LeMonde Job: WMQ2104--0001-0 WAS LMQ2104-1 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 11:22 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0454 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE DES LIVRES

a Au sommaire :

Jean-Paul Sartre, ACTIVE:LMQPAG:W Charles de Gaulle, busy Charles Du Bos...

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56e ANNÉE – No 17181 – 7,50 F - 1,14 EURO MÉTROPOLITAINE VENDREDI 21 AVRIL 2000 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Drogues : l’Europe Le premier mort du terrorisme breton est devenue b Une employée de McDonald’s a été tuée dans l’attentat de Quévert b La dynamite provient le plus gros d’un stock volé en septembre 1999 b Des militants bretons et basques avaient alors été marché interpellés b La police enquête sur une mouvance anarchisante hostile à la mondialisation L’EXPLOSIF utilisé dans l’attentat jusqu’à présent que des bâtiments contre un restaurant McDonald’s de publics et n’avaient jamais fait de de la planète Quévert, près de Dinan, dans les victime. Selon la police, une ten- Côtes-d’Armor, et qui a tué une em- dance anarchisante antimondialisa- LE RAPPORT de l’Observatoire ployée de cet établissement, mercre- tion serait en train de prendre la tête géopolitique des drogues (OGD), di 19 avril, est de « même nature et de l’ARB. Les policiers enquêtent sur

rendu public jeudi 20 avril, souligne de même origine » que l’explosif volé cette mouvance pour tenter d’iden- D.R. que la production des stupéfiants ne à Plévin dans le même département, tifier les auteurs de l’attentat de régresse nulle part et que son en septembre 1999, a indiqué, jeudi, Quévert. Dans Le Figaro du jeudi ÉNIGMES commerce est en augmentation. une source proche de l’enquête. Ce 20 avril, le journaliste nationaliste L’Union européenne est devenue même explosif a été utilisé, mercre- Charlie Grall, mis en examen dans « le plus important marché de la pla- di, pour une tentative d’attentat l’affaire de Plévin, indique qu’il ne La preuve nète », l’Espagne constituant «la contre un bureau de poste du centre « condamne pas » l’attentat. porte des trafics en Europe ». La de Rennes. La deuxième bombe Le président de la République, le mondialisation des flux financiers avait pu être désamorcée grâce à la premier ministre et plusieurs autres par l’ADN profite au blanchiment de l’argent et vigilance d’un passant. Ces deux ac- responsables politiques ont exprimé Réouverture possible du dossier sur à « son corollaire, la criminalisation tions n’avaient fait l’objet d’aucune leur indignation. Dans des termes l’assassinat de Gregory Villemin, identi- du politique ». Malgré leurs plans de revendication, jeudi en fin de mati- voisins, Jacques Chirac et Lionel Jos- fication de Louis XVII (portrait) : les em- lutte antidrogue, les grands pays oc- née, mais l’identification de l’explo- pin ont souligné que rien ne peut cidentaux font souvent des conces- sif confirme, aux yeux des enquê- justifier, aujourd’hui en France, une preintes génétiques bouleversent les sions à des narco-Etats en fonction teurs, la piste de l’Armée action violente de cette nature. Au- enquêtes judiciaires et la recherche his- de leurs intérêts politiques. La situa- révolutionnaire bretonne (ARB), teur du « démontage » pacifique torique. Le nombre des actions en re- tion financière désastreuse de bras armé du Front de libération de d’un restaurant McDonald’s, cherche de paternité a doublé de l’OGD, seul organisme d’études in- la Bretagne (FLB). Après le vol de en août 1999 à Millau, José Bové a 1992 à 1998. Aux Etats-Unis, huit ternational indépendant, a amené le Plévin, les enquêteurs avaient inter- déclaré que « ce genre d’acte va tribunal de à prononcer sa li- pellé plusieurs militants nationa- complètement à l’encontre du condamnés à mort ont été innocentés quidation en avril. listes basques et bretons. Depuis combat » qu’il mène. grâce aux tests ADN. p. 10-11, dix-huit mois, l’ARB avait multiplié l’éditorial p. 15 et la chronique Lire page 2 les attentats, mais qui n’avaient visé Lire page 6 de Pierre Georges p. 34 Les campagnes Les Suédois pourront boire jusqu’à plus soif à la santé de l’Europe BRUXELLES (Union européene) Bon prince, le commissaire Bolkestein a ac- tendance à boire avec l’objectif délibéré de du RPR à Paris de notre envoyé spécial cepté une certaine progressivité : la quantité s’enivrer, 60 % de toute la consommation d’al- La décision de lever les restrictions appli- d’alcool que tout Suédois revenant d’un cool ayant lieu lors des beuveries du week- ÉDOUARD BALLADUR quées à l’importation d’alcool en Suède a un voyage à l’étranger pourra importer passera end. C’est pour combattre ce fléau que les au- a durcit le ton face à Philippe coût annuel : 3 000 décès supplémentaires graduellement de 1 à 5 litres de spiritueux torités maintiennent un monopole de la vente Séguin, entré en campagne muni- dus à l’alcoolisme. C’est écrit dans un argu- (whisky, vodka, gin, etc.), de 20 à 53 litres de aux particuliers, et imposent de lourdes taxes cipale depuis le début de la se- mentaire du ministère suédois des affaires so- vin, de 24 à 64 litres de bière. A partir de jan- sur l’alcool et le tabac. maine. M. Balladur souligne qu’il ciales, rédigé pour convaincre la Commission vier 2004, « les voyageurs pourront importer En cas de levée des restrictions, avait préve- est « le mieux placé pour faire européenne de maintenir la Suède en état de autant d’alcool et de tabac, en provenance nu le gouvernement, il sera nécessaire de

l’union » de la droite à Paris. Après semi-prohibition, donc d’accorder aux auto- d’autres Etats membres, s’ils peuvent raisonna- baisser les taxes, afin que les prix se rap- PHOTOS/LTD PA le président de l’UDF, François rités de Stockholm une extension, jusqu’à la blement prouver que c’est pour leur consomma- prochent de ceux pratiqués en Allemagne et Bayrou, il a convié à déjeuner mer- fin de l’année 2005, du régime dérogatoire tion personnelle ». Cette période d’accoutu- au Danemark, ce qui devrait entraîner une COMMUNICATION credi 19 avril Françoise de Pana- dont elles bénéficient. La réponse est non : mance devrait permettre aux autorités augmentation de 50 % des risques médicaux fieu, candidate comme lui à la can- Fritz Bolkestein, commissaire européen char- suédoises, estime la Commission, de liés à l’alcool. Et les experts de citer le « chiffre didature RPR. Cette rencontre gé du marché intérieur, a obtenu l’assenti- « combattre la consommation excessive d’al- inacceptable » de 3 000 décès de plus par an. Claire Chazal renforce l’hypothèse d’un « tic- ment de ses collègues pour que l’exception cool, par exemple par des campagnes d’infor- Scénario catastrophiste ? Selon un porte-pa- ket » entre l’ancien premier mi- suédoise prenne fin. Car il y avait bien pire mation sur les risques pour la santé ». role de M. Bolkestein, « il n’est pas du tout virtuelle nistre et la députée RPR de Paris. danger que l’abus d’alcool : une véritable Le gouvernement suédois avait produit sûr » que la décision communautaire entraîne La première présentatrice virtuelle de Le même jour, alors que Jean Tibe- agression contre « les droits fondamentaux du quelques chiffres à ce sujet : « La consomma- une augmentation de la consommation d’al- journal télévisé a fait son apparition sur ri inaugurait une place en mé- marché intérieur de liberté de mouvement des tion d’alcool de 300 000 à 500 000 Suédois est si cool. L’exécutif européen a la conscience Internet. Ananova (photo) a été créée moire de la Commune de Paris, marchandises et des personnes ». La Commis- élevée qu’elle affecte leur travail, leur vie de fa- tranquille : les Suédois pourront boire sans par des techniciens britanniques. Elle l’atmosphère est devenue hou- sion européenne a estimé que les restrictions mille et leur santé. Le total des décès dus à l’al- états d’âme à la santé de cette victoire de la leuse lorsque le maire a revendi- à l’importation d’alcool (et de tabac) étaient cool est d’environ 5 000 par an. » En Suède, construction communautaire, et apprécier est capable de lire les dépêches en qué « l’héritage » de cette période. « disproportionnées » par rapport aux objec- entre 5 % et 10 % des grands buveurs « tous leurs droits au marché intérieur ». temps réel en y mettant le ton, l’ex- tifs de santé publique avancés pour les jus- consomment à peu près la moitié de tout l’al- pression et les mouvements adaptés à Lire page 8 tifier. cool ingurgité dans le pays. Les Suédois ont Laurent Zecchini l’événement qu’elle relate. p. 24 Wall Street L’Asie en quête aveugle d’une « logique de paix »

UNE DÉCENNIE après la chute entre la Chine et l’Inde, où se dé- du mur de Berlin, les plaies que la roula en 1962 le premier conflit guerre froide a laissées sur la armé entre les deux plus grandes carte de l’Asie ne se sont pas cica- nations du tiers-monde, n’est tou- trisées. Les grands protagonistes jours pas l’objet de négociations du conflit Est-Ouest ne professent sincères entre Pékin et New Delhi. plus d’hostilité, mais les zones de Une paix armée règne sur ces conflits locaux n’ont connu au- trois fronts. A première vue, l’af-

cune véritable normalisation. Les frontement ne semble plus idéo- SONY MUSIC STEPHEN ROACH camps, sur place, demeurent divi- logique. La Corée du Nord serait sés. bien en peine de mettre en œuvre MUSIQUE ÉCONOMISTE en chef de la Le début de la guerre de Corée, ses promesses de « libérer » le banque américaine Morgan Stan- première des « petites guerres » sud de la péninsule du « joug im- Les princes ley Dean Witter, Stephen Roach qui ont caractérisé cette époque, périaliste ». dénonce dans Le Monde l’aveugle- aura, le 25 juin, cinquante ans. Le Inversement, rien ne fait plus du hip-hop ment des investisseurs de Wall 38e parallèle dans la péninsule co- peur à Séoul que la perspective Street. Pour lui, la nouvelle écono- réenne est toujours en état de d’avoir à gérer un effondrement Le 24e Printemps de Bourges s’est ou- mie transforme les entreprises paix hautement armée sous du système politico-économique vert mercredi 19 avril en présence de mais n’efface pas les risques infla- contrôle international. Au nord, du Nord à la manière de la réuni- Lionel Jospin et de Catherine Tasca, tionnistes. un régime imprévisible et en sur- fication allemande. La Chine nouvelle ministre de la culture et de la vie artificielle ; au sud, un régime continentale se promet, elle, de communication. Deux groupes de rap Lire p. 18 et le point de vue p. 16 responsable, mais contraint à la réintégrer Taïwan dans le giron plus grande prudence face à l’en- national mais se garderait bien, français s’y produisent : 113 (photo), Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, nemi. Le timide dégel que laisse dans une éventuelle épreuve de jouant des codes du langage des cités, 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; entrevoir le sommet des deux force, de brandir l’argument Côte-d’Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; et Saïan Supa Crew. p. 28 Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Bre- chefs d’Etat – Kim Jong-il au communiste. Taïwan, de son côté, tagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Nord, Kim Dae-jung au Sud –, s’il a renoncé à toute idée de re- International ...... 2 Aujourd’hui ...... 24 Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; se tient comme annoncé, en juin, conquête du « continent perdu ». Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; France ...... 6 Météorologie, jeux .. 27 Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. n’est qu’un tout premier pas sur le Entre la Chine et l’Inde, ce n’est Société...... 10 Culture ...... 28 long chemin d’une paix scellée. pas non plus une question de cre- Régions ...... 13 Guide culturel...... 30 Le détroit de Formose, entre le do politique. Horizons ...... 14 Carnet...... 31 continent et l’île de Taïwan, Entreprises ...... 18 Kiosque...... 32 donne à nouveau des signes de Francis Deron Communication ...... 20 Abonnements...... 32 tension. Tableau de bord ...... 21 Radio-Télévision...... 33 Dans l’Himalaya, la frontière Lire la suite page 15 LeMonde Job: WMQ2104--0002-0 WAS LMQ2104-2 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 11:12 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0455 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000

CRIMINALITÉ L’Observatoire Schengen de l’Union européenne LISATION des flux financiers profite européenne, en fonction de leurs in- b FAUTE de moyens financiers suffi- géopolitique des drogues (OGD) dé- est, note-t-il, devenu « le plus im- largement au blanchiment de térêts politiques, développent des sants, l’OGD, seul réseau internatio- voilait, jeudi 20 avril, son rapport portant marché de la planète », l’Es- l’argent issu des trafics et à « son stratégies de lutte contre les trafics nal d’analyses indépendant des annuel sur l’état de la production et pagne constituant « la porte des corollaire, la criminalisation du poli- les amenant souvent à faire des Etats, se voit contraint de mettre fin du trafic dans le monde. b L’ESPACE trafics en Europe ». b LA MONDIA- tique ». b LES ÉTATS-UNIS et l’Union concessions aux narco-Etats. à ses travaux. Jamais la production et le trafic des drogues n’ont été si florissants Le rapport 2000 de l’Observatoire géopolitique des drogues dresse un constat accablant de l’échec de la lutte contre la production et la commercialisation des stupéfiants dans le monde, et stigmatise l’absence de volonté politique ou l’incohérence dans l’attitude des Etats occidentaux TIRANT PARTI de la mondialisa- fabricants de ces molécules synthé- Turquie, Pakistan, Nigeria, Mexique, tion, le trafic de stupéfiants et le tiques (ecstasy, amphétamines, etc.) Les sources du trafic mondial des drogues naturelles Argentine), relève le rapport de l’Ob- blanchiment de ses profits ont conti- produites en laboratoire. servatoire. nué de prospérer en 1998 et 1999, se- Le blanchiment de l’argent issu UKRAINE Dans cet ensemble, peu ou pas lon le rapport de l’Observatoire géo- des trafics et « son corollaire, la cri- BIÉLORUSSIE maîtrisé par les instances de contrôle politique des drogues (OGD), rendu minalisation du politique », ont béné- TURKMÉNISTAN et de répression, même les procé- public jeudi 20 avril à Paris (rapport ficié de la mondialisation des flux fi- OUZBÉKISTAN dures d’évaluation des productions KAZAKHSTAN qui sera consultable à l’adresse In- nanciers. Instaurées par les KIRGHIZISTAN nationales ont paru sujettes à cau- ternet ww.ogd.org). Se moquant des organismes internationaux en vue CORÉE DU NORD tion. Cela a été tout spécialement le « plans de lutte » et des discours vo- d’améliorer la transparence des cir- cas pour la culture du pavot dans lontaristes, les productions n’ont cuits de recyclage, les normes tech- TURQUIE TADJIKISTAN l’un des principaux pays produc- MAROC LIBAN NÉPAL cessé « d’augmenter, ou, dans le meil- niques de la « bonne gouvernance » ÉGYPTE LAOS teurs, l’Afghanistan. Jusqu’en 1994, JAMAÏQUE IRAN VIETNAM leur des cas, de stagner, dans les ont montré leurs limites, se révélant MEXIQUE les Etats-Unis étaient les seuls à PHILIPPINES grands pays producteurs » que sont « vite inefficaces face à un manque GUATEMALA VENEZUELA AFGHANISTAN INDE fournir une estimation annuelle de COLOMBIE PAKISTAN l’Afghanistan (pavot à opium), la évident de volonté politique au mo- NIGERIA cette production, grâce à leurs satel- Colombie (cocaïer) et le Maroc (can- ment de les mettre en application », GUYANA BIRMANIE lites. Le Programme des Nations nabis). note l’OGD, qui mentionne PÉROU THAÏLANDE unies pour le contrôle international Ces dernières années, l’espace l’exemple du gouvernement russe BOLIVIE des drogues (Pnucid) s’est, depuis, li- Schengen européen est devenu «le dans l’affaire de l’argent reçu du FMI AFRIQUE vré à un recensement systématique plus important marché de drogues de et transféré dans des banques améri- DU SUD des cultures, au moyen d’observa- la planète ». L’Espagne a joué le rôle caines, soupçonné d’avoir couvert tions de terrain. En 1999, des « dif- de « principal point d’entrée de has- des trafics illicites. férences considérables » ont été chisch et de cocaïne » dans cette PAYS EXPORTATEURS DE CANABIS PAYS PRODUCTEURS DE PAVOT (OPIUM) constatées entre les chiffres de zone. La Turquie a servi de base ar- MANSUÉTUDE NOUVEAUX GROS PRODUCTEURS DE CANABIS PAYS PRODUCTEURS DE FEUILLES DE COCA l’agence spécialisée américaine rière pour la transformation finale Un « gouffre » a séparé le monde Source : Atlas mondial des drogues, OGD, PUF, sept 1996 (DEA) et ceux du Pnucid : la pre- de l’héroïne, en provenance notam- réel des modèles administratifs et mière a évalué la production ment d’Afghanistan, avant d’être coercitifs proposés par les organisa- aux drogues en Turquie, redevenue manque apparent d’intérêt à l’égard une intervention militaire accrue. Au d’opium à 1 600 tonnes, l’organisme distribuée en Europe de l’Ouest, via tions internationales. Des établisse- le premier producteur d’héroïne en du nouveau roi du Maroc, alors que Mexique, en Bolivie, au Pérou, en Ar- onusien à 4 600 tonnes. les « routes des Balkans ». Dans les ments financiers du Nord, du Sud Europe. Cette mansuétude inter- les cultures de cannabis dans le Rif gentine ou à Trinité-et-Tobago, elle Constat final de l’OGD : « Depuis pays de l’Est, le phénomène le plus ou de l’Est s’y sont précipités, profi- vient au moment où le parti MHP « ne cessent de s’étendre ». De leur consiste à fermer les yeux sur les liens qu’en 1961, l’Assemblée des Nations sensible a été « l’explosion de la tant du « laxisme des contrôles dont – proche de l’organisation d’extrême côté, les Etats-Unis ont exercé des des gouvernants avec les trafics afin unies a solennellement condamné les consommation de toutes les bénéficient leurs succursales ou filiales droite des « Loups gris », jusqu’alors pressions sur leurs alliés latino-amé- de ménager des alliés économiques ou cultures traditionnelles de drogues, co- drogues », particulièrement en Rus- dans les régions dites périphériques : dénoncée comme criminelle – dé- ricains pour qu’ils impliquent leurs politiques. » ca, pavot et cannabis, les surfaces sie, où une héroïne de qualité Caraïbes, îles anglo-normandes (Jer- tient les postes de vice-premier mi- institutions militaires dans la lutte Le commerce illicite de drogues cultivées, le trafic et la consommation commerciale (brown sugar) a terras- sey, en particulier), Monaco, Liech- nistre et de ministre de l’intérieur au contre le narco-trafic. Non sans ef- n’en a pas moins continué de jouer n’ont cessé d’augmenter chaque an- sé les opiacés artisanaux. Les tenstein et Suisse ». sein du gouvernement de coalition fets pervers : « En pratique, cela « un rôle de premier ordre » dans les née. Ce qui n’a pas empêché l’ONU, drogues de synthèse ont, elles, été Les « concessions faites aux narco- d’un régime où « partis politiques, confère à la lutte antidrogue le carac- domaines économiques (Italie, Es- en 1998, d’annoncer la quasi-dispari- fabriquées sur le Vieux Continent Etats », par les grandes puissances, mafias, services secrets sont impliqués, tère d’une législation d’exception dans pagne, Argentine, Mexique, Colom- tion des cultures illicites... pour 2008. » (Pays-Bas, Grande-Bretagne et Es- lorsqu’ils constituent « des clients ou à des degrés divers, dans cette activité de nombreuses régions ». bie, Birmanie), les conflits locaux Ce qui ne laisse guère de place à l’es- pagne). Rejoignant les vieilles na- des alliés géopolitiques », n’ont pas illicite et dans le blanchiment de ses Au gré des pays, l’attitude de Was- (Afghanistan, Asie centrale, Inde, poir. tions industrielles, la Birmanie s’est manqué. Ainsi l’Union européenne a profits ». Les gouvernements euro- hington a varié : « En Colombie, la Turquie, Kosovo, Colombie, Congo) classée dans le peloton de tête des fermé les yeux sur la criminalité liée péens ont fait montre d’un même politique américaine se traduit par et la criminalisation de l’Etat (Russie, Erich Inciyan Des talibans afghans aux paramilitaires colombiens, sept pays passés au crible HORMIS sa présentation des nouvelles l’ampleur de la croissance des cultures), tembre 1999]. La principale cause de cette lective. « Comme les groupes paramili- concentrent les profits réalisés dans le données globales du trafic des drogues, dans le cadre de sa campagne pour obtenir baisse par rapport à 1998 est essentielle- taires soutenus par des secteurs de l’ar- reste de l’Europe et investissent massive- le rapport 2000 de l’OGD étudie la situa- une reconnaissance de la communauté in- ment un déficit pluviométrique. (...) Cela mée, les Forces armées révolutionnaires de ment dans l’immobilier, avant de rapatrier tion spécifique de quarante pays. Voici ternationale, a publié à la fin de 1999 un ne signifie pas, du fait de gain de producti- Colombie (FARC) ont continué à se finan- leurs capitaux en Colombie. » les principaux éléments révélés pour décret prévoyant une réduction moyenne vité, que la production ait notablement di- cer par le racket, les enlèvements et les b Mexique : liens organiques entre sept d’entre eux. de 30 % de la production en l’an 2000. » minué. (...) Ce sont toujours les territoires “impôts” prélevés sur la production de politiques et narco-trafic. « Le Mexique b Afghanistan : b Afrique du Sud : premier produc- des groupes armés appartenant à des mi- drogue. (...) La lutte antidrogues menée reste l’un des principaux centres mondiaux l’impôt islamique. teur de marijuana. « Si le pays est le pre- norités ethniques ayant signé des accords par les Etats-Unis en Colombie dissimule du narcobusiness. (...) On n’a constaté au- « La production afg- mier producteur mondial de marijuana, de cessez-le-feu avec le pouvoir birman en fait une stratégie anti-insurrectionnelle cun changement de fond durant les deux hane d’opium en 1999 celle-ci reste essentiellement destinée au qui sont la principale source d’opium de la sélective dans la mesure où elle ne dernières années : ni dans la contrebande a littéralement explo- marché interne. (...) [Toutes drogues Birmanie. (...) Ce pays est aussi devenu le concerne pas les paramilitaires qui sont, de drogues en direction des Etats-Unis, qui sé pour atteindre confondues], les autorités restent débor- plus grand producteur régional de mé- eux, directement impliqués dans la pro- se maintient à des niveaux extrêmement 4 600 tonnes contre dées par le phénomène. (...) Il aura fallu thamphétamine, qui inonde les pays voi- duction et le trafic. » élevés ; ni dans les liens organiques entre 2 200 en 1998 [chiffres cinq ans, après l’ouverture de la nouvelle sins – Thaïlande, Vietnam, Laos – et jus- b Espagne : saisies records. « Porte des pouvoir politique et narco-trafic, qui se des Nations unies]. Des témoignages Afrique du Sud au monde extérieur, pour qu’à l’Indonésie. » trafics en Europe, l’Espagne [joue] un rôle sont vus confirmés ; ni dans la stratégie an- concordants montrent que les talibans ne que les grandes métropoles (Johannes- b Bolivie : un huitième du PIB. de territoire de transit du haschisch, de la tidrogues mise en œuvre conjointement se contentent pas de prélever l’impôt isla- burg, Le Cap, Durban) adoptent les modes « N’étant plus que le troisième producteur cocaïne et même de l’héroïne (...). En 1999, par Washington et Mexico qui, malgré mique sur la production d’opium, mais de consommation qui prévalent dans les andin de la feuille de coca et de ses dérivés elle a été successivement le théâtre de la quelques réformes, traverse une grave qu’ils taxent également les fabriques d’hé- pays occidentaux (...), indissociables du après la Colombie et le Pérou, le pays dé- plus importante saisie d’héroïne jamais ef- crise de crédibilité (...). La première raison roïne et le transport de cette drogue. développement des polyconsommations pend comme aucun autre pays de la région fectuée en Europe (450 kilos), d’une dé- de cette crise est la violence, qui a atteint (...) Les ponctions opérées aux différents [héroïne, cocaïne, crack, mandrax]. » de l’argent de la drogue qui, à la fin des an- couverte également record de cocaïne des niveaux inédits en 1999. (...) La co- niveaux de la production, de la transfor- b Birmanie : croissance de la mé- nées 90, lui rapportait annuellement 1 mil- (10,3 tonnes) sur un bateau qui se dirigeait caïne, produit d’importation, est mainte- mation et du trafic rapportent au total thamphétamine. « La production liard de dollars, alors que son PIB n’atteint vers les côtes de la Galice. (...) Elle reste le nant la deuxième substance illicite du 25 millions de dollars. (...) Cependant, le d’opium aurait été en 1999 de 1 200 tonnes pas 8 milliards de dollars. » plus important centre du blanchiment des pays, après la marijuana cultivée locale- gouvernement de Kaboul (qui ne nie pas [chiffres provisoires des Nations unies, sep- b Colombie : une stratégie de lutte sé- Colombiens sur le Vieux Continent : ils y ment. » Seul organisme d’études indépendant, l’OGD doit fermer ses portes

APRÈS DIX ANS de recherches une centaine de pays et souvent bé- certification, qui conditionne l’assis- boycottée par tous les pays de l’Eu- souvent dérangeantes, l’Observa- névoles, elle a œuvré sans subven- tance économique américaine, est rope de Schengen et les Etats- toire géopolitique des drogues tions. évidemment associé aux préoc- Unis... (OGD) a rendu son dernier rapport. Finalement victime de sa mau- cupations particulières des Etats- L’OGD disparaîtrait-il donc par Dernier dans le vrai sens du terme : vaise santé financière, l’OGD fonc- Unis. Alors que l’Iran est fortement excès d’objectivité ? Il serait « exa- l’ONG ferme en effet définitive- tionnait uniquement sur les crédits engagé depuis des années « contre géré » de parler d’« un désintérêt des ment ses portes en avril, sa situa- des contrats d’études signés avec le trafic de transit », note l’OGD, il a pouvoirs publics » pour ses analyses, tion financière ayant conduit le tri- des institutions publiques. Avec, fallu attendre 1999 pour que Téhé- nuance l’association. Des contrats bunal de Paris à prononcer sa toutefois, une réelle indépendance ran disparaisse de la liste noire des étaient en passe d’être conclus avec liquidation. La disparition de cette d’esprit : son rapport, réalisé grâce pays « décertifiés » par Washing- le Quai d’Orsay et l’Union euro- association indépendante crée un aux fonds de la Commission des ton, « précisément au moment où ce péenne, tandis que son expertise vide dans un domaine d’études aux communautés européennes et, en pays a amorcé une politique d’ouver- était largement reconnue, y compris fortes implications stratégiques, que France, de la Mission interministé- ture, y compris à l’égard des Etats- par les Etats-Unis, dont l’OGD a ré- les rapports des organismes officiels rielle de lutte contre la drogue et les Unis ». gulièrement épinglé l’échec de leur – département d’Etat américain et toxicomanies (Mildt), prévient ainsi Le rapport de l’Organe internatio- « guerre à la drogue ». Le départe- Nations unies – ne comblent qu’im- qu’il n’exprime « en aucun cas les nal de contrôle des stupéfiants (Na- ment d’Etat a dernièrement cité parfaitement. points de vue officiels de la Commis- tions unies) souffre, lui, d’être es- l’association parmi les quatre orga- On doit notamment à l’OGD sion et de la Mildt ». sentiellement élaboré « à partir des nismes de référence (dont l’Organi- d’avoir lancé des concepts nova- rapports nationaux fournis par les sation mondiale de la santé et le teurs, comme celui des « narco- EXPERTISE RECONNUE pays membres ». A la différence du programme ad hoc des Nations Etats » (pays dans lesquels l’Etat ou Sans contraintes politiques ni document américain, il se garde de unies). « Il existe probablement aussi, un secteur de l’appareil étatique est langue de bois, l’OGD a apporté présenter, en 1999, « une vision chez un certain nombre de politiques impliqué et/ou utilise le produit du d’utiles contrepoints aux deux seuls triomphaliste des résultats de la lutte et de fonctionnaires français et euro- trafic de drogues). On lui doit aussi autres rapports annuels consacrés antidrogues », notamment dans les péens, la crainte diffuse qu’apporter d’avoir révélé le poids déterminant aux trafics de drogues dans le pays andins. « Pour ce qui touche à un soutien trop prononcé à l’OGD, des trafics dans certains conflits ré- monde. Celui du département la responsabilité des Etats », il qui prend sans cesse à témoin l’opi- gionaux : dès 1991, l’association dé- d’Etat américain, d’abord, qui re- manque néanmoins parfois « d’ob- nion publique, ait un effet boome- crivait ainsi les réseaux de vente flète les intérêts de la première puis- jectivité ». Exemple : le rapport onu- rang susceptible d’entraver la poli- d’héroïne qui ont financé l’insurrec- sance mondiale et va de pair avec sien indique qu’Interpol a organisé, tique menée envers certains pays, tion albanaise contre la répression les « certificats de bonne conduite » l’an passé en Birmanie, une « confé- comme la Turquie, le Maroc », serbe au Kosovo. Animant une accordés, ou non, par Washington rence internationale sur l’héroïne (...) conclue l’ONG, dans un texte aux équipe de deux cents correspon- aux divers Etats, en fonction d’une à laquelle tous les pays d’Asie de l’Est allures de testament. dants (journalistes, chercheurs, appréciation portée sur leur lutte et du Sud-Est étaient représentés ». membres d’ONG...), présents dans contre la drogue. Ce processus de Sans préciser que la réunion a été E. In. LeMonde Job: WMQ2104--0003-0 WAS LMQ2104-3 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:53 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0456 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / 3

Vladimir Poutine La démission du président du Conseil italien fait limoger le procureur Massimo D’Alema ouvre la voie à Giuliano Amato général de Russie Tractations pour former un nouveau gouvernement de centre-gauche sans élections anticipées Massimo D’Alema a tiré les conséquences de de son gouvernement, mercredi 19 avril, au pré- avoir à recourir à des élections anticipées deman- l’échec du centre-gauche aux élections régionales sident Carlo Azeglio Ciampi. Les consultations se dées par l’opposition. L’heure pourrait sonner Iouri Skouratov avait enquêté sur la famille Eltsine de dimanche 16 avril en remettant la démission poursuivent pour lui trouver un successeur sans pour le ministre des finances, Giuliano Amato. MOSCOU ché des titres d’emprunts d’Etat ROME est en effet le point crucial, car il populaire, frange centriste de termination de procéder à des élec- de notre correspondant (GKO) ; celui visant Boris Berezov- de notre correspondant est d’ores et déjà acquis que le pré- gauche de l’ancienne Démocratie- tions anticipées. La date du 18 juin L’ère Eltsine est achevée et avec ski, accusé d’évasion de capitaux et Tirant les conséquences de sident Ciampi ne souhaite pas chrétienne, et de l’Udeur (Union est déjà avancée. Gianfranco Fini, elle devraient être enfouis les scan- blanchiment d’argent via la compa- l’échec de sa coalition de centre- mettre fin à cette législature avant démocratique pour l’Europe) de président d’Alliance nationale dales de corruption qui menaçaient gnie aérienne Aeroflot et l’entre- gauche aux élections régionales de d’avoir doté le pays d’une nouvelle Clemente Mastella, qui ont deman- (postfascite), parle d’« incompré- depuis plus d’un an le Kremlin. prise Andava. dimanche 16 avril, le président du loi électorale. Il faut pour cela tenir dé un temps supplémentaire de ré- hensible acharnement thérapeu- Moins d’un mois après son élection M. Poutine, dont le premier geste Conseil italien, Massimo D’Alema, jusqu’au référendum programmé à flexion. Toutefois, avec le rallie- tique » pour sauver le centre- à la présidence russe, Vladimir Pou- en tant que président par intérim, a a remis comme prévu la démission ce sujet le 21 mai. ment des socialistes et des gauche. Silvio Berlusconi invoque tine a réussi, mercredi 19 avril, à été de signer un décret assurant de son gouvernement au président républicains, qui s’étaient abstenus « un crime contre la démocratie », obtenir du Conseil de la fédération une immunité judiciaire à vie à Bo- de la République, Carlo Azeglio « SAUVE-QUI-PEUT » lors du vote d’investiture du se- faisant valoir qu’en 1994 le Parle- (Chambre haute du Parlement) le ris Eltsine et des « garanties » à Ciampi, mercredi 19 avril. Les Les chefs des différents partis de cond gouvernement D’Alema, Giu- ment avait été dissous à la suite de limogeage de Iouri Skouratov. Le certains membres de sa famille, consultations ont commencé jeudi la coalition sortante se sont réunis, liano Amato pourrait compter sur deux scrutins en faveur du centre- procureur général avait été suspen- s’était employé en 1998 et en 1999 à matin sur sa succession et de- mercredi, sans donner formelle- 320 votes au lieu de 310 (la majorité gauche qui avait démontré que la du de ses fonctions en février 1999 contrer les initiatives du procureur vraient s’achever dans la journée ment un nom susceptible de faire est de 316). Tout cela est encore pu- représentation parlementaire ne par Boris Eltsine, mais le Conseil de général. La presse russe attribue de vendredi. En principe, on de- l’unanimité. Arturo Parisi, pré- rement théorique puisque des dé- correspondait plus à l’opinion pu- la fédération avait, à trois reprises, généralement au FSB et à l’admi- vrait connaître ce jour-là le nom du sident des Démocrates, a seule- fections peuvent très bien s’opérer blique. refusé d’entériner cette décision. nistration présidentielle la vidéo- successeur de Massimo D’Alema ment indiqué que le nouveau gou- dans les rangs de la majorité vers Selon le chef de l’opposition, Mercredi, à l’issue d’un court dé- cassette qui fut fabriquée en février qui, selon toute vraisemblance, se- vernement devait être « guidé par les bancs de l’opposition. cette fracture entre pays légal et bat, les parlementaires ont voté en 1999 et montrant un homme res- rait Giuliano Amato, actuel mi- une figure de haut profil institution- Le phénomène est courant en pays réel ne devrait plus exister. faveur du limogeage du procureur semblant à M. Skouratov en pleins nistre du Trésor et ancien président nel ayant une capacité de représen- Italie. Pierferdinando Casini, nu- Massimo D’Alema a fait valoir en à 133 voix contre 10. dans des ébats sexuels avec deux du Conseil de juin 1992 à avril 1993, tation internationale ». Il leur faut méro trois de l’opposition, a affir- revanche, dans son discours « C’est une décision logique, la si- prostituées, cassette motivant sa soit pour une période de dix mois. démontrer avant la rencontre déci- mé qu’il y avait déjà « un sauve- d’adieu au Sénat, mercredi matin, tuation politique a changé », a pris suspension. De New York, où il se trouve ac- sive de vendredi avec le président qui-peut de parlementaires du qu’une défaite électorale ne peut acte Iouri Skouratov. Prudent, l’an- tuellement, M. Amato s’est simple- Ciampi qu’une véritable majorité centre qui frappent à notre porte ». pas automatiquement entraîner cien procureur, qui fut candidat à CONTRÔLE RENFORCÉ ment déclaré très « flatté » par la existe à la Chambre pour former Il est en effet plus rassurant pour une dissolution des Chambres, que l’élection présidentielle, a simple- « Les dossiers Mabetex et Aeroflot- perspective de présider le cin- un nouvel exécutif. Dans le cas l’avenir d’être du côté des vain- cela n’existe dans aucun pays dé- ment espéré que « mes enquêtes se Andava sont suffisamment avancés quante-septième gouvernement de contraire, il n’y aurait pas d’autre queurs que dans les wagons des mocratique et qu’il faut donc pro- poursuivent ». « Aucune n’a été re- pour qu’une accusation puisse être la République depuis la fin de la solution que la dissolution. perdants. La vérification des céder au référendum et terminer la fermée à ce jour, les pressions sont formulée », a assuré, mercredi, guerre. Il a néanmoins précisé qu’il Pour le moment, des réticences chiffres risque donc d’être difficile. législature. nombreuses mais elles progressent, M. Skouratov. Pourtant, l’enquê- fallait avant tout savoir s’il dispose- sur le nom de Giuliano Amato se L’opposition, pour sa part, reste même difficilement », a-t-il déclaré teur en charge de Mabetex – le rait d’une majorité suffisante. Tel sont manifestées du côté du Parti particulièrement ferme dans sa dé- Michel Bôle-Richard lors d’une conférence de presse. quatrième en dix-huit mois – vient M. Skouratov avait fait vaciller le de jeter l’éponge. Selon l’hebdoma- Kremlin en ouvrant, avec le feu daire Vlast, de multiples pressions vert de l’ancien premier ministre sur son entourage l’auraient Evgueni Primakov, une série d’en- convaincu d’abandonner ce dos- quêtes visant la famille Eltsine, sier. Quant à Aeroflot-Andava, la dont le scandale Mabetex. Soup- poursuite ou non de ce dossier sera çonnée par la justice suisse d’avoir un test des relations entre Vladimir versé des pots-de-vin en échange Poutine et Boris Berezovski. de marchés de réhabilitation, cette Mercredi, le nouveau maître du entreprise de construction est ac- Kremlin a également renforcé son cusée par certains protagonistes contrôle sur un autre organisme d’avoir servi de « lessiveuse » pour d’investigation, la Cour des l’argent sale du clan Eltsine. En jan- comptes, instance liée au Parle- vier, la justice suisse a délivré un ment. La Douma (Chambre basse mandat d’amener international à du Parlement) a élu Sergueï Stepa- l’encontre de Pavel Borodine, tout- chine président de cet organisme. puissant patron de la direction des M. Stepachine, qui dirigea le FSB affaires présidentielles, empire fi- (ex-KGB) en 1994-1995 et fut pre- nancier et immobilier du Kremlin, mier ministre de mai à août 1999, que M. Poutine a nommé depuis avait soutenu la candidature de secrétaire de l’Union Russie-Biélo- M. Poutine à la présidence. Comme russie. ministre de l’intérieur, il s’était éga- L’ancien procureur général avait lement distingué dans sa lutte dévoilé plusieurs autres scandales : contre M. Skouratov, qualifiant celui de la banque centrale de Rus- « de bluff et d’élucubrations » les ré- sie, dont on découvrit qu’elle pla- vélations de l’ancien procureur gé- çait une partie de ses réserves dans néral. Mercredi, M. Stepachine a la société off-shore Fimaco ; celui précisé que la Cour des comptes des cartes de crédit des filles de devait en priorité se consacrer au M. Eltsine délivrées par Mabetex ; contrôle du budget et autres fonds celui de délits d’initiés à grande fédéraux. échelle impliquant 780 fonction- naires russes ayant joué sur le mar- François Bonnet Intensification des combats au sud de la Tchétchénie

ALORS que plusieurs respon- Goudermes (est) et Khassaviourt sables russes n’ont eu de cesse (au Daghestan, près de la fron- d’annoncer, ces dernières se- tière tchétchène). Environ un mil- maines, « la fin des opérations mi- lier de rebelles sont concentrés litaires » en Tchétchénie, mille dans le sud-est de la Tchétchénie cinq cents soldats russes viennent sous les ordres des chefs de d’être envoyés en renfort dans le guerre Chamil Bassaïev et du sud de la république indépendan- Saoudien Khattab, alors que tiste. Cette opération « d’enver- d’autres groupes, environ gure », selon certains médias 500 hommes au total, sont sous russes, lancée mercredi 19 avril, les ordres des chefs de guerre est supposée mettre fin au harcè- Rouslan Guelaïev et Arbi Baraïev lement permanent de quelque plus à l’ouest, toujours selon des 3 000 combattants tchétchènes re- sources militaires. groupés dans le Sud montagneux Par ailleurs, une mission de la du pays. Selon un communiqué troïka de l’Union européenne du « ministre des affaires étran- comprenant les ambassadeurs de gères » tchétchène, Ilyas Akhma- France, du Portugal et le repré- dov, reçu par l’AFP, l’opération sentant de l’Union européenne en implique au total 10 000 soldats Russie doit se rendre, jeudi et russes soutenus par l’aviation et vendredi, dans le Caucase et en l’artillerie. Les localités de Tsento- Tchétchénie. roï, Benoï et Rochni-tchou au sud A Moscou, le porte-parole du sont en permanence bombardées. Kremlin pour la Tchétchénie, Ser- Cette offensive a toutefois été gueï Iastrjembski, a déclaré que démentie par le ministre russe de l’examen de la plainte déposée di- la défense, Igor Sergueïev, manche au nom d’une infirmière selon lequel il « n’y a aucun ren- tchétchène auprès de la Cour eu- forcement du dispositif (militaire ropéenne des droits de l’homme russe) dans le sud de la Tchétché- pour torture et exécutions som- nie ». L’état-major russe sur place maires était « impossible », celle-ci avait annoncé dès mardi l’envoi n’ayant pas, selon lui, sollicité au- de 3 000 parachutistes dans la paravant la justice russe. Il a dé- zone, une information démentie noncé une politique de « dénigre- le même jour par un haut respon- ment » de la Russie. sable militaire, le général Valeri Enfin, une directive du minis- Manilov. tère russe de la défense a ordonné Mais des militaires avaient aus- aux écoles militaires du pays de li- si, ces derniers jours, fait état d’in- bérer avant les délais prévus les formations selon lesquelles les re- promotions d’officiers en forma- belles préparaient des attaques tion, en raison du manque de gra- pour les 20 et 21 avril dans les lo- dés dans les unités engagées en calités de Grozny, la capitale, Tchétchénie. – (AFP.) LeMonde Job: WMQ2104--0004-0 WAS LMQ2104-4 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0457 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 INTERNATIONAL Rauf Denktash reconduit Les efforts de Londres et Dublin pour relancer à la présidence de Chypre-Nord NICOSIE. Le second tour de l’élection présidentielle de la République turque autoproclamée de Chypre-Nord, occupée par les Turcs, a été le processus de paix en Ulster restent infructueux annulée après le retrait de l’adversaire du président Rauf Denktash, le premier ministre Dervis Eroglu. Ce dernier a annoncé, mercredi 19 avril à Nicosie, après une réunion de son parti, qu’il se retirait de la L’Armée républicaine irlandaise refuse de faire un pas pour débloquer la situation course. Se refusant à en donner la raison, il a affirmé n’avoir pas subi de pression. Les premiers ministres britannique et irlan- paix d’Irlande du Nord de la crise dans laquelle daise (IRA) a déçu les attentes en ne laissant A Ankara, il a été indiqué que le président turc, Suleyman Demirel, dais, Tony Blair et Bertie Ahern, ont repris le il est à nouveau enlisé. Après une visite de entrevoir, à la veille de Pâques, aucun compro- avait eu un entretien téléphonique avec M. Eroglu et M. Denktash, collier pour tenter de sortir le processus de M. Blair à Belfast, l’Armée républicaine irlan- mis sur son désarmement. sans précision. Soutenu par la Turquie, M. Denktash, 76 ans, arrivé en tête dimanche, devient ainsi automatiquement président pour un cin- BELFAST permettraient peut-être de relan- lesse » à l’égard des républicains accepter la responsabilité de mettre quième mandat. – (AFP.) de notre envoyé spécial cer le processus. A savoir : «la de Gerry Adams, a indiqué que, si en œuvre les changements poli- Le ton monte à Belfast. Depuis guerre est finie » ou encore « nos rien ne se passe le 22 mai, il fau- tiques nécessaires à une paix du- le 11 février, quand Londres a re- armes ne parleront plus jamais ». drait « reconsidérer » le processus rable », écrit-elle. L’organisation Accord « technique » entre Londres pris les rênes de la province et sus- Bref, une formule signifiant claire- de paix dans son ensemble. Son clandestine dénonce également pendu toutes les institutions lo- ment que l’IRA est définitivement challenger, Jeffrey Donaldson, op- « la poursuite des opérations mili- cales après soixante-douze jours engagée dans la paix et qu’elle se posé aux accords de paix comme taires » contre ses activistes et la et Madrid sur Gibraltar d’existence seulement, la rhéto- défera, à un moment donné, de 43 % des 800 membres du grand surveillance étroite dont ils sont rique entre les hommes et les par- son arsenal d’armes et d’explosifs. conseil directeur, a été net : « Cette l’objet, notamment à Belfast et BRUXELLES. Londres et Madrid ont conclu, mercredi 19 avril, à tis n’a plus cessé de se durcir, les fois, a-t-il dit, je ne crois pas que le dans les comtés frontaliers de Bruxelles, un accord sur Gibraltar considéré comme un « pas encou- uns et les autres se rejetant la res- DATE FATIDIQUE conseil aura envie de retourner South Armagh et Tyrone, hauts rageant », dans le conflit qui oppose les deux pays à propos du « Ro- ponsabilité du désastre. Le C’est autour d’une formule de dans un gouvernement avec des lieux républicains farcis de tours cher », ces 6 km2 de colonie britannique, au sud de la péninsule, re- communiqué pascal de l’Armée ré- cette sorte que les entourages res- gens comme Martin McGuinness militaires de surveillance. «Tony vendiqués par l’Espagne depuis le XVIIIe siècle. L’accord qui ne publicaine irlandaise (IRA), publié pectifs de Tony Blair et de Bertie [numéro deux du Sinn Fein] tant Blair détient la clé qui permettrait concerne aucun aspect de la souveraineté de Gibraltar, résout une sé- jeudi 20 avril dans un hebdoma- Ahern, qui se sont rencontrés mer- qu’un désarmement concret [de de relancer l’accord de paix », dit rie de questions techniques, permettant d’adapter les nouvelles daire qui lui est proche, ne va rien credi à Dublin et devaient se revoir l’IRA] n’aura pas commencé. » Gerry Adams, le patron du Sinn normes de l’Union européenne au statut particulier de Gibraltar. arranger. Et il augure plutôt mal à nouveau jeudi à Londres, tra- C’est parce que l’IRA n’a rien don- Fein. Cette clé, c’est la réanimation La carte d’identité gibraltarienne suffira pour entrer du « Rocher » en des fébriles efforts entrepris une vaillent fébrilement depuis quel- né dans ce domaine que David de toutes les institutions suspen- Espagne et le passeport britannique ne sera plus nécessaire. De plus, nouvelle fois par Tony Blair et son ques semaines. L’objectif est d’ob- Trimble a menacé de démissionner dues, y compris le conseil Nord- une coopération bilatérale concernant les problèmes de sécurité sera homologue irlandais, Bertie tenir ne serait-ce qu’un léger de son poste de premier des mi- Sud interirlandais, auquel les répu- mise en place, en accord avec les directives de Schengen et un res- Ahern, pour relancer un processus mouvement des parties antago- nistres autonomes, conduisant blicains tiennent beaucoup. « S’il ponsable des rapports entre Gibraltar et les pays tiers sera nommé au de paix qui a donné de bons résul- nistes pour sortir de l’impasse Londres à suspendre l’exécutif et ne l’utilise pas, a mis en garde sein du ministère des affaires étrangères britannique. – (Corresp.) tats – dont beaucoup perdurent – avant la date fatidique du 22 mai, l’assemblée des 108 élus le 11 fé- M. Adams, l’été sera imprévisible. » mais qui semble au bout de son le jour où, d’après les accords du vrier. Une seule chose est sûre : la saison DÉPÊCHE rouleau. Les deux hommes espé- « vendredi saint » de 1998, toutes Depuis, le Sinn Fein, et mainte- des marches protestantes, à a ROUMANIE : le cyanure et les métaux lourds déversés en jan- raient un signe positif de l’IRA, ils les organisations paramilitaires, à nant l’IRA dans son communiqué Drumcree et ailleurs, ravive systé- vier dans le Danube (50 à 100 tonnes) à la suite d’un accident surve- ne l’ont pas. commencer par la plus puissante pascal, somment Tony Blair de matiquement les tensions inter- nu dans une mine en Roumanie peuvent, à terme, avoir des effets sur L’organisation armée clandes- d’entre elles – l’IRA –, auraient ter- cesser de « céder au chantage confessionnelles. Pour Tony Blair la santé des populations selon des experts des Nations unies à Ge- tine qui observe un cessez-le-feu miné « la mise hors d’usage » de unioniste ». A sa manière, lourde et et Bertie Ahern, c’est maintenant nève. « Les conséquences à plus long terme doivent être étudiées », a complet depuis trois ans réaffirme leurs arsenaux respectifs. ampoulée, l’IRA laisse entendre ou peut-être jamais, car l’été irlan- commenté depuis Genève, mercredi 19 avril, Frits Schlingemann, qui certes sa volonté de « voir s’établir David Trimble, le leader protes- qu’il n’est pas question pour l’ins- dais est rarement propice aux a dirigé une mission du Programme de l’ONU pour l’environnement une paix durable sur le pays », mais tant des unionistes d’Ulster (UUP), tant de désarmer et reprend la de- avancées politiques. (PNUE) en Roumanie, en Hongrie et en République fédérale de You- ne prononce aucun des « mots très pressé par ceux de son camp mande de sa branche politique. goslavie. – (AFP.) magiques » comme on dit ici, qui qui le soupçonnent de « mol- « Le gouvernement britannique doit Patrice Claude Les relations se décrispent entre l’Union européenne et l’OTAN BRUXELLES (Union européenne) Péripéties immobilières ? Pas seulement : si la PESC de notre envoyé spécial veut être prise au sérieux par l’OTAN, et échanger Tandis qu’au Kosovo le déploiement de l’eurocorps, avec l’Alliance atlantique des informations de défense dont l’état-major vient de prendre le commandement ultra-sensibles, elle se doit de disposer d’un bâtiment du dispositif de l’OTAN, illustre la montée en puis- parfaitement « sécurisé ». Les relations avec Washing- sance sur le terrain de la défense européenne, à ton sont suffisamment compliquées pour ne pas ali- Bruxelles aussi les choses s’accélèrent. La politique menter davantage les préventions américaines contre étrangère et de sécurité commune (PESC) n’avait la montée en puissance de la défense européenne. jusque-là qu’un visage, celui de l’Espagnol Javier So- lana, qui a pris ses fonctions l’année dernière après « VOLONTÉ DE FLEXIBILITÉ » avoir été secrétaire général de l’OTAN pendant la Le Conseil des ambassadeurs du COPS s’est penché, guerre du Kosovo. Mais « Monsieur PESC » n’est dé- mercredi, sur la question délicate de la voix au cha- sormais plus seul au cinquième étage du bâtiment pitre des six pays européens de l’OTAN non membres « Justus Lipsius », rue de la Loi, le siège du Conseil de l’Union européenne (Turquie, Pologne, Norvège, des ministres de l’Union, qui héberge pour le moment Hongrie, Islande, République tchèque) dans les déci- aussi ses services. sions de la PESC. Récemment, certains gouverne- Tous les jeudis, les quinze ambassadeurs (la France ments européens ont eu le sentiment que l’insistance est représentée par Michel Duclos) du Comité poli- avec laquelle Washington demandait que les « Six » tique et de sécurité (COPS) s’y retrouvent. Exception- soient partie prenante des décisions de l’UE était une nellement, pour cause de vacances de Pâques, c’est un manière déguisée de garder un droit de regard sur les mercredi qu’ils se sont retrouvés, le 19 janvier, pour décisions européennes. Ce débat-là n’est pas épuisé, entériner les discussions de la veille entre directeurs mais une « volonté de flexibilité de la part des Euro- politiques, lesquelles ont permis une avancée signifi- péens », dit un diplomate, s’est manifestée. cative sur la très sensible question des futures rela- Il n’y aura pas de relations institutionnelles entre tions institutionnelles entre l’OTAN et l’Union euro- l’UE et l’OTAN avant le sommet européen de Feira péenne (UE). (Portugal) des 19 et 20 juin autres que les rencontres C’est aussi dans ce bâtiment que se retrouvent ré- régulières entre Javier Solana et George Robertson, gulièrement les généraux du futur « Comité mili- l’actuel secrétaire général de l’OTAN, ancien ministre taire », encore baptisé « organe militaire intéri- de la défense de Tony Blair. Après Feira, des dis- maire ». Huit pays y sont actuellement représentés, cussions sur des sujets concrets s’engageront avec dont la France par le général de corps d’armée Jean- l’OTAN, par exemple en ce qui concerne les « arran- Paul Raffenne. A terme, quinze généraux (un par Etat gements de sécurité » (échange de documents confi- membre) s’y réuniront. Ils sont d’ores et déjà épaulés dentiels), ou encore les « objectifs de capacités », la par une équipe de sept experts militaires, dirigée par question des relations institutionnelles devant être le général britannique Graham Messervy-Whiting. abordée ultérieurement. C’est là l’embryon du futur état-major de la PESC. Ces Il est, d’autre part, prévu que, la conduite de la dé- officiers devraient être une vingtaine d’ici à la fin du fense européenne étant pilotée par les Quinze, ceux-ci mois de juin, puis une cinquantaine à l’automne, en- accorderont aux « Six » une sorte de « relation privi- fin une centaine à l’été 2001. Avant cette date, la PESC légiée » pour les associer à leurs décisions. Bien que aura déménagé : il lui faut des locaux plus importants, ces dispositions doivent encore être entérinées par un et le bâtiment « Justus Lipsius » est considéré comme accord ministériel, la mise en place de la défense eu- un « gruyère » du point de vue de la sécurité des ropéenne semble désormais se faire dans une atmo- communications. Elle emménagera, au cours des pro- sphère plus consensuelle. chaines semaines, dans un immeuble situé au 150 ave- nue de Cortenberg. Laurent Zecchini Une cour d’appel décide le maintien d’Elian aux Etats-Unis LA COUR D’APPEL fédérale Miami, la décision des juges trouver son père, et cela au besoin d’Atlanta a refusé, mercredi d’Atlanta de maintenir l’enfant par la force. « Le moment pourrait 19 avril, d’ordonner le transfert de aux Etats-Unis, la ministre de la arriver où il n’y aurait pas d’alter- la garde d’Elian Gonzalez à son justice, Janet Reno, se retrouve, native », avait-elle indiqué. père, comme le lui avaient deman- quant à elle, une nouvelle fois pla- Pour sa part, le père d’Elian a ré- dé les autorités fédérales améri- cée le dos au mur. clamé, mercredi soir, au gouverne- caines. « Nous ne nous prononçons ment américain d’« agir immédia- pas sur la question », disent les DÉTERMINATION tement » pour que son fils lui soit juges de la cour d’appel dans leur D’Oklahoma City, où elle parti- rendu. Par le biais de son avocat, arrêt. Le tribunal d’Atlanta a seule- cipait avec le président Bill Clinton Juan Miguel Gonzalez a déclaré ment décidé le maintien aux Etats- à une cérémonie en mémoire des qu’il était « inconcevable d’at- Unis du petit naufragé cubain jus- cent soixante-huit victimes de l’at- tendre un jour de plus. Si c’était le qu’à ce qu’un autre appel devant tentat du 19 avril 1995, Mme Reno a cas, cela portera tort à Elian. Tout cette même cour, introduit par le souligné que les juges n’avaient délai supplémentaire dans le trans- grand-oncle d’Elian, Lazaro Gon- pas statué sur la question contro- fert de la garde mettra son bien- zalez, soit tranché. Ce dernier sou- versée de la garde de l’enfant. «La être en danger, et le gouvernement haite déposer une demande d’asile décision aujourd’hui de la cour en sera tenu pour responsable. » Le politique en faveur de l’enfant, d’appel interdit à Elian de quitter le père de l’enfant en veut pour alors que les services d’immigra- territoire américain, et nous allons preuve le rapport du pédiatre dé- tion américains estiment que seul obéir à cet ordre, mais ceci n’est pas signé par les autorités, selon le- le père d’Elian est compétent pour en désaccord avec ma détermina- quel Elian est « en danger im- parler en son nom. La cour tion : elle ne dit pas que le garçon ne minent » dans la maison de son d’Atlanta doit examiner cette re- peut pas être rendu à son père dans oncle, car la cible d’abus psycho- quête dans le courant de la pre- ce pays », a-t-elle déclaré. Quel- logiques, allusion à la vidéo ama- mière semaine de mai. ques heures plus tôt, Janet Reno teur montrant Elian et diffusée le Si quelque deux cents manifes- avait réaffirmé sa détermination à 13 avril sur toutes les chaînes de tants ont applaudi, mercredi soir à faire en sorte qu’Elian puisse re- télévision. LeMonde Job: WMQ2104--0005-0 WAS LMQ2104-5 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:37 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0458 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / 5 La communauté internationale se mobilise Les retombées économiques inégales de la mondialisation NEW YORK. Les gains de la mondialisation, depuis 1985, n’ont pas pour aider le Zimbabwe à sortir de la crise profité à toutes les régions : l’Amérique latine et l’Asie en ont profité le plus, le Moyen-Orient et l’Afrique ont stagné et l’Europe de l’Est a en- registré un déclin économique, d’après une étude publiée mardi L’opposition accuse le président Mugabe de pousser le pays vers l’anarchie 18 avril par le Conference Board, institut de recherches économiques proche des milieux d’affaires et basé à New York. Alors que l’occupation des terres appartenant à 19 avril, pour la première fois depuis le début de la des fermiers blancs. Il n’a pas été décidé de mettre « La mondialisation n’est pas à elle seule suffisante pour permettre aux des fermiers blancs se poursuit au Zimbabwe, le crise, fin février, les représentants des anciens fin à l’occupation des fermes. Une prochaine ren- pays en développement de faire assez de progrès pour parvenir au même président Robert Mugabe a réuni, mercredi combattants de la guerre d’indépendance et ceux contre doit avoir lieu la semaine prochaine. niveau économique que les nations les plus industrialisées », écrit Gail Fosler, la principale économiste de l’institut. « Les gains les plus impor- LES ANCIENS COMBATTANTS déclenchement de toutes ces vio- autorités envisageraient, selon elle, promouvoir une bonne gestion des tants de la mondialisation en termes de progression du niveau de vie et de de la guerre d’indépendance conti- lences, de rétablir l’ordre constitution- de proclamer l’état d’urgence, ce qui affaires publiques en Afrique. Les revenus sont concentrés dans des pays ayant déjà un revenu par tête supé- nuent d’occuper les propriétés des nel et la sécurité, et de se soumettre permettrait à M. Mugabe de repor- Etats-Unis ont condamné les décla- rieur à la moyenne », poursuit Gail Fosler. Les pays qui profitent de la fermiers blancs au Zimbabwe, où aux décisions de justice et aux lois du ter les élections législatives annon- rations de M. Mugabe accusant les mondialisation, écrit-elle, « disposent déjà d’un marché intérieur et l’opposition politique accuse le pré- Zimbabwe », a déclaré Welshman cées en mai. Deux fermiers blancs fermiers blancs d’être des « enne- d’une structure leur permettant de maintenir cette croissance ». – (AFP.) sident Robert Mugabe de pousser le Ncube, secrétaire général du Mou- ont été assassinés en moins d’une mis » et ont exigé que son gouver- pays vers l’anarchie et en appelle vement pour le changement démo- semaine par des « vétérans » armés nement mette fin aux attaques diri- DÉPÊCHES désormais à la communauté inter- cratique (MDC), principal parti de fusils d’assaut AK 47, des armes gées contre eux. L’Union a CHINE : Cheng Kejie, un ancien vice-président du Parlement, ac- nationale. « Il semble que les vétérans d’opposition. Morgan Tsvangirai, de guerre, en présence de policiers, européenne a décidé de geler un cusé de corruption, a été exclu, jeudi 20 avril, du Parti communiste sont en train d’organiser une opéra- ancien syndicaliste et président de qui ne sont pas intervenus. Mardi, programme de crédit destiné à sou- chinois (PCC), dernière étape avant l’éventuelle ouverture de pour- tion contre les fermes le prochain ce parti, en tournée d’explication selon le quotidien britannique The tenir les entreprises agricoles du suites judiciaires, a annoncé l’agence Chine nouvelle. Selon la presse week-end. Nous nous attendons à une aux Etats-Unis et en Europe, a ac- Times, citant l’époux d’une des vic- pays. De son côté, le premier mi- de Hongkong, Cheng Kejie est soupçonné d’avoir accepté 40 millions période pascale abominable », a dé- cusé, mercredi, de Londres, le pré- times, deux femmes blanches, nistre britannique, Tony Blair, a de yuans (près de 4,8 millions d’euros) de pots-de-vin en profitant de claré un représentant des fermiers sident Mugabe de mener « une ven- nièces d’un membre influent de qualifié, mercredi, de « barbares » ses fonctions à la tête de la région du Guangxi (Sud-Ouest) entre 1990 blancs de la province du Matabele- detta personnelle » à travers l’Union des fermiers commerciaux les agressions dont sont victimes les et 1997. S’il est reconnu coupable, il deviendrait l’un des plus hauts res- land, située à quelque 400kilomètres l’occupation des propriétés apparte- (CFU), ont été violées par des « vé- fermiers blancs. ponsables communistes passibles de la peine de mort pour des faits de au sud-ouest de la capitale, Harare. nant aux fermiers blancs. térans » qui les avaient préalable- Robert Mugabe et ses homo- corruption depuis la fondation de la République populaire en 1949. – « Au moins trois cent cinquante ment interrogées sur leurs inten- logues sud-africain, Thabo Mbeki, (AFP.) hommes ont été vus arrivant à bord MINI-SOMMET RÉGIONAL tions de vote. mozambicain, Joaquim Chissano, et a CHINE / EUROPE : les autorités chinoises ont exprimé leur « ex- de cars d’anciens combattants en L’ensemble de l’opposition voit La communauté internationale namibien, Sam Nujoma, devaient se trême indignation et condamnation » à propos de deux résolutions provenance d’Harare », a-t-il dit. dans la persistance des troubles et la commence à se mobiliser. Le secré- réunir, vendredi, à Victoria Falls adoptées par le Parlement européen de Strasbourg concernant Taïwan D’autres autocars ont été vus se di- montée progressive d’une violence taire général des Nations unies, Kofi (Zimbabwe) pour un mini-sommet et le Tibet. Les eurodéputés avaient dénoncé, le 13 avril, « la discrimi- rigeant vers l’est et le nord-ouest, organisée une manœuvre pour sa- Annan, a souligné la nécessité de d’Afrique australe, qui devrait abor- nation » dont sont victimes les Tibétains dans les domaines « religieux, selon d’autres sources. per ses chances d’accéder au pou- « respecter l’Etat de droit », estimant der la situation au Zimbabwe, a in- politique, éducatif, linguistique et culturel » et exhorté Pékin à ouvrir un « Nous implorons une fois de plus voir, alors que le régime de M. Mu- que le conflit sur les terres pourrait diqué, jeudi, la présidence sud-afri- dialogue sans condition avec le dalaï-lama. Ils avaient aussi appelé le président, qui est responsable du gabe est à bout de souffle. Les affecter les efforts de l’ONU pour caine. – (AFP, AP, Reuters.) l’Union européenne à renforcer ses liens avec Taïwan et salué l’élection de l’indépendantiste Chen Shui-bian à la présidence de l’île. – (AFP.) a LIBAN : les treize Libanais détenus illégalement depuis des an- nées par Israël, relâchés mercredi après un suspense de plusieurs jours, L’affaire Alpha Condé paralyse les progrès de la Guinée ont été menés directement dans la banlieue chiite de Beyrouth, où ils ont été reçus par le chef du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah. – en 1993. Et l’élection présidentielle tale avec une mentalité de type brej- de l’opposant se prolongeant, un (AFP.) de notre envoyée spéciale suivante a été marquée par l’arres- névien. » certain nombre d’aides de l’Union a PHILIPPINES : l’enregistreur de bord contenant les données du Peut-on croire à l’indépendance tation d’Alpha Condé, qui y était Siradiou Diallo, un député de européenne ont été mises entre vol du Boeing 737 de la compagnie Air Philippines, qui s’est écrasé, de la justice en Guinée ? Les avo- candidat. Il aurait tenté de franchir l’opposition, relève lui aussi «la parenthèses. Les financements mercredi 19 avril, dans le sud des Philippines, a été retrouvé par les en- cats d’Alpha Condé se sont d’em- les frontières, fermées le temps du marque de l’idéologie totalitaire ». américains se sont taris. Et l’aide quêteurs, a annoncé, jeudi, un responsable de l’armée. Cet accident a blée posé la question en pénétrant scrutin. Mais des charges bien plus Toutefois, le président de l’Union ne reprendra que quand cette af- entraîné la mort de cent trente et une personnes. Aucune anomalie sur dans la salle d’audience où se tient lourdes pèsent sur le dirigeant du pour le progrès et le renouveau faire sera réglée dans des condi- l’avion n’a été signalée par le pilote au moment où il s’apprêtait à atter- le procès de l’opposant guinéen. La Rassemblement du peuple de Gui- (UPR) ose espérer que ce procès tions jugées acceptables. L’ouver- rir, selon la compagnie. − (AFP.) Cour de sûreté de l’Etat qui a été née (RPG) : emploi illégal de la consacrera le respect du droit. ture du procès, la semaine a RWANDA : la veuve du président rwandais Juvénal Habyarima- saisie de cette affaire siège, à Cona- force armée, atteinte à l’autorité de Mais il est plus pessimiste pour le dernière, est de bon augure. Tout na, dont l’assassinat le 6 avril 1994 avait déclenché un génocide dans ce kry, dans le bâtiment du ministère l’Etat et à l’intégrité du territoire respect du jeu démocratique. «Je comme le fait que les avocats pays, a chargé un collectif d’avocats internationaux de porter plainte de la justice. En face de cette bâ- national. ne crois pas, dit-il, que les élections étrangers de M. Condé, dont le contre X... devant le Tribunal pénal international (TPI), a annoncé le tisse se trouve le ministère de la sé- « Avec cette affaire, juge Sidya législatives se tiendront en juin. » Le Français Pierre-Olivier Sur, 18 avril Me Jacques Vergès. Cette démarche est motivée par l’annonce curité. Et à côté plane l’ombre de Touré, on voit que les mentalités du président de l’Assemblée nationale puissent plaider et que l’audience par le journal canadien National Post de l’existence d’un rapport rédigé partage les mêmes inquiétudes (lire soit publique. par un ancien enquêteur du TPR, mettant en cause l’actuel président ci-dessous). Et les récentes tenta- rwandais Paul Kagamé, ancien chef de la rébellion tutsie, dans l’atten- La défense de l’opposant demande sa libération tives d’amendement de la Consti- B. Br. tat. – (AFP.) tution n’ont rien fait pour confor- Les questions de procédure sont au centre des débats depuis la re- ter la démocratie. En février, des prise de l’audience, mardi 18 avril. Les avocats d’Alpha Condé ont élus de la mouvance présidentielle soulevé plusieurs exceptions de nullité qui, si elles sont retenues par avaient essayé, sans succès, de la Cour de sûreté de l’Etat, entraînent la nullité de toute la procé- faire adopter un projet de loi qui dure et donc la libération de l’accusé. La défense a mis l’accent sur visait à porter à sept ans la durée la période de non-droit de treize jours écoulée entre l’arrestation du mandat présidentiel et à per- d’Alpha Condé et sa présentation devant un magistrat instructeur et mettre au chef de l’Etat de se re- sur l’absence d’un titre de détention. Elle a aussi souligné que l’im- présenter au prochain scrutin, en munité parlementaire du député n’avait pas été levée. Et, plus supprimant l’actuelle limitation à grave, que la demande de libération présentée par l’Assemblée na- deux mandats. tionale n’a pas été suivie d’effet comme le prévoit la Constitution. Le Dans le domaine économique, la procureur général et les avocats de la partie civile ont rejeté ces re- situation est tout aussi instable. quêtes en annulation. Ils ont invoqué le flagrant délit pour voies de Après un redressement notable fait sur agent des forces de l’ordre qui lève l’immunité parlemen- conduit par Sidya Touré, une nette taire et la jurisprudence de la Cour selon laquelle l’acte d’accusation dégradation a été enregistrée en purge les exceptions de nullité. – (Corresp.) 1999, au point que le Fonds moné- taire international a suspendu le versement de ses crédits. Et la ges- Sekou Touré. Le nouveau palais passé, marqué par vingt-six ans de tion des finances publiques doit présidentiel, construit par la Chine communisme, persistent à des de- être assainie pour que la Guinée et inauguré en 1999, porte le nom grés insoupçonnés. » Sidya Touré, bénéficie de l’initiative en faveur de celui qui, après avoir dit « non » qui était chef du gouvernement au de la réduction de la dette des pays à de Gaulle en 1958, conduisit le moment de l’arrestation de pauvres. Car si ce pays de plus de pays à l’indépendance et le dirigea M. Condé, explique que l’affaire sept millions d’habitants possède d’une main de fer jusqu’en 1984. avait alors été confiée à un comité un potentiel minier impression- Sekou Touré est mort. Le régime de sécurité. « Et ensuite, dit-il, on nant (fer, diamant, or et surtout du parti unique, proche de Mos- est entré dans un système qui rap- bauxite), il reste dépendant de cou, n’est plus qu’un souvenir. pelle le film L’Aveu [de Costa Ga- l’aide internationale, notamment Mais la démocratie met du temps à vras]. On a commencé à chercher de la France, premier bailleur de prendre forme. La première As- des témoins et des aveux. » Celui qui fonds. semblée nationale n’a été élue fut premier ministre de 1996 à 1999 Le poids des réfugiés venant de qu’en 1995, quatre ans après l’ins- n’en dira pas plus sur cette affaire, la Sierra Leone et du Liberia pèse tauration du multipartisme. Le pré- si ce n’est pour stigmatiser les lourd dans l’économie. Cependant, sident Lansana Conté, qui a pris le contradictions du pouvoir. «On l’affaire Alpha Condé a des réper- pouvoir en 1984, a affronté pour la veut, estime-t-il, mettre en place un cussions autrement plus impor- première fois le verdict des urnes système démocratique à l’occiden- tantes. La détention sans jugement

extra-judiciaires et ces détentions Plus généralement, quel est TROIS QUESTIONS À... dans des lieux inappropriés que sont 3 l’état de la démocratie en Gui- les camps militaires de Kassa et née ? BOUBACAR BIRO DIALLO Koundara. Par ailleurs, après la pro- Dans un pays où il n’y a ni respect En votre qualité de président de clamation des résultats provisoires de la loi ni respect des règles démo- 1 l’Assemblée nationale gui- de l’élection présidentielle [en dé- cratiques, on ne peut parler de dé- néenne, vous avez appelé à la libé- cembre 1998], il y a eu à Conakry des mocratie. Il n’y a pas de dialogue ration d’Alpha Condé. Pourquoi ? manifestations qui ont été répri- entre les partis d’opposition et le Le député Alpha Condé jouit de mées brutalement. gouvernement. On n’arrive pas à l’immunité parlementaire reconnue Des citoyens ont été arrêtés à leur faire les élections qui sont prévues. par la Constitution. Or la levée de domicile ou sur leur lieu de travail et Les conseils communaux ont été élus son immunité ne nous a pas été de- conduits au camp militaire d’Alfa en juin 1995 pour quatre ans. Mais mandée. Son arrestation est illégale, Yaya. Ils ont été bastonnés, torturés ils n’ont pas été renouvelés en 1999. sa détention ne peut donc être justi- sous la présidence du commandant Par décret, le président a prorogé le fiée. Et le procès est illégal parce du camp. Certaines de ces personnes mandat de ces conseils jusqu’en dé- qu’il repose sur une violation de la sont venues me voir et j’ai constaté cembre 1999. Et maintenant ils fonc- loi fondamentale. Les députés m’ont de visu les traces des sévices qu’elles tionnent dans l’illégalité. Quant à d’ailleurs demandé, en février, avaient subis. nous, députés de l’Assemblée natio- d’écrire au président de la Répu- Face à cela, nous avons écrit au nale, nous avons été élus le 11 juin blique pour lui demander sa libéra- chef de l’Etat et lui avons transmis 1995 pour un mandat de cinq ans. tion. Mais nous n’avons pas eu de une cassette vidéo. Mais nous Normalement, l’Assemblée natio- réponse. n’avons reçu aucune réponse sinon nale devrait être renouvelée. Or que le Parti de l’unité et du progrès nous n’avons aucune information D’autres violations de la loi ont- [PUP] que j’ai créé à la demande du sur le scrutin alors que le corps élec- 2 elles été relevées dans cette af- président Conté, en 1992, et ai dirigé toral devrait être convoqué faire ? pendant quatre ans a cru devoir me soixante-dix jours avant. Au côté d’Alpha Condé, il y a qua- suspendre de la direction nationale rante-sept autres inculpés. Et leurs du parti. Depuis, je me considère Propos recueillis par avocats ont dénoncé ces arrestations comme en dehors du PUP. Brigitte Breuillac LeMonde Job: WMQ2104--0006-0 WAS LMQ2104-6 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0459 Lcp: 700 CMYK

6 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000

TERRORISME Un attentat à du restaurant, tuée sur le coup. Cette Plévin, dans le même département, tion du président de la République et Millau, en août 1999, a condamné l’explosif contre un restaurant McDo- action n’était toujours pas revendi- en septembre 1999, et que la police du premier ministre. José Bové, l’acte terroriste commis en Bretagne. nald’s situé à Quévert, près de Dinan, quée, jeudi en fin de matinée, mais attribue à des militants indépendan- porte-parole de la Confédération b LE NATIONALISME breton s’était dans les Côtes-d’Armor, mercredi les enquêteurs ont identifié l’explosif tistes bretons et basques. b L’ATTEN- paysanne, à l’origine du « démon- gardé, jusqu’à présent, d’attenter 19 avril, a fait une victime, employée comme provenant d’un vol commis à TAT de Quévert a suscité l’indigna- tage » pacifique d’un McDonald’s à aux personnes. Le nationalisme breton est mis en cause après un attentat meurtrier Une bombe visant un restaurant McDonald’s, dans les Côtes-Armor, mercredi 19 avril, a tué une employée. L’explosif provient, selon les enquêteurs, d’un vol attribué, en septembre 1999, à des clandestins basques et bretons. Une autre bombe a pu être désamorcée à Rennes L’ATTENTAT qui a coûté la vie à pu être désamorcé, grâce à la vigi- rée noire de l’Erika, à la fin du mois doit avoir lieu vendredi, samedi et une employée d’un McDonald’s, lance d’un passant. Celui-ci venait de décembre 1999, allaient déjà dimanche. mercredi 19 avril à Quévert (Côtes- de retirer de l’argent à un distribu- dans ce sens. En Bretagne, les réactions des d’Armor), n’avait toujours pas été teur automatique de la poste lors- Interrogé par Le Figaro, Charlie élus affluent. Tout en faisant part revendiqué, jeudi 20 avril en début qu’il a repéré un paquet suspect. Il Grall, rédacteur en chef de l’heb- de son « indignation et de [sa] co- de matinée. Les policiers de la divi- contenait trois bâtons de dyna- domadaire Breizh Info, s’est refusé lère », Claudy Lebreton (PS), pré- sion nationale antiterroriste mite, un réveil et un système de à condamner l’attentat. Mis en sident du conseil général des (DNAT) saisis de l’enquête, après la mise à feu classique. La dynamite examen dans le cadre de l’enquête Côtes-d’Armor, veut rester prudent venue sur place, mercredi, d’Irène va, comme pour celle de Quévert, sur le vol de Plévin, il avait été dans la désignation des coupables. Stoller, responsable de la 14e sec- faire l’objet d’une expertise pour écroué pendant une dizaine de « Dinan se situe à l’est du départe- tion du parquet de Paris, spéciali- déterminer si elle provient de Plé- sée dans la lutte antiterroriste, pro- vin, comme le soupçonnent les en- cédaient jeudi matin à l’examen quêteurs. Les explosifs de Plévin des restes et des traces de l’engin Depuis dix-huit mois, l’Ouest a explosif prélevés la veille par les subi une série d’actions revendi- Huit tonnes d’explosifs avaient été dérobées, le 28 septembre 1999, gendarmes et les policiers du ser- quées par l’ARB. Elles ont visé des à Plévin (Côtes-d’Armor) dans les locaux de l’entreprise Titanic. L’en- vice régional de police judiciaire bâtiments du Trésor public et des quête menée à la suite de ce vol avait mis les enquêteurs sur la piste (SRPJ) de Rennes (Ille-et-Vilaine). impôts à Pontorson (Manche), des liens entre l’Armée révolutionnaire bretonne (ARB) et les indé- Des premières constatations, no- Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), pendantistes basques de l’ETA. Une partie de la dynamite avait été tamment sur les traces de couleur Carhaix-Plouguer, Morlaix (Finis- rapidement retrouvée par la police judiciaire. Deux tonnes et demie orange des bâtons de dynamite qui tère), Matignon, Callac (Côtes- avaient été saisies, lors de l’arrestation à Pau (Pyrénées-Atlantiques), ont servi à l’attentat, ont fait soup- d’Armor), ainsi que des bureaux de le 30 septembre 1999, de deux hommes et d’une femme soupçonnés çonner que les explosifs utilisés l’Agence nationale pour l’emploi à d’appartenir à l’ETA. Trois autres tonnes avaient été retrouvées le dans l’attentat pourraient provenir Rennes, à Saint-Herblain, dans même jour, près de Pontivy (Morbihan). Trois nationalistes bretons de la carrière de Plévin (Côtes- l’agglomération de Nantes, etc. avaient été interpellés et placés en garde à vue dans le cadre de cette d’Armor). Les résultats des pre- Jusqu’à présent, les militants indé- affaire. Ils ont par la suite été remis en liberté, leur participation au mières analyses des experts de la La déflagration de Quévert s’est ment de restauration rapide, dont pendantistes avaient toujours pris vol de Plévin n’ayant pas pu être établie. Trois tonnes et demie des police scientifique ont confirmé ce produite vers 10 heures. Elle a tué elle était salariée depuis sa créa- pour cible des locaux publics re- explosifs dérobés à cette occasion n’ont toujours pas été retrouvées. soupçon. Le 28 septembre 1999, sur le coup Laurence Turbec, pro- tion, fin 1996. Sa sœur y travaillait présentant le pouvoir de l’Etat. Au- huit tonnes de dynamite avaient pulsée à l’extérieur du bâtiment, aussi. Les enquêteurs du SRPJ de cun mort n’avait été déploré. été volées près de ce village dans sur une haie toute proche. Selon Rennes sont arrivés sur les lieux Le choix de prendre pour cible jours à l’automne 1999. Hervé Le ment, analyse-t-il. C’est une terre les locaux de l’entreprise Titanic. une source proche de l’enquête, environ une heure après l’explo- un McDonald’s pourrait traduire Bec, un ancien membre du bureau gallo, pas bretonnante ». De leurs Cinq des huit tonnes avaient en- l’explosion aurait pu être déclen- sion. Le périmètre de sécurité ins- une évolution au sein du mouve- national d’Emgann, mouvement côtés, le président du conseil régio- suite été retrouvées et une dou- chée en raison d’un dysfonctionne- tallé d’abord par les gendarmes a ment indépendantiste breton, politique indépendantiste parfois nal, Josselin de Rohan (RPR), et zaine de Bretons et de Basques de ment dans le dispositif de mise à rapidement été élargi. Le McDo- avancent aujourd’hui les services présenté comme la vitrine légale de son principal opposant, Jean-Yves l’ETA avaient été interpellés, fai- feu. L’engin, qui devait être activé nald’s avait été la cible de coups de de renseignement. Ils estiment l’ARB, condamne « à titre person- Le Drian (PS), dénoncent chacun sant soupçonner l’action commune dans la nuit, a explosé lorsque Lau- feu il y a quelques mois, sans que qu’une tendance anarchisante se- nel » l’attentat, tout en avançant dans un communiqué cet acte in- d’un commando composé d’indé- rence Turbec a poussé la porte ce mitraillage, non revendiqué, ne rait en train de prendre la tête de l’hypothèse que l’ARB n’est pas qualifiable. pendantistes basques et bretons de contre laquelle il avait été placé. La fasse de victime. l’ARB, mettant en avant la lutte forcément coupable de cette ac- l’Armée révolutionnaire bretonne jeune employée occupait un poste A Rennes, le même jour, un peu contre les dérives de la mondialisa- tion. La troisième marche pour l’in- Pascal Ceaux (ARB). de chef d’équipe dans cet établisse- après 7 heures, un engin explosif a tion. Des tracts dénonçant la ma- dépendance organisée par Emgann et Martine Valo (à Quévert) Une forte identité culturelle sous-représentée politiquement Condamnation unanime CE qu’il est convenu d’appeler le mouve- daires, veulent tous casser le carcan jacobin hé- basque, en Irlande ou dans les Balkans des « INDIGNATION », « dégoût », coupables de cet acte odieux ». Les ment breton existe sous des formes diverses rité de la monarchie et de la Révolution et que oreilles attentives et des aides solides. « révolte », aucun mot ne semble Verts « font partie des gens qui depuis plusieurs siècles, en tout cas depuis les Républiques successives n’ont pas, de leur Marqué par des naissances, des résurgences, suffisamment fort aux respon- pensent que les restaurants McDo qu’en 1532, par le Traité d’union, le duché sou- point de vue, allégé. Plusieurs dirigeants natio- des scissions, défavorisé par les modes de scru- sables politiques, qui condamnent ont beaucoup de défauts, mais de là verain de Bretagne fut rattaché au Royaume. A nalistes bretons ont choisi, pendant l’Occupa- tins, incapable de présenter des listes sévèrement l’attentat commis, à commettre un attentat, c’est un la résistance militaire ou religieuse d’autrefois tion, de collaborer avec les nazis, puis de communes, entretenant avec la gauche « plu- mercredi 19 avril, contre un McDo- délire qu’on ne peut que condam- a succédé, au fil des ans et dans le désordre prendre la fuite, ce qui leur a valu des condam- rielle » des relations ambiguës, le mouvement nald’s de Quévert (Côtes-d’Ar- ner », commente Denis Baupin à propre à toute nébuleuse, un militantisme poli- nations par contumace à la Libération. A leurs politique breton épuise ses forces dans d’inces- mor), dans lequel une jeune l’AFP. tique structuré, légal ou clandestin ; au- yeux, collaborer avec les nazis n’était pas plus santes querelles internes, sur lesquelles sait femme a trouvé la mort. Jacques « Révoltée », la présidente du jourd’hui, une mobilisation culturelle et popu- scandaleux que d’être soumis à l’oppression jouer un pouvoir jacobin lorsqu’il veut l’affai- Chirac « condamne cette violence RPR, Michèle Alliot-Marie, estime laire de grande ampleur, fortement ancrée d’un Etat français étouffant l’identité histo- blir, le discréditer ou le décapiter. D’autant que criminelle et aveugle que rien ne que, « lorsque la bêtise se conjugue dans les terrains fertiles de l’enseignement de rique, le parler, les forces vives de la Bretagne. l’indépendantisme et, a fortiori, le séparatisme saurait justifier », indique un à la lâcheté, cela amène l’horreur », la langue, de l’édition et de la presse, bientôt des plus radicaux effraient la grande majorité communiqué de l’Elysée. « J’espère tandis que le vice-président du de la télévision, des associations de défense de « OPPRESSION CENTRALISATRICE » de la population, volontiers rebelle, mais au que ceux qui se sont laissé engager RPF, Philippe de Villiers, a mis en l’environnement – notamment maritime –, Ici, les élus démocratiquement élus fond légitimiste. dans des actions qui ne peuvent être cause « directement », mercredi, voire de l’économie, puisque plusieurs entre- cherchent à exprimer leur identité résistante en C’est cette disproportion quantitative et qua- acceptées dans la République et en sur France-Info, « la responsabilité, prises affichent ostensiblement leur identité dialoguant avec l’Etat, certes, mais en exigeant litative entre un extraordinaire foisonnement démocratie ont honte d’avoir tué au sommet de l’Etat, de ceux qui ont « bretonnante » comme signe de qualité et de lui, par exemple dans les contrats de plan ou culturel très engagé – pas de manifestation de une jeune femme qui était tout sim- laissé dire qu’ils étaient plutôt pour d’authenticité. la reconversion des sites militaires, davantage postiers, de lycéens ou de pêcheurs sans son lot plement à son travail », a déclaré le le principe de l’autodétermina- Dans l’ombre comme a pu agir l’Armée révo- de crédits. C’est la solidarité nationale qui est de drapeaux bretons déployés – et une repré- premier ministre, Lionel Jospin, en tion ». lutionnaire bretonne (ARB), bras armé du mise en avant. Ailleurs, par la poudre ou par un sentation politique encore marginale, voire en marge du Printemps de Bourges, José Bové, interrogé par l’AFP, Front de libération de la Bretagne (FLB), ou en harcèlement – qui visait jusqu’à maintenant les régression, qui est une marque et un mystère, où il se trouvait mercredi soir (lire précise que « ce genre d’acte (...) va pleine lumière sur la scène institutionnnelle seuls bâtiments publics, symboles de l’« op- en ce début de siècle, du mouvement breton. page 28). complètement à l’encontre du – c’était le choix du Comité d’études et de liai- pression centralisatrice » –, quelques individus Le fameux dicton : « Quand deux Bretons se ren- M. Hollande, premier secrétaire combat de la Confédération pay- son des intérêts bretons (Celib) de René Pleven ou groupes, qui se connaissent tous et se re- contrent, ils créent une association ; quand ils du PS, « condamne avec véhé- sanne, qui a toujours choisi des ac- et de Joseph Martray dans les années 60-80 –, crutent dans tous les milieux et chez des pay- sont trois, ils en créent deux », a toujours du mence », auprès de l’AFP, l’« atten- tions non violentes et à visage dé- les militants d’une « autre » Bretagne, plus au- sans qui mettent en cause le modèle producti- sens. tat horrible et criminel ». Le PCF, couvert ». De même, l’Union tonome, voire indépendante, dans une viste armoricain, pensent que seules la rupture exige, dans un communiqué, que démocratique bretonne (UDB, au- « autre » France plus fédérale et plus ouverte et la violence sont légitimes. En quête de relais Gaëlle Dupont, François Grosrichard « tous les moyens soient donnés à la tonomiste) parle d’« acte mons- sur une Europe des régions et des peuples soli- politiques et d’appuis, ils ont trouvé au Pays et Martine Valo justice pour rechercher et punir les trueux », de « précédent tragique ». LeMonde Job: WMQ2104--0007-0 WAS LMQ2104-7 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:10 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0460 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / 7

Les gestionnaires de l’assurance-chômage Un rapport parlementaire propose évaluent les expériences étrangères d’adapter la fiscalité et les charges agricoles La mise sous conditions des allocations tend à se généraliser L’étude conduite à la demande du premier ministre Les partenaires sociaux ont assisté, mercredi 19 avril, à d’assurance-chômage en Europe et en Amérique du et menée par deux députés PS suggère de distinguer plus précisément un colloque organisé par l’Unedic au cours duquel ont Nord. Le 3 mai, ils doivent se retrouver pour négocier été présentées les différentes réformes des systèmes le renouvellement de la convention Unedic. entre revenus de l’exploitation et revenus de l’entrepreneur UN TOUR d’Europe, un crochet couverture d’assurance-chômage ont peu de chances de se retrouver BÉATRICE MARRE et Jérôme lation » de nouveaux agriculteurs. ciales agricoles de quelque 88 mil- par les Etats-Unis et le Canada : en de l’emploi précaire. Il y a au- au chômage. Elle pratique une très Cahuzac, députés (PS) de l’Oise et Le rapport essaye d’identifier les liards de francs, les cotisations quelques heures, mercredi 19 avril, jourd’hui en Espagne trois types de grande sélectivité. Il faut compter du Lot-et-Garonne, devaient re- points sur lesquels des conver- n’entrent que pour 16 milliards les partenaires sociaux ont disséqué contrat : les anciens CDI, pour les- huit semaines d’attente », déclare mettre à Lionel Jospin, jeudi gences pourraient apparaître et environ. On ne compte que plusieurs systèmes d’assurance- quels le coût des licenciements est M. Holmlund. Aux Etats-Unis, les 20 avril, leur rapport sur l’adapta- ceux qui provoquent des diver- 600 000 actifs pour plus de 2 mil- chômage. L’idée de ce séminaire de élevé ; les CDD, très répandus ; et, cotisations sont uniquement ver- tion du régime de la fiscalité et des gences. Les cotisations des agri- lions de retraités. benchmarking, organisé par l’Une- depuis 1997, de « nouveaux sées par les employeurs et les allo- charges sociales agricoles. Ce do- culteurs étant calculées sur la base Le rapport suggère une distinc- dic avec l’université des sciences contrats » avec des coûts de licen- cations courent pour une période cument de quelque 200 pages sera du bénéfice imposable de l’exploi- tion précise entre le capital ou les sociales de Toulouse, revient au nu- ciement réduits. Vivement intéres- de vingt-six semaines. Au-delà, le rendu public le 27 avril par le mi- tant, toute modification du mode revenus de l’exploitation d’une méro deux du Medef, Denis Kess- sé, M. Kessler, a cherché à en savoir bénéficiaire ne dispose plus que de nistre de l’agriculture et de la de calcul ou de l’assiette de l’impôt part, le revenu et le patrimoine de ler. Ce dernier souhaitait, pour ré- plus. L’universitaire a alors fait ob- « simples repas fournis ». Ici aussi, pêche, Jean Glavany. entraîne soit un alourdissement, l’entrepreneur en tant que per- former le système français, server que « les taux de conversion les entreprises, qui peuvent contes- Au moment de la discussion de soit un allègement des cotisations sonne physique d’autre part, pour présenter à ses partenaires syndi- de CDD en CDI sont très faibles, de ter une demande d’allocation, sont la loi d’orientation agricole, pu- payées à la Mutualité sociale agri- mettre fin à la confusion actuelle, caux les expériences étrangères. l’ordre de 5 % » et qu’aujourd’hui soumises à un système de bonus- bliée le 9 juillet 1999, de nombreux cole (MSA). mieux définir l’assiette fiscale Tour à tour, des universitaires ont « 65 % à 70 % des personnes entrent malus selon ce qu’elles coûtent au parlementaires avaient regretté – donc, aussi, l’assiette sociale – et développé les situations italienne, dans le système d’indemnisation du système d’assurance-chômage. Un qu’aucune disposition financière RÉGIME SOCIAL DÉFICITAIRE cibler les outils fiscaux les plus ap- britannique, suédoise, allemande, chômage du fait de la fin d’un modèle impossible à transposer, se- de fond ne figure dans le texte, le Cet équilibre est d’autant plus propriés. Mme Marre met en avant suisse, espagnole, néerlandaise, ca- contrat temporaire et non plus d’un lon M. Kessler. ministre n’ayant pas voulu ouvrir, fragile que la moitié des agri- la notion de « patrimoine d’affecta- nadienne et américaine. Partout, licenciement ». Formation, sanctions, incita- sur ce point, un « front » avec Ber- culteurs environ – à peu près tion ». Elle propose aussi des sim- « il y a eu des réformes au cours de tions : chacun de ces pays a cherché cy. Le 28 septembre, le premier mi- 400 000 personnes dont le chiffre plifications ou des allègements, ces trois dernières années, s’est féli- des recettes pour accroître la baisse nistre avait chargé ces deux dépu- d’affaires est inférieur à par exemple sur la TVA, et suggère cité M. Kessler, et elles vont toutes « Ça va être quasi générale du chômage. Tous tés d’élaborer des propositions. Un 500 000 francs – est encore impo- au gouvernement d’ouvrir une dans le sens d’une plus grande les universitaires se sont cependant mois plus tard, il avait indiqué que, sée selon la formule du forfait et consultation pour remettre à plat conditionnalité des prestations ». Il compliqué déclarés dans l’incapacité d’évaluer « sur la base de ce rapport, le gou- non du bénéfice réel. En outre, le les dispositifs sociaux et fiscaux était entouré de représentants de la nettement l’efficacité de ces pro- vernement [arrêterait] en 2000 les régime social des agriculteurs, dé- des professions, y compris les CFDT, de la CFTC, de FO, de la de s’inspirer grammes. « Ça va être compliqué de évolutions à apporter au cadre fiscal ficitaire, a besoin pour s’équilibrer commerçants et artisans ainsi que CGC. Plus réservée, la CGT s’est s’inspirer de quelque chose », ont et social de l’agriculture ». Cet en- d’une aide de l’Etat (3,9 milliards les agriculteurs pluriactifs qui contentée d’envoyer un observa- de quelque chose », soupiré à la sortie les syndicalistes. gagement découle de l’article 141 dans le budget 2000, en baisse sen- concourent à la mise en valeur du teur. Tous doivent se retrouver le de la loi du 9 juillet, qui précise que sible par rapport à 1999) et des monde rural. 3 mai, pour négocier le renouvelle- soupirent Isabelle Mandraud les adaptations à apporter «de- autres régimes sociaux. D’autre ment de la convention Unedic, et Caroline Monnot vront favoriser notamment l’instal- part, sur un total de dépenses so- François Grosrichard dans le cadre de la « refondation les syndicalistes sociale ». Jusqu’ici, cette conven- tion, qui venait à expiration le 31 décembre 1999, a été simple- Partout, la question de l’activa- ment prorogée de six mois. Pour le tion des dépenses de chômage se Medef, ce doit être l’occasion de pose. Comment favoriser le retour tout remettre à plat. à l’emploi ? Nombreux sont ceux Ainsi, le professeur Bertil Holm- qui ont tenté des expériences. Au lund, de l’université d’Uppsala, a Canada, un système de bonus-ma- expliqué qu’en Suède la règle veut lus a été mis en place : la presta- que les allocations-chômage soient tion, fixée à 55 % du revenu, dimi- « coupées » si le demandeur d’em- nue d’un point toutes les vingt ploi refuse une offre ou aban- semaines pendant cinq ans. Ceux donne, sans raison, son travail. qui retrouvent un emploi bien Toutefois, a-t-il ajouté, les agents payé, eux, à partir de 200 000 francs des services de l’emploi répugnent annuels de revenus, doivent rem- à mettre en œuvre ces mesures, ju- bourser en partie ce qu’ils ont per- gées trop brutales. « Il y a un débat çu au chômage. Désormais, aussi, politique, en ce moment, sur ce su- ce sont les heures travaillées qui jet », a précisé M. Holmlund. « Qui comptent pour le calcul des presta- a l’initiative des propositions ? Est-ce tions et non plus les semaines ou l’Etat ou les partenaires sociaux ? », les années. « Cela incite les entre- a aussitôt interrogé M. Kessler. «Le prises à convertir les temps partiels gouvernement », a répondu sans hé- en temps plein », assure Guy La- siter son interlocuteur. croix, de l’université de Laval, au Vint le tour de l’Espagne, où les Québec. réformes se sont succédé depuis Aux Pays-Bas, un projet de priva- près de vingt ans. Là-bas, a exposé tisation du système d’assurance- Juan Francisco Jimeno, professeur à chômage est en préparation. Une l’université d’Alcala, la démarche a initiative déjà prise en Suède, mais été d’accroître la flexibilité du mar- limitée. « Une entreprise privée ché du travail, tout en améliorant la semble spécialisée dans les gens qui La rosette de Denis Kessler réunit la gauche, la droite et le « CAC 40 » TOUS ses « amis » ont répondu vedette du jour, sans oublier les présent. Ce soir-là, dans un pavil- responsables de la CGPME (patro- lon Gabriel illuminé, au bas de nat des petites entreprises) et de l’avenue des Champs-Elysées, l’UPA (patronat de l’artisanat). l’homme a abandonné quelques La rosette a été remise par le instants ses dossiers, ses réformes président du Medef, Ernest-An- et ses coups tactiques. Ce soir-là, toine Seillière, qui a improvisé un mardi 18 avril, le penseur de la compliment, tout en verve et... en « refondation sociale » célébrait verbes. « Travailler, provoquer, sa Légion d’honneur. Loin des communiquer, convaincre », a-t-il chantiers sur l’assurance-chômage déclaré pour résumer le person- et des nouveaux contrats de tra- nage. « Quand on n’est pas de vail, Denis Kessler, numéro deux gauche à vingt ans, c’est qu’on n’a du Medef, a laissé de côté toute pas de cœur. Quand on n’est pas de polémique pour recevoir ses invi- droite à quarante, c’est qu’on n’a tés. L’ancien ministre de l’écono- pas de tête », a poursuivi, toujours mie Dominique Strauss-Kahn cô- taquin, le dirigeant de l’organisa- toyait le candidat à l’investiture tion patronale en faisant allusion RPR pour la Mairie de Paris Phi- au passé militant de l’intéressé. lippe Séguin. Jean-Louis Debré, président du groupe gaulliste de REMERCIEMENTS TOUS AZIMUTS l’Assemblée nationale, croisait Mi- Après les accolades, M. Kessler chel Bon, le patron de France Té- s’est lancé dans un discours d’une lécom, ou Claude Bébéar, le fon- demi-heure, sans notes, au cours dateur du groupe Axa. duquel il a longuement fait réfé- Dans l’assistance, on remar- rence à ses racines alsaciennes et à quait aussi Vincent Bolloré et Mi- sa famille. « Il a remercié Domi- chel Pébereau, président de la nique Strauss-Kahn, il a remercié BNP, les dirigeants de Schlumber- tous les gens qui l’ont fait entrer ger, tout le gratin des assurances, dans un conseil d’administration, et ou encore la journaliste Catherine ça en fait du monde ! » raconte Nay. C’est une réunion du avec humour un participant, lui- « CAC 40 », s’est amusé M. Kess- même « remercié pour [s’]être dé- ler, rose de plaisir. Deux syndica- placé ». La cérémonie privée s’est listes, Jean-Luc Cazettes, pré- poursuivie dans une ambiance dé- sident de la CGC, et Alain Deleu, contractée. M. Kessler s’est bien numéro un de la CFTC, sont éga- gardé d’évoquer les dossiers du lement venus féliciter le récipien- moment. Tout juste a-t-il salué le daire. « Nicole Notat serait bien ve- rôle des entrepreneurs. « Nous nue, mais elle est en vacances », sommes des acteurs importants », a confiait, le lendemain, M. Kessler, affirmé celui qui est aussi le pa- tout en refusant de commenter tron de la Fédération française des plus avant cette soirée. Le conseil sociétés d’assurances. exécutif du Medef au grand complet a fait bloc autour de la I. M. et C. M. LeMonde Job: WMQ2104--0008-0 WAS LMQ2104-8 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:51 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0461 Lcp: 700 CMYK

8 / LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 FRANCE Edouard Balladur désigne Philippe Séguin comme son principal rival à Paris L’ancien premier ministre et Françoise de Panafieu ont déjeuné ensemble le 19 avril, accréditant l’idée d’un « ticket ». Tous deux évoquent leur capacité de rassemblement de l’ensemble des forces de l’opposition Face à l’offensive lancée depuis le début date comme lui à la candidature pour la députée RPR de Paris, en dépit de leurs en considération le projet de chacun des de voir l’une de ses propositions reprises de la semaine par Philippe Séguin, Mairie de Paris. Cette dernière ren- dénégations. M. Balladur, qui estime être candidats pour arrêter son choix. Evo- par le maire. Ce dernier a inauguré, en Edouard Balladur a successivement dé- contre, rendue publique mercredi le mieux placé pour rassembler la droite quant l’annonce par Jean Tiberi, mercre- présence de son ancien rival Jacques Tou- jeuné avec François Bayrou, président de 19 avril, renforce l’hypothèse d’un « tic- à Paris, souhaite que la présidente du di, de nouvelles aides en faveur des bon, maire (RPR) du 13e arrondissement, l’UDF, et Françoise de Panafieu, candi- ket » entre l’ancien premier ministre et la RPR, Michèle Alliot-Marie, prenne aussi gardes d’enfant, M. Balladur s’est félicité une place dédiée à la Commune.

UN « TICKET » ? Edouard Balla- core un peu, ont « fait le point à Mme Alliot-Marie, pour lui propo- dur met en avant son projet : de la police municipale – « un corps que le maire, Jean Tiberi, ait repris, dur n’y croit pas. « Ce n’est pas mi-parcours », mesuré leur déter- ser quelques critères de choix. émanciper Paris, réformer le statut urbain de sécurité de proximité », mercredi, sa proposition de créer dans la tradition française. » Dans mination respective et vérifié les « Vont-ils délibérer séparément de la capitale, renforcer les pou- dit M. Balladur – dont DL a fait une allocation municipale de garde l’entourage de Françoise de Pana- sujets qui les rapprochent. ou ensemble ?», s’interroge voirs des conseils d’arrondisse- une condition pour un éventuel ac- d’enfants à domicile. « Vous voyez fieu, on assure pareillement que « Edouard Balladur et Françoise de M. Balladur, en évoquant les « col- ment et baisser les impôts de 2 % cord politique, le député de Paris que ma candidature est utile... ». « le ticket ne correspond à rien, pour Panafieu ont réaffirmé leur volonté lèges de hiérarques éminents » des par an pendant six ans. reconnaît avoir évolué : « Je me suis L’ancien premier ministre sait l’instant ». Il n’empêche, le déjeu- de jouer l’union au moment du trois, voire quatre composantes de lassé de m’entendre répondre à mes aussi s’extraire du « débat d’idées » ner qui a réuni, mercredi 19 avril, choix de la candidature », a expli- l’opposition. Le résultat, en effet, SÉCURITÉ DE PROXIMITÉ électeurs que la sécurité n’est pas qu’il affectionne tant, lorsqu’il les deux candidats à la candidature qué Brigitte Kuster, la directrice de ne serait pas forcément le même. Il faut, selon lui, que la ou les dans les attributions de la municipa- évoque son seul vrai rival : « Si Sé- pour la Mairie de Paris dans un res- la campagne de la députée de Pa- Sur la petite dizaine de personna- commission(s) d’investiture s’inté- lité. Il faut à Paris des pouvoirs de guin était un candidat d’union, cela taurant proche des Champs-Ely- ris. lités qui composent la commission resse(nt) aussi au projet. «Si ce droit commun pour mieux répondre se saurait depuis longtemps »... sées ressemble, à s’y méprendre, à d’investiture du RPR, seules deux n’est pas pour émanciper Paris, cela aux préoccupations quotidiennes une manœuvre destinée à contre- CONTACTS AVEC CHARLES PASQUA d’entre elles fréquentent, peu ou ne m’intéresse pas ». Sur le thème des gens ». Il se réjouit d’autre part Jean-Louis Saux carrer la pression exercée par un Alors que M. Séguin ne cesse de prou, les petits déjeuners des bal- troisième homme, Philippe Séguin, vanter, comme il l’a encore fait laduriens : Mme Alliot-Marie et son toujours en tête dans les sondages mercredi sur Europe 1 et jeudi conseiller, Patrick Ollier. Tous les (Le Monde du 14 avril). dans Le Figaro, « sa capacité de autres, par conviction, par devoir Ce déjeuner a eu lieu à la de- rassemblement dans son camp et ou par discipline, penchent plutôt Jean Tiberi se proclame « héritier de la Commune » mande de M. Balladur. Les deux au-delà de son camp », M. Balla- pour la candidature de M. Séguin. CLAUDE, soixante-dix-huit ans, l’inauguration de la place de la trahir » Sartre et Beauvoir, en inau- convives étaient convenus, paraît- dur et Mme de Panafieu se dis- Parmi les rares maires d’arrondis- fidèle électeur de Jean Tiberi, clo- Commune-de-Paris, mercredi gurant une place au nom des deux il, de ne pas en faire état, puisque putent les faveurs de l’UDF et de sement qui sont sortis de leur ré- pine sur ses béquilles, pour re- 19 avril, dans le quartier de la écrivains, à Saint-Germain-des- chacun doit « creuser son sillon » Démocratie libérale (DL), aux- serve, trois ont pris position pour joindre deux de ses compères octo- Butte-aux-Cailles, dans le 13e ar- Prés (Le Monde du 13 avril). Il n’a jusqu’au choix que fera la prési- quelles le premier ajoute même M. Séguin : François Lebel dans le génaires : « Je me suis fait enlever rondissement, par son maire plus aujourd’hui de ces scrupules. dente du RPR, Michèle Alliot-Ma- celles du RPF. 8e, Gabriel Kaspereit dans le 9e et mon plâtre il y Jacques Toubon et par Jean Tiberi. Longuement, il refait l’histoire de rie. Mais, hasard étrange, des pho- L’ancien premier ministre a ainsi René Galy-Dejean dans le 15e , a deux heures, Derrière l’élu du 13e , perché sur la Commune, choisissant avec soin tographes les attendaient à la déjeuné, mardi, avec le président l’arrondissement de M. Balladur. leur annonce- une estrade, se pressent les candi- ses citations : « Tout ce que nous sortie du restaurant, et, du coup, de l’UDF, François Bayrou, il de- D’autres sont « tibéristes », mais t-il triompha- dats à la Mairie de Paris. M. Tiberi avions aimé, adoré, s’écroule (...) chacun a attribué à l’autre la res- meure en contact permanent avec aucun ne s’est à ce jour prononcé lement, je est encadré à droite par Georges Nous allons incinérer Paris plutôt ponsabilité de la fuite. Les deux son ancien ministre de l’intérieur, en faveur de l’ancien premier mi- ne voulais pas Sarre, maire du 11e, qui a annoncé que de le rendre profané, vaincu, as- pré-candidats, qui ont intérêt à ce Charles Pasqua, et il doit enfin nistre ou de Mme de Panafieu. rater ça. » le matin même qu’il défendrait les servi [aux Prussiens]. » que la campagne interne dure en- rencontrer, la semaine prochaine, Face à cette situation, M. Balla- « Ça », c’est couleurs chevènementistes du Mais quand le maire de Paris Mouvement des citoyens (MDC) et évoque « ce prophète Adolphe à gauche par Bertrand Delanoë, Thiers » – bien qu’il ajoute que ce unique candidat du Parti socialiste dernier avait « brisé la Commune depuis le 27 mars. En arrière-plan, dans le sang » – la phrase sonne se tient Michel Bulté, adjoint au lo- comme une provocation. « Versail- gement désormais partisan de Phi- lais ! », hurle-t-on ici ou là. Pis, lippe Séguin. Au-dessus de toutes lorsque Jean Tiberi parle de les têtes, une plaque : rue de l’Es- l’émancipation de Paris – allusion pérance, numéro 7. au slogan d’Edouard Balladur « Emanciper Paris » – en disant « CE PROPHÈTE ADOLPHE TIERS » « c’est une ambition qui ne date pas Devant M. Toubon, naguère in- d’hier et qui fait de chacun de nous, surgé d’une révolution de palais y compris de moi-même, un héritier qui l’opposa à M. Tiberi, flottent de la Commune », c’est presque les drapeaux rouges de l’Associa- l’émeute ! Une dame, professeur tion des amis de la Commune. Le d’histoire, en suffoque : « Dans les maire du 13e les remercie d’un mot années 70, on aurait fait le coup de pour leur action « menée depuis des poing ! » Dans la confusion, des années ». Un bref rappel historique Amis de la Commune et des por- de la Commune « intégrée au patri- teurs de drapeaux noirs entonnent moine marxiste, puis devenue un L’Internationale, suivis notamment mythe du patrimoine commun de la par le député (PS) Jean-Marie Le République ». Une pique, voilée, à Guen. Seul M. Delanoë est tout l’égard de M. Tiberi, « dont nous sourire : « La droite a mis quelques avons obtenu il y a quelques se- décennies à reconnaître que des va- maines que cette page de l’histoire leurs de gauche ont inspiré l’histoire de France soit inscrite, ici, dans le sol de la République. C’est peut-être un et sur les murs de Paris » et la parole signe que l’alternance est en est à ce dernier. marche », commente-t-il. Voilà huit jours, M. Tiberi se de- mandait s’il n’était pas « en train de Béatrice Gurrey Le maire du 8e arrondissement ne veut pas de la mixité scolaire

CHACUN chez soi et les vaches écrit et signe les éditoriaux du jour- seront bien gardées, dit en subs- nal, édité par l’Association des amis tance l’éditorial du dernier numéro du 8e. Pour cette fois, cependant, la de Paris 8e , mensuel municipal dis- paternité de ce numéro est attri- tribué gratuitement dans les boîtes buée à « la rédaction ». Mais M. Le- aux lettres des habitants du 8e ar- bel, s’il reconnaît le côté un peu rondissement de Paris. Objet de la rude de la forme, ne retire rien au polémique : la proposition, faite par fond. « Cette sectorisation nouvelle l’académie, de modifier les zones manière, que tout le monde conteste d’affectation des lycées. Jus- et sur laquelle les élus n’ont pas été qu’alors, un district regroupait les consultés, introduit une continuité établissements du 8e, du 16e et du géographique par la place de Clichy. 17e arrondissement, périmètre au Le rattachement du 8e au 18e et au sein duquel les collégiens pouvaient 19e est aberrant », dit-il. Les enfants faire le choix de leur lycée. Désor- du 17e forment un tiers des effectifs mais, propose l’académie, les lycées des lycées Chaptal et Racine et ne des 8e, 9e, 10e, 18e et 19e arrondisse- pourront plus accéder à ces bril- ments feront partie d’un nouvel en- lants établissements, explique-t-il. semble, l’ajout de quartiers plus po- Même si le rectorat « nous dit qu’il y pulaires devant permettre de aura quand même une “porosité”, favoriser la mixité sociale et sco- c’est-à-dire des dérogations et des ex- laire. ceptions ». « Comment ne pas deviner dans ce découpage la volonté idéologique RISQUE DE CONTAMINATION d’imposer dans les établissements de La proposition de l’académie est nos quartiers le principe “d’hétérogé- surtout jugée politiquement inique. néité” !, s’insurge l’éditorial. Les en- « Dans les collèges du 8e, où l’on fants les plus atteints par la drogue et nous envoie des enfants virés du 19e la violence pourront désormais ou du 18e, ils mettent la pagaille. Ce agrandir le périmètre des arrondisse- sont eux qui causent des ennuis. On a ments à risque. » Les enfants des 18e peur d’être contaminés par une et 19e, particulièrement visés, se- clientèle de gens fauteurs de raient aussi d’indécrottables troubles. » Evidemment, souligne cancres : « Si ces mêmes enfants se M. Lebel, « le pire n’est jamais cer- révélaient être les meilleurs élèves, tain ». Mais « on a déjà tellement de personne ne s’en plaindrait. Mais mal à garder un peu d’ordre et de pour les services académiques, il bonne tenue dans nos établisse- s’agit, une fois de plus, par la mixité ments »... Pour les éditorialistes de obligatoire, de tirer vers le bas les ni- Paris 8 e, « la pensée socialiste conti- veaux des lycées Racine et Chaptal nue de prévaloir (...). Cette mesure ne [les deux lycées du 8e].» pourra même pas faire la fortune des Le maire, François Lebel (RPR) a établissements privés : le nombre de déclaré mercredi 19 avril son sou- leurs classes reste strictement limi- tien à la candidature de Philippe té ». Séguin à la mairie de Paris. Il pré- cise que, hors période électorale, il Nathalie Guibert LeMonde Job: WMQ2104--0009-0 WAS LMQ2104-9 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0462 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / 9 Les première réponses du gouvernement François Hollande élargit le secrétariat national du PS déçoivent les internes en grève A LA SUITE du remaniement du 27 mars, qui a vu l’entrée au gouver- nement de Jean-Luc Mélenchon, porte-parole de la Gauche socialiste, comme ministre délégué chargé de l’enseignement professionnel, Fran- çois Hollande a décidé d’élargir le secrétariat national du Parti socialiste. Le secrétariat d’Etat à la santé refuse d’augmenter la rémunération des gardes Le premier secrétaire du PS a déclaré à la presse, mercredi 19 avril, que la Gauche socialiste et des ex-poperenistes regroupés autour d’Alain Vi- La grève des internes des centres hospitaliers de la secrétaire d’Etat à la santé, Dominique Gil- dications, notamment sur la rémunération des dalies, député des Landes, ont souhaité « être associés à la direction du universitaires était importante, sans être géné- lot, les 18 et 19 avril, les représentants des inter- gardes. En revanche, les généralistes ont enten- parti ». M. Hollande ne conditionne pas leur entrée à un engagement rale, jeudi 20 avril. Reçus par des collaborateurs nes ont eu des réponses négatives à leurs reven- du des assurances sur la réforme de leurs études. de ne pas déposer de motions au prochain congrès du PS, en novembre à Grenoble. En revanche, il a indiqué que la présence de ces courants au MALGRÉ un mot d’ordre de progressivement, elle soit de plus du jour, dans la mesure où il ne concours d’internat « classant » secrétariat national leur imposait une « obligation de cohérence et de so- grève lancé il y a déjà une dizaine en plus suivie, mais les internes ont peut pas encore être organisé pour pour tous, généralistes et spécia- lidarité » vis-à-vis de la direction du PS comme du gouvernement. de jours, tous les centres hospita- appris de leurs expériences des der- les praticiens hospitaliers. Il ne sera listes, qui permettrait de ne plus liers-universitaires (CHU) n’avaient nières années qu’une grève, dans pas créé de postes de chef de cli- dire que les généralistes sont « sé- DÉPÊCHES pas encore décidé formellement, leurs rangs, s’installe en une à deux nique-assistant, ni de praticien lectionnés par l’échec ». a CANTONALE : Laurent Fabius est candidat à la candidature à jeudi 20 avril en fin de matinée, de semaines. Le mot d’ordre semble hospitalier, pour réduire la charge L’avenir de la formation des mé- l’élection cantonale partielle de Grand-Couronne (Seine-Maritime), répondre aux appels de leurs orga- particulièrement suivi dans les hô- de travail actuelle. Les collabora- decins généralistes serait donc en qui aura lieu les 28 mai et 4 juin. Cette élection partielle a été provoquée nisations syndicales. Plusieurs as- pitaux des périphéries des grandes teurs de Mme Gillot ont fait part de bonne voie. En revanche, les ré- par la démission de Marc Massion (PS), sénateur, qui a été élu, le semblées générales étaient encore villes par les résidents, ou internes l’opposition de principe du gouver- formes concernant le présent des 30 mars, maire de Grand-Quevilly, en remplacement du ministre de prévues avant la fin de la semaine. de médecine générale, regroupés nement à une augmentation géné- résidents ne semblent pas assurées. l’économie. A Paris, seuls quelques CHU dans deux syndicats, le Syndicat rale des rémunérations pour faire Ces derniers réclament une défini- a SONDAGE : les cotes de popularité de Jacques Chirac et Lionel connaissaient, jeudi, une grève des national des jeunes médecins géné- suite à l’augmentation de 16 % du tion des stages qui devraient leur Jospin sont en hausse de 2 points, selon la dernière enquête de BVA, gardes complète, selon l’Intersyn- ralistes (SNJMG) et l’Intersyndicale traitement des praticiens hospita- être ouverts, des stages vraiment réalisée du 13 au 15avril auprès d’un échantillon de 862 personnes et pu- dicat national des hôpitaux des nationale autonome des résidents liers, accordée au mois de mars ; ils formateurs pour leur futur métier, bliée par Paris-Match (daté 27 avril). Le chef de l’Etat recueille 60 % de villes de faculté (Isnih), qui re- (Isnar). C’est là, en effet, que la ont semblé plus réservés sur la ré- comme la pédiatrie générale et la bonnes opinions contre 25 % de mauvaises. Le premier ministre bénéfi- groupe les internes de spécialité. charge de travail semble la plus ex- ponse à apporter à la revendication gynécologie, auxquels ils ont trop cie du soutien de 55 % des personnes interrogées. Tel était le cas des hôpitaux An- cessive et le besoin d’un aménage- du paiement du travail dans les ser- difficilement accès. a RMI : le rapporteur général du budget au Sénat, Philippe Marini toine-Béclère (à Clamart, Hauts- ment du travail des internes le plus vices le samedi après-midi et le di- Le soutien apporté au mouve- (RPR, Oise), va déposer une proposition de loi pour transformer le de-Seine), Saint-Vincent-de-Paul, immédiatement perçu. manche. ment des internes par les chefs de revenu minimum d’insertion (RMI) en « RMA », revenu minimum d’ac- Trouseau et Tenon (Paris), ainsi Les représentants des internes de Les représentants des résidents clinique-assistants reste surtout tivité. L’allocation serait versée aux entreprises qui embaucheraient des que de celui du Kremlin-Bicêtre spécialité et de médecine générale ont été reçus à leur tour, mercredi moral, en attendant les résultats bénéficiaires. Progressivement, sur trois ans, elle diminuerait au profit (Val-de-Marne), pour ce qui ont été reçus, le 18 avril, par des 19 avril, par les membres du cabi- d’une consultation nationale d’un « salaire négocié » exonéré de charges sociales. Cette proposition concerne l’Assistance publique- responsables de la direction des net de Mme Gillot en charge de la menée par l’Intersyndicat national intervient après les critiques de Jacques Chirac, le 7 avril, sur le RMI qui, Hôpitaux de Paris (AP-HP). hôpitaux, des membres du cabinet réforme des études médicales, qui des chefs de clinique-assistants selon lui, « n’a jamais pleinement réussi à être un véritable instrument Dès le 17 avril, un interne sur de Dominique Gillot, secrétaire est un de leurs soucis majeurs. Ils (ISNCCA ). La commission médi- d’insertion ». cinq a observé une grève des d’Etat à la santé et aux handicapés, ont eu la promesse que les ré- cale d’établissement de l’AP-HP, a RÉUNION : la présidente du RPR, Michèle Alliot-Marie, a décidé, gardes, selon la direction de l’AP- et de la direction générale de la formes du troisième cycle des réunie le 17 avril, a voté une mo- mercredi 19 avril, de « dissoudre le comité départemental de la fédération HP (Le Monde du 20 avril), qui a santé. Les premières réponses à études médicales, promises par tion s’associant aux revendications de la Réunion », en raison, notamment, de « dysfonctionnements inter- procédé à des assignations pour as- leurs revendications ont été très Lionel Jospin en juin 1999, seront des internes. nes ». La décision « emporte la cessation de leurs fonctions de tous les surer la continuité des soins. Là où négatives. Le repos de sécurité mises en place rapidement et qu’ils membres du comité départemental, donc de son président », le sénateur la grève a été votée, il semble que, après les gardes n’est pas à l’ordre seront consultés. Il est prévu un Elisabeth Bursaux Edmond Lauret, indique le RPR. Laurent Fabius met sous contrôle les prix du carburant à la pompe À L’APPROCHE du week-end de litre. En revanche, le ministère es- Pâques, le ministre de l’économie, time que les pétroliers n’ont pas ré- Laurent Fabius, a exhorté les pétro- percuté intégralement à la pompe liers à répercuter « dès les prochains le tassement des prix du brut, ob- jours à la pompe les baisses du prix servé depuis la fin du mois de mars, du brut ». Pour appuyer sa de- après la décision des pays de l’Or- mande, le ministre a annoncé mer- ganisation des pays exportateurs de credi que, « dès jeudi 20 avril, des pétrole (OPEP). Le brent, qualité de relevés de prix seront réalisés sur référence de la mer du Nord, qui toute la France par deux cents agents avait culminé à 30 dollars (environ de la direction générale en charge de autant d’euros), est revenu, depuis, la concurrence et de la consoma- à 23 dollars. Pour les experts du mi- tion », les résultats devant être pu- nistère, ce recul de 7 dollars en- bliés le lendemain. « La même opé- traîne une baisse d’au moins ration sera renouvelée une semaine 30 centimes du litre d’essence. Or, plus tard, puis périodiquement, afin depuis le 1er avril, en incluant la TVA, les prix à la pompe pour le su- per ont baissé d’environ 15 cen- La demande entraîne times et de 20 centimes pour le die- sel. Pour Bercy, les pétroliers ne la hausse du brut vont pas assez vite, et il existe en- core une marge de manœuvre de 14 aux Etats-Unis à 16 centimes.

Les cours du pétrole ont fini sur « INITIATIVE CONSTRUCTIVE » une forte hausse, mercredi « Nous avons rappelé qu’il n’existe 19 avril, sur le marché à terme de pas de relation systématique entre les New York, après que l’Institut prix du brut et ceux de l’essence », américain du pétrole (API) eut fait déclare Hugues du Rouret, pré- état, la veille, d’une baisse des sident de Shell France, pour justi- stocks d’essence et des produits fier le comportement des grandes distillés aux Etats-Unis. Le cours marques. « Ce sont deux marchés du baril de référence (light sweet différents », ajoute-t-il. Celui de l’es- crude) pour livraison la plus rap- sence est plus tendu. Les stocks, prochée en mai a progressé de dans les pays occidentaux, tombés 1,24 dollar à 27,35 dollars. L’aug- à leur plus bas niveau depuis dix mentation de la production de pé- ans, sont en train d’être reconsti- trole décidée en avril par l’Organi- tués. Cela augmente la demande et sation des pays exportateurs de pousse les prix à la hausse. En mars, pétrole (OPEP) se traduit par une « alors que le brut a baissé de 50 dol- hausse des réserves de brut amé- lars la tonne, les essences ont aug- ricaines. Aux Etats-Unis, les opé- menté de 34 dollars la tonne », pré- rateurs craignent que cette ouver- cise M. du Rouret. A cela s’ajoute ture des vannes ne suffise pas à l’impact des fluctuations moné- répondre à l’augmentation de la taires entre le dollar et le franc, qui demande d’essence pour la saison augmente la volatilité. « Il est vrai, estivale. Les réserves d’essence cependant, que nous sommes dans sont inférieures de 8 % à leur ni- un tunnel baissier », concède le pré- veau d’il y a un an. Les cours du sident de Shell France. fioul domestique et de l’essence Son homologue de BP France, pour livraison la plus rapprochée Michel de Fabiani, juge « très en mai ont augmenté respective- constructive l’initiative de Laurent ment de 8,6 % et 3 %, mercredi, sur Fabius ». Cette réunion a permis, le marché à terme de New York. dit-il, « de vérifier qu’il n’existe pas de dysfonctionnement dans la fixa- tion des prix du carburant à la de vérifier l’effectivité des baisses », pompe par rapport à l’évolution des précise le ministère. cours du marché international des Cette décision a été prise suite à produits pétroliers ». Les représen- une réunion avec les représentants tants des compagnies ont rappelé des compagnies pétrolières et les qu’avec la grande distribution, qui distributeurs. « Il ne serait pas ac- contrôle plus de la moitié de la dis- ceptable que les prix à la consomma- tribution de carburants en France, tion montent lorsque le brut monte, « le marché est le plus concurrentiel mais qu’ils ne baissent pas, ou d’Europe ». M. Fabiani propose que baissent avec retard, dans le cas in- soit abordé « le thème plus général verse », affirme, dans un communi- du prix et de la taxation des produits qué, M. Fabius. pétroliers » dans une réflexion asso- Au-delà de cette annonce, la ren- ciant des parlementaires et des contre provoquée par Bercy a été consommateurs. Réponse classique jugée positive par tous les partici- du pétrolier au gouvernement : pants. Les pouvoirs publics ont quand l’un exhorte à revoir les prix constaté que « la baisse de la TVA a, à la pompe, l’autre lui rappelle que en général, été répercutée ». La di- les taxes constituent plus de 70 % minution d’un point à 19,5 % appli- du tarif de l’essence. quée depuis le 1er avril a entraîné une baisse d’environ 5 centimes du Dominique Gallois LeMonde Job: WMQ2104--0010-0 WAS LMQ2104-10 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:55 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0463 Lcp: 700 CMYK

10 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000

ENQUÊTES Les empreintes géné- credi 19 avril, la réouverture du dos- que l’enfant mort au Temple en lisés sur du matériel biochimique commission mandatée par la mi- tiques sont en train de révolutionner sier du petit Grégory pour réaliser un 1795 était bien Louis XVII. b CES vieux de plusieurs milliers d’an- nistre de la justice, ces affaires ont les enquêtes judiciaires mais aussi la test ADN sur le timbre d’une lettre du TESTS PERMETTENT de définir une nées. b AUX ÉTATS-UNIS, huit « ébranlé la présomption de justesse recherche historique. b LE PARQUET « corbeau ». b LE MÊME JOUR, des empreinte génétique spécifique à condamnés à mort ont été innocen- des verdicts ». (Lire aussi notre édito- GÉNÉRAL DE DIJON a demandé, mer- analyses génétiques établissaient chaque individu. Ils peuvent être réa- tés grâce à des tests ADN. Selon une rial page 15). De Louis XVII à Grégory, l’ADN, un atout-maître dans la recherche de la vérité Réouverture possible du dossier de l’assassinat de Grégory Villemin, identification de Louis XVII : les empreintes génétiques sont de plus en plus souvent utilisées dans les enquêtes judiciaires ou la recherche historique. Non sans risques pour la protection de la personne UNE DES ÉNIGMES les plus « avec une certitude de 99,9 % », tif a d’ailleurs été officiellement ADN avait ainsi provoqué une début des années 90, a permis infructueuse, le juge Renaud Van troublantes de l’histoire de aux squelettes du tsar Nicolas II, entérinée, le 28 avril, par la Cour polémique, en 1997, quand la des avancées spectaculaires. Les Ruymbeke, reprenant l’affaire France résolue deux cents ans de son épouse Alexandra et de de cassation, qui a décidé que les cour d’appel de Paris avait or- empreintes génétiques peuvent Dickinson, décide de tester l’en- après ; un des faits divers les plus leurs filles aînées, Olga, Tatiana tribunaux devraient dorénavant donné l’exhumation du corps servir à l’identification des ca- semble de la population mâle de marquants des années 1980 en et Maria (Le Monde du 12 juillet demander systématiquement des d’Yves Montand. L’acteur et davres : à partir d’un os, du sang Pleine-Fougères bien qu’aucun passe d’être relancé : la confirma- 1993). expertises biologiques pour tran- chanteur décédé en 1991, avait, ou d’une autre cellule, les scienti- indice n’ait été retenu contre qui- tion, mercredi 19 avril, de l’iden- Plus récemment, le président cher les contestations touchant à de son vivant, toujours refusé de fiques établissent la parenté conque. Les quelque 500 hommes tité de Louis XVII et le rebondis- américain Bill Clinton s’était re- la filiation. se soumettre à une analyse san- d’une personne décédée par rap- qui se prêtent à l’opération, en sement, le même jour, de trouvé, quelques jours avant port à sa famille. Elles sont aussi 1997, sont finalement tous dis- l’« affaire Grégory » mettent en d’avouer sa liaison avec Monica utilisées dans les affaires crimi- culpés. Parallèlement, le magis- lumière les spectaculaires avan- Lewinsky, sous la menace d’une Un consentement théoriquement obligatoire nelles : les enquêteurs prélèvent trat soumet plusieurs centaines cées obtenues grâce à l’utilisa- recherche ADN pour identifier d’abord de l’ADN présent sur les d’agresseurs sexuels, déjà incar- tion des empreintes génétiques. l’appartenance d’une tache de Les expertises judiciaires en matière d’ADN posent la question délicate lieux d’une agression, sous la cérés, aux tests génétiques. En Encore balbutiante il y a une di- sperme retrouvée sur une des du consentement aux prélèvements génétiques. En France, seul un juge forme de taches de sang, de tout, plus de trois mille compa- zaine d’années, la comparaison robes de cocktail de l’ancienne peut ordonner une telle opération et le consentement préalable de la sperme, de cheveux, ou de traces raisons de traces ADN ont été ef- des traces ADN s’est aujourd’hui stagiaire de la Maison Blanche personne est obligatoire. Dans les faits cependant, la loi est souvent de salive. Un ADN est alors iden- fectuées dans cette enquête. De- imposée comme un instrument (Le Monde du 8 août 1998). La contournée, une personne refusant de se soumettre aux tests ADN deve- tifié qui est ensuite comparé à ce- puis, le Parlement a voté le privilégié de recherche de la véri- même année, les Etats-Unis dé- nant, de fait, un présumé coupable. lui d’un suspect éventuel. principe d’un fichier des em- té. Utilisée autant en justice ci- couvraient, toujours grâce aux En matière civile, la jurisprudence sur les recherches de filiation a ten- preintes génétiques des condam- vile, pour des affaires de filiation, tests génétiques, que Thomas dance à considérer que le fait, pour un homme, de refuser une expertise CONFONDRE OU DISCULPER nés pour infractions sexuelles, qu’en matière pénale, pour éluci- Jefferson, l’un des pères fonda- génétique est un indice de paternité. En matière pénale, on ne peut obli- C’est ainsi que les enquêteurs qui devrait voir le jour d’ici à la der des crimes, les empreintes teurs du pays, était le père d’au ger un suspect à se soumettre à un test, mais il suffit aux enquêteurs ont pu interpeller et confondre fin de l’année. Aujourd’hui, les génétiques ont révolutionné l’ap- moins l’un des sept fils de sa fi- d’opérer une saisie sur un mégot de cigarette ou un verre sur lequel la Mamadou Traoré, auteur d’une enquêteurs ont appris à travailler proche des enquêtes, ouvrant des dèle esclave Sally Hemings – ce personne a laissé une trace de salive pour trouver de l’ADN. L’analyse gé- série de viols à Paris en 1996, ainsi avec l’expertise génétique qu’ils perspectives inédites à l’histoire que les historiens blancs avaient nétique peut alors être menée à bien sans avoir obtenu le consentement. que Guy Georges, le « tueur de ne considèrent plus comme la comme à la justice. toujours réfuté mais que la l’Est parisien », interpellé reine des preuves. « Dans une en- Une personne, une cellule, un communauté noire tenait pour en mars 1998. Mais l’expertise gé- quête criminelle, il faut se garder ADN. Sur la base de ce principe, acquis depuis le XIXe siècle (Le « Nous assistons aujourd’hui à guine comme le lui demandait nétique permet aussi de disculper d’attendre benoîtement le résultat ce sont des pans entiers de l’his- Monde du 19 mai 1999). une conjugaison des droits de l’en- Aurore Drossard, la fille d’une de des innocents. Le 20 juillet 1996, de certaines analyses scientifiques, toire qui sont aujourd’hui revisi- fant et de l’avancée de la science, ses anciennes liaisons. les gendarmes interpellaient Pa- explique ainsi le juge d’instruc- tés. En témoigne la résolution du RECHERCHES EN PATERNITÉ explique ainsi Me Murielle La- La justice avait une première trice Padé, un sans-abri, deux tion Gilbert Thiel, le premier à mystère qui entourait le sort des En France aussi, les tests ADN roque-Ruelle, présidente de l’As- fois établi, sur la foi de leur res- jours après le viol et le meurtre avoir eu recours à cette tech- Romanov, la famille impériale se sont imposés en matière de fi- sociation des avocats des affaires semblance physique et de témoi- d’une jeune Anglaise, Caroline nique, en 1988, dans l’affaire Si- russe. Pour s’assurer que les os- liation. Depuis la loi du 29 juillet de la famille. Beaucoup de mères gnages, qu’Yves Montand était Dickinson, à Pleine-Fougères mone Weber. Retrouver des traces sements découverts en 1991 dans 1994, qui réserve l’emploi des em- intentent des actions en recherche bien le père de la jeune femme, (Ille-et-Vilaine). L’homme, qui de salive sur un mégot peut donner une fosse commune de la forêt preintes génétiques à des fins de paternité, en estimant qu’il est mais la science l’a finalement avait passé des aveux en garde à des indications de recherche, mais d’Ekaterinbourg (Oural) apparte- médicales, scientifiques ou judi- de l’intérêt de l’enfant de contredite : après analyse des vue, était mis en examen et incar- cela ne veut pas dire que celui qui naient bien à Nicolas II, dernier ciaires, ils ont été de plus en plus connaître ses origines. Mais si la prélèvements effectués sur le céré. Il était pourtant formelle- a fumé est bien l’assassin. Il ne faut tsar de toutes les Russies, exé- utilisés par les tribunaux, notam- vérité scientifique est éclatante, corps, trois experts affirmaient, ment disculpé, dans les semaines donc jamais négliger les fonda- cuté dans la nuit du 16 au 17 juil- ment pour rechercher l’identité elle peut aussi entraîner des catas- en juin 1998, que « M. Ivo Livi, dit suivantes, après comparaison de tions de la maison, c’est-à-dire la let 1918, une équipe scientifique d’un père. Les progrès de la trophes psychologiques pour les Yves Montand, né le 13 octobre son empreinte génétique avec méthodologie traditionnelle de russo-britannique a comparé science ont ainsi favorisé les ac- enfants. Parce que certains pères, 1921, n’est pas le père de Melle Au- celle laissée par l’assassin sur les l’enquête criminelle. La charge de l’ADN collecté sur les vestiges tions judiciaires en recherche de même identifiés par ADN, ne rore Drossard, née le 6 octobre lieux du crime. la preuve ne peut se réduire à une avec celui des descendants di- paternité, qui ont doublé de veulent pas forcément voir leurs 1975 ». (Le Monde du 13 juin A l’époque, l’engouement pour simple constatation, même d’ori- rects de la famille impériale. 1992 à 1998, passant de 474 à 910. enfants, qui se sentent donc reje- 1998). cette nouvelle technique est tel gine génétique. » En juillet 1993, elle concluait que La comparaison de l’ADN d’un tés. » En matière pénale aussi, la qu’il semble autoriser tous les dé- les ossements appartenaient, enfant avec celui d’un père puta- L’utilisation de la technique technique ADN utilisée depuis le rapages. Après un an d’enquête Cécile Prieur Un « code-barres » unique pour chaque individu Un nouveau rebondissement dans l’affaire Grégory VÉRITABLES « codes-barres » à tenue de l’ensemble de ces lon- millimètres, contient dans son CONNAÎTRA-T-ON un jour tion Jean-Michel Lambert et les à- corps. Elle étudiera donc une lettre l’usage des biologistes, les em- gueurs constitue l’empreinte noyau toute l’information géné- l’identité du « corbeau », qui avait peu-près des gendarmes, n’a ja- envoyée le 27 avril 1983 aux preintes génétiques s’appuient sur génétique individuelle. En effet, la tique de l’individu sous forme revendiqué l’assassinat du petit mais permis d’élucider le mystère grands-parents du petit Grégory l’analyse de petits fragments combinaison du nombre de répéti- d’ADN. Les techniques actuelles Grégory Villemin, retrouvé mort le de la mort du petit Grégory. Les qui présente, selon le procureur d’ADN (acide désoxyribonu- tions du motif dans chacun des permettent, sur quelques cellules 16 octobre 1984 dans les eaux de la enregistrements de la voix du général, des « similitudes » avec la cléique, le support des gènes) ex- sites chromosomiques est spéci- recueillies, d’isoler l’ADN et de re- Vologne (Vosges) ? La question se « corbeau » qui, dès avant la mort lettre de revendication. trêmement polymorphes, appelés fique à chaque individu. La proba- copier les éléments en son sein jus- pose depuis qu’Hélène Magliano, de Grégory, profère des menaces à Pour Me Joël Lagrange, avocat des « minisatellites ». bilité de rencontrer deux individus qu’à en obtenir la quantité suffi- procureur général près la cour l’encontre de Jean-Marie Villemin des grands-parents Villemin qui se Ceux-ci sont des répétitions, en non apparentés avec un profil sante pour analyse. Les éléments d’appel de Dijon, a demandé, mar- ou de ses parents, ont donné lieu à sont associés à la requête, les ré- nombre variable, de séquences de identique est infime, inférieure à amplifiés sont alors séparés selon di 18 avril, à la chambre d’accusa- des expertises contradictoires, quisitions du parquet général ne nucléotides toutes identiques, dis- 1 sur 100 milliards de milliards. leur taille , et on visualise l’image tion de la juridiction de rouvrir comme les lettres anonymes. En sont qu’« une étape ». « Le dossier persées sur les chromosomes dans La détermination des em- appelée empreinte génétique. La l’enquête. Elle accède ainsi à la de- 1992, dans un réquisitoire définitif ne sera réellement réouvert que si on la partie de l’ADN qui ne contient preintes repose sur la technique solidité de l’ADN, un matériel bio- mande des avocats de la famille innocentant Christine Villemin, trouve de la salive au dos du pas de gènes. Leur nombre est, à d’amplification génique dite PCR, chimique qui ne se dégrade pas fa- Villemin qui, en novembre 1999 , Jean Stéfani, alors procureur géné- timbre », note-t-il. Lors d’une chaque localisation, d’une extraor- si puissante qu’il suffit d’une quan- cilement, est telle qu’on le re- avaient déposé une requête de- ral de Dijon, admet qu’en « l’état, conférence de presse organisée, dinaire variabilité. tité infime de matériel biologique trouve à l’état pratiquement mandant une recherche d’em- force est de constater que l’informa- mercredi 19 avril, Hélène Magliano pour établir une empreinte géné- normal sur des échantillons vieux preintes génétiques sur le timbre tion n’a pas permis de découvrir s’est, elle aussi, montrée prudente. RÉPÉTITION DU MOTIF tique : une goutte de sang ou de de milliers d’années et qu’on peut d’une des lettres anonymes reçues l’auteur, ou les auteurs, de l’assassi- « Ce qui rend problématiques les On peut explorer simultanément sperme, un cheveu, voire quelques alors l’amplifier à la demande pour par la famille Villemin. nat de Grégory Villemin ». chances de succès de l’analyse, c’est une soixantaine de sites chromo- cellules d’origine cutanée, mu- l’analyser. Christine et Jean-Marie Villemin, à la fois une relative ancienneté, le somiques chez un seul individu et queuse ou salivaire. En effet, les parents du petit Grégory, support très limité, les conditions de déterminer, à chaque site, la lon- chaque cellule, l’unité du vivant DIFFUSION FULGURANTE avaient alors l’espoir que l’analyse 16 octobre 1984 : conservation qui n’ont pas été gueur de la répétition. L’image ob- qui mesure quelques millièmes de Les empreintes génétiques ont du morceau de timbre collé sur idéales pour préserver la molécule acquis leur célébrité en 1986, l’enveloppe d’une lettre anonyme le corps d’un enfant ADN, et aussi la présence sur le lorsque les services britanniques adressée, le 27 avril 1983, aux timbre de l’encre du tampon d’obli- d’immigration eurent recours à grands-parents de l’enfant, per- de quatre ans et demi tération. » Si des traces d’ADN elles pour certifier la filiation d’un mettrait de retrouver des traces de étaient identifiées sur le bout de jeune Ghanéen désireux de re- salive et donc d’identifier l’ADN du est retrouvé, timbre, encore faudrait-il pouvoir joindre sa mère au Royaume-Uni. « corbeau ». Si la chambre d’ac- les comparer à d’autres empreintes En une quinzaine d’années, on a cusation, qui devrait rendre sa dé- pieds et poings liés, ADN. Le procureur général se assisté à la diffusion fulgurante de cision avant l’été, acceptait de montre d’ores et déjà réticente à LITTERAIRES cette technique. Aux Etats-Unis, suivre les réquisitions du parquet dans la Vologne l’idée d’exhumer le corps de Ber- des milliers de tests ont été effec- général, l’« affaire Grégory », déjà nard Laroche, un temps suspecté tués pour résoudre des cas litigieux vieille de plus de quinze ans, pour- d’être l’assassin du petit Grégory. de paternité ou des enquêtes judi- rait connaître un rebondissement. Progrès de la technique aidant, « Il est décédé et par conséquent Claudel ciaires, notamment dans les af- 16 octobre 1984 : le corps d’un c’est donc l’analyse de l’une de ces l’action publique est éteinte contre faires de viol. enfant de quatre ans et demi est re- lettres anonymes qui pourrait re- lui », a-t-elle précisé. De toute fa- En France, l’identification par trouvé, pieds et poings liés, dans la lancer l’« affaire Grégory ». Selon çon, l’éventuelle identification du ou la passion de midi empreintes génétiques est au- Vologne, près de Lépanges. L’« af- Me Thierry Moser, avocat des « corbeau » ne conduira pas né- jourd’hui mise en œuvre par plu- faire Grégory » démarre. Parce époux Villemin, le couple a hésité cessairement à celle de l’assassin. « La joie est le premier et le dernier sieurs laboratoires hospitalo-uni- qu’elle contient tous les ingré- avant de se décider à demander ces Le procureur général a égale- mot de tout Claudel » versitaires ou de police dients du fait divers à sensation, expertises de la dernière chance. ment indiqué que les requêtes de la scientifique. Dès 1992, des victimes cette affaire tient en haleine la « Ils ne souhaitaient surtout pas que famille Villemin soulevaient une de la catastrophe du mont Sainte- France entière plusieurs années ce soit l’occasion de nouveaux excès difficulté juridique relative à la no- Odile ont pu être identifiées par durant. L’enquête use trois magis- médiatiques, explique-t-il. Dans le tion de « charges nouvelles ». Au leurs empreintes génétiques. A Pa- trats avant de se conclure, le 3 fé- même temps, ils ressentaient une regard du code de procédure pé- ris, une équipe est récemment par- vrier 1993, par un non-lieu en fa- frustration, une insatisfaction et ils nale, seule l’existence de telles Maîtres et valets, le jeu de rôle venue à identifier un suspect en veur de Christine Villemin, un ont donc décidé de franchir le pas. » charges autorise la réouverture Molière, Marivaux, Goldoni, Beaumarchais comparant ses cellules, prélevées moment soupçonnée. Avant cela, L’avocat a « bon espoir » que l’ex- d’une procédure clôturée par un sur une cigarette, avec celles li- Bernard Laroche, cousin germain pert qui sera nommé si la chambre non-lieu. La possibilité d’une ex- ont tous mis en scène maîtres et valets. vrées par un mégot retrouvé sur de Jean-Marie Villemin, a, lui aussi, d’accusation décide de rouvrir le pertise n’étant pas, stricto sensu, Des lectures « politiques » des années 70 aux versions les lieux du crime. Certains vio- été mis en examen pour assassinat dossier soit en mesure d’« avancer une « charge nouvelle », Hélène plus contemporaines : une mise en scène leurs, qui avaient cru suffisant de et écroué en novembre 1984 avant sur le plan scientifique ». L’exper- Magliano a fait valoir que la re- de ce jeu de rôle perpétuel se munir d’un préservatif, ont éga- d’être remis en liberté trois mois tise ne pourra cependant porter, cherche ADN « n’aurait pas man- lement été confondus par un plus tard. Jean-Marie Villemin, pour des raisons techniques, sur la qué » d’être utilisée si elle avait été simple poil pubien retrouvé sur persuadé de la culpabilité de son lettre anonyme revendiquant l’as- connue « au moment de l’enquête UNE PUBLICATION DU MONDE leur victime. cousin, le tue le 29 mai 1985. sassinat du petit Grégory, qui était initiale ». CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX L’enquête, marquée par les ma- parvenue chez les époux Villemin Elisabeth Bursaux ladresses du jeune juge d’instruc- le lendemain de la découverte du Acacio Pereira LeMonde Job: WMQ2104--0011-0 WAS LMQ2104-11 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0464 Lcp: 700 CMYK

SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / 11 L’enfant du Temple et Louis XVII ne faisaient qu’un La résolution d’une énigme historique après deux siècles de controverse

JUSQU’ALORS, le pouvoir de l’origine de cette initiative. Au sion d’en extraire – s’il en reste – tillons identifient « un cœur hu- résolution de l’ADN n’avait guère XIXe siècle, pourtant, plus d’une l’ADN contenu dans leurs mito- main de petite taille, pouvant cor- contribué à écrire l’histoire de centaine d’aventuriers vont pré- chondries (des petits organites respondre au cœur d’un enfant de France. C’est désormais chose tendre être le Dauphin, évadé du cellulaires qui se transmettent es- cinq à douze ans », dont les tissus faite. Ainsi que l’a annoncé, mer- Temple. Parmi eux, l’horloger sentiellement par la mère), et de sont « desséchés, contractés et de credi 19 avril, le prince Louis de prussien Carl Wilhelm Naundorff, confronter ce matériel génétique à consistance pétrifiée ». Il faut l’at- Bourbon, duc d’Anjou et succes- sans lequel les travaux dont les celui des parents maternels de taquer à la scie. Quatre fragments seur des rois de France, « au- conclusions viennent d’être ren- Louis XVII. sont prélevés, deux appartenant à jourd’hui s’achèvent plus de deux Pour limiter les risques de la pointe du muscle cardiaque et siècles de mystère ». Les analyses contamination, la même analyse deux à l’aorte. Stockés dans des génétiques effectuées sur quel- Passée de mains est confiée, selon l’usage, à un réceptacles en plastique stérilisés, ques fragments de cœur l’at- autre laboratoire de l’université de ils sont confiés aux professeurs testent : l’enfant de dix ans mort à en mains pendant Nantes (Loire-Atlantique). Cinq Jean-Jacques Cassiman et Bernd la prison du Temple en 1795 était ans plus tard, les chercheurs Brinkmann, afin que ces derniers bien le fils de Louis XVI et de Ma- deux siècles, roulée rendent leurs conclusions. Les procèdent à l’extraction de l’ADN rie-Antoinette, guillotinés deux fragments d’ADN mitochondrial dans leurs laboratoires respectifs. années plus tôt. Louis XVII en per- à deux reprises issus de l’os de Naundorff n’ont Le matériel génétique, finale- sonne, et non pas un autre enfant, aucun lien de parenté avec ceux ment, aura donc survécu. Et Aux Etats-Unis, des condamnés qui lui aurait été substitué pour dans la poussière, prélevés sur des cheveux de Ma- même en quantité appréciable, es- protéger le Dauphin et la pérenni- rie-Antoinette. Pas plus qu’avec timent les chercheurs en se réfé- té de la royauté. la précieuse relique les gènes des deux sœurs de la rant au « nombre de copies d’ADN à mort sauvés par l’ADN Chargés il y quelques mois de reine, les archiduchesses Maria- mitochondrial » obtenues. Preuve procéder à cette étude génétique pouvait-elle encore Josépha et Johanna-Gabriela, de son authenticité : cet ADN s’est AUX ETATS-UNIS, l’ADN a té dans un rapport publié en (Le Monde du 12 février), les pro- dont les cheveux dormaient dans révélé être « très dégradé ». Il a tout simplement sauvé des vies. septembre que la forte augmen- fesseurs Jean-Jacques Cassiman contenir de l’ADN des médaillons retrouvés dans un toutefois permis d’identifier, dans Huit vies, très exactement, celles tation du nombre de condamnés (université de Louvain, Belgique) couvent autrichien. Naundorff une région dite « hypervariable » de détenus dont on s’est aperçu, innocentés par tests génétiques et Bernd Brinkmann (université de mitochondrial ? écarté, restait à identifier le (c’est-à-dire différente d’une per- après avoir procédé aux tests gé- (64 toutes affaires confondues, Münster, Allemagne) sont for- « vrai » Louis XVII. Avec deux élé- sonne à une autre, à moins nétiques, qu’ils avaient été indû- soit un doublement en trois mels. L’ADN extrait du cœur du ments de départ. L’un, solide : les qu’elles n’aient, précisément, des ment condamnés à mort. Ce ans), avait « ébranlé » la «pré- présumé Louis XVII, comparé à dues n’auraient sans doute pas été empreintes génétiques de sa mère, liens de parenté), une « séquence chiffre ne représente encore somption de justesse des ver- celui de Marie-Antoinette d’Au- effectués si vite. désormais établies. L’autre, nette- consensus », petit fragment géné- qu’un peu moins de 10 % du dicts » (Le Monde du 16 octobre triche, de deux de ses sœurs et de Naundorff, dont la tombe porte ment plus aléatoire : le cœur du tique retrouvé à l’identique dans nombre de condamnations à 1999). deux descendants actuels des l’épitaphe « Ci-gît Louis XVII, duc présumé Dauphin, préservé de- tous les échantillons du cœur exa- mort – quatre-vingt-cinq – qui Habsbourg, Anne de Roumanie et de Normandie, roi de France et de puis 1975 dans une crypte de la minés. C’est cette séquence qui, ont été cassées depuis le réta- RÉOUVERTURE D’AFFAIRES CLASSÉES son frère André de Bourbon Navarre », faillit bien obtenir gain basilique Saint-Denis. pour l’essentiel, a été comparée blissement de la peine capitale Elle a aussi recommandé aux Parme, a permis d’établir avec cer- de cause. Mais les contradictions Passée de main en main pen- aux données déjà établies dans la en 1976, soit pour vice de forme, procureurs d’autoriser les re- titude leur parenté. « Le 8 juin relevées dans sa biographie en- dant deux siècles, roulée à deux famille royale, et qui s’est révélée soit après un nouveau procès. quêtes de réouverture d’affaires 1795, 20 prairial de l’an III de la Ré- traînèrent en 1950 l’ouverture de reprises dans la poussière, la pré- leur être commune. L’enchaîne- Mais le recours à l’ADN n’a été classées, même si elles étaient publique, peu avant trois heures de sa sépulture, au cours de laquelle cieuse relique pouvait-elle encore ment de quelques centaines de introduit qu’en 1986 dans les présentées hors délais. Quant au l’après-midi, l’enfant détenu dans des fragments de son humérus contenir de l’ADN mitochondrial ? nucléotides (les maillons élémen- procédures et, selon les associa- gouverneur de l’Illinois, George la tour du Temple, à Paris, rend le droit furent prélevés. En 1993, la En quantité suffisante, et dans un taires de l’ADN) vient de le certi- tions de défense des prisonniers, Ryan, un républicain, il a décidé dernier soupir. Aux yeux des fidèles technique des empreintes géné- assez bon état pour pouvoir être fier : Louis XVII et le prisonnier du le parquet et la police sont géné- débutfévrier de suspendre les de la monarchie, le défunt n’est tiques commençant à faire ses comparé à d’autres ? Le 15 dé- Temple ne faisaient qu’un. La suc- ralement réticents à rouvrir des exécutions dans son Etat. En autre que sa majesté Louis XVII, preuves, ces échantillons sont cé- cembre 1999, les médecins biolo- cession est close. procédures classées. treize ans, 13 condamnés à mort leur souverain légitime », rappelle dés au laboratoire belge de Jean- gistes conviés dans la crypte L’un des premiers cas de res- avaient été innocentés (plu- l’historien Philippe Delorme, à Jacques Cassiman. Avec pour mis- royale pour y prélever des échan- Catherine Vincent capés par ADN a été Dennis Wil- sieurs grâce à l’ADN) alors que liams. Il avait été condamné à 12 avaient été exécutés, signe in- mort pour le meurtre en 1978 déniable d’un certain dysfonc- d’un couple de la banlieue de tionnement. Chicago. Dix-huit ans après sa Au niveau du Congrès, deux Les tribulations du cœur, organe providentiel pour l’identification du dauphin condamnation, il a été innocenté projets de loi – l’un à la Chambre IL SERAIT « possible que, pour affaiblir l’in- avoir appartenu qu’à un jeune garçon de quinze Bourbons –, la relique est déposée à l’archevê- en 1996 grâce aux tests. Sorti de des représentants et l’autre au térêt qu’inspiraient à tous les royalistes l’âge et à dix-huit ans ». En 1894, le squelette litigieux ché de Paris, où Mgr de Quelen se dit prêt à la prison, il a obtenu 13 millions de Sénat – sont à l’étude pour im- la captivité de cet enfant infortuné, et pour faci- est à nouveau exhumé, et soumis à des anthro- remettre au roi Charles X. Le 29 juillet 1830, les dollars de dédommagement poser la conservation des liter la paix avec l’Espagne, qu’on assure s’être pologues réputés. Lesquels l’attribuent, cette révolutionnaires des « Trois Glorieuses » sac- (75 millions de francs). Les der- preuves biologiques, faciliter le uniquement accrochée à la demande de la re- fois, à un sujet « âgé de dix-huit à vingt ans ». cagent le palais de l’archevêché. Au cours du niers en date des « miraculés » recours aux tests pour les déte- mise de ce rejeton de la famille royale, les chefs « Cette différence de taille pouvait avoir deux pillage, un ouvrier imprimeur s’empare du sont Ronald Jones, un sans-abri nus et étendre les délais de réou- des scélérats de la Convention eussent jugé être explications : soit l’enfant mort au Temple cœur pour le restituer au fils du docteur Pelle- de Chicago, condamné à mort verture des dossiers, comme le de leur intérêt de publier sa mort en se réservant n’était pas Louis XVII, soit le squelette exhumé tan (mort un an plus tôt). Un émeutier s’inter- pour meurtre et viol après avoir préconisait la commission d’ex- cependant, dans un lieu sûr et ignoré, ce pré- n’était pas celui du dauphin », souligne Phi- pose, l’urne de cristal tombe et se brise. Le signé des aveux. Il a été exonéré perts mandatée par Janet Reno. cieux dépôt. » : ainsi le ministre autrichien lippe Delorme, pour qui « on n’a pas cherché 5 août, le calme revenu, Philippe-Gabriel Pel- en mai 1999. Et Ronald William- Les condamnés ont en effet les Thugut résumait-il la situation, début juil- au bon endroit. » L’inhumation ayant été faite letan et son complice reviennent à tout hasard son, quarante-six ans, de l’Okla- plus grandes difficultés procédu- let 1795. « Le problème était posé. Il le reste en- en fosse commune, sans points de repères, sur les lieux du saccage. Coup de chance : ils homa, sorti des couloirs de la rales et financières pour les ob- core deux siècles plus tard », écrivait récem- dans une nécropole très peuplée, l’erreur était retrouvent les débris du vase et le précieux or- mort le 15 avril 1999, cinq jours tenir (les tests coûtent environ ment l’historien Philippe Delorme (L’Affaire aisée. Et le mystère se serait sans doute pro- gane... dans un tas de sable. avant son exécution. Il avait été 4 000 dollars). Exemple : Clyde Louis XVII, Editions Tallandier, 1995), qui n’a eu longé indéfiniment, s’il n’y avait eu le cœur. En 1895, après une succession d’héritages, la condamné pour meurtre et viol Charles, condamné à la prison à de cesse, depuis lors, de faire triompher la vé- relique est remise à don Carlos, duc de Ma- par deux jurys. « Vingt-quatre vie en Louisiane, innocenté fin rité génétique. URNE DE CRISTAL drid, prétendant légitimiste au trône de personnes l’avaient reconnu cou- décembre. Il a dû mener une ba- Au cœur de cette énigme sans cesse entrete- Organe providentiel, que maintes péripéties France. Ce seront ses petites-filles qui, en 1975, pable », comme l’a souligné le taille de neuf ans. Ce n’est que nue, il y eut, bien sûr, des raisons politiques, et auraient dû dérober aux outils modernes de la confieront le cœur au duc de Bauffremont, procureur. lorsque l’association d’aide judi- d’autres moins avouables. Mais aussi une science. Son odyssée commence le jour même président du Mémorial de France à Saint-De- La révolution de l’ADN est en ciaire de New York Innocence question de taille. Les médecins qui, le 9 juin de l’autopsie, menée par quatre médecins. nis (Paris), afin qu’il soit conservé dans la né- train de bouleverser le cours de Project a porté plainte devant 1795, attribuent le décès survenu la veille à un Profitant d’un moment d’inattention de ses cropole des rois de France. Nécropole dans la- la justice américaine. Une une cour fédérale pour violation « vice scrofuleux existant depuis longtemps » confrères, l’un d’entre eux, le docteur Phi- quelle le prince Louis de Bourbon, « en tant commission de vingt-quatre ju- de ses droits civiques qu’il a ob- (autrement dit : une tuberculose osseuse), cer- lippe-Jean Pelletan, prélève le cœur. Il le roule que chef de la maison de Bourbon et successeur ristes, scientifiques et universi- tenu le droit à l’ADN. « C’est tifient que le corps est celui d’un enfant d’en- dans du son, l’enveloppe dans un mouchoir et des rois de France », vient de demander aux taires, mandatée par la ministre comme une guerre », explique viron dix ans. Mais en 1846, le cadavre exhumé le cache dans sa poche. Une fois chez lui, il le autorités de la République que puisse être ef- de la justice, Janet Reno, char- Barry Scheck, le fondateur d’In- du cimetière Sainte-Marguerite de Paris place dans un vase de cristal rempli d’« esprit fectuée « l’inhumation officielle du cœur de gée d’étudier les moyens de nocence Project. contredit cette description. On y retrouve bien de vin » (alcool éthylique). Louis XVII, aux côtés de son père et de sa mère ». « maximiser la valeur de l’ADN les stigmates de la tuberculose osseuse (mala- En 1828 – après que Pelletan eut plusieurs dans le système judiciaire », a no- Corine Lesnes die très répandue à l’époque), mais il « ne peut fois tenté, en vain, de remettre le cœur aux C. V. LeMonde Job: WMQ2104--0012-0 WAS LMQ2104-12 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0465 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 SOCIÉTÉ Un avocat algérien, qui s’affirme menacé Quinze mille fidèles dans son pays, risque d’être expulsé de France fêtent à Bercy Toutes ses démarches ont jusqu’à présent été rejetées le jubilé de l’an 2000 Un jeune avocat algérien, Nadir T., sur le point depuis le jeudi 9 mars. Celui-ci affirme de mort, de se retirer d’une affaire criminelle de prêter serment devant le barreau de Lyon, pourtant avoir reçu dans son pays une lettre dans laquelle il défendait une victime du est menacé d’expulsion du territoire français d’un groupe armé lui enjoignant, sous peine terrorisme. Une cérémonie organisée par le diocèse de Paris LYON retirer d’une affaire criminelle est célibataire et où toute sa famille Pourtant, l’intéressé est formel : QUINZE MILLE personnes dans déposés sur des cubes de couleurs de notre correspondante dans lequel il était l’avocat de vic- demeure en Algérie ». Sommé de il explique qu’il a présenté au tri- le Palais omnisports de Bercy, plein différentes, en un savant dégradé, C’est une affaire délicate, qui times du terrorisme. « Connaissant quitter la France dans un délai bunal, comme au ministère de à craquer, plus de deux mille per- de part et d’autre de la scène. Puis embarrasse la justice et l’adminis- les pratiques de ces groupes isla- d’un mois, Nadir forme un recours l’intérieur, la lettre reçue du sonnes suivant la messe à l’exté- six cents prêtres, une centaine de tration. Un jeune avocat algérien, miques, je savais qu’ils pouvaient devant le tribunal administratif. groupe islamique. Il a ajouté de- rieur, faute d’avoir pu entrer : diacres et les cinq évêques du dio- se disant victime de menaces ter- d’un jour à l’autre mettre leur me- Le jugement n’a pas encore été vant le tribunal administratif des Mgr Jean-Marie Lustiger a réussi cèse défilent en une longue théo- roristes dans son pays, sur le point nace à exécution ». A son arrivée à rendu. témoignages de ses confrères al- son pari de réunir les fidèles catho- rie, tandis que les projecteurs ba- de prêter serment devant le bar- Lyon, il formule, le 6 octobre, au- Le 25 novembre 1999, Nadir T. gériens confirmant les menaces liques de la capitale, mercredi laient la scène et que le public, reau de Lyon, va-t-il échapper aux près du ministère de l’intérieur, conclut un PACS avec un ressortis- dont il a fait l’objet. 19 avril, pour une célébration mar- entraîné par une centaine de cho- menaces d’expulsion dont il fait une demande d’asile territorial. Sa sant français, pour explique-t-il, Alerté par son confrère, le bâ- quant la semaine sainte dans le ristes issus de toutes les paroisses l’objet depuis le 9 mars ? Son cas carte d’avocat ne lui permettant « officialiser une relation qui exis- tonnier de Lyon, Me Jean-Marie cadre du grand jubilé de l’an 2000. de Paris, reprend inlassablement le est suffisamment sérieux pour pas de plaider en France, il s’inscrit tait depuis 1997 », devenant ainsi le Chanon, s’est dit, dans un premier « Ce soir, Bercy est la cathédrale du même refrain. mobiliser le bâtonnier et le préfet à l’université Jean-Moulin pour premier « pacsé » lyonnais. Mais, temps, prêt à régulariser sa situa- diocèse de Paris », prévient un ani- Pour ces « JMJ parisiennes », de région, qui étudient depuis suivre des cours de droit. Après le 9 mars, le préfet lui notifie son tion professionnelle en facilitant mateur au début de la cérémonie, Mgr Lustiger et ses quatre évêques mercredi 19 avril son dossier. Jeudi l’obtention d’un DEA, il s’engage arrêté de reconduite à la frontière. sa prestation de serment, avant de tandis que l’archevêque de Paris auxiliaires ont revêtu les chasubles matin, le représentant de l’ordre, dans un doctorat de droit des af- L’avocat algérien saisit de nou- reconnaître que cette procédure, s’exclame : « Nous n’avons jamais arc-en-ciel conçues en 1997 par le Jean-Marie Chanon, devait appor- faires. veau le tribunal administratif. Le touchant un ressortissant étran- vu cela : quelle joie ! » couturier Jean-Charles de Castel- ter à la préfecture une lettre de- 6 avril, les juges confirment la dé- ger sous le coup d’un arrêté de re- « Bercy 2000 » est le sommet des bajac. Sur le modèle de la veillée mandant le réexamen de sa de- ARRÊTÉ DE RECONDUITE cision préfectorale, estimant que, conduite à la frontière, serait mal cérémonies du jubilé à Paris. Tan- célébrée à Longchamp en 1997, mande d’asile territorial, qui sera Mais, le 12 mars 1999, le coupe- compte tenu de la durée et des accueillie dans les services préfec- dis que les autres diocèses de l’accent est mis sur les sacrements. transmise au ministère de l’inté- ret tombe : le ministère rejette sa conditions de séjour en France de toraux. France ont retenu la date de la rieur. Une demande qui suspen- demande, au motif que son dos- Nadir, et du caractère récent des « Notre obligation morale, ex- Pentecôte pour organiser des AMBIANCE BON ENFANT drait l’arrêté de reconduite à la sier n’entre pas dans le cadre de liens noués dans le cadre du PACS, plique Me Chanon, c’est de le fixer grands rassemblements, le diocèse Les adultes catéchumènes – ils frontière. l’article 13 de la loi sur le droit l’arrêté ne porte pas une atteinte dans un délai le plus court possible. de la capitale a choisi la semaine seront 242 à être baptisés cette an- Nadir T. est entré en France le d’asile. Nadir demande alors à la au respect dû à sa vie privée et fa- Ses meilleures chances de parvenir sainte, parce qu’« à la Pentecôte, née au cours des cérémonies de 8 septembre 1998 avec un visa de préfecture du Rhône une carte de miliale. Le tribunal considère que à un résultat sont de reformuler tous les Parisiens sont partis ». Pâques – puis les confirmés, les sé- court séjour, quelques jours après séjour. Le 1er avril, la préfecture lui l’Algérien n’apporte pas de « pré- une demande d’asile territorial en Mgr Lustiger a donc célébré la minaristes, les prêtres, les couples avoir reçu, assure-t-il, dans sa case signifie son refus et précise que sa cisions ou justifications suffisantes » apportant des éléments perti- messe chrismale, une cérémonie mariés sont présentés à la foule : du barreau d’Alger, une lettre si- décision n’est pas contraire à la quant aux risques que lui ferait nents. » qui a lieu tous les ans avant tous, tour à tour, sont applaudis, gnée du groupe armé lui enjoi- convention européenne des droits courir un retour dans son pays Pâques, et au cours de laquelle les fêtés, au milieu des jeux de lu- gnant, sous peine de mort, de se de l’homme, « dans la mesure où il d’origine. Sophie Landrin « huiles saintes » utilisées pour les mières, des rythmes jazz ou plus sacrements sont solennellement solennels, dans une ambiance bon bénies : l’huile des catéchumènes enfant. (ceux qui se préparent à recevoir le Robert Hossein, qui met en baptême), le Saint-Chrême (utilisé scène en ce moment à Paris un pour le baptême, la confirmation, spectacle Jésus, la Résurrection, ainsi que l’ordination des diacres, vient lire au pupitre la première prêtres et évêques), et l’huile pour lecture, tirée du livre d’Isaïe. Puis l’onction des malades. l’archevêque de Paris consacre son Pour mettre en scène cette célé- homélie à l’engagement chrétien, bration, le diocèse de Paris a fait en s’adressant particulièrement appel à Jacques Le Disez, qui avait aux jeunes : « Qui que tu sois, il n’y déjà travaillé au Champ-de-Mars a pas d’échec pour toi... Il n’y a pas et à l’hippodrome de Longchamp, d’échec pour l’amour qui donne sa en 1997, pour la liturgie des Jour- vie. » A la fin de la cérémonie, tan- nées mondiales de la jeunesse dis que le public, très familial, se (JMJ). Sur la vaste scène de Bercy disperse autour du Palais omni- s’étale un immense tapis bleu mar- sports, Thierry Grandjean, respon- qué d’une croix blanche, reliant sable de la communication du dio- l’autel et le pupitre où sont lues les cèse, réfléchit tout haut : « Nous Ecritures. Une croix lumineuse, hésitions à louer Bercy ; finalement, d’un bleu électrique, flotte dans les nous aurions pu réserver le Parc des cintres. Douze grands vases argen- princes... » tés, contenant les « huiles saintes », sont portés en processsion, puis Xavier Ternisien Le juge Jean-Pierre Murciano « réprimandé » par le CSM LE CONSEIL supérieur de la magistrature (CSM), statuant en matière disciplinaire, a prononcé, mercredi 19 avril, « une réprimande avec ins- cription au dossier » à l’encontre de Jean-Pierre Murciano, juge d’ins- truction de Grasse (Alpes-Maritimes). Poursuivi pour « manquement à l’obligation de discrétion professionnelle » et « manquement à l’hon- neur », le juge se voyait reprocher d’avoir adressé à Bernard Tapie, le 1er décembre 1997, une lettre portant à sa connaissance des éléments recueillis dans le cadre de ses fonctions, afin d’aider M. Tapie dans ses démêlés judiciaires avec le Crédit lyonnais (Le Monde du 24 mars). La décision du CSM est conforme aux réquisitions de Régis de Gouttes, directeur des services judiciaires et représentant de la garde des sceaux à l’audience du 22 mars. Me Alex Ursulet, avocat de M. Murciano, a indiqué que son client allait former un recours devant le Conseil d’Etat. « Même si c’est la plus petite des sanctions, elle porte atteinte à l’honneur et à la réputation du magistrat qui va donc la défé- rer à la censure du Conseil d’Etat », a-t-il indiqué. En Guyane, une avalanche de boue ensevelit sept personnes SEPT PERSONNES au moins étaient toujours portées disparues, jeu- di 20 avril en début de matinée, à la suite d’un glissement de terrain qui a touché mercredi la route reliant Cayenne au port de Degrad des Cannes, en Guyane. La masse de terre, haute de 12 mètres et large de 80 mètres, a atteint une usine de produits laitiers, prenant au piège une partie du personnel. Les secours ont pu extraire de l’usine deux personnes indemnes et conduire cinq autres légérèment blessées à l’hôpital de Cayenne. Un détachement de cinquante spécialistes, avec des chiens d’avalanche et deux tonnes de matériel, venant de la base d’Istres (Bouches-du-Rhône) était attendu à Cayenne dans la matinée de jeudi. Les fortes pluies enregistrées depuis plusieurs jours, conju- guées à la proximité d’une source souterraine, seraient à l’origine de la catastrophe.

DÉPÊCHES a PÉDOPHILIE : les familles souhaitant consulter le fichier de 470 photos d’enfants extraites d’un CD-Rom de vidéos pornogra- phiques saisi au domicile d’un pédophile néerlandais, Gerrit-Jan Ul- rich, assassiné en juin 1998 en Italie, peuvent s’adresser à la brigade de protection des mineurs de Paris (tél. : 01-53-71-31-97 ou 01-53-71- 47-34). Deux informations judiciaires liées à ce dossier sont en cours, après que deux mères eurent reconnu leur enfant sur ce fichier. a FAITS DIVERS : le tribunal correctionnel de Lille a condamné, mercredi 19 avril, à deux cents heures de travaux d’intérêt général (TIG) sept jeunes interpellés lundi soir durant les incidents qui ont suivi la mort de Riad Hamlaoui, tué par un policier dans la nuit de sa- medi à dimanche. Les sept jeunes gens, jugés en comparution immé- diate, ont été condamnés pour « attroupement armé ». Sept autres jeunes mineurs ont été remis en liberté. LeMonde Job: WMQ2104--0013-0 WAS LMQ2104-13 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 09:50 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0466 Lcp: 700 CMYK

13 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 Saint-Nazaire voit affluer les « emplois-paquebot » Le développement du tourisme de croisière a relancé les Chantiers de l’Atlantique. Pour faire face aux carnets de commandes, la ville accueille de nombreux salariés, français et étrangers, souvent pour des durées limitées, en espérant qu’ils resteront SAINT-NAZAIRE ventilation a décroché un contrat ans. Le carnet de commandes est ces ports où la construction navale très recherchées. Sitôt libres, elles dès 19 heures. Les nouveaux venus (Loire-Atlantique) avec les Chantiers. Ils ont suivi. plein : dix-sept paquebots doivent est morte, ou moribonde. sont louées, voire vendues. Ce espèrent vaincre la « réserve » des de notre envoyée spéciale Après un mois à l’hôtel Formule 1, être livrés d’ici à 2005, dont le Presque en face de la gare, le bu- n’est qu’un début : les familles ar- habitants. Ils ne connaissent de Saint-Na- ils habitent ensemble, depuis quel- Queen Mary II, le plus grand du reau d’accueil des nouveaux arri- rivent, de plus en plus nom- Du côté de la mairie, on sait le zaire que l’avenue de Penhoët, en- ques jours, un chalet à Saint-An- monde. vants tourne à plein depuis le dé- breuses. Le centre de la ville est moment crucial. La prochaine ren- filade de cafés et de cabanes à dré-des-Eaux. L’obtention de ce contrat par les but de l’année : mille quatre cents embouteillé, les places de parking trée scolaire sera décisive. Para- frites où les ouvriers des Chantiers Dans le port, six paquebots de Chantiers de l’Atlantique consacre personnes en janvier, huit cents en rares. doxe : alors qu’il faut construire de l’Atlantique et de leurs sous- croisière sont sur cale. Le Renais- la place prépondérante de Saint- février, autant en mars. Les trois Le taux de chômage a chuté de traitants viennent déjeuner en vi- sance et le Millenium sont presque Nazaire dans le marché des ba- quarts sont des hommes seuls, 17 % à 13 % en deux ans. Pourtant, tesse. Au début, ces quatre Lorien- terminés : ils seront livrés en mai. teaux de croisière, en pleine ex- embauchés pour quelques se- l’heure n’est pas à l’euphorie. La « Gérer la reprise, tais rentraient chez eux après le Neuf mille personnes travaillent pansion (Le Monde du 3 avril). maines ou quelques mois, ou des ville a frôlé la catastrophe – la fer- travail, mais, ce soir, un nouveau aujourd’hui sur le site des Chan- Mais les hommes manquent. En pères de famille venus en éclai- meture des chantiers – en 1997. c’est aussi difficile logement les attend : des cara- tiers de l’Atlantique (Alstom), dont particulier les ingénieurs, les chau- reurs. « Ils s’imaginent qu’ils vont Elle attend de voir. Prudence, aus- vanes à Saint-Brévin, de l’autre cô- 70 % chez des sous-traitants. Il y a dronniers et les soudeurs. Révolu- trouver un petit hôtel pas cher et fa- si, en mairie : « Ce que nous ga- que de gérer la crise, té de l’estuaire de la Loire. Ils sont un an, l’effectif était de six mille. tion dans l’industrie navale : quel- cilement », dit Audrey Plantard, la gnons aujoud’hui, il faut l’investir, se là pour neuf mois, ils veulent sim- Dans un an, il grimpera à douze ques soudeuses et des tuyauteuses responsable du bureau. Mais les diversifier pour mieux tenir au pro- mais nettement plement « gagner un maximum mille. Les Chantiers eux-mêmes viennent d’entrer en fonction. Les hôtels sont bondés, les chambres chain mauvais coup », explique le d’argent et rentrer au plus vite », re- ont embauché plus de sept cents départements limitrophes, Vendée meublées et les studios introu- maire (MDC), Joël Batteux, habi- plus trouver femme et enfants : « c’est employés depuis le lancement de et Morbihan, ne peuvent plus vables. Restent les caravanes, bun- tué à l’« histoire cyclique » de sa ça ou le chômage ». Un peu plus Cap 21, le plan de relance de l’en- fournir en personnel, il faut cher- galows ou mobil-homes dans les ville, liée aux Chantiers, qui em- enthousiasmant » loin sur l’avenue, cinq Creusois fi- treprise, en avril 1998, et prévoient cher à Dunkerque, Cherbourg, Le campings des alentours. Les mai- ploient un Nazairien sur sept. nissent un café. Leur entreprise de encore mille embauches d’ici deux Havre, Marseille ou La Ciotat, tous sons à quatre chambres sont aussi « Gérer la reprise, c’est aussi diffi- Joël Batteux cile que de gérer la crise, mais nette- ment plus enthousiasmant. » « Il y a un an, les Chantiers n’avaient pas des logements, les chantiers d’im- mesuré l’enjeu social de leur plan de meubles prennent du retard, tous Ces Polonais spécialisés passés de la Baltique à l’Atlantique développement », se souvient les ouvriers travaillent au port. Le SAINT-NAZAIRE (Loire-Atlantique) il n’y a plus de soudeurs en France ! », poursuit tion met des freins, elle a peur du dumping so- M. Batteux. Pour aider les « déra- maire, toutefois, ne peut que se ré- de notre envoyée spéciale ce cadre. Il assure que ces employés polonais cial. Mais Saint-Nazaire a fait le plein de l’em- cinés » à s’installer, la ville a ouvert jouir des hasards du calendrier. Le Pourquoi sont-ils venus ? « Pour l’expé- lui coûtent plus cher que des Français : l’entre- bauche ! » Les frontières sont ouvertes pour un bureau d’accueil. Les nom- projet de création d’un nouveau rience ! », répondent dans un bel ensemble prise doit payer leurs déplacements, leur nour- les ouvriers européens. Pourtant, selon breuses associations ont été inci- quartier, Ville-Port, autour de la Leszec K. et Grzegorz M., deux soudeurs origi- riture et leur logement. Mais leur contrat ne George Sotiropoulos, directeur d’une société tées à contacter elles-mêmes les base sous-marine héritée de la naires du nord de la Pologne employés par un dure que six mois. S’ils admettent la pénurie grecque sous-traitante des Chantiers, les arrivants. Il s’agit de bichonner les guerre, paraissait disproportionné sous-traitant des Chantiers de l’Atlantique. de main-d’œuvre à Saint-Nazaire, les ouvriers contrats restent peu nombreux. « immigrants de l’intérieur », de quand il a été lancé, au milieu des L’interprète répond souvent à la place de ses français acceptent mal la venue d’étrangers. Pour Philippe Kasse, le directeur de la les séduire pour mieux les garder. années 80, en pleine crise : un mul- compatriotes : « Ils gagnent trois ou quatre fois Dans cette entreprise d’aluminium, la cohabi- communication des Chantiers, ceux-ci « n’ont Saint-Nazaire joue gros, mais va tiplexe, des commerces, une disco- plus ici qu’en Pologne. » A l’entendre, ce séjour tation est tendue. La direction, elle, est satis- pas d’a priori contre l’appel aux travailleurs avoir fort à faire. Ville basse, pâle, thèque, des logements, un super- à plus de 2 000 kilomètres de Gdansk et Gdy- faite. « C’était un pari. Nous n’avions jamais étrangers, mais commencent par recruter en à angles droits, elle a été complè- marché... L’inauguration, le nia, leurs lieux de travail habituels, ressemble travaillé avec des étrangers et nous sommes très France ». Dans le port, on croise, outre des Po- tement reconstruite après les 23 avril, de l’exposition-spectacle à une colonie de vacances. Les Polonais ha- contents du résultat. Ce sont de vrais profession- lonais et des Grecs, Croates, Hongrois, Sué- bombardements de la seconde sur l’histoire des paquebots « Es- bitent tous une maison à Saint-Brévin nels de la navale. » dois, Finlandais, Portugais, Italiens, Espagnols, guerre mondiale. On lui reconnaît cal’Atlantic », une des premières – « comme une famille ! » – et font du tourisme Australiens... La plupart sont très spécialisés ; sa « commodité », mais pas de réalisations de Ville-Port, tombe à en minibus le week-end. UNE COLONIE EN VASE CLOS tous sont employés pour des missions ponc- « souffle », ni même de « visage ». pic. « Quand le projet est né, je crai- L’entreprise, spécialisée dans l’aluminium, C’est Philippe Babin, pour le compte de tuelles. Comme les Français, ils logent dans Patrick Brocard, un ingénieur de gnais qu’il ne soit un mausolée de la qui les emploie préfère rester anonyme, car l’Agence de coopération pour l’Europe de la des maisons ou des campings des alentours. vingt-huit ans, qui vient du Havre, navale », dit le maire. En sortant « pour des chômeurs il est difficile de mer (ACEM), qui a réussi, « à force de persua- Peu nombreux – d’après la ville, les étrangers elle aussi reconstruite, préfère les de l’exposition, les visiteurs auront comprendre qu’on emploie de la main-d’œuvre sion » et de démarches auprès des directions représentent 10 % à 15 % des nouveaux arri- « audaces architecturales ha- sous les yeux de vrais paquebots étrangère ». En un an, la taille de l’entreprise a départementales du travail, à faire venir une vants –, ils vivent en vase clos. vraises » à l’uniformité nazairienne en construction. presque doublé. « Tout a été fait pour recruter centaine d’ouvriers polonais dans plusieurs et se désole que la ville – soixante- sur place. Mais j’ai des commandes à réaliser, et chantiers de la côte atlantique : « L’administra- Ga. D. cinq mille habitants – s’assoupisse Gaëlle Dupont LeMonde Job: WMQ2104--0014-0 WAS LMQ2104-14 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 09:50 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0467 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 HORIZONS ENQUÊTE Les fantômes du docteur Gross VEC son crâne huit ans. Heinrich Gross, lui, s’en chienne lui décerne la « croix d’hon- ture décente, la fin de l’hypothé- dégarni, son re- Accusé d’avoir est bien sorti, alors qu’il avait signa- neur de 1ère classe pour la science et tique procès), a même traité le Dr gard incertain, ses lé dès 1940 de jeunes patients à la la culture ». Gross de « meurtrier ». Ce réveil joues colorées sciemment provoqué, sinistre « Commission du Reich », et Il est alors un neuropsychiatre des consciences traduit un change- par la couperose, signé de sa main, durant cette très apprécié des tribunaux, un ment de génération. Les jeunes po- Heinrich Gross a sous le régime nazi, période, quelque 238 certificats de bourreau de travail qui se flatte liticiens conservateurs ou socia- fini, après tant décès. D’abord condamné en 1950 d’avoir effectué – jusqu’en 1998 ! – listes qui, à l’âge du lycée, ont A d’années, par res- la mort de nombreux pour simple « complicité d’homi- quelque 30 000 expertises. Aussi, entendu des témoins directs de la sembler à un très cide », il bénéficie très vite de l’in- lorsque vers le milieu des années Shoah ou de la répression nazie vieil enfant. À un vieil enfant rusé, enfants pour dulgence des magistrats, qui ré- 70, il est brusquement confronté à (grâce aux milliers de discussions et non à ces jeunes patients au vi- visent le jugement puis classent le un détenu, Friedrich Zawrel, qui se organisées depuis vingt ans dans les sage précocement marqué par l’an- non-conformité dossier. Sa principale ligne de dé- souvient d’avoir encouru jadis ses classes par le ministère autrichien goisse qu’il examinait, mesurait, fense : il a demandé dès 1942 à ser- sévices au « Spiegelgrund » (notam- de l’éducation), n’admettent plus classait, condamnait parfois à mort avec les idéaux vir dans la Wehrmacht. En outre, ment de douloureuses injections en les compromis honteux passés jadis lorsqu’il les jugeait « inutiles au des infirmières sont venues témoi- guise de punition), le Dr Gross lui par leurs aînés. peuple allemand ». Et dont il a mi- de la race aryenne, gner qu’il se montrait très gentil promet la liberté en échange de son Le 6 avril, le nouveau chef du nutieusement exploité, après la avec les enfants. silence. Puis n’hésite pas à utiliser SPÖ, Alfred Gusenbauer, quarante guerre, les cerveaux conservés dans le Dr Heinrich Gross, une vieille expertise du Dr Illing ans, présentait des excuses offi- du formol, base de ses recherches ARIANNE TÜRK, sa pour garder ce témoin gênant der- cielles pour toutes les « taches scientifiques et de sa fructueuse quatre-vingt-quatre ans, peine purgée, s’est consi- rière les barreaux. brunes » qui ont terni la réputation carrière comme expert psychiatre M dérée comme indigne auprès des tribunaux autrichiens. a longtemps bénéficié d’exercer la médecine et a travaillé Le 21 mars, ils se sont enfin re- jusqu’à la retraite comme caissière Certains survivants sont hantés trouvés face à face dans une salle de la mansuétude dans un magasin. Le Dr Gross, lui, de tribunal. Sur le banc des té- n’a pas eu de tels scrupules. En par le souvenir des pleurs de ces bébés moins : trois rescapés du « Spiegel- des autorités 1953, il adhère au Parti socialiste au- grund », une clinique pédiatrique trichien, le SPÖ : une conversion déjà chétifs qu’on exposait au froid, la nuit, viennoise où, pendant la deuxième autrichiennes. opportune pour ce nazi de la pre- guerre mondiale, sous couvert de mière heure, membre dès 1932 des sur le balcon d’un des pavillons, traiter des mineurs handicapés ou Et particulièrement Jeunesses hitlériennes puis du Stur- inadaptés socialement, le personnel mabwehr (SA), qui étaient, avant et dont un employé ramassait, au matin, médical a sciemment provoqué la des dirigeants l’Anschluss, des organisations illé- mort de plusieurs centaines d’entre gales en Autriche. Mais ses nou- les corps bleuis eux. Sur le banc des accusés : le socialistes. Son procès velles convictions vont grandement docteur Heinrich Gross, quatre- faciliter sa carrière dans un pays où, vingt-quatre ans, qui fut leur méde- vient d’être suspendu une fois passée la vague de répres- Mais le scandale éclate. En jan- de la social-démocratie. A cin. sion antinazie initiée par les Alliés vier 1979, de jeunes médecins du commencer par les insultes « inac- Mais son procès pour le meurtre (28 000 procédures, 13 000 condam- Groupe Médecine critique, animé ceptables » proférées par Bruno de neuf enfants, devant la cour nations), l’heure est à l’oubli et à la par le chirurgien Werner Vogt, per- Kreisky contre Simon Wiesenthal, d’assises de Vienne, a été suspendu réconciliation. En 1962, l’ancien su- turbent à Salzbourg un colloque de qu’il avait accusé d’être un agent de au bout d’une demi-heure. Les ma- bordonné du Dr Illing devient Pri- psychiatrie où le Dr Gross doit dis- la Gestapo. Ce dernier avait eu le gistrats se sont laissé convaincre marius, médecin-directeur de la cli- serter sur les « homicides commis tort de révéler que le brillant chan- par le rapport d’un expert réputé nique neurologique dont dépendait par des malades mentaux ». Les tru- celier socialiste, lui-même juif et ré- qui constatait une forte diminution, l’unité du « Spiegelgrund ». Très blions crient haut et fort que «Ho- sistant, avait conclu une alliance ces derniers mois, des facultés men- vite, ses amis socialistes lui per- micides commis SUR des malades électorale secrète avec l’ancien SS tales du Dr Gross. Le soir même, la mettent aussi de créer un labora- mentaux » serait un thème plus Friedrich Peter (alors chef du Parti télévision autrichienne diffusait une toire de recherche sous le label du conforme au lourd passé du confé- de la liberté, le FPÖ), membre pen- assez longue interview, enregistrée prestigieux Institut Boltzmann. En rencier. Soutenu par la chambre dant la guerre d’une brigade de à la sortie du tribunal, où l’inculpé 1975 enfin, la République autri- syndicale des médecins, Heinrich tueurs chargée de liquider par di- se montrait beaucoup plus vif d’es- Gross porte plainte en diffamation zaines de milliers les juifs russes. prit qu’on n’aurait pu s’y attendre. – et perd en deuxième instance son La presse ironise, et le président procès contre Werner Vogt, en A raison pour laquelle le SPÖ du tribunal se sent berné : qui en 1981 : le tribunal conclut que le neu- s’est montré si accommodant effet, mieux qu’un psychiatre che- ropsychiatre a très probablement L après 1945, explique Simon vronné, peut simuler les symp- participé à de nombreux crimes Wiesenthal au quotidien Standard, tômes de la démence sénile ? Il a d’euthanasie. Le SPÖ a – quand c’est que la social-démocratie s’est ordonné, depuis, une nouvelle ex- même – fini par l’exclure de ses retrouvée pratiquement sans intel- pertise, qui sera conduite dans les rangs. lectuels : « Pour les 200 000 juifs qui prochaines semaines. Pourtant les Pourtant le ministre de la justice vivaient en Autriche avant-guerre, familles des victimes désespèrent de l’époque, le socialiste Christian dont nombre de médecins et d’avo- de voir un jour le Dr Gross ré- Broda, oppose un refus à toutes les cats, la possibilité d’adhérer à un pondre de ses actes. tentatives pour rouvrir le dossier parti politique était restreinte, car les Cela fait cinquante-six ans que Gross, au motif qu’on manque chrétiens-sociaux exigeaient une ori- l’ancien médecin du « Spiegel- d’« éléments nouveaux ». Ce grand gine "aryenne". Beaucoup avaient grund » ne veut plus se souvenir. modernisateur du droit de la fa- donc rejoint le SPÖ ». L’extermina- Surtout pas d’avoir signalé certains mille, ami intime du chancelier Bru- tion ou l’exil forcé des juifs autri- patients à la « Commission du no Kreisky, est convaincu qu’il se- chiens a creusé dans les rangs du Reich », à Berlin, secrètement char- rait nocif pour la société parti un vide que l’on a comblé gée par Adolf Hitler de superviser le autrichienne d’aller chercher les ca- avec les anciens nazis, à une programme d’euthanasie mis en davres au fond des placards où la époque où il fallait reconstruire le œuvre dès septembre 1939 par le mémoire collective les a relégués. pays en partageant systématique- régime national-socialiste. Ni Il adopte la même position dans ment tous les postes de responsabi- d’avoir reçu en retour la lettre par les nombreux cas où Simon Wie- lité entre conservateurs et socia- laquelle les autorités nazies, dans senthal, le célèbre chasseur de na- listes. leur langage codé, recommandaient zis, fournit des éléments précis sur Mais l’indulgence manifestée en- un « traitement spécial » – c’est-à- des criminels qui ont échappé aux suite par Bruno Kreisky pèse depuis dire la mort, souvent par injection poursuites. Simon Wiesenthal se longtemps sur la société autri- de luminal, un barbiturique alors bat aussi, en vain, pour que ces af- chienne : « Cela a réduit à néant les très répandu, choisi précisément faires soient jugées uniquement par critères de morale politique », com- parce qu’il risquait moins d’éveiller des magistrats : « Nous avons eu un mente Hans Rauscher, éditorialiste les soupçons. procès à Salzbourg dans lequel, sur du quotidien libéral Standard, qui Ainsi ce bébé affligé d’un bec-de- huit jurés, cinq étaient d’anciens na- voit là le « péché originel » du vieux lièvre, qualifié de « grave malforma- zis », soupire-t-il aujourd’hui. Les chancelier. tion » dans le rapport du Dr Gross, conséquences sont évidentes : lors La mémoire de l’Autriche est et qui meurt quatre semaines après du dernier « procès nazi » intenté donc au purgatoire. Ces dernières l’examen, fin août 1944. Dans la en Autriche, qui remonte à 1975, le années, en partie à cause de l’af- plupart des certificats de décès si- jury avait acquitté à l’unanimité un faire Gross, un remarquable travail gnés par les différents médecins, à ancien SS du camp de Mauthausen, de clarification a été accompli par l’époque, revient la même formule en dépit des témoignages acca- les nouvelles élites médicales, no- stéréotypée : « congestion pulmo- blants portés contre lui par des sur- tamment par la Wiener klinische naire », ou « infection intestinale ». vivants. Wochenzeitschrift, la Revue clinique Il ne fait pas de doute, pour la « L’affaire Gross est une méta- de Vienne, fleuron d’une époque justice comme pour les historiens, phore de l’attitude de l’Autriche glorieuse où la médecine viennoise que le « Spiegelgrund » a été l’un après la guerre », résume la journa- était à la pointe de la recherche. des centres pédiatriques, parmi une liste Marianne Enigl, du magazine Brutalement « aryanisée » en 1938, quarantaine d’autres dans le Reich, Profil, dont l’enquête patiente a et relancée seulement en 1996, la où l’on a appliqué sans états d’âme permis de relancer la procédure. En revue a publié un numéro entière- le programme d’« élimination » de 1995, des archives jusqu’alors jalou- ment consacré à la médecine nazie ceux qui n’étaient pas conformes sement gardées de la Stasi, l’an- et à la persécution des médecins aux idéaux de la race aryenne. Sur cienne police politique d’Allemagne juifs, qui constituaient avant-guerre les 798 enfants qui y sont morts du- de l’Est, émerge enfin un document plus de 50 % du corps médical. rant la période nazie, on estime décisif : une lettre élogieuse du Dr Pourtant, « le cas Gross est un qu’une majorité de décès peuvent Illing précisant aux autorités de scandale pour notre justice, bien plus être imputés directement à des me- Berlin que son jeune collègue Hein- que pour la médecine », affirme sures « euthanasiques ». Certains rich Gross a mis à profit une longue Gustav Spann, enseignant à l’Insti- survivants sont hantés par le souve- permission militaire, à la fin de l’été tut d’histoire contemporaine de nir des pleurs de ces bébés déjà 1944, pour exécuter « une bonne Vienne et membre de la commis- chétifs qu’on exposait au froid, la partie du travail de la Commission sion nationale d’historiens chargée nuit, sur le balcon d’un des pavil- du Reich », c’est-à-dire de la section depuis deux ans d’étudier l’indem- lons, et dont un employé ramassait, chargée d’euthanasier les enfants. nisation de toutes les victimes du au matin, les corps bleuis. Le successeur de Christian Broda nazisme. Les « enfants du Spiegel- Le directeur de la clinique, le Dr à la justice n’est membre d’aucun grund » (on a retrouvé 17 survi- Ernst Illing, a d’ailleurs été pendu parti et n’a plus les mêmes réti- vants) se battent toujours pour être en 1946 pour « assassinat » des en- cences. Le responsable de la santé reconnus comme tels. Et ont écrit fants dont il avait la charge. La su- au sein de la municipalité socialiste au président de la République, Tho- périeure immédiate du Dr Gross, le de Vienne, choqué de découvrir mas Klestil, afin que l’on retire au Dr Marianne Türk, aujourd’hui l’un dans les sous-sols du « Spiegel- moins au Dr Heinrich Gross sa des principaux témoins de l’accusa- grund » une collection de plus de croix d’honneur. tion, s’est vu infliger dix ans de ré- 400 cerveaux humains (qui devront clusion. Une infirmière a écopé de attendre, pour trouver une sépul- HERWIG PRAMMER/REUTERS Joëlle Stolz LeMonde Job: WMQ2104--0015-0 WAS LMQ2104-15 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0468 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / 15 L’OMC toujours traumatisée par Seattle 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F PLUS de quatre mois après pour piloter les négociations. De culture, sujet conflictuel entre peine imaginer ce qui nous attendra Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 l’échec de la conférence ministé- même, le directeur général de tous, s’annoncent beaucoup plus sur des questions beaucoup plus dé- Changement d’adresse et suspension : 0 803 022 021 (0,99 F la minute). rielle de Seattle, l’Organisation l’OMC, Mike Moore, qui s’était en- ardues. A Seattle déjà, le dossier licates. » Internet : http : //www.lemonde.fr mondiale du commerce (OMC) gagé à présenter avant les va- agricole avait été une des princi- Son collègue brésilien, M. Amo- ÉDITORIAL peine toujours à retrouver ses cances de Pâques un rapport desti- pales pommes de discorde qui rim, voit également dans ces péri- marques. Si besoin était, les pro- né à rapprocher les points de vue avaient fait capoter la réunion mi- péties « un symptôme des difficultés fondes divergences d’intérêts qui entre pays en développement et nistérielle. Les mêmes causes pro- à venir ». La représentante de la subsistent ont refait surface dès nations industrialisées, n’a guère duisant les mêmes effets, il n’est France, Laurence Dubois-Destri- La science et la vérité l’ouverture, fin mars, d’une session eu plus de succès dans sa tentative dès lors guère étonnant que les zais, observe : « Si les conditions spéciale du Conseil général, qui de- de débloquer la situation. pays aux positions les plus tran- avaient été réunies à Seattle pour E n’est pas la pre- à de multiples dérives, en parti- vait donner le coup d’envoi à des Faute de la mise en train d’un chées se soient retrouvés face à entreprendre des négociations plus mière fois que les sa- culier judiciaires et médiatiques. négociations sur l’agriculture. nouveau cycle de négociations face. larges, nous n’en serions pas à nous C vants, à la demande Les expertises génétiques ont Avant de se fixer un nouveau multilatérales à Seattle, les dos- Un des candidats favoris était battre comme des chiffonniers dès le des historiens ou des déjà fait leurs preuves : elles ont rendez-vous, en juin, les représen- siers en suspens de l’agriculture et l’ambassadeur du Brésil, Celso début pour la présidence du comité juges, apportent leur contribu- en diverses circonstances aidé à tants des 135 membres ont sans des services devaient être repris en Amorim, ancien ministre des af- sur l’agriculture. » tion à la recherche de la vérité. confondre des coupables ou à doute pu se mettre d’accord sur un janvier 2000, conformément aux faires étrangères, réputé pondéré En l’absence de consensus, l’am- Reste que le recours aux tests innocenter des suspects ; elles calendrier pour les douze pro- accords de l’Uruguay, conclus à et aux compétences reconnues. Il bassadeur de Nouvelle-Zélande, ADN pour résoudre des énigmes sont de plus en plus utilisées chains mois, mais ils se sont quittés Marrakech en 1994. Si les pourpar- n’a cependant pas trouvé grâce Roger Farrell, qui dirige le comité qui sont parfois restées long- dans des actions en recherche sans être parvenus à s’entendre sur lers sur les services ont redémarré aux yeux de l’Union européenne. sur les marchandises, dont dépend temps sans solution donne aux de paternité ; elles sont deve- le nom d’un président de comité en février, les discussions sur l’agri- Soutenu par les Etats-Unis, l’agriculture, a été chargé de prési- révélations de la science une di- nues un instrument d’investiga- M. Amorim avait contre lui de ve- der à titre provisoire le début des mension spectaculaire. tion et de vérification efficace, nir d’un pays membre du groupe négociations. Cette première ses- Enigmes historiques : l’identi- qui apporte aux policiers et aux de Cairns, qui réclame une libérali- sion spéciale a tout au plus été fication de Louis XVII, dont il juges un secours précieux. sation rapide des marchés agri- l’occasion d’établir un calendrier est aujourd’hui acquis, grâce à Encore faut-il savoir s’en ser- par Kerleroux coles ainsi que l’abolition des sub- pour permettre aux membres de l’analyse de quelques fragments vir et ne pas en attendre plus Les gens ventions européennes à présenter leurs propositions, avant de cœur, qu’il était bien l’enfant que ce que leur usage peut of- l’exportation. Pour sortir de l’im- une réunion prévue en mars 2001 mort à la prison du Temple en frir. Il faut d’abord se souvenir passe, certains avaient suggéré le pour les examiner. En fait, les 1795, s’ajoute à d’autres affaires que les tests ADN sont un outil nom de l’ambassadeur du Maroc, pourparlers ne commenceront pas résolues par les mêmes procé- parmi d’autres et qu’ils ne sont Nacer Benjelloun, un des porte- vraiment avant une année, et cer- dés, comme celle de la famille pas en eux-mêmes porteurs de parole les plus écoutés des pays en tains pays moins pressés, comme impériale russe, exécutée à Eka- la vérité. Celle-ci se construit, à développement. Mais il a suffi que les Européens et le Japon, rap- terinbourg en 1918, dont les os- partir d’indices, de témoignages, l’Union européenne fasse allusion pellent que le délai échoit en 2003 sements exhumés il y a quel- de déductions. Elle n’est pas le à sa candidature pour le rendre pour les conclure. En attendant, les ques années ont fait l’objet d’un produit direct d’un procédé suspect au groupe de Cairns. Dans membres de l’OMC doivent pour- examen jugé probant, ou celle scientifique, aussi fiable soit-il. ce climat délétère, divers délégués suivre leurs consultations pour du président américain Thomas La panoplie des enquêteurs se sont livrés à des échanges d’in- trouver un président au profil suf- Jefferson, dont on sait avec s’enrichit donc d’un nouveau vectives peu amènes. Allant jus- fisamment neutre afin d’être agréé certitude, près de deux siècles moyen, celui-ci ne les dispense qu’à parler de « tragédie », l’Aus- par tous. après sa mort, qu’il a eu au pas – ils le savent bien – des tralie ne s’est pas embarrassée de C’est aussi sur un constat de dé- moins un enfant de son esclave contrôles et recoupements in- circonlocutions pour fustiger le saccord que les participants à la Sally Hemings. Trois affaires dispensables. « veto » de l’Union européenne. Et dernière séance du Conseil général qui, touchant au cœur même Ensuite, l’immixtion accrue de les Quinze de soupçonner les se sont séparés, le 10 avril, n’ayant de la mémoire collective des la police et de la justice dans la 18 membres du groupe de Cairns pas réussi à s’entendre pour amé- peuples concernés, ne relèvent vie privée des personnes, que de n’avoir d’autre objectif que l’éli- liorer l’accès aux marchés des pays pas seulement d’un passé révo- permet cette avancée de la mination des subventions agricoles les moins avancés (PMA). L’UE, les lu. science, pose, à l’évidence, quel- européennes. Etats-Unis, le Canada et le Japon Enigmes judiciaires surtout : ques problèmes éthiques. Les ont fait de nouvelles propositions, certes, rien n’assure que l’ana- droits des individus doivent être « D’UN CLUB À UN SYSTÈME » mais sans aller jusqu’à lever totale- lyse d’un morceau de timbre col- soigneusement protégés et le re- La « foire d’empoigne », selon le ment les droits de douane ni les lé sur l’enveloppe d’une lettre cours à ces techniques indis- mot d’un participant, qui entoure quotas des produits agricoles et anonyme adressée aux grands- crètes soumis à des conditions la désignation du président du des textiles des PMA. Les intéres- parents du petit Grégory Ville- strictes. Le fichage génétique de comité sur l’agriculture rappelle fâ- sés se sont montrés d’autant plus min sera réalisable ou qu’elle populations entières est, à cet cheusement le bras de fer engagé il déçus qu’ils n’ont pas obtenu non permettra de trouver l’auteur de égard, une menace à prendre au y a un an pour le choix du direc- plus satisfaction sur l’approbation l’assassinat de l’enfant en 1984. sérieux. Rien n’indique que de teur général de l’OMC, qui avait fi- d’un budget pour la coopération Mais l’espoir renaît de voir enfin telles dérives soient probables, nalement débouché sur le partage technique, pas plus que sur la pro- élucidé un mystère qui a donné mais il n’est jamais trop tôt pour du mandat entre l’actuel titulaire, longation de la période de transi- lieu, pendant plusieurs années, se prémunir contre elles. le Néo-Zélandais Mike Moore, et tion qu’ils réclament pour les ac- le Thaïlandais Supachai, appelé à cords de l’OMC en vigueur. 0123 est édité par la SA LE MONDE lui succéder en 2002. « L’onde de Un autre problème récurrent Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani choc de Seattle n’a pas fini d’empoi- laissé en suspens concerne les me- Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; sonner l’atmosphère, remarque sures à prendre pour améliorer la Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint l’ambassadeur du Maroc. Avant, on transparence intérieure de l’orga- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau prenait en compte le profil d’un can- nisation. Beaucoup reste à faire Directeur artistique : Dominique Roynette didat plutôt que son appartenance à pour mieux informer sur ce qui se Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment un groupe. Aujourd’hui, il y a un passe dans les salons feutrés de Rédacteurs en chef : Alain Frachon (Editoriaux et analyses) ; grain de sable dans les rouages. On l’OMC. Après les dernières que- Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; est passé d’un club à un système où relles, un ambassadeur n’avait-il Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; tous les coups sont permis. Tout de pas pris la parole pour suggérer Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) suite, on sort les couteaux. Personne qu’il fallait dire à la presse que Rédacteur en chef technique : Eric Azan n’est prêt à céder, ne serait-ce que « tout va bien »... Médiateur : Robert Solé sur le moindre détail. Si on achoppe Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg déjà sur des préliminaires, on ose à Jean-Claude Buhrer Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président

grand antagonisme de la seconde mainmise complète sur le Tibet tenant avec elle qu’un rapport Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), L’Asie en quête moitié du XXe siècle. qu’elle avait annexé de facto en lointain. Certains sont, pour André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) Par contraste, l’hostilité qui ca- 1949-50. Dans les années de ten- l’heure, pacifiés. La frontière sino- Le Monde est édité par la SA Le Monde ractérise les rapports entre l’Inde sion active, la Chine populaire n’a russe, où se disloqua le « camp so- Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. et la Chine, d’une part, et entre cessé de vitupérer la démocratie cialiste » dans les années 60, est Capital social : 1 003 500 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, d’une « logique Fonds commun de placement des personnels du Monde, Pékin et Taïwan, d’autre part, indienne comme représentative tranquille. De même, l’Indochine Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, semble avoir perdu son ancienne d’un système politique inadapté à et la frontière sino-vietnamienne, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. teinture idéologique. Elle se cris- une grande nation libérée du colo- théâtre des premiers conflits ar- de paix » tallise plutôt sur les revendica- nialisme. més entre deux « frères » commu- Suite de la première page tions territoriales : une démarca- nistes, en 1978-79. ILYA50 ANS, DANS 0123 tion de la frontière himalayenne CRISE IDENTITAIRE Les facettes multiples de la Sur ces trois lignes de fracture, entre les deux pays les plus peu- Ces frontières de la démocratie guerre froide en Asie illustrent la les seuls intérêts nationaux, ou ce plés du monde, et une revendica- en terre asiatique passent par des manière dont le continent a filtré à « Aide-toi, l’Amérique t’aidera » qui en tient lieu aux yeux des tion de « souveraineté » que Pékin particularismes locaux qui contri- travers ses spécificités l’affronte- cercles dirigeants, sembleraient se refuse à concéder à l’île de Taï- buent à brouiller quelque peu la ment qui a dominé la seconde LA POLITIQUE étrangère des ront rien d’autre, tout au moins dicter aujourd’hui des affronte- wan. vision qu’on peut en avoir. La dé- moitié du XXe siècle. La paix reste Etats-Unis peut actuellement tenir avant que les Européens aient ments statiques qui, derrière une Il est quand même un plan émi- mocratie – ou son ébauche très fu- à construire dans les fractures lais- dans une formule laconique : ga- eux-mêmes réussi à se fédérer po- accalmie de façade, n’ont rien per- nemment politique où ces trois gace –, aujourd’hui mise entre pa- sées sur le terrain. Leçon à retenir : gner la guerre froide. Sans doute litiquement, économiquement et du de leur vigueur. Et qui se sont conflits se rejoignent : celui de la renthèses au Pakistan, n’a pas elle ne semble pas découler auto- l’Europe occupe-t-elle la première militairement. dans une bonne mesure aggravés démocratie. empêché ce pays, dans un passé matiquement du progrès écono- place dans les préoccupations des Le dicton « Aide-toi, l’Amérique par le fait de la course aux arme- A Taïwan et en Corée, la guerre récent, de pratiquer une fuite en mique. Les menaces de Pékin sur dirigeants de Washington. Mais ce t’aidera », qui n’a jamais cessé ments : l’Inde a rejoint le camp froide a permis à des dictatures lo- avant dans l’hostilité envers son Taïwan se sont accrues alors rang prioritaire ne saurait empê- d’être valable, est également vrai des puissances nucléaires décla- cales de perdurer plus longtemps voisin indien avec le soutien mili- même que le continent connais- cher que les Américains, soucieux dans le domaine des responsabili- rées, de même que son frère enne- que ne l’auraient laissé espérer taire explicite de la Chine totali- sait un début d’enrichissement. de pratiquer une diplomatie totale tés de politique étrangère. Was- mi pakistanais que soutient la leurs performances morales en ga- taire. Dans le détroit de Formose, L’amorce de décollage écono- à l’échelon mondial, n’assignent à hington ne consentira jamais à Chine, puissance nucléaire ma- rantissant, pour prix de la répres- le conflit est alimenté par une mique indien s’accompagne d’une l’Ouest européen un rôle nette- faire abandon d’un atome de sou- jeure ; le renoncement de la Corée sion politique, un fort décollage crise identitaire chinoise que ne affirmation nationale plus mar- ment défini : « tenir » à l’intérieur veraineté au profit d’un conseil du Nord à se doter de l’arme nu- économique. Puis ces régimes ont contribue pas à clarifier le natio- quée face à la Chine et d’un no- contre le virus communiste en lui occidental ou atlantique aussi cléaire ou d’autres armes de des- progressivement donné naissance nalisme taïwanais, enclin à verser table agacement devant le soutien rendant toute vie impossible par longtemps que ses partenaires truction massive demeure assorti à des démocraties – imparfaites, dans un régionalisme outrancier chinois au Pakistan. Les risques l’aménagement d’une économie n’aligneront pas eux-mêmes une de points d’interrogation ; la Co- mais où en est-il de parfaites ? – – quoique culturellement distincte pour la sécurité dans la péninsule robuste et bâtir une force capable « puissance consistante » due à rée du Sud et Taïwan ont renoncé qui permettent à leurs popula- de la Chine continentale en raison coréenne n’ont été que modéré- de résister le cas échéant à l’assaut leurs propres efforts. Or les Amé- au nucléaire militaire mais ne tar- tions de jouir du principe de gou- de son passé colonial, l’île appar- ment réduits par l’assistance extérieur. ricains estiment que les Européens deraient pas à en éprouver à nou- vernement reconnu comme, disait tient sans aucun doute possible à économique apportée par Séoul à Conscients que ce double pro- ne font pas plus d’efforts sur le veau la tentation, tout comme le Churchill, « le moins mauvais » : ce qu’il est convenu d’appeler le Pyongyang. cessus nécessitait absolument leur plan de l’association fédérative Japon, si un conflit grave éclatait. un homme, une voix. « monde chinois ». Inversement, Dans toutes ces équations, la intervention, les Américains ont que sur celui de la défense. La ligne de fracture coréenne, L’Inde, quant à elle, démocra- le nationalisme coréen, à fleur de variable la plus préoccupante de- successivement voté le plan Mars- dont la fixation géographique a tique dès sa naissance, vit encore peau dans le sud comme dans le meure le refus de la Chine d’obéir hall et le PAM, après ratification Maurice Ferro été d’un coût en vies humaines as- dans un traumatisme : dans l’idéa- nord de la péninsule, renforce le à des règles de comportement que du pacte atlantique. Mais ils ne fe- (21 avril 1950.) tronomique (2,5 millions de morts lisme de son chef Nehru, elle œu- sentiment que le pays ne saurait la communauté internationale se- en trois ans), est, de prime abord, vrait à la paix mondiale en tentant qu’être réunifié à terme tant est rait en droit d’attendre d’un la moins liée des trois à une que- d’insérer la Chine dans la commu- puissante l’identité partagée par membre permanent du Conseil de 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS relle territoriale documentée. Elle nauté internationale. Le conflit de les deux côtés du 38e parallèle. sécurité des Nations unies. Si la s’est fixée là comme un fait ac- 1962 fut pour elle une sévère leçon Une identité qui se définit à la fois disparition de l’Union soviétique Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr compli. Au sortir de la seconde de realpolitik. C’est bien parce que dans une culture commune et par a, dans une certaine mesure, ôté Télématique : 3615 code LEMONDE guerre mondiale, il y avait eu ur- Nikita Khrouchtchev a promis le opposition aux encombrants voi- du paysage asiatique un des prin- Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) gence à désarmer, dans la pénin- soutien de l’URSS à Mao Zedong sins que sont, pour ce peuple, la cipaux facteurs alimentant autre- ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) sule, les armées nippones vain- que ce dernier décida d’en dé- Chine et le Japon. fois la « logique de guerre », on ne cues. La tâche fut partagée coudre avec New Delhi pour des D’autres conflits asiatiques ont voit pas que s’y soit substituée Le Monde sur CD-ROM : 01-44-88-46-60 Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 hâtivement entre les forces améri- motifs purement stratégiques : il marqué l’époque de la guerre une « logique de paix ». caines (au Sud) et soviétiques (au s’agissait pour la Chine d’occuper froide, certains en étant les sous- Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 Nord). Plus tard, débuta là le des sommets lui garantissant une produits, d’autres encore n’entre- Francis Deron LeMonde Job: WMQ2104--0016-0 WAS LMQ2104-16 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0469 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 HORIZONS-DÉBATS Il faut démythifier et penser Internet par Eric Brousseau et Alain Rallet IER encore, un passe comme si tous les processus de l’économie est ainsi constituée technologiques et modèles socio- que sur les marchés traditionnels. une logique multilatérale de don et spectre semblait économiques allaient s’aligner sur de mécanismes de coordination et économiques. Internet est généra- Corollaire et autre illusion : In- de contre-don. Quelle économie H hanter l’Europe : le la logique d’Internet. Or elle est de règlement des conflits qui ré- lement associé à l’avènement d’un ternet conduirait à une « indivi- peut en résulter ? Plusieurs possi- retard dans les très particulière : c’est une logique gissent l’organisation du travail, marché global totalement trans- dualisation » parfaite des organi- bilités sont déjà ouvertes. L’une technologies de l’information. Puis de la communication, de l’échange des entreprises et des marchés. parent reliant directement ven- sations et de la société. Les est d’ériger l’échange non mar- vint la foudroyante et divine appa- et du partage d’informations. A ce Tout le problème est : comment deurs et acheteurs, permettant de entreprises deviendraient vir- chand de services en moyen de ra- rition de la nouvelle économie. titre, Internet est, avec d’autres (le les réseaux vont-ils affecter cette s’affranchir des barrières institu- tuelles, coordonnant de manière battre l’internaute vers la vente de « Radieuse aurore, radieuse au- téléphone mobile, par exemple), structure organisationnelle de tionnelles qui s’opposent à la libre horizontale des individus quasi in- services marchands. La navigation rore », nous invitait-on à répéter un puissant instrument d’accéléra- l’économie ? De là dépendront circulation des informations, des dépendants. De même, les rap- libre sur les larges avenues du ré- comme ce personnage de Jack tion et d’extension de la communi- d’éventuels nouveaux modèles marchandises et des capitaux. Il ports sociaux s’organiseraient sur seau aurait alors pour raison finale London, célèbre dans tout l’Alaska cation. D’autre part, il transforme économiques et une nouvelle dy- réaliserait en somme l’utopie du le mode de communautés éclatées d’amener les surfeurs dans des pour apostropher ainsi à leur ré- radicalement les conditions d’ac- namique de croissance. marché parfait. Il n’en est rien. dans l’espace et constituées d’indi- culs-de-sac marchands. Cette ten- veil ses compagnons de la ruée Les « intermédiaires » qu’on vidus autonomes s’échangeant des dance est déjà à l’œuvre : les inter- vers l’or. trouve dans la plupart des filières services sur mesure. Bref, la nature nautes n’iraient pas surfer sur In- Mais déjà le doute s’est installé. La fascination technologique qui a gagné industrielles et commerciales rem- hiérarchique des organisations dis- ternet s’il n’y avait que des sites Il n’est plus qu’une question : plissent des fonctions que l’élec- paraîtrait, le « global » deviendrait marchands ; d’autre part, les sites quand la bulle Internet éclatera-t- les élites et sert de caisse de résonance tronique ne fait pas disparaître : « village », le marché one to one, de commerce électronique appa- elle ? Tout va décidément très vite rapprochement de l’offre et de la l’industrie artisanale et la société raissent comme le seul moyen de dans la nouvelle économie. Au-de- aux intérêts des vendeurs demande, organisation de la logis- globale, unifiée, libérale et démo- rentabiliser l’économie du Net. là de l’écume journalistique, de la tique, sécurisation des transac- cratique. Deuxième possibilité : Internet fièvre boursière et de la thérapie ne doit pas masquer la marge de liberté tions, financement du cycle de dis- Tout cela est d’une grande naï- favoriserait une économie non entrepreneuriale qu’elle repré- tribution. Les marchés veté. Les technologies de l’infor- marchande, de biens publics, à sente, qu’est-ce qui se joue sur le dont nous disposons pour orienter électroniques continuent notam- mation n’imposent aucun modèle l’instar des logiciels libres codéve- plan économique ? Le capitalisme ment de requérir des intermé- d’organisation. Le fait qu’elles per- loppés par la communauté des in- actuel connaît-il des transforma- les modèles économiques et sociaux diaires garantissant les transac- mettent de nouvelles possibilités formaticiens. Le caractère multila- tions profondes liées aux techno- tions ou ayant la capacité d’échange et de partage de l’infor- logies de l’information et, si oui, d’agréger l’offre et la demande. mation ne signifie pas qu’elles lesquelles ? cès à l’information. Il est aussi ap- La difficulté, révélée par les D’où l’importance de la bataille vont imposer un modèle d’entre- Tout ne commence Tout ne commence pas et tout pelé à modifier profondément études statistiques, d’imputer des sur les portails. prise décentralisée et éclatée. On ne finit pas avec Internet, qui n’est l’économie des médias, qui est une gains significatifs de productivité Ensuite, les marchés électro- oublie souvent que ce sont les pas et tout ne finit ni une refondation complète de économie de la communication. aux investissements en technolo- niques ne sont pas d’eux-mêmes grandes entreprises automobiles l’économie, ni une seconde nais- Mais l’activité économique ne se gies de l’information atteste de ce transparents. La surabondance tayloriennes-fordiennes, modèle pas avec Internet, sance de l’humanité. C’est la der- résume pas à de la communica- que ces modèles n’ont pas encore d’informations et les techniques de hiérarchique par excellence, qui nière couche d’une révolution tion, elle consiste fondamentale- été mis en place. La nature de leurs leurre (déjà bien connues dans le ont poussé l’usage de ces techno- qui n’est technologique qui participe d’une ment à produire et à échanger et à impacts est loin d’être clarifiée, monde physique) font écran à une logies le plus loin. La réduction des transformation profonde du sys- se donner les moyens organisés contrairement à ce que laisse en- telle transparence. Le niveau et la délais de conception et la mise en ni une refondation tème économique. (entreprises, marchés) de le faire. tendre le discours actuel sur Inter- dispersion des prix observés sur œuvre de techniques de produc- Dans le discours actuel, tout se La structure organisationnelle net, qui confond promesses Internet ne sont pas plus faibles tion plus flexibles est passée par complète une intégration informationnelle très hiérarchique aussi bien au sein de l’économie, des entreprises que dans les rela- tions avec les fournisseurs ou les ni une renaissance distributeurs. Les technologies de l’informa- de l’humanité, mais tion permettent l’émergence de nouveaux modèles organisation- la dernière couche nels comme elles renforcent l’effi- cacité des modèles anciens quand d’une transformation elles n’en étendent pas le domaine d’application (on pense notam- profonde du système ment à la taylorisation du travail administratif). De la même façon, économique si ces technologies permettent de structurer de nouvelles formes de communautés comme celle des téral et la logique du développeurs de logiciels, des fans don/contre-don permettraient de Lara Croft ou des militants anti- d’instituer une économie de réci- OMC, la sociabilité reste structu- procité tout aussi efficace que rée par des cadres institutionnels, l’économie marchande. La ques- linguistiques et territoriaux qui ne tion est en fait plus complexe, car sont pas remis en cause par Inter- il existe de multiples manières net. Au contraire, le réseau des ré- d’hybrider le non-marchand et le seaux constitue un moyen supplé- marchand, le gratuit et le payant. mentaire à la disposition des Les biens publics peuvent en effet familles, des communautés et des être utilisés comme plate-forme institutions pour renforcer des pour offrir des biens et des ser- liens et des identités collectives. vices marchands. Cela étant, quels impacts peut Enfin, troisième possibilité : celle avoir l’économie d’Internet sur d’une économie marchande « dis- l’organisation et le fonctionne- sidente ». En permettant de tou- ment de l’économie, sachant que cher des clientèles tout à la fois ci- le réseau ne résume pas l’en- blées et vastes, Internet semble des technologies de l’infor- reconstituerait la possibilité de mation et qu’il y a encore une vie marchés restreints. En particulier, économique en dehors de lui ? Elle dans le domaine culturel, il per- en a d’abord sur l’organisation des mettrait d’échapper à l’économie marchés et de l’industrie. Elle des mass media et du best seller, en transforme de façon importante rendant viable, côté offre, des pro- les marchés de biens et services in- ductions à audience limitée et en tangibles (des marchés financiers amplifiant considérablement, côté aux marchés de biens culturels) en demande, la vieille méthode du abaissant les barrières à l’entrée bouche à oreille. On peut l’espérer, tant pour les vendeurs que pour mais Internet est aussi une puis- les acheteurs et en étendant consi- sante machine à industrialiser les dérablement leurs aires géogra- contenus et à concentrer l’offre en phiques. Elle favorise le dévelop- facilitant la formation de stan- pement de nouveaux marchés, dards sur une vaste échelle. notamment les marchés de Les mutations de certains mar- consommateurs à consomma- chés ou des relations entre mar- teurs, en diminuant les coûts de chand et non-marchand illustrent transaction et en socialisant l’in- ce que nous pourrions étendre à formation sur les acheteurs et les d’autres domaines – l’organisation vendeurs. des entreprises et des industries, Enfin, la mise en place en aval de les mécanismes d’accumulation et relations individualisées avec le de rémunération, etc. : Internet consommateur final implique à ouvre de nouvelles occasions, mais terme une évolution en amont des n’impose aucun modèle. modèles de production. C’est par La fascination technologique qui ce biais que l’ancienne économie a gagné les élites et sert de caisse sera profondément affectée. Il de résonance aux intérêts des ven- n’est pas interdit de penser, par deurs ne doit pas masquer la exemple, qu’une grande partie de marge de liberté dont nous dispo- l’industrie adoptera le modèle de sons pour orienter les modèles l’assembleur en vogue dans l’infor- économiques et sociaux. Des choix matique. La production des sont possibles. Encore faut-il qu’il composants est externalisée, l’in- y ait un débat public autour des dustriel gardant le contrôle de l’as- usages d’Internet et de leur régula- semblage en relation avec les de- tion. On ne pourra, sinon, éviter mandes spécifiques de la clientèle leur capture par quelques groupes avec laquelle il a un contact direct. d’intérêts s’appropriant de facto le L’annonce récente de la constitu- réseau des réseaux, les pouvoirs tion de plates-formes électro- publics allant de manière impuis- niques de marché entre construc- sante d’un accompagnement juri- teurs automobiles et fournisseurs dique velléitaire à la sempiternelle va dans ce sens. recommandation de relier toutes Mais Internet n’affecte pas que les écoles à Internet. les marchés. Il introduit aussi et surtout des relations complexes entre activités marchandes et non Eric Brousseau et Alain marchandes. Sur Internet, chacun Rallet sont professeurs d’écono- est tour à tour coproducteur et co- mie, respectivement à l’université consommateur de services autogé- Nancy-II et à l’université de Bour- nérés par le réseau. Il s’établit ainsi gogne. LeMonde Job: WMQ2104--0017-0 WAS LMQ2104-17 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 09:50 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0470 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / 17

AU COURRIER DU « MONDE »

DEL’ART DE BIEN Islam de France : Villes/campagnes : nouvelle donne PRÉSENTER LES CHIFFRES Il est toujours curieux de lire la par Chérif Khaznadar présentation des chiffres de notre économie. Ainsi le budget de l’Etat essayons ! attention aux mesures prises par Cette remise en valeur du patri- est-il déficitaire de 1,8 % pour l’an- OUT le monde l’a dit : le siècle à venir sera les pouvoirs locaux, nationaux ou moine provoque la quête d’identi- née 2000, ce qui apparaît dérisoire, par Tariq Ramadan celui des villes et de la les municipalités. Et d’abord celles tés particulières. On tente de culti- mais moins que le montant de T qui concernent le patrimoine. ver sa différence, sans imiter la 220 milliards de francs. A contra- désertification des ’ANNONCE de la prérequis du débat et de l’institu- zones rurales. Des villes ? Non, des La prise de conscience de l’im- ville. Au diable les sottes vieilleries rio, le déficit de l’assurance-mala- consultation lancée par tionnalisation démocratiques. Il mégapoles qui exigent des aména- portance du patrimoine (naturel, du « retour à la terre », de la nos- die, véritable bête noire de nos po- L Jean-Pierre Chevène- est urgent de sortir la question de gements urbanistiques et une nou- bâti ou immatériel) pour la valori- talgie d’un passé sécurisant ! Le litiques, est de 11 milliards, ce qui ment a suscité des dé- l’islam d’une gestion politicienne velle gestion de l’habitat. On sation des lieux-dits, villages ou patrimoine, aujourd’hui, est fac- est insupportable, alors qu’il re- bats au sein de la communauté et calculatrice : l’islam et les mu- connaît les effets pervers de ces pays, fait rapidement son chemin. teur de nouvelles et originales présente 1,7 % du budget général musulmane mais aussi parmi les sulmans, et bien sûr les Français mouvements de populations : vio- Jusqu’ici négligé, voire méprisé, le formes de culture : « Regarde de la Sécurité sociale. Alors, un acteurs politiques. Pour les uns, le d’origine immigrée dans leur en- lence, paupérisation, racisme... comme je suis différent et montre- conseil, si vous devez présenter projet de consultation et d’organi- semble, ne doivent pas représenter Ce qu’on appelle encore des moi ta différence. » vos comptes, sachez manier la sation de l’islam de France est une un simple enjeu électoral supplé- villes sont des terrains d’affronte- Un peu partout, Après tout les vieilles pierres forme suivant l’impact que vous chance qu’il faut saisir. Pour mentaire. ments entre générations, classes s’animent quand on les habite de voudrez leur donner. d’autres, l’intervention du ministre Préalable déterminant : l’avenir sociales, nationaux et étrangers. la migration passions nouvelles. Sans doute René Gilles de l’intérieur est « un piège » et de l’islam de France doit se décider Xénophobie, haine de l’autre se faut-il habiter le passé avec l’ima- Bordeaux n’a, de surcroît, aucune légitimité avec les Français de confession substituent à la tradition d’ouver- des jeunes gination vivante, en dépit des au regard de la laïcité. La fracture musulmane. A terme, l’Algérie, le ture, d’assimilation, d’échanges vieux ravaudages. VIOLENCES ENTRE semble consommée entre « les Maroc, la Tunisie, la Turquie ou qui était celle des métropoles, vers la ville s’inverse Est-ce que le développement, le ENSEIGNANTS ET ÉLÈVES conciliateurs », souvent les plus l’Arabie saoudite, encore très re- connues depuis des siècles pour renouvellement rapide des Un instituteur qui avait donné anciens, attachés aux grandes fé- présentés dans le panel des pre- être des lieux de rencontre, de mé- technologies ne favorisent pas un coup de pied aux fesses d’un dérations ou aux ambassades, et miers consultés, n’auront plus à in- tissage, de liberté. patrimoine suscite une prise de cette délocalisation ? On constate, élève de CM 2 turbulent vient les « jeunes musulmans », plus re- tervenir dans les affaires qui Au contraire, les campagnes pa- conscience. Telle église romane un peu partout, que s’inverse la d’être suspendu à Obernai (Bas- belles (et dont je serais l’éminence concernent les citoyens et les rési- raissaient imperméables à la péné- dans un village peut être une force migration des jeunes vers la ville Rhin) pour une durée de quatre grise) qui se méfient des intentions dents musulmans de France. Cela tration étrangère – nationale ou d’attraction, non seulement tou- pour inventer, parfois, dans les mois (Le Monde du 18 mars). Il se « non avouées » de M. Chevène- suppose, en amont, que la France autre : une réputation de conser- ristique, mais aussi capable de campagnes ou les régions des trouve que dans cette même ville ment. renoue avec ses propres citoyens vatisme ou de renfermement sur donner une plus-value à son envi- formes de vie et d’expression iné- d’Obernai, si idylliquement située La présentation initiale du projet musulmans et que l’islam ne soit elles-mêmes. Lieux communs au- ronnement. Un savoir-faire tradi- dites. Il convient peut-être de dé- au pied du mont Sainte-Odile, un fut quelque peu maladroite. Sou- plus traité désormais à travers le jourd’hui contredits. La menace de tionnel peut, autant qu’un monu- tourner ce que nous croyons sa- professeur d’éducation physique mettre les musulmans à la signa- prisme de la seule logique sécuri- désertification des villages et ment, créer de la plus-value. D’où voir du passé et de l’ouvrir à des et sportive a été, le 13 mars, au ly- ture d’une « déclaration d’inten- taire d’où naissent trop souvent d’une population qui se réduit en- l’intérêt qu’on leur porte et l’atten- genèses possibles. Alors – qui cée Paul-Emile-Victor, frappé par tion » comme préalable à la surveillances, contrôles, dénis de traîne la fermeture d’écoles, de tion qu’on accorde à l’« étranger » sait ? – peut-être la campagne un élève avec une raquette de consultation n’était guère habile et droit, humiliations, etc. La centres de soins, de pharmacies, qui s’y attache et les apprécie. contaminera-t-elle la ville avec un ping-pong. Pour lutter contre la rappelait à certains de vieilles ha- confiance mutuelle fait défaut au- de boutiques d’alimentation, in- L’aménagement qu’il fera de la virus antiraciste et chaleureuse- violence dite scolaire, une échelle bitudes coloniales. Les réactions ne jourd’hui alors qu’elle est la condi- cite les derniers villageois à accep- vieille ferme vouée à l’abandon et ment fraternel ? des punitions et des sanctions a se sont pas fait attendre : de nom- tion sine qua non d’une délibéra- ter et à chercher l’arrivée d’autres qu’il restaure fait des émules. Des été récemment définie. Nous ver- breux musulmans ont exprimé leur tion libre. habitants. Et ne faut-il pas tenter métiers renaissent, des cuisines rons quel usage il en sera fait dans sentiment d’humiliation, alors que Mais soyons clair : la responsabi- de retenir les jeunes au pays, d’ar- oubliées reparaissent à table, les Chérif Khaznadar est di- cette affaire. des voix discordantes se faisaient lité des musulmans est sans rêter l’hémorragie de la fuite en jeunes ont moins « honte » de leur recteur de la Maison des cultures Lucien Kieffer entendre à l’intérieur même du commune mesure et ils auront fi- ville ? Voilà qui mérite de porter village. du monde. Le Mans (Sarthe) gouvernement pour se démarquer nalement l’organisation qu’ils mé- du projet. La Ligue française des ritent. Qu’il s’agisse des signataires droits de l’homme a publiquement ou de ceux qui, par principe, ont critiqué la méthode et la manière. refusé la ratification, il ne peut M. Chevènement a pris la me- s’agir de se satisfaire du rôle de sure de la contestation et il a, de- spectateurs uniquement contesta- puis, multiplié les réunions avec la taires. Prendre acte du projet et volonté de préciser les intentions. vouloir lui donner une orientation La formulation de l’intitulé a été respectueuse nécessitent que les revue, le corps du texte a été lé- musulmans renouent avec la gèrement modifié et le cadre de la culture du dialogue intracommu- consultation se veut désormais vo- nautaire et qu’ils cessent de ré- lontairement ouvert. Entre le ven- pandre, entre eux, la suspicion, dredi 28 janvier, date à laquelle voire la médisance. La dignité de seize représentants musulmans l’ensemble de la communauté mu- ont ratifié le texte et la seconde sulmane de France est à ce prix. rencontre du 20 avril, des groupes de travail se sont constitués afin de chercher ensemble les voies les Il faut que la France plus efficaces de l’institutionnalisa- tion. Le projet avance à très petits renoue pas. Les critiques n’ont pas cessé avec ses citoyens pour autant. La Mosquée de Paris, pourtant parmi les premiers signa- musulmans taires, a organisé, le 15 avril, une réunion de mise au point invitant et que l’islam ne soit les musulmans à la vigilance. Les divergences entre les différents plus traité à travers courants se sont cristallisées. La majorité des trente associations ou le prisme de la seule groupements qui s’étaient initiale- ment opposés au projet ont logique sécuritaire presque unanimement confirmé leur position. Des réunions sont organisées dans toute la France : La consultation doit prendre une les uns sont pour, d’autres contre, forme ouverte fondée sur l’admis- d’autres encore se démarquent du sion par les acteurs musulmans processus en un attentisme pessi- eux-mêmes de la réalité de la plu- miste. Le 29 avril, l’Union des orga- ralité au sein de leur communau- nisations islamiques de France té : que les grandes institutions mettra le débat sur la consultation respectent les structures plus lo- au cœur de son congrès, qui doit cales et réciproquement, que des réunir plus de 20 000 musulmans à espaces nouveaux permettent aux Paris. Les tensions sont grandes ; il musulmans de diverses origines et est nécessaire de trouver une solu- de divers courants de pensée de se tion permettant d’éviter la fracture parler (en incluant, par exemple, entre les musulmans en désaccord Turcs et Africains de l’Ouest). sur les relations qu’ils doivent en- L’organisation de la représenta- tretenir avec l’Etat : comment tion des musulmans de France est concilier les points de vue ? un fait capital mais elle n’est pas Nous vivons un moment décisif. prioritaire et pressante au point La sagesse exige que le dialogue se qu’il faille faire fi du minimum de noue au plus vite et que les posi- précaution nécessaire pour en soli- tions les plus tranchées soient re- difier les fondements : les musul- considérées. En l’état actuel de la mans ont besoin de temps pour communauté musulmane, traver- s’inscrire dignement dans le sée tout à la fois par des dyna- contexte français et penser les mo- miques de riche maturation et des dalités d’une représentation qui à conflits d’un nouveau type, tout terme devra naître de véritables attendre de l’Etat est une démis- élections. sion irresponsable ; ne rien en at- Depuis cinq ans au moins, les tendre est un aveuglement imma- choses vont en ce sens sur le ter- ture. Au demeurant, il faut prendre rain associatif. Il serait dommage le ministre au mot : il lance une qu’en voulant aller trop vite au- consultation qui, dit-il, devra à jourd’hui, on finisse par briser un terme être assumée par les musul- élan qui s’inscrit dans la durée for- mans eux-mêmes. Il faut prendre cément longue de l’enracinement acte de cette démarche volonta- d’une religion minoritaire. riste dont le souci avoué serait uni- La structure représentative des quement d’accompagner et de fa- musulmans de France doit être ciliter le processus d’organisation. celle de ses citoyens ; elle doit être Essayons ! indépendante, pluraliste et démo- Le tissu associatif musulman a cratiquement élue ; il appartient à subi une quasi-révolution ces der- tous les acteurs de l’Etat et de la nières années ; la consultation ne communauté musulmane de s’en peut pas ne pas en tenir compte. Il donner les moyens : en temps, en est nécessaire de penser, en- compétences et en débats. Ainsi semble, une consultation large, dé- réempruntera-t-on les chemins qui centralisée, quittant Paris pour éta- mènent à la confiance mutuelle. blir le dialogue à la base, localement. Le processus doit s’inscrire dans la durée avec le sou- Tariq Ramadan est profes- ci de respecter tous les acteurs afin seur de philosophie et d’islamologie d’établir, pour la première fois, les à Fribourg et Genève. LeMonde Job: WMQ2104--0018-0 WAS LMQ2104-18 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:51 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0471 Lcp: 700 CMYK

18 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000

FINANCE Dans un entretien au FLATION et les cycles économiques tion aux Etats-Unis se confirment, cela logies de l’information et souligne que le déficit commercial a atteint en fé- Monde, Stephen Roach, économiste en n’ont pas, selon lui, disparu par en- signifie pour M. Roach la fin de la dans le passé les bulles spéculatives vrier le niveau record de 29,2 milliards chef de la banque Morgan Stanley chantement et si « les investisseurs ne hausse continue des marchés d’actions. ont souvent coïncidé avec la naissance de dollars. b L’EURO a touché mercredi Dean Witter, s’inquiète de l’aveugle- sont pas préparés à cela, ils vont souf- Il ne nie pas les transformations pro- d’une ère. b ILLUSTRATION DES DÉSÉ- 19 avril un nouveau plus bas historique ment des marchés financiers. b L’IN- frir ». b SI LES CHIFFRES récents d’infla- fondes de l’économie liées aux techno- QUILIBRES de l’économie américaine, face au dollar à 0,9360. A Wall Street, « les investisseurs refusent d’accepter la réalité » Dans un entretien au « Monde », Stephen Roach, économiste en chef de la banque Morgan Stanley Dean Witter, souligne à la fois l’aveuglement des épargnants américains face au retour de l’inflation et l’importance des changements structurels liés à la nouvelle économie NEW YORK vants, lundi et mardi, les investis- nouvelles dimensions à la manière nouvelles technologies, nous fit d’écouter ses discours, il y parle Pilot ou mon téléphone mobile et de notre correspondante seurs ont de nouveau choisi de né- dont les biens sont produits et dis- sommes au début d’une nouvelle toujours de technologie et de pro- travailler 24 heures sur 24, et qu’on « La récente tempête sur Wall gliger ces signaux et de traiter les tribués. Et dans ce type d’environ- forme de commerce, l’e-commerce. ductivité. Il est beaucoup moins appelle cela de la productivité, ça Street a culminé vendredi chiffres de mars comme un ac- nement dominé exclusivement par C’est une ère nouvelle. Cela ne veut agressif dans sa lutte contre l’infla- ce n’est pas nouveau : ce n’est pas 14 avril après l’annonce d’une cident de parcours. la technologie, l’inflation ne peut pas dire que les anciennes règles ne tion que ne le serait, par exemple, travailler mieux, c’est travailler plus hausse de 0,7 % de l’indice de – Pourquoi ? pas se produire et ne se produira s’appliquent plus, que nous n’au- le patron de la BundesBank. Les longtemps. Le B2B, c’est travailler base des prix à la consommation – Parce que si l’indice de mars est pas. rons plus d’inflation, que les mar- taux directeurs ont été augmentés mieux, plus intelligemment. Et la pour mars. En tant qu’écono- réel, alors c’est la fin de la hausse » Cette perception va à l’en- chés ne doivent plus baisser, ou cinq fois en neuf mois, mais tout hausse de la productivité ne miste en chef de la banque amé- continue depuis des années du contre des chiffres que je viens de que la Réserve fédérale [Fed] n’a cela a été effacé par une inflation consiste pas à travailler plus long- ricaine Morgan Stanley Dean marché des actions. Mais personne vous citer. Il y a un risque de colli- pas besoin de freiner le taux de plus élevée. Donc en termes réels, temps mais mieux. Witter, pensez-vous que l’infla- n’a envie de voir ce marché arrêter sion entre l’espoir et la réalité : c’est croissance. Mais les investisseurs les taux d’intérêt sont inchangés, – La réduction des coûts est- tion est de retour ? de monter. Les investisseurs re- à cette collision que nous avons as- refusent de l’admettre. alors que l’économie continue de elle le seul effet du B2B ? – L’inflation est revenue. Ce n’est fusent d’accepter la réalité. sisté vendredi, avant qu’elle ne soit – Que peut faire la Fed dans croître. Laisser les taux d’intérêt – Pour l’instant, oui. Cela peut pas seulement l’affaire d’un mois : » Ces dernières années et tout de nouveau balayée au début de un tel contexte ? réels inchangés dans un climat pa- évoluer : on peut imaginer que le cela fait sept mois d’affilée que le particulièrement ces six derniers cette semaine. C’est la puissance de – Elle a fait savoir clairement reil est une grosse erreur. L’Amé- B2B mènera à une façon plus collé- taux d’inflation est en hausse. L’in- qu’elle voulait ralentir l’économie rique souffre de déséquilibres : la dice de base des prix à la consom- et réduire l’effet de richesse, qui a balance des paiements, les marchés mation, qui ne tient pas compte « Si l’inflation se confirme, alors c’est la fin poussé l’économie jusqu’ici. La financiers, le marché du travail. Les Français s’endettent des prix de l’énergie, de l’alimenta- question qui se pose est celle-ci : la Plus tôt on s’y attaque, plus nos tion ni du tabac, était de 1,5 % de la hausse continue depuis des années Fed dispose-t-elle des outils néces- fondamentaux seront sains dans le pour jouer en Bourse en août 1999, il est aujourd’hui de saires pour y parvenir ? Elle utilise long terme. 2,2 % et il continue de monter. La des actions. Mais personne n’a envie de voir un instrument, les taux directeurs, – Dans la nouvelle ère que Dans son bulletin mensuel meilleure mesure dont nous dispo- peut-être y a-t-il d’autres moyens. vous évoquez, quelle est la d’avril, la Banque de France met sions sur les attentes inflationnistes ce marché arrêter de monter » Bien sûr, la Fed doit resserrer le cré- contribution majeure de la en garde contre le recours à l’en- des consommateurs, calculée par dit, mais elle devrait aussi adresser technologie ? dettement pour jouer en Bourse. l’université du Michigan, prédit un un signal aux spéculateurs sur les – La percée la plus importante à En 1999, le montant de prêts ac- taux de 3,2 % pour l’année qui mois, l’investisseur américain a la bulle spéculative. A plusieurs re- marchés financiers pour qu’ils laquelle nous assistons est celle du cordés par les banques aux mé- vient, contre 2,5 % l’été dernier. fonctionné sur un seul et unique prises dans le passé, des bulles spé- comprennent qu’il est de plus en B2B. Il permet deux choses : il mo- nages a progressé de 6,9 %, contre Nous avons donc une nouvelle ten- concept : les bons retours sur in- culatives ont coïncidé avec l’idée plus dangereux de pousser cette difie la distribution, en en éliminant une hausse d’environ 3 % seule- dance sur le front de l’inflation et vestissement sont liés aux techno- d’une ère nouvelle, d’une nouvelle vague de trop loin. Et ce signal, la les éléments superflus, et il a le po- ment durant les trois années pré- elle montre que la vieille relation logies de l’information. De la mi- technologie, d’une nouvelle force, Fed peut l’envoyer en élevant, pour tentiel pour raccourcir la chaîne cédentes. macroéconomique qui souligne le octobre à la mi-mars, le succès de au début des années 1900, au début la première fois en vingt-six ans, les d’approvisionnement de nom- La banque centrale prévient lien à court terme entre la crois- la Bourse a été concentré sur la des années 20, à la fin des an- seuils des marges exigées pour breuses industries aux Etats-Unis. que la progression rapide des sance et l’inflation est toujours technologie. Les investisseurs sont nées 60. Chacune de ces bulles l’achat d’actions à crédit. Cela veut dire que le domaine dans prêts à court terme pourrait « re- d’actualité. allés plus loin, transformant ce d’une ère nouvelle s’est révélée fic- – On reproche beaucoup au lequel la technologie peut réelle- couvrir un recours accru à l’endet- – Pourquoi les marchés ont-ils concept en une théorie sur le nou- tive. président de la Fed, Alan ment modifier le monde de l’entre- tement pour financer l’achat des réagi si brutalement vendredi si veau mode de fonctionnement de – Donc, pour vous, ce schéma Greenspan, d’avoir perdu le prise n’est pas celui de la nouvelle titres boursiers... Eu égard aux cette tendance était claire de- la macroéconomie : la technologie doit inéluctablement se repro- contact avec la réalité... économie, qui produit ces techno- risques encourus pour la solvabilité puis sept mois ? est la clé d’Internet, qui est la clé du duire ? – Cela me paraît très exagéré. logies, mais celui des industries an- des ménages, il serait souhaitable – Parce que l’indice de mars était commerce électronique, qui est la – Nous sommes dans une ère Alan Greenspan est en fait très ciennes qui vont devenir beaucoup que les comportements d’endette- plus spectaculaire, avec une assise clé du B2B [Business-to-business : nouvelle, j’en suis convaincu. Inter- bien disposé à l’égard du nouveau plus efficaces dans leur mode de ment ne soient pas excessivement plus large que les mois précédents. relations commerciales entre entre- net est un facteur de transforma- paradigme. Il en est même devenu fonctionnement. Nous sommes encouragés par des campagnes Malgré cela, les deux jours sui- prises sur Internet] qui apporte de tion fondamentale et, grâce aux l’un des meilleurs défenseurs, il suf- toujours en présence de l’ancienne d’offre trop attractives ». économie ; il y a un secteur très dy- namique dans cette économie que nous avons baptisée la nouvelle giale de faire des affaires, qu’il peut Les Etats-Unis enregistrent un déficit commercial record économie, et nous aimons croire favoriser l’innovation et d’autres que tout est nouvelle économie, avancées technologiques. C’est PLUS ENCORE qu’un éventuel dollars. Le risque est que les inves- par l’ancien directeur général du mais ce n’est pas le cas ! Les trans- possible, mais on en est encore krach sur le Nasdaq, le déficit ex- tisseurs étrangers arrivent à satura- Le trou se creuse Fonds monétaire international formations vont se produire dans loin. L’impact immédiat du B2B est térieur des Etats-Unis représente tion, finissent par perdre confiance BALANCE COMMERCIALE AMÉRICAINE (FMI), Michel Camdessus, pour le- l’ancienne économie juste au mo- la réduction des coûts de distribu- aujourd’hui, pour les experts, la et choisissent de placer leurs capi- déficit en milliards de dollars quel le déficit courant américain ment où les investisseurs étaient tion, la réduction des stocks et principale menace pour l’économie taux ailleurs que sur le territoire constitue « le symptôme d’une si- convaincus que les prévisions de d’autres mesures qui réduiraient la américaine. Le département du américain. C’est à une crise de fi- -5 tuation dangereuse et insatisfai- profits de l’ancienne économie al- chaîne d’approvisionnement. commerce a annoncé, mercredi nancement de ce type que les pays sante, à savoir l’insuffisance du taux laient être catastrophiques pour – L’inflation peut-elle mettre 19 avril, que la balance commer- d’Asie du Sud-Est (Thaïlande, Co- -10 d’épargne aux Etats-Unis ». une durée indéterminée. en danger ce scénario ? ciale avait dégagé un solde négatif rée du Sud), qui connaissaient eux La Maison Blanche a longtemps – Vous êtes pourtant l’un des – Absolument. Nous somme en record de 29,24 milliards de dollars aussi des déficits gigantesques, nié le problème de ses déficits ex- critiques les plus réputés de la présence d’une histoire importante -15 en février. avaient été confrontés en 1997. térieurs, préférant en attribuer la théorie de la hausse de la pro- de changement structurel. Des « Le risque économique lié à responsabilité au manque de crois- ductivité dans la nouvelle changements qui deviendront évi- -20 l’augmentation du déficit des Etats- TAUX D’ÉPARGNE INSUFFISANT sance en Europe et au Japon – un économie ? dents au bout d’un certain temps, Unis est bien connu, rappellent les Le président de la Réserve fédé- handicap pour les exportations – Je continue de croire que l’im- qui seront parfois irréguliers, par- économistes de la Caisse des dé- rale américaine Alan Greenspan a -25 américaines – et présentant les pact de la technologie sur la hausse fois très progressifs. Cela n’exclut pôts et consignations. A un certain évoqué à plusieurs reprises le dan- -29,24 Etats-Unis comme « le consomma- de la productivité des cols-blancs a pas les cycles économiques. Le stade, les prêteurs pourraient ne plus ger que représentait pour l’écono- -30 29 fév. 2000 teur en dernier ressort » de la pla- été considérablement exagéré. monde est toujours le fruit de deux souhaiter accumuler d’actifs supplé- mie des Etats-Unis ce déficit crois- nète. Cette position est toutefois Mais je crois fermement qu’une séries de forces, structurelles et cy- mentaires en dollars, d’où une crise sant, lui-même lié à un excès de -35 en train d’évoluer. Lors de la der- nouvelle vague de réduction des cliques. Je pense que les cycles de financement et une chute du dol- consommation et à une insuffi- nière réunion du G 7, samedi coûts, susceptible d’entraîner des économiques existent toujours. Si lar accompagnées d’une hausse des sance d’épargne des ménages. Eu- 1994 95 96 97 98 99 00 15 avril à Washington, l’administra- hausses temporaires de productivi- les investisseurs ne sont pas prépa- taux d’intérêt aux Etats-Unis, néces- phoriques, ces derniers achètent Source : Bloomberg tion américaine a accepté que fi- té et d’améliorer l’efficacité, est à rés à cela, s’ils ont les yeux rivés sur saire pour réduire rapidement le dé- sans compter des produits que les gure, dans le communiqué final, portée de main grâce au B2B. Le les changements structurels, ils ficit extérieur et pour attirer des ca- Etats-Unis sont obligés d’importer. saper l’actuel cycle de croissance » une phrase relevant qu’« en ce qui B2B peut modifier les prévisions de vont souffrir : c’est tout le message pitaux. » Pour financer leurs M. Greenspan note que « le désé- et porte un « coup d’arrêt débilitant concerne les Etats-Unis, l’épargne rentabilité de l’ancienne économie, de vendredi dernier. » besoins et leur croissance, les quilibre entre l’augmentation de la à l’expansion économique, à son eu- nationale doit s’accroître ». pas de la nouvelle. L’idée que je Etats-Unis ont besoin d’importer demande et de l’offre exerce des phorie et à la création de ri- puisse emporter mon ordinateur Propos recueillis par chaque jour environ 1 milliard de pressions financières qui pourraient chesses ». C’est aussi l’avis exprimé Pierre-Antoine Delhommais portable à la maison, ou mon Palm Sylvie Kauffmann Les marchés font le tri dans la nouvelle économie La crise politique en Italie fait plonger l’euro LA PUBLICATION des résultats ligne mondial, a annoncé un béné- (754 millions de dollars). A l’in- JUSQU’OÙ tombera-t-il ? L’euro événement politique national. De s’ajoutent des éléments écono- trimestriels d’un bon nombre de fice net de 271 millions de dollars verse, les marchés boursiers n’ont a atteint, mercredi 19 avril, un nou- fait, les opérateurs considèrent que miques pénalisants pour l’euro. sociétés de la nouvelle économie a sur le troisième trimestre de son pas apprécié que certains poids- veau plancher historique de celui-ci pourrait rapidement dé- L’annonce surprise, mardi, d’une donné l’occasion aux marchés fi- exercice fiscal contre 102 millions lourds de la nouvelle économie se 0,9360 dollar. Exprimé en devise border le cadre italien et se trans- dégradation du climat des affaires nanciers de séparer le bon grain de sur la même période du dernier contentent d’être en phase avec nationale, ce niveau correspond à former en crise européenne ma- en Allemagne a semé le doute sur l’ivraie. Que ce soit pour les grands exercice, avec un bond de 47 % de leurs prévisions. Ainsi Intel, numé- un cours de 7,01 francs. Par rapport jeure. Ils s’interrogent notamment la solidité et la vigueur de la reprise groupes ou les start-up, les inves- son chiffre d’affaires trimestriel. ro un mondial des microproces- au 1er janvier 1999, jour de son lan- sur l’attitude qu’adopteraient les économique dans l’Euroland. Pa- tisseurs exigent désormais des ré- L’action AOL a immédiatement seurs, et IBM, premier construc- cement, la monnaie européenne a autres membres de l’Union, après rallèlement, la faiblesse de l’euro a sultats tangibles, en termes de progressé de plus de 2 % mercredi. teur informatique mondial, ont été perdu 21,5 % de sa valeur face au le précédent autrichien, dans le cas pour effet d’accentuer les pres- chiffre d’affaires ou de rentabilité. En Europe, l’action du fabricant de sanctionnés. Bien qu’ils aient tous billet vert. où s’installerait à Rome une coali- sions inflationnistes dans la zone : Ainsi les premiers bénéfices d’Ink- semi-conducteurs STMicroelectro- deux annoncé des bénéfices pour Ce nouveau repli est intervenu tion comprenant des ministres is- au mois de mars, l’indice des prix à tomi, le moteur de recherche utili- nics a gagné 18 % en moins d’une le premier trimestre légèrement malgré l’annonce d’un déficit sus de partis d’extrême droite. La la consommation y a progressé, sur sé par les plus grands portails du semaine, malgré la tourmente supérieurs aux attentes, l’évolution commercial américain record au mise en quarantaine de la troi- un an, de 2,1 %, soit au-dessus de la Web (Le Monde du 22 mars), ont boursière, grâce au bond de 126 % de leur chiffre d’affaires a déçu. mois de février (lire ci-dessus) qui sième puissance économique de la limite de 2 % fixée par la Banque été salués par un bond de 15 % de de son résultat net (238,4 millions Celui d’IBM a reculé de 5 % par aurait dû théoriquement affaiblir zone euro risquerait d’avoir de centrale européenne (BCE). l’action, mercredi 19 avril. La d’euros) et de 52,9 % de ses ventes rapport au premier trimestre 1999 le dollar. Mais les investisseurs graves conséquences monétaires Cette dernière se retrouve dans confirmation du redressement (1,702 milliard de dollars). et celui d’Intel de 2 % par rapport n’ont pas prêté attention à cet indi- et d’accroître la défiance des inves- une position inconfortable. Si elle d’Apple, grâce au succès de l’iMac, au quatrième trimestre 1999. Du cateur. Comme le notent les ana- tisseurs américains et asiatiques à remonte ses taux pour lutter a donné lieu à une forte activité sur INTEL ET IBM SANCTIONNÉS coup, les deux titres ont fortement lystes, toutes les nouvelles qui l’égard de l’euro. contre l’inflation et pour soutenir l’action dans les transactions hors Les hausses observées ce mer- baissé mercredi, IBM cédant plus pourraient être bonnes pour l’euro Les incertitudes italiennes ont l’euro, elle risque d’être accusée de marché après la clôture mercredi. credi s’expliquaient toutes par la de 10 dollars (– 9 %) pour revenir à sont aujourd’hui ignorées, seules pris d’autant plus de relief qu’au mettre en danger la croissance sur La firme dirigée par Steve Jobs a bonne surprise des analystes. Ain- 104,5 dollars et Intel reculant de les mauvaises sont prises en même moment le dirigeant d’ex- le Vieux Continent. A la suite de enregistré un bénéfice au si, Qualcomm a terminé sur un plus de 9 dollars (– 7 %) à 119 dol- compte. trême droite autrichien Jörg Haider son dernier tour de vis, mi-mars, le deuxième trimestre de 233 millions gain de près de 2 % à 114,75 dollars, lars. Dans ce contexte, les cambistes brandissait, dans un entretien à président de la 2Commission des de dollars, contre 135 millions un après avoir annoncé un bond de La baisse de ces deux valeurs de se sont surtout intéressés à la crise l’hebdomadaire News, la menace finances de l’Assemblée nationale, an plus tôt. Du coup, Apple a an- 44 % de son résultat au titre de son premier plan a pesé sur les mar- gouvernementale en Italie et à la d’un retrait de son pays de l’Union. Henri Emmanuelli (PS), avait stig- noncé sa première division d’ac- deuxième trimestre fiscal. Et chés, avec un recul de 2,3 % du démission du président du conseil A ce climat politique tendu en matisé « l’obsession maladive de tions depuis treize ans. Lucent a progressé d’environ 5 % Nasdaq et de 0,86 % du Dow Jones. Massimo D’Alema (lire page 3). Europe, qui incite les gestionnaires l’inflation que montre la BCE ». Dans la même veine, America grâce à la hausse de 41 % de son ré- C’est la première fois que l’euro se à aller chercher refuge aux Etats- Online (AOL), le premier service en sultat net au deuxième trimestre Christophe Jakubyszyn montre à ce point sensible à un Unis et à acheter des dollars, P.-A. D. LeMonde Job: WMQ2104--0019-0 WAS LMQ2104-19 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:39 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0472 Lcp: 700 CMYK

ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / 19

Née du mariage de TotalFina et d’Elf L’attribution de licences Atofina devient le cinquième chimiste mondial de téléphonie mobile L’aboutissement de quarante ans de recomposition industrielle

er inquiète les opérateurs Nouvelle étape dans la fusion entre les deux pé- au cinquième rang mondial, avec 114 milliards nérale de cette branche, depuis le 1 avril. Il suc- troliers français TotalFina et Elf : le mariage de de francs de chiffre d’affaires et 70 000 per- cède à Jacques Puéchal, 64 ans, parti à la retraite leur chimie qui, sous le nom d’Atofina, se hisse sonnes. François Cornélis a pris la direction gé- et considéré comme le bâtisseur de ce groupe. Deutsche Telekom réclame une harmonisation NOUVELLE étape dans la fu- tembre. Le choc est sévère pour tion d’usines dramatique ». pétrole avait considérablement BONN Il semble difficile de changer les sion entre les deux pétroliers les perdants. « A l’issue de l’offre Comme dans le raffinage et l’ex- chuté. » A peine le groupe est-il de nos envoyés spéciaux règles du jeu au milieu de la partie. français TotalFina et Elf : le ma- publique d’échange (OPE), je me ploration, les deux pétroliers ont réorganisé qu’il doit participer, à Le montant cumulé des enchères Les fréquences radio attribuées dans riage de leur chimie, qui se hisse suis demandé si je restais,je me toujours été concurrents. Pour- partir de 1990, à une nouvelle re- britanniques pour les cinq licences le cadre des licences sont des biens au cinquième rang mondial et suis accordé une semaine de ré- tant, à la fin des années 1960, ils composition à la demande de de téléphonie mobile de nouvelle publics gérés par les gouvernements prend le nom d’Atofina. Cette flexion », raconte M. Puéchal. ont tenté de s’allier dans la pétro- l’Etat. Elle consiste à répartir les génération UMTS (Le Monde du sa- nationaux. Si la Commission euro- étape s’est concrétisée, lundi Il reçoit alors près de deux chimie. « L’initiative en revient activités d’Orkem, la chimie des medi 15 avril) a dépassé, à ce jour, péenne devait s’emparer du dossier, 17 avril, lors de l’assemblée géné- mille lettres de salariés d’Ato- aux présidents des deux groupes, Charbonnages de France, entre 22,2 milliards de livres (225 milliards cette procédure retarderait le dé- rale d’Elf Atochem, l’ex-filiale chem, lui demandant de se main- Pierre Guillaumat pour Elf et Vic- les deux pétroliers. Les activités de francs) en 145 rounds. Ce record ploiement de l’UMTS, ce que re- chimie d’Elf. Atofina est aussi tenir à la tête de l’entreprise pour tor de Metz pour Total ». L’asso- de spécialités vont à Total, la pé- met en ébullition tous les acteurs. doutent le plus les opérateurs. De l’enseigne de l’ensemble de la préserver les intérêts de l’entre- ciation prend le nom d’ATO (A trochimie à Atochem. La restruc- Mercredi 19 avril, Ron Sommer, le plus, l’Espagne, qui a déjà attribué, branche chimie, a rappelé Fran- prise dans la fusion. Simultané- pour Aquitaine, TO pour Total). turation est sévère, entrainant président de Deutsche Telekom, cri- fin mars, quatre licences, peut diffi- çois Cornélis, directeur général ment, le patron du futur groupe Des tensions apparaissent entre fermetures et reconversions de tiquait les deux méthodes en vi- cilement annuler la procédure. En- de ces activités chez TotalFinaElf, pétrolier TotalFinaElf, Thierry les partenaires devant le choix sites et de nombreuses réduc- gueur pour départager des candi- fin, une règle unique pour tous nommé depuis le 1er avril à la pré- Desmarest, lui propose de prési- d’ATO de diversifier ses activités tions d’effectifs. dats à l’UMTS : celle des enchères, risque de se heurter aux différences sidence d’Elf Atochem. Il succède der un groupe de travail chargé et de s’engager dans la chimie de L’intégration s’accompagne choisie par la Grande-Bretagne et économiques qui existent entre les à Jacque Puéchal, 64 ans, parti à d’étudier les priorités straté- spécialités. De plus « Total était d’acquisitions à l’étranger : Penn- l’Allemagne, qui conduit à des pays. la retraite et considéré comme le giques en termes de croissance et plus préoccupé par le pétrole, lais- walt aux Etats-Unis, implantation sommes déraisonnables, et la sélec- bâtisseur de ce groupe. les conditions d’intégration des sant à Elf le soin de développer d’usines en Chine,... « Quand j’ai tion par dossier – peu transpa- LE DÉBAT S’AMPLIFIE La chimie a été au cœur de la activités chimiques. Il décide de cette activité », explique M. Pué- été placé à la tête du groupe voici rente –, choisie par d’autres comme En France, le débat s’amplifie. Re- bataille boursière de l’été 1999 rester six mois, le temps de défi- chal en évoquant ses trente- dix-sept ans, le chiffre d’affaires l’Espagne et la France. M. Sommer né Russo, vice-président de l’Asso- entre les deux pétroliers français : nir les modalités du rapproche- quatre années passées chez Elf, était de 15 milliards de francs. En invitait la Commission européenne ciation française des opérateurs de elle marquait la seule vraie diffé- ment. dont trente dans la chimie. Entré 1999, il atteignait 55 milliards », à se saisir du dossier et à définir des télécommunications (Afopt) et vice- rence entre leurs projets. Elf en- Pour que les discussions se dé- dans le groupe pétrolier comme résume le dernier PDG d’Ato- règles d’attribution communes à président de Bouygues Telecom, a tendait s’en séparer en la mettant roulent le mieux possible entre ingénieur d’exploitation à Lacq, chem. Avec la fusion entre Total- l’ensemble des pays membres de rappelé l’attachement des groupes en Bourse alors que TotalFina deux groupes traditionnellement ce polytechnicien-ingénieur des Fina et Elf, le nouvel ensemble l’Union. français à la sélection par dossier. souhaitait la garder intégrée. rivaux, il fallait « qu’il n’y ait ni Mines est devenu l’un des acteurs représente 17,4 milliards d’euros Ce coup de pied dans la fourmi- « Lors des discussions préparatoires L’affrontement a été rude, jus- vainqueur, ni perdant », affirme-t- majeurs de la chimie française, en de chiffre d’affaires (114 milliards lière a été peu apprécié par l’auto- entre les autorités françaises et les qu’au dénouement mi-sep- il. Assurés d’avoir toute latitude pleine recomposition dans les an- de francs) et emploie 70 000 per- rité allemande de régulation des té- professionnels, l’unanimité s’était dé- dans la discussion « nous sommes nées 1980. sonnes. « Atofina est désormais la lécommunications (RegTP). «Le gagée en faveur de cette méthode », allés au-delà de l’apparence des plus grande entreprise chimique recours à l’Europe sur ce dossier rappelle-t-il. Surtout, M. Russo es- Les principaux mots, jusqu’au fond des dossiers, « UNE TRIPLE FUSION » française », loin devant Rhodia. “tombe à côté de la plaque” », es- time que l’équilibre économique tranquillement, en prenant notre En 1983, La première restructu- « Cinquième chimiste mondial time un porte-parole, Harald Dörr : d’un réseau UMTS est très différent chimistes mondiaux temps ». Cette attitude « a permis ration sous la houlette des pou- derrière DuPont, BASF, Dow Car- « La Commission ne peut rien faire, en France et en Grande-Bretagne. d’identifier les points forts des trois voirs publics conduit à la création bide et Bayer , elle devance la car les lois sont différentes selon les Pour cela, il s’appuie sur des études Classement en fonction du chiffre secteurs » chimiques d’Elf, de To- d’Atochem, qu’il préside. «Il a chimie des autres pétroliers tels Ex- pays. En Allemagne, les enchères sont d’OVUM, un cabinet international d’affaires 1999 (en euros): tal et de Pétrofina. A quelques fallu réaliser une triple fusion en xonMobil, Shell ou BPAmoco », la seule possibilité offerte par la légis- d’analyse spécialisé dans les télé- b BASF (Allemagne) : domaines près (comme les ré- mariant Atochimie, Chloe Chimie constate, avec une certaine fierté, lation. C’est une procédure beaucoup communications, et de Lehman 29,5 milliards sines ou les adhésifs), les activités venue de Rhône-Poulenc et PCUK M. Puéchal. plus transparente que le concours de Brothers, banque d’affaires améri- b BAYER (Allemagne) : ne se recoupent pas. « J’ai tou- de Pechiney. Le nouvel ensemble Partant du principe qu’ un bon beauté. » L’Autorité s’étonne des caine. Selon eux, le déploiement 27,32 milliards jours dit que nos activités étaient perdait 1 milliard de cash-flow patron est celui qui sait faire par- critiques émises par Ron Sommer, d’un réseau UMTS coûte de 7 à b DuPont (Etats-Unis) : complémentaires », rappelle pour 15 milliards de francs de tager son rêve à tous les salariés », alors que Deutsche Telekom a été 10 milliards de francs de moins en 24,6 milliards M. Puéchal. Les activités chiffre d’affaires », se souvient-il. il s’est employé, au cours des der- consulté et que les enchères doivent Grande-Bretagne qu’en France, en b Dow Carbide (Etats-Unis) : chimiques continueront d’être « Il y avait peu de candidats pour nières semaines précédant son débuter à partir du 28 avril. L’opéra- raison de la densité de la population 23,3 milliards gérées sur le plan mondial par diriger l’ensemble ». Première sa- départ, à rassurer les salariés teur allemand est irrité, car sa candi- et de la géographie différente. En b Atofina (France) : 17,4 milliards lignes de produits et filiales spé- tisfaction : « En 1986 l’entreprise d’Atochem et à les convaincre dature en Espagne n’a pas été rete- outre, le coût d’acquisition d’un b ExxonMobil-chimie cialisées. « nous ne sommes pas est redevenue profitable et a des atouts de la nouvelle Atofina. nue et que sa filiale One2One est abonné est inférieur de 600 F à (Etats-Unis) : 14,9 milliards face à des situations cruelles, il n’y contribué pour moitié au résultat engagée dans la spirale des enchères 700 F en Grande-Bretagne par rap- b AkzoNobel (Pays-Bas-Suède) : aura pas de plan de restructura- d’Elf à un moment où le prix du Dominique Gallois britannique. port à la France en raison de mar- 14,4 milliards ketings différents. Enfin, le revenu b Mitsubishi (Japon) : moyen généré par les abonnés est 13 milliards de 17 à 19 milliards de francs de plus b Shell-chimie Lafarge relève son offre sur Blue Circle pour l’opérateur britannique, sur (Royaume-Uni-Pays-Bas) : une durée de 10 ans (les licences 12,1 milliards APRÈS deux mois de refus, puis le lancement de l’OPA le souligné le cimentier britan- total, la prise de contrôle de UMTS ont une durée de vie de b ICI (Royaume-Uni) : 10,9 Lafarge s’est finalement résigné 1er février, les actions de Blue nique, qui insiste sur le redres- Blue Circle coûterait 6,1 mil- 21 ans en Grande-Bretagne et de milliards à répondre aux attentes du Circle étaient cotées à plus de sement en cours du groupe, no- liards d’euros. 15 ans en France), car le nombre b Degussa Huels (Allemagne) : marché. Le cimentier français a 430 pence, largement au-dessus tamment en Asie, qui ne serait Le groupe français, qui a pré- d’abonnés et le prix des appels mo- 10,4 milliards annoncé, mercredi 19 avril, qu’il de l’offre de Lafarge. Le groupe pas pris en compte dans la pro- vu de financer l’essentiel de biles sont plus élevés outre-Manche. b BPAmoco-chimie relevait le montant de son offre français, toutefois, a attendu le position de Lafarge. Blue Circle cette acquisition par emprunt, Au total, un opérateur britan- (Royaume-Uni) : 8,8 milliards publique d’achat (OPA) sur son dernier jour où il été autorisé demande donc « instamment à risque de voir son endettement nique aurait un avantage écono- b Solvay (Belgique) : 7,9 milliards concurrent britannique Blue par la réglementation boursière ses actionnaires de la rejeter ». atteindre des niveaux records. mique de près de 30 milliards de b DSM (Pays-Bas) : 6,3 milliards Circle, pour la porter de 420 à à augmenter son offre, pour le « Ce n’est pas au management Lors de sa première offre, le francs sur son homologue français. b Clariant (Suisse) : 5,72 milliards 450 pence par action. faire. Dans la foulée, Lafarge a de décider mais aux action- groupe avait estimé que son ra- « Un montant à rapprocher de celui b Ciba (Suisse) : 5,6 milliards Le marché londonien spé- annoncé avoir acquis, mercredi, naires », a répliqué le PDG de tio d’endettement équivaudrait d’une licence en Grande-Bretagne : b Rhodia (France) 5,5 milliards culait sur une telle hausse. De- 20 % des actions du cimentier Lafarge, Bertrand Collomb. à 109 % de ses fonds propres. près de 40 milliards de francs », anglais. Après le relèvement de son Lafarge estime que c’est le prix conclut M. Russo. En France, deux offre, le président du groupe à payer pour devenir le premier des opérateurs mobiles français, LE PRIX À PAYER français se sait maintenant en cimentier mondial, et s’étendre SFR (groupe Vivendi) et Bouygues Air France renoncerait La direction de Blue Circle, position de force pour dans les régions Asie-Pacifique Télécom, n’ont pas les moyens fi- qui se bat depuis le début convaincre les marchés. Pour et d’Amérique du Sud où il est nanciers de supporter ce surcoût et contre la prise de contrôle de s’assurer du succès, Lafarge, ce- très mal implanté. Selon lui, ce dans le même temps de participer à Lafarge, a rapidement réagi à ce pendant, a dû y mettre le prix. rachat apportera ses premiers des enchères. à la reprise d’Air Liberté relèvement. « La nouvelle offre L’augmentation de 7 % de son fruits, dès la première année. est de loin inférieure à la véri- offre va se traduire par un sur- Enguérand Renault AIR FRANCE RENONCERAIT A REPRENDRE AIR LIBERTÉ, la fi- table valeur de la compagnie », a coût de 380 millions d’euros. Au Martine Orange et Philippe Ricard liale française de British Airways, selon des sources britanniques ci- tées par le quotidien La Tribune du 20 avril. Si l’information est confirmée, Marine-Wendel, présidé par Ernest-Antoine Seillière, déjà allié de Swissair lors de la reprise d’AOM resterait seul en lice pour le rachat de la deuxième compagnie française. Les principaux acteurs de ce feuilleton ont refusé de commenter l’information mettant en avant la « clause de confidentialité » qu’ils avaient si- gnée. Si le désistement d’Air France était confirmé, les 2 500 salariés d’Air Liberté pourrait passer dans le giron du tandem franco-suisse, ce qui selon les syndicats pourrait mener à quelque 1 500 suppressions d’emplois. Cette information « tombe » à la veille du mouvement de grève déclenché par l’intersyndicale d’Air Liberté, inquiète de l’ave- nir de la compagnie. Ce mouvement a conduit la compagnie à an- nuler la quasi-totalité de ses vols de et vers la province pour la jour- née de vendredi 21 avril. (Renseignements au 0803 805 805). Arrestation d’un pirate informatique de quinze ans LA LOI DU SILENCE DANS LE MONDE DU NET n’aura pas été res- pectée ! Le pirate informatique dont le nom de code est « mafia- boy », suspecté d’avoir participé aux attaques massives de grands portails et sites Internet américain (Yahoo, e-Bay, Amazon.com...) en février 2000 (Le Monde du 11 février), aurait été dénoncé aux au- torités policières canadiennes par un fournisseur d’accès Internet de Toronto. Cet adolescent de quinze ans est considéré comme le « suspect principal » dans cette affaire, mais il n’a, pour l’instant, été formellement mis en examen que pour les attaques visant le site de CNN, a précisé Yves Roussel, porte-parole de la gendarmerie royale du Canada. « Il se peut qu’il y ait d’autres arrestations et des complices arrêtés ultérieurement », a-t-il ajouté. « Mafiaboy » devrait être jugé en juin à Montréal et risque au maxi- mum deux ans de prison et 1 000 dollars canadiens (712 euros) d’amende. D’ici là, il lui est interdit de s’approcher d’un ordinateur, sauf à l’école sous la surveillance d’un enseignant. LeMonde Job: WMQ2104--0020-0 WAS LMQ2104-20 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:12 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0473 Lcp: 700 CMYK

20 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 L’application du droit de la presse à Internet est mise en cause La jurisprudence est encore hésitante pour réglementer l’édition électronique. Aux Etats-Unis, le Web est soumis au même régime que la presse et l’édition pour les questions de diffamation. En France, la question n’est pas définitivement tranchée INTERNET peut-il être considé- solète pour le Web ? Le tribunal de tion estimait « outrageusement ra- blier des textes sur Internet est “conti- poursuivi au-delà d’un an après sa censure très grave. il suffira que quel- ré comme un média comme un Nanterre devait examiner, mercredi cistes ». Tout en reconnaissant le nu” risque de multiplier les procès. mise en ligne. qu’un demande la fermeture d’un autre ? Cette question n’a pas fini 19 avril, une plainte de l’Union des bien-fondé de l’action de l’UEJF, le Dans les cas de diffamation, il sera Pour Bertrand Delcros, président site pour l’obtenir », renchérit Basile d’être un casse-tête chinois pour étudiants juifs de France (UEJF) tribunal de grande instance (TGI) par exemple impossible de demander de la commission juridique du Ader. les tribunaux. La législation actuel- contre la société Multimania, à qui de Paris a, le 10 juillet 1997, rejeté sa des preuves à des journalistes dix ans Groupement des éditeurs de ser- Valentin Lacambre, dirigeant lement en vigueur pourrait être sé- il est reproché d’avoir hébergé un demande, puisque les faits étaient après un article incriminé. » Si l’arrêt vices en ligne (Geste), qui regroupe d’Altern, un service français d’hé- rieusement remise en cause. « C’est site néo-nazi. L’UEJF a parallèle- prescrits. La loi sur la presse pose de la cour d’appel est confirmé, il une centaine d’adhérents, «on bergement de sites Web – qui a été l’évolution de la notion de publica- ment déposé plainte contre X... en effet comme principe : « Passé sera également possible d’attaquer constate un réel désarroi dans la ju- lourdement condamné deux fois, tion, de la presse écrite à Internet », pour « incitation à la haine raciale, un délai de trois mois après sa pre- les articles contenus dans les archi- risprudence sur Internet en France ». pour avoir abrité un site qui mon- qu’il faut déterminer, souligne Ba- apologie de crimes contre l’humanité mière publication, un contenu ne ves que les journaux ont mis en trait des photos d’Estelle Hallyday sile Ader, avocat spécialisé dans ce et appels aux meurtres ». peut plus faire l’objet de poursuites en ligne. Ce qui ne fera pas l’affaire des « UN RÉEL DÉSARROI » nue et pour avoir hébergé des secteur. justice. » éditeurs. Une partie de ceux-ci (Le Il redoute surtout qu’à terme une pages Web sado-masochistes utili- La loi du 29 juillet 1881, sur la li- « INCITATION À LA HAINE » Entre-temps, Jean-Louis Costes a Monde interactif, Les Echos, La Tri- censure ne s’instaure a priori sur le sant le nom et l’image du poussin berté de la presse, réglemente plus Le jugement aura valeur réédité ses textes sur un autre ser- bune, Libération, l’Agefi, ZD. Net) Web, si l’amendement Bloche, in- Caliméro – ne se voit pas du tout que la simple sphère des journaux d’exemple, non seulement pour les veur, et le ministère public, l’UEJF, ont tenté d’apporter des garanties clus dans la loi sur l’audiovisuel, est dans ce nouveau rôle de chien de pour encadrer « le droit de la publi- plaignants, mais aussi pour les hé- le Mouvement contre le racisme et en adoptant, fin mars, une charte adopté en seconde lecture par les garde. Selon lui, « les hébergeurs fer- cation ». bergeurs de site et les défenseurs de pour l’amitié entre les peuples d’édition électronique. Le texte pré- sénateurs. Dans le cas d’un contenu meront l’accès aux sites dès qu’ils se- Cette loi qui permet de rendre l’espace de liberté que représente (MRAP), la Ligue internationale cise notamment : « L’édition en ligne illicite qui pourrait causer préjudice ront contactés par des tiers, et les au- publiques des informations ou des Internet. L’arrêt de la Cour de cas- contre le racisme et l’antisémitisme obéit aux mêmes règles légales que à un tiers, ce dernier pourrait, selon teurs des sites auront “peur de dire opinions réprime aussi les abus de sation dans l’affaire de Jean-Louis (Licra) et la Ligue des droits de l’édition traditionnelle. » le projet de loi, mettre en demeure des conneries”. Avec Internet, la li- cette liberté, comme la diffama- Costes sera aussi extrêmement ins- l’homme ont fait appel de la déci- Aux Etats-Unis, les juges ont été l’hébergeur de « procéder aux dili- berté d’expression devient accessible tion, la diffusion de messages ra- tructif. sion du TGI. Le 15 décembre 1999, moins va-t’en-guerre. Le Web est gences appropriées ». Pour M. Del- à tout le monde. Visiblement, cette li- cistes, les provocations aux crimes En 1996, l’UEJF avait attaqué le la situation s’est inversée : la cour tout simplement aligné sur la ré- cros, cette mesure, « sans réelle por- berté gêne, et la France adopte une et délits, etc. Ce qui a été appliqué, parolier Jean-Louis Costes pour d’appel a infirmé le premier juge- gime américain de la presse et de tée juridique », risque « de mettre en mesure qui n’est en vigueur dans au- au cours du siècle, aux inventions « incitation à la haine ». ment et estimé que « la publication l’édition. La Court of Claims de cause la liberté d’expression. L’héber- cun pays du monde », a-t-il expliqué nouvelles, comme la photographie, Ce dernier avait publié, le 14 sep- résulte de la volonté renouvelée de l’Etat de New York vient de consi- geur ne doit pas être mis en position au magazine Transfert. la radio, le cinéma et le disque pho- tembre 1996, sur son site les textes l’émetteur qui place le message sur dérer qu’un article diffamatoire ac- de juge du contenu d’un site ». «On nographique, sera-t-il ou non ob- de certaines chansons que l’associa- un site et choisit de l’y maintenir ou cessible sur Internet ne peut être risque d’arriver à un phénomène de Nicole Vulser de l’en retirer comme bon lui semble. En conséquence, l’acte de publication Autocensure et droits de l’homme devient ainsi continu ». La cour a re- jeté purement et simplement le Les Berbères ont désormais leur propre télévision Un magazine homosexuel britannique, Outcast, a saisi la principe de prescription sur Internet Cour européenne des droits de l’homme après la fermeture de en affirmant que les caractéris- UNE VOIX S’ÉLÈVE dans le stu- même vingt ans plus tard, la créa- Castor – « les valeurs sont positives son site Internet par la société qui l’hébergeait, de peur de tiques techniques de ce média dio de la radio qui émet depuis Pa- tion de la chaîne de télévision de et les allégories proches des lé- poursuites en diffamation. Menacée d’une plainte par une « obligent à adapter les principes po- ris vers les Berbères d’Europe et langue et de culture berbères. gendes de chez nous » ; des séries autre publication homosexuelle, The Pink Paper, qui s’estimait sés par la loi sur la presse ». du Maghreb. L’homme téléphone La télévision BRTV, parrainée éducatives censées ouvrir les en- diffamée, l’hébergeur, Netbenefit, « a préféré ne prendre aucun La Cour de cassation s’est de Djelfa, une petite ville d’Algérie par le champion du monde fran- fants à « la diversité des conditions risque et fermer le site, alors que nous n’avions encore rien contentée, le 21 mars, de constater aux portes du Sahara. La distance çais de judo, Larbi Benboudaoud, de vie dans le monde ». écrit », a affirmé Chris Morris, rédacteur en chef d’Outcast. que le pourvoi de Jean-Louis Costes est effacée par la qualité de la émet depuis le 1er janvier des pro- Et des productions propres : Au moins trois autres sites ont été fermés pour des raisons était, en raison d’un vice de procé- ligne numérique, il pourrait se grammes. Diffusée en temps nor- « Qui sont les Berbères ? » (micro- similaires depuis quinze jours par les hébergeurs de sites. dure, frappé de nullité. Elle a préfé- trouver à quelques encablures du mal en numérique, elle nécessite trottoirs réalisés en France) ; « En portant l’affaire devant la Cour européenne des droits de ré attendre de pouvoir examiner siège de Berbère Radio Télévision donc un décodeur et une carte « BRTV chez vous » (une équipe l’homme, nous espérons forcer le gouvernement [britannique] à l’affaire dans son intégralité avant (BRTV), rue du Cherche-Midi. d’abonnement. va chez un abonné qui raconte son changer la loi concernant la diffamation, le Defamation Act de de se prononcer sur le fond. « Si la Pendant cinq minutes, il règle, émigration, son insertion en 1996, a expliqué Chris Morris. En tant qu’éditeur, je suis per- Cour de cassation confirme l’arrêt de avec l’aide de l’animateur, son té- AVENTURE AUDIOVISUELLE France, etc.) ; il y a aussi des por- suadé que cette loi ne devrait s’appliquer qu’aux journalistes et la cour d’appel, cette décision sera léviseur de manière à recevoir, sa- L’idée éditoriale : renforcer «la traits (« Ud em », visages en ber- à l’éditeur, et non pas aux supports qui publient les articles en révolutionnaire, souligne Basile medi 22 avril à 18 heures précises, nouvelle prise de conscience par les bère), ainsi que des émissions en question. » Ader. Considérer que l’acte de pu- les six heures de programme en Berbères de leurs racines ». plateau sur la culture et la citoyen- clair que la jeune chaîne de télé- « Quand les valeurs que même neté. Celles-ci sont enregistrées vision créée par BRTV s’apprête à l’école a essayé d’éradiquer restent dans les studios de la rue Cognac- diffuser pour le 20e anniversaire présentes en vous et que vous pre- Jay, en alternance avec la chaîne du Printemps berbère. nez conscience de leur importance, catholique KTO. Mais bientôt, Le petit standard de l’entreprise, vous vous dites, le jour où vous avez BRTV disposera de son propre qui annonce depuis quelques jours les moyens, qu’il faut faire quelque plateau et de sa sortie d’images cette soirée spéciale, croule sous chose », explique Mustapha Saadi, numériques rue du Cherche-Midi. les appels, d’Algériens surtout. Les avocat depuis vingt-cinq ans en Les cassettes n’auront plus à être Berbères veulent être prêts pour le France, devenu directeur de BRTV. transportées chaque soir à Co- jour J. Cette télévision, c’est une Grâce aux 12 millions de francs gnac-Jay pour être envoyées sur le première. Ils n’ont jamais disposé des donateurs privés et à ses satellite. d’une chaîne consacrée à leur 1 300 abonnés (à 1 990 francs par Cette aventure audiovisuelle culture, diffusée dans leur langue. an), la télévision devrait pouvoir berbère rappelle un paradoxe plus Seuls existent en Algérie quelques tenir un an sur ses fonds propres. large à cet Algérois, dépité : journaux sporadiques sur les Elle espère un jour être diffusée « Nous ne sommes pas autorisés ici chaînes d’Etat. L’heure est donc à sur TPS et CanalSatellite, et à plus à créer une télévision privée, mais la première commémoration en court terme sur le câble. En atten- on peut la diffuser depuis l’étran- images de l’action qui, selon eux, a dant, elle se débrouille seule avec ger. » En effet, les chaînes locales à sonné en avril 1980 la « renais- quatre heures d’émissions quoti- capitaux privés ne sont toujours sance identitaire berbère » : il y a diennes. Des adaptations dou- pas autorisées en Algérie. vingt ans exactement, le poète ka- blées : une heure de dessins ani- byle algérien Mouloud Mammeri més, comme Les albums du père Florence Amalou était intercepté par la police alors qu’il se rendait à l’université de Ti- zi Ouzou pour présenter son re- cueil Poèmes kabyles anciens. Le groupe NRJ L’arrestation de cet homme, perçu comme un modeste artisan de la langue, a provoqué l’indigna- restructure son capital tion des Kabyles descendus mani- fester, avant d’être réprimés. C’est LE GROUPE RADIOPHONIQUE présidé par Jean-Paul Baudecroux a ce réveil qui justifie, selon eux, décidé de regrouper les actifs de la station NRJ avec ceux de sa société mère, le Groupe Sonopar. Cette opération sera effectuée sous la forme d’une offre publique d’échange (OPE) de Sonopar sur le groupe NRJ Canal Horizons (NRJ, Chérie FM et Rires et chansons), a annoncé NRJ, mercredi 19 avril. Au final, Groupe Sonopar sera coté au règlement mensuel à la distribué en Algérie place de NRJ et rebaptisé NRJ Group. L’OPE devrait se dérouler en plusieurs étapes pour cause de Après avoir été piratée pen- contraintes juridiques et fiscales. Le groupe radiophonique a refusé le dant des années, Canal+ vient principe d’une fusion car il ne pouvait « envisager une solution dans la- d’annoncer, à travers sa filiale quelle on perdrait la personne morale de NRJ et les autorisations d’émettre en Afrique, Canal Horizons, qui allaient avec », a expliqué Alain Weill, directeur général de NRJ. qu’elle allait distribuer ses déco- Avec cette OPE, la marque NRJ sera valorisée à 320 millions de francs. deurs et vendre des abonne- ments en Algérie. C’est l’agence DÉPÊCHES Mosaïc Networks qui est man- a CSA : l’accès de tous les sites internet à la publicité télévisée en- datée pour tenter de mettre un trera en vigueur le 1er septembre 2000, a indiqué, mercredi 19 avril, Her- terme au marché noir local de la vé Bourges, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), télévision payante. Pour ce faire, après avoir dressé le bilan de la concertation engagée avec les organisa- elle proposera des abonnements tions professionnelles. Malgré les réactions hostiles, M. Bourges a à 150 francs par mois, et vendra confirmé qu’« il est exclu que le CSA revienne sur sa décision » d’auto- les décodeurs 2 000 francs. riser l’accès de tous les sites, y compris des secteurs interdits de petit En dépit de ces tarifs élevés, la écran (distribution, presse, cinéma, édition...). chaîne estime pouvoir atteindre a TÉLÉVISION : Nagui annonce son départ de Canal+. Dans un en- 30 000 abonnés la première an- tretien à Libération, le présentateur de l’émission Nulle part ailleurs de- née et 50 000 par la suite. L’arri- puis septembre 1999 estime qu’il « ne sent pas sa place » dans la future vée de Canal Horizons en Algé- grille de rentrée que lui a présentée Alain De Greef. rie est « parrainée » par le a Le groupe AB a enregistré, en 1999, un bénéfice net de de ministre de la culture et de la 38,2 millions de francs (5,8 millions d’euros) après des pertes de communication, Abeldmadjid 235,4 millions de francs en 1998 (35,8 millions d’euros). Le chiffre d’af- Teboune. En échange de cet ac- faires producteur et distributeur indépendant de chaînes thématiques a cord, une première du genre, les atteint 836,4 millions de francs (127,5 millions d’euros), en hausse de programmes des chaînes d’Etat 13,9 %. algériennes devraient être dis- a PRESSE : la distribution du Parisien et de L’Equipe du jeudi tribuées en France sur le câble 20 avril a été en grande partie bloquée à Paris et dans la région pari- « avant la visite du président sienne à la suite d’un mouvement social déclenché dans la filiale Paris Bouteflika, en juin prochain », distribution presse des Nouvelles Messageries de la presse parisienne rapporte la lettre Satellifax du (NMPP). 11 avril. LeMonde Job: WMQ2104--0021-0 WAS LMQ2104-21 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:51 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0474 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / 21

EUROPE

ÉCONOMIE

TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

UIWPDWU TITHDIH TIWWDPW

VHTR TSRS

AFFAIRES TUQV Le Japon agira seul francs (670 millions d’euros) en fé-

UVIQ TQST

SERVICES TSVW vrier, soit 100 millions de francs de

USTP TITT

b CALVIN KLEIN : la société TRRH pour faire baisser plus qu’en février 1999, a indiqué

INDUSTRIE , mercredi le ministère de l’Agri- UQII SWUT américaine en quête d’un TPWP

b FORD : dans le cadre de son repreneur depuis octobre 1999, a culture. Les exportations agroali- UHTH SUVU TIRQ le yen

plan de restructuration en annoncé mercredi qu’elle y mentaires tout comme les importa- TVHW SSWU

Europe, le constructeur renonçait pour demeurer « une [[[SWWR [[[ [[[LE MINISTRE japonais des Fi- tions ont progressé de 4 % par

PH tF T wF PH eF PH tF T wF PH eF automobile américain envisage entité privée et indépendante ». PH tF T wF PH eF nances, Kiichi Miyazawa, a déclaré rapport à février 1999, s’élevant res- de céder à l’allemand Getrag la jeudi 20 avril que son pays inter- pectivement à 18,7 et 14,3 milliards Indices cours Var. % Var. %

moitié de l’une de ses deux usines b RESTAURATION Europe 9h57 f se´lection 20/04 19/04 31/12 viendra seul sur le marché des de francs.

HDRT RDHQ

de boîtes de vitesses mécaniques FERROVIAIRE : la SNCF devrait EUROPE EURO STOXX 50 SIHPDIW changes si le taux de change du yen

± RVVRDHS HDPS PDWW

situées à Blanquefort (Gironde). trancher, mercredi 26 avril, sur EUROPE ƒ„yˆˆ SH est inapproprié. « Nous avons dit a PORTUGAL : la production in-

RPRDHP HDPV IDVU

Des négociations sont également l’avenir de la restauration EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR clairement au G7 et c’est la raison dustrielle a enregistré en février un

± ± HDHU HDPQ

en cours dans les sites de Cologne ferroviaire, actuellement confiée à EUROPE STOXX 653 QUVDTI pour laquelle cela n’est pas inclus recul de 0,2 % par rapport au même

TIWWDPW HDSQ RDHR (Allemagne) et de Halewood Wagons-Lits (groupe Accor), qui a PARIS geg RH dans le communiqué (conjoint, publié mois de 1999, après une hausse de

FFFF FFFF FFFF (Angleterre). fait jouer la clause de sortie, et PARIS wshgeg samedi) », a dit M. Miyazawa de- 1,1 % en janvier, a indiqué mercredi

RIUSDTT HDTR QDHR pourrait lancer un appel d’offres PARIS ƒfp IPH vant une commission financière de l’Institut national de statistiques.

FFFF FFFF FFFF

b RENAULT VI : le fabricant de pour trouver un nouveau PARIS ƒfp PSH la Diète. Il a ajouté que les Etats-

Â

FFFF FFFF FFFF

poids lourds va s’associer avec prestataire. PARIS ƒigyxh we‚gri Unis et le FMI partageaient les a ROYAUME-UNI : les salaires

± TSRDSQ HDHT PDSI

Giat industries pour répondre à AMSTERDAM eiˆ préoccupations du Japon concer- moyens ont progressé de 6 % en

±

PVVVDQW HDPQ IQDSQ

la consultation lancée par la BRUXELLES fiv PH nant l’état de l’économie nippone et glissement annuel durant le tri-

± UIWPDWU HDQQ QDQU

délégation générale pour FINANCES FRANCFORT heˆ QH que leur position n’avait pas changé mestre achevé en février, au plus

± ± TITHDIH HDRH IIDII

l’armement pour la fourniture de b TARIFICATION BANCAIRE : LONDRES p„ƒi IHH sur une appréciation rapide du yen, haut depuis juillet 1992, et de 0,1 %

± ± IIQQIDTH HDHU PDTT

700 véhicules blindés. dix associations de MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi jugée dangereuse pour la fragile re- par rapport au trimestre achevé en

RQWPHDHH HDHU PDIT

consommateurs (sur dix-sept) MILAN wsf„iv QH prise économique japonaise. janvier, a annoncé mercredi l’Office

±

UQSTDVH HDHR PDVP b PFIZER : le laboratoire ont quitté la table des ZURICH ƒ€s a L’indicateur avancé de la des statistiques nationales. pharmaceutique américain, suite négociations sur la tarification conjoncture, censé préfigurer l’évo- au rachat de son rival bancaire, présidées par Benoît AME´ RIQUES lution de l’économie japonaise dans a POLOGNE : le secteur bancaire Warner-Lambert, a annoncé, Jolivet depuis octobre 1998. Une les six mois à venir, a été révisé à a enregistré en 1999 un résultat net mardi 18 avril, la réorganisation du réunion décisive devait se tenir NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR 77,8 pour le mois de février contre en hausse de 91,3 % à 3,5 milliards

groupe en quatre grandes divisions jeudi 20 avril sur le service une estimation initiale de 71,4 et de zlotys (837,2 millions d’euros)

IHTURDWT QUHTDRI

couvrant la pharmacie, les produits bancaire de base et le droit de la HDWQU après 88,9 en janvier, a indiqué contre 1,8 milliard de zlotys un an

IIRVW SHRV de santé vendus sans ordonnance concurrence en matière bancaire. IDHIQ l’Agence de planification écono- plus tôt, a annoncé jeudi l’Inspecto-

et les confiseries, les activités IIISH RUHQ HDWWV mique EPA. rat national du contrôle bancaire.

vétérinaires, et la recherche. b a Sur 77 banques commerciales en IHVIP RQSU ABN AMRO : la banque HDWVQ Les commandes à la construc-

néerlandaise n’est intéressée ni tion mécanique ont augmenté au Pologne, 39 ont été contrôlées par IHRUQ RHIP

b COCA-COLA : un ancien par une grande banque HDWTV Japon de 13,0 % en données corri- des capitaux étrangers (31 en 1998).

IHIQR QTTT

directeur des ressources allemande ni par ses activités HDWSP gées des variations saisonnières à Les capitaux allemands sont les plus

WUWT QQPI

de Coca-Cola, Larry a déclaré HDWQU 81,29 milliards de yens par rapport présents dans le système bancaire

humaines de banque de détail, [[[ [[[ [[[

PH tF U wF IW eF PH tF U wF IW eF Jones, a appelé, mercredi 19 avril, jeudi 20 le président de son PH tF T wF PH eF au mois précédent, a annoncé jeudi polonais, avec un total des investis- lors de l’assemblée générale directoire, Jan Kalff, dans un l’Agence de planification écono- sements de 1,08 milliard de zlotys annuelle du groupe, tous les Indices cours Var. % Var. % entretien au quotidien allemand Ame´rique 9h57 f se´lection 19/04 18/04 31/12 mique. Les commandes intérieures (258 millions d’euros). Viennent en-

salariés noirs au boycott. Handelsblatt, répondant aux ont progressé de 18,5 % à 41,65 mil- suite les capitaux américains ± ± IHTURDWT HDVT UDIS E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ

L’entreprise d’Atlanta est accusée rumeurs insistantes lui prêtant des liards de yens et les commandes (227 millions d’euros) néerlandais ± ± IRPUDRU HDWV PDVR E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH

de discriminations raciales. Une ambitions sur Dresdner Bank. étrangères de 7,8 % à 39,63 mil- (129 millions d’euros), français ± ± QUHTDRI PDQH VDWP E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i

procédure judiciaire est en cours. liards. (82 millions d’euros), irlandais ± WHQRDHI HDQW UDQU TORONTO „ƒi sxhiˆ

b (70 millions d’euros) et autrichiens ± ± IRWPTDIS QDIQ IPDTU COMMERZBANK : la société SAO PAULO fy†iƒ€e

b a (66 millions d’euros). ± ± QRQDHQ RDHW IRDSV AGRO-ALIMENTAIRE : le d’investissement néerlandaise MEXICO fyvƒe SINGAPOUR : l’agence de nota-

± ± SHVDVV IDTP UDST secteur a réalisé en 1999 un Rebon a annoncé détenir 9,9 % BUENOS AIRES wi‚†ev tion financière Standard and

± a confirmé mercredi les WTDPT HDHI QPDTW chiffre d’affaires de des droits de vote de la SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev Poor’s a ÉTATS-UNIS : la balance

± SRRVDIU HDHT HDST 124,5 milliards d’euros quatrième banque privée CARACAS ge€s„ev qixi‚ev notes de « AAA » pour la dette à commerciale s’est une nouvelle (816 milliards de francs), en allemande, a indiqué la banque. long terme et « A-1 + » pour celle à fois détériorée en février avec un hausse de 1,7 % par rapport à « Une discussion a conduit le court terme du gouvernement. déficit record de 29,2 milliards de l’année précédente, se hissant au directoire à la conviction qu’il s’agit ASIE - PACIFIQUE L’agence a motivé ces excellentes dollars, en raison d’un important premier rang des industries là d’un investissement financier et notes en expliquant que le gouver- alourdissement de la facture pétro- françaises. La France représente qu’une prise d’influence sur la TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN nement Singapour possédait des ac- lière (lire aussi page 18).

21,1 % du chiffre d’affaires direction opérationnelle n’est pas tifs net estimés à 175 % du produit IVWSWDQP WVDQS

alimentaire de l’Europe des l’objectif », a souligné la banque. ISQUIDHS intérieur brut, des réserves en de- a CANADA : le montant des PHVQQ IIIDU

Quinze, au premier rang devant IVQHI vises de quelque 75 milliards dollars, échanges extérieurs a diminué PHRRP IHW

l’Allemagne (18,6 %), a indiqué b SOCIÉTÉ GÉNÉRALE : la IUSWQ de solides fondamentaux écono- en février avec un ralentissement

PHHSI IHTDQ

mercredi l’Association nationale banque a franchi en hausse le ITVVS miques, un secteur financier bien ré- des exportations de 2,6 %, à

IWTTH IHQDT

des industries alimentaires (ANIA). seuil des 5 % des droits de vote ITIUV gulé et un système politique stable. 32,3 milliards de dollar canadien

IWPTW IHHDW de Peugeot SA, dont elle détient ISRUH (21,6 milliards de dollars), et une

b désormais directement et a baisse des importations de 1,2 %, à IVVUV WVDP SNECMA : la CGT de IRUTP FRANCE : les entreprises sont

l’établissement de Villaroche indirectement 4,068 % du capital [[[ [[[ [[[optimistes sur l’évolution de leur 28,3 milliards de dollars, indique PH tF U wF PH eF PH tF T wF PH eF

(Seine-et-Marne) a demandé et 5,006 % des droits de vote. PH tF U wF PH eF activité et de l’emploi au cours des mercredi Statistique Canada. L’ex- mercredi au président de Indices cours Var. % Var. % six prochains mois, tandis que leurs cédent commercial est resté très Zone Asie 9h57 f

SNECMA-moteur une enquête sur se´lection 20/04 19/04 31/12 perspectives d’investissement se fort, 4 milliards de dollars cana-

± IVWSWDQP HDTU HDIQ

des pratiques de fichage des RÉSULTATS TOKYO xsuuis PPS maintiennent à un bon niveau, se- diens.

± ± ISQUIDHS HDQT WDQV

salariés. Des dossiers étaient a MARTIN MAUREL : la HONGKONG rexq ƒixq lon une enquête réalisée en mars

± PHUQDVR HDUQ ITDQT SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ

constitués, dans lesquels figurent banque familiale a dégagé un par l’institut Médiamétrie pour la a ARGENTINE : le déficit budgé-

± WSDVT HDVV PTDPU SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ

l’appartenance syndicale du bénéfice net part du groupe en Chambre de commerce et d’indus- taire a atteint 2 milliards de pesos

±

QHRIDSH FFFF QDSP

salarié, les arrêts de travail qu’il a hausse, pour la vingt-deuxième SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ trie de Paris. (même somme en dollars) au pre-

± ± PUDWU HDQP IWDRW BANGKOK ƒi„

observés, les stages syndicaux année, de 29,5 % en 1999, à a L’excédent du commerce exté- mier trimestre, en ligne avec les ob-

± ± RSRPDSQ PDTR WDPT BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ

auxquels il a participé, indique la 35,1 millions de francs (5,35 mil- rieur agroalimentaire de la jectifs fixés avec le Fonds monétaire

± PHIPDRP HDRU VDVH WELLINGTON xƒiERH CGT. lions d’euros). France a atteint 4,4 milliards de international.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro

Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 19/04

HDISPRS UDRSPS FRANC...... TDSSWSU EURO...... COURONNE DANOISE.

´ QDQSQVS VDIUQQ Action Crédit lyonnais DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVEGIENNE

´ QDQVUUR VDPTQH PARIS NEW YORK LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUEDOISE ......

Dresdner détient 3,6 % ` QDWRPQV QTDQRVH en euros à Paris IDTTQVT

L’INDICE CAC 40 a débuté la L’INDICE NASDAQ a perdu PESETA ESPAG. (100).... PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHEQUE QDPUIWH IDSVRH ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

séance du jeudi 20 avril en 2,30 %, à 3 706,42 points mercre- RDUTUHQ IDQWWR

du Crédit lyonnais SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

41,05 ´ ´ VDQPVWR IDVWWH

50 hausse de 0,10 % à di 19 avril. L’indice Dow Jones a PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NEO-ZELAND

le 20 avr. ´ ´ PDWUTTH QQSDQVHH

AU DÉTOUR d’une conversation 6 172,78 points. La Bourse de Pa- reculé de 0,86 %, à 10 674,96 FLORIN NEERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NEERLANDAIS DRACHME GRECQUE .. IDTPTHU PSVDSIHH FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

IDIHQPR RDHTHS avec quelques analystes financiers ris avait terminé, mercredi, der- points. Ces deux baromètres MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... londoniens, Bernd Voss, un 45 nier jour du terme d’avril, sur boursiers ont fléchi sous des membre du directoire de Dresdner une note positive. L’indice prises de bénéfice après deux Bank, a laissé tomber une infor- CAC 40 avait fini la séance sur journées de net rebond. Cours de change croise´s 40 mation qui n’est pas tombée dans une hausse de 0,31 %, à Cours Cours Cours Cours Cours Cours 20/04 9h57 f

l’oreille de sourds. Rappelant que 6 166,46 points. Le mois boursier DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. DOLLAR ...... FFFFF HDWSRTI HDWQUVS HDIRQHU IDSVHIS HDSWUIP

les liens entre Allianz et Dresdner d’avril s’est achevé sur une perte TAUX

35 YEN ...... IHRDUSSHH FFFFF WVDQSSHH IRDWWHHH ITSDSTHHH TPDSUSHH

étaient toujours solides – plus so- de 3,11 %, après deux liquidations LES RENDEMENTS des obliga- EURO...... IDHTTPU IDHITUQ FFFFF HDISPRS IDTVQWS HDTQTRH

lides que certaines amitiés plus ré- positives en février et en mars. tions européennes se tendaient FRANC...... TDWVWRS TDTUIPS TDSSWSU FFFFF IIDHRSUS RDIUSHH

centes de l’assureur –, il aurait in- 30 jeudi matin. Celui de l’obliga- LIVRE...... HDTQPVS HDTHRHH HDSWQVS HDHWHSS FFFFF HDQUVHH FRANC SUISSE ...... IDTURUH IDSWVHS IDSUIUS HDPQWRS PDTRSUH FFFFF diqué que sa banque n’était pas tion assimilable du Trésor fran- dépourvue d’atouts stratégiques et FRANCFORT 25 çais émise à 10 ans s’inscrivait à notamment qu’elle avait des parti- A LA BOURSE de Francfort, l’in- 5,43 % et celui du bund allemand Taux d’inte´reˆt(%) Matif cipations dans deux banques fran- O N D J F M A dice de référence DAX des trente de même échéance se situait à Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier çaises : la BNP, ce que toute le 1999 2000 valeurs vedettes a ouvert quasi 5,26 %. Outre-Atlantique, les in- Taux 19/04 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans Cours 9h57 f 20/04 prix prix

Source : Bloomberg Notionnel 5,5 QDTW SDQW SDUI monde savait, et le Crédit lyon- inchangé, jeudi (– 0,01 %), à vestisseurs ont transféré mer- FRANCE ...... QDVQ

VTDRW VTDRT

JUIN 2000 ...... PRRPS

QDWQ SDPV SDTR

nais, une surprise. Ce dernier la BNP, s’intéresse de près au Cré- 7 216,22 points. La Bourse de credi des capitaux des marchés ALLEMAGNE .. QDUS

TDHV SDQH RDTH

compte plusieurs grands « action- dit lyonnais, mais sa présence n’est Francfort avait terminé, mercre- d’actions vers le marché obliga- GDE-BRETAG. SDVV Euribor 3 mois

xg xg xg QDWH SDST SDWS ITALIE...... QDUS MAI 2000 ......

HDHT IDUI PDHR naires partenaires » soigneuse- pas anodine. « Si la Dresdner se di, sur une hausse de 0,28 %, à taire, où les placements sont JAPON...... HDHT

´ SDVP TDHQ SDVU

ment sélectionnés lors de sa priva- rapprochait de la Commerzbank, les 7 216,71 points. censés être moins risqués. Le ETATS-UNIS... SDWI

PDVH QDWQ RDQP SUISSE...... PDQV

tisation. Deux groupes allemands, banques allemandes pourraient rendement de l’obligation à 30 Pe´trole QDWH SDRR SDUP PAYS-BAS...... QDUH Allianz et la Commerzbank, en compter, avec le soutien d’Allianz, ans s’est détendu à 5,844 % Cours Var. %

font partie avec respectivement sur plus de 13 % du capital du Lyon- LONDRES contre 5,912 % mardi, de même En dollars f 19/04 18/04

FFFF

6 % et 4 % du capital. Mais la nais, soit plus que le Crédit agri- L’INDICE FOOTSIE de la Bourse que celui sur les bons à dix ans à Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... PQDUU

FFFF

Dresdner, elle, a acheté ses 3,6 % cole », échafaude un analyste fi- de Londres reculait jeudi matin 5,975 % contre 6,046 %. Les taux WTI (NEW YORK) ...... PUDQS

Cours Var. % C PDUR LIGHT SWEET CRUDE .... PUDQV sur le marché, tout comme l’a fait nancier. L’avenir du Lyonnais n’est de 0,52 % à 6 152,4 points. La de rendement évoluent à l’in- En dollars f 19/04 18/04

la Société générale (SG), fin 1999. donc pas joué. Il n’en fallait pas Bourse de Londres avait terminé verse des prix des obligations. ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

± HDST

Le Crédit lyonnais, qui a étudié de plus pour relancer l’action à la en forte hausse, mercredi, à la fa- CUIVRE 3 MOIS...... ITWIDSH Or ± HDQR ALUMINIUM 3 MOIS ...... IRUI

près la composition de son action- hausse : elle a gagné 6,4 %, à veur d’une reprise du Nasdaq en ± HDST

PLOMB 3 MOIS ...... RRQDSH

Cours Var %

± HDTR

nariat fin 1999, était au courant de 41,2 euros, jeudi 19 avril. début de séance. L’indice avait MONNAIE ETAIN 3 MOIS ...... SRRS En euros f 19/04 18/04

± HDPP

la présence de la banque alle- Une autre bonne nouvelle est ZINC 3 MOIS...... IIRWDSH

gagné 1,83 %, à 6 184,9 points. C

HDPI

L’EURO se reprenait légèrement OR FIN KILO BARRE ...... WRPH ±

HDRP NICKEL 3 MOIS ...... WRIH

C HDWS

mande et a informé son conseil tombée pour la banque mercredi OR FIN LINGOT...... WTIH

face au dollar jeudi matin, lors ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

± VDQS

ONCE D’OR (LO) $ ...... PVIDQS

d’administration en janvier 2000. après la clôture des marchés. ± HDIH

des premières transactions, ARGENT A TERME ...... SDIU

` ± HDIV

PIECE FRANCE 20 F...... SRDSH

± HDSH

PLATINE A TERME ...... IPIRQPDSH « Mais la Dresdner ne nous a pas L’agence de notation Standard & TOKYO ` C HDIV après avoir atteint un nouveau PIECE SUISSE 20 F...... SRDPH

´

` ± PDQR

informés de cette position et nous Poor’s a relevé de BBB+ à A- sa LA BOURSE de Tokyo a terminé plancher face au dollar mercredi GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIECE UNION LAT. 20 .... SRDPH

´ C ± HDRH PSR ` QDVI BLE (CHICAGO)...... PHP

n’avons jamais eu de discussions note à long terme, saluant la « sta- en hausse de 0,4 % à l’issue de la soir. La devise européenne co- PIECE 10 DOLLARS US ...

± ± HDPP PPUDPS ` PDHU MAIS (CHICAGO)...... PIECE 20 DOLLARS US ... RHIDSH

± HDQH ITVDPH ` FFFF avec elle en vue de nouer des parte- bilisation du fonds de commerce » séance de jeudi, en dépit d’une tait 0,9415 dollar, contre 0,9407 SOJA TOURTEAU (CHG.). PIECE 50 PESOS MEX...... QSHDSH

nariats », indique un porte-parole et « du profil financier de la baisse des Bourses américaines dollar mercredi soir. Face au SOFTS $/TONNE

±

PDVU

de la banque. banque ». en clôture. L’indice de référence yen, l’euro cotait 98,46 yens. Le CACAO (NEW YORK)...... VIQ

´ C HDSR CAFE (LONDRES) ...... WPW Cotations, graphiques et indices en temps

Il serait difficile de dire que la FFFF Nikkei a gagné 81,72 points, à billet vert s’échangeait SUCRE BLANC (PARIS) ... FFFF re´elsurlesiteWebdu«Monde». banque, partenaire historique de Sophie Fay 19 168,34 points. 104,56 yens. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ2104--0022-0 WAS LMQ2104-22 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:38 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0475 Lcp: 700 CMYK

22 / LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours

SIHPDIW

VALEURS EUROPE´ENNES QUVDTI

RHS SRUP

SHVH

QVP QUVDVU

b Norwich Union QUPDWS QUVDTI

L’action a pro- groupe britannique. Le titre Blue SIHPDIW SHQRDPS

RTVV

gressé de 3 pence, pour clôturer à Circle a terminé en quasi-stabilité à QSW

SHUVDTW

RPWT 428,75 pence, mercredi 19 avril, 433,75 pence, après une légère QQT SHTIDWH

après l’annonce d’une hausse de hausse initiale. QTVDPT QURDHR QWHR

69 % des nouvelles primes au pre- b Infineon Technologie, la filiale QIR RWVRDUI

QSIP

mier trimestre à 1,2 milliard de de Siemens, a gagné 6,08 %, à PWI [[[[[[[[ [[[[[[[[

†vwwt PH e†‚sv PH yg„F PH e†‚sv †vwwt livres. 67,89 euros, mercredi. Sa maison PH e†‚sv PH yg„F PH e†‚sv

b Royal Bank of Scotland a gagné mère a annoncé la création de Ver-

C C e C e

± RPTDVH HDHU qf UDVT IDRU qf ISDQI HDRR s„ WDIW PDII 16,5 pence, pour terminer à tacross, une plate-forme de LVMH / RM p‚ SCOTT & NEWCAST PRUDENTIAL EDISON

C

e C e e ± ± TDWS HDSU qf VDPW WDHI s„ IIDIV HDIV fi PVPDIH PDPS

954,5 pence, mercredi, après que le commerce électronique inter-en- MOULINEX /RM p‚ SOUTH AFRICAN B RAS ELECTRABEL

C e ±

QDHV FFFF qf QDVI IDQQ qf SDUP HDVU €„ IVDUI FFFF

groupe eut annoncé 40 millions de treprises. PERSIMMON PLC qf TATE & LYLE ROYAL SUN ALLIA ELECTRIC PORTUG

C C e C e e ± RQDUH IDUS qf SDHS PDQU ps QWDQH HDUU iƒ PQDUR IDHV PREUSSAG AG hi UNIGATE PLC SAMPO -A- ENDESA

livres supplémentaires d’économies b L’opérateur téléphonique Deut- C e C e ± PDRU FFFF xv SIDSH IDSV gr IUUPDWP HDSH s„ RDQW HDPQ RANK GROUP qf UNILEVER SWISS RE N ENEL

sche Telekom

e e C ± IWHDVP FFFF qf TDSS IDSI €„ SVDUT FFFF e„ IIVDVH HDSS issues de sa fusion avec NatWest. a reculé de 2,22 %, à SAIRGROUP N gr UNILEVER SEGUROS MUNDIAL EVN

C e ± ± IHDPH FFFF qf WDVI HDIU ƒi RWDHI HDUR ps RDHV IDRS

b Le cimentier Blue Circle a fait 70,99 euros en Bourse, mercredi. Le SAS DANMARK A/S hu WHITBREAD SKANDIA INSURAN FORTUM

e e C ± TQ FFFF qf IDWI IDUP xy TDQH FFFF iƒ IWDQS HDUV

l’objet d’importantes transactions, groupe a continué de souffrir en ce SEB /RM p‚ COCA-COLA BEVER STOREBRAND GAS NATURAL SDG

e e C ± ± ITH HDQI PITDSI HDHR qf UDQS FFFF iƒ IQDSQ HDUR SODEXHO ALLIANC p‚ f DJ E STOXX F & BV P SUN LF & PROV H IBERDROLA

mercredi, avec le rachat de 20 % de début d’année de la concurrence e ± ± ± IIUHDWR HDQP gr SVUDQV HDPP s„ RDUH HDVR THE SWATCH GRP gr SWISS LIFE REG ITALGAS

son capital sur le marché par le toujours plus forte des autres opé- ±

PRIDTP FFFF hu ITDWI FFFF qf VDRR HDSW

THE SWATCH GRP gr ´ TOPDANMARK NATIONAL GRID G

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BIENS D’EQUIPEMENT C PRDPH FFFF gr RURDQS HDPU qf RDWV IDHP français Lafarge. Ce dernier, qui a rateurs et de la pression sur les ta- VOLVO -A- ƒi ZURICH ALLIED N NATIONAL POWER

C

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ƒi PSDII HDUQ RIPDTP HDRS e„ IHV FFFF VOLVO -B- C f DJ E STOXX INSU P OESTERR ELEKTR IPPDUI IDUI

augmenté son offre à 450 pence, a rifs téléphoniques. Ses gains ont ABB N gr

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WW/WW UK UNITS C POWERGEN WSPDSH QDQI

reçu immédiatement un refus du stagné au premier trimestre. ADECCO N gr

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20/04 10 h 04 f ƒi IW FFFF

pays en euros 19/04 ± IIDWU IDSI qf SYDKRAFT -C- ƒi PSDPW FFFF

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s„ ITDVH HDVR qf QDII FFFF

e C ROCHE HOLDING MEDIASET

QIDRH IDTP

e DEGUSSA-HUELS hi COOKSON GROUP P ±

TSDRS IDVU

DAIMLERCHRYSLER hi

± C

gr IIQRUDRU HDIU

qf QQDUT PDHP

WUWSDQU FFFF

e ROCHE HOLDING G hu PEARSON

QTDIH FFFF

DSM xv DAMPSKIBS -A- e C

PUDTS PDTH

FIAT s„

e C

± p‚ RRDPH PDUW

qf UDPH PDRW

hu IHTHHDRU FFFF

C SANOFI SYNTHELA REED INTERNATIO

RTUQDTI HDIR

EMS-CHEM HOLD A gr DAMPSKIBS -B- e C

ISDSS HDQP

FIAT PRIV. s„

e C

C hi ISI HDPH qf IUDVV RDIW

IRUTHDIS FFFF

SCHERING AG hu ± REUTERS GROUP

WDII QDPH qf EURO

e ICI DAMSKIBS SVEND

QU FFFF

MICHELIN /RM p‚

C

C

qf IRDQI PDTR

qf TDTP RDRW

IHDVS FFFF

e SMITHKLINE BEEC qf ______TELEWEST COMM.

SDTH FFFF

e KEMIRA ps ELECTROCOMPONEN

±

PIUDRH HDWT

PEUGEOT p‚

e

±

e C C QUDRH HDUP fi e

p‚ TUUDSH QDIP IDIR IDUW

UCB p‚ TF1

VDSR FFFF

e LAPORTE qf EUROTUNNEL /RM

±

PDSQ HDUV

PIRELLI s„

C NOUVEAU

C

HDSU RISDRV e

qf IQDUI UDVW

PH FFFF

f DJ E STOXX HEAL ps ± UNITED NEWS & M

SQUDPI HDVP

LONZA GRP N gr FINNLINES e C

RSDWH P

RENAULT p‚

e C

xv PQT FFFF qf QDUQ HDRS

e C UNITED PAN-EURO

IWDUP IDWT

e RHODIA p‚ FKI ±

SW IDSV

VALEO /RM p‚ ´

C MARCHE e

xv SVDIH HDTW hu IVDQV FFFF

e C VNU

USDSH IDVP

SOLVAY fi FLS IND.B e C

RIDRH IDVS

VOLKSWAGEN hi ´

ENERGIE e ±

e C xv PT HDHV

e„ QSDWH HDHV

e C WOLTERS KLUWER RHDUT HDHP

TESSENDERLO CHE fi FLUGHAFEN WIEN

±

IDSI

f DJ E STOXX AUTO P PQHDSR Cours % Var.

C

qf IRDWQ IDPS SDTH FFFF qf IRDPU FFFF qf 10 h 04

C WPP GROUP 20/04 HDRU f DJ E STOXX CHEM P QSWDTW BG GKN f en euros 19/04

C

C ± SSWDRQ IDHS VDUI HDIW q‚ SDUP HDUV BP AMOCO qf HALKOR f DJ E STOXX MEDIA P

C PTDIU FFFF qf TDVW HDUQ BURMAH CASTROL qf HAYS AMSTERDAM

´ e e ± WDIT HDRQ hi TH FFFF

CONGLOMERATS CEPSA iƒ HEIDELBERGER DR

C

HDWH

AIRSPRAY NV ITDVH

BANQUES e e BIENS DE CONSOMMATION

xv SR FFFF ps QPDSH FFFF

e C DORDTSCHE PETRO HUHTAMAEKI VAN

RWDPH PDSH

CGIP /RM p‚

±

HDWU

ANTONOV QDWT

±

e e C qf IPDPH IDHV ±

SDPU HDQV s„ UDRI IDHW

s„ e ABBEY NATIONAL ± PRDWH HDPV

e ENI IFIL xv ±

PRP HDIU

CHRISTIAN DIOR p‚ AHOLD

FFFF

e C/TAC WDUH

±

C xv PPDTU HDRH

qf UDHP FFFF qf RDIT IDPP

ABN AMRO HOLDIN e C

iƒ IQDTH IDIP

e C ENTERPRISE OIL IMI PLC PVT HDQS

D’IETEREN SA fi ALTADIS -A- C

TDQS

CARDIO CONTROL RDWT

C

qf IHDSS HDIT

qf IDUS FFFF ƒi PTDVU FFFF

ALL & LEICS ± q‚ IIDIR RDPQ

e C LASMO IND.VAERDEN -A- TPDPS HDUQ

GAZ ET EAUX /RM p‚ ATHENS MEDICAL

FFFF

CSS PQDWH

e C qf IVDHS FFFF

C VSDQS HDIR hu UHDVS FFFF

ALLIED IRISH BA e„

PDWP TDHT

e OMV AG ISS INTL SERV-B qf

± PSQ IDIU

GBL fi AVIS EUROPE

± TDUS

HITT NV PDVV

±

q‚ TRDIR HDRP

ITDQW FFFF hu UIDUW FFFF

xy e ALPHA CREDIT BA ± e„ QWDQH HDQV

e C PETROLEUM GEO-S KOEBENHAVN LUFT RPDSH PDRI

GEVAERT fi AUSTRIA TABAK A C

PP

e INNOCONCEPTS NV IDTP

C e C e €„ PQDHW FFFF

PPDQV IDIQ ps STDWP HDQH

iƒ e BPINTOMAYORR ± TWDVH HDPI

e REPSOL KONE B hi

± PHDVH HDTU

HAGEMEYER NV xv BEIERSDORF AG

± PUDTH

e NEDGRAPHICS HOLD IDRQ ±

C e C e e„ RUDWH HDPI

C SWDSH IDPP p‚ IWQDSH HDSP

BANK AUSTRIA AG xv e

p‚ RP IDWR

C ROYAL DUTCH CO LEGRAND /RM

RDVQ IDHS

INCHCAPE qf BIC /RM

±

IQDSH

SOPHEON QDSU

e e qf IPDVR FFFF ± ±

s„ SDHS HDQW hi RQDWH HDRS

BANK OF IRELAND ±

SDQP IDVS

SAIPEM LINDE AG qf ISDRW FFFF

INVESTOR -A- ƒi BRIT AMER TOBAC

FFFF

PROLION HOLDING WR

±

C C e q‚ PHDPP HDUQ

VDHI IDUH hi QRDRH IDIV

qf e BANK OF PIRAEUS ±

WPDUH HDWI

SHELL TRANSP MAN AG p‚

ISDRW FFFF

INVESTOR -B- ƒi CASINO GP /RM

± R

RING ROSA IDWT

±

C e C e qf WDWI RDSI

ISSDUH PDIH hi ITDVH PDIQ

BK OF SCOTLAND p‚ PSRHDHI FFFF

TOTAL FINA ELF/ METALLGESELLSCH gr ± WDTH PDIQ

MYTILINEOS q‚ CFR UNITS -A-

FFFF

RING ROSA WT HDIU

e C

C e iƒ SQDWS HDVR

QPTDSQ IDQH ps IVDPS FFFF

BANKINTER R e C

STDTH HDIV

f DJ E STOXX ENGY P METRA A fi RHDPS FFFF

NORSK HYDRO xy DELHAIZE

FFFF

UCC GROEP NV PS

C

qf PUDSQ HDVH

BARCLAYS PLC e C p‚ PUH IDSH C  PQPDHW HDPU gr ESSILOR INTL /R A

OERLIKON-BUEHRL @€u˜li™ite

e hi TUDSH FFFF

BAYR.HYPO-U.VER e C fi RI PDSH ISDTT FFFF

ORKLA -A- xy COLRUYT

e ±

s„ UDWU HDPS

BCA AG.MANTOVAN ±

SDTV UDVT e qf RS FFFF

SONAE SGPS €„ FREESERVE BRUXELLES

e C

s„ ISDII IDHU

BCA FIDEURAM e C hi UR IDQU

± QDIQ RDIH

TOMKINS qf FRESENIUS MED C

FFFF

e ARTHUR II ±

QDVS IDUW

BCA INTESA s„ qf SDPV FFFF

e C SRDRH HDTS

VEBA AG hi GALLAHER GRP

FFFF

ENVIPCO HLD CT IDHI

e C

WDIT HDPP s„ e BCA LOMBARDA ± fi PUDQH HDIV

f DJ E STOXX CONG P QPWDWV FFFF GIB

± PDHV

FARDEM BELGIUM B PQDSH

e C

s„ QDQP HDQH

MONTE PASCHI SI ± UDVI SDTT

IMPERIAL TOBACC qf

FFFF

INTERNOC HLD PDRS

e C

IWDRS IDPS

BCA P.BERG.-C.V s„ e IWDQU FFFF JERONIMO MARTIN €„

FFFF

e INTL BRACHYTHER B IQDVH

± ´ ´ s„ TDTH PDPP

BCA P.MILANO e C IIDSH IDQP TELECOMMUNICATIONS KESKO -B- ps

FFFF

e LINK SOFTWARE B IHDPH

IHDRP FFFF

s„ e

B.P.VERONA E S. ±

UIT HDST

e L’OREAL /RM p‚ QDVS FFFF

EIRCOM s‚

C

IDRR

e PAYTON PLANAR SDVV

s„ IDIS FFFF

BCA ROMA C

PDRR HDTW

MORRISON SUPERM qf ±

IVDIQ IDHW

BRITISH TELECOM qf

FFFF

e ACCENTIS V

± iƒ ISDHV HDIQ

BBVA R e C

hi TP HDVI C HENKEL KGAA VZ ITDUS HDQH

CABLE & WIRELES qf

e

€„ PSDQH FFFF

ESPIRITO SANTO ±

qf IHDVT PDWW e C RECKITT BENCKIS UI IDRQ

DEUTSCHE TELEKO hi

e

± iƒ QHDHV IDTU

BCO POPULAR ESP ±

qf QDQV PDVV C SAFEWAY RTDHV HDII

ENERGIS qf

e FRANCFORT

€„ RDHR FFFF

BCO PORT ATLANT ±

SDHV PDST

e SAINSBURY J. PL qf

VS FFFF

EQUANT NV hi

C

IDUQ e PQS

SDIU FFFF

BCP R €„ UNITED INTERNET QDHQ FFFF

SMITH & NEPHEW qf IUDWU FFFF

EUROPOLITAN HLD ƒi

FFFF

e PSR

± WUDWS HDQT

s„ AIXTRON

BIPOP CARIRE C

qf IDHW IDST

e C STAGECOACH HLDG

ITTDRH IDUU

FRANCE TELECOM p‚

C

HDSP C e WUDSH

QDRS HDPW

s„ e AUGUSTA TECHNOLOGIE

BNL ± iƒ TWDVH PDHR

C TERRA NETWORKS

PSDIP HDRP

HELLENIC TELE ( q‚

±

WU e IDHP

± VUDQS HDII

p‚ BB BIOTECH ZT-D

BNP /RM C

QDSQ HDWT

e TESCO PLC qf ±

IIQ HDRR

KONINKLIJKE KPN xv

C

HDUQ C e IQDVH

IHDWQ HDIV

BSCH R iƒ e BB MEDTECH ZT-D

PRDTH FFFF

e TNT POST GROEP xv PWS FFFF

MANNESMANN N hi

±

HDVH e TP

± ISRDTH HDIW

p‚ BERTRANDT AG

CCF /RM ±

HDRS f RTQDSP

C DJ E STOXX N CY G P IQDPU PDQH

PANAFON HELLENI q‚

± IDRQ IIDHP

SDHR FFFF

CHRISTIANIA BK xy e BETA SYSTEMS SOFTWA IIDTH FFFF

PORTUGAL TELECO €„

±

QDTT e IPS

± SDHU IDIU

COMIT s„ CE COMPUTER EQUIPME

e C

SSDPH IDIH

SONERA ps

C

IRQ C IDIU

SWDTW HDIH

COMM.BANK OF GR q‚ COMMERCE DISTRIBUTION CE CONSUMER ELECTRO

±

QTSDIQ PDHR

SWISSCOM N gr

±

QT IDQU e C

RQDSH HDRT

COMMERZBANK hi CENIT SYSTEMHAUS

C qf VDSW HDIW

UUDVQ FFFF

TELE DANMARK -B hu BOOTS CO PLC

± WDSS e QDSR

±

RIDIS HDIP

CREDIT LYONNAIS p‚ e DRILLISCH ±

PTDUS IDII e xv

IUDVI FFFF

TELECEL €„ BUHRMANN NV

C

PWDWH HDSH

IHUDQS FFFF

DEN DANSKE BK hu e EDEL MUSIC ± TVDSS HDPP

e p‚ ±

IRDTR HDUS

TELECOM ITALIA s„ CARREFOUR /RM

± TP HDVH

RDHQ FFFF

DNB HOLDING -A- xy e ELSA ± C

PQUDPH PDSW e p‚

TDWH HDIS

TELECOM ITALIA s„ CASTO.DUBOIS /R

C

IDRU C e UT

UQDWH HDRV

DEUTSCHE BANK N hi e EM.TV & MERCHANDI ± C IQDIU HDPQ

e iƒ

PRDRT HDPW

TELEFONICA iƒ CENTROS COMER P

± PPDRS HDPP e C

IRPDSH HDPV

DEXIA fi e EUROMICRON ± C

ITDWU HDHT e e iƒ

IHDPW HDVV ps IS FFFF

TIM s„ METSO CONTINENTE

±

PHDWT e HDIW

± SERVICES FINANCIERS RQDIH HDRT

DRESDNER BANK N hi GRAPHISOFT NV

qf PHDTR FFFF ± ±

SDIH IDTI qf QDVV IDTW

VODAFONE AIRTOU qf MORGAN CRUCIBLE DIXONS GROUP PL

±

PH HDRH C

q‚ QIDWH IDHR

C HOEFT & WESSEL

PHDVQ IQDSV EFG EUROBANK qf

3I e C hi QRDWW RDIR C

IPHUDUV HDQS UT FFFF

f DJ E STOXX TCOM P NETCOM -B- ƒi GEHE AG

C

QDHW IHDQS

± q‚ PPDQW IDVQ

e C HUNZINGER INFORMAT

RPDWT HDVS ERGO BANK fi

ALMANIJ ± C

qf TDPU IDHT

SDRQ VDUH

EXEL qf GREAT UNIV STOR

C

RDTW

e PPDQH ±

RSDIS HDRP

e„ INFOMATEC

STDVH FFFF ERSTE BANK q‚

ALPHA FINANCE e C xv WIDSH HDRW

IQUDTU FFFF

NKT HOLDING hu GUCCI GROUP

±

RSH QDTR

± ƒi ISDIW IDWS

C INTERSHOP COMMUNICA

IQDVU IHDPQ

FOERENINGSSB A CONSTRUCTION AMVESCAP qf

ƒi PWDRI FFFF

IWDUR FFFF

OCEAN GROUP qf HENNES & MAURIT

C

STDVH HDVW

± WDVQ HDVR

qf e KINOWELT MEDIEN

QDRT FFFF

HALIFAX GROUP €„

BPI R e C QPDQH HDTP e hi

IPDTS FFFF e ps

± KARSTADT QUELLE

RS IDHV

ACCIONA iƒ PARTEK

C

RHDWH HDPS

IIDVS FFFF

qf LHS GROUP

TDTW FFFF

HSBC HLDG qf

BRITISH LAND CO ± C qf VDWR HDWQ

qf IIDRP UDST

± KINGFISHER

IQDTW IDIV

AKTOR SA q‚ PENINS.ORIENT.S

C

IQW PDWT C

RIDTU HDIV

q‚ LINTEC COMPUTER

SDTS FFFF

IONIAN BK REG.S CANARY WHARF GR qf qf RDPT FFFF

C U FFFF

e qf MARKS & SPENCER ITDWH IDPH

UPONOR -A- ps PREMIER FARNELL

TDTH FFFF

e C

RPDPT HDQV

fi LOESCH UMWELTSCHUTZ

TDPQ FFFF

KBC BANCASSURAN qf

CAPITAL SHOPPIN e C hi RIDSH HDUQ

± IQDTP HDTI

e qf

± METRO

ITDRI HDIP

AUMAR R iƒ RAILTRACK

C

PQ HDRR

± IHDTH HDRU

qf MENSCH UND MASCHINE

ITDQV FFFF

LLOYDS TSB qf

CLOSE BROS GRP C VDWR HDWR e qf

RI FFFF e xv

± NEXT PLC

WDPV HDWT

ACESA R iƒ RANDSTAD HOLDIN

C

IQV

e IDSS

SDUP FFFF

ps e MOBILCOM ±

SVDQH IDIW

MERITA COBEPA fi e p‚ IWUDSH FFFF

C

WSDUH FFFF

hu PINAULT PRINT./ UDPS HDRT

BLUE CIRCLE IND qf RATIN -A-

C

TDUW C IUDQH

q‚ TTDRW IDQT

e C MUEHL PRODUCT & SERV

IDPI HDVQ

NAT BANK GREECE s„

COMPART C gr PWWDHW HDII

C

WQDWQ FFFF

e hu VALORA HLDG N TVS PDUH

BOUYGUES /RM p‚ RATIN -B-

C

HDRI C

e UQ

UQ HDRI

p‚ e MUEHLBAUER HOLDING

±

IPUDHQ HDTH

NATEXIS BQ POP. hi

CONSORS DISC-BR e C xv IUDPW HDPQ ±

C

PDTR IDPS

qf VENDEX KBB NV

SDQS HDWS

BPB qf RENTOKIL INITIA

±

RPDWW HDHP

qf PPDQQ FFFF

e C PFEIFFER VACU TECH

PWDVS IDUH

NATL WESTM BK iƒ

CORP FIN ALBA C qf TDPS PDUS

C

QDVT FFFF

e qf W.H SMITH

WDIH IDII

BUZZI UNICEM s„ REXAM

±

ITDQH IDPI

TDTH FFFF

ƒi PLENUM ±

IWRDWS HDQP

NORDIC BALTIC H gr

CS GROUP N ± qf SDWQ IDTT e C

UQ RDPW

e p‚ WOLSELEY PLC

ITDHS FFFF

CIMPOR R €„ REXEL /RM

C

QV HDVV

e C

ITDWH HDWH

s„ e PSI ±

RTH HDTS

ROLO BANCA 1473 p‚

EURAFRANCE /RM ± C HDII e QSIDWT

C PSDSH HDWW

e e„ f DJ E STOXX RETL P IVPDVH IDST

COLAS /RM p‚ RHI AG

C

PDUV IRUDSH

± ISDUW IDVU

qf e QIAGEN NV ±

PVDUI HDQI

ROYAL BK SCOTL FORTIS (B) fi C

C TQVDIV HDSH e gr

VDQH HDWU

GRUPO DRAGADOS iƒ RIETER HLDG N

W FFFF

e C

IRDUI HDRV

s„ e REFUGIUM HOLDING AG ±

PVDUP IDRV

SAN PAOLO IMI FORTIS (NL) xv C C PTDVU IDQU

e ƒi

PPDUS IDPS

FCC iƒ SANDVIK -A-

±

IDPR IIDWS

± ƒi IIDTP HDSP

e C SACHSENRING AUTO

IHSDVH HDUT

S-E-BANKEN -A- GECINA /RM p‚ HAUTE TECHNOLOGIE C C

PUDII HDRS e ƒi

VS IDTU

GROUPE GTM p‚ SANDVIK -B-

±

PDIP IIDSS

± IQDRS HDWV

qf SALTUS TECHNOLOGY

TDTW FFFF

STANDARD CHARTE HAMMERSON qf e

±

gr SRPDWQ FFFF

±

p‚ PHDTQ PDIV

UDRS HDVW

HANSON PLC qf SAURER ARBON N AEROSPATIALE MA

±

WHDSH RDUR

e C

p‚ PIQDIH I

e C SCM MICROSYSTEMS

SVDTP HDPI

STE GENERAL-A-/ ING GROEP xv e C e

±

TV HDUR e p‚

± p‚ PQIDPH HDUU

TQDVH HDIT

HEIDELBERGER ZE hi SCHNEIDER ELECT ALCATEL /RM

±

RQDSH IDIR

± IQDWP IDUI

ƒi SER SYSTEME

QUDHQ FFFF

SV HANDBK -A- REALDANMARK hu e C

s„ PDQR FFFF

± q‚ IRDRT HDTP

PPDHT IDPU

HELL.TECHNODO.R q‚ SEAT-PAGINE GIA ALTEC SA REG.

SDVH FFFF

± QDPP IDIP

ƒi SERO ENTSORGUNG ±

IPDPU HDWR

SWEDISH MATCH LAND SECURITIES qf C e

C

qf PDPR IDSP

xv IHT FFFF

PSDQR QDHQ

HERACLES GENL R q‚ SECURICOR ASM LITHOGRAPHY

±

IHVDSH HDSS

PTWDST FFFF

gr SINGULUS TECHNOLOGI

TDWH FFFF

UBS REG LIBERTY INTL qf

C e ±

PTDIR HDRU e ƒi

±

xv RDRR WDUT

PVDPH IDRH

HOCHTIEF ESSEN hi SECURITAS -B- BAAN COMPANY

C

QQDRH HDWI

e C

s„ RDIS HDUQ

e C SOFTM SOFTWARE BERA

VDVS HDTV

UNICREDITO ITAL MEDIOBANCA s„ e C

qf PDTI FFFF

± fi IPR HDVI

IPIRDUT HDPT

HOLDERBANK FINA gr SHANKS GROUP BARCO

±

PHDVH IDVW

hu VQDIW FFFF

C TDS

TDVU HDUR

UNIDANMARK -A- MEPC PLC qf e C

± C TVDSH QDQP e p‚

qf IVDVH PDIU

IPSDWH HDHV

IMERYS /RM p‚ SIDEL /RM BOWTHORPE

TW FFFF

± PHDPV IDRS

q‚ e TECHNOTRANS

IVDIP FFFF

XIOSBANK METROVACESA iƒ C C

qf RDUQ HDQS e C

qf TDHU HDVQ WDIR IDWH

ITALCEMENTI s„ INVENSYS BRITISH AEROSPA

C

HDHT C ISDVH

HDHR

f QHUDRQ TELDAFAX

WDSV FFFF

DJ E STOXX BANK P PROVIDENT FIN qf ±

± C

PQDQH HDPT e ƒi

qf ISDQV HDUT

VWDVH QDSV

LAFARGE /RM p‚ SKF -B- CAB & WIRE COMM

±

PHDUH QDPU

e C TELES AG

QUDSH IDQS

RODAMCO CONT. E xv e

±

hu IWDSW FFFF ± p‚ PIWDPH HDRI VDUS HDIU

MICHANIKI REG. q‚ SOPHUS BEREND - CAP GEMINI /RM

C

HDRW

e TIPTEL TDPH

±

QTDTH HDWS

RODAMCO NORTH A xv ± ± C

gr TWIDSP HDWI qf RQDVU QDIH IDPH IDRI

PILKINGTON PLC qf SULZER FRAT.SA1 COLT TELECOM NE

FFFF

TRANSTEC RP

PHDRU FFFF

SCHRODERS PLC qf e

C

qf SDVS FFFF

p‚ URDSH FFFF

IQDHR HDTS

RMC GROUP PLC qf T.I.GROUP PLC DASSAULT SYST./

±

QVDWH HDUU

e C W.E.T. AUTOMOTIVE S

USDPH IDHI

SIMCO N /RM p‚

C PRODUITS DE BASE ± PHDSS FFFF e xy

ƒi VVDQS IDPP IRSDVH HDRV SAINT GOBAIN /R p‚ TOMRA SYSTEMS ERICSSON -B-

FFFF FFFF

SDWQ FFFF

SLOUGH ESTATES qf e

± e e„ TQDPI HDTI s„ IDIR FFFF C

QTDWI FFFF

e ƒi VA TECHNOLOGIE

RQDWH HDRV

ACERINOX R iƒ SKANSKA -B- FINMECCANICA

FFFF

e FFFF ±

IQS IDQW

UNIBAIL /RM p‚

e C

xv IHDQS PDWW ƒi TDRI FFFF C PDSU FFFF

qf VEDIOR NV

QSDSH HDPS

ALUMINIUM GREEC q‚ TAYLOR WOODROW GAMBRO -A-

FFFF

e FFFF ±

TDVS HDPW

VALLEHERMOSO iƒ

C e ± C HDPH e STQDWP xv TSDUS IDIQ

IPPDTH HDRW

p‚ f

± DJ E STOXX IND GO P RHDII IDHU

ANGLO AMERICAN qf TECHNIP /RM GETRONICS

FFFF

e FFFF ±

QRDQH HDSV

WCM BETEILIGUNG hi

C

hu VPDSP FFFF

q‚ RQDVQ IDSP

QDIR FFFF

ARJO WIGGINS AP qf TITAN CEMENT RE GN GREAT NORDIC

FFFF FFFF

C

SDTP S

WOOLWICH PLC qf

e ±

± IDHI q‚ QUDWQ

e„ PRDIS HDVP ± IUDIW HDUH

ASSIDOMAEN AB ƒi WIENERB BAUSTOF INTRACOM R

FFFF FFFF

±

HDHT

f DJ E STOXX FINS P PSQDQU

ASSURANCES ±

± qf QHDPS IDRU

SDTU HDSW e qf ± SQDRS HDRU

BEKAERT fi WILLIAMS LOGICA

FFFF FFFF

± C qf IIDPV IDVW

IDIW PPSDIT e ± ± RDHI IDPQ xv VHDIH HDTV

BILLITON qf f DJ E STOXX CNST P AEGON NV MISYS

FFFF

e FFFF ±

SQDUH IDST

e ps ± RT HDIU qf PDTT FFFF

BOEHLER-UDDEHOL e„ AEGIS GROUP NOKIA

FFFF FFFF

ALIMENTATION ET BOISSON C VDUT PDQR

e qf ± RDUH FFFF p‚ SQDUS HDTS

BUNZL PLC qf AGF /RM NYCOMED AMERSHA

FFFF

e FFFF CONSOMMATION CYCLIQUE ± IRDTS IDHI

e xv ± IDSW IDHR qf SDPH FFFF s„ IIDQH FFFF

CORUS GROUP qf ALLIED DOMECQ ALLEANZA ASS OCE

FFFF

e FFFF s„ QDRH FFFF C

C e e ± UDUS IDWT p‚ RIDUI IDRV qf TDPU FFFF hi RHR HDPS

ELVAL q‚ ACCOR /RM ASSOCIAT BRIT F ALLIANZ N OLIVETTI

FFFF

e FFFF

ITPDWH FFFF

e e xv ± ± IPDVH FFFF hi TPDSH HDQP qf IPDTU FFFF qf IHDWI HDRT

ISPAT INTERNATI xv ADIDAS-SALOMON BASS ALLIED ZURICH PHILIPS

FFFF FFFF

C

QDVQ PDTW

e e e qf ± ± ± IQDIP FFFF p‚ IUDHU HDUT e„ RR IDIP xv SR HDPV

JOHNSON MATTHEY qf AIR FCE BBAG OE BRAU-BE ASR VERZEKERING ROLLS ROYCE

FFFF FFFF

C

qf IHDWI HDIS C C

e C e e ± SRDRH HDPH qf T IDIQ e„ RVDWS HDIH p‚ ISUDTH HDWH

MAYR-MELNHOF KA e„ AIRTOURS PLC BRAU-UNION AXA /RM SAGE GRP

FFFF

e FFFF p‚ QHIH FFFF

e e C ± ± ± WDRV HDPI s„ PDII IDRH qf TDWP HDPR gr WPIDQW HDIR

METSAE-SERLA -B ps ALITALIA CADBURY SCHWEPP BALOISE HLDG N SAGEM

FFFF

e FFFF ± SIV QDSR

e hi ± PSDPW HDPR e„ ITDTH FFFF hu QIDWR FFFF qf IRDSP FFFF

HOLMEN -B- ƒi AUSTRIAN AIRLIN CARLSBERG -B- BRITANNIC SAP AG

FFFF

e FFFF ±

hi TQU SDHU

e e C ± ± IPDTS HDQW s„ WDSS HDWS hu PWDSP FFFF qf IRDVQ IDSS

OUTOKUMPU ps AUTOGRILL CARLSBERG AS -A CGU SAP VZ

FFFF FFFF

± qf ITDWQ HDPH

e C e ± RV IDPU hu QQDPV FFFF hu QIDWR FFFF p‚ QQDIS PDSH

PECHINEY-A- p‚ BANG & OLUFSEN DANISCO CNP ASSURANCES SEMA GROUP

FFFF

e FFFF ±

hi IRW HDQQ

C e e C e e ± ± SDRH P s„ PDHI HDSH p‚ PRRDWH HDHV iƒ ITDIV HDIP

RAUTARUUKKI K ps BENETTON GROUP DANONE /RM CORP MAPFRE R SIEMENS AG N

FFFF FFFF

C

qf IQDHS IDQH

C e ± ± ISDWI QDVP qf SDHQ FFFF q‚ ISDSH TDST hi IIU IDVS

RIO TINTO qf BRITISH AIRWAYS DELTA DAIRY ERGO VERSICHERU SMITHS IND PLC

FFFF

e FFFF ± p‚ IWQDSH PDPU C C

C e ± VDWS HDTU s„ IHDWH PDQS qf VDWV PDIW q‚ QSDHI IDST

SIDENOR q‚ BULGARI DIAGEO ETHNIKI GEN INS STMICROELEC SIC

FFFF

e FFFF ±

s„ QDUS HDPU

C C e QPDVH IDRV p‚ IQR FFFF q‚ PSDHS IDTW hu UWDSU FFFF

SILVER & BARYTE q‚ CLUB MED. /RM ELAIS OLEAGINOU CODAN TECNOST

FFFF FFFF

e C p‚ QVDSH RDHS C C e e ± ± PDRT P qf IRDVI IDHQ p‚ VW HDII fi PVDUI HDQI SMURFIT JEFFERS qf COMPASS GRP ERID.BEGH.SAY / FORTIS (B) THOMSON CSF /RM

e ± ps SQDUH HDST

C C e C e e e ± IHDWH IDVU hi PQDPS IDHT xv QVDVS HDIQ s„ QHDVH HDTS STORA ENSO -A- ps DT.LUFTHANSA N HEINEKEN HOLD.N GENERALI ASS TIETOENATOR

hu IRUDVT FFFF e e C ± ± ± IHDPS PDQV ƒi IWDPR HDTQ q‚ IUDVW HDQQ e„ ISS IDQU

STORA ENSO -R- ps ELECTROLUX -B- HELLENIC BOTTLI GENERALI HLD VI WILLIAM DEMANT e CODES PAYS ZONE EURO

± WSRDUS IDRI e C ± ± f PIDQH FFFF hi USDVH IDPH q‚ IUDIR PDUW q‚ PIDPQ IDII SVENSKA CELLULO ƒi EM.TV & MERCHAN HELLENIC SUGAR INTERAM HELLEN DJ E STOXX TECH P FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne

e ± PQDIS HDVT qf WDPR FFFF qf PQDIS FFFF qf WDQV FFFF THYSSEN KRUPP hi EMI GROUP KERRY GRP-A- IRISH LIFE & PE IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande

C C e C e e e QSDWP IDRU p‚ HDVU PDQS s„ IDVS FFFF s„ RDTV HDTS

UNION MINIERE fi EURO DISNEY /RM MONTEDISON FONDIARIA ASS SERVICES COLLECTIFS LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche

C C e C ± PUDSS HDWP qf IHDTQ HDTQ gr IVWWDWP HDHU qf PDTP IDWS UPM-KYMMENE COR ps GRANADA GROUP NESTLE N LEGAL & GENERAL FI : Finlande - BE : Belgique.

C

e C e e e e ± ± ± IS HDTU p‚ IRP IDTT xv RIDIH HDRR s„ ITDTH HDRP s„ RDUT HDVS

USINOR p‚ HERMES INTL KONINKLIJKE NUM MEDIOLANUM AEM CODESPAYSHORSZONEEURO

C C C e e e ± ± IQDIH IDPU s„ IDQI VDPT s„ IDIQ IDUR hi QIR HDTQ qf VDWT QDPV

VIOHALCO q‚ HPI PARMALAT MUENCH RUECKVER ANGLIAN WATER

CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e e e C ± ± ± QHDWW HDHQ xv IWDWS FFFF p‚ SH HDWW qf UDIP HDPQ qf QDHI PDPU

VOEST-ALPINE ST e„ KLM PERNOD RICARD / NORWICH UNION BRITISH ENERGY GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

C C C C e e HDRH qf RDIS FFFF ps PDWH PDRU ps SIDVH HDTV qf QDUI IDQU f DJ E STOXX BASI P IWHDQT HILTON GROUP RAISIO GRP -V- POHJOLA YHTYMAE CENTRICA LeMonde Job: WMQ2104--0023-0 WAS LMQ2104-23 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:49 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0476 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / 23

C C C IHTDSH TWVDSW Q WWDVS IIH IIVDWH UUWDWQ VDHW IHSDQH TSU TVQ RRVHDIW QDWT TQS BAZAR HOT. VILLE ...... IHQDRH GUILBERT...... TF1 ......

C C C RP PUSDSH IDWR RIDWH QWHDSH RHPDSH PTRHDPQ QDHU RIW IPP IPPDRH VHPDVW HDQQ IPIDWH BIC...... RIDPH GUYENNE GASCOGNE... TECHNIP......

C C FFFF FFFF FFFF WQDSS UQDWH US RWIDWU IDRW UIDSH QU QVDRW PSPDRV RDHQ RH BIS...... IHPDSH HACHETTE FILI.MED ..... THOMSON-CSF......

C C C VUDVH SUSDWQ HDRH VVDWH RRPDQH RRPDRH PWHIDWS HDHP RQR IHSDWH IHV UHVDRQ IDWV IHWDVH VALEURS FRANC¸AISES B.N.P...... VUDRS HAVAS ADVERTISING..... THOMSON MULTIMEDI

C C ± ITV IIHPDHI HDSQ ITV IPSDVH IPSDWH VPSDVS HDHV IPS ISPDSH ISSDRH IHIWDQT IDWH IST BOLLORE ...... ITVDWH IMERYS(EX.IMETAL)...... TOTAL FINA ELF......

C QIWDWH PHWVDRI FFFF QIWDWH ITDWS ITDWS IIIDIV FFFF IU IRS ISHDRH WVTDST QDUP IRRDSH BONGRAIN ...... QIWDWH IMMEUBLES DE FCE ...... TRANSICIEL # ......

C C C

TVS RRWQDQI PDUH TUT QQDSH QSDUH PQRDIV TDSU QR RVDTW SHDSH QQIDPT QDUP SHDIH b L’action NRJ a ouvert lors de la séance du jeudi BOUYGUES ...... TTU INFOGRAMES ENTER. ... UBI SOFT ENTERTAI ......

C C ± RSDHW PWSDUU PDRV RRDSH IHQDIH IHTDSH TWVDSW QDQH IHVDIH IQTDWH IQS VVSDSR IDQW IQVDSH

20 avril en hausse 11,24 %, à 698 euros, après la suspen- BOUYGUES OFFS...... RR INGENICO ...... UNIBAIL ......

C C C IIDQI URDIW HDSQ IIDST SWDVH TQ RIQDPS SDQS TH IIU IIWDRH UVQDPI PDHS IPS BULL#...... IIDPS ISIS ...... UNILOG CA......

C sion mercredi de sa cotation. Le groupe a annoncé un C WTDSH TQQ RDTT WRDSH IVDWW IVDWW IPRDSU FFFF IVDIH IQUDIH IQWDRH WIRDRH IDTV IQWDRH BUSINESS OBJECTS...... WPDPH KAUFMAN ET BROAD .... UNION ASSUR.FDAL ......

C C C PHWDQH IQUPDWP QDTI PHQ VUDUH WHDSH SWQDTR QDIW WP IRDWH IS WVDQW HDTU ISDIT

regroupement de ses actifs avec ceux de sa maison- CANAL + ...... PHP KLEPIERRE COMP.FI ...... USINOR......

C

± ± PIWDUH IRRIDIR HDIV PHIDVH IHT IHVDWH UIRDQR PDUR IHVDSH SWDWS SW QVUDHI IDSV THDIS

mère Groupe Sonopar qui prendra la forme d’une OPE CAP GEMINI ...... PPHDIH LABINAL...... VALEO ......

C C ± RUDSH QIIDSV HDRP RVDTH VTDUH WH SWHDQT QDVI VV QTDVH QT PQTDIR PDIU QUDIH CARBONE LORRAINE..... RUDQH LAFARGE...... VALLOUREC......

C ± ± TVDRS RRW HDQT TVDIS UVDSS UUDWS SIIDQP HDUT URDSH PUDHS PVDRS IVTDTP SDIV PVDSH de cette dernière sur NRJ. Groupe Sonopar offre 31 de CARREFOUR ...... TVDUH LAGARDERE...... VIA BANQUE ......

C C ± WQ TIHDHR HDSW WT SH SHDVH QQQDPQ IDTH SHDWH IIHDRH IIIDSH UQIDQW I IIIDRH

ses titres pour deux actions NRJ et sera introduit en- CASINO GUICHARD ...... WQDSS LAPEYRE ...... VIVENDI ......

C C

TQ RIQDPS IDIP TQ SWDRS TH QWQDSU HDWQ SWDVS ISDTH ISDTH IHPDQQ FFFF ISDTH

suite sur le RM en lieu et place du titre NRJ, avant CASINO GUICH.ADP ...... TPDQH LEBON (CIE)...... WORMS (EX.SOMEAL)....

C C ± PQUDPH ISSSDWQ PDSW PRQ IWPDSH IWQDQH IPTUDWT HDRP IWVDRH IUSDPH IVP IIWQDVR QDVV IVIDSH CASTORAMA DUB.(LI..... PRQDSH LEGRAND ...... ZODIAC......

C ± ISS IHITDUQ HDHT ISR IIH IHVDUH UIQDHQ IDIV III FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF d’être rebaptisé NRJ Group. C.C.F...... ISRDWH LEGRAND ADP ......

C C

PHVDIH IQTSDHS RDWR PHTDWH RPDSH RPDVH PVHDUS HDUI RIDIP FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

b Le titre Cap Gemini s’appréciait jeudi matin de CEGID (LY) ...... IWVDQH LEGRIS INDUST......

C C RWDPH QPPDUQ PDSH RUDSH RQDVS RR PVVDTP HDQR RSDPH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

0,36 %, à 220 euros. Le groupe prévoit, pour le cou- CGIP ...... RV LIBERTY SURF ...... C C THDRS QWTDSQ IDRQ THDSH IITDQH IIVDRH UUTDTS IDVI IIUDSH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CHARGEURS...... SWDTH LOCINDUS......

C ±

TQ RIQDPS PDWR THDIH UPH UIR RTVQDSQ HDVQ UQI FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF rant mai, un placement garanti et une offre à prix ou- CHRISTIAN DALLOZ ...... TIDPH L’OREAL ......

± ± PRP ISVUDRP HDIU PRR RPTDSH RPTDPH PUWSDTW HDHU RQI FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

vert sur 25 % à 50 % des titres nouvellement émis pour CHRISTIAN DIOR ...... PRPDRH LVMH MOET HEN......

C ± WWDSH TSPDTV HDRH WW VI VPDWH SRQDUW PDQS VHDTS FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CIC -ACTIONS A...... WWDWH MARINE WENDEL ......

C financer le rachat des activités de conseil d’Ernst & C SIDSS QQVDIS Q SIDVS TDTH TDVV RSDIQ RDPR TDUH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CIMENTS FRANCAIS ...... SHDHS METALEUROP ......

C ± IHIDSH TTSDVH QDSU WVDRH QU QTDWI PRPDII HDPR QUDUS FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

Young. Si la totalité des associés du cabinet américain CLARINS ...... WV MICHELIN......

C

IQR VUVDWV FFFF IQW PTDWS PV IVQDTU QDWH PUDWH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

approuvent le rapprochement de Cap et E&Y Consul- CLUB MEDITERRANEE .. IQR MONTUPET SA......

± ± QQDIU PIUDSV PDRR QIDSH TDWW TDWS RSDSW HDSU U FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CNP ASSURANCES ...... QR MOULINEX ......

C C IHPDTH TUQDHI PDVI IHR UPDUH UQ RUVDVS HDRI UR ting, ce sont 43,5 millions d’actions nouvelles qui se- COFACE...... WWDVH NATEXIS BQ POP......

C ± WU TQTDPV PDWH WTDIH QHDQR QIDTQ PHUDRV RDPS PVDRR

ront émises. COFLEXIP...... WWDWH NEOPOST......

C ± Compen- IUWDPH IIUSDRU HDRR IVHDPH IUDSH IUDWH IIUDRP PDPW IUDSS

COLAS ...... IVH NORBERT DENTRES.# ... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

b L’action Renault bondissait de 2,22 %, à 46,1 euros sation C C International f QTDTH PRHDHV TDHW QT PSDQH PTDRW IUQDUT RDUH PSDWI

CDE PROV. REGPT...... QRDSH NORD-EST...... en euros en euros en francs veille

(1)

C C RHDQH PTRDQS HDUS QWDUH SWDUH TRDIH RPHDRU UDQU SWDUS jeudi, lors des premières transactions. Carlos Ghosn, CPR ...... RH NORDON (NY)......

C C ±

IQDWH WIDIV IDQS IRDHS TPUDSH TVPDSH RRUTDWI VDUT TPUDSH IRTDWH IRUDSH WTUDSR HDRI IRTDVH

patron de Nissan, a assuré que le partenaire nippon de CRED.FON.FRANCE ...... IRDHW NRJ # ...... x AMERICAN EXPRESS......

± ± ± RVDSH QIVDIR Q SIDSH VDTH VDSU STDPP HDQS VDUH SSDVS SS QTHDUV IDSP SQDWH CFF.RECYCLING ...... SH OLIPAR...... A.T.T. #......

C Renault est en passe d’atteindre ses objectifs finan- C ± RIDIS PTWDWQ HDIP QVDPS RUDRH RV QIRDVT IDPU RVDSH IV IVDIH IIVDUQ HDST IUDSH CREDIT LYONNAIS...... RIDPH PECHINEY ACT ORD ...... BARRICK GOLD #......

C

TWDQS RSRDWI IDWW TUDIH TPH FFFF FFFF FFFF THT IVDPR FFFF FFFF FFFF IUDII ciers. Par ailleurs, le constructeur automobile français CS SIGNAUX(CSEE)...... TV PENAUILLE POLY.CB...... CROWN CORK ORD. #....

C C

± UQDIS RUWDVQ TDTQ TW SHDSH SH QPUDWV HDWW SH PHDSH PIDTS IRPDHI SDTI PHDRS

et GIAT Industries ont annoncé jeudi une coopération DAMART ...... TVDTH PERNOD-RICARD...... DE BEERS # ......

± ± ± PRR ITHHDSR HDPW PRW PIWDSH PIVDRH IRQPDTI HDSH PPUDWH SV STDTH QUIDPU PDRI STDTH DANONE...... PRRDUH PEUGEOT...... DU PONT NEMOURS # ..

C C ± IUU IITIDHR RDIP ITSDQH IWUDSH IWVDUH IQHQDQW HDTI PHIDIH VWDSS VVDSH SVHDSP IDIU VTDQS entre Renault VI et Fiat pour la fourniture de véhicules DASSAULT-AVIATION..... IUH PINAULT-PRINT.RED..... ERICSSON # ......

C C ± USDSH RWSDPS IDQR UPDRH IPT IPS VIWDWS HDUW IPU SV SVDIS QVIDRR HDPT SW

blindés de combat d’infanterie. DASSAULT SYSTEMES.... URDSH PLASTIC OMN.(LY) ...... FORD MOTOR # ......

C C ± ST QTUDQR HDQT SSDSH RQSDPH RRVDSH PWRIDWU QDHT RQW ITRDPH ITT IHVVDVW IDIH ITRDUH DE DIETRICH...... STDPH PUBLICIS #...... GENERAL ELECTR. #......

C ± ± TU RQWDRW IDIV TUDPH PIDUH PIDRH IRHDQU IDQV PHDIH WPDTH WQDIH TIHDUH HDSR WPDRS DEVEAUX(LY)# ...... TUDVH REMY COINTREAU...... GENERAL MOTORS # .....

C C C SDPS QRDRR TDRW RDQI RS RSDWV QHIDTI PDIV RSDSH IPDSW IPDUI VQDQU HDWS IPDVH DMC (DOLLFUS MI)...... RDWQ RENAULT ...... HITACHI #......

C C

± PQDVS ISTDRS IDQT PS UH UQ RUVDVS RDPW TVDUH IIQDQH IIPDRH UQUDQH HDUW IIW

RE`GLEMENT MENSUEL DYNACTION...... PQDSQ REXEL...... I.B.M......

C C C

SSDRH QTQDRH PDSW SSDPH IWDQR IWDUV IPWDUS PDPV IW UQDSS UT RWVDSQ QDQQ UQDWH

______EIFFAGE ...... SR RHODIA ...... ITO YOKADO #......

C C IPDHU UWDIU HDSV IIDQI TDIS TDPH RHDTU HDVI TDQW PVDHT FFFF FFFF FFFF PUDQH ELIOR ...... IP ROCHETTE (LA) ...... MATSUSHITA......

C C C SI QQRDSR HDPW SHDUH WUDVH WW TRWDRH IDPQ WQDSS QSDIV QSDPH PQHDWH HDHT QRDIH ERAMET ...... SHDVS ROYAL CANIN...... MC DONALD’S ......

ti hs PH e†‚sv Cours releve´sa` 9h57

± ± VVDSH SVHDSP HDRS VUDPH PHHH FFFF FFFF FFFF PHRH UPDRH UPDQS RURDSV HDHU UH ERIDANIA BEGHIN...... VVDWH RUE IMPERIALE (LY...... MERK AND CO ......

C C C

PUP IUVRDPH PDPT PUV QWDVH RH PTPDQV HDSH QWDTR WDIP WDTH TPDWU SDPT WDPW ESSILOR INTL ...... PTT SADE (NY) ...... MITSUBISHI CORP.# ...... viquid—tion X PR m—i

C C SWDQH QVVDWV TDUS ST IPVS IPWH VRTIDVS HDQW IPRH IQUDPH FFFF FFFF FFFF IQQDRH ESSO...... SSDSS SAGEM S.A...... MORGAN J.P.# ......

C C C RTS QHSHDPH HDRQ RWS IRSDIH IRSDSH WSRDRP HDPV IRTDIH IPDPH IPDWH VRDTP SDUR IIDSI EURAFRANCE...... RTQ SAINT-GOBAIN...... NIPP. MEATPACKER#.....

C C ± HDVU SDUI PDQS HDVQ TVDHS TUDSH RRPDUU HDVI UIDPH PPDQR PPDSH IRUDSW HDUP PIDPP EURO DISNEY...... HDVS SALVEPAR (NY) ...... PHILIP MORRIS#......

C C Compen- ± IDIQ UDRI HDVW IDIP RQ RRDSH PWIDWH QDRW RIDPS UIDPH UI RTSDUQ HDPV UH

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EUROTUNNEL...... IDIP SANOFI SYNTHELABO ... PROCTER GAMBLE ......

sation C C France f C UPDUH RUTDVV HDWU UP TUDSH TV RRTDHS HDUR TVDSH ITDSI IUDQS IIQDVI SDHW ITDVH

en euros en euros en francs veille FACOM SA...... UP SCHNEIDER ELECTRI..... SEGA ENTERPRISES ......

(1)

C C C RQDSH PVSDQR PDQS RQDIH RUDPH RVDHS QISDIW IDVH RT UUDUH UVDIH SIPDQH HDSI UUDVH FAURECIA ...... RPDSH SCOR...... SCHLUMBERGER# ......

C ± ± IRSDWH WSUDHR FFFF IRSDWH IRP IRIDQH WPTDVU HDRW IRIDTH TQ TPDWS RIPDWP HDHV TQDSH IPWDSH IQHDTH VSTDTV HDVS IPVDSH B.N.P. (T.P)...... IRSDWH FIMALAC SA...... S.E.B...... SONY CORP.#RGA ......

C C C ± IRRDSH WRUDVT PDIW IRQDSH UT UU SHSDHW IDQP UWDSH QRDVV QR PPQDHQ PDSP QQDSP ISDPW ISDSH IHIDTU IDQU ISDHW CR.LYONNAIS(TP) L ...... IRIDRI FIVES-LILLE...... SEITA...... SUMITOMO BANK #......

± ± ± QISDSH PHTWDSR HDRR QISDTH IIQ IIP UQRDTU HDVV IIPDSH ITDQW ITDPH IHTDPU IDIT ITDRH RENAULT (T.P.)...... QITDWH FONC.LYON.# ...... SELECTIBANQUE......

C C FFFF FFFF FFFF IUHDTH ITQDSH ITTDIH IHVWDSR IDSW IUHDPH RI RIDSH PUPDPP IDPP RI SAINT GOBAIN(T.P...... IUHDSH FRANCE TELECOM...... SGE......

C C C

ISS IHITDUQ HDTS IST THP TRV RPSHDTH UDTR TSQ TTDQH TVDWS RSPDPV RTTDSH

THOMSON S.A (T.P) ...... ISR FROMAGERIES BEL...... SIDEL...... ABRE´VIATIONS

C C C RIDWH PURDVS IDWS RQDRV IWHDQH IWQDPH IPTUDQI IDSP IVQDSH IRIDTH IRS WSIDIR PDRH IRIDTH

ACCOR ...... RIDIH GALERIES LAFAYETT ...... SILIC CA ......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

C C ± PHDTS IQSDRT PDHW PHDRS UPDSH UQ RUVDVS HDTW UQDSH URDRS USDPH RWQDPV IDHI US AEROSPATIALE MATR.... PIDHW GAUMONT #...... SIMCO......

C C

± SRDIS QSSDPH HDHW SRDHS TIDVH TPDPS RHVDQQ HDUQ TIDTS IRDQT IRDHP WIDWU PDQU IRDQW AGF ...... SRDIH GAZ ET EAUX ...... SKIS ROSSIGNOL...... SYMBOLES

C C ± IUDHS IIIDVR HDVU IUDPS IHS IHSDVH TWR HDUT IHQ PII PIRDTH IRHUDTV IDUI PPH

AIR FRANCE GPE NO ..... IUDPH GECINA...... SOCIETE GENERALE...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

C C ± IRSDSH WSRDRP HDVQ IRRDUH TQDPS TRDSS RPQDRP PDHT TP ITHDSH ITH IHRWDSQ HDQI ISRDSH

AIR LIQUIDE ...... IRRDQH GEOPHYSIQUE ...... SODEXHO ALLIANCE...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

C ± PQI ISISDPT HDVT PPSDIH IRVDUH ISIDIH WWIDIS IDTI ITHDSH UTDHS FFFF FFFF FFFF UTDHS

ALCATEL ...... PQQ GFI INFORMATIQUE...... SOGEPARC (FIN) ...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite ; d cours pre´ce´dent.

C C C

PUDTR IVIDQI HDWI PUDPH PW PWDRW IWQDRR IDTW QHDWV PPDUH PQDQS ISQDIU PDVT PQDVH

ALSTOM...... PUDQW GRANDVISION ...... SOMMER-ALLIBERT...... `

C C DERNIERE COLONNE RM (1) : PPRDVH IRURDSW QDQI PHV ITQDSH FFFF FFFF FFFF IUP PRDQS PRDRH ITHDHS HDPI PRDWH ALTRAN TECHNO. #...... PIUDTH GROUPE ANDRE S.A...... SOPHIA ......

C C IIQ URIDPQ IDRR IHV UT UT RWVDSQ FFFF UT VV WIDIH SWUDSV QDSP WI ATOS CA...... IIIDRH GROUPE GASCOGNE ..... SOPRA # ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

C C ± SWDTS QWIDPV HDIU TH RUDVS RV QIRDVT HDQI RVDQR WP WSDSH TPTDRR QDVH WSDUH AVENTIS...... SWDUS GR.ZANNIER (LY) #...... SPIR COMMUNIC. # ...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C C C ISVDQH IHQVDQV IDQR ISQDUH VQDTH VR SSI HDRV VIDWH PVIDPH PVSDIH IVUHDIQ IDQW PWHDRH AXA...... ISTDPH GROUPE GTM ...... SR TELEPERFORMANC .. Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

C C ± IPIDWH UWWDTI HDQQ IPIDSH UPDIS UQ RUVDVS IDIV UPDIS ITVDPH ITV IIHPDHI HDIP IUQDWH BAIL INVESTIS...... IPIDSH GROUPE PARTOUCHE ... SUEZ LYON.DES EAU .....

@€u˜li™iteÂA

± WVDQW FFFF QQDTS PPHDUQ PDIP CEREP ACT.NV...... d IS MULTIMANIA ......

C C ISDVI IPDHW IHDUI UHDPS IHDRI CHEMUNEX # ...... PDRI NATUREX......

C C

SUHDTV IDSP ITDQH IHTDWP QDVP NOUVEAU COHERIS ATIX ...... VU NETGEM...... SECOND

C

± IHSDPV HDWQ QH IWTDUW HDTU

CMT MEDICAL...... ITDHS NETVALUE # ...... ______

±

PQRDVQ FFFF US RWIDWU PDRU

´ COIL ...... QSDVH NICOX...... ±

QWPDWP HDIU US RWIDWU FFFF

MARCHE CONSODATA #...... SWDWH NICOX NOUV.0 ....d MARCHE´

C C ISHDVU QDTH TWDSH RSSDVW IDRT CONSORS FRAN ... PQ OLITEC ......

C C ITSQDTU HDQP RDPH PUDSS PH

CROSS SYSTEM .... PSPDIH OXIS INTL RG ......

wi‚g‚ihs IW e†‚sv

C ± TRHDPI HDQI IHH TSSDWT IQDHR CRYO INTERAC..... WUDTH PERFECT TECH.... ti hs PH e†‚sv

±

QPRDUH FFFF IU IIIDSI PDVT

Cours releve´sa` 18 h 07 CYBER PRES.P ...... RWDSH PHONE SYS.NE ....

ne se le™tionF

C C ´ ` TI HDTS WVDSH TRTDIP UDTS CYRANO #...... WDQH PICOGIGA ...... Cours relevesa9h57

C ± UIDRQ HDHW PSI ITRTDRS RDSV DESK #...... IHDVW PROSODIE #......

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. C QDPI FFFF QH IWTDUW IHDUH

DESK BS 98...... HDRW PROSODIE BS ......

Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille

C ± VQIDUS PDRT IQSDWH VWIDRS QDUR DEVOTEAM #...... IPTDVH PROLOGUE SOF...

C C C PHQDQS HDQP RH PTPDQV FFFF PDTV IUDSV HDQU IUQDPH IIQTDIP UDSV ABEL GUILLEM..... QI DIOSOS...... PROXIDIS...... ALTEN # ......

C C ± VQDQI SDPP IHDQH TUDST Q R PTDPR FFFF UP RUPDPW RDHS AB SOFT...... IPDUH DMS #...... PROXIDIS ACT .....d ARKOPHARMA #...

C ± ± RUPDPW R RDUS QIDIT HDPI SDSH QTDHV FFFF RW QPIDRP HDRI ACCESS COMME .. UP DURAND ALLIZ .... QUANTEL...... ASSYSTEM # ......

C ± ± ISUDRQ IDTR IRH WIVDQR FFFF RDIH PTDVW IDPH VDPH SQDUW RDVT ADL PARTNER...... PR DURAN DUBOI..... QUANTUM APPL.. FINACOR......

C C ± PVIDRI IDIV IS WVDQW FFFF SI QQRDSR P QHDRH IWWDRI HDWR ALGORIEL#...... RPDWH DURAN BS 00 ...... d R2I SANTE ...... FININFO......

C C WVDQW FFFF IVDIH IIVDUQ TDRU RUDVH QIQDSS QDHP STDSH QUHDTP FFFF ALPHAMEDIA...... IS EFFIK # ...... RECIF #...... CNIM CA# ......

C C ± STDRI QDQU IUW IIURDIT ISDRV SP QRIDIH IHDIU UIDTH RTWDTU FFFF ALPHA MOS #...... VDTH EGIDE # ...... REPONSE # ...... GEODIS......

C C ± ± IVQTDTV HDUR IRDRW WSDHS QDQR IIDWS UVDQW PDIR SVV QVSUDHQ PDWV ALTAMIR & CI...... PVH EDIT.MULTI M ..... REGINA RUBEN ... M6-METROPOLE ..

C ± ± PHVSDWR FFFF RH PTPDQV IDRS QPDUH PIRDSH HDRT IRP WQIDRT IDTT ALTAMIR ACT...... d QIV ESKER...... RIGIFLEX INT...... HERMES INTL ......

C C ± TSDTH FFFF IWH IPRTDQP QDPT ISDSH IHIDTU QDTV STDHS QTUDTT PDSP ALTAMIR BS 9 ...... d IH EUROFINS SCI...... SAVEURS DE F ..... RALLYE(CATHI......

C QWDQT PDST VDWH SVDQV FFFF PI IQUDUS FFFF IHSDPH TWHDHU FFFF ALDETA...... T EURO.CARGO S.....d GUILLEMOT BS....d FINATIS(EX.L...... d

C ± ± ± QSPDWH IDPV SP QRIDIH PDWW IHDIH TTDPS VDIV WV TRPDVR PDHV ALTI #...... SQDVH EUROPSTAT #...... SELF TRADE...... CEGEDIM # ......

C C ± ITRWDUQ QDSH IU IIIDSI FFFF UQ RUVDVS RDPW IWUDVH IPWUDRV IDHS A NOVO...... PSIDSH FABMASTER #...... SILICOMP #...... STERIA GROUP.....

C C ± ± IRQDRT RDWI IWDTV IPWDHW HDWP WDWW TSDSQ RDVT WQDWS TITDPU PDIP ARTPRICE COM.... PIDVU FIMATEX...... SERP RECYCLA..... MANITOU #......

C C ± ± IQDUV TDTU TVDWH RSIDWS UDTT PRRDPH ITHIDVS QDRU WW TRWDRH I ASTRA ...... PDIH FI SYSTEM # ...... SOI TEC SILI ...... BENETEAU CA# ....

C C ± ± RIDWV PV WDSW TPDWI RDPR IRV WUHDVP PDIP IHV UHVDRQ IDVP ATN...... TDRH FLOREANE MED ... STACI # ...... ASSUR.BQ.POP.....

C C C ± IQUDUS UDRP TS RPTDQU QDIU IDSR IHDIH HDTS IPH UVUDIS TDPW AUTOMA TECH .... PI GENERIX #...... STELAX ...... MANUTAN INTE...

C C C C ± ± IVPVDIS IDIT SHDTH QQIDWI PDTW VDPS SRDIP HDPR IIHDSH UPRDVQ RDRR PRDSH ITHDUI TDSP PHH IQIIDWI HDPS AVENIR TELEC...... PUVDUH GENESYS #...... IDP...... IPSOS #...... SYNELEC #...... APRIL S.A.#(......

C C ± ± ITQDWW RDIU SPDPH QRPDRI FFFF IDHU UDHP FFFF UIDSH RTWDHI RDRV PRDSH ITHDUI HDRI ISHDUH WVVDSQ PDRH AVENIR TELEC...... PS GENESYS NV 0...... d IDP BON 98 ( ...... d IT LINK...... SYSTAR NOM...... UNION FIN.FR .....

C C C ± UPDVI II TW RSPDTI WDSP PI IQUDUS FFFF QDTH PQDTI RDPT QIDRH PHSDWU HDWH UHDIH RSWDVQ FFFF BARBARA BUI...... IIDIH GENSET...... IGE + XAO ...... JOLIEZ-REGOL...... TEL.RES.SERV...... BRICORAMA #......

C C ± ± QUWDRU IDWS VWDTH SVUDUR FFFF RVDPS QITDSH HDSP HDIU IDIP FFFF IUDWU IIUDVV PDTW TTDIH RQQDSW IDQR BELVEDERE...... SUDVS GENSET NV J0 ...... d ILOG #...... JOLIEZ-REGOL...... d TELECOM CITY .... JET MULTIMED....

C C ± ± ± IUSDHI FFFF RTDVQ QHUDIV WDWR VDSH SSDUT IRDWI ITHDPH IHSHDVR HDUS QDVH PRDWQ VDSU TIDUS RHSDHS S BIODOME #...... PTDTV GL TRADE #...... IMECOM GROUP . KALISTO ENTE ..... TETE DS LES...... ALGECO #......

C C C ± IWTDRT HDIU WWDVH TSRDTS IDVR IUR IIRIDQU HDSU TDVU RSDHT WDHS PW IWHDPQ FFFF PRDIW ISVDTV FFFF BOURSE DIREC .... PWDWS GROUPE D #...... INFOSOURCES..... LACIE GROUP...... THERMATECH I ... HYPARLO #(LY......

C C ± ± ± PWHDWP SDTR SIDWS QRHDUU IDVT UH RSWDIU IIDPV PSDIP ITRDUV HDRV RTDTS QHT HDUR TH QWQDSU FFFF BRIME TECHNO... RRDQS GUILLEMOT #...... INFOSOURCE B.... LEXIBOOK #...... TITUS INTERA ..... GROUPE BOURB ..d

C C ± ± ± VRTDIV PDQV HDTR RDPH QDHQ IVP IIWQDVR VDSR QRDWH PPVDWQ SDUT QPDRH PIPDSQ FFFF IRRDIH WRSDPQ HDTP BVRP EX DT S...... IPW GUYANOR ACTI .... INFOSOURCE A.... MEDIDEP #...... TITUS INTER...... d C.A. PARIS I......

C ± TVDVV S IIH UPIDSS HDWH IHQDSH TUVDWP FFFF QPDSH PIQDIW FFFF VP SQUDVV FFFF VT STRDIP FFFF CAC SYSTEMES .... IHDSH HF COMPANY...... INFOTEL # ...... MEDIDEP ACT...... d TITUS INTER...... d L.D.C...... d

C C C C C C PWSDIV QDPI IPVDWH VRSDSQ QDIP PPDVH IRWDST IQDVQ QVDSH PSPDSR SDTH ITDWI IIHDWP IDPT WSDWH TPWDHT HDHS CAST ...... RS HIGH CO...... INTEGRA NET...... METROLOGIC G ... TITUS INTER...... BRIOCHE PASQ ....

C ± ± ± RHTDTW WDQT PQ ISHDVU SDQS FFFF FFFF FFFF TDVH RRDTI FFFF STDVH QUPDSV HDUW PWDIH IWHDVV HDQR CEREP ...... TP HIMALAYA...... INTEGRA ACT...... MILLE AMIS #...... d TRANSGENE # ..... ETAM DEVELOP ...

C C C C UPPDPI FFFF IRR WRRDSV UDRT UW SIVDPI QDPU TDUS RRDPV FFFF HDUR RDVS SDUI SSDTH QTRDUI HDPU CEREP ACT.NV .....d IIHDIH HOLOGRAM IND .. INTERCALL #...... MONDIAL PECH... UNION TECHNO.. BOIRON (LY)# ......

´ ` IPWDVV IVGHR IUWDSQ IIUUDTR IWGHR

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` ITVDQQ IIHRDIU IWGHR IQIDWI IVGHR

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SICAV et FCP OPTALIS EXPANSION D...... PHDHP

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´ STTDTV IWGHR VTDQW Serveur vocal : TVHDIT IWGHR ECUR. ACT. FUT.D PEA...... ´ ´ ´ ASIE 2000...... IHQDTW IHVDVW IVGHR

OPTALIS SERENITE D ...... ITDTH

´ PIDPP IQWDIW IUGHR IURTDRW IUGHR

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ne se Cours de cloˆ ture le 19 avril PACTE SOL. LOGEM......

´ PTTDHT IWGHR

RHDST ´ PITTVDHQ IUGHR ECUR. CAPITALISATION C.... SAINT-HONORE CAPITAL C . QQHQDPU ISRDUS IHISDHW IWGHR SPSDSS IVGHR

PACTE SOL.TIERS MONDE .. VHDIP CADENCE 1 D......

´ QUSDTU IWGHR

SUDPU ´ PIHWVDQQ IVGHR ECUR. DYNAMIQUE+ DPEA SAINT-HONORE CAPITAL D. QPITDRP IHITDHI IWGHR

CADENCE 2 D...... ISRDVW

Valeurs unitaires e Date ´ ´ QRVDUI IWGHR

SQDIT ´ PISWDTU IUGHR ´ ECUR. ENERGIE D PEA...... ST-HONORE CONVERTIBLES QPWDPR IHHRDIR IWGHR

Emetteurs f CADENCE 3 D...... ISQDHV

Euros francsee cours ´ WHRSQDUV IWGHR

IQUVWDSW ´ RQTDQR IRGHR

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INTEROBLIG C ...... SRDHV

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´ RQDUP RQTDQR IWGHR

TTDSP CIC FRANCIC ...... ´ IHRIDPU IWGHR

ECUR. INVESTIS. D PEA...... ISVDUR ´ ´ IPSVDUP IWGHR

ST-HONORE PACIFIQUE ...... SELECT DEFENSIF C...... IWIDVW

PWDST IWQDWH IWGHR IHUHDUP IUGHR

´ ´ ITQDPQ IQVVDTH IWGHR

AGIPI AMBITION (AXA) ...... PIIDTW CIC FINUNION ...... ´ ITTHDVP IWGHR

EC. MONET.C/10 30/11/98...... PSQDIW ´ IVVSDWR IWGHR

ST-HONORE TECH. MEDIA .. SELECT DYNAMIQUE C ...... PVUDSI

QPDST PIQDSV IWGHR

PIRPDHW IVGHR ´ ´ QPTDST IPPHDWQ IWGHR

AGIPI ACTIONS (AXA)...... IVTDIQ ´ ´ PQUIDHP IWGHR EC. MONET.D/10 30/11/98...... CAPITAL AVENIR...... QTIDRT ´ ´ IPHWDIQ IWGHR

ST-HONORE VIE SANTE ...... SELECT EQUILIBRE 2...... IVRDQQ

´

ITSDVW IHVVDIU IWGHR PSUDHU IWGHR

QWDIW ´ VHRDUQ IWGHR ECUR. OBLIG. INTERNAT. .... CICAMONDE...... IPPDTV ´ IPQRDSV IWGHR

ST-HONORE WORLD LEAD. . SELECT PEA 3...... IVVDPI

´

PUIDPS IUUWDPV IWGHR TPTDQU IWGHR

3615 BNP ECUR. TRIMESTRIEL D...... CONVERTICIC...... WSDRW QTISDII IWGHR

SG FRANCE OPPORT. C...... SSIDIP

´ PUDRR IUWDWW IWGHR

SPWRDTP IWGHR

EPARCOURT-SICAV D...... EPARCIC ...... VHUDIT

QQVRDWQ IWGHR

LEGAL & GENERAL BANK SG FRANCE OPPORT. D ...... SITDHQ

IHRVDQS IWGHR ISWDVP ´ PIHVDHQ IQVPUDUU IWGHR

QTSPDQU IWGHR

BNP ACTIONS EURO...... GEOPTIM C ...... EUROCIC LEADERS...... SSTDVH QWHVDQP IWGHR

SOGENFRANCE C...... SWSDVP

SWTDVS QWISDHV IWGHR

IPVWDVI IWGHR

IWTDTQ ´ SPQDSP IWGHR

BNP ACTIONS FRANCE...... HORIZON C...... EUROPE REGIONS...... UWDVI

QSPPDHQ IWGHR

´ SOGENFRANCE D...... SQTDWQ IWSIDTU IVGHR

´ ´ SECURITAUX ...... PWUDSQ

IRDRR WRDUP IWGHR

PHUDWH IQTQDUQ IWGHR

PIIDQS IWGHR

BNP ACT. MIDCAP EURO..... PREVOYANCE ECUR. D...... FRANCIC PIERRE...... QPDPP

TUSDPR IWGHR

´ SOGEOBLIG C...... IHPDWR IUVTDIU IVGHR

STRATEGIE IND. EUROPE .... PUPDQH

TIDVP RHSDSI IWGHR

WRPPDIU IWGHR

BNP ACT. MIDCAP FR...... MENSUELCIC...... IRQTDRH ´ PWQDRI IWGHR

Fonds communs de placements ´ SOGEPARGNE D...... RRDUQ PPHRDHV IVGHR

STRATEGIE RENDEMENT .... QQTDHI

PQHDWP ISIRDUR IWGHR

RSPTDPQ IWGHR

BNP ACTIONS MONDE...... TWHDHP IVUVDUW IWGHR ´ ´ OBLICIC MONDIAL...... PVTDRP PSIDPQ IWGHR

ECUREUIL EQUILIBRE C...... QVDQH SOGEPEA EUROPE......

ITTUDWH IWGHR

PSRDPU ´ IITWDWT IVGHR BNP ACTIONS PEA EURO..... IUVDQT TSUDWW IWGHR ´ OBLICIC REGIONS...... IHHDQI PIRDVQ IWGHR

ECUREUIL PRUDENCE C ...... QPDUS SOGINTER C......

´ Sicav Info Poste : QRDWI PPVDWW IWGHR ISVDQS IWGHR BNP EP. PATRIMOINE...... ´ ´ RENTACIC...... PRDIR QIIDSI IWGHR ECUREUIL VITALITE C ...... RUDRW

´ 08 36 68 50 10 (2,23 F/mn) Fonds communs de placements PSVDVR IVGHR QTWDQW PRPQDHR IWGHR

BNP EPARGNE RETRAITE .... QWDRT SECURICIC...... ´ PPDVH IRWDST IVGHR FFFF

´ ADDILYS C ...... FFFF DECLIC ACTIONS EURO...... QPVDIH PISPDIW IWGHR ISQSHDWU IWGHR

BNP MONE COURT TERME . PQRHDPR SECURICIC D ...... ´ RQTDRI IVGHR ´ TTDSQ PHSDSI IWGHR

´ CRE´DIT AGRICOLE AMPLITUDE AMERIQUE C ... QIDQQ DECLIC ACTIONS FRANC ..... SUWQDTU IWGHR

BNP MONETAIRE C...... VVQDPR ´

QRIDHQ IVGHR ´ SIDWW PHQDTU IWGHR

´ 08 36 68 56 55 (2,23 F/mn) AMPLITUDE AMERIQUE D... QIDHS DECLIC ACTIONS INTER...... SPSRDSR IWGHR

BNP MONETAIRE D ...... VHIDHS ´ RHQDRV IVGHR

DECLIC BOURSE PEA ...... TIDSI PVUDWH IUGHR

´ AMPLITUDE EUROPE C...... RQDVW VRSPIDHR IWGHR IPVVSDIS ´ QSTDTR IWGHR

BNP MONE PLACEMENT C.. ATOUT AMERIQUE ...... SRDQU ´ ´

IIWDVR IVGHR

DECLIC BOURSE EQUILIBRE IVDPU PVIDPI IUGHR

´ AMPLITUDE EUROPE D ...... RPDVU IRHVDPU IWGHR

´ PIRDTW IISRVDWI USUSSDVV IWGHR IVTDWS IWGHR

BNP MONE PLACEMENT D.. ATOUT ASIE...... PVDSH EURCO SOLIDARITE ...... ´ IIIDIV IVGHR

DECLIC OBLIG. EUROPE...... ITDWS PIRTDPW IWGHR

AMPLITUDE MONDE C...... QPUDPH

WPVDTW THWIDVI IWGHR

RIHRDWI IWGHR ´ ´ ´ TPSDUW IITPSDHU IWGHR

BNP MONE SECURITE ...... IUUPDPQ ATOUT CROISSANCE...... LION 20000 C/3 11/06/99 ...... ´ IWIDVU IVGHR

DECLIC PEA EUROPE ...... PWDPS IWRPDRW IWGHR

AMPLITUDE MONDE D ...... PWTDIQ

VPVDSU SRQSDHT IWGHR

PHUSDQP IWGHR ´ ´ QITDQV WSVIQWDIR IWGHR

BNP MONE TRESORIE ...... IRTHTUDQU ATOUT FONCIER...... LION 20000 D/3 11/06/99 ...... ´ SIRDIR IVGHR

DECLIC SOGENFR. TEMPO .. UVDQV IVIDWH IWGHR

AMPLITUDE PACIFIQUE C ... PUDUQ

PPHDIR IRRRDHP IWGHR

PSIDIP ITRUDPR IWGHR

IHWSDPS IWGHR

BNP OBLIG. CT ...... ITTDWU ATOUT FRANCE EUROPE ..... SICAV 5000 ......

FFFF FFFF

...... FFFF IUWDPU IWGHR

AMPLITUDE PACIFIQUE D... PUDQQ

THDWU QWWDWR IWGHR

QVSDVU PSQIDIR IWGHR

PITDQQ IWGHR

BNP OBLIG. LT...... QPDWV ATOUT FRANCE MONDE...... SLIVAFRANCE ......

FFFF FFFF

´ ...... FFFF QSRDPV IUGHR

ELANCIEL FRANCE D PEA.... SRDHI

PSVDWI ITWVDQR IWGHR

PTRDWR IWGHR

ATOUT FUTUR C ...... RHDQW IPQWDWT IWGHR

BNP OBLIG. MONDE...... IVWDHQ SLIVARENTE ......

FFFF FFFF

´ ...... FFFF WRQDVT IWGHR

ELANCIEL EURO D PEA...... IRQDVW

PQWDUT ISUPDUP IWGHR

IQSUDHR IWGHR

ATOUT FUTUR D...... PHTDVV

WQIDUW IWGHR

BNP OBLIG. MT C...... IRPDHS SLIVINTER ......

FFFF FFFF

´ ...... FFFF PUUDTH IUGHR

´ EMERGENCE E.POST.D PEA. RPDQP IQIDRV VTPDRS IWGHR

RVSWDSW IWGHR

ATOUT SELECTION ...... TRILION...... URHDVR IQPDVU VUIDSU IWGHR

FFFF FFFF

BNP OBLIG. MT D...... ´ ...... FFFF UHVDTQ IWGHR

GEOBILYS C ...... IHVDHQ

PIHSDRW IWGHR

COEXIS ...... QPHDWV

ITIDQU IHSVDSP IWGHR

FFFF FFFF

BNP OBLIG. REVENUS ...... Fonds communs de placements ´ ...... FFFF TSWDPR IWGHR

` GEOBILYS D...... IHHDSH QPVTDVH IWGHR

DIEZE ...... SHIDHU

IUHDRS IIIVDHV IWGHR

FFFF FFFF

BNP OBLIG. SPREADS...... FFFF ISHRDSU IWGHR

PPWDQU ......

IPUDIW IWGHR

ACTILION DYNAMIQUE C * . INTENSYS C...... IWDQW

RTIVDVT IWGHR

´ EURODYN...... UHRDIR IVQQDHI IPHPQDUT IWGHR

FFFF FFFF

BNP OBLIG. TRESOR...... FFFF

IRVHDST IWGHR PPSDUI ......

IIHDRT IWGHR

ACTILION DYNAMIQUE D *. INTENSYS D...... ITDVR

IHPTDVR IVGHR

INDICIA EUROLAND...... ISTDSR

IQRDWR VVSDIS IWGHR

FFFF FFFF

BNP SECT. IMMOBILIER ...... ´ FFFF IQHUDQW IWGHR IWWDQI ......

IURHDWI IWGHR

ACTILION EQUILIBRE C * .... KALEIS DYNAMISME C...... PTSDRH

QSPPDPW IVGHR

INDICIA FRANCE...... SQTDWU

FFFF FFFF

´ FFFF IPVPDPT IWGHR IWSDRV ......

IUHSDWS IWGHR

ACTILION EQUILIBRE D *.... KALEIS DYNAMISME D ...... PTHDHU

IUPSVDIT IVGHR

INDOCAM EUR. NOUV...... PTQHDWW

FFFF FFFF

BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT ´ ...... FFFF IQRQDPU IWGHR

PHRDUV ´ IQWWDRV IWGHR

ACTILION PEA EQUILIBRE... KALEIS EQUILIBRE C...... PIQDQS

IHRPDVR IWGHR

INDOCAM MULTI OBLIG...... ISVDWV

FFFF FFFF

...... FFFF IISUDWT IWGHR

IUTDSQ ´ IQTSDII IWGHR

www.bpam.fr 08 36 68 22 00 (2,23 F/mn) ACTILION PRUDENCE C *.... KALEIS EQUILIBRE D ...... PHVDII

PWRDQW IWGHR

INDOCAM ORIENT C...... RRDVV

FFFF FFFF

...... FFFF IIQSDHU IWGHR

IUQDHR ´ ´ ´

IPRSDUQ IWGHR ACTILION PRUDENCE D * ... IVWDWI

PPSSDWU IWGHR QRQDWP KALEIS SERENITE C ......

PTPDSV IWGHR

BP OBLI CONVERTIBLES...... INDOCAM ORIENT D ...... RHDHQ

FFFF FFFF

...... FFFF

IRHQDRW IWGHR

PIQDWT ´ ´ ´ IPIPDQR IWGHR

INTERLION...... KALEIS SERENITE D...... IVRDVP IHUDUT UHTDVT IVGHR

ISUIDVH IWGHR

BP OBLI HAUT REND...... INDOCAM UNIJAPON...... PQWDTP

FFFF FFFF

...... FFFF

IPRDIV VIRDSU IWGHR

ISVDVU IWGHR

´ ´ LION ACTION EURO...... LATITUDE C...... PRDPP

IRIDTR WPWDIH IWGHR PHVQDIW IWGHR

BP MEDITERRANEEDEV...... INDOCAM STR. 5-7 C ...... QIUDSV

FFFF FFFF

...... FFFF

IPPDTH VHRDPH IWGHR

IQSDVS IWGHR

LION PEA EURO...... LATITUDE D...... PHDUI

IQUHDIH IWGHR ´ PHVDVU PIPTDHW IVGHR

BP NOUVELLE ECONOMIE... QPRDIP INDOCAM STR. 5-7 D......

FFFF FFFF

...... FFFF

TUSDWH IWGHR

´ OBLITYS D ...... IHQDHR IVQDIQ IPHIDPS PHGHR QITDTQ IVGHR

BP OBLIG. EUROPE...... RVDPU MONE ASSOCIATIONS......

FFFF FFFF

´ ...... FFFF QQWDPH IWGHR

PLENITUDE D PEA...... SIDUI THRDTH IWGHR

´ ´ WPDIU TQIPRRDIS IVGHR

BP SECURITE ...... WTPQPDSS OBLIFUTUR C......

FFFF FFFF

...... FFFF

PRSQDPP ITHWPDHU IWGHR

SPHDQU IWGHR

UWDQQ POSTE GESTION C......

IRRIDPU IWGHR

EUROACTION MIDCAP ...... PIWDUP OBLIFUTUR D ......

FFFF FFFF

...... FFFF

PWDHR IWHDRW IWGHR

IRURTDUH IWGHR

CM EURO PEA ...... PPRVDIP

IIIPDVQ IWGHR

REVENU-VERT ...... ITWDTS POSTE GESTION D...... VURDIW IUGHR

FRUCTI EURO 50...... IQQDPU

FFFF FFFF

...... FFFF

QHSDRV IWGHR

RTDSU `

RQUWTDHP IWGHR

CM FRANCE ACTIONS...... TTUTDTT

RVQDTR IWGHR

UNIVERS ACTIONS...... UQDUQ POSTE PREMIERE SI ......

UHRDQH IWGHR

FRUCTIFRANCE C ...... IHUDQU

FFFF FFFF

...... FFFF

PTWDTT IWGHR

RIDII ` PSWHTSDTW IWGHR

CM MID. ACT. FRANCE...... QWRWRDQI IIWIDVU PHGHR

UNIVAR C ...... IVIDUH POSTE PREMIERE 1 AN......

QHHIDQQ IUGHR

FRUCTIFONDS FRANCE NM RSUDSS

FFFF FFFF

...... FFFF

PVTRDTQ IWGHR

RQTDUI ` SSISWDRP IWGHR

CM MONDE ACTIONS ...... VRHW IIWIDVU PHGHR

UNIVAR D...... IVIDUH POSTE PREMIERE 2-3......

FFFF FFFF

...... FFFF

IHHDUW TTIDIR IWGHR UUUDTI SIHHDUW IWGHR

PSQDUP IWGHR

www.cdc-assetmanagement.com UNIVERS-OBLIGATIONS...... QVDTV CM OBLIG. LONG TERME.... REVENUS TRIMESTR. D ......

FFFF FFFF

...... FFFF

PRQDVV IWGHR QUDIV ´

IIPVDWH IWGHR

Fonds communs de placements CM OPTION DYNAM...... THESORA C...... IUPDIH FFFF FFFF

´ ...... FFFF QSWDTT IWGHR SRDVQ ´ WSSDWW IWGHR

CM OPTION EQUIL...... THESORA D...... IRSDUR

QTQDPR PQVPDUH IVGHR

FFFF FFFF

INDOCAM VAL. RESTR...... FFFF

IHHSDSV IWGHR

ISQDQH ´ PWHTHUDUV IWGHR

CM OBLIG. COURT TERME.. TRESORYS C...... RRQHPDVU

PQSDWI ISRUDRU IVGHR

QUVDQT IUGHR

LIVRET B. INV.D PEA...... MASTER ACTIONS...... SUDTV

QIPDHQ PHRTDUV IWGHR PQQUDQU IWGHR

CM OBLIG. MOYEN TERME. SOLSTICE D ...... QSTDQQ

IWIDHI IUGHR

MASTER OBLIGATIONS...... PWDIP ´

IHSWDTQ IWGHR

MULTI-PROMOTEURS CM OBLIG. QUATRE ...... ITIDSR LEGENDE ISIDSW IVGHR OPTALIS DYNAMIQ. C...... PQDII Fonds communs de placements

´ e Hors frais. ee A titre indicatif. * Part div. par 10 au 5/5/99. RVIDTR QISWDQS IVGHR VRDIQ SSIDVT IWGHR IRUDSW IVGHR NORD SUD DEVELOP. C...... OPTALIS DYNAMIQ. D...... PPDSH Fonds communs de placements POSTE EUROPE C......

´ ´ ´ PSTRDQQ IVGHR PHDUT IQTDIV IVGHR IVDUP IPPDVH IWGHR VIDRQ SQRDIS IWGHR NORD SUD DEVELOP. D ...... QWHDWQ OPTALIS EQUILIB. C...... CM OPTION MODERATION. POSTE EUROPE D ...... LeMonde Job: WMQ2104--0024-0 WAS LMQ2104-24 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 09:27 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0477 Lcp: 700 CMYK

24 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000

TECHNOLOGIE Ananova pré- tive de l’agence Press Association. les dépêches dès qu’elles lui ar- annoncée depuis plusieurs mois, tuel, l’Institut national de recherche sente, vingt-quatre heures sur b À LA DIFFÉRENCE des autres hé- rivent. b CET EXPLOIT technolo- semble avoir ravi de nombreux in- en informatique et en automatique vingt-quatre, depuis mercredi roïnes virtuelles, la nouvelle venue gique est le résultat des recherches ternautes et la nouvelle vedette du vient d’acquérir un banc de travail 19 avril, des informations sur le site sur le Web lit automatiquement, les plus en pointe en matière de syn- Web possède déjà son club de fans. qui permet de manipuler dans l’es- d’Ananova Limited, division interac- avec un air étonnamment humain, thèse vocale. b SON APPARITION, b TOUJOURS dans le domaine vir- pace des maquettes numériques. Ananova, première présentatrice virtuelle des informations sur Internet Un an de travail a été nécessaire à des techniciens britanniques et belges pour mettre au point un personnage animé généré en temps réel, capable de lire des dépêches au moment où elles « tombent », avec un ton, une expression et des mouvements adaptés à l’événement relaté « HELLO WORLD ! » Les pre- des techniciens qui, depuis un an, un ton approprié pour chaque treprise a travaillé une année en- miers mots d’Ananova, mercredi peaufinent son look et la machine- événement relaté. Il s’agit là d’une tière pour améliorer la qualité de 19 avril au matin, prennent d’em- rie logicielle qui lui donne une ap- forme sophistiquée de la tech- la voix, ainsi que la coordination blée la mesure de son audience... parence de vie. Ananova Limited nique connue sous le nom de avec l’attitude physique et le mou- potentielle. La première présenta- travaille depuis six ans sur la mise « Text to speech », c’est-à-dire la vement des lèvres. Il lui a fallu en- trice virtuelle d’informations sur en place d’outils sophistiqués de transformation automatique de suite introduire une palette Internet (www.ananova.com) s’ex- traitement et de diffusion de l’in- texte en parole. d’émotions, de gestes et d’expres- prime en anglais, d’une voix douce formation sur Internet. « La créa- Cette fonction existe depuis sions, programmables à la volée et modulée, malgré quelques sac- tion d’une interface “humaine” longtemps à l’état embryonnaire. en fonction de la nature des nou- cades. Problèmes d’élocution ou pour accéder à ce contenu consti- Elle fait appel à la synthèse vocale, velles. Le tout avec un rendu de la étranglement ordinaire du ré- tuait une évolution logique pour qui donne des résultats rappelant vidéo aussi poussé que possible, seau ? Difficile de se prononcer. rendre notre service plus facile plus les robots des débuts du ciné- malgré les limites de débit de don- Néanmoins, l’entrée sur la Toile d’accès et pour offrir un service plus ma de science-fiction que le phra- nées imposé par Internet. d’Ananova devrait satisfaire les personnalisé de nouvelles et d’infor- sé des héros de jeux vidéo. Pour milliers de fans qui attendaient mation sur les sujets d’intérêt des éviter cet écueil, Ananova Limited DISPONIBLE PARTOUT son apparition avec impatience utilisateurs », explique l’entreprise. a fait appel à un des principaux La première version d’Ananova depuis des semaines. L’événement spécialistes en matière de re- est diffusé avec la technique du avait été soigneusement médiatisé LE «TOP» DE LA SYNTHÈSE VOCALE connaissance de la parole et de streaming – c’est à dire de la vidéo depuis le mois de janvier, afin d’at- Le défi technologique des déve- synthèse vocale : la firme belge en direct – et non en télécharge- tiser la curiosité des internautes. loppeurs de ce forçat du Web rési- Lernout & Hauspie (L&H). ment. Elle utilise le lecteur RealVi- Et, dès l’après-midi, le site d’Ana- dait dans la création d’un person- « La création d’une voix synthé- deo de Real Networks, qui nova Limited, anciennement PA nage animé en trois dimensions, tique à la sonorité humaine, qui s’adapte au type de liaison utilisée New Media, division interactive de généré en temps réel pour « lire » puisse parler à la demande en (modem 56 K ou ligne haut débit). l’agence Press Association, était les dépêches ou donner les infor- temps réel, constitue le Sacré Graal Mais, comme toutes les entre- inaccessible. Affluence record ou mations au moment où elles de notre industrie », explique Pa- prises qui se lancent dans la diffu- panne technique ? tombent. Et ceci avec un style et trick de Schrijver, de L & H. L’en- sion de vidéo sur Internet, Anano- PA OHOTOS LTD PA « Voici les nouvelles – et, cette va mise sur le développement des fois, c’est personnel » : la nouvelle accès à large bande passante tels star des écrans d’ordinateur avait que l’ADSL ou le câble et des dé- néanmoins eu le temps de présen- codeurs de télévision numérique. ter son premier « bulletin ». Sexy La folie des fans pour « une super cyber-baby » Elle prévoit également d’exploiter sans outrance, moderne et bran- ON NE VOIT que sa tête au format timbre- to figée de la vedette, les aficionados se sont pose « nouvelle femme », en combinant ana, l’explosion des appareils sans fil chée tendance Lara Croft (l’hé- poste, mais ses créateurs affirment qu’elle a lancés dans un concours de sosies venus du signifiant mère ou femme en ancien turc, et reliés à la Toile tels que les télé- roine du jeu vidéo Tomb Raider), 28 ans et mesure 1,73 m – son poids n’est pas monde entier. nova pour nouvelle. phones mobiles de nouvelle géné- la présentatrice virtuelle est soi- précisé. Ananova préfigure les futures généra- L’Américaine Beth, 37 ans, du Nevada, la La présentatice virtuelle apparaîtra-t-elle ration ou les organiseurs de gneusement conçue pour séduire tions de créatures virtuelles qui pourraient Galloise Alryssa Kelly, vivant à Cincinnati, la sur les téléphones mobiles Wap ? Pour l’ins- poches de type PalmPilot. les jeunes sans laisser indifférents bientôt envahir la Toile d’Internet, et ses Russe Anna Savenkova et même... un certain tant, cette technique ne supporte pas la vidéo. « Quand nous avons décidé de les plus âgé(e)s. Vingt-quatre concepteurs ont voulu la rendre aussi chaleu- Alex ont envoyé leur photo pour prouver leur Il faudra donc attendre la génération suivante. développer Ananova, nous avons heures sur vingt-quatre, Ananova reuse que possible afin qu’elle assure au mieux ressemblance avec elle. Pour d’autres, elle évo- Dans quelle mesure Ananova sera-t-elle per- anticipé la convergence des tech- diffuse les nouvelles, vers l’ordina- ses fonctions d’intermédiaire entre les être hu- quait plutôt le visage de vedettes réelles sonnalisable ? Les concepteurs indiquent que niques numériques et la mobilité teur des internautes aujourd’hui, mains et la froideur du cyberespace. « Elle voit comme Angelina Jolie, Annie Lennox ou Kim les développements futurs permettront aux in- croissante des systèmes d’accès à sur leur téléphone portable ou et entend les énormes quantités de nouvelles et Basinger. ternautes d’accéder à des informations sélec- l’information. » Dans un futur pas leur montre-bracelet demain. de données pulsées autour du monde, voyageant tionnées en fonction de leurs centres d’intérêt. trop lointain, la présentatrice sui- C’est dire le degré d’intimité que sur les réseaux et bondissant des satellites », PERSONNALISATION DU « JOURNAL » Ils pourront même choisir le mode de récep- vra les internautes partout afin de ce Web symbol peut espérer créer précisent, sans vergogne, ses créateurs. Dans le même temps, les questions af- tion : du simple courrier électronique au face- devenir leur « assistant personnel avec son public. Les internautes seront-ils sensibles à ce sub- fluaient. Ananova sera-t-elle polyglotte ? Elle à-face avec Ananova sur l’appareil de leur d’information », explique William Sans être stupéfiant, le résultat terfuge ? Lors des premières heures de diffu- devrait bientôt parler d’autres langues que choix. Ananova « est une super cyber-baby », Cooper, le responsable du produit. est convaincant. Cadrée en plan sion, ils ont été des dizaines de milliers à se l’anglais, et son accent actuel, qualifié de «mi- notent les concepteurs aguicheurs. Et de Avant de préciser que l’apparence très serré, Ananova s’exprime avec connecter pour découvrir la nouvelle star. atlantique », pourra être modifié par l’utilisa- conclure : « Vous connaissiez la science-fiction, actuelle d’Ananova sur la Toile le réalisme nécessaire pour faire Avant même cette première apparition, un site teur. Y aura-t-il des sous-titres pour les sourds voici la science-réalité. » « n’est qu’un début »... oublier qu’elle n’existe pas. Une avait été créé pour faire patienter les fans et les malentendants ? Ce n’est pas prévu. Que performance à mettre au crédit (www.clubananova.com). N’ayant qu’une pho- signifie le nom Ananova ? L’un des fans pro- M. Al. Michel Alberganti Un banc de travail permet de manipuler dans l’espace des maquettes numériques

DU STYLO jaillit un rayon de lu- nettes à cristaux liquides et un sys- chauds engendrés par le système mière rappelant le sabre laser des tème d’enregistrement des de chauffage. Un autre instru- Jedis de La Guerre des étoiles. Cet mouvements de la tête des utilisa- ment, tout aussi virtuel, visualise instrument sert de souris d’ordina- teurs. L’ensemble représente un le parcours des flux provenant des teur dans l’espace en trois dimen- investissement de 2 à 3 millions de bouches d’aération sous diffé- sions du plan de travail virtuel. francs (300 000 à 450 000 euros). rentes formes : direction et inten- Flottantes, les images se laissent « Nous allons commencer par sité, filets lumineux ou petits manipuler à la pointe du « sabre ». deux types d’applications : le proto- avions entraînés par le courant L’utilisateur peut ainsi observer typage virtuel et la visualisation de d’air... Les compagnies pétrolières l’intérieur d’une automobile, une données », explique Sabine Coquil- sont également très intéressées partie de la structure d’un lart, chargée de son développe- par le banc de travail virtuel pour Boeing-747 (photo ci-contre) ou ment à l’Inria. Le premier travail traiter les données issues des son- d’un réacteur d’avion, qui se maté- est réalisé en partenariat avec Ae- dages sismographiques. rialisent devant lui, en suspension. rospatiale. Il s’agit d’économiser la Avec ce nouveau système, l’Inria La magie du virtuel, souvent asso- fabrication de maquettes réelles participe au rattrapage du retard ciée aux jeux vidéo en trois dimen- grâce aux images de synthèse en français en matière d’équipement sions, se met ici au service des 3 D, qui permettent de simuler, par en systèmes de réalité virtuelle. concepteurs des bureaux d’études exemple, l’insertion d’une tuyau- Dans le même but, ses centres de ou de recherche de l’industrie. terie dans le circuit hydraulique Rennes et de Grenoble sont dotés Cet appareil spectaculaire est le d’un moteur, opération délicate depuis 1999 d’écrans cylindriques premier banc de travail virtuel ins- avec les outils traditionnels de immersifs représentant des inves- tallé en France. L’Institut national conception assistée par ordina- tissements d’environ 10 millions de recherche en informatique et teur. de francs, utilisés pour la simula- en automatique (Inria), qui l’a Le second axe de recherche tion d’éclairage et l’intégration acheté auprès de l’entreprise alle- concerne des phénomènes dyna- d’êtres animés dans des environ- mande Tan, installée à Francfort, miques ou complexes. L’Inria a nements virtuels. « Le défi, c’est de l’a présenté mardi 18 avril à Roc- présenté ainsi la visualisation de la ne pas utiliser ces installations pour quencourt (Yvelines). L’installa- circulation de l’air dans l’habitacle de simples démonstrations, mais de tion comprend deux écrans de 180 d’une voiture. Avec le stylo lumi- les exploiter pour améliorer notre sur 110 cm – l’un horizontal, l’autre neux, l’utilisateur sélectionne un compréhension de phénomènes vertical, afin d’augmenter le outil, qui déplace un plan de coupe physiques et d’obtenir des résultats champ de vision –, un ordinateur dans le décor intérieur de l’auto- exploitables par l’industrie », sou- Silicon Graphics (Onyx 2) équipé mobile. Pour chaque position ap- ligne Gilles Kahn, directeur scien- de quatre microprocesseurs et de paraît la cartographie thermique tifique de l’Inria. deux cartes graphiques, deux pro- en couleurs permettant de détec-

jecteurs vidéo tritubes, des lu- INRIA ter les zones froides et les points M. Al. LeMonde Job: WMQ2104--0025-0 WAS LMQ2104-25 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 11:12 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0478 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / 25 En Ligue des champions, le Real Madrid JO : une commission indépendante pour les tests antidopage à Sydney parachève le sans-faute du football espagnol L’ENSEMBLE de la procédure des tests antidopage sera surveillé par des observateurs indépendants à l’occasion des Jeux olympiques de Syd- ney, a annoncé, mercredi 19 avril, le Comité international olympique (CIO). Cette initiative vise à rassurer les athlètes qui considèrent que la Les Madrilènes ont battu (3-2) le tenant du titre, Manchester United, sur son terrain d’Old Trafford fiabilité de ces tests n’est pas suffisante au regard de la menace qu’ils font peser sur leurs carrières. Ces observateurs auront la charge de cha- La qualification du Real Madrid (0-0, 3-3) aux dé- permet au football espagnol de conserver trois unique dans les annales. Valence affrontera Bar- cune des étapes du processus, du moment où l’athlète remet son échan- pens de Manchester United, mercredi 19 avril, de ses représentants (FC Barcelone, FC Valence, celone les 2 et 10 mai, tandis que le Real ren- tillon d’urine jusqu’à la décision finale du CIO, en passant par les étapes pour les demi-finales de la Ligue des champions Real Madrid) à ce stade de la compétition, un fait contrera le Bayern Munich les 3 et 9 mai. de l’analyse en laboratoire.

LES RÊVES de Sir Alex Ferguson une série en cours de six victoires Si les stars britanniques David nait enfin à ses fins, obtenant un DÉPÊCHES ont été balayés par ses craintes. consécutives (toutes compétitions Beckham et Ryan Giggs ne désar- penalty que transformait Paul a FOOTBALL : le parquet de Marseille va ouvrir une enquête prélimi- « Quand vous regardez l’histoire de confondues) avec un moyenne de maient pas, c’est un Espagnol qui Scholes (89e ). Mais il était trop naire après les plaintes déposées par l’Argentin Marcelo Gallardo et la Coupe des champions, vous vous 4 buts par match, ont compris le emportait la mise, sur deux contres tard : vainqueur 3-2, à Manchester, l’Italien Marco Simone qui disent avoir été agressés lors du match Mar- apercevez que les équipes qui sens du « peut-être » employé par le menés à quelques secondes d’inter- le Real Madrid se qualifiait pour les seille-Monaco, le 7 avril (Le Monde du 9 avril). marquent pro- technicien écossais. Ce n’est pas valle. A la 50e minute, suite à une demi-finales de la Ligue des cham- a L’équipe de France des moins de dix-huit ans s’est qualifiée pour la fondément les parce qu’on est le club le plus riche montée de Steeve McManaman, pions. Le vainqueur de l’édition phase finale du championnat d’Europe après sa victoire (2-0) sur l’Eire, esprits sont du monde, le plus redoutable d’An- Raul se jouait du défenseur français 1998 affrontera le Bayern Munich, mercredi 19 avril, à Dublin. celles qui en ont gleterre et qu’on a réalisé un match de Manchester United, Mickaël Sil- finaliste malchanceux en 1999, avec a David Ginola, l’attaquant français de Tottenham, s’est prononcé, gagné d’abord nul (0-0) lors du quart de finale al- vestre, pour loger un tir travaillé au l’ambition de laver le double affront mercredi 19 avril, pour une réduction du nombre de footballeurs étran- une, puis plu- ler, que le succès est inéluctable. ras du poteau droit de Raimond subi en match de poule (2-4, 1-4). gers en division 1 anglaise, dans une interview au quotidien The Inde- sieurs, année Il aura suffi que le capitaine man- Van der Gouw, bien trop lourdeau « Prendre trois buts à domicile, pendent. « Aujourd’hui, une équipe peut ne compter que des étrangers, a après année. le cunien, Roy Keane, incroyablement dans son plongeon. Trois minutes c’est beaucoup trop mais je n’ai pas déclaré l’ancien international. Il faut limiter leur nombre, pour ne pas Real l’a gagné fébrile, se jette sur un centre à ras plus tard, le même Raul, lancé cette de critique à faire à mes joueurs car il étouffer dans l’œuf les futurs jeunes talents. Qu’est-ce qui est le plus impor- cinq fois de suite, le Bayern et l’Ajax de terre de Michel Salgado, que le fois par l’Argentin Fernando Carlos fallait attaquer pour essayer de mar- tant : l’argent et les affaires, qui tuent le football, ou le football lui-même ? » trois fois d’affilée et Liverpool quatre gardien Raimond Van der Gouw Redondo, inscrivait un troisième quer. C’est le jeu habituel de Man- a VOILE : Jérémy Beyou et Pascal Bidégorry (Volkswagen-Castrol), fois en huit ans. Aujourd’hui, nous (remplaçant le héros du match aller, but. chester. (...) Nous ne sommes pas bien qu’ayant dû se battre comme tous les autres concurrents contre les avons la chance de pouvoir rempor- Mark Bosnich, blessé aux adduc- choqués, nous sommes déçus », a dé- éléments, occupaient, mercredi 19 avril, pour la deuxième journée ter ce trophée régulièrement. C’est teurs) s’apprêtait à intercepter, « DÉÇUS, PAS CHOQUÉS » claré Sir Alex Ferguson. « C’est le consécutive la tête de la Transat Lorient-Saint-Barthélemy. – peut-être – une ère dorée qui se pour ouvrir la marque au profit des Le club le plus riche du monde meilleur résultat depuis que je suis a LOTO : résultats des tirages no 32 effectués mercredi 19 avril. Pre- profile pour MU », déclarait l’entraî- Espagnols et réduire à presque rien devenait le plus accablé mais pas le entraîneur », a simplement com- mier tirage : 5, 12, 30, 37, 42, 46 ; numéro complémentaire : 36. Rap- neur de Manchester United, vain- les chances de qualifications des plus abattu. La maladresse de Roy menté son homologue madrilène, ports pour 6 numéros : 5 939 720 F (905 504 ¤) ; 5 numéros et le complé- queur de la Ligue des champions Reds Devils. La désillussion était Keane, toujours aussi tendu, qui Vicente Del Bosque. mentaire : 152 260 F (23 211 ¤) ; 5 numéros : 6 225 F (948 ¤); 4numéros 1999-2000, à la veille du quart de fi- d’autant plus cruelle que la prolon- avait raté une première occasion de Ce résultat rejaillit sur le football et le complémentaire : 276 F (42,07 ¤) ; 4 numéros : 138 F (21,03 ¤); 3nu- nale retour qui devait l’opposer, gation du contrat dudit Roy revenir au score (51e), ne découra- espagnol : il lui permet, pour la pre- méros et le complémentaire : 30 F (4,57 ¤) ; 3 numéros : 15 F (2,28 ¤). Se- mercredi 19 avril, au Real Madrid. Keanes, courtisé par des clubs ita- geait pas le reste de l’équipe. A la mière de l’histoire de la compéti- cond tirage : 19, 20, 32, 34, 43, 46 ; numéro complémentaire : 1. Rap- Après 21 minutes de jeu, les sup- liens, moyennant 550 000 francs 65e minute, David Beckham, réali- tion, de placer trois de ses clubs ports pour 6 numéros : 12 810 900 F (1 953 009 ¤) ; 5 numéros et le porteurs du club anglais, sagement hebdomadaires, venait de provo- sait un slalom au milieu des défen- (FC Barcelone, FC Valence, Real complémentaire : 103 255 F (15 741 ¤) ; 5 numéros : 10 070 F (1 535 ¤); entassés dans les tribunes du stade quer une hausse sensible du prix seurs madrilènes pour marquer Madrid) en demi-finales. 4 numéros et le complémentaire : 418 F (63,72¤) ; 4 numéros : 209 F Old Trafford, prêts à savourer le des abonnements pour la saison d’un tir imparable. Quelques ins- (31,86 ¤) ; 3 numéros et le complémentaire : 40 F (6,09 ¤) ; 3 numéros : triomphe des leurs, galvanisé par 2000-2001. tants plus tard, Roy Keanes parve- M. D. (avec AFP) 20 F (3,04 ¤).

Le Bayern Munich qualifié in extremis

Le Bayern Munich s’est qualifié, mercredi 19 avril, sur sa pelouse du Stade olympique, pour les demi-finales de la Ligue des cham- pions, grâce à une victoire (2-1) sur le FC Porto (Portugal) obtenue dans les arrêts de jeu. A l’aller, les Allemands avaient arraché le match nul (1-1). Les joueurs d’Ottmar Hitzfeld ont ouvert le score dès la 15e minute de jeu, par le Brésilien Paulo Sergio, mais n’ont pas pu l’aggraver avant qu’un autre Brésilien, l’efficace avant-centre du FC Porto, Jardel, égalise à la 89e minute. Entre-temps, le public local avait fait bruyamment savoir aux siens qu’il goûtait peu leur manque de maîtrise du match. C’est à la faveur du temps « addition- nel » qui compensait les arrêts de jeu que Thomas Linke, visé peu avant par les reproches de l’assistance, marquait, de la tête, le but de la victoire et de la qualification pour les demi-finales. A Monte Carlo, Alex Corretja reprend pied sur la terre MONACO Ces contre-performances ne l’ont de notre envoyée spéciale tout de même pas empêché d’empo- Son sourire enfantin et la petite cher plus d’1 million de dollars de étincelle espiègle dans ses yeux vont- gains sur un an. « Je ne revient pas de ils réapparaître ? Vainqueur intransi- nulle part, j’ai toujours su où j’étais », geant, mercredi grommelle-t-il. Tout juste concède-t- 19 avril, de Fa- il : « Atteindre ses objectifs est souvent brice Santoro difficile à accepter. » (6-0, 6-4), Alex Corretja fait son « LE REGARD DES GENS » retour sur la En mars 2000, il a à nouveau gagné, terre battue de à Indian Wells, en Californie : « C’était Monte Carlo. merveilleux de voir les regards des gens, Petit à petit, le ils n’y croyaient plus, ils pensaient que joueur espagnol refait surface. Au- j’étais fini », lâche-t-il. Entre ses ab- jourd’hui, il pourrait bien faire partie sences et son retour, le métier a rat- des protagonistes principaux de la trapé son talent fougueux. Cette in- saison sur terre qui ne fait que souciance tranquille que le jeune commencer. S’il n’est pas repris par homme était l’un des seuls à cultiver les vertiges de sa fragilité. sur un circuit trop sérieux semblait Après une saison 1998 fabuleuse s’être envolée dans son acharnement marquée par une finale à Roland- à revenir. Alex Corretja a vingt-six Garros (perdue contre son compa- ans, il rêve encore de Roland-Garros triote Carlos Moya) et cinq victoires mais l’ennui et son alliée la défaite le en tournoi – dont la prestigieuse fi- guettent. nale du circuit, les Masters, à Ha- A Monte-Carlo, Alex Corretja réus- novre –, les résultats de l’année sit à survivre dans un tournoi tonique 1999 l’ont laissé perplexe. Alex Cor- et plein de surprises. Après les dé- retja avait atteint la 2e place mondiale convenues, mardi, du Brésilien Gus- en février... puis a joué les fantômes tavo Kuerten et du Chilien Marcelo dans les quatre tournois majeurs, rôle Rios, respectivement tenant du titre désagréable qui l’avait plongé dans et finaliste en 1999, le tournoi 2000 a les profondeurs du classement. Le réservé de nouvelles surprises, mer- gentil Alex, apôtre du fair-play à tous credi. Le Russe Evgueni Kafelnikov, les étages, celui qui rend les points liti- qui, en l’absence de l’Américain gieux à ses adversaires et représente Andre Agassi, pouvait prendre la ses pairs au sein de l’Association des 1re place du classement mondial, a été joueurs professionnels (ATP), a été éliminé par le Slovaque Dominik impressionné par cette très haute po- Hrbaty (6-3, 5-7, 6-4). sition, si soudainement obtenue. Et Les Français Nicolas Escudé et Jé- son moral n’y a pas résisté. rôme Golmard se sont inclinés face Malgré une demi-finale à Rome, au Tchèque Slava Dosedel (6-2, 6-0) en mai, Alex Corretja n’a pas tenu son et à l’Espagnol Carlos Costa (2-6, 6-4, rang sur terre battue et s’est effacé, au 6-2). En revanche, Arnaud Clément terme d’un quart de finale triste à Ro- s’est imposé contre l’Argentin Maria- land-Garros, balayé en trois sets mi- no Zabaleta (6-7 [3/7], 6-0, 7-5). Cé- nuscules par l’un des héros du mo- dric Pioline, lui, s’est facilement quali- ment, le Brésilien Fernando Meligeni. fié face au Tchèque Jiri Novak (6-4, Il a boudé Wimbledon, où il n’a ja- 6-3). Une autre belle performance du mais brillé. S’est consolé avec une fi- jour revient à Julien Boutter. Invité nale sur le béton de Long Island, dans les qualifications du tournoi, ce en août, et n’est revenu sur sa terre fé- jovial escogriffe de vingt-cinq ans tiche que pour perdre en finale du – classé 149e joueur mondial, et venu modeste tournoi de Majorque, au tennis professionnel sur le tard – en septembre. vit la plus belle semaine de sa carrière. Chemin faisant, il a perdu l’essen- Mercredi, il a éliminé l’Arménien Sar- tiel des points gagnés la saison précé- gis Sargsian après avoir balayé l’Amé- dente et n’a pu faire partie de huit ricain Michael Chang au premier tour. meilleurs de 1999 pour défendre son titre à la finale de l’ATP à Hanovre. Bénédicte Mathieu LeMonde Job: WMQ2104--0026-0 WAS LMQ2104-26 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 09:50 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0479 Lcp: 700 CMYK

26 / LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 AUJOURD’HUI-MODES DE VIE Courrier électronique : vers une révolution de l’écriture 160 millions d’internautes, dont 5 millions de Français, utilisent couramment l’e-mail pour correspondre. La spontanéité et l’émotion renversent les règles de l’orthographe, de la grammaire et de la syntaxe. De nouveaux symboles apparaissent. Mais l’enveloppe timbrée se porte toujours bien ON « S’E-MAIL », pour abréger mœurs des Français. » Chaque peut par exemple s’exprimer d’au une conversation téléphonique ou jour, 160 millions d’internautes se moins cinq manières différentes, pour conclure un rendez-vous. On connectent. Parmi eux, plus de selon qu’elle est accompagnée de « s’e-mail » pour se raconter des 5 millions de Français. « C’est la pleurs, de colère, de confusion ou petites histoires de la vie quoti- première chose que je fais en arri- d’amertume. Pour Don Tapscott, dienne, des histoires de boulot, vant au bureau, déclare Oriane président de « New Paradigm des histoires de famille. On « s’e- Garcia, cofondatrice de l’entre- Learning Corporation », et auteur mail » pour s’envoyer des rap- prise Caramail, un autre site de d’un ouvrage de référence sur la ports professionnels. messagerie gratuite qui rassemble « génération digitale » (Growing Mais on « s’e-mail » aussi des quelque deux millions d’abonnés. up Digital, the Rise of the Net Ge- mots d’amour. Le fameux « You— Je ne peux pas rester en vacances neration, Ed. MacGraw-Hill, 1998), ve got a mail ! » (vous avez un sans consulter ma boîte aux lettres cette nouvelle écriture bouleverse message !) est déjà devenu un si- plus de trois jours. Je suis accro. » la communication. « Je crois, dit-il, gnal familier pour tous les utilisa- Mais elle confie que, si elle entre- que le cybertexte offre une autre teurs d’Internet. En deux ans, le tient une correspondance profes- voie dans l’expression écrite. Un

courrier électronique est devenu sionnelle régulière avec les nouvel alphabet est en train de FORTIER NATALI un phénomène social qui modifie conseillers de l’Elysée, elle préfère prendre forme avec ses abrévia- en profondeur les modes d’écri- conserver comme souvenir son tions, ses néologismes, ses combi- veille les courriers. Une femme a plus branchés, se livrant corps et ture et de communication entre bristol calligraphié d’invitation à naisons d’images et de signes qui même réclamé la fermeture d’un âme à leurs correspondants élec- Mails d’amour les gens, proches ou lointains. la garden-party du 14 juillet « C’est traduisent une relation plus émotive compte e-mail au motif qu’elle troniques et pouvant échanger Steve Petitpas, directeur marke- plus sympa qu’un mail ! ». avec l’ordinateur. » soupçonnait son mari de la trom- jusqu’à cent mails par jour ; les Voici quelques extraits des ting d’une des plus importantes Curieusement, le courrier élec- Pour Pascale Weil, sociologue et per, rapporte John Arlidge, dans « Email Virgin », les plus réfrac- « lettres d’amour électroniques » messageries gratuites, Hotmail, tronique n’a pas remplacé l’envoi directrice associée de Publicis les colonnes du journal anglais, taires ou les plus en retard sur ce sélectionnés dans l’étude faite par qui compte près de 70 millions des lettres traditionnelles. La Consultants, qui distingue plu- The Observer, sous le titre : « Les mode de communication, n’en- MSN Hotmail sur le contenu des e- d’abonnés e-mail, constate : bonne vieille enveloppe timbrée sieurs formes de langage sur le e-mails, ennemis du couple mo- voyant qu’un à deux mails par mails (les fautes d’orthographe et « Nous multiplions par deux le n’a pas dit son dernier mot. Une Net, le « murmure intime » est derne ». jour ; les « Wired Teenagers », la la ponctuation nombre d’abonnés tous les six mois, tendance confirmée par les excel- sans doute la forme la plus inno- Une étude menée pour MSN génération du Net, dont les plus n’ont volontai- dit-il. Un rythme de croissance qui lents résultats enregistrés par La vante. « On assiste, remarque-t- Hotmail en mai et juin 1999 par jeunes (8 à 15 ans) font du mail un rement pas été fera bientôt entrer le mail dans les Poste dans l’acheminement du elle, à la naissance d’une catégorie des chercheurs britanniques de véritable outil de « conversation corrigées) courrier (+ 4,2 % de chiffre d’af- littéraire qui n’existait pas, à une l’université du Hertfordshire au- permanente », notamment avec le faires en 1999). Le mail semble développement des ICQ, logiciels « salut marie, Glossaire agir plutôt comme un stimulant de messageries instantanées per- je suis sûr que aux échanges-papiers, en « Nous multiplions par deux le nombre mettant de savoir si l’un de vos cela doit être un Principaux signes (smileys complément d’une communica- correspondants est en ligne. «On plaisir de se et émoticons) utilisés dans tion plus informelle sur le Net. d’abonnés tous les six mois. Un rythme navigue, on glisse, on surfe en expé- traîner à tes superbes pieds pour im- les courriers e-mails. Ecrire une lettre ce n’est pas rimentant plusieurs facettes de soi plorer ton pardon, mais je crois que Ils schématisent diverses comme écrire un mail. « L’écriture de croissance qui fera bientôt entrer le mail dans un vertige narcissique, re- je préfère t’écrire pour être sur que tu expressions du visage. qui passe par la poste est plus im- marque Pascale Weil. On y dé- ne me refuse rien. » Pour les reconnaître, plicante, observe Serge Tisseron, dans les mœurs des Français » couvre aussi une relation de socia- tourner la page à 90°. psychanalyste (auteur de Com- bilité “light” qui exige parfois moins « Passe une bonne journée.ma ment l’esprit vient aux objets, Obier, de prise en charge de l’autre et nuit sera hanté par toi!!!! décide- :-) sourire 1999). Elle réclame un effort et une parole silencieuse et souterraine qui près de cent « e-mailers » âgés de moins d’engagement. » Un senti- ment j’aurai du te demander en ma- motivation que ne requiert pas le relève de l’émission de pensée. Un 16 à 65 ans confirme cet usage ment partagé par les partis poli- riage quand on était ensemble » :-D rire mail. Avec ce dernier, on est dans dialecte avec sa syntaxe et sa mise plus féminin de la messagerie du tiques aux prises avec un militan- l’immédiateté du récit. C’est déjà en page qui commence à influencer Net. La spontanéité de ce mode tisme en perte de vitesse et pour « Bonjour mon ange J,Quel super- :-( tristesse un peu moins vrai pour la lettre, la publicité. Ce mode d’écriture de communication favorise la li- qui le mail permet parfois de res- be lundi, un coup de fil, un mot doux, que les Romains accompagnaient permet aux marques une conni- berté d’expression autour de su- serrer les liens avec l’électorat, je crois que je vais prendre plaisir à :-II colère d’un « j’allais bien » pour marquer vence et une liberté de ton beau- jets intimes, tandis que les surtout en période de campagne. t’écrire tous les matins. » la distance par rapport à l’action ». coup plus fortes avec l’internaute, hommes seraient enfermés dans Au QG de Bertrand Delanoë, un :-@ hurlement L’usage de plus en plus fréquent en utilisant un langage d’initiés. » un mode de communication plus de ses proches conseillers affirme « j’ai vraiment hâte de te retrou- du courrier électronique a Umberto Eco entrevoyait déjà, rationnel, laissant moins de place que les deux tiers des messages ver maintenant. le téléphone, je peux ;-{) flirt d’autres conséquences. Et notam- en 1996, le jour où les messages à l’imaginaire. adressés au candidat à la Mairie plus... quand on arrive a s’avoir, c’est ment sur l’écriture elle-même, d’amour pourraient être résumés L’enquête souligne notamment de Paris ne viennent pas de mili- un miracle... c’est un enfer !. » :-O étonnement l’orthographe et la syntaxe. Sur le en langage digital (smiley). Marie, que les femmes parlent plus vo- tants socialistes, mais d’ano- réseau c’est un véritable nouveau jeune consultante en ressources lontiers de sexe que les hommes, nymes. « Il y a une spontanéité et « Salut Arnault,Je t—ai retrouvé :-[ sarcasmes langage qui est en train de naître, humaines, confie par exemple même si ces derniers flirtent da- une fraîcheur dans les messages e- dans l’annuaire hotmail ! on a passé déjà baptisé « emailisme ». Quel- avoir reçu une déclaration vantage. Autre différence révéla- mail adressés à Delanoë qui notre bac ensemble à Quimper. Cela ;-( envie de pleurer que chose entre le parlé et l’écrit, d’amour sur Internet d’un homme trice, les hommes ont tendance à donnent une bonne idée de son me ferait plaisir de te revoir quand je débarrassé des contraintes qu’elle n’avait pas revu depuis mentir : un sur trois surestime le image dans l’opinion. Les gens serai à paris » :’-( pleurs d’usage, inventant son propre al- cinq ans. « La moitié de mes mails nombre de messages reçus. Un osent dire ce qu’ils pensent de leur phabet. portent sur des histoires de cœur. syndrome que l’étude qualifie candidat. Ils ne s’embarrassent pas « mais bru, tu sais bien que j’étais %-) heureux et troublé Les « smiley » et les « émoti- On se consulte entre amies pour d’« inbox envy » (le complexe de la de formules de politesse. » Un mail oblige de déménager mi-janvier, je te cons » (symboles qui traduisent formuler une réponse appropriée et messagerie) et qui montrerait que peut en effet s’affranchir de tout, l’avais dit quand je cherchais un ap- %-( triste et troublé une émotion, une expression du bénéficier de l’éclairage des unes et les hommes mesurent leur pou- et même des mots, pour n’inscrire part avant de partir pour stock- visage) émaillent les messages des autres. Mais je fais attention voir à l’abondance des mails re- sur l’écran qu’un signe qui résu- holm » :-\ indécis avec des combinaisons parfois car je sais qu’à l’intérieur des en- çus. mera mieux qu’une lettre ce que très fines, qui permettent de treprises où je travaille le courrier Enfin, les chercheurs ont identi- chacun pense de l’autre :-). « Cette semaine je suis libre jeudi :-* bise nuancer le propos, de lui donner est très souvent surveillé. » fié plusieurs types de « e-mai- soir, ou ce week end l’après mi- des « intonations ». La tristesse Parfois, c’est l’épouse qui sur- lers » : les « e-mail Animals », les B. D. di,a+ » :-# médusé

} :) fou TROIS QUESTIONS À... N’y a-t-il pas tout de même duits postaux (timbres, prêt-à-pos- Age et sexe b 45-49 ans : 3% 2 une compétition inégale entre ter électroniques) sur notre site. b 50-54 ans : 3% : \ nerveux MARTIN VIAL la vitesse et la simplicité du mail et Répartition par âges b Plus de 55 ans : 3 % la lenteur et le caractère cérémo- Comment envisagez-vous l’ave- des utilisateurs Hotmail France Principales abréviations Vous êtes directeur général de niel du message poste ? 3 nir de la lettre recommandée b Moins de 18 ans : 8 % Répartition par sexes utilisées 1 La Poste. Avez-vous noté des C’est un moyen de communica- lorsque le mail aura acquis une va- b 18-20 ans : 8% bHommes : 64 % changements dans l’utilisation du tion complémentaire. Le e-mail ne leur juridique ? b 21-24 ans : 26 % bFemmes : 36 % C*** cool courrier traditionnel depuis l’arri- peut pas se substituer par exemple La lettre recommandée électro- b 25-34 ans : 38 % vée du e-mail ? à une publicité imprimée de plus nique fait déjà partie de nos services. b 35-44 ans : 11 % (source : Microsoft, février 2000) * * indique une émotion ou une Depuis deux ans, le chiffre d’af- en plus sophistiquée. Ce n’est pas On peut, grâce à un système de certi- action en temps réel faires « courrier » augmente de le même média. Donc, on continue fication en ligne (Certinomis), en- façon significative (+ 4,2 % en de préférer l’objet-papier ou la voyer une « lettre recommandée brb be right back (« je reviens 1999) sous l’effet de la croissance lettre lorsque le contenant im- électronique ». L’évolution de la légis- tout de suite ») globale du marché de la commu- porte autant que le contenu. Par lation va dans ce sens. Nous sommes Exceptionnellement nication (il représente 20 % du vo- ailleurs, même si le Net permet donc dans une stratégie offensive sur @+ à plus tard lume des échanges) et notam- une expression plus conviviale les échanges électroniques. Les inter- ment d’Internet. Le avec une nouvelle forme d’écri- nautes recherchent la confiance qui IRL in real life (« dans la vie développement du commerce ture, le contact avec le papier et est la garantie de l’échange. Or, de- LE MONDE ÉCONOMIE réelle », par opposition à la vie sur électronique agit en effet comme les échanges physiques de mar- puis toujours, « le cachet de la poste et le réseau) un stimulant pour les échanges chandises dans le commerce élec- fait foi », demain « le cachet électro- matériels. Une part importante de tronique restent totalement nique de La Poste fera foi ». np no problem la publicité personnalisée transite complémentaires. D’ailleurs, les LE MONDE INTERACTIF ainsi par La Poste. philatélistes sont aussi des inter- Propos recueillis par jc just curious (« simplement pour Enfin, ceux qui communiquent nautes qui commandent des pro- Bruno Danto paraîtront ensemble dans les éditions savoir ») le plus par courrier électronique sont aussi les premiers à recevoir du mardi daté mercredi Principaux usages des lettres. A court terme, le mail n’est donc pas une menace. du 25 avril au 9 mai 2000. ... sous-entendus fréquents entre L’exemple américain montre d’ail- deux phrases leurs que la nouvelle économie augmente plutôt le trafic d’infor- PLEASE écriture capitale pour mations y compris celui du cour- crier rier. En revanche, à moyen terme, il y aura des effets de substitution, !!!!!!! excitation notamment dans les échanges professionnels et administratifs. forwarder : faire suivre un Mais on ne peut pas situer exacte- courrier à un groupe de contacts ment dans quels délais et dans quelles proportions la société checker : surveiller ses mails française va absorber ces évolu- tions technologiques. LeMonde Job: WMQ2104--0027-0 WAS LMQ2104-27 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0480 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / 27 ------(Publicité) Eclaircies et douceur 21 AVRIL 2000 Oslo Stockholm Prévisions Moscou EnsoleillØ VENDREDI. La douceur reste Bourgogne, Franche-Comté.– Le vers 12h00 bien marquée, notamment à l’est. soleil reste prédominant de la Sur la moitié ouest, les nuages plus Franche-Comté à l’Alsace avec des Peu fréquents et des ondées locales en- températures de 20 à 23 degrés. Le Belfast nuageux travent un peu la montée du mer- ciel est plus partagé ailleurs avec Liverpool Dublin cure. La dépression reste suffisam- des orages isolés l’après-midi. Varsovie Kiev ment au large, à l’ouest de Poitou-Charentes, Aquitaine, Amsterdam Berlin BrŁves l’Irlande, pour que les nuages ne Midi-Pyrénées.– Le voile nuageux Øclaircies soient pas trop menaçants. ne revêt pas de caractère menaçant Londres 5 o Bruxelles Bretagne, pays de Loire, Basse- de l’Ariège au Midi toulousain et 0 Prague Normandie.– Sur l’ouest de la Bre- au Quercy. En revanche, les nuages Couvert tagne et le Cotentin, les éclaircies qui se déplacent de l’Aquitaine au Paris Strasbourg Vienne Budapest alternent avec des nuages et des Poitou-Charentes peuvent s’ac- Brume averses locales. Des pays de Loire à compagner d’ondées. Tempéra- Nantes Berne brouillard la Côte fleurie, les belles éclaircies tures de 20 à 24 degrés. Bucarest matinales s’amoindrissent l’après- Limousin, Auvergne, Rhône- Lyon Milan midi. Il fera de 13 à 18 degrés. Alpes.– Il fait beau et chaud en Belgrade Sofia Averses Nord-Picardie, Ile-de-France, Rhône-Alpes, jusqu’à 24 degrés. Le Toulouse Istanbul Centre, Haute-Normandie, Ar- ciel est plus chaotique dans le Mas- dennes.– De la Haute-Normandie sif central où une averse n’est pas Rome Pluie aux Flandres, le temps reste sec exclue, le risque est plus marqué en Barcelone Naples même si les nuages prennent le Limousin. 40 o Madrid dessus l’après-midi. Du Berry au Languedoc-Roussillon, Pro- Lisbonne AthŁnes Orages sud du bassin parisien et aux Ar- vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse.– dennes, le ciel assez encombré Le beau temps printanier reste à SØville peut délivrer des ondées spora- l’ordre du jour, malgré quelques Tunis Neige diques l’après-midi. Il fera 18 à nuages en Languedoc-Roussillon. Alger 20 degrés. Les thermomètres affichent 19 à Champagne, Lorraine, Alsace, 22 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort

PRÉVISIONS POUR LE 21 AVRIL 2000 PAPEETE 24/29 S KIEV 11/20 P VENISE 15/25 S LE CAIRE 17/26 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 22/28 C LISBONNE 12/18 N VIENNE 11/25 S NAIROBI 16/28 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 21/28 S LIVERPOOL 8/12 P AMÉRIQUES PRETORIA 13/22 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. EUROPE LONDRES 8/15 N BRASILIA 19/26 P RABAT 12/21 S AMSTERDAM 11/16 N LUXEMBOURG 11/18 P BUENOS AIR. 9/22 S TUNIS 15/22 S FRANCE métropole NANCY 6/17 N ATHENES 16/20 C MADRID 10/19 P CARACAS 24/29 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 9/19 S NANTES 9/15 N BARCELONE 14/20 S MILAN 11/26 S CHICAGO 3/10 S BANGKOK 27/30 P BIARRITZ 13/20 N NICE 12/17 S BELFAST 7/13 P MOSCOU 9/21 N LIMA 18/23 S BEYROUTH 15/21 S BORDEAUX 11/19 N PARIS 11/18 N BELGRADE 12/25 S MUNICH 9/21 S LOS ANGELES 13/16 P BOMBAY 24/33 S BOURGES 9/19 N PAU 11/18 N BERLIN 12/23 S NAPLES 16/25 S MEXICO 9/28 S DJAKARTA 28/30 C BREST 8/12 N PERPIGNAN 12/21 S BERNE 8/21 N OSLO 6/12 P MONTREAL 4/8 P DUBAI 24/35 S CAEN 10/15 N RENNES 10/15 N BRUXELLES 12/19 N PALMA DE M. 12/24 S NEW YORK 8/13 P HANOI 25/27 P CHERBOURG 9/14 N ST-ETIENNE 11/22 N BUCAREST 11/16 P PRAGUE 11/21 S SAN FRANCIS. 11/17 S HONGKONG 24/28 S CLERMONT-F. 10/22 N STRASBOURG 7/19 N BUDAPEST 13/25 S ROME 12/24 S SANTIAGO/CHI 5/23 S JERUSALEM 13/23 S DIJON 6/19 N TOULOUSE 12/21 N COPENHAGUE 8/17 S SEVILLE 12/23 S TORONTO 4/8 C NEW DEHLI 27/39 S GRENOBLE 7/22 S TOURS 9/17 N DUBLIN 6/12 P SOFIA 9/20 P WASHINGTON 14/19 P PEKIN 10/18 S LILLE 10/18 N FRANCE outre-mer FRANCFORT 12/23 C ST-PETERSB. 10/22 S AFRIQUE SEOUL 11/16 S LIMOGES 10/18 N CAYENNE 24/27 P GENEVE 9/21 N STOCKHOLM 7/17 S ALGER 11/28 S SINGAPOUR 26/31 C LYON 11/22 N FORT-DE-FR. 23/28 S HELSINKI 8/18 S TENERIFE 11/18 S 20/26 S SYDNEY 14/21 S MARSEILLE 10/21 S NOUMEA 22/27 S ISTANBUL 11/16 P VARSOVIE 10/23 S KINSHASA 21/32 S TOKYO 15/19 P Situation le 20 avril à 0 heure TU Prévisions pour le 22 avril à 0 heure TU

PÂQUES Dame du Rosaire, 194, rue Ray- VENTES mond-Losserand (14e) : jeudi 20, 19 h 30 ; samedi 22, 21 heures ; di- Offices de la Semaine sainte à Paris manche 23, 10 h 30 . Saint-Lam- Les trésors de Karl Lagerfeld aux enchères à Monaco bert de Vaugirard, place Gerbert VOICI les horaires des offices de 23, 10 heures et 11 h 15 ; lundi 24, (15e ) : jeudi 20, 17 heures et LA VENTE du mobilier XVIIIe du Un guéridon de l’ébéniste Mar- été vus par les yeux de ces person- la Semaine sainte, dans quelque- 11 heures. Saint-Germain-des- 19 h 30 ; vendredi 21, 19 h 30 ; sa- créateur de mode Karl Lagerfeld, tin Carlin comporte un plateau en nages fameux, et qu’ils les ont aimés, s−uns des principaux lieux de culte Prés, place Saint-Germain-des- medi 22, 21 heures ; dimanche 23, organisée par Christie’s, à Monaco, porcelaine de Sèvres (2 à 3 millions me fait rêver. » du centre de Paris. Pour de plus Prés (6e) : jeudi 20, 20 heures ; ven- 8 h 45, 10 h 15, 11 h 45 et 18 heures ; les 28 et 29 avril, sera sans doute de francs, 300 000 à 460 000 eu- Un tapis de la manufacture de la amples informations, on se repor- dredi 21, 19 heures ; samedi 22, lundi 24, 10 heures. Notre-Dame une des plus marquantes de l’an ros) : « Sa fragilité m’a toujours fait Savonnerie a probablement été tera au centre d’information du 21 heures ; dimanche 23, 9 heures, de Nazareth, 351, rue Lecourbe 2000. Sous le charme de l’Art de peur : quand j’éternuais à côté, exécuté pour le Salon de la Paix à diocèse de Paris : 01-56-56-44-24 et 10 heures, 11 heures et 19 heures ; (15e) : jeudi 20, 19 h 30 ; samedi 22, vivre du XVIIIe siècle, depuis son j’avais peur qu’il tombe. Il n’y en a Versailles (6 millions à 9 millions au site www.catholique-paris.com. lundi 24, 11 heures. Saint-Sulpice, 20 h 30 ; dimanche 23, 11 h 15 ; lun- enfance, Karl Lagerfeld entendait pas beaucoup de cette qualité-là, de francs, 900 000 à 1,4 million place Saint-Sulpice (6e) : jeudi 20, di 24, 9 heures, 11 heures et en restituer le cadre dans son inté- avec des marqueteries, des bronzes d’euros) : « Les gens qui possédaient b Culte catholique 19 heures ; vendredi 21, 19 heures ; 19 heures. Notre-Dame d’Auteuil, rieur, jusqu’au plus petit détail. Sa et la beauté de cette plaque ! Je l’ai ce tapis avant moi avaient placé un Notre-Dame de Paris (4e arron- samedi 22, 21 h 30 ; dimanche 23, 1, rue Corot (16e ) : jeudi 20, collection, qui compte plus de six laissé filer à Monaco dans une vente, cordon autour pour le protéger. Je dissement) : jeudi saint 20 avril, cé- 7 heures, 9 heures, 10 h 30, 12 h 05 20 heures ; samedi 22, 21 heures ; cents meubles et objets d’art de et je l’ai retrouvé quelques années trouve, au contraire, qu’il faut vivre lébration de la Cène à 18 h 30 ; ven- et 18 h 45 ; lundi 24 , 7 heures, dimanche 23, 11 heures ; lundi 24, grande qualité, et parmi eux quel- plus tard quai Voltaire. J’aurais avec, avoir une familiarité avec les dredi saint 21 avril, célébration de 9 heures, 12 h 05 et 18 h 45. Saint- 10 heures. Saint-Honoré d’Eylau , ques chefs-d’œuvre, verra sans mieux fait de l’acheter tout de suite, objets et une aisance totale. » la Passion à 18 h 30 ; samedi saint François-Xavier, 12, place du Pré- 66 bis, avenue Raymond-Poincaré doute les estimations des experts mais je n’ai jamais regretté de 22 avril, vigile pascale à 21 heures ; sident-Milthouard (7e) : jeudi 20, (16e) : jeudi 20, 19 heures ; vendredi largement dépassées. Il a choisi l’avoir payé plus cher. » Catherine Bedel dimanche de Pâques 23 avril, 19 heures ; vendredi 21, 19 heures ; 21, 12 h 15 et 15 heures ; samedi 22, les pièces qui lui plaisaient, aux en- Une commode en acajou attri- messes à 10 heures, 11 h 30 et samedi 22, 21 heures ; dimanche 21 heures ; dimanche 23, 9 h 30, chères ou chez l’antiquaire. Il pré- buée à Jean-François Œben a été ૽ Vendredi 28 avril à 19 heures et 18 h 30 ; lundi 24, messes à 23, 9 heures, 10 h 15, 11 h 30 et 11 heures, 18 h 30 ; lundi 24, sente lui-même, pour Le Monde, livrée à la marquise de Pompadour samedi 29 avril à partir de 10 h 30. 8 heures, 9 heures, 12 heures et 18 h 30 ; lundi 24, 10 heures. Saint- 10 heures. Sacré-Cœur de Mont- quelques-unes d’entre elles. pour son château de Ménars vers Exposition les 28 et 29, de 18 h 15. Saint-Eustache, place du Augustin, place Saint-Augustin martre, 35, rue du Chevalier-de-la Une suite de quatre tapisseries de 1762-1763 (700 000 à 1 million de 10 heures à 18 heures. Christie’s Jour (1er ): jeudi saint 20, 19 heures ; (8e) : jeudi 20, 19 h 30 ; vendredi 21, Barre (18e) : jeudi 20, 19 heures ; la manufacture des Gobelins repré- francs, 107 000 à 150 000 euros) : Hôtel Métropole Palace, 4, avenue vendredi 21, 19 heures ; samedi 22, 19 h 30 ; samedi 22, 21 heures ; di- vendredi 21, 19 heures ; samedi 22, sente l’histoire d’Esther (estimée 5 « C’est comme cela que j’aime les de la Madone, Monte-Carlo. Tél. : 22 heures ; dimanche 23, 11 heures manche 23, 11 heures , 18 h30 ; lun- 21 heures ; dimanche 23, à 8 millions de francs, 760 000 à meubles : simples, construits, très (377) 93-15-15. et 18 heures ; lundi 24, messe à di 24, 11 heures. Sainte-Made- 11 heures ; lundi 24, 11 heures. 1 220 000 euros) : « C’est sans doute néoclassiques. Ils sont relativement ૽ SALON D’ANTIBES : Le 29e Salon 18 heures. Saint-Gervais, place leine, place de la Madeleine (8e): la seule série de quatre qui n’ait ja- sobres, avec des bronzes légers. Cette du Vieil Antibes réunit 200 anti- Saint-Gervais (4e ) : jeudi 20, jeudi 20, 19 heures ; vendredi 21, b Culte anglican mais quitté l’endroit où elle était commode transition appartenait à quaires et brocanteurs jusqu’au 18 heures ; vendredi 21, 18 heures ; 19 heures ; samedi 22, 21 heures ; Saint-Georges, 7, rue Auguste- avant de venir chez moi. Elle est res- la marquise de Pompadour. La pro- 25 avril. Les meubles XVIIe et XVIIIe samedi 22, 21 h 30 ; dimanche 23, dimanche 23, 11 heures ; lundi 24, Vacquerie (16e) : jeudi 20, messe à tée roulée très longtemps à l’abri de venance était un élément se- sont particulièrement bien repré- messe de Pâques à 11 heures. 11 heures et 18 h 30. Notre-Dame 19 h 30 ; vendredi 21, célébration la lumière, et les couleurs ont gardé condaire, car les objets devaient sentés, et on trouve des meubles Saint-Jacques du Haut-Pas, 252, de la Gare, place Jeanne-d’Arc de la Passion à 19 h 30 ; samedi 22, une fraîcheur extraordinaire. Les d’abord me plaire. Mais le fait qu’ils régionaux de très haute qualité, rue Saint−Jacques (5e) : jeudi 20, (13e) : jeudi 20, 20 h 30 ; samedi 22, vigile pascale à 22 heures ; di- cadres sont de Nicolas Heurault, et aient appartenu à des personnages dont l’authenticité a été vérifiée 19 heures ; vendredi 21, 20 heures ; 21 heures ; dimanche 23, 9 h 30 et manche 23, messes à 8 h 30 et on ne connaît pas d’autre série avec célèbres leur donne une autre di- par l’expert du Salon, M. Brelaz. samedi 22, 21 heures ; dimanche 11 heures ; lundi 24, 9 h 30. Notre- 10 h 30. ses cadres d’origine. » mension. L’idée que des meubles ont (Fort Vauban, entrée 45 F.)

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 00 - 096 L’ART EN QUESTION No 166 En collaboration avec

de l’avenue. Possessif. Pour vider à la main. – 7. Peut donc s’asseoir. Reste- Cadavres Y. Bondy et anonyme. ra couché. – 8. Reporter sans fron- (L’un des) « Portraits de tières. Interjection. – 9. Situation in- gardes nationaux morts au termédiaire. Dans tout. – 10. Grande à identifier combat », probablement page d’histoire. Bombe que l’on réalisés dans les hôpitaux croyait inoffensive. – 11. Bien polies LE 26 AVRIL 1871, le chef de parisiens, avril-mai 1871. en apparence. l’administration générale de l’As- Epreuve sur papier albuminé, sistance publique adresse un format carte de visite, Philippe Dupuis courrier à l’agent général des hô- 10×6cm pitaux : « En vertu d’un décret de Montreuil, Musée de SOLUTION DU No 00-095 la Commune de Paris, les corps des l’histoire vivante. gardes nationaux décédés dans les Au Musée d’Orsay, pour HORIZONTALEMENT hôpitaux et non réclamés qui, pri- l’exposition « La Commune mitivement, devaient être envoyés à photographiée », jusqu’au I. Stéthoscope. – II. Papier. Anon. l’Hôtel-Dieu ont été dirigés sur 11 juin. – III. Erection. St. – IV. Cil. Agrafer. – l’amphithéâtre. D’après les instruc- V. Une. Iñes. Ua. – VI. Rira. Sari. – tions qui m’ont été données (...), VII. As. Nelson. – VIII. Taons. Unité. ces corps doivent être gardés pen- – IX. Echo. Ors. Au. – X. Ur. Voué. dant quatre jours afin de permettre Ars. – XI. Récapitulée. aux familles de venir les connaître. A l’expiration de ce délai et après

VERTICALEMENT avoir été photographiés, les corps DE L’HISTOIRE VIVANTE MONTREUIL, MUSÉE non reconnus sont enlevés par les 1. Spéculateur. – 2. Tarin. Sacre. pompes funèbres (...).» HORIZONTALEMENT jardin. Service dû et rendu. – – 3. Epeler. Oh. – 4. Tic. Innova. – Certaines des épreuves retrou- l’identification... Le format carte b Ernest Eugène Appert ? X. Dame de fer. Capable. Points en 5. Hétaïres. Op. – 6. Orignal. Oui. – vées portent au verso des rensei- de visite utilisé pour ces photo- b Bruno Braquehais ? I. S’approcher du sujet. – II. Re- opposition. – XI. Laisse son em- 7. Ore. Suret. – 8. Canassons. – gnements sur l’identité des vic- graphies a été inventé et a fait b Eugène Disdéri ? cherche tarins, sifflets et autres preinte. Son atelier était installée à 9. On. Ani. Al (la). – 10. Poseur. Tare. times, celle de la personne qui a l’objet du dépôt d’un brevet en Réponse dans Le Monde du combattants. – III. Barbes pour Haarlem. – 11. Entraîneuse. reconnu le corps, la date de 1854 par : 28 avril. vieilles branches. Pour un inconnu. – IV. Devenus peu généreux. Posses- VERTICALEMENT sif. – V. Entendra comme il y a long- temps. Entrerai en action. – 1. Avec lui, « bonjour les dégâts ». Solution du jeu no 165 paru dans Le Monde du 14 avril. VI. Plante fourragère. Rattachées – 2. Sapajou. Vit dans le Grand autrefois à la Couronne britannique. Nord. – 3. Capitale européenne. Eta- La Sociedade Pro-Arte Moderna (SPAM) fut fondée en 1932 à Sao Pau- – VII. Evitons de les courir. Dieu. – blissement de recherche. – 4. Très lo, au Brésil. Cette société avait pour objet de diffuser l’art moderne au VIII. Neuf à chaque tour. Invitation haut placé. – 5. Crue et salée. Appris. sein du grand public par des expositions, des concerts et des événements ou sanction. – IX. Vit en colonie au Expression des jeunes. – 6. Au bout culturels. LeMonde Job: WMQ2104--0028-0 WAS LMQ2104-28 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:12 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0481 Lcp: 700 CMYK

28 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000

MUSIQUE Le Printemps de Bourges qui devaient assister au concert de Louise enfanté par l’école de la rue, joue des trou- au premier abord le sérieux et l’émotion. s’ouvrait mercredi 19 avril avec du rock Attaque et du groupe valentinois Dionysos. vailles, de la rudesse et des codes du lan- b GNAWA DIFFUSION, groupe franco-algé- français, en présence de Lionel Jospin, pre- b LA 24e ÉDITION du festival accueille, ven- gage des cités. b SAÏAN SUPA CREW pré- rien formé à Grenoble, se produira le 22 avril mier ministre, et de Catherine Tasca, mi- dredi 21, deux groupes de rap français, 113 fère, aux chroniques des quartiers, un feu avec les femmes berbères de B’net Marra- nistre de la culture et de la communication, et Saïan Supa Crew. b L’UNIVERS DE 113, d’artifice verbal dont le rythme rapide cache kech et les chansons réalistes de La Tordue. Le sens de l’observation et les acrobaties verbales des princes du hip-hop Panorama multicolore de la chanson actuelle, le Printemps de Bourges accueille deux groupes, 113 et Saïan Supa Crew, qui témoignent, l’un plus à l’école de la rue, l’autre plus joueur de mots, de la vitalité du rap français SAMEDI 11 MARS, la longue cé- des trouvailles, de la rudesse et des barder ceux de 113. Si les ventes de rémonie des Victoires de la mu- codes du langage des cités. Il y a KLR (80 000 exemplaires) sont en- sique se serait assoupie sans les inévitablement des histoires de core loin derrière celles des Princes quelques éclats de couleur des mu- deal ou de bavures policières, des de la ville, elles progressent à un siques du Cap-Vert (avec Cesaria hymnes à cette banlieue prison et rythme régulier : pour la première Evora) et du Sénégal (avec Youssou abri, des clichés. Mais, portés par fois, sans doute, dans le rap fran- N’Dour), mais aussi des jeunesses l’électrofunk très novateur de DJ çais (et peut-être international), des de nos villes. Les Toulousains de Medhi, 113 a développé un sens ai- ventes de disques sont dopées par Zebda ont triomphé et deux gu de l’observation. Son univers a des concerts. Car Saïan Supa Crew groupes de hip-hop, 113 et Saïan été enfanté par l’école de la rue, a su retranscrire visuellement ses Supa Crew, ont démontré en direct préférée à celle de la République, délires sonores. Des chorégraphies les ressources d’un genre qu’on di- non sans quelques remords (le titre d’hommes-caoutchouc, la précision sait sur le déclin. Les Cassandre de Les regrets restent). « Notre échec des percussions et samples vocaux l’industrie du disque mettaient en scolaire est partagé entre notre res- (époustouflants numéros de human cause l’arrivée des graveurs de CD ponsabilité et celle d’un système. beatbox), un sens inné de la convi- dans les cours de lycée, les luttes Nous encourageons les petits à conti- vialité font une fête de chaque per- intestines, la surproduction, l’ob- nuer leurs études. Mais on est aussi formance scénique – ou presque. session du Top 50 et les clichés ban- conscient de ce que la rue nous a ap- « A Orléans, se souvient Feniski, lieusards... On s’apprêtait à dresser porté comme valeurs et expé- cinq petits cons foutaient le bordel. un bilan déficitaire pour 1999, riences. » On a refusé de leur dédicacer un quand deux albums enfin nova- morceau. L’un d’eux est monté sur teurs et rafraîchissants – KLR de scène avec un couteau. On l’a fait Saïan Supa Crew, Les Princes de la «Ce qui nous réunit, descendre mais le concert s’est arrêté ville de 113 – vinrent généreuse- net. » ment garnir la hotte du Père Noël. c’est l’amour Issu de la frange dure du hip-hop Deux succès, deux façons d’envisa- français, le groupe 113 a souvent eu ger le rap, réunis au Printemps de de la musique, à affronter les problèmes de vio- Bourges. lence inhérents à trop de concerts Le nom même de 113 suffit à dé- pas des histoires de rap. A celui du Transbordeur, la terminer son origine : la rue. Le tension est vite montée. Devant la chiffre désigne le numéro de la rue de ville ou de clan» scène, une dizaine de « sauva- Camille-Groult, à Vitry-sur-Seine, geons » de Rillieux-la-Pape, ville de où le trio est domicilié. Malgré le l’agglomération lyonnaise, sont ve- disque de platine (300 000 exem- Aux chroniques des quartiers, nus provoquer les gars de Vitry et plaires vendus), Rim K. (Karim) Saïan Supa Crew préfère un rap qui se payer les vedettes du jour, façon l’Algérien, A. P. (Yohann) l’Antillais, plonge dans le surréalisme. Avec un pathétique de « représenter le quar- Mokobé le Malien – vingt-deux ans débit de mitrailleuse, allitérations tier ». Insultes, crachats, menaces... de moyenne d’âge – habitent tou- et acrobaties verbales brisent menu On sent le trio tenté de faire le jours chez leurs parents dans la syntaxe et grammaire. Sérieux (une coup de poing. Les yeux dans les même cité HLM. Depuis ses ori- méditation sur le racisme, La yeux des perturbateurs, ils choi- gines, le hip-hop prospère en bas Preuve par trois, sur les ravages de sissent le courage du sang-froid. des cages d’escalier. Dans les cou- la drogue, Que dit-on ?) et émotion Surtout continuer coûte que coûte.

lisses du Transbordeur, une salle 2PHOTOS XAVIER NAUW (l’album a été baptisé KLR, du nom Fâchés avec la discipline – « Durant lyonnaise où le groupe fait halte Acrobaties gestuelles et verbales : Saïan Supa Crew. d’un membre décédé du groupe) les répétitions, révélera ensuite leur pour son début de tournée, on a tentent d’avoir une place dans ce DJ, Cutkiller, impossible de leur faire l’impression que 113 voyage avec comme Ideal J, Intouchable, Manu concept du groupe a été déterminé ninski, Leeroy Kesiah, Sly The Mic feu d’artifice. « C’est ce qu’on ap- éteindre leurs portables » –, 113 af- son clan. Key, OGB... L’un d’eux, Rohff, fait par d’autres partis pris. « Nous ve- Buddha, Sir Samuel, Vicelow et pelle l’effet double-claque, rigole Fe- fiche une ferveur brute de décof- Ça fourmille, ça tchatche comme la première partie des concerts de nons tous d’endroits différents de la Specta, c’est comme voir surgir niski. A la première écoute, les gens frage et triomphe au rappel pour le au pied d’un immeuble. Karim s’en 113. Il entre dans sa loge en dé- banlieue parisienne – Bagneux, Sar- dans le quotidien les personnages repèrent l’originalité des sons, la ra- tube Tonton du bled – une réflexion amuse : « C’est super de pouvoir chirant sur la porte l’affichette à celles, Bondy, Noisy-le-Sec... Ce qui pétaradants d’un dessin animé (ils pidité. Ensuite, ils peuvent décorti- sur les racines sous forme du récit s’éclater ici avec les mecs avec qui on son nom. « Y a pas de Rohff, pas de nous réunit, c’est l’amour de la mu- ont emprunté leur nom aux super- quer les lyrics et découvrir des textes drolatique d’un retour estival au jouait au foot quand on était ga- 113, pas de frontières, on est tous en- sique, pas des histoires de ville ou de guerriers du manga Dragon Ball Z). graves, engagés... ». Il faut du temps pays. Les drapeaux algériens mins. » Le rap a aussi permis d’élar- semble. » clan. Le rap français obéit à trop de Les mots, le flow de 113, sentent pour affronter les tourbillons de flottent dans le public. gir le territoire à quelques villes qui « Dans nos chansons, vous ne stéréotypes. Les jeunes rappeurs le bitume. Comme quand ils leur album. longent la nationale 7 : Orly, Choi- trouverez aucun numéro de départe- peuvent aussi être des artistes. » Vir- s’apostrophent d’un sonore C’est pour cela, sans doute, que Stéphane Davet sy, Créteil... Jusqu’à créer un des ment », explique de son côté Fenis- tuosité festive, inventivité hilarante « Ouais, gros ! », en passe de deve- le réseau FM Skyrock, réputé pour collectifs hip-hop les plus actifs de ki, l’une des six voix (d’origines ressuscitent les joutes originelles nir légendaire. Les morceaux de faire la pluie et le beau temps dans ૽ DA HOP All Stars, La Brigade, France, la Mafia K’1 Fry, avec en guadeloupéenne, nigériane, maro- du hip hop américain. Croiser en Princes de la rue vibrent de rimes à l’industrie rap, a banni les titres de Saïan Supa Crew, 113 : Le Pavillon son sein des groupes ou artistes caine...) de Saïan Supa Crew. Le studio, sur scène ou dans la rue, Fe- la fois brutes et agiles, qui jouent Saïan de ses ondes, préférant bom- à 17 h 30 le 21 avril. L’Igloo vibre avec trois représentants de la chanson et du rock français Le choc fertile des cultures nage pas son enthousiasme et fait vient appuyer la sincérité du Le guitariste et le bassiste bon- FLOR DEL FANGO, DYONISOS un accueil chaleureux au deux groupe. La trompette amène la dissent comme Pete Townshend et LOUISE ATTAQUE, à l’Igloo, le autres groupes programmés dans musique vers les sérénades mexi- du temps de la grandeur des Who, selon Gnawa Diffusion 19 avril ce qu’assez mystérieusement le caines, les chanteuses font de jolis la violoniste et claviériste, haute COMME JIMI HENDRIX, Orson duit de marketing, un standard », programme du festival nomme effets de manches, les guitares comme deux pommes, s’y met Welles, Saint-Exupéry ou les Rol- soutient Amazigh Yacine. Comme BOURGES « Nos années sauvages ». virent vers l’Espagne, la ryth- aussi. Il y a de drôles de textes, en ling Stones, Gnawa Diffusion est hier le groupe marocain Nass El de notre envoyé spécial Chez Flor de Fango, six instru- mique assoit la base rock. Mais anglais et en français, de drôles tombé sous le charme d’Essaouira, Ghiwane, qui dans les années 70 Dès le début d’après-midi les mentistes et deux chanteuses, il y l’urgence et la nécessité sont ab- d’arrangements avec les sons, qui cité portuaire du sud-marocain. fut le premier à y faire référence, le trains régionaux ont déversé le a bien le souvenir de quelques sentes. même sur des tempos lents Pour le groupe franco-algérien ins- clin d’œil à la culture gnaouie est flot de ceux pour qui la soirée était soubresauts. Le groupe est Beaucoup plus surprenant, conservent leur densité. Mais une tallé à Grenoble, le coup de foudre chez Gnawa Diffusion un acte mû- placée sous le signe de Louise at- composé d’anciens membres de Dyonisos va et vient entre l’éner- sonorisation désastreuse sabote a eu lieu l’an dernier en juin, lors rement réfléchi. « La dimension qui taque. Ils sont venus pour « leur La Mano Negra, de Chihuahua et gie directe des punks et de les ornements savants de Dyoni- du festival « Gnaoua et musique de manque aux Maghrébins, c’est la di- groupe, pour être tous ensemble ». de Parabellum, trois formations brusques renversements d’atmo- sos, traduction d’une ambition sa- transe » (Le Monde du 30 juin 1999). mension africaine. Pour se réconci- Depuis plusieurs jours la première qui ont eu leur part de réflexions sphère vers le cabaret ou la pop lutaire à vouloir sortir des mo- « C’était vraiment puissant, se sou- lier avec celle-ci, on doit d’abord se grande soirée du Printemps de radicales sur l’état du monde. Il y détournée. Au centre du groupe, dèles trop évidents. vient Amazigh Kateb, chanteur et réconcilier avec les Africains que l’on Bourges sous le chapiteau l’Igloo a là comme un effet de zapping le chanteur Mathias Malzieu, une porte-parole de Gnawa Diffusion. a spoliés, c’est-à-dire les Gnaouas, était annoncée complète. Mais sur des thèmes porteurs : le jambe dans le plâtre, fait des ef- UN COMBAT GAGNÉ D’AVANCE Toute une ville investie par les les Noirs du Maghreb. La culture avant l’arrivée des héros il faudra peuple en lutte, l’ode à la fête et la forts pour rester sur sa chaise. la Pour Louise attaque le combat gnaouas et leurs rythmes, joués gnaouie a eu la force de s’accommo- patienter. Le public de Louise at- désormais inévitable chanson en tête renversée vers l’arrière, le est gagné d’avance, ce qui est ra- jusque dans les rues par des ga- der de nos traditions, de notre taque, jeune, familial – les parents faveur de la marijuana. Rien dans torse traversé de secousses, il rement la meilleure des nouvelles mins... » Fils de l’écrivain algérien langue, de notre religion. » accompagnent les moins âgés ou ce qui s’en tient à une représenta- chante, la voix un peu courte, pour que vienne le désir de mu- Kateb Yacine, dont il espère mettre les récupèrent à la sortie – ne mé- tion sur fond de latino rock ne comme si c’était son dernier soir. sique. Le répertoire est dosé entre un jour certains écrits en musique, BIEN À GRENOBLE anciens et nouveaux titres. Toute Amazigh est l’auteur des textes du Arrivé en France en 1988 avec la salle connaît les paroles, ap- groupe. Des phrases qui ont du son père, qui devait mourir un an INSTANTANÉ M. Jospin, Mme Tasca et une par- grossièretés furent celles des pho- plaudit au moindre battement de sens, parfois dures et cinglantes plus tard, Amazigh Kateb a fondé tie de son cabinet, Michel Sapin, au tographes et des cameramen, une cils, devance les phrases du vio- quand elles évoquent l’Algérie, Gnawa Diffusion en 1992 à Gre- VISITE titre de ministre de la fonction pu- visite à l’Espace région Centre, un lon. Le groupe n’a plus qu’à comme dans Ouvrez les stores sur le noble. Si son « but ultime » est de blique, Serge Lepeltier, sénateur et entretien express pour Radio-Ber- suivre, paradoxe qui fait du public dernier album Bab El Oued King- retourner un jour s’installer en Al- GOUVERNEMENTALE maire (RPR) de Bourges, ont donc ry-Sud orienté sur les goûts musi- un acteur plus habité que ses ston (Musisoft) : « Le GIA fait mal gérie, dans un coin de nature «où il fait halte à la Maison de la culture. caux de M. Jospin et de Mme Tasca, idoles. Au concert, plus qu’au mais beaucoup d’autres ont les y encore de la terre battue », il se Un ou une ministre de la culture Mon cher monsieur – une chan- une réception avec des profession- disque, nombre de titres donnent mains sales », ou bien, à l’opposé, sent bien pour l’instant à Grenoble. au Printemps de Bourges, voilà qui teuse-pianiste et une contrebas- nels du secteur, un tour discret au l’impression d’être des variations rayonnantes d’humour (Ombre-elle « Les Grenoblois, ce sont un peu les est sinon banal, en tout cas prévi- siste-pianiste – pouvait séduire concert de Louise attaque, et re- sur le tube Ton invitation. Ce qui et son érotisme joyeux, sur l’album Berbères de la France, des monta- sible. Après bien d’autres, Cathe- avec ses chansons tantôt fragiles et tour parisien avant minuit. donne une chance à quelques précédent, Algeria). gnards, des gens droits. » Et puis, rine Tasca a donc fait son premier rêveuses, tantôt légères et humo- Au premier ministre il fut de- morceaux moins balisés de gagner Ronde, ardente et dansante, la quoi qu’on en dise, habiter en pro- Bourges de ministre en exercice ristiques. Avec Skull, la cause était mandé s’il n’était pas un peu là en en consistance (Sans filet). Au musique, elle, rapproche dans un vince, ce n’est pas forcément han- mercredi 19 avril. Le passage d’un moins évidente. Ces quatre gar- précampagne présidentielle. Ré- deuxième rappel, Louise attaque bel élan chaâbi (tradition populaire dicapant pour faire carrière. Cela premier ministre est déjà plus rare. çons maintiennent la saine tradi- ponse négative, un peu agacé. Si- tente un imprompu en forme de algéroise), reggae, raggamuffin, peut même ressembler à de la Lionel Jospin est un habitué de tion du groupe énervé au son non l’ambiance resta à la détente bœuf, comme pour enrayer la mé- transe et instruments traditionnels chance. « Ça laisse de la distance, Bourges, comme il le rappellera à lourd, dans la veine hard rock. A la et au sourire, festivalière en canique. Mais sans chanson bien des gnaouas. Une musique fédéra- c’est un super-tampon entre nous et plusieurs occasions, mais, comme mairie, après cette plongée in situ, somme. Le ton ne devint grave définie, la tentative fait long feu. trice donc, à l’identité bariolée, les longs couteaux. » chef du gouvernement, c’était aus- M. Jospin souhaita à l’assemblée qu’avec la condamnation de Alors le groupe retourne vers ce dans la lignée de l’ONB ou Seba, si pour lui une première. Du coup, d’avoir « la vigueur des groupes l’« acte qui a porté la mort » lors de qu’il sait bien faire, des hymnes pratiquant, avec une saine gour- Patrick Labesse les Alsaciens, qui ouvraient les Dé- grunge et la douceur de pastou- l’attentat de Dinan. Le Printemps entre folk et rock à entonner en- mandise, le métissage, « un libre couvertes, ont eu pour public un reaux de Strasbourg ». de Bourges parut alors bien futile. semble. métissage, envisagé d’abord comme ૽Le 22 avril, le Pavillon à parterre qu’ils n’auraient proba- Puis on enchaîna : un bain de ce qu’il doit être avant tout, un mes- 15 heures avec B’net Marrakech et blement pas imaginé. foule où les seules bousculades et S. Si. Sylvain Siclier sage de partage et non pas un pro- La Tordue. LeMonde Job: WMQ2104--0029-0 WAS LMQ2104-29 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:39 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0482 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / 29

DÉPÊCHES Jean Bois est à lui-même a CINÉMA : le succès d’Est Ouest aux Etats-Unis se confirme, deux semaines après sa sortie dans ce pays. Le film de Ré- son meilleur interprète gis Wargnier, qui n’est distribué que sur huit écrans, se place par- mi les meilleures recettes par salle et a déjà rapporté 511 311 dollars L’auteur - metteur en scène - acteur (3,46 millions de francs) dans les deux semaines qui ont suivi sa s’installe, avec « BCBG », sortie, le 7 avril. Le même jour, le film a été distribué en Russie et en au Théâtre de la Madeleine à Paris Ukraine. A Moscou, 11 000 specta- teurs l’ont déjà vu. EXPRESSION déjà désuète pour de la mondaine d’occasion, Jean a THÉÂTRE : le metteur en sigler le « bourge » bon chic bon Bois porte l’habit et le haut-de- scène Robert Hossein prendra genre, BCBG est le titre de la der- forme. Avec le même naturel qu’il la direction artistique du nière pièce de Jean Bois. Il en est arborerait la casquette et la mu- Théâtre Marigny à Paris, la ren- l’interprète et le metteur en scène. sette. « Je peux prendre un clochard trée prochaine, mais il ne mettra C’est ainsi qu’il joue depuis trente et en faire le roi d’un soir », lance-t- pas lui-même en scène La Dame ans le rôle de l’exception sur les il. Et c’est vrai, pas un personnage aux camélias, avec Isabelle Adjani scènes françaises. Avec une telle qui ne s’épanouisse dans sa voix dans le rôle-titre, comme cela constance qu’on a pu lui donner du généreuse, soutenue du désir insa- avait été annoncé. Le nom du « dramaturge maudit ». L’auteur tiable d’être aimé. Si le metteur en metteur en scène de cette adapta- n’a jamais été mis en scène par scène demande des comptes inces- tion du roman d’Alexandre Du-

d’autres que par lui-même ; le sants à l’auteur, il accorde un crédit VICTOR/MAX PPP PASCAL mas fils sera connu la semaine comédien, assez considérable, ja- illimité à l’acteur. « Même quand je Jean Bois et Dominique Constantin dans « BCBG ». prochaine. Le bail du Théâtre Ma- mais réclamé pour d’autres rôles jouais le jardinier débile de L’Emoi rigny a été cédé officiellement, à que ceux qu’il a écrits ; et le met- d’amour, je n’ai jamais eu l’impres- bureau. Ainsi, Bernadette (épouse lienne. Les comptes auraient été à lettre qu’il leur envoie. Pour leur la fin de février, par Christiane teur en scène jamais appelé à la sion de composer. Je pourrais jouer de Fromentin, née de Saint- zéro sans Couleur Tango à l’Athé- dire: « Voilà : on est bien ensemble, Porquerel à l’homme d’affaires rescousse d’un classique ou d’un une femme, que je ne composerais Brieux), la très bourgeoise mère de née, en 1982. Il doit à Marianne ne trouvez-vous pas ? » Mais que François Pinault, lequel a donc contemporain qui serait passé par pas. Je trouve scandaleux, pour celles famille de BCBG, a-t-elle été long- Epin et Gildas Bourdet qui ont pro- d’épreuves auparavant : « C’est de- confié la direction artistique des là, les mains vides. qui s’y trouvent réellement, qu’il temps figurée par une perruque duit BCBG pour La Criée à Mar- venu de plus en plus long, avant que deux salles de Marigny à Robert Dès son premier spectacle, Sin- existe des comédiens qui se sentent blanche – qui lui est restée. «Je seille, et à Simone Valère et Jean la lettre leur parvienne. Un ou deux Hossein. geries, en 1971, Le Monde remarque obligés de faire quatre pas sur un cherche à montrer les personnages Dessailly, qui l’ont repris sur texte, ans. C’est terrible. Terrible de ne pas a ARTS : le futur Musée des arts cet individu inclassable. Seul sur la trottoir pour jouer une putain. » les plus nus, les plus dépouillés. de se retrouver à Paris, dans les avoir de lieu pour répéter. Je me re- et des civilisations, dont une scène du Sélénite, il fait sortir du Jean Bois décrit volontiers BCBG Quand j’y parviens, on a toutes les couloirs hantés par Guitry. Ce qui trouve, après chaque pièce, tel que antenne au Louvre a été inaugu- commun des personnages qui ne le comme une « comédie de boulevard chances pour que le public se re- l’intéresse, chez Guitry, ce sont ses j’étais quand j’ai débarqué à Paris à rée le 13 avril par le président sont pas, communs. Il a un peu qui serait désobéissante par en des- connaisse. » écrits sur le théâtre : « J’aime la seize ans, sans une adresse. Non ce Jacques Chirac, a admis détenir plus de vingt ans, le teint blafard et sous ». On ne saurait mieux dire. Y manière dont il a aimé le théâtre. » n’est pas une partie de plaisir de des sculptures Nok du Nigeria les lèvres noires, tranchées d’un a-t-il plus de « désobéissance » chez « BOURGEOIS... JE L’ESPÈRE » Mais il préfère parler de l’émission faire du théâtre. C’est bien au-delà. provenant sans doute de pillage. œillet écarlate. Trois couleurs : lui, chez elle, que de « boule- Comment les rendre le plus vi- « Strip-tease » : « Des gens qui de- De toute façon, je n’ai jamais eu le « Nous avons acheté trois c’est assez pour rendre toute sa pa- vard » ? Il ne se prononcera pas. Il vants possible ? « En les passant très viennent beaux à force d’oublier choix. » sculptures à des antiquaires qui lette au mélodrame des clochards constate, simplement : « Le théâtre souvent au-dessus de l’auteur. » qu’ils sont filmés. » vendent ce genre d’œuvres, munies et des travestis. Tracées au cou- privé me dit que je suis fait pour le Alors, il « la ferme » en tant qu’au- Dans sa bouche, ils ressemblent Jean-Louis Perrier de tous les documents nécessaires teau, ses créatures représentent théâtre public. Et inversement. » De teur. « Quitte à supprimer ce qui se- aux personnages humbles et fa- et légaux », a assuré à l’AFP Sté- l’avant-garde de dizaines d’autres, l’un comme de l’autre, il se de- rait trop littéraire. » rouches qu’il a l’impression de ૽ BCBG, de Jean Bois (Actes Sud phane Martin, PDG de l’établisse- dont l’apparence plus quotidienne mande si ce n’est pas une excuse Jouer sous les stucs de la Made- « venger » lorsqu’il monte en scène. Papiers, 86 p., 75 F [11,43 ¤]). Mise ment public du quai Branly. «On dissimulera des déchirures que ne pour ne jamais l’inviter. L’ostra- leine lui est une joie : « BCBG est Ils ressemblent aussi aux specta- en scène : Jean Bois. Avec Jean sait parfaitement que les pillages et laisse pas prévoir la délicatesse des cisme l’a préservé de la tentation bien dans un théâtre bourgeois. Mes teurs, dont il est convaincu qu’ils Bois, Dominique Constantin, Hervé les fouilles clandestines sont géné- titres : Etrange pâleur, La Vie en d’être autre ; l’ostracisme est deve- personnages sont bourgeois. La sont « fins, cultivés, sensibles ». En Falloux, Michèle Simonnet. Théâtre ralisées dans ces régions », a-t-il douce, La Femme indolente, Beau ri- nu un ressort de l’écriture, qui ef- forme de la pièce est BCBG. Du tout cas, il est certain qu’en partant de la Madeleine, 19, rue de Su- expliqué, précisant que ces achats vage, Roses de Picardie... face l’incertitude ressentie, et re- moins je l’espère. » Jean Bois, il est de cette idée, « on peut les rène, Paris- 8e. Tél.: 01-42-65-07-09. avaient toutefois été décidés Tandis que l’irremplaçable Do- pousse l’injustice soupçonnée. vrai, connaît mieux les caves convaincre qu’ils le sont. Et c’est au De 70 F (10,67 ¤) à 210 F (32,01 ¤). après une convention conclue en minique Constantin, son épouse et Pour écrire, il jette parfois une per- étroites – comme son fidèle Es- bénéfice de tous ». Durée: 1 h 45. Du mardi au samedi, avril 1999 avec le gouvernement partenaire, endosse la robe du soir ruque sur une chaise devant son saïon – que les théâtres à l’ita- Chaque pièce est comme une à 20 h 30 ; dimanche, à 15 h 30. de Lagos. Controverses autour du projet de l’opéra de Pékin Fayard retire de la vente un livre PÉKIN Pékin. Face à tant d’inconnues, le à une controverse de nature esthé- de notre correspondant gouvernement aurait décidé de se tique. Le monde de l’architecture de Renaud Camus accusé d’antisémitisme Le chantier est ceinturé d’une montrer davantage sourcilleux sur chinoise est divisé. Guerre des an- palissade de tôle bleue. On y aper- la procédure bureaucratique. ciens et des modernes ? La ligne de LES EDITIONS Fayard ont déci- mêmes, là n’est pas la question), Paul Otchakovsky-Laurens, qui çoit, on y entend surtout, des en- « C’est révélateur des interrogations fracture tend en effet à corres- dé, jeudi 20 avril de retirer de la avec une fréquence exagérée. Ma dirige les éditions POL, principal gins de terrassement besogner la au sein du pouvoir chinois, com- pondre à un clivage de génération. vente et de rappeler tous les exem- réaction aurait été exactement la éditeur de Renaud Camus, a refusé terre fraîche, cette terre arasée des mente un observateur étranger. Les opposants, appartenant pour plaires diffusés du Journal de Re- même s’agissant de n’importe quel de publier ce volume du journal, maisons traditionnelles à la cour Mais cela ne remet en rien en cause l’essentiel à l’ancienne génération naud Camus pour l’année 1994, autre groupe. Je me rends parfaite- en raison des passages en ques- ombragée de grenadiers, havre de le projet. » formée à l’école du néoclassicisme Campagne de France, après la polé- ment compte que le qualificatif juif tion. Un précédent livre PA utili- rusticité, et d’incommodité, qui fut Est-ce là la seule raison du chinois, se déclarent choqués par mique déclenché par des passages est plus délicat à manier et demande sait, en 1997, des extraits de ce jadis repaire du Vieux Pékin chassé contre-temps enregistré dans les la rupture de l’harmonie qu’inflige mettant en cause « les collabora- plus de précautions que ceux de journal. Avec l’accord de l’auteur, des boulevards. A quelques cen- cérémonies de lever de rideau ? Se- la bulle de Paul Andreu à l’austéri- teurs juifs du “Panorama” de France basque, protestant ou même homo- POL avait alors retranché les pas- taines de mètres à l’ouest du Palais lon une autre explication, le pre- té orthogonale de ce haut lieu du Culture », qui ont sucité une vive sexuel. C’est précisément pour cette sages contestés. Il estime au- du peuple, qui borde la place Tia- mier ministre Zhu Rongji aurait communisme impérial qu’est la émotion à Radio-France. Son PDG raison que, n’ayant pas cru devoir jourd’hui qu’il aurait dû « discuter nanmen, un nouveau quartier po- pris, pour des raisons essentielle- place Tiananmen avec ses palais, Jean-Marie Cavada, avait annoncé, m’interdire ces remarques, je les ai avec Renaud pour lui faire changer pulaire vient de rendre l’âme. ment politiques, le parti de la dis- musées ou mausolée. Quant à la mercredi, son intention d’engager fait suivre de commentaires qui ne quelques formulations malheu- Ses habitants seront relogés crétion maximale en proscrivant nouvelle génération, elle peut très des poursuites judiciaires contre le sont jamais cités dans la polémique reuses » du Journal. Mais selon lui, dans les cités de la lointaine péri- tout flonflon autour d’un projet bien ne pas trouver à son goût le livre et son auteur. Selon Laure actuelle et qui soulignent l’absurdité Renaud Camus, qu’il publie depuis phérie, à mille lieues des écoles et d’une extrême sensibilité. « Le gou- dessin de Paul Andreu, mais Adler, directrice de France Culture, qu’il y aurait à rapprocher ces pro- vingt-cinq ans, « n’est pas soup- hôpitaux qui tissaient les réseaux vernement est très absorbé en ce s’avoue stimulée par sa nouveauté ces propos « incitent à la haine ra- pos d’un quelconque antisémitisme çonnable de racisme et d’antisémi- d’une sociabilité immédiate. Il faut moment avec l’affaire de Taïwan, les radicale. Un simple entretien avec ciale ». La ministre de la culture et que démentent de la façon la plus tisme ». faire place nette pour le grandiose difficultés économiques et les ten- des jeunes architectes chinois est de la communication, Catherine claire de très nombreuses pages que projet de l’opéra de Pékin dont sions sociales, souligne un archi- révélateur. Tasca, juge ces propos « profondé- j’aie pu écrire. » Alain Salles l’architecte retenu est le Français tecte chinois proche du projet. Il ne Tang Jun (vingt-quatre ans) : ment inquiétants ». Elle souligne Paul Andreu (Le Monde des 17 août veut pas attiser de controverses au- « Personnellement, je trouve le pro- que Renaud Camus, « comme bien et 16 septembre 1999). Une lentille tour de grands travaux dont le coût jet ni beau ni laid. Je suis même plu- des propagateurs des thèses racistes, géante – ou coque, ou œuf, ou ca- très élevé peut provoquer les ressen- tôt opposée à l’idée d’un opéra très affirme qu’il n’est pas antisémite, rapace de tortue – de verre et de ti- timents des Chinois en difficulté, no- cher en cette période de sacrifices mais, dans le même temps, il veut tane, posée sur un bassin cerné de tamment les chômeurs victimes de sociaux. Tout cet argent ferait mieux faire croire que le contenu des émis- jardins : le grand théâtre national, restructurations. La consigne offi- d’être dépensé dans la préservation sions pourrait être influencé par la comme on l’appelle ici, renfermera cielle est donc d’assurer le moins de de notre patrimoine menacé par les composition des équipes ». une salle d’opéra (2 500 places), un visibilité à ce projet. » bulldozers. Mais je reconnais que Fayard a pris cette décision spec- salle de concert (2 000 places) et Paul Andreu apporte un langage taculaire « après examen précis des deux salles de théâtre (1 200 et nouveau dans une ville au langage passages incriminées, et devant 500 places). Ce qui est important architectural que tout le monde dé- l’ampleur de la polémique », selon La ville de Pékin, chagrinée teste. Et cette nouveauté nous ex- son vice-PDG, Olivier Bétourné, d’être à la remorque de Shanghaï en Chine, cite. » Han Yin (trentenaire) : « Ce- qui précise qu’il s’agit d’un «ter- dans le domaine culturel, grisée la marque une date dans l’histoire rain sur lequel il convient d’exercer par l’ambition de s’ériger en capi- c’est qu’une œuvre de l’architecture chinoise. Voici la plus grande vigilance ». Fayard tale internationale, avec les attri- qu’un Français arrive et nous est cependant prêt à republier le buts de prestige qui s’y attachent, brisant les règles montre autre chose que ce que nous Journal sans ces extraits. aura enfin « son » opéra. avions appris des Américains ou des En 1994, Renaud Camus écrivait Fin mars, une cérémonie orches- soit retenue Hongkongais. » par exemple : « Il m’agace et m’at- trée par la municipalité devait offi- Wu Yaodong (trentenaire) qui, triste de voir et d’entendre cette ex- ciellement lancer les travaux de au plus haut niveau en sa qualité de membre de l’insti- périence [française], cette culture et terrassement du site. Mais le raout tut de recherche et de dessin de cette civilisation avoir pour princi- a été annulé à la dernière minute l’université de Qinghua, est associé paux porte-parole et organes d’ex- dans un climat chargé de mystère. Déjà, la presse chinoise n’avait au projet, souligne l’importance de pression, dans de très nombreux cas, L’explication communément avan- soufflé mot de l’annonce en août l’électrochoc Andreu : « Dans cette une majorité de juifs, Français de cée est que le Conseil des affaires 1999 de la sélection de Paul An- capitale plutôt conservatrice, que la première ou de seconde génération de l’Etat (gouvernement) n’avait dreu : situation surréelle que ce dé- direction politique chinoise, dont les bien souvent qui ne participent pas pas encore donné son feu vert calage durant des mois entre une inclinations esthétiques n’étaient pas directement de cette expérience ». pour la mise en œuvre d’un projet floraison d’articles dans la presse encore claires, ait choisi un tel projet « Les passages incriminés, ré- dont la conception n’est pas en- internationale et le mutisme em- avant-gardiste est une excellente plique Renaud Camus, reflètent core totalement achevée. Le dessin barrassé des rubriques chinoises. nouvelle. Peu importe qu’on aime ou mon humeur, les deux ou trois jours initial de Paul Andreu, sélectionné Cette mesure d’interdit devait être non. Ce qui est important en Chine, où je les ai écrits. Je ne les renie en par Pékin en août 1999, est en effet levée à l’occasion de la cérémonie c’est qu’une œuvre brisant les règles aucune façon, mais ils ne peuvent en train de subir des retouches. prévue pour fin mars. Mais, suite à soit retenue au plus haut niveau. Ce- pas être lus comme s’ils faisaient Suite à de nouvelles exigences une apparente confusion, les mé- la crée un précédent qui va fouetter partie d’une grand traité ou d’un du client – liées notamment aux dias ont tiré trop tôt, et la censure la créativité des jeunes généra- pamphlet sur le journalisme en contraintes d’aménagement de les a arrêtés net. De multiples dos- tions. » Etrange pays que cette France. Ils portent sur un sujet très l’accès souterrain – l’espace inté- siers ont été bloqués avant impres- Chine où l’imagination s’enflamme étroit, une émission de France rieur devra passer de 120 000 à sion. Il n’aura finalement guère fil- à huis clos autour d’un projet dont Culture que j’écoutais régulièrement 180 000 mètres carrés. D’où un tré de ce cafouillage que quelques l’évocation reste tabou dans la à l’époque, quoiqu’il me soit arrivé, alourdissement du coût. L’estima- échos, dont un entretien accordé presse. Quelle est donc cette au- à deux ou trois reprises, de manifes- tion la plus récente était de 4,7 mil- par Paul Andreu à la chaîne cen- dace coulée dans la censure ? ter de l’agacement parce que les liards de yuans (environ 3 milliards trale de télévision CCTV. Cela s’ap- Toutes les contradictions de la journalistes, juifs en très grande pro- de francs). Il faudra l’augmenter, pelle une visibilité minimale. Chine sont là. portion, avaient tendance, selon mais dans une proportion que tout Outre la question politique du moi, à aborder des thèmes juifs le monde semble encore ignorer à coût, le malaise actuel est aussi lié Frédéric Bobin (souvent très intéressants par eux- LeMonde Job: WMQ2104--0030-0 WAS LMQ2104-30 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 09:50 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 27Fap: 100 No: 0483 Lcp: 700 CMYK

30 / LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 CULTURE Cent épreuves SORTIR PARIS musique jamaïcaine, inventeur, dit-on, du mot « reggae » qu’il fut Cinéma et droits de l’homme le premier à employer – sous une pour découvrir orthographe légèrement Cinquante films, sept tables rondes, cinq journées thématiques, une différente – dans Do the Reggay, exposition et de nombreux débats signé en 1968, Toots Hiberts est un sont au programme de cette des grands patrons du ska et du Gotthard Schuh e rock steady, deux styles qui 10 édition du festival Images d’ailleurs, dont le thème est préfiguraient dans les années 60 « Cinéma et droits de l’homme ». l’arrivée du reggae. La galerie parisienne Vu présente la première Parmi les animations prévues : Elysée-Montmartre, 72, boulevard « Internet : la libre circulation de la Rochechouart, 18e. Mo Anvers. Le 21, rétrospective française de cet artiste suisse pensée ? » animé notamment par 19 h 30. Tél. : 01-55-07-06-00. 137 F. Philippe Rivière, journaliste au AGENCE VU SAINT-DENIS aluminium et détachés légèrement « Le Joueur de billes », Java 1938. Monde diplomatique (le 21) ; une GOTTHARD SCHUH. Galerie Vu, du mur au moyen de deux réglettes table ronde sur les étrangers et le Les Yeux rouges 2, rue Jules-Cousin, Paris 4e. en bois. Les autres épreuves, de pré- tographique que Gotthard Schuh échappatoire. Pour que l’œil ne soit droit de vote et une rencontre avec Sous-titrés « Lip-Besançon Mo Sully-Morland. Tél. : 01-53-01- sentation traditionnelle, sont des ti- met en place dès 1927, après avoir pas distrait, le photographe peut Jean-Michel Carré après la 1973-1998 », Les Yeux rouges 85-81. Du mercredi au samedi, rages pour la plupart de l’époque de été un peintre expressionniste : d’un même recadrer son négatif ou re- projection de deux de ses films, relatent vingt-cinq ans de la vie de de 14 heures à 19 heures. Jus- la prise de vue, qui servaient à côté, une absence d’anecdote et de toucher son tirage. Alertez les bébés et Une question de l’entreprise Lip. Auteur et metteur qu’au 20 mai. Schuh pour faire ses livres – son mièvrerie ; de l’autre, des effets gra- On peut être dérouté par les classe(s) (le 22) ; « Justice en scène, Dominique Féret est support privilégié depuis son retrait phiques maîtrisés mais une mise en grands tirages très contrastés et gra- internationale », animé par des revenu à Besançon pour recueillir C’est un joyau sous-estimé, à dé- de la presse, même si son métier retrait du cadrage, dépouillé de nuleux de 1967 qui gagnent en spec- responsables de la FIDH les témoignages des acteurs du couvrir d’urgence. Vouée à la pho- principal, entre 1941 et 1960 , était prouesses géométriques (Cartier- taculaire ce qu’ils perdent en mys- (Fédération internationale des mouvement Lip, les ouvriers et tographie contemporaine, la galerie de choisir les photos publiées dans Bresson) ou d’effets modernistes tère. droits de l’homme) (le 23) ; ouvrières de la manufacture Vu fait exception à sa règle en pré- le magazine suisse Neue Zürcher (gros plans, plongées...). Mais ce mode de présentation « Autour du logement » animé par horlogère qui, en 1973, sentant des épreuves originales de Zeitung. Tout chez Gotthard Schuh était en vogue dans les années 50 et Jean-Baptiste Eyraud, président de s’approprièrent leur outil de Gotthard Schuh (1897-1969), un Ce qui est donné à voir à la galerie concourt à laisser vivre son sujet, à 60. Quelques petits formats sont DAL (Droit au logement) et la travail et tentèrent d’inventer de Suisse immense qui, des années 30 Vu est déjà exceptionnel puisque le respecter, à le rendre charnel, in- sortis fatigués d’une manipulation réalisatrice Sylvie Carier (le 24) ; nouveaux rapports sociaux. Créés aux années 50, a ouvert une voie ces épreuves, rares, seront ensuite time à celui qui regarde. Que Schuh intensive. Mais toutes ces images « Cinéma et exclusion », animé par au Nouveau Théâtre de Besançon dans la photographie de style docu- dispersées. Mais il y a plus : il y a un photographie un lac gelé ou des sont dans le jus de leur histoire, elles Melvin Van Peebles, Romain Goupil en 1998 (Le Monde du 21 octobre mentaire. immense photographe, qui appar- chevaux dans la neige, des mineurs transpirent d’émotion et de poésie. et René Vautier (le 29) ; une journée 1999), Les Yeux rouges évitent le Gotthard Schuh a été révélé en tient, avec notamment Paul Senn ou noircis de charbon à Charleroi, des Et elles gagnent à être comparées « Femmes, art et culture » (le 30). piège de la reconstitution et, grâce France en juillet 1999, par une expo- Jakob Tuggener, à cette génération gamins de Pérouse, un bistrot de Pa- avec leur équivalent publié dans les Cinéma Images d’ailleurs, 21, rue de au jeu subtil des acteurs, réussit à sition présentée par la Fondation de réalistes qui, au début des années ris, un enfant de Java jouant aux livres de Schuh, à consulter dans la la Clef, 5e. Mo Censier-Daubenton. Du faire de Lip l’affaire de tous. suisse pour la photographie lors des 30 , ont libéré la photo suisse de la billes (son image la plus célèbre), galerie, pour découvrir toutes les fa- 20 au 30 avril. Tél. : 01-45-87-18-09. Théâtre Gérard-Philipe, Rencontres d’Arles (Le Monde du tutelle de la peinture. C’est aussi un Thomas Mann ou des Balinaises cettes d’un artiste merveilleux. 25 F la séance. Entrée libre aux tables 59, boulevard Jules-Guesde (93). 9 juillet 1999). Une institution pari- photographe qui a connu son heure sensuelles, la présence du corps ou rondes et à l’exposition. Mo Saint-Denis-Basilique. Jusqu’au sienne aurait pu prendre le relais. de gloire en publiant le best-seller du paysage est stupéfiante, sans Michel Guerrin Manuel Rocheman 30 avril. Du mardi au samedi, Personne ne s’est alors manifesté. Iles des dieux (1954), fruit d’un long Le pianiste Manuel Rocheman est 20 h 30 ; dimanche, 16 heures. Christian Caujolle, directeur de la voyage en Indonésie, mais qui en- l’un des musiciens de jazz qui Tél. : 01-48-13-70-00. 50 F. galerie Vu, qui a tissé des liens avec suite n’a échappé à l’anonymat que perpétuent, avec une intelligence GENNEVILLIERS les héritiers Schuh, joue pour l’oc- grâce aux hommages répétés de Ro- Lucinda Childs au commencement rare, l’art du trio. Sans ostentation, casion ce rôle patrimonial. A bert Frank. il tient son rang avec une audace Enterrer les morts/réparer les constater l’excitation des collection- musicienne, des idées en pagaille, vivants neurs, tant mieux pour lui – les LE SUJET, SANS ÉCHAPPATOIRE d’une nouvelle ère bien organisées. Come Shine puis le Du 20 avril au 13 mai, le Théâtre épreuves sont vendues entre Robert Frank, qui a grandi à Zu- récent I’m Old Fashioned de Gennevilliers présentera trois 20 000 F (3048,98 ¤) et 75 000 F rich avant de devenir à New York le siques répétitives de Phil Glass ou (Columbia/Sony Music) avaient ravi spectacles de la compagnie (11433,68 ¤). photographe que l’on sait, avoue LUCINDA CHILDS DANCE de Gavin Bryars. Identifiables au par leur maîtrise des codes du jazz Utopia, compagnie bruxelloise Et tant mieux pour nous. La gale- deux influences : Jakob Tuggener (Le COMPANY. Théâtre de la Ville, 2, premier coup d’œil, ces entrées et et l’affirmation du talent de représentative de la nouvelle rie Vu est suffisamment ample pour Monde du 18 février) et Gotthard place du Châtelet, Paris 4e. Jus- sorties de danseurs qui s’élancent à Rocheman. Le pianiste sera pour scène belge. Enterrer les recevoir près d’une centaine Schuh. De ce dernier, il nous disait qu’au 21 avril à 20 h 30. Tél. : 01- vive allure dans des variations de une semaine dans un club qui lui morts/réparer les vivants, d’après d’épreuves en noir et blanc, soit «la récemment : « Il a été le premier à 42-74-22-77. De 85 F à 140 F. En déboulés, sauts, arabesques (le vo- convient, le Duc des Lombards, une libre adaptation de Platonov plus grosse exposition Schuh faite croire à mes images et à les publier. Je tournée le 26 avril à Dieppe, les cabulaire classique dans toute son avec le contrebassiste Riccardo Del d’Anton Tchekhov, sera présentée dans le monde depuis trente ans », suis allé le voir parce que ses photos 28 et 29 avril à Valenciennes, les abstraction) au gré de trajectoires Fra et le batteur Simon Goubert du 20 au 29 avril dans une mise en affirme Christian Caujolle. Depuis échappaient à la sentimentalité. » 3 et 4 mai à Mulhouse, le 7 mai à minutieusement calculées. La pièce (les 21 et 22 avril) ; avec le scène et une adaptation signées en fait 1967, date d’une rétrospec- Cette absence de sentimentalité est Lausanne. intitulée Concerto (1993), sur une contrebassiste George Mraz et Armel Roussel. Suivront Roberto tive montée deux ans avant la mort déterminante, ce qu’on peut vérifier musique de Gorecki, ou encore Goubert (le 23) ; avec Mraz et le Zucco, de Bernard-Marie Koltès de Schuh, et qui a été présentée à à la galerie Vu. Les images flirtent Implacable mécanique chorégra- From The White Edge of Phrygia batteur Al Foster (les 26 et 27 avril). (du 2 au 6 mai), et Les Européens, Zurich, New York, Bruxelles... Or, et avec le photojournalisme, l’instanta- phique que celle de Lucinda Childs. (1995), deux des quatre chorégra- Au Duc des Lombards, 42, rue des de Howard Barker (du 9 au c’est déjà un événement, la galerie né, le quotidien, la vie enregistrée, Depuis les années 70, la cham- phies à l’affiche du Théâtre de la Lombards, 1er. Mo Châtelet. Les 21 et 13 mai). Vu présente quarante épreuves de autant d’ingrédients que l’on re- pionne américaine du mouvement Ville, en sont de bons exemples. 22, 21 heures. Tél. : 01-42-33-22-88. Théâtre, 41, avenue des Grésillons cette exposition de 1967. Surprise. Il trouve chez beaucoup de photo- perpétuel a imposé son style épuré, Nappée de lumières bonbon, 100 F. (92). Mo Gabriel-Péri. Les 20, 22, 25, s’agit de grands formats (jusqu’à graphes, un peu partout dans le combinaison faussement simple de From The White Edge of Phrygia Toots & The Maytals 26, 27, 28, 29, 20 h 30 ; le 23, 90 cm × 120 cm), non pas encadrés monde, à partir des années 1930. Ce lignes et de diagonales, de cercles et s’offre comme un traité de géomé- Formidable chanteur, légende 16 heures. Tél. : 01-41-32-26-26. 80 F sous verre, mais contrecollés sur qui l’est moins est l’esthétique pho- d’ovales, ensorcelée par les mu- trie en mouvement dont l’austérité vivante pour tous les fans de et 140 F. hypnotise ou tétanise le spectateur. Car cette course légère peut vite se transformer en poursuite de GUIDE comètes tournoyant dans un vide sidéral. Sans cesse, sans fin, sans autre but que la pure jouissance du TROUVER SON FILM 45 F à 255 F. mouvement. On rêve parfois qu’ils Orchestre philharmonique se percutent, s’atomisent dans un Tous les films Paris et régions sur le Mi- de Radio-France big bang imprévu... nitel, 3615 LEMONDE ou tél. : 08-36- Sibelius : Les Océanides. Debussy : La 68-03-78 (2,23 F/min). Mer. Schoenberg : Pelléas et Méli- sande. Jukka-Pekka Saraste (direction). LOVÉE DANS LES BOUCLES VERNISSAGES Salle Pleyel, 252, rue du Faubourg- Chargés comme des piles élec- Saint-Honoré, Paris-8e. Mo Ternes. Le triques, les danseurs évoluent dans 54e Salon de mai 21, 20 heures. Tél. : 01-45-61-53-00. De Jeune Création 2000 un détachement souverain. Jamais 80 F à 190 F. Espace Eiffel-Branly, 29-55, quai Bran- Didier Lockwood Trio leur désir d’ivresse, jamais leurs ly, Paris-7e. Mo Alma-Marceau. Tél. : 06- Salle Pablo-Neruda, 31, avenue du Pré- transes ne sortent du cadre. Le sep- 87-10-96-80. De 11 heures à 20 heures. sident-Allende, 93 Bobigny. Mo Bobi- tième ciel, d’accord, mais l’élégance Du 21 avril au 1er mai. De 25 F à 50 F. gny-Pablo-Picasso. Le 21, 20 h 30. Tél. : avant tout, tel est le masque der- 01-41-60-94-37. De 82 F à 150 F. ENTRÉES IMMÉDIATES Broadcast, Six by Seven rière lequel Lucinda Childs dissi- La Boule noire, 116, boulevard Roche- mule sa fragilité. En se lovant dans Le Kiosque Théâtre : les places de cer- chouart, Paris-18e. Le 21, 19 h 30. Tél. : les boucles de ses danses glissantes, tains des spectacles vendues le jour 01-49-25-89-99. 99 F. même à moitié prix (+ 16 F de commis- 38 Dub Band, Kana la chorégraphe new-yorkaise avait sion par place). Place de la Madeleine cru échapper au chaos du monde. New Morning, 7-9, rue des Petites- et parvis de la gare Montparnasse. De Ecuries, Paris-10e. Mo Château-d’Eau. En quatre minutes, son solo 12 h 30 à 20 heures, du mardi au same- Le 21, 21 heures. Tél. : 01-45-23-51-41. Commencement (1995) avoue la va- di ; de 12 h 30 à 16 heures, le di- De 110 F à 130 F. nité de ses efforts. Tout en noir, manche. Jean-Jacques Nyssen Monsieur Proust, comme un mauvais augure, Lucin- Glaz’Art, 7-15, avenue de la Porte-de- souvenirs de Céleste Albaret e o da Childs bat des bras comme on La-Villette, Paris-19 . M Porte-de-La- de Marie-Paule Trystram, d’après le Villette. Le 21, 20 h 30. Tél. : 01-40-36- appelle à l’aide. Elle s’acharne à ra- livre de Georges Belmont, avec Marie- 55-65. 50 F. viver la mémoire des anciens par- Paule Trystram. Michèle Bernard, Claudine Lebègue Odéon-Théâtre de l’Europe (petite cours, des marches vibrantes, dévo- e Théâtre de l’Est parisien, 159, avenue salle), 1, place Paul-Claudel, Paris-6 . e o reuses d’espaces. Elle patine, elle o Gambetta, Paris-20 . M Pelleport. Le M Odéon. Du 21 avril au 4 mai, 21, 20 h 30. Tél. : 01-43-64-80-80. 150 F. hésite. Instrument désaccordé, elle 18 heures. Relâche dimanche et 1er mai. est soutenue par la partition per- Tél. : 01-44-41-36-36. 50 F. DERNIERS JOURS cussive de Zygmunt Krauze. Lucin- Quatuor Amati Haydn : Quatuor à cordes op. 76 no 4 da Childs a soixante ans et casse ses 22 avril : « Lever de soleil ». Schumann : Qua- Dennis Adams : Runway codes. Commencement ? D’une tuor à cordes op. 41 no 3. détournement de sens et d’image à nouvelle ère, comme le prouve sa Châtelet, 1, place du Châtelet, Pa- travers la vision d’objets au ras du sol. création Variété de variété, sur des ris-1er . Mo Châtelet. Le 21, 12 h 45. Tél. : Caisse des dépôts et consignations, extraits de différentes pièces du 01-40-28-28-40. 55 F. 13, quai Voltaire, Paris-7e. Mo Rue-du- Orchestre de l’Opéra national de Paris Bac. Tél. : 01-40-49-41-66. De 12 heures compositeur Mauricio Kagel. Messiaen : Le Tombeau resplendissant. à 18 h 30. Fermé lundi. Jusqu’au A des années-lumière de celles Pärt : Como anhela la cierva, création. 22 avril. Entrée libre. que la chorégraphe utilise générale- Tchaïkovski : Symphonie no 5. James 23 avril : ment, ces musiques aux accents de Conlon (direction). Diplômés 1999 Opéra de Paris, Palais Garnier, place de fanfare, piquantes et imprévisibles, Ecole nationale supérieure des beaux- l’Opéra, Paris-9e. Mo Opéra. Le 21, arts, 13, quai Malaquais, Paris-6e. injectent un brin de glamour dans 20 heures. Tél. : 08-36-69-78-68. De Tél. : 01-47-03-50-00. 25 F. une danse si tenue qu’elle menaçait de virer rigide. Les corps tanguent, hanches roulantes, pieds claquet- tant parfois comme un clin d’œil au music-hall. Un sourire flotte sur les lèvres des danseurs, moins asexués que d’habitude. S’ils ne se touchent pas encore, du moins se regardent- ils, prêts à la rencontre, au pas de deux, qui sait ? Lucinda Childs fait le pari de la vie avec toutes ses sautes d’humeur. Le trajet risque d’être accidenté, mais il sera plus passionnant qu’un exercice de balis- tique.

Rosita Boisseau LeMonde Job: WMQ2104--0031-0 WAS LMQ2104-31 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:08 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 0484 Lcp: 700 CMYK

CARNET LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / 31

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » – Les Amis de Christian Pineau – Renaud et Patricia Saint Girons, Séminaires ont la douleur de faire part de la dispari- Anne Saint Girons, Naissances tion soudaine de ses enfants, La Fondation Jean-Jaurès, Olivier, Pierre et Philip, présidée par Pierre MAUROY, e Raphaël et Alban M. Henri BERGUERAND, ses petits-enfants, 12, cité Malesherbes, Paris-9 , Jean-Jacques Delort ont la joie d’annoncer la naissance de leur administrateur civil HC, Les familles Saint Girons, organise dans ses locaux, le 27 avril sœur trésorier de leur association. Ferry-Wilczek et Pinard, 2000, de 10 heures à 17 h 30, un sémi- font part du décès de naire : « Demain, la parité profession- Clara, nelle?» Un ancien directeur du Printemps Hubert SAINT GIRONS, Autour de deux tables rondes : – Le président, – L’égalité professionnelle, illusion ou le 1er avril 2000. Le bureau, directeur de recherche honoraire JEAN-JACQUES DELORT, pré- politique de diversification. Son au CNRS, nécessité ? Le conseil d’administration, – Quelle mixité dans la nouvelle organi- sident du conseil de surveillance groupe prend notamment le Serge et Susanne PICARD, du groupe textile Devanlay, est contrôle de la société de vente par Le conseil scientifique, survenu le 18 avril 2000, à son domicile. sation économique et sociale ? 82, avenue du Général-Leclerc, Et ses collègues de l’Ecole des hautes Avec : Michel Aglietta, Denise mort, lundi 17 avril, à New York correspondance La Redoute en 92100 Boulogne-Billancourt. études en sciences sociales, Cacheux, Gilbert Cette, Anne-Marie dans sa soixante-cinquième an- 1988. L’incinération aura lieu le vendredi ont le regret de faire part du décès de 21 avril, à 10 heures, au crématorium de Colmou, Caroline Gans, Bernard Girard, née. Jean-Jacques Delort s’est battu Nantes. Anne-Marie Grozelier, Monique Halpern, Né le 20 septembre 1935 à Tou- pour que le financier François Pi- Marie-Louise CANARD Claude GRUSON, Maryse Huet, Jacqueline Laufer, Hervé louse, Jean-Jacques Delort suit les nault rachète fin 1991 le groupe de a la joie d’annoncer la naissance de ses directeur d’études. « Bohallard », Le Bras, Béatrice Majnoni d’Intignano, petites-filles, 44390 Puceul. Victoria Man, Margaret Maruani, Domi- études de l’institut d’études poli- distribution à ses actionnaires nique Meda, Guy Olivier, Ghislaine tiques et de l’école supérieure de suisses, les familles Nordmann et Toutain et la participation de Christel Lucile, – Montbéliard. Bretonvillers. commerce de Toulouse, puis étu- Maus. Une fois l’opération réali- – Le centre d’éducation permanente de Nickel-Mayer (Fondation Friedrich Ebert). die aux Etats-Unis à la Cornell sée, la cohabitation entre ces deux l’université Paris-X Clôture des travaux par Nicole Péry, fille de Le docteur Robert Jacquot, secrétaire d’Etat aux droits des femmes. University de New York. Il devient fortes personnalités est difficile. Cécile et Rémy RUBIO, a la tristesse de faire part du décès, sur- son époux, venu le 19 avril 2000, de Renseignements en 1974 administrateur général de Jean-Jacques Delort est évincé un le 7 avril 2000, et Brigitte et Hervé Fagon, à la Fondation Jean-Jaurès : l’ensemble des publications du an plus tard, au moment de la fu- Geneviève et Bernard Hodler, Henriette VIGNOLLE, Tél. : 01-40-23-24-17 groupe de presse Prouvost (Paris- sion entre les sociétés Pinault et Emma, Anne et Jean-Philippe Jacquot, Fax : 01-40-23-24-01 Match, Télé 7 jours, Marie- Printemps. Françoise et Bernard Jacquot, enseignante qui a beaucoup œuvré pour le Inscription au 01-40-23-24-05 (places limitées). Claire...). Ce passionné de rubgy, devenu fille de Corinne et Hugues Jacquot, développement de la formation continue. Il quitte cette fonction en avril un des dirigeants de la Fédération Marine et Hervé DRAVIGNY, ses enfants, le 17 avril 2000. L’inhumation aura lieu le samedi 1977 pour devenir directeur géné- française, avait, depuis 1998, pris Henri et Louis, Charles, Hortense, Marguerite et 22 avril, à 9 h 30, au cimetière de Cannes. Colloques ral du Printemps, alors en grande les commandes du groupe textile Louise, Conflits, réconciliation et paix difficulté financière. Sous sa hou- Devanlay, qui fabrique et distribue Anniversaires de naissance Paul et Clara, en Afrique et au Moyen-Orient, lette, le groupe se redresse forte- les chemises Lacoste. Grégoire et Hubert, Anniversaires de décès samedi 29 avril 2000, de 9 h 30 ment. En 1982, il devient président Le Cap-Coz. Le Montserrat. Le Détours. Raphaële et Vincent, à 17 heures, à l’Institut catholique, – Il y a trente ans, le 21 avril 1970, lors 21, rue d’Assas, Paris-6e, du directoire et se lance dans une Laure Belot ses petits-enfants, du stage de préfecture qu’il accomplissait VEL : 50 ans. ont la douleur de faire part du décès de à Cayenne pour l’ENA, organisé par Confrontations, association Merle d’avril sera toujours moqueur. me d’intellectuels chrétiens, le Centre de a SERGUEÏ ZALYGUINE, écrivain il en devint le principal biographe. M Anne-Ruth JACQUOT, Olivier CHAMPION Heureusement ! née SVEICS, recherches sur la paix de l’Institut russe, est mort mercredi 19 avril Son ouvrage qui fait autorité est catholique de Paris, le département de était rappelé à Dieu à l’âge de vingt- dans un hôpital de Moscou, à l’âge paru en 1967 en Allemagne et en recherches, conflits et paix de l’université survenu le 15 avril 2000, dans sa soixante- quatre ans. d’UPPSALA. de quatre-vingt-six ans. Connu 1969 en France. Après la guerre, Anniversaires dixième année. Fax : 01-44-39-52-86. pour avoir réussi à écrire des Eberhard Bethge fut assistant de Que tous ceux qui sont restés fidèles à Tél. : 01-44-39-52-89. œuvres d’inspiration libérale à l’évêque Otto Dibelius de Berlin, – Nice. Lodève. Paris. Gloucester. Ses obsèques ont été célébrées, dans la sa mémoire se joignent d’intention aux prières qui seront dites pour lui lors des l’époque soviétique, Sergueï Zaly- avant d’enseigner et d’exercer dif- Carcassonne. Basse-Terre (Antilles). plus stricte intimité, dans le cimetière de Longjumeau. Thionville. Oran. Bretonvillers, selon la volonté d’Anne. fêtes de Pâques dans l’église de Vétheuil L’ESSEC et l’Institut des hautes études guine a été l’un des responsables férentes charges pastorales à Saint-Léonard. La Mure. Cannes. (Val-d’Oise). de l’Amérique latine de l’Union des écrivains sovié- Londres et à Bonn. Il avait aussi Cet avis tient lieu de faire-part et de organisent, en collaboration avec Le tiques. En 1965, il reçoit le prix Lé- travaillé à un renouveau du dia- remerciements. Monde et Radio Classique, un colloque Claude CANTINELLI – Le 23 avril 1950, à Caen, nine pour Au bord de l’Irtych (Gal- logue entre juifs et chrétiens. et sur « La formation des élites dirigeantes limard, 1970) où il décrivait Marthe, née BANGIL, en Amérique latine », le mercredi – Orcines (Puy-de-Dôme). Marie DUBUS DOROTTE 26 avril 2000, à l’IHEAL, à partir de 9 h 15. pourtant la création des kolkhozes a SERGE JEANNERET, ancien La formation des élites dirigeantes se dans les années 30, comme une conseiller régional (FN) d’Ile-de- mariés, le 7 avril 1940, penchés sur le disparaissait à vingt-six ans. traduit aujourd’hui par des enjeux cru- Françoise et Adam Weber, passé avec ciaux. Quels sont ces enjeux, comment opération inhumaine. Sans jamais France, est décédé, le 11 avril, à Pa- Pilar et Michel Paupy, se ranger du côté des écrivains dis- ris. Né le 2 novembre 1911 à Paris, Ses enfants avivent sa mémoire. former ces élites dirigeantes et comment Gigi, Mario, Serge-Alfred et Dan, ses enfants, articuler l’offre et la demande auprès des sidents, il a été le premier à créer instituteur, Serge Jeanneret a mili- leurs enfants, Jean, Marie et Dorothée, entreprises ? dans la littérature officielle un per- té, dans les années 30, au sein de ses petits-enfants, – Chamonix. Argentière (Haute- IHEAL, université de la Sorbonne sonnage de communiste négatif l’Action française. Chef adjoint de évoquent l’affection précieuse d’entou- Les familles Martinet, Desseauve, Savoie). Grenoble. Saint-Egrève (Isère). nouvelle Paris-III, amphithéâtre, 28, rue (Solionaïa Pad, 1970) ; à décrire cabinet du ministre de l’éducation rages changeants. Hins, Saint-Guillaume, 75007 Paris. Entrée libre. Il y a un an, à quelques jours l’adultère d’une femme soviétique nationale, Abel Bonnard, dans le ont la douleur de faire part du décès de 261, avenue de Pessicart, d’intervalle, (Version sud-américaine) et même gouvernement de Pierre Laval, à 06100 Nice. Mme Marie-Rose PAUPY, Cours à critiquer la révolution bolche- Vichy, en 1942, il rejoint ensuite le Sylvie Pascale FORESTIER née MARTINET, Découvrez l’informatique chez vous... vique (Commission, 1975). Il a éga- réseau de résistance Alliance de ancien professeur au lycée Jeanne-d’Arc et Alain Pierre FORESTIER Avec le premier organisme de forma- lement publié Tourmente en Sibérie Marie-Madeleine Fourcade, ce qui Anniversaires de mariage de Clermont-Ferrand, tion à domicile. Prise en main du matériel, (éd. du Progrès, 1977). Par ailleurs, lui vaudra la croix de guerre et la Internet, bureautique. survenu dans sa quatre-vingt-neuvième partaient pour l’éternité. de 1986 à 1998, il a dirigé Novy Mir, croix du combattant volontaire de ALDISA. Tél. : 01-46-10-50-32. année. l’une des plus célèbres revues so- la Résistance. Dans les années 50, Emilia et Edmond OURSET Leurs familles et amis penseront tou- viétiques, qui s’est transformée en il est rédacteur en chef de Fraterni- jours à eux. fêtent leur soixante-deuxième anniver- Selon sa volonté, les obsèques ont eu lieu d’accueil de la littérature de la té française, de Pierre Poujade, saire de mariage, le 21 avril 2000, à lieu dans la plus stricte intimité. CARNET DU MONDE perestroïka, lancée par Mikhaïl puis, en 1965, de TV, Demain, or- Damas, en compagnie de leurs enfants. – En souvenir de - TARIFS AN 2000 - Gorbatchev en 1985. gane de Jean-Louis Tixier-Vignan- 26, chemin des Meuniers, cour, candidat d’extrême droite à De la part de leurs enfants, petits- 63870 Orcines. François TRONIK TARIF à la ligne enfants et arrière-petits-enfants. a EBERHARD BETHGE, pasteur l’élection présidentielle de 1965. 21 avril 1987, DÉCÈS, REMERCIEMENTS, allemand, est mort mardi 18 mars Chef de cabinet de Bernard Lafay, –Mme Maurice Prévert, AVIS DE MESSE, à Bonn à l’âge de quatre-vingt-dix secrétaire d’Etat au développe- Joseph TRONIK Décès son épouse, 20 août 1998, ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS ans. Né près de Magdebourg en ment industriel et scientifique Sa famille et ses amis, 140 F TTC - 21,34 ¤ 1909, pasteur de l’Eglise confes- dans le gouvernement Chaban- – Lionel et Luc, ont la douleur de faire part du décès de Laure TRONIK sante (résistante) allemande avant Delmas (1969-1972), il continue à ses fils, TARIF ABONNÉS 18 janvier 1999. 120 F TTC - 18,29 ¤ et pendant la guerre, il avait épou- travailler auprès de l’ancien pré- Michèle, sa belle-fille, Maurice PRÉVERT, sé Renate Schleicher, la nièce du sident du conseil municipal de Pa- Pascal (✝), Catherine, David-Marc, architecte DPLG, Que ceux qui les ont connus et aimés NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, leur accordent une pensée. théologien et pasteur Dietrich ris, député RPR. Elu lui-même François, Léonard, Juliette et Marie, urbaniste SFU, ses petits-enfants, chevalier de l’ordre national du Mérite, MARIAGES, FIANÇAILLES, PACS Bonhœffer, grande figure de conseiller de Paris sur les listes de Juliette, ancien combattant 1939-1945, 550 F TTC - 83,85 ¤ l’Eglise protestante arrêtée après Jacques Chirac en 1977, réélu en son arrière-petite-fille, médaille des Évadés, Communications diverses FORFAIT 10 LIGNES l’attentat du 20 juillet 1944 contre 1983, Serge Jeanneret rejoint en Karine Sauvage et Daniel Basso-Fin, ¤ Hitler et tuée par les nazis à Fles- 1986 le Front national, sur la liste Les familles Appert, Barthout, Chaye, survenu le 14 avril 2000. Prix Robert Guillain, Toute ligne suppl. : 65 F TTC - 9,91 Colomb, Well-Curiel, Field, Cohen, reporter au Japon 2000. senbourg. Bethge fut lui-même ar- duquel il est élu conseiller régio- L’Association de presse France- THÈSES - ÉTUDIANTS : rêté avec d’autres résistants. Ami nal. Il avait quitté la vie politique Ettouati, Ses obsèques ont été célébrées dans ¤ l’intimité. Japon va attribuer, avec le soutien d’Air 85 F TTC - 12,96 et disciple de Dietrich Bonhœffer, en 1992. ont la tristesse de faire part du décès, dans France, Japan Air Lines, Chemins de fer sa quatre-vingt-dix-huitième année, de du Japon, Osaka House Foundation, Am- COLLOQUES - CONFÉRENCES : 58 bis, boulevard Victor-Hugo, bassade du Japon et Maison de la culture Nous consulter Georges-Samuel BENICHOU, 92200 Neuilly-sur-Seine. du Japon à Paris, deux bourses (titres de ట 01.42.17.39.80 + 01.42.17.29.96 NOMINATION de l’Institut d’études politiques de Paris, poète, journaliste, traducteur, transport et aide pécuniaire) à de jeunes Fax : 01.42.17.21.36 Claude-Marie Blanchemaison a été nommé combattant volontaire de la Résistance, journalistes et étudiants journalistes. e-mail: [email protected]. DIPLOMATIE secrétaire des affaires étrangères à sa sortie croix de guerre (1940), – L’UFR des sciences historiques et Clôture candidatures : 7 juin 2000. Les lignes en capitales grasses géographiques, musicologie Claude-Marie Blanchemaison, de l’ENA en 1973. Il a notamment été en ancien directeur de La Voix du Midi Renseignements : APFJ, 101 bis, quai sont facturées sur la base de deux de Toulouse. de l’université Nancy-II, Branly, 75740 Paris Cedex 15. lignes. Les lignes en blanc sont ambassadeur en Inde, a été nom- poste à Bruxelles (1979-1982), au comité in- a le regret de faire part du décès de Tél. : 01-44-37-95-39. obligatoires et facturées. mé ambassadeur en Russie, par terministériel pour les questions de coopé- Son inhumation a eu lieu dans l’inti- E-mail : [email protected] décret publié au Journal officiel da- ration économique européenne (1982- mité familiale. René TAVENEAUX, té lundi 17-mardi 18 avril. Il rem- 1985), à Pretoria (1985-1987) et à l’adminis- professeur émérite place Hubert Colin de Verdière tration centrale du ministère des affaires Cet avis tient lieu de faire-part. à l’université Nancy-II. Nos abonnés et nos actionnaires, nommé haut-représentant de la étrangères. Ambassadeur au Vietnam bénéficiant d’une réduction sur les Sainte-Suzanne, République française en Algérie (1989-1992), il fut ensuite directeur d’Eu- Ses qualités humaines, sa contribution insertions du « Carnet du Monde », 64300 Orthez. à l’histoire moderne, son apport aux A LA TELEVISION (Le Monde du 15 avril). rope (1993), puis directeur d’Asie et Océa- sont priés de bien vouloir nous com- 14, rue des Saussaies, études d’histoire religieuse perpétuent son muniquer leur numéro de référence. ET A LA RADIO [Né le 16 mars 1944, diplômé de l’Ecole nie au Quai d’Orsay (1993-1996) et ambas- 75008 Paris. souvenir. des hautes études commerciales (HEC) et sadeur en Inde.] Le Monde des idées LCI Communiqué Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 JOURNAL OFFICIEL ce qui concerne les mesures Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10 d’exécution. Le lundi à 15 h 10 Au Journal officiel du mercredi Perspectives Chine a 19 avril est publié : Au Journal officiel du jeudi Le Grand Jury b Accord international : un 20 avril sont publiés : LES RISQUES ET OPPORTUNITÉS DU MARCHÉ CHINOIS RTL-LCI Le dimanche à 18 h 30 décret portant publication de b Santé : un décret relatif à UNE ÉTUDE PROSPECTIVE DE NORD SUD EXPORT DESTINÉE AUX DÉCIDEURS l’accord entre le gouvernement l’autorisation d’exercer la profes- a de la République française et le sion d’infirmier et modifiant le Au moment où l’empire du Milieu franchit Perspectives Chine cerne les conditions du La rumeur du monde gouvernement du Sénégal signé à code de la santé publique ; un pas décisif vers l’économie de marché en développement du marché chinois : un marché FRANCE-CULTURE Paris le 16 février 1994 relatif aux – un décret modifiant le décret rejoignant l’Organisation mondiale du plus étroit qu’on l’imagine, avec des niches Le samedi à 12 heures effets de l’exequatur en matière du 24 février 1984 portant statut commerce, Nord Sud Export publie Perspec- pour les PME-PMI, dans un contexte démo- a civile, sociale et commerciale en des praticiens hospitaliers. tives Chine. graphique et social fragile, une forte interroga- Idéaux et débats La série Perspectives croise les approches tion sur la production alimentaire et un envi- FRANCE MUSIQUES politique, sociale, économique, financière et ronnement dégradé. Le dimanche à 17 heures sectorielle. Cette confrontation fournit une Perspectives Chine détaille les conditions a prospective synthétique, véritable outil d’exécution des marchés : déclin du secteur pu- d’aide à la définition des orientations straté- blic, secteur privé exposé aux aléas des joutes Libertés de presse giques des entreprises sur les marchés émer- politiques entre « conservateurs » et « réfor- FRANCE-CULTURE gents. mateurs », bombe à retardement des retraites, Le premier dimanche de chaque mois a Avec une industrie obsolète et un système risques d’explosion sociale et de déstabilisation financier en faillite virtuelle, la Chine veut avec les musulmans du Xinjiang ou les sectes. A la « une » du Monde prouver qu’il existe une autre voie que le libé- Instruites de l’exemple soviétique, les auto- RFI ralisme. Le pari n’est pas gagné car elle doit rités chinoises ne peuvent que réaliser avec une Du lundi au vendredi faire avec la réalité. C’est sur cette réalité que grande lenteur les réformes nécessaires tout en à 12 h 45 et 0 h 10 (heures de Paris) Marc Mangin, l’auteur de ces Perspectives cherchant à retrouver la position centrale qui a Chine, s’appuie pour dessiner le portrait de la fera de l’empire du Milieu le troisième pôle mondial. La « une » du Monde Chine demain. BFM Du lundi au vendredi Vente par correspondance à Nord Sud Export, 16-18, quai de la Loire, 75019 Paris 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 Tél. : 01-42-01-12-08 - Fax : 01-42-01-28-76 - Envoi du sommaire sur demande Le samedi 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 LeMonde Job: WMQ2104--0032-0 WAS LMQ2104-32 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 10:40 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 0485 Lcp: 700 CMYK

32 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 EN VUE

a Craig Anderson, producteur à Visite guidée du palais présidentiel à Dakar Hollywood, portera à l’écran la saga d’Elian Gonzalez, petit rescapé cubain. La presse est invitée à constater le délabrement des lieux. Plusieurs journaux soupçonnent une mise en condition a Le 25 avril, jour anniversaire de de l’opinion avant le lancement, par le nouveau président Abdoulaye Wade, de grands travaux de rénovation la victoire, « je regarderai peut-être les cérémonies à la télé, AU SÉNÉGAL, alternance doit elle fut la résidence du gouverneur locaux, ce sont les nombreux sa- parer de repas pour le président s’il n’y a pas un bon film américain rimer avec transparence. Telle est général de l’Afrique occidentale lons et les chambres qu’ont oc- Wade. Le nouveau maître des sur une chaîne par satellite », la volonté du président Abdoulaye française quand sa capitale (AOF) cupés des hôtes de marque, lieux ne s’est pas encore installé à confie un étudiant vietnamien Wade, élu en mars dernier. Et pour fut transférée de Saint-Louis à Da- comme la reine Elisabeth d’Angle- demeure dans le palais. Impos- d’une école de commerce privée. la traduire en actes, il vient d’auto- kar. Et Pierre Messmer, rappela le terre, le général de Gaulle ou le sible toutefois de monter au riser la presse à visiter le sanc- majordome, fut son dernier oc- président Mobutu. La vue sur le deuxième étage pour visiter les a Bill Clinton, de passage lundi tuaire du pouvoir, le palais prési- cupant français avant que le pré- parc qui surplombe la mer et sur appartements privés, la discrétion 17 avril à Shiprock au Nouveau dentiel. sident Senghor ne s’y installe. térieur, ce n’est pas mieux. Ils ont l’île de Gorée au loin est impre- reste de rigueur. Mais y a-t-il, Mexique, a promis aux Indiens Transformé en guide pour la cir- Ce monument porte donc la vu des prises électriques détachées nable. Des tableaux et des tapisse- comme à Abidjan, un tunnel per- navajos, les plus pauvres constance, le majordome du palais marque du temps. Mais dans leur des murs, un fauteuil cassé par-ci, ries de styles très divers ornent les mettant éventuellement au pré- d’Amérique, l’accès à l’Internet a conduit une trentaine de journa- compte-rendu de la visite du pa- des housses trouées ou déteintes murs. Mais « le luxe n’existe pas sident de se réfugier à l’ambassade pour un dollar par mois. listes dans les couloirs et les salons lais présidentiel, les journalistes de par-là... et beaucoup de poussière. vraiment », constate Le Soleil. de France ? Là encore, la curiosité de cette grande bâtisse dont il a Sud quotidien n’ont pas hésité à « On aurait dit une maison aban- Autre surprise, dans les cuisines des journalistes n’a pu être satis- a Le gouvernement brésilien vient fait un bref historique. Car le Pa- dresser un état des lieux peu relui- donnée », vont-ils même jusqu’à cette fois. Un cafard y a été sur- faite. d’instaurer un « Jour de l’Indien ». lais de la République, situé dans le sant. « Sur de nombreux coins de la écrire. La déception est également pris. C’était là la seule trace de vie. Les tribus réunies pour centre de Dakar, est une construc- façade du bâtiment, la peinture perceptible dans L’Info, qui a vu Les fourneaux sont froids. Les cui- NULLE COMPLAISANCE revendiquer leurs droits à Coroa tion ancienne. Achevée en 1907, s’écaille », ont-ils constaté. A l’in- des « locaux mal entretenus ». Ces siniers n’ont pas encore eu à pré- Pourquoi donc avoir organisé la Vermelha, là où Pedro Alvarez visite du palais, se demandent en Cabral a débarqué avec ses chœur Walfadjri et Sud Quotidien ? troupes, assurent : « Nous n’avons DANS LA PRESSE LCI ciers conséquents, risque de de la majorité a d’autres priorités : Ne serait-ce pas pour faire ressor- rien à commémorer ce jour-là ». Pierre-Luc Séguillon conduire à sa dilution. A cette fuite relèvement des minima sociaux, tir « l’état de délabrement de ce LIBÉRATION a L’Union européenne (...) ne s’est en avant politique correspond une baisse prioritaire des impôts indi- monument historique » et « justifier a La Brasserie brésilienne Brahma Jacques Amalric toujours pas dotée d’un véritable fuite en avant économique. Parce rects, etc. Plusieurs dossiers vont, des projets de modifications archi- qui, pendant 20 ans, a fait goûter a On aurait grand tort d’oublier de gouvernement économique. L’eu- qu’une monnaie commune faible dans les semaines qui viennent, tecturales ? », écrit le premier. Et le 12 litres de bière par jour à son stigmatiser également, à propos du ro à onze n’en est qu’un pâle subs- est une commodité pour les expor- permettre de mesurer le rapport second se montre encore plus inci- dégustateur Bernd Naveken, meurtre lamentable de Quévert, titut. Mais elle peine à se doter tations des Quinze, les autorités des forces sur ce terrain : loi sur la sif. « Cette visite, avance Sud, serait rongé par la cyrrhose, devra lui l’imbécillité. L’imbécillité totale, d’institutions solides. Il est à monétaires européennes laissent régulation économique, stock-op- destinée à préparer l’opinion à une verser une pension mensuelle, abyssale, l’imbécillité qui tue. (...) craindre que la présidence fran- s’étioler l’euro au prétexte qu’il tions, épargne salariale et surtout réfection grandeur nature que ne jusqu’à sa mort. Peu importe en définitive que le ou çaise ne parvienne d’ici à la fin de possède une faculté intrinsèque sélection des grandes orientations justifierait pas la politique d’austé- les meurtriers aient été motivés l’année à surmonter les désaccords d’appréciation. (...) Forte économi- pour le budget 2001. Le printemps rité prônée par la nouvelle équipe a Dans la région de Rasi Salai, en par la défense d’un improbable sé- internes sur le dossier institution- quement, l’Europe reste un nain sera donc occupé par ce face-à- au pouvoir. » Thaïlande, les paysannes meurent paratisme breton, la lutte contre la nel. Mais elle paraît être dénuée de politique et la faiblesse de l’euro face. Il ne s’agira pas pour Ces analyses, on le voit, ne tra- souvent pendant la nuit après malbouffe, la révolte contre l’hégé- solides projets et le couple franco- est l’exacte traduction de ce para- Laurent Fabius d’incarner une hissent nulle complaisance à s’être empoisonnées avec des monisme américain ou l’indigna- allemand ne joue plus le rôle mo- doxe. ligne politique différente de celle l’égard du nouveau chef de l’Etat. pesticides dans les champs : pour tion face à la vivisection des ani- teur et entraînant qui fut jadis le de Lionel Jospin, mais de symboli- Or elles émanent de la presse pri- tromper leurs fantômes, les veufs maux ; il faut être littéralement sien. L’inclination britannique à ne RTL ser une valeur ajoutée enri- vée, celle-là même qui, à l’époque se vernissent les ongles et ne se imbécile, en l’an 2000, en France faire de l’Europe qu’un vaste mar- Alain Duhamel chissant la ligne Jospin. C’est le du président Diouf, était accusée couchent plus qu’en chemise de – donc, qu’on le veuille ou non, en ché désormais semble dominante. a Le ministre des finances veut premier ministre qui, en dernier de collusion avec l’opposition. Le nuit. démocratie et en Europe –, pour La conséquence de cette faiblesse incarner une politique de moder- ressort, tranchera et arbitrera message est ainsi clair pour prendre le risque de tuer au nom politique est que l’Europe paraît nisation et de rassemblement des entre le puissant ministre des fi- M. Wade. Il ne peut compter sur le a Colin Slane, de Londres, de quelque cause que ce soit. Au- aujourd’hui être entraînée mécani- classes moyennes autour de la nances (...) et l’aile gauche de sa soutien inconditionnel des mé- condamné à 14 mois de prison, cun combat politique, même ultra- quement dans un élargissement gauche. Cela passe par une baisse majorité incarnant davantage les dias. avait craché au visage de son minoritaire, ne peut justifier ici et qui, faute de structures institution- des prélèvements et par l’encou- milieux populaires. Réponse fin ancienne épouse, puis enduit de aujourd’hui de telles extrémités. nelles solides et de moyens finan- ragement à l’initiative. La gauche mai ou début juin. Brigitte Breuillac shampoing un bouton de porte, en sachant sa victime allergique au produit. SUR LA TOILE

a En lutte, avec l’arrivée du MUSIQUE printemps canadien, contre les www.videofarm.com a BMG Entertainment (groupe odeurs artificielles, Tanya Bertelsmann) a annoncé la mise Macdonald, professeur de Démocratiser la création et la diffusion de programmes vidéo sur Internet en place prochaine d’un système musique à la Duncan McMillan de vente de musique numérisée High School, bourg rural de la « UN JOUR prochain, la réalisation d’échange permanente et peuvent via Internet, grâce à un partena- Nouvelle-Ecosse, porte plainte vidéo sera aussi simple, rapide, bon aussi aller chercher des séquences riat avec IBM, Microsoft, Liquid contre Gary Falkeman, 17 ans, marché et banale que le traitement de sur n’importe quel site Web et les Audio et Intertrust Technologies. élève trop parfumé. texte peut l’être aujourd’hui. » Mi- transférer dans sa propre réserve – (AP.) chael Samoilov, patron de la petite d’images sur le serveur de Video a Les véhicules fabriqués en société new-yorkaise Video Farm, Farm – à condition bien sûr que les NAISSANCE EN LIGNE Alabama ne sentent plus l’étable est convaincu que l’Internet est en éventuels problèmes de droits d’au- a Le zoo de Zurich a annoncé que depuis que Claudia Meister, train de vivre une nouvelle révolu- teur aient été réglés préalablement. la naissance d’un éléphanteau, olfactrice en chef chez Daimler tion : selon lui, les programmes vi- Le système de Video Farm permet prévue pour le mois de mai, sera Chrysler AG, « nez » de la firme, a déo produits artisanalement vont également à plusieurs créateurs de diffusée en direct sur Internet. Les détecté de la mousse noire dans bientôt supplanter le texte et la pho- travailler ensemble sur une même internautes peuvent d’ores et déjà leur système d’air conditionné. to comme moyen d’expression privi- production, sans jamais avoir à se envoyer au zoo un message élec- légié des utilisateurs de base, surtout déplacer pour se rencontrer. En re- tronique pour être prévenus du a Après l’avoir longtemps gardé chez les jeunes. A ce jour, le princi- vanche, pour faire numériser des moment exact de l’événement. dans un coffre-fort, Allan Abott, pal obstacle à la démocratisation de images tournées avec des caméras L’objectif annoncé de l’opération représentant des pompes la vidéo en ligne reste le prix. Video vidéo classiques, pas de miracle : il est d’attirer l’attention du public funèbres chargé d’embaumer Farm vient résoudre une partie du faut envoyer les cassettes par la sur les dangers d’extinction des Marylin Monroe, s’est dessaisi du problème en proposant aux vi- poste à Video Farm, qui facture la éléphants d’Asie. − (AFP.) molleton qui rembourrait les seins déastes amateurs et aux PME un numérisation 1 dollar la minute. www.zoo.ch de la star, pour 400 000 francs service complet de post-production Une fois le produit terminé, Video environ. et de diffusion pour un abonnement Farm peut se charger du stockage et BANQUE allant de 20 à 90 dollars (environ au- numériques brutes une seule fois intuitive, ne nécessitant pas de for- de la mise en ligne. L’abonné doit a La compagnie d’assurance AGF a En obligeant les échoppes à tant d’euros) par mois, selon l’es- vers le centre serveur de Video mation particulière. Les réalisateurs simplement faire connaître à son a fait savoir qu’elle ouvrirait avant baisser leur rideau, jeudi 20 avril à pace-mémoire et la bande passante Farm. Ensuite, tout se passe à dis- amateurs manquant d’images ou public potentiel l’adresse de sa page la fin de l’année 2000, un service Téhéran, l’association islamique nécessaires. tance : l’utilisateur effectue le mon- d’habillages sonores peuvent puiser personnelle. Il peut aussi rapatrier complet de banque en ligne acces- des commerçants, ennemie des L’abonné n’a pas besoin d’ordina- tage et le mixage-son de ses sé- dans la banque audiovisuelle en son œuvre pour la placer en télé- sible 24 heures sur 24 via Internet, réformes, apporte à l’ayatollah Ali teur haut de gamme ni de ligne à quences en envoyant de simples ligne de Vidéo Farm. En outre, tous chargement sur le site Web de son le Minitel, le téléphone portable et Khameini le soutien du Bazar. haut débit, car il doit seulement télé- instructions à l’ordinateur central, les abonnés peuvent s’échanger à choix. la télévision interactive. Les AGF charger une petite interface gra- qui se charge de tout. L’interface volonté des séquences ou des espèrent attirer 250 000 clients en Christian Colombani phique, puis transmettre ses images graphique permet une manipulation images brutes grâce à une bourse Yves Eudes dix-huit mois. – (Reuters.)

Bonheurs simples par Luc Rosenzweig Parmi les multiples prés où le l’esprit de la télévision nord-co- font pour gagner leur vie ne bonheur peut venir planter sa réenne, force est de constater que semblent pas totalement mé- tente, celui de la culture n’est pas les gens qui travaillent au Louvre, contents de leur sort. le moins fréquenté. C’est le mé- du haut en bas de l’échelle hiérar- Le bonheur était également au rite de France 3, de Des racines et chique ne vont pas, comme on di- centre de Ça se discute, l’émission des ailes et de son présentateur sait jadis, « au chagrin ». Ceux que de société de Jean-Luc Delarue. Il Patrice de Carolis de nous avoir l’on appelle maintenant les s’agissait de traiter du grave pro- démontré de manière agréable et « agents d’accueil et de surveil- blème de savoir si l’on peut convaincante que le musée du lance » n’ont plus rien des gardiens continuer à s’aimer tout en tra- Louvre était avant tout une mai- de musée d’antan, qui somnolaient vaillant ensemble. On a pu y dé- son de plaisirs. Tout un chacun sur un banc en cuvant leur dernière couvrir le « Théorème de Lydie », peut venir y prendre son pied à sa cuite, la moustache en bataille et la secrétaire d’un comité d’entre- façon, du petit coup de Louvre casquette de travers. Gaël, par prise dont l’époux, Françis, est le vite fait à la japonaise, trois exemple, vous explique le calvaire patron. Etant donné que ces deux quarts d’heure Joconde de Milon de Crotone comme si êtres sont ensemble 24 heures comprise, à cette copiste qui vous y étiez, et sa collègue de la sur 24, alors que la majorité des vient pendant trois mois tous les salle d’à côté prend des notes dans couples n’ont que huit heures matins pour tenter de se mettre son petit carnet noir pour « ne pas quotidiennes de vie commune, et dans l’esprit de Rubens. Ce qui laisser s’envoler les instants fugitifs et que les deux tourtereaux es- est encore plus surprenant, c’est partir les gens qu’on ne reverra plus pèrent vivre soixante dix ans de que cette prestigieuse institution jamais »... Les plus veinards, en la sorte, on obtient, selon Lydie, fait mentir l’adage qui affirme «Il fait, sont les gardiens de nuit qui 210 ans de bonheur. Au risque de ne suffit pas d’être heureux, encore ont le musée pour eux tout seuls. passer pour un rabat-joie et un faut-il que les autres soient mal- Un coup de lampe de poche sur la pisse-vinaigre, nous conseille- heureux ». Si l’on part du principe Vénus de Milo et bonne nuit, la Jo- rons à Lydie de se mettre dès que les reportages de cette émis- conde ! Cette ronde de nuit n’est maintenant à étudier l’histoire de sion n’étaient pas réalisés avec pas de Rembrandt, mais ceux qui la l’art. LeMonde Job: WMQ2104--0033-0 WAS LMQ2104-33 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 09:50 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 0486 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / 33 JEUDI 20 AVRIL GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

19.15 Argentine, 14.50 Bird aaa DÉBATS MUSIQUE Clint Eastwood (Etats-Unis, 1988, TÉLÉVISION ARTE les enfants disparus. Histoire 155 min) %. Ciné Cinémas 1 21.00 Einstein, 19.40 Francis Poulenc, 21.00 Récital Elisabeth Leonskaja. 15.55 Fenêtre sur cour aa 19.00 Voyages, voyages. Tanzanie. Lors du festival Piano TF 1 l’univers en équation. Forum impressions. Muzzik Alfred Hitchcock (Etats-Unis, 1954, 19.45 Arte info, Météo. aux Jacobins. Mezzo 110 min) &. Cinétoile 20.15 La Vie en feuilleton. [4/4]. Arte 17.35 Sunset Beach. 20.15 La Vie en feuilleton. 22.00 Environnement, 21.00 « La Sérénade no 10 », 21.05 Les Grands Jours du siècle. 18.50 La Table aux crevés aa 18.25 Exclusif. Deux femmes sur un ring [4/4]. le rôle des femmes. Forum [1/2]. TV 5 de Mozart. Par le Sinfonieorchester Henri Verneuil (France, 1951, 20.40 Thema. Allez de par le monde : des Bayerischen Rundfunks, N., 90 min) &. Ciné Classics 19.05 Le Bigdil. 21.25 Albert Einstein. Planète missionnaires, l’aventure dir. sir Colin Davis. Muzzik 19.55 Hyper Net. MAGAZINES 21.45 Hommage 19.30 Dédée d’Anvers aa au service de Dieu. 22.30 Jazz at the Smithsonian. Yves Allégret (France, 1947, 20.00 Journal, Tiercé, Météo. 20.45 Jéricho 18.20 Nulle part ailleurs. à Jacqueline Maillan. Festival Mel Lewis. Muzzik N., 90 min) &. Cinétoile 20.55 Navarro. L’Emeute %. Film. Luis Alberto Lamata. Invité : Lou Reed ; Richard Anconina ; 22.00 Arthur Rimbaud. [2/2]. Odyssée 23.20 Karajan. 22.10 Diables étrangers. 19.50 Bernard et Bianca aa 22.40 Made in America. Missionnaires en Chine. Matthew Perry. Canal + 22.10 Thema. Diables étrangers. Arte Par l’Orchestre philharmonique Walt Disney (Etats-Unis, 1977, Prémonition. de Berlin. Paris Première 23.25 Missionnaires, 18.30 et 21.30 L’Invité de PLS. LCI 22.10 Légendes. Andie McDowell. 90 min). Disney Channel Téléfilm. René Bonniere. jusqu’au bout du monde. 19.30 et 0.25 Rive droite, Joséphine Baker. Téva 20.30 La Discrète aa 0.20 Vol de nuit. 0.15 Une mission, la quête rive gauche. Paris Première 22.20 Gospel, la voix TÉLÉFILMS Christian Vincent (France, 1990, 1.25 Rallye. de la liberté. 95 min) %. Ciné Cinémas 1 0.50 Kansas City a 20.05 Temps présent. de l’émancipation. [3/3]. Planète 20.55 Harem. Billy Hale [2/2]. TMC Carnage au collège. TSR 20.30 Une affaire de femmes aaa FRANCE 2 Film. Robert Altman (v.o.). 23.15 Synesthésie, 21.10 La Trilogie marseillaise. Claude Chabrol (France, 1988, 20.50 Envoyé spécial. A fleur de peau. César. Nicolas Ribowski. TSR Affaires et franc-maçonnerie. la confusion des sens. Planète 110 min) &. Cinéstar 1 16.55 Des chiffres et des lettres. M6 Pêcheurs de brume. France 2 23.45 Le Roman de l’homme. 22.40 Prémonition. 21.00 Une dépêche Reuter aa 17.25 Un livre, des livres. René Bonniere. TF 1 22.35 Boléro. Cédric Pioline. TMC [1 et 2/15]. Histoire William Dieterle (Etats-Unis, 1940, 17.30 Nash Bridges. 18.30 Chérie, j’ai rétréci les gosses. N., 90 min) &. Histoire 19.15 Cosby Show. 23.05 Comme au cinéma. SÉRIES 18.15 Face caméra. L’amour au cinéma. L’amour SPORTS EN DIRECT 18.45 Friends. 19.50 I-minute. en Technicolor. A l’écran comme 19.54 Le Six Minutes, Météo. 18.15 Mannix. Dans le bois. 13ème RUE 19.15 Qui est qui ? à la ville. Binoche et Auteuil 20.00 Basket-ball. Euroligue masculine. 20.04 Raid aventure. en coulisses. France 2 19.30 Les Brigades du Tigre. Festival 20.00 Journal, Météo, Point route. Final Four. Finale. 20.05 Notre belle famille. 23.25 Prise directe. En direct d’Arles. Maccabi Tel Aviv-Panathinaïkos 20.50 Stargate SG-1. 20.50 Envoyé spécial. La tauromachie. France 3 Athènes Pathé Sport De l’autre côté du miroir. &. A fleur de peau. Affaires et 20.40 Passé simple. 23.30 Le Club. 20.45 Football. Coupe de l’UEFA. Méthodes d’apprentissage. &. M6 franc-maçonnerie. Pêcheurs de brume. 20.50 Stargate SG-1. Christophe Malavoy. Ciné Classics Demi-finale. Retour : Lens - Arsenal. 20.55 Navarro. L’Emeute. %. TF 1 23.05 Comme au cinéma. De l’autre côté du miroir & ; TV5 Europe-Asie-Orient - Canal + L’amour au cinéma. Méthodes d’apprentissage &. 0.20 Fréquenstar. Alain Souchon. M6 22.35 The Crow, Stairway to Heaven. Les voix. &. 22.35 The Crow, Stairway to Heaven. 0.35 Saga-Cités. Afri-cités. France 3 DANSE Règlement de compte. % M6 FRANCE 3 Les voix & ; Règlement de compte %. 23.00 Total Recall 2070. 0.20 Fréquenstar. Alain Souchon. DOCUMENTAIRES 19.45 Lonely Town, Lonely Street. Infiltration. %. Canal + 16.20 Les Minikeums. Ballet. Chorégraphie de Robert North. 23.00 Le Caméléon. Les larmes 17.50 C’est pas sorcier. 19.00 Voyages, voyages. Musique de Withers. d’un père (v.o.). &. Une personne 18.20 Questions pour un champion. RADIO Tanzanie. Arte Par le ballet Rambert. Mezzo de confiance (v.o.). &. Série Club 18.48 Un livre, un jour. 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. FRANCE-CULTURE 20.05 Fa si la Classique. 21.00 Irma la Douce aa 20.35 Tout le sport. 20.30 Equinoxe. Inde et Pakistan. Billy Wilder. 20.55 Family Business 21.30 Fiction 30. Avec Jack Lemmon, Film. Sidney Lumet. Chaussure, de Nathalie Quintane. Shirley Mac Laine (Etats-Unis, 1963, 22.10 Multipistes. v.o., 140 min). Paris Première 22.50 Météo, Soir 3. 13ÈME RUE MUZZIK PARIS PREMIÈRE 22.30 Surpris par la nuit. 21.00 La Légende 23.25 Prise directe. 0.35 Saga-Cités. 18.15 Mannix 19.40 Francis Poulenc, 21.00 Irma la Douce aa du Saint-Buveur aa Afri-cités. FRANCE-MUSIQUES Une bonne série policière, lancée impressions Tiré d’une comédie musicale mon- Ermanno Olmi (France - Italie, 1988, 130 min) &. Cinéstar 2 CANAL + 20.00 Concert. Donné par la Maîtrise en 1967, et dont la cinquième sai- Un documentaire sans prétention tée à Paris en 1956 et qui eut un 21.00 Une vraie blonde aa de Radio France et l’Orchestre national son donne toute leur saveur à ces sur le créateur du mélodrame grand succès, le film de Billy Wil- Tom DiCillo (Etats-Unis, 1998, 16.40 Mon ami le lynx de Radio France, dir. Charles Dutoit. v.o., 105 min) &. Ciné Cinémas 3 Film. Raimo O. Niemi &. Œuvres de Wagner, Berg, Mahler. épisodes dans lesquels Mannix, le L’Histoire de Babar, réalisé par son der raconte comment un policier 22.45 Box of Moonlight aa f En clair jusqu’à 20.45 22.30 Jazz, suivez le thème. Estate. détective privé humain et senti- petit-neveu, Christophe Poulenc. trop actif perd son travail mais Tom DiCillo (Etats-Unis, 1997, 18.15 Flash infos. mental, donne sa mesure, le plus On y découvre l’un des plus grands tombe amoureux d’Irma, prosti- v.o., 110 min) &. Ciné Cinémas 3 18.20 Nulle part ailleurs. RADIO CLASSIQUE 22.45 L’Incompris aaa 20.30 Football. Coupe de l’UEFA. souvent au péril de sa vie. La série compositeurs français, sa maison tuée surnommée « la douce » pour Luigi Comencini (Italie, 1966, v.o., 20.45 Lens - Arsenal. 20.08 Le Magazine International. 105 min) %. Canal Jimmy La situation au Zimbabwe. fut l’une des premières à intégrer à de Noizay, ses tournées améri- sa gentillesse. Gags hilarants, sa- 23.00 Total Recall 2070 %. 0.35 Le Bal des vampires aa 20.40 Grands moments du Festival la télévision américaine une actrice caines, à travers des témoignages tire de différents mythes parisiens 23.45 Exodes. Roman Polanski (GB, 1967, v.o., de Jérusalem 1999. 105 min) %. Ciné Cinémas 3 afro-américaine, en la personne de et des improvisations qui font re- et surtout reconstitution du Paris 23.50 Adam & Eva o Film. Mans Herngren et Hannes Holm. 22.40 Les Soirées... (suite). Symphonie n 9 Gail Fischer, qui joue l’assistante vivre celui qui se définissait lui- d’antan par le grand Alexandre 1.05 Nous avons gagné ce soir aa en ré mineur, de Bruckner, Robert Wise (Etats-Unis, 1949, N., 1.25 Deep Impact par l’Orchestre philharmonique du héros. même comme « moine et voyou ». Trauner. En v.o. v.o., 70 min) %. Ciné Classics Film. Mimi Leder (v.o.) %. de Munich.

VENDREDI 21 AVRIL GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

21.30 Espagnes. [3/3]. 13.45 Vivre au paradis aa DÉBATS Mourir sage et vivre fou. Histoire TÉLÉFILMS Bourlem Guerdjou (France, 1999, TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE 21.30 Mirra, la mère 100 min) &. Canal + 21.00 Cinéma, ton univers 18.15 Maria Vandamme. 13.55 Latcho drom aa 14.30 La Cinquième rencontre... de Pondichery. Odyssée TF 1 Famille, école. impitoyable... Forum Jacques Ertaud [3/4]. TV 5 Tony Gatlif (France, 1992, 22.15 Peter Lorre, 100 min) &. Cinéstar 1 16.00 Le Temps des souris. [5/6]. 22.00 Violence à l’école, 18.55 Seul dans la nuit. 14.45 Arabesque. acteur maudit. Planète Duncan Gibbins. %. Ciné Cinémas 14.20 Radio Days aaa 15.45 Magnum. 16.35 Alfred Hitchcock présente. quelles solutions ? Forum Vengeance. 22.20 Sur les grandes avenues. 20.30 L’Enfant des loups. Woody Allen (Etats-Unis, 1987, 16.40 Pacific Blue. 90 min) &. Cinétoile 17.00 Le Cinéma des effets spéciaux. 23.00 Le Roi tambour. Forum Le Grand Canal de Venise. Odyssée Philippe Monnier [1, 2 et 3/3]. Festival 17.35 Sunset Beach. 22.30 Lettres 20.40 La Vengeance d’une femme. 15.45 Le Bal des vampires aa 17.30 100 % question. Roman Polanski (GB, 1967, v.o., 18.25 Exclusif. 17.55 Côté Cinquième : Côté week-end. MAGAZINES à Michel Petrucciani. Muzzik Michael Switzer. ?. RTL 9 105 min) %. Ciné Cinémas 3 19.00 Etre heureux comme... 18.25 Météo. 23.15 Légendes des tribus perdues. 20.45 Mon enfant doit vivre. 19.05 Le Bigdil. 14.25 Boléro. Invité : Cédric Pioline. TMC Diethard Klante. Arte 15.50 La Table aux crevés aa 18.30 Le Monde des animaux. [3/13]. La tribu Ibo. Planète Henri Verneuil (France, 1951, 20.00 Journal, Météo. 14.30 La Cinquième rencontre... 18.56 C’est quoi la France ? 23.45 La Saga des Nobel. 20.55 Baloche. Dominique Baron. TMC N., 90 min) &. Ciné Classics 20.55 Succès. Famille, école : Partir pour sauver Einstein ou la relativité : 19.00 Tracks. son enfant. La Cinquième 22.25 Beauté fatale. Paul Lynch. RTL 9 16.05 Kika aa 23.10 Columbo. Attention, le meurtre La révolution des quantas. Histoire Pedro Almodovar (Fr. - Esp., 1993, 19.45 Arte info, Météo. 17.00 Les Lumières du music-hall. 0.20 L’Homme invisible. peut nuire à votre santé. 0.35 Albert Einstein. Robert Michael Lewis. 13ème RUE v.o., 110 min) ?. Cinéfaz 0.50 Les Coups d’humour. 20.15 Reportage. L’Ecole des cornacs. Joséphine Baker. Comment je vois le monde. Planète Maxime Le Forestier. Paris Première 18.15 La Vie de Louis Pasteur aa 20.45 Mon enfant doit vivre. 0.40 Histoire de la BD. [9/13]. COURTS MÉTRAGES William Dieterle (Etats-Unis, 1936, FRANCE 2 Téléfilm. Diethard Klante. 18.20 Nulle part ailleurs. L’imagination au pouvoir. Histoire N., 120 min) &. Histoire 22.15 Grand format. Out of the Present a Invités : Vincent Elbaz ; Roschdy Zem ; Film. Andreï Ujica (v.o.). Clotilde Courau ; Cypress Hill ; 0.50 Histoires courtes. L’Ame sœur. 15.45 La Chance aux chansons. Bernard Rapp. Canal + SPORTS EN DIRECT Olivier Chrétien. France 2 23.50 L’âme brûlée a 16.55 Des chiffres et des lettres. Film. Baïram Abdoulaïev 18.50 Vendredi, c’est Julie. 17.25 et 22.55 Un livre, des livres. et Lora Stepanskaïa (v.o.). Invité : Patrick Sébastien. France 2 18.00 Football. Championnat de D 2. SÉRIES Lorient - Guingamp. Eurosport 17.30 Nash Bridges. 19.00 Tracks. Arte 18.20 Face caméra. M6 17.25 Equalizer. Le silence. 13ème RUE 19.30 Rive droite, rive gauche. DANSE 18.50 Vendredi, c’est Julie. Best of. Paris Première 18.15 Une fille à scandales. 20.00 Journal, Météo. 15.20 Raven. &. Les parents (v.o.). &. Téva 20.05 Le Vrai Journal. 20.50 Une soirée, deux polars. 16.10 et 1.30 M comme musique. 20.10 No More Play. ème Spécial mairie de Paris. Canal + Chorégraphie de Jiri Kylian. 18.15 Mannix. Cible vivante. 13 RUE P.J. Détournement. 17.35 Les Nouvelles Aventures 20.55 Thalassa. Billes en tête. France 3 Musique d’Anton Webern. 18.30 Le Petit Malin. Une rencontre 21.50 Avocats et associés. de Robin des Bois. &. Faux-sanglants. &. 21.00 Recto Verso. Par le Quartetto italiano. Mezzo inattendue. Disney Channel 18.30 Chérie, j’ai rétréci les gosses. &. 23.00 Bouche à oreille. CharlElie Couture. Paris Première 18.35 Hawaï police d’Etat. L’homme 19.15 Cosby Show. &. 23.05 Bouillon de culture. 21.10 Lignes de front. MUSIQUE aux cent visages. &. Série Club 19.50 I-minute. 0.25 Journal, Météo. La Sierra Leone. LCI 18.35 Deux flics à Miami. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 22.05 Faut pas rêver. 17.15 Ton Koopman dirige... Le soleil de la mort. RTL 9 0.50 Histoires courtes. Jean-Sébastien Bach. L’Ame sœur. Olivier Chrétien. 20.04 Raid aventure. Canada : Les ailes de la justice. 20.05 Notre belle famille. &. France : La manufacture de Sèvres. Avec l’Amsterdam Baroque Orchestra 19.30 Mission impossible. Hongrie : Les derniers gardiens et l’Amsterdam Baroque Choir. Mezzo Nitro. &. Série Club 20.38 Météo du week-end. 19.30 A Great Day in Harlem a FRANCE 3 de chevaux. France 3 18.30 Récital Alain Planès. 20.00 Batman. Le coup 20.40 Décrochages info, Jean Bach. Avec Thelonious Monk, Toulouse, 1999. Mezzo de Trafalgar. &. Canal Jimmy 23.05 Bouillon de culture. Art Farmer (Etats-Unis, 1994, v.o., 14.50 Retour à Angel Falls. Politiquement rock. Avec François Nourissier. France 2 19.35 Jazz at the Smithsonian. 20.05 Notre belle famille. 60 min) &. Cinétoile Téléfilm. Joyce Choppra [3/3]. 20.50 Graines de star. Benny Carter. Muzzik JT fait de la télévision. &. M6 20.30 Nous avons gagné ce soir aa 16.20 Les Minikeums. 23.00 X-Files, l’intégrale. 21.00 Bach. La Passion selon saint Jean. 17.50 C’est pas sorcier. Kitsunegari. %. Schizogonie. %. DOCUMENTAIRES 20.20 Les Arpents verts. You Can’t Plug Robert Wise (Etats-Unis, 1949, N., Par le Concentus Musicus de Vienne v.o., 75 min) %. Ciné Classics 18.20 Questions pour un champion. 0.40 The Practice. et le Tölzer Knabenchor, in a 2 With a 6. &. Série Club 18.00 L’Actors Studio. 21.00 Un plan simple aa 18.47 Un livre, un jour. La vérité et ses conséquences. &. Sidney Lumet. Paris Première dir. Nikolaus Harnoncourt. Mezzo 20.45 Twin Peaks. Episode 10 %. Série Club Sam Raimi (Etats-Unis, 1998, 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. 18.15 Cinq colonnes à la une. 22.45 Remembering Otis. Canal Jimmy 115 min) %. Canal + 20.50 P.J. Détournement. France 2 20.05 Fa si la Classique. Emission 64. Planète 23.00 Lorin Maazel dirige... RADIO 21.10 Dharma & Greg. 21.45 Boulevard des passions aa 20.35 Tout le sport. 18.15 Horst par Horst. Odyssée Sibelius et Tchaïkovski. Mezzo Michael Curtiz (Etats-Unis, 1949, N., 20.55 Thalassa. Billes en tête. Thanksgiving Until it Hurts. &. Téva v.o., 100 min) &. Ciné Classics 18.30 Le Parc Canaima 23.20 Mahler. Symphonie no 2. 21.40 L’Age de cristal. 22.05 Faut pas rêver. FRANCE-CULTURE au Venezuela. La Cinquième Avec Sylvia McNair, soprano ; Rêves mortels. 13ème RUE 22.45 Bird aaa 23.05 Météo, Soir 3. Clint Eastwood (Etats-Unis, 1988, 19.30 Appel d’air. 18.30 Les Enquêtes Jard van Nes, alto solo. 23.25 Ciné week-end. Par l’Orchestre philharmonique 21.50 Avocats et associés. v.o., 160 min) %. Ciné Cinémas 3 20.30 Black & Blue. Jimmy Giuffre. du « National Geographic ». de Berlin et l’Ernst Senff Chor, Faux-sanglants. &. France 2 23.30 Tricheurs a Film. Barbet Schroeder. ?. 21.30 Fiction 30. Journal du premier amour, Voyage au fond des mers. TMC dir. Bernard Haitink. Muzzik 22.20 Alien Nation. Three to Tango de Giacomo Leopardi. 20.05 Du Cap au Caire. (v.o.). &. Série Club 23.30 Rossini. Stabat Mater. CANAL + 22.10 Multipistes. Guerriers et sorciers. Odyssée Avec Barbara Frittoli, soprano ; 22.35 Banacek. 22.30 Surpris par la nuit. 20.15 Reportage. Sonia Garassi, soprano ; Les Traces fantômes. %. 13ème RUE L’Ecole des cornacs. Arte Giuseppe Sabbatini, ténor ; 23.00 X-Files, l’intégrale. 15.25 Bertrand Blier par ses acteurs. Michele Pertusi,basse. ParisPremière FRANCE-MUSIQUES 21.00 Sur la route Kitsunegari %. Schizogonie %. M6 15.55 Le Journal du cinéma. 0.30 Scriabine. 23.10 Columbo. Attention, le meurtre avec Ray Barretto. Muzzik Avec Ivo Pogorelich, piano. Mezzo 16.05 Vénus Beauté (Institut) a 19.07 A côté de la plaque. peut nuire à votre santé. TF 1 Film. Tonie Marshall. &. 21.00 Les marmottes 0.40 Debussy. 20.00 Concert. Par l’Orchestre 0.40 The Practice. La vérité philharmonique de Radio France, Prélude à l’après-midi d’un faune. f En clair jusqu’à 21.00 font du cinéma. Odyssée et ses conséquences. &. M6 dir. Jukka-Pekka Saraste : Œuvres Avec Karl Heinz Zöller, flûte. Par 17.45 C’est ouvert le samedi. de Sibelius, Debussy, Schoenberg. 21.05 California Visions. l’Orchestre philharmonique de Berlin, 1.30 Les Soprano. [4/6] Canal Jimmy dir. Herbert von Karajan. Mezzo Isabella (v.o.). %. Canal Jimmy 18.15 Flash infos. 22.30 Alla breve. 18.20 Nulle part ailleurs. 22.45 Jazz Club. 20.05 Le Vrai Journal. Spécial mairie de Paris. RADIO CLASSIQUE 21.00 Un plan simple aa Film. Sam Raimi. %. 18.30 Le Magazine. 22.55 Exodes. Amazonie - Brésil. 20.15 Les Soirées. Œuvre de Mozart. 22.50 Le Voyeur aa 20.40 L’Ecosse des Romantiques. nistes se rassemblent d’un côté, les Michael Powell. Avec Carl Boehm, 23.00 Trafic d’influence CINÉTOILE CINÉ CLASSICS Film. Dominique Farrugia. &. Œuvres de Weber, Mendelssohn, batteurs et les trompettistes d’un Moira Shearer (GB, 1960, v.o., Moscheles, Schubert, etc. 115 min) &. Cinéfaz 0.30 Spin City. 19.30 A Great Day in Harlem a autre. Peu avant 15 heures, le mi- 21.45 Boulevard Retour vers le futur IV. &. 22.40 Opéra. La Résurrection et l’ascension 23.00 Ragtime aa de Jésus Wq 240, de CPE Bach, Un matin de 1958 à Harlem, au racle surviendra enfin. A plus de des passions aa Milos Forman (Etats-Unis, 1981, 0.55 Seinfeld. Les imperméables. &. par le Collegium Vocale de Gand coin de Lennox Avenue et de la trente-cinq ans de distance, ce do- Une danseuse s’attire la haine du 155 min) &. Cinétoile 1.35 Les Légions de Cléopâtre aaa et l’Orchestre of the Age of Film. Vittorio Cottafavi. &. Enlightenment, dir. P. Herreweghe. 125e Rue. Robert Benton, futur cumentaire enchanteur et vivant shérif corrompu et corrupteur 0.45 La Comédie du bonheur aa Marcel L’Herbier (Fr. - It., 1942, réalisateur, assisté d’Art Kane, de Jean Bach, Susan Peehl et Mat- d’une petite ville des Etats-Unis. N., 95 min) &. Ciné Classics jeune directeur artistique, ont ren- thew Seig nous propose la chro- Refusant de partir, elle séduit l’ad- 0.45 La Loi du désir aa SIGNIFICATION DES SYMBOLES dez-vous, malgré l’heure matinale nique de ce cliché. Souvenirs et versaire politique du représentant Pedro Almodovar (Espagne, 1986, Les codes du CSA Les cotes des films v.o., 110 min) ?. Cinéfaz – 10 heures – pour figer le temps anecdotes de protagonistes y de l’ordre. Magouilles pour le pou- & a 1.35 Les Légions Tous publics On peut voir d’une photo, pour un « spécial croisent extraits musicaux et évo- voir, pourriture sociale et ven- % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer de Cléopâtre aaa ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique Jazz » du magazine « Esquire », le cations de figures de l’époque. In- geance d’une femme énergique, Vittorio Cottafavi (It. - Fr. - Esp., 1959, 105 min) &. Canal + ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + plus grand nombre de musiciens crédulité et émotion affleurent Boulevard des passions, de Michael ! Public adulte DD Dernière diffusion de jazz du moment. Petit à petit, dans ce récit où humour et amitié Curtiz, permit à Joan Crawford de 1.35 Cotton Club aa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Francis Ford Coppola (EU, 1984, # dans un beau désordre, les pia- vive subjuguent la mélancolie. revenir au premier rang des stars. 125 min) &. Cinétoile Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ2104--0034-0 WAS LMQ2104-34 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:20,11, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 0487 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 21 AVRIL 2000 Le groupe de travail sur la Corse Slovaquie : Petit conte de la PJ Vladimir Meciar par Pierre Georges se réunira chaque lundi à Paris LE COMMISSAIRE Hercule Gé- bon suçoté, le moindre verre, la a été appréhendé nétique passait pour un doux ori- moindre brosse à dents, à cheveux, ginal au quai des Orfèvres. Il n’était le moindre fragment de peau, la Matignon demande à chaque ministère de désigner un « M. Corse » par la police pas policier, mais chercheur. Il moindre goutte de sang, de salive n’était pas homme de terrain mais ou de sperme, le moindre papier, INVITÉS, mercredi matin nistre, les affaires corses : le préfet tère de l’intérieur aurait préféré en BRATISLAVA. L’ancien pre- rat de labo. Il n’avait jamais fait demi-timbre, crayon qui aient pu 19 avril, à l’Hôtel Matignon, avant de Corse, Jean-Pierre Lacroix, « M. organiser trois ou quatre. A Mati- mier ministre slovaque Vladimir une enquête de sa vie, jamais in- être léché. Bref, tout ce qui pouvait d’y rester déjeuner, le président de Corse » dans l’île ; Alain Christ- gnon, on a jugé, semble-t-il, que ce Meciar (Mouvement pour une terpellé le moindre suspect et ma- lui faire empreinte. l’Assemblée de Corse, José Rossi nacht, conseiller de Lionel Jospin n’était pas la meilleure façon Slovaquie démocratique, HZDS, nifestait pour les méthodes anti- Donc, on lui rapportait. Et, dès (DL), celui du conseil exécutif, Jean pour les affaires intérieures, « M. d’avancer et deviné qu’en propo- opposition) a été appréhendé, ques de ses présumés collègues le la cueillette, il s’enfermait dans son Baggioni (RPR), le porte-parole de Corse » de Matignon ; et Jean-Paul sant deux groupes de travail, dans la matinée du jeudi 20 avril, plus solide mépris. labo, comme un voleur, comme un la motion « autonomiste », Paul Proust, directeur du cabinet de comme cela avait été évoqué lors par la police, dans sa villa de Le commissaire Génétique chercheur, pour se livrer à Giacobbi (PRG), et celui de la mo- Jean-Pierre Chevènement, ministre de Matignon 2, on aurait mis les Trencianske Teplice (100 km au n’avait pas la religion de l’aveu. d’étranges investigations patrimo- tion « majoritaire », Pierre Chau- de l’intérieur, qui avait soigneuse- élus « de poids » dans l’obligation nord de Bratislava), a annoncé Encore moins celle du flair. Il tenait niales et génétiques, d’où il ressor- bon (divers gauche), accompagné ment préparé la réunion du 6 avril. d’être absent de l’un ou de l’autre, l’agence de presse TASR. l’indice pour passe-temps d’ama- tait avec l’absolue certitude scienti- de l’ancien ministre de la fonction ce qu’ils n’auraient pu accepter que Pour entrer dans la villa, une teur. Et le portrait-robot pour li- fique de l’existence du coupable. publique Emile Zuccarelli (PRG), LOGIQUE DE COPILOTAGE difficilement. unité spéciale de la police a fait thographie de commissariat. Le C’était prodigieux. Et, l’on dira ont mis au point, avec les représen- Du côté des élus de Corse, leur Enfin, la demande des élus de dé- sauter l’entrée, après avoir invité commissaire ne connaissait qu’une même plus, prodigieusement pro- tants du gouvernement, la « mé- nombre – dix-neuf – a été retenu signer des « experts » a été rete- à plusieurs reprises M. Meciar à science policière, celle de la preuve digieux ! Pas une énigme crimi- thode » des discussions sur « l’ave- pour les prochaines rencontres du nue. Pour la plupart, il s’agira de sortir, selon la même source. par l’ADN. A tel point d’ailleurs nelle, pas un de ces casse-têtes po- nir de la Corse », comme s’y était lundi. Chacun des neuf groupes de conseillers ministériels compétents Quelques minutes après l’explo- que dans les locaux que lui avait liciers qui font le charme du engagé Lionel Jospin le 6 avril. Ils l’Assemblée de Corse désignera sur le sujet évoqué : un conseiller sion, l’ancien chef du gouverne- consenti l’administration, il avait métier, qui n’ait sa solution irréfu- sont tombés d’accord sur le prin- donc un représentant. La présence de Jack Lang, par exemple, ministre ment est apparu, encadré par des un jour, d’un tag rageur sur les table, génétiquement correcte ! cipe d’un groupe de travail unique, de parlementaires, des présidents de l’éducation nationale, pour la policiers au visage masqué. murs, tué le père : « Mort à Bertil- A force, évidemment, la chose qui se réunira chaque lundi, à partir des conseils généraux, des prési- réunion sur la langue corse. Le Chef du principal parti d’oppo- lon!» Et qu’il passait son temps qui avait beaucoup séduit, finit par du 15 mai et jusqu’à la fin du mois dents de l’Assemblée et de l’exé- 10 avril, lors d’une réunion des di- sition, M. Meciar, qui est âgé de devant un étrange assemblage inquiéter. Du genre : mais il casse de juillet, autour d’un « thème » et cutif permettra de « doubler » les recteurs des cabinets, Olivier Schra- 57 ans, fait face à une inculpation d’étranges machines en poussant le métier, le commissaire je sais en présence d’« experts ». représentations et d’éviter les fâ- meck a demandé que chaque mi- pour avoir versé des ré- d’étranges cris : « Rapporte ADN, tout ! S’il sait tout, nous ne Du côté du gouvernement, on cheries au sein de familles poli- nistre désigne un correspondant compenses illégales aux membres rapporte bon chien ! ». sommes plus rien. Tous préposés avait aussi resserré le plan de table. tiques qui comptent toutes, peu ou corse au sein de son équipe pour de son gouvernement, évincé La chose avait surpris bien sûr. aux indices ou alors à la circula- L’heure n’est plus aux réunions plé- prou, leurs « autonomistes » et faciliter le travail de M. Christ- suite aux législatives de sep- Et ses collègues, faute d’apercevoir tion ! D’où l’idée, criminelle mais nières ni à la figuration, comme ceux qui leur sont opposés. nacht. La logique de copilotage est tembre 1998. Ces scandales poli- le moindre fidèle limier sous le bu- presque de légitime défense, d’un lors des Matignon « 1 » et « 2 ». Le principe d’un groupe de tra- ainsi complète, indique-on à Mati- tiques et financiers avaient été reau, avaient fini par conclure à complot contre le commissaire. En Etaient présents, comme désormais vail unique a aussi été retenu. Cette gnon. dénoncés à plusieurs reprises par des hallucinations. Ou à une dé- prenant d’infinies précautions gé- chaque semaine, les trois préfets solution avait les faveurs de les Etats-Unis et l’Union euro- pression nerveuse, affection fort nétiques, un groupe de policiers qui suivent, pour le premier mi- M. Christnacht, alors que le minis- Ariane Chemin péenne. – (AFP.) répandue dans la Rousse. Mais la envoya une magnifique lettre ano- chose amusait aussi. Car le ma- nyme au trop efficace collègue : niaque présumé ne cultivait en fait « Commissaire, tu es un bien grand qu’une manie et des plus inno- savant, mais un bien piètre cocu. Tes centes : chaque fois qu’une brigade enfants ne sont pas tes enfants ! » sortait en ville pour le plus menu L’odieux poulet troubla le meurtre ou le plus insignifiant hold commissaire. Si bien qu’un jour, il up, le commissaire Génétique pas- confia à ADN, des cheveux de ses sait ses consignes. chères têtes blondes et un cheveu Rapporte ADN, rapporte, bon de son pauvre crâne tourmenté. Et chien ! Le commissaire voulait qu’ADN, cruel limier, fournit l’irré- qu’on lui rapporte tout. Tout de futable preuve de l’infortune suite ! Le moindre cheveu, le conjugale. Sur quoi, le soir même, moindre poil, d’oreille, de nez, de il occit sa moitié. Et se constitua barbe, de torse, ou d’ailleurs. Le prisonnier, en une retentissante ré- moindre mégot, le moindre bon- habilitation de l’aveu ! La directrice des RG de l’Isère a été placée en garde à vue LA DIRECTRICE départementale dont le rôle trouble dans le monde des Renseignements généraux (RG) des jeux avait été évoqué en marge de l’Isère, Brigitte Henri, a été inter- d’une affaire instruite par M. Fradin pellée, mercredi 19 avril, dans le sur des faits de corruption visant le cadre d’une enquête menée par le rachat du casino de Néris-les-Bains juge d’instruction versaillais, Jean- (Allier), en 1992, par l’ancien député Marie Charpier, pour atteinte à la vie (RPR) Georges Tranchant. privée à l’encontre d’un magistrat de Le juge Charpier paraît fonder ses Montluçon (Allier), Etienne Fradin. recherches sur les éléments conte- Les gendarmes ont placé Mme Henri nus dans des lettres anonymes, en garde à vue dans les locaux de la adressées par un mystérieux « cor- section de recherches de la gendar- beau », désignant Mme Henri comme merie à Versailles où elle était tou- auteur de cette éventuelle entreprise jours interrogée, jeudi 20 avril, en fin de déstabilisation. Le magistrat dis- de matinée. poserait de documents attestant Le juge Charpier enquête sur la qu’elle aurait recueilli des informa- diffusion d’une cassette vidéo pré- tions sur l’affaire du casino de Néris- sentant son collègue Fradin, en état les-Bains, sans pour autant faire de d’ébriété, dans le plus simple appa- lien avec l’affaire de la cassette. reil, dansant avec une pantoufle, au Après avoir perquisitionné dans les cours d’une fête réunissant, le locaux des renseignements généraux 27 juillet 1997, une centaine de per- de Moulins et Montluçon (Allier) et sonnes. Des copies de cette vidéo placé en garde à vue deux de ses avaient été envoyées aux autorités membres, le juge Charpier avait déjà judiciaires et à certains avocats. Saisi entendu, le 6 novembre 1998, de ce dossier, le juge Charpier Mme Henri, en qualité de témoin. semble soupçonner une manœuvre de déstabilisation menée par les RG, Jacques Follorou

DÉPÊCHES a LA POSTE : les facteurs du bureau de Nice-Thiers, en grève depuis le 13 mars sur les modalités d’application des 35 heures, ont voté, jeudi 20 avril, la fin de leur mouvement à l’issue d’une assemblée générale à huis-clos. a A NOS LECTEURS : en raison des fêtes pascales, Le Monde ne publiera pas dans les éditions datées du samedi 22 avril et du mardi 25 avril les pages de cotation des valeurs européennes et françaises, la plupart des Bourses étant fermées les vendredi 21 et lundi 24 avril. La page « Tableau de bord » sera maintenue.

Tirage du Monde daté jeudi 20 avril a INVITATION : les action- 2000 : 500 921 exemplaires. 13 naires de la Société des lecteurs du Monde des Alpes-Ma- ritimes sont invités, mardi 25 avril 2000, à la représentation en avant- première de La Vie de Galilée de Bertolt Brecht au Théâtre national de Nice. A 19 heures, un cocktail précé- dera le spectacle. Le conflit à La Poste de Nice a entraîné des per- turbations dans l’acheminement des invitations à cette soirée : les lecteurs concernés doivent prendre contact au plus vite avec le secrétariat de la Société des lec- teurs au 01-42-17-25-01 ou au 01- 42-17-28-43. LeMonde Job: WIV1600--0001-0 WAS LIV1600-1 Op.: XX Rev.: 19-04-00 T.: 19:33 S.: 111,06-Cmp.:20,07, Base : LMQPAG 31Fap: 100 No: 0015 Lcp: 700 CMYK

VENDREDI 21 AVRIL 2000

CHARLES DE GAULLE LES ARDENTS ET LES TIÈDES Le Feuilleton de Pierre Lepape La Chronique et la chronique politique de Roger-Pol Droit de Thomas Ferenczi page VI pages II et X CHARLES DU BOS SUSAN MINOT SARTRE RAPT CONJUGAL page III page IV pages VIII et IX page XI bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbL’arbre entre mémoire et pouvoir

un corpus négligé, mal inventorié, sement des savoirs, des juristes, A travers deux essais tions juridiques le cédant aux im- Zuber (sacres, funérailles et entrées souvent pas même édité, l’histo- gagne le monde des clercs et bien- pératifs politiques, si la petite royales) et retrouve dans la figure rienne, rassemblant une iconogra- tôt celui des savants, des « figures remarquablement Jeanne renonce à ses droits –, c’est de la reine, incarnation à part en- phie aussi rare que précieuse, re- de présentation » soutenant des ta- donc qu’elle en avait ! Certains ont tière de la souveraineté, le double prend le dossier à la base et scrute bleaux de consanguinité disent neufs, la médiéviste voulu lire ce coup de force du statut d’une sujette (quand la reine la représentation du lien de parenté l’ancêtre premier qui tient et comte de Poitiers comme un ostra- meurt, rien ne lui survit) et d’une chez les Latins pour mieux perce- contient sa descendance. Il faut at- Christiane cisme politique à l’encontre des souveraine dont le statut ne varie B ernard Gui, en bon do- e voir en aval le rôle de l’imaginaire tendre le XIII siècle pour que femmes – c’est ainsi que l’interpré- pas, quand bien même, au fil de minicain, conçut au début du proprement médiéval. Et force est l’arbre échappe au statut de simple Klapisch-Zuber et la teront les juristes du Grand Siècle. l’affirmation absolutiste, son rôle XIVe siècle nombre d’instruments de constater à la suivre que les figure de démonstration pour in- Avec modération, Fanny Cosandey comme sa fonction changent in- de travail où il vulgarisait sa solide images concurrentes ne manquent carner, des racines entées sur l’ori- moderniste Fanny souligne que l’accès des femmes à sensiblement : après Anne d’Au- érudition. Il écrivit ainsi vers la fin pas. La longueur des stemmata ro- gine aux plus fins rameaux, pro- la pairie n’est pas alors remis en triche, aucune n’échappe à une re- du règne de Philippe le Bel, outre messe d’avenir, l’idéale Cosandey analysent la cause et que le souci seul de l’unité légation de fait, la gloire une chronique, un abrégé et un ca- Philippe-Jean Catinchi métaphore généalogique du royaume a présidé à une déci- olympienne d’un roi absolu ne sup- talogue des rois de France, un dont le biblique arbre de naissance de l’identité sion qui devait faire long feu, portant plus le partage. Sans doute, Arbre de la généalogie des rois des mains, sorte de « tableau sélectif Jessé va représenter le pendant concourant donc à l’élaboration le fantasme marial de Marie de Francs. L’ouvrage, qui rencontra un des gloires de la famille », témoigne, mystique. généalogique. d’un Etat moderne. Contrecoup Médicis héroïsée en vingt-trois vif succès, est semble-t-il le premier avec celle des cortèges funèbres, du Le goût de la représentation gé- des crises successorales du toiles par Rubens – était déjà un à associer fermement les notions souci de revendiquer une ascen- néalogique n’a rien de futile. Outre Au péril des femmes XIVe siècle, Charles V, puis Charles rêve anachronique. d’« arbre » et de « généalogie » ; dance ancienne pour mieux asseoir sa portée didactique, c’est par lui VI régissent le cas épineux des mi- Ne restait à la reine qu’à remplir par ailleurs, s’il met l’accent sur le prestige et autorité. que l’on défend son droit ou, à l’in- norités royales. Simple dépositaire la fonction génératrice qui assure la relais successoral, il intègre les Les juristes devaient donner un verse, maquille ses usurpations. réorganiser les tombes royales à d’une délégation du pouvoir, le filiation et lui promettait une place reines et les descendants du lignage usage géométrique à ces représen- Mais plus encore, il permet d’éla- Saint-Denis pour mêler les repré- régent ne dispose pas de l’autorité de choix dans l’ombre des ancêtres. qui unit les trois dynasties au pou- tations – triangulaire ou trapézoï- borer dans les centres monastiques sentants des trois dynasties, c’est la du monarque, inhérente à sa na- voir depuis le mythique Phara- dal –, qui permet de visualiser le un nouveau langage dont la pierre modification de l’image qui clame ture. L’OMBRE DES ANCÊTRES mond. Soudant chronique et gé- degré de parenté. Ces tableaux ne de touche est la notion de memoria. la continuité. Au risque de passer Dès lors, la reine, régnante ou Essai sur l’imaginaire néalogie par l’image, Gui retrouvait sont pas statiques, mais animés par Diverses formules prennent en de support de connaissance à ins- douairière, est la mieux placée médiéval de la parenté là un recours déjà en vogue chez un flux, sève ou sang, qui irrigue un compte cette mission, et le premier trument de propagande. pour se voir investie d’une tâche de Christiane Klapisch-Zuber. les Plantagenêts dès le XIIe siècle, corps collectif où s’inscrivent la vie arbre généalogique, celui de la Pourtant, l’arbre peut aussi de- capitale. De fait, aucune régence ne Fayard, « L’Esprit de la cité », et que les clercs réservèrent long- et l’identité. Ajoutons-y le cercle, la grande famille souabe des Welfes, meurer un formidable outil d’ap- lui échappera (si l’on excepte Char- 450 p., 175 F (26,67 ¤). temps à l’exégèse des généalogies ligne, le « rinceau habité », et n’en est qu’une parmi d’autres. Ces prentissage, de la raison comme de lotte de Savoie, à qui Louis XI pré- En librairie le 26 avril bibliques. l’homme médiéval dispose d’« une expérimentations n’excluent ni les la foi, et en marge des enjeux féra sa fille Anne de France, et, Pourtant, rien ne commandait la riche panoplie de concepts, de repré- emprunts ni les fusions, mais dynastiques, Christiane Klapisch- faute d’élément féminin, Philippe LA REINE DE FRANCE métaphore végétale de l’arbre pour sentations figurées et de traditions l’image l’emporte puisque désor- Zuber sait faire place à l’Arbor d’Orléans à la mort de Louis XIV). Symbole et pouvoir dire la parenté. C’est ce qu’établit formelles » dont il fera un usage de mais le nom, toujours nécessaire scientiae, véritable « encyclopédie Etablissant avec rigueur le rôle XVe -XVIIIe siècles Christiane Klapisch-Zuber dans plus en plus codifié. Tandis que sous l’icône, perd de son autono- forestière », de Raymond Lulle et à symbolique et la dimension poli- de Fanny Cosandey. L’Ombre des ancêtres. Interrogeant l’arbre schématique, outil de clas- mie. Lorsque Philippe le Bel fait la prédication des mendiants (pour tique de la reine moderne, Fanny Gallimard, « Bibliothèque le dominicain Maurice de Leyde, Cosandey explore les mêmes des histoires », 436 p., « prêcher, c’est faire un arbre »). Ce sources que Christiane Klapisch- 165 F (25,15 ¤). n’est que lorsque la solution de l’« arbre d’engendrement », qui symbolise la descendance à venir par un arbre sortant du person- nage, s’impose au tournant des XIVe et XVe siècles que l’arbre végé- tal dit sans masque le schéma gé- néalogique. Le faste inouï des mises en scène des funérailles comme des entrées royales établit seul le statut unique des mo- narques puisque désormais l’arbre contient dans l’imaginaire de cha- cun l’élan vers le ciel, le salut, l’ave- nir et l’ancrage dans une matériali- té qui dit le passé, l’origine et le sol. Parmi les documents livrés dans le cahier iconographique de L’Ombre des ancêtres, il en est un d’une saveur singulière : c’est la présentation des Carolingiens après Charles le Chauve, tirée des Vie et miracles de saint Denis, d’Yves de Saint-Denis, offerts à Philippe V le Long en 1317. On y justifie la filia- tion carolingienne des Capétiens par les femmes, comme pour re- pousser le spectre de l’usurpation de 987. Quand on se souvient que, moins d’un an plus tôt, le roi Phi- lippe a « inventé » une loi dite « sa- lique » pour écarter du trône sa nièce Jeanne, fille de son frère Louis X – et avec elle les femmes du trône des lis – , on mesure l’ironie qu’il y a à se prévaloir d’une filia- tion dont on clame la vanité. Dans un essai dont on s’étonne qu’il n’ait pas déjà été tenté, Fanny Cosandey revient avec pertinence sur ce moment-clé, d’une rare am- biguïté, qui devait sceller le sort des femmes dans la vie publique. Am- biguïté, d’abord, car, les considéra-

« Généalogie de l’infant Don Fernando de Portugal » par Simon Bening (1530-1534) GIRAUDON LeMonde Job: WIV1600--0002-0 WAS LIV1600-2 Op.: XX Rev.: 19-04-00 T.: 18:30 S.: 111,06-Cmp.:20,07, Base : LMQPAG 31Fap: 100 No: 0017 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 le feuilleton

de Pierre Lepape b MÉMOIRES d’exil intérieur des années 50, sont commandés par la de Charles de Gaulle. perspective d’un retour au pouvoir, lequel exige une Edition revivification – un peu mythique parfois – de la mé- de Marius-François Guyard. moire. Les volumes des Mémoires d’espoir, entrepris Introduction par Jean-Louis dans la retraite de Colombey, sont une manière de Crémieux-Brilhac, testament, moins destiné à favoriser la fortune de la chronologie de Jean-Luc Barré. succession qu’à s’assurer, sans trop d’illusion, de la Gallimard, L’écrivain conservation du patrimoine. « Bibliothèque de la Pléiade », Au reste, dans cette ultime entreprise que la mort a 1 648 p., 395 F (60,22 ¤) laissée inachevée, on sent que le cœur n’y est plus. Le jusqu’au 30 juin. froid s’est installé. Le vieil homme dévide à Colombey les péripéties d’une histoire chronologiquement plus n connaît la thèse de Paul Bénichou selon et le Général proche, mais imaginairement plus lointaine, en tout laquelle le pouvoir spirituel, en France, est cas plus plate. Celle des Français plutôt que de la passé progressivement, depuis le milieu du France ; celle de Pompidou plutôt que la sienne. Com- XVIIIe siècle, de l’Eglise à la littérature. Nos ment voulez-vous faire du style avec les variations du Ogrands prêtres sont (ou étaient ?) nos grands écrivains. PIB et la multiplication des kilomètres d’autoroutes ? Ils ont pour mission de donner ce qu’il convient de lé- On parlait destin, grandeur, volonté, salut, renouveau, gitimité sacrée au pouvoir temporel de nos princes, on voguait sur les siècles, on tutoyait les dieux, on dia- désormais laïques et républicains, singulièrement pri- loguait avec la France comme Jeanne d’Arc avec les vés de transcendance. Hugo est évidemment la figure archanges. Et nous voilà réduits aux rapports d’un emblématique de cette puissance, parvenant à lui seul « Grand écrivain », de Gaulle ? cine les mots dans la profondeur de l’expérience in- conseil d’administration. Il n’y a plus rien pour soule- ou presque à plonger le second Empire dans la gé- time, donne du relief aux détails, de la force aux ver la plume. Les mots le cèdent aux chiffres, c’est-à- henne et à donner à la République troisième du nom La noblesse du drapé, le burinage digressions. C’est la fameuse « certaine idée de la dire que de Gaulle recopie, l’esprit ailleurs, les notes un lustre et un éclat sans mesure commune avec la di- France », à condition qu’on la couple sans cesse avec de son documentaliste : « Le taux annuel moyen de mension fort modeste de ses chefs politiques. du portrait ou le ponçage de la maxime « une certaine idée de De Gaulle ». Cette double et iné- 5,5 pour 100 ambitieusement prévu pour l’accroissement Etre écrivain, pour un homme d’Etat français, c’est branlable obsession structure fortement le texte gaul- de la production intérieure brute, sera nettement dépas- donc toujours tenter de jouer sur les deux tableaux, l’arrachent au langage ordinaire lien. Elle en commande l’architecture, le lexique, les sé, allant jusqu’à 7,2 pour 100 en 1962, 6,3 pour 100 en être à la fois l’action et la critique de l’action, le gou- systèmes narratifs. Elle dote l’enchaînement des évé- 1963, 7 pour 100 en 1964, cela notamment en raison de verneur des choses et celui des mots qui les nom- de l’actualité. Il est le détenteur d’une nements et des péripéties d’une âme, et l’histoire d’un l’activité industrielle qui, au cours de ces trois années, ment : le sabre et la plume – laquelle remplit désor- sens. L’envers de cette assurance massive, c’est le côté monte respectivement aux indices 120, 128, 138 par rap- mais le rôle autrefois dévolu au goupillon. langue hors du temps, d’un idiome quelque peu monocorde du propos, son ordre étouf- port à celui de 100 en 1959. » César et Retz sont loin. Encore convient-il de ne pas écrire n’importe quoi. fant, dans le récit de ce qui fut, avant tout, une extra- Quelques poèmes de jeunesse, des articles dans des réservé aux élus du destin français. ordinaire aventure. Pas de place pour l’ombre, pour le es Mémoires de guerre ont une autre allure. Il revues littéraires d’avant-garde, une pièce de théâtre doute, pour le roman ou pour la farce. Pas de Shakes- s’agit alors d’offrir à l’histoire le marbre de la pour ses condisciples d’école ou d’université sont A peine est-ce lui qui écrit : c’est l’Etat. peare chez de Gaulle. Et pas de Charles non plus, c’est légende. Le style est choisi et calibré en fonc- bienvenus. Ils sont la marque d’un caractère ardent, le grand absent de ces Mémoires : le Charles qui sent, tion de cet objectif. L’archaïsme ou, si l’on idéaliste et néanmoins ouvert à la communauté. Mais l’Etat n’est pas écrivain qui débat, qui souffre, qui pense est entièrement dé- Lpréfère, le classicisme de la phrase gaullienne sont Compiler une anthologie des poètes français, c’est en- voré par le personnage de Gaulle. L’auteur lui-même sans doute, pour partie, un effet de son éducation, de core s’inscrire modestement mais avec noblesse dans Barthes refusent d’emboucher la trompette et affir- est un personnage racontant un personnage, pas une ses maîtres, de ses auteurs favoris. De Gaulle est de la continuité d’une culture millénaire. En revanche, ment que de Gaulle est un imitateur – « follement ana- personne. son époque et de son milieu, plus portés sur la célé- s’égarer dans le roman de gare et à un âge avancé chronique », écrit Barthes – plutôt qu’un créateur, leur bration du passé que sur l’invention de l’avenir. A quoi comme le fit un ancien président de la République est jugement est tout de suite entaché de passion poli- e fameux « style » gaullien est directement lié il convient d’ajouter les ornements et les raccourcis plus qu’une faute de goût : une erreur de distribution tique et de rancune partisane. Comme si la sérénité et à cette absence. On a trop souvent discuté des d’une certaine rhétorique militaire. Mais son travail qui confine à la gaffe historique. la juste balance se trouvaient à tout jamais du côté du qualités d’écrivain du Général en se focalisant d’écrivain consiste souvent à en remettre encore dans En décidant de faire entrer les Mémoires de Charles « oui ». sur cette trop fameuse histoire du « style » – la noblesse du drapé, dans le burinage du portrait ou de Gaulle dans la « Bibliothèque de la Pléiade », c’est- « Grand écrivain », de Gaulle ? Essayons de voir. Lcomme s’il s’agissait du critère suprême. Les uns se dans le ponçage de la maxime afin d’obtenir un cer- à-dire dans le temple symbolique des grandes œuvres D’abord ses livres s’inscrivent dans une tradition par- sont donc enchantés du rythme de sa période latine, tain nombre d’effets et d’artifices qui arrachent de de la littérature universelle, les éditeurs ont pris un ticulière, celle des Mémoires d’Etat, dont Pierre Nora d’autres de son ampleur oratoire à la Bossuet, d’autres Gaulle au langage ordinaire de l’actualité. Il n’est plus autre genre de pari : affirmer qu’un des hommes a montré qu’elle correspondait à une vision de l’his- encore de son emphase lyrique, à la Chateaubriand un le contemporain de ses minuscules contemporains en- d’Etat les plus illustres de notre histoire nationale était toire et du pouvoir qui n’avait guère plus cours (1). tantinet revisitée par Malraux. De l’autre bord, on glués dans la routine démocratique, mais le détenteur également l’un de ses plus illustres écrivains. C’est ou- Lire de Gaulle, c’est accepter de regarder notre siècle s’est moqué de ces vêtements d’emprunt, de son affi- d’une langue hors du temps, d’un idiome réservé aux vrir un procès intéressant, mais peut-être prématuré. avec des yeux d’un autre âge, ceux de Retz, de Riche- chage théâtral des signes de la littérature, « bref de ce élus du destin français. A peine est-ce lui qui écrit : Les présentateurs de cette édition le sentent bien. lieu, de Chateaubriand ou de Napoléon, voire avec castillanisme à la Ferrante, panache des vieillards fran- c’est l’Etat. Mais l’Etat n’est pas écrivain. Encore le font-ils à sens unique. Dans l’excellent dos- ceux de César ou de Cicéron. Ce dépaysement est d’un çais, qui ne cesse de hanter notre littérature, de Corneille Pour que s’écrive vraiment de Gaulle, dans la littéra- sier de presse qu’ils consacrent à la réception des Mé- charme indéniable qui tient à l’étrangeté particulière à Montherlant » (Barthes). ture et non plus dans l’imaginaire politique, il faut une moires du Général, ils alignent, comme des bulletins du déjà vu, du déjà lu s’appliquant à une matière iné- Débat assez vain. En réalité, il n’y a pas un style autre plume, un autre écrivain. Les Mémoires du Géné- de victoire, les citations critiques qui saluent « le dite. Mais nous ne pouvons pas attendre de ce trésor d’écriture gaullien. Ils varient avec les circonstances, ral appellent les Antimémoires de Malraux. grand écrivain ». Cela va d’Emile Henriot dans Le de réminiscences l’éclat et l’émotion de l’invention. les buts poursuivis, les matières à traiter. De Gaulle Monde à Claude Roy dans Libération, lequel applaudit Comme dans toute œuvre littéraire d’envergure, il y écrit moins qu’il ne communique. Persuader et ensei- (1) Pierre Nora : « Les Mémoires d’Etat : de Commynes à de à « l’un des grands écrivains latins de langue fran- a dans les Mémoires la présence dévorante d’un fan- gner, voilà ses objectifs et sa pratique. Les trois vo- Gaulle », dans Les Lieux de mémoire, « La Nation », tome II, çaise ». Pourquoi pas ? Mais lorsque Revel ou Roland tasme central qui donne sa couleur à l’ensemble, enra- lumes des Mémoires de guerre, rédigés dans la période pp. 355-400, Gallimard, 1986.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb L’autre de Gaulle Une tradition qui se meurt Relevant les différentes variantes des « Mémoires », Les Mémoires ne font plus recette auprès des hommes politiques qui Jean-Luc Barré nous révèle le travail d’automythification de l’écrivain jusque-là étaient les tenants d’un genre en voie de mutation

orsqu’il se rend en visite of- tion sérieuse des Mémoires de de Imagine-t-on de Gaulle « dévoré a posture du mémorialiste une manne chez les hommes d’Etat tretiens avec François Mitterrand : ficielle au Royaume-Uni en Gaulle. Responsable du relevé des de chagrin » ? Sans doute pas selon fait-elle encore rêver les étrangers, et continuent à investir « Mémoire à deux voix ? La mienne, L avril 1960, le général de variantes, Jean-Luc Barré révèle ain- lui. C’est pourtant la formule qui lui L hommes politiques, les édi- dans leurs Mémoires, bien qu’ils on l’entend à peine. » (6) Gaulle, depuis peu pré- si l’écrivain, qui peine, rature, livre vient dès les premières pages de teurs et le public ? «La représentent parfois « un effort édi- Actuellement, le genre des Mé- sident de la République, retrouve jusqu’à cinq versions de son texte L’Appel, évoquant la faillite du prin- tradition française des Mémoires torial colossal », comme le souligne moires lui-même se transforme, Winston Churchill. A quatre-vingt- (deux manuscrites, puis au moins temps 40, justement conclue en dé- d’Etat s’exténue », remarque l’histo- Jean-Paul Bertrand, aux éditions comme en témoignent les derniers cinq ans, l’ancien premier ministre autant sous forme dactylogra- bâcle : une exhibition impitoyable- rien Pierre Nora, qui a analysé le du Rocher. Les mille pages des Mé- succès éditoriaux. Avec la réussite lui semble « une lumière qui phiée), où les repentirs lissent le té- ment biffée dès la première copie. genre dans Les Lieux de mé- moires de Mikhaïl Gorbatchev, qu’il de C’était de Gaulle d’Alain Peyref- s’éteint ». A lire les Mémoires d’es- moignage privé pour privilégier une Ailleurs, son « cœur d’Européen » moire (1). Dans la double lignée des a publiés en 1997 après un an de fite (voir page X) ou de Verbatim de poir, l’homme lui répète : « Vive la figure presque impersonnelle, à masque aujourd’hui un mouve- chefs d’Etat, auteurs de fresques négociation des droits, ont coûté Jacques Attali (7), on revient, France ! » (« les derniers mots que force de refus de la confession. ment ternaire où l’« homme » et le historiques, et des grands écrivains 450 000 F de frais de traduction. semble-t-il, à la figure première du j’entendrai de lui »). L’anecdote est Comme une œuvre d’art édifiée pa- « chrétien », trop impudiques sans au verbe sublime, « de Gaulle re- Mais l’effort financier n’est pas mémorialiste, sur le modèle de Phi- forte, la formule sans ambiguïté. tiemment, qui se veut acte politique doute, ont cédé à la perspective po- présente à la fois l’apogée et le chant seul en cause. L’éditeur doit aussi lippe de Commynes, de celui qui a Toutes deux sont fausses pourtant : et outil pédagogique pour oser riva- litique. Comme si l’écriture permet- du cygne ». Pierre Nora note ainsi gagner la confiance du mémoria- été le familier d’un grand et qui a les deux hommes se reverront une liser avec l’ombre de Chateau- tait à un homme blessé de re- que le souci de mémoire passe plus liste. C’est la publication des Mé- pénétré les arcanes du pouvoir. Par dernière fois six mois plus tard à briand. prendre l’initiative avec l’arme fréquemment aujourd’hui par la moires du général Gratchev, ancien ailleurs, l’intérêt du public évolue, Nice, et le premier état du texte de Historien contemporaniste de suprême : le mot. N’oublions pas publication de simples documents porte-parole de Mikhaïl Gorba- notamment vers l’intime : «Les de Gaulle nous révèle que l’apos- formation, Jean-Luc Barré s’était que les Mémoires de guerre sont ré- ou le dépôt d’archives, sur tchev, aux éditions du Rocher, qui a Mémoires des femmes des chefs trophe du « Vieux Lion » était plus déjà penché, en biographe, sur des digés alors que de Gaulle pense de- l’exemple de Valéry Giscard d’Es- incité ce dernier à choisir le même d’Etat se vendent toujours très bien, personnelle (« Amitié »). hommes d’influence restés dans voir faire le deuil de sa carrière poli- taing. éditeur. Chez Plon, Olivier Orban parfois mieux que ceux de leurs C’est à ce genre de correction de l’ombre : Philippe Berthelot et tique après l’échec du RPF, puisque Pour autant, les hommes poli- insiste sur « le rôle crucial de l’édi- époux. De même, les Mémoires d’en- perspective que l’on mesure l’inté- Jacques Maritain. Malgré la renom- si le projet en remonte au lende- tiques contemporains n’ont pas teur. Pour l’homme politique, c’est sa fance ont un grand succès. Le pre- rêt de disposer désormais d’une édi- mée de son nouveau sujet, le projet main de son départ du gouverne- cessé d’écrire, ni renoncé à postérité qui se joue dans ses Mé- mier tome des Mémoires de Jean- n’est pas sensiblement différent, ment en février 1946, il ne se convaincre la postérité. « Ils conti- moires. Pour l’éditeur, ils repré- François Deniau a ainsi mieux mar- puisque la consultation des archives consacre vraiment à la rédaction nuent à prendre des notes et à les sentent une œuvre unique, différente ché que le second », constate privées du général lui permet d’ap- qu’à partir du printemps 1953. conserver, comme Edouard Balladur d’un roman par exemple, dont on Olivier Orban. On n’assiste donc procher au plus près la solitude par- Mu par une conscience éminente que j’avais contacté après son dé- sait qu’un autre pourra suivre ». pas à une disparition du genre, ticulière de l’homme de Londres, fu- de sa valeur, mais trop marginal ou part de Matignon. Mais c’est le geste mais à un statu quo plus ou moins nambule au-dessus de l’abîme dans rebelle pour s’imposer en douceur, même du mémorialiste qui leur est AUTRES FORMULES inquiétant : « On est dans une ce qu’il appelle lui-même « le grand de Gaulle est écrivain en ce qu’il devenu difficile. Le genre les inti- Pour contourner les contraintes période où le genre cherche à se re- jeu », tant l’autorité qu’il s’invente s’accomplit dans le verbe, specta- mide », analyse Olivier Orban, di- imposées par ce genre monumen- nouveler », diagnostique-t-il. Dans dans le camp allié ressemble à un culaire et manipulateur. L’homme recteur des éditions Plon, qui a pu- tal, éditeurs et auteurs ont recher- ce sens, les éditeurs citent comme coup d’audace où la ruse le dispute de l’appel du 18 juin, du « Je vous ai blié les Mémoires du général de ché des formes plus souples. exemples des tentatives indivi- au défi crâne. compris » et du « Québec libre » a le Gaulle. Les grands commis de Alexandre Wickham avance que duelles, comme les chroniques sens du théâtre. S’il allège souvent, l’Etat, jusque-là tenants du genre, Valéry Giscard d’Estaing a ainsi d’Alain Peyrefitte qui, d’après RECOMPOSITION il surcharge volontiers incipit et rechignent à la tâche. « Quand j’ai inauguré avec Le Pouvoir et la Vie Alexandre Wickham, « propose un Ce qui frappe le plus à la lecture conclusions avec un souci de l’effet sollicité François Mitterrand pour « un genre de Mémoires plus anec- rythme de lecture plus rapide, en des versions originales d’un travail qui doit plus à Rostand qu’à Cor- qu’il écrive ses Mémoires », raconte dotiques » ; mais, malgré « le succès fondant son livre sur des dialogues, si minutieusement contrôlé, rema- neille ; il a la grandeur de dépasser Olivier Orban, « il m’a répondu : populaire » (3), peu d’auteurs ont sans se départir d’une certaine dis- nié dans l’effort et comptable de la les contingences trop ordinaires, et “Mais donnez-moi donc une idée voulu renouveler l’expérience. tance critique ». Ou encore comme moindre intention lexicale, c’est apaise par ses retouches quelques pour les écrire.” Il trouvait ce genre Dans les années 1980, les livres Le Rapport Gabriel de Jean d’Or- l’inexorable estompage du moi indi- charges dont la violence lui semble littéraire assommant. » d’entretiens politiques prennent le messon (8), où l’auteur joue avec viduel, libérant le champ à un vaine. Malgré la pénurie de grands relais. C’est d’ailleurs cette solution les codes de l’autofiction. double mythifié qui occulte le per- On s’étonnera cependant qu’il ait hommes prêts à subir l’épreuve du qui aura finalement la faveur de Fabienne Dumontet et sonnage privé. Le premier jet est écarté du Salut son réquisitoire feu, les éditeurs continuent à solli- François Mitterrand dans au moins Jean-Louis Jeannelle pourtant souvent passionnel, d’une contre Vichy, heureusement resti- citer les « personnalités à Mé- deux de ses livres publiés chez grande liberté, bien moins élaboré tué ici (« Désunion ») ; une raison moires ». Certains, comme Jean- Odile Jacob : Mémoires interrom- (1) Gallimard, 1986. que ce qui sera rendu public. Ses de plus pour saluer ceux qui ont osé François Deniau, auteur des Mé- pus, entretiens avec Georges-Marc (2) Plon, 1994 et 1997. proches, tel son frère Jacques, n’ap- « pour la première fois investir le mo- moires de 7 vies (2), ont été Benamou en 1996 (4), et Mémoire à (3) Compagnie 12, 1988. paraissent plus au final qu’aux pas- nument » où l’ombre de Barrès approchés par trois éditeurs au deux voix en 1995 (5), en collabora- (4) Le Monde du 24 avril 1996. sages où ils portent une exemplarité contient la sensiblité péguyste. Un moins, qui pressentaient sans tion avec l’écrivain Elie Wiesel. (5) Le Monde du 11 et du 14 avril 1995. réelle, l’affectif cédant toujours à un champ clos à la mesure de l’écri- doute en lui « l’homme d’esprit, un L’utilisation de ces nouvelles for- (6) ... Et la mer n’est pas remplie, Mé- refus de concéder quoi que ce soit à vain. vrai personnage », avance mules a parfois de quoi laisser rê- moires III (Seuil, « Points », 1996). ce qui serait l’expression d’un senti- Ph.-J. C. Alexandre Wickham, chez Albin veur. Elie Wiesel lui-même portera (7) Fayard 1993 et 1995. ment. Lire également page X Michel. Les éditeurs trouvent aussi un regard acerbe sur le livre d’en- (8) Gallimard, 1999. LeMonde Job: WIV1600--0003-0 WAS LIV1600-3 Op.: XX Rev.: 19-04-00 T.: 18:24 S.: 111,06-Cmp.:20,07, Base : LMQPAG 31Fap: 100 No: 0018 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / III b Charles Du Bos, ou l’expérience intime de la beauté Démodé, inactuel, le grand critique l’était déjà de son vivant. « Toute la littérature est une incarnation », pensait-il. Le recueil de ses « Approximations », qu’on réédite heureusement aujourd’hui, témoigne de cette approche sensible et spirituelle. Le lire n’est pas un exercice de nostalgie aux évidences moroses et trop ac- sonne. Aimer était, pour lui, plus bien de courts articles de cir- APPROXIMATIONS tuelles, on pourra opposer celle-ci, important que combattre. constance sur des auteurs oubliés de Charles Du Bos. toujours aussi intempestive : lire Son catholicisme (il se convertit que de longues études sur les Préface de Michel Crépu, Du Bos aujourd’hui n’est pas du en 1927, mais sa foi était depuis « grands », morts – Stendhal, Bau- Ed. des Syrtes, 1 526 p., 310 F tout un exercice de nostalgie, un longtemps latente) n’a rien à voir delaire, Flaubert, Benjamin (47,25 ¤). témoignage de passéisme, mais avec celui de Claudel, dont il com- Constant, Amiel... – ou contempo- une manière de renouer certain menta longuement et admirable- rains – Proust, Claudel, Valéry, harles Du Bos ne fit fils invisibles, de rétablir un lien ment les œuvres. Proche de l’abbé Stefan George, Thomas Mann, aucun effort pour dont la culture garde le secret et le Bremond – auteur d’une monu- Hofmannsthal, Walter Pater... – ou échapper au jugement souvenir. C’est, de plus, s’enrichir mentale Histoire littéraire du senti- encore des interlocuteurs privilé- que la postérité ne d’une expérience intime de la ment religieux en France –, sa spiri- giés – Jacques Rivière, Curtius, Ed- manqueraitC pas de porter sur lui : beauté. Si l’on veut bien, avec Du tualité avait le velouté, la mund Gosse... Partout, c’est la écrivain démodé, esprit hors du Bos, concevoir la littérature, et sentimentalité effusive des grands même chaleur – « l’analyse était temps, inapte à rattraper, pour y l’art en général, comme un espace auteurs de l’école française, saint ferveur, l’analyse était l’acte correspondre à tout prix, une mo- spirituel, alors la destruction n’est François de Sales et Bérulle en d’amour de l’esprit même » – le dernité élevée au rang d’idole. Dé- pas irrémédiable. tête. François Mauriac pensait que même élan. Le propos de Du Bos modé, inactuel, il l’était déjà de Charles Du Bos voit le jour tout ce qu’avait écrit Du Bos avant n’est pas d’étalonner les talents son vivant, allant à son rythme, en octobre 1882 à Paris dans une sa conversion était déjà naturelle- – pour lui, on est un génie et on a n’accélérant jamais le pas, interro- famille de la grande bourgeoisie. ment chrétien. du talent. Il s’agit d’abord d’entrer geant sans relâche les maîtres an- Sa mère était anglaise, et son père On ne saurait déduire des écrits dans la logique sensible des ciens aussi bien que les contempo- un ami d’Edouard VII. « Je suis né de l’auteur des Approximations au- œuvres et des auteurs, de s’identi- rains sur le sens de la vie et le à dix-sept ans », dira-t-il : c’est cune théorie explicite de la littéra- fier à eux, puis de s’effacer. La do- mystère de la beauté. De ce point l’âge où il découvre Henri Berg- ture. On n’en trouvera pas non cilité est ici vertu, la proximité exi- de vue, les choses ne pouvaient son. Parallèlement à de brillantes plus à l’origine de son travail. Ce gence, l’exaltation connaissance. guère s’améliorer. Elle se sont ag- études, il fait ses humanités à Ox- que l’on trouve en revanche, c’est La pratique de la citation, longue gravées : il y a fort peu de chances ford, séjourne à Florence, où il se la recherche incessante, à travers puisqu’il s’agit d’abord de donner qu’un climat intellectuel favorable passionne pour Botticelli, à Berlin, tous les auteurs étudiés et surtout à lire, est à cet égard significative. renaisse qui rendrait la lecture de où il se lie avec Georg Simmel, dans son expérience même de lec- Charles Du Bos n’était pas pres- son œuvre aisée ou évidente. Ernst Robert Curtius (1) et Ber- teur, d’une définition qui attache- sé de conclure. Les détours qu’il Dans les années de l’entre-deux- nard Groethuysen. La littérature rait indissolublement la littérature prend sont nombreux, son écriture guerres, celles durant lesquelles il anglaise, Keats en tout premier à la vie. A la fin de la sienne, il écri- est souvent précieuse, gonflée par exerça son discret magistère cri- lieu, donne à son intelligence et à vait : « La littérature est la vie pre- la sympathie, rigoureusement sub- tique, Du Bos œuvra en faveur sa sensibilité sa première tour- nant conscience d’elle-même, jective. Parfois, l’ordre des valeurs d’un esprit européen qui était en nure, à la fois vitaliste et spiritua- lorsque, dans l’âme d’un homme de semble se brouiller. Il traite Jean- train de disparaître. Un esprit que liste. génie, elle rejoint sa plénitude d’ex- Louis Vaudoyer et Baudelaire sur sa triple culture française, anglaise Charles Du Bos est l’un des pre- pression. La littérature est le lieu de le même plan, non du tout parce et allemande lui permettait d’illus- miers à comprendre le génie de rencontre de deux âmes ; car au qu’il confond leur génie, mais sim- trer et qui finit de s’effondrer aus- Proust, avant même que La Re- même titre que le créateur, le lec- plement en raison d’un horizon sitôt après sa mort, en août 1939. Il cherche soit entièrement publiée. teur donne et reçoit ». Et aussi : existentiel et esthétique commun y a quelque chose de beau et de Proche de la première NRF, inter- « Toute littérature est une incarna- à toute la littérature qui l’inté- COLL. CLAIRE MOUTON pathétique à mettre en relation la locuteur de Jacques Rivière, il diri- Charles Du Bos à Pontigny en 1925 tion. » Que dire de telles for- resse. Le dernier texte des Approxi- pensée de Du Bos, sa passion de la gera chez Plon une collection mules ? Peut-être simplement qu’il mations est une méditation sur « la littérature, ses amitiés cosmopo- étrangère, puis travaillera chez Journal, tenu à partir de 1908, et avec André Gide : « C’est un ani- s’en est trouvé, depuis, de plus pé- souffrance physique », dont il lites, et la réalité barbare de cet ef- Grasset, enfin avec Jacques dont les éditions des Syrtes an- mal à sang froid, disait-il de l’au- remptoires, et qu’elles ont fait était devenu familier. L’épreuve de fondrement. On mesure là tout ce Schiffrin, aux éditions de noncent également la réédition, teur de L’Immoraliste, je suis un long feu. Qui d’ailleurs aurait au- la douleur n’écarte pas Du Bos de qui a été détruit. Mais on ne peut La Pléiade. Dans les années 1922- est l’autre versant, plus directe- animal à sang chaud » ; Gide, lui, jourd’hui l’inconscience et la littérature. Comme Baudelaire, se contenter de cette sombre vi- 1934, il est le principal animateur ment intime, de son œuvre. avec sa causticité habituelle, écri- l’humble audace de donner ce c’est encore avec une « âme écla- sion. Les livres demeurent, et donc des décades de Pontigny fondées Charlie, comme on le nomma, vait : « Quelles cajoleries n’a-t-il titre, Approximations, à un livre de tante », qu’il veut signer tous ses quelque chose de cet esprit. Préci- par Paul Desjardins, magnifique n’était ni un professeur ni un pas eues pour moi tant qu’il m’a cru critique ? Ce manque d’assurance ouvrages. sément, le bel acte de courage édi- carrefour intellectuel où se re- maître d’école – même si Albert douloureux, inquiet, et qu’il pour- ferait sourire... Patrick Kéchichian torial qui remet en circulation les trouvent tous les grands esprits Béguin, Marcel Raymond, rait jouer le rôle avantageux du Les sept séries des Approxima- Approximations est là pour nous le européens. De santé fragile, il Georges Poulet, Jean Starobinski consolateur ! Il se caressait à moi tions parurent de 1922 à 1937. (1) Le même éditeur vient de faire rappeler. Michel Crépu, auteur multiplie les conférences, notam- ou Jean-Pierre Richard peuvent comme un chat ! » Hormis ce vif Charles Du Bos y rassemblait ses retraduire (par Michel Beretti) le très d’un essai sur Du Bos (éd. Le Félin, ment aux Etats-Unis. Il meurt au s’inscrire dans sa filiation. Il mena, échange, Du Bos ne polémiqua ni aricles, communications et cours, beau livre de Curtius sur Balzac, qui 1990), a chaleureusement préfacé retour de l’un de ses voyages, dans en 1929, un grand « Dialogue » cri- n’entra en conflit intellectuel, poli- dans un ordre assez aléatoire. On date de 1923 (éd. des Syrtes, 430 p., l’impressionnant volume. Ainsi, l’île Saint-Louis, où il habitait. Son tique (à tous les sens du terme) tique ou esthétique avec per- trouve ainsi dans ces pages aussi 160 F [24,39 ¤]).

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Livraisons Lucide, donc désarmé Les grisailles de la vie b BOUQUINER, d’Annie François Vice ou vertu ? Annie François s’avoue bibliophage, boulimique de lecture. Confession impudique ? Ode à une passion fixe ? Les José Cabanis interroge sans concessions Entre sentiments à vau-l’eau et monde de l’usine, 200 pages de son « autobiobibliographie » s’avèrent de salubrité publique : ainsi décliné comme un hédonisme à la fois solitaire le parcours de son existence le roman sobre et intense de Jacques Chauviré et altruiste, le culte du livre s’affirme comme un choix de vie, un combat écologique. L’amoureuse y décline des manies intimes riques de l’époque ne manquent vie. Kramer, un écrivain à qui il a et des coups de cœur personnels qui ne devraient pas sur- LETTRES pas sous la plume du jeune Caba- PARTAGE DE LA SOIF envoyé ses poèmes, le reçoit à Pa- prendre les membres de sa confrérie. Elle lit au lit, répugne au DE LA FORÊT-NOIRE nis, mais elles ne pouvaient em- de Jacques Chauviré. ris. Il lui parle d’une édition pos- marque-page, craint l’emprunt comme un viol (ah, l’angoisse de José Cabanis. prunter qu’un langage codé. Le Dilettante, 225 p., sible, de « renommée ». du prêt à ceux ou celles qui ne rendent jamais rien !), respire Gallimard, 160 p., 85 F (12,96 ¤). « Emile » est Laval, « Jojo » Pétain 99 F (15,09 ¤). Desportes n’y croit pas. Une l’odeur de colle et d’amande amère des volumes neufs, écoute – « qui sont des porcs » –, Lucien lettre lui apprendra plus tard qu’il la petite musique du livre feuilleté (« de la flûte de la Pléiade au ’œuvre de José Cabanis désigne les Anglais, Henri, de tre éditeur demande de avait raison d’être incrédule. Il a basson du Petit Robert »), goûte le plaisir du coupe-papier, res- est hantée par le passé. Gaulle. Et de reprocher à ses pa- l’obstination. Il y a une moins de déception avec Natha- pecte la couche de poussière des rayons assoupis, cajole L’écrivain a, de longue rents, en termes mesurés, une trop dizaine d’années, Le Di- lie, qui remplace peu à peu Maud. l’exemplaire écorché, rafistolé, avachi. date, franchi les fron- grande résignation au pétainisme. lettante publiait un re- Qu’elle soit plus âgée « ne m’a pas Allègre et décapé de toute langue de bois, son art de « bouqui- tièresL du temps pour parler de lui- L’expérience du STO, révélatrice cueilE de nouvelles inédites signées déplu : j’en ai même éprouvé une ner » s’offre aussi, mine de rien, quelques implicites coups de même et de ce qui lui tient à cœur. du besoin d’amour parental, ren- Jacques Chauviré. Ce ne fut pas certaine chaleur, comme un désir gueule. Couplet sur la bibliothèque publique qui « n’est pas une Lettres de la Forêt-Noire (1945- force aussi une prise de un grand succès de librairie. Il y a de protection ». La vie de l’usine maison close », nostalgie des couvertures à uniforme (la 1998) s’inscrit donc dans une dé- conscience chez ce rejeton de la donc un certain courage a rééditer l’accapare, elle seule lui donnant Blanche de Gallimard, le Cadre rouge du Seuil...) abandonnées marche familière. C’est, sous la bourgeoisie provinciale : « Je dois le premier roman de cet auteur le sentiment d’avoir tout de au profit des jaquettes racoleuses que tout bibliophile s’em- forme d’un échange épistolaire à cette expérience de la vie ouvrière qui est de ceux qu’on dit confi- même un peu d’énergie. Et il presse de jeter, mauvaise humeur à l’égard des codes-barres in- avec ses parents, le journal de une horreur opiniâtre pour l’argent, dentiels, roman qui n’est pas loin prendra conscience de ce qu’il re- décents, épouvante ressentie à l’écoute des bons mots et rires bord d’un jeune homme de vingt la propriété, la respectabilité, les ex- d’avoir son demi-siècle. présente, malgré lui, quand, ayant de gorge de certains critiques sur les ondes... Ses pulsions ras- ans contraint d’aller travailler ploiteurs, les bourgeois. » Georges Desportes, le narra- sauvé un ouvrier de la mort, il en sérénèrent (Seuil, 204 p., 89 F [13,57¤]). J.-L. D. dans l’Allemagne nazie, à proximi- De ce quasi-adolescent dont teur, sans être vraiment irrésolu parle avec un autre. Cette conver- té de la Forêt-Noire, et que l’écri- cette correspondance restitue les ou instable, se définit assez bien sation conduit Desportes, qui vain de soixante-seize ans, « plus appels d’une sensibilité aux comme un personnage de carac- croit « avoir renoncé à trouver un vieux qu’à l’âge où ils sont morts », aguets, si avide d’être aimé, tère « flottant ». Médecin d’usine, intérêt à quoi que ce soit », à voir analyse. l’homme qu’il est devenu brosse nous le découvrons le jour où il l’image que cet ouvrier a de lui : Correspondance affectueuse qui un portrait sans aménité : « J’at- est reçu par le directeur, qui n’a « Mon rôle était non seulement de éclaire de biais les épreuves et res- tendais des autres une compréhen- accepté un service médical que venir en aide aux souffrants, mais trictions de l’Occupation. Le jeune sion, une attention, une fidélité, un contraint et forcé. Dès son arri- aussi d’apporter aux autres exilé, occupé à souder des boîtes désintéressement, une indulgence, vée, Desportes, qui cherche à en- hommes cette certitude de ma pré- LITTERAIRES de métal dans une usine, cherche à que je leur refusais. Si encore j’avais trer en contact avec les ouvriers, a sence déchirée, cet espoir à leur donner le change à des parents écrit une œuvre immortelle. » ressenti une ambiance peu cha- mesure, à eux qui ne croyaient plus alarmés, affirme son bon moral, Constat qui sonne comme un leureuse. Sa vie privée ne l’est pas en Dieu, enfin d’être celui sur qui dépeint les pauvres distractions de désaveu du chemin conduit par les davantage. Maud, sa femme, ne l’on peut compter. » Claudel son temps libre, réclame un colis voies ingrates de la littérature, répond guère à ses tentatives un Ainsi résumé, on pourrait croire ou de l’argent, s’exaspère pour un dont on sait qu’elle peut rejeter peu forcées de tendresse. Quand à un roman populiste. L’étiquette envoi qui tarde. Comportement sur les bas-côtés des choses essen- il l’évoque, il pense à « ses serait bien restrictive. La vie senti- ou la passion de midi que l’homme d’aujourd’hui, ma- tielles. Certes, les aspirations spiri- hanches trop étroites, ses jambes mentale et professionnelle, l’à- lade, se reprochant d’être un em- tuelles, présentes dès la jeunesse, trop frêles pour faire naître [en lui] vau-l’eau de l’une et le monde de « La joie est le premier et le dernier barras pour ses proches, juge avec offrent aujourd’hui un réconfort le moindre attendrissement ». l’usine de l’autre sont les struc- sévérité : « J’étais un enfant mé- dans les épreuves de l’âge et du Quant à ses beaux-parents, ils tures d’un récit qui va bien au-de- mot de tout Claudel » chant, telle est la vérité, tendre mais corps, mais « la foi n’est pas un n’ont que mépris pour ce médecin là. Chauviré a cet art de la des- méchant, égoïste et inconscient. » état ». qui ne donne pas à leur fille la si- cription d’un milieu et d’un Pourtant, nul doute quant à « Mon expérience de l’Allemagne tuation sociale que, selon eux, elle caractère qui ne se limitent pas à l’amour que le jeune homme et m’a laissé tel que je suis en fin de mérite, et qui loge dans une mai- une usine et à un seul person- ses parents se portent et qui, par parcours : désarmé », note José son très modeste à laquelle il tient nage. Il y a là une humanité parti- Maîtres et valets, le jeu de rôle un effet de réverbération, souligne Cabanis. Désarmé n’est pas vain- par des souvenirs d’enfance. culière qui possède une résonance Molière, Marivaux, Goldoni, Beaumarchais de façon émouvante les interroga- cu. La victoire de l’écrivain tient Pris entre les problèmes de universelle. On ne s’étonne pas tions et désarrois du vieil homme précisément dans cet abandon à l’usine – soins aux blessés, conflit que cette œuvre au style rigou- ont tous mis en scène maîtres et valets. qui ne se ménage pas : « Comment soi-même si lucidement mené, vé- avec les syndicats, une grève – et reux, d’une simplicité efficace, à la Des lectures « politiques » des années 70 aux versions regretter la vie quand on a, depuis cu, exercice d’ascèse et de pro- une vie familiale qui se délite, fois sobre et intense, ait séduit plus contemporaines : une mise en scène toujours, voulu écrire et laisser une fonde honnêteté qui donne ma- Desportes mène une existence Camus. On s’étonne qu’elle soit de ce jeu de rôle perpétuel œuvre, et qu’on a tout raté ? Si elle tière à d’amples réflexions, et on « que ne maintient plus que l’ar- oubliée. Ce pouvait être pardon- existait, ça se saurait. Ce que j’au- est touché et séduit par cette vi- mature de fer du temps passé au nable. Après cette réédition, ce ne rais voulu transmettre aux autres, goureuse exigence de pensée et travail ». Un intermède pour lui l’est plus. qu’en ai-je fait ? » d’écriture. inattendu va apporter un instant Pierre-Robert Leclercq UNE PUBLICATION DU MONDE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX Les allusions aux données histo- Pierre Kyria de lumière dans la grisaille de sa LeMonde Job: WIV1600--0004-0 WAS LIV1600-4 Op.: XX Rev.: 19-04-00 T.: 18:30 S.: 111,06-Cmp.:20,07, Base : LMQPAG 31Fap: 100 No: 0019 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 littératures b Drame théologique Aux lueurs ultimes d’une vie Dans les pas du luthérien Cipriano Salcedo, Miguel Entre les bribes d’un passé oublié et un présent compté, Susan Minot retrace, Delibes nous entraîne dans l’Espagne du XVIe siècle avec subtilité et une grande finesse d’écriture, les derniers jours d’une femme malade de tous ses oripeaux. Même si De- nouir pour surgir ailleurs. L’enche- L’HÉRÉTIQUE libes s’aventure dans une époque re- CRÉPUSCULE vêtrement des souvenirs et du (El hereje) culée qu’on n’oserait pas qualifier (Evening) présent, qui réussissait à merveille de Miguel Delibes. d’historique, tant la fable s’impose à de Susan Minot. dans La Vie secrète de Lilian Eliot (2), Traduit de l’espagnol l’histoire, il poursuit son chemin fi- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) fait ici encore la force du livre. par Dominique Blanc, dèle à lui-même. Nous sommes à par Claude Demanuelli, Après un début trop conventionnel, Verdier, 474 p., 125 F (19,06 ¤). nouveau dans la Vieille-Castille, cette Gallimard, « Du monde entier », presque fade, Susan Minot réussit à terre éternelle survolée par les 348 p., 140 F (21,34 ¤). maintenir un équilibre aérien, tout VIEILLES HISTOIRES mêmes étourneaux, baignée par les en nuances, entre les deux mondes. DE CASTILLE mêmes crépuscules fastueux. Delibes ’est par la grâce de Qui finissent, bien sûr, par n’en faire (Viejas historias de Castilla devient le chroniqueur d’un temps Mouflets (1) que l’on plus qu’un où toutes les silhouettes la Vieja) immuable pour nous raconter la vie avait découvert, en et toutes les époques se mélangent. de Miguel Delibes. de Cipriano Salcedo, seul personnage France, la très jeune Su- Dans ce tourbillon parfaitement im- Traduit de l’espagnol de fiction dans un cadre authentique. sanC Minot. Charmant livre, drôle et mobile, la malade voyage, ren- par Rudy Chaulet, délicat, parfois tragique, où l’auteur contre des gens, amalgame des fa- Verdier, 60 p., 50 F (7,62 ¤). AFFRONTEMENT IMMUABLE contait le quotidien d’une famille milles et des situations. « Elle Orphelin dès sa naissance, élevé nombreuse américaine. Cette tribu- n’arrêtait pas de prendre des trains. e nouveau roman de Mi- par un père froid et sévère qui lui re- là, qui ressemblait beaucoup à celle Les vitres étaient si grandes ouvertes guel Delibes nous ramène proche d’avoir coûté la vie à son où avait grandi la romancière, fai- qu’elle manquait tomber dans les dans l’Espagne du épouse, Salcedo connaîtra de brefs sait la part belle à la vie. Un événe- tournants. » XVIe siècle. Charles Quint moments de bonheur dans la frater- ment, cependant, venait obscurcir Trois petites journées, pourtant, s’estL retiré dans le monastère de nité des cénacles protestants. Riche le tableau, pareil à un oiseau noir se détachent de ce monde indiffé- Yuste, laissant le trône à son fils Phi- commerçant en peaux et en laines, planant au-dessus d’une scène en- rencié, où certaines phrases liées au lippe II avec pour principale consigne habile pour les affaires, il a compris soleillée. La mère, encore jeune, y passé font même irruption dans le de châtier les hétérodoxes. Deux que la doctrine luthérienne, essentiel- trouvait la mort, laissant derrière présent, laissant les proches inter- dates délimitent cette période de lement positive, était mieux adaptée elle sept enfants et un mari porté loqués. Ces moments sont ceux l’histoire sombre de l’Espagne : 1517, que le catholicisme pour transformer sur les boissons fortes. Dans son qu’Ann a passés, dans sa jeunesse, année de la naissance de Cipriano l’état social. La possibilité d’un pro- existence réelle, Susan Minot a per- aux côtés de l’homme aimé. Susan Salcedo – le même jour où Martin Lu- grès économique est analysée avec du dans un terrible accident de voi- Minot les retrace avec une immense ther affiche à Wittenberg ses quatre- force détails. Dans ce drame théolo- ture une mère qu’elle adorait. Puis douceur, une intensité, une volupté vingts thèses –, et 1559, lorsque, dans gique s’affrontent, d’un côté, le pro- ses deux grand-mères, la même an- douloureuse et belle qui ne laissent un autodafé, ledit Salcedo est brûlé grès industriel et, de l’autre, l’intolé- née, qui fut « l’année de la mort de pas de place à la mièvrerie. Alors vif avec son maître, le docteur Cazal- rance. Immuable comme le dogme, toutes les mères ». Aussi n’est-ce pas que la ponctuation se brouille dans la, sur la grande place de Valladolid. celle-ci s’est perpétuée de siècle en sans réminiscences que cet auteur la plupart des autres souvenirs, ces L’Hérétique commence in medias siècle jusqu’à nous. Si Delibes re- – elle est née à Boston en 1956 et est jours-là demeurent clairement dé- res et en pleine mer par un prélude monte à 1559, c’est, entre autres rai- scénariste à ses heures, en parti- coupés, comme inscrits en ombres d’une quarantaine de pages où il est sons, parce que le futur de l’Espagne culier pour Bertolucci – s’empare de chinoises sur un fond brouillé. Pro- question d’Erasme, de Luther, des sa- et, en grande partie, celui de l’Europe la mort d’une femme comme sujet gressivement, la vraie vie devient crements et, surtout, de la « lèpre », se sont décidés à Valladolid cette an- de roman. Les souvenirs et leur lent celle de ce rêve comateux, que le

comme on appelait alors en Espagne née-là. C’est sans doute pour créer afflux forment, comme toujours, la CHRIS HARRIS/THE TIMES personnage d’Ann agrémente d’un la rénovation chrétienne. Cipriano cette situation intemporelle que De- matière première de cet écrivain dialogue fictif avec l’amant de deux Salcedo revient d’un voyage en libes a eu recours à des anachro- subtil qui signe, avec Crépuscule, un tir, la malade sombre dans une teur mêle habilement avec les va-et- soirs. A l’heure des bilans, elle se Flandres où il a pris contact avec Phi- nismes. Certes, un narrateur peut uti- livre émouvant. sorte de demi-conscience où vient des infirmières, les propos des rend compte que « sa vie n’avait pas lipp Melanchthon, le successeur spiri- liser un langage atemporel pour La femme qui se meurt se flottent à la fois des perceptions du enfants qui attendent dans la pièce été assez longue pour qu’elle puisse tuel de Luther. Envoyé comme délé- refléter une histoire enlisée, car il est nomme Ann Lord. Ou Ann Katz. Ou monde réel et des bribes de passé à côté. A sa façon simple, sobre tout connaître d’elle-même, ni assez gué du groupe protestant de sa ville, il partout et omniscient. Mais, pour le Ann Stackpole. Ou Ann Grant. Tels tombées dans l’oubli. Son premier – cette manière que l’on appelait longue ni assez vaste ». Dotée d’une rentre avec une malle débordant de lecteur, il est trop évident, entre des papillons, ses identités succes- mariage, sa courte carrière de chan- « minimaliste », à l’époque où l’ex- extrême finesse, l’écriture de Susan livres interdits par l’Inquisition. Ce autres choses, que « la loi de la gravi- sives, liées à des hommes dont elle teuse, la naissance de ses enfants, la pression n’était pas encore galvau- Minot parvient à rendre compte de préambule nous donne à penser que té » ne sera établie par Newton que a eu quatre enfants, voltigent au- mort d’un époux, des dîners en ville dée –, Susan Minot décrit un uni- ce moment terrible où quelqu’un se le récit de voyages n’est pas le genre deux siècles plus tard et que le jargon tour de son lit de mort. Car Ann est et des promenades au bord de la vers éthéré, presque fantomatique demande ce qu’aurait été sa vie si de Delibes. Vieilles histoires de Castille freudo-marxiste (« quantité per capi- condamnée par un cancer, son mé- mer. Puis un amour éphémère, sans et pourtant plein de sensations très seulement... en est la parfaite illustration. ta » ou « facteurs psychologiques ») ne decin le lui a dit : « Disons que tu ne doute le plus authentique de son aiguës. Comme si la voix qui ra- Raphaëlle Rérolle Une fois le prélude exécuté et les s’était pas encore infiltré dans le verras pas les feuilles jaunir cette an- existence. conte rôdait entre les personnages, personnages débarqués, l’auteur re- monde des affaires castillan. née. » Clouée dans cette chambre Les souvenirs vont et s’envolent, glanant ici et là des paroles plus ou (1) Gallimard, 1987. trouve une plume austère, dépouillée Ramon Chao dont elle pense ne plus jamais sor- par petits fragments légers que l’au- moins importantes, avant de s’éva- (2) Gallimard, 1996.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Le vide, faute de mieux Dans le laboratoire de Boyd Avec la banlieue new-yorkaise pour décor, les nouvelles de John Cheever Le goût du jeu, des ruptures, des décalages, des variations sur les formes unit composent un portrait impitoyable des classes moyennes américaines les nouvelles de l’écrivain écossais noncent, vous jetant un regard d’une tel autre aboutit à la copie conforme son ». Déjà dans ses précédents re- racontait une faillite en dix pages et INSOMNIES froideur de rayons X, qu’ici vous avez du mariage précédent ; tels efforts VISIONS FUGITIVES cueils Boyd profita de la liberté six repas. de John Cheever. une fracture un peu compliquée et d’évasion s’achèvent dans la clochar- Histoires, mémoires sans frein que lui autorise la forme Cette obsession du récit par Nouvelles traduites que là vous présentez une tumeur disation ou dans la mort. et canular courte pour dévoiler d’autres hôtes l’image unit en fait les fragments de de l’anglais (Etats-Unis) maligne. Ce qui frappe dans les personnages de William Boyd. de son Panthéon personnel (Lud- ce recueil composés simultané- par Dominique Mainard. Les seize textes proposés sont une est le mélange de conscience de leur Traduit de l’anglais wig Wittgenstein, Fernando Pessoa, ment. Qu’il s’agisse des comédies Le Serpent à plumes, 348 p., sélection parmi les presque deux vacuité, d’incompréhension et de par Christiane Besse, Cyril Connolly), inscrits malicieuse- écrites dans une veine autobiogra- 135 F (20,58 ¤). cents nouvelles que Cheever écrivit et soumission : « J’aurais sans doute pu Seuil, 352 p., 130 F (19,82 ¤). ment dans le paysage de l’écriture. phique – jusqu’ici prudemment dont la majorité furent publiées dans m’endormir alors, mais je ne voulais Mais le goût du jeu, nécessaire ignorée – pour la télévision, du cy- e recueil devrait porter en le New Yorker. Des clichés qui sus- prendre aucun risque et je me confor- priori le poète symbo- sans doute lorsque l’on consacre un nique « Vidéo pour adultes », dans couverture la mention : citent autant d’admiration incrédule mai à la routine habituelle. » Et c’est liste Konstantin Dmi- ou deux ans à rassembler le maté- lequel la lecture rapide, inversée et « Danger, radioactif ». que d’effroi par leur souci du détail, peut-être pire encore lorsque l’on trievitch Balmont, dont riau d’un nouveau roman et un reprise, triomphe des caprices de la Car, si l’on considère dont l’on ne saurait dire s’il est scienti- veut réintégrer le droit chemin ; les mondes furtifs «au autre à l’écrire, n’est pas le seul télécommande, ou de la formidable JohnC Cheever comme un médecin de fique ou diabolique. La plupart ont comme ce narrateur au chômage se jeuA chatoyant » inspirèrent à Serge point commun entre les nouvelles mystification de Nat Tate, si soi- l’âme américaine de la seconde moitié pour cadre les banlieues résidentielles plantant littéralement dans le décor, à Prokofiev ses Visions fugitives, n’a de l’écrivain. Admirateur de Perec gnée que l’on en vient à douter de du XXe siècle, il faut croire que ce ne de New York et leurs maisons indivi- savoir le « flot d’humanité » déversé pas influencé William Boyd. et des virtuoses de l’Oulipo, William rares indices de certitude qui pour- serait là qu’un euphémisme. Ce ro- duelles : « Ce n’est pas réellement une par le 18 h 32, et rentrant chez lui plein Comme il le fit naguère dans Boyd est moins attiré par l’exercice raient circonscrire le vertige, Boyd mancier et nouvelliste, né en 1913 et véranda, tout juste une petite plate- de fierté : « Cora s’est exprimée d’un « Transfigured Night » (La Chasse de style que par la variation des joue en virtuose une partition dé- mort en 1982, s’apparenterait beau- forme en bois, pourvue de quatre ton franc et chaleureux ; mais quand je au lézard, , 1990), l’écrivain écossais formes. Composant ces textes brefs bordante d’idées et d’énergie. Jus- coup plus à un chirurgien, de ceux qui, met pourtant en scène une nou- d’une voix expurgée de toute émo- John Cheever velle fois le pouvoir de la musique William Boyd tion, montrant d’un doigt presque Né en 1912, mort en 1982, John Cheever est l’auteur dans la nouvelle qui ouvre ce troi- Né à Accra (Ghana), l’Ecossais William Boyd par- distrait votre radiographie, an- de nombreuses nouvelles, parues dans le New Yor- sième recueil, grâce à Brahms et ses tage son temps entre son domicile londonien, New ker, et de trois romans, dont Les Wapshot (édité en Variations sur un thème de Haydn, York et la Dordogne. Il a étudié à Glasgow, Oxford France en 1965 et en 1985, épuisé) et Falconer, pein- prétexte à une brève mise au point (où il enseigna la littérature contemporaine) puis ture d’un univers carcéral qui doit beaucoup à son du narrateur sur le jeu truqué des Nice, au sortir d’une enfance dans un Nigeria en- expérience personnelle. John Cheever a en effet en- références et les leurres de l’érudi- core colonie britannique qui lui inspira le sujet de seigné à plusieurs reprises dans la fameuse prison tion. Venu dans le village ruiné de plusieurs de ses romans. Révélé par Un Anglais sous de Sing Sing (Le Serpent à plumes, 1999. Voir « Le Saint-Julien-sur-Meuse sur les lieux les Tropiques (1981, trad. Balland 1984), il a conquis Monde des livres » du 23 juillet 1999). mêmes où, une semaine à peine le public français avec Comme neige au soleil (1985) avant l’armistice de novembre 1918, et La Croix et la Bannière (1986). Publié au Seuil de- marches et surplombant la poubelle. » lui ai répondu, elle a répliqué d’une voix tomba son grand-père et où se puis Les Nouvelles Confessions (1988), il alterne dé- Sujet unique de ces portraits, la classe musicale : “Je parlais aux poissons tourna quarante ans plus tard «un sormais les romans – Brazzaville Plage (1991), moyenne américaine, extrêmement rouges.” C’était en effet le cas. » chef-d’œuvre de la nouvelle vague », L’Après-Midi bleu (1994), Armadillo (1998) – et les moyenne, tant par son nombre que L’efficacité redoutable de Cheever le musicologue américain Balmont nouvelles, tout en s’essayant au cinéma : scénariste, par sa qualité : « Ma femme et moi réside dans sa limitation à décrire, s’y égare entre observations et ré- il vient de réaliser La Tranchée (voir Le Monde du sommes affreusement malheureux en sans porter le moindre jugement. Son miniscences ; et le lecteur avec. 17 avril). ménage, mais nous avons trois merveil- écriture, à mi-chemin entre le docu- Pourtant, par touches légères, qui leux enfants et nous essayons de tenir mentaire et la caméra de surveillance, tranchent avec l’humour dévasta- selon un rythme tout différent qu’à atteindre au plus rare : une bon. » transforme la moindre ébauche d’in- teur de ses premiers textes tout en – deux semaines suffisent en prin- poésie imparable aux portes de la C’est bien la seule possibilité qui dulgence en une cruauté qu’aucune en conservant la finesse, Boyd tisse cipe –, il y essaie des solutions nar- schizophrénie avec « Hantise », of- leur soit offerte. S’accrocher au vide, lecture ne saurait atténuer. Chaque entre ces nouvelles une circulation ratives différentes, expérimentant ferte aux lecteurs du Monde à l’été faute de mieux, car ce pourrait être nouvelle, conçue comme jeu de mi- souterraine qui ancre au cœur de sans retenue les ruptures et déca- 1998. Un architecte-paysagiste pire. Ce n’est même pas que l’horizon roirs dans lesquels se succèdent des l’écriture le parti pris ludique de lages, à la façon dont le cinéma a (doit-on y lire un double de l’au- soit bouché, nous sommes dans un personnages fondamentalement se- son projet. accoutumé le spectateur à se re- teur ?) est possédé par un rêve si cul-de-sac. La banlieue apparaît ici condaires, finit par faire mouche en On recroisera Brahms, masqué trouver dans les récits elliptiques ou violent qu’il en bouleverse sa vie et comme un lieu de marginalisation, projetant notre propre reflet ; celui mais toujours génial, dans « Fantai- le retour en arrière ; synchronisme sa raison. La résolution, qui para- clos sur lui-même, relié à la cité par d’une réalité qui échappe d’autant sie sur une valse aimée ». Braque, et ubiquité n’effraient plus guère. doxalement l’apaise alors même des trains plus proches de conduits mieux à toute prise qu’elle est démul- référence essentielle à l’élaboration Au cœur de ce qui ressemble as- qu’elle le laisse sans appui solide, d’évacuation que de moyens de tipliée à l’envi, comme Les Ménines de « Nat Tate. Un artiste américain sez à un laboratoire littéraire, Boyd soutient l’hypothèse d’une libéra- communication. Toute tentative de soumises aux variations d’un Picasso ; 1928-1960 », ce canular qui mystifia teste des idées avec la fulgurance tion inédite. sortie est cruellement vouée à le reflet d’un tissu social en lambeaux, un court moment le Tout-New du jet unique, comme on transfor- Pour mieux retrouver la verve et l’échec : tel divorce se réduit au néant porté par une parfaite homogénéité York, est déjà là, lui aussi, discret merait un essai vidéo en court-mé- l’invention nécessaires à d’autres d’un « depuis lors nous sommes très littéraire. mais capital, dans « Varengeville. trage. Déjà dans Le Destin de Na- voyages au long court ? heureux » auquel personne ne croit ; Jean-Louis Aragon Leçons en esthétique de la trahi- thalie X (1996), « Déjeuner » Ph.-J. C. LeMonde Job: WIV1600--0005-0 WAS LIV1600-5 Op.: XX Rev.: 20-04-00 T.: 07:08 S.: 111,06-Cmp.:20,07, Base : LMQPAG 31Fap: 100 No: 0020 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / V b BANDE DESSINÉE Explorations du continent noir Réunion b par Yves-Marie Labé La nouvelle collection de littérature africaine de Gallimard déçoit, laissant la découverte au Serpent à plumes, à Actes Sud et aux éditions Dapper explosive Trio mortel vec Lagon, lagunes, rature. Justine Mintsa, universi- entrepris depuis plusieurs années Sylvie Kandé livre sa taire gabonaise, auteur de pièces par les éditions du Serpent à TRAIN FOU À QUOI TU PENSES ? première fiction, un de théâtre, décrit la vie d’Awu, plumes, qui publient le grand So- d’Axel Gauvin. d’Emmanuel Moynot. court récit entre ro- deuxième épouse d’un homme à malien Nuruddin Farah (lire ci- Seuil, 176 p., 89 F (13,57 ¤). Ed. Casterman, 88 p ., 75 F (11,43 ¤). manA et poésie. « Dans ma mé- qui elle donne tout – amour, dessous) et des écrivains de la moire mille fleuves serpentent », talent, argent. Mais le portrait de jeune génération, Abdourahman ou, le train d’Axel Gauvin l existe des similitudes entre la cavale de Martin et Audrey, les deux écrit-elle. En soixante-dix pages cette forte femme, jusqu’à son A. Waberi, de Djibouti (Balbala) l’est complètement. A héros du nouvel album de Emmanuel Moynot, A Quoi tu penses ?, et essoufflées, nerveuses, fertiles, veuvage des plus cruels, est brossé ou le Malgache Jean-Luc Rahari- bord des wagons menés ces desperados qu’étaient Florence Rey et son compagnon Audry elle éparpille ses fragments de dans un style sage, presque sco- manana (Lucarnes). La collection par le romancier réunion- Maupin, auteurs de la fusillade du cours de Vincennes, il y a six ans. l’histoire noire. Toussaint Louver- laire. Aly Diallo a puisé dans son « Afriques » d’Actes Sud a permis nais,F les Français de la métropole et IMême fuite en avant, même violence, même cynisme de façade, mêmes bles- ture, héros lettré de la révolte in- expérience professionnelle de la de découvrir le Zimbabwéen les îliens blancs, noirs ou chinois sures vitales. Martin est un jeune homme avide de femmes, comme on est dépendantiste en Haïti, se meurt muséographie une intrigue inté- Chenjerai Hove (Ossuaire), le Sou- semblent gravement atteints. Ber- avide de dollars. Ce professionnel du « foutage de camp » sait que ses perfor- face à ses geôliers analphabètes. ressante. Un village malien livre danais Jamal Mahjoub (Le Téle- nard, l’arriviste, fou de pouvoir et mances sexuelles sont son meilleur outil de séduction, et de travail. Audrey, Des mulâtres du XIXe siècle dis- bataille pour récupérer son komo, scope de Rachid) ou encore la fic- d’alcool, se met à débloquer peu juste sortie de prison, jette son dévolu sur lui mais le jette aussi dans le lit de cutent de l’émancipation, tout en après son arrivée de la métropole. femmes mûres, proies potentielles. Dont Karina, blonde et bourgeoise, qui va fredonnant « Get up, stand up for Plongé dans une administration di- s’enticher de Martin et oublier, au mitan du lit, sa beauté qui se fane. Mais your rights », l’hymne reggae des Zakes Mda rigée par un Ubu colonial, cet im- l’amour et la jalousie font aussi le lit du crime. Martin, qui « attire la merde années 80. Le souvenir d’une Sous l’apartheid, Zakes Mda était connu en bécile devient dangereux. Son dé- comme un aimant », n’aura d’autre issue, pour se libérer de lui-même, que grand-mère croise l’épopée tra- Afrique du Sud comme homme de théâtre, au- lire va s’abattre une nuit sur les tuer ses deux amantes. Jouant avec perfection de l’ellipse, en se servant d’un gique d’un roi mandingue. La teur de plusieurs pièces, metteur en scène et habitués d’un bouiboui local, Pan, « je » qui permet à chacun de glisser du passé au présent, Emmanuel Moynot mise en page épouse ces tumultes, professeur d’art dramatique à l’université. Issu petit homme de main du parti au peint des caractères étreints par la noirceur de leur destin, prisonniers d’un isolant des mots ou des lignes. d’une famille noire militante, il est aussi un ro- pouvoir, et quelques paumés. activisme sans but, sans conscience et sans scrupules. Le dessin en noir et « Texte métis », commente le ro- mancier et un peintre. Le premier roman de Ceux-là sont des obsessionnels blanc qu’il utilise pour ses scènes de thriller sait aussi s’orienter vers les gris mancier antillais Edouard Glissant Mda, Le Pleureur (Ways of Dying), que publient de la race, l’œil exercé à jauger la nocturnes, les griffures graphiques sur les corps et les visages s’apparentant OXFORD UN. PRESS/S. A OXFORD dans sa postface. A l’image de son les nouvelles éditions Dapper, décrit un amateur noirceur de la peau, à mesurer la aux blessures de cet amour à trois, destructeur et mortifère. auteur, née de mère française et d’enterrements qui doit sa survie à son frisure du cheveu. Pan, un Noir at- de père sénégalais, installée à commerce avec les morts (284 p., 58 F [8,84 ¤]). taché à blanchir sa lignée, place le New York. Ce personnage de ravi, à la fois idiot et philo- Blanc en haut du firmament. Il a Cet ouvrage constitue la meil- sophe, porte l’empreinte du merveilleux qui baptisé sa fille Rose-Neige et s’ap- leure surprise de la nouvelle col- baigne l’œuvre de Zakes Mda, même quand il prête à la marier non à un Blanc lection « Continents noirs » lan- aborde des sujets sociaux ou politiques. – Pan est trop bas dans l’échelle so- cée par Gallimard. Parmi les cinq ciale – mais au moins à un Noir premiers livres, la part de décou- un objet sacré exposé au musée tion du Nigérian Ken Saro-Wiwa dont le nom sonne blanc : Maxime verte de nouveaux auteurs n’y est de la capitale. L’écriture, par trop (Sozaboy). Les éditions Dapper, Grondin. pas aussi importante qu’on aurait didactique, nuit au roman, dont le lancées par le musée du même Le père du fiancé est le seul à se pu l’espérer : L’Ivrogne dans la manuscrit avait été repoussé, en nom, proposent à petits prix de moquer de ces obsessions. Il a brousse, un beau classique écrit l’état, par deux maisons d’édition jolis livres pêchés au loin : Le Pleu- cultivé plusieurs années un lopin de par le Nigérian Amos Tutuola, fi- africaines. reur, de Zakes Mda (Afrique du terre à côté d’un petit Blanc, plus gurait déjà au catalogue de la mai- A regarder ces premiers titres, Sud) ou Le Porc épique, de Manuel pauvre encore que lui, avec qui il a son ; Gaston-Paul Effa, romancier on se demande pourquoi Galli- Rui (Angola). Curieusement, les partagé une amitié d’homme. La au souffle poétique, était publié mard, qui publie des écrivains premiers titres de « Continents nuit où le train devient « fou », il chez Grasset. Exception faite aussi marquants que Patrick Cha- noirs » se situent en deçà de cette est aussi le seul à comprendre la d’Amos Tutuola, les auteurs sont moiseau et Edouard Glissant aux recherche des talents les plus ac- gravité de la situation. tous francophones. Or, depuis une Antilles ou Boualem Sansal au tuels et les plus aigus de l’Afrique. L’histoire est menée à toute vi- quinzaine d’années, en France, les Maghreb, semble moins ambi- tesse, écrite dans un style comique, éditeurs qui s’intéressent à tieux en Afrique noire. Pourtant, Catherine Bédarida rehaussée d’expressions popu- l’Afrique sont à l’affût des nou- de nouvelles voix, des écritures ૽ La Révolte du Komo, d’Aly Diallo, laires. Mais derrière cette fresque velles voix du continent, bien au- contemporaines, existent là-bas 234 p., 99 F (15,09 ¤); Le cri que tu éclatante pointe le désespoir. Dans delà du pré carré des anciennes aussi. Ahmadou Kourouma a rap- pousses ne réveillera personne, de ce chaudron du diable, où Blancs et colonies françaises. pelé, avec En attendant le vote des Gaston-Paul Effa, 168 p., 79 F Noirs restent si marqués par l’esprit Histoire d’Awu, premier roman bêtes sauvages (Seuil), que l’évoca- (12,04 ¤); Lagon, lagunes, de Sylvie colonial, l’île est au bord de l’explo- de Justine Mintsa, et La Révolte du tion des problèmes sociaux ou po- Kandé, 70 p., 65 F (9,91 ¤); Histoire sion, suggère Alex Gauvin, l’un des Komo, d’Aly Diallo, relèvent d’une litiques n’excluait pas un grand d’Awu, de Justine Mintsa, 112−p., 79 F artistes à l’origine du renouveau littérature de dénonciation – où la souffle littéraire. (12,04 ¤); L’Ivrogne dans la brousse, culturel réunionnais. dénonciation passe avant la litté- Un important défrichage a été d’Amos Tutuola, 128 p., 79 F (12,04 ¤). C. Ba

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb b LE TRIANGLE SECRET, TOME I : LE TESTAMENT DU FOU, de Didier Convard Ce « cadavre exquis » mitonné à la sauce BD inspire d’abord la méfiance. Difficile a priori de plonger dans un scénario concocté par Didier Convard Livraisons (auteur de la série Neige, notamment), qui a fait appel, pour les sept tomes Enfance en Somalie déjà programmés – le dernier, déjà baptisé L’Imposteur, devrait paraître en b LE TÉLESCOPE DE RACHID, de Jamal Mahjoub avril 2003 ! –, à plusieurs dessinateurs dont les interventions et les styles se Entre fable et érudition, ce jeune romancier soudanais propose un chevauchent dans le même ouvrage. Les dessinateurs invités, même s’ils Nuruddin Farah décrit l’énigme d’une existence, grand voyage depuis Alger jusqu’au nord du Danemark, à l’aube s’inscrivent dans la veine réaliste (Gilles Chaillet, Pierre Wachs, Eric Stalner, du XVIIe siècle, sur les traces d’un amoureux des étoiles, noir de etc., ou encore André Juillard, à qui est confiée la couverture de chacun des dans un pays où la vie humaine a peu de prix peau, astronome trop savant qui éveille à la fois la méfiance des sept tomes), ont un trait parfois très différent. On peut donc craindre qu’il Arabes et des Européens. Ses aventures intergalactiques se téle- crée une véritable rupture. Mais on est progressivement saisi par l’intensité touchements, celles des femmes scopent avec celles de Hassan, archéologue au Danemark au de cette histoire, pour laquelle Didier Convard, passionné par les questions SECRETS qui dominent sa vie. XXe siècle, perdu devant les énigmes laissées par le passage de l’as- liées à l’histoire du christianisme, des ordres maçonnique ou templier, a de Nuruddin Farah. Sholoongo est la femme chère à tronome en ces terres septentrionales. Un roman d’aventures sur construit une intrigue cohérente, qui fait voyager le lecteur des remparts de Traduit de l’anglais (Somalie) Nuruddin Farah, celle qui éclate, une époque où science et philosophie étaient encore conjointes Saint-Jean d’Acre, lors des croisades, aux laboratoires contemporains les par Jacqueline Bardolph, qui déborde. Un ouragan sensuel (traduit de l’arabe – Soudan – par Madeleine et Jean Sévry, Actes plus sophistiqués. Le premier épisode de ce Triangle secret débute par la Le Serpent à plumes, qui bouleverse Kalaman, fait explo- Sud, « Afriques », 344 p., 139 F [21,20 ¤]). C. Ba trouvaille d’un des fameux Manuscrits de la mer Morte. Il indique que le 448 p., 149 F (22,71 ¤). ser les conventions étroites de la b GORMENGHAST, de Mervyn Peake Christ avait un jumeau, et que le crucifié ne serait pas celui que l’on croit. Somalie mâle, mutilée par la guerre La réédition du deuxième tome de la trilogie de Peake donne l’oc- Héros de cette BD au long cours, deux jeunes chercheurs ont maille à partir uruddin Farah est civile. Comme dans son très beau casion d’insister sur cette œuvre d’une importance considérable. avec ce fameux document qui remet en cause les Evangiles et pourrait faire l’une des grandes roman Territoires (Le Serpent à L’auteur y crée un monde épouvantable et drôle qui n’est pas si vaciller le pouvoir de l’Eglise et celui du pape, un certain Jean XXIV. Mais il plumes africaines plumes, 1994), les femmes de Farah loin du nôtre. Il travaille en illustrateur, pour qui les apparences constitue aussi pour eux une menace mortelle. Le dessin est sans surprise, d’aujourd’hui, appar- sont les voix confisquées de ouvrent des voies vers le réel : un auteur de forme plus que de parfois même sans charme tant il est tiré au cordeau, mais le scénario ima- tenantN à cette nouvelle génération l’Afrique, celles qui pourraient sau- fond, remarque Patrick Reumaux dans sa brillante préface. Les giné par Didier Convard est diaboliquement captivant, sa crédibilité étant d’écrivains familiers des épopées et ver la mise du continent mais sont adolescents qui dévorent Tolkien feraient bien de visiter le châ- bâtie sur une foule de détails fournis par de nombreux textes sacrés et oc- des mythes anciens d’Afrique et, en toujours condamnées au viol, à teau de Gormenghast, c’est un cran au-dessus (traduit de l’anglais cultes (éd. Glénat, « Caractères », 48 p., 68 F [10,37 ¤]. même temps, grands lecteurs de la l’exil, au silence. Seul Nonno, le par Gilberte Lambrichs et Patrick Reumaux, Phébus, 552 p., 159 F b LE VIEUX FERRAND, TOME I : LE DERNIER DES FILS, littérature du monde entier. Né grand-père de Kalaman, comprend [24,24 ¤]). J. Sn de Christophe Gibelin et Aris dans une Somalie colonisée par la faiblesse du jeune homme et ad- b UNE VRAIE JEUNE FILLE, de Catherine Breillat Un hameau, des sablières, des orages. A Choucas, où elle vient de s’ins- l’Italie, éduqué en plusieurs mire la puissance de Sholoongo. La honte suinte du journal d’Alice, quinze ans, qui rejoint ses pa- taller avec sa fille Mélie, à l’instigation de son mari qui travaille sur des langues dont l’arabe et l’anglais, le Nonno, source éternelle de savoirs, rents dans les Landes pour les vacances. La gamine est en révolte plates-formes pétrolières à l’étranger, Myriam Lopez, jolie bourgeoise pour romancier a voyagé en Inde pour fontaine de mythes et de légendes, contre « le cloaque adulte ». Culotte baissée, elle passe l’été en im- qui la campagne est un monde à part, perturbe cet ordre immuable et no- ses études. Le régime « socialiste » est décrit comme un érudit à la précations contre son « avenir mort-rose », hantée par l’« anomalie tamment la libido du vieux Ferrand. Ce patriarche verra cependant son au- de son pays l’ayant contraint à morale canaille. Avec la patience grotesque » d’un sexe qu’elle soumet à « une masturbation castra- torité battue en brèche par les lettres d’un corbeau. Le scénario de Chris- l’exil, ce nomade a parcouru plu- d’une mère, il accompagne Kala- trice ». Mais elle se découvre séductrice, lit Sade et Radiguet en ca- tophe Gibelin observe avec minutie ce qui fait la vie quotidienne d’un sieurs pays africains, vivant notam- man adulte dans sa quête angois- chette, sent le désir la submerger comme une nouvelle humilia- lieu-dit, et repère tout ce qui en détruit l’ordre et la stabilité. Quant au des- ment au Nigéria et, à présent, en sée de la vérité. Le jeune homme tion. Les spectateurs des films de Catherine Breillat reconnaîtront sin de Aris, qui a participé à l’écriture de cette saga aux parfums chabro- Afrique du Sud (« Le Monde des comprendra qu’il est le fruit d’un ici une crudité et une violence hargneuses pour dire les tourments liens, il donne de la fraîcheur à ce récit confiné dans les haines et les secrets livres » du 6 mars 1998). viol collectif. Grâce au personnage d’une féminité vécue comme une damnation. Imprégnée par la de famille (éd. Delcourt, « Sang froid », 48p ., 78 F [11,89 ¤]. Secrets se présente comme une de Nonno, à sa sagesse singulière, lecture de Lautréamont, l’auteur de Romance écrivit ce roman-cri b MEUH ! AU PRÉ DES VACHES, de Troub’s histoire simple : Kalaman, la tren- l’histoire faussement simple de Se- contre les « abysses du ventre » en 1973 et en tira un film déran- Un troupeau de vaches, au soleil de juin : il n’en faut pas plus pour que taine, entreprend de découvrir les crets balance entre intrigue affec- geant, jusqu’alors inédit, que l’on annonce en salles en mai (De- l’imagination et le trait de Troub’s décollent. Les vaches ne paissent pas, secrets de sa famille. Au même mo- tueuse et méditation sur la vie, sur noël, 174 p., 95 F [14,48 ¤]). J.-L. D. elles méditent. Parfois, l’une d’elles rêve de Saturne et s’envole vers la lune. ment, la femme qui l’a initié, son la responsabilité des hommes dans b RÉCIT D’UN BRANLEUR, de Samuel Benchetrit L’aînée de ces ruminantes penseuses qui ignorent la violence est la plus amante d’enfance, Sholoongo, re- leur propre débâcle. Le titre est racoleur, mais le roman est vif et attrayant. Le narra- courageuse. Et si les joutes hiérarchiques font aussi partie du foin quoti- vient en Somalie pour un deuil. L’écriture de Nuruddin Farah est teur crée une entreprise, la Société des plaintes, où chacun vient dien d’un troupeau, tous ses membres devinent que « la vie ne doit pas être Plongeant dans le passé, Kalaman proche de la musique. L’auteur ins- déverser le trop-plein de ses frustrations. C’est aussi l’histoire d’un facile de l’autre côté de la clôture »... Troub’s, à l’aide d’un dessin en noir et retraverse ses premières années, talle des pauses dans le récit, insère solitaire qui se rit des pièges de la vie et finit par tomber amou- blanc aussi serein et bucolique que son sujet, s’est intéressé à l’inconscient marquées par les étreintes de son un temps pour laisser parler les reux. Divertissant, optimiste, anar, Récit d’un branleur appartient à de ces bovidés placides, à la fois « célestes et telluriques ». Un thème joli- père, ses gestes maternels, ses ber- rêves, les proverbes, comme autant ces confessions d’hommes-enfants qui veulent qu’on les aime ment traité, plus profond qu’il n’en a l’air, dont le dessin suggère des ceuses inventées pour le petit gar- de digressions métaphoriques qui bruts de décoffrage. Aux femmes de s’en débrouiller. L’auteur de odeurs d’herbes, des bourrasques dans les frondaisons et des mufles pen- çon. Il redevient l’enfant aux prises engagent le lecteur vers un certain ce premier roman a vingt-cinq ans. Il a mis en scène Lettres à Lou, sifs (éd. Rackham, 58 p., 99 F [15,09 ¤]). avec l’énigme des origines, celles lâcher-prise, afin d’entrer en réso- où Marie et Jean-Louis Trintignant lisaient la correspondance b LA FIN DU MONDE ET AUTRES, de Pierre et Franck Le Gall du monde et des fleuves, celles de nance avec ces pages poétiques. d’Apollinaire et de sa maîtresse Louise de Coligny-Châtillon (Jul- Dessins en ombres chinoises pour contes désopilants, accompagnés de son sexe qui se tend à certains at- C. Ba liard, 176 p., 109 F [16,62 ¤]). H. Mn textes très ouvragés. Qu’il s’agisse d’une pieuvre en quête de travail, de di- vas qui explosent, de fumée merveilleuse émise par un grand-père passion- né de billard, d’inventions avortées où se mêlent disparitions et nuits d’ab- sinthe, les frères Le Gall (Franck est l’auteur de l’excellente série Théodore Poussin, parue aux éditions Dupuis) explorent avec génie l’univers du non- sens en BD (éd . Dargaud, « Poisson pilote », 44 p ., 59F [8,99 ¤]). b LE DERNIER CHEVALIER, de Will Eisner Un album inédit de Will Eisner (Le Spirit), introduction très personnelle au Don Quichotte de Cervantès. Alonzo, passionné de romans de chevale- rie, reprend vie dans cette version étonnamment jeune du grand auteur de comics aujourd’hui âgé de quatre-vingt-trois ans. Son trait et son imagina- tion n’ont jamais été aussi fertiles (éd. Rackham, 32 p., 55 F [8,38 ¤]). LeMonde Job: WIV1600--0006-0 WAS LIV1600-6 Op.: XX Rev.: 19-04-00 T.: 18:30 S.: 111,06-Cmp.:20,07, Base : LMQPAG 31Fap: 100 No: 0021 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 la chronique de Roger-Pol Droit b

BAKOUNINE D’un côté de vastes où il n’y aurait vraiment rien à si- de Madeleine Grawitz. gnaler, un monde de la répétition, Calmann-Lévy, plaines : absolu, Les ardents de la ritournelle, sans exaltation ni « La vie des philosophes », angoisse, un univers homogène et 630 p., 170 F (25,92 ¤). révolution, résistance, lisse, où la dernière grandeur, au- delà du pitoyable et du veule, est LA TIÉDEUR dignité, refus simplement de savoir « rester une de Philippe Garnier. et les tièdes midinette ». PUF, « Perspectives critiques », d’obtempérer. De l’autre, Ce monde tiède paraîtra inhu- 150 p., 98 F (14,94 ¤). main. Il est vrai qu’il a quelque de petits plaisirs : chose de monstrueux, gentiment. l y a mille manières d’oppo- Pouvoir écrire : « la sexualité mène ser les humains, de les classer répétition, lâcheté, avant tout au sommeil » n’est par genres. Ces divisions sont peut-être pas seulement drôle. I Mais l’objection est déjà prévue. toujours imparfaites et ap- indifférence, confort. proximatives. Certaines sont rela- La fin des scandales ne doit même tivement pertinentes. Par Affaire de caractère, ou pas faire scandale : « Ce n’est pas exemple, entre ceux qui brûlent parce qu’on accède à un nouveau leur existence et ceux qui s’abs- question d’époque ? visage du réel qu’il faut en faire tiennent du moindre risque, il tout un foin. » L’intéressant, dans existe un vieil antagonisme. D’un ce petit livre, c’est qu’il semble côté, les trajectoires de feu, les hé- fait revivre cet incroyable flam- parler de tout autre chose qu’une ros incitateurs, les casseurs de beur de rêves qui a sillonné l’Eu- banale psychose portative. Il indi- monde. De l’autre, les âmes douil- rope en tous sens. D’abord enivré querait plutôt un changement lettes, la prudence des amateurs de philosophie, lecteur de Fichte à d’époque, l’arrivée d’un temps où de calme, les délicats chercheurs Moscou, vite entiché de Hegel, l’histoire elle-même n’est déjà de paix en retrait. Rebelles toni- puis élève de Schelling à Berlin, plus qu’un souvenir lointain, une truants contre dormeurs de fond. Bakounine s’éprend de la révolu- fantasmagorie dont on a entendu Nulle conciliation possible, cela va tion dans le Paris de 1848. Il désire parler mais nul ne sait au juste, de soi, entre ces univers. Pour alors « la destruction totale de désormais, ce qu’elle a pu vouloir rendre compte de leur opposition, l’Empire autrichien », met Dresde dire. on se trouve même, semble-t-il, en désordre, se retrouve en pri- Entre les ardents et les tièdes, assez démuni. Afin d’y son, est condamné à la pendaison, serait-ce donc une affaire de comprendre quelque chose, on puis déporté en Sibérie, finale- siècle ? Indépendamment des peut toujours recourir à la psy- ment s’évade, passant de complexions individuelles, il se chologie ou aux hormones. Cela Sakhaline à San Francisco. On le pourrait bien que ces figures ne suffit pas. Considérons deux retrouve ensuite à Londres, en Po- contrastées parlent aussi de notre exemples. logne, en Suède, en Italie, à Ge- gulier, une barbarie ennemie de grands desseins, Philippe Garnier nier, qui inventorie avec une non- histoire. Bakounine incarne la On ne trouvera pas facilement, nève, ami successivement de toute civilisation s’unissait aux exi- préfère les absurdités infimes du chalance méthodique les moyens grande période des indignations, dans l’histoire moderne, person- Tourgueniev et de George Sand. gences du plus pur idéalisme ». Il quotidien, la ritournelle des jours. de vivre à risque nul, les gestes mi- des bouleversements radicaux, de nage plus révolté et plus exalté Qu’est-ce qui intéresse vraiment suffirait d’un pas de plus pour voir Il est aussi loin de Bakounine que nuscules qui détruisent l’espé- la solidarité, de l’utopie annon- que Bakounine. Celui qui fut, au le plus, chez ce déraisonnable qui dans cette bizarrerie non pas Bouvard et Pécuchet peuvent rance et maintiennent le train- çant son règne proche. Quelle que XIXe siècle, le grand rival de Marx ne s’assagit jamais ? Le maintien l’union de deux contraires (barba- l’être de Gengis Khan. La tiédeur train. Abandonner une conversa- soit la vieille sympathie que nous chez les révolutionnaires, n’a ces- de l’impossible, justement. Ce qui rie, idéalisme) mais deux faces est en son genre un chef-d’œuvre. tion philosophique pour manger pouvons éprouver pour tant de sé d’être excessif. Grand mangeur, anime Bakounine, sans cesse, ce d’un seul et même excès, d’une Petit, cela va de soi. Minimal, des biscuits, regretter la dispari- rêves généreux, il est sûr que, glo- grand buveur, grand hâbleur, ne sont ni des analyses politiques seule intensité de la vie partout même. Mais tout à fait réussi. tion progressive de l’authentique balement, nous n’y croyons plus grand rêveur, cet ogre a l’étoffe ni des concepts bien construits. La portée à l’incandescence. L’in- Dans le registre du pessimisme musique de supermarché des an- avec la même intensité. La tiédeur d’un personnage de roman. Sé- seule foi qui le fait tenir, c’est l’ar- verse, en tout, de la tiédeur. doux, ce livre n’espère même pas nées 70, rêver que soit écrite la symbolise sans doute ce qui nous ducteur et négligé, il ne cesse de deur de ne pas céder. Peu importe Mais que se passe-t-il si l’on ob- être vraiment désespéré. Il invente biographie de tous les chefs de guette : bruits ténus de l’électro- passer d’un extrême à l’autre. qu’il ait été lunatique, gargan- jecte que la tiédeur est la vie une sorte de néant allégé, et s’en service, en particulier ceux qui nique, vie en boucle, sans heurt, D’une enfance à la Tchekhov, tuesque et pas toujours lucide. Il a même ? Rangez les métaphores. fait une couette mentale. possèdent une écriture impec- satisfaite d’être sans âme, fluide, entre 1814 et 1828, à la déportation incarné, pour des générations, Voyez le sang, la peau, le souffle, Etre tiède, en effet, c’est se pro- cable, voilà des exemples de ce légère, homogène. Une existence en Sibérie après 1849, il voyage l’idée de résistance, l’honneur les humeurs : tout cela est tiède, téger de tout excès du désir, même qu’on pourrait appeler des « bas tout à fait sans honte, indifférente notamment de la clandestinité à d’être rebelle, l’espoir insensé ne cherche qu’à persévérer, ne celui du mépris. faits » (les « hauts faits » appar- à ces grandes mécaniques d’autre- l’action publique, de la mythoma- d’un monde chaleureux et grand. veut rien de grandiose. Juste un Il convient au tiède de se tenir à tiennent évidemment à l’aveugle- fois dénommées « amour », nie à l’organisation militante. La De cette démesure, lui-même était maintien, une répétition aisée. De l’écart de tout risque, anéantisse- ment risible des héros ardents). « bonheur », « justice ». Ce biographie que lui a consacrée conscient : « Ceux qui se sont sage- vastes horizons, de grandes ment inclus. Un peu de désir, voilà Toutefois, ce sont encore des sin- monde confortable est totalement Madeleine Grawitz – éditée il y a ment limités à ce qui leur paraissait causes ? Pas du tout. La moiteur, qui lui suffit. Inutile de se draper gularités, presque des exploits. clos. Les issues de secours ne fi- dix ans chez Plon, injustement possible n’ont jamais avancé d’un le bête bien-être – plat, morne, dans la grande toge du nihilisme. S’immerger tout à fait dans la tié- gurent pas sur le plan. Il appar- peu remarquée, reprise au- pas. » Wagner n’avait pas tort de s’égayant à peine de son propre « L’objectif final est un exercice plat deur, ce serait parvenir à plus de tiendra à ceux qui en ont la force jourd’hui chez Calmann-Lévy – noter que, « chez cet homme sin- ressassement. A l’histoire et à ses de l’existence », écrit Philippe Gar- banalité encore, un petit confort de les inventer eux-mêmes.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Les enfants d’Oblomov et d’Amiel Pascal Bruckner s’interroge sur la notion de bonheur et sur les formes qu’elle a prises dans nos sociétés modernes

L’EUPHORIE PERPÉTUELLE teintes à nos droits : « Aux ravages Rien ne doit faire violence à nos de Pascal Bruckner. qu’elles provoquent se surajoute leur préjugés hédonistes – et surtout Grasset, 274 p., 115 F (17,53 ¤). inutilité qui les rend plus amères en- pas ces « contrariétés nauséa- core. » Au passage, Bruckner raille bondes » que sont la souffrance et ces illusionnistes ivres d’optimisme la mort. A force d’élever la jeu- ascal Bruckner cite à deux qui, à chaque décennie, nous an- nesse, la santé et le fun au rang reprises Voltaire qui, dans noncent l’effacement prochain de d’idoles métaphysiques et de vou- P Candide, dit que l’homme toutes les calamités : famine, indi- loir éradiquer les fondements tra- n’a d’autre alternative que gence, maladie, vieillesse. Il est vrai giques de nos destins, nous finis- de « vivre dans les conclusions de qu’il y a également à chaque géné- sons par évoluer dans ce que l’inquiétude ou la léthargie de l’en- ration plus de dupes que d’impos- Victor Segalen appelait le nui ». D’un côté, la souffrance, de teurs et que les marchands d’espoir « royaume du tiède », royaume l’autre, la monotonie du repos. Te- sont bien les seuls à ne jamais se qu’Amiel fut sans doute le premier naille effrayante qui réjouissait Ar- retrouver au chômage. à explorer. Héros de l’extinction et thur Schopenhauer car elle nous Le romancier anglais Samuel Bu- ancêtre de nos frilosités modernes, délivrait de l’illusion du bonheur. tler avait imaginé à la fin du il a inauguré une forme inédite de Les illusions ont la vie dure et XIXe siècle une contrée, Erewkon bonheur : la non-vie comme passe- celle du bonheur, qui les condense temps. Il invente littéralement un toutes, plus encore. Aussi Pascal Rien ne doit faire domaine nouveau : la promotion Bruckner, avec cette lucidité en- de la vétille comme épopée du psy- jouée et caustique qui lui est violence à nos préjugés chisme, de l’accidentel comme propre, cherche-t-il à comprendre moyen d’accès à l’essentiel : «De comment l’idée de bonheur, éman- hédonistes – chaque journée, il extrait ses mois- cipatrice au siècle des Lumières, sons de babioles, il réveille tout un s’est progressivement métamor- et surtout pas royaume inférieur qui, sous sa phosée en un devoir de bonheur plume, émerge lentement à l’exis- qui nous assigne à une euphorie ces « contrariétés tence. Et de ce dénuement, il tire une factice et qui rejette dans la honte fierté paradoxale. » ou dans le malaise ceux qui n’y nauséabondes » S’il promène un regard tout à la souscrivent pas. Non sans préciser fois amusé et désolé sur nos socié- qu’il n’est pas contre le bonheur que sont la souffrance tés, Pascal Bruckner, qui a bien lu conçu comme une faveur, un mo- Montaigne et Voltaire, nous rap- ment de grâce, mais « contre la et la mort pelle que l’écartèlement est notre transformation de ce sentiment fra- destin, que nous sommes voués à gile en un véritable stupéfiant collec- (anagramme anglais de nowhere), la dissonance et que « le secret tif auquel chacun devrait s’adonner le pays de nulle part, où la maladie d’une bonne vie, c’est peut-être de se sous les espèces chimiques, spiri- était punie comme un crime, où le moquer du bonheur ». Le tenir par- tuelles, psychologiques, informa- moindre rhume pouvait vous en- tout et toujours pour secondaire. tiques, religieuses ». voyer au bagne, alors que le Lui préférer le plaisir comme brève A partir de là, Pascal Bruckner meurtre y était considéré comme extase volée au cours du temps ou nous invite à une promenade phi- une maladie méritant sollicitude et la joie, qui suppose surprise et élé- losophique et littéraire au cours de soins. Butler précise même que le vation. Quant au festin auquel laquelle il nous entretient de per- deuil et la détresse appelaient des nous sommes conviés, quoi que sonnages – Oblomov, Amiel, Fritz sanctions graves, l’affligé n’étant nous fassions, nous le quitterons Zorn, Mme Verdurin – ou de sujets rien d’autre qu’un délinquant cou- en l’ayant à peine goûté. Laissons – la météo comme passion démo- pable de son chagrin. « Superbe et la conclusion à Boccace : «On dé- cratique, la haine du bourgeois, ironique intuition, commente jeune le matin avec ses parents et l’esthétique du kitsch, la fascina- Bruckner, que la seconde moitié du amis ; on dîne le soir avec ses an- tion qu’exerce le bouddhisme – qui XXe siècle a confirmée puisqu’elle a cêtres dans l’autre monde. » Déjeu- sont autant de stations sur le che- effectué, plus que toute autre ner avec Pascal Bruckner, c’est min de croix de l’euphorie perpé- période, un gigantesque pas en converser avec un écrivain qui tuelle. Car plus l’hédonisme s’im- avant dans la négation du malheur s’inscrit dans la grande tradition pose en valeur absolue, plus la et l’interdit de la mort. » des moralistes français. Ne nous en mort et la souffrance deviennent Rien ne doit casser l’ambiance privons pas. de purs non-sens, d’intolérables at- cool dans laquelle nous évoluons. Roland Jaccard LeMonde Job: WIV1600--0007-0 WAS LIV1600-7 Op.: XX Rev.: 19-04-00 T.: 18:30 S.: 111,06-Cmp.:20,07, Base : LMQPAG 31Fap: 100 No: 0022 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / VII b A l’intérieur des images Lettre à l’Algérie Le regard voluptueux et minutieux du grand Raphaël Draï, juif et pied-noir, plaide pour que historien d’art Meyer Schapiro le pays retrouve son âme intercommunautaire

afin de permettre la victoire de Jo- amènes, d’avoir trahi la confiance LES MOTS ET LES IMAGES sué sur Amalec, Schapiro montre LETTRE AU PRÉSIDENT des pieds-noirs ; Constantine, la (Words, Script and Pictures. à quel point les versets de l’Exode BOUTEFLIKA SUR LE RETOUR patrie de saint Augustin, cadenas- Semiotics of Visual Language) ont été interprétés visuellement DES PIEDS-NOIRS EN sée par une haine intercommu- de Meyer Schapiro. de manière très différente d’une ALGÉRIE nautaire sourde que l’assassinat, Traduit de l’anglais (Etats-Unis) mosaïque paléochrétienne aux de Raphaël Draï. le 22 juin 1961, du chanteur Ray- par Pierre Alferi, manuscrits à peintures du Ed. Michalon, 141 p., mond Leyris allait révéler. Cheikh préface d’Hubert Damisch, Moyen Age. Ces modifications, le 75 F (11,43 ¤). Raymond, écrit l’auteur, « incar- éd. Macula, 208 p., texte ne peut les justifier. Il faut nait la coexistence possible, une mi- 150 F (22,86 ¤). d’autres éléments, de plus en plus epuis son élection à la raculeuse synthèse entre les dimen- nombreux, des faisceaux de tête de l’Algérie, en sions juive, française et arabe de ’est vers le milieu du causes, tout le contraire d’une D avril 1999, le président l’Algérie. Son meurtre signifiait que livre. Alors qu’il examine cause unique, eût-elle la dignité Bouteflika n’a pas la coexistence entre musulmans, les représentations de de l’écrit. Il faut prendre en manqué une occasion d’encoura- juifs et pieds-noirs ne serait plus C ger les pieds-noirs à venir partici- Moïse et leur évolution, compte, essentiellement, le travail possible, d’aucune manière, dans Meyer Schapiro (1904-1996) ren- de la peinture elle-même, si né- per à la reconstruction du pays. l’Algérie indépendante ». contre la question de la peinture cessaire et difficile à pénétrer. Sa Ces appels, l’universitaire Raphaël La suite est connue. Ce sera du visage de face ou de profil. Il compréhension exige des don- Draï, juif et pied-noir, ne pouvait l’exil et le naufrage pour la avance plusieurs observations. nées de tous ordres et un regard pas ne pas y être sensible. Lui aus- communauté pied-noir, qui devra Puis écrit : « Les significations mul- constamment attentif – tel celui, si veut « recoudre le tissu déchiré » se reconstruire dans une France tiples de ces deux positions du vi- voluptueusement minutieux, que des relations entre ceux, musul- peu accueillante. Les plus jeunes sage semblent interdire toute expli- Schapiro prend le temps de poser mans, chrétiens et juifs, qui vé- réussiront à se transplanter. Pour cation cohérente fondée sur sur les images de Moïse ou sur la curent sur la même terre. D’où les autres, il était trop tard pour quelque qualité propre au profil et présence de l’écriture dans l’art et cette Lettre écrite d’une plume ins- espérer que des racines nouvelles à la vue frontale. C’est une diffi- ses multiples manifestations, pirée et grave. Point de rancune ni puissent pousser. Ils auront eu culté semblable que les couleurs livres, paroles, inscriptions, signa- d’esprit de revanche chez l’enfant droit à la valise et au cercueil. nous opposent lorsque nous cher- tures, dédicaces. de Constantine contraint – à dix- L’Algérie indépendante ne s’en est chons une raison universelle, trans- Dans chacun des cas, c’est plai- neuf ans –, sur les ordres de son pas mieux tirée, qui, passé l’eu- culturelle, à leur usage symbo- sir que de le voir manœuvrer avec père, d’abandonner sa ville natale phorie des années d’état de grâce, lique (...). » Ce sont de tels propos les images, glisser entre elles, rô- pour une France étrangère. Plutôt a fini par sombrer dans une guerre qui font que la lecture de Schapi- der dans les enluminures et la volonté d’aider ce chef de l’Etat civile que le président Bouteflika ro ne peut être que fructueuse. jusque dans les ateliers de ses algérien qui invite à la réconcilia- s’efforce aujourd’hui d’éteindre. Qu’il traite de sculpture romane contemporains, aussi attentif à tion, à la concorde, car « c’est à A la veille des retrouvailles at- ou de Cézanne, il y introduit des Joseph Kossuth qu’aux anonymes partir de notre réconciliation réus- tendues, qui n’auront rien d’un réflexions touchant à la méthode, des évangéliaires et des psautiers. sie que nos enfants (...) construiront « tourisme mortuaire », une inter- parce qu’il ne croit pas aux expli- Damisch tire la leçon de ces dé- la nouvelle Méditerranée ». rogation taraude Raphaël Draï. cations globales, parce qu’il évite monstrations de subtilité visuelle : Mais, en préalable aux retrou- Quel accueil leur réservera la gé- les simplifications qui, seules, per- « Schapiro est sans nul doute, de vailles, pour déblayer le terrain en nération des jeunes Algériens, mettraient d’énoncer une loi. En tous les historiens de l’art de sa gé- quelque sorte, Raphaël Draï pro- celle qui a été soumise à « l’unifor- effet, on ne saurait réduire la di- nération, celui qui a le mieux pose au président de se raconter misation de son existence, de sa foi, versité des couleurs à une « raison compris qu’il ne saurait y avoir « un peu de notre histoire mu- de sa langue, parfois de ses vête- universelle », ne serait-ce que d’histoire qui n’aille sans un peu de tuelle ». La sienne et, partant, celle ments » ? La visite ce printemps du parce que lesdites couleurs sont théorie, non plus que de théorie qui des juifs pieds-noirs de Constan- chanteur Enrico Macias aurait pu perçues non point en elles- ne s’ordonne et ne doive s’articuler tine, Raphaël Draï la livre en permettre de répondre à la ques- mêmes, mais dans des rapports à beaucoup d’histoire. De théorie, moins d’une centaine de pages tion. Mais, annoncée avec tam- qui les affectent. j’y insiste, mais non pas nécessaire- douces-amères où les souvenirs bours et trompettes, elle est deve- Il ne serait pas plus légitime de ment de méthodologie, dont nous personnels se mêlent aux considé- nue en Algérie un sujet de réduire une œuvre visuelle au tex- sommes plus que saturés. » Encore rations politiques. Tout remonte à polémique. Ce n’était plus le te qui lui tient lieu d’argument. La des phrases qu’il serait bon de la surface : les juifs d’Algérie, de- gendre et le fils spirituel du cheikh critique de Schapiro, puissam- rappeler sans se lasser à tous ceux venus au fil du temps des alliés de du malouf, Raymond Leyris, qui ment relayée par la préface de qui, de nos jours, sous couvert la « France coloniale » alors qu’ils trente ans après retournait dans Damisch, porte sur les habitudes d’érudition, liquident toute ré- auraient dû soutenir cette « révo- son pays natal, mais un chanteur des iconologues, quand ils en- flexion, et à ceux qui, au nom de lution algérienne » dont ils « à la solde d’Israël ». Les tendent trouver dans un livre l’ex- leurs systèmes théoriques, se dis- comprenaient les motifs sociaux retrouvailles attendront des jours plication d’une image. A propos pensent de regarder les œuvres. et humains ; le général de Gaulle meilleurs. Mais le temps presse. de Moïse levant les bras au ciel Philippe Dagen accusé par l’auteur, en termes peu Jean-Pierre Tuquoi

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Malheur Démocratie dans la cité aux vaincus Analyse de la crise urbaine et éthique de l’intervention sur le terrain : un ensemble de textes du sociologue Michel Anselme

SOUVENIRS DE BERLIN-EST DU BRUIT À LA PAROLE seille s’est transformé, entre autres position d’échanger, de se mettre de Sophie Calle. La scène politique des cités choses, du fait de la fuite des en scène, par la vidéo ou la photo- Actes Sud, 70 p., 80 F (12,20 ¤). de Michel Anselme. couches moyennes, qu’il explique à graphie, et de peser sur la réhabili- Préface de Michel Samson, la lumière du maintien ou de l’arri- tation de leur logement et de leur ingulier tour de force : Ed. de l’Aube, 280 p., vée d’autres catégories, sociales ou quartier. Michel Anselme est un dé- Sophie Calle réussit à si- 140 F (21,34 ¤). ethniques. Il indique comment les mocrate, il croit au dialogue, à gner un ouvrage – illustré offices de HLM ont perdu le contact l’échange. Et à l’évidence, il a rai- S es traités, les manuels ou avec les cités, au sein desquelles le son, son intervention exerce des ef- de surcroît – sans écrire une seule ligne ni prendre un les dictionnaires de sociolo- tissu associatif classique s’est délité fets localisés, certes, mais en pro- seul cliché. Usurpation ? Pas pour L gie traitent généralement sans que les autorités locales ou les fondeur. autant. Elle joue, discrète mais par le mépris ou l’ignorance responsables des HLM perçoivent Disons-le d’un mot qui revient à indispensable, les entremet- ceux qui, aux marges de l’Université l’importance des formes émer- la mode, Michel Anselme est du cô- teuses. Son œuvre est dans le ou du CNRS, s’efforcent d’articuler gentes de vie associative. Il souligne té du sujet et valorise par mariage des textes et des images. une pratique sociologique de base, la densité et le nombre des réseaux conséquent l’intersubjectivité. Ni L’idée de départ est simple. aussi dense et originale qu’elle soit, familiaux qui structurent le fonc- expert ni militant, mais compétent Après la réunification allemande, et un engagement sur le terrain tionnement des quartiers popu- et engagé, ni théoricien abstrait ni le Sénat berlinois a créé une pour créer les conditions du chan- laires ; il dit les espoirs et l’impor- empiriste aveugle, mais sachant commission chargée de décider gement social avec ceux-là mêmes tance des régies de quartier, qu’il très bien ce qu’il veut mettre en du sort des monuments à carac- qu’ils étudient comme chercheurs. fut parmi les premiers à promou- œuvre, même à tâtons, Michel An- tère politique situés dans l’ancien Il y a donc peu de chances que Mi- voir... selme est en permanence respec- secteur de Berlin-Est. Un certain chel Anselme trouve sa place dans tueux des habitants des quartiers nombre de statues et de monu- le panthéon de sa discipline. Pour- INVENTER UN ESPACE PUBLIC populaires, sans pourtant être dupe ments ont donc été démontés ou tant, jusqu’à sa disparition, il a as- Mais, en permanence, une de leurs petites manœuvres ni en- démantelés. Restait un vide à des suré la pérennité de ce qui fut après deuxième lecture est possible, et trer dans un rapport fusionnel avec endroits qui avaient souvent va- 1968 une des expériences les plus souvent même s’impose, qui nous eux. Mais c’est avec eux qu’il crée leur de repères. Sophie Calle, qui originales et les plus productives de conduit à mieux connaître Michel les conditions pour requalifier leurs ne connaissait pas Berlin, s’y est la recherche en sciences sociales : Anselme lui-même, son éthique, espaces afin qu’ils retrouvent et dé- rendue pour interroger des pas- celle du Cerfi, inspirée par Michel son souci constant et pratique de veloppent leur estime de soi et, à la sants et recueillir leurs réactions. Foucault et Félix Guattari, dont il changer le monde. De ce point de limite, leur allure physique. «Plus Ces textes brefs (1) sont alignés avait créé une sorte de succursale à vue, il incarne le meilleur du legs de d’une fois, note-t-il, nous serons sur- en regard des photographies (2) Marseille, le Cerfise. 68. Là où tant d’autres ont déserté pris des transformations physiques de montrant les emplacements dé- C’est pourquoi il faut saluer l’ini- tout engagement pour devenir in- nos interlocuteurs, une fois réalisé serts, parfois colmatés par de la tiative de ses amis qui ont rassem- différents, cyniques ou blasés, là où l’emménagement dans leur nouvel publicité. On ne sait rien des per- blé un ensemble significatif de ses d’autres encore critiquent sans exa- appartement. » La force de sa dé- sonnes interrogées : ni leur âge, écrits et les ont comme enchâssés miner les réponses que les acteurs marche est aussi de savoir trouver ni leur sexe, ni si ce sont les entre leurs propres témoignages, in inventent ou pourraient inventer des interlocuteurs ouverts au sein mêmes qui répondent à chaque fine ; et la préface de Michel Sam- face à l’oppression et à la domina- des bureaucraties institutionnelles, fois. Ce parti pris de total anony- son, correspondant du Monde à tion, lui met en œuvre une dé- de discuter avec eux, d’argumenter mat, loin d’être un handicap, Marseille, et habitué du dialogue marche concrète et active. Aussi avec sérieux. « A chaque argument montre toute la fragilité de la exigeant et chaleureux avec les so- faut-il suivre le récit qu’il donne de technique, dit-il de ses relations mémoire collective et du témoi- ciologues. quelques expériences qui avec les représentants d’un office gnage. Etonnamment, cette On peut, on doit faire deux lec- s’étendent dans le temps, et où il de HLM, nous répondons par un ar- simple confrontation avec des tures de ce livre. La première s’in- s’est retrouvé au cœur de disposi- gument social. » objets disparus révèle parfois des téressera à des analyses qui mérite- tifs complexes dans un rôle de maî- Michel Anselme est mort à qua- blessures intimes qui dépassent raient de devenir des classiques de trise sociale, en relation avec une rante-quatre ans en 1993. Il laisse le politique. Mais dans le mé- la sociologie urbaine. Michel An- institution (l’office de HLM par une place vide dans les sciences so- lange d’amertume et de satisfac- selme, en effet, connaissait mieux exemple) et avec les habitants. Ici, ciales, au carrefour de l’intervention tion, d’indifférence et de colère, que quiconque Marseille tout en- Michel Anselme donne toute sa sociale, de la création démocratique on lit souvent la violence d’un ar- tière, et ses quartiers populaires en mesure, en inventeur, avec d’autres d’espaces publics et de la produc- rachement et d’une aliénation. particulier. Et sans lourdeur, par chercheurs (car ce n’était pas un so- tion de connaissances qui ne se li- Pierre Deshusses touches intelligentes, il apporte un litaire), d’un espace public qu’il met mitent pas à un savoir pratique, éclairage lumineux sur la grande en place, là où régnait le vide, et mais qui l’incluent. (1) Traduits par Malcolm Stuart. crise urbaine des années 70, 80 et dont il fixe les règles de fonctionne- (2) Signées Daniel Rückert et Chris- 90. Il montre comment le logement ment. Les habitants existent dans Michel Wievorka tian Kerber. social des quartiers nord de Mar- les cités où il intervient, il les met en Directeur d’études à l’Ehess LeMonde Job: WIV1600--0008-0 WAS LIV1600-8 Op.: XX Rev.: 19-04-00 T.: 19:47 S.: 111,06-Cmp.:20,07, Base : LMQPAG 31Fap: 100 No: 0023 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 dossier On n’en a pas bfini avec Sartre

a tort de croire que le philosophe de mêmes, souvent bidouillées, isolées Sartre. Par quelque bout qu’on le compatissante. Son livre est une ex- La coïncidence du Saint-Germain-des-Prés avait «le de leur contexte stylistique et séman- prenne, il nous a piégés. » cellente voie d’accès à la philosophie goût de l’ostentation » et le désir de tique. Le sujet reste entièrement à De la Suisse romande protestante de Sartre. On pourra seulement lui vingtième anniversaire donner en spectacle son moi glo- traiter, en prenant en compte l’en- nous vient aussi un ouvrage de phi- reprocher de l’avoir débarrassée des rieux. Non, Sartre n’aima pas sa semble de l’œuvre, son mouvement losophie qui s’inscrit, lui, résolument ronces où les Sartre multiples, en de sa mort, d’un essai gloire, il l’aurait préférée moins tapa- à travers des situations successives, contre la doxa anti-sartrienne et conflit intérieur les uns avec les geuse, et s’il sortait de chez lui, c’est son projet général et le point de vue même contre une idée trop facile- autres, se déchirent toujours, parce L a première vague édito- parce qu’il prétendait, célèbre, rester que Sartre adopte sur l’histoire en ment admise par nombre de sar- que la liberté est aussi un combat éclatant sur lui, et riale est passée, les journaux, les heb- libre d’aller acheter les journaux au train de se faire, celui des gens que le triens, qui ferait de Sartre un philo- cruel contre d’autres hommes, miné- peut-être d’un intérêt domadaires, les magazines littéraires kiosque en face des Deux-Magots ou monde brutalise le plus et qui ne s’y sophe de la violence, du conflit ralisés ou en proie au Mal, dans un ont publié sur Le Siècle de Sartre, de de se rendre à un rendez-vous au résignent pas. Dans la volumineuse primordial, de l’affrontement des re- monde où les objets fabriqués par latent de l’époque Bernard-Henri Lévy (« Le Monde des Flore. A l’instigation de Claude Lanz- et ambitieuse biographie qu’un his- gards, puis des groupes et des l’homme menacent de triompher de livres » du 21 janvier), des opinions mann, qui en espérait plus, l’actuel torien genevois, Denis Bertholet, classes. Dans Sartre et l’authenticité, sa meilleure volonté. pour sa pensée plus ou moins argumentées. Les sar- maire de Paris, a donné au trottoir consacre à Sartre, et qui se sert bien Yvan Salzmann, jeune professeur Un sartrien de la première heure, triens ont parlé à la télévision, à la ra- des Deux Magots et à l’angle oppo- des publications de textes pos- lausannois, soutient une thèse que Francis Jeanson, homme lui aussi de d’opposition et son dio, les anti-sartriens aussi, tous les sé, côté église, le nom de place Jean- thumes, de témoignages et de re- résume avec exactitude son sous- multiples combats et de multiples auteurs de livres récents sur Sartre Paul-Sartre-Simone-de-Beauvoir. De cherches accomplies depuis 1985 (an- titre : « Vers une éthique de la bien- amours, dans un livre très inattendu œuvre aux multiples ont pu s’expliquer, des débats ont eu sorte que personne n’habitera jamais veillance réciproque ». A lire de conversations avec sa compagne lieu un peu partout, dans les grandes à cette adresse, pas plus qu’à la place Michel Contat ces mots, on croirait voir depuis quarante ans, Christiane Phi- faces, a remis Sartre librairies, dans de plus petites, à Pa- de l’Etoile-Charles-de-Gaulle. Les poindre le « troisième lip, dit notamment que les intellec- ris, dans d’autres villes. A Bruxelles, deux adversaires, dont Bernard Fau- née de la biographie publiée par Sartre », le levinassien, cher à Ber- tuels, aujourd’hui, ne se rendent pas en pleine lumière. Feu BHL a été agressé une fois de plus connier, dans L’Etre et le Géant, ima- Annie Cohen-Solal), mais sans rien nard-Henri Lévy et plus cher encore compte que Sartre est présent par- par l’« entarteur », qui opère mainte- ginait la rencontre clandestine après apporter de neuf à la connaissance à Benny Lévy, qui l’a pour une part tout, que l’époque est imbibée de la de paille médiatique nant en commando, héros à ce point le retrait du général président, au- de la vie et de l’œuvre, tout en s’ef- fabriqué – avec le plein accord de pensée sartrienne, mais « elle n’ima- national que les caméras étaient là ront désormais chacun leur place forçant – c’est son mérite – de penser Sartre, certes, mais d’un Sartre dimi- gine même pas que l’on pourrait re- ou mouvement de pour filmer l’incident prévisible, dans la capitale. Pour les touristes leur lien, on est frappé par une ano- nué. En fait, non, c’est un Sartre for- courir à cette pensée pour surmonter qu’elles se sont arrêtées quand plutôt que pour les Parisiens qui malie qui semble complètement mé à l’éthique protestante qui res- quelques-unes de nos difficultés ». fond ? « Le Monde des l’agression a pris fin, et que les jour- votent. Dans son allocution, M. Tibe- échapper à l’auteur. La pensée libé- surgit ici, à partir de l’exigence Dans l’action politique, la création naux belges ont refusé de publier un ri a rappelé que Sartre et de Gaulle rale et quelques idées psychanaly- d’authenticité, de réflexion non culturelle, la psychiatrie, l’engage- Livres » s’interroge article du philosophe Pierre Verstrae- avaient les mêmes ennemis, l’OAS, tiques sommaires y sont tenues pa- complice, qui clôt L’Etre et le Néant ment moral, la tentative de maîtriser ten protestant contre cette forme de qui tenta de les assassiner. Voilà pour reillement pour vérités d’évidence, sur la promesse d’une morale. Salz- humainement la mondialisation. aussi sur « Les Temps violence fasciste qui se prétend da- l’écume des jours, et aussi pour l’his- dont il n’y a pas même lieu de dis- mann, en présentant toute l’œuvre Jeanson l’affirmait en octobre 1999. Il daïste. « Pauvre Belgique », comme toire, toujours en cours, toujours en cuter pour porter des jugements po- de Sartre et tout le mouvement de sa aurait sans doute été plus encouragé modernes » qu’il disait déjà Baudelaire. révision. litiques et moraux contre Sartre. Ce pensée comme une recherche des par le retour de Sartre qui s’est pro- Ce n’est qu’un petit symptôme du Bientôt, dans la révision du procès qui aboutit par exemple à affirmer conditions pratiques de la reconnais- duit entre-temps et qui rend per- fonda et sur les revues climat passionnel qui a accompagné Sartre instruit depuis, quoi ? 1945, que Sartre trouve en Staline son père sance bienveillante de chacun par plexes les uns, exaspère les autres, et le retour de Sartre sur la scène mé- 1952, 1970 ? mais non, depuis 1938, idéal, un père-fesseur, et que c’est ce l’autre, est fidèle à l’une des voix de réjouit ceux qui aiment en lui son qui se définissent par diatique, par Bernard-Henri Lévy in- depuis La Nausée –, bientôt viendra, qui l’a conduit à écrire, en politique, Sartre, amicale, généreuse, et, oui, inépuisable vitalité, sa radicalité. terposé. Il a eu des échos dans toute dans Les Temps modernes, un très bel des absurdités indignes de lui-même. rapport à la l’Europe de l’Ouest, mais pas encore article de critique fraternelle adres- Assez étrange, cette idée d’une aux Etats-Unis, où les médias sée par Juliette Simont, philosophe biographie d’écrivain, de philosophe, ૽ Parutions et rééditions récentes Fontenay/Saint-Cloud (e-mail : edi- conception sartrienne ignorent BHL et ont oublié Sartre sartrienne, à son aîné de dix ans, d’intellectuel, écrite avec l’intention b Sartre, de Denis Bertholet. Plon, tions@ens-fcl. fr). Diffusé par OPHRYS depuis sa mort. Dans Le Figaro, Bernard-Henri Lévy, pour lui faire d’en finir une bonne fois avec cet 594 p. 169 F (25,76 ¤). (10, rue de Nesle, 75006 Paris, tél. 01-44- de l’engagement M. Fumaroli s’en est pris aux deux à entendre que la Critique de la raison homme-œuvre, Sartre. On lit avec b Sartre et l’authenticité. Vers une 41-63-75). 342 p. 190 F (28,97 ¤). la fois, leur imputant un même dialectique, qu’il croit totalitaire et d’autant plus de surprise la dernière éthique de la bienveillance, d’Yvan Salz- b L’Être et le Géant, de Bernard Fau- intellectuel dans les amour de la gloire, accusant Lévy de stalinienne, est tout au contraire un page du livre où le biographe, mann. Labor et Fides (Genève). Diffu- connier (éd. des Syrtes, 156 p., 105 F s’identifier à Sartre et lui lançant qu’il grand livre de philosophie, et de phi- s’avouant vaincu, déclare : « Nous ne sion Le Cerf. 346 p, 140 F (21,34 ¤) [15,91 ¤]). Réédition, avec une préface conflits de notre temps aurait mieux valu choisir Bataille ou losophie désespérée, ce qui n’em- sommes pas les fils de Sartre : nous Entre-deux. Conversations privées, 1974- originale d’Olivier Todd, d’un roman Walter Benjamin pour incarner l’in- pêche pas l’optimisme de l’action sommes Sartre, peu ou prou, parce 1999, Un itinéraire d’engagement : Sartre, paru en 1989 chez Régine Deforges. tellectuel dans le siècle. Chez cet aca- dont BHL est un fervent adepte. que son universelle singularité résonne l’Algérie, l’Action culturelle, la Psychia- b Sartre, un homme en situations, de démicien très attaché au XVIIe siècle, « Le retour de Sartre » a fourni en nous. » Et de rejoindre Bernard- trie, Sarajevo... de Francis Jeanson et Jeannette Colombel (Le Livre de Poche, on sentait de l’envie, ce sentiment si l’occasion d’évoquer à nouveau, en Henri Lévy, mais sur le mode désolé : Christiane Philip (éd. Le Bord de l’Eau. Biblio-Essais no 4299. 730 p., 65 F humain et si peu sympathique. bloc et en détail, ses « erreurs » poli- « ... Il s’est incrusté dans son temps. On 268 p, 190 F [28,96 ¤]) [9,90 ¤]). Réédition en un volume, sans Il est vrai que Bernard-Henri Lévy tiques et d’en dresser un sottisier à ne l’en extirpera pas. Plus moyen de b Sartre et la phénoménologie. Textes modification de texte, de l’ouvrage pu- se projette parfois en Sartre, et qu’il l’aide de citations, toujours les parler du XXe siècle sans évoquer réunis par Jean-Marc Mouillie. ENS éd. blié en deux volumes, en 1985/1986. « Les Temps modernes », l’engagement...... et la fidélité

urant l’été 1943, ce qui étaient naïfs était une revue, dirigée par Sartre L’Homme révolté. Devenue pu- vec un peu de retard, en de direction, les retournements de subsistait de l’éphé- encore, lui et mais conçue elle aussi comme blique, la brouille fut définitive mars 1996, Les Temps mo- pied en cap, même, les parjures par- D mère groupe de résis- son projet. l’intervention d’un groupe dans entre Sartre et Camus ; elle couvait dernes publièrent le numé- fois, mais jamais les reniements ou les tance intellectuelle So- Mais qu’il l’ait la vie publique et pas seulement depuis que Sartre s’était rapproché A retournements. » ro anniversaire de leurs cialisme et Liberté que Sartre conçu montre dans le monde littéraire. Puisque des communistes après l’échec, en cinquante ans. Dans un beau et cha- Il est significatif, cinquante ans avait animé en 1941 à son retour assez qu’une La Nouvelle Revue française s’était 1949, du Rassemblement démocra- leureux « Salut », en ouverture du après sa définition par Sartre dans le de captivité, c’était un projet grande ambi- dévoyée dans la collaboration tique révolutionnaire, auquel, d’ail- cahier, Jacques Derrida, qui n’ap- texte de présentation de la revue pour l’après-guerre. La victoire tion se juge fi- avec l’occupant, Les Temps mo- leurs, Camus ne donna pas son partint jamais ni de près ni de loin à – « Tel est l’homme que nous conce- des Alliés sur les puissances de nalement à ses dernes qui lui succédaient chez adhésion. En dehors de raisons pri- l’équipe de la revue, commentait vons : homme total. Totalement enga- l’Axe était désormais prévisible, résultats. Gallimard devaient changer la vées, ce qui sépara Sartre et Camus l’expression dont Claude Lanz- gé et totalement libre. » –, qu’un pen- la France serait libérée, il fallait Dans les mois nature même d’une revue litté- fut la question de la position à mann, directeur depuis 1986, avait seur comme Jacques Derrida que son rayonnement intellectuel qui précédèrent la Libération, des raire. prendre face aux camps de travail fait la formule des Temps modernes prolonge librement la réflexion sur reprenne celui des Lumières. Les projets plus à leur portée de pro- d’URSS : Sartre les condamnait de l’après-Sartre : « Maintenir le cap l’engagement sartrien. Paradoxale- adversaires de Sartre, au- fesseurs et d’écrivains furent DIVISION mais refusait de condamner le ré- de non-infidélité ». « J’aime beau- ment peut-être, le mouvement ne jourd’hui, ricanent de ce projet conçus par Sartre, Beauvoir et Et c’est donc la conception de la gime qui les maintenait, parce qu’il coup cette expression prudente et s’arrête pas à cette morale et à cet de Constitution qu’il mit un jour leurs amis Albert Camus, Michel littérature et de ses rapports avec la partageait ses valeurs. C’est sur la tourmentée, “cap de non-infidélité”, art «du fini»dont parlait l’auteur sur le papier, en 1941, et de la ré- Leiris, Maurice Merleau-Ponty, politique qui devait changer en question de l’épuration et de l’en- écrivait le philosophe. Elle ne dit pas des Chemins de la liberté, mais forme de l’éducation nationale et Raymond Queneau. L’un prenait fonction du bouleversement géné- gagement littéraire que Jean Paul- “fidélité” (ce serait trop, et trop im- s’ouvre là, se renouvelle à la lumière de l’Université qui l’accompa- place dans un projet encyclopé- ral du monde que la guerre avait han, moins d’un an après la créa- possible) mais le serment renouvelé de du présent. Ainsi, après cinquante- gnait. Ils en ricanent parce qu’il dique : la section d’éthique du vo- entraîné. Divisé en deux blocs, le tion de la revue, la quitta sans mot ne pas trahir, ce qui revient sans reve- cinq ans, la revue de Sartre, de Beau- n’en subsiste rien et que, pour lume consacré à la philosophie, monde unifié par le développe- dire. L’ancien directeur de La NRF nir au même et prend en compte ce voir et de Lanzmann peut continuer une catégorie d’historiens aux dans l’Encyclopédie de « la ment des communications de n’avait donné qu’un texte aux qui vient sur nous de l’avenir, là où on à porter son titre, sans que celui-ci yeux de qui seules les archives Pléiade » qui était en projet chez masse devait être pensé comme Temps modernes, sur la rhétorique. ne l’attend pas : d’où l’impossibilité de paraisse le moins du monde ana- font preuve, le projet d’un pro- Gallimard, serait rédigée par une totalité. Et la littérature, pour Avec Raymond Aron, la sépara- la promesse qu’on renouvelle pour- chronique. fesseur de philosophie dont on Sartre, Beauvoir, Merleau-Ponty, Sartre, dans le manifeste qui ou- tion se fit sur l’attitude à avoir à tant et dont on maintient, à défaut de P. K . ne peut contrôler la copie devait Camus, et ils comptaient en faire vrait le premier numéro des Temps l’égard des Etats-Unis et de leur tout le reste, le cap. Que promettre de forcément être fumeux. Selon un manifeste d’équipe. L’autre modernes, devait répondre à l’im- emprise sur l’Europe, que Sartre ré- mieux, jamais, qu’un cap de non-infi- ૽ Les Temps modernes, 4, rue Feron, Sartre lui-même, plus tard, ils projet, qui, lui, vit le jour en 1945, pératif de l’engagement. De même prouvait. Au neuvième numéro, en délité à travers tous les changements 75006 Paris. que l’homme est condamné à la li- juin 1946, le comité de rédaction berté, qu’il la veuille ou non, la lit- disparut, Sartre se retrouvant seul térature est de toute façon enga- directeur en titre, Merleau-Ponty gée, qu’elle le veuille ou non. Elle a assurant sa direction politique et affaire au monde, à la liberté, à la Simone de Beauvoir sa direction situation de chaque personne dans littéraire, pour dire les choses som- le monde. En le dévoilant, elle le mairement. Claude Lanzmann, qui change. Une chose nommée est entra aux Temps modernes à peu une chose vue, une conduite dé- près au moment où Merleau-Ponty crite ne peut plus être ignorée. Nul en sortit, en 1953, a raison de dire n’écrit innocemment. Il s’agit de que l’histoire de la revue est une savoir quel aspect du monde celui histoire de ruptures dont Sartre qui écrit veut changer. Cette notion seul décidait, en dernier ressort, car d’engagement et les prises de posi- c’est autour de lui qu’elle s’était tion politiques qu’elle entraînait créée. Alors, Sartre, chef ? Seules devaient rapidement diviser la pre- les âmes tendres pensent qu’un mière équipe des Temps modernes. groupe, fût-il intellectuel, peut Elle était constituée, autour de fonctionner selon la stricte règle de Sartre et Beauvoir, de Raymond la démocratie. Sartre, en politique, Aron, Maurice Merleau-Ponty, Mi- était peut-être naïf, comme me le chel Leiris, Albert Ollivier et Jean dit un jour son amie russe Lena Zo- Paulhan. Albert Ollivier y était le nina, mais certainement pas un représentant de Camus, qui était tendre. En littérature, il était tout trop occupé par son travail à la di- sauf naïf, comme le prouvent les rection de Combat pour participer à noms qu’on trouve au sommaire l’animation de la revue autrement de la revue dans ses premières an- qu’en discutant avec Sartre et nées : Jean Genet, Nathalie Sar- Beauvoir. raute, Marguerite Duras, Samuel Camus n’écrira dans Les Temps Beckett, Boris Vian, Carlo Levi, modernes qu’une seule fois, en Maurice Blanchot, Violette Leduc. 1952, pour répondre, en s’adressant Sans oublier Sartre lui-même, ni à Sartre, à l’article de Francis Jean- Beauvoir. son qui critiquait sévèrement M. Ct LeMonde Job: WIV1600--0010-0 WAS LIV1600-10 Op.: XX Rev.: 19-04-00 T.: 18:24 S.: 111,06-Cmp.:20,07, Base : LMQPAG 31Fap: 100 No: 0025 Lcp: 700 CMYK

X / LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 chroniques b POLITIQUE INTERNATIONAL b par Thomas Ferenczi b par Daniel Vernet Question d’identité

qu’une « béquille », écrit Ulrich Wickert. Le n’avait rien de provisoire, il était libéral et démo- COMMENT PEUT-ON ÊTRE ALLEMAND ? « patriotisme de la Constitution » ne répond pas cratique, légal, pratique – il était exactement aus- Le gaullisme d’Ulrich Wickert. au problème de l’identité, qui ne peut se réduire si vieux et aussi jeune que nous, donc d’une cer- Traduit de l’allemand à la célébration de valeurs politiques univer- taine façon, c’était le nôtre (...) Qu’avions-nous à par Jeanne Etoré et Bernard Lortholary, selles justement parce que celles-ci ne rendent faire de Leipzig, de Dresde ou de Halle ? Rien. » Seuil, 316 p., 130 F (19,82 ¤). pas compte de la singularité. La réunification a aussi relancé le débat sur désenchanté Qu’est-ce qui est allemand ? Premier pré- les attributs de l’identité. « La rupture de 1945, e titre semble avoir été pensé pour le sident de la RFA à appartenir à la social-démo- écrit Ulrich Wickert, interdisait d’invoquer les public français. Comment peut-on être cratie, Gustav Heinemann, quand on lui de- éléments traditionnels constitutifs d’une nation . » C’ÉTAIT DE GAULLE, tome 3 L allemand ? est une question qui travaille mandait s’il aimait l’Allemagne, répondait : Mais créer des mythes nouveaux prend du d’Alain Peyrefitte. aussi – et sans doute avant tout – nos « J’aime ma femme. » Dans les années 1970, temps. La polémique – qui ne date pas de 1990 – Ed. de Fallois/Fayard, voisins d’outre-Rhin. Elle est plus insistante et c’était encore une réaction à l’histoire récente sur l’hymne national, le drapeau, la fête natio- 682 p., 150 F (22,97 ¤). plus insoluble encore pour les jeunes généra- de l’Allemagne, aux perfections du nationa- nale, a repris de plus belle. Comme souvent, des tions, pour ceux qui bénéficient de « la grâce de lisme, à l’exacerbation de la haine de l’autre. compromis ont été trouvés qui font la part belle STÈLES À DE GAULLE la naissance tardive » selon l’expression mal- Mais la contemplation de ces « déchets de l’his- aux symboles de l’Ouest, la RFA pouvant pré- de Philippe Le Guillou. heureuse de l’ancien chancelier Kohl. toire » conduit inversement Ulrich Wickert à la tendre à une antériorité démocratique que Gallimard, 192 p., 80 F (12,20 ¤). Comment peut-on être allemand ? Par ha- haine de soi ou à la bonne conscience « des for- n’avaient pas les Allemands de l’Est, victimes (En librairie le 25 avril.) sard, voudrait bien pouvoir répondre Ulrich mules hypermoralisantes » qui mettent entre pa- pendant cinquante-six ans de deux dictatures Wickert. On est homme de naissance et seule- renthèses l’identité sans pour autant résoudre consécutives. Un grand pas vers la normalisa- L’ÊTRE ET LE GÉANT ment après allemand, dit-il à plusieurs reprises son énigme. Ulrich Wickert cite des intellectuels tion de l’identité allemande a été fait l’année de Bernard Fauconnier dans son livre. Mais cette réponse ne suffit pas. de la jeune génération qui ne veulent pas ou- dernière quand le nouveau gouvernement so- Ed. des Syrtes, 156 p., 105 F (16,01 ¤). Quel Allemand né après la guerre n’a pas été blier les horreurs allemandes mais qui ne cial-démocrate/vert a introduit le droit du sol confronté à cette interrogation, même s’il ne veulent pas non plus « oublier ni escamoter plus dans le code de la nationalité. Un vieux tabou e dernier des trois volumes consacrés par Alain Peyrefitte à ses porte aucune responsabilité individuelle dans longtemps leur germanité ». était brisé. Ce qui compte à l’avenir, se réjouit conversations avec de Gaulle présente plusieurs particularités, qui les crimes du IIIe Reich ? La réunification de 1990 a relancé le débat. A Ulrich Wickert, « c’est le lieu de naissance et non lui donnent un ton plus nostalgique. D’abord l’auteur, qui se sa- La question posée par Ulrich Wickert, qui l’Est, parce que les habitants de l’ex-RDA l’origine des parents ». Pour quelqu’un né au Ja- L court tout au long du livre, est celle de l’identi- vait gravement malade, a lutté contre la mort pour achever son avaient l’impression – fondée – que leurs pon, qui a passé une grande partie de son en- travail, auquel il a mis la dernière main quelques jours seulement avant de té. Les Allemands ont essayé d’y échapper après compatriotes de l’Ouest venaient leur donner fance en France avant d’y revenir comme cor- disparaître, donnant à l’œuvre de sa vie une émouvante dimension testa- 1945 parce qu’ils se l’étaient trop posée aupara- des leçons de bonne conduite démocratique. Ce respondant de la première chaîne de télévision, mentaire. Ensuite, la période couverte par son récit – le second septennat, vant. Depuis la nuit des temps et jusqu’à Nietz- réflexe est d’autant plus fort à l’Ouest que l’Al- c’est une pétition de principe qui va presque de interrompu, du général de Gaulle, de 1966 à 1969 – est marquée par sche : « Qu’est-ce qui est allemand ? », Ils ont lemagne de l’Est apparaissait comme le refuge soi mais qui n’est pas nécessairement partagée. l’échec, apparaissant comme tout entière orientée vers les événements de trouvé des succédanés à l’identité nationale de la « vraie Allemagne », celle qui n’avait pas Après cinquante ans de vie démocratique à mai 1968, qui occupent un bon tiers du volume et signent la fin du gaul- dans l’Etat postnational dissous dans l’intégra- subi l’effet égalisateur de l’occidentalisation. l’ouest du pays, l’Allemagne est toujours dans lisme. tion européenne ou bien dans le « patriotisme C’est d’ailleurs pourquoi toute une frange d’Al- une période de probation comme les condam- Enfin, pendant ces trois années, Alain Peyrefitte n’occupe plus, à son de la Constitution ». L’expression a été inventée lemands « postnationaux » se sont montrés hos- nés libérés sur parole. Elle est encore « en liber- grand regret, le poste de porte-parole du général de Gaulle, ce qui limite aux premiers jours de la République fédérale tiles à la réunification. L’écrivain Patrick Süs- té surveillée ». Ulrich Wickert avait donné ce les échanges personnels entre les deux hommes aux questions concernant puis reprise par le théoricien de l’école de kind, l’auteur du Parfum, le dit sans ambages : titre à l’édition allemande de son livre comme les ministères successifs de l’auteur, la recherche et l’éducation. Il est vrai Francfort, Jürgen Habermas, mais ce n’était « Cet Etat-là [la RFA] avait fait ses preuves, il un avertissement... et un regret. que celui-ci, par sa fonction, se trouve au cœur de la tourmente de mai 1968. Il a obtenu en outre du chef de l’Etat l’autorisation – exceptionnelle – de continuer à prendre des notes au conseil des ministres. Une faveur ECONOMIE qu’il doit à ses bonnes relations avec de Gaulle. « Vous le savez bien, lui dit Comment tout a commencé Pompidou, le Général piffe les gens ou ne les piffe pas. Vous, il vous piffe. » b par Philippe Simonnot Ce que propose Alain Peyrefitte est donc la chronique d’une fin de règne, mélancolique et un peu désen- miques étaient la Hollande, la France et l’An- France. Etner nous livre de cette « secte » l’ana- chantée. Cela commence par le HISTOIRE DE LA PENSÉE ÉCONOMIQUE gleterre. La Hollande faisait figure de cas parti- lyse peut-être la plus lisible depuis l’ouvrage de Alors que paraît ballottage de décembre 1965, qui, à de François Etner. culier. L’Etat, assure Etner, y comptait pour référence de Weulersse (2), notamment en ce en croire Georges Pompidou, «a Ed. Economica, 370 p., 185 F (20,2 ¤). presque rien, le pouvoir appartenant aux mar- qui concerne la notion capitale de produit net, le dernier porté un coup terrible au moral du chands. Leur prospérité étonnait. Les premiers impossible à développer ici. Comme son nom Général et à ses convictions ». C’en epuis la traduction en français du économistes cherchèrent donc systématique- l’indique, la physiocratie préconisait un gou- volume des est fini du « rêve unanimiste » qui chef-d’œuvre de Joseph Schumpe- ment à expliquer la domination hollandaise et à vernement au service des lois naturelles. Hume n’avait cessé de le porter. Cette il- ter, Histoire de l’analyse économique définir des moyens de prendre sa place. Aussi ne fut pas le dernier à méjuger les physiocrates, lusion perdue ne sera pas la seule. D bien les économistes majeurs des XVIIe et les tenant pour des fanatiques infréquentables. conversations (1), est-il permis de dire, sans peiner De Gaulle veut moderniser la personne, que l’on ne disposait point d’ouvrage XVIIIe siècles furent-ils presque tous issus de Leur tort impardonnable assurément fut de d’Alain Peyrefitte France, mais il se heurte à des ré- équivalent dans notre langue ? « Le » Schum- deux autres Etats qui voulaient se saisir du vouloir imposer les grands propriétaires ! En sistances tenaces. « Combien de peter date de 1954 et sa traduction, une tren- sceptre du monde, la France et l’Angleterre. fait, des deux côtés de la Manche, on poursui- avec de Gaulle, fois, écrit Alain Peyrefitte, n’avons- taine d’années plus tard, accusait plus qu’elle Corrélativement, selon Etner, « aucun écono- vait le même objectif : soumettre le caprice des nous pas senti sa résignation doulou- ne masquait le retard de l’édition française miste d’envergure ne résulta de la domination princes aux lois du marché. Philippe Le Guillou reuse ? » dans ce domaine. Ce retard vient d’être en par- commerciale de la Hollande du XVIIe siècle ». L’étape suivante consista à faire émerger l’in- Plusieurs de ces difficultés sont tie comblé par l’essai de François Etner. En par- L’autre circonstance importante qui présida à dividu à la place de la nation. C’est ainsi qu’est retrace le parcours en résonance avec l’actualité la tie seulement, car les trois tomes majestueux la naissance d’une science économique fut le née l’école dont les quatre figures principales plus récente. De Gaulle se plaint, du maître autrichien restent inégalés sur bien développement d’une sphère marchande en furent Smith, Ricardo, Say et Stuart Mill – école du général, par exemple, de « la lenteur in- des points. Mais l’unique volume d’Etner a le partie autonome, qui ne fut pas complètement dite classique, un terme qui semble être une in- croyable des tribunaux ». A Louis mérite d’être plus maniable. Et surtout, il suit la contrôlable par des instances religieuses, poli- vention de Karl Marx ! Après vinrent les néo- et Bernard Fauconnier Joxe, ministre d’Etat chargé de la même méthode de lecture en écrivant réelle- tiques, juridiques, administratives ou profes- classiques, les keynésiens, les nouveaux clas- réforme administrative, il lance : ment une histoire de la pensée, et non pas en sionnelles. « Car si elle n’avait pas été autonome, siques, les néokeynésiens. François Etner imagine une rencontre « Vous avez trop de monde dans vos dessinant une série de portraits d’économistes. raisonne notre auteur, les conseillers du prince pousse la coquetterie jusqu’à citer des auteurs administrations centrales... Il faut Notre auteur commence son histoire au n’auraient pas pris la peine d’analyser la logique quasi inconnus, tel Esménard du Mazet, auteur entre Sartre faire la chasse au foisonnement. » XVIIe siècle alors que Schumpeter débutait la marchande ». Etner va jusqu’à écrire : «La en 1849 de Nouveaux principes d’économie poli- S’il évoque la cohabitation, c’est sienne avec Platon, Aristote et Xénophon. Et- période précédente, disons de l’an 1000 au tique, dont il s’est amusé à reconstituer les et l’ancien président pour l’exclure. « Si nous n’avons pas ner justifie son choix par le fait qu’avant cette XVe siècle, se caractérise en Europe par une qua- équations. Ou encore ce Pownall qui, immédia- de majorité à l’Assemblée, nous nous époque l’économie, comme son étymologie si-absence de marché » – affirmation qui lui se- tement après avoir lu La Richesse des nations en de la République en passerons ! explique-t-il. Cette grecque l’indique, renvoyait à l’économie do- ra sûrement contestée. 1776, s’opposa à Smith. Constitution a été faite pour gouver- mestique. En 1615, le Traité d’œconomie poli- Au service du prince, les premiers écono- L’important toutefois, que fait bien voir Et- ner sans majorité. » A son ministre de l’éducation, il dit : « L’école et l’uni- tique de Montchrestien signale d’emblée l’am- mistes défendirent des politiques économiques ner, c’est la manière dont tout a commencé ; versité sont sclérosées. Elles sont inaptes à se réformer elles-mêmes. C’est à bition de ceux qui allaient faire profession, protectionnistes agressives qui dressaient les cette économie politique, dirions-nous, fut une vous de les entraîner ». Un constat que Claude Allègre ne démentirait pas ! inconnue jusqu’alors, d’économistes : on quit- Etats européens les uns contre les autres. D’où économie du politique, au sens d’abord le plus Alain Peyrefitte finira justement par endosser l’habit de son lointain tait le domaine du riche propriétaire pour s’in- le « mercantilisme » – « un terme inventé après concret du terme : économiser le pouvoir. successeur à l’éducation nationale : la révolte estudiantine l’obligera à téresser à la nation tout entière. Ainsi la science coup pour qualifier une école économique qui n’a quitter ses fonctions, après que Georges Pompidou l’aura désavoué en économique serait-elle fille de l’art de gouver- jamais existé », précise l’auteur. En s’opposant (1) Joseph Schumpeter, Histoire de l’analyse écono- rouvrant la Sorbonne. Sur ces journées d’émeute et de désarroi, Alain ner, inséparable lui-même de la constitution au protectionnisme, les économistes libéraux mique, trad., 3 vol., Gallimard, 1983. Peyrefitte apporte une multitude d’informations. Son analyse n’a pas d’Etats souverains. Or les Etats que l’on citait le firent leur premier pas. Hume en Angleterre, (2) G. Weulersse, Le Mouvement physiocratique en changé. Un petit groupe d’agitateurs gauchistes, dont le meneur, Daniel plus souvent à l’époque dans les débats écono- Quesnay et ses disciples « physiocrates » en France de 1756 à 1770, 2 vol., Alcan, 1910. Cohn-Bendit, aurait dû être expulsé sans tarder, a réussi par son savoir- faire à mobiliser une bonne partie de la jeunesse, mais, contrairement à ce que l’on a dit souvent, ce ne fut pas comme une étincelle sur une poche de SOCIETE gaz. « Il n’y avait pas de gaz accumulé, affirme-t-il. On est toujours tenté de croire qu’à une grande conséquence il faut une grande cause. Je crois que b par Paul Benkimoun La mesure du risque c’est une illusion. Tout dépend des hommes, de leur invention, de leur déter- mination, de l’enchevêtrement d’innombrables libertés imprévisibles. » posaient de tables de mortalité servant à la sé- la propagande hygiéniste à celle de l’éducation Divisés, incertains, les hommes au pouvoir ont perdu la maîtrise de la LE RETOUR DU DR KNOCK lection médicale des personnes qu’elles accep- du patient. Au cours des années 70, des francs- situation. Face aux pressions de la rue, de Gaulle réagit mal, oscillant de Nicolas Postel-Vinay et Pierre Corvol. taient d’assurer. Juste au lendemain de la tireurs comme Ivan Illich ou Petr Skrabanek entre velléités répressives et concessions extrêmes, avant de remporter ce Ed. Odile Jacob, 304 p., 150 F (22,86 ¤). seconde guerre mondiale, les médecins de ces ont développé un discours critique sur une qu’il qualifiera lui-même de « victoire à la Pyrrhus ». « Ne vous faites pas compagnies authentifièrent l’HTA comme un médecine réduite à un « service d’entretien » d’illusion, dit Georges Pompidou à l’auteur, tout ce que le Général a voulu ’histoire n’a pas été généreuse avec facteur de risque cardio-vasculaire. maintenant l’homme « en état de marche au faire s’est écroulé. » De Gaulle lui-même lui confie : « Beaucoup de choses Charles-Alexandre Louis, fondateur, en C’est là que nous retrouvons le docteur bénéfice du système industriel » (Illich) ou sur que nous avons entreprises sont remises en cause. » Désabusé, meurtri, le 1832, de la Société médicale d’observa- Knock, personnage si réaliste inventé par Jules les médecins « tyrans de la norme » (Skraba- chef de l’Etat se sent dépassé par les événements. « Je crois bien deviner L Romains : longtemps sans manifestations cli- nek). Skrabanek dénonça la croisade contre tion. Il est rappelé à notre souvenir par qu’il a perdu quelque chose de sa confiance en lui-même », conclut l’auteur. Nicolas Postel-Vinay, médecin et chargé de niques, l’HTA est de ces agents sournois qui l’hypertension en affirmant que les inconvé- Trente ans après sa mort, de Gaulle survit dans les mémoires comme le mission au ministère de la santé, et Pierre Cor- font des personnes bien portantes des malades nients du traitement l’emportaient sur ses témoin d’une époque déjà lointaine. Quand on transféra au Panthéon, en vol, professeur au Collège de France et direc- qui s’ignorent. Pourtant, nous savons bien que avantages. Si ses critiques avaient (et ont tou- 1996, les cendres d’André Malraux, son « compagnon de l’essentiel », écrit teur du conseil scientifique de l’Inserm, au- la simple vue du médecin peut faire grimper jours) quelques fondements, force est de Philippe Le Guillou dans ses Stèles à de Gaulle, « c’était le siècle que l’on teurs de cet essai sur le risque cardio- un peu la tension de son patient, ainsi porteur constater que les études les plus récentes ont enterrait, dans ses outrances, ses excès, sa propension naïve à la grandeur ». vasculaire, intitulé de manière joyeusement d’une « pseudo-hypertension ». D’où un para- attesté que la normalisation de chiffres ten- Philippe Le Guillou, après avoir rendu hommage, il y a quatre ans, à l’écri- provocatrice Le Retour du Dr Knock. Pour le doxe : « Cette singulière affection construite au- sionnels ou d’un taux de cholestérol trop éle- vain, a choisi d’adresser au « grand gisant » de Colombey « les signes de re- docteur Louis et ses amis, « la statistique appa- tour de normes arbitraires pour laquelle on n’ose vés diminue les accidents cardio-vasculaires et connaissance d’un gaulliste fervent ». Il le fait à travers cinquante-huit raissait comme une des modalités obligées de employer le terme de “maladie” ne manque pas la mortalité qu’ils entraînent. Tout le problème courts textes, qui sont comme autant de stations dans la vie du héros, de toute recherche médicale. Elle devait s’imposer de surprendre : elle peut être dépistée – et trai- est donc de savoir à partir de quand agir, c’est- Lille, son lieu de naissance, à Colombey. Dans une très belle langue, qui comme le principe décisif de toute analyse et de tée – alors qu’elle n’existe même pas. » à-dire prévenir et traiter. touche par son élégante simplicité, l’auteur raconte la singulière aventure toute preuve ». Ce qui constitue de nos jours Avec l’HTA, nous passons de la notion de Le docteur Knock, disent Nicolas Postel-Vi- d’un homme qui rendit à un peuple sa fierté. Au lendemain de mai 1968, la une sorte d’évidence était à l’époque des plus maladie à celle de risque. Un concept qui n’est nay et Pierre Corvol, doit se réjouir de voir césure s’est creusée, le style du Général ne s’accorde plus avec l’époque. révolutionnaires. pas forcément facile à intégrer au quotidien. l’abaissement des normes de tension artérielle, Jean-Paul Sartre, mort il a tout juste vingt ans, fut aussi l’une des figures La médecine a ceci de commun avec la Bible « Il faut une bonne dose de docilité, écrivent puisqu’elles définissent un nombre toujours de ce temps évanoui. Il demeure, avec le chef de la France libre, et dans un qu’au commencement était le verbe. Les nos auteurs, pour que, sans être poussé par une plus grand de malades qui s’ignorent. Or, rap- autre registre, un des personnages-clés de la légende du siècle. Bernard chiffres sont venus ensuite. Si l’objectif a tou- douleur quelconque et dans une situation si pellent les deux auteurs, « la bonne gestion des Fauconnier a imaginé, dans L’Être et le Géant, l’improbable rencontre, en jours été de guérir, l’art médical consistait en- proche de la normale, chaque patient accepte risques suppose le contrôle de l’ensemble des pa- Irlande, entre l’auteur des Mots et l’ancien président de la République. core au début du XIXe siècle surtout à décrire, d’obéir aux dix commandements de la maîtrise ramètres », en l’occurrence aussi bien des don- « Le grand homme d’Etat » reçoit dans sa retraite provisoire « le grand souvent avec beaucoup d’imagination et à du risque cardio-vasculaire : ne pas fumer, ne nées biologiques que des comportements écrivain », auquel le lie une étrange complicité. « Ils sont les derniers mo- grand renfort de métaphores, les symptômes. pas grossir, préférer les légumes bouillis au cas- (consommation d’alcool, de tabac ou sédenta- dèles d’un monde très proche et cependant révolu », commente l’auteur. Nous devons au « numérisme » d’avoir objec- soulet, refuser une bonne bière, faire de l’exer- rité). Pour eux, la notion de paramètre isolé C’était un monde « que l’on pouvait espérer changer avec des idées et du tivé les signes cliniques et jugé les traitements cice, se faire doser assidûment son cholestérol, normal est caduque, et ils rappellent que courage, des songes et des phrases ». Le dialogue entre ces dex hommes qui sur des bases chiffrées, et donc les premiers mesurer sa pression artérielle, avaler ses pilules « Knock est un dépensier, voire parfois un gaspil- croyaient à l’Histoire, et qui en tenaient pour la « morale du sujet » contre essais comparatifs de médicaments, l’intro- sans oubli, etc. » Ce d’autant que les traite- leur ». Soulignant à quel point « les conditions celle des marchands, est brillant, drôle et, malgré la mort qui rôde, formi- duction du tirage au sort et du placebo. ments ne sont pas toujours dénués d’effets in- socio-économiques défavorables sont facteurs de dablement vivant. Le développement des appareils de mesure à désirables. Alors, plutôt que d’en rester à risque vasculaire », ils mettent en garde contre la fin du XIXe siècle a permis d’identifier l’hy- « Suis mes prescriptions et tais-toi ! », les méde- le maintien d’inégalités qui feraient de la mort ૽ A signaler aussi : De Gaulle face aux crises, de Jean-Pierre Guichard, Le pertension artérielle (HTA). Dès la fin du cins mettent aujourd’hui l’accent sur l’auto- cardio-vasculaire « plus le fait de facteurs socio- Cherche-Midi, 454 p., 129 F (19,67 ¤). XVIIIe siècle, les compagnies d’assurances dis- surveillance. Nous sommes passés de l’ère de culturels que scientifiques stricto sensu ». LeMonde Job: WIV1600--0011-0 WAS LIV1600-11 Op.: XX Rev.: 19-04-00 T.: 18:30 S.: 111,06-Cmp.:20,07, Base : LMQPAG 31Fap: 100 No: 0026 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 / XI b Du rapt conjugal A partir d’affaires judiciaires authentiques et de romans du temps, Danielle Haase-Dubosc retrace l’histoire de l’enlèvement comme stratégie matrimoniale au XVIIe siècle

jeunes femmes emportées dans tion. « L’imaginaire de l’enlève- pour consacrer leur vie aux RAVIE ET ENLEVÉE des histoires de pouvoir et ment » éclaire sa pratique so- pauvres, ou, comme Mlle de Scu- De l’enlèvement d’argent. Dans l’entourage de ciale, offre des modèles de déry, rêver à l’avènement d’une comme stratégie matrimoniale Gaston d’Orléans, dans la suite comportement aux protagonistes société où les relations entre les au XVIIesiècle du duc d’Enghien surtout, de réels. L’enlèvement, dans le ro- sexes procéderaient de liens li- de Danielle Haase-Dubosc. jeunes nobles turbulents, man héroïque, obéit au code de brement formés. Plus encore, Albin Michel, « Bibliothèque prompts au duel et au coup de l’amour galant et valorise forte- elles peuvent tenter de s’engager Histoire », 480 p., 150 F (22,87 ¤). force, ne s’embarrassent pas de ment la dignité féminine. Ici, par amour contre les volontés scrupules pour conquérir des for- point de dots ou d’héritages : parentales : l’enlèvement consen- ans la France du tunes féminines. dans les romans de Mlle de Scudé- ti prend les dimensions d’un XVIIe siècle, les jeunes Pourtant, il arrive que les en- ry, l’amour est le moteur de l’en- « phénomène de société subversif, D gens mineurs doivent, levées se conduisent à rebours lèvement, mais jamais l’enlevée un phénomène culturel insistant et pour se marier, avoir des clichés sur la faiblesse des ne succombe à la violence. Bien important », bien qu’exception- l’autorisation de leurs parents. femmes. Mlle de Sainte-Croix, ar- plus morose est la vision propo- nel. Car finalement, rares sont Mais la majorité vient tard : à rachée nuitamment au couvent sée par Corneille ou Furetière. Le celles qui transgressent l’ordre trente ans pour les garçons, qui l’abrite, se débat avec succès, premier voit dans la protection établi. Mme de la Guette consent à vingt-cinq ans pour les filles. Or son enlèvement pour s’unir en s’unir devant un prêtre par le sa- Ravissement mariage clandestin avec le jeune crement du mariage, en échan- Apparu à la fin du XIIIe siècle, le mot ravisse- officier – roturier – qu’elle aime. geant les formules exprimant le ment exprime jusqu’au XVIIe siècle le fait d’em- Affaire délicate : l’Etat assimile le consentement mutuel, est pos- porter violemment, de prendre rapidement mariage clandestin au crime de sible dès quatorze ans pour les (voler ou piller), d’enlever de force ou par sur- rapt, passible de mort, et ce, garçons, douze ans pour les filles. prise. Mais très tôt l’accent se déplaçant aussi même si l’enlèvement est consen- Entre majorité canonique et ma- sur la notion psychologique de « transport », il ti. Quand la condition sociale du jorité civile, lorsqu’il est impro- peut désigner un mouvement d’exaltation, un mari est inférieure à celle de la bable que les parents consentent vif sentiment d’admiration, parfois renforcé femme, la peine de mort peut au mariage, il reste une stratégie : dans un contexte mystique en forme d’extase être appliquée. Débordé de l’enlèvement. dans laquelle l’âme se sent saisie par Dieu avec plaintes de parents, le Parlement Dans les projets d’ascension une force irrésistible. A l’âge classique, aban- sanctionne surtout les mésal- BNF, PARIS BNF, sociale que les familles – de l’aris- Victorin donnant à rapt son acception première, il s’af- liances. tocratie à la paysannerie aisée – enlève faiblit en « état d’une personne transportée de La femme enlevée était habi- mettent en place, le contrôle Christine joie ou d’admiration ». tuellement soupçonnée d’être exercé sur le mariage des enfants complice de son rapt. Dans la se- est essentiel : les mariages arran- et la jeune Mme d’Ablège, qui a d’un mari le seul moyen pour une conde moitié du siècle, on finit gés sont la règle. Or l’enlèvement menacé son ravisseur de se tuer, femme d’éviter d’être la proie par voir en elle l’instigatrice de permet d’entrer par effraction est rendue à sa famille. Capturée d’un ravisseur. Quant aux per- l’enlèvement. La femme « ravie et dans une famille. S’emparer à trois reprises, Claude de Salle- sonnages du « roman bour- enlevée » est alors coupable d’une héritière, lui arracher son nove doit s’incliner quand sa fa- geois », ils se débattent entre d’être « ravissante », proie provo- consentement par la violence, mille se met du côté de son ul- l’appât du gain et celui du liberti- cante offerte aux convoitises même physique, puis négocier time ravisseur. L’héroïsme de la nage, dans un marché matrimo- masculines. La justice royale en pour obtenir son pardon, et ainsi résistance, qui permet à ces nial qui laisse peu de place au vient à considérer comme un rapt sauvegarder les droits sur l’héri- femmes de conserver une marge sentiment amoureux. Si les de séduction tout mariage conclu tage futur, tel est le plan mis en d’autonomie, est inspirée par des femmes tiennent le premier rôle sans le consentement des pa- œuvre par les enleveurs. modèles valorisants : femmes dans cette histoire culturelle et rents. Les dispositions légales qui « L’historique de l’enlève- fortes de la Bible, guerrières de sociale de l’enlèvement, Danièle devaient protéger les filles de ment », qui occupe les deux pre- l’Antiquité. Elles sont soutenues Haase-Dubosc écarte résolument l’enlèvement de force abou- mières parties du livre, le montre par la régente, Anne d’Autriche, les discours convenus sur la tissent au déni systématique de la tout d’abord en gros plan, par qui n’aime pas ces brutalités. Le condition de la femme, éternelle liberté des jeunes gens et de leur une succession d’histoires où le Parlement de Paris, défenseur des victime passive. La société re- recherche du bonheur. Somme « rapt de violence » prédomine, familles, condamne les ravis- connaît aux femmes une dignité toute un constat pessimiste sur puis en perspective, par trois vies seurs. L’âge baroque semble fa- et des droits, dont celui, fonda- l’époque des Lumières : triomphe de femmes dont l’enlèvement a vorable aux femmes, pour peu mental, de consentir au mariage, des mariages arrangés au béné- été le tournant. Le décor est ba- que leur vertueuse défense et la capacité de poursuivre en fice des familles, réduction de la roque : la France de Louis XIII et conforte les stratégies familiales. justice leur ravisseur. Elles femme à la condition d’objet d’Anne d’Autriche. Les figures Dans sa troisième partie, le peuvent aussi, comme Mme de Mi- sexuel dans et hors mariage. qui s’y détachent sont celles de livre opère un détour par la fic- ramion, refuser un remariage Isabelle Poutrin bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Aldegonde, et les autres Socrate pseudo-gynéco Sans distinction sociale, Roger Xavier Lantéri va Une étude engagée et argumentée sur l’image à la rencontre des femmes mérovingiennes de la femme dans la philosophie grecque

Nanthilde, Balthilde ou Radegonde, dèle heuristique. Car derrière la LES MÉROVINGIENNES qui eurent parfois les honneurs du L’ÂME EST UN CORPS « mise en scène maïeutique » se 486-714 calendrier avant ceux des diction- DE FEMME cache en réalité un Socrate per- de Roger Xavier Lantéri. naires. de Giulia Sissa. fide, dont l’ignorance feinte vise Perrin, 264 p., 129 F (19,66 ¤). A travers les témoignages de Ve- Ed. Odile Jacob, 224 p., seulement à masquer la violence nance Fortunat, Grégoire de Tours 140 F (21,34 ¤). inquisitoriale d’un entretien dia- égligée entre la fin du ou Isidore de Séville, surgissent Ar- lectique qui a tout de l’interroga- monde antique et une chenfrède, mère éplorée, Maria, i certains ne veulent en- toire serré tel qu’on le pratiquait N renaissance carolin- jeune « sainte » hérétique de la secte tendre dans le féminisme dans les procès attiques. Voilà gienne parée de toutes adamite, Willi, parisienne maigri- S que jactance plaintive, voi- pourquoi la métaphore gynécolo- les vertus, la période mérovingienne chonne et rieuse, Baudonivie, « pre- ci une « recherche mili- gique n’est que supercherie, est encore victime de bien des carica- mière écrivaine » qui brosse une tante » qui vient marier avec bon- puisque Socrate travesti en « sage- tures. Si des études récentes par- sainte Radegonde plus politique que heur tranchant argumentatif et femme à barbe » n’y recourt que viennent à ébranler les lieux doloriste, Aldegonde, guérisseuse intelligence du propos, pour tra- pour illustrer la faiblesse d’une communs, force est de constater que dont la carrière posthume draina quer les présupposés à l’œuvre pensée qui, pour être féconde, doit les figures emblématiques auxquelles pour cinq siècles les fidèles vers dans le discours misogyne. Ici, se résigner à la passivité et à la pu- on accroche par facilité les révisions Maubeuge. c’est l’image de la femme dans la reté réceptive. qui portent sont peu nombreuses et, philosophie grecque qui est passée Pourtant, le travail déconstruc- plus rarement encore, abordées avec RIGUEUR ET FOUGUE au crible d’une déconstruction ins- teur ne s’arrête pas là. Au cœur de le sérieux nécessaire. Le Dagobert de Au fil des pages, on assiste à des crite dans le droit fil de la geste cette réflexion se déploie une ana- Laurent Theis (Fayard, 1982), son Clo- mariages – encore strictement laïcs derridienne et des Women Studies lyse très subtile de la théâtralité vis (Complexe, 1996), aussi dégraissé, malgré l’intérêt que l’Eglise américaines. Etudiant les textes de philosophique et de la façon dont qu’on pourra croiser avec la somme commence à porter au contrat –, des Platon, d’Aristote ou de l’ancienne le corps, même disqualifié, reste plus ambitieuse de Michel Rouche rapts, des adultères et des répudia- médecine (notamment hippocra- toujours de la partie dans des (Fayard, 1996), restent des superbes tions. Avec finesse, Lantéri interroge tique), Giulia Sissa explore une joutes verbales où les sujets par- exceptions. les rites festifs, le triomphe laborieux conception de la différence des lants sont aussi et peut-être avant Déjà auteur d’une intéressante mais réel des femmes sur les clercs sexes qui fait toujours de la femme tout des corps en présence ; car en biographie de Brunehilde, première en matière de danse, trots ou caroles. une figure du déficit et de l’inac- ces dialogues, au bout du compte, reine de France (Perrin, 1995), Roger Les découvertes sont plus considé- compli, une pièce rapportée qui « l’essentiel, c’est l’humiliation », et Xavier Lantéri relève aujourd’hui un rables parfois puisque l’on croise la n’est pensable que par rapport à l’embarras de Théétète, la rage de défi plus difficile encore : partir à la figure de la Dame du Lac ou la geste l’homme. Thrasymaque témoignent des ra- rencontre des femmes mérovin- de Roland à Roncevaux quelques Mais, paradoxalement, au sein vages que fait chez l’interlocuteur giennes sans distinction de statut so- siècles avant ses leçons classiques, de ce corpus grec qui dénigre le fé- la pirouette ironique du « je ne cial, reines et moniales, mais aussi bouleversant les recompositions minin, ce dernier fait retour par le sais pas » socratique : dans ce tex- silhouettes à peine entrevues au ha- chronologiques jusque-là avancées. biais d’une multitude d’images et te platonicien où « la mise à nu des sard des préservations d’un testa- Comme il mène son investigation notamment d’une « complaisance âmes empourpre les visages », on ment, d’une correspondance, d’une documentaire avec autant de rigueur sémantique » que l’auteur appelle rougit, on transpire, on jette chronique ou d’une hagiographie que de fougue, Lantéri n’ennuie ja- la « métaphore maternelle de l’éponge pour ne pas perdre la oubliée. Ce qui fait que ceux qui s’at- mais, surprend souvent par son ton l’âme » : en effet, alors que le lo- face, et c’est cette pertinence obs- tendent à parcourir à nouveau la ga- provocateur. D’autant que, avant gos philosophique présente l’acte tinée du corps qui révèle combien lerie fameuse de ces femmes d’auto- même d’attaquer de front le serpent intellectuel comme un arrache- « le langage platonicien se joue de rité qui régnèrent pour leurs fils ou de mer de la reconnaissance par ment radical vis-à-vis de tout ce la métaphysique platonicienne ». leur époux, ces abbesses souveraines l’Eglise d’une âme pour les femmes, qui a trait au corps et donc au fé- Telle est la leçon d’un essai qui qui tinrent tête – firent plier parfois – il met magistralement en vue l’épi- minin, il persiste à décrire cet ef- n’oublie jamais à quel point la pa- des hommes en armes, en seront sode qui conduisit à interdire aux fort de libération dans le langage role fait de la pensée une activité pour leurs frais. Lantéri n’entend pas femmes l’exercice politique. Veuve même de la reproduction sexuée, éminemment sensible et affective. doubler le grand modèle d’Augustin de Clovis II, l’ancienne esclave jusqu’à identifier le labeur de la A telle enseigne que l’écriture de Thierry, dont les Récits des temps mé- saxonne Balthilde fait mettre à mort pensée aux peines de l’enfante- Giulia Sissa elle-même incarne ré- rovingiens ont, pour beaucoup, long- le patriarche de Lyon en 658 : un sa- ment ! C’est là, bien sûr, qu’on re- solument une présence engagée, temps été la seule adresse pour dé- crilège suprême que la nature royale trouve Platon, le dialogue socra- corps et âme, qui démêle, dévoile couvrir la Burgonde Clotilde, au n’autorise pas aux femmes. Comme tique et « l’autoportrait du et démontre mais aussi s’indigne cœur de la dramaturgie du baptême quoi, bien avant l’éviction salique, le philosophe en accoucheuse », mais et s’emporte parfois, éthique toute de son époux Clovis, le conflit sans concile de Nantes donnait le la de la Giulia Sissa pointe aussitôt l’im- aristotélicienne où l’émotion et merci entre Brunehilde et Frédé- misogynie des laïcs. posture de cette prétendue pro- l’élan valent aussi jugement. gonde, et les autres, Galswinthe ou Ph.-J. C. motion du corps féminin en mo- Jean Birnbaum LeMonde Job: WIV1600--0012-0 WAS LIV1600-12 Op.: XX Rev.: 19-04-00 T.: 19:52 S.: 111,06-Cmp.:20,07, Base : LMQPAG 31Fap: 100 No: 0027 Lcp: 700 CMYK

XII / LE MONDE / VENDREDI 21 AVRIL 2000 actualités b L’EDITION FRANÇAISE Lagardère cède Grolier à Scholastic Prêt payant : b Lignes noires. Tel est le nom d’une nouvelle collection dirigée Pour Arnaud Lagardère, le livre reste un secteur fondamental nouvelles réactions par Hélène Bihèry au sein du groupe Mango. Elle comportera i fleurs ni couronnes. ricains. Pour le groupe, Grolier In- complémentaires. Créée en 1920, les familles par marketing direct et es réactions se multiplient des polars, romans à suspense, Personne au sein d’Ha- teractive prend le pas sur Grolier. avec The Scholastic, un magazine Internet (10 % de ses revenus), dans la bataille qui oppose thrillers, romans noirs et d’atmo- chette et du groupe Quand Arnaud Lagardère rentre à destiné aux élèves des high Grolier (450 millions de dollars de éditeurs et bibliothécaires sphère, recueils de nouvelles... au- Lagardère ne semble Paris pour prendre en charge la schools, la maison de Dick Robin- chiffre d’affaires pour un résultat sur le droit de prêt dans les tant de « textes engagés qui regretterN la fin de l’aventure Gro- partie média du groupe, il fixe son, l’actuel président et fils du d’exploitation de 45 millions de bibliothèquesL (Le Monde des 5 et prennent en compte la réalité so- lier. Un très court communiqué, deux priorités : le multimédia et fondateur, est aujourd’hui l’un des dollars) vient considérablement 14 avril). Du côté politique, les Verts ciale ». A raison de douze titres par jeudi 14 avril, annonce sa cession, l’audiovisuel. Les activités d’affi- leaders mondiaux en édition sco- étendre la cible scolaire tradition- ont officiellement pris position en fa- an, dans un format semi-poche, les pour 400 millions de dollars chage, les imprimeries (de livres et laire et pour la jeunesse. nelle de Scholastic et accélérer son veur du prêt gratuit du livre. Dans un premiers titres sont : Curieux senti- (417,8 millions d’euros), à l’éditeur de journaux) font partie des acti- Pionnier dans le domaine de développement numérique. Enfin, communiqué, ils « dénoncent ferme- ments, de Pascale Fonteneau ; new-yorkais Scholastic (Le Monde vités à céder. l’éducation, Scholastic a su diver- en matière de force de frappe in- ment la menace que ferait peser sur la La Dernière peut-être, de Daniel du 15 avril). Depuis longtemps la sifier ses supports – vidéodisques, ternationale : déjà présent dans lecture publique l’instauration d’un Berkowicz ; Les Causes du Larzac, page était tournée. Arnaud Lagar- MARIAGE COMPLÉMENTAIRE CD-ROM, produits en ligne... – neuf pays, Scholastic bénéficiera droit de prêt » et « engagent le gouver- de Caryl Férey ; Tout ce qui tombe dère l’avait classée dans les « actifs Ce retrait d’Hachette de l’édi- depuis 1982 et s’enorgueillit d’être désormais du réseau mondial de nement à ne pas pénaliser la lecture du ciel, de Francis Mizio, et Rachel non stratégiques » du groupe. En tion américaine intervient alors aujourd’hui présent dans « neuf Grolier, basé dans le Connecticut, publique ». Le Parti communiste la dame de carreau, de Michel Stei- 1988, l’acquisition de l’éditeur que Bertelsmann et Pearson ont classes sur dix en Amérique ».Mais mais particulièrement actif en consacre un dossier à la question sur ner. A paraître : Goodnight, Irene, – pour à peu près le même prix pris des positions dominantes aux le groupe de Broadway – qui est Asie du Sud-Est, au Canada et son site Internet et renvoie à une de Jan Burke, et L’Un seul, d’Olivier que sa vente douze ans plus tard – Etats-Unis. « En vendant Grolier, par ailleurs actionnaire à quelque bien sûr au Royaume-Uni à tra- lettre ouverte à Catherine Tasca de la Thiébaut. avait propulsé Hachette au troi- on n’a pas swappé du livre pour de 3 % dans Gallimard – est aussi cé- vers des marques comme Orchard fédération du Val-de-Marne rappe- b Tout savoir sur. Les éditions Le sième rang de l’édition mondiale l’électronique, mais du marketing lèbre pour avoir su enflammer les Books, Children’s Press et Fran- lant que « le prêt de livre gratuit est un Pré aux clercs ont acheté à Ivy et à la conquête de l’Amérique. direct et des activités de clubs de jeunes lecteurs du monde entier klin Watts. acte fondamental de la République ». Press la série « Tout savoir sur ». L’opération a été douloureuse. livres pour de l’électronique », ex- avec des phénomènes éditoriaux Au total, le nouvel ensemble La responsable du Salon du livre de la Pour l’éditeur Jean-Louis Festjens, Grolier perdait de l’argent et a plique Arnaud Lagardère. « On ne aussi exceptionnels que Chair de « pèsera » 1,8 milliard de dollars jeunesse de Montreuil, Henriette cette collection, vendue un peu grevé le résultat d’Hachette pen- sort pas du livre. C’est un secteur poule, Le Club des baby-sitters ou de chiffre d’affaires (1,88 milliard Zoughebi, également conseillère ré- partout dans le monde, est « une dant plusieurs années. fondamental pour nous, en tant que Harry Potter (20 millions d’exem- d’euros), dont 1,5 milliard réalisé gionale PCF d’Ile-de-France, à l’initia- excellente série d’initiation à la En 1994, Arnaud Lagardère médias, et parce qu’il est important plaires vendus pour les trois pre- par l’édition jeunesse, le reste pro- tive d’une pétition contre le prêt science, qui a une approche sou- prend la tête de la filiale améri- de soutenir l’élite intellectuelle. miers titres aux Etats-Unis). venant de la vente directe. Des payant, organise un débat, mercredi riante et décontractée des thèmes caine, qui quitte le giron d’Ha- C’est un domaine qui va beaucoup « Dans trois domaines au moins, économies d’échelle (fabrication, 26 avril, au Théâtre des jeunes spec- scientifiques qui souvent sont liées à chette Livre pour être directement se développer, avec l’électronique. Scholastic et Grolier se compléte- traitement des commandes, distri- tateurs de Montreuil (Seine-Saint- notre vie quotidienne. Le langage, rattachée à la maison mère. Le S’il devait rester un seul éditeur, ce ront à la perfection », note Judy bution, frais généraux) devraient Denis). accessible à tous, entraîne néan- jeune héritier y fait ses armes et se serait nous », affirme le patron des Corman, vice-présidente de Scho- permettre une réduction de coûts Une nouvelle pétition « pour le prêt moins le lecteur à un niveau de sert de Grolier pour lancer le activités médias du groupe. Ha- lastic. En termes de public de quelque 20 millions de dollars gratuit » a été lancée, qui réunit no- connaissance élevé ». Pour lui, c’est groupe dans le multimédia. L’édi- chette a repris, en Grande-Bre- d’abord : alors que Scholastic en deux ans, estime Scholastic, qui tamment Vassilis Alexakis, François « la bibliothèque de l’honnête teur – spécialisé dans le marché en tagne, Orion, et était sur les rangs s’adresse surtout aux 6-12 ans, table par ailleurs sur une hausse Bon, Didier Daeninckx, Marie Des- homme du XXe siècle ». Viennent de déclin des encyclopédies popu- pour le rachat de Dorling Kinders- Grolier, dont les héros – notam- de son résultat d’exploitation plechin, Frédéric Ferney, Jean-Marie paraître : Tout ce que vous vouliez laires et celui de la petite en- ley, finalement acquis par Pearson ment le célèbre Dr Seuss – sont d’environ 30 %. Si elle est approu- Laclavetine, Toni Negri, Jean-Bernard savoir sur l’évolution, de David Bur- fance – est assez en pointe dans (Le Monde du 3 avril). ceux des moins de 5 ans, fournit vée par les autorités de régulation, Pouy, Patrick Raynal, Etienne Roda- nie, et Tout ce que vous vouliez sa- les nouvelles technologies. Son Le changement de stratégie de une opportunité de « chaînage » la vente devrait être effective dé- Gil, Lydie Salvayre, Tanguy Viel, Ber- voir sur l’astronomie, de Robin Ker- expérience va beaucoup servir au Lagardère fait le bonheur de l’édi- entre deux tranches d’âge. En but juin. nard Wallet, etc. La pétition est coor- rod. groupe français qui met rapide- teur d’Harry Potter, Scholastic, qui termes de canaux de distribution Florence Noiville donnée par la librairie Le Point du b Dargaud et son « Poisson- ment en ligne ses magazines amé- réussit le mariage de deux groupes ensuite : touchant essentiellement et Alain Salles jour (58, rue Gay-Lussac, 75005 Paris). Pilote ». L’éditeur de bande dessi- née lance une nouvelle collection, bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb « Poisson-Pilote », en hommage au journal de Goscinny. Elle veut pro- mouvoir les jeunes auteurs et l’hu- A L’ETRANGER mour absurde, et proposera nou- veautés et rééditions. Les premiers b ARGENTINE : Feria del libro Arfuyen, un foyer d’amitiés e titres sont : Les Cosmonautes du fu- La 26 Foire du livre de Buenos Aires se tient du 18 avril au 8 mai, tur, de Lewis Trondheim et Manu n 1922, le poète autrichien Hugo von Hof- térieur de celle-ci les grands auteurs rhénans (Eckhart, sur un nouvel espace, le siège de la Société rurale, près de la plaza Larcenet ; La Fin du monde et mannsthal publiait, à tirage limité, un recueil Tauler, Suso, Angelus Silesius, Böhme, Ruysbroeck...), Italia, dans le quartier de Palermo, au nord de la ville. Le thème en autres petits contes noirs, de Pierre de citations où il entremêlait ses propres est la mieux représentée. Les auteurs connus (Bérulle, est « Le livre et le temps ». Elle devrait accueillir comme chaque et Frank Le Gall ; et deux réédi- pensées à celles des grands auteurs euro- Rancé, Bloy...) y côtoient des écrivains plus secrets (Ja- année un million de visiteurs, un millier d’exposants regroupés tions, Blacktown, de Trondheim, et péens.E Ce Livre des amis (traduit par Jean-Yves Masson copone da Todi, Gerlac, Jean de Ferrières, Jessica Po- dans cinq pavillons sur 24 000 m2, et sera le lieu de quelque La Révolte d’Hop-Frog, de David B. en 1990 chez Maren-Sell) constituait une sorte d’auto- wers...). Les autres spiritualités, issues du paganisme 800 manifestations culturelles avec beaucoup d’invités étrangers et Christophe Blain. Chaque al- portrait éclaté de l’auteur de la Lettre de Lord Chandos. (les admirables Hymnes et prières de Proclus), de l’is- comme l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, les Chiliens Jorge bum, de 44 à 56 p., est vendu Il est significatif que, pour célébrer leurs vingt-cinq an- lam ou du bouddhisme, ne sont pas négligées. Edwards et Antonio Skarmeta, la Française Marie-France Hiri- 59F(9¤). nées d’existence, les éditions Arfuyen donnent le Mais la principale originalité du catalogue d’Ar- goyen, le Mexicain Sergio Pitol (lauréat du prix Juan-Rulfo) ou b www.bdnet.com. Né d’un par- même titre à un volume (hors commerce mais tiré à fuyen est d’accueillir des auteurs modernes (Rilke, Pi- l’Américain Richard Bach. Parmi les attractions, l’avion restauré tenariat entre la librairie Nation et deux mille exemplaires) qui rassemble, outre le cata- randello, Sinisgalli, Cristina Campo, Keats, Blake, Ta- dans lequel Saint-Exupéry a survolé la Patagonie. Parallèlement, le groupe FTD, ce site s’adresse à logue intégral des publications depuis 1975, un mon- kuboku...) ou contemporains dont le souci rejoint ce les éditeurs tiendront leur congrès où seront abordés les pro- tous les amateurs de bande dessi- tage de citations anonymes tirées de celles-ci et ren- foyer d’amitié poétique et de quête intérieure. Gérard blèmes posés par les nouvelles technologies et l’avenir du support née, « qu’ils soient passionnés ou voyant au catalogue pour identifier les auteurs. Pfister lui-même a ainsi publié plusieurs titres, dont papier. néophytes ». Outre le recensement Créées par Gérard Pfister – qui exerce par ailleurs la les récents Blasons du corps (142 p., 120 F [18,29 ¤]). b GRANDE-BRETAGNE : prix Orange de tous les albums disponibles chez profession de banquier –, les éditions Arfuyen furent Mais il faut citer aussi l’étrange et magnifique Lydie Le prix Orange, le mieux doté de Grande-Bretagne (30 000 £, les éditeurs, sont également propo- d’abord domiciliées au pied du mont Ventoux, avant Dattas, Pierre Dhainaut, Roger Munier – qui, avec 326 563 F, [49 784 ¤]) est ouvert à tout écrivain féminin écrivant en sés un magazine permettant de d’émigrer dans le Haut-Rhin, au lac Noir, d’où leur l’Italienne Margherita Guidacci, fait figure d’aîné et de anglais. On trouve donc parmi ses finalistes principalement des ro- suivre l’actualité du monde de la animateur est originaire. « Au vrai, écrit Gérard Pfister « parrain » d’Arfuyen –, Alain Suied (également tra- mancières anglaises ou américaines. Cette année, on parle beau- BD et un forum de discussion. dans la préface de son Livre des amis, ce nom d’Ar- ducteur inspiré de Keats et de Blake), Jean Bastaire, coup de Zadie Smith, vingt-quatre ans, de père anglais et de mère b Prix littéraires. Le Prix du meil- fuyen, avec ses résonances celtiques, n’est pas plus de Charles Juliet... Citons enfin une découverte récente : antillaise, qui a reçu une avance « de six chiffres » de son éditeur, leur livre étranger a été remis Provence que d’Alsace : il pourrait être japonais, aussi la Brésilienne Maria Angela Alvim, morte en 1959 Hamish Hamilton, pour White Teeth, qui est déjà un best-seller. A dans la catégorie « roman » à Abi- bien qu’arabe. » De fait, sous le signe de ce «nom (Poèmes d’août, 96 p., 95 F [14,48 ¤]). suivre... lio Estévez pour Ce royaume t’ap- rêvé », ont été rassemblés des écrivains venus Avec moins de dix titres par an (166 à ce jour depuis b ESPAGNE : une femme à l’Académie partient (Grasset-Bourgois) et à d’époques et de traditions diverses. Mais, qu’ils soient 1975), des tirages raisonnables, une diffusion désor- L’historienne Carmen Iglesias a été élue à l’Académie royale, ac- Philip Roth pour Pastorale améri- modernes ou anciens, chrétiens, musulmans ou boud- mais assurée par Le Cerf et des comptes équilibrés tuellement constituée de quarante et un hommes et une seule caine et l’ensemble de son œuvre dhistes, ou encore ne se réfèrent à aucune religion (rendus possibles par le bénévolat de chacun), Ar- femme, la romancière Ana Maria Matute. Elle est la quatrième (Gallimard) ; dans la catégorie « es- constituée, tous ont à transmettre le contenu d’une fuyen a démontré qu’il était possible de conjuguer femme jamais élue à l’Académie (après Elena Quiroga et Carmen sai » à Verena von der Heyden- expérience spirituelle ou intérieure. Tous, également, longévité et exigence et que la lumière de celle-ci, on Conde). Carmen Iglesias est déjà membre de l’Académie d’histoire Rynsch pour Ecrire la vie, trois attachent le plus grand prix à la forme et à la beauté pouvait contrôler le développement. et directrice du Centre d’études politiques et constitutionnelles. siècles de journaux intimes féminins de l’expression. C’est pourquoi beaucoup sont poètes. Patrick Kéchichian Spécialiste du XVIIIe siècle européen, elle a remporté de nom- (Gallimard). Il est difficile de dégager, parmi cette diversité, des breuses distinctions et a publié de nombreux ouvrages, en parti- lignes de force, actuellement distribuées en trois col- Editions Arfuyen : Lac Noir, 68370 Orbey, et 35, rue culier sur Montesquieu ou Rousseau. Elle a été également la pré- lections. Cependant, la mystique chrétienne, et à l’in- Le Marois, 75016 Paris. ceptrice du prince Felipe et de l’infante Cristina. Rectificatif b INDE : Le Prix du Commonwealth à J. M. Coetze b Dans « Le Monde des livres » du bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb L’écrivain sud-africain J. M. Coetze, déjà lauréat cette année du 14 avril, il fallait lire, à propos du prestigieux Booker Prize, pour son roman Disgrace, vient de rem- Prix de l’excellence du Maxim’s Bu- porter le Prix des écrivains du Commonwealth, mais il n’a pu faire siness Club, qu’il avait été remis AGENDA sur le thème « La beauté au ciné- b DU 3 MAI AU 17 JUILLET. DE le déplacement jusqu’à New Delhi, et c’est un autre écrivain, Sal- par Jean-Louis Beffa à Philippe ma » sont organisées en présence GAULLE. A Paris, le Centre histo- man Rushdie, qui a été le héros de la fête. Rushdie était également Manière pour Marx à la corbeille b DU 21 AVRIL AU 4 MAI. notamment de Florence Delay, rique des Archives nationales en lice pour son dernier roman, The Ground Beneath her Feet. (Stock). Ajoutons qu’un prix spé- PROUST. A Paris, un spectacle de Jacqueline Risset, Marie Depussé, propose une exposition et deux C’était la première fois qu’il revenait en Inde depuis 1987, et sa vi- cial de ce jury a été décerné à Bill et par Marie-Paule Trystram pro- Jean-Michel Frodon, Bernard Si- conférences (le 26 mai et le site avait été tenue secrète jusqu’au dernier moment. Plusieurs Gates pour Le Travail à la vitesse de pose « Monsieur Proust, souve- chère et Francis Marmande (uni- 16 juin) autour du général de centaines de musulmans ont d’ailleurs manifesté contre sa la pensée (Robert Laffont). nirs de Céleste Albaret », d’après versité Paris-VII Denis-Diderot, 2, Gaulle (Musée d’histoire de présence. les propos recueillis par Georges place Jussieu, 75005 Paris ; tél. : France, 60, rue des Francs-Bour- Belmont (Théâtre de l’Odéon, 01-44-27-63-52). geois, 75003 Paris ; tél. : 01-40-27- place de l’Odéon, 75006 Paris ; ré- b LES 28 et 29 AVRIL. MULTI- 60-96). servations : 01-44-41-36-36). CULTURALISME. A Paris, un col- b LES 6 ET 7 MAI. PAROLE. A b DU 26 AU 28 AVRIL. GRÂCE. A loque, présidé par Caryl Phillips et Saint-Brieuc, un colloque est or- Paris, les Revues parlées orga- Raphaël Confiant, est organisé ganisé sur le thème « De la parole nisent trois journées autour du sur le thème « L’écriture multico- à l’écriture au long cours », par le thème « La grâce », en présence lore. Multiculturalism in French groupe d’éducation nouvelle des notamment de Clément Rosset, and British Writing » (The British Côtes-d’Armor et le réseau natio- Philippe Sollers, Pierre Alféri (BPI, Council, 9, rue de Constantine, nal de développement des écrits grande salle, place Georges-Pom- 75007 Paris ; réservations : 01-49- de jeunes (rens. : 5, rue de la pidou, 75004 Paris ; tél. : 01-44-78- 55-73-93). Ville-Gouault, 22950 Pordic ; tél. : 43-87). b DU 29 AVRIL AU 8 MAI. PLAI- 02-96-79-47-60). b LE 27 AVRIL. JEAN-CLAUDE SIRS. A Cassis, le Printemps du b DU 11 AU 13 MAI. PREMIER RENARD. A Paris, la Maison de la livre de Cassis, sur le thème ROMAN. A Chambéry, la 13e édi- poésie propose une rencontre « Plaisirs de lecture », sera l’occa- tion du Festival du premier ro- avec Jean-Claude Renard avec sion de débats et rencontres en man sera l’occasion de rencontres une lecture de textes par Aude présence notamment de Michel (Joël Egloff, Johan Frédérik Hel Préta de Beaufort (à 19 heures, Tournier, François Weyergans, Guedj, Laurent Mauvignier et 157, rue Saint-Martin, 75003 Jean-Pierre Milovanoff (Les Boualem Sansal notamment), dé- Paris ; tél. : 01-44-54-53-00). Roches blanches, route des Ca- bats et animations (237, Carré b LE 27 AVRIL. DUCHAMP. A lanques, 13260 Cassis ; tél. : 04-42- Curial, 73000 Chambéry ; tél. : 04- Paris, Patrick Amine reçoit, pour 01-09-30). 79-60-04-48). son deuxième Atelier littéraire, b DU 3 AU 8 MAI. BALKANS. A b DU 11 MAI AU 18 JUIN. JEAN Jean Clair autour de son essai Nancy, un colloque européen est COCTEAU. A Paris, la Maison de Sur Marcel Duchamp et la fin de organisé sur le thème « Demain la poésie propose, dans une mise l’art paru chez Gallimard les Balkans », en présence notam- en scène de Yann Le Gouic, L’Ac- (20 heures, 38, boulevard Raspail, ment de Daniel Bensaïd, Florence comode sans tiroir, poétique de 75007 Paris ; réservation obliga- Hartmann, Sonja Biserko (Forum- Jean Cocteau, par Jean-Claude toire : 01-46-71-71-10). IRTS de Lorraine, 201, avenue Dreyfus (157, rue Saint- b LES 27 ET 28 AVRIL. CINÉMA. Raymond-Pinchard, 54100 Nan- Martin, 75003 Paris ; tél. : 01-44- A Paris, deux journées d’études cy ; tél. : 03-83-93-36-90). 54-53-00).