Le Plaisir, Max Ophuls. Étude Critique De Jean-Pierre Berthomé
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SYNOPSIS collection dirigée par Francis Vanoye Le Plaisir Max Ophuls étude critique de Jean-Pierre Berthomé ARMAND COLIN Du même auteur Alexandre Trauner : décors de cinéma, Jade-Flammarion, Paris, 1988. Citizen Kane (avec François Thomas), Flammarion, Paris, 1992. Les Ateliers du 7e art : 1. Avant le clap, Gallimard, Paris, 1995. Bretagne et cinéma (avec Gaël Naizet), Apogée/Cinémathèque de Bretagne, Rennes, 1995. Jacques Demy et les racines du rêve, L'Atalante, Nantes, 1996 (première édition : 1982). Les Parapluies de Cherbourg, étude critique, Nathan, Paris, 1996. Remerciements à Marcel Ophuls et Jean Valère ; Tony Aboyantz (t), Gabriel Béchir, Robert Christidès, André Guéret et Marc Frédérix qui ont partagé souvenirs et informations avec moi ; la BIFI (Caroline Fieschi), la Cinémathèque de Bretagne (Hervé Le Bris), la Cinémathèque Universitaire (Geneviève Le Baut), l'Institut Jean-Vigo (Jacques Verdier), l'Institut Lumière, la Sacem (B. Ansel- metti, J.-P. Durier) et la société Télédis ; Claude Beylie, dont l'enthousiasme et la générosité ont joué un rôle déterminant dans ma découverte de l'univers d'Ophuls, Francis Vanoye et Philippe Roger, autre infatigable explorateur de l'œuvre du cinéaste, qui a prêté les photos les plus rares qui illustrent cet ouvrage et géné- reusement fourni des informations inédites ; François Thomas, mon fidèle et rigoureux premier lecteur ; Jackie, Cécile et Philippe, dont la patience et le soutien ont rendu pos- sible cet ouvrage. « Le photocopillage, c'est l'usage abusif et collectif de la photocopie sans autorisation des auteurs et des éditeurs. Largement répandu dans les établissements d'enseignement, le photocopillage menace l'avenir du livre, car il met en danger son équilibre économique. Il prive les auteurs d'une juste rémunération. En dehors de l'usage privé du copiste, toute reproduction totale ou partielle de cet ouvrage est interdite. » @ Éditions Nathan, 1997 - 9, rue Méchain - 75014 Paris @ Armand Colin, 2005, pour la présente impression Internet : http://www.armand-colin.com ISBN 2-200-34437-6 Sommaire Avant-propos 5 La vie et les films de Max Ophuls 7 Générique 15 Une genèse difficile 18 L'histoire en bref 30 N AU FIL DES SÉQUENCES 32 Tableau des séquences 42 M OPHULS ET MAUPASSANT 44 Le refus du naturalisme 44 Une architecture parfaite 51 Musiques 57 La Femme de Paul ? 62 M THÈMES ET PERSONNAGES 64 Maupassant narrateur 64 Danse macabre 67 Évasions 70 Trois femmes 76 M ESTHÉTIQUE 78 Le regard du voyeur 78 Clôtures 81 Plans longs et plans-séquences 85 Un film baroque ? 90 N ANALYSE DE SÉQUENCE « « 96 Séquence 17 : Confrontation 96 Documents : La première fin du film - 111 Tournage de la fin 115 Regards critiques . , 117 Glossaire 121 Bibliographie ............................................. 125 AVANT-PROPOS Plus que tout autre de ses films, probablement, Le Plaisir réalise la fusion harmonieuse toujours poursuivie par Max Ophuls entre les forces en apparence contradictoires qui animent son œuvre. Aux volutes capricieuses d'une mise en scène aérienne répond l'ampleur régulière de l'architecture, au quadrille endiablé de l'opérette les sublimes accents de Mozart, à la surcharge décorative qui déconcerte le regard le dépouillement funèbre d'une plage hivernale, à l'exubérance légère du danseur la conscience poignante que l'immobilité, déjà, le guette, et avec elle la mort. Pour le cinéaste, comme pour tous les grands artistes baroques, la célébration du transitoire et de l'apparence n'est qu'une autre façon d'approcher l'éternel, et la légèreté du propos le masque qui dissimule sa gravité profonde. Qu'Ophuls ait choisi d'adapter Maupassant, lui qui s'était si intime- ment accordé aux univers de Zweig ou de Schnitzler, ne laisse pas que de surprendre, tant sa manière et ses préoccupations semblent éloignées de celles de l'écrivain naturaliste. La réussite est éclatante, qui emprunte aux images de Manet ou de Boudin, pour retrouver la vérité de celles de Maupassant. L'exemplaire fidélité, cependant, n'est que leurre, à nouveau, qui ne saurait masquer par quelles trahisons subtiles le cinéaste a su s'approprier trois de ses contes pour leur faire exprimer son propre amour irrésistible de la vie, et la lucidité terrible qui en reconnaît la fragilité éphémère, dans le même temps qu'elle ne peut s'empêcher de la célébrer. Le désir de plaire, si souvent revendiqué par Ophuls, ne doit pas conduire à méconnaître la nécessité profonde d'une écriture qui ne cesse d'inscrire dans l'espace l'angoisse de l'immobilité, la hantise de la clôture. Le cinéma, disait Ophuls, « devient un art lorsqu'il conjugue intimement ces deux aspects : merveilleux et destin ». Fidèles à son désir, les voluptueuses arabesques du Plaisir ne disent rien d'autre que le destin de l'homme, et son aspiration à échapper à la pesanteur. LA VIE ET LES FILMS DE MAX OPHULS Max Oppenheimer (il adoptera le vince minière qui borde la Lorraine nom d'Ophuls en 1919) naît le 6 mai est tout autant française et l'éduca- 1902 à Sarrebruck, dans une famille tion de l'adolescent est nourrie de « éminemment respectable » (ce sont Molière et de Romain Rolland aussi ses propres termes) de bourgeois bien que de Goethe et de Schiller. israélites. La Sarre, ballottée par Son père voudrait en faire le patron l'histoire entre la France et l'Alle- d'une de ses usines. Lui préfère le magne, est alors allemande (elle sera théâtre et il prend bientôt la route confiée par le traité de Versailles de pour essayer de réaliser sa passion, à 1919 à la Société des Nations avant Stuttgart, puis à Aix-la-Chapelle. Ses de revenir à l'Allemagne en 1935), talents de comédien sont médiocres, mais la culture de cette petite pro- cependant, et sa véritable vocation lui est révélée lorsque, en 1923, après et l'incendie du Reichstag un mois trois ans de rôles mineurs, l'occasion plus tard marquent le début de lui est donnée de passer à la mise en l'exode pour les Juifs allemands scène. D'abord à Dortmund, où il chassés de toutes les fonctions de res- dirige près de deux cents pièces, opé- ponsabilité et menacés dans leurs rettes et opéras en moins de trois ans, biens et dans leurs personnes. Liebe- puis, porté par sa notoriété grandis- lei est encore à l'affiche d'un des plus sante, au prestigieux Burgtheater de grands cinémas berlinois lorsque Vienne, à Francfort, à Breslau, à Ber- Ophuls prend le chemin de l'exil. Ce lin enfin, où il arrive en 1930, auréolé sera tout naturellement celui de la d'une réputation de jeune prodige, et France, dont son passeport sarrois lui où le septième art va bientôt l'arra- ouvre les portes. cher au théâtre. Le cinéma, en effet, vient tout juste d'apprendre à parler et il fait géné- Premier exil reusement appel aux talents venus de la scène. Il ne tarde pas à solliciter le La France est accueillante, alors, à jeune prodige que portent aux nues ces milliers de déracinés qui affluent tous les chroniqueurs dramatiques. vers elle et parmi lesquels on trouve, En deux ans, Ophuls réalise quatre pour ne citer que les seuls cinéastes, films dans les studios berlinois, et il Curtis Berhardt, Fritz Lang, Georg connaît le succès international avec le Wilhelm Pabst, Robert Siodmak, cinquième, Liebelei (1933), adapté Robert Wiene ou Billy Wilder. La d'une pièce de l'Autrichien Arthur politique de coproductions établie dès Schnitzler, la déchirante histoire le début du parlant entre la France et d'une amourette au dénouement tra- l'Allemagne a tissé des liens solides gique. Pour la première fois, le réali- entre les cinématographies des deux sateur met en scène une Vienne pays, et les milieux du cinéma, peu impériale rêvée plus que remémorée structurés, se prêtent particulièrement et qui constituera le décor de plu- bien à l'intégration de talents étran- sieurs de ses films les plus impor- gers qui apportent avec eux un savoir- tants. Pour la première fois, il trace faire et une créativité reconnus parmi délicatement le portrait d'une jeune les meilleurs d'Europe. Se faire femme dont la brève histoire d'amour accepter du cinéma français est d'au- débouche brutalement sur la mort. tant plus facile pour Ophuls que sa Surtout, le film pose d'éclatante culture est binationale et que le suc- façon les fondements de l'écriture cès outre-Rhin de Liebelei, triompha- ophulsienne, de sa relation privilégiée lement présenté à Paris en version à la musique, de son amour pour le originale, en fait une recrue particu- mouvement de la vie, de son rapport lièrement prometteuse. Dès son arri- divinatoire avec les ressources les vée, il se voit proposer de réaliser une moins soupçonnées de comédiens version française du film qui a fait sa qu'il révèle à eux-mêmes. gloire. Ce sera Une histoire d'amour, L'accession de Hitler an poste de pour lequel il doit se contenter de chancelier du Reich en janvier 1933 retourner quelques scènes avec de nouveaux comédiens tout en conser- pour brosser le portrait contradictoire vant la plus grande part du métrage de,celle qui fut sa mère. Dans chacun initial. Le résultat est médiocre, mais de ces films, Ophuls cherche à faire l'entreprise a donné à Max Ophuls éclater la structure dramatique pour l'occasion de travailler pour la pre- opposer les facettes d'une biographie mière fois avec celui qui deviendra prétendument scandaleuse, dans cha- l'un de ses soutiens les plus fidèles cun il décrit les aspirations sacrifiées dans l'industrie, le jeune directeur de à l'égoïsme masculin d'héroïnes qui production du film Ralph Baum, qui ont osé choisir de vivre leurs passions sera son assistant pour cinq de ses jusqu'au bout.