Foirêt de La (t uerch e

LIGNE ANNE, RANNEE

(IUer^-VUaine.)

RARJPORT DE ETAT DE EOUIEEE JPROGRj\ 1YIIVÎEE BI—AJSTJSTZJEEEE

1992

- 1 - 654 CIRCONSCRIPTION HISTORIQUE BORDEREÂU RECAPITULATIF

RAPPORT DE

FOUILLE PROGRAMMEE /X / SAUVETAGE URGENT / - /

SAUVETAGE PROGRAMME / / SONDAGE / /

PROSPECTION / /

LOCALISATION Département Ille-et-Vilaine Commune RANNEE

Lieudit : du cadastre Ligne Arine I.G.N (Forêt de La Guerche) Local

N de Site 35 235 002 A H

Cadastre

Coordonnées Lambert Ax 33.5 Ay 325 Alt. 11 Ora Bx By

DATES Autorisation (n , date) : n° 1594 du 26/04/1991 Intervention (début et fin) du 3 au 21/ août 1991

Années antérieures d'intervention 1988 - 1989 - 1990 -1631 INTERVENTION Responsable MEURET Jean Claude Motif d'intervention $>" année de programme bi-annuel Surface fouillée m2 + 5 m3 de silo Estimation de l'étendue du gisement au moins 5 ha SITE Nature du gisement Site complexe de type ferme gauloise indigène : Nature des découvertes effectueées -enceinte quadrilatérale occupée à la Tène finale et au début de l'Antiquité. Périodes chronologiques -enceinte polygonale occupée à la Tène finale

OBSERVATIONS

CONTENU DU DOSSIER Rapport scientifique : fc> . Plans et coupes "Klxiw Planches et dessins 4 ^ ji Photographies légendées : (»2 t-^q^g-J^ gvw-eptt« -2-8 ^ •

-X- Arrondissements

Cantons et Communes

uANCALC D'lLLE-ET-VILAINE

ST-5E*VAN.Sl|HMf8,- VM«.|ir.|> 1 .. I -f"' t m v • i .3 \ /• I >»• •'—«•• . m...,,.«.«,««. H K C^KAUNEUF-OUU-ET.VllAINt -, 'Q '«-I.p3--"/ A G )> ^ lDOL.OE-8HETACNDOL-OE-ailETAGNEE <-j* 1 •••* -;• \' V , I//IF 1 II •• \ \ f 7f i " '••>. Pf41NE-TOUCÉHEs\PUINE-ROUCÉHES*, , I \ 1 «m—u«....r I ' -1 1 •» ; ; 4 ». Ç-v M'I ». I ,-• , i" lindM 1 > i '""".»¿fco - AOI/SICNÉ-OU-DÉSERI S i.»?cI»s M«m4«<« I ANIHAIN I-". * 4 T. 1 '1 «.'CM'*« I I ' . -, 0 "T-- -/' T>

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- v i*» > -,- * Chantier I - z' - y ~ S* J ( J .C .Meuret)

--

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CONTEXTE ARCHEOLOGIQUE de l'enceinte gauloise

de la LIGNE ANNE

0 Lieu de la découverte * du trésor

rE~] Enceinte quadrangulaire L5J double ' ¿»»»H [ÊFpj Enceinte polygonale ^'llll

O Tertres (h~0,50m) ?

140m

Chantier III (A. A/illard)

Lf- fouille 1988 fouille 1990 t f r fouille 1989 fouille 1991 175m T r T r r —r—t—r—T—r—y— —y— —•—'— —r—•— — —r—y r a T T r'T—T—r C IV l l 1 1. A 1 1 1 1 -L -k 1 1 11,1 r 1 j 0.1111 M i îjjqor - * " "t'"t—r * r r t t 7— T~~r~r TJ' V/Tri r tti r t1 rmi.

C IV

PLAN (Icm-IOm) enclos DOUBLE N°1

O Fontaine Forêt de La Guerche

HZ Talus RANNEE TTTT Fossé x i. 1 J. Alt.: 110m - ^ r T Scories * * r +Fragon C.L.: x 335 y 325 micro-relief en creux NR2 : +109.87/NGF

- 5 - INTRODUCTION

- 6 - 1992 a été la deuxième année d'un programme de fouille bi- annuel. Il faut cependant rappeler que ce programme constitue pour ce site de la Ligne Anne en Rannée (Ille-et-Vilaine), le prolongement et la fin d'une suite de campagnes qui commença en 1988 par une fouille de sauvetage programmé, et se prolongea en 1989 et 1990 par deux fouilles programmées annuelles.

De 1988 à 1992, le chantier a été dirigé par J.C. Meuret (Enseignant, rattaché à l'U.P.R. 403 du C.N.R.S., -Beaulieu) avec en 1991 et 1992, la collaboration de K. Gruel (U.M.R. 120 du C.N.R.S., E.N.S., Rue d'Ulm, Paris) et d'A. Villard (Service régional de l'archéologie en Bretagne).

Depuis 1988, J.C. Meuret s'est consacré à la fouille de la grande enceinte quadrangulaire de 25000 m2 qui constitue la partie la plus visible de l'occupation ancienne; en 1991, K. Gruel a exploré la zone où, en 1983, avait été découvert un trésor monétaire gaulois, puis fouillé, avec A. Villard, une enceinte polygonale située à 300m de la grande enceinte.

Les projets annoncés dans le rapport de fouille de 1991 consistaient a) pour la grande enceinte (J.C. Meuret) : - à terminer la fouille du silo excavé. - et à explorer l'angle N.O. de la grande enceinte pour y rechercher une partition interne et si possible des traces d'occupation. b) pour l'enceinte polygonale (K. Gruel et A. Villard) : - à fouiller les environs de l'entrée. - et h chercher au centre des restes de constructions et d'éventuelles traces d'activités cultuelles.

Le chantier a reçu 21000F de crédits d'Etat et 30000F de crédits du Conseil Général d'Ille-et-Vilaine. Il a fonctionné en continu du 3 au 28 août 1992 avec en permanence 30 à 35 fouilleurs bénévoles qui, en remerciement, ont tous reçu une synthèse du rapport de fouille. Grâce à la compréhension des élus de Rannée, les fouilleurs non indigènes ont bénéficié gratuitement des installations municipales de Brétigné, et M. Aulnette, Maire de Rannée doit en être remercié.

De nombreuses personnes ont contribué aux identifications, études et analyses sans lesquelles le bilan de fouille demeurerait très pauvre. Qu'elles en soient remerciées:

- 7 - - M.Y. Daire U.P.R., 403 du C.N.R.S., Rennes-Beaulieu (détermination des poteries). - A. Gebhardt, U.P.R. 403 du C.N.R.S., Rennes-Beaulieu (analyses micromorphologiques). - P.R. Giot, U.P.R. 403 du C.N.R.S., Rennes-Beaulieu (mesure du P.H.). - M. Gruet, Angers (comparaisons avec la poterie des Pichelots). - C. Lambert C.D.A. de la Sarthe, Sablé (détermination du statère d'or). - D. Marguerie, U.P.R. 403 du C.N.R.S., Rennes-Beaulieu (analyses palynologiques et anthracologiques). - P. Méniel, U.M.R. C 126, E.N.S., Rue d'Ulm, Paris (détermination zoo-archéologique). - Y. Menez, S.R.A., Rennes (détermination des poteries). - H. Morzadec, U.P.R. 403 du C.N.R.S., Rennes-Beaulieu (analyses pétro-archéologiques des poteries). - J. Siraudeau, Angers (identification des amphores).

Enfin, nous tenons à adresser tous nos remerciements à la caisse de pensions du C.E.R.N. à Genève, propriétaire de la partie de forêt où a eu lieu la fouille, M. de Vasselot, ingénieur-expert forestier chargé de la gestion du patrimoine forestier du C.E.R.N. en , et M. André Taillandier agent technique forestier, qui non seulement ont permis que cette fouille archéologique ait lieu, mais ont toujours fait montre du plus grand intérêt quelle que fût la gêne apportée par la fouille à l'exploitation forestière.

- 8 - FOUILLE DE LA GRANDE

ENCEINTE Q UADRANGULAIRE

(J.C. MEURET)

- 9 - "iTTTTTTTTTWTWT TTTTTTIWTTTTTn -

fo tv ^

107,08m/NGF

Silo (1991-92-93)

Fig.la Couche très noire : charoon de bois, Horizon humií—. iWFîW cendres et beaucoun ce ingénu d':s.

Comblement anüo-limoneux Argüe, cendres, beaucoup de charbca de orangé. fccis et de fragments d'cs, un peu fe^iSÜkií; d'argile rabéñáe. Arçile i charbon de bois N / * ' (0:0,2 à la). ^ / Argüe blanche et jaune tr?s compacte VCMR sajis charbon de bois, avec beaucoup Arcils ribénis friible. de caüloutis (ebouiisi

Couche noire : pierrailles brûlées, Argiie fine et vierge, orange (gres), œnans et argile. pile (colluvionnement).

Couche rouge-crique : argile ruié&és, Substnt : argile sur gres iraoricain. WM charbon de ccb abondant (0:0,2 i Ion) et fragments d'os. Tesson (Iène finale anr.orioinel.

Pointe de lance de fer.

iríüe méiée d'irdle nibeñée coucne anse : cenares, et de cendres, ossements et areüe,

anrile mêlée d'arciie n¿eñée.

argüe, argüe rubéñee et charbon de bois. Le silo vidé

Plaque de bois ou d'écorce au fond du silo

Planche photographique I I - LE SILO

1- Sa fouille a été entamée en 1990, poursuivie en 1991 et terminée en 1992. Au fur et à mesure du vidage, le travail est devenu de plus en plus difficile, en raison d'une humidité et d'un tassement croissants aggravés par la nature argileuse et surtout caillouteuse des dernières couches du remplissage. Un très violent orage - environ 100 mm de précipitations en 4-5h - a ennoyé la structure, nécessité le recours à une pompe à lisier, et beaucoup perturbé la suite de la fouille en provoquant des éboulements de la voûte et surtout en sapant les parois. Cette mésaventure a cependant permis d'observer comment une structure en creux d'une telle profondeur, peut, lorsqu'elle reste vide après son abandon, voir ses parois immergées se surcreuser, en dessous de la zone de battement de la nappe d'eau, et prendre une forme accentuée de cloche, qui n'était pas la sienne au départ.

2- Sa forme à la fin de la fouille, est celle d'une cloche, à la différence près que son fond n'est pas plat, mais plutôt hémisphérique. La lecture des couches du remplissage montre que les éboulis naturels faits de pierraille au fond et de limon argileux à la partie supérieure, constituent au moins 1/3 du volume fouillé qui atteint environ 18 m3. L'entrée ne devait pas dépasser lm de diamètre, tandis que la profondeur atteignait 3,50m. On doit donc ramener le volume du silo, aussitôt après son creusement, à 10-12m3 et supposer que sa forme était alors plus proche de celle d'une bouteille que de celle d'une cloche. C'est encore une dimension considérable qui dépasse de loin toutes les fosses ou silos qui ont pu être fouillés ailleurs en Armorique sur des sites de l'Age du Fer (Le Braden en Quimper, Finistère et L'Homme Mort en Saint-Pierre de Plesguen, Ille-et-Vilaine).

3- Le mobilier On doit d'abord insister sur le fait qu'aucun mobilier gallo- romain n'a été rencontré dans ce silo; cela signifie, et on le précisera plus loin, qu'il fut comblé avant la phase de contraction du site, celle qui vit la création d'une enceinte dans l'angle Sud-Est de la grande. Les dernières couches, les plus anciennes, pauvres en rejets de foyers n'ont livré qu'une vingtaine de tessons :

- la poterie commune : on a continué comme en 1991 à observer des tessons attribuables à la Tène finale, présentant des dégraissants souvent micacés, de diamètre variable, des cuissons le

- 11 - plus souvent réductrices, mais pas toujours, et un aspect de vases tournés. Cependant, dans les derniers niveaux du remplissage, ils se trouvaient associés à des tessons apparemment plus anciens : lèvres plates et rentrantes, atypiques pour l'Armorique (observation de M.Y. Daire), mais qui ont été observées sur le site des Pichelots aux Alleuds dans le Maine-et-Loire (Gruet et Passini, 1985, fosse 9), et surtout un beau piédestal pourvu d'une large cannelure à sa face inférieure, qui est antérieur à la Tène finale (Giot, Briard et Pape, 1979, p.337).

- la poterie peinte : on pouvait espérer que les découvertes de 1991 allaient avoir une suite. Seuls deux tessons, de belle qualité, ont été trouvés; ils appartiennent peut-être au même vase, mais pas à ceux de 1991. Dans les deux cas, le dégraissant est très fin et micacé, la cuisson bonne, au point de leur conférer un aspect et une sonorité de grès. Le décor consiste en bandeaux couverts d'un engobe blanc sur lequel se lisent les négatifs de décors peints disparus, en forme de festons, ainsi qu'en surfaces colorées de brun rouge et en cannelures larges de couleur marron foncé.

Nous n'avons pas trouvé d'équivalent pour l'engobe blanc, ni à Roanne-Feurs (communication de M. Vaginay), ni aux Pichelots dans le Maine-et-Loire (communication du Dr Gruet), ni dans les sites armoricains publiés. Cependant, des négatifs de décors ont été observés à Polvern en Hennebond (communication d'Y. Menez). Quant aux vases à bandes décorées, s'ils sont rares, on en connaît cependant des exemples comparables, tels le couvercle du Boisanne en Plouer-sur-Rance, Côtes-d'Armor (Menez, 1987) et l'urne de Kergourognon en Prat, Côtes-d'Armor; la première est datée par Y. Ménez de la fin du Ile s.av.J.C.; la seconde, une découverte ancienne, après avoir été attribuée à la Tène ancienne, est maintenant redescendue elle aussi au Ile s.av. (communication de P.R. Giot). Certains vases du souterrain de Bellevue en Plouegat- Moysan, Finistère, portaient des bandes d'hématite, mais associées à des bandes graphitées (Daire, 1992, p.254), tout comme au Ruguéré en Plouvorn, Finistère (Daire, 1992, p.137); pour ce dernier site, P.R. Giot pensait à une poterie de la charnière Tène ancienne - Tène moyenne (Giot, 1979, p.318). De ces observations, et en fonction du contexte général du site de la Ligne Anne, nous en venons à conclure que, même à supposer une certaine durée de vie de ces poteries peintes, le début du comblement du silo, ne peut guère être postérieur au début du 1er s. av.J.C.

- En 1990, 1991 et 1992, dans les couches cendreuses correspondant à des rejets de foyers, ont été découverts des fragments de brique épaisse de 4 à 5 cm, à bord arrondi, voire

- 12 - CERAMIQUE PEINTE DU SILO

I Blanc I d Blanc avec traces de décor II Marron foncé m Marron rouge

Fig.2 Fig.3 Fig.4

Céramique gauloise peinte du silo avec traces de décor sur l'engobe blanc

Planche photographique II Planche photographique III relevé en léger rebord et de facture grossière; l'une d'elles était perforée de part en part. Les mêmes découvertes ont été faites dans les mêmes circonstances dans le fossé gaulois comblé (cf infra). Il s'agit donc, de toute évidence, de fragments de plaques foyères parfois perforées, probablement afin d'améliorer le tirage ou la cuisson.

- Au fond du silo, reposant sur le sol vierge, se trouvait une plaque fibreuse d'origine végétale de 40cm x 40 cm. Conservée grâce à l'humidité ambiante, elle était cependant très comprimée et déformée par la pression du remplissage. Elle est actuellement en cours de détermination pour savoir s'il s'agit d'un bois ou d'une écorce, et à quelle essence elle appartient. Il n'est pas possible de préciser si elle a un rapport avec le fonctionnement du silo (élément d'obturation) ou s'il s'agit seulement d'un rejet.

- Des ossements ont comme en 1991 été prélevés dans les couches cendreuses et communiqués pour détermination à P. Méniel. Les résultats que celui-ci a obtenus en 1991 sont placés en annexe; ils confirment ceux de 1989 : prédominance du porc (= 86%), présence assez discrète mais régulière du boeuf(=7%) et des caprinés (=7%) dans tous les lots. Ce sont toujours des animaux de petite taille caractéristiques du cheptel gaulois d'avant la conquête.

- 13 - Fig.6 Fig.7 II - LA FOUILLE DU SECTEUR N.O. DE LA GRANDE ENCEINTE

1° Origine et objectifs

En 1990, à l'occasion d'une grande coupe au-travers de l'enceinte, un fossé comblé avait été repéré au Nord-Ouest de l'enceinte; son remplissage contenait des cendres et des charbons de bois parmi lesquels se trouvaient les restes d'un vase archéologiquement presque complet, de type Tène finale armoricaine, ainsi que quelques petits fragments de scories vitrifiées. L'observation des micro-reliefs et de la végétation nous avait amené à penser qu'il s'agissait d'un fossé limite d'une première enceinte quadrangulaire, dont deux côtés auraient été comblés et deux autres conservés, lors d'une phase d'extension (cf rapport de fouille 1990, p.52, fossé Fél tracé en pointillés).

L'objectif consistait donc prioritairement à explorer ce fossé comblé sur une longueur suffisante pour pouvoir y trouver des éléments chronologiques et comprendre son articulation avec les talus actuellement conservés. Il consistait aussi à décaper une partie de l'intérieur de cette enceinte, afin d'y trouver des traces d'occupation.

a) La fouille

La recherche du tracé du fossé s'est faite à l'aide de coupes réalisées de proche en proche, au tracto-pelle équipé d'un godet lisse de 0,80m de largeur.

Partant de la coupe de 1990, nous avons coupé vers le Sud, en Cl, où le fossé est apparu, tout comme plus loin en C2; pensant que l'angle était proche, nous avons ensuite tranché en C3; mais cette coupe n'a livré qu'un petit fossé -dont il sera fait état plus loin- beaucoup moins profond que Fél. Une coupe dans l'axe, plus au Sud encore, en C4 s'est avérée stérile : cela signifiait que le fossé tournait entre C2 et C4, soit vers l'Est, soit -ce qui paraissait plus vraisemblable- vers l'Ouest, pour aller se raccorder au fossé encore en place de la grande enceinte. Et, de fait, la coupe C5 permit de retrouver le même profil de fossé comblé; il en alla de même en C6; enfin, une coupe oblique en C9 montra qu'à l'origine, ce fossé comblé se raccordait bien à l'actuel fossé ouvert de la grande enceinte, en décrivant un arrondi vers le Nord-Ouest; cette articulation arrondie est à nos yeux capitale, car elle apporte la preuve qu'à l'origine le site ne consistait qu'en une petite enceinte

- 14 - limitée sur deux côtés par Fél et sur deux autres par le fossé de l'angle N.O. de la grande enceinte. Par honnêteté, nous avons procédé à une coupe en CIO pour écarter l'hypothèse d'une prolongation de Fél vers le Nord-Ouest, au delà de la grande enceinte : elle a été négative. Au Nord de la ligne Anne, nous avons pu retrouver le fossé en C7, bien aligné avec Cl et C2; cependant, la coupe C8 n'a pas livré l'articulation espérée de Fél avec le fossé Nord de la grande enceinte; pour expliquer cette lacune, nous proposons deux hypothèses : soit une interruption du fossé, ce qui paraît peu vraisemblable car aucune des autres enceintes que nous avons inventoriées ne présente d'ouverture dans un angle; soit l'absence à cet endroit du remplissage de toute cendre ou charbon de bois, et de tout mobilier archéologique, ce qui en milieu forestier rend un comblement invisible. Ajoutons que, par chance, toutes les coupes où Fél a été vu (Cl, C2, C5, C6, C9, et C7) ont, de surcroît, livré des tessons de poterie gauloise dans leur partie profonde.

Au total, le profil de Fél a été retrouvé sur presque 100m de longueur, avec un profil et une profondeur à peu de chose près constants. Il est maintenant possible de conclure, sans hésitation, à l'existence d'une enceinte originelle d'environ 2000m2 de surface intérieure, talus compris, et de 3000m2 avec ses fossés, que nous appellerons maintenant El.

b) l'occupation intérieure de la petite enceinte

Le décapage a été trop peu étendu, pour des raisons de temps, une fois de plus en raison des difficultés de fouille en forêt, aussi, n'a-t-il livré que trop peu d'informations.

Grâce à un remplissage plus gris, on a cependant pu observer un petit fossé de partition interne, large de 0,70m au sommet et de 0,30m au fond, profond de 0,35m seulement; bien qu'aucune trace n'ait été lue au fond (mais ce n'est pas un fait nouveau dans cette fouille en milieu forestier), en raison de ses faibles dimensions, il est probable qu'il ait seulement servi à implanter une palissade de cloisonnement parallèle au côté Sud de El.

Une petite fosse, proche de ce fossé, a livré le même mobilier que celui-ci, soit quelques tessons de poterie commune de la Tène, un peu de charbon de bois et quelques fragments de plaques foyères en argile cuite. On y a relevé aussi un amas de pierraille d'origine anthropique, possible support de poteau ou de sablière basse (cf rapport 1990), malheureusement isolé.

- 15 - Vue générale de la fouille D1 1992 : fossé comblé (Fél) et décapage à l'intérieur de l'enceinte (El)

Petit fossé de partition interne (Fé2), fosse vidée (F) et fossé (Fél) au fond

Planche photographique IV T) H- (jq ce

50cm

Tesson

Cendres et •.-.::*•••* charbons de bois

Limites de Fé2

Limite de F

Pour la légende de la coupe, voir celle des autres stratigraphies Fig.9 Petite fosse (F) dans El cendres, pierraille et tessons

Vase gaulois décoré au lissoir (Fosse F de El)

Planche photographique VII Le mobilier céramique de ce secteur de fouille était très peu abondant. On doit cependant noter quelques tessons d'amphores, toujours au sommet de la couche d'occupation, et parmi lesquels un col d'amphore gréco-italique (identification J. Siraudeau) antérieur à la fin du Ile s. av.J.C.

Dans une zone proche de la porte Ouest de El, la couche d'humus avait été décapée à l'engin, mais le temps a fait défaut pour fouiller manuellement le niveau d'occupation; il a cependant été possible d'y observer quelques tessons gaulois, et un fragment d'amphore non identifiable, ainsi que deux nappes de cailloutis.

c) La fouille du fossé comblé (Fél) : des enseignements majeurs

a- Coupes et stratigraphies :

Nous avons relevé de nombreuses stratigraphies du remplissage du fossé. Toutes se recoupent pour donner le même profil : profondeur voisine de 1,35m, largeur au sommet proche de 2m et largeur au fond de 0,70m, ce qui donne des flancs très redressés. Un cas de profil légèrement différent a été observé en C5 où le fond à deux niveaux peut s'expliquer par un curage.

Toutes les stratigraphies suggèrent les mêmes étapes du remplissage; mais c'est surtout SI qui en donne la lecture la plus claire car deux niveaux principaux y sont soulignés par des rejets de foyers, les seuls à contenir du mobilier: - Les trois couches du fond constituées successivement de colluvion fine et grise, puis d'un remplissage plus brun et enfin d'argile très oxydée, correspondent à la phase initiale de fonctionnement ouvert du fossé : ce sont les vases fines, puis l'argile humique au sommet de laquelle précipitèrent les oxydes de fer. - C'est à ce stade que l'on jeta dans le fossé cendres, charbons de bois et tessons; ceux-ci constituent le premier niveau anthropique que nous nommons N I. Il correspond à la phase I du site. La raideur de la pente du fossé et de son talus expliquent que des pierres aient roulé au fond; leur plus grand nombre observé dans toutes les coupes sur le flanc Ouest amène à conclure que le talus se trouvait bien de ce côté : cette observation conforte encore l'hypothèse d'une enceinte primitive (El) à talus interne et à fossé externe. - La cinquième couche de remplissage indique encore un fossé ouvert, car elle est humique, et contient quelques tessons de poterie

- 16 - Les phases du fossé de la première enceinte Fél:

NI , niveau du fossé ouvert au Ile s;av. J.C. (poterie) Col , comblement du fossé avec la terre du talus (stérile) N2 , niveau supérieur du fossé comblé, fin Ile s. av.J.C. (poterie, amphores, statère)

I ' I ' i ' i • i • l'i1)111 f11 ' Í 111f * r ' i •iti' i •Í ' if f 'T^f •Í'i » i' i 'i'i•i'i•i11• i •i•i•i « i•rJijT' i< i ' i ' i « i• i •i M• i » <' i11 ' i11• i M 1

Légende des stratigraphies suivantes :

Colluvion grise très fine (vases)

Remplissage brun-orangé (fond de fossé)

Taches brun-rouille (oxydes de fer)

Argiles, cendres, charbons de bois (rejets de foyers)

— — Argile gris-brun, humique et cendreuse

Remplissage argileux orange avec quelques concrétions ferreuses (comblement du fossé)

Colluvion argilo-humique grise (fantômes de racines)

t—1 -r- Argile gris-orange avec concrétions ferreuses et radicelles

Horizon podzolisé gris

11 ' i 111 Horizon humique brun

Feuilles mortes

Tesson

Fig.10 110,19

OUJST -EST -r 1 1 , r 1—1—r —' i—i—|—i—[ i | ' n • i • i i i i i i i < i i i ' i ' i i i ' i ' 1 Ii 11 Ii 1• !i 11 Ii 1 1 i 1 i 1 i 1 i 1 i ' i ' i ' i ' i •• i M i i 1 i 1 i 'Tn-^ l ' l 1 i 1 l 1 i 1 i 1 i : i 1 i 1 ' 1 /////// / /// /y / >y y //// / y ; /y / /y / s. / //y / /y / / / / / / / TY _.. ^ • / / v f s / s / t j^i ' | . i l i r i . , , ' . : Ì ; —;

Ti oq

FOSSE COMBLE (Fl) de la PREMIERE ENCEINTE (El)

STRATIGRAPHIE n°l (SI)

0 1 110,09 OUEST

Ti

FOSSE COMBLE (Fl) de la PREMIERE ENCEINTE (El)

STRATIGRAPHIE n°2 (S2)

0 1 110,08

0

0 I NORD SUD

¡3 109,96

SUD 1 1 1 -1 | T 1 T NORD i —i—'—i i ' i—'—r 1 ' 1 | T—]—I—|—.—!—I—f r 1 I—' | 1 1 1 1 1 1 1 1 1 -p-r | • I • I ' I ' I I ' I ' I ' I ' I ' T -i 1 i 1 i • i i i • i t | i | i-rTT1 i • • i •• ~T - i i • r I I ' I I I ' I * ! I I" 7/ ^ // q / | y ^^zg^^ ^ r f ^ •- f ^ -

i-ri oa i—1 ìji

0 NORD EST SUD OUEST

FOSSE COMBLE (F! Ì dp Talus Ouest de la PREMIERE ENCEINTE (El) la grande enceinte (Phase II):

remplissage argilo-limoneux jaune-orangé sans oxydation - racines STRATIGRAPHIE n°6 (S6)

remplissage argilo-limoneux jaune-orangé sans oxydation - radicelles - charbon de bois (0 à 10mm)

I ' I 110,01

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A Anse d' amphore

FOSSE COMBLE (Fl) de la PREMIERE ENCEINTE (El)

STRATIGRAPHIE n°7 Stratigraphie n°l de Fél : les deux niveaux anthropiques (NI et N2)sont soulignés par les couches noires

Stratigraphie n°3 de Fél sol forestier, couches difficiles à lire

Planche photographique VIII (mais jamais d'amphore); elle fait partie de N I. Le rétrécissement et l'élévation du profil dénotent cependant une mauvais curage du fossé et sans doute un semi-abandon de celui-ci; il ne nous est pas possible d'évaluer la durée de ce fonctionnement ouvert. - Au-dessus de ces couches anthropiques, se trouve ensuite un remplissage argileux, parfois marqué, comme souvent à l'interface de couches de natures différentes, par la présence d'oxydes de fer. L'absence d'humus ainsi que de cendres et de tessons permet de conclure qu'il correspond à une phase d'arasement volontaire du talus et de comblement du fossé. Comme toujours lors d'un tel travail, les déperditions de terre du talus ou l'imperfection de l'arasement, font que le fossé n'a pas été totalement comblé. - C'est dans la légère dépression qui subsistait que s'est à nouveau accumulée une couche argilo-humique dans laquelle des oxydes de fer ont à nouveau précipité et sur laquelle furent à nouveau entassés des rejets de foyers domestiques. Nous nommons ce second comblement anthropique N2. Quant aux couches supérieures, épaisses d'environ 0,50m, elles se sont formées jusqu'à nos jours.

Cette grille de lecture du fossé est loin d'être aussi nette dans toutes les stratigraphies : les couches cendreuses sont souvent absentes, et les niveaux sont parfois perturbés par des injections de colluvion grise correspondant à des fantômes de souches et racines de chênes (par exemple en S3), Heureusement, nous avons toujours eu la chance de voir NI et N2, le niveau de fonctionnenment et le niveau de comblement du fossé, soulignés par des tessons de poterie gauloise.

b- le mobilier du fossé:

Dans les niveaux cendreux NI se trouvaient des fragments de plaques foyères, dont deux avec une perforation originelle de part en part, semblables à ceux qui ont été découverts dans le silo.

C'est dans le niveau supérieur N2 du comblement que se trouvait la petite serpe ou faucille à douille, bien conservée, à la faveur des cendres et d'un pH légèrement plus élevé (cf en annexe les mesures réalisées par P.R. Giot). On en connaît des figurations sculptées: rappelons par exemple la serpe que porte le dieu gaulois Esus sur le pilier des Nautes. On en connaît des équivalents sur d'autres sites du deuxième Age du Fer, comme à Azé en Mayenne (Lambert et Rioufreyt, 1977, p.18), aux Pichelots dans le Maine-et- Loire (Gruet et Passini, 1985) ou aux Ebihens en Ille-et-Vilaine (Langouët, 1989, p.135). Sa présence témoigne d'activités liées au

- 902 - Serpette (fer) D1 Fél N2

Fig.903 Coupelle ou Creuset Fe1 N1

Fragment de paroi de tour Fe1 N1

Fig.904 Serpette ou faucille de fer (N2 de Fél)

Creuset (?), parois scorifiées et oxyde de fer (NI de Fél)

Planche photographique VIII Amphores

Fig.906 bois ou à la céréaliculture, selon l'explication qu'on en donne (Ferdière, 1988, vol.2, p.51). Si l'on considère la petite dimension de l'objet et surtout la forme courbe de sa lame, c'est plutôt la deuxième hypothèse qui doit être préférée ici.

Au fond du fossé, en NI, dans le carré B2, se trouvait un petit vase à bords droits et fond plat, modelé à la main dans une pâte fine, de couleur brique, et peu cuite. Sa porosité empêche d'y voir une poterie domestique; son aspect général fait penser à un creuset qui n'aurait pas encore servi, d'autant plus qu'il a été trouvé dans la même couche, et à quelques centimètres d'un fragment de paroi de four métallurgique, à paroi interne scorifiée, au contact d'un fragment d'oxyde fer. Ces morceaux de paroi et d'oxyde de fer ont été confiés à B. Cauuet pour analyse au laboratoire de l'équipe de C. Domergue, à Toulouse.

Les tessons d'amphores sont peu nombreux, mais fournissent des informations chronologiques capitales; en effet, aucun n'a été découvert au fond du fossé, mais tous dans la partie supérieure du remplissage (N2) : un col de Dressel 1A fournit un terminus au milieu du 1er s. av.J.C.; il s'ajoute au col de gréco-italique trouvé dans la petite enceinte El. Tout cela signifie donc que le fossé fut ouvert avant l'arrivée des amphores sur le site, soit au moins au Ile s. av. On pourrait considérer que le petit nombre de tessons d'amphores ne permet pas de conclure aussi fermement, mais d'autres découvertes amènent à la même conclusion : d'abord certaines particularités de la poterie, mais aussi et surtout la découverte d'un statère d'or qui vont maintenant être successivement examinées.

La poterie Tous les tessons découverts appartiennent à un faciès que l'on attribue généralement à la fin de l'Age du Fer armoricain, et plus précisément à la Tène finale : cuisson majoritairement réductrice; dégraissant inégal, voire grossier, le plus souvent quartzeux, mais aussi micacé; profils éversés, fréquence des cordons et surtout des cannelures labiales.

Cependant, en mettant à profit dans la stratigraphie du remplissage du fossé la présence de deux niveaux anthropiques nettement séparés, NI et N2, il importe de formuler ici, pour ce site de la Ligne Anne, des observations susceptibles d'éclairer le problème de la datation des céramiques de la Tène finale armoricaine

- la majorité des cols trouvés au fond du fossé Fél en NI (phase I du site) présente des pâtes, des cuissons et des profils

- 18 - Niveau cendreux (NI) du fossé gaulois comblé (Fél) : tessons du vase complet E4 351-355

>> Charbon de bois t-"-"--'--'- -' il Cendres

I'•'•'••""'•'• I Argile cuite

* Tessons

P Fragment de plaque foyère

Fig.908 Fossé gaulois comblé (Fél), niveau cendreux (NI) : tessons du vase complet

Fig.909 Vase gaulois brisé et fragment de plaque fo.yère (NI de Fél)

Le même vase remonté

Planche photographique VIII comparables à ce qui a été trouvé partout ailleurs sur le site, tant dans le silo que dans l'enceinte de la phase III., mais comparables aussi à la poterie généralement attribuée en Armorique à la Tène finale. Et pourtant, on ne peut plus nier que la phase I ait démarré au Ile s. à la Tène moyenne, et que plus d'un siècle la sépare du début de la phase III. - les décors réalisés au lissoir, tels les rayons ou les losanges passent pour être très tardifs dans la phase Tène finale; or, la petite fosse de El contenait un pot à décor losangé(Dl 92-H2 447) et le seul vase complet(Dl 92-E4 351.355), trouvé au fond du fossé en NI, était orné de rayons lissés. - l'usage du tour rapide ne se serait généralisé en Armorique qu'au dernier siècle av.J.C.; aussi, la présence sur les panses de cannelures, cordons et plus encore de stries multiples, est-elle tenue pour un signe de jeunesse à l'intérieur de la Tène finale. Et pourtant, en NI, dans le fond du fossé Fél de la première enceinte El, structure connue la plus ancienne du site, 95% des lèvres appartenaient à des vases tournés. - la céramique fine à cordons armoricaine est plutôt datée des dernières décennies de l'Indépendance (Daire, 1992, p.200). Le fossé Fél a livré quelques tessons qui s'en rapprochent beaucoup; or, si certains se trouvaient bien en N2 (DI 92-D4.141), d'autres proviennent de NI, le niveau le plus ancien (DI 92-15.390). - la cannelure labiale interne, sa largeur ou son étroitesse, sa présence ou son absence, sont considérées comme des signes d'une plus ou moins grande ancienneté à l'intérieur de la Tène finale. Or, la fouille du fossé Fél n'a livré que 25% de lèvres à cannelure, tandis que dans l'enceinte de la phase III, la fouille de 1990 en a fourni 57%.

Nous concluons donc, qu'au moins pour ce site, cannelures, traces de tournage et profils ne suffisent pas à attribuer un vase et donc un niveau stratigraphique à la Tène finale.

Sachant que NI, c'est à dire le fond de Fél, est le plus ancien niveau, il importe au contraire de s'attacher à relever dans les tessons qui s'y trouvaient d'éventuels caractères archaïques distinctifs : - parmi les 48 fonds de vases de Fél ou de El, quatre étaient à piédestal, caractère qui s'observe plutôt aux périodes antérieures (Langouët, 1989, p.52). - un vase de forme fermée, certainement globulaire (DI 92-15 334), dont le site n'a fourni qu'un autre exemple (dans le silo), peu commune à la Tène finale (Langouët, 1989, p.50), rappelle certains

- 912 -

Fig.25 Fig.26 Vase gaulois à décor ondé (NI de Fél)

Fragments d'amphores : Dressel 1A en haut, gréco-italique en bas et anse h droite

Planche photographique VIII vases globulaires de la Tëne moyenne découverts au Boisanne en Plouer-sur-Rance (Côtes-d'Armor) (Ménez, p.30, 56 et 57). - une jatte basse à col haut (D1 92-H5 468), forme unique sur le site, peut, par son profil être considérée comme antérieure au 1er s. av.J.C. (Langouët, 1989, p.50). - enfin, un haut de vase (D1 92-1 336) dont le haut de panse s'orne d'un décor ondé encadré par deux cannelures réalisés l'un et les autres à la pointe mousse mérite attention : ce décor n'est pas rare en Armorique : il apparaît aussi sur plusieurs vases du Braden en Quimper (Daire, 1992, pl.LIII), à Plouégat-Moysan (Finistère) (Daire, 1992, p.98), aux Ebihens en Saint-Jacut (Côtes-d'Armor) dans un contexte Tène moyenne (Langouët, 1989, pl.17 et 18). Il est même certain qu'il appartient à un répertoire décoratif plus ancien, puisqu'il orne la base du beau vase de Saint-Pol-de-Léon (Finistère) que P.R. Giot place à la fin de la Tène finale (Giot, Briard, Pape, 1979, p.328). Mais la comparaison la plus pertinente doit être faite avec le site des Pichelots (Maine- et-Loire) où le Dr Gruet a trouvé, le plus souvent dans des fosses, plusieurs exemplaires de décors identiques (communication personnelle du Dr Gruet).

Ces observations nous semblent bien aller dans le sens des indications chronologiques fournies par les autres éléments de datation(stratigraphie, amphores et statère) : le niveau NI du fossé Fél correspond à un fonctionnement ouvert antérieur à la poterie armoricaine du 1er s. av.J.C.. Il fournit ainsi pour la création de l'enceinte un terminus ante quem; malheureusement, faute d'éléments plus précis, nous ne pouvons dire à quel moment du Ile s.av.J.C. se produisit cet événement.

Ajoutons enfin, à propos de céramique que H. Morzadec a procédé à des analyses pétro-archéologiques sur plusieurs échantillons provenant du site (cf. rapport en annexe). Il conclut à la nature très hétérogène des dégraissants, les uns pouvant être d'origine locale, les autres exogènes; parmi ces derniers certains sont granitiques (le granité le plus proche est celui de Vitré à 25km au Nord). Aussi H. Morzadec considère-t-il que le site de la Ligne Anne fut un lieu d'utilisation de la poterie et non un lieu de production.

Le statère d'or Il s'agit d'un statère d'or de 7,53g attribuable à un des peuples Aulerques, de ceux qui occupaient le Maine voisin. Il appartient à une série dont le revers présente, sous le cheval

- 917 - Statfere des Aulerques Cénomans ou d'un peuple voisin. Droit : sur la joue, les points caractéristiques.

Idem. Revers : cheval ailé androcéphale, aurige à gauche, pavillon à droite et personnage couché tenant un objet, sous le cheval.

Planche photographique VIII androcéphale, un petit génie couché portant un objet ovoïde parfois nommé situle par les numismates, ce qui le distingue des statères attribués aux Aulerques Cénomans ou aux Aulerques Diablintes. Son poids élevé permet de le situer dans les émissions précoces, dans les deux ou trois dernières décennies du Ile s. av.J.C. (détermination de C. Lambert) (cf en annexe l'étude de K. Gruel)

Il a été découvert dans la fouille du fossé, près de la coupe C5. Sa position stratigraphique est nette : il se trouvait en N2, au sommet du remplissage du fossé lors de son comblement, à 1,05m au- dessus du fond du fossé, et à 109,69m/NGF. A cet endroit du fossé, le niveau N2 ne contenait ni cendres, ni charbons de bois, et seuls quelques tessons signalaient sa présence.

Que penser de la position d'un objet ausi précieux dans ce niveau ?

On ne peut formuler aucune certitude, mais seulement deux hypothèses: - il peut se trouver là en situation secondaire, c'est à dire avoir été perdu ou déposé avant ou au moment de l'érection du talus, avoir ensuite été piégé dans ou sous la terre de celui-ci, pour enfin être rejeté dans la partie finale du comblement du fossé avec les dernières pelletées de l'arasement du talus. - il peut aussi être là en situation primaire, soit après avoir été perdu, soit après avoir été déposé intentionnellement au moment du comblement.

Examinons d'abord l'éventualité d'un statère perdu : la situation secondaire a moins de chances d'être fondée que l'autre, car elle suppose que le statère aurait d'abord pu échapper aux recherches de celui qui l'avait perdu, pour échapper à nouveau à la vue de celui qui combla le fossé; cela cumule deux hasards au lieu d'un seul pour la situation primaire. Quant à l'hypothèse d'un statère déposé, il semble plus logique d'envisager qu'il l'ait été lors de la construction du talus, son dépôt ayant alors valeur de geste fondateur, à signification plus ou moins religieuse ou politique, alors que ce même geste s'accorderait mal avec un simple comblement de fossé.

On doit avouer qu'aucune des deux interprétations ne satisfait vraiment l'esprit : la première, parce que l'on a du mal à croire, pour un objet aussi prestigieux, à l'explication par la poche percée; la seconde parce qu'aucun détail objectivement observé en cours de fouille ne permet de voir là un dépôt intentionnel.

- 919 - Il n'empêche que sa découverte offre un grand intérêt: d'abord celui d'avoir été trouvé en fouille, ce qui est rare; ensuite de fournir en soi une information chronologique; enfin de pouvoir être confronté aux autres éléments dateurs, ce qui n'est pas si fréquent pour les monnaies gauloises armoricaines. Ainsi, le fait qu'il se trouve dans le niveau N2, celui où manquent les poteries gauloises archaïques, mais où apparaissent les amphores gréco- italiques ou Dressel 1A, permet de considérer comme très vraisemblable son attribution à la fin du Ile s.av.J.C.

Il permet ensuite de mieux considérer la situation du site au sein des cités gauloises : il prouve que celui-ci entretenait des relations de prestige avec les peuples Aulerques; cela s'ajoute à la découverte d'un quart de statère riedone en or, dans la même Forêt de La Guerche, et surtout à celle du dépôt de statères namnètes en or allié, en 1983, à 150m de la grande enceinte de la Ligne Anne.

III -PALEOENVIRONNEMENT

Le silo a livré des charbons de bois qui ont donné lieu à des prélèvements pour recherches anthracologique et palynologique; celles-ci ont été réalisées par D. Marguerie au laboratoire d'anthropologie de Rennes-Beaulieu. Pour l'instant, nous ne disposons que de l'étude des échantillons prélevés en 1990. Les recherches de pollens sont malheureuseusement restées stériles; quant aux conclusions anthracologiques, dont le détail est placé en annexe, elles tendent à montrer que lors du comblement du silo, les bois brûlés dans les foyers étaient surtout des grosses branches ou des troncs (cernes à faible courbure) et que s'ils avaient parfois été prélevés en milieux humides (peupliers, aulnes), ils provenaient surtout d'un milieu forestier compact (beaucoup de chênes et même quelques hêtres, tous à cernes minces); le genêt et l'ajonc, plantes caractéristiques de la lande régressive armoricaine sont absents.

Cet état de fait tranche avec les résultats obtenus par D. Marguerie sur les autres sites armoricains du deuxième Age du Fer, où il observe des défrichements achevés et la présence de la lande (Marguerie, 1991). On doit donc conclure que lors de ce comblement, le bois de forêt n'était pas très éloigné, en tout cas pas suffisamment pour qu'on ne puisse pas en amener régulièrement sur le site.

Nous sommes ainsi amené à penser que cette enceinte de la Ligne Anne, et sans doute les nombreuses autres de la Forêt de La

- 920 - Guerche furent des établissements pionniers qui s'installèrent dans un milieu forestier, peut-être sur un front de mise en valeur. En effet, les sites arasés à fossés quadrangulaires, découverts d'avion abondent au Nord de la Forêt de La Guerche sur les sols briovériens des bassins de la Seiche et du haut-Oudon, mais sont très rares au Sud sur les autres schistes et grès (Leroux et Provost, 1991 - Meuret, 1992, vol.I, p.74-108). Nous en concluons qu'à la Tène finale, à l'apogée du site de la Ligne Anne, le territoire de l'actuelle forêt de La Guerche ne constituait pas un massif compact, qu'il était largement mité par de nombreuses clairières, et qu'il ne différait guère des régions voisines de la Seiche et du haut-Oudon, où la densité d'enceintes n'est pratiquement pas supérieure.

Cette année, A. Gebhardt nous a livré le résultat de ses études micromorphologiques portant sur des échantillons de paléosols prélevés en 1988, sous le talus de la grande enceinte (phase II). Nette dans sa conclusion, elle affirme que le talus a été établi sur un sol brun lessivé, caractéristique de la forêt atlantique; elle n'observe aucune trace de défrichement par le feu, ni d'érosion, contrairement à ce qu'elle a pu constater sur d'autres paléosols bretons (Gebhardt, 1990). L'enceinte de la phase II aurait donc été érigée dans une clairière où l'on n'aurait pas auparavant pratiqué d'activités agricoles. Conclusion alléchante qui nous rend d'autant plus impatient de connaître le résultat des prélèvements auxquels nous lui avons demandé de procéder sous les talus correspondant à chacune des trois phases chronologiques du site.

Or cette clairière détectée par l'analyse micromorphologique ne peut-être que celle correspondant à la petite enceinte de la phase I. Comme le silo se trouve à l'intérieur du talus de la phase II, et qu'on ne voit pas quelle fonction autre que celle du stockage des céréales lui attribuer, il en résulte que l'on n'aurait commencé à cultiver (les céréales ?) qu'après l'extension de la phase II. La présence d'os de bovidés dans les rejets de foyers accumulés dans le silo, peut très bien s'expliquer par l'utilisation de ces animaux comme animaux de labour (Méniel, 1987, p.12, 58, 85 - Guilaine, 1991, p.86-87); pour autant, les activités pastorales n'auraient pas cessé puisque le même comblement du silo a livré les restes osseux d'une abondante consommation de porcelets. Les différentes analyses anthracologiques, micromorphologiques et ostéologiques se confortent donc pour donner une idée de l'évolution du site de la Ligne Anne: à sa phase I, c'est un établissement pionnier établi à l'origine dans une petite clairière, au milieu de la forêt compacte. Mais rapidement, à la phase II, les activités pastorales, puis agraires se développèrent, forcément aux dépens des arbres.

- 921 - En revanche, on ne sait pas si les traces d'activités métallurgiques, assez ténues, il faut bien l'avouer, eurent un impact sur l'attaque de la forêt. On ne sait pas non plus si la phase III, celle de la contraction du site habité (1er s. ap.J.C.) tire son origine d'un déclin des activités agro-pastorales lui même lié à la surexploitation de la forêt ou à l'épuisement des sols. Il paraît plus probable qu'elle soit à mettre en relation avec les transformations sociales et économiques des cités gallo-romaines qui virent d'abord au 1er s. ap.J.C., puis au Ile s. s'implanter des villae ou des établissements en dur, sur des terroirs plus proches des chefs-lieux de cités comme ceux du bassin de Rennes (Langouët, 1991, p. 141)

- 922 - BIBLIOGRAPHIE

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REYNOLDS P.-J., 1979 - Iron-Age farm, The Butser experiment, British Muséum publications ENCEINTE POLYGONALE Enceinte polygonale, fouilles 1992

(K. Gruel, A. Villard)

Les deux premiers sondages ouverts en 1991 sur cette petite enceinte située à 250m à l'est de la grande enceinte avaient, d'ors et déjà, révélé la mauvaise conservation des vestiges et souligné la difficulté de lisibilité du substrat.Malgré cela, le matériel céramique présentait une grande homogénéité qui permettait de proposer une utilisation à la Tène finale, au 1er s.av. J.C..

La poursuite de la fouille en 1992 découle directement des observations faites en 1991. Deux sondages ont été ouverts l'un au centre de l'enclos, l'autre sur l'entrée présumée. Les surfaces fouillées (183m^) ont été déterminées en fonction de la position des arbres, d'où leur aspect irrégulier. Le quadrillage adopté l'an dernier et fixé par des points relevés par les géomètres a été conservé.

I-ELARGISSEMENT DIJ SONDAGE "B". AU CENTRE DE L'ENCEINTE VERS L'EST ET LE SUD (SONDAGE "C")

1-Objectifs

La mise en évidence de 4 trous de poteaux dans le sondage central (B) laissait espérer la mise au jour d'autres éléments appartenant à un ou à des bâtiments.

Un décapage, beaucoup moins profond qu'en "B", a été effectué à la pelleteuse afin de permettre une étude plus fine de la répartition spatiale des vestiges céramiques. Cependant, dès le premier nettoyage du sondage "C", il est apparu clairement que les précipitations ferrugineuses superficielles, observées déjà dans le sondage "A", allaient occulter une partie non négligeable des structures. De même, la charbonnière, déjà coupée l'an dernier par le sondage "A", au nord de "B", a détruit irrémédiablement une partie du site. De plus, les racines très nombreuses ont bouleversé le sol en profondeur; sans parler des arbres, dont le contournement n'a pas facilité la lisibilité des informations archéologiques recueillies....

Du fait d'une sédimentation extrêmement faible, déjà constatée en 1991, la stratigraphie est quasi inexistante. On distingue néanmoins un niveau général plus

- 926 - riche en mobilier archéologique et des fonds de fosses marqués par des conglomérats ferrugineux d'une extrême dureté.

2- La zone comprise entre A13. A15/E13. E15

a) Les trous de poteaux

Aux 4 trous de poteaux repérés l'an dernier en "B", s'ajoutent cette année 5 autres trous, plus 1 trou probable en D16

*Trou de poteau 1(1991), en D14, forme circulaire, diamètre à l'ouverture:0,15 à 0,25m, profondeur conservée: 0,45m, pas de calage de pierres, comblement: argile locale mêlée de fragments de briques gauloises, niveau de l'ouverture: 107,45 m/ NGF *Trou de poteau 2(1991), en C14, forme carrée, ouverture: 0,40m, profondeur conservée: 0,20m, faible calage de pierres, comblement: argile locale mêlée de fragments de briques gauloises, niveau de l'ouverture: 107,45 m/ NGF *Trou de poteau 3(1991), en C14-15, forme carrée, ouverture: 0,20m, profondeur conservée: 0,20m, calage de pierres et de concrétions ferrugineuses, comblement: argile locale mêlée de fragments de briques gauloises, niveau de l'ouverture: 107,41 m/NGF Trou de poteau 4(1991), en B13, forme carrée, ouverture: 0,20m à 0,30m, profondeur conservée: 0,18m, calage de pierres et de concrétions ferrugineuses, comblement: de pierres; niveau de l'ouverture: 107,48 m/ NGF *Trou de poteau 5(1992), en B14, forme circulaire ?, ouverture: 0,20m , profondeur conservée: 0,10m, calage de pierres, comblement: de pierres (US24); niveau de l'ouverture: 107,28 m/ NGF *Trou de poteau 6(1992), en A14, forme carrée, ouverture: 0,20m , profondeur conservée: 0,15m, calage de pierres, comblement: de pierres (US22); niveau de l'ouverture: 107,26 m/ NGF *Trou de poteau 7(1992), en C13, forme carrée, ouverture: 0,20m , profondeur conservée: 0,17m, calage de pierres et de concrétions ferrugineuses, comblement: de pierres mêlée de fragments de briques gauloises (US23); niveau de l'ouverture: 107,43 m/ NGF *Trou de poteau 8(1992), en D13, forme circulaire , ouverture: 0,20m , profondeur conservée: 0,19m, puis forme carrée, ouverture: 0,15m, calage de pierres et de concrétions ferrugineuses, comblement: de pierres mêlée de fragments de briques gauloises (US18); niveau de l'ouverture: 107,38 m/ NGF. Il semble qu'un premier

- 29 - poteau circulaire est été planté puis remplacé dans le même trou par un poteau de section carrée. "Trou de poteau 9(1992), en D-E13, forme carrée, ouverture: 0,20m , profondeur conservée: 0,23m, calage de pierres et de concrétions ferrugineuses, comblement: de pierres mêlée de fragments de briques gauloises (US 16); niveau de l'ouverture: 107,43 m/ NGF. Trou de poteau 10(1992)??, en D16, comblement: fragments de briques gauloises et tessons.(US 13). Il y a probablement en cet endroit un trou de poteau, la verticalité du trou, la nature du comblement le laisse du moins suspecter; cependant la présence de grosses racines ont empêché la poursuite et l'élargissement de la fouille et donc l'identification de ce trou de poteau ou de fouisseur ???

Même en distinguant les poteaux équarris des autres, il est difficile de distinguer des bâtiments dans cet ensemble, il n'y a pas d'alignement parfait, pas d'intervalle systématique non plus. On remarque cependant que le remplissage des trous est différent dans la partie la plus à l'ouest: il contient systématiquement des fragments de briques gauloises, ceci laisse entendre une destruction et un comblement contemporain des trous de poteaux 1, 2, 3, 7, 8, 9,10.

Les autres trous de poteaux (dont les trous 4,5,6) étaient remplis de pierres.

Nous pouvons donc conclure à la présence, dans cette zone, d'un ou plusieurs bâtiments dans le centre de l'enceinte avec reconstruction totale ou partielle comme le laisse aussi supposer le remplacement du poteau 8.

b) Les fonds de fosses

En A14, on a repéré un cercle de terre grise entourée de tessons et d'argile cuite qui pourrait correspondre à un type particulier de fosse.

3- La zone comprise entre AA-AB11 et AA-AB13

a) Les trous de poteaux

*Trou de poteau 11(1992), en AA11, forme carrée, ouverture: 0,20m , profondeur conservée: 0,14m, calage de pierres et de concrétions ferrugineuses, comblement: de pierres (US21); niveau de l'ouverture: 107,49 m/ NGF. *Trou de poteau 12(1992), en AB11, forme carrée, ouverture: 0,20m , profondeur conservée: 0,15m, calage de pierres et de concrétions ferrugineuses, comblement: de pierres (US20); niveau de l'ouverture: 107,47 ml NGF.

- 30 - *Trou de poteau 13(1992), en AB12, forme carrée, ouverture: 0,20m , profondeur conservée: 0,09m, calage de pierres et de concrétions ferrugineuses, comblement: de pierres (US19); niveau de l'ouverture: 107,20 m/ NGF. *Trou de poteau 14(1992)???, en AB-AA 12-13, pierres pouvant représentées les derniers vestiges d'un trou de poteau, la dureté du sous-sol en cet endroit expliquerait un calage très superficiel.

Ces quatre poteaux, dont le calage est identique, forme un bâti de dimensions minimales connues de 1,80m par 3m+/-20cm. Les différences de niveaux observées entre la partie nord et la partie sud s'expliquent par une légère remonté du sous-sol au sud.

4 -La zone comprise entre AA14-AA16 et AD14-AD16

a) Les trous de poteaux

Trou de poteau 15(1992)?, en AC-AD15, forme imprécise, ouverture: 0,30m à 0,40m, profondeur conservée: 0,35m, calage de pierres et de concrétions ferrugineuses, comblement: de pierres (US7); niveau de l'ouverture:107,53 m/ NGF.

b) Les fonds de fosses

En AC-AD14-15, le fond d'une fosse assez grande a été mis au jour; elle se prolonge probablement en partie sous le chêne en AC-AB14-15. Elle se caractérise par une densité plus importante de mobilier céramique et de fragments de briques (US6). La partie la plus basse, en AC-AD14, orientée est ouest, (de lm de long par 0,8m de large) se signale par un niveau de pierres soudées entre elles par des concrétions ferrugineuses (US 10).

Un autre fond de fosse a été fouillé en AA14: un niveau de pierres, là encore, dans une légère dépression dont la base est solidifiée avec des concrétions ferrugineuses (de 1,8m par 0,8m, orientée nord-ouest/ sud-est).

5 - Les carrés D16. D17. D18. C18

On note une concentration plus grande de céramiques et de fragments de briques gauloises probablement piégés par les racine du chêne (qui occuppe les carrés Cl6, E16 et en partie C15, E15)

Les autres concentrations de pierres signalées dans l'intérieur de l'enceinte correspondent très probablement à des arrachage de souches

- 31 - II- LA FOUILLE DU TALUS ET DU FOSSÉ SUD (D)

1- Objectifs

Un décapage de forme très irrégulière a été pratiqué au sud de l'enclos,, là où la micro-topographie semblait démontrer la présence d'une entrée ménagée dans le talus et le fossé qui cernent le site.

Il est très rapidement apparu que de très profondes ornières dues au passage des charrettes avaient complètement bouleversé ce secteur, à une époque largement postérieure à l'occupation gauloise. Cette échancrure dans le talus a été pratiquée en vue de débardages ou par les charbonniers dont les installations ont, comme nous l'avons déjà souligné, perturbé le site. L'entrée se trouve donc ailleurs: - soit quelques mètres plus à l'est du sondage "D" - soit sur le côté est de l'enceinte profondément perturbé par un fossé d'irrigation moderne.

Malgré cette déception première, le sondage "D" et les trois coupes de contrôle effectuées à la pelleteuse (2 à l'est de "D", coupant talus et fossés sud, 1 à l'ouest de "B", coupant talus et fossé ouest) se sont révélées riches d' enseignement.

2-Les talus et les fossés

Le fossé sud a été dégagé sur une longueur de 2,40m, sa largeur est de 1,60m dans sa partie conservée la plus haute pour une profondeur de 0,80m. L'étude de son comblement a été rendu difficile par le lessivage des sols. On le distingue essentiellement à la fouille par la présence de charbon de bois, d'os calcinés et de mobilier céramique. La forme en V du fossé est visible uniquement sur les coupes. Comme lors de la fouille du fossé nord en 1991, il a été impossible de percer la gangue ferrugineuse qui en tapisse le fond et qui démontre qu'il a fonctionné ouvert. Le talus qui lui est associé est peu élevé et n'est donc pas défensif. (Pl. XI et XII)

- 32 - Un deuxième fossé apparaît sur les coupes, extérieur au premier. Il n'est absolument pas marqué dans le paysage et sa taille (0,90m de large sur 0,40m de profondeur) fait plus penser à un drain, sans doute nécessaire dans ce terrain très imperméable, qu'à un fossé de clôture. Le talus qui le borde provient de la terre déblayée on le retrouve en plan dans le sud du sondage D. (Pl. XII)

3-La palissade

Une tramée noire de 20cm de large sur 25cm de profondeur (US9) est creusée dans le comblement supérieur du fossé principal (US10); de chaque côté, on retrouve en effet la même couche grise marbrée de jaune (US 10); les tessons paraissent systématiquement collés (+/- 5cm) au bord interne de la couche noire; ils la datent de la Tène finale. (Pl. XI)

Cette couche correspond aux fondations d'une palissade à poteaux jointifs qui réutilise le fossé en court de comblement. Elle s'arrête à l'Est sur des pierres qui pourraient appartenir à un calage de gros poteau (cf. US 17).

Cette palissade apparaît en coupe:

- dans la berme ouest du sondage "D",où son empreinte est soulignée par une concrétion ferrugineuse. Elle est située pratiquement au centre du fossé antérieur.

- dans la coupe est de la deuxième tranchée faite à la pelleteuse, elle apparaît sur le bord nord du fossé, montrant ainsi qu'elle ne suit pas exactement l'axe du fossé comme le montrait déjà sa fouille en plan (sondage D).

- dans la coupe sud de la tranchée E-W faite à la pelleteuse, on la retrouve à nouveau mais cette fois dans le talus qui sépare les deux fossé antérieurs.

Cette palissade correspond donc à une reprise de l'ensemble de la clôture périphérique de l'enceinte et s'accompagne d'un léger agrandissement de son périmètre..

4-Les trous de poteaux

Ils se signalent dans cette zone essentiellement par des différences de couleur et de texture du remplissage par rapport à la couleur jaune marbrée du talus et du fossé. *Trou de poteau 15(1992), en D25, forme circulaire, diamètre à l'ouverture: 0,30m, profondeur conservée: 0,29m, pas de calage de pierres, comblement: argile locale et terre noire (US2); niveau de l'ouverture: 107,18m/ NGF

- 33 - Sondage D: trace de la palissade dans le fossé

Sondage D. : fossé et fosse contenant les trous de poteaux 20 et J 3 (au 1er plan : la tranchée)

Planche photographique XI *Trou de poteau 16(1992), en D25, forme circulaire, diamètre à l'ouverture: 0,20m, profondeur conservée: 0,18m, pas de calage de pierres, comblement: argile locale et terre noire (US19); niveau de l'ouverture: 107,15m/ NGF *Trou de poteau 17(1992), en D25, forme circulaire, diamètre à l'ouverture: 0,14m, profondeur conservée: 0,14m, pas de calage de pierres, comblement: argile locale et terre noire (US21); niveau de l'ouverture: 107,18m/ NGF

Ces trois piquets sont fichés dans le talus, très proches les uns des autres et alignés. Aucun élément ne vient préciser leur datation mais ils sont visiblement modernes car la terre de remplissage paraissait trop meuble pour conclure à leur ancienneté.

*Trou de poteau 18(1992), en F25, forme circulaire, diamètre à l'ouverture: 0,18m, profondeur conservée: 0,12m, pas de calage de pierres (US 12). *Trou de poteau 19(1992), en F25-26, forme circulaire, diamètre à l'ouverture: 0,30m, calage de pierres et terre du talus, comblement comparable à celui du fossé; l'effondrement de la paroi le séparant du trou 20 a provoqué la formation d'une grosse fosse (Pl. XI). *Trou de poteau 20(1992), en F25-26, forme circulaire, diamètre à l'ouverture: 0,24m, calage de pierres et terre du talus. *Trou de poteau 21(1992), en EF26-27, forme fossilisée par les concrétions ferrugineuse dans le bord externe du talus, bord nord du fossé, calage de pierres et terre du talus. *Trou de poteau 22(1992), en E27, forme fossilisée par les concrétions ferrugineuse dans le bord sud du fossé, calage de pierres et terre du talus. *Trou de poteau 23(1992), en DE27-28, forme circulaire, diamètre à l'ouverture: 0,20m, pas de calage de pierre.

Ces six poteaux, calés dans les concrétions ferrugineuses du substrat, pour quatre d'entre eux, et dans la terre jaune du talus extérieur, tracent grossièrement un axe NO-SE. Ils correspondraient à l'Etat 3 de ce secteur: -soit comme éléments d'une nouvelle clôture de l'enceinte, élargissant à nouveau celle-ci -soit comme éléments d'un bâtiment établi en cet endroit après la disparition de la palissade.

- 34 - I

Sondage D: vue générale après la fouille

Tranchée sud-est/2 : coupe de 2 fossés

Planche photographique XII 5- Les fonds de fosses

L'arrachage des poteaux 20 et 1Ò provoque la formation d'une grosse fosse très profonde dans le talus au bord du fossé.(Pl. XI et XII).

L'extrémité fouillée du fossé, en limite est du sondage "D", sous les ornières, est interrompue par un gros trou ( US 17) qui pourrait s'interpréter, si nous avions plus d'éléments sur ce qui se passe plus à l'est, comme un énorme trou de poteau comparable à ceux que l'on connaît pour les porteries. Il fonctionnerait avec la palissade. On a retrouvé sa trace beaucoup plus profondément car sa partie haute est détruite par les ornières.Il forme la limite orientale de la palissade et se trouve placé dans l'axe.

La présence d'arbres ajoutée aux dégâts dûs au charroi du XIXeme s.rend toute vérification impossible.

6-La stratigraphie

Quatre tranchées ont été effectuées à la pelle mécanique dans le but d'observer talus et fossé sur les côté sud et ouest de l'enceinte.

-La première sur le bord ouest du sondage "D".

-Deux autres plus longues coupent le talus et le fossé sud à l'est du sondage "D".

-La dernière coupe le talus et le fossé ouest à l'ouest du sondage "A".

Une coupe de la berme ouest du sondage "D" a été dressée ainsi qu'un côté de chacune des tranchées de contrôle. Comme la coupe relevée dans le sondage nord ("A") en 1991, elles mettent en évidence la très faible sédimentation avec précipitation des oxydes de fer contenus dans le grès. Seuls, les creusements importants et quelques vestiges significatifs, apparaissent.

En plus du talus et du fossé déjà observés en coupe en 1991, plusieurs éléments nouveaux ont été mis en évidence:

Tout d'abord, la trace de la palissade, repérée en plan dans le sondage "D", est visible sur l'ensemble des coupes tant au sud qu'à l'ouest; elle n'avait pas été repérée sur la coupe du talus nord. On peut cependant admettre que dans sa période d'occupation la plus tardive, la palissade clôturait l'enceinte.

- 35 - SONDAGE

0 1

SONDAGE D : COUPE SE-NO 1 : terre végétale 2 : argile grise fine marbrée orange 3 : argile grise fine marbrée orange méléi 4 : argile grise fine marbrée orange très c 5 : argile grise avec nodules de fer orang< 6 : grès très ferrugineux (substrat) 7 : argile grise avec nodules ferrugineux, 8 : argile gris-marron très dure, avec cha: 9 : argile grise fine (aspect boue de fond < 10 : argile marbrée orange très compacte 11 : argile gris foncé fine avec quelques r 12 : argile gris foncé très compacte avec i 13 : argile gris orangé avec petites pierre: 14 : argile gris foncé fine, avec beaucoup 15 : argile gris clair avec concrétions ferr 16 : argile marbrée gris vert, peu compac 17 : argile gris clair mélée de racines 18 : argile gris vert marbrée orange 19 : argile grise mélée de terre végétale ei 20 : argile orangée (talus) 21 : argile gris clair 22 : argile gris vert mélée de cailloux. 23 : argile orangée avec nombreux cailloi TRANCHEE OUEST : 1 : argile gris clair 2 : alios 3 : racine 4 : argile grise (comblement d'un autre fossé ?) 5 : argile et pierres 6 : argile gris foncé (palissade ?) 7 : argile jaune marbrée du substrat

TRANCHEE OUEST

TRANCHEE SUD-EST / 1 1 : argile gris clair gravillonneuse 2 : terre végétale 3 : argile jaune (talus) 4 : argile gris clair en cours de ferruginisation 5 : substrat ferrugineux (alios) 6: comblement d'un fossé 7 : substrat

TRANCHEE SE/1

TRANCHEE SUD-EST / 2 : 1 : argile grise et terre végétale 2 : argile grise très meuble (palissade ?) 3 : comblement du fossé 4 : terre marron clair (racine) 5 : argile grise 6 : argile gris clair en cours de ferruginisation 7 : argile gris clair 8 : argile jaune marbrée du substrat 9 : grès La prolongation des tranchées plus loin à l'extérieur de l'enceinte a permis la découverte d'un second fossé, plus petit et moins profond, grossièrement parrallèle au premier, avec présence d'un léger talus difficilement perceptible.

L'impression qui se dégage de l'ensemble de la fouille est le caractère fluctuant de la limite sud de l'enceinte, son tracé se modifie au court du temps

1- Un fossé en V est creusé, dont les terres rejetées à l'intérieur, forment le talus; il reste à ciel ouvert pendant un certain temps.

2- Ce premier ensemble, talus et fossé, est doublé par un autre fossé et talus interne plus petit qui suit grossièrement le premier; ce deuxième ensemble n'a été vu qu'en coupe et nous n'avons donc aucun élément de datation Ces fossés ont une fonction importante de drainage du terrain rendu imperméable par les concrétions ferrugineuses du sous-sol.

3- Le fossé en V est partiellement comblé et réutilisé pour installer une palissade à poteaux jointifs dont le tracé était parfaitement visible tant en plan qu'en coupe par la densité de charbons de bois et d'ossements carbonisés.. Cette palissade s'écarte très légèrement de l'axe du fossé initial Elle doit probablement être associée à la fosse de DC26-27, qui pourrait être un élément d'une porte éventuelle, s'ouvrant à lEst de ce point

4- Le fossé est ensuite recoupé par une ligne assez lâche de gros poteaux dont on a relevé les traces : 2 dans le talus (dans la partie ouest de "D"), 2 dans le comblement du fossé (dont la forme est partiellement fossilisé par des concrétions ferrugineuses) et 1 à l'extérieur du fossé. Cette ligne s'écarte de l'axe du fossé initial et présente une orientation générale N-O/S-E. Cet état correspond peut-être à un nouvel élargissement de la clôture ou plus logiquement est la trace d'un bâtiment établi en cet endroit après la disparition de la palissade.

5- Les traces d'ornières sont les témoignages ultimes de l'utilisation de l'emplacement de l'enceinte comme charbonnière et de l'ouverture d'un charroi moderne en cet endroit.

- 36 - Conclusion

Cette enceinte a donc été occupée durant une durée suffisamment longue pour voir la construction et la reconstruction, au moins partielle, de plusieurs bâtiments. Son utilisation a nécessité plusieurs aménagements successifs dé son système de clôture (fossé ouvert + talus puis palissade) et de drainage périphérique (deuxième fossé).

On dispose donc à présent d'un plan plus complet de cette enceinte à deux fossés pour lequel on peut trouver des comparaisons dans les petits habitats de la fin de l'Age du Fer. Le site connu le plus proche de cette enceinte est celui fouillé en Angletere, à Blackthorn, près de Northampton, et identifié comme une petite ferme abritant une seule unité familiale.

L'hypothèse émise à l'origine, en fonction du plan octogonal de l'enceinte et de ses dimensions, doit maintenant être abandonnée. Malgré ces analogies très fortes avec le sanctuaire gaulois fouillé au Sept Perthuis à St Malo, Ille et Vilaine (Fouilles C. Bizien et T. Lejars), le matériel et les structures mis au jour font en effet plutôt penser à un petit habitat satellite de la grande enceinte. Le mobilier céramique, en cours d'étude, est similaire à celui de la phase 2 de la grande enceinte. On peut donc supposer un fonctionnement contemporain des deux enceintes, qui forment, ainsi avec quelques habitats ouverts comme celui de la zone du trésor fouillé en 1991, un vaste domaine agro-pastoral, hiérarchisé tant par leur taille que par leur mobilier et leurs activités.... Ce type de relation a rarement été mis en évidence jusqu'à présent, ce qui constitue le principal intérêt de la fouille de cet enclos.

- 37 - CONCLUSIONS et PERSPECTIVES

Êprès cinq années de fouille dont les deux dernières en programme bi-annuel). a) L'exploration du silo est terminée :

- sa fonction de lieu de stockage de céréales n'a pas été démontrée pour le site. Elle s'impose cependant en raison de sa forme et de son volume, comparables à ceux des silos fouillés ailleurs en Champagne, Picardie ou en Angleterre. Les expériences menées par Reynolds en Grande-Bretagne ont par ailleurs prouvé l'efficacité d'un tel stockage, particulièrement pour la conservation des grains de semence (Reynolds P.-J., 1979, p.77)).

- le mobilier de son remplissage montre qu'il fut comblé avant la romanisation du site, probablement très tôt, à la fin du Ile s. ou au début du 1er av.J.C. Il a fourni par ailleurs de précieuses informations sur l'élevage et sur l'environnement végétal du site.

b) Les fonctions du site

- On peut maintenant écarter l'hypothèse d'une enceinte cultuelle du type Viereckschanze. De même, l'enceinte polygonale contrairement à ce qui avait été envisagé l'an passé, n'a pas non plus été un lieu de culte.

- La zone du trésor namnète n'a pas livré d'information susceptible d'éclairer les circonstances et les raisons du dépôt des statères.

- C'est bien la fonction d'habitat qui apparaît en premier lieu : sur la grande enceinte dont les talus et fossés ont d'abord eu pour fonction de clore et délimiter un site d'habitat à ses différents stades; sur l'enceinte polygonale où les traces de constructions abondent; mais aussi dans la zone du trésor où dut exister un habitat ouvert. Au total, le site à sa phase II, fut habité sur au moins 3 hectares.

La fouille du silo a montré qu'à son apogée (phase II), l'établissement tirait ses ressources alimentaires des activités agro- pastorales.

Mais on a aussi observé des traces de métallurgie du fer et de l'or, ce qui suppose des activités de PHASE I — XXe s- av.J.C.

Installation : 3500 m 2

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§ S Enceinte 1 Il (El)

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Ligne Anne - Forêt de La Guerche

RANNEE (Ille-et-Vilaine)

Fig PHASE XI — 1er s- iiv.J-C.

Ligne Anne - Forêt de La Guerche

RANNEE (Ille-et-Vilaine)

Fig. PHASE XXX — 1er s. ap.J.C.

Ligne Anne - Forêt de La Guerche

RANNEE (Ille-et-Vilaine)

Fig. commandement et d'échange. Les amphores, la céramique peinte et les statères attestent eux aussi l'intégration de ce site gaulois à des courants politiques et économiques qui dépassaient de loin le seul cadre d'un terroir. Au total, nous pensons avoir contribué à démontrer que l'ensemble des enceintes forestières n'appartient pas à une seule et même catégorie particulière, que leurs fonctions peuvent être multiples, et que l'on ne doit pas se laisser leurrer par le couvert végétal contemporain, ne serait-ce que parce que la forêt n'est pas immuable.

Un regret doit être formulé : même si quelques petits tertres ont été repérés au Nord-Est de la grande enceinte, nous n'avons pas formellement localisé le ou les lieux à fonction funéraire qui accompagnent nécessairement un tel site habité

c) un schéma d'évolution spatio-temporelle peut maintenant être proposé :

- Phase I que nous plaçons au Ile s.av.J.C, installation d'une cellule humaine dans une enceinte de 3000m2 d'emprise totale. On peut parler d'une ferme gauloise.

- Phase II, à la fin du Ile s.av.J.C., extension du site enclos à 25000m2 à partir de l'enceinte première dont le fossé est comblé sur deux côtés. Deux établissements satellites se développent alors à peu de distance, l'un clos, c'est l'enceinte polygonale, l'autre ouvert, c'est la zone du trésor. Cette extension traduit le développement des activités agro-pastorales aux dépens de la forêt, et en même temps la réussite démographique de la cellule primitive; celle-ci mérite alors l'appellation de ¿omainc. Les traces d'orfèvrerie, ainsi que les statères namnètes et aulerque permettent de penser que l'enceinte fut à cette époque, le siège d'un pouvoir économique et politique.

- Phase III, après la conquête, plutôt au 1er s.ap.J.C., l'établissement décline et l'habitat se contracte au Sud-Est de la grande enceinte, sur une surface de 6000m2, ceinturée par un fossé plus profond et un talus plus imposant que ceux de la phase II. Le peu de restes gallo-romains découverts sur le site l'ont été dans cette enceinte; ils sont très discrets et ne dépassent guère le début du Ile s.

On ne sait si l'abandon tient à un déclin économique, à l'épuisement du milieu, ou à un redéploiement du peuplement rural dans le cadre des cités gallo-romaines, mais il se produit dès avant LES SITES ARCHEOLOGIQUES DE LA FORET DE LA GUERCHE

H-»* oq

• Enceinte quadrangulaire

O pentagonale * Site gallo-romain —Voie antique LES ENCLOS PROTOHISTORIQUES OU ANTIQUES

arasés et détectés d'avion en milieu agraire conservés en milieu forestier

O a dominante curviligne wm à dominante rectiligne et le plus souvent quadrangulaires • petits enclos circulaires ou carres a fonction rituelle ou funéraire V grand retranchement en place O grand retranchement détecté d'avion bois et forêts

\ MAINE-et-LOIRE

J.C. Meuret, Peuplement, pouvoii~ et paysage d'une région de marche aux confins de l'Anjou et de la Bretagne, des origines au Moyen-Age, Thèse, Université de Rennes 2, 1992, vol. III, p.90.I

Fig. les troubles de la fin du Ille s. Le site ne semble pas avoir été mis en culture, et la friche, puis la forêt fossilisent les talus et fossés dans leur état final, celui que l'on observe aujourd'hui encore, comme ailleurs sur les nombreuses autres enceintes conservées dans la même forêt. Tout permet de penser que ce territoire est ensuite érigé en foresta, terme juridique forgé à l'époque carolingienne pour désigner non seulement une formation végétale, mais avant tout un territoire soustrait à la loi commune et accaparé par le pouvoir royal ou son substitut. Et l'on pense ici au souverain breton Salomon qui eut deux résidences à quelques kilomètres de là à dans le pays de Rennes (aula Rester in pago Redonico) et dans le Craonnais à Bouchamps (villa publica sedis nostrae Bedul Campo) (Meuret, 1992, vol.I, p.188). Quoi qu'il en soit, ce territoire apparaît ensuite dans les textes du Moyen-Age central comme foresta de Chalun (), ou de Radanea (Rannée), puis de Guirchia (La Guerche) (Meuret, 1992, vol.II, p.87, 239, 241); il est alors un territoire boisé à la seule disposition du seigneur de La Guerche. Le site de la Ligne Anne ne connaîtra plus aucune occupation, hormis le bref passage des fèvres médiévaux qui ont laissé d'importants dépôts de scories sur le talus Nord-Est, et celui encore plus épisodique des bûcherons ou charbonniers, trahi par quelques très rares tessons de pots et bols à cidre modernes.

d) Perspectives de J.C. Meuret

Nous avons inventorié de nombreuses autres enceintes du même type, fossilisées dans la même forêt, mais aussi dans les autres massifs forestiers des marches Bretagne-Maine-Anjou. Leur étude a constitué une part non négligeable de la thèse de doctorat que nous avons soutenue en juin 1992. La recherche que nous avons menée pendant cinq ans sur l'enceinte de la Ligne Anne, nous a permis d'acquérir l'expérience et la méthodologie nécessaires à la fouille en milieu forestier.

Les conclusions obtenues sur la Ligne Anne sont très positives, mais on peut leur reprocher de ne valoir que pour un site. Aussi, afin de les confirmer ou de les infirmer, souhaitons-nous procéder à d'autres investigations sur d'autres enceintes. Gette fois- ci il s'agirait d'intervenir plus rapidement, avec plus de coupes et de décapages horizontaux au tracto-pelle pour détecter les structures en creux. Chaque intervention devrait cependant s'accompagner d'une fouille manuelle horizontale destinée à retrouver le niveau d'occupation fossilisé par la forêt; pour être significative, cette fouille manuelle ne devrait pas s'étendre à moins de 50m2. C'est pourquoi, profitant de l'actuelle bonne volonté de la Société Immobilière de l'Ouest, propriétaire de la forêt de La Guerche, nous avons déposé pour 1993, une demande de fouille sur deux autres enceintes de ce massif. A plus long terme, nous souhaitons fouiller de cette manière d'autres enceintes dans d'autres forêts de marche, à la limite des cités namnète, riedone et aulerque, en Bretagne, et en Pays de Loire. Enfin, nous exprimons le voeu que de semblables recherches soient menées parallèlement, par d'autres chercheurs, sur quelques-unes des nombreuses enceintes observées d'avion en milieu extra-forestier, dans la même région, afin de confronter leurs résultats aux nôtres et de faire justice du mythe des enceintes prétendument spécifiques du milieu forestier.

Numismatique

Rannée (I et V), inv 394, x=l,77m, y=0,22m, z=0,57m, (D1 92 Al, coupe 3) Monnaie en bon Or. Poids: 7,52g. Diamètre: 19mm.

Description:

Droit: tête laurée munie d'un ornement pré-auriculaire fait de 3 perles, chignon en forme de lyre, volute enroulée devant le front.

Revers: Cheval ailé et androcéphale à droite, conduit par un aurige qui tient un rinceau terminé par un vexillium, pendant devant le cheval; sous la queue, la roue symbolisant le char; sous le cheval personnage couché à droite portant un vêtement long et tenant dans sa main gauche une situle. Monnaie attribuée aux Aulerques Cenomani, var. LT 6847. Scheers, collect. Danicourt, n°253, pl.XV.

La qualité apparente de l'or, le poids élevé de la monnaie, le type monétaire classent cette pièce dans les premières émissions de ce peuple, courant Ileme s.Av. J.C.? L'aspect usée de la monnaie montre qu'elle a circulé. Bien qu'une monnaie d'or de ce poids représente en elle-même une somme non négligeable, il ne peut pas s'agir d'une thésaurisation car aucun élément associé, aucun contenant ne permettait de la retrouver. On constate qu'une fois de plus cette monnaie isolée a été abandonnée dans une zone frontière, ce sont en effet les capitales des cités et les marges de leur territoire qui fournissent généralement ce type de découvertes. Si on ne peut pas en déduire obligatoirement la présence d'Aulerques sur le site, cette pièce est le signe de contacts entre les cités. En revanche, jusqu'au milieu du premier siècle av. J.C., la possession de monnaies d'or est un témoignage du statut élevé de son propriétaire....

Il est peu probable que cette pièce soit contemporaine du trésor nanmète dont nous avons déjà souligné la datation plus tardive (milieu du 1er s. av. au plus tôt).

Il s'agit là de la première monnaie aulerque trouvée en stratigraphie, le contexte de la découverte est donc très intéressant pour la datation de la série monétaire.

Katherine Gruel le 12/12/92 RANNEE Les restes animaux incinérés du silo P. MEMIEL

N'ayant à ma disposition que les indications portées sur les sachets, l'inventaire des restes animaux n'a pas fait l'objet d'aucun regroupement. Tous les os, incinérés, sont fragmentés ; il n'est pas fait mention de cette fragmentation dans l'inventaire.

1er niveau cendreux

-120 indéterminés (35g) - 7 restes de porc (15 g) : 2 mandibules, distum de radius, carpe, fibula, coxal, métapode latéral

2®me niveau cendreux vers 2,70 m NR 1

- 600 indéterminés (200 g) - 19 restes de boeuf (40 g) : 8 côtes, talus, sésamoïde, cervicale, zygomatique, phalange III, phalange II, phalange I, radius, thoracique, 2 éclats de dents non brûlées -170 restes de porcs (240 g) : 19 mandibules, 43 crânes, dent, atlas, 3 axis, 4 cervicales, 3 thoraciques, 3 lombaires, 31 côtes, 2 sternèbres, 4 scapula, 7 humérus, ulna, 3 coxal, 12 fémur, 3 tibia, fibula, talus, 3 carpes, 6 métapodes, 6 métapodes latéraux, 3 phalanges I, 5 phalanges II, 2 phalanges III, phalange I lat., phalange II lat., sésamoïde. - 18 restes de caprinés (35 g) : 3 côtes, thoracique, 3 lombaires, scapula, 3 fémurs, rotule, 2 métatarses, tibia, radius, humérus. - 59 restes de porcs ou caprinés (60 g) : 29 côtes, 30 fragments de diaphyses d'os longs. vers 2,75 m NR 1

- 900 indet (275 g) - 7 restes de boeufs (20 g) : 2 mandibules, 4 côtes, métapode - 124 restes de porcs (140 g) : 3 dents, 24 mandibules, 29 crânes, cervicale, 2 thoraciques, 7 lombaires, 20 côtes, sternèbre, 3 humérus, 8 ulna, radius, 2 coxaux, rotule, 3 tibia, 3 fibula, 2 carpes, 2 calcaneum, 4 métapodes, métapode latéral, phalange I, 3 phalanges II, 2 phalanges III, phalange II lat. - 8 restes de caprinés (10 g) : lombaire, 2 côtes, radius, 2 coxaux, scapula, calcaneum. - 15 restes de porcs ou caprinés (15 g) : 4 côtes, 11 diaphyses d'os longs. vers 3 m, NR 2

- 150 indéterminés (170 g). - 9 restes de boeuis (35 g) : côte, 5 fémurs, maléollaire, sésamoïde, phalange III - 76 restes de porcs (120 g) : 24 crânes, 11 mandibules, 3 thoraciques, 2 lombaires, sacrum, 11 côtes, 2 humérus, ulna, 3 coxaux, fémur, 4 tibia, fibula, talus, 2 calcaneum, métapode latéral, phalange I, 3 phalanges II, 2 phalnges III, phalange I lat. - 9 restes de caprinés (10 g) : 2 cervicales, lombaire, nasal, côte, fémur, tibia, phalange I, phalange III

2eme njVeau cendreux

- 260 indéterminés (75 g) - 2 restes de boeufs (5 g) - 74 restes de porcs (100 g) : 9 mandibules, 13 crânes, 3 cervicales, 2 thoraciques, 10 côtes, 5 scapula, 8 ulna, 2 coxaux, 3 fémurs, 11 tibia, 2 carpes, métatarse, 3 phalanges I, 2 phalanges II. - 4 restes de caprinés (5 g) : côte, 2 humérus, tibia

-8 restes de porcs ou caprinés (10 g) : diaphyses d'os longs.

Secteur trésor 91

- 103 indéterminés - 5 restes de porcs - 2 restes de caprinés T3-19 : 9 indéterminés T3-21 : 2 indéterminés, 2 restes de porcs T3-22 : 5 indéterminés T3-26 : 4 indéterminés T3-27 : 1 indéterminé T3-31 : 1 indéterminé T10-1 : 9 indéterminés T10-4 : 13 indéterminés T10-8 : 9 indéterminés T10-14 : 32 indéterminés, 2 restes de porcs T10-18 : 3 indéterminés, 1 reste de porc T11-3 : 4 indéterminés T11-6 : 3 indéterminés T11-9 : 1 indéterminé T15-8 : 17 indéterminés MESURES de pli -octobre 1992 P.R. GIOT, Laboratoire d'Anthropologie Rennes - Beaulieu

Site archéologique en milieu forestier Ligne Anne RANNEE (Ille-et-Vilaine)

Enceinte quadrilatérale, en El :

- couche humique (- 0,10m) 4,5

- argile grise sous l'humus (- 0,15m) „4,4

- humus piégé ( -0,30m) 5,1

- Stratigraphie n°l du fossé gaulois Fél :

- h - 0,50rri Jj>- « .m! _ 4,9

- à - 0,60m Jlniir, ___ _ 4, 9

- Statigraphie n°6 de Fél (Coupe n°9) :

- argile jaune-orange du talus. 4,5 avec charbons de bois - NI (phase ouverte du fossé à la Tène) 5,1 à - 1,50m - colluvion grise à -2m, niveau le plus ancien 4,7 4,5

Enceinte polygonale

- charbonnière moderne. 5,7

- argile grise sous l'humus 4,7

- fond du fossé comblé 4,7 LABORATOIRE D'ANTHROPOLOGIE, PREHISTOIRE,PROTOHISTOIRE ET QUATERNAIRE ARMORICAINS U.P.R. n°403 du C.N.R.S., Université de Rennes I, Campus de Beaulieu 35042 RENNES CEDEX - Tél. : 99 28 61 09

dans le cadre d'A.G.O.R.A. Association du Grand Ouest pour la Recherche en Archéo-sciences

FOUILLES DE LA LIGNE ANNE (Rannée, Ille-et-Vilaine)

Rapport d'étude anthracologique

Dominique Marguerie

octobre 1991 1 - INTRODUCTION

Les fouilles effectuées en forêt de la Guerche, sur la commune de Rannée, en bordure de "la ligne Anne" ont permis notamment la mise au jour de charbons de bois conservés dans un silo, daté de l'Age du Fer par le matériel archéologique. Le remplissage de cette structure est le résultat d'une fonction secondaire sous forme de fosse dépotoir. Rares sont les silos dégagés sur les fouilles archéologiques en fonction primaire, c'est à dire remplis de grains. Les charbons étudiés jusqu'à présent présentent un état de conservation médiocre. Ils sont très friables et peuvent facilement parfois devenir pulvérulents.

2 - INVENTAIRE DES PRELEVEMENTS

Les lots faisant l'objet de ce rapport d'analyses renfermaient peu de charbons de bois. Il s'agit donc là de premiers résultats qui seront certainement nuancés à l'analyse des prélèvements effectués durant la campagne 1991.

Six lots de charbons de bois ont été étudiés. Cinq d'entre eux sont originaires d'un même silo (fig. 1). Tous les lots étudiés proviennent des fouilles de l'enceinte gauloise ou enclos double n°l. Ces lots sont baptisés comme suit : - Rannée 90, silo, - Rannée 90, fosse 2 (silo), -1,30 à -2,00/NRI, - Rannée 90, fosse 2 (silo), -1,50/NRI, - Rannée 90, fosse 2 (silo), -2,30/NRI, - Rannée 90, fosse 2 (silo), -2,50/NRI, - Rannée 90, Dl, fosse cendreuse, carrés J et K.

3 - PRINCIPE DE L'ETUDE ANTHRACOLOGIQUE

Chaque ligneux, qu'il appartienne au sous-embranchement des Angiospermes (feuillus) ou des Gymnospermes (dont les conifères), produit un bois particulier, spécifique et héréditaire.

La structure du bois s'étudie dans les trois plans anatomiques (fig. 2) :

- plan transversal, - plan longitudinal radial, - plan longitudinal tangentiel. SILO ou PUITS de SOUTERRAIN

"Ligne Anne" Rannée

2m

— 0

1m

Couche très noire : charbon de bois, Horca r»f48. FIWiW cendres et beaucoup de fragments d'os.

C^bisment inSo-iasne-E Argile, cendres, beaucoup de charbon de ¿rangs. bois et de fragmenta d'os, un peu d'argile rubéfiée. nrçiie i dansn à? boi: *>> i 5 : lì : ics • Argile blanche et jaune très compacte 17, sans charbon de bois, avec beaucoup Aïïiis rursfiîr :fur:;. de cailloutis (éboulis)

vouer.; noir? ' • Argile fine et vierge, orange 4 v« -resi, cenar?: • •;:::•. pile (colluvionnement),

'„"»CLî rî'iir- " : ircue Substrat : argile sur grès armoricain. ±303 .Ïe :•'••' r.ssàii>: • ' ^ y. :n'îiis"*: t Tesson (Tène finale armoricaine!. s Sec ¿'araire ou Ontnfn in iinrn ift *t>r Il est ainsi possible d'observer dans l'espace (les trois plans) les vaisseaux, les trachéides (chez les conifères), les fibres, le parenchyme transversal et longitudinal (rayons du bois).

Sur les bois gorgés d'eau, l'observation au microscope se fait à partir de coupes minces, transparentes obtenues au microtome ou à la lame de rasoir. Sur les charbons de bois, des cassures fraîches sont faites à la main et au scalpel. Celles-ci sont directement observées sous microscope optique à réflexion, voire au microscope électronique. Cette technique d'observation présente l'énorme avantage de ne pas "polluer" l'échantillon par une imprégnation en résine de synthèse et le laisse donc tout à fait susceptible d'être daté par radiocarbone après étude anthracologique.

Le genre des ligneux réduits en charbon se détermine à coup sûr et souvent l'espèce. Toutefois, il est délicat voire impossible de distinguer spécifiquement les chênes à feuillage caduc. Les variations biotopiques au sein d'une même espèce sont souvent plus importantes que les différences interspécifiques au sein du genre. De plus, toute une série d'espèces a été réunie dans les Pomoïdées, sous famille des Rosacées. Les espèces suivantes s'y retrouvent : Amélanchier (Amelanchier ovalis), Cotonéaster (Cotoneaster sp.), Aubépine (Crataegus sp.), Néflier (Mespilus germánico), Poirier-Pommier (Pyrus sp.) et Sorbier-Cormier-Alisier (Sorbus sp.).

Nos résultats sont consignés dans des tableaux où les taxons sont rangés par groupement phytosociologique. Le nombre et la masse de chaque taxon sont mentionnés par souci d'accessibilité à tous les paramètres de notre étude. Toutefois, considérant le parcours cahotique qu'a connu le bois avant d'arriver sous notre microscope (filtre ethnologique des bois en archéologie, combustion, enfouissement, fouille), nous nous abstenons, dans un essai de reconstitution paléo- environnementale, de prendre en compte l'aspect quantitatif des analyses anthracologiques. Les données phyto-écologiques que nous dégagerons de notre étude reposeront donc sur les informations écologiques intrinsèques à chaque taxon attesté et sur les groupements végétaux mis en évidence. Il sera cependant fait parfois référence aux données quantitatives afin de souligner dans nos commentaires la dominance affirmée de certains taxons.

Nous complétons la détermination des essences ligneuses par un examen dendrologique effectué à plus faible grossissement (loupe binoculaire). Ainsi, il est possible de collecter de précieuses informations sur :

- l'allure des limites de cernes (quasi rectilignés ou courbes), pour connaître l'origine du charbons de bois : troncs ou branches plus ou moins grosses, - la présence ou l'absence d'écorce et/ou de moelle, - la largeur moyenne des cernes figurés sur le charbon pour apprécier les caractères biotopiques, - la présence ou l'absence de fentes radiales de retrait pour savoir si le bois fut brûlé vert ou sec, - la saison d'abattage, - le travail du bois (traces d'abattage, d'élagage, de façonnage ...).

L'observation de la largeur des cernes d'accroissement peut notamment renseigner sur l'état du peuplement forestier au sein duquel le bois a été récolté. En forêt dense, l'intensité d'assimilation et de transpiration des individus est telle que les arbres connaissent une pousse lente et régulière (cernes étroits). Un milieu plus ouvert est, en revanche, riche en bois à pousse rapide (cernes larges).

En dehors des strictes informations environnementales, l'anthraco-analyse a des retombées d'ordre ethnographique. L'identification des restes ligneux renseigne sur le choix et la sélection des essences destinées au bois d'oeuvre (charpente, planchers, huisseries...), à l'artisanat des objets domestiques (emmanchements, récipients, meubles...) et aux structures de combustion. De plus, grâce aux observations dendrologiques, des données peuvent être collectées sur les techniques de travail et de débitage du bois, sur l'âge et les périodes d'abattage des arbres, sur les traditions vernaculaires...

Cette discipline permet donc une approche de la vie quotidienne, des relations de l'homme avec son milieu végétal et une information de l'environnement des alentours des sites archéologiques.

4 - RESULTATS D'ANALYSES

4.1 - Inventaire des essences observées

Les six lots renferment un cortège d'espèces ligneuses presque équivalent (fig. 3 à 8). Au total, neuf espèces ont pu être identifiées. Les Pomoïdées attestés se rapportent indifféremment à deux genres : Crataegus (Aubépine) ou Sorbus (Alisier). Lorsqu'on fait l'inventaire des conditions auto-écologiques de chacune des essences attestées, on constate que le cortège peut être divisé en trois groupes :

- hêtre, essence sciaphile de forêt dense, uniquement présente à -2,30/NRI dans le silo, - Pomoïdée et Prunus, essences héliophiles ou de demi-ombre poussant dans des bois clairs, à leur lisière ou dans des haies, - frêne, peuplier et aulne, essences plutôt héliophiles poussant au bord des eaux ou dans des forêts claires ripicoles. Le noisetier et l'érable champêtre (Acer campestre) sont des essences héliophiles ou de demi-ombre et peuvent donc être rencontrées aussi bien en lisière de bois qu'en forêts caducifoliées de type Querco-Fagetea. Ainsi, trois biotopes peuvent être distingués : forêt dense, milieu ouvert avec espèces de reconquête et zones humides.

TAXONS NOMBRE MASSE (g)

Chêne caducifolié 12 (Quercus sp.)

Peuplier 5 (Populus sp.)

Frêne 1 (Fraxinus excelsior)

Fig. 3 - Charbons de bois de Rannée 90, silo

TAXONS NOMBRE MASSE (g)

Chêne caducifolié 26 (Quercus sp.)

Noisetier 5 {Corylus avellana)

Fig. 4 - Charbons de bois de Rannée 90, fosse 2 (silo), -1,30 à -2,00/NRI TAXONS NOMBRE MASSE (g)

Chêne caducifolié 34 (Quercus sp.)

Pomoïdée 4 (Crataegus- type ou Sorbus-type)

Prunus-type 1

Noisetier 2 (Corylus avellana)

Peuplier 1 (Populus sp.)

Aulne 9 (Alnus sp.)

Fig. 5 - Charbons de bois de Rannée 90, fosse 2 (silo), -1,50/NRI

TAXONS NOMBRE MASSE (g)

Chêne caducifolié Al (Quercus sp.)

Hêtre 5 (Fagus sylvatica)

Pomoïdée 5 (Crataegus-type ou Sorbus-typé)

Noisetier 19 (Corylus avellana)

Frêne 3 (Fraxinus excelsior)

Peuplier 4 (Populus sp.)

Aulne 2 (Alnus sp.)

Fig. 6 - Charbons de bois de Rannée 90, fosse 2 (silo), -2,30/NRI TAXONS NOMBRE MASSE (g)

Chêne caducifolié 8 (Quercus sp.)

Hêtre 1 (Fagus sylvatica)

Noisetier 1 (Corylus avellana)

Erable 4 (Acer sp.)

Fig. 7 - Charbons de bois de Rannée 90, fosse 2 (silo), -2,50/NRI

TAXONS NOMBRE MASSE (g)

Chêne caducifolié 9 (Quercus sp.)

Fig. 8 - Charbons de bois de Rannée 90, Dl, fosse cendreuse, carrés J et K

4.2 - Observation macroscopique du plan ligneux

Une observation des cernes d'accroissement du bois a été effectuée sur les charbons de chêne dans les six lots considérés.

Les chênes sont tous à cernes très peu courbes. Ceci signifie que les charbons de chêne constituant ce lot sont tous en provenance de grosses branches ou de troncs d'arbres.

La largeur moyenne des cernes à très faible courbure des charbons de chêne caducifolié contenus dans les lots étudiés est globalement faible. Elle varie entre 0,8 et 1,6 mm, avec des écarts type de l'ordre de 0,15. Nous pouvons suivre les résultats de cette étude sur les histogrammes des figures 9 à 11. Ceux-ci traitent uniquement des charbons susceptibles de présenter des cernes lisibles en nombre suffisant. Cette largeur moyenne des cernes augmente en fonction de la profondeur de l'échantillon : à -1,50/NRI : 1 = 1,17mm ; à -2,30/NRI : 1 = 1,62mm. Notons toutefois que ces résultats portent sur des effectifs très faibles : sur le lot de -1,50/NRI, 10 ::::::: :: :?:;.:' ::: FftNNEE SILO : T—T—-—1 j f - , T -j —"T i q ; • i j

-i 3

a

4 :

Fig. 9 - Largeur des cernes à faible courbure des charbons de chêne dans le silo

H^togmk :•: F^JÎI'X RftNNïE M Si LU -i,50/NïU

Fig. 10 - Largeur des cernes à faible courbure des charbons de chêne à -1,50/NRl dans le silo

Fig. 11 - Largeur des cernes à faible courbure des charbons de chêne à -2,30/NRI dans le silo charbons ont été vus et sur le lot de -2,30/NRI, 14 charbons. Il sera intéressant de suivre ce phénomène sur des lots plus importants et de constater s'il se confirme ou s'infirme à la lecture des échantillons en provenance des couches plus profondes du comblement du silo (à priori plus anciennes). Dans tous les cas, l'observation de la largeur des cernes indique que les chênes ont poussé dans un milieu forestier assez dense au sein duquel la croissance des arbres est peu rapide.

Parmi les neuf essences recensées dans cette étude, seul le peuplier et l'aulne apparaissent comme des combustibles médiocres. Les autres espèces sont de bons voire d'excellents bois de chauffage. Ceci tendrait à prouver que nous soyons en présence majoritairement de rejets de foyers. Ainsi, ces analyses de cernes peuvent-elles être placées au sein des deux diagrammes présentés dans notre thèse de Doctorat (Marguerie, 1991) (fig. 12 etl3).

Les données armoricaines actuelles sur l'étude des cernes des charbons de chêne

Ces figures reprennent l'ensemble des données actuelles obtenues dans le Massif armoricain du Néolithique au Second Age du Fer sur les charbons de chêne prélevés au sein de structures de combustion ou de rejets de combustion.

L'évolution en fonction du temps de la largeur moyenne des cernes (avec son écart type) figurés sur les charbons en provenance de troncs est portée sur la figure 12. La largeur moyenne des cernes chez les troncs est de l'ordre de 1,5 mm durant le Néolithique moyen armoricain, vers 4000 cal BC (5200 à 5000 BP). A l'Age du Bronze ancien, vers 2300 à 1700 cal BC (3600 BP), sur une exemple malheureusement unique, ce paramètre augmente pour atteindre 2,2 mm. Ce taux d'accroissement a doublé et se situe donc autour de 3 mm, au Second Age du Fer, vers 200 cal BC (2000 BP).

Parallèlement, on constate une évolution vers l'utilisation nettement plus fréquente dans les foyers au Second Age du Fer qu'au Néolithique moyen, de bois de chêne de faible calibre issus de branches ou de jeunes troncs d'arbres (fig. 13).

Sur la base de ces données, malheureusement discontinues dans le temps, deux lots d'échantillons s'opposent nettement et indiquent une ouverture du milieu forestier armoricain entre le Néolithique et le second Age du Fer.

Lors de l'installation des Néolithiques en Armorique, des arbres de futaie furent les largeur cernes (mm)

A : Barnenez ; B : Er Grah I ; C : Er Grah II ; D : Cam ; E : Saint-Just ; F: Le Rouick ; G : Table des Marchand PM ; H : Table des Marchand foyer ; I : Meudon ; J : Jardin aux Moines ; K : Boisanne ; L : l'Armorique M : Kersigneau souterrain ; N : Kersigneau clayonnage ; P : Yoch ; Q : Ebihens c.3 ; R : Ebihens c.2

Fig. 12.- Evolution de la largeur moyenne des cernes à faible degré de rayon de courbure sur les charbons de chêne % cernes courbes

100%

A : Bamenez ; B : Er Grah ; C : Carn ; D : Saint-Just ; E : Le Rouick ; F : Table des Marchand PM ; G : Table des Marchand foyer ; H : Meudon ; I : Jardin aux Moines ; J : Boisanne ; K : l'Armorique ; L : Kersigneau souterrain ; X (^CLrtftW- M : Kersigneau foyer ; N : Yoch ; P : Ebihens c.3 ; Q : Ebihens c.2

Fig. 13 - Evolution du taux de charbons de chêne à cernes à fort degré de rayon de courbure premiers à être abattus ou récoltés morts au sein de la forêt primitive dense pour servir de combustible. Avec l'expansion démographique considérable que connaît l'Armorique durant le Second Age du Fer, la demande accrue en matière première ligneuse entraîne d'importants déboisements et une pratique plus intense du taillis.

A ce stade de l'étude anthracologique effectuée sur les fouilles de la "Ligne Anne", les résultats sont en totale contradiction avec le schéma général se dégageant des figures ci-dessus commentées. La largeur moyenne des cernes n'est que d'environ 1 à 1,50 mm pour le Second Age du Fer et les charbons de chêne ayant alimentés des foyers sont à 0% de cernes très courbes. Ils proviennent de grosses branches ou troncs.

Ceci tendrait à prouver que demeure à proximité de l'enceinte gauloise de la Ligne Anne une zone forestière assez vierge.

5 - CONCLUSIONS

Ce rapport renferme les premiers résultats de l'étude anthracologique. Il est nécessaire de préciser ici que les interprétations proposées reposent sur l'analyse de petits lots de charbons de bois prélevés par les fouilleurs. Aussi, sera-t-il nécessaire de contrôler les hypothèses par l'étude de nouveaux lots plus importants, d'ores et déjà prélevés au cours de la campagne de fouilles 1991 et tamisés au laboratoire. De plus, il conviendra, dans la mesure du possible, d'étudier des lots en provenance d'autres structures contemporaines (ex: foyers, fosses, fossés...). Enfin, dans cette quête du paléo-environnement et en dépit de premiers résultats négatifs, on peut espérer encore rencontrer des zones favorables aux analyses polliniques tant sur le site que dans les zones humides des alentours. Les nombreuses analyses paléobotaniques à ce jour effectuées sur les sites du second Age du Fer (des habitats essentiellement) dans le Massif armoricain montrent un environnement alors très ouvert et une pratique de l'agriculture céréalière manifeste (Marguerie, 1990). Les lots de charbons de bois découverts dans les structures de combustion renferment très fréquemment des essences en provenance de la lande régressive mise en place après déforestation comme le genêt à balais et l'ajonc d'Europe. Les échantillons de la ligne Anne ne contiennent ni genêt ni ajonc. De plus l'étude des cernes d'accroissement faite sur les charbons de chêne souligne l'existence d'un milieu forestier assez dense. Toutefois, au regard de la grande densité des ouvrages terroyés découverts par J.-C. MEURET en forêt de la Guerche (fig. 14), l'existence d'un milieu forestier dense sur le site ou dans un environnement proche semble peu probable. D'après J.-C. MEURET, une zone vierge en vestiges archéologiques existe à quelques kilomètres au Nord et pourrait fort bien correspondre à cette zone forestière protohistorique et antique.

BIBLIOGRAPHIE

Les données autoécologiques et biotopiques mentionnées dans ce rapport sont extraites de : RAMEAU J.C., MANSION D. et DUME G., 1989 - Flore forestière française, guide écologique illustré. T.l, plaines et collines, Institut pour le développement forestier, Paris, 1785 pages.

MARGUERIE D., 1990 - L'environnement à l'Age du Fer en Bretagne. In : Coll. - Les Gaulois d'Armorique, la fin de l'Age du Fer en Europe, Xlle Colloque AFEAF, Quimper, Rev. archéol. Ouest, Supplément n°3, p. 115-120.

MARGUERIE D., 1991 - Evolution de la végétation sous l'impact anthropique en Armorique du Mésolithique au Moyen Age : études palynologiques et anthracologiques des sites archéologiques et des tourbières associées. Thèse de Doctorat de l'Université de Rennes I, 1 tome, 412 pages.

Les charbons pris en compte dans le cadre de cette étude restent disponibles au Laboratoire d'Anthropologie et peuvent être renvoyés à l'archéologue pour datation radiocarbone ou autre analyse. LABOR PREHISTOIRE, PROTOHISTOIRE ET C -ARMORICAIN iniversité de Rennes I, Campus de Beaulieu ES CEDEX - Tel. 99 28 61 09 .*

dans le cadre d A.G.O.R.A. ISfpour la Rech ¡iPS »1»

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fiK - i -s*.-. • ' - 'i"^ î#| m, i : HH ¡9 m * im mm ... j..jJà.f! Mi • HÜ Rapport d'étude micromorphologique (Anne Gebhardt)

1 - Inventaire des prélèvements : La campagne de fouille 19g$ du site rural protohistorique antique de la Ligne Anne en Forêt de la Guerche fut l'occasion d'effectuer des prélèvements en vue de l'analyse micromorphologique du sol enterré sous le hérisson de pierre du talus de l'enclos double (sondage 1.. fi g 1). Deux blocs orientés et non perturbés ont été prélevés, chacun de part et d'autre du profil.

2 - Description macroscopique du profil : Le profil ci dessous (fig 2) correspond à la coupe méridionale étudiée (miel). Le second profil (rnic 2) est situé en face,.sous l'autre parois du sondage, à cheval sur les couches H2 et H3.

WBBB? Hérisson de pierre de l'enclos

i i i il o • yr-'k-, cm H1 * V ' .y'jé-. H2

H3

H4 Fig 2 : profil pedologi que

777777 limite de sondage 50 -W/A

Sous le hérisson de pierre, le premier niveau (Hl) est composé de blocs et cailloux de grès enrobés dans une matrice limoneuse de structure massive. On y observe quelques taches et concrétions jaunes, ocre ou orange. Il y a quelques racines fines. H2, de même structure et de couleur jaune (10YR 7/6), ne comprend que quelques graviers. Les racines, toujours fines y sont moins nombreuses. H3, de couleur jaune-brun (10YR 6/6) possède les mêmes caractéristiques que H2, avec quelques concrétions brun-rouille. H4 est encore plus claire (10YR 7/3). Les traces d'hydrornorphie sont présentes dans tout le profil.

3 - Analyse rmcromorphologlque : 3-î - Intérêt de la méthode : La micromorphologie est l'étude au microscope polarisant de sédiments meubles non perturbés, prélevés en blocs orientés.

Elle permet la reconnaissance d'un certain nombre de traits., sédimentaires, pédologiques, et anthropiques qui caractérisent le support naturel., son degré d'évolution pédologique et le type de perturbation anthropique qui l'affectent. Ceci vise a mieux comprendre l'impact de l'homme sur son environnement aussi bien au niveau de l'organisation de l'habitat, que dès- transformations liées à la mise en valeur agricole des espaces environnants. Pour ce dernier cas, i] peut être mis en évidence des traits directement liés à la mise eri culture d'un champ, à condition que celui-ci soit conservé a l'abri des perturbations agricoles modernes (c. à d. enterré sous un monument, une structure archéologique ou une épaisseur suffisante de sédiments).

Protocole Une fois prélevés, les échantillons sont sèches puis indurés par imprégnation sous vide dans une résine polyester. Puis ils sont découpés en plaques et amincis jusqu'à 25.urn pour permettre leur observation au rn i c r o s c o p e p o 1 a r i s a n t.

3-2 - Résultats micromorphologiques : 3-2-1. Mie 1 : La microstructure de ce limon est de faible pédalité. Sa masse est faiblement agrégée. Sa porosité est de 101 environ, et formée de chambres, chenaux et fissures. La fraction minérale grossière est composée de 30 è 40 % de quartz subangulaires (40 a 80 p.rn), de 51 de quartz de 0,1 a 0,4 mm plus arrondis et de 51 de quartzites (>0,8 mm) sub-arrondis. La masse est porphyrique, tachetée., de couleur jaune pâle en LN à gris noir en LP. Sa biréfringence est faible. La fraction organique est composée de quelques phytolithes, et de quelques résidus de végétaux frais. Les traits pédologiques sont nombreux et variés : - Les revêtements argileux limpides sont abondants à la base du profil (en H4). leur taille peut atteindre jusqu'à 0,6mm de diamètre environ. Ils sont limpides, litês, bien développés et bien orientés. - Les revêtements argileux poussiéreux sont moins épais (jusqu'à 0,2mm de diamètre). Ils rie sont pas litês. et parfois en relation avec les intercalations. Ils ne sont pas orientés, et plus abondants vers le sommet (H3) de la lame. Ces deux types de revêtements (poussiéreux et limpides) sont parfois imbriqués les uns dans les autres, surtout vers le sommet (en H3). - On observe également des unités enrichies en argiles et d'autres appauvries ; ces unités sont souvent imbriquées les unes dans les autres. - Enfin, il y a de nombreuses imprégnations ferrugineuses rondes et de couleur brun-foncé. Il est intéressant de noter, dans ce niveau, l'absence quasi totale de traces d'activité animale (terriers, pellets).

3-2-2. Mie.2 : La microstructure de ce niveau est mieux développée et sa pédalité est moyenne. La porosité est. légèrement supérieure (10 à 15 %), composée de nombreuses fissures poro s triées, parfois regroupées en paquets orientés horizontalement, et de petites chambres. Ces dernières sont de forme irrégulières aux parois concaves, marquant aspect proche de l'entassement de déjections animales. La fraction minérale et la masse sont les mêmes qu'en miel. Les traits pédologiques sont également abondants et variés : - Les revêtements poussiéreux fins (de couleur bruri-jaune) alternent avec des revêtements plus grossiers (très abondants en H2) - On y retrouve le mélange en unités de sédiment enrichies et appauvries en masse. - L'activité biologique est nettement mieux développées. Les traces observées sont des déjections de la microfaune, bien minéralisées (donc anciennes) et de discrets terriers de Lombrics. - Le même type de concrétions ferrugineuses qu'en Mi ci sont également présentes. Autour de certaines concrétions on observe des accumulations de matrice.

4_ Interprétation :

Cette analyse micromorphologique met en évidence les traces d'exploitation forestière du site de la Ligne Anne. Avant l'intervention de l'Homme sur le site, le sol est en équilibre avec les conditions pédo-climatiques régnant au sein de la Forêt Atlantique. Le sol est de type brun lessivé (fig.3, a). Ce type de sol est caractérisé par un horizon enrichi en argiles limpides que l'on appelle Horizon Bt. Il s'agit dans notre cas de l'horizon H4. Les revêtements argileux limpides y sont nombreux et bien développés. Ce sol s'est développé au sein de limons éoliens (taille inférieure è 8Ou.m) formant la couverture loessique mélangés è al té ri te locale. La forme arrondie des concrétions ferrugineuses et leur cercle d'accumulation de matrice sont des reliques de phénomènes de gel/dégel péri glaciaires ayant affecté les limons dans les périodes interglaciaires.

f i g. 4 : m o d e d e f o rrn a t i o n d e s a c c u rn u 1 a t i o n s d e m a t ri c e autour des concrétions ferruginisées.

La présence de terriers de Lombrics, difficiles à reconnaître car perturbés par le remaniement du sol et la faune acidi phi le secondaire, nous indique que le chimisrne du sol était proche de la neutralité è l'origine. 5. Conclusion

L'enclos 1 du site de la Ligne Anne fossilise les traces d'un déboisement. Ce type de structure a également été observée à l'Hôtié de Viviane (Forêt de , Ile et Vilaine ; Gebhardt, 1990) et sur divers sites anglais (Macphail et Goldberg, 1990). L'étude de ce paléosol rie montre toutefois rii le défrichement par essart.age, ni la classique érosion des sols observés un peu partout au sein des paléosols bretons (Gebhardt, 1990). Nous serions peut-être là, dans une clairière, sur un site d'exploitation de la forêt. Les arbres ont été abattus pour utiliser le bois (bois d'oeuvre, combustible ?), et non pour cultiver l'espace a des fins agricoles. Cette hypothèse doit néanmoins être confrontée aux résultats des études paléobotariiques et d'autres prélèvements rnicrornorphologiques sur le site sont souhaitable.

Ces résultats sont tout à fait inédits pour la Bretagne et une étude micro morphologique approfondie (complétée par la paléobotanique) du site de la Ligne Anne apportera de précieuses données sur le mode d'exploitation forestière de l'Age du Fer. RAPPORT PRELIMINAIRE D'ANALYSE

PETRO-ARCHEOLOGIQUE

des céramiques du site

de Rannée

(forêt de la Guerche, 35).

par Hervé MORZADEC

Laboratoire d'anthropologie, université de Rennes I

L'étude pétrographique des céramiques du site de Rannée a porté sur 35 échantillons. Les résultats obtenus permettent de définir un certain nombre d'ensembles pétrographiques. Ces ensembles peuvent se réunir en deux grands groupes. L'un est constitué par les céramiques dont les matériaux sont d'origine locale ; l'autre par les céramiques dont les matériaux sont éxogènes au site.

I La céramique à dégraissant local

Ce groupe rassemble quatre ensembles dont les matériaux sont voisins au moins pour deux d'entre eux.

Le premier ensemble contient un dégraissant grossier formé par des fragment provenant du grès armoricain qui constitue le substratum géologique du site. On observe la présence de gros grains de quartz et de phénocristaux de feldspaths dans une gangue de quartz fins cimentés. Il existe également de très rares micas (muscovite) disséminés dans le grès. Ce dégraissant est sans aucun doute d'origine locale et une production sur le site même n'est pas à exclure.

Rannée 15 fragment de fond Rannée 16 fragment de fond Rannée 25 rebord à cannelure interne Rannée 28 rebord épais Rannée 35 rebord à cannelure interne et cordon au col

L'échantillon Rannée 3, second ensemble, contient le même dégraissant que l'ensemble précédent mais on note la présence plus abondante de biotites très altérées et très pléochroïques pouvent provenir de l'utilisation d'une argile différente de la précédente et dont l'origine serait une altération de schistes à biotites. L'origine des matériaux est pour cet ensemble également d'origine locale.

Rannée 3 fragment de panse

Le troisième ensemble présente un dégraissant particulier et rarement observé dans les céramiques de l'Age du Fer. Ce dégraissant provient de l'utilisation d'un sable de rivière broyé avant d'être incorporé à l'argile. Les échantillons contiennent encore des grains de sable à contours arrondis. Certains fragments présentent des contours arrondis dans une partie et anguleux dans une autre, preuve qu'il y a eu broyage avant incorporation à l'argile. L'absence de critères distinctifs dans le dégraissant ne permet pas de donner une origine précise à ces échantillons mais rien ne s'oppose à ce qu'ils soient d'origine locale.

Rannée 7 fragment de panse Rannée 21 tesson à stries multiples Rannée 31 rebord

L'échantillon Rannée 17, constituant le quatrième ensemble, contient un dégraissant fait de fragments de roches sédimentaires. Il s'agit de fragments de schistes constituant l'essentiel des roches du sous-sol autour du site bien que le site lui-même soit situé sur le grès armoricain. Ces matériaux sont donc également d'origine locale.

Rannée 17 fragment de fond

II La céramique à dégraissant éxogène.

Ce groupe peut se subdiviser en cinq ensembles différents. Quatre de ces ensembles contiennent un dégraissant granito-gneissique et le cinquième un dégraissant à amphibole.

Le premier ensemble contient un dégraissant constitué de quartz et de rares plagioclases. Le minéral caractéristique de cet ensemble est la biotite présente en abondance et possédant un pléochroïsme rouge brun très fort. Cet ensemble mériterait une étude plus poussée en comparaison avec d'autre site de l'Age du Fer afin de déterminer la provenance des matériaux de ces céramiques.

Rannée 1 vase "peint" Rannée 2 fragment de panse Rannée 8 fragment de panse Rannée 13 fragment de fond Rannée 14 fragment de fond Rannée 18 fragment de fond Rannée 19 tesson à stries multiples Rannée 20 tesson à stries multiples Rannée 23 tesson à stries multiples Rannée 24 rebord Rannée 26 rebord épais

Le second ensemble contient un dégraissant granitique constitué de quartz et de plagioclases. Les plagioclases se présentent en lattes donnant aux fragments de roche un aspect particulier facile à reconnaître. Le dégraissant contient également de rares biotites un peu altérées.

Rannée 4 fragment de panse Rannée 5 fragment de panse Rannée 9 fragment de panse Rannée 22 tesson à stries multiples Rannée 32 rebord à cannelure interne Le troisième ensemble contient un dégraissant fin et homogène à composition granitique. Le dégraissant contient les minéraux habituels des granités : quartz, plagioclases, feldspaths potassiques (orthose), biotite et muscovite.

Rannée 6 fragment de panse Rannée 30 rebord sans cannelure interne

Le quatrième ensemble contient un dégraissant granitique grossier avec de petites biotites. La matrice est phylliteuse et possède une orientation importante des particules. Les minéraux constituant le dégraissant sont le quartz, les plagioclases et la biotite.

Rannée 10 fragment de panse Rannée 11 fragment de panse Rannée 12 fragment de fond Rannée 34 rebord à cannelure interne faiblement marquée

Le cinquième ensemble constitué par l'échantillon Rannée 33, contient un dégraissant à amphiboles automorphes. Le reste du dégraissant est constitué par du quartz et des feldspaths plagioclases. Un fragment de roche montre l'association amphibole + quartz + plagioclases. La texture de la roche montre qu'il s'agit d'une roche basique faiblement métamorphisée. Une étude géologique ultérieure permettra sans doute de localiser l'origine de cette céramique.

Rannée 33 rebord de poterie fine

L'ensemble de ces céramiques à dégraissant granitique correspondent à des importations sur le site de Rannée. La localisation précise des sites de production sera difficile à trouver en raison du manque de caractères distinctifs de ce type de matériaux. La géologie locale ne présentant pas de roches de ce type ou uniquement en petits filons intrusifs dans les schistes, il faudra rechercher l'origine de ces céramiques dans des secteurs plus propices comme par exemple la zone broyée sud armoricaine ou les granites situés au nord de la forêt de La Guerche.

Conclusion

La céramique du site de Rannée dans la forêt de La Guerche constitue un ensemble à dégraissant très hétérogène. Cette diversité peut permettre de considérer ce site comme étant un site d'utilisation de la poterie et non un site de production. Des études plus complètes, actuellement en cours, pourraient permettre de localiser les différentes sources d'approvisionnement en matériaux ayant servi à fabriquer la céramique.