Muséepicassop Aris DOSSIER PÉDAGOGIQUE PICASSO POÈTE
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MuséePicassoParis MuséePicassoParis DOSSIER PÉDAGOGIQUE EXPOSITION PICASSO 21.07.2020 - 03.01.2021 POÈTE P.4 INTRODUCTION P.5 CHRONOLOGIE P.8 PLAN DE L'EXPOSITION P.9 CLÉS DE LECTURE CLÉ 1 — L’ÉCRITURE COMME EXPÉRIMENTATION PLASTIQUE P.13 CLÉ 2 — UN ART TOTAL P.18 CLÉ 3 — FAÇONNER UN LANGAGE SONORE P.23 PISTES PÉDAGOGIQUES P.29 PROGRAMMATION DANS LE CADRE DE L'EXPOSITION P.31 TEXTES DE SALLE P.34 NOTES DE FIN Sauf mention contraire, les œuvres reproduites dans ce dossier pédagogique sont issues des collections du Musée national Picasso-Paris. 3 INTRODUCTION CONTEXTE CULTUREL ET VIE INTELLECTUELLE L’exposition « Picasso poète » explore un aspect méconnu de l’œuvre de Pablo Picasso en montrant l’importance de l’écriture poétique dans sa démarche créatrice. Entre 1935 et 1959, l’artiste écrit plus de trois cents poèmes, en français ou en espagnol, dont les manuscrits sont pour la plupart conservés au Musée national Picasso-Paris. Ces textes écrits pour beaucoup à l’encre de Chine, datés, raturés, auxquels se mêlent parfois images et couleurs, frappent par leur puissance calligraphique. En proposant un parcours à travers ces manuscrits, en dialogue avec des peintures et des dessins, cette exposition montre la circulation des thèmes entre les univers visuels et poétiques de l’artiste, de la corrida à la crucifixion, de l’amour à la cuisine. Les relations privilégiées que Picasso entretient très tôt avec les poètes Max Jacob et Guillaume Apollinaire, puis plus tard avec Paul Éluard ou Rafael Alberti, comme les figures littéraires qui habitent son œuvre témoignent d’un goût et d’une curiosité pour les possibilités du langage. À son tour, il s’en saisit comme d’un matériau à la fois poétique et plastique qu’il expérimente et transforme. Par la suite, ses liens avec le courant surréaliste ont aussi nourri sa démarche. Ce dossier propose trois clés de lecture et des pistes de réflexion pour aborder l’exposition de façon transversale. Chacune en interroge un aspect à travers quelques références historiques et plastiques auxquelles s’ajoute un focus sur une œuvre. Des pistes pédagogiques ainsi que des prolongements par la visite des collections ou par le biais de la programmation sont proposés à la fin de ce dossier. 4 ŒUVRE DE PICASSO CONTEXTE CULTUREL ŒUVRE GRAPHIQUE PEINTURE ET ET VIE INTELLECTUELLE OU PUBLICATION SCULPTURE1 1897 Stéphane Mallarmé, Science et Charité (MPB, Un coup de dés jamais Barcelone) n’abolira le hasard 1901 Autoportrait (MP4) 1904 La Célestine (MP1989-5) 1906 Raoul Dufy, Les affiches à Trouville 1907 Les Demoiselles d’Avignon (MOMA, New York) 1908 Portrait de Guillaume Apollinaire (MP575(v);MP2014-1-1(v)) 1912 Sonia Delaunay et Blaise Nature morte à la chaise Cendrars, La Prose du cannée (MP36) Transibérien 1913 Guillaume Apollinaire, Alcools Bouteille de vieux marc, verre Filippo Tommaso Marinetti, et journal (MP373) L'imagination sans fils et les mots en liberté 1914 Homme lisant un journal Nature morte avec verre et jeu (MP758) de cartes (Hommage à Max Jacob) 1917 Portrait de Max Jacob, frontispice du recueil de poèmes Le Cornet à dés 1918 Guillaume Apollinaire, Portrait d’Olga dans un fauteuil Calligrammes (poèmes écrits (MP55) entre 1913 et 1916) 1919 André Breton et Philippe Soupault, Les Champs magnétiques Francis Picabia, Le Double monde 1922 James Joyce, Ulysse Deux femmes courant sur la plage (La Course), (MP78) 1923-1924 Raoul Hausmann, ABCD 5 CHRONOLOGIE CHRONOLOGIE ŒUVRE DE PICASSO CONTEXTE CULTUREL ŒUVRE GRAPHIQUE PEINTURE ET CONTEXTE CULTUREL ET VIE INTELLECTUELLE OU PUBLICATION SCULPTURE ET VIE INTELLECTUELLE 1924 André Breton, Manifeste du surréalisme Création de la revue La Révolution surréaliste 1925 Le Baiser (MP85) 1926 Paul Eluard, Capitale de la douleur 1927 Gravures illustrant Le Chef- d’œuvre inconnu de Balzac 1928 Federico García Lorca, Romancero gitano 1929 La Femme au jardin (MP267) 1930 La Crucifixion (MP122) 1933 Henri Michaux, Un Barbare en Asie Federico Garcia Lorca, « Juego y teoria del duende », conférence 1934 La Femme au feuillage (MP314) 1935 André Breton, « Picasso Lengua de fuego (poème) poète », Cahiers d’art 1937 Paul Éluard et Man Ray, Songe et mensonge de Guernica (MNCARS, Madrid) Les Mains libres Franco (recueil comprenant Portrait de Marie-Thérèse un poème et deux eaux- (MP159) fortes) Portrait de Dora Maar (MP158) 1939 Paul Éluard, Donner à voir 1941 Le désir attrapé par la queue (théâtre) 1942 Tête de taureau (MP330) 1946 Isidore Isou fonde le Lettrisme 1947 - 1948 Les quatre petites filles (théâtre) 1948 Illustration pour Le chant des morts de Pierre Reverdy 1950 Christian Dotremont, Petite fille sautant à la corde « Signification et sinification », (MP336) Cobra, n°7 6 CHRONOLOGIE ŒUVRE DE PICASSO CONTEXTE CULTUREL ŒUVRE GRAPHIQUE PEINTURE ET ET VIE INTELLECTUELLE OU PUBLICATION SCULPTURE 1951 Henri Michaux, Mouvements 1952 Raymond Hains, Jacques Villéglé et Camille Bryen, Hépérile éclaté 1956 Série des Baigneurs (MP352 à MP357) 1957 Série Les Ménines (MPB, Barcelone) d’après Velásquez 1957-1958 L’enterrement du comte d’Orgaz (théâtre) 7 PLAN DE 1.1 L' E XP OSITIO N JEUNESSE ET GENÈSE DE L'ÉCRITURE 1.2 1.3 1.4 AMITIÉS POÉTIQUES 1936. POÈMES, DESSINS, 1935. LE LABORATOIRE TABLEAUX DE L’ÉCRITURE Virginidad del toro, non daté, recto, (MP3663-122(5)) Il neige au soleil, 10 janvier 1934, © RMN-Grand Palais (Musée national (MP120, MP123, MP1130) Picasso-Paris) / image RMN-GP © RMN-Grand Palais (Musée national © Succession Picasso 2021 Picasso-Paris) / Thierry Le Mage © Succession Picasso 2021 Portrait de Guillaume Apollinaire illus- trant l'ouvrage "Calligrammes", (MP2002-7) © RMN-Grand Palais (Musée national 1.7 Picasso-Paris) / Thierry Le Mage © Succession Picasso 2021 1947-1959. THÉÂTRE ET POÈMES GRAVÉS Lengua de fuego, non daté, (MP3663- 1.5 75 à MP3663-108 ) DES MOTS ET DES 1.6 © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / image RMN-GP IMAGES 1937-1945. © Succession Picasso 2021 LES ANNÉES SORDIDES Corrida : la mort du torero, 19 sep- Lengua de fuego, non daté, (MP3663- tembre 1933, (MP145) 75 à MP3663-108 ) © RMN-Grand Palais (Musée national Le repas, 1 mars 1940, (MP1998-417) Poèmes et lithographies, 195, MP1988- Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau © RMN-Grand Palais (Musée national 8, salle 1.7 © Succession Picasso 2021 Picasso-Paris) / image RMN-GP © RMN-Grand Palais (Musée national © Succession Picasso 2021 Picasso-Paris) / Béatrica Hatala © Succession Picasso 2021 8 NIVEAU 1 CLÉ DE LECTURE L'ÉCRITURE COMME EXPÉRIMENTATION PLASTIQUE 9 FACE AUX ŒUVRES COMMENT L’ARTISTE UTILISE-T-IL L’ÉCRITURE ? QU’APPORTE LA FORME DES LETTRES À NOTRE LECTURE D’UN POÈME ? PEUT-ON « VOIR » UN POÈME ? Journal, porte-allumettes, pipe et verre, automne 1911, MP32, salle 1 © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau © Succession Picasso 2021 Durant la période cubiste qui commence autour de 1907, différentes phases caractérisent le processus de géométrisation des formes et de démultiplication des points de vue propre à ce nouveau langage pictural. Ce renouvellement de la perception remet en question les méthodes traditionnelles de composition. Le traitement plastique des objets, des figures ou encore du paysage est profondément transformé en se détachant cependant des règles de la perspective. Certaines compositions frôlent ainsi l’abstraction et déjouent les repères du spectateur. Autour de 1912, des éléments empruntés directement à la réalité matérielle du quotidien apparaissent dans la composition : Pablo Picasso et Georges Braque utilisent le collage et les papiers découpés dans leur peinture. Des morceaux de journaux, de la tapisserie, des étiquettes ou encore des partitions sont associés à la composition. Ils sont combinés à l’ensemble comme un indice du réel. Les mots, parfois tronqués se résument alors à quelques lettres, attrapent le regard et le guident dans son « enquête ». Picasso s’inspire notamment de la typographie des caractères d’imprimerie qu’il peint comme on peut le voir avec le tableau Journal, porte-allumettes, pipe et verre (MP32, salle 1.1). Imaginons la composition sans la présence de ces quatre lettres : Que voit-on ? Que reconnaît-on entre ces lignes et ces aplats ? S’agit-il d’une composition abstraite ? Quelles figures peut-on identifier ? Ces quatre lettres qui pourraient faire référence à L’Intransigeant, nom d’un des quotidiens populaires de cette époque, relient le visible au lisible dans ce tableau. Une fois repérée, cette indication amorce une nouvelle approche : à partir d’un élément tangible, nous engageons notre regard à envisager ces formes de façon active, nous cherchons, nous questionnons. Le recours à l’usage de lettres dans l’espace de la représentation participe de la démarche d’expérimentation propre au cubisme. L’écriture en est un des outils : le carnet n°17 (MP1865) utilisé entre le printemps et l’été 1913 atteste des liens tissés entre le dessin et l’écriture dans le processus de création. L’artiste associe aux dessins des indications de couleurs, références, descriptions accompagnant ainsi la mise en forme par les mots. Ce principe de déchiffrement est caractéristique du cubisme. Dans certains collages qui intègrent différents types de signes on observe par exemple la présence de notes de musique, invitant le spectateur à enrichir la perception de l’œuvre2. 10 Observons la composition de 1913 intitulée Verre, journal et dé (MP45, salle 1.1). Comment Picasso déjoue-t-il les limites de la bidimensionalité propre au tableau ? En introduisant la troisième dimension par l’assemblage d’éléments de métal blanc et de bois à la peinture, il défie la surface du plan. Les formes du verre, du dé et des pages de journal sont littéralement disposées dans l’espace du tableau. La lettre « J » peinte par Picasso vient s’ajouter aux inscriptions qui figurent déjà sur l’emballage de métal utilisé pour représenter une partie du journal en bas à gauche.