Thème 6 Mythes et réalité

Nathalie Masungi 166 MYTHES ET RÉALITÉ APPRENTISSAGES VISÉS repérer desélémentsdereprésentations erronées. comparer desrécitsd’époquesdifférentes pourdistinguerdessimilitudes comparer différentes sources etyrelever desinformations contradictoires ; En étudiantce thème,tuapprendras aussi progressivement à : analyser l’usage depersonnages fictifs etderécitsliésàlaSuisse, distinguerlafiction delaréalitéàtravers desrécitsliésàlaSuisse ; jouéeparlescroyancesdistinguer lapart danslesprocès desorcellerie défi nirlanotionde sa symbole et fonction ; Selon lesmodulestravaillés, tuapprendras à : à différents momentshistoriques. et lamettre enrelation avec l’impossibilité d’obtenir desfaits vérifi ables ; observer etinterpréter dessymboles visuels ; et desdifférences ; – qui lareprésente etl’époque àlaquelle – lemoment oùtul’observes elle apparaît Pense, chaque fois, àtrois éléments AMORCE sorte àse mettre danslapeau decelui quilesaproduites etinventées. prendre les images du passé sans chausser les lunettes du présent Mais comme toute représentation, elles peuvent être trompeuses. Il faut essayer de com- d’informations images sont des documents intéressants pour les historiens quotidien notre de partie font images Les Pourquoi faut-il savoir lire et décoder des documents iconographiques ou des images cœur peut,parexemple, être unefaçon dereprésenter l’amour. abstraite image une idée, une représenter de façon une est symbole Un légendaire. même ou amplifiée, parfois particulière, importance une donnent leur qui historique Un mythe est un ensemble de représentations autour d'un personnage ou d'un événement

Mythes et symboles (le temps représenté) ; temps représenter (le Il estimportant d’être méthodique surl’auteur (celui quiaproduit l’image) sur le moment de sa réalisation (l’époqueàlaquellevitl’auteur surlemomentdesa del’image) surlefonctionnement d’une société àunmomentdonné. – l’époque qu’elle estcensée pour analyser une image. de sonvisionnement). (le temps représentant) EN TERRESROMANDES (1571-1572). : PREMIÈRE REPRÉSENTATION DE GUILLAUME TELL DE GUILLAUME (le temps

: ; Suisse.

; ; tu en vois beaucoup et de toutes sortes. Les sortes. toutes de et beaucoupvois en tu ; et Cressier. Cornaux neuchâtelois, villages deux de d’impôts déclaration de sorte d’une début au trouve se actuel romand territoire Pour cette raison, tudoisobserver l’image endeuxtemps La première représentation connue de Guillaume Tell dans le Telldans Guillaume de connuereprésentationpremière La   d’interprétation). ensuite tupeuxémettre unehypothèse (on parlealors de trouver uneexplication d’abord tudécrisce quetuvois vraiment, essayer sans car elles leur offrent beaucoup : il faut réussir en quelque ; le dessin d’un dessin le ; ; ; A ?

: 167 MYTHES ET RÉALITÉ 168 MYTHES ET RÉALITÉ A ce qui est propre à chaque époque et à chaque artiste. Ainsi, on observe que les tenues les que observe on Ainsi, artiste. chaque à et époque chaque propreà est qui ce détails observables sur les représentations. Ce sont ces détails qui permettent de repérer symboles : un enfant, la barbe, l’arbalète, la pomme. Il est intéressant de se pencher sur les de qu’aujourd’huiet personnage signes un nombrede certain reconnaissons un nous par breuses représentations de son personnage. Chaque époque se l'est approprié et en a fait Dès que l’histoire de Guillaume Tell a été connue et diffusée, elle a donné lieu à de nom- Représentations résistance contre latyrannie. bien des passions, car, au fi l du temps, le héros est devenu le symbole du courage et de la soulève qui sensible c’estsujet et propos,un ce à débattu longtemps ont historiens Les Guillaume Tell : mytheouréalité ? TELL–ÉVOLUTIONGUILLAUME DESREPRÉSENTATIONS supposée àlaquelleavéculehéros. l’artistel’époque de de cellel’époque que vestimentairede celleplutôt mode est la qui l’histoire.de éléments revanche,des En différences,présententdes aussiils raison en de sur basent se et communs points des ont personnage du portrait le ou vestimentaires Albert Gobat,Albert Histoire delaSuisseracontée aupeuple,Neuchâtel, 1 899. l’indépendance oppresseur qu’un luidispute. démontrer nationfière qu’une etvaillante, sipetite fût-elle,peut conquérir leur juste renommée ? Les Waldstätten n’avaient pas besoin delégendes pour jalouse épouse etVénus n’étaient pas intervenus danslesévénements qui ontfondé louve ? Les Grecs del’Antiquité cesseraient-ils d’être ungrand peuple, siJupiter, sa serait-elleRome moins illustre n’avaient etRémus siRomulus pas été allaités par une Stauffacher etArnold deMelchtal.Qu’importe d’ailleurs ? un révolté comme Guillaume Tell etdesconspirateurs comme Walter Fürst, Werner contre quiconque attentait àleursdroits, peut qu’il fort bienavoir existé parmi eux temps sijalouxdeleurslibertés etde leurindépendance ; ilsontsivaillamment lutté pays n’eurent debaillis autrichiens.Maislespaysans desWaldstätten ontété detout approche ne parle deGuillaume Tell niduGrütli,ilestvrai, etilparaît que jamaisces Aucun document authentique contemporain desévénements date oud’une qui s’en et glorieuses.Sont-ce depures légendes ? Quipourrait l’affirmer ? ce coin depays leberceau deslibertés suissesetl’ont orné delégendes chevaleresques Les premiers historiens desWaldstätten, recueillant lesrécits populaires, ontfaitde altérés, dénaturés, exagérés, poétisés, dramatisés, en passant debouche enbouche. Les événements, sontseulement rapportés lorsqu’ils par latradition, sontfacilement B Jean-Daniel Morerod, Anton Näf, et al., qui lesaconçus etmisenmots (XV Confédération. Comme tous lesmythes, lesnôtres reflètent l’époque etdulégendairel’authentique danslesrécits delafondation dela compagnons, plusquestion non plusdechercher àfaire lapart de Il n’est plusquestion des’interroger surl’existence deTell etdeses l’époque ontpour qu’ils fonction d’expliquer. Guillaume TellGuillaume et la Libération des Suisses, 2011. e etXVI e siècles),plutôt que G C GUILLAUME TELL. TELL. GUILLAUME D'ALTDORF Kissling, 1885. (UR).R. MONUMENT COMMÉMORATIF GUILLAUME TELL–ÉVOLUTIONGUILLAUME DESREPRÉSENTATIONS Celad’histoires ne signifies’agitdefablesou pas non plus qu’il circonstances danslesquelles lespersonnages célèbres sont sur desfaitsréels maisêtre étoffée, modifiée aufildu temps homme, sonhabileté etsavolonté derester libre étaientdes et deshommes qui laracontent évoqués. Lafigure deGuillaume Tell aété reprise, à certains valeurs importantes pour leshumainsàune époque donnée inventées. On peut histoire imaginer qu’une peut sebaser moments del’histoire parce que rappeler lecourage d’un d’un personnage.d’un C’est ensemble une misepar écritd’un (en temps deguerre, de criseoulutte, par exemple). ~ Un texte n’est pas forcément lapreuve del’existence

1585. de récits qui setransmettentd’abord oralement. D Ferdinand Hodler, Tell Guillaume , 1897. ; cela dépend beaucoup des H TELL TIRANT SUR LA POMME. XIX POMME. TELL TIRANTSURLA

e

siècle. Vitrail, POMME TELL TIRANTSURLA Édouard Elzingre, 1941. AFFICHE COMMÉMORATIVE ~

1530. . . E F 169 MYTHES ET RÉALITÉ 170 MYTHES ET RÉALITÉ d’Obwald. Archivesd’État aux conservéaujourd’hui est il et Schriber Hans certain un par Guillaume Tell. Ce document a été rédigé de l’histoire de version ancienne plus la trouve on ceux-ci de milieu au tiques ; documents de ensemble un est clair, parchemin en est couverture sa que parce ainsi nommé manuscrit, Ce Le Livre blancdeSarnen sources mentionnenttoutefois lenomduhéros. Tell.D’autresGuillaume de tout du pas parle ne il texte, son Dans Berne. de ville la de l’histoire bourgeois de Berne originaire d’Alsace. On pense que son texte lui a été commandé pour raconter KonradJustinger,par un rédigé Confédérationest la de origines raconteles qui texte premier Le TELL–SOURCESGUILLAUME supposée des faits Époque 1300 B 1350 diploma- 1400 de Justinger Chronique ~ MANUSCRIT DULIVREBLANCDESARNEN.Obwald, 1420

1450 Livre Blanc Livre de Sarnen de ~ 1470 de Tell de ~ Chant 1477 Impression de 1500 des Danois des Jeu de Tell de Jeu Grammaticus 1512 1514 deSaxo La Geste Geste La Helveticum de Tschudi Chronicon dès 1530 ~ 1470. 1550 A GUILLAUME TELL – SOURCES

Les paléographes sont des spécialistes du déchiffrement des anciennes écritures manuscrites. Ils réalisent

des transcriptions des documents ; ils reproduisent le plus fi dèlement les mots, les lettres ou les signes lus MYTHES ET RÉALITÉ sur un parchemin. À gauche, c’est donc la reproduction fi dèle de ce qui est écrit dans l'extrait du manuscrit de la page précé- dente. Cette étape doit être complétée par une traduction du sens du texte. À droite, tu as la traduction en allemand moderne ; le spécialiste a remplacé des mots ou des expressions anciennes afi n qu’elles soient compréhensibles pour les gens du présent, à condition de savoir l’allemand !

Extraits de la transcription et de la traduction allemande du Livre de blanc de Sarnen C D Texte original transcrit Texte traduit en allemand Das fugt sich vf ein mal, das der Da geschah es, dass der Landvogt lantvogt der Gesler gan Vre fur Vnd Gessler nach Uri fuhr und dort unter der namm fur Vnd sagt ein stecken vnder Linde einen Stecken aufrichten liess, auf die linden ze Vre vnd leit ein (stecken) den er einen Hut legte. Er stellte einen hut uf den stecken vnd hat da by ein Krieger dazu und verkündete, dass jeder, knecht vnd tette in gebott : wer da fur der vorübergehe, den Hut grüssen solle, giengi, der solti dem hut nygen. (…) (…) Nu was da ein redlicher, hiess der Ein Ehrenmann namens Tell, der mit Thall, der hat ouch zu dem Stoupacher Stauffacher deschworen hatte, ging gesworn vnd sinen gesellen, der gieng mehrmals am Stecken vorbei, ohne ihn nu etwi dick fur den stecken vf vnd ab zu grüssen. (…) vnd wolt imm nit nygen. (…)

E L’histoire de Tell dans le Livre blanc de Sarnen Il arriva une fois que le bailli Gessler alla à Uri et brandit une perche et la planta sous le tilleul d’Uri et posa un chapeau au-dessus. Il avait un valet avec lui et décréta que celui qui passerait devant devrait s’incliner devant le chapeau, comme si le maître était là, et que celui qui ne le ferait pas serait puni et se verrait infliger une lourde peine ; le valet devait y veiller et dénoncer les contrevenants. Il y avait là un homme droit qui s’appelait Thall (Tell), qui avait aussi prêté serment avec Stoupacher (Stauffacher) et ses compagnons. Il faisait sans arrêt des va- et-vient devant la perche et refusait de s’incliner. Le valet qui surveillait le chapeau le dénonça au maître. Le maître vint sur place, fit chercher Tall (Tell) et lui demanda pourquoi il n’obéissait pas à son ordre en ne faisant pas ce qu’il avait décrété. Thall (Tell) dit : « Ce n’était pas intentionnel, car je ne savais pas que cela importait autant à votre Grâce. Si j’étais malin, je m’appellerais autrement, pas Tell. Il se trouve que Tell était un excellent tireur. Il avait aussi de bons enfants ; le maître les fit venir, et, avec ses valets, il contraignit Tell à devoir viser une pomme sur la tête de l’un d’entre eux, et le maître posa la pomme sur la tête de l’enfant. Tell vit bien qu’il était acculé, prit une flèche et la plaça dans son gilet. Il saisit une seconde flèche et banda son arbalète, pria Dieu de protéger son enfant

171 172 MYTHES ET RÉALITÉ utilisent ce récit pour divertir les gens. C’est donc un personnage qui est encore qui à la vidéo mode. jeux des même trouve On de Tell. l'histoire racontent qui fi séries des ou lms affides des sur propagande. aussi retrouveaussi de existe la électorales, Il on ches mais Elle apparaît dans des publicités, en général pour vanter des produits typiquement suisses, de Guillaume Tell est encore utilisée aujourd’hui, pour beaucoup de raisons très différentes. En menant une recherche dans les médias ou dans les livres, tu peux constater que l’image GUILLAUME TELL–SYNTHÈSEGUILLAUME TELL–SOURCESGUILLAUME par lamontagne (200-248). arbalète ettira une flèche surlemaître. Puis ilrebroussa chemin endirection d’Uri Lorsqu’ils arrivèrent àcheval, ilsetenait derrière lesbuissons ; ilbanda son de Küssnacht, Chemin jusqu’au creux. Ilyarriva avant lemaître etattendit là. vite put,ettraversa qu’il par Schwytz lamontagne, du côté endirection del’ubac, la barque etlalaissatanguersurlelac. Ils’enfuit àtravers lesmontagnes, aussi vers elle ; ilpritsonarbalète etsautahors delabarque surladalle ; ilrepoussa pouvait luisemblaqu’il lorsqu’il atteindre ladalle,ildirigeabrusquement la barque lien. Et lorsque Tell s’approcha deladalleTell, illeurcriaderamer fort et, constamment endirection desonarbalète, puisque lemaître l’avait laissésans Alors Tell dit : « Oui maître ! volontiers », ilsemitàlabarre etpilota ; ilregardait prêt àfaire deton mieux,jete délierai, pour que tunous aidestous ». piloter ; ordonnez-lui denous aiderànous ensortir ». Alorslemaître dit : « Si tues qui va nous arriver. Acceptez dedélierTell ! C’est unhomme fort, capable devous craignirent demourir noyés. d’entre Alorsl’un euxdit : « Maître vous voyez bience Là, ilsdurent affronter unvent violent,sibienque lemaître ettous lesautres prisonnier ligoté àl’arrière, etnaviguèrent rocher surlelac jusqu’au del’Achsen. Et lesgardes l’ont emmené dansune barque. Ilsplacèrent l’arbalète etle reléguer dansuntrou, d’où ilne verrait plusjamaislesoleiletlalune. Bon, jet’aiassuré que jene te tuerais pas » ; illefitligoter voulait etditqu’il le utilisé laflèche contre vous ouundesvôtres ». Le maître dit : « Ah, c’est donc ça ! dire lavérité ; effectivement, sij’avais manqué mon tirettuémon enfant,j’aurais pas ». AlorsTell parla : « Puisque vous m’avez donné desgaranties, jevais vous appréhension etdit : « Dis-moi lavérité ! Je te garantis laviesauve etne te tuerai par là.Tell redoutait lemaître etcraignait ne letue.Le qu’il maître comprit son noyer lepoisson. Le maître ne lâchait pas prise ; ilinsistapour savoir voulait ce qu’il avaitil luidemanda ce qu’il comme arrière-pensée. Illuirépondit encherchant à et fittomber lapomme delatête del’enfant. Voilà qui abienpluaumaître, mais Jean-Daniel Morerod, Anton Näf, Tell etal.,Guillaume etlaLibération desSuisses , 2011. texte duXII de Guillaume Tell lorsqu’est réapparu un Certains historiens ontmisendoute l’histoire de tireur àsonsouverain. sur latête desonfi ls pour prouver sa valeur transpercé une cible(pomme ounoix) Blauzahn (Dent bleue)qui aurait, luiaussi, l’histoire Toko, certain d’un archer duroi Harald Saxo Grammaticus. Cet auteur racontait e siècle : la Geste des Danois des Geste la , de misères subies. des responsables émissaires boucs des trouver de manière une sorte, quelque en C’était, peste. de année une aveccoïncide bûcher.Cela au condamnées été ont 74Vaud,personnes Pays1599, de en En péri. ont personnes nombreuses de diffiétait où moments des cile guerres étaient ou économiques, famines crises : situation la lorsque procès de sorcièreset aux chassesvoyait davantagede On qu’une issue : avouer, aurisque dedevoir retourner vers lesbourreaux. douleur, et ne saignaient pas, c’était la preuve de leur culpabilité. L’accusé n’avait XVI le Dès culpabilité). de aveu un exemple, par était, noyade une Dieu à survivre : de jugement seul le sous sort, son de décidant physique épreuve une passer l’ordaliecomme tout (l’accuséexemple, devait un est en poids) de lestés pieds et dos le dans L’estrapadeattachés bras mains, ( les par suspendu était l'accusé individu. un sur pesaient soupçons des lorsque employée généralement était Elle aveux. des obtenir pour l’Église par admis légal moyen un était torture La de laïcs(seigneurs justiciers,syndics, châtelains, baillis,etc.). ( lerie étaient menés avant la Réforme par un tribunal composé de gens de l’Église gieux, soit au monde laïc. Dans le Pays de Vaud, par exemple, les procès de sorcel- reli- monde au soit appartenaient pourchasser les de chargés étaient qui Ceux accusés ontétécondamnés àpérirsurlebûcher. pour sorcellerie, jusqu’en 1 782. Les deux tiers des En Suisse, près de 5000 personnes ont été jugées suivis. des femmes, mais des hommes ont aussi été pour- condamnées. Les accusés étaient, pour la plupart, 100 de plus que été estiment ont personnes 000 historiens les faits, les Dans crime. ce de accusé XV le dès Europe en partout peu un sorcellerie pour sées De très nombreuses personnes ont été pourchas- HISTOIRE SORCELLERIE DELA –CHASSE AUXSORCIÈRES une verrue, etc. Lorsque, piqués à cet endroit, les accusés ne ressentaient pas de beauté, de grain un comme marque une être pouvait diable Ce « du ». marque inquisiteur e siècle, on s'est mis à chercher un signe visible sur le corps des accusés la des corps: le sur visible signe un chercher à s'estmis on siècle, e , représentants de l’évêque). Plus tard, il était uniquement constitué uniquement était il tard, Plus l’évêque). de représentants , sèl. 'mot qi ovi être pouvait qui N'importe siècle. ÉPREUVE DEL’EAU. ~ 1 600. de sorcellerie n’a jamais quelconque culpabilité ! quelconque Aucun desaccusés on n'adonc aucune été prissurlefait, preuve d'une A 173 MYTHES ET RÉALITÉ 174 MYTHES ET RÉALITÉ Gertrud Pinkus,AnnaGöldin,ladernièreGertrud sorcière (film germano-suisse), 1991. en juin1782. décapitée été a Elle raison. cette pour Occident, en mort, à condamnée avoirété à Elle est une victime supplémentaire accusée de sorcellerie. Elle est la dernière femme a avoué avoir agisurlesordres dudiable. d’avoir empoisonné la petite fille. Elle a été emprisonnée en 1782. Sous la torture, elle elle contreprocédure une toute déclenché a employeur.raison Cette son de filles d’unedes lait racontait qu'onle on dans avaitcar épingles retrouvédes de Glaris. Elle aurait eu des relations très intimes avec son patron. Elle a été renvoyée, médecin d’un famille la dans servantedevenue est elle 1780, En pauvre. très famille Elle est née en 1734 à Sennwald, dans l’actuel canton de Saint-Gall. Elle était issue d’une Anna Göldin,dernière sorcière condamnée etexécutéeenSuisse HISTOIRE SORCELLERIE DELA –PROCÈS dre desabusd’autorité, lesvictimes lesmarginaux. Aujourd’hui, on a créé une fondation au nom d'Anna Göldin pour défen- n’était pasmorte. reproché n’aurait pas dû aboutir à la peine de mort, puisque sa « tribunal qui l’a condamnée n’avait pas d’autorité pour raisonsle fairedeux et pour le crimelégalité la de limite la à circonstances des dans s’estl’embarras.procèsdéroulé Son dans mette le et publique rendue Il semble que son maître l’ait accusée à tort, de peur que leur liaison soit fini, plusdedeuxsièclesaprès,parla reconnaître innocente réhabilitée qu’ellepour soit ans attendre226 fallu a Il L’histoires’arrêtelà. ne pas ; cela signifie que l’on a annulé la sentence et que la justice a A : on l’accusaiton : ! victime : le : » –L'AUTEURE ETL'ŒUVRE oublier sa véritablecréatrice.oublier sa l’onfique a raison cette C’esttraducteurs.pour de par ni souvent d’autresauteurs, inventions des sont autres Les Spyri n’a écrit que les deux premiers tomes de son histoire. reprisété d’innombrablesa Johanna Heidi réalité, fois.En de personnage Le célèbreresteHeidi. plus le personnage son Mais enfants. les pour et adultes les pour fois la à récits, nombreux très de rédigé a Elle connue.qu’elle est nom ce sous d’ailleursc’est et zurichois, avocat Spyri, zurichoise, où elle a grandi. Elle a épousé Johann Bernhard Sa famille était originaire de Hirzel, village de la campagne Johann Jakob Heusser et de Meta Schweizer, une poétesse. Johanna et était née en 1 827. Elle était la prénommait fise Elle lle d’unfemme. médecin, une est Heidi de L’auteur celui mère queHeidietsa toutes portaient lesdeux. « français),nage prénom en s’agitdu (Adélaïde il Adelheid d’undiminutif allemand ; en » Le prénom de Heidi, aujourd’hui assez courant, n’existait pas avant la création du person- et plusde650traductions dans40languesdifférentes. Aujourd’hui encore, le livre est un best-seller ; il existe à peu près 300 versions en allemand que JohannaSpyri adûluidonner unesuite, ce qu’elle n’avait pasprévu. Les aventures de Heidi ont paru, pour la première fois, en 1 880. Le livre a eu tant de succès de Heidi,Allemagne,1887. COUVERTURE Huitièmeédition DELIVRE. B C EXTRAIT ENALLEMAND.EXTRAIT JohannaSpyri, Heidi(chapitre I),Suisse, 2000. steil und direkt zudenAlpen hinauf. Kommenden entgegenzuduften, dennderFußweg geht dem kurzenGras und denkräftigen Bergkräutern dem Wo derFußweg anfängt,beginnt bald Heideland mit dieser Seite groß und ernstaufdasTal herniederschauen. grüne, baumreiche Fluren biszumFuße derHöhen, dievon Vom freundlichen Dorfe Maienfeld einFußweg führt durch Zum Alm-Öhi hinauf ( 1827-1901 ). Auteure deHeidi,Suisse. A 175 MYTHES ET RÉALITÉ 176 MYTHES ET RÉALITÉ finalement rentrée auprèsde son grand-père. est Elle s'ennuyait dépérissait. Heidi et Mais constitution. bonne de être réputés étaient y enfants les que et Suisse de qu’elleparcevenait choisie été a Heidi et paralysée était Clara Dete. tante sa l'employeur de de d'amis fille la Sesemann, Clara à compagnie tenir revenue la chercher pour la conduire à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne. Elle devait y est tante sa car écourté, chevrier,été jeune grand-mèrea sa bonheur aveugle.et le Mais de vivre à la montagne et d’être appréciée par tous. Elle aimait particulièrement Peter, un paternel. Ce dernier vivait sur l’alpe, en dessus grand-pèrede Maienfeld. Elle a découvert le bonheur son chez Dete tante sa par laissée est parents, deux ses perdu a qui Heidi, Résumé dupremier roman D Smith pourHeidi,États-Unis, 1934. COUVERTURE Dessin de Jessie Willcox DE LIVRE. HEIDI –L'AUTEURE ETL'ŒUVRE mand, cela signifie tout simplement « sont tout aussi réels. En revanche, le nom du village, Dörfli, est lui inventé Les sommets que le grand-père décrivait à Heidi fréquentée par Spyri et qui inspire son écriture), le village de Maienfeld existe également. l’histoiredans cités lieux de noms Les sont réels Localisation petit village elle apuremarcher. l’alpe, auprès de Heidi et des siens. Grâce à son séjour, rendu en Suisse. Clara est ensuite venue séjourner sur mier temps, c’est le docteur, ami de son père, qui s'est pre - un dans mais amie, retrouversonaimerait Clara Résumé dusecond roman : le Falkniss et le Cäsaplana (ou Scesaplana) : Heidi a été élevéeété a Heidi (station: Ragaz Bad à ». ; en suisse alle-

retrouvé dans des jardins de personnes fortunées. Au XIX Au fortunées. personnes jardinsretrouvéde des dans raison des matériaux employés, comme le bois. Il est devenu à la mode et on en a bientôt perçu comme un lieu de vie idéal, simple et respectueux du paysage naturel, peut-être en village « véritable symbole national. Lors de l’Exposition nationale de 1 XVIII du partir À tagne. mon- en pâturages des sur ou défrichées zones en bâties constructions des désignait il Le mot vient d’un ancien terme pré-roman « Le chaletetson histoire est unevraie « Rottenmeier, la gouvernante des Sesemann, trouvait que Heidi Mademoiselle Spyri. de roman le dans comme bienveillance, n'étaient pas toujours décrits par les gens qui en parlaient avec en découlait, celle de « expressionl’alimentation. Une dans iode d’apporten manque était courante à cette époque maladie Une préjugés. de victimes étaient Ils repoussants. ou jours bien considérés. On les trouvait même parfois effrayants tou- pas n'étaientmontagnards les l’époque, de gens les Pour HEIDI –L'ALPE vivait dans une maison misérable avec sa mère et sa grand-mère. Il ne savait ni lire, ni écrire. nage de Peter le chevrier qui, à 11 ans, travaillait tout le jour pieds nus, en est l’exemple. Il qui restait un privilège. Ils aidaient leurs parents et ne s’y rendaient qu’en hiver. Le person enfants qui travaillaient dur. Comme dans le livre, les enfants n'allaient pas tous à l’école, positifs.aspects Heidi menait une vie agréable, ce qui n’était pas le cas desde la plupart livre,le Dans c’est-à-direidéalisée, est Alpes les dans vie la l’onque n’en montre desque Vivre àlamontagne suisse A CHALET GRISON.Birmann,Suisse, Samuel 1803-1824. » quiaétéreconstitué. sauvageonne e crétin des Alpes siècle, il est devenu« est synonymede il le siècle, » : ellerelayait ainsices préjugés. : le crétinisme. Elle est due à un ». Pour cette raison, ils

cala

», qui signifiait « e siècle, il est même devenumême un est il siècle, 896 à Genève, c’est tout un Maienfeld (GR). LE « maison suissemaison

place abritée CHALET de lacuisine,Flumserberg (SG). MAISON DEHEIDI.ReconstitutionLA » DEHEIDI.Reconstitution actuelle,

». À l’origine, » car il était il car » -

C B 177 MYTHES ET RÉALITÉ 178 MYTHES ET RÉALITÉ montagne et ses bienfaits n'étaient plus réservés aux privilégiés. Des associations d’ouvriers, Bretagne), les clubs alpins couvraient presque tout le territoire. Dès la fi n du XIX Avec le développement de l’alpinisme, à partir de 1857 (fondation de l’Alpine Club, Grande- des Alpes constituait tantôt une forme d’exploration scientifi que, tantôt un exploit sportif. nouveau moyen de communication, de permettait s’y rendre plus facilement. L'ascension un était fer,qui de chemin Le Alpes. les dans développer se de train en était tourisme le époque, son qu’à rappeler faut Il thermales. cures des suivre l’occasionde elle, pour était, montagne La Suisse.travers la à déplacer se de habitude avaitpour Spyri Johanna Les débutsdutourisme danslesAlpes États-Unis etenAmériqueduSud,afi nde tenter d’améliorer leurs conditions devie. jusqu’auxparfois 200 émigré, de ont plus Spyri,Suisses de roman000 du publication de années les Dans domestique. de place une trouvé a y qui Dete de cas le C’était ville. en une famille bourgeoise trèsriche.Àl’opposé, lesgens delamontagnevenaient travailler du grand-père. Les classes sociales y étaient plus marquées ; les Sesemann représentaient celui de différent bien était aisée famille d’une mobilier Le livre. du l’héroïne à crainte la de inspirait qui lieu un était Francfort de ville la autant perdu, paradis de sorte une de le paysage se transformait et les villes s'agrandissaient. On peut comprendre, à la lecture vie quotidienne des gens se modifi ait progressivement, avec l’industrialisation. En Suisse, La profondschangements. de époque une était Spyri Johanna vivait laquelle L’époqueà VILLE HEIDI –LA profi ter aussi. comme les « Amis de la Nature » offraient à de nouvelles catégories sociales l'occasion d'en Heidi , les craintes face à ces changements : autant la montagne était un lieu idéal, lieu un était montagne la changements autant ces : à face craintes les , A BAD RAGAZ (SG). 1890-1900. e siècle, la a choisison prénomparce qu’elle lesmêmesvaleurs ditpartager quelapetite fille. lui empruntent actuels artistes Certains son identité dessin animéquelesgens connaissent Heidi. C’estceJapon. Takahata à souventgrâcepopulaireau Isao réalisateurl'arendue très qui du celui est connu plus Le animés. dessins des monde le dans place une trouvé a Heidi aujourd'hui, lefilm Encore suite. la par tournés été ont télévisuelles, séries des que ainsi films, nombreux Le personnage de Heidi est apparu au cinéma, dès 1920, dans un premier film muet. De muet. film premier un dans 1920, dès cinéma, au apparu est Heidi de personnage Le qu’il aurait puexister. reconstitution de la « fille. Il existe aussi un « Suisse orientale, àproximité deslieuxoùse seraient déroulées lesaventures delapetite en Sargans, de pays le et Walensee le entre située est qui touristique région une toute thermaux, etc. Le personnage et son image emblématique permettent de faire fonctionner tout, 39 villes et villages offrent diverses possibilités de visites prénom son porte qui Suisse la de région une toute aussi existe Il et d'autres produits qui seraient fabriqués enmontagne. lien avec la montagne. Certains supermarchés utilisent son nom pour vendre du fromage L’image de Heidi est utilisée, dans la publicité, pour vanter des produits qui ont souvent un Une régionetdesmarques HEIDI –DANS LESMÉDIAS A , Isao Takahata,des Alpes,Isao Japon,1974. Lafille AFFICHE JAPONAISED’UN DESSIN ANIME. Heidi maison de Heidi village de Heidi d'AlainGsponer(2016)aconnu ungrand succès. », avec des objets et des mises en scène du lieu tel » qui attire de nombreux touristes ; une chanteuse suisse, Heidi Happy, : cascades, châteaux, bains : le « le : : on y trouve la Heidiland ». En ». 179 MYTHES ET RÉALITÉ 180 MYTHES ET RÉALITÉ B HEIDI –DANS LESMÉDIAS Unis, 1955. Pour lefiAFFICHE. lmdeFranz Schnyder, HeidiandPeter , États- D Susan Vogel-Misicka,Susan « Bad RagazetMaienfeld », Swissinfo page web. partenaires avec desprojets. » ceux qui lacherchent àtrouver Heidimais,pour cela, nous aurons besoin de encore plussonpersonnage. « Nous essayons defaire davantage pour aider s'attend pas àcroiser Heidi,il souligne que Heidiland aimerait bienexploiter Et, même sileresponsable touristique saitbienqu'un golfeur étranger ne pureté, lasanté, delanature l’amour et une mentalité terrienne. toujours très actuelles », dit-il,citantdesconcepts comme l'honnêteté, la sommes larégion deHeidi,maisnous représentons plutôt sesvaleurs, qui sont peut semblerunpeu ridiculeàpremière vue.« Cela ne veut pas dire que nous Le président de Tourisme Heidiland, BjörnCaviezel admet que leconcept La petitebergère suisse faituncarton commercial si parfois, onpeine àlareconnaître. Son personnage estutilisédans de nombreuses publicités, même Son âgeesttrès variable et son aspect aussi.Seul son nom reste identifi able. C 1937. Alan Dwan, Heidi,fi lm avec Shirley Temple, États-Unis,