l’enceinte et de la porte dans l’angle nord de l’enceinte. La porte n’est plus alors en saillie. Une ouverture très ébrasée du côté interne, de type meurtrière, est pratiquée dans le mur nord-ouest. La troisième phase correspond à l’extension du mur d’enceinte vers le nord-est. Aucune datation n’est proposée pour ces deux dernières phases.

b. Les vestiges de l’ancienne église Sainte-Marie et Saint-Nicolas

L’ancienne église Sainte-Marie et Saint-Nicolas est attestée à l’intérieur du castrum en 1143 36 , soit très peu de temps après la mise en place de ce castelnau. Il n’en subsiste plus que la tour qui lui servait de clocher et la chapelle Notre-Dame-de-Pitié. Le corps même de l’édifice, la nef et le chœur, a été démoli à la fin du XIX e siècle lors de l’édification, dans les années 1865-1870, de l’actuelle église paroissiale dédiée à Sainte-Quitterie et implantée à l’emplacement du château disparu. Un plan publié en 1979 par le prêtre d’alors, R. Piquemal, représente l’église peu avant sa destruction ainsi que l’un des projets qui étaient alors envisagés pour la remanier avant que la décision soit définitivement prise de la démolir 37 . Sur ce plan figurent en noir les murs qui devaient être conservés, en vert ceux qui devaient être détruits et en rouge le plan de l’église projetée.

Plan de l’église Saint-Nicolas. Source : PIQUEMAL, R., L’église de Castelnau-Barbarens, op. cit. , s.d..

35 Ibidem , p.50. 36 LACAVE LAPLAGNE-BARRIS, C., Cartulaires du chapitre de l'église métropolitaine Sainte-Marie d'Auch. Cartulaire noir , Paris/Auch, 1899, acte n°72 : « quarta parte ecclesie de Castello novo. » Cité par Nicolas Guinaudeau dans sa thèse. 37 PIQUEMAL, R., L’église de Castelnau-Barbarens (1869-1969) , Impr. Bouquet, Auch, s.d.

18 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. - La chapelle Notre-Dame-de-Pitié

Si l’on en croit Dom Brugèles, Jean Fris Demont, abbé de Faget et archiprêtre de Castelnau à partir de 1662, « fit bâtir la chapelle souterraine de l’église de Castelnau, à l’honneur de la sainte Vierge 38 . » La construction de cette chapelle semble cependant être plus ancienne. Cette hypothèse est étayée par une description de l’intérieur de la chapelle par Justin Cénac-Moncaut : « la chapelle souterraine de la Vierge, dont les nervures ogivales et croisées nous ramènent au quatorzième siècle 39 . » Il faudrait visiter l’intérieur de l’édifice pour préciser sa datation.

Chapelle Notre-Dame-de-Pitié. Cliché : Anaïs Comet, juillet 2011.

- La tour

La tour qui subsiste sur la place d’Uzès a servi de clocher pendant plusieurs siècles à l’église Saint-Nicolas. Il semble cependant que l’origine de cette tour soit antérieure à son utilisation comme clocher. En effet, la plupart des auteurs s’accordent à dire que cette tour protégeait la partie castrale du site et faisait partie intégrante du château. Cette hypothèse est étayée par la localisation même de la tour, très proche de l’emplacement du château et entre ce dernier et la porte de ville primitive. La datation et l’attribution initiale de cette tour posent toujours problème. Christophe Balagna propose une datation dans la seconde moitié du XIII e siècle 40 , tout comme Nicolas Guinaudeau qui indique que cette tour ne peut pas être attribuée à la première forteresse de Castelnau-Barbarens 41 . Quoi qu’il en soit, cette tour a été remaniée à la fin du Moyen Âge par le percement de deux portes au rez-de-chaussée, sur les élévations sud et est, et par l’accolement d’un portail de style flamboyant dans l’angle sud-ouest au XV e siècle. Elle a été à nouveau modifiée à une date inconnue par la reconstruction de la partie supérieure destinée à accueillir la chambre de cloches. La tour de plan carré d’environ 4,60 mètres de côté est conservée sur une hauteur de près de 22 mètres. Les murs atteignent près de 1,30 mètre d’épaisseur à la base. La tour est construite directement sur le rocher. Elle est bâtie en appareil moyen de moellons de calcaire équarris et calibrés. Les joints sont très fins. Huit jours permettent d’éclairer les premier, deuxième et troisième étages de la tour. Le premier étage est éclairé simplement par un jour situé sur l’élévation nord ; le deuxième étage par trois jours se trouvant sur les élévations nord, ouest et est ; le troisième étage par

38 BRUGELES, dom Louis-Clément de, Chroniques ecclésiastiques…, op. cit. , 1746, p.270 39 CENAC-MONCAUT, Justin, Voyage archéologique …, op. cit. , 1856, p.12. 40 BALAGNA, Christophe, L’architecture gothique religieuse en Gascogne centrale , Thèse de doctorat sous la direction de Michèle Pradalier-Schlumberger, UTM, Toulouse, 2000, vol. 4, p.123. 41 GUINAUDEAU, Nicolas, Fortifications seigneuriales…, op. cit. , 2012, vol.1, p.271, note 898.

19 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. quatre jours implantés sur chacune des faces. Contrairement à l’avis de certains auteurs 42 , il s’agit bien de jours et non pas de meurtrières. L’ébrasement interne et les dimensions de ces ouvertures ne semblent pas adaptés au tir. Cela ne les empêche pas d’avoir eu un effet dissuasif sur l’ennemi car, depuis l’extérieur, rien ne permet de les distinguer de véritables ouvertures de tir. L’accès à l’intérieur de la tour se faisait initialement par une porte située au premier étage, sur l’élévation orientale. Actuellement l’accès est possible grâce aux deux portes à arc brisé percées au rez-de-chaussée sur les élévations sud et est. Ces deux portes présentent des piédroits chanfreinés se terminant par des congés à peu près à mi-hauteur. L’angle sud- ouest de la tour conserve les vestiges du piédroit gauche d’un portail monumental de style flamboyant : colonnettes adossées à la pierre et base prismatique du piédroit. Deux traces d’arrachement de murs sont visibles dans la partie nord de l’élévation orientale et dans la partie occidentale de l’élévation sud. Ces traces correspondent aux murs de la nef de l’église disparue.

Tour, vue d’ensemble depuis le sud-ouest. Tour, vue d’ensemble depuis l’est. Cliché : Anaïs Comet, janvier 2012. Cliché : Anaïs Comet, janvier 2012.

c. Les vestiges médiévaux dans l’architecture civile 43

- Quelques éléments épars

Plusieurs éléments de la fin du Moyen Âge ont pu être repérés sur les maisons de Castelnau-Barbarens. Une maison située sur le front sud de l’enceinte, conserve deux fenêtres à meneau en bois attribuables au XV e siècle (parcelle B 203). Les chanfreins sont amortis par des congés en pointe. Il est intéressant de noter que l’une de ces fenêtres en bois est insérée dans la maçonnerie en pierre de l’enceinte alors que la seconde prend place dans la partie supérieure de l’élévation construite en pan-de-bois.

42 C’est notamment la thèse avancée par René Caïrou dans cet ouvrage : CAIROU, René, « Trois places fortes du canton de Saramon », Histoire de Saramon et de son canton , Foyer rural de Saramon, Saramon, 1996, p.147- 165. 43 Voir annexe 29-04-PL-05 : L’architecture civile de la fin du Moyen Âge.

20 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Maison B 203, détail d’une fenêtre, vue depuis le sud. Cliché : Anaïs Comet, janvier 2011.

Deux portes à arc brisé chanfreiné ont aussi été repérées. L’une d’elles se situe place d’Uzès, sur l’élévation sud de l’ancien presbytère (parcelle B 736). Construite au niveau du rocher affleurant, elle donne actuellement sur le vide au premier étage de la maison. Le chanfrein est amorti à environ un tiers de la base par un congé. Cette porte présente la même forme que les deux portes du rez-de-chaussée de la tour. Elle date donc probablement de la même période, soit du XIV e ou XV e siècle. La seconde porte, située sur une maison de la rue Sœur Belvèze (parcelle B 209) est similaire à la précédente bien qu’elle ait été fortement remaniée dans sa partie inférieure. Il est intéressant de noter que cette porte est associée en façade à une arcade en plein cintre percée à sa droite. Cette arcade est légèrement plus haute et plus large que la porte, bien qu’elle ait été transformée en fenêtre à l’époque contemporaine. Nous pourrions avoir là les vestiges d’une composition assez habituelle de la fin du Moyen Âge : une porte piétonne permettant un accès à l’étage habitable de la maison, et une arcade de boutique en rez-de-chaussée.

Maison parcelle B 736, détail de la porte depuis le sud. Maison parcelle B 209, vue depuis le sud. Cliché : Anaïs Comet, juillet 2011. Cliché : Anaïs Comet, janvier 2011.

21 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. - L’îlot des « embans »

Un îlot du bourg est particulièrement intéressant à étudier. Il s’agit de celui qui se développe au cœur de l’agglomération, entre la rue Longuebrune d’Astarac et la rue de Las Tortas, et le long duquel prennent place les embans . L’implantation même de cet îlot est notable. Il prend place à un endroit où le dénivelé est particulièrement important. Il est peu probable qu’à cet endroit la rupture de pente entre les deux rues précédemment citées soit naturelle. Il semble plutôt qu’on se trouve là sur un ancien fossé taillé par l’homme dans le rocher. Les maisons auraient alors été construites à cet emplacement lors d’une phase d’extension du bourg. Cette hypothèse n’est pas étayée par l’étude de la documentation écrite. Une analyse fine de la topographie et une visite systématique des maisons à couverts permettrait peut-être de l’affirmer ou l’infirmer. Les maisons de cet îlot sont traversantes. Du côté des couverts, leurs façades sont entièrement en pan-de-bois, rez-de-chaussée et étage. L’une de ces maisons présente des caractéristiques intéressantes de la fin du Moyen Âge (parcelles B 231-233). Il s’agit notamment de l’emploi de bois de section très importante. Cette maison conserve en outre deux portes en bois sculptées de larges accolades et dont les piédroits sont chanfreinés. Les chanfreins se terminent en congé à environ un tiers de la hauteur par rapport au sol. Une autre maison conserve des accolades sculptées sur la sablière de chambrée entre les abouts de solives (parcelle B 235). Les pans-de-bois des autres maisons ont tous été remaniés aux XVIII e et XIX e siècles.

Les embans , vue d’ensemble depuis le sud-ouest. Maison parcelles B 231-233, détail de la porte. Cliché : Anaïs Comet, juillet 2011. Cliché : Anaïs Comet, juillet 2011.

d. Le quartier de l’Hostellerie

Le quartier de l’Hostellerie est situé en dehors de l’enceinte du bourg de Castelnau- Barbarens, à une centaine de mètres au sud-ouest de la porte debat . Son installation n’a pas pu être datée. Il peut remonter au Moyen Âge mais il peut aussi s’être formé au début de l’Époque moderne.

22 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. Le nombre de maisons est à peu près le même entre le compoix de 1644 44 et le plan cadastral de 1825 45 . Il y avait alors environ cinq maisons et quelques rares emplacements vaquants. Ce quartier a bénéficié de l’extension des faubourgs au cours du XIX e siècle et il marque aujourd’hui la limite sud de l’agglomération. Dans le compoix de 1644, l’hôpital qui a donné son nom au quartier est mentionné à deux reprises en confronts 46 . Il semble alors qu’il se situait au nord des maisons, en bordure de la voie de communication. Ce quartier abritait alors de nombreux jardins et était ouvert sur la campagne environnante. Les maisons situées au sud-ouest de la rue de l’hostellerie sont les plus anciennes conservées dans ce quartier. Elles figurent sur le plan cadastral de 1825. Elles remontent à l’époque moderne. Celle située à la parcelle B 793 semble plus ancienne comme en témoigne la tête de mur maçonnée de l’angle nord. Cependant, tout comme les autres maisons de la rue, elle a été remaniée à plusieurs reprises au fil des siècles. La plupart des maisons de ce quartier possèdent un étage en pan-de-bois sur un rez- de-chaussée en pierre. Les toits sont couverts de tuiles creuses.

Rue de l’Hostellerie, vue depuis le nord. Cliché : Anaïs Comet, janvier 2011.

3. DYNAMIQUES MORPHOLOGIQUES 47

Le bourg de Castelnau-Barbarens s’est développé en deux phases en contrebas du château des comtes d’Astarac entre le XII e et le milieu du XIII e siècle. La chronologie de l’installation du quartier de l’Hostellerie n’étant pas connue, nous ne traitons ici que de la partie intramuros du bourg.

a. La fondation du castelnau au début du XII e siècle

Le castelnau a été fondé au début du XII e siècle par le comte d’Astarac sur des terres appartenant au seigneur Desbarrats. Les sources écrites n’apportent pas plus d’information sur les débuts de ce castelnau. Seule la topographie du site peut permettre d’émettre quelques hypothèses. Il ne subsiste aucun vestige visible de cette période sauf peut-être quelques pans de murs de l’ancien château des comtes d’Astarac qui ne sont pas datés avec précision. Ces murs, qui servent actuellement de murs de soutènement à la terrasse

44 AD Gers, E suppl. 1123, Compoix de Castelnau-Barbarens, 1644. 45 AD Gers, 3 P Castelnau-Barbarens/7, section B2 dite de la ville, 1825. 46 AD Gers, E suppl. 1123, Compoix de Castelnau-Barbarens, 1644 ; fol. 9 v. et 439. 47 Voir annexe 29-04-PL-06 : L’évolution du bourg de Castelnau-Barbarens au cours du Moyen Âge.

23 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. sur laquelle se trouve l’église paroissiale Sainte-Quitterie, ne sont pas datés avec certitude. Ils remontent probablement au XII e ou XIII e siècle. Le village s’est développé au pied de ce château, le long des pentes naturelles qui s’étendent sur trois de ses côtés (ouest, sud et est). Entre les deux murs concentriques conservés était réservé un espace vide. Le village prenait probablement place un peu plus bas, entre ce mur et le front constitué par la rue Longuebrune d’Astarac et la rue Sœur Belvèze. En effet, à cet endroit, la rupture de pente est beaucoup plus marquée qu’ailleurs sur le site. Il semble que celle-ci ne soit pas naturelle mais taillée pour former un fossé. Cette hypothèse peut être étayée par le fait qu’au moment de sa fondation le castelnau ne comportait qu’une seule porte comme en témoignent les coutumes étudiées précédemment. La porte alors mentionnée se trouvait très probablement au nord-est du bourg, là où l’accès est le plus facile. Il ne s’agit probablement pas de la porte actuellement conservée à cet emplacement. En effet, celle-ci présente les mêmes caractéristiques de construction que la porte sud qui semble avoir été construite dans une phase postérieure d’extension de l’agglomération.

b. Un premier agrandissement avant 1248

En 1248, au moment de la mise par écrit des coutumes, Castelnau-Barbarens n’est plus un simple castrum , mais la principale place forte du comté d’Astarac et le chef-lieu de la châtellenie. Ce document indique qu’à cette date le bourg possède au moins deux portes. La deuxième porte peut être localisée au sud de l’agglomération. Il y a donc très probablement eu, comme nous avons commencé à l’énoncer précédemment, un agrandissement du bourg entre le début du XII e et le milieu du XIII e siècle. Cet agrandissement s’est effectué de manière concentrique sur trois côtés du castelnau, à l’est, au sud et à l’ouest. Une nouvelle enceinte fortifiée semble alors avoir été bâtie. Il s’agit de celle encore visible aujourd’hui en grande partie sur le pourtour du bourg.

c. Des transformations de l’habitat plutôt que de l’agglomération

Il semble qu’il n’y ait pas eu de transformation majeure de la morphologie de l’agglomération entre le XIII e siècle et le début du XIX e siècle. Cependant, des mutations de l’habitat à l’intérieur des murs sont perceptibles dans l’architecture civile. Il semble ainsi que les maisons à couverts, alignées le long de la rue Longuebrune d’Astarac et en surplomb de celle-ci, aient été bâties à la fin du XV e siècle ou au début du XVI e siècle. En effet, les vestiges visibles peuvent être datés de cette période. En l’absence de bâti civil antérieur et conservé en élévation, nous ne sommes pas en mesure d’évaluer une éventuelle évolution des techniques de construction. Nous pouvons cependant noter que ces maisons ont été bâties au lendemain de la guerre de Cent Ans, une fois le calme revenu dans la région. Cette remarque s’applique aussi tout à fait à un autre vestige de cette période découvert sur une maison construite sur l’enceinte fortifiée (parcelle B 203). Cette maison présente sur son élévation sud-ouest, donc du côté extérieur de l’enceinte, deux fenêtres à meneaux attribuables au XV e siècle.

24 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. SOURCES

*AD Gers : - DAR Saramon 4, Dossier archéologique Polge, XX e siècle. - E suppl. 1123, Compoix de Castelnau-Barbarens, 1644. - 3 P Castelnau-Barbarens/7, section B2 dite de la ville, 1825.

*BNF : - GED-412, Plan de Castelnau-Barbarens et environs, s.d.

*Sources publiées et ouvrages anciens : - BRUGÈLES, dom Louis-Clément de, Chroniques ecclésiastiques du diocèse d'Auch suivies de celles de comtes du même diocèse , Jean-François Robert, Toulouse, 1746. - CARSALADE DU PONT, Jean de, « Les places fortes de la Gascogne en 1626- 1627 », Revue de Gascogne , t.40, 1899, p.461. - CAZAURAN, Abbé, Cartulaire de Berdoues , impr. M. Nijhoff, La Haye, 1905. - CÉNAC-MONCAUT, Justin, Voyage archéologique et historique dans les anciens comtés d'Astarac et de Pardiac , Didron / Impr. du messager, Paris / Mirande, 1856. - CURSENTE, Benoît, « Les coutumes de Castelnau-Barbarens », BSAG , 2001 (2 ème trimestre), p.357-375. - DE VIC, dom Claude et VAISSETTE, dom, Histoire générale de Languedoc , Paya, Toulouse, 1843, t.6, p. 454-455. Preuve LII : « Hommage du comte d’Astarac au comte de Toulouse », 1244. - LACAVE LAPLAGNE-BARRIS, C., Cartulaires du chapitre de l'église métropolitaine Sainte-Marie d'Auch. Cartulaire noir , Paris/Auch, 1899, p.72. - MONLEZUN, Jean-Justin, Histoire de la Gascogne des temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Auch, 1846, t.I p.422, t.II p.442-443, t.III p.481.

BIBLIOGRAPHIE

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25 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. - Castelnau-Barbarens d'hier a à aujourd'hui, Auch, Imprimerie du prieuré. - CAÏROU, René, Architecture militaire des XIII e et XIV e siècles dans les châteaux et les bastides du Gers , Tome 1 : Tours et châteaux des XII e et XIII e siècles , SAHG, CDTL Gers, Auch, s.d. - CARLOS, Cécile, Inventaire des chartes de coutumes et franchises de la Gascogne gersoise, XI e-XVIII e siècle , mémoire de maîtrise sous la direction de Mireille Mousnier, UTM, 2002. - CURSENTE, Benoît, Les castelnaux de la Gascogne médiévale, Gascogne gersoise , CNRS, Bordeaux, 1980. - CURSENTE, Benoît et LOUBÈS, Gilbert, Villages gersois, vol. 1 - Autour de l'église, à l'ombre du château , Publications de la chambre d'agriculture du Gers, Auch, 1991. - FRONTY, Pierre, GUIGNIER, Jacques et THÉROND, Serge, Communes du département du Gers. Tome 1 : l'arrondissement d'Auch , SAHG, Auch, 2003, p.381- 385. - GUINAUDEAU Nicolas, Fortifications seigneuriales et résidences aristocratiques gasconnes dans l'ancien comté d'Astarac entre le X e et le XVI e siècle , Thèse de doctorat sous la direction de Philippe Araguas, Université de Bordeaux III, 2012. - Histoire de Saramon et de son canton , Foyer rural de Saramon, Saramon, 1996. - PÉTROWISTE, Judicaël, Naissance et essor d’un espace d’échanges au Moyen Âge : le réseau des bourgs marchands du Midi toulousain (XI e-milieu du XIV e siècle) , thèse de doctorat sous la direction de Mireille Mousnier, Toulouse, UTM, 2007. - PIQUEMAL, R., L’église de Castelnau-Barbarens (1869-1969) , Impr. Bouquet, Auch, s.d. - VIERS, Catherine, avec la collaboration de CALMETTE, Philippe, Castelnau- Barbarens, « place d’Uzès » (Gers), Rapport de diagnostic , déposé au SRA Midi- Pyrénées, 2006.

26 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

27 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. 28 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

29 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

30 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

31 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

32 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Direction Générale des Patrimoines

Inventaire thématique du patrimoine bâti : Les transformations des agglomérations en Gascogne gersoise à la fin du Moyen-Âge

LE BOURG DE SARAMON

Place, vue d’ensemble depuis l’ouest

Étude réalisée dans le cadre d’une allocation formation recherche octroyée en 2011 par la Direction Générale des Patrimoines du Ministère de la Culture et de la Communication, et en partenariat avec le Service Connaissance du Patrimoine de la Région Midi-Pyrénées

Anaïs Comet, Février 2012

33 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

SOMMAIRE

Introduction

1. Historique a. Fondation du monastère et du bourg de Saramon b. Saramon à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne c. Saramon d’après le compoix de 1641 d. Quelques informations sur les fortifications de Saramon au XVIII e siècle

2. Inventaire du patrimoine bâti a. L’église Saints-Pierre-et-Paul b. La tour Saint-Victor c. Les maisons de la limite XV e-XVI e siècles

3. Dynamiques morphologiques a. Une agglomération juxtaposée à l’abbaye b. Un agrandissement de l’agglomération vers le nord c. Un agrandissement de l’agglomération vers l’est d. Les abords de l’agglomération

Bibliographie et sources

Annexes : - 29-12-PL-01 : Le bourg de Saramon en 1825. - 29-12-PL-02 : Le bourg de Saramon en 2010. - 29-12-PL-03 : Le bourg de Saramon en 1825, détail de « la ville ». - 29-12-PL-04 : Le bourg de Saramon en 2010, détail de « la ville ». - 29-12-PL-05 : Le bourg de Saramon d’après le compoix de 1641. - 29-12-PL-06 : Les maisons à couverts de Saramon, datation du bâti visible en 2011. - 29-12-PL-07 : Les maisons à couverts de Saramon, matériaux des poteaux et piliers. - 29-12-PL-08 : Les maisons à couverts de Saramon, matériaux des façades. - 29-12-PL-09 : L’évolution du bourg de Saramon au cours du Moyen Âge.

34 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Le bourg de Saramon est situé au cœur du canton éponyme, à une trentaine de kilomètres au sud-est d’Auch. Il est implanté sur un replat de la rive gauche de la à 190 m d’altitude. Il s’agit d’une étape importante sur la route de fond de vallée qui relie , au sud, à , au nord. Le paysage environnant est vallonné et irrigué par de nombreux ruisseaux. Le sol est principalement composé de calcaire que l’on retrouve logiquement comme principal matériau de construction. Si l’habitat est fortement dispersé dans les environs de Saramon, le bourg reste néanmoins un pôle d’habitat groupé important 48 .

1. HISTORIQUE

Le territoire de la future abbaye de Saramon apparaît pour la première fois dans la documentation écrite en 817, lors de sa donation par Louis le Pieux à l’abbaye de Sorèze. Cette donation concernait alors sept villae , cinq églises, un moulin, des bâtiments et des esclaves 49 .

a. Fondation du monastère et du bourg de Saramon

L’établissement monastique de Saramon est mentionné pour la première fois en 904 sous les termes de Cella Medulphi 50 . Il n’est cependant pas possible de savoir à partir de quelle date cette abbaye a pu susciter un regroupement d’habitat. Si l’on se réfère aux Chroniques… de Dom Brugèles 51 , le bourg de Saramon aurait été construit sous l’abbatiat d’Arnaud, peu avant 1140. Il se serait développé dans un premier temps auprès du monastère, au nord de celui-ci. En 1145, le bourg aurait été saccagé par le baron de alors en révolte contre le comte d’Astarac. Il aurait alors échappé à l’incendie grâce à l’intervention de l’abbé. L’abbé de Saramon était seigneur en toute justice de Saramon. Sa seigneurie s’étendait aux paroisses de Mongauzy, Tirent, Saint-Martin-Gimois et . À la fin du XIII e siècle, le comte d’Astarac, Bernard IV, prétendit posséder la haute justice sur Saramon, il fut débouté au profit de l’abbé.

b. Saramon à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne

Au cours du XIV e siècle, des coutumes furent octroyées par l’abbé aux habitants de Saramon. Le texte de ces coutumes est malheureusement inconnu. Certains articles ont été copiés au XVIII e siècle avec les pièces d’un procès par Louis Daignan du Sendat 52 . Les coutumes furent renouvelées en 1344 sous l’abbatiat de Mansip de Moulas, puis en 1380

48 Voir annexes 29-12-PL-01 : Le bourg de Saramon en 1825 ; 29-12-PL-02 : Le bourg de Saramon en 2010 ; 29- 12-PL-03 : Le bourg de Saramon en 1825, détail de « la ville » ; 29-12-PL-04 : Le bourg de Saramon en 2010, détail de « la ville ». 49 POUSTHOMIS-DALLE Nelly, À l'ombre du moustier, morphogenèse des bourgs monastiques en Midi Toulousain , Habilitation à diriger des recherches préparée sous la direction de Michèle Pradalier-Schlumberger et Benoît Cursente, UTM, 4 vol., 2002, p.49. 50 Ibidem , p.50. 51 BRUGELES, dom Louis-Clément de, Chroniques ecclésiastiques du diocèse d'Auch suivies de celles des comtes du même diocèse , Jean-François Robert, Toulouse, 1746, p. 274-289 et p. 394-395. 52 BM Auch, ms. 71, p.881-899. Cité par CARLOS, Cécile, Inventaire des chartes de coutumes et franchises de la Gascogne gersoise, XI-XVIII e siècle , mémoire de maîtrise sous la direction de Mireille Mousnier, UTM, 2002, p.150.

35 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. sous celui de Pierre I er de Mendouce et à nouveau en 1487 par Guillaume III de Colonges. Dans ces dernières, Saramon est mentionné comme « dicto castro Cellae Medulphi 53 . » En raison de l’absence d’archive médiévale conservée, il est très difficile de retracer l’histoire de Saramon à cette période. Dom Brugèles explique que « Quelques siècles après [sa fondation] elle fut agrandie sur le local que l’abbé et chapitre de Saramon donnèrent à l’orient du monastère 54 . » Il y aurait donc eu, à la fin du Moyen Âge, un agrandissement du bourg à l’est de l’église. D’après un arrêt du Parlement, datant de la même période, les tours et fossés de Saramon sont jugés appartenir à la communauté et non à l’abbaye 55 . Les Chroniques… apportent aussi des informations sur certains bâtiments en particulier. On apprend ainsi que l’abbé Mancip aurait fait rebâtir le cloître vers 1315 56 . Roger de Labarthe aurait fait bâtir un moulin en 1545. L’hôpital et sa chapelle auraient quant à eux été bâtis en 1611. Cette information est confirmée par une copie des minutes du notaire Bertrand Poget de l’année 1611 réalisée en 1888 et conservée dans le Dossier archéologique des Archives départementales du Gers 57 . Un peu plus tard, en 1626-1627, le bourg de Saramon est mentionné parmi les places fortes de la Gascogne 58 . Il est précisé dans ce document que la « petite ville » est « enceinte de murailles. »

c. Saramon d’après le compoix de 1641 59

L’étude du compoix de 1641 permet de dresser un tableau assez fidèle du bourg de Saramon à cette date 60 . Il y avait alors environ 110 maisons intra muros réparties de la manière suivante : trente-huit maisons à la Grande rue, vingt maisons et deux bas de maisons à la rue Neuve, huit maisons à la Place, six maisons au Cap de la ville, huit maisons au « honts de la ville , » trente-cinq maisons, cinq bas de maisons et un haut de maison au Castet ou « dans le château. » La Grande rue est encore aujourd’hui la rue principale de Saramon, elle traverse le bourg d’ouest en est. La rue Neuve est située au nord de la Grande rue, elle est parallèle à cette dernière. La Place est au centre du bourg, au nord de l’ancienne abbaye. Le Cap de la ville peut être identifié comme le quartier situé au nord-ouest, autour de la Grande rue et de la rue Neuve. Le honts de la ville , ou fond de la ville, peut être localisé aux abords nord de la Place. Le quartier du Castet est l’ensemble quadrangulaire situé à l’est de l’ancienne abbaye. À cette date, plusieurs jardins et parcs sont mentionnés à l’intérieur de l’enceinte du bourg, principalement aux abords de la Grande rue, au Cap de la ville. L’hôpital et son église cités précédemment sont aussi mentionnés en confronts dans ce quartier. Grâce aux confronts, il est possible de définir l’emplacement des fossés. Les maisons situées le long de la Grande rue, au sud de celle-ci, confrontent les fossés du côté du midi. Les maisons situées le long de la rue Neuve, au nord de celle-ci, confrontent les fossés du côté de la bise. Dans la partie nord-ouest de l’agglomération, les fossés passaient donc au nord de la rue Neuve et au sud de la Grande rue. Même si cela n’est pas explicite dans le compoix, la topographie du site indique que ces fossés devaient se rejoindre à l’ouest à l’emplacement de l’actuel boulevard. Il est intéressant de noter que les maisons confrontent directement le fossé et non pas d’éventuelles murailles. Le mur d’enceinte semble donc

53 D’après GUINAUDEAU, Nicolas, Fortifications seigneuriales et résidences aristocratiques gasconnes dans l'ancien comté d'Astarac entre le X e et le XVI e siècle , Thèse de doctorat sous la direction de Philippe Araguas, Université de Bordeaux III, 2012, volume III-4 corpus, site n°249. 54 BRUGELES, dom Louis-Clément de, Chroniques…, op. cit. , p.394. 55 FRONTY Pierre, GUIGNIER Jacques et THEROND Serge, « Saramon », Communes du département du Gers. Tome 1 : l'arrondissement d'Auch , SAHG, Auch, 2003, p. 396. Référence du document d’archive non citée. 56 Dom Brugèles précise : « comme il se voit en une inscription gravée à un pilier de l’allée orientale », Brugèles (Dom Louis-Clément de), Chroniques…, op. cit. , p.282. 57 AD Gers, DAR Saramon 12, Dossier archéologique Polge, XX e siècle. 58 CARSALADE DU PONT, Jean de, « Les places fortes de la Gascogne en 1626-1627 », Revue de Gascogne , t.40, 1899, p. 461. 59 AD Gers, E suppl. 350, Compoix de Saramon, 1641. 60 Voir annexe 29-12-PL-05 : L’organisation générale du bourg de Saramon d’après le compoix de 1641.

36 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. constitué directement par le mur arrière des maisons. Il ne subsiste aucun élément visible de cette fortification. Seule la porte orientale du bourg apparaît dans le compoix comme élément de localisation, seul ou associé à la précision « honts de la ville. » Elle est appelée « pourtau de debat 61 », « porte deu honts de la ville 62 » et « porte de devant 63 ». L’étude des items dans lesquels apparaît cette localisation permet de prouver qu’il s’agit bien dans les trois cas de la même porte. Les confronts indiquent que le quartier du Castet était entouré de fossés au nord (bise), au sud (midi) et à l’est (devant). Dans ce quartier apparaissent aussi en confronts l’école et la prison, toutes deux du côté de « derrière » donc certainement à l’ouest, du côté de l’abbaye. Un canal apparaît en confronts des maisons entre la rue Neuve et la Grande rue. Ce canal n’est plus visible sur le plan cadastral de 1825. Son tracé peut être établi approximativement à mi chemin entre ces deux rues, probablement dans l’axe des deux puits visibles sur le plan cadastral actuel. Hormis une maison au « barry de devant 64 », les faubourgs ne sont pas mentionnés explicitement dans ce document. Cependant, près d’une cinquantaine de bordes sont situées au « padouent de dessus ». Ce toponyme ne figure ni sur la carte de Cassini, ni sur le cadastre dit napoléonien, ni sur la carte IGN au 1/25000. Il pourrait s’agir des abords de l’actuelle place du foirail autrement appelée le faubourg. En dehors du bourg et du padouen , plus de cinquante toponymes différents figurent dans le compoix. Les trois-quarts de ces lieux-dits n’abritent pas plus de cinq bordes regroupées. Sept d’entre eux possèdent entre dix et treize bordes : la Hontanière (10 bordes, au sud du bourg), Janeu (10 bordes, non localisé), en (11 bordes, au nord-est du bourg), Lirou (12 bordes, au sud-est du bourg), en Semont (12 bordes, au sud-ouest du bourg), la Greula (13 bordes, non localisé), Trudas (13 bordes, au nord-ouest du bourg). La plupart de ces hameaux abritent encore aujourd’hui plusieurs fermes. De nombreux métiers sont représentés dans le compoix de 1641. Parmi les tenanciers d’au moins une maison à Saramon, on trouve alors : douze marchands, onze tisserands, six tailleurs, cinq charpentiers, cinq notaires, quatre sergents, trois avocats, trois chirurgiens, trois cordonniers, trois docteurs, trois meuniers, trois praticiens, deux bouchers, deux capitaines, deux « trafiqueurs », un apothicaire, un aumônier, un chanoine, un charbonnier, un « hôte », un juge, un maçon, un menuisier, un prêtre, un procureur, un sous- diacre, un tuilier. Hormis les charpentiers, le charbonnier, le maçon, les meuniers, les trafiqueurs, le tuilier, et la majorité des tisserands, tous possèdent au moins une maison dans le bourg de Saramon où à ses abords immédiats.

d. Quelques informations sur les fortifications de Saramon au XVIII e siècle

Plusieurs documents conservés dans les « Requêtes et procès-verbaux concernant les alignements et l’état des rues et chemin dans la ville de Saramon 65 » peuvent apporter des informations sur l’état des fortifications de Saramon au XVIII e siècle. Le premier document qui nous intéresse ici concerne la cession d’un morceau de la rue neuve au sieur Carde en 1747. Il y est précisé que :

La communauté luy a cédé le bout de la rue neuve à prendre depuis la maison du sieur Depiere chirurgien jusque aux murs de la ville et ce suivant les confrontations suivantes savoir confronte du levant rue restante à la communauté midi à basse cour du sieur

61 AD Gers, E suppl. 350, Compoix …, 1641, fol. 75 v. 62 Ibidem , fol. 115 v. 63 Ibidem , fol. 117. 64 Ibidem , fol. 307 v. 65 AD Gers, C 574 : Requêtes et procès-verbaux concernant les alignements et l'état des rues et chemins dans la ville de Saramon, 1747-1770.

37 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. Carde couchant aux murs de la ville bize à maison et place vuide dudict Carde sous la réserve de la communauté fait du passage par la fermure que ledict sieur Carde fera pour aller à la tour en cas de trouble ou de guerre.

Il est donc possible de savoir que l’accès à la tour de l’angle nord-ouest du bourg de Saramon se faisait à cette date par l’extrémité de la rue neuve. Cette tour semble encore être entretenue en 1747 puisqu’il est envisagé de s’en servir en cas de trouble. L’image de la ville une dizaine d’années plus tard est nettement différente. En effet, un document de 1758 précise l’état des portes :

Les deux portes au levant et au couchant menacent une ruine prochaine à cause du mauvais état des tours qui sont à chacune d’icelles lesquelles deux tours de l’avis de Monseigneur l’intendant devoient être démolies pour servir aux réparations publiques.

En 1758, l’intendant attire à nouveau l’attention sur le mauvais état des portes du bourg de Saramon. Cependant, il faut attendre 1827 pour que la porte du levant soit démolie et 1835 pour la porte du couchant 66 . Cette dernière est remplacée en 1839 par une lanterne à piliers en briques.

2. INVENTAIRE DU PATRIMOINE BÂTI

Le bourg de Saramon conserve quelques beaux vestiges de constructions de la fin du Moyen Âge et du début de l’époque moderne. Cependant, les bâtiments de ce bourg ont connu de très nombreuses phases de remaniements au cours des XVIII e et XIX e siècles. Ces remaniements, mais aussi les nouvelles constructions, touchent tout autant les édifices publics que privés.

a. L’église Saints-Pierre-et-Paul 67

L’ancienne église abbatiale était dédiée à saint Pierre et à saint Victor, aujourd’hui devenue église paroissiale, elle est dédiée à saint Pierre et à saint Paul. Cette église, romane à l’origine, a été remaniée à maintes reprises jusqu’au XIX e siècle, moment où les modifications apportées furent les plus importantes. L’église romane du XII e siècle 68 était à nef unique avec un transept aux bras inégaux sur lesquels se greffaient au nord deux absidioles et une au sud. Le chevet à pans coupés est prolongé par la tour Saint-Victor sur laquelle nous reviendrons dans le paragraphe suivant. Les bâtiments de l’abbaye, aujourd’hui disparus, se trouvaient au sud de l’église. Une porte percée dans l’élévation sud de l’église permettait un accès direct entre l’abbaye et l’église abbatiale. Les paroissiens accédaient alors à l’édifice par une porte percée dans le massif occidental de l’église. À la fin du XV e siècle, ou au tout début du XVI e siècle, un portail est percé dans l’absidiole située contre la grande abside au nord. Ce portail gothique marque la nouvelle entrée de l’église. Voici la description qu’en donne Christophe Balagna dans sa thèse :

66 D’après GUINAUDEAU, Nicolas, Fortifications seigneuriales…, op. cit., 2012, volume III-4 corpus, site n°249. 67 Voir la notice IA32100022. 68 Christophe Balagna dans sa thèse place la construction de l’église probablement au XI e siècle, Nicolas Guinaudeau préfère une datation un peu plus tardive au XII e siècle. La tour Saint-Victor date du XII e ou XIII e siècle d’après Nicolas Guinaudeau. L’église et la tour semblent cependant avoir été bâties en même temps. Nous préférons donc attribuer à cet ensemble une datation XII e siècle. Voir : BALAGNA Christophe, L'architecture gothique religieuse en Gascogne centrale , Thèse de doctorat sous la direction de Michèle Pradalier- Schlumberger, UTM, 2000, vol. 6, annexe, p.778-782 ; GUINAUDEAU, Nicolas, Fortifications seigneuriales…, op. cit., 2012, volume III-4 corpus, site n°249.

38 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. Constitué dans sa partie centrale, d’un arc déprimé reposant sur deux colonnettes prismatiques, ce portail est surmonté d’un arc légèrement en accolade terminé par un fleuron. Sur les côtés, deux pinacles à fleurons équilibrent la composition. Ils reposent sur deux consoles prismatiques qui accueillent aussi l’archivolte de l’arc en accolade. Le claveau central de l’arc déprimé est décoré d’un cœur tenu par deux personnages. Le tout est surmonté d’un décor aujourd’hui très abîmé 69 .

Au même moment est bouchée la porte primitive située à l’ouest. On assiste alors à un changement de circulation dans le bourg de Saramon. Les paroissiens ne se rendent plus à l’église en sortant de l’enceinte fortifiée, mais directement par le côté du Castet. On peut alors se demander si la construction de ce portail très ouvragé ne vient pas entériner une situation antérieure. En effet, il n’est pas impossible que, pendant la guerre de Cent Ans, les paroissiens aient ouvert une porte à cet emplacement et obturé celle du massif occidental afin d’accéder directement à l’église par l’intérieur du bourg. La construction de ce portail plus monumental serait alors intervenue au lendemain de la guerre, une fois le calme revenu.

Portail d’entrée de l’église de Saramon, vue depuis l’est. Cliché : Anaïs Comet, février 2012.

L’église a subi de nombreuses transformations au cours du XIX e siècle suite à l’effondrement d’une partie de la voûte en 1853. À cette occasion, plusieurs projets virent le jour, il fut même question de raser la totalité de l’édifice et d’en construire un nouveau. Finalement, entre 1871 et 1878, le clocher-porche occidental est bâti, et la nef est reconstruite et agrémentée de chapelles latérales 70 . C’est aussi à cette période que la tour Saint-Victor est pourvue de créneaux et mâchicoulis.

69 BALAGNA, Christophe, L’architecture gothique…, op. cit. , 2000, vol. 6, p. 782. 70 MESPLÉ, Paul, « L'ancienne église abbatiale de Saramon », BSAG , Auch, t. 69, 1968, p.10.

39 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Plans de l’église de Saramon avant et après les transformations du XIXe siècle. Source : MESPLÉ, Paul, « L'ancienne église abbatiale de Saramon », BSAG , Auch, 1968, t. 69, p.9.

La chapelle Saint-Roch située en marge de l’actuelle agglomération de Saramon porte la date « 1422. » Cependant, cet édifice semble avoir été remanié et ne présente plus de caractère véritablement médiéval.

Chapelle Saint-Roch, élévation orientale. Cliché : Anaïs Comet, février 2012.

b. La tour Saint-Victor 71

La tour Saint-Victor est attenante au chevet de l’église. Elle a été bâtie en même temps que cette dernière, très certainement au XII e siècle 72 . Elle a par la suite été remaniée à plusieurs reprises. Seul le rez-de-chaussée de la tour remonte à l’époque romane. Il est bâti en petit appareil identique à l’abside de l’église. L’enduit et la présence de gouttières au niveau de la jonction entre les murs de la tour et ceux de l’abside ne permettent pas d’affirmer avec certitude que les deux édifices sont liés. Cependant, cette hypothèse est très probable. Une

71 Voir la notice IA32100022. 72 Voir note 20 p.6.

40 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. petite fenêtre romane est conservée sur l’élévation orientale de la tour. Il n’y avait à l’origine aucun accès à la tour depuis l’extérieur de l’église. Le premier étage de la tour a été bâti à l’époque gothique 73 , probablement au XIV e ou XV e siècle. Il est construit en brique. Il ne comporte qu’une fine ouverture sur l’élévation orientale. Cette ouverture très étroite pourrait s’apparenter à une meurtrière. Il faudrait pouvoir vérifier cette hypothèse en accédant à l’intérieur de la tour. Quoi qu’il en soit cette surélévation pouvait faire office de tour de guet. Elle s’inscrit dans une volonté de mise en fortification, active ou passive, de l’église, probablement au cours de la guerre de Cent Ans. Les transformations les plus importantes eurent lieu encore une fois au XIX e siècle. Une porte à linteau droit est alors percée au rez-de-chaussée de l’élévation nord, très certainement pour contrebalancer le fait qu’à la même période la porte initiale, qui permettait un accès depuis le chœur de l’église, est bouchée. C’est aussi au XIX e siècle que la tour est surélevée d’un étage supplémentaire destiné à accueillir les cloches avant la construction du clocher-porche occidental. Le sommet de la tour est alors paré de créneaux et mâchicoulis. Trois vastes baies sont percées au dernier étage sur les élévations nord, est et sud. La structure est consolidée par deux contreforts d’angle. La fonction de cette tour reste énigmatique. Il semble que l’accès à la partie inférieure se faisait par le chœur de l’église. Le rez-de-chaussée de la tour a alors pu servir de chapelle ou de sanctuaire complémentaire en arrière du chœur comme la chapelle de la Vierge à la cathédrale Sainte-Marie de 74 . Cette pièce servait au XIX e siècle de sacristie. La surélévation de la fin du Moyen Âge semble quant à elle avoir une fonction plutôt défensive si l’on en croit la meurtrière située au premier étage. Enfin, la surélévation du XIXe siècle, au-delà de sa valeur symbolique, avait pour objectif de transformer la tour en clocher. Actuellement, il n’existe plus d’accès à la tour. Le toit de cette dernière est effondré. Elle risque donc de se dégrader rapidement.

Tour Saint-Victor, élévation orientale, vue Tour Saint-Victor, élévation orientale, détail de la baie et d’ensemble depuis l’est. de la construction romanes. Cliché : Anaïs Comet, février 2012. Cliché : Anaïs Comet, juillet 2011.

73 Datation large édictée par Paul Mesplé et reprise par Nicolas Guinaudeau : MESPLÉ, Paul, « L'ancienne église … », BSAG , op. cit., 1968, p.16 ; GUINAUDEAU, Nicolas, Fortifications seigneuriales…, op. cit., 2012, volume III- 4 corpus, site n°249. 74 MESPLÉ, Paul, « L'ancienne église … », BSAG , op. cit., 1968, p.15.

41 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

c. Les maisons de la limite XV e – XVI e siècles 75

Les six maisons de la limite XV e-XVI e siècles repérées à Saramon sont des maisons à couverts. Elles ne possèdent plus parfois qu’un poteau de bois sculpté remontant à cette période. D’autres sont mieux conservées même si toutes ont été remaniées au XVIII e siècle et parfois aussi aux XIX e et XX e siècles. Ces maisons sont toutes situées dans le bourg de Saramon, le long de la Grande rue et sur les côtés ouest et nord de la Place 76 . Elles s’élèvent sur un seul étage carré. Elles sont à mur-gouttereau sur rue. Les toitures sont couvertes de tuiles creuses. Toutes ces maisons reposent sur des poteaux de bois sculptés 77 . Le niveau au-dessus du couvert est sans doute le plus souvent en pan-de-bois, mais l’enduit couvrant ne permet pas de déterminer avec certitude le matériau employé pour le hourdis 78 . La maison la mieux conservée est celle qui abrite actuellement l’office de tourisme (parcelle AM 95) 79 . La façade est inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. Cette maison présente plusieurs éléments de style « 1500 » comme par exemple la fenêtre à meneaux du premier étage de l’élévation orientale ou encore les accolades sculptées sur la sablière de chambrée et les sculptures des poteaux de bois. Les fenêtres de l’étage sur l’élévation sud ont été remaniées au XVIII e siècle et celles du rez-de- chaussée au XIX e siècle. Cette maison se trouve à l’angle de la Grande rue et de la Place. Le premier étage en pan-de-bois est porté par cinq poteaux de bois sculptés. Les sculptures des chapiteaux des poteaux permettent de faire la transition entre un poteau octogonal et un chapiteau cubique. Ces chapiteaux comportent un bandeau en partie basse. Les angles de la partie cubique sont dégagés et portent un petit motif de culot pyramidal. La base de ces poteaux est elle-aussi sculptée. Les angles de la partie cubique de la base sont simplement dégagés permettant à nouveau de passer d'une base cubique à un poteau octogonal. La fenêtre de l'étage de l'élévation orientale est une croisée en bois à un meneau et une traverse. Les jambages et l'appui de fenêtre semblent plaqués sur la fenêtre elle-même qui fait corps avec le pan-de-bois. Les congés des jambages et du meneau sont prismatiques. L'appui de fenêtre est mouluré. Les poteaux de fenêtre sont légèrement saillants et ont été laissés partiellement visibles au-dessous de la fenêtre. Ils sont eux-aussi sculptés.

Maison à couverts (parcelle AM 95), vue depuis le sud-est. Cliché : Anaïs Comet, juillet 2011.

75 Voir la notice IA32100041. 76 Voir annexe 29-12-PL-06 : Les maisons à couverts de Saramon, datation du bâti visible en 2011. 77 Voir annexe 29-12-PL-07 : Les maisons à couverts de Saramon, matériaux des poteaux et piliers. 78 Voir annexe 29-12-PL-08 : Les maisons à couverts de Saramon, matériaux des façades. 79 Voir la notice IA32100042.

42 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Détail de la partie supérieure d’un poteau de la Détail de la partie supérieure d’un poteau de la maison maison de la parcelle AM 96. Cliché : Anaïs Comet, de la parcelle AM 95. Cliché : Anaïs Comet, juillet 2011. juillet 2011. Des poteaux de bois identiques se retrouvent sur quatre autres maisons à couverts de Saramon : parcelles AM 94, 96, 97 et 126. La sixième maison à couvert a été datée de la limite XV e-XVI e siècles du fait de l’importance de la section de la sablière de plancher et des deux petites accolades qui y sont sculptées bien que les ouvertures aient été remaniées. Il convient aussi de signaler une maison à pan-de-bois très légèrement postérieure à cette période puisqu’elle remonte probablement au 2e quart du XVI e siècle (parcelles AM 90 et 504) 80 . Les fenêtres à arc segmentaire du rez-de-chaussée de l’élévation sud ont été remaniées au XVIII e siècle. Cette maison se trouve sur la Grande rue, à l’angle d’une ruelle menant à la rue Neuve. L’enduit couvrant ne permet pas de connaître le matériau de construction du rez-de-chaussée ni celui du hourdis de l’étage en pan-de-bois qui repose sur une pilier d’angle monumental en pierre de taille. La façade sud est percée de fenêtres à meneaux dont les montants en bois sont sculptés et présentent une superposition des différents ordres. Ces fenêtres de style Renaissance sont séparées par de fins pilastres surmontés de petits chapiteaux. Les abouts de solives portant la sablière de chambrée sont sculptés. La sablière de chambrée est elle aussi sculptée d’accolades. La façade de cette maison est inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques.

80 Voir la notice IA32100043.

43 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Maison de style Renaissance (parcelles AM 90 et 504), vue depuis le sud-est. Cliché : Anaïs Comet, juillet 2011.

3. DYNAMIQUES MORPHOLOGIQUES 81

Le bourg de Saramon s’est d’abord organisé auprès de l’abbaye et au nord de celle- ci, avant de s’agrandir vers le nord puis vers l’est. C’est seulement plus tard, après la fin du Moyen Âge, que les abords occidentaux et méridionaux de l’agglomération ont été densément bâtis.

a. Une agglomération juxtaposée à l’abbaye

Comme nous l’avons vu précédemment, il n’est pas possible d’établir avec certitude la date d’établissement du bourg de Saramon. Cependant, il semble que celui-ci se soit structuré au début du XII e siècle. D’après la typologie des bourgs monastiques établie par Nelly Pousthomis 82 , le bourg de Saramon s’est constitué par la juxtaposition d’une agglomération à une abbaye. L’agglomération située au nord de l’abbaye était alors composée d’un village-rue dont la voie, la Grande rue, s’élargissait à hauteur de l’abbatiale pour former une place triangulaire. Sur cette place se trouvait une halle bâtie à une date inconnue et détruite en 1949. Sous la halle et les cornières alentour avait lieu le marché hebdomadaire du mardi. Les bâtiments conventuels se développaient au sud de l’église abbatiale.

b. Un agrandissement de l’agglomération vers le nord

Dans un second temps, l’agglomération s’est agrandie vers le nord-ouest avec l’ouverture de la rue Neuve qui est plus ou moins parallèle à la Grande rue. Le parcellaire des maisons situées entre la rue et l’enceinte, au nord, est particulièrement régulier. Il pourrait témoigner d’un allotissement volontaire de cette zone. La datation de ce premier agrandissement de l’agglomération n’est pas connue. Cependant, l’absence de toute mention d’ancien fossé ou d’ancienne fortification dans le compoix de 1641 plaide en faveur d’une implantation antérieure à la mise en défense du bourg. Ce jalon de chronologie relative ne permet malheureusement pas de dater plus précisément cet agrandissement. Il a du s’opérer à un moment indéterminé entre le XII e siècle et la fin du Moyen Âge.

81 Voir annexe 29-12-PL-09 : L’évolution du bourg de Saramon au cours du Moyen Âge. 82 POUSTHOMIS-DALLE Nelly, À l'ombre du moustier…, op. cit., 2002, p.131.

44 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. c. Un agrandissement de l’agglomération vers l’est

L’agrandissement de l’agglomération à l’est de l’abbaye se présente sous la forme de trois rangs de maisons disposées en U et encadrant un îlot rectangulaire démoli vers le milieu du XX e siècle. Ce quartier est appelé le Castet , et parfois le château, dans le compoix de 1641. Ce toponyme a perduré jusqu’à nos jours. Si l’on en croit Dom Brugèles, Saramon se serait développé de la manière suivante :

Cette ville fut bâtie et peuplée peu après le commencement du douzième siècle, tout auprès et au septantrion du monastère. Quelques siècles après, elle fut agrandie sur le local que l’abbé et chapitre de Saramon donnèrent à l’orient du monastère 83 .

Il n’est pas possible de dater l’agrandissement dont il est fait mention ici, ni de savoir si celui-ci ne renvoie pas plutôt à l’aliénation de « quelques restes du château » par l’abbé de Saramon qui a lieu en 1576 84 . Cependant, le parcellaire assez régulier, et présentant un module très proche de celui des abords de la rue Neuve, laisserait penser que le lotissement de ce quartier pourrait avoir eu lieu peu de temps après celui de la rue Neuve. Là encore, ce jalon de chronologie relative ne permet pas de dater avec certitude l’agrandissement du bourg vers l’est. Le toponyme « le château », la présence de fossés sur trois côtés du quartier (au nord, à l’est et au sud) et l’absence de portes d’après le compoix de 1641 font de cette zone du bourg un point particulièrement défensif. Il ne serait donc peut-être pas incohérent de mettre en relation sa fortification avec la mise en défense de la tour Saint-Victor à la fin du Moyen Âge. Il serait aussi tentant de faire de ce quartier un fort villageois 85 . Cette hypothèse peut être alimentée par le fait que le Castet est séparé du bourg à proprement parler par un fossé, au nord. Il s’agit donc d’un élément qui a sa propre fortification et peut fonctionner indépendamment du reste de la protection collective. Cependant, cette hypothèse n’a pas pu être vérifiée avec certitude. Dans le compoix de 1641, seuls seize propriétaires de maisons au Castet sur trente-six possèdent une autre maison ailleurs dans le terroir de Saramon.

d. Les abords de l’agglomération

Comme évoqué précédemment, les abords de la place du foirail semblent avoir été lotis avant le milieu du XVII e siècle. Il n’est cependant pas possible de proposer une datation plus précise. Cependant, l’emploi du toponyme le padouen pour désigner ce secteur dans le compoix de 1641 laisse imaginer que ce quartier est bâti depuis peu de temps. Le bâti y est alors probablement peu dense comme en témoignent les nombreuses mentions de bordes et non pas de maisons. Le bâti s’y est ensuite progressivement densifié puisqu’en 1825, sur le plan cadastral dit napoléonien, trois rangées de maisons mitoyennes bordent la place du foirail. Le développement des faubourgs le long des boulevards occidentaux et septentrionaux du bourg est intervenu au cours du XIX e siècle. En effet, en 1825 seuls quelques bâtiments figurent le long de ces boulevards. Aujourd’hui, il s’agit d’alignements presque ininterrompus de maisons.

83 BRUGELES, dom Louis-Clément de, Chroniques… , op. cit. , p.394. 84 MONLEZUN, Jean-Justin., Histoire de la Gascogne des temps les plus reculés jusqu'à nos jours , Auch, 1846, t.VII, suppléments, p.614. 85 Définition : « fort villageois ou réduit collectif : toute fortification collective de faible superficie, d’abord destinée à être utilisée temporairement en cas de danger par les habitants, et créée ou remise en défense durant la période de la guerre de Cent Ans ou de l’après guerre de Cent Ans. » BAUDREU Dominique et LOPPE Frédéric, « Types de forts villageois dans le bassin moyen de l’Aude durant la guerre de Cent ans », Archéologie du Midi médiéval , tome 22, 2004, p. 103-140.

45 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. SOURCES

*AD Gers : - C 574 : Requêtes et procès-verbaux concernant les alignements et l'état des rues et chemins dans la ville de Saramon, 1747-1770. - DAR Saramon 12 : Dossier archéologique Polge, XX e siècle. - E suppl. 350 : Compoix de Saramon, 1641. - I 3228 : Notes pour servir à l'histoire religieuse de Saramon, s.d. - 3 P Saramon/5 : plan cadastral dit napoléonien, 1825.

*Sources publiées et ouvrages anciens : - BOURGEAT, Abbé Charles, « Trois pouillés inédits de l'ancien diocèse d'Auch (XVI e, XVII e, XVIII e siècles) », BSAG , Auch, t.64, 1963, p.78-101. - BRUGÈLES, Dom Louis-Clément de, Chroniques ecclésiastiques du diocèse d'Auch suivies de celles de comtes du même diocèse , Jean-François Robert, Toulouse, 1746. - CARSALADE DU PONT, Jean de, « Les places fortes de la Gascogne en 1626- 1627 », Revue de Gascogne , 1899, t.40, p. 461. - CÉNAC-MONCAUT, Justin, Voyage archéologique et historique dans les anciens comtés d'Astarac et de Pardiac , Didron / Impr. du messager, Paris / Mirande, 1856. - MONLEZUN, Jean-Justin., Histoire de la Gascogne des temps les plus reculés jusqu'à nos jours , Auch, 1846, t.III p.48, t.VI, p.194-195 et t.VI, p.614.

BIBLIOGRAPHIE

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46 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. - Histoire de Saramon et de son canton , Foyer rural de Saramon, Saramon, 1996. - LAVERGNE, Adrien et MASTRON, M., « Liste des chartes de coutumes du Gers », BSAG , SAHG, Auch, t. 10, 1909, p.333-334. - LOUBÈS, abbé Gilbert, « La fondation. Le Moyen Âge », dans Histoire de Saramon et de son canton , Foyer rural de Saramon, Saramon, 1996, p.30-39. - MESPLÉ, Paul, « L'ancienne église abbatiale de Saramon », BSAG , Auch, t. 69, 1968, p.7-21. - POUSTHOMIS-DALLE Nelly, À l'ombre du moustier, morphogenèse des bourgs monastiques en Midi Toulousain , Habilitation à diriger des recherches préparée sous la direction de Michèle Pradalier-Schlumberger et Benoît Cursente, UTM, 4 vol., 2002.

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Direction Générale des Patrimoines

Inventaire thématique du patrimoine bâti : Les transformations des agglomérations en Gascogne gersoise à la fin du Moyen-Âge

LE VILLAGE DE BEZOLLES

Bezolles, vue d’ensemble du village depuis le sud

Étude réalisée dans le cadre d’une allocation formation recherche octroyée en 2011 par la Direction Générale des Patrimoines du Ministère de la Culture et de la Communication, et en partenariat avec le Service Connaissance du Patrimoine de la Région Midi-Pyrénées

Anaïs Comet, Février 2012

57 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. SOMMAIRE

Introduction

1. Historique a. Bezolles au XIV e siècle b. Bezolles entre les XIV e et XVI e siècles c. Bezolles en 1565

2. Inventaire du patrimoine bâti a. Le mur d’enceinte b. La tour c. La porte d. Les maisons

3. Dynamiques morphologiques a. La mise en place du castelnau au début du XIV e siècle b. Les évolutions entre le début du XIV e et le milieu du XVI e siècle c. Les transformations postérieures au milieu du XVI e siècle

Bibliographie et sources

Annexes : - 30-03-PL-01 : Localisation des différents éléments du castelnau. - 30-03-PL-02 : Eléments de fortification repérés. - 30-03-PL-03 : Agencement général du castelnau d’après le terrier de 1565

58 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. La commune de Bezolles est située à l’ouest du canton de Valence-sur-Baïse. Le village se trouve au centre de la commune, au sommet de l'une des nombreuses collines surplombant les diverses vallées alentour. Les coteaux environnants sont généralement boisés et les terres argilo-calcaires. Le principal matériau de construction est la pierre calcaire. Cette étude concerne essentiellement la partie la plus ancienne de l’agglomération, à savoir la partie orientale du village, entre l’actuelle mairie et l’église.

1. HISTORIQUE

L’histoire de Bezolles est très mal connue avant le XIV e siècle. D’après la Carte archéologique de la Gaule , deux sites à tegulae et une villa ont été repérés sur le territoire communal.

a. Bezolles au XIV e siècle

Le territoire de l'actuelle commune de Bezolles dépendait au Moyen Âge du comté de Fezensac. La seigneurie appartenait alors à la famille éponyme. Le premier seigneur de Bezolles est mentionné en 1273 86 . En 1317, Assyn de Bezolles, conjointement avec son père Bernard de Bezolles, octroie des coutumes aux habitants du village. Le texte de ces coutumes est inconnu, mais la date nous est parvenue notamment grâce à un mémoire rédigé en 1774 par l'abbé de Vergès à partir des archives originales conservées au château de Bezolles 87 . Cet octroi de coutumes intervient à peu près au même moment que la construction du château. D’après les Rôles Gascons cités par l’abbé Broconat 88 , Bernard II de Bezolles aurait été autorisé par le roi d’Angleterre à construire dans sa terre « domum fortem » vers 1314-1315. Le comté de Fezensac faisait en effet alors partie des possessions anglaises. Il s'agit là très certainement du château qui se trouvait dans le village de Bezolles. En effet, lorsque Jean I er de Bezolles rend hommage au comte d'Armagnac en 1423 89 , il ne mentionne qu'un seul château, « hospicio forti », celui de Bezolles. Ce château était situé entre le village à proprement parler et l’église sur un espace surélevé 90 .

Emplacement du château aujourd’hui disparu, vue depuis l’est. Cliché : Anaïs Comet, mai 2011.

86 AD Gers, I suppl. 78 : Extrait de certains actes de la maison de Bezolles. 87 Ibidem . 88 BROCONAT, Abbé, “La seigneurie et les seigneurs de Bezolles”, BSAG , Auch, 1921, p.111-121. 89 AD Gers, I suppl. 78 : Extrait de certains actes de la maison de Bezolles. 90 Voir annexe 30-03-PL-01 : Localisation des différents éléments du castelnau en 1812 et 2010.

59 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. La localisation précise du château a été rendue possible par le dépouillement du terrier de 1565 et par l’étude de la topographie du site. Cette localisation a été confirmée par un plan schématique du village dressé probablement au XIX e siècle et conservé dans le dossier archéologique des Archives départementales 91 . Ce plan est faux quant à la topographie du village, nous y reviendrons, mais juste quant à la localisation du château par rapport au village et à l’église.

Plan schématique du village de Bezolles. Source : AD Gers, DAR Valence 3. Cliché : Anaïs Comet, janvier 2012.

La documentation écrite lacunaire et l'absence de bâti civil médiéval en élévation ne permettent pas d'établir si le castelnau a été implanté au début du XIV e siècle près du nouveau château seigneurial ou si un habitat préexistant a été transformé à cette période. Quoi qu'il en soit, la construction de l'enceinte villageoise et de la porte est soit contemporaine, soit de peu antérieure, à l'édification du château et de l'octroi de coutumes aux habitants. Ces éléments remontent donc très probablement au début du XIV e siècle.

b. Bezolles entre les XIV e et XVI e siècles

Pour l’étude de Bezolles entre le début du XIV e siècle et le début du XVI e siècle, la documentation écrite fait défaut, il faut attendre le début du XVI e siècle pour trouver à nouveau des informations sur ce village. Un acte notarié de 1513 mentionne ainsi l’édification d’une chapelle dans l’église de Bezolles 92 . Cet acte ne concerne pas directement le village ou la communauté, il n’a donc pas été exploité dans cette étude.

Eglise Notre-Dame, vue d’ensemble depuis le sud-ouest. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

91 AD Gers, DAR Valence 3, Dossier archéologique Polge, XX e siècle. 92 AD Lot-et-Garonne, 45 J 3 : Copie de 1884 d’un acte du 16 octobre 1513, l’original étant alors conservé par M. Paul d’Ayrenx négociant de Condom. Publié par l’Abbé M. D’Ayrenx en 1923 : AYRENX, Abbé d’, « Fondation d’une chapelle dans l’église Notre-Dame de Bezolles (16 octobre 1513) », BSAG , Auch, 1923, p. 93-96.

60 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. c. Bezolles en 1565

Le terrier de 1565 est un document primordial pour connaître le village de Bezolles au milieu du XVI e siècle 93 . Ce registre, déposé aux Archives départementales du Gers, est incomplet si l’on en croit la numérotation qui ne se suit pas complètement et ne débute pas au premier folio. Dans ce document deux rues apparaissent : la rue droite et la rue de derrière. La rue droite peut être identifiée comme la rue allant de la porte au château. La rue de derrière était parallèle à celle-ci vers le nord. Elle n’existe plus actuellement. Le document ne permet pas de définir comment se faisait la circulation entre ces deux rues. Certaines maisons confrontent à la fois la rue droite et la rue de derrière. D’autres sont entre la rue droite et la muraille du lieu, et d’autres encore entre le rue de derrière et la muraille. Parmi les biens déclarés dans le lieu de Bezolles se trouvent des maisons et des pièces de maisons. Les « pièces de maison » sont généralement de dimensions plus réduites que les maisons. Certains de ces édifices, généralement les maisons mais pas seulement, sont précisés être bâtis. Il n’est pas possible de définir à quoi cette précision renvoie. Il s’agit peut-être d’une différenciation entre les édifices en pierre et ceux en pan-de- bois mais ce n’est qu’une hypothèse. Il y avait à cette date dans le lieu de Bezolles au moins une cinquantaine de maisons si on ajoute à celles déclarées dans la partie du terrier conservée celles qui n’apparaissent qu’en confronts. Compte-tenu des pages manquantes dans le document, il devait y en avoir plus. Ces maisons sont réparties de manière plus ou moins équitable entre les trois espaces délimités par l’enceinte et les deux rues. Les murailles de la ville et la tour apparaissent en confronts de nombreuses maisons. Ni la porte ni le château ne sont mentionnés. Le village semble être bien dissocié du château. Seule une maison située à la rue droite confronte de deux côtés les « barats du château 94 », les fossés du château. Le mur d’enceinte est indépendant du mur arrière des maisons qui viennent s’appuyer contre lui. Ce n’est pas chacun des murs arrières de maison qui en se juxtaposant forment l’enceinte, mais bien l’enceinte bâtie en premier lieu qui sert de mur arrière aux maisons. Cela se vérifie sur le terrain par la continuité de la construction au niveau du mur d’enceinte. Environ les deux tiers des maisons recensées dans le terrier de 1565 sont situées dans le terroir de Bezolles, à l’extérieur du village. Beaucoup sont isolées, mais la plupart sont regroupées en hameaux de deux à six maisons. Les plus importants d’entre eux sont Milhot (6 maisons), Cathau, Coulom, La Roze (5 maisons), Borde de Castet, Chandossat, Chrestians et le Padouen (4 maisons). On voit ici que le quartier du Padouen qui fait aujourd’hui figure de faubourg du village, vers l’ouest, avec plus de maisons que dans le village lui-même, était alors en cours de formation. Toutes les parcelles sises à l’intérieur des murs de Bezolles sont alors bâties sauf une place vide qui est mentionnée à deux reprises en confronts.

93 AD Gers, E suppl. 3196, Terrier, 1565. 94 Ibidem , fol. 315 v.

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Extrait du terrier de 1565. Source : AD Gers, E suppl. 3196, fol. 354 v. Cliché : Anaïs Comet, février 2012. Transcription : Jehan de Bonnefon / tient une maison bastie dans le / lieu de Bezolles faisant le fief de quatre / deniers au seigneur de Bezolles confronte / par le devant avec la rue droite et avec / la tour dudit lieu et par le derrier et coste / avec les murailhes dudit lieu et par / l’aultre coste avec la maison de / Bertrand de contenant une place pour / le roy une livre.

2. INVENTAIRE DU PATRIMOINE BÂTI 95

L’essentiel du patrimoine bâti du village de Bezolles consiste en sa fortification d'agglomération 96 . Celle-ci est aujourd’hui constituée par des vestiges d’une enceinte, une tour et une porte de ville. Comme nous allons le voir, cet ensemble a très probablement été bâti en même temps que le château, au début du XIV e siècle. L’agglomération fortifiée et le château semble avoir été séparés par un espace laissé vide formant ainsi une lice. Il ne subsiste plus rien du château.

a. Le mur d’enceinte

Le mur d’enceinte de l’agglomération n’est visible que sur deux pans de murs au sud du village et un autre à l’ouest. Les parties septentrionale et orientale de l’enceinte ont disparu antérieurement au début du XIX e siècle. En effet, elles ne figurent déjà plus sur le plan cadastral dit napoléonien de 1812 97 . Il est cependant possible de suivre, sur ce plan, le tracé de la fortification villageoise sur l’ensemble de son pourtour. Le premier pan de mur conservé est situé sur le front sud de l’enceinte. Il est chaîné à la tour dans l’angle nord de l’élévation orientale de cette dernière. Il est conservé sur une quinzaine de mètres de long, jusqu’à l’angle sud-est de l’enceinte, et sur un à six mètres de hauteur. Un escalier a été aménagé sur l’arase de ce mur pour permettre un accès à la porte du premier étage de la tour. Dans la partie orientale de ce mur, il est possible d’observer le mode de construction employé. Il s’agit d’une maçonnerie fourrée comprise entre deux parements en moellons équarris et calibrés de pierre calcaire.

95 Voir les notices IA32100035 et IA32100036. 96 Voir annexe 30-03-PL-02 : Eléments de fortification repérés. 97 AD Gers, 3 P Bezolles/3, plan cadastral dit napoléonien, 1812.

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Vue d’ensemble de la tour et d’un pan de mur de l’enceinte depuis le sud-est. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

Le deuxième pan de mur est lui aussi sur le front sud de l’enceinte, mais un peu plus à l’ouest. Il est conservé comme élévation sud d’une maison plus récente qui s’appuie sur lui du côté nord (parcelle AC 45 du plan cadastral de 2010). Il est visible sur environ quatre mètres de haut. La partie supérieure du mur a été reprise. Un jour simple actuellement bouché est visible à environ trois mètres du sol.

Maison conservant une partie de l’enceinte sur son élévation sud. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

Le dernier pan de mur visible se trouve sur le front occidental de l’enceinte, dans le prolongement de la porte et au sud de celle-ci. Il n’est possible de l’observer que sur environ 1 m² à cause des deux bâtiments communaux qui viennent s’appuyer contre lui. Il présente les mêmes caractéristiques constructives que précédemment.

b. La tour

Une tour de l’enceinte est conservée sur le front sud de l’agglomération (parcelle AC 50 du plan cadastral de 2010). Cette tour est en saillie par rapport au mur d’enceinte. Elle est de plan carré d’environ 6 mètres de côtés en extérieur et est conservée sur à peu près 14 mètres de haut. Sur l'élévation nord, du côté intérieur de l'enceinte, s'ouvre une porte en arc brisé permettant d'accéder au rez-de-chaussée de la tour. Une autre porte est conservée au premier étage, sur l'élévation orientale, dans l'axe du mur d'enceinte. Cette porte est couverte d'un arc en plein-cintre et s'ouvre en biais dans l'épaisseur du mur de la tour. Une

63 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. autre porte, identique à la précédente, s'ouvre dans l'élévation occidentale. Ces deux portes donnaient probablement accès à un chemin de ronde aujourd'hui disparu.

Porte du rez-de-chaussée de la Porte du 1 er étage de la tour, Porte du 1 er étage de la tour, élévation tour, élévation nord. élévation orientale. occidentale. Cliché : Anaïs Comet, août 2011. Cliché : Anaïs Comet, août 2011. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

Une archère à croix pattée est visible sur l'élévation sud, au premier étage. Le type d’appareil utilisé pour la construction de la tour est identique à celui de l’enceinte. Les deux éléments sont liés, ils semblent avoir été bâtis en même temps. Il s’agit d’une construction en moyen appareil calcaire. Les moellons équarris sont calibrés. Les joints sont relativement fins. La pierre est particulièrement abîmée sur les élévations ouest et nord de la tour qui subissent les assauts du mauvais temps. À environ un mètre sous l'actuel niveau de toiture court une corniche peu saillante. L'intérieur de la tour n'a pas été étudié.

c. La porte

Une porte de ville est conservée à l’extrémité occidentale de l’unique rue du village. La porte est couverte d'un arc brisé. Malgré l’enduit qui recouvre le mur tout autour de la porte, il semble que cette dernière soit en place. Le couloir est actuellement voûté d’un berceau brisé, mais la voûte n’est peut-être pas d'origine. En effet, une série de trous de part et d’autre du couloir à la naissance de la voûte, et l’utilisation d’une pierre un peu différente pour le voûtement, laissent penser que le couloir était à l’origine couvert d’un plancher. Aucun passage de herse n'est visible, la porte devait être fermée par de simples vantaux. Aucun dispositif de défense ni aucune ouverture n'est visible à l'étage. Il faut cependant signaler que la lecture de l’édifice est rendue difficile par la présence d’un enduit couvrant la tour-porte sur ses deux élévations visibles, ouest et est.

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Vue d’ensemble de la porte depuis l’ouest. Vue d’ensemble de la porte depuis l’est. Cliché : Anaïs Comet, août 2011. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

d. Les maisons

Les maisons de Bezolles sont pour la plupart bâties en moellons de calcaire et leurs toits sont couverts de tuiles creuses. Elles comportent toutes un étage carré et quelquefois un comble à surcroît. Une tête de mur en léger encorbellement sur l’une des maisons de la rue signale l’existence passée d’une élévation à pan-de-bois à l’étage. Toutes les maisons ont été remaniées à plusieurs reprises au fil des siècles et notamment au XIX e siècle. Aucun élément attribuable avec certitude à l’époque médiévale n’a été repéré.

Vue d’ensemble de la rue depuis l’est. Détail de la tête de mur, vue depuis le nord-ouest. Cliché : Anaïs Comet, août 2011. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

65 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. 3. DYNAMIQUES MORPHOLOGIQUES

Il ne semble pas qu’il y ait eu d’habitat aggloméré sur le territoire communal de Bezolles avant la fondation du castelnau au début du XIV e siècle.

a. La mise en place du castelnau au début du XIV e siècle 98

Comme nous l’avons déjà évoqué, il est difficile de connaître les modalités d’implantation du castelnau au début du XIV e siècle. Il semble, d’après l’étude du terrier de 1565 et du plan cadastral dit napoléonien de 1812, que ce castelnau soit une véritable fondation. Le plan général est en effet bien quadrangulaire et traversé par deux rues implantées à intervalles réguliers dans le village selon un axe est-ouest parallèle à l’éperon sur lequel il se trouve. De la même manière, la moitié des maisons figurant dans le terrier de 1565 contiennent une place. Les autres contiennent, sauf rares exceptions, moins d’une place. Dans ce second cas elles sont regroupées par propriétaires portant le même nom ce qui suggère des divisions des bâtiments au sein d’une même famille. Ces éléments laissent penser, mais il faudrait pouvoir le vérifier avec d’autres documents, que le castelnau a été alloti de parcelles de mêmes dimensions lors de sa fondation. Cette hypothèse est confortée par les vestiges visibles du mur d’enceinte qui présentent le même type d’appareil partout où ils sont visibles et contre lequel s’appuient les maisons. Le mur d’enceinte aurait ainsi été bâti puis les maisons auraient ensuite été construites à l’intérieur de celui-ci en venant s’appuyer contre lui et selon un urbanisme pensé et voulu par le seigneur des lieux.

b. Les évolutions entre le début du XIV e siècle et le milieu du XVI e siècle

Compte tenu de la documentation lacunaire, il n’est pas simple de cerner les évolutions du castelnau entre sa fondation et le milieu du XVI e siècle. Comme évoqué précédemment, seule l’hypothèse du partage de certaines maisons peut être avancée. Le terrier de 1565 permet aussi de discerner le moment de l’implantation du faubourg au lieu-dit le Padouen. En effet, dans ce document n’y figurent que quatre maisons. Les autres parcelles sont principalement constituées de vignes et de jardins. L’intérieur du castelnau étant à cette date entièrement loti, il est possible d’imaginer que la population a alors commencé à coloniser les abords immédiats du village autour de l’espace communal constitué par le padouen du lieu.

c. Les transformations postérieures au milieu du XVI e siècle

Plusieurs terriers et cadastres sont conservés pour étudier les transformations du village aux XVII e et XVIII e siècle 99 . Cependant, comme il ne s’agit pas du sujet traité ici, ils n’ont pas été dépouillés. Il est tout de même possible de préciser qu’entre le milieu du XVI e siècle et le début du XIX e siècle, le village s’est vidé de ses habitants au profit des campagnes environnantes. Les fortifications villageoises ont alors presque totalement disparu tout comme le château dont il ne reste quasiment aucun élément visible en élévation. Aujourd’hui encore, même si le village s’est beaucoup développé vers l’ouest autour de l’ancien padouen, l’habitat de la commune est principalement dispersé.

98 Voir annexe 30-03-PL-03 : Agencement général du castelnau au début du XIV e siècle. 99 AD Gers, E suppl. 3197, Terrier, 1669 ; E suppl. 3198, Terrier, 1670 ; E suppl. 3199, Cadastre, 1755.

66 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. SOURCES

*AD Gers : - DAR Valence 3 : Dossier archéologique Polge, XX e siècle. - E suppl. 2926 : Pièces de procédure, 1666-1781. - E suppl. 3196 : Terrier, 1565. - E suppl. 3197 : Terrier, 1669. - E suppl. 3198 : Terrier, 1670. - E suppl. 3199 : Terrier, 1755. - I 476 : Hommage du sieur de Bezolles au sieur de Pardailhan, 1352. - I suppl. 78 : Extrait de certains actes de la maison de Bezolles, s.d. - 3 P Bezolles/3 : Plan cadastral dit napoléonien, 1812.

*AD Lot-et-Garonne : - 45 J 3 : Copie d’un acte portant autorisation de construire une chapelle dans l’église Sainte-Marie de Bezolles, copie de 1884 d’un acte du 16 octobre 1513.

BIBLIOGRAPHIE

- AYRENX, Abbé d’, « Fondation d’une chapelle dans l’église Notre-Dame de Bezolles (16 octobre 1513) », BSAG , Auch, 1923, p. 93-96. - BROCONAT, Abbé, « La seigneurie et les seigneurs de Bezolles », BSAG , Auch, 1921, p.111-121. - CURSENTE, Benoît, Les castelnaux de la Gascogne médiévale, Gascogne gersoise , CNRS, Bordeaux, 1980, p.123-124. - DUTAUT-BOUE, Jean-Jacques et HERNANDEZ, René, Communes du département du Gers, Tome 2 : l’arrondissement de Condom , SAHG, Auch, 2004, p.435-436. - LAVERGNE, Adrien et MASTRON, M., « Liste des chartes de coutumes du Gers », BSAG , Auch, 1908, p.303.

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Direction Générale des Patrimoines

Inventaire thématique du patrimoine bâti : Les transformations des agglomérations en Gascogne gersoise à la fin du Moyen-Âge

LE BOURG DE SAINT -PUY

Place de la halle, vue d’ensemble depuis le sud-est

Étude réalisée dans le cadre d’une allocation formation recherche octroyée en 2011 par la Direction Générale des Patrimoines du Ministère de la Culture et de la Communication, et en partenariat avec le Service Connaissance du Patrimoine de la Région Midi-Pyrénées

Anaïs Comet, février 2012

71 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. SOMMAIRE

Introduction

1. Historique a. Le siège et la prise de Saint-Puy à la fin du XIII e siècle b. L’alternance « franco-anglaise » du XIII e au XV e siècle c. Les coutumes et privilèges de Saint-Puy d. Le bourg de Saint-Puy à l’Époque moderne

2. Inventaire du patrimoine bâti a. La morphologie générale du bourg b. Les éléments constituants du bourg médiéval aujourd’hui disparus c. L’architecture civile d. L’église

3. Dynamiques morphologiques a. Le pôle ecclésial b. Le castelnau c. La fondation d’un quartier neuf d. Les transformations postérieures à la fin du Moyen Âge

Bibliographie et sources

Annexes :

- 30-15-PL-01 : Le bourg de Saint-Puy en 1813. - 30-15-PL-02 : Le bourg de Saint-Puy en 2010. - 30-15-PL-03 : Saint-Puy, analyse morphologique. - 30-15-PL-04 : L’architecture civile de la fin du Moyen Âge ou du début de l’Époque moderne. - 30-15-PL-05 : L’évolution du bourg de Saint-Puy au cours du Moyen Âge.

72 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Le bourg de Saint-Puy est situé au nord-est du canton de Valence-sur-Baïse, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Condom. Il est implanté en sommet de colline et domine de toutes parts les coteaux environnants. Le château culmine à 200 m d’altitude. L’agglomération s’étend au sud-ouest de ce château, le long de la pente naturelle, jusqu’au quartier de l’église situé à environ 170 m d’altitude. En dehors de ce bourg assez développé, le reste du territoire communal présente un habitat très dispersé 100 . Le bourg doit son nom à cette situation de sommet. Le toponyme Saint-Puy est en effet dérivé de Sempuy, lui-même issu de Summumpodium qui était le nom latin du lieu au Moyen Âge 101 . L’appellation Sempuy est encore utilisée au XVIIIe siècle dans certains documents d’archives parallèlement à Saint-Puy qui ne s’impose réellement qu’au début du XIX e siècle.

1. HISTORIQUE

Le territoire de l’actuelle commune de Saint-Puy était peuplé dès avant l’implantation du bourg. Plusieurs sites archéologiques gallo-romains y ont été repérés 102 . Aucune source écrite antérieure au XIII e siècle n’a été conservée concernant Saint-Puy. En revanche, de nombreux documents subsistent pour la fin du XIII e siècle et le début du XIV e siècle.

a. Le siège et la prise de Saint-Puy à la fin du XIII e siècle

La plupart des auteurs s’étant intéressé à l’histoire de Saint-Puy relatent la prise de ce lieu en 1270 ou 1272 par le comte d’Armagnac 103 . Géraud de est alors le comte de Gaure et donc le seigneur de Saint-Puy. Il rend hommage au roi de France. Le comte d’Armagnac, alors sous la suzeraineté du roi d’Angleterre, tente de faire valoir des droits sur la seigneurie de Saint-Puy et à ce titre demande au comte de Gaure de lui rendre hommage. Celui-ci refuse. Le comte d’Armagnac assiége donc Saint-Puy et incendie la ville. Pour une relation romancée de cet épisode, nous renvoyons notamment aux articles de Noël Cadeot et de René Paquiet 104 . Nous n’avons pas pu consulter de document d’archive relatant précisément cet épisode. Il en est fait mention dans un arrêt du roi daté de 1272 :

castra sua fuere incendio devastata, diruta, depredata, gentes castrorum ipsorum interfecte, arbores fructifere abscise, virgulta, terra et vinee extirpata, dampna estimabat ad valorem decem millia marcharum argenti 105 .

Suite à la destruction de Saint-Puy, Géraud de Cazaubon réclame réparation au comte d’Armagnac et en appelle au roi de France. Philippe le Hardi participe alors

100 Voir annexes 30-15-PL-01 : Le bourg de Saint-Puy en 1813 et 30-15-PL-02 : Le bourg de Saint-Puy en 2010. 101 MONLEZUN, Jean-Justin, Histoire de la Gascogne des temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Auch, 1846, t. 6, p.61, Mention de Summumpodium cité en 1301 dans les coutumes de la ville d’Auch. Voir aussi à ce sujet cette brève notice anonyme : « Faut-il écrire Saint-Puy ou Sempuy ? », Revue de Gascogne , t.26, 1931, p.28. 102 LAPART, Jacques et PETIT, Catherine, Carte archéologique de la Gaule, Le Gers , Académie des Inscriptions et Belles lettres / Ministère de la culture, Paris, 1993, p.314. 103 Voir par exemple : CADEOT, Noël, « , note d'histoire locale - partie II : Géraud de Cazaubon, comte de Gaure », BSAG , 1925, t.26, p.173-187 ; PAQUIET, René, « La bastide de Florence-de-Portaglands », BSAG , 1971, t.72, p.283-296 ; AD Gers, DAR Valence 15 : Dossier archéologique Polge, « Notice historique sur le château de Saint-Puy », dactylographiée, s.d. 104 Ibidem. 105 BEUGNOT, Comte, Les Olim ou registres des arrêts rendus par la cour du roi sous les règnes de Saint-Louis, de Philippe le Hardi, de Philippe le Bel, de Louis le Hutin et de Philippe le Long , Tome 1 : 1254-1273 , Paris, Imprimerie royale, 1839, p.407. Traduction : « son castrum fut incendié, dévasté, détruit, pillé, les gens du castrum eux-mêmes tués, les arbres fruitiers arrachés, les buissons, les terres et les vignes déracinés, le dommage s’estimait à la valeur de dix mille marcs d’argent. »

73 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. activement à la reconstruction du château et du bourg de Saint-Puy et condamne le comte d’Armagnac à lui verser une amende de 15 000 livres tournois :

comes Armegniaci (…) comdempnatus fuit domino Regi, per hujusmodi judicium, in quindecim millibus librarum Turonensium, tam quo emenda sua quam pro damnis 106 .

À la lecture de ces documents, il semble que le château et une grande partie du bourg de Saint-Puy aient été dévastés puis reconstruits à la fin du XIII e siècle. Les archives écrites ne permettent pas de définir si, à cette date, la partie centrale du bourg, entre le quartier de l’église et celui du château, était déjà lotie.

b. L’alternance « franco-anglaise » du XIII e au XV e siècle

Le bourg de Saint-Puy est situé à l’extrémité occidentale du comté de Gaure et donc des possessions appartenant à la mouvance française jusqu’au XIII e siècle. Suite aux destructions évoquées précédemment, il passe aux mains du roi de France qui remet la seigneurie en possession de Géraud de Cazaubon jusqu’en 1281, moment où celui-ci la cède au roi de France 107 . En avril 1287, Jean de la Mothe, châtelain de Saint-Puy pour le compte du roi de France, cède la seigneurie à Édouard I er , roi d’Angleterre, qui nomme comme châtelain Othon de Mongiscard. La cession concerne :

omnium terrarum, possessionum, jurium, meri et mixti imperii, alte et basse jurisdictionis, et decime Beate Marie de Summo Podio, et omnium aliarum rerum que dominus rex predictus habebat, tenebat, et possidebat in castro de Summo Podio et in villa de Florencia 108

En 1305, ordre est donné par Édouard I er de rembourser à Othon de Mongiscard les dépenses faites pour la garde, la fortification et la défense de Saint-Puy :

dilectus noster Otho de Monte Guiscardi nobis supplicavit ut de septigentis libris chipotensium in quius sibi pro expensis ad custodiam, fortificacionem et municionem castri Summi Podii 109 .

Ce texte n’apporte pas d’information sur le bourg lui-même dans la mesure où il n’est sans doute ici question que du château de Saint-Puy et non pas des fortifications villageoises. Plusieurs actes des années 1320 et conservés dans les rôles gascons concernent la seigneurie de Saint-Puy 110 . Il y est question à plusieurs reprises de l’engagement de la garde

106 Ibidem , p.407-408. Traduction : « le comte d’Armagnac (…) fut condamné par le seigneur le roi, par ce jugement à quinze mille livres tournois, tant pour son amende que pour les dommages susdits. » 107 AD Gers, DAR Valence 15 : Dossier archéologique Polge, « Notice historique… », op. cit. , s.d. 108 CUTTINO, George Peddy et TRABUT-CUSSAC, J.-P., Gascon register A (series of 1318-1319) , Oxford University Press, Londres, 1975, volume 1, acte n°8, p.72-73. Traduction : « toutes les terres, possession, droits, (…) et divers pouvoirs, la haute et la basse justice, et les dîmes de Sainte-Marie de Saint-Puy, et toutes les autres choses que le seigneur le roi susdit avait, tenait et possédait dans le castrum de Saint-Puy et dans la ville de Fleurance. » 109 BEMONT, Charles, Rôles gascons, Tome troisième, 1290-1307 , Imprimerie nationale, Paris, 1906, n°4717, p.446. Traduction : « notre fidèle Othon de Montgiscard nous supplia de sept cent livres chipotensium pour lui- même en raison des dépenses relatives à la garde, la fortification et l’armement du castrum de Saint-Puy. » 110 Ces documents ont été numérisés et sont accessibles sur le site Internet : wwww.gasconrolls.org. Nous n’avons pu consulter, pour l’instant, que les courtes analyses des actes suivants : C61/33, membrane 5, acte 263 : août 1320, engagement de la garde du château de Saint-Puy ; C61/33, membrane 14, acte 56, s.d., vérification de l’accord entre les nobles et la communauté au sujet du paiement des taxes ; C61/33, membrane 14, acte 60, s.d., les consuls reconnaissent que le roi d’Angleterre est seigneur du château de Saint-Puy et possède la haute et la basse justice ; C61/33, membrane 15, acte 35, s.d. recherche d’informations sur les droits des consuls de Saint-Puy dans la collecte des péages ; C61/35, membrane 12 d, actes 152 à 156, octobre 1322,

74 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. du château de Saint-Puy. Par un acte du 8 novembre 1319 ou 1320, les consuls de Saint- Puy reconnaissent le roi d’Angleterre comme seigneur du château de Saint-Puy. Il est précisé que ce dernier y possède la haute et la basse justice. Ces actes attestent de la domination anglaise sur Saint-Puy au cours des années 1320. Cependant, celle-ci ne fut certainement pas continue car, en 1324, Charles de Valois confirme les privilèges de Saint- Puy en tant que lieutenant du roi de France. Il semble donc qu’à cette date le bourg de Saint- Puy soit repassé, temporairement, dans la mouvance française. Cela fut de courte durée puisqu’en 1328, c’est le roi d’Angleterre qui engage la garde du château de Saint-Puy et non pas le roi de France. Il semble que le bourg de Saint-Puy soit à nouveau passé dans la mouvance française entre les années 1330 et 1360 111 . Il faisait alors partie des possessions du comte d’Armagnac. En 1360, suite au traité de Brétigny, le comté de Gaure dans son ensemble est cédé au roi d’Angleterre. Cette situation perdure jusqu’à la fin du XIV e siècle. Il passe alors dans la mouvance française, avant deux nouvelles périodes sous domination anglaise en 1438-1444 et 1464-1465. À cette date, la famille d’Albret récupère de nouveau le comté de Gaure et le maintient en territoire français jusqu’au règne d’Henri IV où il est rattaché à la couronne française. Le château de Saint-Puy passe à la famille de Monluc à la fin du XV e siècle. Ce point d’histoire très chronologique est nécessaire pour comprendre le contexte général dans lequel vivaient les habitants de Saint-Puy à la fin du Moyen Âge. Cela permet aussi de cerner pourquoi les coutumes de Saint-Puy ont été à de très nombreuses reprises confirmées et complétées au cours de l’Époque médiévale.

c. Les coutumes et privilèges de Saint-Puy

Les coutumes de Saint-Puy sont connues par diverses copies effectuées au fil des siècles. Une traduction de l’une de ces copies a été publiée par Noël Cadeot dans un article consacré à Fleurance 112 . En effet, les coutumes octroyées à Saint-Puy à la fin du XIII e siècle sont les mêmes que celles accordées à la ville de Fleurance quelques années auparavant. Un document conservé dans le fond Vergès des Archives départementales du Gers contient une copie des coutumes et privilèges du comté de Gaure réalisée probablement dans la seconde moitié du XVII e siècle 113 . Ce document renferme en réalité plusieurs copies imbriquées les unes dans les autres et dont il est difficile de démêler la chronologie. D’autre part, tous les textes cités étant en français, il s’agit d’une traduction des actes originaux. Il faut donc rester prudent et critique à l’égard de ce document. Il apporte cependant des informations précieuses. En effet, si une grande partie de ce qui y figure a été publiée dans les Ordonnances des rois de la troisième race 114 à partir des originaux des archives conservés aux Archives nationales, la fin de ce document ne semble pas avoir été publiée et contient quelques éléments intéressants. À partir de ces différentes sources citées, nous reprenons ici de manière chronologique ce qui nous semble intéressant pour cette étude.

remerciements à Ysarn de Laneplan pour la garde du château de Saint-Puy ; C61/35, membrane 10 d, acte 210, août 1328, engagement de la garde du château de Saint-Puy. 111 AD Gers, DAR Valence 15 : Dossier archéologique Polge, « Notice historique… », op. cit. , s.d. 112 CADEOT, Noël, « Fleurance, note d'histoire locale - partie V : Coutumes et privilèges », BSAG , 1927, p.108- 135. 113 AD Gers, I 1394 : Copie des coutumes du comté de Gaure, s.d. (2 ème moitié XVII e siècle ?). 114 SECOUSSE, M., Ordonnances des roys de France de la troisième race recueillies par ordre chronologique, Quatrième volume contenant différents suppléments pour le règne du roy Jean et les ordonnances de Charles V données pendant les années 1364, 1365 et 1366, Imprimerie royale, Paris, 1734, p.37-40 ; SECOUSSE, M., Ordonnances des roys de France de la troisième race recueillies par ordre chronologique, Huitième volume contenant les ordonnances de Charles VI données depuis le commencement de l’année 1395 jusqu’à la fin de l’année 1403, Imprimerie royale, Paris, 1750, p.81-99.

75 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. Les coutumes et privilèges de la ville de Fleurance ont été accordés à Saint-Puy par Edouard, roi d’Angleterre 115 . Cela est précisé dans la confirmation des privilèges faite par Jean I er , comte d’Armagnac, de Fezensac et de Gaure, en 1339 :

Eddoardus Dei gracia Rex Anglie, Dominus Hibernie et Duc Aquitanie, Bajulo Simpodii : Salutem. Mandamus vobis, firmiter injugentes, quatenus habitatores Simpodii, in causarum et judiciorum ordinacione et decisione, penis seu eciam gagiis, usus et consuetudines bastite nove Florencie observent, servata tamen in omnibus assignacione reddituum, jurunt et deveriorum, per gentes illustris regis Francie nobis facta. Datum apud Condomium, per manum Cancellarii nostri, Venerabilis Patris H. Ruthen et Vellen, episcope, III die mensis madii, anno Regni nostril XVII° 116 .

Ce texte donne quelques indications intéressantes concernant le bourg en lui-même. Il n’est cependant pas certain que ce document reprenne uniquement le document originel des coutumes. Il peut refléter non pas un état de fait de la fin du XIII e siècle mais plutôt une réalité qui est celle du moment de la confirmation de ces privilèges en 1339. Il y est question de places vacantes ce qui pourrait indiquer que l’ensemble de l’agglomération n’est pas loti à cette date :

Item quod plateas et ayralia sint in dicto loco, prout hactenus esse consueverunt, et sub pensionibus consuetis 117 .

L’article suivant indique la tenue d’un marché bimensuel ayant lieu le lundi :

Item mercatum fiet in dicto loco, sungulis quindenis, ad diem lune 118 .

Plus loin un autre article précise la tenue de deux foires annuelles :

Item nundine sint in dicto loco, in terminis consuetis, scilicet, die feste Simonis et Jude et die martis post Pascha 119 .

En 1324, lors de la confirmation des privilèges du comté de Gaure par Charles de Valois, lieutenant du roi de France en Languedoc, il ajoute cinq nouveaux articles. Parmi ceux-ci, le troisième nous intéresse particulièrement. Il y est question des fortifications :

Item ordinaciones et litteras concessas eisdem ville Florentie et aliis locis predictis, per officiales dicti ducis, supra clausura de muris de palis et receptione nemorum, juxta ordinaciones predictas, et modo quo in dictis litteris continetur, absque alio sumptu dicti domini nostri regis, excepta receptione dictorum nemorum, concedimus et etiam confirmamus 120 .

115 Il pourrait s’agir soit d’Edouard I er en 1289, soit d’Edouard II en 1324. Il semble que la première option soit la plus plausible. En effet, en 1324, c’est Charles de Valois, alors lieutenant du roi de France en Languedoc, qui confirme les coutumes du comté de Gaure. 116 SECOUSSE, M., Ordonnances…, Huitième volume …, op. cit., 1750, p.93. Traduction d’après AD Gers, I 1394 : « Oddoard par la grace de Dieu roy d’Angleterre seigneur de (blanc) et duc d’Aquitaine, au bayle du Sainctpuy Salut Nous vous mandons et étroitement enjoignons que les habitans du Sainctpuy en l’ordre et decision des causes et peines et aussi ez gaiges gardent et observent les us et coustumes de la nouvelle bastille de Fleurence l’assignation toutesfois des revenus, droicts et debveoirs a nous faicte par les gens du tres illustre roy de France en tout reserve Donné a Condom par la main de nostre chancelier reverend pere l’evesque de (blanc) le troisiesme jour du moys de may l’an de nostre regne dix septiesme. » 117 Ibidem , p.96. Traduction d’après AD Gers, I 1394 : « Item que les places vacantes et ayrials audict lieu y soit et demeurent comme jusques a prese nt a esté de coustume soubz les pensions accoustumees. » 118 Ibidem , p.96. Traduction d’après AD Gers, I 1394 : « Item le marché se dressera audict lieu par chasque quinzaine ez jour de lundy. » 119 Ibidem , p.98. Traduction d’après AD Gers, I 1394: « Item que les jours de foire soint audict lieu auxtrement accoustumez scavoir au jour et feste des sainc ts Simon et Jude et le mardy apres Pasques. » 120 Ibidem , p.98. Traduction d’après AD Gers, I 1394: « Item octroyons et mesme confirmons les ordonnances et lett res octroyees par les officiers dudict duc a ladicte ville de Fleurence et aultr es lieux susnommezsur la clausture, des murailles, des remparemens, et reception des boys, suyvant lesdictes ordonnances et pour la

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Cet article montre le souci constant des seigneurs éminents de Saint-Puy de maintenir ce site, ainsi que l’ensemble du comté de Gaure, en capacité de se défendre. Nous nous trouvons bien ici dans une zone de contact entre les possessions anglaises et françaises tout au long des derniers siècles du Moyen Âge. Il est à nouveau question des fortifications de Saint-Puy en 1427 lorsque Charles d’Albret, alors comte de Gaure, confirme les privilèges de Saint-Puy et précise quelques points :

Item avons octroyé ausdicts consulz dudict lieu du Sainctpuy et par la teneur des prese ntes leur avons donné et donnons pour la réparati on de l’encloz et forteresse dudict lieu pour le prese nt et a jamais un boys nost re appellé de Figuez assis et appartenances dudict lieu ou lesdicts consulz pourront mettre un forestier ou garde qui soit tenu de garder ledict boys et tous ceulx qui seront trouvez y avoir porté du dommaige et chascun d’eux seront condamnés en six livres tournois d’emende applicables a nous qui seront exigees par nost re bayle dudict lieu du Sainctpuy 121 .

Ce texte apporte aussi quelques indications sur certains édifices du bourg de Saint- Puy. Il y est ainsi question d’une taverne, d’une boucherie, de la maison commune et de la halle publique. Ces édifices sont malheureusement seulement cités sans aucune autre précision. Hormis ce dernier document, la documentation écrite du XV e siècle est lacunaire.

d. Le bourg de Saint-Puy à l’Époque moderne

Les sources concernant le XVI e siècle sont tout aussi lacunaires que pour le siècle précédent. Seul un registre de reconnaissances en faveur du monastère de Prouilhan, à Condom, est conservé 122 . Celui-ci contient des reconnaissances de biens situés à Saint-Puy et à Pouy-Petit. Il date de 1514. Malheureusement, ce document concerne essentiellement des biens ruraux (terres, vignes, prés, bois…) et très peu de bâti. Seules deux bordes y figurent. Concernant le bourg de Saint-Puy, on y trouve mention d’une place vide et d’un jardin près de la « porte de bat ».

La documentation pour les XVII e et XVIII e siècles est beaucoup plus abondante et apporte des informations essentielles pour comprendre l’histoire du bourg de Saint-Puy et de son bâti. Concernant l’architecture civile au XVII e siècle, un registre du notaire Fitte pour les années 1620-1653 livre des données sur plusieurs maisons de la ville 123 . Il est ainsi question en septembre 1622 de l’achat d’une maison à deux étages bâtie en colombage et torchis :

une maison située dans l’enclos de la presente ville et en la rue dicta de la porta nauve (près ?) ladite porte consistant en deulx estaiges sur le bas et autres deux sur le hault bastie de coulavat et tournies couverte de tuille 124 .

Le mois suivant, une maison située près de l’église est échangée. Celle-ci est aussi partiellement bâtie en terre crue, plus précisément en torchis :

commodité dont est faicte mention ezdictes lettr es sans aultr ez frais ny despence de nost redict seigneur le Roy fors et excepté la réception desboys susdicts . » 121 AD Gers, I 1394 : Copie des coutumes du comté de Gaure, s.d. (2 ème moitié XVII e siècle ?). 122 AD Gers, E suppl. 1145 : Reconnaissances de Saint-Puy et Pouy-Petit en faveur du monastère de Prouilhan, 1514. 123 AD Gers, E 1551-7 : Registre du notaire Fitte, 1620-1653. 124 Ibidem , fol. 63 (numérotation moderne). Les termes « coulavat et tournies » peuvent être ici identifiés comme du « colombage et torchis. » Voir notamment la définition de coulanat dans PALAY, Simin, Dictionnaire du béarnais et du gascon modernes (Bassin Aquitain) , CNRS, Paris, 1974.

77 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. maison qu’il a sise dans l’enclos de la presente ville au devant et pres l’eglise communement appelée la maison des heretiers a feu Hugues Tarenque bastie de pierre et torchis couverte de tuile a canal 125 .

Ces deux actes sont intéressants dans la mesure où les maisons actuellement en élévation à Saint-Puy sont construites essentiellement en pierre. Or il ne semble pas que ce soit le cas au milieu de l’Époque moderne. Cela ne permet pas de savoir quels matériaux étaient employés majoritairement au Moyen Âge, mais cela permet de relativiser l’idée selon laquelle la présence de calcaire dans le sous-sol impliquerait nécessairement de construire en pierre. Deux autres actes du même registre nous confirment la présence, au milieu du XVII e siècle, de boutiques et de couverts à Saint-Puy. Le premier concerne une maison à louer :

maison qu’il a dans l’enclos de la presente ville apelle l’ostau de Guilhamet Lary comprins la boutique et sans en comprendre l’estaige de la cave 126 .

Le second est un acte de vente d’une partie d’une maison :

ung petit estaige et hault de maison audict [lieu] appelle lou hault de l’enban de la maison dudict feu Canteac situe dans l’enclos de la presente ville proche l’eglise 127 .

D’autres sources du XVII e siècle sont essentielles pour connaître le système défensif de Saint-Puy qui a aujourd’hui totalement disparu. Ainsi, dans l’enquête menée en 1626- 1627 par Chastenet de Puységur, ce bourg est dit posséder des « murailhes avec tours, guerittes et deffanses 128 . » Dans les registres de délibérations des années 1665-1673, six portes sont mentionnées 129 : la porte Baron, la porte allant au Castel Dessus, le portail à grosses cornes, la porte neuve, la porte du Gaubaing, la porte du Bug. Elles ne sont pas localisées précisément et il semble qu’à cette période elles soient presque toutes ruinées. En 1665, il est décidé de boucher la porte allant au Castel Dessus et d’en ouvrir une nouvelle :

le portal quy va au Castel Dessus sera tout à faict fermé de pierre et que pour l’advantage et comodité de la ville il sera faict une porte à la murailhe de la ville 130 .

Deux de ces portes figurent encore sur les plans terriers du XVIII e siècle 131 . Ces plans comportaient à l’origine plus d’une quarantaine de planches. Seule en subsiste une vingtaine. Les planches comportant la ville ont malheureusement disparu. Il n’en reste qu’une sur laquelle figurent une partie des fortifications et deux portes au bord du plan 132 .

125 Ibidem , fol. 64 v. (numérotation moderne). 126 Ibidem , fol. 110 (numérotation moderne). 127 Ibidem , fol. 981 v. (numérotation moderne). 128 CARSALADE DU PONT, Jean de, « Les places fortes de la Gascogne en 1626-1627 », Revue de Gascogne , t. 40, 1899, p. 469. 129 AD Gers, E suppl. 3089, Registres de délibérations, 1665-1673. Document non consulté, cité dans la « Notice historique sur le château de Saint-Puy » : AD Gers, DAR Valence 15 : Dossier archéologique Polge, « Notice historique… », op. cit. , s.d 130 Ibidem , délibération du 4 mars 1665. 131 AD Gers, E suppl. 3936-1 à 3936-21, Plans terriers, XVIII e siècle. 132 AD Gers, E suppl. 3936-1, Plan terrier n°4, XVIII e siècle.

78 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Extrait du plan terrier de Saint-Puy, XVIII e siècle. Source : AD Gers, E suppl. 3936-1. Cliché : Anaïs Comet, janvier 2012.

Le plan cadastral dit napoléonien permet de situer deux des portes : la porte Baron et la porte neuve 133 . Elles se trouvent respectivement aux extrémités orientale et occidentale de l’actuelle Grande rue, alors appelée rue de la porte Baron à l’est et rue de la porte neuve à l’ouest.

Les documents de la seconde moitié du XVIII e siècle conservés dans la série C des Archives départementales montrent qu’à cette période les fortifications sont abandonnées et peu à peu aliénées par les habitants. Ainsi de nombreuses portions de fossés sont inféodées aux personnes dont les maisons confrontent directement les fossés pour y faire le plus souvent des jardins, mais aussi dans certains cas des terrasses ou d’autres constructions 134 . C’est aussi à ce moment que de nombreuses portes sont percées dans le mur d’enceinte pour ménager des accès directs entre les maisons qui y sont appuyées et l’extérieur du bourg 135 . Certains documents de cette série apportent d’autres informations comme par exemple le remplacement de poteaux de bois par des arceaux en pierre sur une maison à couverts en 1769 ou encore la fermeture d’une ruelle près de l’église en 1784 136 . Tous ces documents d’Époque moderne donnent des indications précieuses sur les modifications effectuées dans le bourg de Saint-Puy entre le Moyen Âge et l’Époque contemporaine au moment même où ces transformations étaient à l’œuvre. Ils permettent de se faire une idée de ce qui a disparu et d’imaginer de manière un peu moins fausse à quoi pouvait ressembler le bourg à la fin du Moyen Âge. Les terriers du XVII e siècle conservés aux Archives départementales auraient pu permettre d’avoir une image encore plus précise

133 AD Gers, 3 P Saint-Puy/10, Plan cadastral dit napoléonien, 1813 ; voir annexe 30-15-PL-01 : Le bourg de Saint-Puy en 1813. 134 AD Gers, C 479, Concession de terrains domaniaux, portions des fossés, 1782-1787 ; C 576, Bureau des finances, voirie, requêtes et procès-verbaux, 1724-1788. 135 AD Gers, C 576, Bureau des finances, voirie, requêtes et procès-verbaux, 1724-1788. 136 Ibidem.

79 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. du bourg de Saint-Puy à cette date 137 . Cependant, ceux-ci n’ont pas pu être consultés du fait de leur mauvais état de conservation.

2. INVENTAIRE DU PATRIMOINE BÂTI

Peu de vestiges monumentaux de la fin du Moyen Âge sont conservés à Saint-Puy. Cependant, la morphologie générale du bourg est très intéressante et permet de percevoir en filigrane quelques éléments essentiels du bourg médiéval aujourd’hui disparu.

a. La morphologie générale du bourg 138

Le bourg de Saint-Puy présente trois unités de plan juxtaposées. Celles-ci résultent de trois phases de développement du bourg comme nous le verrons dans la troisième partie de ce dossier. Ce paragraphe ne constitue qu’une analyse morphologique générale du site, hors de tout cadre chronologique. Au sud-ouest de l’agglomération se développe une sorte de village ecclésial constitué d’un anneau de maisons organisées autour de l’église. Au nord-est du bourg se trouve un castelnau. Celui-ci se développe au sommet de la colline en longueur selon un axe est- ouest, le château étant implanté dans la partie orientale et l’habitat dans la moitié occidentale. La troisième partie de ce bourg fait la liaison entre les deux précédentes. Le plan y est orthogonal et les parcelles très régulières. Au nord comme au sud de l’agglomération, une légère déformation du plan orthogonal permet de faire la jonction avec les deux unités de plan antérieures. Chacune de ces unités de plan s’est organisée autour ou à proximité d’un édifice important qui a joué un rôle polarisant pour l’habitat. Dans le premier cas, il s’agit de l’église. Celle-ci est encore visible aujourd’hui, bien que fortement remaniée. Dans le deuxième cas, il s’agit du château. Il ne reste presque plus rien du château médiéval qui a été reconstruit plusieurs fois au fil du temps et notamment au XVIII e siècle. Dans le dernier cas, la halle semble occuper un point stratégique du quartier neuf. Seule la fortification de l’agglomération agit comme une enveloppe unifiant les trois unités de plan précédemment décrites.

b. Les éléments constituants du bourg médiéval aujourd’hui disparus

- Le château Le château qui est à l’origine de la fondation du bourg castral ne subsiste plus aujourd’hui sous sa forme médiévale. En effet, il a été très fortement remanié au fil du temps et notamment au XVIII e siècle. Les seuls vestiges médiévaux visibles semblent être la partie inférieure de certains murs. Sur l’élévation sud, notamment, certaines assises présentent un parement en moellons équarris de moyen appareil assez caractéristique des maçonneries du XIII e siècle.

137 AD Gers, E suppl. 3934, Terrier, XVII e siècle, non communicable ; E suppl. 3935, Terrier, XVII e siècle, non communicable. 138 Voir annexe 30-15-PL-03 : Saint-Puy, analyse morphologique.

80 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Château, élévation sud, vue d’ensemble depuis le sud-ouest. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

- La halle Comme nous l’avons vu précédemment, une halle est citée dans la confirmation des coutumes de Saint-Puy par Charles d’Albret en 1427. La mention de marchés et de foires dans les textes du siècle précédent n’indique pas explicitement la présence d’une halle à cette date. Cependant, la structure générale du bourg aux abords de l’actuelle halle laisserait supposer une fondation de ce quartier ressemblant aux bastides. Il n’est donc pas impossible qu’une halle ait existé dès la fin du XIII e siècle même si cette information ne peut être vérifiée. Sur le plan cadastral dit napoléonien 139 , la halle n’est pas figurée. À son emplacement figurent trois parcelles accolées qui semblent plutôt être de simples maisons. L’actuelle halle parait avoir été bâtie à la fin du XIX e siècle ou au début du XX e siècle. Sa structure métallique, bien conservée et peu courante pour la région, mériterait une étude approfondie 140 .

Halle, parcelle AM 207, vue d’ensemble depuis le sud-est. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

- La fortification d’agglomération De la fortification du bourg de Saint-Puy il ne reste aucun élément visible en élévation. Les maisons construites sur le pourtour du bourg ont englobé les fortifications et les nombreuses portes et fenêtres pratiquées dans ces murailles les ont fait en partie

139 AD Gers, 3 P Saint-Puy/10, Plan cadastral dit napoléonien, 1813. 140 Des informations sont certainement à glaner à son sujet dans la série O des Archives départementales, celle- ci est en cours de classement, nous n’avons donc pas pu y avoir accès.

81 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. disparaître. Les sources écrites nous apportent quelques informations comme le nombre de portes par exemple. Le système défensif était composé d’une enceinte doublée d’un fossé et de six portes. Il n’est pas aisé de dater précisément la mise en place de la fortification de Saint-Puy. Nous savons, grâce aux sources du XVIII e siècle, que la muraille entourait tout le bourg, pôle ecclésial et castelnau compris. Il semble donc que le système défensif ait été mis en place postérieurement à l’édification du quartier neuf au centre de l’actuel bourg. Cela n’empêche pas qu’il y ait eu une fortification antérieure autour de ces pôles, ou du moins plus logiquement autour du castelnau.

c. L’architecture civile 141

Le bourg de Saint-Puy conserve peu de maisons ayant des éléments architecturaux visibles remontant au Moyen Âge. Quelques têtes de mur maçonnées témoignent de l’existence passée de niveaux en pan-de-bois. Celles-ci semblent anciennes, elles remontent peut-être pour certaines à la fin du Moyen Âge ou au début de l’Époque moderne. Aucune élévation en pan-de-bois n’a pu être étudiée car les rares qui subsistent sont couvertes d’un enduit.

Maison, parcelle AM 249, détail de la tête de mur, Maison, parcelle AM 191, détail de la tête de mur, vue depuis le sud-est. vue depuis le sud-est. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

Une maison à pan-de-bois en encorbellement pourrait elle-aussi dater, au moins en partie, de la fin du Moyen Âge (parcelles AM 208-210). En effet, elle conserve deux niveaux en pan-de-bois portés par des têtes de mur maçonnées. L’encorbellement est assez marqué pour le premier étage. Le second niveau a semble-t-il été réaligné lors de phases de remaniements à l’Époque moderne. L’étude de cette maison est actuellement rendue très difficile du fait d’un enduit couvrant la totalité des élévations. La date portée sur la façade sud-est, 1686, témoigne très probablement d’une phase de modifications et non de construction.

141 Voir annexe 30-15-PL-04 : L’architecture civile de la fin du Moyen Âge ou du début de l’Époque moderne.

82 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Maison, parcelles AM 208-210, vue d’ensemble Maison, parcelles AM 208-210, détail de la date depuis l’est. portée et de la tête de mur, vue depuis l’est. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

Deux vestiges d’ouvertures à arc brisé fortement remaniées ont été repérés sur les maisons des parcelles AM 213 (élévation nord-ouest) et AM 191 (élévation sud-est). Celles- ci pourraient dater de la fin du Moyen Âge ou du début de l’Époque moderne. Elles ne sont pas suffisamment bien conservées pour pouvoir préciser la datation.

Maison, parcelle AM 213, élévation nord-ouest, Maison, parcelle AM 191, élévation sud-est. détail. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

83 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

d. L’église

L’église paroissiale de Saint-Puy est dédiée à la Vierge. Elle se compose d’une nef rectangulaire à six travées et d’une abside à cinq pans coupés légèrement plus large que le vaisseau. Cette église a connu divers remaniements au cours de son histoire et notamment au XIX e siècle. Elle conserve cependant quelques vestiges médiévaux. Les éléments les plus anciens se trouvent sur le mur gouttereau nord de la nef. Christophe Balagna en donne cette analyse dans sa thèse :

Il s'agit d'une arcature double en plein cintre agrémentée de consoles particulièrement abîmées. (...) Sans doute sommes-nous en présence du mur d'origine de la nef, légèrement plus large que la nef actuelle et dont on aperçoit juste au-dessus les restes de la toiture primitive. Quelle était la fonction de cette série d'arcs au tracé encore roman? Il est bien difficile de le dire. En tout cas, il semble bien que la nef primitive de l'église de Saint-Puy était plus basse et plus courte que la nef actuelle, car le fragment de mur situé à l'ouest forme un angle droit, délimitant ainsi l'extrémité ouest de la nef 142 .

Église, élévation nord, détail de l’arcature romane, vue depuis le nord-ouest. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

Plus tard, très certainement au lendemain de la guerre de Cent Ans, l’église de Saint- Puy a connu une reconstruction, comme en témoigne notamment la fenêtre de style gothique flamboyant du chevet. Cette baie est divisée en trois lancettes surmontées d’un remplage aux motifs flamboyants. À l’arrière du chevet se situe la sacristie disposée en triangle selon un plan original 143 . Elle semble avoir été construite en même temps que le chevet de l’église, au lendemain de la guerre de Cent Ans. Le choix d’un tel plan s’explique peut-être simplement par la topographie des lieux aux abords de l’église. En effet, les maisons se développent de part et d’autre de celle-ci, à faible distance, et il n’aurait peut-être pas été possible de bâtir une sacristie sur l’un des côtés de la nef sans gêner la circulation. S’il n’y avait la fenêtre gothique percée dans le pan d’axe du chevet, il serait possible de penser que cette sacristie était à l’origine plus haute. Il pourrait alors s’agir de la base d’une tour servant de clocher ou à vocation peut-être défensive.

142 BALAGNA, Christophe, L'architecture gothique religieuse en Gascogne centrale , Thèse de doctorat sous la direction de Michèle Pradalier-Schlumberger, UTM, 2000, t. 6, p.756-757. 143 L’intérieur de la sacristie n’a pas été visité.

84 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Église, chevet, détail de la fenêtre gothique et de la sacristie, vue depuis l’est. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

3. DYNAMIQUES MORPHOLOGIQUES 144

Le bourg de Saint-Puy présente une morphologie particulière née d’une formation en plusieurs étapes. En l’absence de documentation écrite suffisante, il n’est malheureusement pas possible d’élaborer une chronologie précise de cette morphogenèse. Cependant, il est intéressant de noter que nous avons là affaire aux trois principaux « types » de villages gascons : village ecclésial, castelnau, bastide. Or, Benoît Cursente a bien mis en avant la chronologie de l’implantation de ces villages en Gascogne dans son ouvrage Des maisons et des hommes 145 : les villages ecclésiaux apparaissent essentiellement au XI e siècle, les castelnaux se développent surtout au XIII e siècle, et les bastides connaissent leur apogée à la charnière des XIII e et XIV e siècles. Cette chronologie assez générale peut globalement s’appliquer au bourg de Saint-Puy.

a. Le pôle ecclésial

Cette partie du bourg est nommée dans le terrier de 1687 le Castet-debas 146 . L’archidiaconé de Saint-Puy est mentionné dans plusieurs actes du XIII e siècle du cartulaire blanc de Sainte-Marie d’Auch et du cartulaire de Berdoues. Il est ainsi question, par exemple, en 1245 d’Arnaldus de Petrucia, « archidiaconus Sinpodii 147 » et en 1275 de l’ « archidiaconatus Sui Podii 148 ». L’existence à cette période d’un archidiaconé suppose la présence d’une église et d’une population assez nombreuse en dépendant. En effet, un archidiaconé était une subdivision d’un diocèse, placée sous la responsabilité d’un archidiacre chargé de contrôler les curés des paroisses en dépendant. Cet archidiacre était placé sous l’autorité directe de l’évêque. La date de fondation de l’église de Saint-Puy et du regroupement de population autour de celle-ci n’est pas connue. Si au XIII e siècle cette église est le siège d’un archidiaconé, cela suppose qu’elle est d’implantation plus ancienne. Les rares vestiges de style roman visible sur le mur nord de la nef valident cette hypothèse. Le village a donc pu se

144 Voir annexe 30-15-PL-05 : L’évolution du bourg de Saint-Puy au cours du Moyen Âge. 145 CURSENTE, Benoît, Des maisons et des hommes, La Gascogne médiévale (XI-XV e siècles) , Toulouse, PUM, 1998, p.169-215. 146 AD Gers, E suppl. 3934 ou E suppl. 3935, Terrier, XVII e siècle, non communicable, cité par CURSENTE, Benoît, Les castelnaux de la Gascogne médiévale, Gascogne gersoise, CNRS, Bordeaux, 1980, p.155. 147 CAZAURAN, Jean-Marie, Cartulaire de Berdoues, La Haye, 1905, charte n°371. 148 LACAVE LA PLAGNE BARRIS, C., Cartulaires du chapitre de l’église métropolitaine Sainte-Marie d’Auch, Cartulaire blanc , Paris/Auch, 1899, charte n°II.

85 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. mettre en place autour de cette église au XII e siècle voire même peut-être antérieurement sans qu’il soit possible de le vérifier.

b. Le castelnau

Cette partie du bourg est nommée dans le terrier de 1687 le Castet-dessus 149 . Il est intéressant de noter que dans la plupart des documents du XVIII e siècle, ce quartier est dénommé le « faubourg dit au Castet-dessus 150 ». À cette période, le quartier neuf fondé quelques siècles plus tôt a donc pris le pas sur l’agglomération plus ancienne qui est alors marginalisée. La date d’implantation de ce castelnau n’est pas mieux connue. Benoît Cursente mentionne l’existence d’une forteresse importante bien avant la première mention de Saint- Puy dans les textes au début du XIII e siècle 151 . Le bourg de Saint-Puy a abrité jusqu’au XIII e siècle la résidence principale des comtes de Gaure, il est donc fort probable qu’il s’y trouvait un château important ayant pu polariser l’habitat dès avant le XIII e siècle.

c. La fondation d’un quartier neuf à la fin du XIIIe siècle

Bien que non datée avec certitude, la troisième partie du bourg est nécessairement, du fait de son implantation, postérieure aux deux autres pôles de l’agglomération. La structure très régulière du plan de cette zone, ainsi que la présence d’une place abritant une halle, laissent penser que l’on est là en présence des mêmes problématiques que celles qui conduisirent à la fondation de bastides. Il serait alors tentant de proposer une datation de cette partie de l’agglomération à la limite des XIII e et XIV e siècles, au moment où furent édifiées la plupart des bastides gasconnes. La fondation de ce quartier neuf pourrait avoir eu lieu avant la prise du bourg vers 1272. Celui-ci apparaît en effet dans les sources relatant cet épisode comme un tout et non comme deux pôles distincts, autour de l’église et autour du château. Une autre hypothèse serait de dire que ce quartier neuf aurait été construit suite au sac du bourg, lors de sa reconstruction. Ces deux hypothèses sont plausibles mais aucun document d’archive ne permet de trancher en faveur de l’une ou de l’autre. Il semble cependant, bien que là aussi les documents manquent, que ce quartier soit construit avant l’octroi de coutumes. En effet, dans les différents textes des coutumes il n’est toujours question que de Saint-Puy comme entité unique et non comme un lieu multipolaire. La mise en fortification de l’agglomération, ou la remise en fortification pour une partie de celle-ci, a très certainement eu lieu quelques années seulement après la fondation de ce quartier neuf, soit sans doute à l’extrême fin du XIII e siècle.

d. Les transformations postérieures

Comme nous venons de le montrer, il semble que le bourg de Saint-Puy se soit formé en trois étapes successives entre le début du XII e et la fin du XIII e siècle. Les transformations de l’agglomération postérieures à cette date résident moins dans des évolutions morphologiques que dans des mutations internes de l’architecture. La plupart des maisons ont en effet été remaniées ou reconstruites au cours de l’Époque moderne et contemporaine. L’église et la halle ont aussi été l’objet de travaux importants. Les fortifications quant à elles ont peu à peu disparu, englobées dans des maisons débordant de plus en plus sur les anciens fossés.

149 AD Gers, E suppl. 3934 ou E suppl. 3935, Terrier, XVII e siècle, non communicable, cité par CURSENTE, Benoît, Les castelnaux …, op. cit., 1980, p.155. 150 Voir par exemple : AD Gers, C 576, Bureau des finances, voirie, requêtes et procès verbaux – 1724-1788 – Saint-Puy. 151 CURSENTE, Benoît, Les castelnaux …, op. cit., 1980, p.155.

86 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. SOURCES

*AD Gers :

- C 479 : Bureau des finances – 1743-1799 – Saint-Puy – Concession de terrains domaniaux, portions des fossés, 1782-1787. - C 576 : Bureau des finances, voirie, requêtes et procès verbaux. – 1724-1788 – Saint-Puy. - DAR Valence 15 : Dossier archéologique Polge, XX e siècle. - E 1551-7 : Registre du notaire Fitte, 1620-1653. - E suppl. 1145 : Reconnaissances de Saint-Puy et Pouy-Petit en faveur du monastère de Prouilhan, 1514. - E suppl. 3934 : Terrier, XVII e siècle, non communicable. - E suppl. 3935 : Terrier, XVII e siècle, non communicable. - E suppl. 3936-1 à 3936-21 : Plan terrier, XVIII e siècle. - I 1394 : Copie des coutumes du comté de Gaure, s.d. (2 ème moitié XVII e siècle ?). - I 3183 : Copie de documents conservés à la Tour de Londres, XVIII e siècle. - 3 P Saint-Puy/10, Plan cadastral dit napoléonien, 1813.

*Sources numérisées :

- Rôles gascons conservés à la Tour de Londres, en cours de numérisation et de mise en ligne sur le site : wwww.gasconrolls.org. Nous n’avons pu consulter, pour l’instant (février 2012), que les courtes analyses des actes suivants : o C61/33, membrane 5, acte 263 : août 1320, engagement de la garde du château de Saint-Puy. o C61/33, membrane 14, acte 56, s.d., vérification de l’accord entre les nobles et la communauté au sujet du paiement des taxes. o C61/33, membrane 14, acte 60, s.d., les consuls reconnaissent que le roi d’Angleterre est seigneur du château de Saint-Puy et possède la haute et la basse justice. o C61/33, membrane 15, acte 35, s.d. recherche d’informations sur les droits des consuls de Saint-Puy dans la collecte des péages. o C61/35, membrane 12 d, actes 152 à 156, octobre 1322, remerciements à Ysarn de Laneplan pour la garde du château de Saint-Puy. o C61/35, membrane 10 d, acte 210, août 1328, engagement de la garde du château de Saint-Puy.

87 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

*Sources publiées et ouvrages anciens :

- BEMONT, Charles, Rôles gascons, Tome troisième, 1290-1307 , Imprimerie nationale, Paris, 1906, n°4717, p.446. - BEUGNOT, Comte, Les Olim ou registres des arrêts rendus par la cour du roi sous les règnes de Saint-Louis, de Philippe le Hardi, de Philippe le Bel, de Louis le Hutin et de Philippe le Long , Tome 1 : 1254-1273 , Imprimerie royale, Paris, 1839, p.407. - CARSALADE DU PONT, Jean de, « Les places fortes de la Gascogne en 1626- 1627 », Revue de Gascogne, t. 40, 1899, p. 469. - CAZAURAN, Jean-Marie, Cartulaire de Berdoues , La Haye, 1905, charte n°371. - CUTTINO, George Peddy et TRABUT-CUSSAC, J.-P., Gascon register A (series of 1318-1319) , Oxford University Press, Londres, 1975, volume 1, actes n°8 et 9, p.72- 79. - LACAVE LA PLAGNE BARRIS, C., Cartulaires du chapitre de l’église métropolitaine Sainte-Marie d’Auch, Cartulaire blanc , Paris/Auch, 1899, charte n°II. - MONLEZUN, Jean-Justin, Histoire de la Gascogne des temps les plus reculés jusqu'à nos jours , Auch, 1846, t. 6, p.61. - SECOUSSE, M., Ordonnances des roys de France de la troisième race recueillies par ordre chronologique, Quatrième volume contenant différents suppléments pour le règne du roy Jean et les ordonnances de Charles V données pendant les années 1364, 1365 et 1366, Imprimerie royale, Paris, 1734, p.37-40. - SECOUSSE, M., Ordonnances des roys de France de la troisième race recueillies par ordre chronologique, Huitième volume contenant les ordonnances de Charles VI données depuis le commencement de l’année 1395 jusqu’à la fin de l’année 1403, Imprimerie royale, Paris, 1750, p.81-99.

BIBLIOGRAPHIE

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89 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

90 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

91 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

92 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

93 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

94 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Direction Générale des Patrimoines

Inventaire thématique du patrimoine bâti : Les transformations des agglomérations en Gascogne gersoise à la fin du Moyen-Âge

LA BASTIDE DE VALENCE -SUR -BAÏSE

Vue d’ensemble de Valence-sur-Baïse depuis la route de Maignaut

Étude réalisée dans le cadre d’une allocation formation recherche octroyée en 2011 par la Direction Générale des Patrimoines du Ministère de la Culture et de la Communication, et en partenariat avec le Service Connaissance du Patrimoine de la Région Midi-Pyrénées

Anaïs Comet, février 2012

95 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. SOMMAIRE

Introduction

1. Historique a. La fondation de la bastide b. Les fortifications à l’épreuve des guerres c. Valence-sur-Baïse d’après l’arpentement de 1613 d. L’apport des sources du XVIII e siècle

2. Inventaire du patrimoine bâti a. Le plan général de la bastide, une adaptation aux réalités du terrain b. Les fortifications c. L’architecture religieuse d. L’architecture civile

3. Dynamiques morphologiques a. La mise en place de la bastide à la fin du XIII e siècle b. Les évolutions à la fin du Moyen Âge et au début de l’Époque moderne c. Les transformations postérieures au XVIIe siècle

Bibliographie et sources

Annexes : - 30-16-PL-01 : La ville de Valence en 1812. - 30-16-PL-02 : La ville de Valence en 2010. - 30-16-PL-03 : La bastide de Valence, analyse morphologique. - 30-16-PL-04 : Les fortifications de Valence-sur-Baïse. - 30-16-PL-05 : L’architecture civile médiévale.

96 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. La ville de Valence-sur-Baïse est située au nord du canton éponyme, sur l’axe de communication entre Auch, au sud-est, et Condom, au nord, à une quarantaine de kilomètres de la première et une dizaine de la seconde. Elle est implantée sur un éperon rocheux qui domine la confluence de deux rivières, l’Auloue et la Baïse. Le paysage environnant est marqué par ces deux vallées le long desquelles se développent des coteaux vallonnés. Le sol est principalement composé de calcaire. L’habitat des environs de Valence-sur-Baïse est dispersé bien que la ville reste le principal pôle d’habitat groupé de la commune 152 . Le hameau d’Ampeils, situé au sud-ouet de la ville, est le second pôle d’habitat groupé. Seules quelques maisons y sont regroupées.

1. HISTORIQUE

Plusieurs sites antiques ont été repérés sur le territoire communal 153 . Parmi les vestiges archéologiques mis au jour, il convient de signaler une mensa ponderaria , une table à poids en pierre. Celle-ci a été découverte en 1911 dans une maison de la ville 154 . Bien que cet objet ne soit pas daté avec certitude, sa mise au jour témoigne de l’existence d’un habitat sur le site, ou à proximité de celui-ci, bien avant la fondation de la bastide. L’abbaye cistercienne de Flaran, implantée à la confluence des deux rivières précédemment évoquées, fut fondée en 1151.

a. La fondation de la bastide

La date de fondation de la bastide de Valence-sur-Baïse est connue de manière indirecte par la copie d’un acte réalisée par Mgr Carsalade du Pont au XIXe siècle sur un inventaire de titres de la maison d’Armagnac alors conservé à Vic-Fezensac, et publiée par Philippe Lauzun en 1897 155 . Il y est indiqué en 1274 :

Paréage passé entre le comte Géraud V et l’abbé de Flaran sur la nouvelle population, que lors devisèrent faire bastir et construyre au lieu appelé le Castella, près Flaran, en la comté de Gaure, laquelle population est appelée et dès lors feust nommée Vallence 156 .

La bastide de Valence a donc été fondée par paréage entre le comte d’Armagnac, seigneur éminent des lieux, et l’abbé de Flaran, propriétaire des terres. Aucun document original de cette période n’a été retrouvé. Nous n’avons donc pas plus d’information quant aux modalités d’implantation de la bastide. La mention du toponyme le « Castella » dans ce document peut laisser penser qu’un édifice fortifié s’élevait là avant la fondation de la ville. Aucun autre indice ne permet d’affirmer ou d’infirmer cette hypothèse, ni de savoir s’il s’agissait d’un édifice isolé ou d’un pôle d’habitat groupé. Le plan très régulier de la bastide qui épouse l’éperon rocheux sur lequel elle s’implante, favoriserait plutôt l’hypothèse d’une fondation ex nihilo .

En 1276, des coutumes sont octroyées aux habitants de la bastide par les deux coseigneurs. Là encore, les documents originaux font défaut et le texte des coutumes demeure inconnu. Ce document est mentionné dans un acte de 1773 :

152 Voir annexes 30-16-PL-01 : La ville de Valence en 1812 et 30-16-PL-02 : La ville de Valence en 2010. 153 LAPART, Jacques et PETIT, Catherine, Carte archéologique de la Gaule, Le Gers , Académie des Inscriptions et Belles lettres / Ministère de la culture, Paris, 1993, p.315. 154 Voir à ce sujet : LAUZUN Philippe, « Une nouvelle Mensa Ponderaria », BSAG , t.12, 1911, p.165-171. 155 LAUZUN, Philippe, Châteaux gascons de la fin du XIII e siècle , Impr. G. Foix, Auch, 1897, p.376-377. 156 Ibidem.

97 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. Le sindic de la communauté ayant appelé de ce jugement devant le Parlement, il produisit dans le cours de l’instance les coutumes du lieu de Valence accordées aux habitants en l’année 1276 par Géraud comte d’Armagnac et Gilibert l’abbé de Flaran et revendiqua l’exécution du paréage fait entre ces deux seigneurs 157 .

La même année, la bastide de Valence est mentionnée dans un acte de l’abbaye Saint-Victor de Marseille. Cette mention est relevée dans le Glossarium de Du Cange au terme conchata : « dedit pro se et suis dicto ordini pro una conchata terrae auchesa apud bastidam Valentiae 158 ».

Il semble que la bastide de Valence a été élevée et peuplée rapidement. En effet, une inscription qui se trouvait sur le contrefort sud de l’église avant les travaux du XIX e siècle est datée de 1303 159 . Il semble donc qu’à cette date l’église soit déjà bâtie. En outre, les pouillés du XIV e siècle indiquent que deux cents paroissiens dépendaient alors de l’église de Valence : « ecclesia sancti Joannis de Valentia sunt 200 parrochiani 160 ».

b. Les fortifications à l’épreuve des guerres 161

Dès les premières années de son existence, la bastide de Valence se trouve au cœur du conflit franco-anglais. En effet, dès 1279 l’Agenais et le Condomois sont cédés à l’Angleterre suite au traité d’Amiens. Valence-sur-Baïse se situe alors à l’extrémité occidentale des possessions du comte d’Armagnac, Géraud V, qui rend hommage au roi de France. Après sa mort en 1285, son successeur, Bernard VI, fait hommage l’année suivante au roi d’Angleterre pour ses possessions en Armagnac et Fezensac. Il semble que la ville de Valence se soit révoltée en 1340 et soit alors passée sous l’obédience française jusqu’au traité de Brétigny en 1360. En 1368, les seigneurs gascons de l’Armagnac et du Condomois se soulèvent contre le pouvoir anglais et se rallient au comte de Poitiers 162 . La ville de Valence passe définitivement dans le domaine royal français en 1473 lors du démembrement du comté d’Armagnac. La part de la seigneurie du comte d’Armagnac passe alors au roi de France, nous avons alors affaire à une coseigneurie entre l’abbé de Flaran et le roi de France. Cette alternance tout au long de la guerre de Cent ans, et même avant, entre le camp français et le camp anglais, montre le rôle stratégique de cette bastide comme pôle structurant de cette zone frontière. Cela permet aussi d’expliquer la présence à Valence d’un système défensif conséquent. Aucun document ne permet d’affirmer que les fortifications de la bastide ont été édifiées lors de sa fondation. Cependant, le contexte permet d’imaginer que la mise en fortification du site a du avoir lieu dès les premières années d’existence de la bastide. La ville est encore mentionnée, en 1483-1494, parmi les places fortes appartenant au comte d’Armagnac 163 .

Ces fortifications sont aussi très utiles à la ville de Valence au cours des guerres de Religion. En 1569, les troupes de Montgomery incendient l’abbaye de Flaran mais ne s’en

157 AD Gers, C 492 : Lods et ventes exigés de Bernard Lanna, lequel déclara les avoir payés à l'abbé de Flaran seigneur de Valence en paréage avec le roi, mention des coutumes accordées en 1276 aux habitants de Valence par Géraud V comte d'Armagnac et par Gilibert abbé de Flaran (1773). 158 DU CANGE, et alii, Glossarium mediae et infimae latinitatis , L. Favre, Niort, 1883-1887. Consultable sur le site Internet de l’École nationale des chartes : http://ducange.enc.sorbonne.fr/CONCHATA. 159 D’après Polge, cette inscription se trouverait au musée d’Auch : POLGE, Henri, Valence-sur-Baïse et son canton , Auch, Impr. Cocharaux, 1955. 160 FRANCOIS, Michel (dir.), Pouillés des provinces d'Auch, de Narbonne et de Toulouse, 1ère partie, Imprimerie Nationale, Paris, 1972, p.282, « État des dîmes dues à l’archidiacre de Pardeilhan, XIV e siècle ». 161 Voir à ce sujet POLGE, Henri, Valence-sur-Baïse, op. cit ., 1955, p.15-16 et LAUZUN, Philippe, Châteaux gascons… , op. cit. , 1897. 162 Voir AN, Fonds Doat, tome 197, fol. 18, cité par LAUZUN, Philippe, Châteaux gascons… , op. cit. , 1897. 163 AD Tarn-et-Garonne, A 46, 1483-1494, État des places fortes appartenant au comte d’Armagnac séquestrées en vertu d’un arrêt du Parlement de Paris, par maître Robert le Viste, conseiller du roi ; Copie faite en septembre 1642 d’un extrait des registres de la Chambre des Comptes ; fol.3.

98 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. prennent pas à la bastide retranchée derrière ses murailles. Quelques années plus tard, en mai 1580, la ville est prise par trahison par la troupe huguenote du capitaine Rison :

Lundy dernier la ville de Vallance fut prinse par la porte une heure de soleil par la trahison d’une femme et d’un autre habitant 164 .

Vers le moi d’octobre 1580, la bastide de Valence est reprise par les troupes royales suite à un siège dont on conserve une narration relativement précise. L’intérêt de ce texte pour notre sujet réside dans la description du système défensif qui y est proposée :

L’an 1580, le huictième jour du moys d’octobre, la présente ville de Vallence a esté surprinse par ceulx de la religion venus de la ville de Lectore avec ung pétart, duquel ils enfoncèrent la porte de Lérizon, estant conduicts par le sieur de Vallans, governeur dudit Lectore. Le mercredy suivant, dix neufviesme dudit mois et an, feust faicte l’approche dudit canon au devant de ladite ville. Le lendemain jeudy, vingtiesme dudit mois et an, une heure après midy, le canon commança à frapper à la Tour, nommé Porte de la Tour, et frappa tout ledit jour et lendemain vendredy vingt-uniesme, et furent tirés à ladite tour, ou à deux guérites qu’il y avoit aux coings de ladite ville audit cousté de la tour, deux cent quarante coups de canon. Le lendemain et suivant jour de sapmedy, entrèrent en capitulation ceulx de ladite religion avec ceulx dudit camp ; et feust arresté qu’il laisseroient la ville soubz l’obéissance du roy et s’en iroient ceulx de dedans, leurs vyes, bagues et harnays saufs, toutefois la mesche estant, ce que feust fait ; et ceux du party du roy entrerent et pilherent et sacquagerent entierement ladite ville sans y rien laisser 165 .

On apprend ainsi qu’à cette date la ville de Valence est défendue par une enceinte fortifiée aux angles de laquelle se trouvent au moins deux guérites et deux portes : la porte de Lérizon et la porte de la Tour. La porte de Lérizon peut être identifiée comme l’actuelle porte de l'Hérisson, toujours visible en élévation sur le front sud de la bastide. Il semble que Valence a été à nouveau prise par les troupes huguenotes de Montespan vers 1590. Les fortifications sont alors réparées et adaptées aux évolutions de l’artillerie. Le roi de France obtient la soumission de la ville de Valence en 1594. Cette date marque le début du démantèlement des fortifications. En 1626-1627, Chastenet de Puységur précise que les fortifications de Valence ont été « desmolies depuis peu 166 ». En effet, la porte Maignaut a été démolie en 1625 comme en témoigne un acte passé devant le notaire de Valence Me Bartharès cette même année et qui mentionne :

Les enchères pour le desmolissement et razement de la tour dite de Maignauld, estimé à 50 cannes et autres 50 cannes des muralhes de la présente ville (…) 167

c. Valence-sur-Baïse d’après l’arpentement de 1613 168

L’arpentement de Valence réalisé en 1613 donne une image bien différente de la ville de ce qu’elle est aujourd’hui. En effet, à cette date, près de la moitié des biens recensés intra muros sont des jardins. En l’absence d’autres sources, il n’est pas possible de savoir si des jardins étaient prévus à l’origine de la bastide ou si l’ensemble de celle-ci était bâtie. Dans le second cas, la présence d’une si grande part de jardins pourrait indiquer une certaine

164 AM Condom, série EE : lettre du sénéchal d’Agenais Bajaumont aux consuls de Condom ; publié par LAUZUN, Philippe, Châteaux gascons… , op. cit. , 1897. 165 Document publié par Philippe Lauzun et référencé comme suit : « Pièce copiée par M. Denis de Thézan aux Archives nationales et communiquée par lui sous la titre Registre d’un bourgeois de Valence. » LAUZUN, Philippe, Châteaux gascons… , op. cit. , 1897. 166 CARSALADE DU PONT, Jean de, « Les places fortes de la Gascogne en 1626-1627 », Revue de Gascogne , t.40, 1899, p. 468. 167 Registre du notaire M e Bartharès de Valence pour l’année 1625, fol. 89 ; cité par LAUZUN, Philippe, Châteaux gascons… , op. cit. , 1897. 168 AD Gers, E suppl. 4852, Arpentement, 1613.

99 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. dédensification de l’habitat liée peut-être à des destructions en temps de guerre. Aucune source ne permet cependant d’étayer cette hypothèse. À cette date existait une halle sur la place centrale de la bastide. Celle-ci apparaît indirectement par le biais du confront le « patus de la halle 169 » qui est mentionné une douzaine de fois. Cinq rues sont nommées dans le compoix sans qu’il ait été possible de les identifier avec certitude : la rue Saint-Jean (48 occurrences), la rue de Laomes (38 occurrences), la rue droicte (22 occurrences), la rue traversante (16 occurrences) et la rue Argentere (12 occurrences). Il semble que les trois premières rues, apparaissant le plus souvent en confronts de maisons, correspondent aux rues traversant la ville du nord-ouest au sud-est. Alors que les autres, apparemment plus courtes, correspondent à des rues perpendiculaires. Les très nombreuses occurrences de la « rue publique » indiquent qu’il y avait d’autres rues transversales qui ne possédaient pas de nom propre. Une rue Saint-Jean existe encore actuellement à Valence-sur-Baïse, mais le toponyme s’est déplacé. En effet, l’étude de l’arpentement laisse imaginer que la rue Saint- Jean en 1613 est l’actuelle Grande rue et se poursuit à la place de l’actuelle rue Jules Ferry. Cette hypothèse est vérifiée grâce à un plan des environs de la place daté de 1777 170 .

N

Plan schématique des abords de la place de Valence en 1777. Source : AD Gers, C 578.

Un hôpital apparaît en confront d’une maison avec jardin située à proximité du cimetière de l’église, de la rue de Laomes et de la rue Saint-Jean 171 . L’hôpital de la ville possède quant à lui un jardin qui confronte la rue de Laomes et la muraille de la ville 172 . Aucun des confronts n’étant orienté, la localisation de cet hôpital n’est pas aisée. Il se trouve très probablement au nord-ouest de l’église, le long de la rue Saint-Jean. Cette hypothèse

169 Voir par exemple aux folii 4, 34 ou 43. 170 AD Gers, C 578 : Bureau des finances, voirie, requêtes et procès verbaux – Valence – 1725-1784 – 21 pièces papier, 2 plans. 171 Fol. 9. 172 Fol. 127.

100 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. est étayée par la présence sur le plan cadastral de 1812 d’un vaste espace non bâti au nord- ouest de l’église, entre la rue Saint-Jean et la muraille nord de la ville qui pourrait correspondre à l’emplacement de l’ancien hôpital alors disparu 173 . La difficulté est plus grande encore pour tenter de localiser la maison de ville. Celle-ci apparaît en confront de trois maisons dont deux se trouvent le long de la rue Saint-Jean 174 . Elle se situe donc probablement aussi au bord de cette voie. Les murailles de la ville sont mentionnées en confront plus de cinquante fois sous les termes de « meura de la ville 175 ». Parmi les autres éléments de fortification, seule la porte Maignaut apparaît une fois comme terroir d’une terre qui confronte les fossés et se situe « A la porte de Maignaut 176 ». C’est aussi là l’une des rares mentions des fossés. Un autre élément intéressant à noter est l’existence d’un quartier dénommé « Aux Crestians » et qui se situe à l’emplacement de l’actuel quartier des Capots, à proximité de la bastide de Valence mais hors de l’enceinte. Ces deux toponymes renvoient à la présence de lépreux qui sont, là comme ailleurs, rejetés hors les murs. Il n’est pas possible de savoir à quelle date apparaît ce quartier qui ne comporte en 1613 que trois maisons et quatre bordes appartenant toutes à la même famille 177 . Il peut s’être formé dès les origines de la bastide.

d. L’apport des sources du XVIII e siècle

Dans la seconde moitié du XVIII e siècle, une modification notable pour la bastide de Valence est la destruction de la halle par l’Intendant d’Etigny. Celle-ci a été démolie au profit de la route Auch-Condom qui traverse l’ancienne place de la halle en diagonale. Cette démolition est intervenue avant 1777 puisque sur le plan évoqué précédemment la halle ne figure déjà plus.

Quelques documents concernant des travaux sur des maisons de Valence au XVIII e siècle donnent des informations essentielles sur l’architecture civile à cette période. Ainsi des travaux effectués en 1777 sur une maison de l’actuelle rue Victor Hugo, le long de l’église, nous apprennent qu’à cette date toutes les maisons de la rue ne possédaient pas de couverts. Le propriétaire de l’une d’entre elles souhaite en effet aligner sa maison sur celles de ses voisins et rebâtir la façade sur des arcades en pierre :

Le suppliant désire refaire construire la fassade de sa maison sur le même allignement et sur des arceaux en pierre de taille uniformes à ceux des maisons qui sont sur la même ligne 178 .

D’autres papiers conservés à la même cote apportent des informations sur la maison située à l’angle des actuelles Grande rue et rue Victor Hugo, à l’angle donc de la place et à côté de l’église. Il s’agit alors, en 1782, de reconstruire en pierre une façade jusque là édifiée en terre crue. Ces documents sont importants dans la mesure où ils attestent de l’existence de constructions de ce type à Valence avant le XVIII e siècle alors même que le sol est composé de calcaire facile à extraire sur place et que la terre crue est peu présente dans l’architecture civile en élévation :

Joseph Daubas (…) possede dans lad. Ville une maison dont il voudrait batir en pierre du coté du levant et du midi les murs qui sont grande partie en torchis et brique 179 .

173 AD Gers, 3 P Valence-sur-Baïse/5, Plan cadastral dit napoléonien, 1812. 174 Fol. 104 v., 106 et 200. 175 Voir par exemple aux folii 9, 43 ou 51. 176 Fol. 94. 177 Fol. 536 à 539. 178 AD Gers, C 578 : Bureau des finances, voirie, requêtes et procès verbaux – Valence – 1725-1784 – 21 pièces papier, 2 plans. 179 Ibidem.

101 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. 2. INVENTAIRE DU PATRIMOINE BÂTI

Le principal intérêt patrimonial de la ville de Valence réside dans sa topographie générale, tant du point de vue du plan de la bastide qui est bien conservé que du point de vue des fortifications de ce site de hauteur remarquable. L’architecture religieuse et civile présente quelques éléments notables datant probablement de la fin du Moyen Âge.

a. Le plan général de la bastide, une adaptation aux réalités du terrain 180

Le plan de la ville de Valence comporte les deux éléments essentiels d’une bastide : une place centrale comportant la halle et des rues rectilignes qui se coupent à angles droits. La ville est bâtie sur un éperon rocheux et en épouse logiquement les contours. Ceci explique une certaine adaptation du plan habituel des bastides, très rectiligne, aux réalités du terrain. En effet, la ville forme une sorte de trapèze irrégulier et très allongé selon un axe nord-ouest / sud-est. Une anomalie est à noter dans ce plan. À l’extrémité nord-ouest du site, la fortification ne suit pas parfaitement les limites de l’éperon rocheux mais semble barrer celui-ci un peu en retrait de la rupture de pente naturelle. Cela pourrait s’expliquer par la présence dans cette zone d’un point fortifié antérieur à la fondation de la bastide et qui apparaît dans les sources écrites sous le terme de « Castella ». À l’intérieur de ce plan, les rues le plus souvent rectilignes se coupent à angles droits. Les deux rues principales, la Grande rue, prolongée par la rue Jules Ferry, et la rue Jean Jaurès, prolongée par la rue Voltaire, convergent tout de même jusqu’à se rejoindre à l’extrémité sud-est de la ville, du côté de la route d’Auch. Deux autres rues doublent celles-ci toujours selon un axe nord-ouest / sud-est : la rue de la 1 ère armée vers le nord et la rue Saint-Jean vers le sud. Perpendiculairement à ces axes se développent des axes secondaires : la rue Pasteur, la rue Branly, la rue Victor Hugo, la rue de la Porte d’Espagne et la rue Diderot. Les plus importantes de ces rues du point de vue de la circulation sont sans conteste la rue Victor Hugo et la rue de la Porte d’Espagne qui menaient respectivement à la porte de Maignaut et à la porte de l’Hérisson. La place où se trouvait initialement la halle occupe une position centrale dans la ville même si elle paraît au premier abord excentrée vers le nord par rapport au plan général. Elle est implantée à l’endroit où l’éperon est le plus large. L’église se situe sur le côté nord-est de cette place. Comme nous l’avons vu précédemment, c’est dans ce secteur qu’étaient regroupés tous les édifices à vocation communautaire comme l’église, la maison de ville et l’hôpital.

Place, vue depuis le nord. Cliché : Anaïs Comet, février 2012.

180 Voir annexe 30-16-PL-03 : La bastide de Valence, analyse morphologique.

102 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. Trois modifications majeures du plan initial sont à signaler au cours des XVIII e et XIX e siècles. L’aménagement de la route Auch-Condom a entraîné la disparition de la halle et une nouvelle circulation dans la bastide en traversant la place en diagonale et en créant une nouvelle route au nord-ouest de l’agglomération, entre celle-ci et le quartier des Capots. L’aménagement de l’extrémité nord-ouest de l’éperon au flanc de celui-ci, et le lotissement de ce quartier a créé une continuité entre la bastide et le quartier des Capots jusqu’alors isolé. La construction de maisons le long de la route d’Auch, vers le sud-est de la bastide a fortement modifié l’aspect général de l’agglomération par l’extension de l’urbanisation dans ce secteur.

b. Les fortifications 181

Bien qu’il soit assez mal conservé, il est possible de suivre le système défensif de la bastide de Valence sur l’ensemble de son tracé. En effet, le mur d’enceinte a été fortement arasé dès la fin du XVI e siècle mais des vestiges en sont encore visibles. Ce mur est directement assis sur le rocher qui a été retaillé pour créer des fossés et accentuer la hauteur de l’enceinte. En de nombreux endroits, notamment sur le front sud de l’agglomération, le mur d’enceinte a été repris en sous-œuvre et le rocher renforcé. Le mur d’enceinte est bâti en moyen appareil. Les moellons de calcaire sont équarris et calibrés. Certains auteurs avancent une élévation d’environ 8 mètres pour l’enceinte 182 . Cette mesure n’est étayée par aucun document d’archive ni vestige visible en élévation.

Fortification, front sud, vue depuis le sud. Cliché : Anaïs Comet, février 2012.

L’enceinte était percée de quatre portes. La porte de la Tour (P1) se trouvait à l’extrémité sud-est de la bastide, du côté de la route d’Auch, à la jonction des actuelles Grande rue et rue Jean Jaurès. Elle a été démolie en 1594. La porte de Flaran (P2) était située à l’autre extrémité de la ville, au bout de l’actuelle rue Voltaire. Elle a été démolie à la fin du XVI e siècle ou au tout début du XVII e siècle. La porte de Maignaut (P3) était implantée au nord-est, près de l’église, au bout de l’actuelle rue Victor Hugo. Elle a été détruite en 1625. Bien que très remaniée, la porte de l’Hérisson (P4) est la seule qui subsiste en élévation. Elle est aussi parfois appelée porte d’Espagne ou « porte une heure de soleil 183 ». La porte de l’Hérisson se présente aujourd’hui comme un simple percement réalisé dans le

181 Voir annexe 30-16-PL-04 : Les fortifications de Valence-sur-Baïse. 182 Voir par exemple : LAUZUN, Philippe, Châteaux gascons… , op. cit. , 1897 ; repris par : POLGE, Henri, Valence-sur-Baïse, op. cit ., 1955 ; et plus récemment par : LAFFARGUE, Claude et DUTAUT-BOUE, Jean- Jacques, Communes du département du Gers. Tome 2 : l'arrondissement de Condom , Société Archéologique et Historique du Gers, Auch, 2004, p.426-429. 183 Voir le document déjà cité : AM Condom, série EE : lettre du sénéchal d’Agenais Bajaumont aux consuls de Condom ; publié par LAUZUN, Philippe, Châteaux gascons… , op. cit. , 1897.

103 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. front sud-ouest de la fortification. Elle domine la vallée de la Baïse. Elle est couverte d’un arc brisé qui semble avoir été en partie remonté récemment. Elle était fermée par de simples vantaux. En avant des portes de Flaran, au nord-ouest, et de la Tour, au sud-est, se trouvaient de petites esplanades non bâties faisant office de lices. En avant de la porte de la Tour s’élevait, au moins au moment des guerres de Religion, une citadelle démolie au XVII e siècle. Celle-ci occupait probablement l’îlot compris entre la rue Montaigne, la rue des Remparts et la place des Pyrénées. Il n’en subsiste aucun élément visible en élévation depuis la voie publique. Comme souvent, la datation des fortifications est incertaine. Cependant, le contexte général au moment de la fondation de la bastide et le type d’appareil utilisé laissent penser que l’enceinte a été édifiée en même temps ou très peu de temps après la fondation de la bastide, soit à la fin du XIII e siècle. La citadelle est quant à elle certainement postérieure. Elle n’a peut-être été édifiée qu’au moment des guerres de Religion.

Porte de l’Hérisson, vue depuis le sud. Cliché : Anaïs Comet, février 2012.

c. L’architecture religieuse

L’église paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Valence a été édifiée dès les premières années d’existence de la bastide. En effet, une inscription prise dans un contrefort sud indique une construction en 1303 184 . Cependant, cette église a subi de nombreuses transformations au cours de son histoire et notamment au XIX e siècle. Dans les années 1860 la façade donnant sur la place a été entièrement reprise. À cette occasion, le mur de façade a été rehaussé, le clocher existant a été restauré et un nouveau clocher symétrique au précédent a été édifié dans l’angle sud-est. Le sol et la voûte ont eux aussi été remaniés à cette période. De la construction originelle il ne subsiste donc plus que le plan général de l’édifice et une partie des murs latéraux et du chevet. Le portail monumental semble quant à lui remonter à la fin du Moyen Âge et avoir été conservé lors de la rénovation de la façade. Il s’agit d’une église à nef unique et à chevet plat. Il faut cependant signaler que la façade n’est pas strictement perpendiculaire au reste de l’édifice. Elle est en effet alignée sur la place alors que la nef est légèrement en biais par rapport au plan général de l’agglomération afin d’avoir un édifice un peu mieux orientée. Les murs latéraux de l’église sont construits en bel appareil moyen de pierre de taille calcaire. Ils sont percés de portes en arc brisé aujourd’hui obturées. La partie supérieure des baies, elles-aussi en arc brisé, semble avoir été remaniée à une date inconnue.

184 Voir à ce sujet la note 7 p.4 du présent dossier.

104 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Église paroissiale Saint-Jean-Baptiste, vue depuis le nord. Cliché : Anaïs Comet, février 2012.

Bien que n’étant pas dans la ville de Valence, mais en contrebas de celle-ci à la confluence de l’Auloue et de la Baïse, il convient aussi de signaler comme élément remarquable du patrimoine religieux l’ancienne abbaye de Flaran. Celle-ci a été fondée au XII e siècle. Elle a subi de nombreux remaniements au cours de son histoire et notamment au XVIII e siècle. Elle est classée depuis 1914. Les toitures et façades de la porterie sont quant à elles inscrites à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1981.

d. L’architecture civile 185

Trois maisons de Valence présentent des murs maçonnés en pierre pouvant remonter à la fin de l’époque médiévale. Aucune ouverture en place ne permet de préciser la datation par une étude stylistique des baies. La plus imposante d’entre elles, bien que fortement remaniée à l’époque moderne, est la maison située à l’angle des rues Jules Ferry et Pasteur (parcelle AO 190). La partie inférieure de la maçonnerie sur l’élévation nord-est, ainsi que deux vestiges de baies à meneaux remaniées sur cette même élévation, témoignent d’une première phase de construction très probablement à la fin du Moyen Âge. Les deux échauguettes, situées aux angles nord et est, sont quant à elles les vestiges de remaniements postérieurs à l’époque médiévale. L’aspect imposant de la demeure, ainsi que ces échauguettes, laissent penser que cette maison a appartenu à une famille importante de Valence, peut-être noble.

Maison, parcelle AO 190, vue d’ensemble depuis l’est. Cliché : Anaïs Comet, février 2012.

185 Voir annexe 30-16-PL-05 : L’architecture civile médiévale.

105 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. La deuxième maison qui nous intéresse ici est probablement celle qui conserve le plus de vestiges lisibles dans la maçonnerie tout de même très remaniée. Elle se trouve sur la rue Saint-Jean, à l’angle d’une ruelle menant de cette rue à la Grande rue (parcelle AO 208). La maçonnerie médiévale en bel appareil moyen de calcaire gréseux est visible sur les élévations sud-ouest, nord-ouest et nord-est. L’élévation sud-est est malheureusement recouverte d’enduit. Il est possible de repérer dans la maçonnerie de l’élévation sud-ouest les vestiges de deux baies à meneaux, au premier et au deuxième étage. La deuxième, coupée à mi-hauteur, indique que la maison était plus élevée qu’aujourd’hui. Au rez-de- chaussée de cette élévation subsistent les vestiges d’une porte couverte en plein-cintre.

Maison, parcelle AO 208, élévation sud-ouest, vue Maison, parcelle AO 208, élévation nord-ouest, depuis le sud-ouest. détail de la maçonnerie. Cliché : Anaïs Comet, février 2012. Cliché : Anaïs Comet, février 2012.

La troisième maison est située le long de la rue Saint-Jean (parcelle AO 236). Elle présente un appareil assez proche de la maison précédente et du soubassement de la première maison étudiée, notamment sur ses élévations sud-est et sud-ouest.

Maison, parcelle AO 236, vue depuis le sud, détail de la maçonnerie. Cliché : Anaïs Comet, fév. 2012.

106 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

3. DYNAMIQUES MORPHOLOGIQUES

La bastide de Valence n’a pas connu de transformation importante à la fin du Moyen Âge. Elle a néanmoins été étudiée dans le cadre de cette recherche thématique car il s’agit d’une bastide fondée à la fin du XIII e siècle et qui a du s’adapter à une réalité topographique particulière. Cette étude peut donc servir de point de comparaison avec des sites qui ont connu des agrandissements à l’urbanisme très réglé comme celui-ci à la même période.

a. La mise en place de la bastide à la fin du XIII e siècle

Comme nous l’avons déjà évoqué, la bastide de Valence à été fondée vers 1274 et bâtie dans les années qui suivirent. Les fortifications semblent contemporaines de cette édification. Le plan traditionnel des bastides, avec place de la halle au centre et des rues se coupant à angles droits autour, a été conservé malgré l’implantation sur un éperon rocheux. Ce plan a cependant été adapté au site : l’agglomération est très allongée et les rues ne se coupent pas parfaitement à angle droit. Le quartier des Capots apparaît très certainement dès cette période en contrebas de la bastide.

b. Les évolutions à la fin du Moyen Âge et au début de l’Époque moderne

La documentation lacunaire n’a pas permis de mettre en évidence des transformations de la fin du Moyen Âge ou du début de l’Époque moderne. Seules quelques maisons semblent remonter à cette période. Les autres sont postérieures. Une partie des fortifications de l’agglomération a du être remise au goût du jour lors des guerres de Religion, notamment par la construction de la citadelle à l’extrémité sud-est de la ville. Aucun document, ni aucun vestige en élévation ne permet cependant de dater plus précisément cela.

c. Les transformations postérieures au XVII e siècle

Dès la fin du XVI e siècle, la plupart des fortifications de la ville de Valence disparaissent. Elles sont démantelées, les courtines sont arasées, les portes détruites. Avant le début du XIX e siècle quelques maisons commencent à être bâties en avant de la fortification aux extrémités nord-ouest et sud-est. Entre 1812 et aujourd’hui, l’urbanisation s’est fortement développée vers le nord-ouest, le long de la pente entre l’ancienne fortification, rue Anatole France, et le quartier des Capots qui fait maintenant partie intégrante de l’agglomération. De l’autre côté de la ville, les constructions se sont multipliées de part et d’autre de la route d’Auch, le long de celle-ci et plus récemment sur les pentes en contrebas.

107 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. SOURCES

*AD Gers : - C 479 : Concession de terrains domaniaux, portion des fossés et glacis, 1776. - C 492 : Lods et ventes exigés de Bernard Lanna, lequel déclara les avoir payés à l'abbé de Flaran seigneur de Valence en paréage avec le roi, mention des coutumes accordées en 1276 aux habitants de Valence par Géraud V comte d'Armagnac et par Gilibert abbé de Flaran (1773). - C 578 : Bureau des finances, voirie, requêtes et procès verbaux – Valence – 1725- 1784 – 21 pièces papier, 2 plans. - DAR Valence 1 - 1 : Dossier archéologique Polge, XX e siècle. - E suppl. 4852 : Arpentement, 1613. - I 3508, Syndicat des consuls manants et habitants de Valence, 1605. - I 1393, Sentence arbitrale entre le seigneur de Maignaut et noble de Flaran touchant leur territoire, 1259. - Transaction entre l'abbé de Flaran et le syndic de Valence, 1605. - 3 P Valence-sur-Baïse/5, Plan cadastral dit napoléonien, 1812.

*AD Tarn-et-Garonne : - A 46 - 1483-1494 - État des places fortes appartenant au comte d'Armagnac séquestrées en vertu d'un arrêt du Parlement de Paris par maître Robert le Viste, conseiller du roi ; Copie faite en septembre 1642 d’un extrait des registres de la Chambre des Comptes.

*Sources publiées et ouvrages anciens : - CARSALADE DU PONT, Jean de, « Les places fortes de la Gascogne en 1626- 1627 », Revue de Gascogne , t.40, 1899, p. 468. - DU CANGE, et alii, Glossarium mediae et infimae latinitatis , L. Favre, Niort, 1883- 1887, Article conchata. Consultable sur le site Internet de l’École nationale des Chartes : http://ducange.enc.sorbonne.fr/CONCHATA. - FRANCOIS, Michel (dir.), Pouillés des provinces d'Auch, de Narbonne et de Toulouse, 1ère partie, Imprimerie Nationale, Paris, 1972, p.282. - MONLEZUN, Jean-Justin, Histoire de la Gascogne des temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Auch, 1846, t.III p.192.

BIBLIOGRAPHIE

- BOQUIEN, Bertrand, Les portes fortifiées du Moyen Age dans les villes et villages du Gers , mémoire de maîtrise sous la direction de Michèle Pradalier, UTM, Toulouse, 1994. - CAÏROU, René, Architecture militaire des XIII e et XIV e siècles dans les châteaux et les bastides du Gers, Tome 2 : Bastides , SAHG, CDTL Gers, Auch, s.d.

108 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. - CURSENTE, Benoît et LOUBES, Gilbert, Villages gersois, vol. 2 - Les bastides , Publication de la chambre d'agriculture du Gers, Auch, 1991. - LAFFARGUE, Claude et DUTAUT-BOUE, Jean-Jacques, Communes du département du Gers. Tome 2 : l'arrondissement de Condom , Société Archéologique et Historique du Gers, Auch, 2004, p.426-429. - LAPART, Jacques et PETIT, Catherine, Carte archéologique de la Gaule, Le Gers , Académie des Inscriptions et Belles lettres / Ministère de la culture, Paris, 1993, p.315. - LASSURE, Jean-Michel, « L'église de Valence-sur-Baïse au XIX e siècle », BSAG , t. 88, 1987, p.179-193. - LAUZUN, Philippe, Châteaux gascons de la fin du XIII e siècle , Impr. G. Foix, Auch, 1897, p.373-423. - LAUZUN, Philippe, « Une nouvelle Mensa Ponderaria », BSAG , t.12, 1911, p.165- 171. - LAVERGNE, Adrien et MASTRON M., « Liste des chartes des coutumes du Gers », BSAG , 1909, p.261. - POLGE, Henri, « Valence-sur-Baïse, son passé, ses monuments », BSAG , 1952, p.214-236. - POLGE, Henri, Valence-sur-Baïse et son canton , Auch, Impr. Cocharaux, 1955.

109 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

110 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

111 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

112 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

113 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

114 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Direction Générale des Patrimoines

Inventaire thématique du patrimoine bâti : Les transformations des agglomérations en Gascogne gersoise à la fin du Moyen-Âge

LE VILLAGE DE MAUROUX

Étude réalisée dans le cadre d’une allocation formation recherche octroyée en 2011 par la Direction Générale des Patrimoines du Ministère de la Culture et de la Communication, et en partenariat avec le Service Connaissance du Patrimoine de la Région Midi-Pyrénées

Anaïs Comet, février 2012

115 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. SOMMAIRE

Introduction

4. Historique a. Les coutumes b. Une coseigneurie c. Une place forte

5. Inventaire du patrimoine bâti a. La morphologie générale du village b. Les fortifications c. Les maisons d. L’église

6. Dynamiques morphologiques a. La motte castrale b. Un village au plan régulier c. Un autre quartier au plan régulier d. La cristallisation de ces évolutions successives par l’édification de l’enceinte e. Quelques mutations de l’habitat à l’intérieur de l’agglomération

Bibliographie et sources

Annexes : - 27-09-PL-01 : Le village de Mauroux en 1833. - 27-09-PL-02 : Le village de Mauroux en 2010. - 27-09-PL-03 : Le village de Mauroux, analyse morphologique. - 27-09-PL-04 : Les fortifications de Mauroux. - 27-09-PL-05 : L’architecture civile de la fin du Moyen Âge. - 27-09-PL-06 : L’évolution du village de Mauroux au cours du Moyen Âge.

116 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. La commune de Mauroux se trouve au nord du canton de Saint-Clar. Le village 186 est implanté en bordure de plateau dominant à l’ouest une petite vallée encaissée. Le site de Mauroux est inscrit depuis 1943. Le paysage alentour est contrasté et marqué par des plateaux coupés de vallées relativement profondes vers l’ouest en bordure de la vallée de la Lavassère. La commune s’est formée par le rattachement de Saint-Martin de Las Oumettos à Mauroux en 1836. Saint-Martin était une paroisse, une seigneurie et une juridiction indépendantes au Moyen Âge et à l’Époque moderne. Il n’y subsiste que quelques rares maisons auprès de l’église et de l’ancienne motte. Le principal pôle d’habitat de la commune est constitué par le village de Mauroux. Dans la campagne environnante, l’habitat est plutôt dispersé.

1. HISTORIQUE

Quelques vestiges gallo-romains sont attestés sur le territoire communal de Mauroux et notamment un site à tegulae 187 . Au Moyen Âge, Mauroux fait partie de la vicomté de Lomagne et est le siège de l’archiprêtré de Lomagne au diocèse de . La documentation écrite très lacunaire concernant ce village ne permet pas de retracer son histoire de manière précise. Même pour l’Époque moderne, aucun terrier ni compoix n’a été retrouvé.

a. Les coutumes

Le village de Mauroux apparaît dans la documentation écrite à la fin du XIII e siècle lors de l’octroi de coutumes aux habitants par les quatre coseigneurs. Ces coutumes sont datées du 2 septembre 1294. Elles ne sont connues que par une traduction réalisée en 1670 et publiée par Jean-François Bladé à la fin du XIX e siècle 188 . La plupart des trente-cinq articles de ces coutumes s’intéressent soit aux diverses taxes à payer soit à des questions de justice. Aucun article n’est particulièrement utile pour le sujet qui nous intéresse ici. L’article XIII concerne les consuls. Ceux-ci doivent être au nombre de quatre. Ils sont renouvelés chaque année le dimanche avant la Pentecôte. Ils sont nommés par les coseigneurs ou leurs bayles parmi les habitants catholiques du lieu.

b. Une coseigneurie

L’intérêt principal de ces coutumes réside dans le fait que les cinq coseigneurs de la fin du XIII e siècle y sont cités. Il s’agit de Vésian de Lomagne, Raymond et Arnaud de Léaumont, Raymond de Séguenville et Arnaud-Guilhem de Mauroux. Assez rapidement, la famille de Léaumont absorbe la majeure partie de la seigneurie. Ainsi, dès 1331, Gaillard de Léaumont rend hommage au comte d’Armagnac pour sept parties de Mauroux 189 . Il n’est cependant pas précisé quelle proportion de la seigneurie représentent ces sept parties. En 1627, il semble que Jean Aymeric de Léaumont soit l’unique seigneur du lieu 190 . Rien ne permet de savoir comment la présence de cinq coseigneurs à la fin du XIII e siècle s’est traduite physiquement dans le village.

186 Voir annexes 27-09-PL-01 : Le village de Mauroux en 1833 et 27-09-PL-02 : Le village de Mauroux en 2010. 187 LAPART, Jacques et PETIT, Catherine (dir.), Carte archéologique de la Gaule, Le Gers , Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Ministère de la Culture, Paris, 1993, p. 298. 188 BLADÉ, Jean-François, « Les coutumes de Mauroux », Revue de Gascogne , t. 3, 1862, p. XXVII-XXXVI. 189 AN, collection Doat, vol. 185, fol. 30 à 40 ; publié dans : , J., Documents historiques sur la maison de Galard , Imprimerie J. Claye, Paris, 1871, vol. 1, p. 467-469. 190 AD Gers, I 2036, Arrentement des biens de Mauroux appartenant à noble Léaumont Puygaillard, 1627.

117 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. c. Une place forte

À cette même date, l’enquête menée par Jean de Chastenet de Puységur mentionne Mauroux parmi les places fortes de la Gascogne 191 . Le village est alors « clos de murailles ». Ces murailles sont encore mentionnées au XVIII e siècle dans les registres de délibération de la communauté de Mauroux. Ainsi, le 29 avril 1753, une somme est allouée au premier consul pour lui rembourser les dépenses faites pour les réparations aux murs du village 192 . Ce document ne donne pas plus de précisions.

2. INVENTAIRE DU PATRIMOINE BÂTI

Le village de Mauroux présente un patrimoine bâti médiéval assez riche tant du point de vue de l’architecture militaire que civile. Il conserve des traces bien visibles dans le parcellaire de ses différentes phases d’évolution.

a. La morphologie générale du village 193

Le village de Mauroux présente trois unités de plan aisément lisibles tant sur le plan cadastral dit napoléonien 194 qu’actuel. La zone la plus ancienne se trouve très certainement au niveau de la motte bien visible dans la partie nord-est de l’agglomération. La motte est de forme plus ou moins circulaire et présente un diamètre d’environ 40 m. Un premier noyau d’habitat s’est sans doute développé auprès de cette motte, vers l’est, donnant ainsi une forme ovoïde à ce premier ensemble.

Ancienne motte sur laquelle prennent place les bâtiments publics du XIXe siècle, vue depuis le sud-ouest. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

191 CARSALADE DU PONT, Jean de, « Les places fortes de la Gascogne en 1626-1627 », Revue de Gascogne , t. 40, 1899, p. 456. 192 AD Gers, E suppl. 1762, Délibérations, 1752-1789. 193 Voir annexe 27-09-PL-03 : Le village de Mauroux, analyse morphologique. 194 AD Gers, 3 P Mauroux/5, Plan cadastral dit napoléonien, 1833.

118 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. Il semble que la deuxième phase de développement du village de Mauroux soit à rechercher au sud de la motte. En effet, à cet endroit prend place un quartier au plan orthogonal qui semble témoigner d’une implantation volontaire de l’habitat selon un plan réglé. Ce type de plan est assez courant à la fin du XIII e siècle. Ce quartier pourrait donc correspondre à un agrandissement de l’agglomération à cette période ou peu après. Les trois ruelles qui découpent ce quartier en quatre îlots de taille à peu près semblable suivent la pente douce naturelle qui s’étend au pied de la motte jusqu’à la bordure du plateau.

Ruelle des tisserands, vue depuis le nord. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

La troisième zone semble s’inscrire dans ce même contexte. Elle correspond à toute la partie occidentale du village. Là aussi le plan est orthogonal. L’orientation des rues y est cependant un peu différente de celui de la zone précédente et les îlots sont plus étroits et plus allongés. Le changement d’orientation, certes très faible, s’explique sans doute par l’adaptation du plan aux réalités topographiques. Le plan suit en effet, à l’ouest, le bord du plateau. Ce quartier parait être la dernière phase d’extension de l’agglomération. Il est sans doute de peu postérieur au quartier précédent. Ces deux ensembles se différencient nettement, d’une part à cause de leurs plans un peu différents, et d’autre part en raison de l’espace laissé vacant entre les deux et marqué aujourd’hui par l’existence d’une rue beaucoup plus large à cet emplacement.

Large rue séparant les deux quartiers aux plans orthogonaux, vue depuis le nord. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

119 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. La présence d’une « ruelle des Templiers » n’a pas pu être expliquée historiquement. Nous n’avons trouvé aucune preuve de l’existence de biens appartenant aux Templiers à Mauroux. Il s’agit peut-être d’une évolution toponymique. Les deux autres toponymes, « ruelle des tanneries » et « ruelle des tisserands » sont plus classiques et témoignent de la présence, à une date inconnue, d’un artisanat développé. Sur le plan cadastral de 1833, le chemin de la tannerie mène de l’angle sud-ouest du village au ruisseau qui passe en contrebas du plateau calcaire. La tannerie se trouvait certainement dans ce secteur car cet artisanat nécessite d’importants apports en eau.

b. Les fortifications 195

Plusieurs pans de murs des fortifications sont conservés sur le pourtour de l’agglomération en bordure de chacune des trois unités de plan évoquées précédemment. La fortification est généralement assise directement sur le rocher. Cela est particulièrement visible sur le front occidental du village (parcelles D 76 à 84 notamment).

Rocher sur lequel est implanté le village, parcelle D 84, vue depuis l’ouest. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

Dans le même secteur, à l’angle nord-ouest du village, d’importants pans de murs sont conservés en élévation. Contre eux s’appuient des bâtiments d’habitation sans doute depuis l’édification de ce quartier si l’on en croit le parcellaire régulier de ce secteur encore visible sur le plan cadastral de 1833. Seule la partie externe des murs a donc pur être étudiée. De fines fentes visibles depuis l’extérieur de l’enceinte pourraient s’apparenter à des meurtrières. Il faudrait visiter l’intérieur des bâtiments pour éventuellement en retrouver des vestiges et confirmer ou infirmer cette hypothèse.

195 Voir annexe 27-09-PL-04 : Les fortifications du village de Mauroux.

120 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Vestige de l’enceinte, parcelle D 335, vue depuis le nord. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

Au sud du village, une petite partie de l’enceinte est conservée comme mur méridional du passage couvert aménagé au XIX e siècle sous la maison de la parcelle D 137. Ce mur est édifié le long de la limite méridionale du plateau, en surplomb d’une petite vallée. Contrairement au mur présenté précédemment, aucun bâtiment ne semble s’être appuyé contre lui avant l’édification de ce passage couvert au XIX e siècle. Dans cette partie du village il y avait donc un espace vacant entre l’enceinte et l’habitat.

Vestige de l’enceinte, parcelle D 137, vue depuis le nord-est. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

Au nord-est du village sont conservés deux éléments de la fortification, une partie de l’enceinte collective et les vestiges d’une probable échauguette qui a pu appartenir au château édifié sur la motte. Là aussi, une maison s’appuie sur le côté interne du mur d’enceinte. L’échauguette est le seul vestige bâti médiéval se trouvant au sommet de la motte. Les autres bâtiments ont été édifiés au XIX e siècle. Il s’agit de l’ancienne mairie- école 196 .

196 Des documents d’archives concernant ces travaux, et donc pouvant peut-être apporter des informations sur des édifices aujourd’hui disparus, sont peut-être conservés dans la série O des Archives départementales. Cette série étant en cours de classement, nous n’avons pas pu y avoir accès.

121 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Vestige de l’angle oriental de l’enceinte, Vestiges d’une échauguette, parcelle D 340, vue parcelle D 121, vue depuis l’est. depuis le nord-est. Cliché : Anaïs Comet, août 2011. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

Le type de maçonnerie et de pierre employé pour la construction de tous ces pans de fortifications semble identique. Il s’agit toujours de moellons équarris et calibrés de pierre calcaire locale montés en assises régulières et avec des joints fins. Tous les vestiges de fortification visibles paraissent donc être le résultat d’une même campagne de fortification de l’ensemble du village. Celle-ci a nécessairement eu lieu après l’établissement des deux quartiers aux plans orthogonaux. Ou peut-être en même temps que l’établissement de la partie occidentale de l’agglomération. Ces fortifications pourraient remonter à la fin du XIII e siècle ou au début du XIV e siècle. Cette hypothèse est cohérente tant du point de vue du plan du village qu’en ce qui concerne la technique constructive employée.

c. Les maisons 197

Plusieurs maisons de Mauroux conservent des éléments architecturaux pouvant remonter à la fin du Moyen Âge. Il ne s’agit souvent que de vestiges.

- Parcelles D 145 et 146

Les restes d’un bâtiment démoli subsistent dans les murs des édifices mitoyens au cœur du village, le long de la rue des templiers. Trois murs de la pièce du rez-de-chaussée sont ainsi conservés sans qu’il soit possible de savoir exactement à quoi servait cet édifice ni sur combien de niveaux il s’élevait. Ces murs sont bâtis en moellons équarris et calibrés de pierre calcaire très certainement locale. Ils sont montés en assises régulières et avec des joints fins. Sur les murs qui se font face au nord et au sud de la parcelle subsistent des alignements de six corbeaux qui servaient très probablement à soutenir le plancher du niveau supérieur. Ces corbeaux sont de facture assez simple, uniquement taillés en quart-

197 Voir annexe 27-09-PL-05 : L’architecture civile de la fin du Moyen Âge.

122 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. de-rond. Ils paraissent avoir été placés dans les murs au moment de leur édification. Ils ne se retrouvent que sur la moitié orientale des murs, le reste de la pièce devait être couverte différemment ou ouverte. Le mur du fond conserve deux ouvertures assez peu larges et fortement ébrasées. Il s’agit très certainement de jours permettant d’éclairer légèrement la pièce qui ne possède aucune baie sur les élévations sud et nord mais seulement des placards. Certains sont d’origine, d’autres ont été percés postérieurement. Le type de construction est similaire à celui de l’enceinte et est assez caractéristique du XIII e ou du XIV e siècle. Ce bâtiment peut donc sans doute être daté de cette période.

Bâtiment démoli, parcelle D 146, vue depuis l’ouest. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

- Parcelle D 137

Au sud du village, un passage couvert a été aménagé au XIX e siècle en avant d’une maison, entre le mur méridional de celle-ci et l’enceinte. D’après le plan cadastral dit napoléonien, il semble qu’un passage couvert existait déjà à cet emplacement avant la construction de l’actuel, en 1879, comme en témoigne la date portée à son extrémité orientale. Sous ce passage couvert, le mur méridional de la maison conserve quelques éléments architecturaux médiévaux. Il s’agit tout d’abord d’une tête de mur maçonnée qui servait à porter une élévation en pan-de-bois. Cet encorbellement subsiste à l’angle de la maison au niveau du croisement entre le passage couvert et la ruelle des tanneries. Il est composé de trois ressauts en quart- de-rond. La reprise de la maçonnerie en arrière de l’angle du mur témoigne d’un remaniement de la construction initiale. Sur l’élévation méridionale de ce même mur sont conservés plusieurs corbeaux en quart-de-rond qui constituaient un cordon. La pierre utilisée pour ces éléments est un calcaire gréseux un peu rosé qui semble différente de celle utilisée ailleurs dans le village et sur le mur lui-même. Le mur en question comporte deux types de construction très différents. Dans sa partie occidentale, l’élévation est en moellons équarris et calibrés de calcaire assez semblables à ceux de l’enceinte fortifiée et du bâtiment évoqué précédemment. Dans sa partie orientale, le mur est bâti en petits moellons de calcaire plus ou moins assisés. La partie occidentale du mur vient s’appuyer contre la partie orientale. Elle lui est donc postérieure. La chronologie relative entre la partie orientale du mur et l’angle portant l’encorbellement est plus difficile à cerner. Cet angle est construit avec le même type de pierre que l’encorbellement qu’il porte et que l’alignement de corbeaux, un calcaire gréseux rosé. La reprise de maçonnerie au niveau de l’angle semble indiquer une antériorité du mur sur l’angle. Cette hypothèse est étayée par la présence quasi continue des corbeaux sur la totalité du mur, tant dans sa partie orientale qu’occidentale.

123 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. Il semble donc que ce mur remonte à la fin du XIII e siècle pour sa partie occidentale. Il a ensuite subit deux remaniements successifs. Ceci s’est traduit dans un premier temps par l’élévation de la partie orientale du mur puis par la construction de l’angle portant l’encorbellement. L’utilisation du même type de pierre pour les corbeaux et pour l’encorbellement suppose une contemporanéité de ces éléments. Du fait de leur forme ceux- ci semblent être médiévaux. Les trois phases de construction paraissent donc avoir eu lieu entre la fin du XIII e siècle et le XV e siècle.

Maison, détail de la jonction entre les deux types Maison, détail de l’encorbellement et de de maçonnerie, parcelle D 137, vue depuis le l’alignement de corbeaux, parcelle D 137, vue sud-est. depuis le sud. Cliché : Anaïs Comet, août 2011. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

- Éléments épars

Deux portes en arc brisé sont conservées sur des maisons remaniées postérieurement à leur construction (parcelles D 146 et D 152). Toutes deux sont chanfreinées et les piédroits se terminent en congés triangulaires. Au-dessus de la porte de la parcelle D 146 se trouvent deux corbeaux en quart-de-rond.

124 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. Maison, élévation orientale, détail de la porte en arc brisé, parcelle D 152, vue depuis l’est. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

Une maison en pan-de-bois conserve la partie inférieure d’une croisée qui paraît avoir été recoupée lors de l’abaissement du toit (parcelle D 354). Cette croisée n’a pas été étudiée de près. Elle semble néanmoins présenter des chanfreins amortis par des congés en pointe et un large appui en bois mouluré. Elle pourrait dater du XV e siècle.

Maison, détail de l’élévation orientale en pan-de-bois avec les vestiges de deux croisées, parcelle D 354, vue depuis l’est. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

d. L’église

L’église a été très remaniée lors de travaux de reconstructions aux XVIII e et XIX e siècles. Elle présente néanmoins quelques vestiges de la fin du Moyen Âge ou du tout début de l’Époque moderne. Elle est implantée hors de l’agglomération, à quelques dizaines de mètres à l’est du village.

125 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Église paroissiale, vue depuis le nord-ouest. Cliché : Anaïs Comet, août 2011.

3. DYNAMIQUES MORPHOLOGIQUES 198

Nous ne reprenons pas ici en détail la question de la datation des différentes étapes de constitution du village de Mauroux, nous renvoyons pour cela au chapitre 2. Il s’agit simplement de reprendre de manière synthétique ces évolutions.

a. La motte castrale

La première étape de regroupement de l’habitat semble s’être faite aux abords de la motte castrale, vers l’est de celle-ci. Cette première étape est bien antérieure à notre période d’étude.

b. Un village au plan régulier

Ensuite, sans doute dans la seconde moitié du XIII e siècle, un village au plan orthogonal est venu se greffer au sud du premier noyau d’habitat jusqu’au rebord du plateau.

c. Un autre quartier au plan régulier

Assez rapidement après la mise en place de ce village, s’est développé un autre quartier au plan lui aussi régulier, à l’ouest de l’ensemble formé par les deux entités précédentes.

198 Voir annexe 27-09-PL-06 : L’évolution du village de Mauroux au cours du Moyen Âge.

126 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. d. La cristallisation de ces évolutions successives par l’édification de l’enceinte

Il semble que, dès la fin du XIII e siècle, une enceinte ait été construite sur tout le pourtour du village, faisant ainsi le lien entre les trois éléments antérieurs et donnant une unité à l’ensemble.

e. Quelques mutations de l’habitat à l’intérieur de l’agglomération

Faute de vestiges bâtis conservés en nombre suffisant, il est difficile de déterminer s’il y a eu des mutations dans la manière de construire à la fin du Moyen Âge. Cependant, il est intéressant de noter que la fenêtre attribuable au XV e siècle est en bois et s’inscrit dans une élévation en pan-de-bois alors que les éléments architecturaux antérieurs sont maçonnés (vestiges sur les maisons des parcelles D 137, 145 et 146). Les transformations de la construction du mur sud de la maison parcelle D 137, avec notamment l’édification de l’encorbellement, pourraient aussi aller en ce sens. Un seul exemple n’est malheureusement pas suffisant pour en tirer des généralités.

127 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. SOURCES

*AD Gers :

- E suppl. 1762, Délibérations, 1752-1789. - I 2036, Arrentement des biens de Mauroux appartenant à noble Léaumont Puygaillard, 1627. - 3 P Mauroux/5, Plan cadastral dit napoléonien, 1833.

*Sources publiées :

- BLADÉ, Jean-François, « Les coutumes de Mauroux », Revue de Gascogne , t. 3, 1862, p. XXVII-XXXVI. - CARSALADE DU PONT, Jean de, « Les places fortes de la Gascogne en 1626-1627 », Revue de Gascogne , t. 40, 1899, p. 456. - NOULENS, J., Documents historiques sur la maison de Galard , Imprimerie J. Claye, Paris, 1871, vol. 1, p. 467-469.

BIBLIOGRAPHIE

- BALAGNA, Christophe, L’architecture gothique religieuse en Gascogne centrale , Thèse de doctorat sous la direction de Michèle Pradalier-Schlumberger, UTM, 2000. - LAPART, Jacques et PETIT, Catherine (dir.), Carte archéologique de la Gaule, Le Gers , Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Ministère de la Culture, Paris, 1993, p. 298. - TRUILHE, Lucien, Communes du département du Gers, Tome 2 : l’arrondissement de Condom , SAHG, Auch, 2004, p.413-414.

128 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

129 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

130 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

131 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

132 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

133 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

134 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Direction Générale des Patrimoines

Inventaire thématique du patrimoine bâti : Les transformations des agglomérations en Gascogne gersoise à la fin du Moyen-Âge

LA BASTIDE DE SAINT -CLAR

Clocher de la « vieille église », vue depuis le nord.

Étude réalisée dans le cadre d’une allocation formation recherche octroyée en 2011 par la Direction Générale des Patrimoines du Ministère de la Culture et de la Communication, et en partenariat avec le Service Connaissance du Patrimoine de la Région Midi-Pyrénées

Anaïs Comet, février 2012

135 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. SOMMAIRE

Introduction

1. Historique a. Les origines de l’agglomération b. Les coutumes c. Saint-Clar d’après les documents écrits du XVII e siècle d. L’apport des sources du XVIII e siècle

2. Inventaire du patrimoine bâti a. La morphologie générale de l’agglomération b. L’architecture publique et civile c. Les fortifications d. L’architecture religieuse

3. Dynamiques morphologiques a. Le pôle ecclésial b. La fondation de la bastide… c. … et son échec partiel d. La mise en fortification de l’agglomération e. Les transformations postérieures à la fin du Moyen Âge

Synthèse

Bibliographie et sources

Annexes :

- 27-11-PL-01 : La bastide de Saint-Clar en 1833. - 27-11-PL-02 : La bastide de Saint-Clar en 2010. - 27-11-PL-03 : Saint-Clar, analyse morphologique. - 27-11-PL-04 : Quelques éléments d’architecture publique, civile et religieuse. - 27-11-PL-05 : Les fortifications. - 27-11-PL-06 : L’évolution du bourg de Saint-Clar au cours du Moyen Âge.

136 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. La bastide de Saint-Clar est située au cœur du canton éponyme, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Lectoure. Elle est implantée à faible distance de la voie romaine menant de Toulouse à Bordeaux via Lectoure 199 . Sans avoir un rôle stratégique essentiel, elle se trouve tout de même au Moyen Âge au croisement de deux routes importantes pour la Lomagne, celle menant de Beaumont-de-Lomagne à Lectoure et celle allant de Fleurance à Auvillar. La bastide est implantée à l’extrémité d’un plateau dominant la large vallée de l’Arrats, à l’est, et deux petits vallons encaissés au nord et au sud. Le paysage environnant est marqué par la présence de deux vallées d’axe plus ou moins sud/nord, la vallée de l’Arrats à l’est et celle de l’Auroue à l’ouest. Entre ces deux vallées prend place un plateau large d’environ deux kilomètres et entaillé à l’est par plusieurs vallons au fond desquels coulent de petits affluents de l’Arrats. En dehors de cette bastide à l’urbanisme assez développé, le reste du territoire communal présente un habitat très dispersé 200 .

1. HISTORIQUE

Quelques sites de l’époque gallo-romaine ont été repérés sur le territoire communal 201 . Parmi eux, nous pouvons citer les villae d’Ayrem, de la Bénazide et de Frans, ainsi que plusieurs gisements de tegulae . Au Moyen Âge, Saint-Clar est l’un des principaux bourgs de la vicomté de Lomagne qui eut pour capitale successivement Lavit et Lectoure.

a. Les origines de l’agglomération

Si l’on en croit Christophe Balagna, l’agglomération primitive de Saint-Clar serait une sauveté mise en place à partir du XI e siècle, conjointement par l’abbé de Moissac et l’évêque de Lectoure, suite à la donation par le vicomte de Lomagne de ses droits sur l’église de Saint-Clar à l’abbé de Moissac 202 . Concernant les origines de Saint-Clar, Benoît Cursente et Gilbert Loubès indiquent qu’il s’agit d’un castelnau fondé autour des châteaux des évêques de Lectoure et des vicomtes de Lomagne 203 . L’une et l’autre de ces informations ne se contredisent pas et le castelnau pourrait être le fruit de la réorganisation d’une sauveté antérieure. Quoi qu’il en soit, l’église paroissiale et les deux châteaux sont bien à l’origine de la première agglomération de Saint-Clar qui correspond à ce qui est appelé depuis la fin du Moyen Âge le Castet vielh , seule appellation que nous utilisons dans ce dossier pour plus de clarté. Il est intéressant de noter que nous sommes déjà en présence d’une coseigneurie avant le XIII e siècle, à la veille de la fondation de la bastide. Les deux coseigneurs sont, d’une part, l’évêque de Lectoure et, d’autre part, le vicomte de Lomagne. Ce dernier cède, pendant environ un siècle entre le XI e et le XII e siècle, ses droits à l’abbaye de Moissac. Plus tard, la vicomté de Lomagne dépendant successivement des royaumes de France et d’Angleterre, le vicomte détient la moitié de la seigneurie de Saint-Clar pour le compte de l’un des deux rois. Dans les années 1270-1280, la bastide de Saint-Clar est fondée par paréage entre l’évêque de Lectoure et le roi d’Angleterre, Edouard I er . L’acte de paréage n’est pas

199 DUCOS, Marie-Thérèse et DUCOS, Jean-Henri, Communes du département du Gers. Tome 2 : l'arrondissement de Condom , Société Archéologique et Historique du Gers, Auch, 2004, p.387. 200 Voir annexes 27-11-PL-01 : La bastide de Saint-Clar en 1833 et 27-11-PL-02 : La bastide de Saint-Clar en 2010. 201 LAPART, Jacques et PETIT, Catherine, Carte archéologique de la Gaule, Le Gers , Académie des Inscriptions et Belles lettres, Ministère de la Culture, Paris, 1993, p. 298. 202 BALAGNA, Christophe, L'architecture gothique religieuse en Gascogne centrale , Thèse de doctorat sous la direction de Michèle Pradalier-Schlumberger, UTM, 2000, t. 2, p.361. 203 CURSENTE, Benoît et LOUBES, Gilbert, Villages gersois, vol. 2 - Les bastides , Publication de la chambre d'agriculture du Gers, Auch, 1991, p.93.

137 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. conservé. Il semblerait que cette fondation ait eu lieu vers 1273 et que des coutumes aient été octroyées en 1289 204 . Le texte original de ces dernières a aussi disparu. La datation de la fondation de la bastide de Saint-Clar avant 1273 peut être étayée par un acte de 1274 qui mentionne le bailli de Saint-Clar pour le roi d’Angleterre 205 . Cette bastide est fondée au nord du noyau d’habitat préexistant, entre ce dernier et les rebords du plateau sur lequel il est implanté. Le plan orthogonal de la bastide s’adapte aux contraintes topographiques du site. Nous reviendrons sur ce point dans le chapitre suivant. Il semble que la partie occidentale de la bastide, pourtant elle-aussi cadastrée, n’a jamais été bâtie. Cette partie est appelée dans les sources du début de l’Époque moderne la « bastide vieille » alors que la moitié orientale de la bastide, lotie et entourée de murailles, est dénommée la « bastide neuve 206 . » Pour plus de clarté, nous utilisons ces appellations dans ce dossier.

b. Les coutumes

Le texte des coutumes de Saint-Clar a disparu. Comme nous l’avons vu précédemment, elles ont probablement été octroyées vers 1289 par le roi d’Angleterre. Un acte de reconnaissance des fiefs par les consuls de Saint-Clar, daté de 1533, reprend en partie le texte des coutumes originelles 207 . Il est tout d’abord stipulé dans ce texte le statut de coseigneurie. Le deuxième item précise ainsi que le lieu de Saint-Clar appartient au vicomte et à l’évêque à parts égales, hormis quelques points indiqués plus loin dans la reconnaissance :

Item disent les dits bayles et consuls et autres jurés le lieu de Saint Clar être et appartenir aux Roy et reine comme vicomtes de Lomagne, et au révérend père en dieu M. l’évêque de Lectoure par indivis et égales portions certaines choses cy-après déclarées exceptées.

Cet acte reprend l’essentiel des taxes et autres impôts dus par les habitants en diverses situations. Ces nombreux items reprennent les usages en vigueur au début du XVI e siècle. Ces usages sont probablement, au moins pour partie, ceux édictés dans les coutumes du XIII e siècle. Quelques items sont particulièrement intéressants pour notre sujet et notamment le seizième qui différencie bien le « château viel », la « bastide vieille » et la « bastide neuve » :

Item est de coutume au dit lieu de Saint Clar que tout homme ou femme qui aura une place de maison bâtie ou à bâtir ou de cazau en la bastide neuve et en la bastide vieille payera pour la dite place de fiefs aux dits seigneurs quatre deniers morlaas valant dix huit deniers tournois et pour chacune place qui sera dans le château viel payera un denier morlaas et un livrat de sibade, et doit avoir chacune place de la bastide neuve seize razes de large et quarante de long.

Ce passage est notable à plusieurs égards. Tout d’abord il différencie bien les trois parties de l’agglomération de Saint-Clar. Ensuite, il convient de noter que le montant de l’impôt est identique dans la bastide neuve et la bastide vieille alors qu’il est moins élevé dans le château vieux. Cela permet de supposer qu’on est là en présence d’un article issu d’usages anciens, remontant au moment de l’établissement de la bastide, mais dont le texte est adapté au moment de la rédaction de cet acte de reconnaissance. En effet, la différenciation de l’impôt entre bastide et village préexistant est assez classique au moment de la fondation d’une bastide, alors que la différenciation entre bastide neuve et vieille ne

204 CURSENTE, Benoît et LOUBES, Gilbert, Villages… 2, op. cit., 1991, p. 68 et 93. 205 BEMONT, Charles, Recueil des actes relatifs à l’administration des rois d’Angleterre en Aquitaine au XIII e siècle (Recogniciones feodorum in Aquitania) , Paris, 1914. Acte n° 451, p. 179-180, 4 avril 1274, mention du « bailles de Sent Clar ». 206 BLADE, Jean-François, Coutumes municipales du département du Gers – 1 ère série , Durand, Paris, 1864, p. 82-89. 207 Ce document a été publié : BLADE, Jean-François, Coutumes…, op. cit. , 1864, p. 82-89.

138 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. peut intervenir que quelques années après cette fondation. Cet item apporte aussi une précision essentielle concernant la taille des parcelles de la bastide neuve. Celles-ci mesurent seize razes de large sur quarante de long, soit un rapport de 2/5. Nous sommes ici en présence de parcelles assez ramassées et beaucoup moins allongées que dans nombre d’autres bastides du sud-ouest. L’acte de reconnaissance de 1533 apporte quelques indications sur le château de l’évêque et celui du vicomte. Tous deux sont implantés dans le castet vielh . Le château vicomtal abrite des prisons. Les consuls quant à eux reconnaissent tenir les padouens communs, ainsi que la place et la boucherie :

Item disent et ont reconnu tenir des dits seigneurs en la dite ville le maset et place d’icelle et padouen communs de la dite ville (…)

c. Saint-Clar d’après les documents écrits du XVII e siècle

Les sources écrites médiévales concernant la bastide de Saint-Clar sont assez peu nombreuses et il faut attendre le XVII e siècle pour avoir une idée plus précise de l’aspect général de l’agglomération.

En 1626, le bourg de Saint-Clar fait partie des places fortes de Gascogne recensées par Jean de Chastenet de Puységur dans son enquête pour le compte du roi de France 208 . Il donne une description assez précise de Saint-Clar qui apparaît alors comme un point très fortifié avec enceinte, fossés, tours-portes fortifiées de mâchicoulis et ponts-levis :

La rivière de Larrax passe au bas du penchant du mesme cousté ; elle a ses murailhes bonnes avec six guerittes flanquées du cousté du couchant et a son chasteau, maison episcopale du sieur evesque de Lectoure, au devant duquel il y a un grand fossé profond. Elle a deux portes avec deux grosses tours carrées, l'une du cousté du midy et l'autre de septentrion fortifiées de machicoulis, pont levis et ravellin.

Le compoix de 1695 a été dépouillé dans sa totalité, du moins en ce qui concerne les parcelles bâties 209 . Il présente la particularité d’avoir été réalisé selon un cheminement logique à l’intérieur de la bastide permettant ainsi de mieux percevoir les liens entre les différents quartiers, les différentes rues et même plus spécifiquement entre les différentes maisons. Il n’est plus question ici de bastide vieille et bastide neuve. La bastide neuve est appelée la ville et le castet vielh est dénommé le château. Le toponyme associé à l’emplacement de la bastide vieille n’a pas été repéré dans ce document. En plus de l’agglomération principale, le territoire de Saint-Clar compte alors une quinzaine de hameaux importants (entre cinq et plus de vingt fermes), et une cinquantaine de lieux-dits abritant entre une (la majorité du temps) et quatre fermes. La ville compte alors plus de 260 maisons dont une quarantaine avec des jardins, cours ou patus, une dizaine de jardins isolés, six étables et deux chais. L’activité agricole est alors très présente à l’intérieur même de la bastide. La plupart des rues citées dans le compoix se retrouvent encore aujourd’hui dans le bourg : rue Mailhet, rue Argentère, la place (aussi appelée dans le compoix la garlande de la place) et la Plassotte. Seules la rue de et la Grande rue du compoix ont changé de nom. La rue de Samatan correspond à l’actuelle rue Louis Camès. La Grande rue pose plus de problèmes d’identification. Il pourrait s’agir de la rue parallèle aux rues Mailhet et Argentère, partant de l’angle sud-est de la place, en direction des remparts orientaux. Aux abords de la bastide, hors les murs, se trouvent alors deux quartiers regroupant chacun une dizaine de fermes ou maisons. Au sud se développe le barry ou faubourg. Il

208 CARSALADE DU PONT, Jean de, « Les places fortes de la Gascogne en 1626-1627 », Revue de Gascogne , t. 40, 1899, p. 457. 209 AD Gers, E suppl. 3487, Compoix, 1695.

139 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. abrite deux fermes et huit maisons toujours associées à des jardins. L’une des maisons possède une boutique. Aucune autre boutique spécifiquement indiquée comme telle n’a été repérée dans le compoix. Le deuxième quartier est celui de Las Bordes, aussi appellé les Capotz. Ce toponyme a aujourd’hui disparu de la carte IGN mais reste visible sur le cadastre. Il se trouve au sud-ouest du bourg, un peu en retrait au nord de la route de Lectoure, peu après l’embranchement avec la route de Fleurance. Il abrite alors onze fermes. Toutes appartiennent à des charpentiers ou des veuves de charpentiers. Nous retrouvons là une implantation assez classique du quartier des capots ou cagots, ces populations mises à l’écart de la société et dont on ne connaît pas bien l’origine, à environ deux cents mètres des murs de la bastide. Il semble qu’à la fin du XVII e siècle les capots aient tout de même l’autorisation d’être enterrés dans le cimetière du bourg. Ils possèdent cependant une partie particulière du cimetière que l’on retrouve en confronts dans le compoix sous le terme « cimetière des capots. » Les métiers représentés dans le compoix, hormis les charpentiers dont nous venons de parler et les laboureurs assez nombreux, sont principalement liés à l’artisanat textile. Ainsi se trouvent à Saint-Clar à la fin du XVII e siècle de nombreux tisseurs, tisserands, sargeurs, bonnetiers, chapeliers, tailleurs ou encore cordiers.

Un autre document, de quelques années antérieur au compoix, permet de compléter les données apportées par ce dernier. Il s’agit des minutes du dénombrement de la ville de 1664 210 . En effet, le compoix ne comporte aucune information concernant les biens nobles sauf lorsqu’ils sont en confronts d’autres biens. Ici nous avons la description des biens nobles et des biens de la communauté avec leurs confronts. Il n’est déjà plus question dans ce texte de la bastide neuve, celle-ci est appelée ville, alors que la bastide vieille est toujours dénommée ainsi. Nous assistons là à l’évolution du toponyme dont nous avons déjà parlé et à la disparition de celui de bastide neuve. Nous apprenons que le château du roi, l’ancien château des vicomtes, est en mauvais état de conservation dans la seconde moitié du XVII e siècle alors que celui de l’évêque est en meilleur état :

Le roy a chateau ruineux appelle la tour des comptes […] de la confrontation aussy les meurs et fosses et une porte de la dite ville appelle la porte du chateau Ledit seigneur eveque y a chateau […] en bon estat et habitable

Il est en outre précisé que les habitants jouissent de deux boucheries et que les consuls possèdent la halle :

De plus dénombrent une halle, bastie dans ladite ville, au millieu de laquelle est leur gros pilliers de pierre est bastie ladite maison de ville servant a assembler les habitants, a y delliberer des affaires publiques et aux consuls d’y tenir leurs audiances et assises pour l’administration de la justice […] Sous ladite halle vers occident sont les boucheries de ladite ville

d. L’apport des sources du XVIII e siècle

La documentation concernant le bourg de Saint-Clar pour le XVIII e siècle est abondante. Nous ne reprenons donc ici que les quelques éléments intéressant directement les thématiques traitées. Parmi les très nombreuses archives concernant des travaux sur les édifices publics, il faut noter plusieurs campagnes de réparations plus ou moins importantes sur l’église et son clocher et aux murs du bourg. Il est généralement question d’abaisser la hauteur du mur d’enceinte.

210 AD Gers, E suppl. 1721, Minutes du dénombrement de la ville, 1664.

140 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. Une liasse de documents concerne une porte située à l’extrémité de la Grande rue 211 . Les divers courriers et autres documents qui composent cette liasse font état de litiges à propos de cette porte dont l’ouverture aurait été autorisée par Henri IV en 1579. La porte aurait par la suite été obturée et deux siècles plus tard les habitants en demandent la réouverture. Un autre document mentionne au faubourg le « quartier de la barbe canne » qui fait sans doute référence à une ancienne barbacane située dans ce secteur 212 . Le document de cette période le plus intéressant pour notre sujet est sans nul doute le plan de la fin du XVIII e siècle conservé aux Archives départementales du Gers 213 . Ce plan aquarellé en couleur permet de bien faire la distinction, au niveau du bourg de Saint-Clar, entre les zones bâties et non bâties. Ainsi les jardins de la bastide vieille mais aussi ceux qui se trouvent dans l’enceinte sont bien différenciés des bâtiments et des champs alentours. Sur ce plan, les quartiers du faubourg et de Las Bordes évoqués précédemment sont bien représentés et différenciés du reste de l’agglomération. Il est aussi possible de voir sur ce plan que le parcellaire orthogonal de la bastide neuve se poursuit dans la bastide vieille bien que celle-ci ne soit pas lotie.

Extrait du plan de Saint-Clar avec le bourg, le faubourg et le quartier de Las Bordes. Échelle : 1 cm = 20 toises (environ 40 m). Source : AD Gers, 1 Fi 69. Cliché : Anaïs Comet, janvier 2012.

211 AD Gers, C 575, Bureau des finances, permission de rouvrir une porte située au fond de la grande rue qui avait été construite en vertu de privilèges concédés par Henri IV à Nérac le 18 septembre 1579 et qu'on avait fait fermer depuis, 1762 ; permission de faire diminuer la hauteur des murs de la ville, 1771. 212 AD Gers, C 479, Bureau des finances, concession de terrains domaniaux, portion du chemin de ronde et des fossés, 1781 et 1789. 213 AD Gers, 1 Fi 69, Plan de la ville de Saint-Clar et de ses abords, XVIII e siècle.

141 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. 2. INVENTAIRE DU PATRIMOINE BÂTI

Le patrimoine bâti de Saint-Clar est riche et varié. Il témoigne de l’histoire de cette agglomération depuis ses débuts aux abords de la « vieille église » jusqu’aux remaniements importants du XIX e siècle qui ont entraîné de grands bouleversements jusque dans la morphologie générale du lieu. Le site de la place de la mairie, avec la halle, la mairie et les immeubles à couverts qui l’entourent, est inscrit comme Monument historique depuis 1943. L’ensemble formé par la halle et l’hôtel de ville est inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1986.

a. La morphologie générale de l’agglomération 214

- Une adaptation à la topographie du site

Saint-Clar, tout comme Valence-sur-Baïse par exemple, est une bastide de hauteur. Elle est édifiée à l’extrémité d’un plateau dominant sur trois côtés les vallons alentours. Le plan orthogonal assez classique des bastides a donc du être adapté aux réalités topographiques du site. C’est pour cette raison que l’agglomération a une forme plutôt ovoïde sur ses côtés nord, ouest et est. Au sud, cette forme s’explique par la présence d’un noyau d’habitat d’implantation plus ancienne que celle de la bastide, le castet vielh .

- Trois unités de plan distinctes

L’agglomération de Saint-Clar présente trois unités de plan qu’il est possible de distinguer facilement, au sud le castet vielh , au nord-ouest la bastide vieille et au nord-est la bastide neuve. Ces trois unités de plans témoignent de trois phases d’évolution de l’agglomération. Le quartier du castet vielh se développe autour de la « vieille église » selon une forme concentrique. Il marque la limite méridionale de l’agglomération fortifiée. Les parcelles y sont de dimensions plus restreintes que dans le reste du bourg. Elles sont généralement bâties, sauf celles les plus au sud, le long du mur d’enceinte, qui abritent des jardins ou des cours. Les ruelles sont étroites et souvent courbes. Le quartier de la bastide neuve s’organise autour de la place de la halle selon un quadrillage de rues qui se croisent à angle droit et forment des îlots de dimensions variables bien qu’étant toujours un multiple de la taille originelle des parcelles. Comme dans le quartier du castet vielh , la majorité des parcelles sont bâties bien qu’il subsiste un certain nombre de jardins en cœur d’îlot et le long des remparts nord. De nombreuses maisons installées autour de la halle et dans les rues adjacentes présentent des couverts en rez-de-chaussée. La place de la halle n’est pas implantée au centre de la bastide neuve mais plutôt au centre de ce qu’aurait du être la bastide si l’ensemble de l’espace cadastré avait été loti. Nous reviendrons sur ce point dans le dernier chapitre de ce dossier. La bastide vieille conserve dans son parcellaire son plan originel. Elle a cependant été lotie beaucoup plus tardivement que la bastide neuve. En effet, jusqu’au XIX e siècle, cet espace est occupé uniquement par des jardins et des prés. Le tracé du parcellaire, dans la continuité de celui de la bastide neuve, laisse imaginer qu’il était prévu au départ de bâtir l’ensemble de la bastide ainsi cadastrée.

214 Voir annexe 27-11-PL-03 : Saint-Clar, analyse morphologique.

142 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Ruelle du castet vielh , vue depuis l’ouest. Couverts sud de la place de la halle, vue depuis Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011. l’est. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

- Les points de contact entre ces unités de plan

Entre ces trois unités de plan subsistent des espaces résiduels qui constituent des points de contact. Ceux-ci forment autant de places publiques de dimensions importantes qui donnent une impression surprenante de zones laissées vaquantes à l’intérieur même de l’agglomération. Le plus marquant de ces espaces résiduels se situe entre le castet vielh et la bastide neuve. Il s’agit de la place appelée la Plassotte. Celle-ci est particulièrement grande, de forme plus ou moins trapézoïdale, et implantée en pente. Elle permet de passer du plan plus ou moins circulaire du castet vielh au plan orthogonal de la bastide neuve. Entre le castet vielh et la bastide vieille, l’espace résiduel constitue là aussi une place. Il s’agit de la place du foirail, un simple élargissement de la voirie dans l’axe de la rue séparant les deux bastides. La zone de contact entre la bastide vieille et la bastide neuve est constituée par une simple rue qui passe à l’emplacement des anciens fossés et partage plusieurs îlots du plan initial de la bastide.

Vue d’ensemble de la Plassotte en direction du castet vielh depuis le nord-est. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

143 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. - Le faubourg et le quartier des capots

Le faubourg s’est développé dans un premier temps au sud de l’agglomération, en face du castet vielh , de l’autre côté de la route. Par la suite, le faubourg s’est étendu de part et d’autre des deux axes principaux de communication qui partent, vers le sud-ouest, sur le plateau : la route menant à Fleurance et celle de Lectoure. Ce faubourg est attesté dès le XVII e siècle sans qu’il soit possible de dater sa mise en place avec certitude. Il s’est développé bien avant le lotissement de la bastide vieille au XIX e siècle. Au sud-ouest de l’agglomération, légèrement en retrait au nord de la route de Lectoure, s’est développé le quartier des capots aussi appelé Las Bordes. La date de mise en place de ce quartier n’est pas connue avec certitude. Il est lui aussi attesté au XVII e siècle bien que les capots de Saint-Clar apparaissent dans la documentation écrite un siècle plus tôt.

Faubourg, vue depuis le nord-est. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

b. L’architecture publique et civile 215

- La halle

L’ensemble formé par la halle et l’hôtel de ville est attesté dans la documentation écrite de la seconde moitié du XVII e siècle 216 . Il abrite à cette date aussi les boucheries de la bastide. Un siècle et demi plus tôt, il n’est pas question de halle et d’hôtel de ville mais de boucherie et de place 217 . Sans qu’il soit possible de déterminer avec certitude si la boucherie et la place qui l’entoure correspondent bien à l’actuelle place de la halle abritant l’hôtel de ville, cela n’est pas impossible. En effet, le centre du pouvoir au Moyen Âge se trouve plutôt dans le quartier du castet vielh , auprès de l’église et des deux châteaux seigneuriaux, alors que le centre économique est dans la bastide. Il a donc pu y avoir une place avec halle abritant des boucheries jusqu’au milieu de l’Époque moderne, avant que cette halle soit modifiée pour accueillir la maison commune. Quoi qu’il en soit l’édifice actuellement visible semble avoir été fortement remanié au XIX e siècle et il ne subsiste probablement plus grand- chose de l’édifice originel. Vers 1818, l’hôtel de ville est reconstruit et il est surmonté d’un campanile une dizaine d’années plus tard.

215 Voir annexe 27-11-PL-04 : Quelques éléments d’architecture publique, civile et religieuse. 216 AD Gers, E suppl. 1721, Minutes du dénombrement de la ville, 1664. 217 BLADE, Jean-François, Coutumes…, op. cit. , 1864, p. 82-89.

144 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Vue d’ensemble de la halle et de l’hôtel de ville depuis le sud-est. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

- Les couverts ou embans

Les maisons à couverts sont nombreuses à Saint-Clar, tant autour des deux places principales, la Plassotte et la place de la halle, que dans les rues de la bastide neuve. Le quartier du castet vielh ne possède aucune maison à couverts. Il en est de même pour la bastide vieille. Ces couverts sont des lieux de transition entre l’espace public et l’espace privé. En effet, ils sont surmontés d’espaces privés habités et sont utilisés par les propriétaires de la maison qui les borde et surmonte. En même temps, ils ont une utilisation publique en servant de circulation abritée et d’installation de certains étals les jours de marché et de foire. Les couverts de Saint-Clar ont tous été édifiés et/ou remaniés à l’Époque moderne, et parfois même à l’Époque contemporaine. Aucun d’entre eux ne peut être attribué au Moyen Âge ou à la Renaissance. Ils reposent pour l’essentiel sur de vastes arcades en pierre de taille.

- Les maisons

Aucune maison présentant un élément médiéval visible depuis la voie publique n’a été repérée à Saint-Clar. Il faudrait entrer dans certaines maisons du castet vielh et de la bastide neuve pour trouver, en limite de parcelle, quelques murs mitoyens anciens. En effet, le parcellaire est particulièrement bien conservé en certains endroits et il est fort probable que les murs mitoyens n’aient pas, ou peu, été modifiés au fil des siècles. Plusieurs maisons de Saint-Clar présentent des façades en pan-de-bois, notamment dans le castet vielh . Celles-ci ne semblent pas antérieures à l’Époque moderne. Il est intéressant de noter que dans le compoix de la fin du XVII e siècle figurent plusieurs charpentiers mais aucun maçon 218 . D’autre part les archives notariales de cette période font état de nombreuses maisons construites en pan-de-bois rempli de torchis 219 . La part des constructions en bois à l’Époque moderne à Saint-Clar semble donc avoir été beaucoup plus importante que ce qu’il en subsiste aujourd’hui. L’essentiel des maisons de Saint-Clar sont actuellement bâties en pierre, parfois en pierre de taille, le plus souvent en moellons, toujours en calcaire d’extraction locale. Les toits sont tous, ou presque, couverts de tuiles creuses. La plupart de ces maisons semblent avoir été édifiées ou reconstruites aux XVIII e et XIX e siècles.

218 AD Gers, E suppl. 3487, Compoix, 1695, fol. 266 à 269. 219 Voir les extraits cités dans : POLGE, Michel, « Saint-Clar, évolution urbaine », BSAG , t. 87, 1986, p. 285-302 et p. 409-436.

145 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012.

Maisons en pierre et en pan-de-bois dans une ruelle du castet vielh , vue depuis l’est. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

c. L’architecture religieuse 220

- La « vieille église »

La « vieille église » de Saint-Clar est située en plein cœur du quartier du castet vielh , c’est autour d’elle que s’est formé le premier noyau d’habitat de l’agglomération. Cet édifice est dédié à Saint-Clair et possède une chapelle dédiée à Saint-Roch et une autre à Sainte- Catherine. Dans sa thèse sur l’architecture gothique religieuse, Christophe Balagna propose une étude assez complète de cet édifice, y compris des parties antérieures à l’époque gothique 221 . Nous nous appuyons donc essentiellement sur ces données et renvoyons à cet ouvrage pour une description précise des différents éléments constituant l’église. Nous ne reprenons ici que les principales phases de construction. La partie la plus ancienne de l’édifice est le clocher. Il remonte probablement au XII e siècle. Il est antérieur à la construction de l’église encore en élévation. Il présente une base semi-circulaire surmontée d’une élévation à pans coupés. L’appareil utilisé est relativement homogène entre ces deux parties. L’élévation à pans coupés est sans doute de peu postérieure à la base semi-circulaire. La partie sommitale contenant la chambre de cloches est beaucoup plus récente, elle date de l’Époque moderne. Au sud et au nord du clocher sont accolées deux tourelles de plan circulaire. La tourelle nord est pleine tandis que celle située au sud abrite un escalier en vis permettant d’accéder aux niveaux supérieurs. Au rez- de-chaussée, le clocher abrite une chapelle voûtée en cul-de-four qui a servi de sacristie à l’église gothique. L’église paraît avoir été reconstruite dans les dernières années du XIII e siècle, peu de temps après la fondation de la bastide. Elle a peut-être été agrandie à cette occasion afin d’accueillir une population plus nombreuse de paroissiens. Au cours du XIV e siècle, deux chapelles ont été aménagées dans le mur gouttereau nord. La première est dédiée à Saint- Roch. Elle date de la première moitié du XIV e siècle. La seconde est dédiée à Sainte- Catherine et peut être datée par les sources écrites de 1366 222 . Sur le mur gouttereau sud, du côté de la ruelle, subsiste un alignement d’enfeus remarquable. Quelques

220 Voir annexe 27-11-PL-04 : Quelques éléments d’architecture publique, civile et religieuse. 221 BALAGNA Christophe, L'architecture gothique religieuse en Gascogne centrale , Thèse de doctorat sous la direction de Michèle Pradalier-Schlumberger, UTM, 2000, t. 2, p. 361-363 et t. 6, p. 704-712. 222 AD Gers, B 360 (document non consulté).

146 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. embellissements sont à noter pour la fin du Moyen Âge avec notamment les peintures murales conservées sur le mur sud de la nef. L’église a été amputée de la partie occidentale de la nef en 1854 et désaffectée en 1862. Elle a par la suite subit de nombreuses dégradations.

Élévation sud de l’église, vue depuis le sud-ouest. Clocher, vue depuis le sud. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

- L’église paroissiale du XIX e siècle

L’actuelle église paroissiale se situe au centre du bourg, au point de jonction entre les trois quartiers du castet vielh , de la bastide vieille et de la bastide neuve. Elle a été bâtie vers 1857 à l’emplacement de l’ancien cimetière. Elle présente un style néo gothique en vogue à cette période.

- Le cimetière

Le cimetière se trouvait à l’origine à l’emplacement de l’actuelle église paroissiale. Il était hors des murs du premier village. Il s’est retrouvé englobé dans la bastide lors de la fondation de celle-ci. Il a été déplacé vers 1825 à son emplacement actuel au nord du bourg, en contrebas de celui-ci et en bordure d’un chemin menant à l’Arratz.

d. Les fortifications 223

Les fortifications de l’agglomération de Saint-Clar ont presque toutes disparu. Il ne subsiste malheureusement que peu d’éléments visibles en élévation. En effet, au cours des XVIII e et XIX e siècles de nombreux bâtiments ont débordé l’enceinte et ont été construits contre celle-ci jusqu’à la cacher complètement. C’est seulement sur le front nord de l’agglomération qu’il est possible de retrouver quelques vestiges du rempart. Son tracé est cependant toujours visible dans le parcellaire sur l’ensemble de son tracé. Il a pu y avoir une première enceinte autour du noyau d’habitat constitué par le castet vielh , avant l’édification de la bastide. Cette hypothèse est étayée par le nom même donné à ce quartier et par l’existence du « portal du château vieux » en confront d’une maison située

223 Voir annexe 27-11-PL-05 : Les fortifications.

147 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. à la Plassotte dans le compoix de la fin du XVII e siècle 224 . L’étude des plans, du compoix et des vestiges en élévation permet d’affirmer que l’ensemble formé par le castet vielh , la bastide neuve et la bastide vieille n’a jamais été fortifié en totalité. Une enceinte commune a cependant été construite autour du castet vielh et de la bastide neuve cristallisant ainsi pour plusieurs siècles la réduction de l’emprise de l’agglomération par rapport à ce qui avait été prévu au moment de la fondation de la bastide à la fin du XIII e siècle. La mise en fortification du bourg est donc nécessairement postérieure à cette date sans qu’il soit possible de savoir avec certitude à quand elle remonte. L’enceinte était doublée d’un fossé, au moins sur ses côtés sud et ouest où elle ne donnait pas directement sur les rebords du plateau. Au début du XVII e siècle, il y avait deux portes principales surmontées de tours 225 . L’une se trouvait probablement au nord de la rue de Samatan et la seconde au sud de la Plassotte. Ces deux portes étaient défendues par des mâchicoulis et des ponts-levis. En plus de ces deux portes monumentales, d’autres ouvertures de moindre importance devaient exister pour permettre une bonne circulation au sein du bourg et en lien avec la campagne environnante. Dans le document cité précédemment il est question de six guérites qui pourraient correspondre à six portes secondaires. Il semble que le château du roi ait contribué directement à la défense de Saint-Clar. Il se trouvait en effet contre le mur d’enceinte et les fossés. Il en est de même pour le château de l’évêque depuis lequel il était possible d’accéder directement à une porte du bourg.

Vestige du mur d’enceinte sur le front nord de l’agglomération, vue depuis le nord-ouest. Cliché : Anaïs Comet, septembre 2011.

224 AD Gers, E suppl. 3487, Compoix, 1695, fol. 4. 225 CARSALADE DU PONT, Jean de, « Les places fortes … », op. cit., 1899, p. 457.

148 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. 3. DYNAMIQUES MORPHOLOGIQUES 226

Le bourg de Saint-Clar présente une morphologie particulière née d’une formation en plusieurs étapes. En l’absence de documentation écrite suffisante, il n’est malheureusement pas facile d’élaborer une chronologie précise de cette morphogenèse.

a. Le pôle ecclésial

Le premier noyau d’habitat s’est formé de manière concentrique autour de la « vieille église » et des châteaux du roi et de l’évêque. L’implantation de ce premier village est antérieure à la fondation de la bastide à la fin du XIII e siècle. La présence de l’église est attestée dans la documentation écrite du XI e siècle et celle d’une coseigneurie au XII e siècle. Il semble qu’à cette période le village soit déjà en place. Il s’est donc probablement formé au XI e ou au XII e siècle.

b. La fondation de la bastide…

À la fin du XIII e siècle, vers 1273, la bastide de Saint-Clar est fondée suite à un paréage entre le roi d’Angleterre, Edouard I er , et l’évêque de Lectoure. La totalité de l’extrémité du plateau, entre le pôle ecclésial préexistant au sud et les rebords du plateau au nord, à l’ouest et à l’est, est cadastrée. Des voies se croisant à angles droits sont tracées formant autant d’îlots de taille variable mais toujours multiple des dimensions des parcelles initiales. Au centre de ce dispositif se trouve la place de la halle.

c. … et son échec partiel

Aucun document d’archive ne permet de savoir si la bastide de Saint-Clar a été entièrement lotie et habitée dans les années qui suivirent sa fondation. L’acte de reconnaissance de 1533 atteste cependant la disparité qui existe entre ce qui est appelé la « bastide vieille » et la « bastide neuve ». La première semble non lotie et située hors de l’enceinte alors que la seconde est fortement urbanisée. Il est possible de mettre en perspective ce phénomène avec l’exemple de la bastide de développé par Benoît Cursente 227 . Pour Barran, un document exceptionnel est conservé permettant d’étudier la bastide environ un quart de siècle après sa fondation. En effet, la bastide a été fondée en 1279 et un document de 1303 recense la totalité des parcelles bâties dans la bastide avec leur localisation précise et leur surface. Ce document permet de constater que la totalité du territoire cadastré pour la bastide est alors loti et densément peuplé, y compris la zone située au sud alors même que cette partie de la bastide est abandonnée quelques années plus tard lors de la mise en fortification de l’agglomération. Benoît Cursente attribue cet abandon aux « crises démographiques du bas Moyen Âge 228 » sans plus de précision. Il est intéressant de noter que ce quartier abandonné est nommé dans les terriers de l’Époque moderne le « barat bielh ». Les parallèles sont nombreux entre l’exemple de Barran et celui de Saint-Clar : la date de fondation de la bastide (1273 pour Saint-Clar, 1279 pour Barran), les conditions d’implantation (présence dans les deux cas d’un village ecclésial préexistant), la cadastration d’un territoire plus vaste que celui mis en fortification, l’utilisation du terme vielh pour différencier ce qui constitue la nouvelle agglomération du quartier qui a été abandonné. Il est donc probable que la bastide vieille de Saint-Clar ait été lotie puis abandonnée suite à la diminution du nombre d’habitants. Il n’est cependant pas possible de proposer une datation précise de ce rétrécissement de l’agglomération. Celui-ci a nécessairement eu lieu entre la

226 Voir annexe 27-11-PL-06 : L’évolution du bourg de Saint-Clar au cours du Moyen Âge. 227 CURSENTE, Benoît, « La bastide de Barran, un quart de siècle après sa fondation », BSAG , t. 99, 1998, p.500-511. 228 Ibidem , p.503.

149 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. fin du XIII e siècle, moment de la fondation de la bastide, et le début du XVI e siècle, moment d’apparition dans la documentation écrite de la différenciation entre bastide neuve et bastide vieille.

d. La mise en fortification de l’agglomération

La fortification du bourg de Saint-Clar englobe, comme nous l’avons déjà souligné, les quartiers du castet vielh et de la bastide neuve, et elle exclut celui de la bastide vieille. Cette mise en fortification a donc très certainement eu lieu à un moment où la partie occidentale du bourg, la bastide vieille, n’était déjà plus totalement habitée ce qui justifiait de ne pas mettre en fortification la totalité du site. Il n’est là aussi pas facile de proposer une datation précise. Les rares vestiges du mur d’enceinte conservés sur le front nord du bourg permettent de proposer une datation aux alentours du XIV e siècle, sans que cela soit certain compte tenu de leur état de conservation. Dans ce cas, il semblerait que la bastide vieille n’ait jamais été lotie ou bien ait été abandonnée dans le siècle qui suivit sa fondation.

e. Les transformations postérieures à la fin du Moyen Âge

Des transformations importantes sont à noter postérieurement à la fin du Moyen Âge. Il s’agit tout d’abord, de l’implantation du faubourg, à une date inconnue mais antérieure au XVII e siècle. Celui-ci a pu se mettre en place dès la fin du Moyen Âge sans qu’il soit possible de l’attester. Le quartier des capots semble en revanche s’être implanté un peu plus tôt, peut-être dès la fin du Moyen Âge. Il est en effet attesté au XVI e siècle. Au cours du XVIII e siècle, de nombreuses maisons ont débordé le mur d’enceinte et sont venues s’appuyer contre celui-ci du côté extérieur au bourg. Au même moment, le rempart a été abaissé en de nombreux endroits et les éléments de fortification ont disparu. Les transformations les plus notables ont eu lieu au cours du XIX e siècle, tant à l’intérieur du bourg qu’à ses abords. Il s’agit tout d’abord de la construction de la nouvelle église à l’emplacement du cimetière et de quelques maisons, créant ainsi une nouvelle place assez vaste et un point de jonction entre le castet vielh , la bastide vieille et la bastide neuve. C’est aussi au cours du XIX e siècle, et ensuite au XX e siècle, que la bastide vieille a été urbanisée. Au même moment se sont développés de grands faubourgs le long des deux principaux axes de communication, la route de Fleurance et celle de Lectoure. Cet étalement le long des routes se poursuit encore aujourd’hui avec l’établissement de nouveaux lotissements.

150 Rapport d’étude 2011 – Volume 2 : annexes – Anaïs Comet, septembre 2012. SOURCES

*AD Gers :

- B 360, Chapelle Sainte-Catherine, 1366 (document non consulté). - C 479, Bureau des finances, concession de terrains domaniaux, portion du chemin de ronde et des fossés, 1781 et 1789. - C 575, Bureau des finances, permission de rouvrir une porte située au fond de la grande rue qui avait été construite en vertu de privilèges concédés par Henri IV à Nérac le 18 septembre 1579 et qu'on avait fait fermer depuis, 1762 ; permission de faire diminuer la hauteur des murs de la ville, 1771. - DAR Saint-Clar 11 : Dossier archéologique Polge, XX e siècle. - E suppl. 1710, Actes consulaires, 1595-1787. - E suppl. 1711, Coutumes, 1533-1684. - E suppl. 1721, Minutes du dénombrement de la ville, 1664. - E suppl. 1722, Biens communaux : vieux fossés, an XIII. - E suppl. 1726, Domaine royal, 1312-1792. - E suppl. 3486, Comptes,1673-1789. - E suppl. 3487, Compoix, 1695. - 1 Fi 69, Plan de la ville de Saint-Clar et de ses abords ; XVIIIe siècle. - I 2034, Arrentement par le sieur Dasques des droits de Saint Clar, 1538. - 3 P Saint-Clar/5, Plan cadastral dit napoléonien, 1833.

*Sources publiées et ouvrages anciens :

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